La construction de chacun des gros navires marchands, paquebots et bâtiments de guerre construits durant les années quatre-vingt-dix a englouti des tonnes dacier et daluminium et a fait appel à une foule de matériaux allant des plus courants aux plus rares. Tous portent dans leurs flancs des centaines, voire des milliers de kilomètres de tuyaux et de câbles, ainsi que des équipements électriques et électroniques très sophistiqués. Ils doivent, pour accomplir sans encombre les missions qui leur sont confiées, pouvoir affronter les environnements les plus hostiles tout en assurant le confort et la sécurité des équipages et des passagers.
La construction et la réparation navales sont parmi les branches les plus dangereuses au monde. Le Bureau américain des statistiques du travail (US Bureau of Labor Statistics), par exemple, classe ce secteur dactivité parmi les trois branches ayant les taux daccidents les plus élevés. Même si les matériaux, les méthodes, les outils et les engins mis en uvre ont beaucoup changé avec le temps et continuent dévoluer et si, grâce à la formation du personnel et à limportance donnée aux questions de sécurité et de santé, le sort des travailleurs des chantiers navals sest beaucoup amélioré, il nen demeure pas moins que, chaque année dans le monde, de nombreux travailleurs meurent ou sont victimes de graves accidents sur ces chantiers alors quils sont employés à la construction, à lentretien ou à la réparation de navires.
En dépit du progrès technique, nombre de tâches propres à la construction, au lancement, à lentretien et à la réparation des navires sont aujourdhui pratiquement les mêmes quà lépoque où la première quille fut posée, il y a des milliers dannées; il en va de même des conditions de travail. La taille et la forme des pièces qui constituent un navire et la complexité de leur assemblage et de son armement interdisent, dans une large mesure, le recours à toute forme de processus automatisé. Une certaine automatisation a toutefois été rendue possible grâce au progrès technique, à lexclusion des travaux de réparation qui ne sy prêtent guère. La construction navale nécessite une main-duvre nombreuse et hautement qualifiée, capable de travailler dans un environnement difficile et physiquement éprouvant.
Le milieu dans lequel seffectuent les travaux de construction navale est en soi une gageure. Mis à part quelques chantiers où la construction et la réparation des navires a lieu à couvert, ces travaux se déroulent généralement à ciel ouvert. On construit des navires sous toutes les latitudes. Tandis que les travailleurs des chantiers du Grand Nord doivent affronter les rigueurs de lhiver (ce qui les oblige à travailler sur des surfaces rendues glissantes par la glace ou la neige, pendant des journées où la lumière du jour est rare, et à des efforts physiques dautant plus pénibles quil leur faut passer de longues heures sur des surfaces dacier glacées et dans des positions souvent inconfortables), ceux des régions plus australes doivent supporter les contraintes de la chaleur, les risques de coups de soleil, le travail sur des surfaces si brûlantes que lon pourrait y faire cuire des aliments, les piqûres dinsectes et même les morsures de serpents. Les travaux seffectuent généralement au-dessus ou autour dun plan deau, dans leau ou même sous leau. Souvent, le vent vient fouetter les courants de la marée et fait rouler ou tanguer la surface sur laquelle les travailleurs doivent effectuer des tâches difficiles dans toutes sortes de positions périlleuses et à laide de matériels capables doccasionner des blessures graves. Le vent, souvent imprévisible, est une force dont il faut tenir compte lorsquon doit mettre en place ou déplacer des pièces pesant fréquemment plus de 1 000 tonnes, surtout si la manuvre se fait au moyen de grues couplées. Les défis présentés par lenvironnement naturel sont multiples et offrent une combinaison apparemment infinie de situations pour lesquelles les professionnels de la sécurité et de la santé doivent concevoir des mesures de prévention ad hoc. Il est évidemment essentiel que la main-duvre soit convenablement informée et formée.
Dès la mise en place des premières tôles dacier qui constituent la quille, le chantier se modifie sans cesse et sa complexité croissante saccompagne de toute une série de situations potentiellement dangereuses et toujours nouvelles qui demandent que soient établis non seulement des procédures précises pour laccomplissement du travail, mais également des moyens permettant de reconnaître et de résoudre les innombrables situations imprévisibles qui surgiront immanquablement au cours de la construction. Au fur et à mesure que celle-ci progresse, les échafaudages sajoutent les uns aux autres pour permettre daccéder à tous les points de la coque. La construction dun échafaudage solide est en soi un travail très spécialisé qui peut exposer les travailleurs à des risques de plus en plus considérables à mesure que le navire sélève au-dessus du sol ou de leau. Tandis que la coque commence à prendre forme, lintérieur du bateau se met en place lui aussi grâce aux méthodes de construction modernes qui permettent dassembler de grands sous-ensembles, créant ainsi des espaces clos ou confinés.
Cest à ce stade que la forte densité de main-duvre qui caractérise ce secteur dactivité est la plus manifeste, soulignant limportance dune bonne coordination des mesures de sécurité et de santé et dune prise de conscience des travailleurs pour tout ce qui touche à leur propre sécurité et à celle de leurs compagnons de travail.
Chaque espace ménagé à lintérieur de la coque est conçu en fonction dun but très spécifique. La coque peut être un vide qui contiendra le ballast, mais elle peut aussi renfermer des citernes, des cales à marchandises ou des couchettes, ou encore héberger un centre de contrôle dopérations militaires hautement sophistiqué. Quoi quil en soit, sa construction nécessitera lintervention déquipes de spécialistes qui devront travailler les uns à côté des autres. Cest ainsi que lon pourra trouver, au même endroit et au même moment, des tuyauteurs en train de monter des vannes sur des canalisations, des électriciens tirant sur des câbles ou installant des circuits, des peintres effectuant des retouches, des soudeurs assemblant des tôles de pont, des charpentiers, des poseurs de matériaux isolants ou encore une équipe chargée de vérifier le bon fonctionnement dun système. De telles situations, et dautres plus complexes encore, se présentent chaque jour et tout au long de la journée, selon des schémas changeants dictés par les impératifs techniques ou de planification, la disponibilité du personnel et même les conditions météorologiques.
Lapplication denduits présente plusieurs risques. La peinture au pistolet doit souvent se faire dans des espaces confinés avec des peintures volatiles et des solvants ou avec toute une gamme de revêtements de type époxy connus pour leurs effets toxiques.
Des progrès considérables ont certes été réalisés au fil des ans en matière de sécurité et de santé grâce à des méthodes de construction et à des matériels mieux conçus, à des installations plus sûres et à de grands efforts de formation de la main-duvre. Toutefois, lessentiel des progrès réalisés à ce jour et ceux qui restent à accomplir sont et seront à mettre au compte de lattention que lon porte au travailleur en tant quindividu et aux comportements qui sont à lorigine des accidents. Cela est vrai, sans doute, pour la majorité des branches dactivité, mais la forte densité de main-duvre qui caractérise les chantiers de construction navale confère une importance toute particulière à cet aspect du problème. Cette nouvelle conception des programmes de sécurité et de santé impliquant plus directement le travailleur et prenant davantage en considération ses opinions a non seulement lavantage de le sensibiliser aux risques inhérents à son travail et aux moyens de les éviter, mais leur donne également un sentiment dappropriation du programme de prévention. Or, cest précisément ce sentiment qui est la clé du succès en la matière.
La construction dun navire est un processus complexe dune haute technicité. Elle demande la collaboration étroite de nombreux personnels qualifiés et dune main-duvre contractuelle qui travaille en général sous la direction dun entrepreneur principal. On construit des bateaux à des fins commerciales ou militaires. Cest une activité à caractère international, où quelques grands chantiers navals se battent pour conquérir leur part dun marché relativement restreint.
Depuis la fin des années quatre-vingt, de profonds changements ont marqué cette branche dactivité. Autrefois, la construction dun navire seffectuait en majeure partie à lintérieur dun bâtiment ou en cale sèche, et pratiquement pièce par pièce, de la quille aux mâts. Grâce au progrès technique et à une planification plus poussée, il est désormais possible de construire un navire par sous-ensembles ou à laide de modules relativement faciles à assembler, déjà pourvus dinstallations et de systèmes intégrés. Cette façon de procéder est plus rapide et moins coûteuse et facilite le contrôle de la qualité. En outre, elle se prête davantage à lautomatisation et à la robotisation, ce qui permet non seulement déconomiser de largent, mais aussi de réduire lexposition des travailleurs aux risques chimiques ou physiques.
La figure 92.1 donne un aperçu des principales étapes de la construction dun navire. Celle-ci commence par létude du projet. Les éléments pris en considération à ce stade varient selon le type de navire considéré. Un navire est généralement conçu pour transporter essentiellement des matériaux ou des personnes. Ce peut être un cargo ou un paquebot, un navire de surface ou un sous-marin, un navire de guerre, un caboteur ou un transbordeur; il peut être à propulsion classique ou nucléaire. Il importe, dès le stade du bureau détudes, de considérer non seulement les paramètres de construction usuels, mais également les risques pour la sécurité et la santé inhérents aux processus de construction ou de réparation, ainsi que leurs effets éventuels sur lenvironnement.
Le matériau de base de la construction navale est la tôle dacier. Les tôles sont découpées, mises en forme, cintrées ou façonnées pour leur donner les dimensions et la forme souhaitées (voir figures 92.2 et 92.3). En général, on procède au découpage des tôles par oxycoupage aux gaz. Les éléments obtenus sont ensuite soudés pour former des poutrelles en I, en T ou en L et dautres membrures (voir figure 92.4).
Les plaques de tôle sont ensuite envoyées aux ateliers de fabrication où elles sont assemblées en différentes unités et différents sous-ensembles (voir figure 92.5). Cest à ce stade que les tuyauteries, les circuits électriques et les autres circuits de distribution sont mis en place et intégrés aux unités. Celles-ci sont assemblées par soudage automatique ou manuel, ou par une combinaison des deux techniques. On fait appel à plusieurs procédés de soudage, le plus courant étant le soudage à larc avec une électrode fusible enrobée qui constitue le métal dapport. Dautres procédés de soudage à larc font appel à une atmosphère inerte de protection ou même à des électrodes réfractaires qui résistent à de très hautes températures.
