Quand Wilbur et Orville Wright réussissent pour la première fois à faire décoller un avion en 1903, la construction aéronautique est encore une activité réservée aux expérimentateurs et aux aventuriers. La contribution limitée, mais spectaculaire, de laviation militaire pendant la première guerre mondiale, a facilité le passage de laéronautique du stade artisanal à celui de la production en série. Les avions de deuxième génération ont permis aux exploitants de laprès-guerre dentrer dans le domaine commercial, notamment la poste aérienne et le cargo express. Ils nétaient pas pressurisés, étaient mal chauffés et incapables de voler au-dessus des nuages. Malgré ces inconvénients, le transport de passagers sest accru de 600% entre 1936 et 1941, mais cétait encore un luxe réservé à une minorité. Pendant la seconde guerre mondiale, les progrès technologiques considérables et lutilisation massive de la force aérienne ont favorisé le développement fulgurant des industries aérospatiales qui avaient survécu à la guerre aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Union soviétique. Depuis, les missiles tactiques et stratégiques, les satellites de reconnaissance et de navigation et les aéronefs pilotés ont pris une importance toujours croissante dans le secteur militaire. Les télécommunications, lobservation de la terre et la météorologie par satellite sont aussi de plus en plus importants dans le secteur civil. Lintroduction, à la fin des années cinquante, du turboréacteur dans laviation civile a rendu le transport aérien plus rapide et plus confortable et a été le point de départ dune expansion remarquable. En 1993, le trafic aérien mondial était de 2 000 milliards de passagers-kilomètre par an et, selon les prévisions, ce chiffre devrait presque tripler dici à 2013.
Lemploi dans les industries aérospatiales est fortement cyclique. En 1989, lUnion européenne, lAmérique du Nord et le Japon totalisaient 1 770 000 emplois directs dans ce secteur, mais en 1995, ce chiffre était tombé à 1 300 000, la majeure partie des pertes ayant eu lieu principalement aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Limportante industrie aéronautique de la Communauté dEtats indépendants a été sévèrement touchée par la désintégration de lUnion soviétique. LInde et la Chine, par contre, ont une capacité de production encore limitée, mais qui augmente rapidement. La construction de missiles intercontinentaux et de bombardiers à long rayon daction a été en grande partie limitée aux Etats-Unis et à lex-Union soviétique, la France ayant, de son côté, développé laérospatiale à vocation commerciale. Les missiles stratégiques à courte portée, les missiles et bombardiers tactiques, les fusées civiles et les avions de chasse sont produits à plus grande échelle. Les avions de ligne de grande capacité (100 places ou plus) sont fabriqués directement par des constructeurs des Etats-Unis et dEurope ou en coopération avec eux. La construction des avions de transport régional (moins de 100 places) et des avions daffaires est géographiquement plus dispersée. Enfin, celle davions de tourisme, basée principalement aux Etats-Unis, est tombée de près de 18 000 unités en 1978 à moins de 1 000 en 1992, avant de connaître un nouvel essor.
Lemploi se répartit de façon à peu près égale entre la production de matériel militaire, civil, spatial et déquipements associés. Dans les entreprises, les services techniques, ladministration et la production représentent chacun environ un tiers de la main-duvre employée. Les hommes représentent quelque 80% du personnel détude et de production, de même que limmense majorité des employés à haut niveau de qualification, techniciens ou directeurs de production est de sexe masculin.
Les pratiques et les besoins très différents des gouvernements et des utilisateurs civils ont conduit à une segmentation de lindustrie aérospatiale. La cellule, les moteurs et lavionique (systèmes de navigation électronique, de communication et de commandes de vol) sont généralement produits par des sociétés différentes. Les moteurs et lavionique peuvent représenter chacun jusquà 25% du coût total dun avion de ligne. La construction aéronautique englobe la conception, la fabrication, lassemblage, linspection et les essais dun grand nombre de composants. Les constructeurs ont créé des réseaux interconnectés de sous-traitants et de fournisseurs pour répondre aux besoins de la production. Les exigences économiques, technologiques, politiques ainsi que celles liées à la commercialisation conduisent à une mondialisation croissante de la production de composants et de sous-ensembles.
A lorigine, la cellule était en bois et en toile, avant dêtre faite de composants métalliques. Les alliages daluminium sont souvent utilisés pour leur résistance et leur faible poids. On fait largement appel également à des alliages de béryllium, de titane et de magnésium, en particulier pour les avions à hautes performances. Les nouveaux matériaux composites (réseaux de fibres entrelacées) sont des substituts solides et durables des composants métalliques. Par rapport aux métaux actuellement utilisés, ils ont une résistance générale égale ou supérieure, un poids réduit et une résistance accrue à la chaleur. De plus, dans le domaine de laviation militaire, ils permettent de réduire considérablement la signature radar de lappareil. Les résines époxy sont les composites les plus utilisés dans laéronautique (elles représentent environ 65% de ces matériaux). On recourt aux résines polyimides lorsquune grande résistance à la chaleur est requise. Dautres résines sont également employées, telles que les résines phénoliques, les polyesters et les silicones. Les amines aliphatiques servent souvent dagents de séchage, le graphite, le Kevlar et la fibre de verre, de fibres de support. Des stabilisateurs, catalyseurs, accélérateurs, antioxydants et plastifiants sont utilisés comme additifs lorsquon veut obtenir une consistance déterminée. Dautres résines comprennent des polyesters saturés et insaturés, des polyuréthanes et du vinyle, de lacrylique et des polymères à base durée et de fluor.
Les apprêts, laques et vernis protègent les surfaces soumises à des températures extrêmes et à la corrosion. La peinture dapprêt la plus répandue est composée de résines synthétiques pigmentées au chromate de zinc. Elle sèche très rapidement, améliore ladhérence des couches supérieures et empêche la corrosion de laluminium, de lacier et de leurs alliages. Les laques et vernis sont appliqués sur les surfaces apprêtées, aux fins de protection et de finition. Les vernis se composent dhuiles siccatives, de résines naturelles et synthétiques, de pigments et de solvants. Selon leur utilisation, les laques contiennent des résines, des plastifiants, des esters cellulosiques, du chromate de zinc, des pigments et des diluants. Les composés caoutchoutés sont dusage courant dans les peintures, les revêtements de protection et ceux des réservoirs dessence, les lubrifiants et les produits de protection, les nacelles-moteurs, les tuyaux souples et les joints détanchéité. Les huiles minérales et synthétiques permettent de refroidir et de lubrifier les moteurs, les systèmes hydrauliques et les machines-outils. Lessence aviation et le carburéacteur sont des dérivés dhydrocarbures. Lindustrie aérospatiale utilise également des carburants liquides et solides à haute énergie, aux propriétés physiques et chimiques instables, tels que loxygène liquide, lhydrazine, les peroxydes et le fluor.
De nombreux matériaux entrent en jeu dans le processus de fabrication sans figurer dans le produit final. Les constructeurs peuvent avoir agréé des dizaines de milliers de produits, mais nen utiliser quun nombre beaucoup plus petit. Dimportantes quantités de solvants très divers sont employées, dont les variantes nuisibles pour lenvironnement, comme la méthyléthylcétone et le fréon, sont remplacées par dautres qui le sont moins. Les alliages dacier contenant du chrome ou du nickel sont employés dans loutillage tandis que, pour les outils de coupe, on fait appel à des métaux durs contenant des carbures de cobalt et de tungstène. Le plomb, qui entrait auparavant dans le processus dusinage, est désormais très peu employé, ayant été remplacé par le kirksite.
Au total, lindustrie aérospatiale utilise plus de 5 000 produits chimiques et mélanges de composés chimiques, la plupart fabriqués par plusieurs fournisseurs, et beaucoup de composés qui contiennent entre 5 et 10 ingrédients. La composition exacte de certains produits est protégée par des brevets ou tenue secrète pour des raisons commerciales, ce qui ajoute encore à la complexité de cet ensemble hétérogène.
La fabrication de cellules davion seffectue généralement dans des usines intégrées de grande dimension. Les plus récentes dentre elles sont équipées de systèmes de ventilation à haut débit et dair climatisé. Des systèmes de ventilation locaux peuvent être ajoutés pour des fonctions particulières. Le traitement chimique et la peinture des éléments dun gabarit important sont désormais effectués dans des cabines automatisées à atmosphère contrôlée. Les équipements plus anciens assurent en général une moins bonne maîtrise des risques environnementaux.
Une équipe dingénieurs hautement qualifiés développe et améliore les caractéristiques structurelles de lavion ou du véhicule spatial. Dautres ingénieurs soccupent de la résistance et de la durée de vie des matériaux et de la mise au point des procédés de fabrication. Les ordinateurs sont à présent chargés dune grande partie des travaux de calcul et de dessin, précédemment effectués par des ingénieurs, des dessinateurs et des techniciens. Des systèmes informatiques intégrés sont désormais utilisés pour concevoir laéronef, sans faire appel aux plans ou aux maquettes.
La fabrication commence par la réalisation de pièces à partir des matériaux bruts. Elle comprend la production des outils et des gabarits, lusinage des métaux, le travail des matières plastiques et des composites et les activités annexes. Les outils sont notamment des gabarits et des surfaces de travail utilisés pour la construction de pièces en métal ou en matériaux composites. Les gabarits servent de guides pour la coupe, le perçage et lassemblage. Les sous-ensembles du fuselage, les panneaux de porte et les revêtements des ailes et de la queue (surfaces externes) sont généralement formés à partir de feuilles daluminium profilées et découpées avec précision avant dêtre soumises à des traitements chimiques. Les opérations dusinage sont souvent commandées par ordinateur. Dénormes fraiseuses montées sur rail effectuent lusinage des longerons daile, à partir de pièces forgées en aluminium. Les pièces de petite dimension sont découpées et formées sur des fraiseuses, des tours et des rectifieuses. Les conduites rigides sont réalisées à partir de métaux en feuille ou de composites. Les composants intérieurs de laéronef, en particulier les planchers, sont généralement réalisés en composites ou en stratifiés en couches minces sur une structure en nid dabeille. Les matériaux composites sont déposés en couches successives, soigneusement disposées et mises en forme soit à la main, soit à la machine, puis chauffés dans un four ou un autoclave.
