Le nettoyage consiste à épousseter, laver et polir des surfaces ou des murs, à éponger, balayer et faire briller les sols ainsi quà évacuer les déchets et les eaux usées. Ces activités ont lieu dans des bureaux, des bâtiments publics et commerciaux, dans des usines et au domicile de personnes privées, mais aussi parfois dans des espaces clos et peu ventilés ou dans des lieux qui nont pas été conçus en fonction de leur nettoyage ultérieur. Les employés de nettoyage peuvent travailler comme indépendants ou pour le compte de sous-traitants privés ou être employés par lentreprise à laquelle appartiennent les locaux à nettoyer. Les personnes qui nettoient sont appelées femmes de charge, hommes à tout faire, gardiens (gardiennes) ou concierges, techniciens (techniciennes) de surface selon les espaces nettoyés et les tâches qui leur sont confiées. Les gardiens et les concierges, par exemple, peuvent effectuer à la fois le nettoyage et les travaux de réparation.
Les employés de nettoyage ont de tout temps travaillé de façon relativement autonome, en comparaison à dautres catégories professionnelles qui ont le même type dimage auprès du public. Linspection est assurée par des superviseurs, mais les utilisateurs des espaces nettoyés ne manquent pas eux aussi de faire des observations sur la tenue des locaux. Les travailleurs ont tendance à organiser eux-mêmes leurs tâches et à mettre au point leurs propres méthodes de travail (Messing, Haëntjens et Doniol-Shaw, 1993). Toutefois, en Amérique du Nord, il est de plus en plus fréquent détablir le trajet des employés de nettoyage au moyen de logiciels informatiques pour tenir compte de lameublement, du type de sol et de lencombrement des lieux. En fonction de la fréquence de nettoyage souhaitée, des zones à nettoyer et du temps jugé nécessaire pour chaque type de zone, on calcule le temps total requis pour le nettoyage. Linspection peut être faite grâce à un programme informatique de contrôles ponctuels aléatoires. Certaines de ces méthodes sous-estiment parfois beaucoup les tâches à effectuer, notamment si linventaire du mobilier et du matériel nest pas tenu à jour (Messing, Chatigny et Courville, 1996).
Au Canada, le nettoyage arrive en huitième et dixième position parmi les professions les plus couramment exercées par des hommes et des femmes respectivement (celles-ci représentent 46% des effectifs de la profession) (Armstrong et Armstrong, 1994). En 1991, en France, 229 000 personnes travaillaient pour 9 000 entreprises de nettoyage; environ un tiers dentre elles étaient des travailleurs immigrés et 64% étaient des femmes (Bretin, 1994). Au Danemark, 85% des 130 000 employés de nettoyage sont des femmes (Nielsen, 1995). Dans certains pays, les travaux de nettoyage dans les secteurs secondaire et tertiaire sont classés en deux catégories: les tâches «lourdes» et les tâches «légères» et sont attribués officiellement ou officieusement aux hommes ou aux femmes, respectivement, et rémunérés selon des barèmes différents (Gouvernement du Québec, 1994). Les femmes sont chargées, par exemple, dépousseter et dencaustiquer, de nettoyer les salles de bains et de vider les poubelles, alors que les hommes balaient, essuient, polissent les sols et portent les déchets aux incinérateurs (Messing, Haëntjens et Doniol-Shaw, 1993; Messing, Doniol-Shaw et Haëntjens, 1993; Messing, Chatigny et Courville, 1996). Dans dautres pays, les hommes et les femmes sont affectés indifféremment à nimporte quelle tâche de nettoyage (Nielsen, 1995; Hagner et Hagberg, 1989). Les employés de nettoyage sont souvent relativement âgés par rapport aux travailleurs dautres secteurs (Bretin et coll., 1992; Messing, 1991; Nielsen, 1995).
Le nettoyage peut être effectué au moyen doutils à main (brosses, balais, chiffons, serpillières, etc.) ou à laide de machines. Pour enlever la poussière et rendre les surfaces propres et brillantes, on se sert de produits chimiques très divers. La difficulté de la tâche dépend de la surface à nettoyer (rugueuse, lisse, alvéolée), de la hauteur et de la forme des objets, de lencombrement des espaces et des activités professionnelles exercées par les occupants. Dans certains cas, la nécessité de nettoyer peut être réduite (et parfois carrément supprimée) en modifiant la conception même des objets à nettoyer (par exemple, en installant des toilettes à vidange automatique).
Le nettoyage, et plus particulièrement celui des meubles et des salles de bains et le vidage des poubelles, impose des changements posturaux rapides et de nombreuses postures forcées et inconfortables (voir tableau 100.1). Beaucoup dobjets doivent être nettoyés, à des hauteurs très diverses; dans une chambre dhôpital, on a noté la séquence typique suivante: table (81 cm), téléviseur (196 cm), téléphone (81 cm), lampe (jusquà 188 cm), pieds de table (11 cm), chaise (46 cm), paravent (81 cm), fauteuil (46 cm), rebord de fenêtre (89 cm), tensiomètre mural (154 cm), pieds de chaise (du sol jusquà 46 cm), appareils à oxygène (137 cm) (Messing, Chatigny et Courville, 1995).
Activité |
Durée |
Extension (%) |
Neutre (%) |
Flexion |
Flexion |
Non observable sur la vidéo (%) |
Nettoyage des locaux du personnel infirmier |
3 min, 26 s |
|
13,6 |
86,4 |
|
|
Vidage des poubelles (3) |
1 min, 26 s |
|
19,8 |
71,1 |
9,2 |
|
Salles de bains (2) |
5 min, 17 s |
2,8 |
26,6 |
63,1 |
7,5 |
|
Couloirs de salles de bains (2) |
3 min, 53 s |
6,6 |
18,6 |
71,0 |
3,8 |
0,3 |
Nettoyage des chambres |
8 min, 45 s |
3,7 |
29,8 |
60,1 |
2,9 |
3,5 |
Zone de réception |
3 min, 13 s |
|
24,7 |
74,4 |
|
0,9 |
Bureau des secrétaires |
10 min, 20 s |
3,6 |
32,0 |
59,7 |
0,3 |
4,4 |
Total |
36 min, 20 s |
3,0 |
26,4 |
65,8 |
2,7 |
2,2 |
Source: Messing, Chatigny et Courville, 1995.
Selon létude de Sögaard, Fallentin et Nielsen (1996), le nettoyage des sols exige des mouvements répétés (cycle chronologique de base de 1 à 2 secondes) et une flexion modérée prolongée du dos. Les mains exercent une pression constante pour pousser les aspirateurs et les cireuses, tâche qui requiert une force de près de 10 kg (Messing, Chatigny et Courville, 1996). Sögaard, Fallentin et Nielsen (1996) ont constaté que la flexion moyenne du dos pendant lépongeage des sols est de 28° et la flexion moyenne du cou de 51°. Hagner et Hagberg (1989) ont relevé la présence de charges musculaires statiques, notamment au niveau de larticulation de lépaule. Nordin et coll. (1986) ont fait état de flexions intensives du tronc vers lavant lors de la simulation dune tâche typique des gardiens dimmeuble (lorsquils passent une serpillière sur le sol). Pour nettoyer les sols et les objets, il faut refaire sans cesse les mêmes gestes. Selon Sögaard (1994), la répétition constante de certains mouvements, entrecoupés de trop rares pauses, peut conduire à une sursollicitation de certaines fibres musculaires, toujours les mêmes, et provoquer des troubles au niveau des muscles.
Un grand nombre dobjets doivent être déplacés pour être nettoyés. Ainsi, pour nettoyer et polir des sols pendant 66 minutes, les préposés ont dû déplacer 0,7 objet par minute, pouvant peser jusquà 10 kg, et pendant 23 minutes dépoussetage, 3,7 objets par minute, pouvant peser jusquà 2 kg (Messing, Chatigny et Courville, 1995).
Winkel et coll. (1983) et Hagner et Hagberg (1989) relèvent quil est de moins en moins facile de varier les gestes et les postures parce que les tâches de nettoyage sont toujours plus spécialisées et normalisées. De même, la répartition des tâches, en fonction du sexe, quelle soit officielle ou non, limite elle aussi la diversité des mouvements et constitue un facteur de risque supplémentaire de troubles musculo-squelettiques. Il est donc important de prévoir des temps de pause suffisants pour permettre aux travailleurs de récupérer (Messing, Haëntjens et Doniol-Shaw, 1993).
La charge cardio-vasculaire peut être très lourde. Johannsson et Ljunggren (1989) ont enregistré le rythme cardiaque de femmes de ménage pendant le nettoyage de bureaux ou de toilettes et ont relevé des rythmes de 123 pulsations à la minute, soit 65% du maximum correspondant à lâge moyen de ces employées (29,8 ans), ce qui équivaut à environ 35% de leur consommation doxygène maximale estimée, ou VO2max, soit pratiquement celle des travailleurs du bâtiment. Le récurage à grande eau ou à la serpillière provoque des rythmes cardiaques à peu près du même ordre: 122 à 127 pulsations à la minute. Hagner et Hagberg (1989) ont constaté une consommation élevée doxygène (jusquà 40% du VO2max) chez des nettoyeuses qui passaient la serpillière sur le sol dans des conditions expérimentales. Sögaard (1994) a relevé une charge cardio-vasculaire relative des nettoyeuses de bâtiments scolaires, mesurée sur le lieu de travail, de 53% du VO2max.
Pour prévenir les troubles musculo-squelettiques et réduire la charge cardio-vasculaire, le volume de travail et les temps de repos devraient être dosés de façon judicieuse. Il conviendrait daccorder une plus grande attention au confort, à la facilité du nettoyage ainsi quau choix du mobilier dès le stade de la conception des espaces et des méthodes de travail. Il faut en effet moins de force pour passer laspirateur sur une moquette posée avec soin et ne plissant pas. Lutilisation doutils adéquats est importante: lemploi de brosses extensibles pour le dépoussiérage contribue, par exemple, à réduire les efforts nécessaires pour atteindre les objets et évite davoir à monter sur des escabeaux. Les flexions prolongées sont moindres si les produits et les instruments utilisés permettent un nettoyage plus rapide, et si celui-ci est suffisamment fréquent pour que la poussière ne saccumule pas. La pratique courante consistant à réduire la ventilation des locaux le soir ou la nuit, au moment où a lieu le nettoyage, affecte la qualité de lair que respirent les employés de nettoyage et devrait par conséquent être évitée. Pour prévenir le risque de surmenage lorsque cette activité est planifiée grâce à un logiciel, il conviendrait de vérifier par des observations soigneuses que les temps alloués sont réalistes et quils tiennent compte des multiples usages des locaux. Linventaire des pièces et des objets nettoyés devrait être fréquemment mis à jour.
Des procédures et des dispositifs ont été conçus pour vider les corbeilles à papier dans les poubelles, et les poubelles dans les incinérateurs de telle manière que les employés de nettoyage naient pas à les soulever à la main.
On distingue parmi les produits de nettoyage les savons, détergents, désinfectants, poudres à récurer, poudres à laver, dissolvants pour cires et décapants, solvants, pesticides et produits de vidange des tuyaux. Tous peuvent contenir des parfums et des colorants. Ils peuvent pénétrer dans lorganisme par voie cutanée ou inhalatoire et provoquer des affections de la peau, des yeux, de la gorge ou des poumons. Leur toxicité dépend de la concentration du produit considéré et de la façon dont il est utilisé. Les atomiseurs produisent des aérosols et démultiplient lexposition. Certains produits sont irritants à faible concentration et corrosifs à forte concentration (acides, agents oxydants ou bases). Dautres, tels que les solvants ou les détergents, attaquent la barrière cutanée et la rendent plus sensible aux agents chimiques. Dautres encore contiennent des métaux (nickel, cobalt, chrome) ou des substances qui peuvent avoir une action allergisante.
Les agents nettoyants sont souvent vendus sous forme très concentrée et dilués sur le lieu de leur utilisation. Comme pour les autres produits chimiques, les utilisateurs les emploient fréquemment à une concentration plus élevée que celle qui est recommandée, dans lespoir de pouvoir nettoyer plus rapidement ou plus efficacement. Une information et une formation appropriées, ainsi quune adaptation de la charge de travail, devraient permettre de prévenir ce risque de surexposition. Les mélanges peuvent provoquer des intoxications et des brûlures accidentelles; la mise en uvre de produits chimiques puissants dans des espaces mal ventilés constitue un risque pour les employés de nettoyage et devrait être évitée.
La base de données danoise sur les produits chimiques Registre national des substances et préparations chimiques (PROBAS) contient des informations sur 2 576 produits de lavage et de nettoyage. Sur ce nombre, 70 sont considérés comme potentiellement nocifs, provoquant des atteintes chroniques ou aiguës; il sagit entre autres dagents corrosifs, cancérogènes, toxiques, allergènes et neuro-toxiques (Borglum et Hansen, 1994). On en trouvera la liste au tableau 100.2. Une étude du Registre PROBAS recense 33 allergènes par contact parmi les produits de nettoyage (Flyvholm, 1993).
