Les composés nitrés sont caractérisés par la liaison CNO2. Ils comprennent les mononitroparaffines, les polynitroparaffines, les nitro-oléfines, ainsi que les nitrites et nitrates dalkyle.
Les mononitroparaffines décrites ci-après sont obtenues par nitration directe en phase vapeur des paraffines correspondantes et sont utilisées principalement comme solvants desters cellulosiques et dautres résines, ainsi que des huiles, graisses, cires et colorants. Les chloronitroparaffines constituent un groupe particulier de mononitroparaffines.
Les composés nitrés aliphatiques sont utilisés comme solvants, explosifs, propergols, fumigants et additifs pour lessence. Les industries du caoutchouc, du textile, des peintures et vernis en utilisent un certain nombre.
Le tétranitrate de pentaérythritol, le dinitrate déthylèneglycol (EGDN) (ou nitroglycol), le tétranitrométhane, la nitroglycérine et le 2-nitropropane entrent dans la composition des explosifs. Le dinitrate déthylèneglycol est un puissant explosif qui possède également la propriété dabaisser le point de congélation de la nitroglycérine. Dans la plupart des pays de climat modéré à froid, on fabrique la dynamite à partir dun mélange de nitroglycérine et dEGDN. La nitroglycérine est utilisée dans les explosifs puissants et pour la production de dynamite et dautres explosifs; néanmoins, dans cette application, elle est progressivement remplacée par le nitrate dammonium. De plus, la nitroglycérine est employée pour combattre les incendies de puits de pétrole. Elle trouve également une application en médecine comme vasodilatateur dans les cas de spasme coronarien.
La nitroglycérine, le 2-nitropropane, le tétranitrométhane et le nitrométhane sont utilisés comme propergols. Le 1-nitropropane et le 2-nitropropane trouvent un emploi comme solvants et additifs de carburants et le tétranitrométhane comme renforçateur du gazole. Le 2-nitropropane sert à réduire les fumées de gazole et entre dans la composition des carburants pour voitures de course et dans celle des décapants pour peintures et vernis.
La chloropicrine est employée comme rodenticide et gaz de combat, tandis que le nitrométhane et le nitroéthane sont utilisés comme propergols dans lindustrie de larmement. Lacide nitrilotriacétique trouve de nombreuses applications dans le traitement de leau, des textiles, du caoutchouc et des industries du papier et de la pâte cellulosique. On lutilise également comme additif dans leau dalimentation des chaudières et comme agent de nettoyage et de séparation des métaux.
Les nitroparaffines chlorées sont utilisées le plus souvent comme solvants et intermédiaires de synthèse dans lindustrie chimique et celle du caoutchouc synthétique. Elles entrent dans la composition de pesticides, en particulier de fumigants, de fongicides et dovicides antimoustiques.
Les nitro-oléfines peuvent être obtenues par déshydratation des nitroalcools ou par addition directe doxydes dazote aux oléfines. Leur domaine dapplication industrielle nest pas très étendu.
Les nitrites dalkyle sont obtenus par action des nitrites sur les alcools en présence dacide sulfurique dilué et, également, dans le cas des mononitroparaffines, en faisant réagir un nitrite sur un halogénure dalkyle. Les explosifs constituent la principale application des nitrites dalkyle, aussi bien dans lindustrie que dans le domaine militaire, mais ces substances sont également utilisées en synthèse organique et comme agents thérapeutiques (vasodilatateurs) en médecine. Ils shydrolysent facilement en libérant de lacide nitreux, et donnent lieu à des réactions déchange en solution alcoolique. Les nitrates dalkyle sont préparés par action de lacide nitrique sur un alcool. Le nitrate déthyle et, dans une certaine mesure, le nitrate de méthyle sont utilisés en synthèse organique pour la nitration des composés aromatiques. Le nitrate de méthyle est également employé comme propergol.
Ces composés peuvent produire des effets lorsquils sont absorbés par une voie quelconque (cest-à-dire par inhalation, ingestion, ou résorption percutanée). Ils peuvent également être irritants en cas de contact avec la peau. Cest souvent linhalation de vapeurs qui constitue le risque industriel le plus important, car la tension de vapeur de nombre de ces composés est suffisamment élevée pour produire une concentration atmosphérique notable sur le lieu de travail. Lorsquils sont exposés à des températures élevées, à des flammes ou soumis à un choc, certains composés nitrés aliphatiques comportent un risque dincendie et dexplosion. Des réactions chimiques spontanées, à caractère exothermique, peuvent également se produire. Les effets de lexposition consistent en irritation des muqueuses, nausées, vomissements, céphalées, essoufflement (dyspnée) et étourdissements. Lexposition chronique peut augmenter le risque de cancérogénicité (chez lanimal), de cardiopathie ischémique et de mort subite.
