* Adapté de la 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational Health and Safety.
Le champ daction du métier denseignant sétend de lécole maternelle à linstitut postuniversitaire. Enseigner, cest aussi bien impartir une instruction scolaire que dispenser une formation scientifique, artistique et technique dans le laboratoire, latelier ou le studio dart ou encore une éducation physique, sur le terrain de sport, au gymnase, à la piscine. Dans la plupart des pays, tout un chacun est, à un moment ou à un autre de sa vie, soumis à linfluence de cette profession; les enseignants eux-mêmes sont formés dans des disciplines aussi diverses que les matières quils enseignent. Les plus anciens dans le métier y exercent souvent par ailleurs des fonctions administratives et de direction.
De plus, léducation permanente ayant connu un développement considérable, on est amené à revoir lidée que lon se fait généralement de lenseignant uvrant au sein dun établissement traditionnel (école, université). Aujourdhui, la profession emploie des méthodes didactiques formelles et non formelles, dans le cadre de formations de base ou continues, à lintérieur et hors dinstitutions à vocation pédagogique.
Outre les élèves dâge scolaire et les étudiants duniversité, on voit apparaître en nombre croissant, et un peu partout dans le monde, dautres catégories dapprenants: jeunes demandeurs demplois, femmes cherchant à réintégrer le marché du travail, retraités, travailleurs migrants, personnes handicapées, membres issus des groupes communautaires, etc. On trouve, en particulier, des sous-groupes de la population jusque-là exclus des structures traditionnelles denseignement: les illettrés ou les personnes handicapées, par exemple.
La multiplicité actuelle des aménagements consacrés à lapprentissage nest pas un phénomène récent, et lautodidaxie, de même que la formation permanente, a toujours existé sous une forme ou une autre. Ce qui est nouveau, cest lapparition toujours plus fréquente de services structurés déducation permanente, que ce soit dans des cadres qui, à lorigine, nétaient pas destinés à lenseignement (usines, bureaux, centres de loisirs), ou par des moyens inédits (associations, médias de masse, autoapprentissage assisté). Une telle expansion des activités déducation a eu pour effet daugmenter le nombre de pédagogues, quils soient professionnels ou bénévoles.
Il peut arriver que les diverses activités relevant de lenseignement se recoupent: on trouvera des enseignants, des moniteurs, des formateurs, des chargés de cours, des animateurs et organisateurs de projets éducatifs, des conseillers déducation ou dorientation professionnelle, des spécialistes de léducation des adultes, des administrateurs, etc.
Si lon considère les effectifs du corps enseignant sur le marché du travail, on note quils constituent lune des catégories les plus importantes de la main-duvre salariée dans la plupart des pays.
Limportance de leurs syndicats na cessé de croître, en même temps que leurs effectifs. Du fait de la souplesse de leur emploi du temps, les enseignants ont pu jouer un rôle de premier plan dans la vie politique de nombreux pays.
Un type nouveau déducateur qui nest pas exactement un enseignant au sens traditionnel du terme est apparu dans de nombreux systèmes où lécole est devenue un centre de formation continue ou déducation tout au long de la vie. Ces éducateurs sont des professionnels provenant de différents secteurs, comprenant des maîtres-artisans ou des artistes, par exemple, qui contribuent de manière permanente ou occasionnelle à ces activités éducatives.
Les établissements denseignement ouvrent leurs portes à des groupes ou catégories plus diverses de la population et embrassent de plus en plus dactivités externes et extra-muros. Deux grandes tendances peuvent être relevées à cet égard: dune part, linstauration de relations avec le secteur de lindustrie (personnel, structures et procédés); dautre part, un rapprochement avec les collectivités locales, à partir duquel davantage de passerelles peuvent se créer entre lenseignement scolaire et les projets éducatifs des collectivités.
Les universités et autres centres détudes supérieures sefforcent dactualiser la formation initiale des enseignants en leur proposant des stages de perfectionnement. Outre les cours consacrés aux diverses disciplines et à la pédagogie, ces institutions proposent des formations en sociologie de léducation, en économie et en anthropologie. Cependant, de nombreux obstacles subsistent à lincorporation des futurs enseignants dans des stages au sein de collectivités locales, dans les lieux de travail, ou dans certains établissements éducatifs et culturels. Le service national qui sest généralisé dans plusieurs pays leur fournit une expérience appréciable de travail sur le terrain.
Les dépenses considérables faites dans les domaines de la communication et de linformation favorisent lautoformation sous forme individuelle ou collective. Le problème de la relation entre lautoapprentissage et lenseignement se pose maintenant avec plus dacuité. La différence entre une formation autodidacte chez ceux qui nont pas fréquenté lécole et lautoformation constante des jeunes et des adultes na pas toujours été appréciée à sa juste valeur par les corps enseignants.
Ces nouvelles politiques et activités éducatives soulèvent un certain nombre de questions, notamment quant à la survenue des risques et à leur prévention. La formation permanente, dépassant le cadre de lécole, transforme la collectivité, le lieu de travail, le laboratoire et lenvironnement lui-même en espaces éducatifs. Dans ces cadres nouveaux, les enseignants devraient disposer dune assistance ainsi que dune couverture assurance spécifiques. Pour prévenir les risques, les divers sites devraient être adaptés aux activités dapprentissage. Plusieurs écoles ont été transformées et équipées pour leur permettre daccueillir tous les membres de la collectivité quels quils soient et pour en faire des centres dactivités créatrices et productives, des lieux de réunion, et non plus seulement des lieux denseignement.
Les liens existant entre les enseignants/formateurs et les différentes périodes de la vie des élèves/stagiaires (les temps de loisirs, la durée du travail, la vie de famille, la durée de lapprentissage) méritent également quon y consacre des efforts importants de recherche, dinformation et dadaptation.
Les relations entre les enseignants et les familles des élèves se développent elles aussi; il arrive que des membres de la famille assistent à des conférences ou à des cours dans lécole. Le décalage entre le modèle familial et le modèle didactique oblige les enseignants à rechercher avidement une compréhension mutuelle entre les deux sphères sous langle psychologique, sociologique et anthropologique. La sphère familiale influence le comportement de certains élèves qui sont dès lors susceptibles dêtre confrontés à des contradictions flagrantes entre léducation reçue à la maison, dune part, et les modèles et normes de comportement qui prévalent à lécole, dautre part.
Malgré le vaste éventail des formes denseignement existantes, certaines caractéristiques demeurent invariables: lenseignant ne transmet pas uniquement des connaissances ou des compétences, mais aussi un mode de pensée; il doit préparer lélève pour létape suivante de son développement, stimuler son intérêt pour létude et solliciter sa participation active.
Les écoles primaires et secondaires emploient un personnel très divers: enseignants, aides-enseignants, administrateurs, personnel infirmier, de bureau ou de réfectoire, etc., qui tous sont nécessaires au bon fonctionnement de létablissement. Ce personnel est généralement exposé aux nuisances propres aux environnements intérieurs et de bureau: pollution de lair, éclairage inadéquat, chauffage ou climatisation mal réglés, utilisation de machines de bureau, glissades et chutes, problèmes ergonomiques dus à un mobilier de bureau mal conçu et risques dincendie. Les précautions à prendre correspondent aux normes prévues pour ce type de milieu; toutefois, les prescriptions en matière darchitecture et de protection contre lincendie sont particulières dans le cas détablissements scolaires en raison du grand nombre denfants présents. A cela sajoute la nécessité de prendre garde à la présence damiante (sagissant surtout du personnel de surveillance et dentretien), déclats de peinture à base de plomb, de pesticides et dherbicides, de radon, de champs électromagnétiques (en particulier dans le cas décoles bâties au voisinage de lignes à haute tension). Il nest pas rare non plus que des troubles oculaires et respiratoires soient signalés quand les locaux sont repeints ou, dans certains pays, lorsque le toit de lécole est goudronné à neuf alors que les élèves sont présents. Les travaux de peinture et de goudronnage ne devraient être effectués que lorsque les locaux sont inoccupés.