Les unités ou les sous-ensembles sont habituellement transférés vers les zones dassemblage en plein air où ils sont déposés en attendant dêtre montés en ensembles plus importants (voir figure 92.6). On procède ensuite à des opérations de soudage et dajustage complémentaires. Ces ensembles et plus spécialement leurs cordons de soudure sont soumis à des contrôles de qualité et à des tests par radiographie ou par ultrasons ainsi que, le cas échéant, à des essais destructifs ou non destructifs. Les soudures défectueuses sont éliminées par meulage, oxycoupage ou gougeage, puis refaites. Les éléments sont ensuite décapés au jet dabrasifs, si nécessaire, pour être mis à leur gabarit, avant de recevoir une ou plusieurs couches de peinture (voir figure 92.7). Celle-ci est appliquée à la brosse, au rouleau ou, le plus souvent, au pistolet. Il peut, dans certains cas, sagir de peinture inflammable ou toxique constituant un risque pour les travailleurs et lenvironnement. Les opérations de décapage et de peinture doivent être accompagnées des mesures de sécurité requises.
Une fois achevées, les grandes unités sont transportées en cale sèche, en bassin de radoub ou vers la zone de montage final où elles sont assemblées pour former le navire (voir figure 92.8), ce qui appelle de nouvelles opérations de soudage et dajustage. Les structures de la coque ainsi montées et létanchéité de celle-ci vérifiée, le navire est mis à leau. Le lancement peut se faire soit en le faisant glisser le long dun plan incliné jusquà ce quil soit à flot, soit en noyant la cale sèche, soit en abaissant la coque jusquà leau. Ces lancements sont presque toujours loccasion de festivités.
Une fois lancé, le navire entre dans la phase darmement; celle-ci nécessite beaucoup de temps et dimportants équipements. Il sagit de poser câbles et canalisations, daménager les cuisines et les logements des équipages, de fixer lisolation, dinstaller léquipement électronique et les aides à la navigation et de mettre en place lappareil propulsif et les organes de direction. De nombreux corps de métier sont mis à contribution.
Au terme de la phase darmement, le navire est soumis à des essais en bassin et en mer, au cours desquels tous les systèmes sont testés afin de sassurer de leur bon fonctionnement. Ce nest quune fois réalisés tous les essais et ajustements nécessaires que le navire est livré au client.
Les diverses phases de cette fabrication sont décrites sommairement ci-après.
La «chaîne de montage» dun chantier naval part de laire de stockage de lacier, où de grandes tôles de diverses qualités et dimensions sont entreposées et préparées en vue de leur mise en uvre. Lacier est ensuite décapé pour recevoir une couche de fond qui assurera sa protection anticorrosion tout au long des différentes phases de la construction. Les tôles sont ensuite transportées vers une aire de fabrication où elles sont découpées aux dimensions voulues par oxycoupage à la flamme; cette opération est automatisée (voir figure 92.2). Les feuillards ainsi obtenus sont assemblés par soudage pour former les éléments structuraux du navire (voir figure 92.4).
La charpente de la plupart des navires est faite daciers de différentes qualités, qui vont de lacier doux à lacier à haute résistance. Lacier présente à la fois des qualités de ductilité, dusinabilité et de soudabilité, en même temps que la résistance indispensable à tout navire de haute mer. On utilise aussi de laluminium et des matériaux non ferreux pour certaines superstructures (par exemple les roufs) et pour dautres parties spécifiques du navire. Dautres matériaux acier inoxydable, acier galvanisé, alliages cupro-nickel sont également employés pour répondre à divers impératifs de résistance à la corrosion et pour améliorer la solidité de lensemble. Les aciers restent cependant largement plus utilisés que les matériaux non ferreux. En général, les matériaux moins courants sont réservés aux installations de ventilation, aux centres de contrôle des opérations militaires, aux systèmes de navigation et aux canalisations. Ces matériaux remplissent un grand nombre de fonctions, que ce soit pour lappareil propulsif, les circuits électriques de secours, les cuisines, les stations de pompage de carburant ou les systèmes de combat.
On utilise trois types dacier pour la construction navale: lacier doux, lacier à haute résistance et lacier fortement allié. Les aciers doux ont des propriétés remarquables et sont faciles à produire, à façonner et à souder. Les aciers à haute résistance sont faiblement alliés afin de leur conférer des propriétés mécaniques supérieures à celles des aciers doux. Enfin, les aciers à très haute résistance ont été spécialement mis au point pour la construction navale. En général, les aciers à haute résistance et à limite délasticité élevée portent les désignations HY-80, HY-100 ou HY-130. Leur résistance est supérieure à celle des aciers à haute résistance du commerce. Ils exigent des procédés de soudage plus complexes si lon veut éviter que leurs propriétés ne saltèrent: électrodes de soudage spéciales, préchauffage des joints, etc. Quant aux aciers fortement alliés, ils contiennent dassez grandes quantités déléments dalliage tels que nickel, chrome et manganèse. Ces aciers, dont fait partie lacier inoxydable, offrent une résistance élevée à la corrosion et nécessitent, eux aussi, des procédés de soudage spéciaux.
Lacier est un excellent matériau de construction navale; un choix judicieux des électrodes de soudage est essentiel, quel que soit le type de soudage à effectuer. Lobjectif généralement visé est dobtenir une soudure offrant les mêmes caractéristiques de résistance que le métal de base. Etant donné que toute opération de soudage peut présenter des défauts mineurs, les procédés et les électrodes utilisés sont choisis de telle sorte que la qualité des soudures obtenues soit supérieure à celle du métal de base.
Laluminium est de plus en plus employé dans la construction navale en raison dun meilleur rapport résistance/poids que lacier. Sil est encore peu utilisé pour les coques, il entre de plus en plus souvent dans les superstructures des navires marchands et des vaisseaux de guerre. Les navires qui sont fabriqués uniquement en aluminium sont surtout des navires de petite taille, tels que les barques de pêche, les bateaux de plaisance, les petits paquebots, les chaloupes et les hydroptères. Laluminium dont on se sert pour la construction et la réparation navales est généralement allié à du manganèse, du magnésium, du silicium ou du zinc. Ces alliages offrent une résistance élevée et de bonnes qualités de soudabilité et de résistance à la corrosion.
On fait du soudage, plus précisément du soudage par fusion, à peu près partout sur un chantier naval. Lopération consiste à assembler des métaux en portant des surfaces contiguës à des températures extrêmement élevées en vue de les joindre par fusion à laide dun métal dapport lui-même en fusion. Une source de chaleur est utilisée pour chauffer les deux bords à souder, afin de leur permettre de samalgamer avec le métal dapport (électrode, fil métallique ou baguette). La chaleur nécessaire est habituellement générée par un arc électrique ou une flamme de gaz. Le procédé de soudage est choisi dans chaque cas en fonction du cahier des charges établi par le client, des cadences de production et dun certain nombre de contraintes dexploitation, notamment les normes officielles. Celles-ci sont généralement plus strictes pour les vaisseaux de guerre que pour les navires de commerce.
Lun des facteurs importants dans les procédés de soudage à larc est la protection du bain de fusion. La température du lit de fusion est passablement plus élevée que le point de fusion des métaux que lon veut souder. A des températures extrêmement élevées, une réaction avec loxygène et lazote de lair intervient rapidement et peut compromettre la résistance de la soudure. Si de loxygène et de lazote atmosphériques sont pris dans le métal de soudage ou la baguette en fusion, la zone de soudure est fragilisée. On ne peut éviter ce défaut et assurer la bonne qualité de la soudure quen la protégeant de latmosphère. Dans la plupart des procédés de soudage, cette protection se fait par adjonction dun fondant (flux), dun gaz ou des deux à la fois. Avec le fondant, les gaz produits par vaporisation et réaction chimique à lextrémité de lélectrode forment, par combinaison avec le gaz et le fondant, une protection qui empêche que la soudure ne capte de lazote et de loxygène. Cette question est traitée plus en détail dans les sections ci-après consacrées à des techniques particulières de soudage.
Dans le soudage à larc électrique, un circuit est créé entre la pièce à souder et une électrode ou un fil. Si lélectrode ou le fil sont tenus à proximité immédiate de la pièce à souder, il se forme un arc à haute température. Cet arc génère une chaleur suffisante pour faire fondre les bords des pièces à souder et pour que lextrémité de lélectrode ou du fil produise un système de soudage par fusion. Il existe de nombreux procédés de soudage à larc électrique qui peuvent être appliqués en construction navale; tous nécessitent une protection de la zone à souder vis-à-vis de latmosphère. On peut les subdiviser en deux catégories: protection par flux et protection par gaz.
Daprès les fabricants de matériel de soudage et de produits associés, le soudage à larc avec des électrodes fusibles est la technique la plus répandue.
Soudage à larc sous protection gazeuse avec électrodes fusibles enrobées (Shielded Metal Arc Welding SMAW). Les procédés de soudage à larc électrique avec protection par flux se distinguent principalement par leur nature manuelle ou semi-automatique et par le type délectrode fusible utilisée. Dans la technique SMAW, on se sert dune électrode fusible (de 30 à 46 cm de long) avec un enrobage par flux sec, tenue dans un porte-électrode et que le soudeur approche de la pièce à souder. Lélectrode est composée dune âme ou noyau en métal dapport solide obtenu par étirage ou laminage et enrobé dune gaine de poudres métalliques. Le SMAW est aussi souvent appelé «soudage avec électrodes enrobées». Le métal de lélectrode est entouré par un flux qui fond graduellement, couvrant de laitier le métal en fusion déposé et enveloppant la zone proche dune atmosphère de gaz protecteur. Le SMAW manuel peut être utilisé pour la soudure au sol (à plat), horizontale, verticale et en surplomb. Il peut aussi être employé de façon semi-automatique en se servant dun poste de soudage rotatif. Les postes de soudage rotatifs tirent parti du poids de lélectrode et du support pour faire progresser le travail de soudage le long de la pièce à souder.