Les nitroparaffines ont une action dépressive sur le système nerveux central (SNC) et provoquent aussi des lésions hépatiques et rénales. Les polynitroparaffines sont nettement plus toxiques que les mononitroparaffines. Lexposition industrielle à 30 ppm de nitropropane (une mononitroparaffine) provoque des symptômes tels que céphalées, nausées, vomissements et diarrhée. A des concentrations de 10 à 20 ppm, on ne relève aucun signe. Chez des travailleurs exposés à du tétranitrométhane (une polynitroparaffine), on a observé une irritation des voies respiratoires, de la dyspnée, des étourdissements et, après des expositions répétées, une anémie, une cyanose et une bradycardie. La question du pouvoir cancérogène sera abordée plus loin. Dans les conditions habituelles, le nitrométhane (une mononitroparaffine) est relativement stable mais, sous leffet dun choc et de la chaleur, il peut être détonant. Dans deux circonstances différentes, lexplosion de camions-citernes contenant du nitrométhane a causé des dégâts considérables et, depuis lors, on stocke et transporte le nitrométhane en fûts plutôt quen vrac. Linhalation du nitrométhane produit une irritation et de légers effets toxiques qui précèdent une narcose; des expositions répétées peuvent entraîner une atteinte hépatique. Ce produit doit être manipulé avec précautions dans des conditions de bonne ventilation, de préférence une ventilation par aspiration localisée; le port dun équipement de protection individuelle devrait être obligatoire.
Bien que le nitroéthane soit moins explosif que le nitrométhane, cette substance peut exploser si les conditions de contamination et de confinement sont favorables; aussi faut-il la manipuler en respectant les prescriptions de sécurité. Cest un irritant modéré des voies respiratoires, mais aucun accident industriel grave na été enregistré. Il faut assurer une bonne ventilation.
On considère que les nitro-oléfines sont hautement toxiques en raison de la forte irritation locale résultant du contact avec ces substances en phase liquide ou vapeur, dès que la concentration atteint 0,1 à 1 ppm (cest le cas, par exemple, du nitrobutène, du nitrohexène et du nitrononène), et de labsorption rapide de ces composés, quelle quen soit la voie. Les effets toxiques apparaissent immédiatement après lexposition et consistent en hyperexcitabilité, convulsions, tachycardie, hyperpnée, dépression, ataxie, cyanose et asphyxie. Cest au niveau pulmonaire que sobservent les anomalies anatomopathologiques les plus nettes, quelle que soit la voie dabsorption.
La toxicité des nitrites dalkyle est attribuée en raison de leur action sur la formation des ions nitrite, qui sont de puissants agents oxydants. Les nitrates et nitrites dalkyle peuvent également provoquer la formation de méthémoglobine dans le sang. Sous leffet de la chaleur, ils sont susceptibles de se décomposer, en libérant des oxydes dazote fortement toxiques. A concentration élevée, les nitrites dalkyle ont un effet narcotique. Les nitrates dalkyle sont fortement toxiques et, à dose élevée, ils peuvent provoquer étourdissements, crampes abdominales, vomissements, diarrhée sanglante, faiblesse, convulsions et collapsus. Lexposition répétée à de faibles doses peut provoquer faiblesse, dépression générale, céphalées et troubles mentaux.
Les vapeurs de chloropicrine sont fortement irritantes pour les yeux, provoquant un larmoiement intense, ainsi que pour la peau et les voies respiratoires. Si elle pénètre dans lestomac, la chloropicrine cause des nausées, des vomissements, des coliques et des diarrhées.
Ce que lon sait des effets de la chloropicrine provient essentiellement de lexpérience acquise pendant la première guerre mondiale au sujet des gaz de combat. Cest un irritant pulmonaire plus toxique que le chlore, mais moins que le phosgène. Lexpérience militaire enseigne quune exposition à 4 ppm pendant quelques secondes suffit à neutraliser un combattant, et quune exposition à 15 ppm pendant 60 secondes entraîne des lésions bronchiques et pulmonaires graves. Les lésions provoquées par ce composé intéressent en particulier les petites et moyennes bronches, et la mort survient souvent par suite dun dème. En raison de sa réaction sur les groupements sulfhydryle, la chloropicrine perturbe le transport de loxygène et peut avoir des effets tels quun pouls faible et irrégulier, des crises dasthme récurrentes et une anémie. Une concentration denviron 1 ppm provoque un larmoiement intense et constitue un bon signal dalarme; à concentration plus élevée, lirritation est manifeste. La déglutition de salive contenant de la chloropicrine dissoute entraîne vomissements et diarrhée. La chloropicrine est incombustible; toutefois, sous leffet de la chaleur, elle peut détoner et, au-dessus dun volume critique, elle peut également détoner sous leffet dun choc.
