Ce chapitre traite des secteurs de lindustrie fabriquant les produits suivants:
Il est intéressant de constater que non seulement ces secteurs existaient déjà pour la plupart dans lAntiquité, mais aussi quils ont en commun un bon nombre de procédés. Par exemple, tous sont basés sur lutilisation de matières premières naturelles réduites en poudre ou en fines particules que lon chauffe pour obtenir les produits finis souhaités. Cest pourquoi, malgré léventail de procédés et de produits envisagés ici, nous pouvons dresser un panorama général des dangers potentiels pour la santé associés à ces industries. Etant donné que les différents secteurs de fabrication sont constitués aussi bien de petites usines éloignées les unes des autres (par exemple, pour la fabrication des briques) que de grandes unités de production hautement techniques employant des milliers de travailleurs, chacun deux sera décrit séparément.
La fabrication des produits dans cette industrie expose à des risques professionnels qui sont communs à tous les secteurs précités. Ces risques et les mesures de prévention associées sont traités ailleurs dans la présente Encyclopédie . Les risques propres aux différents procédés sont exposés dans les parties correspondantes de ce chapitre.
Dans la plupart des cas, les matières premières sont livrées sèches, sous forme solide, en vrac ou dans des sacs individuels. Les matières premières solides en vrac sont déchargées de wagons ou de camions dans des silos, cuves ou trémies, lignes pneumatiques, transporteurs à vis, à godets et autres moyens mécaniques. Les palettes de sacs de matières premières (20 à 50 kg) ou les grands sacs en tissu contenant le matériau en vrac (0,5 à 1 tonne) sont déchargés des remorques des camions ou des wagons par des chariots élévateurs, des grues ou des treuils. Les sacs sont enlevés des palettes manuellement ou à laide dappareils de levage. Les matières premières en sacs sont généralement déchargées sur une aire de stockage ou directement dans des trémies dattente ou de pesage.
Le déchargement, la manutention et le transfert des matières premières solides exposent aux risques ci-après:
La fabrication de ces produits fait intervenir des procédés de séchage, fusion ou cuisson dans des fours. La chaleur nécessaire est générée par la combustion de propane, de gaz naturel (méthane) ou de mazout, la fusion à larc électrique, des micro-ondes, le séchage diélectrique ou le chauffage par une résistance électrique. Les risques potentiels liés à ces procédés comprennent:
Selon la taille, la forme et le poids des produits, chaque secteur utilise des procédés de manutention, de fabrication et demballage qui lui sont propres. La densité élevée des matériaux mis en uvre ou le fait quils soient en vrac exposent à des risques communs dans les différents secteurs considérés ici. Le levage manuel et la manutention lors de la production, de la fabrication, de lemballage ou de lentreposage sont à lorigine de nombreux accidents invalidants (voir ci-après la rubrique «Les types daccidents du travail et de maladies professionnelles»). Des efforts ont donc été faits pour limiter le plus possible ces opérations. Par exemple, dans le but déliminer les accidents en découlant, certains secteurs de lindustrie ont commencé à employer des emballages nouveaux, des automates pour empiler ou palettiser les produits finis et des véhicules télépilotés pour le transport vers les entrepôts. Des bandes transporteuses, des apparaux au levage (par exemple, palans pneumatiques) et des tables élévatrices à parallélogramme articulé sont couramment utilisés pour assurer la manutention et la palettisation des produits (voir figure 84.2).
Lutilisation des automates pour éliminer la manutention manuelle joue un rôle prépondérant dans la prévention des lésions dues à des carences ergonomiques. Lautomatisation des procédés a permis datténuer deux types de risques auxquels était traditionnellement exposé le personnel de production lors de la manutention des matériaux (par exemple, celle du verre plat): risques liés à des problèmes de nature ergonomique et risques de graves coupures (voir figure 84.3). Cependant, le développement du recours aux automates et de lautomatisation des procédés entraîne de nouveaux risques dus aux machines en mouvement et à lalimentation électrique, qui frappent désormais également des catégories de travailleurs (maintenance) jusquici moins touchées. La conception adéquate des commandes électroniques et des séquences logiques, la protection des machines, lisolation complète des sources dénergie et linstauration de procédures dutilisation et de maintenance sûres sont des moyens fondamentaux pour prévenir les risques daccident auxquels sont exposés et les travailleurs de la production et ceux de la maintenance.
Les remises en état périodiques et les réfections à froid des fours présentent de multiples dangers pour la sécurité et la santé. Les activités de construction comportent de nombreux risques: risques ergonomiques liés à la manutention des matériaux (briques réfractaires); exposition à des particules de silice, damiante, de fibres de céramiques réfractaires ou de métaux lourds en suspension dans lair lors de travaux de démolition ou lors dopérations de découpe ou de soudage; excès de chaleur; travail en hauteur; risques de glissade, de trébuchement ou de chute; risques liés au travail en espace confiné (voir figure 84.4); contact avec des sources dénergie dangereuses.
Le verre sest formé naturellement à partir déléments présents dans la croûte terrestre bien avant quon ne songe à en analyser la composition, à le façonner ou quon le destine aux innombrables usages que nous lui connaissons aujourdhui. Lobsidienne, par exemple, est une forme naturelle doxydes fondus sous leffet de la chaleur intense des volcans et vitrifiés (transformés en verre) par un refroidissement rapide à lair. Cest à sa teneur relativement élevée en oxyde de fer quelle doit sa couleur noire opaque. Sa résistance aux agents chimiques et sa dureté sont tout à fait comparables à celles de bon nombre de verres commerciaux.