Produit chimique |
Codes de nocivité pour la santé |
Autres risques |
Solvants |
||
Butyldiglycol |
I |
|
Butylglycol |
N* |
|
Ethanol |
R |
Inflammable |
2-Ethoxyéthanol |
N,R |
|
Huile de base, huile brute |
N |
|
Isopropylbenzène |
N |
|
2-Méthoxyéthanol |
R |
|
1-Méthyl-2-pyrrolidone |
R |
|
Naphta, essence de térébenthine artificielle (white spirit), solvant de Stoddard |
N,R |
|
Tétrachloroéthylène |
N,R |
|
Toluène |
N,R |
Inflammable |
1,1,1-Trichloroéthane |
N |
|
Xylène |
N,R* |
Inflammable |
Acides et bases |
||
Acide acétique |
C |
|
Acide phosphorique |
C |
|
Acide sulfurique |
C |
|
Carbonate de sodium |
I |
|
Hydroxyde d’ammonium |
I |
Réagit aux agents de blanchiment au chlore et libère du gaz toxique |
Hydroxyde de potassium |
C |
|
Hydroxyde de sodium |
C |
|
Monomères et impuretés résiduels |
||
Acrylate de butyle |
A |
|
Méthacrylate de méthyle |
A,R |
|
Acrylate d’éthyle |
A,K* |
|
Acrylonitrile |
A,K |
|
Alcool propargylique (2-Propyn-1-ol) |
N |
|
Benzène |
K,R,N |
|
1,2-Ethylènediamine |
A |
|
Formaldéhyde |
A,K* |
|
2-Méthylaniline |
K |
|
Oxyde de propylène |
K |
Inflammable |
Oxyde d’éthylène |
A,K,R |
Inflammable |
Phénol |
N* |
|
1-Propanol |
N |
Inflammable |
Styrène |
R |
Inflammable |
Chélateurs |
||
Ethylènediaminetétraacétate (EDTA) de sodium |
R |
|
Nitrilotriacétate (NTA) de sodium |
K |
|
Antirouilles |
||
2-Aminoéthanol |
N |
|
2-(3H)-Benzothiazolethione |
A |
|
2-Butyn-1,4-diol |
C,T |
|
Hexaméthylènetétramine |
A |
|
Métasilicate de disodium |
C,I |
|
Triéthanolamine |
A |
|
Désinfectants |
||
Borax |
R |
|
Chlorure de benzalkonium |
C |
|
Dichloroisocyanurate de sodium |
I |
Réagit à l’acide et libère du gaz toxique |
Hypochlorite de sodium |
C |
Réagit à l’acide ou à l’ammoniaque et libère des gaz toxiques |
Morpholine |
N |
|
Tétraborate de disodium |
R |
|
Agents de conservation |
||
1,2-Benzisothiazol-3(2H)-one |
A |
|
2-Bromo-2-nitro-1,3-propanediol |
T |
|
2-Chloracétamide |
A |
|
p-Chloro-m-crésol |
A |
|
5-Chloro-2-méthyl-3-isothiazolone |
A |
|
2-Méthyl-3-isothiazolone |
A |
|
Hexahydro-1,3,5-tris-(2-hydroxyéthyl)1,3,5-triazine |
A |
|
1,5-Pentadiol |
A |
|
Mastics |
||
Dioxyde de silicium |
K |
|
Hydrosulfate de sodium |
C |
|
Quartz |
K |
|
Divers |
||
Peroxodisulfate d’ammonium (agent décolorant) |
A |
|
Saccharine de sodium |
K |
|
Subtilisine (enzyme) |
A |
A = allergène; C = corrosif; I = irritant; K = cancérogène; N = neurotoxique; R = toxique pour la reproduction; T = toxique en cas d’ingestion; * = danger dépendant de la concentration.
La détermination de la toxicité a été effectuée par l’Institut danois de santé au travail.
Note: les produits de nettoyage n’ont pas tous été testés en vue de connaî tre l’ensemble de leurs propriétés toxiques; cette liste n’est donc pas nécessairement exhaustive.
Source: résumé d’après Borglum et Hansen, 1994.
Les employés de nettoyage qui travaillent dans des usines ou dans des établissements hospitaliers peuvent être exposés à des produits chimiques ou à des agents biologiques du fait des activités en cours dans les locaux dont ils ont la responsabilité. Sils ne participent pas aux programmes de formation et ne sont pas intégrés au réseau de lentreprise, ils ont moins conscience des risques que les autres travailleurs. Ainsi, une étude a montré que, de toutes les catégories de travailleurs hospitaliers, les employés de nettoyage étaient le groupe le plus fréquemment exposé à des produits chimiques nocifs (Weaver et coll., 1993).
La question du port de gants pour les travaux de nettoyage reste sujette à controverse. Les gants constituent une bonne protection de la peau contre les produits dangereux à condition quils soient de la bonne taille et confectionnés avec des matières imperméables et résistantes. Mais le fait den porter constamment nest pas sans inconvénient. La transpiration ne sévapore pas et le milieu humide qui en résulte favorise le développement dagents infectieux. Le port de gants a été associé à des troubles cutanés chez de nombreux préposés au nettoyage au Danemark (Nielsen, 1996). Il vaut donc mieux porter des gants le moins possible. On peut dailleurs éviter dy avoir recours en se servant doutils à longs manches ou en changeant de méthode de travail. Il est également faisable de réduire lhumidité des mains en proposant aux travailleurs dintercaler, sous les gants en caoutchouc ou en plastique, des gants en coton qui les protégeront des allergies à quelques-unes des matières servant à les confectionner (Foussereau et coll., 1982). Certaines crèmes pour les mains contiennent elles aussi des produits irritants et devraient donc être utilisées avec modération (Hansen, 1983).
Plusieurs autres techniques permettent dabaisser lexposition aux produits chimiques. Ainsi, lors du stockage ou de la préparation des solutions de nettoyage, il faut prévoir une bonne ventilation et veiller à ne pas toucher ou inhaler les produits. Les employés de nettoyage sont moins tentés dutiliser des produits chimiques non dilués sils disposent dassez de temps pour faire leur travail et sont équipés dun matériel répondant à leurs besoins. Il faut aussi les dissuader de recourir à des produits non dilués ou à des produits chimiques contenant des parfums allergénisants pour montrer quils ont fait leur travail. Enfin, on peut aussi réduire lexposition en procédant à des inspections précises ou encore par divers systèmes de communication avec les autres travailleurs et les clients des services de nettoyage.
On trouvera des informations utiles sur la prévention de lexposition aux produits chimiques dans le manuel publié par la ville de New York (Michaels, non daté).
Les employés de nettoyage travaillent souvent par poste, le soir ou la nuit, afin de ne pas perturber les activités qui se déroulent dans les locaux dont ils assurent lentretien. Ils sont donc susceptibles déprouver les effets habituels du travail posté sur les rythmes biologiques. Ils risquent, en outre, dêtre la cible dactes de violence sils se trouvent seuls dans des endroits isolés.
Les employés de nettoyage, plus spécialement ceux qui travaillent en dehors des heures douverture ou qui ne font pas partie du personnel régulier, sont souvent marginalisés et exclus du réseau social de lentreprise (Messing, 1998). Il arrive même quils naient pas accès aux installations prévues pour les pauses et les repas. Aux effets psychologiques de cette exclusion sajoute le fait que, contrairement aux autres travailleurs, ils ne sont pas informés des risques auxquels ils sont exposés, même si la législation de nombreux pays oblige les employeurs à leur communiquer ces renseignements. Par ailleurs, malgré limportance que revêtent la texture et la conception des surfaces pour leur travail, les employés de nettoyage et leurs superviseurs hiérarchiques ne sont pas consultés lorsque les décisions dachat et de planification correspondantes sont prises. Cest notamment le cas lorsque ce travail est confié à des sous-traitants. Il est donc important de faire participer les employés de nettoyage aux activités de prévention. Les informations sur les produits chimiques, les méthodes de travail et la sécurité devraient leur être communiquées et être affichées visiblement dans lentreprise.
Les employés de nettoyage professionnels sont en général en moins bonne santé que les autres travailleurs (Nielsen, 1995; Association pour la santé et la sécurité au travail, secteur affaires sociales (ASSTSAS), 1993; Sögaard, 1994). Daprès une comparaison faite dans le cadre dune enquête sur la santé au Québec, il semble que, compte tenu de leur lâge, les nettoyeuses sont les travailleuses qui ont le taux le plus élevé de dorsalgies et de cardiopathies chroniques et les employés de nettoyage, le taux le plus élevé de troubles musculo-squelettiques et de cardiopathies (Gervais, 1993). Les employées de nettoyage enceintes présentent un risque accru davortement spontané (McDonald et coll., 1986), daccouchement avant terme (McDonald et coll., 1988) et denfant de faible poids de naissance (McDonald et coll., 1987).
Des études épidémiologiques portant sur de vastes échantillons de population mettent en évidence un taux élevé de cancers dans cette profession. Une proportion particulièrement forte de certaines tumeurs du cerveau a été rapportée chez les travailleurs américains de race blanche des services de nettoyage (Demers, Vaughan et Schommer, 1991). La fréquence du cancer du col de lutérus invasif est presque cinq fois plus élevée chez les nettoyeuses que chez les autres femmes (Savitz, Andrews et Brinton, 1995). Ces résultats sont attribués aux expositions aux produits chimiques, plus particulièrement aux solvants.
Les troubles musculo-squelettiques sont fréquents. Au Danemark, par exemple, Nielsen (1995) a observé que les employés de nettoyage qui avaient quitté la profession présentaient moins de symptômes de troubles musculo-squelettiques que ceux qui lexerçaient encore. Le nettoyage est lune des cinq activités professionnelles où lon constate le plus de douleurs à lépaule et au cou, de ténosynovites et de dorsalgies (Sögaard, Fallentin et Nielsen, 1996). Selon une étude épidémiologique basée sur un échantillon de population en Suède, les nettoyeuses sont les travailleuses qui ont le plus de risque de présenter une ostéoarthrite du genou (Vingard et coll., 1991). Dans les hôpitaux du Québec (Canada), les employés de nettoyage ont deux fois plus daccidents du travail et de maladies professionnelles que le travailleur québécois moyen du secteur de la santé: 23,8 contre 13,9 pour 100 équivalents travailleurs à plein temps par an, la plupart des lésions impliquant le tronc ou les membres supérieurs (ASSTSAS, 1993). En France, une étude comparative réalisée dans cette catégorie professionnelle en région parisienne a montré que les hommes souffrent plus souvent de dorsalgies et les femmes de troubles articulaires (Opatowski et coll., 1995). Ces différences sexpliquent probablement par les particularités des tâches qui leur sont confiées respectivement (Messing, Haëntjens et Doniol-Shaw, 1993; Messing, Doniol-Shaw et Haëntjens, 1993; Messing, Chatigny et Courville, 1996).
Les employés de nettoyage ont un taux élevé de troubles cutanés tels que dermites et eczéma (Gawkrodger, Lloyd et Hunter, 1986; Singgih et coll., 1986). Sur de larges échantillons de ces employés en milieu hospitalier, on a constaté un taux de prévalence de 15 à 18% daffections cutanées, et cela pendant 39% de la durée totale de leur emploi dans la profession (Hansen, 1983; Delaporte et coll., 1990). Plus les employés de nettoyage passent de temps avec les mains mouillées, plus ils souffrent de troubles cutanés (Nielsen, 1996). Ils peuvent également se blesser ou sinfecter avec du verre cassé, des aiguilles ou dautres objets coupants quand ils manipulent des déchets (ASSTSAS, 1993).
Des spécialistes de la santé au travail ont relevé chez les employés de nettoyage en milieu hospitalier des symptômes de stress liés au travail et ont préconisé de procéder à une étude de leurs conditions de travail (Toivanen, Helin et Hänninen, 1993). Le faible prestige de la profession pourrait jouer un rôle dans la détresse psychologique chez ces travailleurs (Messing, 1998).
La prévention des accidents, des infections et de la contamination de lenvironnement passe par lélaboration de directives précises pour lélimination des déchets dangereux dans les usines, les hôpitaux, les bureaux et les bâtiments publics. Les contraintes auxquelles sont soumis les autres travailleurs peuvent les empêcher daccorder toute lattention voulue à la prévention des risques quencourent les employés de nettoyage. Il conviendrait dorganiser des consultations entre ces employés et le personnel des entreprises au moment de choisir la dimension et lemplacement des poubelles, ainsi que lors de la conception du système de tri et détiquetage des déchets. Si lon veut que les méthodes proposées tiennent compte des conditions réelles, quelles répondent véritablement aux besoins, il conviendrait dassocier les intéressés à la planification et à la modification des pratiques relatives à lélimination des déchets.