Lassemblage commence par le montage des composants en sous-ensembles. Les principaux sous-ensembles sont les ailes, lempennage, les sections du fuselage, le train datterrissage, les portes et les composants intérieurs. Lassemblage de la voilure est particulièrement délicat; un grand nombre de trous doivent être percés avec précision dans les revêtements, pour les rivets qui seront insérés plus tard. Une fois achevée, laile est nettoyée et traitée pour assurer létanchéité du réservoir de carburant. Lassemblage final seffectue dans dimmenses halls, dont certains comptent parmi les locaux industriels les plus vastes au monde. La chaîne dassemblage comporte plusieurs postes, sur lesquels la cellule est immobilisée de quelques jours à plus dune semaine, pour procéder à des opérations prédéterminées. A chaque poste, plusieurs opérations dassemblage sont effectuées simultanément, doù un risque dexposition à des combinaisons de produits chimiques. Les pièces et sous-ensembles sont amenés au poste correspondant au moyen de chariots, de systèmes de transport spécifiques et de grues à pont roulant. La cellule est déplacée dun poste à lautre par grue à pont roulant, jusquà la phase de montage du train datterrissage. Tous les déplacements ultérieurs de lavion en construction sont effectués par tractage.
Au cours de lassemblage final, les sections du fuselage sont rivetées les unes aux autres autour dune ossature de support. Les poutres de plancher et les lisses sont posées, et lintérieur est recouvert dun enduit anticorrosion. Les sections avant et arrière du fuselage sont raccordées au caisson central (section servant de réservoir central et constituant une partie vitale de la structure de lavion). Lintérieur du fuselage est revêtu de panneaux disolation en fibres de verre. Les câbles électriques et les conduits dair sont posés. Les surfaces intérieures sont recouvertes de panneaux de finition. Les casiers à bagages dans lesquels sont intégrés les éclairages individuels et les masques à oxygène destinés aux passagers sont alors installés. Les sièges, les cuisines et les toilettes préassemblés sont transportés à la main et fixés au plancher, ce qui permet de configurer rapidement la cabine conformément aux besoins du client. On installe ensuite les groupes motopropulseurs, le train datterrissage et lavionique. Le fonctionnement de tous les éléments est rigoureusement contrôlé avant le remorquage vers une station de peinture séparée, où une couche dapprêt est appliquée (en principe à base de chromate de zinc), suivie dune couche de peinture décorative à base duréthane ou dépoxy. Enfin, avant la livraison, lavion est soumis à une série intensive dessais au sol et en vol.
Aux personnels employés dans les processus de conception et de construction sajoutent ceux qui sont chargés de la planification, de linspection et du suivi ainsi que de la gestion des pièces et de loutillage. Les techniciens assurent la maintenance des machines-outils et laffûtage des outils de coupe. La maintenance du site de production, les services de gardiennage et la conduite des véhicules de piste requièrent également un personnel important.
Les systèmes de gestion de la sécurité mis en uvre dans lindustrie aéronautique reflètent lévolution de cette discipline au sein des branches dactivité traditionnelles. Au début, les programmes de sécurité et de santé étaient fortement hiérarchisés et placés sous la responsabilité des cadres dirigeants des entreprises, conformément au système de gestion traditionnel. Les grandes entreprises aérospatiales employaient un personnel de professionnels de la sécurité et de la santé (spécialistes de lhygiène industrielle, biophysiciens, ingénieurs, infirmiers et infirmières, médecins et techniciens) qui travaillait en collaboration avec la direction de la production pour réduire ou éliminer les risques constatés dans le processus de fabrication. Cette approche de la sécurité, dans laquelle un directeur responsable de la gestion des risques au jour le jour est secondé par un groupe restreint de professionnels de la sécurité et de la santé, correspondait au premier modèle mis en place depuis les débuts de lindustrie. Lintroduction de réglementations précises aux Etats-Unis, au début des années soixante-dix, a renforcé le rôle des professionnels de la sécurité et de la santé, non seulement au stade de lélaboration des programmes, mais aussi lors de leur mise en uvre et de leur évaluation. Cette évolution a été le résultat de la technicité des normes, qui nétaient pas bien comprises et étaient donc mal appliquées aux processus de production. Cest pourquoi de nombreux systèmes de gestion de la sécurité ont été réorientés vers la notion de conformité plutôt que vers la prévention des accidents et des maladies. Les anciens programmes intégrés de contrôle de la sécurité ont perdu en efficacité lorsque la complexité des réglementations a obligé à donner un pouvoir accru au personnel chargé de la sécurité et de la santé pour tous les aspects des programmes de sécurité, ce qui a entraîné une diminution de la responsabilité de la direction de la production.
Avec limportance croissante attribuée dans le monde entier au management total de la qualité, le rôle de léchelon productif est remis en valeur. Les constructeurs aéronautiques se tournent vers des programmes qui font de la sécurité une partie intégrante dun processus de production fiable. La conformité devient secondaire, dans la mesure où les industriels considèrent que, par le biais de la recherche dun processus fiable, la prévention des risques et des maladies deviendra lobjectif principal et quil sera satisfait aux réglementations par voie de conséquence. De façon générale, on trouve dans lindustrie quelques programmes traditionnels, dautres basés sur les procédures et lingénierie, et des applications nouvelles des programmes axés sur le comportement. Indépendamment du modèle retenu, ceux qui sont les plus aptes à prévenir les accidents et les maladies répondent à trois conditions essentielles: 1) un engagement manifeste de la direction et du personnel; 2) la formulation explicite dobjectifs ambitieux dans la prévention des accidents et des maladies; et 3) un système de responsabilisation et dencouragement, fondé à la fois sur les résultats (tels que les statistiques relatives aux accidents et aux maladies) et sur des indicateurs de méthodes (tels que le pourcentage dun comportement de sécurité) et sur dautres mesures de prévention active qui ont la même importance que les objectifs généraux de lentreprise. Tous ces systèmes permettent linstauration dune véritable culture de la sécurité, sur linspiration de la direction et avec la participation active du personnel, tant dans la conception des procédés que dans les efforts damélioration de ceux-ci.
Le processus de construction des cellules présente un grand nombre de risques potentiellement graves, surtout en raison de la taille importante et de la complexité des produits, ainsi que de la diversité et de la fréquence à laquelle évoluent les procédés de fabrication et dassemblage. Une exposition accidentelle ou mal contrôlée à ces risques peut occasionner immédiatement de sérieuses blessures. Le tableau 90.1 donne une vue récapitulative des risques dans cette branche dactivité.
Types de risque |
Exemples courants |
Effets possibles |
Physique |
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Chute d’objets |
Pistolets et outils à riveter, boulonnerie, outils à main |
Contusions, traumatismes crâniens |
Engins mobiles |
Camions, tracteurs, bicyclettes, chariots élévateurs à fourche, grues |
Contusions, fractures, lacérations |
Travail en hauteur |
Echelles, échafaudages, plates-formes surélevées, plans d’assemblage |
Nombreux traumatismes graves, décès |
Objets coupants |
Couteaux à tailler, mèches, broches, lames de scie |
Lacérations, plaies perforantes |
Machines en mouvement |
Tours, presses à découper, fraiseuses, cisailles à métaux |
Amputations, luxations, blessures par écrasement |
Fragments/déchets de fabrication |
Perçage, ponçage, sciage, alésage, meulage |
Corps étrangers dans l’il, abrasions cornéennes |
Matériaux brûlants |
Traitement des métaux à chaud, surfaces à souder, bains de rinçage |
Brûlures, tumeur chéloïdienne, dépigmentation |
Métal, scories et déchets brûlants |
Soudage, oxycoupage à la flamme, opérations de fonderie |
Brûlures cutanées, oculaires ou auriculaires graves |
Equipements électriques |
Outils à main, câbles électriques, lampes portatives, boîtiers de raccordement |
Contusions, foulures, brûlures, décès |
Fluides sous pression |
Systèmes hydrauliques, graissage sous pression et pistolets à peinture |
Traumatismes oculaires, lésions sous-cutanées graves |
Variations de pression atmosphérique |
Essais de pressurisation, autoclaves, chambres d’essais |
Lésions auriculaires, sinusales et pulmonaires, maladie des caissons |
Températures extrêmes |
Travail des métaux à chaud et à froid, fonderies |
Epuisement dû à la chaleur, gelures |
Bruit intense |
Rivetage, essais moteurs, perçage à grande vitesse, marteaux-pilons |
Déficit auditif momentané ou permanent |
Rayonnements ionisants |
Radiographie industrielle, accélérateurs, recherche sur les rayonnements |
Stérilité, cancer, mal des rayons, décès |
Rayonnements non ionisants |
Soudage, lasers, radars, fours à micro-ondes, travaux de recherche |
Brûlures cornéennes et rétiniennes, cataractes, cancer |
Surfaces de travail/ voies de circulation |
Epanchements de lubrifiants, outils, tuyaux et câbles mal rangés |
Contusions, lacérations, foulures, fractures |
Ergonomique |
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Travail dans des espaces confinés |
Réservoirs à essence, ailes |
Manque d’oxygène, peur du confinement, narcose, anxiété |
Efforts physiques intenses |
Levage, portage, chariots de piste, outils à main, atelier de câblage |
Fatigue excessive, troubles musculo-squelettiques, syndrome du canal carpien |
Vibrations |
Rivetage, ponçage |
Troubles musculo-squelettiques, syndrome du canal carpien |
Interface opérateur/ machine |
Montage, assemblage en position inconfortable |
Troubles musculo-squelettiques |
Mouvements répétés |
Entrée de données, conception assistée par ordinateur, dépose de couches de stratifiés |
Syndrome du canal carpien, troubles musculo-squelettiques |
Source: d’après Dunphy et George, 1983.