Les principales attributions de lenseignant comportent la préparation des cours (qui peut impliquer lélaboration dapproches didactiques, la rédaction de notes de cours et la confection de matériels pédagogiques visuels (illustrations, graphiques, etc.); le cours proprement dit (où sont présentées des informations organisées de façon à susciter lattention et la concentration des apprenants, et où des tableaux noirs, projecteurs, rétroprojecteurs et ordinateurs peuvent être utilisés); la préparation, la surveillance et la correction des examens; et les entretiens individuels avec les élèves. La plus grande part de ces activités a lieu dans des salles de classe. Par ailleurs, les professeurs de matières scientifiques, artistiques, techniques ou déducation physique, et dautres encore, travaillent souvent dans des locaux spécialisés tels que laboratoires, ateliers de dessin, théâtres, gymnases. Les enseignants sont aussi appelés à conduire des sorties de classe au musée, au zoo, etc.
Dautres tâches corollaires peuvent également leur revenir: surveillance des élèves dans les couloirs et à la cantine; réunions avec ladministration, les parents délèves ou autres; organisation et supervision des loisirs et des activités extrascolaires; fonctions administratives. En outre, les enseignants prennent part à des conférences et autres stages de mise à jour, qui leur ouvrent éventuellement des possibilités de promotion.
Il est des risques auxquels tous les enseignants sans exception sont exposés. Les maladies infectieuses telles que la tuberculose, la rougeole ou la varicelle se propagent facilement dans un établissement scolaire. La vaccination (des élèves et des enseignants), la tuberculination et dautres mesures traditionnelles de santé publique sont donc essentielles (voir tableau 94.1). Les classes surpeuplées, le bruit pendant les cours, les emplois du temps surchargés, les installations non conformes, les soucis de promotion et de sécurité de lemploi et, de manière générale, le peu de latitude décisionnelle face à certaines conditions de travail sont, dans ce milieu, autant de facteurs de stress grave, dabsentéisme et dépuisement professionnel. La solution consiste, notamment par des réformes institutionnelles, à améliorer les conditions de travail et à mettre en uvre des programmes de réduction du stress. Il est par ailleurs de plus en plus fréquent, en particulier en milieu urbain, que des actes de violence soient commis à lencontre des enseignants par des élèves et, parfois, par des intrus. Aux Etats-Unis, il nest pas rare que des élèves détablissements secondaires urbains soient armés, même darmes à feu. Il est essentiel dorganiser des programmes de prévention dans les écoles qui connaissent un problème de violence. De manière générale, les aides-enseignants sont exposés à bon nombre des mêmes risques.
Maladie |
Localisation |
Mode de transmission |
Observations |
Amibiase |
Surtout en régions tropicales et subtropicales |
Eau et nourriture contaminées par des matières fécales infectées |
Consommer une nourriture saine et assainir l’eau |
Coqueluche |
A l’échelle mondiale |
Gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air |
Moins grave chez les adultes; tous les enfants de moins de 7 ans devraient être vaccinés |
Cytomégalovirus (CMV) |
A l’échelle mondiale |
Gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air; contact avec de l’urine, de la salive ou du sang |
Très contagieux, risque de malformations congénitales |
Erythème infectieux (parvovirus-B-19) |
A l’échelle mondiale |
Contact direct de personne à personne ou gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air |
Assez peu contagieux; risque pour le ftus pendant la grossesse |
Gale |
A l’échelle mondiale |
Contact cutané direct |
Maladie infectieuse de la peau causée par un parasite animal |
Gastro-entérite bactérienne (Salmonella , Shigella, Campylobacter ) |
A l’échelle mondiale |
Transmission de personne à personne, ou via la nourriture ou l’eau par voie fécale-orale |
Consommer une nourriture saine et assainir l’eau; se laver soigneusement les mains; soumise à déclaration dans la plupart des pays |
Gastro-entérite virale (rotavirus) |
A l’échelle mondiale |
Transmission de personne à personne, ou via la nourriture ou l’eau par voie fécale-orale, ainsi que par inhalation de poussières contenant le virus |
Consommer une nourriture saine et assainir l’eau |
Giardiase (parasite intestinal) |
A l’échelle mondiale, mais surtout en régions tropicales et subtropicales |
Nourriture et eau contaminées; transmissible aussi par contact de personne à personne |
Consommer une nourriture saine et assainir l’eau; soumise à déclaration dans la plupart des pays |
Grippe |
A l’échelle mondiale |
Gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air |
Très contagieuse; les sujets à haut risque devraient se faire vacciner |
Hépatite A |
A l’échelle mondiale, mais surtout dans les pays méditerranéens et les pays en développement |
Transmission fécale-orale, en particulier par la nourriture et l’eau contaminées; transmission possible par contact direct de personne à personne |
Risque d’avortement spontané et de mort à la naissance; consommer une nourriture saine et assainir l’eau; soumise à déclaration dans la plupart des pays |
Hépatite B |
A l’échelle mondiale, mais surtout en Asie et en Afrique |
Contact sexuel, contact d’une peau écorchée ou de muqueuses avec du sang ou d’autres fluides organiques |
Incidence plus élevée chez les enfants vivant en collectivité (par exemple, enfants handicapés); vaccination recommandée dans les situations à haut risque; prendre les précautions universelles pour éviter le contact avec du sang et d’autres fluides organiques; soumise à déclaration dans la plupart des pays |
Herpès simplex de types I et II |
A l’échelle mondiale |
Contact avec des muqueuses |
Extrêmement contagieux; fréquent chez les adultes et chez les jeunes de 10 à 20 ans |
Infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) |
A l’échelle mondiale |
Contact sexuel, contact d’une peau écorchée ou de muqueuses avec du sang ou d’autres fluides organiques |
Entraîne le syndrome d’immunodéficience acquise (sida); prendre les précautions universelles pour éviter le contact avec du sang et d’autres fluides organiques (par exemple, saignements de nez); soumise à déclaration anonyme dans la plupart des pays |
Infections par mycoplasme |
A l’échelle mondiale |
Transmission par voie aérienne après contact rapproché |
Cause importante de pneumonie atypique primaire; atteint essentiellement les enfants de 5 à 15 ans |
Infections par streptocoques |
A l’échelle mondiale |
Contact direct de personne à personne |
Angine streptococcique, scarlatine et pneumonie d’origine extra-hospitalière, entre autres |
Méningite cérébro-spinale (bactérienne) |
Surtout en Afrique tropicale et au Brésil |
Gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air; en particulier par contact rapproché |
Soumise à déclaration dans la plupart des pays |
Mononucléose infectieuse (virus d’Epstein-Barr) |
A l’échelle mondiale |
Gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air; contact direct avec de la salive |
Particulièrement répandue chez les jeunes de 10 à 20 ans |
Oreillons |
A l’échelle mondiale |
Gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air et contact avec de la salive |
Extrêmement contagieux; renvoyer chez eux les enfants atteints; risque éventuel de stérilité chez les adultes; soumis à déclaration dans certains pays |
Rougeole |
A l’échelle mondiale |
Gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air |
Très contagieuse, mais, chez les adultes, menace surtout les sujets non immunisés qui travaillent avec des enfants non vaccinés; soumise à déclaration dans la plupart des pays |
Rubéole |
A l’échelle mondiale |
Gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air; contact direct avec des personnes atteintes |
Risque de malformations congénitales; tous les enfants et les employés devraient être vaccinés; soumise à déclaration dans la plupart des pays |
Tuberculose (respiratoire) |
A l’échelle mondiale |
Gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air |
Très contagieuse; tous les employés des crèches devraient faire l’objet d’un dépistage; soumise à déclaration dans la plupart des pays |
Varicelle |
A l’échelle mondiale |
En général, par contact direct de personne à personne, mais possible aussi par les gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air |
La varicelle est plus grave chez les adultes que chez les enfants; risque de malformations congénitales; soumise à déclaration dans la plupart des pays |
Selon les locaux considérés, les enseignants de classes spécialisées peuvent être exposés à des risques professionnels qui viennent sajouter à ceux mentionnés: risques chimiques, électriques ou physiques (bruit, rayonnements), risques daccident ou dincendie. La figure 94.1 montre un atelier de travail des métaux dans un lycée (appelé école secondaire, notamment au Canada) et la figure 94.2 un laboratoire de science, également dans un lycée, muni de hottes aspirantes et dune douche durgence. Le tableau 94.2 récapitule les précautions à observer selon les disciplines, avec mention des matériels de substitution qui peuvent être employés en milieu scolaire pour plus de sécurité. Les précautions de base à prendre sont abordées dans les chapitres correspondant aux différentes branches (chapitre no 96, «Les arts et les loisirs»; chapitre no 61, «Lutilisation, la manipulation et le stockage des produits chimiques»).