La technologie du verre a une histoire vieille de 6 000 ans et certaines applications modernes remontent à la plus haute Anti-quité. Lorigine des premiers verres synthétiques se perd dans la nuit des temps et dans la légende. Les Egyptiens savaient fabriquer la faïence: ils façonnaient des figurines à partir de sable (SiO2), loxyde le plus courant pour la formation du verre. On le recouvrait de natron, résidu abandonné par le Nil lors de ses crues, et composé principalement de carbonate de calcium (CaCO3), de carbonate de sodium (Na2CO3), de chlorure de sodium (NaCl) et doxyde de cuivre (CuO). En chauffant à une température inférieure à 1 000 °C, on obtenait un enduit vitreux grâce à la diffusion des fondants CaO (oxyde de calcium) et Na2O (oxyde de sodium) dans le sable puis à leur solidification au contact du sable. Loxyde de cuivre donnait à lobjet une belle couleur bleue.
Selon la définition de Morey, «le verre est une substance inorganique qui dérive dune façon continue de létat liquide et lui est analogue, mais qui, conséquence dun changement inverse de viscosité pendant le refroidissement, atteint un tel degré de viscosité quon peut la considérer comme rigide pour toutes les applications pratiques». La Société américaine pour lessai des matériaux (American Society for Testing and Materials (ASTM)) définit le verre comme «un produit inorganique de fusion qui, en refroidissant, a atteint létat rigide sans cristalliser». Organiques ou inorganiques, des substances peuvent se transformer en verre si leur structure nest pas cristalline cest-à-dire sans caractère ordonné à longue distance.
Progrès majeur dans la technologie du verre, la canne à souffler (voir figure 84.5) fut introduite aux alentours de 100 avant J.-C., imprimant un développement rapide à la technique de fabrication du verre.
Dabord coloré à cause de la présence dimpuretés comme les oxydes de fer et de chrome, il faut remonter à environ 1 500 ans pour voir le premier verre quasiment incolore.
Cest à cette époque que lindustrie du verre commence à se développer à Rome. Elle se répand ensuite à travers lEurope. Venise devient un important centre de verrerie. Au XIIIe siècle, nombre de ses fabriques sinstallent sur lîle toute proche de Murano. De nos jours encore, Murano est un centre de production artisanale de verrerie dart en Italie.
Au XVIe siècle, on fabrique du verre dans toute lEurope. La République tchèque est toujours renommée pour son verre de Bohême; le Royaume-Uni ainsi que lIrlande produisent des articles de table en cristal au plomb de haute qualité. La Suède fabrique également des objets dart en cristal.
En Amérique du Nord, la toute première usine fut une verrerie. Les colons anglais, en effet, commencèrent la production du verre au début du XVIIe siècle à Jamestown en Virginie.
Aujourdhui, presque tous les pays du monde fabriquent du verre. De nombreux articles proviennent de chaînes de production entièrement automatisées. Bien que le verre soit un matériau très ancien, ses propriétés, uniques, ne sont pas encore entièrement comprises.
Lindustrie contemporaine du verre comprend plusieurs grands segments de marché: le marché du verre plat, le marché des articles de ménage, le marché des récipients de verre, le marché du verre optique et la verrerie de laboratoire. Les marchés du verre optique et la verrerie de laboratoire sont généralement très organisés et dominés par un ou deux fournisseurs dans la plupart des pays. Ils représentent aussi un volume beaucoup plus faible que le marché grand public. Chacun de ces marchés a progressé au fil des années grâce à des innovations techniques ou aux progrès des modes de fabrication. Lindustrie des récipients, par exemple, a bénéficié, au début du XXe siècle, de la construction de machines ultrarapides pour la fabrication des bouteilles. Au début des années soixante, lindustrie du verre plat a connu un essor important grâce au développement du procédé du verre flotté. Aujourdhui, lune et lautre pèsent plusieurs milliards de dollars E.-U. à léchelle mondiale.
Les articles de ménage en verre comprennent quatre grandes catégories:
Bien quil soit difficile dobtenir des estimations mondiales, le marché de la verrerie de ménage représente, aux Etats-Unis seulement, environ 1 milliard de dollars. Selon la catégorie, le verre est en concurrence avec dautres matériaux la céramique, le métal et les matières plastiques.
Le verre est un produit inorganique résultant dune fusion, suivie dun refroidissement, jusquà létat rigide sans cristallisation. Dur et cassant, il se caractérise par une fracture conchoïdale. En faisant varier les matériaux amorphes ou cristallins quil contient, on obtient du verre coloré, translucide ou opaque.
Refroidi à partir de son état de fusion, le verre augmente peu à peu en viscosité sans cristallisation dans une plage de températures étendue jusquà acquérir sa forme caractéristique dure et cassante. Son refroidissement doit seffectuer dans des conditions bien déterminées pour éviter la cristallisation ou lapparition de trop fortes tensions internes.
Si, en théorie, tout composé possédant ces propriétés physiques est du verre, la plupart des verres du commerce, qui peuvent avoir des compositions chimiques très différentes, entrent dans lune des trois catégories ci-après:
Plusieurs composants entrent dans la fabrication du verre commercial. Quatre à six dentre eux pourtant dominent, obtenus à partir de matériaux comme le sable, la chaux, la dolomite, le carbonate de sodium, le borax, lacide borique, les feldspaths, des composés du plomb et du baryum. Ajoutés en petites quantités, les autres sont choisis parmi 15 à 20 matériaux, couramment qualifiés dadditifs. Ils servent à conférer au verre, lors de la préparation, une fonction ou une qualité particulière, par exemple sa couleur.