Un traumatisme direct peut résulter de la chute doutils à riveter ou dautres objets; les travailleurs peuvent aussi trébucher sur des surfaces irrégulières, glissantes ou encombrées; tomber du haut de passerelles, de grues, déchelles, de plates-formes surélevées, de bâtis de montage; entrer en contact avec du matériel électrique non mis à la terre, des objets métalliques portés à haute température, des solutions chimiques concentrées; toucher accidentellement des outils de coupe ou de perçage; se faire happer les cheveux, la main ou les vêtements dans une fraiseuse, un tour ou une presse; être blessés par des projections de copeaux, des particules volantes et des scories provenant des opérations de perçage, de meulage ou de soudage; et se faire des contusions et des entailles en heurtant des éléments de la cellule pendant le processus de fabrication.
La fréquence et la gravité des accidents ont été réduites avec la maturation des processus de sécurité dans lindustrie. Lévolution des accidents et des maladies liés aux risques ergonomiques témoigne dune prise de conscience dans tous les secteurs de lindustrie et des services.
Les constructeurs aéronautiques ont une longue expérience de la prise en compte du facteur humain dans le développement des principaux systèmes composant leurs produits. Le poste de pilotage a été lun des éléments les plus étudiés dans le cadre des travaux des ergonomes pour optimiser la sécurité du vol. Aujourdhui, le domaine en pleine expansion de lergonomie relative à la prévention des risques et des maladies est le prolongement des études réalisées à lorigine sur les facteurs humains. Lindustrie met en uvre une série de processus impliquant des efforts musculaires intenses, des postures inconfortables, des gestes répétés, des chocs mécaniques et des vibrations. Des facteurs daggravation sont le travail dans des espaces exigus tels que lintérieur des ailes ou des réservoirs de carburant. Pour résoudre ces problèmes, les industries aéronautiques emploient des ergonomes dans la conception des produits et des procédés et font appel à lergonomie participative, dans laquelle des équipes pluridisciplinaires, formées dopérateurs, dagents de maîtrise et de concepteurs spécialisés en outillage et en équipements de production coopèrent pour tenter de réduire les risques.
Lindustrie de la fabrication des cellules connaît des problèmes ergonomiques majeurs dans les ateliers de câblage, qui font usage dun certain nombre doutils pour dénuder et sertir les fils, lesquels nécessitent un effort non négligeable de la main. La plupart sont actuellement remplacés par des outils pneumatiques, suspendus avec un système déquilibrage lorsquils sont trop lourds. Des postes de travail ajustables en hauteur permettent au personnel des deux sexes de choisir entre la position assise ou la position debout. Le travail est organisé en équipes au sein desquelles chaque travailleur effectue des tâches différentes afin de réduire la fatigue dun groupe de muscles particulier. Dans les halls dassemblage de la voilure, qui sont aussi des zones où le travail est pénible, la protection par rembourrage non seulement de loutillage et des pièces mais aussi des travailleurs est nécessaire pour réduire les chocs mécaniques dans les espaces exigus. Sur la chaîne dassemblage des ailes également, des plates-formes réglables remplacent lusage des échelles doubles afin de réduire les risques de chute et de permettre aux ouvriers de travailler dans une position stable pour percer ou riveter. Les outils à riveter continuent dêtre une source de risques à la fois par vibrations et par efforts musculaires. Une solution a été apportée par lintroduction de riveteuses à faible recul ou électromagnétiques mais, en raison de certains aspects des performances de ces machines, ainsi que des limites pratiques de ces techniques pour des opérations de production particulières, elle nest pas universellement applicable.
Avec larrivée des matériaux composites, introduits pour des raisons de résistance et de légèreté, sont apparus des risques inconnus liés au travail manuel pour la dépose des couches ainsi que pour former, découper et travailler ces matériaux modernes. De nouveaux outils, adaptables à la taille de la main, et certains processus automatisés sont actuellement mis en service pour réduire ces risques. Des outillages réglables sont également employés pour positionner la pièce de manière confortable pour le travail. Les opérations dassemblage des éléments posent de nombreux problèmes de postures inconfortables, ainsi que de manipulation des pièces, difficultés souvent résolues grâce à des études ergonomiques participatives. La réduction des risques est obtenue par une utilisation accrue des instruments de levage mécaniques (quand cela est possible) et par une réorganisation des tâches, ainsi que par dautres améliorations des procédés qui permettent en général daccroître en même temps la productivité et la qualité de la production.
Les avions de ligne servent au transport des passagers et du fret. Tant la construction que la maintenance impliquent des opérations de démontage, de fabrication, de modification ou dinstallation déléments en tout endroit des avions. Les dimensions des appareils varient beaucoup, mais sur certains des plus gros avions de ligne (tels le Boeing 747 et lAirbus A340) le personnel doit parfois travailler à grande hauteur du sol.
Les risques de chute sont nombreux dans les domaines de la construction et de la maintenance. Certes, chaque situation est un cas particulier et demande une solution différente, mais la meil-leure méthode de protection demeure la prévention , par une démarche active didentification et de réduction des risques.
Une protection efficace implique une volonté de lorganisation dans son ensemble de prendre en compte tous les aspects. Chaque opérateur doit continuellement évaluer les risques liés à sa tâche et adopter un système de précaution qui soit suffisamment complet pour sappliquer à chacun des risques encourus.
Toute activité en hauteur pour une personne implique des risques de chute, qui se traduisent souvent par des accidents graves ou mortels. Des réglementations, des normes et des stratégies ont été élaborées pour aider les constructeurs à prévenir ces risques.
Pour évaluer les risques de chute liés à une opération, il faut identifier toutes les zones ou les tâches exigeant du personnel quil intervienne sur des surfaces de travail surélevées. Les statistiques des accidents et des maladies constituent une bonne source dinformation (statistiques du travail ou médicales, registres des assurances ou de la sécurité, etc.). Il est toutefois important de voir au-delà des statistiques. Chaque tâche ou procédé doit être évalué pour déterminer les cas où le personnel doit travailler sur des surfaces situées en hauteur.
Pratiquement, toute tâche de construction ou de maintenance effectuée sur un avion de ligne peut être la cause dune chute. La taille de ces avions est en effet telle que presque toutes leurs surfaces se trouvent plusieurs mètres au-dessus du sol. Malgré la diversité des situations qui présentent un risque de chute, on peut les classer soit comme travail sur plate-forme , soit comme travail sur les surfaces de lavion . Cette différenciation sappuie sur les facteurs à prendre en compte dans les solutions.
Dans le travail sur plate-forme, le personnel utilise une plate-forme ou un échafaudage pour accéder à lavion. Cela inclut toute activité menée à partir dune surface qui ne fait pas partie de lavion et qui sert spécifiquement à accéder à ce dernier. Les plates-formes daccès à la voilure, les échafaudages dentretien des moteurs, les chariots élévateurs, pour ne citer queux, entrent dans cette catégorie. Pour prévenir les risques de chute à partir de ce type de surface, on peut sappuyer sur des systèmes classiques de protection et sur de nombreuses recommandations existantes.
En ce qui concerne le travail sur les surfaces de lavion, il comprend tout travail dans lequel ces surfaces font fonction de plates-formes daccès, telles que les ailes, lempennage horizontal, le fuselage, les moteurs et les nacelles-moteurs. Les risques de chute liés à cette catégorie de travail varient selon lopération de maintenance requise et nécessitent parfois des mesures de protection non classiques.
La distinction entre ces deux catégories devient évidente dès que lon tente de mettre en uvre des mesures de protection qui visent à éliminer ou à réduire les risques. Les solutions employées peuvent sappuyer sur les moyens de prévention technique, les équipements de protection individuelle ou les méthodes de travail.
Cette forme de protection consiste à modifier lemplacement de travail de façon à minimiser lexposition aux risques de chute. Les rambardes, garde-corps, cloisons et autres constructions similaires sont des exemples de cette méthode qui est considérée comme étant la plus efficace.
Cette méthode de protection est la plus utilisée sur les plates-formes, à la fois en construction et en maintenance. Elle consiste en général à utiliser des garde-corps standards, mais nimporte quel autre type de garde-corps fermant la plate-forme sur tous ses côtés libres constitue une protection efficace contre le risque de chute. Si la plate-forme est placée contre lavion, comme cest souvent le cas, la protection sur ce côté est assurée automatiquement.
La protection par les moyens techniques ne semploie habituellement pas dans la maintenance seffectuant sur les surfaces de lavion, car tout système de protection mécanique intégré à lavion augmenterait le poids et diminuerait les performances de vol de celui-ci. Les systèmes de protection eux-mêmes se révèlent inefficaces lorsquils doivent protéger une surface de lavion, car ils devraient être spécifiques au type dappareil, à sa taille, à son emplacement et pouvoir être mis en place sans causer de dégâts. La figure 90.1 montre un système de garde-corps portatif pour aile davion. La protection par les moyens techniques, par contre, est utilisée intensivement sur les surfaces au cours du processus de construction. Cest à cette étape quelle est la plus efficace, puisque les opérations ont lieu au même endroit, la cellule demeurant dans la même position pendant toute la durée dune phase; les contrôles peuvent ainsi être adaptés à ce lieu et à cette position.