Disciplines |
Activités/matière |
Risques |
Mesures préventives |
Classes primaires |
|||
Sciences |
Manipulation d’animaux |
Morsures et griffures, zoonoses, parasites |
N’admettre que des animaux vivants et sains. Les manipuler avec des gants épais. Eviter les animaux susceptibles d’abriter des insectes ou des parasites infectieux |
Plantes |
Allergies, plantes vénéneuses |
Eviter les plantes vénéneuses ou allergènes |
|
Produits chimiques |
Affections cutanées et oculaires, réactions toxiques, allergies |
Eviter d’utiliser des produits chimiques toxiques avec les enfants. L’enseignant doit porter un équipement de protection individuelle adapté lors des démonstrations |
|
Matériel |
Risques électriques, tout risque lié à la sécurité |
Se conformer aux consignes générales de sécurité électrique. Veiller à ce que tout le matériel soit convenablement protégé. Bien ranger le matériel, les outils, etc. |
|
Arts |
N’utiliser que des produits non toxiques. Eviter les solvants, acides, alcalis, aérosols, teintures chimiques, etc. |
||
Peinture et dessin |
Pigments, solvants |
N’utiliser que des peintures pour enfant. Ne pas se servir de crayons pastel, de pigments secs |
|
Photographie |
Produits photochimiques |
Pas de reproduction photographique sur place. Faire développer les pellicules dans le commerce ou utiliser des appareils Polaroïd, des bleus ou des procédés héliographiques |
|
Travail sur textile et fibres |
Colorants |
Eviter les colorants synthétiques; employer des pigments naturels: pelure d’oignon, thé, épinards, etc. |
|
Gravure |
Acides, solvants |
Utiliser des encres d’imprimerie à l’eau |
|
Travail du bois |
Outils |
Utiliser des bois tendres et uniquement des outils à main |
|
Céramique |
Silice, métaux toxiques, chaleur, fumée des fours |
N’utiliser que de l’argile humide et des chiffons humides. Peindre les poteries plutôt qu’appliquer des vernis à céramique. Ne pas allumer le four en classe |
|
Classes secondaires |
|||
Chimie |
Générale |
Tous les laboratoires scolaires devraient être équipés du matériel ci-après: hottes aspirantes en cas d’emploi de produits volatils et toxiques; douches oculaires; douches d’urgence (si utilisation d’acides ou de bases concentrés et d’autres produits corrosifs); trousses d’urgence; extincteurs appropriés; lunettes de protection, gants, blouses de laboratoire; récipients et procédures adéquats pour l’élimination des déchets; dispositifs antidébordement. Eviter les cancérogènes, les mutagènes et les produits très toxiques comme le mercure, le plomb, le cadmium, le chlore, etc. |
|
Chimie organique |
Solvants |
N’employer que sous une hotte aspirante. Utiliser les solvants les moins toxiques. Effectuer des expériences à petite ou à moyenne échelle |
|
Peroxydes et explosifs |
Ne pas utiliser d’explosifs ou de produits tels que l’éther qui peuvent former des peroxydes explosifs |
||
Chimie inorganique |
Acides et bases |
Eviter autant que possible les acides et les bases concentrés |
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Chimie analytique |
Sulfure d’hydrogène |
Ne pas utiliser de sulfure d’hydrogène, mais des produits de substitution |
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Entreposage |
Incompatibilités |
Eviter l’entreposage par ordre alphabétique qui occasionne parfois le stockage de produits incompatibles à proximité les uns des autres. Stocker les produits par groupes compatibles |
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Biologie |
Dissection |
Formol |
Ne pas disséquer de spécimens conservés dans le formol. Se servir de petits animaux lyophilisés, de films et de vidéocassettes didactiques, etc. |
Anesthésie d’insectes |
Ether, cyanure |
Utiliser de l’alcool éthylique pour anesthésier les insectes. Les réfrigérer pour le comptage |
|
Prélèvement de sang |
VIH, hépatite B |
Eviter si possible. Pour la détermination des groupes sanguins, se servir de scalpels stériles sous surveillance étroite |
|
Microscopie |
Taches |
Eviter le contact cutané avec l’iode ou le bleu de méthylène |
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Culture de bactéries |
Pathogènes |
Utiliser des procédés stériles pour toutes les bactéries par précaution contre une éventuelle contamination |
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Physique |
Radio-isotopes |
Rayonnements ionisants |
N’utiliser des radio-isotopes que dans des quantités inférieures aux seuils au-delà desquels une exemption est nécessaire. Réserver leur manipulation à des enseignants formés à cet effet. Mettre au point un programme de radioprotection |
Electricité et magnétisme |
Risques électriques |
Se conformer aux consignes générales de sécurité électrique |
|
Lasers |
Lésions des yeux et de la peau, risques électriques |
N’utiliser que des lasers de faible puissance (classe I). Ne jamais regarder de rayons laser directement, ni les faire passer sur le visage ou le corps. Les lasers doivent être munis d’un dispositif de verrouillage |
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Sciences de la terre |
Géologie |
Projections |
Ecraser les roches dans des sacs de tissu pour éviter les projections. Porter des lunettes de protection |
Pollution des eaux |
Infection, produits toxiques |
Ne pas prélever d’échantillons d’eaux usées en raison du risque d’infection. Eviter les produits chimiques dangereux lors des tests de pollution des eaux effectués sur le terrain |
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Atmosphère |
Manomètres à mercure |
Utiliser des manomètres à huile ou à eau. En cas d’utilisation de manomètres à mercure pour la démonstration, prévoir du matériel contre les fuites de mercure |
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Volcanologie |
Dichromate d’ammonium |
Ne pas utiliser de dichromate d’ammonium ni de magnésium pour simuler des volcans |
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Observation solaire |
Rayons infrarouges |
Ne jamais regarder le soleil directement à l’il nu, ni avec un objectif |
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Arts et arts industriels |
Toutes activités confondues |
Ensemble des risques |
Eviter la plupart des produits et procédés chimiques dangereux. Assurer une bonne ventilation. Voir également les précautions indiquées sous la rubrique «Chimie» |
Peinture et dessin |
Pigments, solvants |
Eviter les pigments au plomb et au cadmium. Eviter également la peinture à l’huile sauf si le nettoyage est exécuté au moyen d’huile végétale. Utiliser les fixatifs en aérosol à l’extérieur |
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Photographie |
Produits photochimiques, acides, dioxyde de soufre |
Eviter les développements en couleur et les procédés de virage. Equiper la chambre noire d’une bonne ventilation générale. Prévoir des douches oculaires. Utiliser de l’eau plutôt que de l’acide acétique pour le rinçage |
|
Travail sur textile et fibres |
Colorants, adjuvants de colorant, fumées de cire |
Utiliser des colorants liquides aqueux ou mélanger les colorants dans une boîte à gants. Eviter les mordants au dichromate. Ne pas utiliser de solvants pour enlever la cire du batik. Prévoir la ventilation du local si la cire est enlevée au fer chaud |
|
Fabrication de papier |
Alcali, malaxeurs |
Ne pas faire bouillir la lessive. Utiliser des végétaux putréfiés ou décomposés ou recycler du papier et du carton. Pour la préparation de la pâte à papier, employer un gros malaxeur plutôt que des batteurs industriels plus dangereux |
|
Gravure |
Solvants |
Utiliser des encres de sérigraphie à base d’eau et non pas à base de solvants. Nettoyer les plaques à imprimer et les plaques à encrer pour héliogramme avec de l’huile végétale et du produit à vaisselle plutôt qu’avec des solvants. Utiliser des écrans de papier de préférence aux écrans de laque pour la sérigraphie |
|
Acides, chlorate de potassium |
Utiliser le chlorure ferrique pour graver les plaques de cuivre au lieu de mordant hollandais ou d’acide nitrique sur des plaques de zinc. Pour la gravure à l’acide nitrique, prévoir des douches d’urgence et des douches oculaires. Ventilation par aspiration localisée |
||
Dichromates |
Utiliser des photoémulsions au diazoïque plutôt qu’au dichromate. En lithographie, remplacer les dichromates par des solutions d’acide citrique |
||
Travail du bois |
Bois et poussières de bois |