Soudage à larc sous flux en poudre (Submerged Arc Welding SAW). Cet autre procédé de soudage à larc électrique avec protection par un flux est utilisé dans de nombreux chantiers navals. La technique consiste à déposer une couche de flux granulé sur la pièce à souder, puis à employer une électrode consommable de métal nu. Généralement, lélectrode sert de métal dapport, bien que dans certains cas on ajoute au flux des granulés de métal. Larc est submergé dun flux en poudre, dont une partie fond en recouvrant la soudure dune couche de laitier. Une forte concentration de chaleur permet des dépôts de soudure lourds à des vitesses relativement élevées. Après soudage, le métal en fusion est protégé par une couche de flux fondu, enlevé par la suite et qui pourra être récupéré. Ce procédé de soudage doit être réalisé au sol et convient parfaitement au soudage en bout des tôles. En général, la technique de SAW est totalement automatisée, le matériel étant monté sur un chariot mobile ou sur une plate-forme à autopropulsion surplombant les pièces à souder. La majeure partie du temps est consacrée à lalignement des joints sous la machine. Etant donné que larc fonctionne sous une couche de flux granulé, le taux de production de fumées est peu élevé et le reste tout au long des opérations, pour autant que la couche de flux soit suffisante.
Soudage à larc sous protection gazeuse avec fil électrode fusible (Gas Metal Arc Welding GMAW). Une autre catégorie importante de procédés de soudage à larc électrique est constituée de ceux qui utilisent un gaz de protection. Dans ces procédés, on a recours à des électrodes qui sont généralement des fils nus. Le gaz de protection qui peut être inerte, actif, ou les deux à la fois enveloppe lélectrode. Le GMAW, appelé aussi communément soudage MIG (Metal Inert Gas) , utilise une électrode consommable qui consiste en un fil nu de petit diamètre, poussé automatiquement dans un tube contact, et un gaz de protection. Cette technique est le résultat de longues recherches visant à mettre au point une méthode permettant de souder en continu sans être obligé de sinterrompre pour changer délectrode. Elle nécessite un dispositif automatique dalimentation en fil. Un dévidoir fournit du fil à mesure quil fond, à vitesse constante ou à vitesse variable selon les tensions requises, réglées dans ce cas par un variateur. Quand larc jaillit entre le fil et la pièce à souder, on crée une protection gazeuse autour de lélectrode en insufflant de largon ou de lhélium au moyen dun chalumeau. Lassociation de CO2 et dun gaz inerte sest révélée intéressante pour le soudage de lacier, permettant de réduire les coûts de production et daméliorer la qualité des soudures.
Soudage TIG (Gas Tungsten Arc Welding GTAW). Un autre procédé de soudage sous protection gazeuse est le soudage à larc avec électrode réfractaire en tungstène, désigné parfois sous le nom de marque Heliarc car, au début, lhélium était utilisé comme gaz inerte. Ce fut le premier des «nouveaux» procédés de soudage, qui succéda au soudage avec baguette dapport quelque 25 années plus tard. Larc est amorcé entre la pièce à souder et une électrode réfractaire en tungstène. Un gaz inerte, habituellement de largon ou de lhélium, sert de gaz de protection et fait de ce procédé une technique propre produisant peu de fumées. De plus, larc dans ce cas ne transfère pas le métal dapport, mais fait simplement fondre la pièce à souder et le fil, ce qui aboutit à une soudure plus propre. Le procédé TIG est le plus souvent employé dans les chantiers navals pour le soudage de laluminium, du métal en feuilles et des tuyaux de petit diamètre, ou encore pour déposer la passe de fond dun cordon multipasses lors du soudage de tuyaux de plus gros diamètre ou de pièces de grandes dimensions.
Soudage à larc avec fil fourré fusible (Flux Core Arc Welding FCAW) utilise le même type déquipement que le soudage MIG dans la mesure où larc est alimenté en fil en continu. La principale différence tient au fait que lélectrode du procédé FCAW est un fil tubulaire et contient en son noyau un flux qui contribue à une protection localisée dans la zone de soudage. Bien que certains fils de ce type assurent une protection suffisante grâce à leur seul noyau, de nombreux procédés FCAW utilisés en construction navale nécessitent une protection gazeuse complémentaire afin de répondre aux exigences de la branche.
Le procédé FCAW permet de réaliser des soudures de grande qualité avec des cadences de production et une efficacité supérieures à celles obtenues par la méthode SMAW conventionnelle. Il permet de répondre à tout un ensemble dexigences en matière de production, comme le soudage en surplomb et le soudage vertical. Les électrodes FCAW ont tendance à être légèrement plus chères que les électrodes SMAW, mais lamélioration de la qualité et de la productivité justifient souvent linvestissement consenti.
Soudage au jet de plasma darc, ou soudage plasma (Plasma-arc Welding PAW). Le plus récent des procédés de soudage sous protection gazeuse est le soudage plasma sous gaz inerte. Le procédé PAW est très semblable au procédé GTAW, la seule différence résidant dans la contrainte imposée à larc de subir une constriction dans un gaz plasmagène avant datteindre la pièce à souder. Il en résulte un jet de plasma extrêmement chaud et rapide. Le plasma est un jet ionisant de gaz qui véhicule larc, généré par la constriction imposée pour passer à travers un petit orifice du chalumeau. Le procédé PAW permet dobtenir un arc plus dense, à haute température, ce qui autorise un soudage plus rapide. Si lon fait abstraction du recours à un orifice pour accélérer le gaz, les procédés PAW et GTAW sont identiques et utilisent tous deux une électrode de tungstène réfractaire et une protection par gaz inerte. Le PAW est généralement manuel et très peu utilisé sur les chantiers navals, bien quil soit parfois employé pour des applications de pistolage à la flamme. Dans les chantiers navals, on lemploie surtout pour le découpage de lacier (voir figure 92.9).
Soudage aux gaz, brasage fort et brasage tendre. Le soudage aux gaz fait appel à la chaleur produite par la combustion dun gaz ou de plusieurs gaz combustibles avec un gaz comburant (généralement de loxygène); il utilise habituellement une baguette pour le métal dapport. Le combustible le plus classique est lacétylène, employé en association avec de loxygène (soudage oxyacétylénique). Un chalumeau tenu à la main dirige la flamme vers la pièce à souder, tout en faisant fondre le métal dapport qui est déposé dans la zone de contact. La surface de la pièce à souder fond pour former un cratère en fusion, avec une matière dapport utilisée pour combler les vides ou les rainures. Le métal en fusion, principalement le métal dapport, se solidifie à mesure que le chalumeau progresse le long de la pièce à souder. Le soudage aux gaz est comparativement lent et ne convient pas aux équipements automatiques ou semi-automatiques. De ce fait, il est rarement employé comme technique courante de soudage dans les chantiers navals. Le matériel est cependant peu encombrant et portatif, et il peut savérer utile pour le soudage de tôles de faible épaisseur (jusquà 7 mm environ), ainsi que pour des tuyaux de petit diamètre, des coffres pour le chauffage, la ventilation et la climatisation, des conduits de câbles électriques et pour braser. Un matériel identique ou similaire est utilisé pour loxycoupage.
Le brasage fort et le brasage tendre sont des techniques destinées à assembler deux surfaces métalliques sans faire fondre le métal de base. On verse un métal ou alliage dapport à létat liquide jusquà ce que lespace qui sépare les deux surfaces à assembler soit comblé, puis on le solidifie. Quand la température du métal dapport est inférieure à 450 °C, le procédé sappelle soudo-brasage; quand elle est supérieure à 450 °C, on le nomme brasage fort. Le brasage tendre est généralement réalisé en utilisant la chaleur provenant dun fer à souder, dune flamme, dune résistance ou dune bobine dinduction électrique. Le brasage fort fait appel à la chaleur dune flamme ou à celle produite par une résistance ou une bobine dinduction. Il peut aussi seffectuer en plongeant les pièces dans un bain. Les assemblages brasés nont pas la résistance des assemblages soudés. Aussi, brasage fort et brasage tendre ont-ils des applications limitées en construction et réparation navales, à lexception des assemblages de tubes de petit diamètre ou de feuilles de métal, ou des travaux dentretien.
Autres procédés de soudage . Il existe dautres techniques de soudage susceptibles dêtre mises en uvre dans un chantier naval en petites quantités, et cela pour un certain nombre de raisons. Le soudage vertical sous laitier électroconducteur consiste à opérer un transfert de chaleur au moyen dun bain de laitier en fusion qui fait fondre les bords à souder et le métal dapport. Bien que le matériel utilisé soit semblable à celui employé pour le soudage à larc, le laitier est maintenu à létat de fusion par la résistance quil offre au courant qui passe de lélectrode à la pièce à souder. Il sagit par conséquent dune forme de soudage par résistance. Des patins refroidis placés derrière la pièce à souder sont souvent utilisés pour contenir le cratère. Le soudage électrogaz est un procédé de soudage à larc sous protection gazeuse qui emploie un fil électrode fusible pour alimenter le bain de fusion et du CO2 comme gaz de protection. Ces procédés sont tous deux très efficaces pour réaliser automatiquement des soudures verticales bout à bout et présentent un intérêt indéniable dans le cas de tôles épaisses. Ils devraient trouver des applications beaucoup plus étendues en construction navale.