La figure 84.6 montre les différentes étapes de la fabrication du verre. Les matières premières sont pesées, mélangées et, après adjonction de débris de verre, ou calcin, amenées au four pour la fusion. Pour la fusion du cristal destiné à être soufflé selon les procédés artisanaux, ainsi que pour certains verres produits en faibles quantités, on utilise encore des creusets dont la contenance est inférieure à 2 tonnes. Plusieurs de ces creusets peuvent être chauffés ensemble dans une chambre de combustion.
Dans la plupart des verreries modernes, la fusion se fait dans de grands fours de régénération, de récupération ou des fours électriques en matériaux réfractaires et chauffés selon le cas au mazout, au gaz naturel ou à lélectricité. Lappoint de chauffage électrique et la fusion électrique (avec émaillage à froid) ont été universellement utilisés à la fin des années soixante et dans les années soixante-dix. Cest la lutte contre la pollution qui a fait choisir la fusion électrique, tandis que lappoint de chauffage électrique visait généralement à améliorer la qualité du verre et à augmenter la production.
Les facteurs économiques qui jouent un rôle important dans le choix de lélectricité pour les fours de fusion du verre sont liés entre autres au prix des combustibles fossiles, à la disponibilité des différents combustibles, au coût de lélectricité et aux investissements en matériel nécessaires. Cependant, cest la protection de lenvironnement qui motive souvent au premier chef le choix de la fusion électrique ou de lappoint de chauffage électrique. Des règlements relatifs à lenvironnement réduisant rigoureusement le rejet doxydes ou de particules sont entrés en vigueur dans plusieurs pays. Par voie de conséquence, de nombreux verriers se trouvent confrontés à lalternative suivante: soit réduire les émissions lors de la fusion, installer des filtres à manches ou des séparateurs afin de limiter les émissions des rejets gazeux, soit modifier le procédé de fusion et inclure la fusion électrique ou lappoint de chauffage électrique. Dans certains cas, lusine na dautre choix que de fermer.
La partie la plus chaude du four (superstructure) peut atteindre de 1 600 à 2 800 °C. Un refroidissement contrôlé permet dabaisser la température du verre jusquà 1 200 ou 1 000 °C à sa sortie du four. En outre, tous les types de verre subissent un refroidissement ultérieur (recuisson) dans un four spécial à température contrôlée ou dans une arche de recuisson. Les opérations de transformation ultérieures dépendent du type de procédé de fabrication.
Le soufflage automatique est utilisé pour la fabrication des bouteilles et des ampoules électriques en plus du soufflage artisanal traditionnel. Les articles de forme simple isolateurs, briques de verre, verres optiques, etc. sont pressés plutôt que soufflés. Dans certains procédés de fabrication, on associe le soufflage et le pressage. Le verre armé et le verre à dessins sont laminés. Le verre à vitres est étiré du four verticalement, ce qui lui donne une surface adoucie au feu. Sous les effets combinés de létirage et de la gravité, il subit certaines déformations.
Le verre plat passe entre des rouleaux refroidis à leau puis dans une arche de recuisson. Il ne présente pas de déformation. On rectifie après fabrication les irrégularités de sa surface par dégrossissage et polissage. Depuis quelques années, ce procédé est largement supplanté par le procédé de verre flotté (voir figure 84.7). Ce dernier a permis la fabrication de verre qui allie les avantages du verre en feuilles et du verre plat. La surface du verre flotté présente laspect des surfaces polies au feu et elle est exempte de déformations.
Dans ce procédé, le verre en fusion coule, à sa sortie du four, en un ruban continu sur un bain détain fondu, dont il épouse la surface parfaitement plane. Lors de son passage sur létain, le verre se refroidit jusquà ce quil soit suffisamment dur pour passer entre les rouleaux de larche de recuisson sans que sa face intérieure soit marquée. Une atmosphère inerte empêche loxydation de létain. Après la recuisson, le verre ne nécessite plus aucun traitement et peut être automatiquement coupé et emballé (voir figure 84.8).
La tendance de larchitecture actuelle à accroître les surfaces vitrées pour les locaux à usage dhabitation comme à usage commercial, et la nécessité de réduire la consommation dénergie ont incité à améliorer les qualités isolantes des fenêtres. De minces films déposés à sa surface confèrent au verre des propriétés de faible émissivité ou de sélectivité du rayonnement solaire. La commercialisation de ces produits exige le recours à une technologie peu coûteuse de dépôt sur de grandes surfaces. Cest pourquoi de plus en plus de chaînes de fabrication de verre flotté sont équipées de procédés denduction très élaborés.
Dans les procédés de dépôt chimique en phase vapeur (Chemical Vapour Deposition (CVD)), fréquemment utilisés, on met en contact avec un substrat chaud un mélange de gaz complexe qui, par pyrolyse, forme un dépôt à la surface du verre. En général, cela seffectue grâce à des dispositifs à température contrôlée suspendus au-dessus de la largeur du ruban de verre soit dans le bain détain, soit dans louverture de larche, soit encore dans larche elle-même. Leur fonction est de répartir uniformément les gaz précurseurs sur toute la largeur du ruban en contrôlant la température et dextraire en toute sécurité les sous-produits gazeux de la zone de dépôt. Si plusieurs couches de film sont nécessaires, on place un certain nombre de structures en série au-dessus du ruban de verre.
Pour le traitement des sous-produits gazeux dégagés par lapplication de ces méthodes à grande échelle, il suffit en général de recourir au procédé dépuration humide en utilisant un filtre-presse conventionnel. Lorsquil savère difficile de faire réagir les gaz émis ou de les mouiller au moyen de solutions aqueuses, il faut recourir à lincinération.
Certains verres optiques sont renforcés chimiquement par des procédés dans lesquels le verre est immergé plusieurs heures durant dans des bains à haute température contenant des sels fondus tels que le nitrate de lithium et le nitrate de potassium.