Veiller à ce que les machines soient équipées de systèmes de captage des poussières. Eviter les bois de feuillus et les bois traités (par exemple, à l’arséniate de cuivre chromé), qui sont irritants et allergènes. Retirer la poussière de bois pour limiter les risques d’incendie |
|
Machines et outils |
Veiller à ce que les machines soient équipées de dispositifs de protection, de systèmes de verrouillage et d’arrêt d’urgence |
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Bruit |
Réduire les niveaux sonores ou porter des protecteurs de l’ouïe |
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Colles |
Recourir autant que possible à des colles à base aqueuse. Eviter les colles au formaldéhyde et à la résorcine, ainsi que les colles à base de solvants |
||
Peintures et produits de finition |
Utiliser des peintures et des produits de finition à l’eau. Utiliser de la laque à base d’alcool éthylique plutôt que d’alcool méthylique |
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Céramique |
Plomb, silice, métaux toxiques, fumées du four |
Acheter de l’argile humide. Ne pas employer de vernis à base de plomb. Acheter des vernis tout prêts pour ne pas avoir à mélanger de vernis secs. Ne pulvériser les vernis que dans des caissons de pulvérisation. Utiliser le four à l’extérieur s‘il n’existe pas de dispositif de ventilation par aspiration localisée. Porter des lunettes de protection contre les infrarouges pour regarder dans le four chaud |
|
Sculpture |
Silice, résines synthétiques, poussières |
N’utiliser que des outils à main pour la sculpture sur pierre, afin de réduire la quantité de poussières. Ne pas sculpter sur le grès, le granite ou la stéatite (saponite), qui peuvent contenir de la silice ou de l’amiante. Ne pas utiliser de résines époxy, au polyuréthane ou au polyester qui sont très toxiques. Si l’on doit procéder au chauffage de plastiques, s’assurer que la ventilation permet de bien éliminer les produits de décomposition. Pour enlever les poussières, les aspirer ou les mouiller avant de les balayer |
|
Bijoux |
Fumées de soudage, acides |
Eviter les soudages à l’argent et au cadmium et les fondants au fluorure. Pour patiner, se servir de sulfate d’hydrogène et de sodium plutôt que d’acide sulfurique. Prévoir un système de ventilation par aspiration localisée |
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Emaux |
Plomb, brûlures, rayonnement infrarouge |
N’utiliser que des émaux sans plomb. Ventiler le four à émailler. Porter des vêtements et des gants de protection contre la chaleur et des lunettes de protection contre les infrarouges |
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Moulage à la cire perdue |
Fumées métalliques, silice, rayonnement infrarouge, chaleur |
Utiliser une chape à 50% de plâtre et à 50% de sable au lieu de revêtements en cristobalite. Prévoir un système de ventilation par aspiration localisée lors des opérations de chauffage de la cire et de fonte. Porter des vêtements et des gants de protection contre la chaleur |
|
Vitraux |
Plomb, fondants acides |
Utiliser des feuilles de cuivre de préférence au plomb. Employer des baguettes de soudage sans plomb ni antimoine. Eviter les peintures au plomb. Se servir de fondants sans acide ni colophane |
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Soudage |
Fumées métalliques, ozone, dioxyde d’azote, risques électriques et d’incendie |
Ne pas souder des métaux revêtus d’une couche de zinc, de peinture au plomb, ni les alliages de métaux dangereux (nickel, chrome, etc.). Ne souder que des métaux dont la composition est connue |
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Art publicitaire |
Solvants, produits photochimiques, écrans d’ordinateurs |
Utiliser du ruban double face adhésive de préférence à la colle au caoutchouc. Utiliser des adhésifs à base d’heptane et non d’hexane. Disposer de caissons de pulvérisation pour la peinture à l’air comprimé. Utiliser des marqueurs à l’eau ou à l’alcool plutôt que des marqueurs au xylène. Voir la rubrique «Photographie» pour les procédés photographiques. Fournir des sièges et un éclairage ergonomiques pour le travail sur ordinateur |
|
Arts du spectacle |
Théâtre |
Solvants, peintures, fumées de soudage, isocyanates, incendie |
Utiliser des peintures et des teintures à l’eau. Ne pas se servir de mousses au polyuréthane en aérosol. Séparer l’aire de soudage des autres espaces de travail. Veiller à la sûreté des modes de montage et de réglage des cintres. Eviter de recourir aux procédés pyrotechniques, armes à feu, brouillards, fumées et autres effets spéciaux dangereux. Ignifuger tous les décors. Baliser toutes les trappes, fosses et parties surélevées |
Danse |
Lésions aiguës ou dues |
S’assurer que le revêtement du sol est conforme. Eviter l’organisation de programmes chargés après une période d’inactivité. Prévoir un bon échauffement avant l’activité et une relaxation après. Accorder aux danseurs un temps de repos suffisant pour se rétablir après un accident ou une maladie |
|
Musique |
Troubles musculo-squelettiques (syndrome du canal carpien, par exemple) |
S’assurer que les instruments sont à la bonne dimension et que leur support est adapté aux besoins. Accorder aux musiciens un temps de repos suffisant pour se rétablir après un accident ou une maladie |
|
Bruit |
Maintenir le niveau sonore à des degrés acceptables. Porter au besoin des protecteurs de l’ouïe. Placer les haut-parleurs de façon à minimiser le niveau sonore. Revêtir les murs de matériaux insonorisants |
||
Surmenage vocal |
Assurer un bon échauffement. Prévoir des formations et des mises en condition vocale appropriées |
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Mécanique automobile |
Tambours de freins |
Amiante |
Ne procéder au nettoyage des tambours de freins qu’avec du matériel homologué |
Dégraissage |
Solvants |
Utiliser des détergents à l’eau. Se servir d’un agent nettoyant pour pièces |
|
Moteurs |
Monoxyde de carbone |
Prévoir un système d’évacuation des gaz d’échappement |
|
Soudage |
Voir ci-dessus |
||
Peinture |
Solvants, pigments |
Ne procéder aux mises en peinture que dans une cabine de pulvérisation ou en extérieur et porter un appareil de protection respiratoire |
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Economie domestique |
Cuisine et nutrition |
Risques électriques |
Se conformer aux consignes générales de sécurité électrique |
Couteaux et autres ustensiles coupants |
Toujours couper vers l’extérieur. Veiller à l’affûtage des couteaux |
||
Incendie et brûlures |
Equiper les fourneaux de hottes de ventilation munies de filtres à graisses avec évacuation extérieure. Porter des gants de protection pour manipuler les objets chauds |
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Produits de nettoyage |
Porter des lunettes et des gants de protection ainsi qu’un tablier lors du nettoyage avec des acides ou des bases |
Les enseignants des programmes destinés à lenfance en difficulté peuvent être plus exposés que dautres en raison, par exemple, de lagressivité délèves souffrant de troubles affectifs, ou de lincidence dinfections telles que lhépatite A, B et C parmi les élèves handicapés placés dans des établissements spécialisés (Clemens et coll., 1992).
Lenseignement de savoir-faire spécialisés par placement en apprentissage chez un maître remonte au moins à lEmpire romain et se poursuit de nos jours dans les métiers traditionnels de la cordonnerie, de la menuiserie, de la maçonnerie pour ne citer que ceux-là. Lapprentissage peut être non structuré; dans ce cas, celui ou celle qui désire acquérir une qualification donnée trouve un employeur compétent qui lui enseignera le métier en échange de son labeur. Cependant, lapprentissage se fait le plus souvent suivant des modalités plus officielles, supposant un contrat écrit entre employeur et apprenti, aux termes duquel lapprenti est tenu de rester au service de lemployeur pendant un temps défini, en contrepartie de la formation quil lui dispense. Ces programmes obéissent en principe à des critères liés aux qualifications devant être acquises en fin dapprentissage, ces critères étant fixés par un syndicat, une chambre professionnelle ou une organisation demployeurs. Dans certains pays, ce sont les syndicats et les associations patronales qui gèrent directement les programmes dapprentissage, lesquels associent en général une formation sur le tas structurée à des cours théoriques.