Une autre solution consiste à placer des filets autour de la plate-forme ou de la surface de lavion. Le filet est efficace, mais nest pas la méthode la meilleure dans la mesure où les travailleurs peuvent être blessés par la chute même dans le filet. Par ailleurs, cette méthode nécessite une procédure pour la récupération et lévacuation de la personne tombée dans le filet.
Les équipements de protection individuelle comprennent un harnais relié soit à un filin de sécurité, soit à un ancrage. Ces systèmes sont habituellement employés pour arrêter les chutes, mais peuvent également servir à les empêcher. Pour une efficacité réelle, il faut que la distance de chute prévue soit inférieure à la distance effective entre les deux niveaux. Il faut noter également que le porteur peut parfois subir des blessures causées par le système darrêt lui-même. Ces systèmes exigent en outre une procédure particulière de récupération et dévacuation des personnes arrêtées dans leur chute.
Ces systèmes individuels darrêt de chute (Personal Fall Arrest Systems (PFAS)) sont utilisés pour assurer la sécurité du travail sur plate-forme lorsque les garde-corps ne peuvent être employés sans gêner lexécution du travail. Ils servent aussi à sécuriser le travail sur les surfaces de lavion, du fait des difficultés logistiques associées à la protection mécanique. Les aspects les plus délicats à régler des systèmes darrêt de chute à partir des surfaces de lavion sont la distance darrêt quil faut prévoir au regard de la mobilité du personnel et le poids supplémentaire imposé à la structure. La question du poids peut être résolue en fixant le dispositif aux équipements entourant lavion, et non à la surface de lavion même; cependant, une telle solution restreint le dispositif de protection à une configuration particulière. La figure 90.2 montre un portique roulant permettant dy installer un système darrêt de chute. Ces systèmes sont surtout utilisés dans les opérations de maintenance, même sils le sont aussi dans certaines opérations de construction.
Un système de retenue contre la chute (Fall Restraint System (FRS)) est un système conçu pour empêcher un individu de tomber par-dessus bord. Il sapparente au PFAS dans la mesure où les deux systèmes se composent des mêmes éléments, mais le FRS restreint les mouvements de la personne qui ne peut sapprocher du bord des surfaces. Ce dernier système est considéré comme étant la meilleure évolution, aussi bien dans la construction quen maintenance. En effet, il permet déviter à la fois les chutes et la nécessité de procéder à des opérations de récupération de la personne tombée. Il nest pas utilisé fréquemment pour le travail sur plate-forme ou sur avion du fait de la mobilité restreinte quil permet. Pour le travail sur les surfaces de lavion, le système FRS offre un rapport poids/efficacité intéressant, car il na pas besoin de résister à des efforts aussi importants que le système PFAS. A la date de parution de loriginal anglais de cet article, seul un type davion, le Boeing 747, disposait dun tel système adapté à la cellule (voir figures 90.3 et 90.4).
Dans ce système, un filin de sécurité est fixé à des points dancrage permanents sur la surface de laile, de manière à former six zones de protection. Le personnel fixe une sangle de 1,5 m de longueur sur des manilles ou sur des brides qui coulissent le long du filin horizontal entre les zones i à iv, et qui sont fixes dans les zones v et vi. Ce système permet de sapprocher du bord de laile, tout en évitant le risque de chute.
On recourt aux consignes de sécurité lorsque les moyens de prévention technique et les équipements de protection individuelle sont tous deux inefficaces ou impossibles à mettre en uvre.
Cette méthode nest recommandée quen dernier ressort mais, correctement employée, elle est efficace. Elle consiste à délimiter la surface de travail et à en autoriser laccès uniquement au personnel qui doit y être présent pendant une opération de maintenance donnée. La protection est assurée par un système de consignes écrites très strictes qui traitent de lidentification des risques, de la communication et des mesures individuelles à prendre. Ces consignes réduisent au minimum lexposition au risque compte tenu des circonstances. Elles sont spécifiques au site et doivent prendre en compte tous les risques inhérents à la situation. Elles sont rarement mises en uvre pour le travail sur plates-formes, que ce soit en maintenance ou en fabrication; elles sont par contre appliquées pour les opérations de maintenance effectuées sur les surfaces de lavion.
La construction des moteurs davion, à pistons ou à réaction, implique de transformer des matériaux bruts pour produire des machines dune extrême précision et dune fiabilité très poussée. Lenvironnement de fonctionnement très rigoureux du transport aérien nécessite lutilisation dun grand nombre de matériaux de pointe. Quant aux méthodes de construction, elles peuvent être tantôt traditionnelles, tantôt très spécialisées.
Les moteurs davion sont essentiellement de construction métallique mais, au cours des dernières années, on a vu apparaître les matériaux composites pour certains éléments. Divers alliages daluminium et de titane sont utilisés pour les éléments où il est primordial de combiner résistance et légèreté (composants structuraux, sections compresseurs, bâtis moteurs). Lorsque la résistance aux hautes températures et à la corrosion est recherchée, on emploie des alliages de nickel, de chrome et de cobalt (chambres de combustion et sections turbines). Enfin, on recourt à de nombreux alliages dacier pour des usages intermédiaires.
La réduction du poids étant devenue un facteur fondamental pour labaissement des coûts dutilisation (maximisation de la charge utile, minimisation de la consommation de carburant), on a assisté récemment à lintroduction de matériaux composites destinés à remplacer laluminium, le titane et certains alliages dacier dans les parties structurales, les gaines et les canalisations non soumises à des températures élevées. Ces composites sont principalement à base de résines polyimides, époxy et autres, renforcées de fibres de verre tissées ou de fibres de graphite.
Pratiquement tous les procédés de traitement et dusinage des métaux sont appliqués dans la construction des moteurs davion. On peut citer, entre autres, le forgeage à chaud (aubes, disques de compresseurs), le moulage (composants structuraux, bâtis moteurs), le meulage, le brochage, le tournage, le perçage, le fraisage, le filetage, le soudage, le brasage, etc. Les procédés associés comprennent la finition (anodisation, chromatage, etc.), lélectrodéposition, la trempe et la métallisation à chaud, à la flamme ou au plasma. Compte tenu de la résistance et de la dureté des alliages utilisés, de la complexité des formes et du degré de précision recherché, les exigences de lusinage sont ici plus strictes et plus rigoureuses que dans la plupart des autres branches de lindustrie.
Parmi les procédés spécifiques au secteur aéronautique figurent le fraisage chimique et électrochimique, lusinage par électroérosion, le perçage au laser et le soudage par faisceau délectrons. Le fraisage chimique et électrochimique consiste en un enlèvement de métal sur des surfaces importantes, de façon à conserver ou à créer un contour. En fonction de la nature de lalliage, les pièces sont placées dans un bain acide, basique ou électrolytique fortement concentré. Le métal est dissous par action chimique ou électrochimique. Le fraisage chimique est souvent utilisé après le forgeage des aubes, afin de mettre lépaisseur des parois en conformité avec les spécifications tout en préservant le profil.
Lusinage par électroérosion et le perçage au laser sont généralement utilisés pour réaliser des trous de petit diamètre et des contours complexes dans des métaux de grande dureté. Ces trous sont requis dans les composants des chambres de combustion et des turbines à des fins de refroidissement. Lenlèvement du métal est obtenu par laction thermodynamique de décharges électriques à haute fréquence. Cette opération se déroule dans un bain dhuile minérale diélectrique. Lélectrode tient lieu de modèle en négatif de la découpe désirée.
Le soudage par faisceau délectrons est utilisé pour assembler des pièces dans lesquelles une forte pénétration de la soudure est requise, principalement dans des configurations peu accessibles. Leffet de soudage est produit par un faisceau focalisé et accéléré délectrons, à lintérieur dune chambre à vide. Lénergie cinétique des électrons se transforme en chaleur utilisée pour le soudage.
La fabrication des composites fait appel soit à des techniques par voie humide, soit à lutilisation de tissus préimprégnés. Dans la technique humide, le mélange de résine visqueuse non cuite est appliqué dans un moule par pulvérisation ou au moyen dun pinceau. La fibre de renfort est introduite manuellement dans la résine. Un complément de résine est appliqué pour obtenir luniformité et le contour. Le matériau obtenu est alors cuit en autoclave (chaleur et pression). Les matériaux préimprégnés se composent de feuilles de composites semi-rigides, partiellement cuites et prêtes à lemploi. Dans un premier temps, le matériau est coupé aux dimensions voulues, moulé manuellement puis cuit en autoclave. Les parties cuites sont usinées et assemblées sur le moteur par des techniques classiques.
Afin de garantir la fiabilité, un certain nombre dopérations de contrôle de la qualité sont mises en uvre au cours de la fabrication et sur le produit final. Les principales méthodes appliquées pour les essais non destructifs sont la radiographie, les ultrasons, les particules magnétiques et les marqueurs fluorescents. Ces différentes techniques permettent de détecter déventuelles fissures ou défauts internes. Les moteurs assemblés sont testés au banc avant livraison au client.