Le verre de sécurité comprend deux grandes catégories:
Les fibres minérales vitreuses artificielles sont des silicates amorphes produits à partir dune grande variété de matériaux: verre, roche, laitier ou dautres minéraux. Elles peuvent être continues ou discontinues. En général, les fibres continues sont des fibres de verre obtenues par extrusion au travers dune filière et utilisées pour renforcer dautres matériaux comme les matières plastiques afin dobtenir des composites aux propriétés particulières. Les fibres discontinues (généralement appelées «laines») sont employées, entre autres, pour lisolation thermique et acoustique. Dans le cadre de ce chapitre, les fibres minérales vitreuses artificielles ont été réparties en fibres de verre continues, comprenant les laines de verre servant à lisolation faites de fibres de verre, de roche ou de laitier, et en fibres céramiques réfractaires, qui sont généralement des silicates daluminium.
Létirage du verre en fusion en longues fibres était déjà connu dans lAntiquité avant même la technique du verre soufflé. Les Egyptiens fabriquaient leurs vases en enroulant des fibres de verre autour dune forme en argile, puis ils chauffaient le tout jusquà ce que les fibres fondent et samalgament; après refroidissement, ils cassaient le moule dargile. Même après lapparition de la technique du verre soufflé, au Ier siècle après J.-C., la technique de la fibre de verre était encore utilisée. Les verriers vénitiens lont employée aux XVIe et XVIIe siècles pour la verrerie décorative. Ils enroulaient des paquets de fibres blanches opaques autour dun récipient en verre transparent soufflé (par exemple, une coupe), puis les faisaient fondre en chauffant.
Même si les fibres de verre ont très longtemps servi à la fabrication dobjets décoratifs et artistiques, ce nest quau XXe siècle quelles ont connu leur essor. La production commerciale a démarré dabord en Europe, puis aux Etats-Unis dans les années trente. Les laines de roche et de laitier existaient déjà depuis plusieurs années.
Les fibres de verre artificielles sont devenues un composant important de la vie moderne. Leur fabrication et leur utilisation représentent un marché mondial de plusieurs milliards de dollars E.-U. Leur emploi comme isolant a permis une réduction importante des besoins énergétiques pour le chauffage ou le refroidissement des édifices, ce qui, à son tour, a contribué à réduire la pollution globale associée à la production dénergie. On estime à plus de 30 000 le nombre dapplications des filaments de verre continus pour le renforcement dinnombrables articles, que ce soit dans le secteur du sport, de linformatique ou de laérospatiale. Développées et commercialisées à grande échelle dans les années soixante-dix, les fibres céramiques réfractaires continuent à jouer un rôle clé dans la protection des travailleurs et de léquipement, en tant que matériau isolant, dans de nombreux procédés de fabrication à haute température.
Les filaments de verre, de diamètre presque uniforme, sont formés en continu en forçant le verre fondu par extrusion à travers une filière en métal précieux. Utilisées comme matériau de renforcement, les fibres doivent satisfaire à des exigences physiques spécifiques et leur diamètre est donc relativement plus grand que celui des fibres destinées à être mélangées à la laine disolation. Presque tous les filaments de verre continus ont un diamètre compris entre 5 et 15 µm ou davantage. Ces grands diamètres ainsi que leur relative constance lors de la fabrication éliminent les risques de problèmes respiratoires chroniques puisque les fibres sont trop grosses pour être inhalées dans les voies respiratoires inférieures.
Les fibres de verre à filament continu sont obtenues par réduction rapide des gouttes de verre en fusion sortant des orifices des filières sous leffet de la pesanteur et y restant en suspension. Léquilibre dynamique entre les forces de tension de surface et le rétrécissement mécanique fait que la goutte de verre prend la forme dun ménisque à lorifice annulaire de la filière et seffile jusquà avoir le diamètre de la fibre étirée. Pour que létirage soit réussi, il faut que le verre atteigne un degré de viscosité compris entre 500 et 1 000 poises. A des viscosités plus basses, le verre, trop liquide, se dissipe en gouttelettes; dans ce cas, la tension de surface est trop importante. A des viscosités plus hautes, la tension présente dans la fibre lors de laffaiblissement est trop élevée. La vitesse découlement du verre à travers lorifice de la filière peut également devenir trop lente pour permettre le maintien du ménisque.
La filière constitue une plaque percée de centaines dorifices maintenue à température constante qui a pour fonction de conditionner le verre à cette même température afin que les fibres étirées soient de diamètre identique. La figure 84.9 représente le schéma des principaux éléments dune filière. La plaque percée dorifices est placée à la sortie dun four où elle reçoit le verre en fusion à une température proche de celle à laquelle il passera dans les orifices. Dans ce cas, la fonction de la filière est unique.
En revanche, si la filière est alimentée par des billes de verre, une seconde fonction simpose, qui est de faire fondre celles-ci avant de porter le verre à la température correcte pour létirage des fibres. On peut voir à la figure 84.10 un exemple de filière alimentée par des billes de verre. Les traits hachurés à lintérieur de la machine représentent la plaque retenant les billes non fondues.
La conception des filières est en grande partie le fruit de lexpérience. Comme elles doivent résister au verre en fusion et assurer la stabilité de la température nécessaire pour lextrusion des fibres, elles sont faites dalliages de platine (alliages à 10 ou à 20% de rhodium-platine), ce dernier étant plus résistant aux déformations à températures élevées. Avant dêtre réunies en une ou plusieurs mèches, à leur sortie de la filière, les fibres sont recouvertes dun apprêt. Les apprêts densimage sont principalement de deux types:
Une fois formée, la fibre est recouverte dun enduit protecteur organique par enduction, et les filaments continus sont rassemblés en mèches (voir figure 84.11) avant dêtre enroulés sur une bobine. Les enducteurs permettent le soufflage des fibres; lorsquelles ont de 25 à 45 mm de largeur, elles sont recueillies sur un collecteur et passent sur une surface en mouvement recouverte dun film dapprêt.