Aujourdhui, toutefois, où la technique tient une place prépondérante, la demande en personnel qualifié est en augmentation dans de nombreuses spécialités: techniciens de laboratoire, mécaniciens, ajusteurs, esthéticiens-visagistes, cuisiniers, professions du tertiaire et bien dautres. Ces compétences sacquièrent habituellement dans les filières professionnelles des établissements scolaires, les écoles professionnelles ou polytechniques ou encore dans les instituts universitaires de premier cycle. Les formations comportent parfois des stages en entreprise.
Dans ces programmes de formation professionnelle, formateurs et apprenants encourent des risques à cause de la présence de produits chimiques, de machines, dagents physiques et dautres nuisances propres au métier ou à la branche. Il nest pas rare que les élèves fassent leur apprentissage sur de vieilles machines léguées par des usines et qui ne sont pas nécessairement équipées de dispositifs de sécurité modernes: protections incorporées, systèmes de freinage ultrarapide, systèmes dinsonorisation, etc. Les formateurs eux-mêmes ne connaissent pas toujours bien les risques spécifiques, ni donc la manière de les prévenir. La ventilation des locaux, ainsi quun certain nombre de moyens de prévention technique, laissent fréquemment à désirer.
Les apprentis se trouvent assez facilement dans des situations de plus grande insécurité, car cest à eux que lon confie les besognes les plus salissantes et les plus dangereuses. Dans certains cas, ils constituent tout simplement une main-duvre bon marché. Il est alors encore plus improbable que lemployeur ait été formé à la détection des risques et à leur maîtrise dans le secteur dactivités donné. Les apprentissages non officiels échappent bien souvent à la réglementation; les apprentis nont donc guère de recours à leur disposition sils sont exploités ou trop exposés.
Lâge constitue aussi un facteur de risques dans les filières dapprentissage et de formation professionnelle. Lentrée en apprentissage se fait habituellement entre 16 et 18 ans. La formation professionnelle peut commencer dès lécole primaire. Or, selon certaines études, ce sont surtout les travailleurs âgés de 15 à 19 ans qui sont victimes de lésion professionnelle motivant un arrêt de travail. Par ailleurs, la plupart des jeunes travailleurs ayant été victimes daccidents du travail au cours de lannée 1994 en Ontario, au Canada, étaient employés dans le secteur des services.
De telles statistiques indiquent que les élèves qui sinitient à ces métiers ne mesurent peut-être pas bien limportance de la formation en matière de sécurité et de santé. Leur attention est peut-être moins soutenue et leur compréhension moindre que celles des adultes et il convient de tenir compte de ce fait dans la conception des programmes qui leur sont destinés. Enfin, certains secteurs, notamment celui des services, méritent de faire lobjet dune plus grande vigilance, car les soucis de sécurité et de santé ny sont pas aussi prioritaires quailleurs.
Tout apprentissage ou enseignement professionnel devrait systématiquement prévoir une sensibilisation à la sécurité et à la santé au travail et comporter un volet information et communication en matière de danger. Formateurs et employeurs devraient avoir été dûment formés à lidentification des risques et à leur prévention, tant pour assurer leur propre sécurité que pour pouvoir former correctement les apprentis. Laménagement matériel et technique du lieu de travail ou de formation doit être conforme aux normes de sécurité.
Au niveau supérieur, que ce soit dans lenseignement, dans la recherche ou encore dans les activités dappui, on sadonne à des activités et on met en uvre des substances dangereuses et des procédés si nombreux et si divers que la gestion de la sécurité et de la santé constitue un véritable défi pour les responsables de ladministration. Par définition, la recherche suppose un risque puisquelle tente de repousser les limites du moment à la fois du savoir et des techniques. Nombre dactivités de recherche scientifique, technique et médicale requièrent des installations, des moyens et du matériel de pointe coûteux, quil nest pas toujours facile dacquérir ou dont la mise au point nest pas encore parachevée. La recherche peut aussi évoluer et se modifier sans que les installations en place naient été mises en conformité. La plupart des activités les plus dangereuses sont exécutées à intervalles très espacés et irréguliers, ou à titre expérimental, ne permettant pas den prévoir tous les risques. Que ce soit dans le cadre de lenseignement ou dans celui de la recherche, les produits utilisés contiennent souvent des substances extrêmement dangereuses, alors que les données de sécurité et de toxicité dont on dispose sont insuffisantes, voire inexistantes. De telles substances sont généralement manipulées en quantités relativement faibles, mais dans des conditions qui laissent à désirer et par un personnel souvent mal formé. Il arrive également que certains universitaires très compétents dans leur spécialité fassent peu de cas des prescriptions légales ou administratives en vigueur dès lors que celles-ci semblent limiter leur liberté denseigner, et quils nidentifient ou nadmettent pas toujours lexistence de risques pour la sécurité et la santé.
La liberté intellectuelle est un principe sacré que les universitaires, dont certains sont des sommités dans leur discipline, défendent farouchement. Ils combattront ou dédaigneront tout contrôle juridique ou administratif susceptible, à leurs yeux, de porter atteinte à ce principe. De fait, il nest pas facile dimposer des méthodes didentification et de prévention des risques dans le cadre des activités denseignement et de recherche. Il faut convaincre les universitaires que les dispositions visant à préserver la sécurité et la santé vont dans le sens de leur mission première et la renforcent au lieu de lentraver. Lorsquelles existent, ces dispositions tendent à protéger la vocation universitaire et les droits de la personne plutôt quà poursuivre un objectif de conformité à des règles et à des normes extérieures. Il serait probablement plus efficace de rendre les membres du corps professoral directement responsables de leurs actes et de les obliger à rendre des comptes plutôt que de prescrire des règlements.
Dans lensemble, la législation, les normes et les critères de référence en matière de sécurité et de santé ont été conçus pour lindustrie caractérisée par des paramètres bien particuliers: mise en uvre de quantités considérables de produits chimiques en nombre relativement restreint; risques connus; méthodes éprouvées; et main-duvre stable dans un système de gestion bien défini. Or, lenvironnement universitaire diffère du milieu industriel à presque tous ces égards. Dans certains pays ou administrations territoriales, il arrive même que les établissements universitaires ne soient pas soumis à la législation applicable en matière de prévention.
Luniversité est le plus souvent gérée selon une structure hiérarchique comportant à son sommet luniversitaire, suivi du cadre professionnel non universitaire, puis du technicien et enfin du personnel dappui. Il est fréquent que des étudiants de deuxième ou de troisième cycle y travaillent à temps partiel comme enseignants ou comme chercheurs. Les universitaires nommés à des postes élevés de direction pour des périodes déterminées ont peu dexpérience dans le domaine de la gestion et ne reçoivent pas de formation pour pallier ce manque. En outre, le taux élevé de roulement des effectifs peut nuire à la pérennité de cet effort. Dans ce type de système, les directeurs de recherche, y compris dans le cas de très grandes institutions, disposent généralement dune relative autonomie de gestion. Ils ont toute la latitude voulue pour décider des choix budgétaires, de laménagement des locaux, de lachat des biens et des services, de lorganisation du travail et du recrutement. Il se peut donc quon néglige de prendre en compte les risques ou même quils ne soient pas perçus du tout.
Les chercheurs universitaires ont coutume demployer des étudiants de troisième cycle comme assistants de recherche et dentretenir avec eux des rapports de maître à élève. Ces assistants ne bénéficient pas toujours dune protection aux termes de la législation sur la sécurité et la santé et, quand bien même ils sont couverts par la loi, ils peuvent répugner à exercer leurs droits ou à attirer lattention sur des manquements à la sécurité auprès de supérieurs hiérarchiques qui sont peut-être aussi chargés de noter leur travail universitaire. Il est courant quils travaillent de longues heures sous une forte tension, la nuit et en fin de semaine, avec une supervision minimale et des services dappui quasi inexistants. Les mesures de compression des dépenses et déconomie dénergie peuvent même amener à contingenter des services essentiels, tels que la sécurité ou la ventilation, pendant la nuit ou les fins de semaine. Les étudiants ne sont bien souvent pas couverts par la législation en matière de sécurité; il faut pourtant impérativement veiller à ce quils bénéficient de la même protection que les autres travailleurs.