Les risques sanitaires associés à la construction des moteurs davion sont essentiellement liés à la toxicité des matériaux utilisés. Laluminium, le titane et lacier ne sont pas considérés comme fortement toxiques, tandis que le chrome, le nickel et le cobalt sont plus problématiques. Certains composés et états de valence de ces trois derniers métaux sont cancérogènes chez lhumain et chez lanimal. Leurs formes métalliques ne sont généralement pas considérées comme aussi toxiques que leurs formes ioniques, couramment rencontrées dans les bains de traitement superficiel du métal et pigments de peinture.
Dans lusinage conventionnel, la plupart des opérations font appel à des liquides de refroidissement ou de coupe qui réduisent la formation de poussières et de fumées. A lexception du meulage à sec, les métaux ne présentent généralement pas de risques dinhalation, les vapeurs des liquides de refroidissement mises à part. Le meulage est assez courant, en particulier sur les pièces de moteur à réaction, pour lisser les contours et finir les aubages. Les meules utilisées sont généralement des petites meules manuelles. Lorsque ce type de meulage est appliqué à des alliages à base de chrome, de nickel ou de cobalt, une ventilation avec aspiration localisée est requise, notamment au moyen de tables à aspiration et de meuleuses autoventilées. Les autres risques sanitaires associés à lusinage traditionnel sont les dermites et le bruit. Le personnel peut être, en effet, en contact avec des liquides de refroidissement et de coupe; lexposition cutanée répétée de la substance avec la peau peut causer différentes formes de dermites. Dune façon générale, les gants et les crèmes de protection et de bons principes dhygiène individuelle permettent de réduire ces effets nocifs. Des niveaux sonores élevés peuvent être engendrés lors de lusinage de pièces dalliages à haute résistance, à paroi mince, en raison du broutage de loutil et des vibrations de la pièce. Ce problème peut être résolu, dans une certaine mesure, par lemploi dun outillage plus rigide et de matériaux amortissants, la modification des paramètres dusinage et le bon affûtage des outils. Dans les autres cas, des équipements de protection individuelle (par exemple, casques antibruit et bouchons auriculaires) sont requis.
Les risques pour la sécurité associés aux opérations dusinage classiques comprennent essentiellement les risques de blessures découlant des mouvements au point de travail, des opérations de fixation et des systèmes dentraînement. La réduction de ces risques peut être réalisée au moyen de protecteurs fixes, de trappes daccès à verrouillage automatique, de barrières lumineuses, de tapis sensibles, mais aussi à travers linformation et la formation du personnel. Une protection oculaire doit systématiquement être portée, dans le périmètre réservé aux opérations dusinage, contre les projections déclats, de particules, de liquides de refroidissement ou de solvants de nettoyage.
Les opérations de traitement de surface des métaux, le fraisage chimique et électrochimique et lélectrodéposition impliquent lexposition des opérateurs à des bains ouverts dacides de bases et délectrolytes concentrés. La plupart des bains utilisés contiennent aussi de fortes proportions de métaux dissous. En fonction des conditions dutilisation de ces bains et de leur composition (concentration, température, agitation, dimensions), une ventilation avec aspiration localisée est nécessaire pour limiter les émissions de vapeurs dans latmosphère. Différents types de capots latéraux, à fente, sont utilisés à cette fin. Des systèmes de ventilation et des règles dexploitation pour les différents bains sont recommandés dans les publications de la Conférence américaine des hygiénistes gouvernementaux du travail (American Conference of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH)) et de lInstitut américain de normalisation (American National Standards Institute (ANSI)). La nature corrosive de ces bains impose en outre le port déquipements de protection des yeux et de la peau (lunettes de protection, masques, gants, tabliers, etc.). Des postes durgence pour le rinçage des yeux ainsi que des douches doivent également être accessibles immédiatement en cas daccident.
Le soudage par faisceau délectrons et le perçage au laser présentent des risques dexposition aux rayonnements. Le soudage par faisceau délectrons génère des rayons X secondaires (effet Bremsstrahlung). La chambre de soudage peut être comparée à un tube à rayons X inefficace. Il est donc essentiel que cette chambre soit construite en matériaux qui atténuent le plus possible les rayonnements ou quelle soit munie dun blindage. Un blindage en plomb est souvent employé. Il faut également effectuer périodiquement des campagnes de mesurage des rayonnements. Les lasers, également, présentent des risques pour les yeux et la peau (risques de brûlure). Il existe aussi un risque potentiel dexposition aux fumées dévaporation du métal de base. Les risques de rayonnement associés aux opérations laser doivent être circonscrits, dans la mesure du possible, par lutilisation de chambres fermées munies de sécurités. Un programme complet doit être mis en place et rigoureusement suivi. Une ventilation avec aspiration localisée doit être prévue dans tous les emplacements où des fumées métalliques sont émises.
Les principaux risques liés à la fabrication de pièces en composites sont ceux de lexposition chimique aux composants de résines nayant pas réagi et aux solvants lors des opérations de stratification humide. Les composants les plus dangereux sont sans doute les amines aromatiques utilisées comme réactifs dans les résines polyimides et les durcisseurs des systèmes à base de résine époxy. Un certain nombre de ces composés sont des cancérogènes confirmés ou soupçonnés. Ils ont également dautres effets toxiques. Du fait de leur nature hautement réactive, ces systèmes à base de résine et, en particulier, les époxys, causent une sensibilisation cutanée et respiratoire. La réduction des risques au cours des opérations de stratification par voie humide doit inclure une ventilation avec aspiration localisée et le port systématique déquipements de protection individuelle pour éviter le contact avec la peau. Lorsque la stratification se fait avec des feuilles préimprégnées, il ny a généralement pas de risque dinhalation de produits en suspension dans lair, mais une protection de la peau est nécessaire. Une fois cuites, ces pièces sont relativement inertes. Elles ne présentent plus de risques liés aux réactifs qui les composent. En revanche, lusinage mécanique des pièces moulées peut produire des poussières irritantes, associées aux matériaux de composites de renfort (fibres de verre, graphite). Une ventilation avec aspiration localisée de latelier dusinage est donc souvent requise.
Les risques pour la santé associés aux opérations de contrôle de la qualité sont généralement lexposition aux rayonnements (rayons X ou gamma) lors de linspection radiographique et le bruit à loccasion des essais de fin de fabrication. Les opérations radiographiques doivent être associées à un programme complet de radioprotection comprenant formation, surveillance des dosimètres personnels et mesurages périodiques. Les chambres de contrôle radiographiques doivent être munies de portes à verrouillage automatique, de voyants lumineux, de dispositifs darrêt durgence et dun blindage. Les zones ou les cellules dessai des produits assemblés doivent être protégées par un traitement acoustique adéquat, en particulier dans le cas des moteurs à réaction. Le niveau sonore mesuré sur les consoles de commande ne devra pas excéder 85 dB. Des mesures devront être prises pour éviter laccumulation de gaz déchappement, de vapeurs de carburant ou de solvants dans la zone dessai.
Outre les risques mentionnés ci-dessus, liés à des opérations particulières, plusieurs autres risques plus généraux, à savoir lexposition aux solvants, aux peintures, au plomb et aux opérations de soudage méritent considération. Des solvants de nettoyage sont utilisés dans toutes les opérations de la construction aéronautique. La tendance est à abandonner les solvants chlorés et fluorés au profit des solvants de type aqueux, terpéniques, et des essences minérales pour des raisons de toxicité et deffets sur la couche dozone. Ce nouveau groupe de solvants semble plus acceptable pour lenvironnement, mais il comporte des risques dinflammation. Les quantités de solvants inflammables ou combustibles présentes sur le lieu de travail doivent donc être limitées et stockées dans des récipients approuvés, et une protection appropriée contre les incendies doit être mise en place. Le plomb est parfois utilisé comme lubrifiant de la matrice dans les opérations de forgeage des aubes. Dans ce cas, compte tenu de la toxicité de ce métal, un programme complet de contrôle et de suivi des concentrations en plomb doit être mis en place. De nombreux procédés de soudage classique sont utilisés dans les opérations de la construction aéronautique. Lexposition aux fumées métalliques, aux rayonnements ultraviolets et à lozone doit être mesurée pour ce type dopération. La nécessité de mesures de protection dépendra des paramètres de fonctionnement et des métaux concernés.
Les contraintes croissantes du marché conduisent lindustrie aéro-nautique à réduire de plus en plus les temps de développement des produits, tout en sefforçant de mettre en uvre des matériaux répondant à des critères de performances toujours plus stricts et parfois même contradictoires. Accélérer les processus dessai et de fabrication des produits peut mener à une mise au point beaucoup trop rapide des matériaux et des procédés par rapport à lévolution parallèle des technologies relatives à la santé et à lenvironnement. Il pourrait en résulter une mise sur le marché de produits ayant été testés et autorisés, mais pour lesquels on ne dispose pas dinformations suffisantes quant aux effets sur la santé et lenvironnement. Certaines réglementations telles que la loi américaine sur le contrôle des substances toxiques (Toxic Substance Control Act ((TSCA)) prescrivent: 1) des essais sur les matériaux nouveaux; 2) lélaboration de pratiques de précaution en laboratoire pour les essais de recherche-développement; 3) des restrictions aux importations et exportations de certaines substances chimiques; et 4) un suivi des études sur la sécurité, la santé et lenvironnement ainsi que des archives des entreprises relatives aux effets sur la santé de lexposition aux produits chimiques.