On estime quaux Etats-Unis plus dun million de personnes travaillent dans les quelque 150 000 salons de coiffure et instituts de beauté que compte la profession. Ces hommes et ces femmes, coiffeurs, coiffeuses et esthéticiens surtout esthéticiennes (également appelés «techniciens» ou visagistes), fournissent un vaste éventail de services, au nombre desquels il faut citer le rasage, la coupe et la mise en forme des cheveux, les soins de manucure et de pédicure, la pose dongles artificiels, et une large gamme de traitements chimiques des cheveux tels que la coloration, la décoloration, le défrisage et londulation permanente. Par ailleurs, certains se spécialisent dans les soins esthétiques du visage et les épilations.
Au cours de leur travail, ces personnes peuvent être exposées à différents risques pathologiques dont:
Les produits chimiques . Selon une analyse effectuée par lInstitut national américain de la sécurité et de la santé au travail (National Institute for Occupational Safety and Health, NIOSH), aux Etats-Unis, 30% des 3 000 produits chimiques utilisés en coiffure et en soins corporels et esthétiques sont classés par le gouvernement de ce pays comme substances toxiques. Or, dans de nombreux salons, la ventilation nest pas suffisante pour éliminer lexposition aux produits chimiques.
Les maladies . Du fait de leur contact étroit avec les clients, les professionnels de la coiffure et des soins esthétiques sont souvent exposés à des maladies infectieuses très diverses allant du rhume et de la grippe en passant par limpétigo, la varicelle et lhépatite.
Les risques de nature ergonomique . Les coiffeurs, coiffeuses et esthéticiennes sont également victimes de troubles musculo-squelettiques divers dus à la répétition de certains gestes, à la station debout prolongée, à lexiguïté de leur espace de travail et à la mauvaise conception de leurs outils et instruments.
Les horaires de travail . Leurs horaires sont la plupart du temps irréguliers et très longs. La journée de travail est souvent fractionnée pour assurer une amplitude de service comprise entre 12 et 14 heures.
Autres problèmes . Il faut citer ici les risques dus à un mauvais entretien des locaux, à lélectricité et au feu.
Lexposition à ces risques, et à dautres encore, contraint de plus en plus souvent ces travailleurs à quitter la profession. Une étude de Nellie Brown, directrice du programme dinformation sur les risques chimiques à lUniversité Cornell, a montré que 20% des coiffeurs et des coiffeuses aux Etats-Unis abandonnent leur métier pour cause de maladie professionnelle (New York Times Magazine , 7 mars 1993).
Bien que ces risques soient maintenant avérés, la réglementation protégeant les professionnels de la coiffure et des soins esthétiques est pratiquement inexistante. Aux Etats-Unis, les produits cosmétiques sont réglementés par lAdministration fédérale de contrôle des denrées alimentaires et des produits pharmaceutiques (Food and Drug Administration (FDA)) qui vise surtout à protéger les consommateurs et sintéresse peu à la sécurité et à la santé des travailleurs. Comme beaucoup dorganismes nationaux de ce genre, la FDA nexige pas des fabricants quils procèdent à des tests de sécurité avant de commercialiser leurs produits, ou quils indiquent sur les étiquettes la composition des produits qui ne sont vendus quà usage professionnel. Elle nexige pas davantage quils lui fournissent des informations sur les plaintes des consommateurs. La FDA ne procède pas non plus, de sa propre initiative, à des tests de routine; ceux quelle effectue ne concernent pas les risques encourus par les travailleurs, alors quils sont les plus exposés puisquils sont appelés à manipuler ces produits tous les jours et pendant de longues périodes.
Les tentatives visant à réglementer lactivité des professionnels de la coiffure et des soins esthétiques sont rendues difficiles du fait des différences qui existent aux niveaux local, national et international quant aux activités et aux actes quils sont autorisés à exécuter. Aux Etats-Unis, la réglementation relative aux conditions dexercice de ces professions varie dun Etat à lautre. De nombreux pays nen ont aucune. En France toutefois, le métier desthéticienne est réglementé par un code de déontologie.
Les coiffeurs, coiffeuses et esthéticiennes sont exposés à une grande diversité de produits chimiques au cours de leur journée de travail dont les voies de pénétration sont multiples. Ils risquent de les absorber par la peau ou les yeux, den inhaler des vapeurs ou des particules dangereuses ou de les ingérer lorsquils mangent, boivent ou fument. On trouvera à la figure 100.1 un certain nombre de conseils pratiques pour réduire ces risques dexposition.
Les produits chimiques ont des effets différents sur lorganisme selon leur concentration, leur toxicité, leur voie de pénétration (inhalation, contact avec la peau, ingestion) et la durée dexposition. Les caractéristiques individuelles (état de santé général, grossesse, consommation de tabac, par exemple) influent également sur le risque encouru.
Les coiffeurs, coiffeuses et esthéticiennes se servent dune multitude de produits chimiques. Pour quils sachent quels sont ceux qui sont contenus dans un produit particulier, il est important quils apprennent à décoder les étiquettes et puissent consulter les fiches de données de sécurité (FDS).
La coloration des cheveux . Les solutions colorantes sont appliquées manuellement sur les cheveux (mais aussi, et de plus en plus, sur les sourcils et les cils) à laide dun flacon applicateur ou dun pinceau.
Les produits chimiques utilisés pour la coloration des cheveux sont généralement des colorants organiques synthétiques, des colorants métalliques complexes ou des teintures végétales. Les colorants synthétiques sont souvent des teintures oxydantes permanentes qui contiennent du peroxyde dhydrogène destiné à oxyder les diamines aromatiques. Ces produits sont irritants pour les yeux, le nez et la gorge et ils contiennent des amines qui provoquent des allergies chez certains sujets. Les teintures métalliques renferment parfois des composés au plomb.
Les teintures au goudron de houille peuvent contenir des agents mutagènes. Les tests in vitro réalisés nont pas permis dévaluer avec précision leurs risques pour la santé. Il existe des teintures non mutagènes dont lutilisation devrait être encouragée. Le henné, par exemple, qui est une teinture végétale, est lun des plus anciens colorants capillaires dont on sait quil nest ni mutagène ni cancérogène.
La décoloration des cheveux. Les solutions décolorantes sont appliquées manuellement à laide dun flacon applicateur ou dun pinceau. Elles peuvent contenir du peroxyde dhydrogène, du peroxyde de sodium, de lhydroxyde dammonium, du persulfate dammonium ou du persulfate de potassium, autant de produits susceptibles de causer des irritations de la peau, des yeux, du nez, de la gorge ou des poumons. Dans les soins esthétiques, les poudres éclaircissantes au persulfate ont également été associées à lasthme (Blainey et coll., 1986).
Londulation permanente (permanente) . Les permanentes se font habituellement en plusieurs étapes: lavage des cheveux; pose de bigoudis; application dune solution contenant du thioglycolate ou un agent similaire; rinçage et neutralisation avec un agent oxydant. On peut également utiliser des vaporisateurs à eau.
Les solutions pour les permanentes peuvent contenir de lalcool, des bromates, de lhydroxyde de sodium, de lacide borique (perborate ou borate), du thioglycolate dammonium ou du monothioglycolate de glycérol. Certains de ces produits ont des effets sur le système nerveux central (maux de tête, étourdissements, nausées, assoupissement); ils peuvent provoquer des irritations de la peau, des brûlures ou des réactions allergiques (obstruction ou écoulement nasal, éternuements, asthme ou dermites allergiques).
Les soins de manucure, de pédicure et la pose dongles artificiels. Les soins des ongles consistent à tremper les cuticules dans des agents assouplissants, à tailler et limer les ongles au moyen de coupe-ongles, de toiles émeri ou de limes, à masser les mains avec des lotions et des crèmes et à appliquer ou à ôter du vernis. Les ongles artificiels (en acrylique, gel, fibre de verre, porcelaine et sous-couche de tissu) peuvent être posés au pinceau ou collés sur longle naturel. Une fois durcis, ils sont coupés à la forme souhaitée. Dans certains pays, la profession de pédicure et de podologue est réglementée et son exercice est différent des soins des ongles que peuvent assurer les esthéticiennes.
Les produits de manucure contiennent de nombreuses substances chimiques tels que lacétone, le méthacrylate déthyle et autres acrylates, la méthyléthylcétone, lacétate déthyle, la lanoline et le diméthyle-p-toluidine. Ils peuvent causer des irritations de la peau, des yeux, du nez, de la gorge et des poumons et avoir des effets sur le système nerveux central. Certains de ces produits contiennent également du formaldéhyde (formol) qui peut provoquer des allergies et, à long terme, être à lorigine de cancers. Dautres contiennent des éthers de glycol, du xylène et du toluène qui, à en juger par les tests effectués sur des animaux de laboratoire, peuvent être à lorigine de troubles de la reproduction.
Lutilisation de méthacrylate de méthyle (MM) dans les produits pour ongles artificiels est interdite aux Etats-Unis depuis 1974, mais il continue néanmoins à être employé. Une étude datant de 1982 a montré que, sur les 29 produits utilisés, 8 en contenaient, et une étude réalisée en 1986 a établi la présence de concentrations mesurables de MM dans lair de certains salons de soins des ongles. Au contact de la peau, ce produit peut provoquer des picotements, des engourdissements et un blanchiment des doigts de la main. Chez de nombreuses personnes, il est également responsable dallergies cutanées. Une allergie au MM peut augmenter la sensibilité à des méthacrylates plus courants. Dans certains produits, le MM a été remplacé par dautres acrylates qui peuvent aussi accroître cette sensibilité. La figure 100.2 montre un exemple de table de manucure équipée dun système de ventilation par aspiration descendante conçue pour limiter lexposition aux produits chimiques.
Le lavage et la mise en forme des cheveux . Le lavage des cheveux comprend le shampouinage et le rinçage à leau, suivis ou non de lapplication dun après-shampoing ou dun démêlant et dautres produits de soins capillaires. Le séchage des cheveux se fait de plusieurs façons: à laide de serviettes, avec un sèche-cheveux à main ou grâce à un séchoir fixe. La mise en forme des cheveux nécessite habituellement lutilisation de gels, de crèmes ou de bombes aérosols. Le lavage des cheveux est souvent la première étape dune série dautres opérations telles que la mise en forme, la coloration et londulation permanente. Dans les grands salons de coiffure, une même personne peut être affectée exclusivement au lavage des cheveux des clients.
Les shampoings et les après-shampoings (tonifiants capillaires) peuvent contenir de lalcool, des distillats de pétrole et du formaldéhyde. Tous ces produits ont été associés à des dermites et à des allergies, y compris à lasthme. Lutilisation de formaldéhyde pendant de longues périodes peut provoquer des cancers.
Les laques en bombes aérosols pour cheveux contiennent parfois, outre des solvants, de la polyvinylpyrrolidone qui a été associée, dans certaines études, à des maladies pulmonaires et respiratoires, parmi lesquelles des thésauroses.
Le défrisage des cheveux. Les solutions défrisantes ou assouplissantes sont appliquées sur les cheveux avec un pinceau; les cheveux sont alors défrisés et la boucle naturelle est aplanie. Les solutions défrisantes peuvent contenir de lhydroxyde de sodium, du peroxyde dhydrogène, des bromates, de lammonium, du thioglycolate et du monothioglycolate de glycérol. Ces produits chimiques sont susceptibles de provoquer des irritations des yeux, du nez et de la gorge, davoir des effets sur le système nerveux central et de causer des dermites.
Autres procédés chimiques . Les esthéticiennes utilisent elles aussi une vaste gamme de cosmétiques: des crèmes et des poudres pour le visage, du mascara, des crayons pour souligner les yeux, des rouges à lèvres et divers autres produits qui peuvent contenir des solvants, des teintures, des pigments, des agents conservateurs, des huiles, des cires ainsi que des substances ou préparations chimiques pouvant être à lorigine dallergies ou dirritations cutanées.
Les esthéticiennes pratiquent également lépilation. Les traitements épilatoires peuvent nécessiter lapplication de cire chaude et de produits dépilatoires chimiques. Ces produits contiennent souvent des ingrédients alcalins qui causent des dermites chez certains sujets.