Selon limportance et la nature de linstitution, le type de programmes offerts et la nature des activités de recherche (voir tableau 94.3), il existe un très large éventail de dangers potentiels en milieu universitaire. Les petites facultés où ne sont enseignées que la littérature et les sciences humaines recèlent sans doute relativement moins de nuisances, tandis que les grandes universités, avec leurs écoles de médecine, de génie, de beaux-arts, et leurs vastes programmes de recherche, peuvent présenter de multiples risques, qui peuvent être très graves, tels que ceux qui sont liés à certains agents chimiques, biologiques, physiques (rayonnements ionisants et non ionisants) ou encore ceux qui peuvent perturber la fonction reproductrice humaine.
Risques |
Sources |
Lieux/activités |
Produits chimiques toxiques (cancérogènes, tératogènes, caustiques, métaux lourds, amiante, silice) |
Produits utilisés en laboratoire, solvants, dégraissants, colles, fournitures artistiques, manomètres, thermomètres, produits photochimiques, colorants, déchets dangereux |
Laboratoires, studios d’art, ateliers, structures de soins, maintenance, ateliers d’usinage, théâtres, chambres noires, installations et équipements, patinoires de hockey |
Substances inflammables et explosives |
Produits utilisés en laboratoire, produits de nettoyage, solvants, combustibles |
Laboratoires, maintenance, ateliers, studios d’art, chantiers |
Pesticides |
Fumigation, produits de lutte antiparasitaire, désinfectants |
Entretien ménager, entretien des terrains, serres, agriculture |
Agents biologiques |
Manipulation d’animaux, cultures de cellules et de tissus, fluides corporels et sanguins, prélèvements pour diagnostic, objets piquants et tranchants souillés, déchets solides |
Elevages d’animaux, soins de santé, ordre et propreté, laboratoires |
Rayonnements non ionisants |
Lasers, micro-ondes, aimants, électronique, rayons ultraviolets |
Laboratoires, travaux électriques, structures de soins, ateliers, opérations techniques |
Rayonnements ionisants |
Radio-isotopes, chromatographie en phase gazeuse, rayons X, étalonnage, réacteurs, générateurs de neutrons, gestion des déchets |
Laboratoires, installations médicales, installations et équipements |
Ergonomie |
Manutention, travail de bureau, ordinateurs |
Bibliothèques, bureaux, maintenance, manutention, conduite de camions, cantines |
Chaleur/froid |
Travail à l’extérieur, surmenage |
Entretien des terrains, sécurité publique, maintenance, travail sur le terrain, agriculture et foresterie |
Bruit |
Machines, chaudières et récipients sous pression, ordinateurs, travaux de construction et maintenance, ventilation |
Chaufferies, imprimeries, maintenance des locaux et des terrains, travaux de construction, salles d’ordinateurs, laboratoires, ateliers d’usinage, studios d’art |
Violence |
Communauté interne, communauté externe, conflits domestiques, résistance à la loi |
Salles de classes, lieux de réunion, services comptables, réserves, cantine, service du personnel, sécurité |
Electricité |
Matériel électrique, travaux de construction et maintenance, pose de câbles électriques par des non-professionnels, manifestations spéciales |
Laboratoires, ateliers, services de maintenance, chantiers, ateliers d’électronique, résidences, théâtres, manifestations spéciales |
Gaz sous pression |
Matériel de laboratoire et manipulations, soudage, réfrigérants, matériel de fabrication de glace, construction |
Laboratoires, ateliers de travail des métaux, chantiers, ateliers d’usinage, patinoires de hockey |
Risques mécaniques |
Manutention, robots, travaux de construction et maintenance |
Ateliers d’imprimerie, maintenance des locaux et des terrains, installations et équipements, laboratoires scientifiques et techniques, ateliers d’usinage |
Objets coupants |
Verre brisé, instruments de coupe, aiguilles, récipients de laboratoire, éprouvettes |
Entretien ménager, laboratoires, soins de santé, studios d’art, ateliers |
Lentretien des locaux, du matériel et des terrains, la manipulation de substances dangereuses, lutilisation de machines et de véhicules à moteur, ainsi que le travail de bureau sont des types dactivité communs à la plupart des établissements. Ils comportent des risques qui sont abordés ailleurs dans la présente Encyclopédie.
La violence sur le lieu de travail est un problème nouveau qui touche particulièrement les enseignants, le personnel en contact avec le public, les employés qui manient de largent et les vigiles.
Les grands centres denseignement supérieur sont comparables à des villes où vit et travaille toute une population. On y retrouve donc, et en interaction, les problèmes de sécurité personnelle et collective, dune part, et les questions de sécurité et de santé au travail, dautre part.
On ne devrait envisager didentifier les risques par les procédés ordinaires que sont linspection et les enquêtes après accident quaprès avoir examiné très attentivement les installations et programmes proposés. En tout état de cause, on ne devrait autoriser le démarrage des activités quaprès avoir procédé à cet examen. Dès le premier stade de leur planification, les nouveaux projets de recherche et programmes denseignement doivent être évalués sous langle des risques pour le personnel et lenvironnement. Il arrive que les chercheurs ne soient pas au courant des prescriptions et des normes de sécurité applicables à leurs travaux. Pour bien des activités, il conviendrait que chercheurs et préventeurs travaillent ensemble à élaborer des procédures de sécurité tout au long de leurs travaux de recherche alors que de nouveaux risques apparaissent. En principe, luniversité a aussi pour mission de diffuser une culture de sécurité. Elle devrait pour cela intégrer les aspects de sécurité et de santé dans les programmes de cours, les manuels dexploitation et les guides de sécurité pour les laboratoires destinés aux étudiants, ou encore fournir aux employés des renseignements et une formation spécifique. En matière de risques, la communication, la formation et la supervision sont déterminants.
Dans les laboratoires, les ateliers et les studios dart, il faut compléter le système de ventilation générale grâce à un dispositif daspiration localisée. Dans certains cas, il faut prévoir des mesures de confinement des agents biologiques, des systèmes disolement ou linstallation décrans de protection contre les isotopes radioactifs. Sil ne constitue pas un moyen de prévention primaire, léquipement de protection individuelle peut néanmoins être la meilleure solution pour se protéger dans des situations temporaires ou encore pour la réalisation dexpériences particulières.
Il est en outre fréquemment nécessaire pour linstitution de mettre sur pied des programmes de gestion des déchets et des matières dangereuses. Lacquisition et la distribution des produits chimiques couramment utilisés devraient être centralisées et il conviendrait par ailleurs deffectuer les expériences à échelle très réduite pendant les cours pour éviter de devoir stocker des quantités importantes de ces produits dans les laboratoires, studios et ateliers.
En disposant dun plan dintervention durgence qui prévoit les opérations à mener au cas où surviendrait un événement majeur pour lequel les capacités de riposte normales ne suffiraient pas, on pourra atténuer les effets quun accident grave pourrait avoir sur la sécurité et la santé des personnes.
Les problèmes de sécurité et de santé dans le domaine de lenseignement des arts sont les mêmes de lécole secondaire à luniversité. Mais lenseignement des arts a ceci de particulier que les risques ny sont souvent pas reconnus alors même quils existent à une échelle semi-industrielle, notamment au niveau des établissements denseignement supérieur. Parmi ces risques il faut citer: linhalation daérocontaminants, lingestion ou labsorption cutanée de produits toxiques, les lésions corporelles dues aux machines et outils, les glissades, les trébuchements et les chutes, les lésions dues à des mouvements répétitifs et autres troubles musculo-squelettiques. Diverses mesures permettent de prévenir ces risques comme linstallation dun système de ventilation adéquat (ventilation générale et aspiration localisée), la manipulation et lentreposage des produits chimiques dans de bonnes conditions de sécurité, lentretien soigneux de machines équipées de dispositifs de sûreté, un bon nettoyage des outils et du matériel, un entretien sanitaire rigoureux des locaux et laménagement ergonomique des postes de travail. Lun des meilleurs moyens de prévenir les risques professionnels reste encore dimposer aux travailleurs de suivre une formation appropriée.