On distingue deux types denducteurs:
Les opérations de revêtement de protection et de rassemblement des fibres peuvent varier en fonction du type de fibres produites: fibres textiles ou de renforcement. Lobjectif de base est de recouvrir les fibres dapprêt, de les rassembler en mèches et de les placer sur le cylindre dune bobine escamotable avec le minimum de tension.
La figure 84.12 illustre le procédé de fabrication des fibres de verre sous forme de filaments continus.
Contrairement aux fibres de verre sous forme de filaments continus, les fibres de laine de verre isolantes et de céramiques réfractaires sont obtenues par des procédés à très haute énergie au cours desquels le matériau en fusion tombe sur des bobinoirs ou sur une série de disques en rotation. On obtient ainsi des fibres aux diamètres beaucoup plus variés que dans le cas des filaments continus. Ainsi, toutes les laines isolantes et les fibres céramiques renferment une partie des fibres de diamètre inférieur à 3,0 µm, qui risquent dêtre inhalées si elles sont coupées en petits morceaux (moins de 200 à 250 µm). Lexposition à ce genre de fibres vitreuses artificielles respirables sur le lieu de travail est bien documentée.
Plusieurs procédés sont utilisés pour la fabrication de la laine de verre, notamment le soufflage à la vapeur et le soufflage à la flamme. Le plus courant, cependant, est létirage centrifuge développé au milieu des années cinquante. Les procédés à rotors ont largement remplacé les procédés de soufflage direct dans la fabrication commerciale disolants en fibres de verre. Ils utilisent tous un tambour creux, ou panier centrifugeur, monté verticalement et dont la paroi est perforée de plusieurs milliers de trous uniformément répartis sur la circonférence. Le verre en fusion tombe à une vitesse contrôlée dans le centre du tambour doù un distributeur le projette contre la paroi verticale perforée. La force centrifuge le disperse ensuite en étoile vers lextérieur sous forme de filaments qui sortent de chaque perforation. On réduit alors ces filaments en insufflant un fluide à travers un ou plusieurs orifices disposés autour du tambour de façon concentrique. On obtient des fibres dun diamètre moyen de 6 à 7 µm. Le fluide soufflé, qui agit vers le bas, permet ainsi le rétrécissement final et dirige également les fibres vers une surface de rassemblement située sous le tambour. En cours de route, les fibres sont aspergées de liant avant dêtre réparties uniformément sur la surface de rassemblement (voir figure 84.13).
Dans les procédés par rotation, on obtient les fibres de laine de verre en faisant passer le verre en fusion à travers une série de petits orifices situés dans un tambour en rotation, puis en rétrécissant la fibre primaire par soufflage dair ou de vapeur.
La laine minérale, quant à elle, ne peut être fabriquée par des tambours en rotation. Historiquement, on lobtient par un procédé utilisant une série de mandrins horizontaux en rotation (ou rotors) montés en cascade et tournant très rapidement (voir figure 84.14). Une coulée de roches en fusion est continuellement amenée à lun des rotors supérieurs et, à partir de celui-ci, au deuxième, et ainsi de suite. Le liquide en fusion est réparti uniformément sur la surface extérieure de tous les rotors. Des gouttelettes sont projetées de ceux-ci vers lextérieur par la force centrifuge. Elles adhèrent à la surface des rotors par de longs fils qui, sous leffet dune élongation supplémentaire et dun refroidissement simultané, se transforment en fibres. Lélongation entraîne naturellement une diminution de leur diamètre qui, à son tour, provoque une accélération du refroidissement. Le diamètre des fibres produites selon ce procédé est donc plus petit, mais aucune distribution normale autour de la valeur moyenne nest à attendre.
La fabrication des fibres réfractaires se fait essentiellement par des méthodes de soufflage et de centrifugation, similaires à celles employées pour les laines isolantes. Dans le procédé de soufflage à la vapeur, des matières premières comme lalumine ou la silice sont fondues dans un four électrique et la matière en fusion est étirée et soufflée à la vapeur ou grâce à un autre gaz chaud sous pression. Les fibres produites sont rassemblées sur un crible.
Comme pour les fibres de roche ou de laitier, on obtient un grand nombre de fibres longues et soyeuses. Une coulée de matière en fusion passe dans des disques tournant à grande vitesse, puis est projetée tangentiellement pour former des fibres.
Lart de la céramique remonte à laube de lhumanité. Au cours du temps, de nombreux styles et techniques ont vu le jour dans différentes parties du monde. Au XVIIIe siècle, limportation dobjets délicats et richement ornés en provenance dExtrême-Orient influença fortement une industrie florissante dans plusieurs régions dEurope. Environ quatre siècles auparavant, le Japon avait appris de la Chine lart de la céramique. Sous limpulsion de la révolution industrielle et de lamélioration du niveau de vie en Europe occidentale, la production connut un essor rapide. De nos jours, chaque pays ou presque fabrique des objets destinés à sa consommation et, pour certains, leur exportation constitue un important débouché. Dans beaucoup de régions, la production a atteint un niveau industriel. Bien que les principes de base soient restés inchangés, les méthodes de fabrication ont considérablement évolué, en particulier le façonnage ou la mise en forme de lobjet, sa cuisson et les techniques de décoration. Lutilisation croissante de microprocesseurs et de robots a permis dautomatiser considérablement les unités de production. Il existe cependant encore partout de petits artisans.