Lorsquon a introduit pour la première fois le dinitrate déthylèneglycol (EGDN) pour la fabrication de la dynamite, on na rien observé dautre que des effets similaires à ceux qui affectent les travailleurs exposés à la nitroglycérine céphalées, transpiration, rougeur de la face, hypotension, palpitations et étourdissements, en particulier lors de la reprise du travail, le lundi matin et après une absence. LEGDN, qui est absorbé par voie respiratoire et percutanée, a cependant un effet hypotenseur aigu non négligeable. Lorsque les premiers cas de mort subite se sont produits parmi le personnel de lindustrie des explosifs, personne na immédiatement soupçonné lorigine professionnelle de ces accidents, jusquà ce que, en 1952, Symansky attribue à une intoxication chronique par lEGDN de nombreux cas de décès déjà observés chez les fabricants de dynamite aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en République fédérale dAllemagne. Dautres cas ont été alors observés, ou du moins suspectés, dans un certain nombre de pays, tels que le Japon, lItalie, la Norvège et le Canada.
Après une période dexposition qui varie souvent entre 6 et 10 ans, les travailleurs exposés à des mélanges de nitroglycérine et dEGDN peuvent se plaindre de douleurs thoraciques soudaines évoquant une crise angineuse ou mourir soudainement, généralement dans les 30 à 64 heures suivant la fin de lexposition soit pendant leur sommeil, soit après le premier effort physique de la journée après larrivée au travail. La mort est en principe tellement soudaine quil nest pas possible de faire un bilan approfondi de la victime pendant la crise.
Le traitement durgence avec des dilatateurs coronariens, en particulier par la nitroglycérine, sest révélé inefficace. Le plus souvent, lautopsie napporte aucun renseignement ou, du moins, ne permet pas dobserver de lésions coronariennes et myocardiques plus fréquentes ou plus étendues que dans la population générale. Lélectrocardiogramme est généralement trompeur. Sur le plan clinique, on note une hypotension systolique, plus prononcée pendant le poste de travail, accompagnée dune augmentation de la diastolique et, parfois, de signes discrets dhyperexcitabilité pyramidale; plus rarement, on peut observer des signes dacrocyanose conjointement avec une certaine altération de la réaction vasomotrice. On a rapporté des cas de paresthésie périphérique, en particulier la nuit, phénomène qui peut être attribué à des spasmes artériolaires ou à une neuropathie périphérique. On a également fait état dune sensibilisation cutanée.
La nitroglycérine est une substance extrêmement explosive et sensible au choc; de même, elle peut détoner par exposition à la chaleur ou par réaction chimique spontanée. Dans les explosifs du commerce, on ajoute un absorbant comme la pâte de bois ou un adjuvant chimique tel que lEGDN ou le nitrate dammonium pour réduire sa sensibilité au choc. Sous la forme de dynamite simple ou dexplosif nitraté, la substance ne présente quun risque modéré dexplosion.
Lorganisme peut absorber la nitroglycérine par ingestion, inhalation ou à travers la peau intacte. Elle provoque une dilatation des artères, une élévation du rythme cardiaque, une baisse de la tension artérielle et une diminution de la différentielle. Des cas de mort subite ont été rapportés parmi des travailleurs affectés à la fabrication dexplosifs qui avaient été en contact avec de la nitroglycérine; mais la mort a généralement été attribuée à laction de lEGDN qui, avec la nitroglycérine, entre dans la composition de la dynamite.
La plupart des travailleurs shabituent rapidement à leffet hypotenseur de la nitroglycérine; linterruption de lexposition (même brève, comme à la faveur du repos hebdomadaire) risque dentraîner linterruption de laccoutumance et certains travailleurs peuvent être saisis de nausées lorsquils reprennent leur travail le lundi matin; dautres ne saccoutument jamais et doivent être mutés à un autre poste après une période dessai de 2 à 3 semaines. Lexposition prolongée à la nitroglycérine peut entraîner des troubles neurologiques, et lingestion de grandes quantités provoque généralement un collapsus fatal.
Les symptômes initiaux de lexposition consistent en céphalées, hébétude et hypotension; ils peuvent être suivis de nausées, vomissements avec fatigue et perte de poids consécutives, cyanose et troubles du SNC pouvant aller jusquà la manie aiguë. Dans les cas dintoxication grave, on observe confusion, agressivité, hallucinations et manifestations maniaques. Lingestion de boissons alcooliques risque de précipiter lintoxication et daggraver les symptômes. Lintoxication chronique se caractérise par des troubles digestifs, des tremblements et des névralgies.
La nitroglycérine peut parfois causer une irritation modérée au point de contact et des éruptions palmaires et interdigitales; des ulcérations sous-unguéales ont été observées chez des travailleurs qui manipulaient de la nitroglycérine.