Le soudage aluminothermique utilise un métal liquide surchauffé pour faire fondre les pièces à souder et le métal dapport. La chaleur nécessaire au soudage est fournie par la réaction exothermique dun mélange doxydes métalliques et dune poudre daluminium. Le métal liquide qui constitue le produit dapport est versé dans la cavité qui sépare les pièces à souder et qui est entourée dun moule de sable. Le soudage aluminothermique rappelle la coulée en fonderie et sert principalement pour réparer des pièces venues de fonderie ou de forge ou pour souder des éléments de membrure tels que le couple de poupe.
Le soudage par faisceau laser est une technique nouvelle qui recourt à un faisceau laser pour faire fondre et assembler les pièces à souder. Bien que la faisabilité de ce procédé ait été prouvée, son coût élevé a entravé jusquici son exploitation commerciale. Toutefois, sa capacité de réaliser des soudures de haute qualité devrait en faire une technique importante à lavenir.
Une autre technique relativement récente en matière de soudage est le soudage par faisceau délectrons, obtenu par la fusion du métal de base sous limpact dun faisceau focalisé délectrons qui bombardent la pièce à souder, laquelle est placée dans une enveloppe de gaz inerte. Du fait que le procédé ne dépend pas de la conductibilité thermique du matériau considéré, il présente des avantages majeurs en raison de ses besoins relativement faibles en énergie et de ses effets limités sur le métal. Comme dans le cas du soudage par faisceau laser, le problème majeur réside dans le coût élevé de léquipement requis.
Le soudage des goujons est une forme de soudage à larc dans lequel des goujons métalliques tiennent lieu délectrodes. Un pistolet spécial maintient le goujon pendant que larc se forme. La tôle et lextrémité du goujon entrent en fusion, le pistolet presse le goujon contre la tôle et les soude ensemble. La sécurité est assurée par une ferrule céramique de protection qui entoure le goujon. Le procédé, semi-automatique, est couramment utilisé en construction navale pour faciliter la pose de matériaux non métalliques (tels que les matériaux disolation) sur des surfaces dacier.
Des travaux de peinture seffectuent dans quasiment tous les ateliers du chantier naval. La nature de la construction et de la réparation navales requiert plusieurs types de peinture dont chacun a des fins différentes. La peinture nécessaire pour un certain type dapplication peut aller dun produit à base deau à un enduit époxy à haute performance; le choix est fonction de lenvironnement auquel le revêtement sera exposé. Quant au matériel de peinture, il sétend des simples brosses et rouleaux aux pistolets sans air comprimé et aux machines automatiques. En règle générale, les parties ci-après dun navire exigent une mise en peinture:
Il existe différents types de peinture pour chacune de ces parties. De nombreuses considérations entrent en jeu lors du choix des peintures, telles que les normes dhygiène du travail, la gravité des risques liés à lenvironnement, les temps de séchage, le matériel à disposition et les procédés dapplication. De nombreux chantiers navals sont pourvus dinstallations spéciales et de zones réservées pour les travaux de peinture. Les installations fermées de mise en peinture sont onéreuses, mais permettent dobtenir une qualité et un rendement plus élevés. Les travaux de peinture réalisés à lair libre ont généralement une moins grande efficacité de transfert et ne peuvent seffectuer que si les conditions atmosphériques sont favorables.
Types de revêtements utilisés dans les chantiers navals. Sur un navire, des peintures sont appliquées en de nombreux emplacements et à des fins diverses. Aucune peinture ne peut remplir toutes les fonctions désirées (par exemple, protection contre la rouille, les salissures peintures antifouling , lalcalinité, lacidité). Les peintures contiennent trois ingrédients principaux: un pigment, un liant et un solvant. Les pigments sont des particules de petit calibre qui déterminent généralement la couleur ainsi que les nombreuses propriétés associées au revêtement. Loxyde de zinc, le talc, le carbone, le goudron de houille, le plomb, le mica, laluminium et la limaille de zinc sont des exemples de pigments. Le liant peut être considéré comme une colle qui consolide les pigments de la peinture. Beaucoup de peintures sont désignées selon leur type de liant (époxy, alkyde, uréthane, vinylique, phénolique). Le liant joue également un rôle très important dans la détermination des performances du revêtement (notamment la souplesse, la résistance chimique, la durabilité et laspect). Quant au solvant, son rôle est de fluidifier la peinture et de permettre son application aisée; il sévapore lors du séchage. Les solvants usuels sont à base dacétone, dessences minérales, de xylène, de méthyléthylcétone et deau. Les peintures anticorrosion et antisalissures sont les deux principaux types de peinture habituellement utilisés sur les coques des navires. Les peintures anticorrosion se présentent soit comme des produits à base de vinyle, de laque ou duréthane, soit comme des produits plus récents à base époxy auxquels on a beaucoup recours à lheure actuelle et qui offrent toutes les qualités requises en milieu marin. Les peintures antisalissures servent à empêcher la prolifération et la fixation dorganismes marins sur la coque des navires. Elles sont souvent à base de cuivre et dégagent des substances toxiques en quantités infimes à proximité immédiate de la coque. Les couleurs sobtiennent par adjonction de noir de fumée, doxyde de fer rouge ou de dioxyde de titane (blanc).
Couches primaires sur les chantiers navals. La première couche de peinture appliquée aux tôles et pièces dacier brutes est généralement une couche de fond parfois appelée «couche primaire datelier». Elle est indispensable si lon veut préserver le bon état de la pièce tout au long du processus de construction. On lapplique sur les tôles dacier, les profilés, les sections de tubes et les conduits de ventilation. La couche de fond a deux fonctions importantes: 1) protéger lacier tout au long de la construction; et 2) faciliter les travaux ultérieurs. La plupart des couches primaires sont riches en zinc et contiennent des liants organiques ou non organiques. Les enduits aux silicates de zinc sont les plus utilisés parmi les liants inorganiques. Le zinc offre une protection à peu près équivalente à la galvanisation. Si lon enduit lacier dun apprêt à base de zinc, loxygène, au contact de ce métal, produit de loxyde de zinc qui forme une couche hermétique, évitant ainsi tout contact de lacier avec lair ou avec leau.
Matériel dapplication . Il existe de nombreux types de matériels utilisés pour la mise en peinture dans lindustrie de la construction navale. Les pistolets à air comprimé et les pistolets sans air sont deux appareils courants. Les systèmes à air comprimé projettent à la fois de lair et de la peinture, ce qui a pour effet quune certaine quantité de peinture est atomisée et sèche rapidement avant davoir atteint la surface visée. Lefficacité de transfert des pistolets pneumatiques peut varier entre 65 et 80%; cette efficacité de transfert relativement faible est due principalement à un excès de projection, à une dérive ou à des défauts du pistolet. Ces appareils tendent à devenir obsolètes en raison de leur faible capacité de transfert.
Le pistolet sans air comprimé est devenu lappareil le plus utilisé pour lapplication de peinture dans lindustrie de la construction navale. Dans cet appareil, une pompe hydraulique amène la peinture à une buse placée à lextrémité du pistolet. La peinture est ainsi projetée sous leffet dune pression hydrostatique et non plus dune pression pneumatique. Afin de réduire la quantité de peinture pulvérisée en excès et les déversements accidentels, les chantiers navals développent au maximum lusage de la peinture au pistolet sans air. Cet appareil est aussi plus propre à utiliser et présente moins de problèmes de fuites que le pistolet à air comprimé, car il nécessite une pression moins élevée. Les pistolets sans air ont une efficacité de transfert proche de 90%, selon les conditions de travail. Une nouvelle technique, appelée «grand volume, faible pression» (high volume, low pressure HVLP) permet au pistolet sans air dobtenir dans certains cas une efficacité de transfert encore meilleure. Lefficacité de transfert est mesurée par estimation; elle tient compte des coulées et des déversements accidentels qui peuvent survenir au cours du travail.
La métallisation à chaud, également connue sous le nom de métallisation au pistolet ou métallisation à la flamme , consiste à appliquer sur lacier un revêtement daluminium ou de zinc pour assurer sa protection de longue durée contre la corrosion. Cette technique de revêtement trouve de multiples applications militaires et commerciales. Léquipement spécial quelle nécessite et les cadences de production relativement lentes en font une technique radicalement différente des procédés traditionnels de revêtement. Il existe deux grandes catégories de machines pour la métallisation à chaud, selon que lon utilise la combustion dun fil ou un arc électrique. Dans le premier cas, on a recours à des gaz combustibles et à une flamme ainsi quà un régulateur de distribution du fil. Les gaz combustibles provoquent la fusion du métal projeté sur les pièces. En revanche, la machine de projection à larc électrique utilise lénergie dun arc pour faire fondre le métal projeté sur le matériau de base. Elle comprend un compresseur, un filtre dair, un système dalimentation et de régulation de larc électrique ainsi quun pistolet de métallisation. Les surfaces de base doivent être convenablement préparées pour assurer une bonne adhérence des métaux projetés. La technique la plus couramment employée pour la préparation de la surface à traiter est le grenaillage (projection dun jet de grenaille, par exemple de loxyde daluminium).
Le coût initial de la métallisation à chaud est habituellement élevé si on le compare à celui de la peinture; cependant, la métallisation à chaud devient plus intéressante dun point de vue économique si lon tient compte du cycle de vie du métal. De nombreux chantiers navals possèdent leurs propres installations de métallisation, tandis que dautres préfèrent sous-traiter leurs travaux. La métallisation au pistolet peut seffectuer aussi bien dans un atelier quà bord du navire.
Méthodes de mise en peinture. Les méthodes de peinture varient considérablement dun procédé à lautre. Les mélanges sont réalisés à la fois manuellement et mécaniquement, dordinaire dans une zone entourée de bermes et qui peut être couverte. Dans les chantiers navals, les travaux de peinture ont lieu aussi bien à lintérieur quà lair libre. Des tôles minces ou des feuilles de plastique ou de tissu sont souvent mises en place pour capter lexcès de peinture projetée, abriter du vent ou retenir les particules de peinture. De nouvelles techniques contribuent à la réduction de la quantité de particules aéroportées. En diminuant la quantité de peinture excédentaire projetée, on réduit aussi globalement la quantité de peinture utilisée, et on réalise ainsi des économies.