La poterie sest dabord faite à la main. On superpose des boudins dargile que lon agglomère par la pression des mains. On ramollit ensuite largile avec de leau. Lorsque tous les boudins adhèrent en une masse compacte, on façonne et on moule à la main.
Plus tard, le tour du potier fit son apparition. On place une masse dargile au centre dun plateau tournant et on la façonne, les mains mouillées. Leau empêche que les mains ne collent à largile et conserve à celle-ci humidité et malléabilité. Les anses, les becs et autres parties saillantes sont ajoutés juste avant la cuisson.
De nos jours, on utilise souvent un moule pour réaliser une poterie de belle qualité aux parois très fines. On verse un mélange dargile et deau très liquide, la barbotine, dans un moule de plâtre de Paris. Le plâtre absorbe leau, de sorte quil se dépose une mince couche dargile sur la surface interne du moule. Quand la couche est suffisamment épaisse pour former les parois du vase, on jette ce qui reste de barbotine et on laisse la pièce humide dans le moule. En séchant, celle-ci se rétrécit légèrement et on peut alors la retirer. En général, les moules sont démontables.
Quand la pièce est parfaitement sèche, on la lisse et on la prépare en vue de la cuisson. On la place dans une boîte en argile réfractaire, la «cazette» ou «gazette», qui la protège des flammes et des gaz émis durant la cuisson, de la même façon quun four protège une miche de pain en train de cuire. Les cazettes sont superposées dans le four: cest ce quon appelle lengazettage et lenfournement. Le four est une grande structure faite de briques réfractaires et entourée de veines dair afin que les flammes du feu puissent complètement envelopper les pièces sans jamais entrer en contact avec elles, car la fumée les décolorerait.
La plupart des pièces sont cuites au moins deux fois. La première fois, on dit que la pièce est biscuitée; elle sappelle alors le biscuit. Après cuisson, le biscuit est glacé. La glaçure est un enduit vitrifiable, transparent, que lon applique sur une poterie pour la rendre brillante et imperméable. Les glaçures contiennent de la silice, un fondant pour abaisser la température de fusion (plomb, baryum, etc.) et des oxydes de métaux qui les colorent. Après application et séchage complet de la glaçure, la pièce est remise au four et cuite à une température très élevée à laquelle la glaçure fond et recouvre toute la surface.
Les propriétés physiques dune pâte céramique varient selon les composants qui entrent dans sa confection et les conditions de cuisson employées. Cest en fonction surtout de ses propriétés physiques que lon choisit telle ou telle pâte, pour tel ou tel usage, mais on préfère généralement les pâtes blanches pour la vaisselle.
Selon leur future utilisation, on dote les produits industriels (réfractaires, isolateurs électriques, supports de catalyseurs, etc.) de propriétés physiques très diverses.
Matières premières . Les principaux composants de la pâte céramique, ainsi que leurs proportions usuelles respectives, sont indiqués au tableau 84.1. La syénite éléolithique (néphélinifères) est parfois utilisée comme fondant, et lalumine peut remplacer tout ou partie du quartz dégraissant dans certaines porcelaines. La cristobalite (sable calciné) est employée comme dégraissant dans des cas particuliers, notamment dans lindustrie des carrelages muraux.
Pâte |
Base plastique |
Produits fondants |
Produits dégraissants |
|||||
Terre glaise |
Kaolin |
Grès |
Roche |
Feldspath |
Quartz |
Cendre d’os |
Autres |
|
Poterie |
25 |
25 |
15 |
35 |
||||
Grès-cérame |
30-40 |
25-35 |
20-25 |
20-30 (grog) |
||||
Porcelaine de Chine |
20-25 |
20-25 |
15-25 |
25-30 |
||||
Porcelaine |
40-50 |
20-30 |
15-25 |
|||||
Porcelaine phosphatique |
20-25 |
25-30 |
45-50 |
Pendant la cuisson, le fondant se vitrifie et lie les composants entre eux. A mesure que la quantité de fondant augmente, la température de vitrification diminue. Les dégraissants influent sur la résistance mécanique de lobjet avant et pendant la cuisson; on utilise traditionnellement le quartz (sous forme de sable ou de silex calciné) pour la fabrication de la vaisselle, sauf pour la porcelaine phosphatique, où il est remplacé par de la cendre dos. Lalumine ainsi que dautres charges non siliceuses largement employées dans lindustrie commencent également à lêtre pour dautres objets, y compris des céramiques ménagères.
Fabrication . La fabrication de la céramique comporte les phases suivantes:
La composition de la pâte dépend en partie du procédé de fabrication et en partie des qualités souhaitées pour le produit fini. Une base plastique est indispensable pour les objets façonnés par voie humide; elle ne lest pas dans les procédés de façonnage non plastique, comme le pressage à sec. Si la base plastique nest pas essentielle, largile demeure cependant le composant principal de la plupart des produits céramiques, même de ceux qui sont pressés à sec.
Les céramiques industrielles ne figurent pas au tableau 84.1, car leur composition, très variée, va de la terre glaise à largile, sans fondant ni dégraissant, à la plupart des alumines mélangées avec de largile et sans fondant ajouté.
Si la préparation (calcination, broyage et meulage du silex ou de la roche) peut se faire dans un établissement séparé, il est dusage que lensemble des opérations suivantes seffectue dans une seule et même usine. Dans la salle de la barbotine, les composants de la pâte sont mélangés dans leau; on obtient ensuite largile plastique par filtrage et malaxage; la barbotine de coulage est alors amenée à un état crémeux par délayage. On prépare la poudre destinée au pressage à sec par séchage et broyage.