Exposées à la chaleur ou à la flamme, les nitroparaffines chlorées se décomposent facilement en vapeurs dangereuses, constituées en particulier de phosgène et doxydes dazote. Ces vapeurs extrêmement toxiques peuvent provoquer une irritation des muqueuses et des lésions pulmonaires accompagnées dun dème aigu plus ou moins grave, mais dont lissue peut être fatale. On ne possède toutefois aucune information sur des cas dintoxication humaine.
La toxicité de quelques-unes de ces substances na pas encore été clairement établie. En règle générale, toutefois, lexposition expérimentale à des concentrations élevées produit des lésions non seulement des voies respiratoires, mais aussi du foie, des reins et du système cardio-vasculaire. En outre, lingestion est suivie de congestion des voies digestives et dune irritation cutanée causée par le contact avec une quantité importante de substance. On ne possède pas dinformations significatives concernant des cas dintoxication chronique, localisée ou générale, parmi les travailleurs de lindustrie.
Parmi les nitroparaffines chlorées, on distingue le chloronitrométhane, le dichloronitrométhane, le 1-chloro-1-nitroéthane, le 1,1-dichloro- 1-nitroéthane, le 1-chloro-1-nitropropane, le 1-chloro-2-nitropropane, le 2-chloro-1-nitropropane et le 2-chloro-2-nitropropane.
Létude de cas humains dexposition accidentelle au 2-NP montre quune brève exposition à des concentrations élevées peut être nocive. Un rapport médical attribue la mort dun travailleur et une atteinte hépatique chez un autre à lexposition à la concentration élevée de 2-NP régnant dans la cuve que ces deux travailleurs étaient en train de peindre. Ils employaient une peinture époxy à base de zinc diluée avec du 2-NP et de léthylglycol (2-éthoxyéthanol). Un autre rapport fait état de la mort de quatre hommes qui travaillaient dans des espaces confinés où ils se servaient de la peinture, denduits de surface et de résines à base de polyester contenant du 2-NP. Les quatre travailleurs présentaient une atteinte hépatique avec destruction des hépatocytes. Les auteurs attribuent ces décès à une surexposition au 2-NP, mais admettent que dautres solvants peuvent avoir joué un rôle, car le 2-NP na pas été mis en évidence lors de lanalyse toxicologique. Lexposition permanente à des concentrations de 20 à 45 ppm de 2-NP a provoqué nausées, vomissements, diarrhée, anorexie et fortes céphalées chez les travailleurs dune usine. Dans un autre cas, une hépatite toxique est apparue chez des travailleurs du bâtiment appliquant des résines époxy sur les murs dune centrale nucléaire. Bien que lhépatite ait été attribuée à une hépatotoxine connue, la p,p-méthylènedianiline (4,4-diaminodiphénylméthane), elle pouvait également être due au 2-NP quutilisaient ces hommes pour nettoyer leurs mains souillées de résine époxy.
Il est possible que les travailleurs ne puissent pas détecter le 2-NP à son odeur, même en présence dune concentration potentiellement toxique. Selon un rapport, il nest pas possible de mettre en évidence le 2-NP à son odeur lorsque sa concentration est de 83 ppm. Un autre rapport affirme que le 2-NP ne peut être détecté à son odeur au-dessous dune concentration denviron 160 ppm. Néanmoins, en 1984, une étude a fait état de la possibilité de déceler cette odeur à des concentrations de 3,1 et 5 ppm.
Etude de cancérogénicité. Le 2-NP est cancérogène chez le rat. Des études ont montré quune exposition à 100 ppm de 2-NP pendant 18 mois (7 heures par jour, 5 jours par semaine) entraîne des lésions destructives du foie et provoque un carcinome hépatocellulaire chez certains mâles. En augmentant lexposition au 2-NP, on a constaté une fréquence accrue de cancers du foie et des lésions hépatiques plus précoces. En 1979 a été réalisée une étude épidémiologique portant sur 1 481 travailleurs dune usine chimique exposés au 2-NP. Les auteurs ont conclu que «lanalyse de ces données nincite pas à penser à un cancer inhabituel ou à une autre affection mortelle dans ce groupe de travailleurs». Ils notent toutefois opportunément que «puisque leffectif de la cohorte étudiée est réduit et que la période de latence est relativement courte, ces données ne permettent pas de conclure que le 2-NP nest pas cancérogène pour lêtre humain». Il existe en outre un certain nombre de faits inexpliqués au sujet de la mortalité par cancer observée parmi les employés considérés par lentreprise comme non exposés au 2-NP. Lorsquon réunit tous les chiffres concernant la mortalité chez les hommes, indépendamment de lexposition, on trouve 4 décès par lymphome malin contre un seul attendu. Parmi les 147 femmes employées, on a noté 8 décès pour toutes causes contre 2,9 attendus, et 4 décès des suites dun cancer contre 0,8 attendu. Enfin, les auteurs ont observé 7 décès dus à des sarcomes, une affection maligne relativement rare, dans la petite cohorte. Ce nombre élevé semble inhabituel. Toutefois, il na pas été possible de déterminer, à titre de comparaison, quel aurait été le nombre de décès normalement attendus pour vérifier statistiquement sil y avait effectivement un excès significatif de sarcomes, car le mode habituel détablissement des certificats de décès ne permet pas de faire ressortir cette catégorie de cancers. En bref, à ce jour, on ne dispose pas de preuve directe de la cancérogénicité du 2-NP chez lêtre humain. En 1982, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a estimé détenir des «preuves suffisantes» de la cancérogénicité du 2-NP pour le rat; dans le même temps, la Conférence américaine des hygiénistes gouvernementaux du travail (American Conference of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH)) a classé ce composé comme suspect dêtre cancérogène pour lhumain. Il est classé habituellement comme cancérogène A3 (cancérogène chez lanimal).