On peut illustrer les techniques employées dans la préparation des surfaces et la mise en peinture dans la construction et la réparation navales en retenant cinq parties principales des navires.
Peinture de la coque. La peinture de la coque se pratique à la fois pour les navires en réparation et pour les navires neufs. La préparation de la surface de base et lapplication de la peinture sur la coque des navires en réparation sont normalement effectuées alors que le navire est entièrement radoubé, cest-à-dire immobilisé en cale sèche. Pour les navires en construction, la coque est préparée et peinte en position de construction en utilisant lune des techniques décrites plus haut. Les projections dair ou deau contenant de la grenaille à partir de plates-formes ou dappareils de levage sont les méthodes les plus communément employées pour la préparation de la coque. On a recours à des pistolets et à des moyens daccès spéciaux pour atteindre les surfaces en hauteur (ascenseurs, tables élévatrices, échafaudages mobiles). Le nombre de couches de peinture requises varie selon les cas.
Peinture des superstructures. Les superstructures dun navire comprennent les ponts exposés, les roufs et les autres structures situées au-dessus du pont principal. On recourt souvent à des échafaudages pour accéder aux antennes ou aux autres installations en hauteur. Si de la peinture ou des matériaux projetés risquent de tomber dans les eaux voisines, on mettra en place une protection. Sur les navires en réparation, les superstructures du navire sont peintes en majeure partie lors de sa mise à quai. Les surfaces de base sont préparées à laide doutils manuels ou de jets haute pression. Une fois la surface prête, la mise en peinture peut commencer. La peinture est habituellement appliquée à laide de pistolets sans air. Les peintres accèdent aux superstructures par des échafaudages, des échelles et les divers engins de levage déjà empruntés lors de la préparation des surfaces. Les protections installées pour empêcher la projection des produits dabrasion seront maintenues pour parer aux éventuelles projections de peinture.
Peinture des citernes et des compartiments intérieurs. Les citernes et les compartiments intérieurs des navires doivent être sans cesse repeints. Les citernes des navires en réparation nécessitent une importante préparation de surface avant de pouvoir être repeintes. La majorité dentre elles se situent au niveau de la carène (par exemple, les ballasts, les fonds de cale, les soutes à combustible). La préparation des citernes exige lemploi de solvants et de détergents afin denlever la graisse et lhuile accumulées; ceux-ci doivent être traités et éliminés de façon appropriée. Après séchage, les parois intérieures subissent un grenaillage; il faut mettre en place une recirculation de lair et récupérer la grenaille par aspiration, ce qui se fait au moyen dune pompe à vide à anneau liquide ou dune pompe à vis rotative. Ces pompes doivent être très puissantes pour pouvoir débarrasser la citerne de la grenaille quelle contient. Les installations de vide et de ventilation sont généralement placées à la surface du bassin de radoub et laccès aux citernes se fait par des orifices ménagés dans la coque. Une fois la surface décapée et la grenaille enlevée, le travail de peinture peut commencer. Une ventilation suffisante et des appareils respiratoires appropriés sont indispensables pour tous les travaux effectués dans les compartiments intérieurs et les citernes, cest-à-dire dans des espaces fermés ou confinés.
Décapage des surfaces à peindre et mise en peinture au stade de la construction. Une fois que les blocs ou que les unités multiples quittent laire de montage, ils sont souvent transportés vers une aire de décapage où le bloc entier subit une préparation avant sa mise en peinture. Les pièces sont généralement totalement décapées pour se retrouver à létat de métal nu, la couche de fond administrée au stade de la construction étant éliminée (voir figure 92.7). La méthode de décapage la plus fréquemment utilisée fait appel à un jet dair à haute pression. Pour la mise en peinture, les peintres se servent généralement de pistolets sans air et travaillent sur une plate-forme. Une fois que les pièces sont peintes, elles sont transportées vers une aire darmement.
Peinture des pièces de petites dimensions. Un grand nombre de pièces entrant dans la construction dun navire doivent recevoir un enduit avant leur installation (dévidoirs de tuyaux souples, conduits de ventilation et portes, par exemple). Les pièces de petites dimensions sont généralement préparées dans un atelier du chantier naval spécifiquement conçu à cet effet. Leur mise en peinture peut seffectuer dans la zone du chantier qui répond le mieux aux contraintes de production. Certaines pièces sont peintes dans différents ateliers, tandis que dautres le sont dans un endroit placé sous le contrôle du service chargé des travaux de peinture.
Les couches de finition sont réalisées à bord et les retouches de peinture seffectuent souvent sur place (voir figure 92.10). Les retouches de peinture sur bloc sont nécessaires dans plusieurs cas. La peinture peut avoir été abîmée, ce qui exige une nouvelle préparation du matériau de base; dans dautres cas, la peinture utilisée nétait pas la bonne et il faut la remplacer. La peinture sur bloc implique, pour le décapage et la mise en peinture, lutilisation déquipements portatifs que lon déplace dans les aires darmement. La peinture à bord comporte aussi bien la préparation et la peinture des sections de liaison entre les blocs de construction que la peinture des zones abîmées par le soudage, les reprises, larmement ou dautres circonstances. Les surfaces peuvent être préparées à la main (sablage, brossage, nettoyage par des solvants) ou par nimporte quelle autre technique appropriée. La peinture est appliquée au moyen de pistolets sans air, de rouleaux ou de brosses.
Larmement des blocs de construction avant leur assemblage est la méthode quutilisent actuellement tous les constructeurs qui se veulent concurrentiels de par le monde. Le processus consiste à installer les pièces requises (tuyauteries, conduits de ventilation, composants électriques, etc.) sur les blocs avant que ceux-ci ne soient assemblés, ce qui permet dadopter au chantier naval une approche du type «chaîne de montage».
A chaque étape de la construction, larmement est planifié pour quil se déroule de façon continue et régulière sur lensemble du chantier. Une fois assemblée la structure dacier du bloc, on peut, pour simplifier, diviser larmement en trois étapes principales:
Larmement des unités est létape au cours de laquelle les accessoires, pièces, machines et autres matériels darmement sont montés de façon autonome; en dautres termes, les unités sont préparées à distance des blocs structurels dacier, ce qui permet aux travailleurs dassembler leurs composants au sol où ils peuvent accéder aisément aux machines et aux ateliers. Les unités sont ensuite installées au cours de lune ou lautre étape de construction, sur bloc ou à bord. Ces unités peuvent être de taille, de forme et de complexité très diverses. Dans certains cas, une unité nest rien dautre quun ventilateur raccordé à un plénum. Les unités complexes de grande taille se rencontrent principalement dans les salles des machines, les chaufferies, les chambres des pompes ou dautres compartiments du navire difficiles daccès. Les salles des machines possèdent un armement intensif. Larmement au sol accroît la sécurité et lefficacité dans la mesure où lon économise des heures de travail qui, autrement, auraient été consacrées à larmement sur bloc ou à bord dans des espaces exigus où le travail est plus difficile.
Dans larmement sur bloc, la plus grande partie du matériel darmement est installée sur les blocs. Ce matériel est constitué par les circuits de ventilation, les canalisations, les portes, les installations déclairage, les échelles, les garde-corps, les installations électriques, etc. De nombreuses unités sont aussi posées pendant létape darmement sur bloc. Tout au long de cette étape, un bloc peut être soulevé, tourné et déplacé afin de faciliter linstallation des matériels darmement au niveau des plafonds, des cloisons et des planchers. Tous les ateliers et services du chantier doivent rester en communication pendant létape darmement sur bloc afin de garantir linstallation des matériels à lendroit voulu et au moment opportun.
Larmement à bord seffectue après que les blocs ont été hissés sur le navire en construction (cest-à-dire après leur assemblage). A ce moment précis, le navire se trouve sur une aire de construction ou à quai. Larmement des blocs est déjà bien avancé, mais il reste encore beaucoup de travail à accomplir avant que le navire ne soit opérationnel. Larmement à bord comprend linstallation à bord dunités et de blocs de grandes dimensions. Il comporte le soulèvement et la mise en place de blocs et dunités de gros gabarit à bord du navire neuf et leur soudage ou leur boulonnage sur place. Larmement à bord inclut également linterconnexion des systèmes de bord (tuyauteries, système de ventilation, circuits électriques, etc.). Cest au cours de létape darmement à bord que la totalité des câblages sont mis en place sur lensemble du navire.
Ces essais et épreuves (dits de recette ou de réception) ont pour but de vérifier le bon fonctionnement des éléments et des systèmes installés. Si leurs résultats ne sont pas concluants pour une raison quelconque, les défauts constatés doivent être corrigés et le système testé jusquà ce quil soit en parfait état de marche. Toutes les canalisations du bord seront mises sous pression afin de localiser les fuites éventuelles. Les citernes sont elles aussi soumises à des essais qui consistent à les remplir de liquide (par exemple, deau salée ou deau douce), à les inspecter et à tester leur intégrité structurelle. Les circuits de ventilation, les circuits électriques et beaucoup dautres systèmes sont également vérifiés. La plupart des essais et des épreuves seffectuent alors que le navire est posté à quai; toutefois, on tend de plus en plus à les pratiquer à des stades antérieurs de la construction (par exemple, dans les ateliers de production). La réalisation dessais au cours des étapes plus précoces de la construction permet de mieux réparer les défaillances techniques grâce à un accès plus aisé aux systèmes testés, bien que lessai complet des systèmes doive toujours être réalisé à bord. Une fois tous les essais préliminaires accomplis à quai, le navire est soumis à une série de tests opérationnels complets en mer avant dêtre livré à larmateur.