Dans les écoles primaires et secondaires, les risques proviennent de la pulvérisation ou de la mauvaise utilisation de solvants et autres produits chimiques, et de linsuffisance ou de la mauvaise conception de la ventilation. Souvent, cest parce que léquipement approprié fait défaut et parce que les propriétés des matériaux utilisés sont mal connues que les conditions de travail sont dangereuses ou insalubres. Parmi les mesures de précaution à adopter, il faut citer le recours à des moyens de prévention technique efficaces, une meilleure connaissance des matériaux utilisés, le remplacement des fournitures dangereuses dans les écoles par des produits plus sûrs (voir tableau 94.2). Ces mesures contribueront à protéger indifféremment les enseignants, les techniciens, les préposés à lentretien, le personnel administratif et les élèves.
Outre les dangers mentionnés ci-dessus, certains risques sont propres aux établissements denseignement supérieur et universitaire du fait que les étudiants, les enseignants et les techniciens effectuent davantage dexpériences et utilisent, pour cette raison, plus de machines et de matériaux potentiellement dangereux. Qui plus est, ces groupes tendent à travailler à plus grande échelle et pendant des périodes plus longues. On se prémunira de ces risques par léducation et la formation, la mise en place de moyens de prévention technique, la fourniture déquipements de protection individuelle, létablissement de procédures et de politiques écrites de prévention et ladoption de mesures garantissant leur application.
Bien des professeurs et techniciens de lart sont eux-mêmes des artistes, doublement exposés aux dangers associés aux matériaux et procédés artistiques et, donc, particulièrement menacés dans leur santé. Confrontés aux risques liés à leur spécialité quils ignoraient ou dont ils nont pas tenu compte, les artistes ont tendance à réagir de manière défensive. Ce sont souvent des expérimentateurs dont le mode de pensée plutôt anticonformiste les incite à défier les règlements. Il importe néanmoins que les administrateurs décoles sachent ne pas sacrifier la sécurité au profit de la liberté artistique.
Dans de nombreux pays, les enseignants engagent à la fois leur responsabilité personnelle et celle de leur établissement pour ce qui est de la sécurité des élèves, particulièrement celle des plus jeunes. «Etant donné lâge et les niveaux de maturité et dexpérience des élèves, et parce que les enseignants agissent in loco parentis (à la place des parents), les écoles doivent offrir un environnement sûr et instituer des pratiques raisonnables pour assurer la protection des élèves» (Qualley, 1986).
Les établissements denseignement doivent former les professeurs dart et les administrateurs à gérer les risques que peuvent présenter les matériaux et les techniques employés, mais aussi leur enseigner à se protéger eux-mêmes et à protéger leurs élèves. Une administration scolaire prévoyante veillera à prescrire une réglementation écrite et à adopter des méthodes et des programmes de sécurité et de santé au travail. Elle exigera que ces prescriptions soient respectées et que les responsables reçoivent une formation régulière à la prévention, dans le souci constant et véritable de favoriser la création artistique en toute sécurité.
Un peu partout dans le monde, les enseignants représentent une part importante et croissante de la population active. Ainsi, en 1992, on recensait aux Etats-Unis plus de 4,2 millions de personnes dans la catégorie «enseignants du préscolaire au secondaire». Outre les enseignants proprement dits, les écoles emploient dautres catégories de personnel, dont celui chargé de la surveillance et de lentretien, des soins infirmiers, de la restauration ou des services techniques.
On na guère tendance à envisager lenseignement comme une profession où lon est exposé à des produits dangereux. Par conséquent, les problèmes sanitaires liés à lexercice de cette profession ont été assez peu étudiés. Il reste que les enseignants et le personnel scolaire encourent toutes sortes de risques professionnels, quils soient physiques, chimiques, biologiques ou autres.
La pollution de lair des locaux de travail est cause fréquente de maladies aiguës chez les enseignants. Elle a souvent pour origine le mauvais entretien des systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation. Elle peut provoquer des troubles respiratoires et cutanés graves. On trouve dans lair des bâtiments récemment construits ou rénovés des substances chimiques, des poussières et des vapeurs diverses qui proviennent des toitures, des matériaux isolants, des moquettes, des rideaux, des meubles, de la peinture, du calfeutrage et ainsi de suite. Les dégâts des eaux non réparés à la suite, par exemple, dune fuite dans la toiture peuvent aussi favoriser la prolifération de micro-organismes dans les matériaux de construction et les systèmes de ventilation et le dégagement daérosols biologiques nocifs pour lappareil respiratoire des occupants des lieux. La contamination des bâtiments scolaires par des micro-organismes peut entraîner des affections respiratoires graves: pneumonie, infections des voies respiratoires supérieures, asthme ou encore rhinite allergique.
Les enseignants des disciplines techniques sont exposés, pour leur part, à dautres risques spécifiques. Ceux qui enseignent les arts plastiques et les travaux manuels, par exemple, se servent beaucoup de produits chimiques, notamment de pigments, de teintures et de solvants organiques, de métaux et composés métalliques, de minéraux ou de plastiques (Rossol, 1990). Dautres matériaux couramment employés dans les arts plastiques sont connus pour leurs propriétés allergisantes. Lexposition concomitante à plusieurs de ces matériaux est strictement réglementée dans lindustrie, alors quelle ne lest pas dans la salle de classe. Dans les laboratoires, les professeurs de chimie et de biologie sont exposés à des produits toxiques comme le formol et à des risques biologiques. Les enseignants des filières techniques travaillent dans des ateliers empoussiérés où lon retrouve de fortes concentrations de poussières de bois et de produits de nettoyage ainsi que des niveaux sonores excessifs.
Lenseignement est une profession caractérisée par des taux élevés de stress, dabsentéisme et dépuisement. Le stress de lenseignant a de nombreuses origines, qui varient avec le niveau de la classe: relations avec ladministration, questions de programme, promotion professionnelle, manque de motivation des élèves, effectifs des classes, incompatibilité entre différents rôles et, enfin, insécurité de lemploi. Le stress peut aussi être dû à lindiscipline des élèves et, éventuellement, aux actes de violence et à la présence darmes dans létablissement, en sus des risques physiques et environnementaux tels que le bruit. De fait, les niveaux sonores souhaitables pour une salle de classe se situent entre 40 et 50 décibels (dB) (Silverstone, 1981); or, une enquête menée dans plusieurs écoles a donné des moyennes comprises entre 59 et 65 dB (Orloske et Leddo, 1981). Les enseignants qui exercent un second emploi, ou qui travaillent lété, encourent parfois dautres risques professionnels qui peuvent se répercuter sur leur efficacité personnelle et sur leur état de santé général. La majorité des enseignants étant des femmes (elles représentent aux Etats-Unis les trois quarts des effectifs du corps enseignant), il convient aussi de poser la question des conséquences, sur leur santé, du double rôle de salariée et de mère quelles sont appelées à jouer. Cependant, il ressort de plusieurs études (Herloff et Jarvholm, 1989) que, en dépit des niveaux élevés de stress qui ont été relevés, le taux de mortalité par maladies cardio-vasculaires est moins élevé chez les enseignants que dans dautres professions, ce qui pourrait sexpliquer par une consommation moindre de tabac et dalcool.
On en est venu à se demander de date plus récente si certains établissements scolaires ne recelaient pas des agents cancérogènes: amiante, champs électromagnétiques, plomb, produits de lutte antiparasitaire, radon, autres aérocontaminants (Regents Advisory Committee on Environmental Quality in Schools, 1994). Le risque dexposition à lamiante concerne spécialement les personnels de surveillance et dentretien. On a relevé chez ceux-ci une prévalence élevée danomalies caractéristiques des maladies liées à lamiante (Anderson et coll., 1992). Lee et coll. (1992) ont signalé une plus grande concentration damiante en suspension dans lair dans certains établissements scolaires que dans dautres types de bâtiments.
Certains bâtiments scolaires sont situés près de lignes à haute tension, qui sont sources de champs électromagnétiques (CEM). Les CEM sont également produits par les écrans de visualisation et par les fils électriques dénudés. Plusieurs études (Savitz, 1993) établissent un lien entre lexposition aux CEM et lincidence de la leucémie, du cancer du sein et du cerveau. Les effets potentiels de lexposition aux produits de lutte antiparasitaire utilisés dans les écoles ont également été étudiés. Selon Wolff et coll. (1993), les résidus de ces produits trouvés dans le tissu adipeux et dans le sérum des sujets atteints du cancer du sein pourraient être reliés à lapparition de cette maladie.