Les coiffeurs, coiffeuses et esthéticiennes peuvent souffrir de troubles musculo-squelettiques du fait des exigences physiques de leur travail et de la conception souvent médiocre des équipements, outils et espaces mis à leur disposition. Ces affections comprennent entre autres:
Pour prévenir les troubles musculo-squelettiques, il est important de concevoir les tâches, les outils et les postes de travail sur la base des principes ergonomiques. Lergonomie est une science qui vise à adapter le lieu de travail aux besoins du corps humain. Elle sefforce de minimiser les postures incommodes, la répétition des mêmes gestes et les efforts excessifs et cherche à promouvoir la sécurité, la santé et le confort des travailleurs. Les solutions ergonomiques sont de plusieurs ordres et notamment:
Les professionnels de la coiffure et des soins esthétiques travaillent au contact direct des clients. Il serait utile quils sachent comment les maladies infectieuses se propagent afin de se prémunir contre les infections. Rappelons les principaux modes de transmission des maladies dans les salons:
A ce jour, aucun cas na été enregistré de coiffeurs, de coiffeuses ou desthéticiennes ayant été infectés par le VIH/sida dans lexercice de leur métier et si, dans ces professions, linfection par lhépatite B sur le lieu de travail est extrêmement rare, lexposition à des pathogènes sanguins nest pas à exclure. Elle peut résulter dun contact avec du sang, notamment en cas de ponction de la peau par des outils sur lesquels se trouve du sang infecté (rasoirs, pinces à épiler, aiguilles à tatouage ou tondeuses), ou si du sang contaminé pénètre par une plaie ouverte, une écorchure ou une éruption cutanée.
Cest pourquoi, entre autres, on a cessé dans de nombreux pays de raser les clients avec un rasoir à lame. Outre le risque de coupure, il existe en effet toujours une possibilité de transmission des infections cutanées ou autres par un outil mal stérilisé.
On peut éviter lexposition à des organismes dangereux en prenant un certain nombre de précautions simples, à savoir:
Certains produits utilisés dans les salons peuvent contenir des produits chimiques inflammables ou combustibles. Les sources dinflammation peuvent être, par exemple, la flamme dun briquet, dune allumette, dun brûleur ou dune étincelle provenant dun interrupteur, dun conducteur ou dun appareil électrique, ou encore dun objet chaud tel quun fer à friser, une ampoule électrique ou une plaque chauffante. Pour prévenir les incendies, il faut sassurer que les produits chimiques dangereux sont utilisés et entreposés correctement, que les matières inflammables ou combustibles sont à labri des flammes, des étincelles ou des objets chauds, et que les installations électriques sont en bon état. Chaque salon devrait établir un plan de prévention des incendies et de lutte contre le feu ainsi quun plan dévacuation.
Les salons sont souvent exigus et encombrés. Les étagères sont parfois surchargées et pas toujours très solides. Les employés sont exposés à des risques de glissade ou de chute à cause de liquides répandus, de matériel mal rangé ou de fils électriques traînant sur le sol. Les passages étroits et encombrés rendent les déplacements difficiles. Il importe de veiller au maintien de lordre et de la propreté. On devrait pouvoir aller et venir facilement dans lensemble du périmètre de travail.
Les appareils électriques utilisés dans un salon de coiffure (tondeuses, sèche-cheveux, appareils pour les soins esthétiques du visage et lélectrolyse) devraient être contrôlés régulièrement pour sassurer quils sont mis à la terre et que leurs cordons dalimentation sont en bon état. Comme ces appareils et leurs prises peuvent entrer en contact avec de leau, il importe dassurer une protection efficace contre les défauts à la terre.
Les dermites irritantes et allergiques, des mains seules ou des mains et du visage, sont un problème fréquent dont souffrent entre 10 et 20% des employés des salons de coiffure et de beauté (van der Walle et Brunsveld, 1994). Elles prennent souvent la forme déruptions cutanées caractéristiques siégeant dans les espaces interdigitaux et notamment de rougeurs, de dessèchements et de craquèlements de la peau des mains. Les professionnels de la coiffure présentent aussi parfois de leczéma au bout des doigts, avec chute des ongles. Les employés jeunes sont aussi les plus exposés, car cest à eux que lon confie en général le soin de faire les shampoings et les permanentes. Chez les esthéticiennes, les causes les plus fréquentes déruptions cutanées allergiques sont les agents conservateurs et les teintures contenant du thioglycolate de glycérol, du thioglycolate dammonium, du sulfate de nickel et du persulfate dammonium (p-phénylènediamine ou resorcinol) (Villaplana, Romaguera et Grimalt, 1991).
La plupart du temps, une fois déclarée, la dermite allergique ne disparaît pas, même si le sujet sastreint à porter des gants. Les gants en latex sont bien souvent un important facteur dallergie et il peut savérer nécessaire de leur substituer des gants en vinyle si lallergie à ce produit se confirme. Lorsquun des employés dun salon de coiffure développe une allergie au latex, on est parfois obligé déliminer de lendroit les objets en contenant afin déviter toute récidive.
Chez les coiffeurs et les coiffeuses, les autres maladies ou lésions de la peau comprennent le granulome provoqué par limplantation de cheveux et les brûlures à leau chaude. Les stations debout prolongées, courantes dans cette profession, peuvent provoquer des varices. Avec les outils coupants tels que ciseaux, rasoirs et tondeuses électriques, ils risquent des lacérations de la peau aggravées de dermites si la blessure est exposée par la suite à des produits chimiques.
La rhinite allergique («rhume des foins») et lasthme accompagnent lutilisation des solutions pour permanentes (Schwartz, Arnold et Strohl, 1990), en particulier si elles contiennent du persulfate dammonium (Gamboa et coll., 1989). Les décolorants pour cheveux et lutilisation de henné (Starr, Yunginger et Brahser, 1982) ont été associés à lasthme.
Une étude a permis de constater une relative augmentation des risques davortements spontanés chez les coiffeuses et les esthéticiennes à plein temps utilisant souvent des produits chimiques. Le formaldéhyde et les produits chimiques auxquels sont exposés les manucures et les spécialistes de la pose de faux ongles sont tout particulièrement associés à des risques accrus davortements spontanés (John, Savitz et Shy, 1994).
Il semble que les employés des salons de coiffure et de beauté présentent un risque accru de développer certains types de cancer, dont le lymphome non hodgkinien (Zahm et coll., 1992; Pearce et Bethwaite, 1992), le cancer de la vessie et de lurètre (Steineck et coll., 1990) et celui du sein (Koenig et coll., 1994).
Les blanchisseries commerciales qui, à lorigine, étaient des ateliers familiaux, sont devenues aujourdhui de véritables petites entreprises où se posent des problèmes spécifiques de sécurité et de santé. Celles qui se spécialisent dans les services aux hôpitaux sont confrontées à des risques biologiques, et celles qui traitent les vêtements de travail des travailleurs de lindustrie ou du secteur des services exposent leur personnel aux risques chimiques propres à ces secteurs. Il semble que le nettoyage à sec soit né en France en 1825, lorsquun employé dune entreprise de teinturerie et de nettoyage renversa par inadvertance du pétrole lampant sur une nappe tachée (Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), 1995a). La nappe ayant séché, les taches avaient disparu. Le pétrole lampant est un hydrocarbure et cest ce même type de solvants hydrocarburés térébenthine, kérosène, benzène et essence quutilisaient les premières entreprises de nettoyage à sec. Tous ces solvants présentaient un inconvénient majeur: ils étaient inflammables, doù des explosions et des incendies fréquents (Wentz, 1995). En 1928, W.J. Stoddard inventa un solvant pratiquement inodore, à base de pétrole, dont le point déclair était beaucoup plus élevé, ce qui réduisait le risque dincendie. Ce solvant a été de plus en plus employé dans lindustrie du nettoyage à sec et il lest encore de nos jours.
Au début du XXe siècle, les progrès de la synthèse des hydrocarbures chlorés ont permis la mise au point de solvants ininflammables pour le nettoyage à sec. Au début, on préférait le tétrachlorure de carbone, mais étant donné sa toxicité et son agressivité sur les métaux, les textiles et les teintures, il a été progressivement remplacé, au cours des années quarante et cinquante, par le trichloroéthylène et le perchloroéthylène (PCE) (également connu sous le nom de tétrachloroéthylène) (Wentz, 1995). Le PCE (C2Cl4) est un liquide incolore, transparent et lourd, qui a une odeur déther. Dans les années quatre-vingt-dix, aux Etats-Unis, près de 90% des établissements de nettoyage à sec utilisaient le PCE (Environmental Protection Agency (EPA), 1991a).
Bien quil y ait des disparités dun pays à lautre, voire dun magasin à lautre, les blanchisseries et les établissements de nettoyage à sec sont généralement de petites entreprises: aux Etats-Unis, environ 70% dentre elles comptent moins de quatre employés, qui effectuent le plus souvent les opérations de nettoyage dans le magasin même. Les employés de ces petites entreprises, dont beaucoup travaillent plus de huit heures par jour, sont souvent les membres de la même famille, y compris parfois les enfants. Dans de nombreux pays, la famille est propriétaire de létablissement et habite dans limmeuble où il se trouve. De plus en plus de nos jours, les entreprises dune certaine importance ont plusieurs «centres de dépôt» où les clients laissent leurs vêtements sales. Ceux-ci sont transportés jusquà un atelier central où ils sont nettoyés, puis ils sont ramenés aux centres de dépôt où les clients les reprennent. Ce système a lavantage de regrouper les déchets dangereux en un seul lieu et de réduire lexposition aux solvants des employés de ces centres.
Le travail de blanchisserie ou de nettoyage à sec commence lorsque le client apporte ses vêtements sales au magasin. Les vêtements daujourdhui sont confectionnés dans des tissus aux fibres diverses. Ils sont inspectés et triés en fonction de leur poids, de leur couleur, de leur finition et de leur texture avant dêtre chargés en machine. Les taches visibles sont traitées avant ou après le nettoyage, à un poste de détachage à laide de produits chimiques différents, et selon le type de tache.
Le nettoyage des vêtements comporte trois étapes: le lavage, lessorage et le séchage (voir figure 100.4). Le nettoyage liquide (blanchissage) nécessite du détergent, de leau et éventuellement de la vapeur. Dans le nettoyage à sec, le détergent et leau sont ajoutés au solvant pour mieux éliminer la saleté. Les vêtements sont chargés manuellement dans la machine et la solution de nettoyage est ajoutée automatiquement; ils tournent pendant un certain temps, sont essorés à grande vitesse pour extraire leau et le solvant puis séchés. Une fois retirés du séchoir, les vêtements sont repassés pour enlever les plis et leur redonner leur forme initiale.
De nombreux pays ont imposé des réglementations sévères pour limiter les expositions au PCE et les émissions de ce produit, en raison des problèmes quil pose pour la santé et pour lenvironnement. Grâce à ces réglementations, les procédés de nettoyage à sec évoluent. La purification des solvants saméliore, des systèmes de récupération de la vapeur sont installés, des solvants de remplacement sont mis au point et les méthodes de nettoyage liquide par immersion dans leau sont perfectionnées pour traiter des vêtements autrefois nettoyés par des solvants. Ces procédés sont décrits ci-après.
Il existe deux types principaux de machines pour le nettoyage à sec: les machines en circuit ouvert et les machines en circuit fermé. Les machines en circuit ouvert, plus anciennes et moins chères, obligent à retirer à la main les vêtements chargés de solvants de la machine à laver pour les mettre dans le séchoir. Cette opération expose les travailleurs à des concentrations massives de PCE. En raison des quantités de solvants mises en uvre et des émissions auxquelles elles donnent lieu, les machines de ce type ne sont plus fabriquées aux Etats-Unis; toutefois, on peut encore y acheter des machines (doccasion ou remises à neuf) de ce modèle.
En 1994, aux Etats-Unis, quelque 70% des machines à PCE étaient des machines en circuit fermé, fonctionnant selon un procédé en continu permettant déviter davoir à transférer les vêtements dune machine à lautre. Les réglementations écologiques devenant plus strictes, de nombreux magasins utilisent des machines en circuit fermé. Néanmoins, il en est encore qui ont recours à des machines en circuit ouvert pour des raisons économiques. Aux Etats-Unis, les machines utilisant des produits pétroliers sont la plupart du temps des machines en circuit ouvert.
Les machines en circuit fermé sont équipées le plus souvent dun système de ventilation par extraction; elles rejettent les vapeurs de solvant résiduelles directement dans latmosphère, ou possèdent un système de récupération de ces mêmes vapeurs qui fonctionne pendant la phase daération. Les machines en circuit fermé sans ventilation ne dégagent des vapeurs de solvant dans latmosphère ambiante que lorsque leur porte est ouverte. Elles remettent en circulation lair de séchage chaud dans un système de récupération des vapeurs, puis le font repasser dans le tambour de séchage et ce, sans phase daération.