La réparation navale comprend généralement tous les programmes dentretien, de transformation, de remise en état après visite, ainsi que la réparation des avaries importantes et les réparations mineures du matériel. La réparation navale représente un secteur très important du transport maritime. Dans la plupart des chantiers de construction navale privés, environ 25% de la main-duvre sont employés à des tâches de réparation et de transformation. Actuellement, de nombreux navires nécessitent une modernisation afin de répondre aux normes de sécurité et de respect de lenvironnement. Les compagnies de navigation sont mises à rude épreuve en raison du coût élevé des navires neufs et du vieillissement des flottes à léchelle mondiale. Dans les chantiers navals américains, le travail de transformation et de réparation est généralement plus rentable que la construction de bâtiments neufs. Dans les chantiers construisant des navires neufs, les contrats de réparation, de remise en état ou de transformation contribuent à stabiliser la main-duvre pendant les périodes de construction limitées de bâtiments neufs; dun autre côté, les nouvelles constructions augmentent la charge de travail des équipes affectées à la réparation. Celle-ci ne diffère pas sensiblement de la construction navale, sinon que le travail seffectue généralement sur une plus petite échelle et à une cadence plus rapide. Les travaux de réparation nécessitent une coordination plus précise et une politique plus dynamique en matière dappels doffres. La clientèle exigeant des travaux de réparation comprend généralement la marine de guerre, les armateurs possédant des navires de commerce et les propriétaires dautres bateaux.
Le client fournit habituellement un cahier des charges contractuel, des croquis et les articles standard. Il peut exister des contrats à prix fermes et définitifs (Firm Fixed Price (FFP)), à prix fermes et définitifs plus honoraires au mérite (Firm Fixed Price Award Fee (FFPAF)), à coût plus honoraires fixes (Cost Plus Fixed Fee (CPFF)), à coût plus honoraires au mérite (Cost Plus Award Fee (CPAF)) ou des contrats de réparation urgente. Le processus commence dans le service marketing quand le chantier naval reçoit une demande de proposition (Request for Proposal (RFP)) ou un appel doffres (Invitation for Bid (IFB)). Le soumissionnaire qui a présenté le devis le plus bas décroche généralement un contrat de type IFB, tandis quun RFP peut être remporté sur dautres critères que le prix lui-même. Léquipe chargée dévaluer les réparations prépare une estimation des coûts et une proposition de contrat de réparation. Lestimation de loffre inclut généralement les heures-personne et les taux de rémunération, le matériel, les frais généraux, les coûts de services spéciaux, le paiement du sous-traitant, les heures supplémentaires et les primes de postes, les autres honoraires, le loyer de largent des installations et, enfin, le prix estimé du contrat daprès tous ces éléments. Une fois le contrat signé, un programme de travail doit être élaboré et agréé.
Bien quune certaine planification ait lieu avant la soumission de loffre, une planification minutieuse simpose si lon veut que les travaux sachèvent en temps voulu; cela représente une lourde tâche. Il faut lire et assimiler lensemble du cahier des charges, classer le travail par catégories, lintégrer dans un plan de production logique et déterminer le chemin critique. Les services responsables de la planification, du bureau détudes, des matériaux, des contrats de sous-traitance et de lexécution des travaux de réparation doivent travailler en collaboration étroite afin de respecter les délais et de réaliser la meilleure performance possible en matière de rentabilité. Les tuyauteries, les installations de ventilation, léquipement électrique et électronique et certaines installations mécaniques sont souvent fabriqués ou préparés avant larrivée du navire. Le préarmement et le préconditionnement des matériels exigent une étroite collaboration avec les ateliers de production.
Les navires sont semblables à dautres types de machines dans la mesure où ils nécessitent un entretien régulier et, parfois, une remise en état complète pour rester en service. De nombreux chantiers navals passent des contrats dentretien avec des compagnies maritimes. Parmi les exemples de tâches de réparation et dentretien, on peut citer:
Les travaux de réparation sont fréquemment motivés par une situation durgence et ne comportent dès lors que peu ou pas de préavis, ce qui fait de la réparation navale un environnement très changeant et imprévisible. Les navires devant subir des réparations de type courant pourront rester à quai ou en bassin de radoub entre trois jours et deux mois, alors que des réparations et des transformations importantes pourront durer une année ou même davantage.
Les contrats de refonte importante et de transformations majeures sont courants dans lindustrie de la réparation navale. La plupart de ces travaux sont réalisés par des chantiers navals qui sont aussi équipés pour construire des navires.
Voici quelques exemples de réparations majeures:
La plupart des réparations et des transformations majeures demandent un gros effort de planification et des moyens techniques importants. Elles impliqueront le plus souvent nombre dopérations sur des pièces en acier (par exemple, le découpage de larges portions de la structure existante et la mise en place de nouvelles structures). Ces projets peuvent être subdivisés en quatre étapes principales: démolition, construction dune nouvelle structure, armement et essais. Il est nécessaire de faire appel à des sous-traitants pour la plupart des travaux majeurs et mineurs de réparation et de transformation. Les sous-traitants apportent leur compétence dans des domaines particuliers et contribuent à répartir la charge de travail dans le chantier naval. Voici quelques-unes des tâches accomplies par les sous-traitants:
Comme pour les constructions neuves, tous les appareils et systèmes installés doivent être essayés et fonctionner correctement avant la remise du navire à larmateur. Les exigences en matière dessais sont généralement spécifiées dans le contrat, bien que des clauses particulières émanant dautres sources existent. Les essais doivent être programmés, suivis pour sassurer de leur bonne exécution et supervisés par les services compétents (qualité interne du chantier, contrôle de mise en service, agences gouvernementales, armateurs, etc.).
Il existe beaucoup danalogies entre la construction navale et la réparation navale. Les deux processus font appel, pour lessentiel, à des pratiques, des techniques de fabrication, des installations et des ateliers identiques. Ils requièrent tous deux une main-duvre hautement spécialisée, car pour de nombreux processus, les possibilités dautomatisation restent limitées (notamment dans le domaine de la réparation navale). Tant la réparation que la construction demandent une planification, une conception technique et une communication entre services qui soient toutes dexcellente qualité. Si, à de nombreux égards, la réparation navale sapparente à la construction navale, celle-ci exige toutefois une organisation plus poussée en raison de limportance de la main-duvre engagée et de la charge de travail, du nombre de pièces et de la complexité des communications (plans dexécution et programmes de production, notamment) qui caractérisent lensemble des opérations.
La construction et la réparation navales font partie des industries les plus dangereuses. En effet, le travail doit être exécuté la plupart du temps dans des situations très exposées, dans des espaces confinés ou à des hauteurs considérables. Une part importante des travaux manuels seffectue avec un équipement et du matériel lourds. Les différentes tâches sont tellement imbriquées et sont exécutées dans une telle promiscuité quune opération ou un processus qui dérape peuvent mettre en danger les travailleurs impliqués dans une autre opération ou un autre processus. Par ailleurs, une grande partie du travail est réalisée en extérieur et des conditions climatiques extrêmes peuvent induire une situation dangereuse ou aggraver des conditions de travail déjà dangereuses. Lutilisation de produits chimiques, de peintures et de solvants, en particulier, peut présenter des risques considérables pour les travailleurs.
Les risques chimiques comprennent:
Les risques physiques comprennent:
Bien que la construction et la réparation navales soient une industrie très dangereuse, les dangers pour le personnel peuvent et doivent être minimisés. Cela exige essentiellement la mise en place dun programme solide de sécurité et de santé fondé sur une coopération étroite entre la direction, les syndicats et les travailleurs.
Une fois les risques identifiés, il existe de nombreuses méthodes susceptibles de les éliminer ou de les réduire. Ces méthodes peuvent grossièrement être regroupées en plusieurs stratégies.
Les mesures de prévention technique sont mises en uvre pour exclure ou atténuer les risques à la source. Elles devraient avoir un caractère prioritaire, car elles sont dune grande fiabilité:
On peut également avoir recours à des mesures administratives pour limiter lexposition du personnel placé en situation potentiellement dangereuse. On peut, par exemple, prévoir une rotation du personnel des postes à risque à des postes moins dangereux, ou encore limiter la durée du travail en cas dexpositions particulièrement dangereuses.
Dans le premier cas, la méthode présente des inconvénients, car les travailleurs doivent tous passer un certain temps aux postes à risque, ce qui double le nombre des travailleurs exposés.
Protection individuelle. La main-duvre des chantiers navals doit faire un large usage des divers équipements de protection individuelle. En effet, la nature des opérations se prête mal aux moyens de prévention technique traditionnels. Un navire est constitué dune foule despaces très confinés et difficiles daccès. Un sous-marin possède de une à trois écoutilles de 75 cm de diamètre à travers lesquelles doivent passer les travailleurs chargés de son entretien et le matériel indispensable. Il est difficile dy introduire des conduits de ventilation dun calibre suffisant et en nombre suffisant. De même, sur les gros navires, le travail saccomplit en profondeur à lintérieur du bâtiment et, bien quune ventilation modérée puisse être insufflée jusquaux divers postes de travail, ses effets restent limités. De plus, les ventilateurs sont placés généralement à lextérieur, habituellement sur un pont principal, et ont une puissance relativement faible.
La construction et la réparation navales ne seffectuent pas sur une chaîne de montage, mais sur des lieux de travail séparés et mobiles, de sorte que les moyens techniques fixes sont difficilement praticables. Un navire peut nêtre en réparation que pour quelques jours, et, là encore, la portée des mesures techniques ne peut être que limitée. Dans ces conditions, les équipements de protection individuelle sont appelés à jouer un rôle majeur.