Lutilisation croissante des fiches de données de sécurité sur les produits chimiques (FDS) fournit aux professionnels de la santé les informations nécessaires pour maîtriser lexposition à un risque chimique. Cependant, sur les milliers de matériaux et de produits en usage, il nexiste détudes de toxicité complètes que pour quelques centaines dentre eux, ce qui complique la tâche des hygiénistes du travail et des toxicologues. Dans la mesure du possible, une ventilation avec aspiration localisée et dautres moyens de prévention technique devraient être employés, en particulier en présence de concentrations importantes de produits chimiques peu connus, ou lorsquon connaît mal les quantités de contaminants dégagées. Les appareils de protection respiratoire peuvent jouer un rôle secondaire lorsquil existe un programme de gestion de la protection des voies respiratoires correctement planifié et rigoureusement mis en uvre. Le choix doit se porter sur des appareils respiratoires et des équipements de protection individuelle qui offrent des garanties maximales sans causer de gêne.
On doit veiller à ce que des informations sur les risques et les mesures de protection soient communiquées au personnel par des moyens efficaces avant lintroduction dun nouveau produit sur le site de travail. Une présentation orale, des bulletins dinformation, des vidéos et des moyens de communication similaires peuvent servir de support. La méthode de communication et dinformation a une grande importance pour le succès de lintroduction dun nouveau produit chimique sur le lieu de travail. Sur les sites de construction aéronautique, le personnel, les matériaux, les processus de travail changent constamment. Linformation sur les risques doit donc être un processus continu. Le mode de communication écrit ne sera pas efficace dans cet environnement sans laide de méthodes plus actives, telles que des réunions dinformation ou des présentations vidéo. Des mesures devront être prises pour répondre dans tous les cas aux questions du personnel.
Les usines de construction aéronautique et, en particulier, les halls dassemblage se caractérisent par des environnements chimiques extrêmement complexes. Lhygiène industrielle implique des efforts intensifs, participatifs et bien planifiés pour identifier les risques associés à la présence, simultanée ou successive, dun grand nombre de produits chimiques dont on ignore pour beaucoup dentre eux les effets sur la santé. On devra en particulier se préoccuper des contaminants qui sont libérés sous des formes non prévues par le fabricant et donc non prises en compte sur les FDS. Par exemple, la pose et lenlèvement répétés de bandes partiellement cuites de matériaux composites peuvent libérer des mélanges solvant-résine sous forme daérosols, qui ne seront pas convenablement mesurés par les méthodes sappliquant aux émissions de vapeurs.
La concentration et les combinaisons de produits chimiques peuvent également être complexes et très variables. Lexécution de tâches hors de la séquence normale des opérations peut exposer le personnel à des produits instables sans quil dispose des moyens de prévention technique et des équipements de protection individuelle appropriés. Les variations des méthodes de travail entre individus et les dimensions, ainsi que la configuration des divers types de cellules davion peuvent avoir une influence importante sur les risques dexposition. Chez ce personnel procédant au nettoyage des réservoirs daile, par exemple, lexposition aux solvants peut varier de un à deux entre individus. Cette situation est due, entre autres, à leffet de la taille dune personne sur lécoulement de lair dans un espace confiné.
Il est nécessaire didentifier et de définir les risques potentiels et de prendre les mesures de protection voulues avant dintroduire un nouveau produit ou procédé sur le lieu de travail. Des règles de sécurité dutilisation doivent être adoptées et mises en uvre et leur application obligatoire doit être contrôlée avant que le travail ne commence. Si on dispose dinformations incomplètes, on doit se fonder sur le risque potentiel le plus élevé et prendre les mesures de protection correspondantes. Des études dhygiène industrielle devraient être effectuées à des intervalles réguliers et rapprochés pour vérifier que les mesures de protection mises en uvre sont adaptées et fiables.
La difficulté de définir les expositions sur le lieu de travail dans lindustrie aéronautique impose une coopération étroite entre les hygiénistes du travail, les cliniciens, les toxicologues et les épidémiologistes (voir tableau 90.2). Il est également fondamental que les techniciens et lencadrement soient très bien informés. Les employés devraient être encouragés à déclarer tout symptôme anormal et lencadrement devrait être attentif à tout signe ou à tout symptôme pouvant indiquer une exposition. La surveillance des paramètres biologiques peut compléter utilement les prélèvements dambiance lorsque les expositions varient fortement ou quand lexposition cutanée peut être non négligeable. La surveillance biologique peut également servir à déterminer si les mesures de protection contribuent effectivement à limiter linhalation de contaminants par le personnel. Lanalyse des données médicales pour mettre en évidence les signes, symptômes et plaintes devrait être faite de manière systématique.
Paramètres |
Technologies à développer |
Niveaux de contaminants en suspension dans l’air |
Méthodes analytiques de quantification chimique |
Effets potentiels sur la santé |
Etudes de toxicologie sur les expositions aiguës et chroniques |
Effets sur l’environnement |
Etudes de bioaccumulation et de biodégradation |
Caractérisation des déchets |
Essais de compatibilité chimique |
Les ateliers de peinture et de construction de fuselages, ainsi que les réservoirs de carburant devraient être équipés de systèmes de ventilation à très grand débit lors des phases intensives de peinture, détanchéification et de nettoyage. Si des expositions résiduelles subsistent ou si ces systèmes se révèlent inaptes à capter les flux dair avant quils ne parviennent aux travailleurs, il faudra prévoir dans certains cas le port dappareils de protection respiratoire. Les opérations à échelle plus réduite de mise en peinture, de traitement des métaux, de nettoyage aux solvants, ainsi que de chimie de laboratoire et certaines opérations de dépose de couches pour la production de composites nécessiteront un système de ventilation avec aspiration localisée. Quant à la ventilation par distribution, elle convient en général uniquement dans les cas où lemploi de produits chimiques est limité ou comme complément de la ventilation avec aspiration localisée. Des échanges dair importants pendant lhiver peuvent avoir pour conséquence de dessécher excessivement lair intérieur. Des systèmes de ventilation mal conçus, dirigeant un courant trop fort dair froid sur les mains ou sur le dos, dans les ateliers de montage de petits éléments, peuvent contribuer à des problèmes articulaires chez les travailleurs. Dans les ateliers complexes et de grande dimension, il faut veiller à optimiser lemplacement des sorties dair et des prises dair afin que les contaminants ne soient pas réaspirés.
Le travail de précision nécessaire dans lindustrie aérospatiale doit seffectuer dans un environnement clair, organisé et contrôlé. Les conteneurs, fûts et réservoirs de produits chimiques doivent être pourvus détiquettes décrivant les risques potentiels inhérents à leur manipulation. Une notice de premier secours doit également être immédiatement accessible. Les FDS et autres fiches signalétiques doivent décrire les mesures durgence et les mesures à prendre en cas de fuite. Les lieux de travail à risque doivent être signalés par un affichage et leur accès doit être réglementé et contrôlé.
Les constructeurs aéronautiques, tant du secteur civil que militaire, recourent de plus en plus aux matériaux composites dans la fabrication des composants intérieurs et structuraux. Des générations successives de composites ont été intégrées à la production à tous les stades, notamment dans laéronautique militaire où ils sont appréciés pour leur faible signature radar. Ce secteur en croissance rapide est lexemple type dune technologie se développant plus vite que les mesures correspondantes de santé publique. Les risques propres à une résine ou à un constituant du tissu de renfort avant sa cuisson diffèrent de ceux que présente le matériau final. De plus, les composites partiellement cuits (les préimprégnés) peuvent continuer à présenter les caractéristiques de risque des constituants de la résine tout au long des étapes de production (Aerospace Industries Association (AIA), 1995). Les propriétés toxicologiques des principales catégories de résines sont décrites au tableau 90.3.
Type de résine |
Constituants2 |
Particularité toxicologique |
Epoxy |
Agents durcisseurs aminés, épichlorhydrine |
Agent sensibilisant, cancérogène présumé |
Polyimide |
Aldéhyde monomère, phénol |
Agent sensibilisant, cancérogène présumé, toxicité systémique3 |
Phénolique |
Aldéhyde monomère, phénol |
Agent sensibilisant, cancérogène présumé, toxicité systémique3 |
Polyester |
Styrène, diméthylaniline |
Narcose, dépression du système nerveux central, cyanose |
Silicones |
Siloxane organique, peroxydes |
Agent sensibilisant, irritant |
Thermoplastiques4 |
Polystyrène, polyphénylène sulfuré |
Toxicité systémique3, irritant |
1 Sont fournis ici des exemples de constituants usuels des résines humides. D’autres produits chimiques, de nature toxicologique diverse, peuvent être présents en tant qu’agents durcisseurs, diluants et additifs.2 S’applique à l’origine aux constituants des résines humides avant réaction. Ces matériaux se trouvent en quantités variables dans les résines partiellement durcies et à l’état de traces dans les matériaux durcis. 3 La toxicité systémique suppose des effets dans plusieurs tissus.4 Les thermoplastiques sont classés séparément, dans la mesure où les produits de décomposition énumérés sont émis pendant les opérations de moulage, lorsque le matériau de départ à polymériser est chauffé.
Le degré et le type de risque posés par les composites dépendent en premier lieu de la tâche particulière et du stade de cuisson de la résine au fur et à mesure que le matériau passe de létat de résine/tissu humide à celui de pièce cuite. Les émissions de composants volatils peuvent être non négligeables avant et pendant la réaction initiale entre la résine et le durcisseur, mais aussi pendant la phase de cuisson. Elles tendent à augmenter dans des conditions de température élevée, et les concentrations dans des zones de travail mal ventilées peuvent aller de létat de simples traces jusquà des niveaux notables. Lexposition cutanée aux composants dans la phase de précuisson est un élément important du risque total, et elle ne saurait donc être négligée.