Les établissements de nettoyage à sec doivent procéder à des opérations de filtration ou de distillation pour récupérer et purifier les solvants. La filtration élimine les impuretés insolubles, les résidus non volatils et les teintures et matières colorantes mal fixées. On lutilise parfois aussi, en particulier aux Etats-Unis, pour enlever les impuretés solubles. La filtration est un processus continu. Le solvant passe au travers dun solide adsorbant (poudre, cartouche ou filtre à disque rotatif qui tous nécessitent un entretien périodique). Les adsorbants doivent être éliminés lorsquils sont contaminés.
La distillation, utilisée aux Etats-Unis par 90% environ des établissements de nettoyage à sec, élimine les huiles solubles, les acides gras et les graisses qui ne lont pas été par la filtration (International Fabricare Institute, 1990). Elle a lieu au moment où le PCE atteint son point débullition et se vaporise avant de se recondenser sous forme liquide. Au cours de ce processus, les impuretés non volatiles, qui ne peuvent être éliminées par distillation, demeurent en létat et sont traitées comme des déchets dangereux. La filtration et la distillation produisent toutes deux des déchets solides contenant du PCE; les fabricants déquipement de nettoyage à sec sefforcent toutefois de mettre au point de nouvelles techniques permettant de réduire le volume des déchets dangereux produits, ce qui devrait se traduire par des économies importantes dans les coûts délimination des déchets en question.
Cette récupération fait appel essentiellement à deux techniques: ladsorbeur sur charbon et le condenseur réfrigéré. Ces deux techniques, autrefois séparées, sont aujourdhui associées dans les machines modernes. Aux Etats-Unis, par exemple, ladsorption sur charbon est pratiquée dans 35% environ des machines contrôlées. Ladsorption au charbon permet dobtenir une réduction de 95 à 99% des émissions de PCE dans lair. Les vapeurs chargées de solvant passent sur du charbon actif à forte capacité dadsorption. Celui-ci est soumis à une désorption pour permettre la récupération du PCE, ou encore traité en tant que déchet dangereux lorsquil est saturé de PCE. La désorption du charbon seffectue à laide de vapeur ou dair chaud, soit automatiquement après chaque chargement, soit à la fin de la journée; si elle nest pas pratiquée régulièrement, le lit de charbon se sature et ne remplit plus son rôle. Ce système dadsorption peut traiter des volumes dair importants renfermant des concentrations de solvant relativement faibles, tout en restant très efficace pour lélimination du PCE, mais il exige que lon procède à des désorptions fréquentes, et la régénération à la vapeur produit des eaux usées contaminées.
Pour récupérer le PCE, les condenseurs refroidissent lair chargé de solvant pour lamener au-dessous du point de rosée des vapeurs; ils fonctionnent sur le principe selon lequel la capacité de lair à maintenir un solvant à létat de vapeur dépend de la température. Environ 65% des machines contrôlées utilisent des condenseurs réfrigérés. Ce procédé permet de récupérer 95% des vapeurs de PCE dans les machines en circuit fermé et 85% dans les machines en circuit ouvert. Les condenseurs nexigent que peu dentretien et produisent peu deau contaminée, puisquils ne comportent pas détape de régénération à la vapeur. Ils demandent en revanche des concentrations de solvant plus élevées que ladsorption sur charbon actif. La vapeur deau est toutefois susceptible de poser problème, car elle peut se condenser et geler, entravant ainsi lécoulement de gaz et le transfert de chaleur (EPA, 1991b).
Dautres solvants peuvent être utilisés à la place du PCE. Les limites dexposition aux solvants inflammables à base de pétrole sont généralement plus élevées que celles du PCE. Ils sont moins agressifs au détachage et, comme leur pression de vapeur est inférieure à celle du PCE, le risque dexposition par inhalation est généralement plus faible. Ils peuvent néanmoins avoir des effets nocifs sur la santé, tels que lasphyxie, la dépression du système nerveux central et lirritation de la peau et des muqueuses. Par ailleurs, les hydrocarbures aliphatiques sont plus toxiques pour les travailleurs lorsquils sont contaminés par du benzène.
En Allemagne, on sest efforcé de réduire les risques dincendie que présentent les solvants à base de pétrole par deux méthodes: la mise au point de solvants moins dangereux et lamélioration des machines elles-mêmes. Les solvants à base de pétrole très couramment utilisés dans ce pays sont des paraffines à chaînes droites, ramifiées ou cycliques, comprenant 10 à 12 carbones. Ils ont une durée de vie dans latmosphère de quelques jours seulement, ne contiennent pas dhalogènes, ne provoquent pas dappauvrissement de la couche dozone et ne jouent quun rôle mineur dans leffet de serre. Voici quelques-uns des critères appliqués en Allemagne aux solvants à base de pétrole utilisés pour le nettoyage à sec (Hohenstein Institute, 1995):
Les machines fabriquées en Allemagne pour les solvants à base de pétrole sont beaucoup plus sûres quautrefois. Ces solvants étant combustibles, leur mise en uvre nécessite le recours à des mesures de sécurité particulières. Les progrès techniques réalisés ont permis daméliorer la sécurité des machines et de réduire de façon sensible les risques dincendie et dexplosion. Les mesures ci-après peuvent être mises en uvre ensemble ou séparément à cette fin:
Cette nouvelle technique est en plein essor; elle se distingue du blanchissage traditionnel, en ce quelle est plus douce et quelle peut être utilisée sur de nombreux tissus jusquici nettoyés à sec. Quatre facteurs principaux jouent un rôle dans lélimination des taches: la température, la durée, laction mécanique et les agents chimiques. Seule une combinaison judicieuse de ces facteurs permet dobtenir les meilleurs résultats (Vasquez, 1995). Il existe certes quelques variantes mineures dans les techniques de nettoyage liquide, mais toutes utilisent:
Les vêtements sont lavés en adaptant leffet mécanique au type de vêtement et au degré de salissure. Cest pendant le séchage que le risque est le plus élevé. De nombreuses fibres peuvent être séchées pratiquement sans difficulté. Toutefois, les vêtements délicats ou les vêtements susceptibles de rétrécir ne doivent être séchés que pendant quelques minutes avant dêtre étendus à lair. Aussi, la plupart des vêtements lavés par nettoyage liquide requièrent-ils un travail de finition plus important que ceux qui sont nettoyés au moyen de solvants. La durée du séchage et le travail de finition nécessaire augmentent substantiellement le temps de traitement (Earnest et Spencer, 1996).
Aujourdhui, le nettoyage liquide nest pas encore très répandu, car il névite pas totalement le recours aux solvants. Ce procédé permet de nettoyer entre 30 et 70% des vêtements qui le sont traditionnellement avec des solvants (Rice et Weinberg, 1994). Il pose cependant encore certains problèmes: les tissus peuvent être endommagés ou décolorés et, surtout, les vêtements ne sont pas toujours impeccables. Les propriétaires détablissements de nettoyage à sec qui utilisent ce procédé à mauvais escient sexposent à des poursuites en responsabilité civile. Les partisans de ce procédé semploient par conséquent à persuader les fabricants de vêtements de nemployer que des tissus qui le supportent bien.
Sur le lieu de travail, le PCE peut pénétrer dans lorganisme par les voies respiratoires et par la peau (Agency for Toxic Substances and Disease Registry (ATSDR), 1995). Les symptômes associés à une exposition par les voies respiratoires comprennent la dépression du système nerveux central, les atteintes hépatiques et rénales (Royal Society of Chemistry (RSC), 1986), les troubles de la mémoire, la confusion mentale, les vertiges, les maux de tête, la somnolence et les irritations des yeux, du nez et de la gorge. Une exposition répétée de la peau peut provoquer des dermites sèches, squameuses et fissurées (National Institute of Occupational Safety and Health (NIOSH), 1977).
LInstitut national du cancer (National Cancer Institute) et le Programme national de toxicologie (National Toxicology Program), aux Etats-Unis, ont mis en évidence chez les animaux de laboratoire un lien entre lexposition au PCE et le cancer. Chez lêtre humain, les études ont montré quil existe, parmi les employés des établissements de nettoyage à sec, un risque élevé de cancer des voies urinaires (Duh et Asal, 1984; Blair et coll., 1990b; Katz et Jowett, 1981), de lsophage (Duh et Asal, 1984; Ruder, Ward et Brown, 1994) et du pancréas (Lin et Kessler, 1981). Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le PCE dans le groupe 2A (probablement cancérogène pour lhumain) et le nettoyage à sec dans le groupe 2B (éventuellement cancérogène pour lhumain) (CIRC, 1995b). LAgence américaine de protection de lenvironnement (Environmental Protection Agency (EPA)) applique au PCE la réglementation relative aux polluants atmosphériques dangereux.
Les fichiers de lAdministration américaine de la sécurité et de la santé au travail (Occupational Safety and Health Administration) (OSHA) font référence à de nombreux établissements de nettoyage à sec dans lesquels la limite dexposition admissible (Permissible Exposure Limit (PEL)), qui est de 100 ppm, pour une moyenne pondérée sur huit heures par jour (time-weighted average (TWA)), est dépassée (OSHA, 1993). Cest en général la personne préposée à la machine qui est exposée aux plus fortes concentrations de PCE. Des études de lInstitut national de la sécurité et de la santé au travail (National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH)), aux Etats-Unis, ont montré que, dans de nombreux établissements de nettoyage à sec employant des machines traditionnelles, les employés subissent une très forte exposition au PCE lorsquils chargent et déchargent les machines. Comme ces opérations sont répétées de nombreuses fois au cours de la journée, il nest pas rare quelles comptent pour 50 à 75% de la TWA des employés concernés (Earnest, 1996). Ces expositions peuvent être réduites par lemploi de machines de nettoyage à sec modernes et de produits moins nocifs que les solvants, par une meilleure isolation du procédé et grâce à une ventilation locale et générale plus efficace.
Les blanchisseries et les établissements de nettoyage à sec utilisent des produits chimiques très divers qui peuvent porter atteinte à la santé par contact cutané ou oculaire et par inhalation. Les lésions cutanées résultent dune exposition récurrente ou soudaine. Les produits chimiques qui se vaporisent facilement et sont très toxiques présentent un risque en cas dinhalation, même si lon sen préoccupe généralement moins que des lésions cutanées ou oculaires. Les détachants les plus couramment utilisés aux Etats-Unis sont: le trichloroéthylène, les cétones principalement la méthyl-isobutylcétone, le naphta de pétrole et lacide fluorhydrique. Les oxydants tels que les agents de blanchiment au chlore peuvent être dangereux sils sont utilisés en présence de composés courants tels que la térébenthine, lammoniac ou les combustibles. Les détergents qui contiennent des enzymes peuvent provoquer des réactions immunitaires chez de nombreux sujets. Les expositions combinées à plusieurs types de produits (solvants de nettoyage à sec, PCE et autres substances chimiques) sont aussi une importante source de préoccupation.
Dans le secteur du nettoyage, ce sont essentiellement les repasseuses qui sont exposées à des risques liés à lergonomie. Le repassage à la presse est une tâche dynamique et répétitive qui nécessite, pour atteindre les vêtements et les traiter, des mouvements de flexion et des gestes de saisie précise ainsi que des postures inconfortables. Il faut ajouter que les repasseuses doivent parfois lever de lourdes charges lorsque les articles à repasser sont confectionnés avec des tissus très pesants, notamment dans les blanchisseries commerciales.
Le feu a de tout temps été un problème dans le nettoyage à sec en raison des nombreux liquides inflammables et des combustibles utilisés. Les solvants à base de pétrole qui senflamment facilement représentent toujours un risque élevé pour la sécurité et la santé. Aux Etats-Unis, environ 10% des établissements de nettoyage à sec emploient des solvants traditionnels à base de pétrole tels que le solvant de Stoddard ou des alcools minéraux et même ceux qui se servent de PCE ininflammable ne sont pas à labri des risques. En effet, lorsquil est suffisamment chauffé, celui-ci se décompose en chlorure dhydrogène et en gaz phosgène. Autre source de préoccupation: le cyanure dhydrogène qui se dégage lorsque des tissus contenant de lazote brûlent (cest le cas de nombreuses fibres naturelles et synthétiques) et le monoxyde de carbone en cas de combustion incomplète. Outre les tissus, on trouve dans les établissements de nettoyage à sec bien dautres sources potentielles dinflammation.
Les fabricants de machines de nettoyage à sec doivent veiller à éliminer toute cause possible dincendie et sassurer que celles-ci sont sûres. De même, les propriétaires détablissements de nettoyage à sec doivent prendre toutes les mesures qui simposent pour prévenir les dangers éventuels. Aux causes spécifiques à ce secteur sajoutent les risques dincendie communs à toutes les activités professionnelles tels que le mauvais fonctionnement des appareils électriques, les frottements, les flammes nues, les étincelles, lélectricité statique, les surfaces chaudes et la présence de fumeurs (NIOSH, 1975).