Voici les principales applications de léquipement de protection individuelle dans les chantiers navals:
Soudage, découpage et meulage. Les opérations essentielles de la construction et de la réparation navales sont le découpage, la mise en forme et lassemblage des pièces dacier et dautres métaux. Elles donnent naissance à des fumées et à des particules de métal et dautres matières. Bien quune ventilation puisse parfois être mise en place, les soudeurs doivent le plus souvent porter des appareils de protection respiratoire pour se protéger des particules et des fumées générées par le soudage. Ils doivent aussi être équipés dune protection oculaire efficace contre les rayonnements ultraviolet et infrarouge et les projections déclats. Ces protections seront complétées par des gants et des combinaisons de travail à manches longues destinés à faire obstacle aux étincelles et aux particules de métal en fusion.
Décapage au jet dabrasifs et mise en peinture. Avant de recevoir leur couche de fond, les pièces doivent être décapées au moyen dun jet puissant formé dabrasifs de calibre approprié afin dassurer une bonne adhérence.
Le décapage des pièces de petites dimensions peut seffectuer en vase clos (boîte à gants, par exemple). Les pièces plus grosses sont décapées à la main. Les opérations peuvent avoir lieu soit à lair libre, soit dans de grandes cabines conçues à cet effet, soit encore à lintérieur même des navires ou des sections de navires. Dans tous les cas, le personnel chargé de ce travail doit utiliser une protection intégrale, y compris une protection de louïe et un appareil respiratoire à adduction dair frais. Il doit être alimenté en air respirable sous un débit suffisant.
Dans certains pays, lutilisation de silice cristalline a été interdite dans les travaux de décapage. En tout état de cause, son emploi est fortement déconseillé. Si lon se sert malgré tout de matériaux contenant de la silice, il faut adopter des mesures de protection rigoureuses.
Après décapage, les pièces doivent être peintes rapidement afin dempêcher la formation de «fleur de rouille» à la surface. Bien que le mercure, larsenic et dautres métaux très toxiques nentrent plus dans la composition des peintures, celles utilisées dans les chantiers navals contiennent généralement des solvants ainsi que des pigments comme le zinc. Plusieurs peintures sont du type époxy. Les peintres se servant de tels produits doivent être protégés et porter des combinaisons intégrales, des gants, des chaussures spéciales, une protection oculaire ainsi quun appareil respiratoire à adduction dair comprimé. Parfois, les opérations de peinture doivent seffectuer dans des espaces confinés ou clos. Dans ces cas, il faut utiliser un appareil respiratoire à adduction dair frais et une protection intégrale. Il faut également prendre des mesures spéciales, adaptées aux espaces confinés, et prévoir des autorisations de travail.
Chutes dobjets. En raison du nombre important de grues et de la masse de travail effectué en hauteur, le port du casque est généralement exigé dans tout le périmètre dun chantier naval.
Pose de matériaux isolants. Les canalisations et certains organes doivent être isolés afin de stabiliser leur température et de réduire la chaleur à lintérieur du navire; dans certains cas, une isolation est également nécessaire pour atténuer le bruit. En réparation navale, lisolation en place doit être enlevée pour permettre daccéder aux tuyauteries et conduits visés; dans ces cas-là, on peut encore se trouver en présence damiante. En construction navale, en revanche, on utilise le plus souvent la fibre de verre ou des fibres minérales. Dans un cas comme dans lautre, une protection respiratoire appropriée et une protection intégrale simposent.
Sources de bruit. Chacun sait combien le travail en chantier naval est bruyant. La plupart des opérations portent sur des pièces de métal et saccompagnent de niveaux sonores dépassant les limites admissibles. Etant donné que toutes les nuisances sonores ne peuvent être contenues en deçà de ces limites par des moyens de prévention technique, une protection individuelle appropriée est indispensable.
Protection des pieds. Les chantiers navals comportent un certain nombre dopérations qui présentent des risques daccidents aux pieds. Etant donné quil est difficile et peu pratique de séparer le chantier en deux zones, celles qui sont à risque pour les pieds des autres, on exige habituellement le port de bottes ou de chaussures de sécurité dans toute laire de travail dun chantier naval.
Protection oculaire. Il existe de nombreuses sources de risques de lésions oculaires dans les chantiers navals: rayonnement ultraviolet et infrarouge (soudage et oxycoupage), poussières et éclats produits lors de la mise en forme du métal ou du décapage, bains de décapage, substances caustiques, peinture au pistolet, etc. Eu égard à la nature omniprésente de ces dangers, le port de lunettes de sécurité est fréquemment exigé sur lensemble des aires de travail dun chantier naval par souci de simplification pratique et administrative. A chaque tâche particulière correspond évidemment une protection oculaire appropriée.
Plomb. Pendant des années, les couches primaires et les enduits à base de plomb ont été très largement employés en construction navale. Bien que leur usage soit plutôt rare à lheure actuelle, une quantité importante de plomb élémentaire est présente sur les chantiers qui construisent des navires à propulsion nucléaire où ce métal lourd est utilisé comme matériau de protection contre les rayonnements ionisants. Par ailleurs, les travaux de réparation navale comportent fréquemment lélimination de couches de peinture anciennes qui contiennent souvent du plomb. Il convient de remarquer à cet égard que toute opération de réparation navale exige une bonne connaissance des matériaux utilisés antérieurement et des précautions quils appellent. Ainsi, tout travail présentant un risque dintoxication par le plomb requiert une protection individuelle intégrale comprenant combinaison, gants, casque, chaussures à semelles isolantes et protection respiratoire appropriée.
A certains égards, les bateaux peuvent être considérés comme des navires de faible tonnage dans la mesure où les procédés utilisés pour leur construction et leur réparation sont très semblables à ceux utilisés pour les navires, mais à plus petite échelle. En général, les coques des bateaux sont en acier, en bois ou en matériaux composites. Les composites comprennent généralement des matériaux tels que les métaux renforcés par des fibres, le ciment renforcé par des fibres, le béton armé, les plastiques renforcés par des fibres et les plastiques verre-résine (Glass-reinforced Plastics GRP). Les plastiques renforcés sappellent aussi plastiques armés. La mise au point, au début des années cinquante, de techniques de fabrication alliant la mise en place manuelle de strates de matériaux traditionnels et de résines polyester thermodurcissables renforcées par du verre a conduit à une extension très rapide de ce mode de construction, passé de 4% dans les années cinquante à plus de 80% dans les années quatre-vingt et même davantage à lheure actuelle.
Sur les bateaux de plus de 40 m de long, le remplacement du bois par de lacier est la principale alternative à lutilisation de plastiques armés. En deçà dune longueur de 20 m, une coque en acier nest généralement pas rentable. Les petits bateaux en acier tendent également à être trop lourds en raison de la nécessité de prévoir une surépaisseur à titre de protection anticorrosion. Cependant, pour des bateaux de plus de 40 m, le coût plus faible dune construction soudée en acier constitue normalement un avantage considérable. Il semble peu probable que les plastiques renforcés soient plus avantageux que les structures en acier quand il sagit de construire des bateaux de plus de 40 m de long. Toutefois, des circonstances particulières (par exemple, le transport de cargaisons en vrac de matières congelées ou de produits corrosifs, qui requiert une coque non magnétique, ou la nécessité dalléger au maximum le navire pour des raisons de performance) pourront exiger la mise en uvre dautres matériaux pour la construction de la coque.
Les plastiques renforcés trouvent actuellement de très nombreuses utilisations dans la construction des hors-bord, des yachts de haute mer, des caboteurs, des navires de servitude, des bateaux-pilotes, des chaloupes transportant des passagers et des bateaux de pêche. Leur succès auprès des bateaux de pêche, pour lesquels le bois était le matériau traditionnel, est imputable aux facteurs ci-après:
La méthode de fabrication la plus répandue pour les bordés, les ponts et les cloisons des petites et grandes coques en plastiques renforcés recourt à des stratifiés monolithiques renforcés si nécessaire par des raidisseurs. Diverses méthodes de fabrication sont employées dans la construction des coques monolithiques ou sandwich.
Moulage par coulée . Ce procédé est le plus utilisé pour les coques monolithiques en plastiques armés de toutes dimensions. Il consiste à verser la matière à létat liquide dans un moule ouvert ou femelle et à la solidifier par laction dun agent de durcissement ou de la chaleur, sans pression.
La préparation du moule constitue la première étape du processus. Pour les coques de taille petite ou moyenne, les moules sont habituellement fabriqués en plastiques renforcés, auquel cas un moule mâle, généralement en bois avec finitions en plastique renforcé, est dabord assemblé. Sa surface externe définit avec précision la forme de la coque. La préparation du moule se termine généralement par un polissage à la cire et par lapplication dune couche dalcool polyvinylique ou dun agent de durcissement équivalent. La lamification ou stratification débute habituellement par lapplication dun enduit gélifié (gel coat) fait dune résine de bonne qualité. La stratification se poursuit, avant le durcissement complet de cet enduit, par lun des procédés suivants:
Par le procédé de moulage par coulée, on peut réaliser des renforcements très lourds (un grammage de 4 000 g/m2 a été utilisé avec succès, bien que 1 500 2 000 g/m2 aient été préférés pour une production à grande échelle) en alliant une cadence de stratification rapide à de faibles coûts de main-duvre. Un procédé similaire peut être appliqué pour la construction rapide de ponts plats ou presque plats et de panneaux de cloisonnement. Il faut compter 10 semaines par coque pour lexécution en petite série de certaines coques de 49 m, en incluant linstallation des ponts et cloisons.
Moulage par compression. Le moulage par compression consiste à charger la matière dans un moule ouvert et chauffé, puis à ly comprimer. Il permet daugmenter la teneur en fibres et de réduire les vides en évacuant par pression la résine excédentaire et les soufflures.
Moulage au sac sous vide. Ce procédé, qui peut être considéré comme un perfectionnement du moulage par coulée, consiste à placer sur le moule rigide une membrane flexible, séparée du stratifié non durci par une couche dalcool polyvinylique, de polyéthylène ou dun matériau équivalent, et à sceller les bords en faisant le vide sous la membrane jusquà ce que le stratifié soit soumis à une pression ne dépassant pas 1 bar. Le durcissement peut être accéléré en plaçant le composant ensaché dans une étuve ou en utilisant un moule chauffé.