Les plus importantes mesures de sécurité à prendre sur le plan technique pour éviter les risques sont une ventilation par aspiration générale ou localisée. La ventilation générale implique la dilution de lair pollué par de lair frais à laide de ventilateurs ou de soufflantes installées dans lenvironnement de travail. La ventilation par aspiration localisée permet généralement déliminer des polluants du local où se dégagent des vapeurs toxiques. Les deux techniques devraient permettre de maintenir la concentration atmosphérique dans les ateliers au-dessous des valeurs limites dexposition.
Si la ventilation ne permet pas, à elle seule, de réduire les quantités excessives de polluants présents dans lair, il est recommandé dopérer en vase clos ou de protéger le personnel en le plaçant à distance de latelier. Léquipement servant à la production ou au traitement des composés nitrés aliphatiques doit être étanche. Les travailleurs doivent être munis dun équipement de protection respiratoire et disposer de moyens de protection cutanée. Il convient également de prévoir des mesures de sécurité contre les incendies et les explosions. La surveillance médicale, notamment par lexamen périodique des travailleurs, est également recommandée.
Dans la mesure du possible, la chloropicrine doit être remplacée par un composé chimique moins toxique. Lorsquil existe un risque dexposition (par exemple, lors de la fumigation du sol), les travailleurs doivent porter une protection oculaire suffisante, un équipement de protection respiratoire, de préférence de type à adduction dair et, dans le cas de concentrations élevées, des vêtements protecteurs pour éviter toute exposition cutanée. Il convient dêtre particulièrement attentif lors des opérations de mélange et de dilution; les serres dont le sol a été traité doivent porter un panneau indicateur et lentrée doit en être réservée aux personnes munies de dispositifs de protection appropriés.
La principale préoccupation dans la production et lutilisation dEGDN est la prévention des explosions; par conséquent, il est nécessaire dadopter les mêmes mesures de protection que lors de la fabrication de la nitroglycérine et dans lindustrie des explosifs en général. A cet égard, des progrès considérables ont été réalisés grâce à la commande à distance (par des moyens optiques, mécaniques ou électroniques) des opérations les plus dangereuses (en particulier le broyage) et à lautomatisation de nombreuses opérations telles que la nitration, le mélangeage, le remplissage des cartouches et autres. Les dispositifs de ce type présentent lavantage de réduire au minimum à la fois le nombre des travailleurs directement exposés à un contact direct avec lEGDN et les temps dexposition nécessaires à ces opérations.
Au cas où des travailleurs seraient encore exposés à lEGDN, il convient dappliquer diverses mesures de prévention. En particulier, la concentration dEGDN dans les mélanges explosifs doit être réduite en fonction de la température ambiante et, dans les pays à climat tempéré, ne doit pas dépasser 20 à 25%; pendant la saison chaude, il peut être nécessaire dexclure complètement lEGDN de la composition. Toutefois, il faut prévenir les variations trop répétées de la concentration dEGDN pour éviter une fréquence accrue de sevrages/évictions. Afin de réduire le risque respiratoire, il conviendrait de réguler la concentration atmosphérique sur le lieu de travail au moyen dune ventilation générale et, si nécessaire, avec adduction dair, car une ventilation par aspiration localisée peut entraîner un risque dexplosion.