Le dégazage de produits de la dégradation des résines peut avoir lieu dans diverses opérations dusinage qui produisent un échauffement à la surface du composite cuit. Ces produits de dégradation sont encore mal connus, mais tendent à varier dans leur structure chimique en fonction de la température et du type de résine. Des particules peuvent être libérées lors de lusinage des matériaux cuits ou lors de la découpe des préimprégnés qui contiennent des résidus de résines. On a aussi observé des expositions aux gaz émis lors de la cuisson, lorsque, du fait dune mauvaise conception ou dune mauvaise manipulation des autoclaves, le système de ventilation de ceux-ci ne permet pas dévacuer efficacement ces gaz.
Il est à noter que les poussières provenant des nouveaux matériaux textiles contenant des fibres de verre, de Kevlar, de graphite ou doxyde de bore/métal sont capables de produire une réaction fibrogène de légère à modérée, mais jusquà présent, il na pas été possible de définir leur efficacité relative. Une étude des informations disponibles sur le risque relatif lié à ces poussières, émises lors des opérations dusinage, a été lancée. Les divers procédés et risques associés aux composites ont été répertoriés (AIA, 1995) et sont présentés dans le tableau 90.4.
Agent chimique |
Origine |
Maladie potentielle |
Métaux |
||
Poussières de béryllium |
Usinage des alliages de béryllium |
Lésions cutanées, affection pulmonaire aiguë ou chronique |
Poussières, vapeurs de cadmium |
Soudage, brûlage, peinture au pistolet |
dème pulmonaire retardé aigu, lésions rénales |
Poussières/vapeurs/fumées de chrome |
Pulvérisation/ponçage couche d’apprêt, soudage |
Cancer des voies respiratoires |
Nickel |
Soudage, meulage |
Cancer des voies respiratoires |
Mercure |
Laboratoires, essais techniques |
Lésions du système nerveux central |
Gaz |
||
Cyanure d’hydrogène |
Galvanoplastie |
Asphyxie chimique, effets chroniques |
Monoxyde de carbone |
Traitement thermique, travaux sur moteurs |
Asphyxie chimique, effets chroniques |
Oxydes d’azote |
Soudage, galvanoplastie, décapage |
dème pulmonaire retardé aigu, lésions pulmonaires permanentes (éventuelles) |
Phosgène |
Décomposition des vapeurs de solvants lors du soudage |
dème pulmonaire retardé aigu, lésions pulmonaires permanentes (éventuelles) |
Ozone |
Soudage, vols à haute altitude |
Affection pulmonaire aiguë et chronique, cancer des voies respiratoires |
Composants organiques |
||
Aliphatiques |
Lubrifiants pour machines, carburants, huiles de coupe |
Dermite folliculaire |
Aromatiques nitrés et aminés |
Caoutchouc, plastiques, peintures, teintures |
Anémie, cancer, sensibilisation cutanée |
Aromatiques, autres |
Solvants |
Narcose, lésion hépatique, dermite |
Halogénés |
Décapage des peintures, dégraissage |
Narcose, anémie, lésion hépatique |
Plastiques |
||
Phénoliques |
Composants intérieurs, conduites et canalisations |
Sensibilisation allergique, cancer (éventuel) |
Epoxy (durcisseurs aminés) |
Opérations de dépose des couches |
Dermite, sensibilisation allergique, cancer |
Polyuréthane |
Peintures, composants intérieurs |
Sensibilisation allergique, cancer (éventuel) |
Polyimide |
Composants structuraux |
Sensibilisation allergique, cancer (éventuel) |
Poussières fibrogènes |
||
Amiante |
Avions militaires et avions anciens |
Cancer, asbestose |
Silice |
Sablage à l’abrasif, matériaux de charge |
Silicose |
Carbure de tungstène |
Meulage des outils de précision |
Pneumoconiose |
Graphite, Kevlar |
Façonnage des matériaux composites |
Pneumoconiose |
Poussières de faible toxicité (éventuelles) |
||
Fibres de verre |
Couvertures isolantes, composants intérieurs |
Irritation cutanée et respiratoire, affection chronique (éventuelle) |
Bois |
Fabrication de maquettes et modèles |
Sensibilisation allergique, cancer respiratoire |
Les industries aérospatiales nont pas échappé aux effets de la multiplication très rapide des réglementations sur lenvironnement et le bruit adoptées aux Etats-Unis, puis en Europe, depuis les années soixante-dix. La loi sur la qualité de leau (Clean Water Act), la loi sur la lutte contre la pollution de lair (Clean Air Act) et la loi sur la préservation et la restauration des ressources (Resource Conservation and Recovery Act), aux Etats-Unis, et les directives équivalentes dans lUnion européenne ont donné lieu à ladoption au niveau local de très nombreux textes dapplication visant à atteindre certains objectifs de qualité de lenvironnement. Ces réglementations imposent habituellement lusage des technologies les plus avancées, quil sagisse de nouveaux matériaux et procédés ou des équipements de contrôle final. De surcroît, les questions dintérêt universel telles que la destruction de la couche dozone et le réchauffement planétaire imposent une évolution des procédés classiques, notamment par linterdiction de produits chimiques tels que les chlorofluorocarbures, sauf dans des conditions exceptionnelles.
Les premières lois sur ces questions ont eu peu dimpact sur les procédés utilisés dans la construction aéronautique jusquaux années quatre-vingt. Lessor de ce secteur et la concentration des opérations à proximité des aéroports et des zones industrielles ont favorisé le développement de cette législation. Le secteur a ensuite connu une révolution avec lintroduction de programmes destinés à identifier et à gérer les émissions toxiques dans lenvironnement en vue de protéger celui-ci. Le traitement des eaux usées produites par les processus de finition des métaux et de maintenance des avions est devenu la norme dans toutes les grandes usines. Le tri des déchets dangereux, leur classement, leur déclaration et, plus tard, leur traitement avant élimination ont été organisés là où il nexistait jadis que des programmes rudimentaires. Les programmes dassainissement des sites ont posé des problèmes économiques importants aux entreprises, les coûts pouvant sélever à plusieurs millions de dollars E.-U. par site. A la fin des années quatre-vingt et au début des années quatre-vingt-dix, les émissions atmosphériques, qui peuvent représenter jusquà 80% ou plus du total des émissions dans la construction et lexploitation des avions, sont devenues la cible du législateur. En fait, lOrganisation de laviation civile internationale (OACI) avait adopté des normes sur les émissions des moteurs dès 1981 (OACI, 1993).
Les réglementations relatives aux émissions chimiques concernent essentiellement les procédés chimiques, les moteurs et les groupes auxiliaires de bord (Auxiliary Power Unit (APU)), les opérations de ravitaillement en carburant et les opérations aéroportuaires au sol. A Los Angeles, par exemple, la diminution de la teneur en ozone et en monoxyde de carbone au niveau du sol nécessaire pour respecter les normes de la loi sur la lutte contre la pollution de lair pourrait entraîner une réduction de 50% du trafic à laéroport international de la ville dici à lan 2005 (Donoghue, 1994). On a prévu de mesurer les émissions quotidiennement pour vérifier que le niveau total de composants organiques volatils et de monoxyde de carbone reste inférieur à la limite autorisée. En Suède, une taxe a été instaurée sur les émissions aéronautiques de dioxyde de carbone compte tenu de leur effet sur le réchauffement planétaire. Dans certains pays, des réglementations similaires ont conduit à une élimination quasi totale des systèmes de dégraissage à la vapeur utilisant des solvants chlorés tels que le trichloroéthane en raison des niveaux record démissions observés avec les appareils de dégraissage à ciel ouvert, de la forte toxicité du 1,1,1-trichloroéthane et de ses effets potentiels sur la couche dozone.
La réglementation la plus étendue adoptée jusquici est sans doute la norme américaine relative aux émissions aérospatiales de polluants atmosphériques dangereux (National Emission Standard for Hazardous Air Pollutants (NESHAP)) de 1995, promulguée par lAgence américaine de protection de lenvironnement (Environmental Protection Agency (EPA)) dans le cadre des amendements à la loi de 1990 sur la lutte contre la pollution de lair. Cette réglementation impose que lensemble des opérations aérospatiales respecte la moyenne des 12% de meilleures pratiques en vigueur aux Etats-Unis en ce qui concerne la limitation des émissions de polluants dans les procédés produisant le plus démissions. La réglementation prévoyait une mise en conformité avec cette norme en septembre 1998. Les procédés et les produits les plus directement concernés sont ceux liés aux opérations de nettoyage manuel et de rinçage sous pression, les peintures dapprêt et de finition, les dissolvants pour peinture/vernis et les substances utilisées dans le fraisage chimique. Cette réglementation autorise les modifications de procédé ou les mesures de limitation et charge les autorités locales de contrôler lapplication des normes sur les matériaux, équipements et pratiques et sur la tenue de dossiers obligatoires. La conséquence de ces réglementations est dobliger les constructeurs à appliquer les meilleures pratiques, presque sans considération des coûts. Elles obligent notamment ces derniers à se reconvertir à lutilisation dagents nettoyants à base de solvants à faible pression de vapeur, de peintures de finition à faible teneur en solvants et de technologies dapplication telles que celles présentées dans le tableau 90.5. Certaines exceptions sont toutefois permises dans le cas où la mise en conformité avec les normes risque de compromettre la sécurité du produit ou la santé des travailleurs (risque dincendie, par exemple).