Moulage en autoclave. En réalisant le moulage au sac dans un autoclave (avec des pressions de lordre de 5 à 15 bars et à une température élevée), on peut obtenir des teneurs en fibres plus élevées et, partant, des propriétés mécaniques meilleures.
Moulage en deux parties. La matière à mouler non durcie, qui dans le cas dune structure daussi grande taille quune coque de bateau est constituée probablement dun prémix (mélange de résine, de renforcements et de charges) est comprimée entre deux moules appariés, mâle et femelle, habituellement métalliques et chauffés si nécessaire. En raison du coût initial élevé des moules, ce procédé nest avantageux que pour de grandes séries.
Enroulement filamentaire. Dans ce procédé, le produit en plastique renforcé sobtient par lenroulement dun fil de base continu (stratifil) et dun matériau de renforcement revêtu de résine sur un mandrin ou un moule sous tension contrôlée et selon une disposition déterminée.
Construction sandwich. Les coques, ponts et cloisons en sandwich peuvent être fabriqués par la méthode de moulage par coulée en utilisant des résines polyester durcissant à la température ambiante, à peu près de la même façon que les structures monolithiques. Une peau externe en plastique armé est dabord déposée sur le moule femelle. Des bandes faites de la matière composant lâme sont ensuite placées sur une couche de résine polyester ou époxy. La fabrication sachève par la mise en place dune peau interne en plastique renforcé.
Résines polyester et époxy. Les résines polyester non saturées sont de loin les matrices les plus couramment utilisées pour les stratifiés marins. Cela tient à leur coût modéré, leur facilité de mise en uvre par différents procédés de fabrication (stratification manuelle ou projection) et leur comportement en milieu marin. Trois principaux types de ces résines sont utilisés en construction navale:
Une bonne partie des risques chimiques, physiques et biologiques rencontrés dans la construction des bateaux sont identiques à ceux que lon trouve dans la construction des navires. Toutefois, lexposition aux vapeurs de solvants et aux poussières époxy représente un souci majeur. Une exposition non contrôlée à ces agents peut entraîner des troubles du système nerveux central, des atteintes hépatique et rénale ou des réactions de sensibilisation. Les mesures de prévention à mettre en place sont, pour lessentiel, les mêmes que celles décrites plus haut dans la section consacrée à la construction et à la réparation des navires, quil sagisse de moyens de prévention technique, de mesures administratives ou de protection individuelle.
Les réglementations relatives aux émissions dans lair, au déversement dans les eaux et aux déchets ont pour objectif premier de protéger la santé publique et dassurer le bien-être général de la population. Dune façon générale, on entend par «population» lensemble des individus qui vivent ou travaillent dans la zone où se trouve le chantier considéré. Cependant, les vents peuvent transporter des polluants de lair dune zone à une autre au-delà même des frontières nationales; les déversements dans les eaux peuvent également voyager dans les eaux territoriales ou extraterritoriales; et les déchets peuvent être acheminés par navire à travers le pays ou de par le monde.
Les chantiers navals réalisent un grand nombre dopérations au cours du processus de construction ou de réparation des navires et des bateaux. Nombreuses sont celles qui émettent des polluants pour leau et pour lair dont on connaît ou dont on suspecte les effets néfastes sur les êtres humains et qui se manifestent par des atteintes physiologiques ou métaboliques directes, telles que le cancer ou le saturnisme. Les polluants peuvent aussi agir indirectement en tant que mutagènes (qui affectent les générations futures en détériorant la biochimie de la reproduction) ou en tant que tératogènes (qui atteignent le ftus après la conception).
Les polluants de lair et de leau sont tous deux susceptibles davoir des effets secondaires sur les humains. Les polluants de lair peuvent retomber dans leau, affecter la qualité des eaux réceptrices ou les cultures, avec toutes les conséquences que cela peut avoir pour le consommateur. Les polluants déversés directement dans les eaux peuvent dégrader la qualité de leau au point que lon ne puisse la boire ou y nager sans risque pour la santé. La pollution de leau, du sol et de lair par le déversement de polluants peut aussi contaminer la faune marine et, finalement, affecter la santé des humains.
Pratiquement toutes les opérations relatives à la construction, à lentretien et à la réparation des navires et des bateaux peuvent produire des émissions dans lair. Parmi les polluants de lair qui font lobjet dune réglementation dans de nombreux pays, on peut citer les oxydes de soufre, les oxydes dazote, le monoxyde de carbone, diverses particules (fumée, suie, poussière, etc.), le plomb et les composés organiques volatils. Les activités de construction et de réparation navales responsables des polluants à base doxydes sont notamment les sources de combustion telles que les chaudières et les sources de chaleur pour le traitement du métal, les générateurs et les foyers. Les particules proviennent de la fumée de combustion, ainsi que de la poussière produite lors des travaux sur bois, le décapage par sablage ou grenaillage, le meulage et le polissage.
Dans certains cas, des lingots de plomb doivent être partiellement fondus avant dêtre remodelés pour la protection contre les rayonnements sur les navires à propulsion nucléaire. Les peintures décapées des navires en réfection ou en réparation peuvent aussi contenir des poussières de plomb.
Les polluants de lair dangereux sont les composés chimiques reconnus comme étant nocifs pour les humains ou suspectés de lêtre. Ils sont produits à loccasion de nombreuses opérations effectuées dans les chantiers navals, telles que la fonderie ou les opérations de galvanoplastie, qui peuvent dégager des émanations de chrome et dautres composés métalliques.
Certains composés organiques volatils, tels que le naphte et lalcool, utilisés comme solvants pour peintures, comme diluants et nettoyants, ou qui entrent dans la composition de nombreux adhésifs et colles ne sont pas dangereux. En revanche, dautres solvants employés principalement dans les opérations de peinture, tels que le xylène et le toluène, ainsi que certains composés chlorurés employés le plus souvent comme solvants et nettoyants, notamment le trichloroéthylène, le chlorure de méthylène et le 1,1,1-trichloroéthane, sont de dangereux polluants de lair.
Les navires et les bateaux étant construits sur des voies navigables, les chantiers navals sont tenus de se conformer aux critères de qualité des eaux précisés dans les permis exigés par la réglementation pour toutes les eaux usées industrielles qui se déversent dans les eaux avoisinantes. Ainsi, la plupart des chantiers navals américains appliquent un programme appelé «Best Management Practices» (Pratiques de bonne gestion), qui est considéré comme lun des meilleurs documents de référence en ce qui concerne les techniques que doivent appliquer les chantiers navals pour satisfaire aux conditions requises par les permis de délestage. Une autre technique de contrôle utilisée dans les chantiers navals pourvus de cales sèches est le système de barrage et de chicane : le barrage empêche les solides darriver au puisard et dêtre ensuite rejetés dans les eaux avoisinantes, et le système de chicane empêche lhuile et les débris flottants darriver jusquau puisard.
La surveillance des eaux dorage est une autre obligation qui a été ajoutée à de nombreux permis de chantier. Les installations doivent être dotées dun plan de prévention contre la pollution des eaux dorage mettant en uvre différentes techniques de contrôle pour empêcher les polluants daller dans les eaux avoisinantes chaque fois quil pleut.
Beaucoup de chantiers navals délestent aussi une partie de leurs eaux industrielles usées dans les égouts. Ils sont alors tenus de se conformer aux critères de qualité de leau quimposent les réglementations locales en matière dévacuation des eaux usées. Certains chantiers navals choisissent de construire leurs propres usines de traitement préliminaire des eaux usées répondant aux critères locaux de qualité de leau. Il en existe deux types; lun est surtout destiné à éliminer les métaux toxiques, lautre, essentiellement les dérivés de pétrole.
Chaque étape du processus de la construction navale produit ses propres types de déchets qui doivent être éliminés conformément aux réglementations. Le découpage et la mise en forme de lacier génèrent des déchets tels que de la mitraille produite au cours du découpage et de la mise en forme des tôles dacier, de la peinture et des solvants au cours du revêtement de lacier, et de labrasif usagé résultant de lélimination de loxydation ou des revêtements superflus. La mitraille ne présente aucun risque intrinsèque pour lenvironnement et elle peut être recyclée. En revanche, les déchets de peinture et de solvants sont inflammables et labrasif usagé peut être toxique selon les caractéristiques du revêtement abrasé.
Pendant la fabrication des modules dacier, on y ajoute toute la tuyauterie. La préparation de la tuyauterie pour les modules génère des déchets tels que des eaux usées acides et caustiques provenant des opérations de nettoyage des tuyaux. Ces eaux usées requièrent un traitement particulier pour les débarrasser de leurs propriétés corrosives et pour en éliminer les polluants tels que lhuile et les impuretés.
Les éléments qui composent les circuits électriques, la machinerie, la tuyauterie et la ventilation pour larmement du navire sont préparés en même temps que la fabrication de lacier. Cette phase de préparation de larmement engendre, elle aussi, des déchets tels que les lubrifiants et les produits de refroidissement utilisés lors du découpage du métal, des substances de dégraissage et des eaux usées de galvanoplastie. Tous ces produits doivent être traités pour en éliminer les impuretés et les huiles avant dêtre déversés. Les eaux usées de galvanoplastie sont toxiques et peuvent contenir des composés de cyanure qui demandent un traitement spécial.
Les navires nécessitant des réparations doivent généralement décharger les déchets accumulés au cours de leur croisière. Les eaux de cale usées doivent être traitées pour en éliminer lhuile. Les eaux usées sanitaires doivent être déversées dans un système dévacuation spécial pour traitement biologique. Même les ordures et autres déchets peuvent aussi faire lobjet dun traitement particulier pour respecter les règlements destinés à empêcher lintroduction de plantes et danimaux étrangers.