Les ateliers de nettoyage des vêtements comportent plusieurs sources de brûlures graves: au poste de nettoyage à sec à proprement parler, on peut se brûler avec la tête de la presse, les canalisations de vapeur deau, ou même la vapeur deau elle-même. Lisolation des tuyaux, des canalisations et des surfaces, et lutilisation de dispositifs de protection sont autant de moyens qui peuvent aider à prévenir ce type daccident.
Bien que les chaudières modernes soient plus sûres quautrefois, elles servent toujours à produire de grandes quantités de vapeur deau et doivent donc être utilisées dans les meilleures conditions de sécurité possibles. On trouvera une liste des précautions indispensables à prendre à cet égard dans le code 32 de lAssociation nationale de protection contre lincendie (National Fire Protection Association (NFPA), 2000), aux Etats-Unis, concernant les normes applicables aux établissements de nettoyage à sec, ainsi que dans le manuel général sur la protection contre les incendies de cette même Association (NFPA, 1991). Ces deux documents spécifient les critères à respecter pour la construction des locaux, lentreposage et lisolation des produits inflammables, la pose dextincteurs et de systèmes dextinction par arrosage automatique. Ils traitent également de laccumulation éventuelle de gaz autour des chaudières et expliquent comment éliminer les fuites de gaz et assurer une ventilation suffisante.
Les risques daccident sont toujours importants lorsquon se sert déquipements mécaniques, notamment de presses. Sur les modèles que lon peut faire fonctionner avec une seule main, il arrive que les travailleurs se fassent happer lautre main. Les courroies, chaînes dentraînement, arbres de rotation et systèmes de raccordement devraient être protégés afin déviter tout accident par contact. Des protections devraient être installées autour des éléments mobiles des machines pour éviter quelles ne happent, pincent ou coupent certaines parties du corps des opérateurs. Pour prévenir les risques de ce genre, les méthodes les plus courantes sont lencoffrement des systèmes, les dispositifs de verrouillage et de sécurité électroniques, les barrières mobiles, les systèmes de contrôle à distance et les mécanismes de disjonction déclenchables à deux mains.
On dispose de plusieurs moyens pour prévenir les risques électriques parmi lesquels il faut citer lisolation et la mise à la terre. Lidentification et la protection des éléments sous tension contribuent également à éviter les accidents électriques. Les risques peuvent être aggravés par la présence dhumidité. Il existe des disjoncteurs différentiels qui interrompent le courant en cas de fuite par la terre dans linstallation électrique. Le choix dun équipement électrique devrait tenir compte des normes reconnues, telles que le Code 70 de la NFPA (1996) et le Code C2 de lInstitut américain de normalisation (American National Standards Institute (ANSI), 1997). On trouvera, dans la présente Encyclopédie , divers conseils pratiques sur lutilisation appropriée de lélectricité (voir les chapitres no 40, «Lélectricité» et no 81, «Les appareils électriques»).
Le stress thermique peut affecter les employés contraints de travailler durant de longues heures en ambiance chaude, comme cest le cas dans de nombreux établissements de nettoyage à sec. Ce stress est plus intense encore pendant les mois dété, notamment si le magasin nest pas climatisé (la climatisation nest pas très répandue dans ce secteur dactivité). Des facteurs à la fois physiques et environnementaux ont une incidence sur les effets de la chaleur et sur le risque individuel de stress thermique: lacclimatement, le rapport surface corporelle/poids, lâge et létat de santé, le bilan hydroélectrolytique et sodique et la condition physique.
Les blanchisseries et les établissements de nettoyage à sec sont souvent encombrés de monde et de matériel et le risque de glissades, de trébuchements et de chutes y est donc très réel. Les lieux de passage ne sont pas toujours bien délimités et les récipients contenant des solvants ou de leau sont nombreux. Il est fréquent que des liquides soient renversés, rendant le sol glissant. Pour limiter ces risques, il faut exiger des nettoyages réguliers, agencer avec soin les locaux et revêtir les sols de matériaux antidérapants. Il faut veiller à maintenir de bonnes conditions dhygiène, dordre et de propreté sur le lieu de travail et éponger immédiatement tout liquide renversé.
Dans les lingeries des établissements hospitaliers, les travailleurs qui trient le linge avant son blanchissage peuvent se couper ou se piquer avec des objets oubliés dans les draps ou les poches des uniformes du personnel. Ceux des blanchisseries ou des établissements de nettoyage à sec peuvent avoir à manipuler des vêtements récemment salis et contaminés par des liquides organiques. Les vêtements qui proviennent des cabinets dentaires et médicaux, ainsi que des laboratoires, des banques du sang, des centres de traitement des toxicomanes, des cliniques, des morgues, des ambulances et autres établissements de soins peuvent en effet contenir des matières potentiellement infectieuses. Dans de nombreux pays, les entreprises qui assurent le nettoyage de ce type de vêtements sont asujetties à des normes professionnelles relatives à la prévention des expositions, telles que les règlements de lOSHA sur les pathogènes à diffusion hématogène.
Le souci de protéger lenvironnement et la santé publique a conduit, il ny a pas si longtemps, à modifier en profondeur la réglementation applicable au secteur du nettoyage à sec. Les locaux à usage résidentiel ou commercial situés à proximité des établissements de nettoyage à sec peuvent être contaminés par des vapeurs de PCE qui pénètrent par les murs, les plafonds, les bouches daération, les ouvertures quand elles sont ouvertes ou par les systèmes de ventilation. Les nappes phréatiques et les sols peuvent être pollués en cas de fuites ou de déversements importants de solvants pendant leur transvasement du camion de livraison à la machine de nettoyage à sec. Il en va de même des sols en cas de rejet abusif de leau du séparateur dans les égouts. Enfin, les clients risquent eux aussi dêtre exposés aux résidus de PCE restés dans les vêtements mal séchés. Ce risque est particulièrement important si la machine fonctionne mal ou si le cycle sec a été abrégé pour accroître la productivité.
Remerciements: cet article sinspire très largement des informations réunies et publiées par lInstitut national de la sécurité et de la santé au travail (National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH)) des Etats-Unis.
En admettant que la population mondiale soit de 5 milliards dhabitants, entre 250 000 et 500 000 personnes meurent chaque jour. Beaucoup sont des nouveau-nés ou des enfants, mais quiconque est né doit aussi mourir un jour. Malgré la diversité des cultures et des croyances religieuses qui entourent la mort, la dépouille mortelle de chaque personne fait lobjet de pratiques funéraires, les plus répandues étant linhumation et la crémation. Dans de nombreuses cultures, il y a préalablement un traitement du corps du défunt. Les rites les plus simples consistent à le laver avec des herbes et des épices afin de ralentir ou de dissimuler le début de la décomposition et lodeur émanant des tissus morts. Les rites plus sophistiqués font appel à des méthodes complexes, telles que la thanatopraxie et lenlèvement des organes internes. La thanatopraxie consiste généralement à remplacer le sang par un liquide dembaumement ou de conservation. Les Egyptiens ont été parmi les premiers à la pratiquer et à la développer: ils embaumaient la dépouille mortelle. La thanatopraxie a été largement employée au XXe siècle en Europe occidentale et en Amérique du Nord. Elle est suivie soit par linhumation soit par la crémation. En dehors de lEurope occidentale et de lAmérique du Nord, la thanatopraxie nest pas très répandue.
La préparation et lenterrement dun défunt peuvent comporter de nombreuses étapes:
Trois types de risques sont toujours associés à la manipulation des restes humains: microbiens, psychologiques et ergonomiques auxquels il faut ajouter un quatrième le risque chimique plus spécifique à la thanatopraxie. Aux Etats-Unis, de nombreux Etats ont adopté des lois qui rendent la thanatopraxie obligatoire si le défunt doit être exposé dans un cercueil ouvert.
Le décès est souvent provoqué par une maladie. Après la mort, les microbes qui en sont la cause peuvent continuer à vivre dans le corps du défunt et infecter les personnes qui sen occupent. Des maladies contagieuses telles que la peste et la variole se sont ainsi propagées par manque de précaution lors de la manipulation de cadavres. Lorsquon évalue le risque microbien, il faut impérativement sinterroger sur la voie dexposition. Dans de nombreux cas, il suffit de toucher une source de contamination, puis de se frotter les yeux ou le nez pour que des pathogènes sintroduisent dans lorganisme par les muqueuses. Les pathogènes peuvent aussi être ingérés ou inhalés. Le risque de contamination par inhalation est particulièrement élevé lors de lexhumation de restes humains desséchés ou encore lors des procédures qui causent la dispersion daérosols, par exemple lorsquon scie un os de la personne décédée. La propagation des maladies est encore plus importante lorsquon utilise des instruments coupants ou pointus. De telles pratiques entraînent un risque dexposition par voie parentérale.
Les risques microbiens peuvent être classés de multiples façons, y compris selon le type dorganisme pathogène en cause, le type de maladie, sa gravité et la voie dinfection. Cest elle quil convient détudier lorsquon veut connaître les risques quencourent les employés des services funéraires. Les voies dinfection sont lingestion, linhalation, le contact cutané, la voie parentérale ou la perforation.
La contamination par ingestion peut être prévenue par une bonne hygiène individuelle. Pour cela, il faut toujours se laver les mains avant de manger ou de fumer et tenir la nourriture, les boissons ou tout objet susceptible dêtre porté à la bouche (tel que les cigarettes) à lécart des zones de contamination possible. Ces précautions sont valables pour lexposition aux produits chimiques. En plus dune hygiène individuelle minutieuse, le port de gants imperméables lorsquon touche un cadavre peut réduire le risque dinfection.
Quant à la contamination par inhalation, elle nest possible que dans le cas dorganismes pathogènes véhiculés par lair. Cette contamination se fait essentiellement de deux façons: lors des exhumations ou des autopsies au cours desquelles on doit scier un os. Il existe une troisième possibilité de formation et de dissémination daérosols pathogènes dans lair celui de la tuberculose, par exemple lorsquon expulse lair des poumons dun cadavre. Bien quil y ait eu dans le passé des épidémies de peste, de choléra, de typhoïde, de tuberculose, de charbon et de variole, seuls les organismes provoquant le charbon et la variole semblent capables de survivre pendant un certain temps une fois le corps enterré (Healing, Hoffman et Young, 1995). On peut trouver ces organismes pathogènes dans nimporte quel tissu mou non pas dans les os et principalement ceux qui se sont momifiés ou sont devenus friables. La bactérie du charbon peut, par exemple, former des spores qui restent viables pendant de longues périodes, en particulier dans un milieu sec. Des virus intacts de la variole ont été mis en évidence au microscope électronique sur les tissus de corps enterrés dans les années mille huit cent cinquante. Aucun de ces virus ne sétant ensuite développé en culture tissulaire, on a estimé quils nétaient plus actifs (Baxter, Brazier et Young, 1988). Le virus de la variole est toutefois resté infectieux après treize ans de stockage à sec dans un laboratoire (Wolff et Croon, 1968). Un article publié dans le Journal of Public Health (Royaume-Uni), dans les années mille huit cent cinquante, fait état des préoccupations des autorités quant à linfectivité du virus de la variole présent dans des restes humains enterrés à Montréal deux cents ans plus tôt, alors que cette maladie était très répandue dans le Nouveau Monde (Sly, 1994).
Au cours dune exhumation, linhalation de spores fongiques est fréquente et constitue donc un risque de contamination plus probable que ceux mentionnés précédemment. Toute intervention sur des restes humains anciens nécessite le port dun appareil de protection respiratoire. Des appareils individuels jetables munis de filtres à haute efficacité (HEPA), mis au point pour protéger les travailleurs contre la tuberculose et la poussière de plomb, se révèlent assez efficaces contre les spores fongiques. Outre les problèmes microbiens, lexhumation comporte des risques dinhalation de poussières de bois ou de plomb quon ne saurait négliger.
La tuberculose se transmet principalement par inhalation. Son incidence a augmenté au cours du dernier quart du vingtième siècle, en raison de la baisse de la vigilance des autorités sanitaires et de lapparition de souches bactériennes résistant à plusieurs groupes dantibiotiques. Une étude menée à la Johns Hopkins School of Public Health (Baltimore, Maryland, Etats-Unis) montre que 18,8% des thanatopracteurs réagissaient positivement à la tuberculine, contre 6,8% des employés des pompes funèbres qui ne pratiquaient pas la thanatopraxie. Ce dernier taux est comparable à celui de la population générale (Gershon et Karkashion, 1996).