La résorption percutanée peut être réduite par ladoption de méthodes de travail appropriées et le port de vêtements de protection, notamment de gants en polyéthylène; lEGDN imprègne facilement le néoprène, le caoutchouc ou le cuir et ces derniers noffrent donc pas une protection suffisante. Lemployeur devrait veiller à ce que léquipement soit lavé au moins deux fois par semaine. On incitera les travailleurs à avoir une hygiène individuelle rigoureuse et à prendre une douche après chaque poste. Un savon indicateur au sulfite permet de détecter toute trace résiduelle de mélange nitroglycérine/EGDN sur la peau; les vêtements de travail doivent être complètement séparés des vêtements de ville. Un équipement de protection respiratoire peut être nécessaire dans certaines circonstances (comme pour le travail dans un espace confiné).
Pendant la production de nitroglycérine, il est essentiel de respecter les mesures de sécurité applicables à la manipulation des matières explosives, comme indiqué ailleurs dans la présente Encyclopédie. Il faut veiller à ce que le processus de nitration soit parfaitement contrôlé, car il sagit dune réaction fortement exothermique. Les réacteurs doivent être munis de serpentins de refroidissement ou de dispositifs équivalents et il doit être possible de noyer complètement la charge au cas où une situation dangereuse menacerait de se développer. Il ne faut utiliser dans lusine ni verre ni métal nu, et tout équipement fonctionnant à lélectricité doit être exclu.
Dans la mesure du possible, le procédé doit être entièrement automatisé, avec commande à distance et vidéosurveillance par circuit local. Pour les personnes travaillant sur la nitroglycérine, il convient dinstaller une ventilation par aspiration localisée, renforcée par une ventilation générale. Chaque travailleur devrait posséder au moins trois jeux complets de vêtements de travail, y compris un couvre-chef, dont le nettoyage devrait être assuré par lemployeur. Ces vêtements doivent être changés au moins au début de chaque poste; en aucun cas, il ne faut retrousser les bas de pantalon et les manches de vareuse et on ne doit porter que des chaussures agréées, en bon état. La nitroglycérine pénètre dans le caoutchouc de faible épaisseur; par conséquent, les mains doivent être protégées par des gants en nylon ou en polyéthylène, doublés de coton pour absorber la sueur.
Lorsque des concentrations atmosphériques anormalement élevées de nitroglycérine sont susceptibles dêtre présentes, les travailleurs doivent porter un équipement de protection respiratoire, et le personnel affecté au nettoyage des récipients mesureurs, des machines datelier et des fosses des chaînes tractrices des convoyeurs doit être pourvu dun appareil de protection respiratoire à adduction dair frais. Lintroduction de denrées alimentaires, de boissons ou de tabac sur les lieux de travail doit être strictement interdite et les travailleurs doivent se laver avec le plus grand soin avant de prendre leur repas.
Le 2-nitropropane doit être manipulé sur le lieu de travail comme un cancérogène humain potentiel.
Prévention médicale. Elle comprend une visite médicale dembauche portant sur létat de santé général, avec examen cardio-vasculaire (un électrocardiogramme de repos et deffort est essentiel), neurologique, urinaire et hématologique. Les personnes dont la systolique est supérieure à 150 ou inférieure à 100 mm Hg, ou dont la diastolique est supérieure à 90 ou inférieure à 60 mm Hg, doivent être considérées comme inaptes à lexposition professionnelle à lEGDN. Il est déconseillé aux femmes enceintes de sexposer à ce composé. En plus des contrôles périodiques, il faut également examiner les personnes reprenant le travail après une absence prolongée pour cause de maladie. Un électrocardiogramme est nécessaire au moins une fois par an.
Les sujets souffrant de troubles cardiaques, dhypertension, de troubles hépatiques, danémie ou de troubles neurologiques, notamment vasomoteurs, ne doivent pas être exposés aux mélanges nitroglycérine/EGDN. Il est également conseillé de muter à un autre poste tous les travailleurs affectés pendant plus de 5 à 6 ans à des tâches dangereuses et déviter de trop fréquentes variations dans lintensité de lexposition.