Procédé |
Prescriptions1 |
Nettoyage manuel des composants aéronautiques |
Pression composite maximale de 45 mmHg à 20°C ou utilisation d’agents nettoyants recommandés |
Nettoyage sous pression avec matériaux contenant des COV2 ou des PAD3 |
Récupération et confinement des fluides |
Application de couches d’apprêt et de finition |
Utilisation d’équipements dotés d’une grande efficacité de transfert4 |
Couche d’apprêt contenant des PAD, sans eau |
Concentration de 350 g/l appliquée en moyenne5 |
Couche de finition contenant des PAD, avec eau |
Concentration de 420 g/l appliquée en moyenne5 |
Décapage de la peinture extérieure |
Agents chimiques ne contenant aucun PAD, abrasion mécanique, éclairage de forte intensité6 |
Revêtements contenant des PAD inorganiques |
Limitation efficace des émissions de particules |
Masques pour fraisage chimique contenant des PAD, sans eau |
Concentration de 160 g/l appliquée ou utilisation d’un système efficace de récupération et de traitement des vapeurs |
Pulvérisations avec PAD lors des opérations de revêtement |
Utilisation de filtres à particules à étages |
Equipements de limitation de la pollution atmosphérique |
Performances minimales acceptables en termes d’efficacité et de surveillance |
Nettoyage des pistolets à peinture |
Aucune vaporisation des solvants, dispositions adéquates pour la récupération des déchets |
1 Un grand nombre de prescriptions relatives à la conservation de dossiers, aux inspections et autres sont applicables; elles ne sont pas mentionnées ici. 2 COV (composés organiques volatils). Leur réactivité photochimique a été démontrée, ainsi que leur rôle prépondérant dans la formation d’ozone au niveau du sol. 3 PAD (polluants atmosphériques dangereux). Cent quatre-vingt-neuf composés ont été recensés pour leur toxicité par l’Agence américaine de protection de l’environnement (Environmental Protection Agency (EPA)). 4 Dans les équipements recensés sont inclus les pistolets électrostatiques ou ceux présentant un rapport fort volume/faible pression. 5 Les revêtements/vernis spéciaux et autres procédés à faibles émissions sont exclus.6 Les retouches de peinture sont autorisées, jusqu’à concurrence de 98 litres de solvants contenant des polluants atmosphériques dangereux par avion et par an (aviation civile) ou 189 litres par avion et par an (aviation militaire).
Source: Environnemental Protection Agency (EPA) Regulation: 40 CFR Part 63.
Les principaux risques chimiques et les pratiques de réduction des émissions appliquées pour satisfaire à la réglementation environnementale dans la construction et la maintenance aéronautiques aux Etats-Unis sont récapitulés dans les tableaux 90.6 et 90.7. Les réglementations européennes nont, en général, pas suivi le modèle américain en ce qui concerne les émissions atmosphériques toxiques, mais elles ont mis laccent sur lélimination dautres substances toxiques telles que le cadmium et sur laccélération du processus de remplacement des substances contribuant à la destruction de la couche dozone. Les Pays-Bas, par exemple, exigent des exploitants quils prouvent que lusage du cadmium est indispensable à la sécurité du vol.
Procédés courants |
Type d’émissions |
Risques chimiques |
Revêtements, y compris couches de protection, masques et peintures provisoires |
Pulvérisation de matières solides et évaporation de solvants |
Composés organiques volatils, notamment méthyléthylcétone, toluène, xylène |
Nettoyage avec solvants |
Solvants évaporés |
Composés organiques volatils, destructeurs de la couche d’ozone ou substances toxiques |
Décapage des peintures |
Solvants évaporés ou entraînés |
Composés organiques volatils tels que xylène, toluène, méthyléthylcétone |
Anodisation |
Sorties de ventilation |
Vapeurs acides |
Placage des métaux durs |
Sorties de ventilation |
Métaux durs, acides, cyanures complexes |
Fraisage par voie chimique |
Déchets liquides |
Produits caustiques et métaux lourds, autres métaux |
Etanchéification |
Solvant évaporé |
Composés organiques volatils |
Chromatisation (revêtement de conversion) |
Déchets liquides |
Chromates, éventuellement cyanures complexes |
Composés inhibiteurs de corrosion |
Particules, déchets solides |
Cires, métaux lourds et composés organiques toxiques |
Fabrication de composites |
Déchets solides |
Produits volatils non cuits |
Dégraissage à la vapeur |
Vapeurs libérées |
Trichloroéthane, trichloroéthylène, perchloroéthylène |
Dégraissage aqueux |
Déchets liquides |
Composés organiques volatils, silicates, métaux traces |
Procédés |
Emissions dans l’air |
Emissions dans l’eau1 |
Emissions dans le sol |
Pulvérisations de revêtements |
Equipements de limitation des émissions2 pour les opérations de pulvérisation (composés organiques volatils et particules solides) |
Prétraitement sur site et surveillance |
Traitement et mise en décharge3 des déchets provenant des cabines de peinture Incinération des produits inflammables et mise en décharge des cendres |
Nettoyage avec des solvants contenant des composés organiques volatils |
Limitation2 des émissions ou remplacement des produits utilisés |
Prétraitement sur site et surveillance |
Incinération et mise en décharge des chiffons usagés |
Nettoyage avec des solvants contenant des substances détruisant la couche d’ozone |
Remplacement en raison de l’interdiction de fabrication des substances détruisant la couche d’ozone |
Aucune |
Aucune |
Nettoyage avec des solvants contenant des substances toxiques |
Remplacement des produits |
Prétraitement sur site et surveillance |
Traitement pour diminuer la toxicité4 et mise en décharge |
Décapage des peintures |
Limitation des émissions ou remplacement par des produits non dangereux pour l’atmosphère ou des méthodes mécaniques |
Prétraitement sur site et surveillance |
Traitement et mise en décharge des boues stabilisées |
Anodisation, placage des métaux durs, fraisage par voie chimique et revêtements de conversion (chromatisation) |
Limitation des émissions (absorbeurs-neutraliseurs) ou remplacement dans certains cas |
Prétraitement sur site des eaux de rinçage |
Traitement et mise en décharge des boues stabilisées |
Etanchéification |
Aucune émission atmosphérique |
Aucune émission dans l’eau |
Incinération et mise en décharge des chiffons usagés |
Composés inhibiteurs de corrosion |
Ventilation avec filtres |
Aucune émission dans l’eau |
Traitement et mise en décharge des chiffons, composés résiduels et filtres5 des cabines de peinture |
Dégraissage à la vapeur |
Condenseurs à vapeur |
Séparation des solvants dégraissants dans les eaux usées |
Recyclage des solvants dégraissants toxiques, traitement et mise en décharge des produits résiduels |
Dégraissage aqueux |
Aucune émission atmosphérique |
Prétraitement sur site et surveillance |
Prétraitement des boues, considérées comme des déchets dangereux |
1 La plupart des usines aéronautiques sont tenues d’avoir des installations industrielles de prétraitement des eaux usées. Certaines peuvent disposer d’installations assurant un traitement complet.2 L’efficacité des contrôles doit généralement permettre une élimination/destruction de 95% des concentrations initiales. Un taux de 98%, ou plus, est généralement obtenu avec le charbon actif ou des installations d’oxydation thermique.3 Une réglementation très stricte définit les mesures de traitement, ainsi que la construction et la surveillance des opérations de mise en décharge.4 La toxicité est mesurée au moyen de dosages biologiques ou d’essais de filtrage destinés à prédire les résultats dans les décharges de déchets solides.5 Les cabines de peinture disposent généralement d’un système de filtrage. Les travaux effectués hors séquence, les retouches etc., sont généralement exclus en raison de considérations pratiques.
Les réglementations sur le bruit ont suivi une évolution similaire. Cest ainsi que lAdministration fédérale de laviation (Federal Aviation Administration (FAA)), aux Etats-Unis, et lOrganisation de laviation civile internationale (OACI) ont fixé des objectifs sévères en termes de réduction du bruit des turboréacteurs (comme en témoigne la loi américaine de 1990 sur le bruit des aéroports et la capacité aéroportuaire (Airport Noise and Capacity Act)). Les compagnies aériennes ont dû soit remplacer les avions anciens tels que le Boeing 727 ou le McDonnell Douglas DC-9 (avions classés en catégorie 2 par lOACI) par des avions de nouvelle génération, soit remotoriser ces avions, soit réduire leur niveau de bruit en installant des kits dinsonorisation («hush» kits). Lélimination des avions bruyants de catégorie 2 est devenue obligatoire aux Etats-Unis au 31 décembre 1999, date à laquelle la réglementation de catégorie 3 est entrée en vigueur.
Un autre risque lié aux opérations aéronautiques et spatiales est celui des chutes dobjets divers (déchets, éléments davions et de satellites) qui retombent régulièrement sur terre. Lincident le plus fréquent est la chute de ce que lon appelle la «glace bleue», qui se produit en cas de fuite de la canalisation des toilettes des avions civils; les déchets gèlent à lextérieur de lappareil puis se détachent et tombent. Les autorités aéroportuaires envisagent des lois qui permettraient des contrôles supplémentaires, avec obligation de réparer les conduites défectueuses. Dautres phénomènes, en particulier la chute de débris de satellites, sont en théorie potentiellement dangereux (appareils radioactifs ou sources dénergie, par exemple), mais présentent statistiquement un risque extrêmement faible pour la population.
La plupart des entreprises aéronautiques et spatiales ont mis en place des organisations chargées de régler le problème de la réduction des émissions. Des objectifs environnementaux sont fixés et des politiques sont établies. Des ingénieurs, des techniciens et des administrateurs sont chargés de la gestion des autorisations, de la sécurité des transports, de la manipulation des matériaux, de lélimination et du traitement des déchets.
Des spécialistes de la gestion de lenvironnement, des ingénieurs chimistes et autres sont employés à des tâches de recherche et dadministration dans ce secteur. Enfin, des programmes daide à lélimination des émissions polluantes et des nuisances sonores dès le stade de la conception des produits et des procédés ont été mis en place.