Le tableau 84.2 montre les procédés classiques de fabrication. Au moulage, la pâte en suspension aqueuse est versée dans un moule absorbant et la pièce est retirée après séchage partiel. Le façonnage au tour de potier est désormais rare dans la production industrielle. Le façonnage par étalement à lextérieur ou à lintérieur dun moule en plâtre (calibrage), la pièce étant séparée du moule après séchage, est devenu le procédé quasi universel de la fabrication de la vaisselle. Le pressage, ou lextrusion, de largile plastique est principalement limité aux céramiques industrielles. Les articles en poudre pressée sont obtenus par compactage à la main ou par pressage mécanique de la poudre préséchée qui constituera la pâte.
Produits |
Procédés habituels |
Vaisselle |
Façonnage d’argile plastique; moulage |
Sanitaires |
Moulage |
Carreaux |
Pressage à sec (revêtement de mur ou de sol, carreaux vitrifiés); pressage d’argile plastique (dalles de revêtement de sol) |
Articles industriels |
Pressage à sec; pressage d’argile plastique |
Après le façonnage, lobjet est séché puis lissé et essuyé avec un tissu ou une éponge. Il est alors prêt pour lopération suivante, la cuisson du biscuit.
Après la cuisson du biscuit, la glaçure est appliquée par pulvérisation ou immersion, cette dernière pouvant être manuelle ou mécanique. Lobjet glacé est alors à nouveau cuit. Parfois, comme dans le cas des céramiques sanitaires blanches, la glaçure est appliquée sur largile séchée et il ny a quune seule cuisson.
La décoration se fait sous la glaçure ou par-dessus; elle peut être peinte à la main ou imprimée mécaniquement ou par décalcomanie. Si elle se fait sur la glaçure, la pièce doit subir une troisième cuisson, parfois davantage en fonction des différentes couleurs.
Enfin, on procède au tri et à lemballage avant lexpédition. La figure 84.17 indique les étapes auxquelles sont soumis divers types de céramiques au cours de leur fabrication.
Le mot céramique désignait autrefois lart ou la technique de fabriquer des poteries. Son étymologie remonte au grec keramos , signifiant «potier ou poterie», lui-même dérivé dune racine sanskrite signifiant «brûler». Dans le sens où lemployaient les Grecs, il sagissait simplement de «matière cuite» ou «terre cuite». A lorigine, donc, ce terme désignait un objet obtenu par laction du feu sur de la terre.
Dans le cadre de cet article, nous entendons par «céramique traditionnelle» les matériaux de construction, ainsi que les objets à usage domestique ou industriel. Bien que le mot céramique évoque des procédés artisanaux, cette industrie fait souvent appel à une technologie de pointe. Une concurrence sévère parmi les fabricants a contribué à affiner les techniques et à réduire les coûts de fabrication par lintroduction doutillage et de machines complexes, secondés par des procédés assistés par ordinateur.
Les céramiques les plus anciennes sont à base dargile. Les premiers potiers ont découvert que sa plasticité permettait de la façonner. Afin den réduire le retrait et le risque de fêlure, on y a ajouté du sable et des minéraux. Aujourdhui, on trouve dans les pâtes à base dargile des poudres de silice ou des minéraux alcalins qui agissent comme fondant. Traditionnellement, largile sert de plastifiant et de liant pour dautres composants.
La production de carreaux en argile sèche et cuite remonte à des origines très anciennes, aux temps où le Moyen-Orient était la Mésopotamie. Lindustrie des carreaux de céramique fine sest développée essentiellement en Europe et, dès le début du XXe siècle, on y a produit des carreaux de pavement (pour les sols) et de revêtement (pour les murs) à léchelle industrielle. Le secteur sest encore développé après la seconde guerre mondiale. Cest en Europe (Italie et Espagne, en particulier), en Amérique latine et en Extrême-Orient que se concentre aujourdhui la production industrielle de carreaux de pavement et de revêtement.
Lintroduction de nouvelles technologies, lautomatisation et lintégration de stades de production dans le processus de fabrication ont permis un essor important de ce secteur dactivité à partir des années quatre-vingt. Il en est résulté des gains de productivité et une meilleure efficience en même temps quune réduction de la consommation dénergie et des coûts. La fabrication des carreaux à pâte humide ou sèche est à présent continue, et beaucoup dusines sont aujourdhui presque entièrement automatisées. Parmi les innovations les plus marquantes des années quatre-vingt, il faut citer le broyage humide, le séchage par pulvérisation, le pressage à sec à haute pression, les techniques de séchage au tambour et de cuisson rapide.
On estime que le marché du carreau en céramique aux Etats-Unis (production plus importations) a augmenté à un taux composé annuel de 9,2% entre 1992 et 1994, les ventes étant estimées à 1,3 milliard de dollars en 1994. En même temps, le volume des ventes a augmenté au taux composé annuel de 11,9% pour atteindre 0,1 milliard de mètres carrés. Ces chiffres sont à comparer à une progression du marché de 7,6% en valeur et de 6,9% en volume entre 1982 et 1992.
On trouve sur le marché de nombreux types de céramique. Ils se distinguent par la texture de la surface, la couleur de la pâte (blanche ou rouge), la technique de fabrication, les matières premières et lutilisation finale. La quantité de composés ferreux présents dans la pâte donne aux céramiques leur couleur «blanche» ou «rouge». En réagissant avec les autres composants de la pâte, ils donnent une couleur plus ou moins intense et modifient le comportement de la pâte durant la cuisson.