Nom chimique |
Synonymes et numéro ONU |
Numéro CAS |
Formule développée |
Acide nitrilotriacétique |
Acide aminotriacétique; N,N-bis(carboxyméthyl)glycine; triglycine; acide triglycolamique; acide triglycolamidique |
|
|
1-Chloro-1-nitroéthane |
|
|
|
1-Chloro-1-nitropropane |
Chloronitropropane |
|
|
2-Chloro-2-nitropropane |
|
|
|
Chloropicrine |
Nitrochloroforme; nitrotrichlorométhane; trichloronitrométhane; chloroforme nitré |
|
|
1,1-Dichloro-1-nitroéthane |
Dichloronitroéthane |
|
|
Dinitrate déthylèneglycol |
Dinitroglycol; dinitrate déthylène; nitrate déthylène; dinitrate de glycol; nitroglycol; EGND |
|
|
Dinitrate déthylèneglycol mélangé Avec de la nitroglycérine (1:1) |
|
nd |
|
Dinitrate de diéthylène glycol |
Dinitrate de di(hydroxyéthyl)éther |
|
|
1,2-Dinitrate de propylène glycol |
Dinitrate de propylène; 1,2-dinitrate de propanediol |
|
|
Nitrate déthyle |
Ester éthylique de lacide nitrique; nitrate déthyle |
|
|
Nitrate de propyle |
Ester propylique de lacide nitrique; nitrate de n-propyle |
|
|
Nitrite damyle |
Nitrite disoamyle; nitrite de 3-méthylbutanol; nitrite de 3-méthylbutyle; ester 3-méthylbutylique de lacide nitreux |
|
|
Nitrite déthyle |
Ester éthylique de lacide nitreux; nitrite déthyle en solution |
|
|
Nitroéthane |
UN2842 |
|
|
Nitroglycérine |
Trinitrate de glycérol; nitrate de glycéryle; trinitrate de glycéryle; nitroglycérol |
|
|
Nitrométhane |
UN1261 |
|
|
1-Nitropropane |
|
|
|
2-Nitropropane |
Diméthylnitrométhane; isonitropropane; nitroisopropane; |
|
|
Tétranitrate de pentaérythritol |
Dinitrate de 2,2-bis((nitrooxy)méthyl)-1,3-propanediol; tétranitrate de 2,2-bis(hydroxyméthyl)-1,3-propanediol; nitropentaérythrite |
|
|
Tétranitrométhane |
UN1510 |
|
|
Nom chimique et numéro CAS |
Fiches internationales de sécurité chimique (ICSC) |
NIOSH |
||||
Exposition de courte durée |
Exposition de longue durée |
Voies d'exposition |
Symptômes |
Organes cibles et voies de pénétration |
Symptômes |
|
Dinitrate déthylèneglycol |
Système cardio-vasculaire |
Système cardio-vasculaire |
Inhalation |
Etourdissements, céphalées, nausées, faiblesse; les symptômes peuvent être retardés |
Système cardio-vasculaire; sang; peau; foie; reins |
Céphalées pulsatiles; étourdissements; nausées; vomissements; douleurs abdominales; hypotension; rougeur faciale; palpitations; angor; méthémoglobinémie; délire; dépression du système nerveux central; irritation cutanée; chez lanimal: anémie; lésions hépatiques et rénales |
Nitrate de propyle |
Yeaux; peau; sang |
Chez lanimal: irritation des yeux et de la peau; méthémoglobinémie; anoxie; cyanose; dyspnée; faiblesse; étourdissements; céphalées |
||||
Nitroéthane |
Yeux; peau; voies respiratoires |
Inhalation |
Toux, céphalées |
Peau; voies respiratoires; système nerveux central; reins; foie |
Dermatite; chez l'animal: larmoiement; dyspnée; rales pulmonaires; dème pulmonaire; lésions hépatiques et rénales; narcose |
|
Nitrométhane |
Système nerveux central |
Peau; reins; foie |
Inhalation |
Toux, étourdissements, céphalées, nausées, perte de conscience, vomissements |
Yeux; peau; système nerveux central; foie |
Dermatite; chez l'animal: irritation des yeux et des voies respiratoires; convulsions; narcose; lésions hépatiques |
Nom chimique et numéro CAS |
Risques physiques |
Risques chimiques |
Classification ONU/ risques subsidiaires |
Dinitrate déthylèneglycol |
Le chauffage peut provoquer une violente combustion ou explosion, avec dégagement de vapeurs toxiques (oxydes dazote). Risque de décomposition explosive en cas de choc, de frottement ou de secousse. Réagit avec les acides |
||
Nitroéthane |
Le chauffage peut provoquer une violente combustion ou explosion. Risque dexplosion si porté rapidement à haute température. Formation de composés sensibles au choc en présence de bases ou dacides forts ou dune combinaison damines et doxydes de métaux lourds. La combustion dégage des gaz toxiques (dioxyde dazote). Se décompose par chauffage au-dessus de 300 °C, avec dégagement de vapeurs toxiques (oxydes dazote). Réducteur énergique qui réagit avec les oxydants. Peut attaquer certains plastiques |