Le virus de lhépatite B (VHB) et celui de limmunodéficience humaine (VIH) sont infectieux sils entrent en contact avec des muqueuses ou pénètrent dans le sang par une coupure ou une piqûre. Une étude menée auprès de thanatopracteurs du Maryland (Etats-Unis) a montré quau cours des six mois précédents 10% dentre eux avaient eu les muqueuses exposées et que 15% sétaient piqués avec une aiguille (Gershon et coll., 1995). Selon dautres études réalisées aux Etats-Unis toujours, entre 39 et 53% des thanatopracteurs sétaient piqués avec une aiguille au cours des douze mois précédents (Nwanyanwu, Tabasuri et Harris, 1989). Dans ce pays, la prévalence du VHB se situerait entre 7,5 et 12,0% chez les thanatopracteurs non vaccinés, et à 2,6% ou moins chez ceux dentre eux qui létaient. La couverture vaccinale oscille entre 19 et 60%. Il existe un vaccin contre le VHB, mais aucun pour le moment contre le VIH.
Le VHB et le VIH ne sont infectieux que sils entrent en contact avec les muqueuses (bouche, nez et yeux) ou sintroduisent dans le sang dune autre personne. Ils ne traversent pas la peau intacte. Ces virus peuvent pénétrer dans la circulation sanguine par une coupure, une écorchure ou lors dune piqûre ou dune coupure avec un instrument contaminé. Les mains crevassées en raison de la sécheresse cutanée ou des envies peuvent leur servir de portes dentrée. Par conséquent, pour empêcher la transmission de ces maladies, il est important davoir des barrières imperméables aux liquides organiques, déviter les éclaboussures de liquides contaminés dans les yeux, le nez ou la bouche, ainsi que les coupures et les piqûres avec un instrument contaminé. Les gants en latex et les masques faciaux assurent souvent cette protection. Ces gants ont cependant une durée dutilisation limitée, qui dépend des conditions de stockage (température et lumière). Dune façon générale, il conviendrait de les soumettre à des tests de résistance sils ont été stockés pendant plus dun an. Pour cela, il faut les remplir deau et attendre deux minutes pour voir sils ont des fuites. Certains pays occidentaux, comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni, ont adopté en la matière le principe des précautions universelles qui veut que tout cadavre soit traité comme sil était infecté par le VHB et le VIH.
Dans de nombreuses cultures, cest la famille du défunt qui prépare le corps pour lenterrement ou la crémation. Dans dautres, cette tâche est confiée à des spécialistes. Les vivants sont affectés psychologiquement lorsquils sont appelés à soccuper des morts. Cette charge émotionnelle existe quels que soient les rites funéraires. Des études ont été faites pour lidentifier et pour évaluer son impact chez les personnes qui exercent ce métier.
Les risques psychologiques auxquels sont exposés les employés des pompes funèbres nont pas été étudiés de manière approfondie, mais des travaux ont été effectués en 1995 pour connaître les effets psychologiques que pouvait avoir le fait de devoir soccuper des restes des victimes dune mort traumatique. Les principaux effets semblent être langoisse, la dépression et la somatisation (tendance à faire état de troubles physiques), lirritabilité, les troubles de lappétit et du sommeil et la consommation accrue dalcool (Ursano et coll., 1995). Le syndrome de stress post-traumatique a une incidence significative. Immédiatement après une catastrophe au cours de laquelle des restes humains ont dû être évacués, entre 20 et 40% des secouristes ont été considérés, sur la base de tests psychologiques, comme étant une catégorie à haut risque, mais 10% dentre eux seulement présentaient les symptômes de stress post-traumatique. Un an après la catastrophe, les effets psychologiques étaient encore sensibles; leur incidence était toutefois beaucoup plus faible. Certains secouristes présentaient des symptômes psychologiques négatifs plusieurs années après lévénement traumatisant.
Bon nombre de ces études ont été effectuées sur du personnel militaire. Elles montrent que les taux de stress généralisé sont plus élevés chez les individus inexpérimentés et non volontaires, et que les indicateurs de stress étaient encore élevés une année après lévénement traumatisant. Lempathie, ou lauto-identification de lemployé des pompes funèbres avec le défunt, semblait être liée à un niveau accru de stress psychologique (McCarroll et coll., 1993; McCarroll et coll., 1995).
Une étude des causes de décès effectuée entre 1975 et 1985 aux Etats-Unis auprès de 4 046 thanatopracteurs et employés des pompes funèbres fait état dun rapport de mortalité proportionnelle (proportionate mortality ratio (PMR)) de 130 pour le suicide (la mortalité proportionnelle serait en loccurrence le rapport entre le nombre effectif des suicides chez les thanatopracteurs et les employés des pompes funèbres, et le nombre de suicides auquel on pourrait sattendre dans un groupe dindividus de même âge, de même race et de même sexe, nappartenant à aucune des deux catégories. Ce rapport est ensuite multiplié par 100). Cette étude avait en fait pour objet dévaluer le risque de cancer dans les services funéraires, et la statistique sur les suicides na pas été analysée plus avant.
Un adulte décédé est lourd et il doit généralement être transporté jusquau lieu désigné pour son enterrement ou sa crémation. Même lorsquon recourt à des moyens mécaniques pour certaines opérations, par égard pour le défunt, le corps est en général porté par des personnes du lieu du décès jusquau véhicule, puis du véhicule au lieu de lenterrement ou de la crémation.
Les employés des services funéraires sont appelés à déplacer le corps à de nombreuses reprises au cours de sa préparation et pendant les funérailles. Bien quaucune étude sur ce sujet nait été trouvée, on peut dire quil sagit dun métier à très forte charge physique par à-coups. Or, on sait que la manutention répétée et prolongée dobjets lourds est souvent à lorigine de douleurs et de lésions de la région lombaire. Des dispositifs de levage existent, qui pourraient être utiles.
La thanatopraxie exige lutilisation de produits chimiques puissants et implique donc une forte exposition pour les employés des pompes funèbres. Le formaldéhyde, qui est le plus couramment utilisé, est aussi le plus toxique. Il est irritant pour les muqueuses, les yeux, les parois internes du nez et lappareil respiratoire, et a été associé à des modifications cellulaires mutagènes et au développement de cancers, ainsi quà lasthme professionnel. Le niveau dexposition professionnelle non accompagnée deffets nocifs na cessé dêtre abaissé au cours des dernières décennies. Les limites dexposition admissibles en 1995 en moyenne pondérée pour huit heures de travail (time-weighted average (TWA)) allaient de 0,5 ppm en Allemagne, au Japon, en Norvège, en Suède et en Suisse à 5 ppm en Egypte et à Taiwan (Chine) (Centre international de recherche sur le cancer (CIRC)), 1995c). Des concentrations de formaldéhyde entre 0,15 et 4,3 ppm, avec des valeurs instantanées pouvant atteindre 6,6 ppm, ont été signalées lors de contrôles dambiance. Lintervention du thanatopracteur dure de une à deux heures et lexposition au formaldéhyde est accrue pendant lapplication des crèmes, des poudres de séchage et des poudres durcissantes, ainsi que lors de déversements accidentels. Cest le métier du service funéraire le plus exposé au risque chimique.
Des rats soumis à une exposition chronique de 6 à 15 ppm de formaldéhyde (Albert et coll., 1982; Kerns et coll., 1982; Tobe et coll., 1985), ou exposés de façon répétée à 20 ppm pendant des périodes de quinze minutes (Feron et coll., 1988), ont développé des cancers du nez (Hayes et coll., 1990). Le CIRC a fait état de preuves épidémiologiques limitées dun lien entre lexposition au formaldéhyde dans lindustrie en général et le développement de cancers du rhinopharynx (Olsen et Asnaes, 1986; Hayes et coll., 1986; Roush et coll., 1987; Vaughan et coll., 1986; Blair et coll., 1986; Stayner et coll., 1988). Plusieurs études sur les employés des pompes funèbres ont signalé en revanche une incidence accrue des leucémies et des tumeurs du cerveau (Levine, Andjelkovich et Shaw, 1984; Walrath et Fraumeni, 1983). Outre ses effets cancérogènes, le formaldéhyde est irritant pour les muqueuses et constitue un agent de sensibilisation puissant dans le développement de lasthme de ladulte. Le ou les mécanismes par lesquels le formaldéhyde provoque de lasthme sont moins bien définis encore que ceux qui interviennent dans le développement du cancer.
Les autres produits chimiques potentiellement dangereux contenus dans les solutions quemploie le thanatopracteur sont notamment le phénol, le méthanol, lalcool isopropylique et le glutaraldéhyde (Hayes et coll., 1990). Le glutaraldéhyde semble être plus irritant que le formaldéhyde pour les muqueuses; à des concentrations nettement supérieures à 500 ppm, il affecte le système nerveux central. Le méthanol a lui aussi des effets sur le système nerveux central, en particulier sur le système visuel. Le phénol semble affecter le système nerveux et les poumons, le cur, le foie et les reins, et il est absorbé assez rapidement à travers la peau. Nous ne comprenons pas encore très bien la toxicité des polyexpositions à des produits chimiques et notre capacité à en évaluer les risques est trop limitée pour que lon puisse analyser de façon concluante les effets physiologiques des mélanges auxquels sont exposés les thanatopracteurs et les employés des pompes funèbres. Selon Blair et coll. (1990a), lincidence accrue des leucémies et des tumeurs du cerveau signalée chez certains professionnels (thanatopracteurs, pathologistes, anatomistes, par exemple), mais pas chez les travailleurs de lindustrie, serait due à une exposition à des produits chimiques autres que le formaldéhyde.
Les progrès dans la conception des tables de dissection montrent que les systèmes dévacuation des vapeurs par aspiration descendante réduisent sensiblement lexposition des personnes qui travaillent à proximité de ces tables (Coleman, 1995). Le port de gants lors de lapplication sur la peau de liquides et de crèmes de conservation réduit également les risques. Il a été dit, cependant, que certains gants en latex que lon trouve dans le commerce pouvaient être perméables au formaldéhyde, doù limportance de les choisir avec soin. Outre les préoccupations immédiates concernant les risques pour la santé dune exposition au formaldéhyde, des données de plus en plus nombreuses semblent montrer que des infiltrations de formaldéhyde provenant des cimetières pourraient contaminer les nappes phréatiques.
Lexhumation des corps peut, elle aussi, entraîner une exposition à des produits chimiques, au plomb, par exemple, utilisé de façon sporadique pendant des siècles, puis couramment à partir du XVIIIe siècle et au XIXe siècle pour doubler les cercueils. Il convient aussi de mentionner lexposition aux poussières de bois, associée à des troubles respiratoires, qui peuvent être inhalées et dont les risques sont accrus lorsquelles sont contaminées par des champignons. Enfin, il faut signaler les composés de larsenic et du mercure qui étaient également utilisés comme agents de conservation et qui pourraient présenter un risque lors des exhumations.
Un employé de maison travaille pour le compte et au domicile dune famille autre que la sienne, contrairement à la mère de famille ou à la femme au foyer, qui travaille chez elle, et aux femmes de service, qui sont employées par des établissements comme les hôpitaux ou les écoles. Lemployé de maison travaille souvent seul et dans lisolement. Il est presque toujours considéré comme un subalterne par la famille qui lemploie. Dans le passé, ce travail était parfois effectué par des esclaves ou des serviteurs sous contrainte. On classe aujourdhui dans cette catégorie demploi les domestiques, bonnes à tout faire, femmes de ménage, filles ou garçons au pair et gardiennes denfants. Bien que les employés de maison puissent être des hommes ou des femmes, les femmes sont plus nombreuses et, en règle générale, moins bien rémunérées que les hommes. Les employés de maison sont très souvent des immigrés ou des membres de minorités ethniques, nationales ou religieuses du pays demploi.
Il faut distinguer les employés de maison qui sont logés par leur employeur (employés dits résidants) de ceux qui vivent chez eux et se déplacent pour aller travailler. Les employés de maison résidants sont éloignés de leur famille et, souvent aussi, de leur pays. Du fait de leur isolement, leurs contrats de travail, prestations maladie et avantages sociaux sont réduits à leur plus simple expression. Il arrive que le logement et la nourriture soient la seule contrepartie de leur travail. Cette situation est particulièrement critique pour les employés de maison expatriés. Parfois, les infractions à la législation sociale (accords salariaux, congés annuels ou maladie, horaires de travail, durée du travail et tâches à accomplir) ne peuvent même pas être dénoncées, car le travailleur parle mal la langue du pays et na ni avocat, ni syndicat, ni contrat de travail, ni argent qui lui permettraient de se sortir dune situation difficile (Anderson, 1993; BIT, 1989). Les employés de maison nont habituellement pas dassurance en cas daccident du travail, ils ne savent pas où sadresser pour porter plainte si leurs droits sont violés et ne peuvent bien souvent pas se permettre de quitter leur emploi.