La forte proportion de femmes dans la profession enseignante a amené à sinterroger sur les risques particuliers de cancer du sein. Plusieurs études ont mis en évidence une augmentation inexplicablement accrue de ce type de cancer. Le dépouillement des certificats de décès établis dans 23 Etats des Etats-Unis entre 1979 et 1987 a montré que les taux de mortalité proportionnelle dus au cancer du sein étaient de 162 chez les enseignantes blanches et de 214 chez leurs homologues noires (Rubin et coll., 1993). Ces chiffres étaient également élevés chez les enseignantes du New Jersey et de la région Portland-Vancouver (Rosenman, 1994; Morton, 1995). Bien que, jusquà présent, aucun lien causal nait pu être établi entre laccroissement des taux observés et des facteurs environnementaux spécifiques, ou dautres facteurs de risque, cette tendance a sensibilisé certaines organisations de lenseignement au risque de cancer du sein dans cette profession, et des campagnes de dépistage et de détection précoce ont été mises sur pied.
Les établissements denseignement sont tenus de sassurer que leurs installations, de même que lensemble de leurs méthodes de travail, obéissent à la législation en vigueur sur la protection de lenvironnement et sur la santé publique; ils doivent également respecter les normes admises en matière de prise en charge des employés, des élèves et des membres de la collectivité où ils sont implantés. En règle générale, les apprenants ne sont pas couverts par la réglementation sur la sécurité et la santé au travail, mais les établissements denseignement doivent les protéger avec au moins autant de diligence que nen exige la législation applicable aux travailleurs. Ces établissements ont de surcroît lobligation morale dinstruire leurs usagers sur les questions de sécurité individuelle, publique, professionnelle et environnementale les concernant en propre, ou concernant leurs activités.
Sous certains aspects (taille de la population, aire géographique, type de services de base nécessaires, complexité des activités qui sy déroulent), les grands établissements de lenseignement supérieur et universitaire tels que les campus et les résidences universitaires sont comparables à de gros villages ou à de petites villes. Outre les problèmes de sécurité et de santé au travail inhérents à de telles institutions (traités au chapitre no 101, «Les services publics et gouvernementaux»), on y rencontre dautres difficultés du fait que dimportantes populations cohabitent, travaillent et étudient dans une zone définie, difficultés quil convient daborder.
La gestion des déchets dun campus peut être une entreprise complexe. En vertu de la législation sur lenvironnement, de nombreuses instances imposent des normes rigoureuses de contrôle et de maîtrise des eaux usées et des émissions gazeuses produites au cours des activités denseignement, de recherche et de service. Dans certains cas, les besoins des collectivités extérieures au campus peuvent aussi amener linstitution à développer un cadre spécial de relations publiques.
La gestion des déchets chimiques et des déchets solides doit tenir compte des critères de santé au travail, de protection de lenvironnement et dhygiène publique. La plupart des établissements dune certaine taille ont des programmes de traitement de déchets de grande envergure, étant donné lhétérogénéité de ces derniers: substances chimiques, radio-isotopes, plomb, amiante, déchets biomédicaux, détritus ordinaires et ménagers, déchets humides et rebuts de matériaux de construction. Mais compte tenu du grand nombre des services administratifs impliqués (et qui ne communiquent pas toujours efficacement entre eux), il est nécessaire de faire un sérieux effort de coordination dans ce domaine.
Les établissements denseignement supérieur et universitaire diffèrent de lindustrie tant par le volume que par les types de déchets dangereux qui résultent de leurs activités. Les laboratoires universitaires, par exemple, produisent une grande variété de substances dangereuses, mais en petites quantités. Lélimination des déchets dangereux peut comporter des procédés de neutralisation des acides et des alcalis, ou de récupération à petite échelle des solvants par distillation, ou par un «emballage en laboratoire», lequel consiste à placer des petits récipients de toxiques compatibles entre eux dans des tonneaux, en les séparant par de la sciure ou dautres matériaux demballage pour quils ne se brisent pas. Les campus universitaires étant susceptibles de jeter de très grandes quantités de papier, de verre, de métal et de plastique, des programmes de recyclage peuvent être mis en uvre dans un geste de responsabilité civique et daffirmation de la vocation éducative de luniversité.
Les institutions situées au cur de zones urbaines peuvent être lourdement tributaires des services essentiels assurés par la collectivité: police, brigades de sapeurs-pompiers, équipes dintervention durgence, par exemple. La majorité des moyennes et grandes institutions possèdent leurs propres services de sécurité pour le campus, lesquels opèrent souvent en étroite collaboration avec des instances extérieures. Dans maintes villes universitaires, luniversité est le principal employeur et doit donc, en principe, assurer une certaine protection aux populations qui assurent sa pérennité.
Les établissements denseignement supérieur et universitaire ne sont plus des systèmes en vase clos, coupés de la collectivité dans laquelle ils sont situés. Léducation sest ouverte à de vastes secteurs de la société: femmes, étudiants plus âgés, personnes handicapées. La nature même de ces établissements les place dans une situation de risque, car elles rassemblent une population vulnérable, qui accorde une importance particulière à léchange didées et à la divergence de vues, mais où la notion de liberté intellectuelle nest pas toujours équilibrée par celle de responsabilité professionnelle. On constate, ces dernières années, une recrudescence des actes de violence commis à lencontre des membres de la communauté éducative par des personnes qui font partie de luniversité ou lui sont étrangères. Les agressions de ce type ne sont plus des événements rarissimes. Les campus sont souvent le lieu de manifestations diverses, grands rassemblements, événements sportifs ou politiques, et les problèmes de sécurité publique et de maîtrise des foules doivent y être abordés. Pour satisfaire aux besoins de lensemble de la collectivité locale, les plans et dispositifs de sécurité publique et dintervention durgence doivent être constamment réévalués et périodiquement mis à jour. Des mesures didentification et de gestion des risques doivent être prises lors des compétitions sportives, des sorties de groupe, ou pour toutes sortes dactivités récréatives parrainées par linstitution. Un service dintervention médicale durgence doit être prévu même pour les activités extra-muros. Lidentification des risques et la sensibilisation pédagogique demeurent le meilleur moyen dassurer la sécurité individuelle.
Il convient aussi daborder les problèmes de santé publique qui se posent sur les campus tels que la prévention des maladies contagieuses, la salubrité des services de restauration et des aménagements résidentiels, lapprovisionnement en eau potable, la qualité de lair et la contamination des sols, doù la nécessité délaborer des programmes dinspection, dévaluation et de contrôle. A cet égard, la tâche dinformer les étudiants revient habituellement au chargé des services aux étudiants, mais les responsables de la sécurité et de la santé au travail sont souvent également amenés à intervenir. La sensibilisation au risque de contamination par des maladies sexuellement transmissibles ou par des pathogènes véhiculés par le sang ainsi que linformation sur la toxicomanie, lalcoolisme, le stress et la santé mentale, entres autres, sont particulièrement importantes dans une communauté où les comportements à risque accentuent la probabilité dexposition au danger. Des services médicaux et de soutien psychologique doivent être disponibles.
Ces établissements connaissent sensiblement les mêmes problèmes denvironnement et de santé publique que ceux de lenseignement supérieur, mais à plus petite échelle. Il est fréquent toutefois que les écoles et circonscriptions scolaires naient pas vraiment de programmes de gestion des déchets. Bon nombre dentre elles sont confrontées à la difficulté déliminer des substances explosives comme léther et lacide picrique qui se trouvent entreposées dans leur laboratoire depuis des années (National Research Council (NRC), 1993). Il est arrivé quen cherchant à se débarrasser de ces produits un personnel non qualifié provoque des explosions. Par ailleurs, dans certaines circonscriptions scolaires, les établissements peuvent être distants les uns des autres de plusieurs kilomètres. Cest là un obstacle à la centralisation des programmes délimination des déchets dangereux, ces derniers devant être transportés sur la voie publique.