3 |
|
Nitrométhane |
Vapeur plus lourde que lair pouvant se propager au niveau du sol; inflammation à distance possible |
Risque de décomposition explosive en cas de choc, de frottement ou de secousse. Peut exploser par chauffage. Se décompose par chauffage, avec dégagement doxydes dazote. Réagit avec les alcalis pour former des composés qui, lorsquils sont secs, comportent un risque dexplosion. Sensible au choc en mélange avec des amines |
3 |
Tétranitrate de pentaérythritol |
1.1D |
Nom chimique et numéro CAS |
Couleur/ aspect |
Point d'ébullition (°C) |
Point de fusion (°C) |
Masse moléculaire (g/mol) |
Solubilité dans leau |
Densité (eau = 1) |
Densité de vapeur (air = 1) |
Tension de vapeur (kPa) |
Limites d'explosibilité |
Point d'éclair (ºC) |
Température d'auto-inflammation (ºC) |
Acide nitrilotriacétique |
Cristaux prismatiques obtenus à partir de solutions dans leau chaude; poudre cristalline blanche |
240-246 (décomposition) |
191,14 |
Peu soluble |
>1,0 |
~0 |
2,0-? |
340 |
571 |
||
1-Chloro-1-nitroéthane |
124-125 |
109,51 |
Peu soluble |
1,283 |
1,49* |
56* |
|||||
1-Chloro-1-nitropropane |
Liquide |
139-144 |
123,54 |
Peu soluble |
1,207-1,209 |
4,26 |
0,77 |
62 co |
|||
2-Chloro-2-nitropropane |
Liquide |
144 (décomposition) |
123,54 |
Peu soluble |
1,230 |
4,3* |
1,13* |
57* |
|||
Chloropicrine |
Liquide incolore légèrement huileux; liquide jaune pâle |
112 |
69 à 64 |
164,37 |
Peu soluble |
1,656 |
5,7 |
2,66 |
|||
1,1-Dichloro-1-nitroéthane |
Liquide incolore |
123-124 |
143,96 |
Peu soluble |
1,427 |
4,97 |
1,99 |
76 co |
|||
Dinitrate déthylèneglycol |
Liquide huileux, jaunâtre ou incolore |
197-200 |
23 à 22 |
152,06 |
Peu soluble |
1,490-1,492 |
5,25 |
9 Pa |
215* |
195-200 |
|
Dinitrate déthylèneglycol mélangé avec de la nitroglycérine (1:1) |
Liquide visqueux jaune pâle |
197-200* |
22* |
Peu soluble |
1,498* |
218* |
|||||
Dinitrate de diéthylène glycol |
Liquide |
161 |
113 |
196,12 |
Peu soluble |
1,377 |
6,76 |
127 |
|||
1,2-Dinitrate de propylène glycol |
Liquide, dincolore à jaune |
92 sous 1,33 kPa |
28 |
166,09 |
Peu soluble |
1,232 |
0,12* |
127 co |
|||
Nitrate déthyle |
Liquide incolore |
87-88 |
112 à 95 |
91,08 |
Peu soluble |
1,108 |
3,1 |
4-10 |
10 cf |
85 (explosion) |
|
Nitrate de propyle |
Liquide, dincolore à jaune |
110 |
105,09 |
Peu soluble |
1,054 |
3,6 |
2,39 |
2-100 |
20* |
175 |
|
Nitrite damyle |
Liquide limpide, jaunâtre |
97-104 |
117,15 |
Peu soluble |
0,872-0,883 |
4,0 |
3,5 |
3-20 |
209-210 |
||
Nitrite déthyle |
Liquide limpide, incolore ou jaunâtre |
17-18 |
50 |
75,07 |
Peu soluble |
0,899 |
2,6 |
40-50 |
35 cf |
90 (décomposition) |
|
Nitroéthane |
Liquide huileux, incolore |
114-115 |
50* |
75,07 |
Peu soluble |
1,045-1,052 |
2,58 |
2,08 |
3,4-17 |
28 cf |
414 |
Nitroglycérine |
Cristaux tricliniques ou orthorhombiques jaune pâle au-dessous du point de fusion; liquide visqueux; liquide huileux jaune pâle |
218 |
13-14 |
227,09 |
Peu soluble |
1,593* |
7,8 |
270 |
|||
Nitrométhane |
Liquide incolore et huileux |
101 |
29 à 28 |
61,04 |
Peu soluble |
1,132-1,137 |
2,11 |
3,70 |
7,1-63 |
35 cf |
417-418 |
1-Nitropropane |
Liquide incolore |
131-132 |
108 |
89,09 |
Peu soluble |
0,993-0,996 |
3,1 |
1,0 |
2,2-? |
34 cf |
421 |
2-Nitropropane |
Liquide incolore |
120 |
93 à 91 |
89,09 |
Peu soluble |
0,982-0,992 |
3,06 |
1,73 |
2,6-11,0 |
24 cf |
428 |
Tétranitrate de pentaérythritol |
Cristaux blancs; prismes obtenus à partir de solutions dans lacétone-alcool |
180 sous 6,65 kPa |
140-141 |
316,14 |
Peu soluble |
1,773 |
205-215 |
||||
Tétranitrométhane |
Liquide jaune pâle; fluide huileux incolore |
126 |
12-14 |
196,03 |
Insoluble |
1,623-1,638 |
0,8 |
1,12 |