Cest au Royaume-Uni, dans les pays du Golfe persique et les Etats arabes, en Grèce, à Hong-kong, en Italie, à Singapour et aux Etats-Unis que lon trouve le plus grand nombre de domestiques. Ceux-ci viennent de différents pays, comme le Bangladesh, le Brésil, la Colombie, lEthiopie, lErythrée, lInde, lIndonésie, le Maroc, le Népal, le Nigéria, les Philippines, la Sierra Leone et Sri Lanka (Anderson, 1993). Aux Etats-Unis, de nombreux employés de maison sont des immigrés originaires dAmérique centrale et dAmérique du Sud, ainsi que des Caraïbes. Les travailleurs domestiques sont parfois des immigrés clandestins ou sont détenteurs de visas spéciaux à durée limitée qui ne les autorisent pas à travailler. Bien souvent, ils nont pas droit aux services sociaux de base dont bénéficient les autres travailleurs.
Les tâches confiées aux employés de maison comprennent généralement:
En général, le niveau des risques encourus par les employés de maison résidants est beaucoup plus élevé que celui des employés de maison qui vivent dans leur propre foyer.
Dans cette catégorie, il faut citer: les longues heures de travail, le repos insuffisant, parfois, une alimentation rationnée ou de mauvaise qualité, lexposition à leau chaude et à leau froide, à la chaleur dans la cuisine, les troubles musculo-squelettiques en particulier dorsalgies et rachialgies, dus à lobligation de porter les enfants, de refaire inlassablement les mêmes gestes pour soulever des meubles ou laver les sols à genoux. Lhygroma prérotulien dont souffrent les femmes de ménage sapparente à celui des poseurs de moquette. Bien que la mécanisation de certains procédés de polissage et de cirage des sols ait eu pour effet de diminuer la charge sur les genoux, de nombreux employés de maison continuent à travailler à genoux, et presque toujours sans genouillères ou autre protection (Tanaka et coll., 1982; Turnbull et coll., 1992).
Diverses précautions sont à prendre pour prévenir ces risques: limiter la durée du travail, prévoir des pauses suffisantes pour le repos et les repas, fournir des gants pour laver la vaisselle et pour toute autre tâche exigeant davoir les mains mouillées, apprendre aux employés les techniques permettant de soulever et de porter les charges en toute sécurité, mettre à leur disposition des machines pour nettoyer les moquettes et cirer les sols de manière à réduire le temps passé à genoux, leur conseiller de porter des genouillères pour certains travaux.
Les employés de maison peuvent être exposés à toutes sortes de substances chimiques contenues dans les produits dentretien: acides, bases, solvants, etc., susceptibles de provoquer des dermites (voir aussi, dans ce même chapitre, larticle «Les services de nettoyage des locaux»). Les dermites sont souvent aggravées par limmersion des mains dans leau chaude ou froide (Scolari et Gardenghi, 1966). Il arrive que les travailleurs domestiques connaissent mal les produits quils utilisent ou la façon de sen servir sans danger. La formation à la manipulation des produits chimiques et linformation sur les risques quils présentent sont insuffisantes. Par exemple, un cas dintoxication grave a été signalé chez une domestique qui avait nettoyé de largenterie pendant une journée et demie avec du carbonate de cadmium en poudre. Elle présentait une symptomatologie associant douleurs abdominales, sensation de constriction du pharynx, vomissements et hypotension dont il lui fallut vingt-quatre jours pour se remettre (Sovet, 1958).
De nombreux produits manipulés par les employés de maison sont des allergènes connus. Cest le cas des gants de protection en caoutchouc naturel, des plantes dintérieur, des cires et des encaustiques, des détergents, des crèmes pour les mains, des antiseptiques et des impuretés que lon trouve dans les détergents et les agents blanchissants. Chez les employés de maison, une dermite dirritation peut être annonciatrice dune dermite allergique par contact, et elle commence souvent par lapparition de plaques dérythème au dos des mains (Foussereau et coll., 1982). Linhalation de solvants, de pesticides ménagers, de poussières, de moisissures, etc. peut entraîner des troubles respiratoires.
Les précautions consistent à choisir les produits de nettoyage les moins toxiques possibles, à apprendre à les manipuler, de même que les détergents, à porter des gants et à se protéger les mains avec des crèmes. Les produits sans parfum sont conseillés pour les personnes sujettes à des allergies (Foussereau et coll., 1982).
Les employés de maison chargés de soccuper de jeunes enfants, en particulier, courent plus que dautres le risque de contracter des maladies, notamment en changeant les couches et en touchant de leau ou des aliments contaminés. Il importe que ces employés se lavent les mains avec soin après avoir changé et touché des couches souillées, quils observent les règles de lart pour se débarrasser des déchets et quils manipulent les aliments en respectant les principes dhygiène.
Parmi les facteurs de risques psychologiques et de stress auxquels peuvent être exposés les employés de maison, il faut citer léloignement de la famille et de la communauté dorigine, labsence de contrat de travail, de prestations sociales et de tout type de congé (congés payés, congés maladie ou de maternité), lincertitude quant au salaire, le viol et la violence physique et psychologique et les horaires de travail trop lourds. Les employés de maison résidants sont plus exposés que les autres aux risques de violence, de harcèlement sexuel, de violence physique et psychologique et de viol (Anderson, 1993).
Selon un rapport de lambassade des Philippines à Singapour, on a dénombré en six mois, en 1990, 8 décès, dont 6 suicides et 2 meurtres, parmi les domestiques originaires des Philippines. Les suicides sont sous-déclarés et mal documentés; pourtant, à une certaine époque, pas moins de 40 suicides ont été signalés à lambassade des Philippines (Gulati, 1993).
Ces mêmes risques menacent, bien que dans une moindre mesure, les employés de maison qui ne sont pas logés par leur employeur. Dans lEtat de lOhio (Etats-Unis), une étude portant sur les demandes de réparation déposées entre 1983 et 1985 par des travailleurs à la suite dagressions sexuelles a révélé que 14% des victimes de viols étaient des femmes de ménage et des femmes de chambre de motels (Seligman et coll., 1987).
Des lois protégeant les travailleurs relativement sans défense aideraient à prévenir les agressions contre les employés de maison. Aux Etats-Unis, lembauche dimmigrés clandestins comme employés de maison était une pratique courante jusquà ladoption, en 1986, de la loi sur la réforme et le contrôle de limmigration (Immigration Reform and Control Act), qui a alourdi les peines dont sont passibles ceux qui emploient des personnes en situation irrégulière. Dans les pays développés, cependant, la demande demployés de maison ne cesse daugmenter. Aux Etats-Unis, leur salaire ne peut être inférieur au salaire minimum et sils perçoivent 1 000 dollars ou plus par an dun même employeur, ils ont droit à lassurance chômage et à la sécurité sociale (Anderson, 1993).
Dautres pays ont pris des mesures pour protéger ces travailleurs vulnérables. Le Canada, par exemple, a lancé en 1981 un programme concernant les aides familiaux résidants étrangers, qui a été modifié en 1992. Les personnes qui entrent au Canada dans le cadre de ce programme ont un statut reconnu et peuvent présenter une demande de résidence permanente après avoir travaillé pendant deux ans au moins comme aide familial résidant.
Cette reconnaissance est la première étape vers la prévention des problèmes de sécurité et de santé auxquels ces travailleurs se trouvent confrontés. Il devient ensuite possible de soccuper de leurs conditions de travail dangereuses et de les améliorer par ladoption de règlements, la syndicalisation, des groupes de soutien privés et des actions en faveur de la santé des femmes.
Une analyse des données sur la mortalité de 1 382 employés de maison, en Colombie-Britannique (Canada), a révélé un taux plus élevé que prévu de décès par les causes ci-après: cirrhose du foie, mort accidentelle liée à des risques professionnels, homicide, accident toutes causes confondues, pneumonie, cancer du rectum et de lil. Les auteurs de cette étude estiment que le nombre particulièrement élevé de décès par cirrhose du foie pourrait sexpliquer par le fait que la plupart de ces employées sont originaires des Philippines, où lhépatite B est endémique (McDougal et coll., 1992). Dautres études soulignent que lalcoolisme joue également un rôle. Lanalyse dune étude sur la mortalité en Californie (Etats-Unis) a mis en évidence un taux élevé de cirrhose du foie chez les femmes travaillant dans les professions de femmes de ménage et domestiques chez des particuliers, serveuses, aides-soignantes (ou aides-infirmières) et agents hospitalières. Les auteurs ont conclu quil existait un lien entre ces professions et la mortalité par cirrhose du foie et que, par ailleurs, le nombre élevé de décès par ce type de maladie pourrait être associé au faible niveau social de ces travailleuses et à la facilité quelles avaient de par leur emploi de se procurer de lalcool (Harford et Brooks, 1992).
Dans son étude de 1989 sur les maladies de la peau dorigine professionnelle, lAssociation britannique des dermatologues (Brit-ish Association of Dermatologists) a constaté que, sur les 2 861 cas recensés (dont 96% étaient des dermites de contact), les femmes de ménage et les domestiques arrivaient en deuxième place (8,4%) (Cherry, Beck et Owen-Smith, 1994). De même, parmi les réactions positives à des tests cutanés réalisés sur 6 818 femmes, les professions les plus courantes étaient celles de femme de ménage, demployée de bureau, de nettoyeuse, de couturière et desthéticienne. On comptait notamment 943 réactions positives aux tests parmi les employées de maison (Dooms-Goossens, 1986).
Dautres travaux de recherche sur les allergies et les maladies respiratoires, notamment sur les maladies du poumon consécutives à des allergies professionnelles et à des produits chimiques organiques, ont conclu que la profession demployé de maison était lune des plus exposées aux allergies respiratoires (Pepys, 1986). Une étude suédoise sur la mortalité due à lasthme a été menée auprès des femmes qui avaient déclaré occuper un emploi lors du recensement national de 1960. Des taux de mortalité standardisés corrigés en fonction du tabagisme ont été calculés pour chaque profession. Les taux les plus élevés de décès imputables à lasthme ont été observés chez les femmes de charge, les bonnes à tout faire, les serveuses et les employées de maison (Horte et Toren, 1993).
On manque de statistiques et de données sur la santé des employés de maison, notamment pour ceux et celles qui viennent de létranger, sans doute en raison du caractère temporaire de leur emploi ou de leur statut de clandestins. Leur reconnaissance par les gouvernements ne pourrait que faciliter la réalisation de recherches supplémentaires et la protection de leur santé.
De nombreux procédés décrits dans les articles du présent chapitre peuvent produire des déchets dangereux tels que les solvants, les acides, les alcalis, le formaldéhyde, etc. Dans le secteur du nettoyage à sec, les vapeurs de perchloroéthylène risquent de polluer lair des appartements situés à proximité. Linstallation dun appareil de purification et de récupération des vapeurs de solvants, la centralisation du nettoyage à sec (en ne se servant des magasins que comme centres de dépôt et de récupération des vêtements) et la mise au point de méthodes de nettoyage à sec qui réduisent lutilisation des solvants sont autant de mesures qui permettent datténuer ces problèmes. Les entreprises de pompes funèbres qui pratiquent la thanatopraxie produisent des déchets chimiques (par exemple, du formaldéhyde) et biologiques (comme du sang et des matières contenant du sang) dangereux. La plupart des pays où se pratique la thanatopraxie exigent des entrepreneurs de pompes funèbres quils traitent tous ces déchets comme des produits dangereux. Dans les crématoriums, les amalgames au mercure dans la bouche des défunts peuvent provoquer une contamination de lair. La plupart des salons de coiffure déversent leurs déchets chimiques dans le réseau des eaux usées ou jettent des récipients contenant des résidus à la poubelle. Cest également ce que fait le personnel de nettoyage, aussi bien chez les particuliers que dans les établissements qui peuvent produire des déchets tels que des solvants, des acides et autres produits de nettoyage contenant des produits chimiques dangereux. Le fait que plusieurs sources produisent en même temps de petites quantités de déchets pose un problème de contrôle; il est difficile, en effet, de recourir en pareil cas à des techniques ciblées et normalisées de contrôle. Par exemple, même dans de grands établissements tels que les hôpitaux, les produits chimiques de nettoyage sont utilisés en petites quantités, mais dans lensemble du bâtiment ils sont souvent stockés dans des endroits très différents. Il existe plusieurs façons de résoudre ce problème dont la recherche permanente de produits de substitution moins dangereux et, notamment, le remplacement des solvants par des produits à base deau. Une autre solution consiste à nacheter que les quantités de produits qui seront nécessaires dans un avenir proche, afin déviter laccumulation de produits anciens quil faut ensuite éliminer. Lutilisation de tout le contenu dun récipient avant de jeter ce dernier à la poubelle serait aussi un moyen de réduire la pollution. Ces dernières années, certains pays, comme les Etats-Unis et le Canada, ont lancé des programmes locaux de gestion des déchets ménagers dangereux, dans le cadre desquels les solvants et les produits de nettoyage dont on veut se débarrasser peuvent être apportés à des points de collecte qui les acceptent gratuitement et les éliminent selon des procédures adéquates. Michael McCann |
Références complémentaires