Etant donné lextrême diversité des carreaux, de leur mode de fabrication et des caractéristiques qui en découlent, il est pratiquement impossible détablir une classification complète et exhaustive. Dans ce chapitre, on se référera aux normes européennes (EN) et à celles de la Société américaine pour lessai des matériaux (American Society for Testing and Materials (ASTM)).
Les normes européennes classent les carreaux en céramique exclusivement selon leur pouvoir dabsorption de leau (qui est en corrélation directe avec la porosité) et leur mode de façonnage (extrusion ou pressage). Les méthodes de façonnage sont classées comme suit:
La norme européenne EN 87, approuvée en novembre 1981 spécifie que «les carreaux en céramique pour sols et murs sont des matériaux de construction destinés généralement au revêtement des sols et des murs, tant à lintérieur quà lextérieur, quelles quen soient la forme ou la taille».
LInstitut américain de normalisation (American National Standards Institute (ANSI)), dans ses spécifications pour les carreaux en céramique (ANSI, 1988), donne les définitions ci-après:
Les carreaux sont fabriqués à partir de céramique selon des procédés types. Les carreaux pour revêtement de sols et de murs sont préparés à partir dun mélange dargile, de sable, de fondants, dagents colorants et dautres composants minéraux. Ils sont soumis à une série dopérations: concassage, criblage, malaxage et mouillage. Ils sont façonnés par pressage, extrusion, moulage, etc., généralement à température ambiante, séchés puis cuits à haute température. Ils peuvent être vernissés, non vernissés ou engobés. Les glaçures sont des enduits daspect vitreux qui rendent les carreaux imperméables et brillants; les engobes sont mats, à base dargiles, et peuvent être poreux. Les carreaux vernissés destinés au revêtement des sols et des murs subissent une cuisson simple ou double.
Les pâtes des céramiques traditionnelles sont façonnées selon diverses techniques. Le choix de chacune dépend de nombreux facteurs: les caractéristiques du matériau, la taille et la forme des différentes parties, leur spécification, la quantité produite et les habitudes de la région de production.
Les pâtes à base dargile sont des mélanges hétérogènes dun ou de plusieurs types dargile et dune ou de plusieurs poudres non argileuses. Avant datteindre leur forme définitive, ces poudres subissent une série dopérations avant et après la cuisson (voir figure 84.17).
Pour la plupart des pâtes traditionnelles, les techniques de façonnage peuvent se classer ainsi: moulage en pâte tendre, moulage en pâte rigide, pressage et coulage.
Le pressage est utilisé pour réarranger et redistribuer les matières premières en une configuration plus compacte. Le comportement rhéologique des pâtes à base dargile résulte de linteraction entre les minéraux de largile et leau qui donne au mélange sa plasticité. Dans les pâtes sans argile, cet effet est obtenu par addition de plastifiant.
Les céramiques diffèrent des autres matériaux industriels (métaux, plastiques, bois, textiles) par un certain nombre de propriétés. Laspect constitue sans doute la distinction la plus évidente pour un décorateur ou un futur utilisateur, chaque pièce possédant une forme et une dimension uniques. Après cuisson, seul un meulage très coûteux permet de retoucher les céramiques; elles ne sont, par conséquent, généralement pas retouchées. Mis à part le simple carreau, la barre ou le tube de petites dimensions, on ne peut ni vendre les céramiques au centimètre ou au mètre, ni les couper sur mesure.
Toutes les caractéristiques utiles, formes et dimensions comprises, doivent être fournies à lavance dès les premières étapes de la fabrication. Bien quelle soit soumise à diverses contraintes thermiques et mécaniques durant la fabrication et jusquau stade final de pose et de mise en uvre, la pièce doit garder ses propriétés intrinsèques. Si une céramique ne résiste pas à lusage (en raison, par exemple, dune fêlure à la suite dun choc, dun choc thermique, dune perturbation diélectrique, dabrasion ou de corrosion lors de la fusion), il faut généralement la remplacer, car elle est difficilement réparable.
On a réalisé de grands progrès dans la compréhension et la maîtrise des propriétés de la céramique, ainsi que dans son utilisation pour maintes applications nouvelles, hautement techniques et spécifiques. Lindustrie de la céramique en général et son secteur technique et électronique en particulier ont conçu des méthodes de production et de contrôle pour fabriquer en grande quantité des formes très élaborées à partir de pâtes possédant des propriétés électriques, magnétiques ou mécaniques rigoureusement contrôlées tout en maintenant des dimensions suffisamment précises pour que la céramique se mélange sans trop de problèmes avec dautres composants.
De nombreux objets en céramique sont des articles courants produits en grande quantité. Les fabricants ont généralement en stock des céramiques de toutes compositions et de toutes tailles pour tous usages: briques et éléments réfractaires, creusets, moufles, cheminées de four, isolants et condensateurs diélectriques, tubes de protection à couple thermoélectrique, joints hermétiques et plaques de fibres. Il est habituellement plus rapide et plus économique dutiliser des articles disponibles. Si ce nest pas pos-sible, la plupart des céramistes sont prêts à les fabriquer sur mesure. Certaines contraintes demander, par exemple, telle propriété ou telle combinaison de propriétés, de formes ou de dimensions restreignent les paramètres au niveau des composants, de la microstructure et de la configuration de la céramique. Presque toutes les fabriques de céramique emploient des ingénieurs et des concepteurs hautement qualifiés qui travaillent, le cas échéant, avec les clients.
Le débouché principal pour le marché de la céramique de haute précision reste toujours lélectronique; toutefois, on semploie partout dans le monde à trouver, grâce à des programmes dynamiques de recherche-développement, de nouvelles applications et des moyens daméliorer les propriétés de la céramique afin daccéder à de nouveaux marchés.
Le Japon, les Etats-Unis et lEurope occidentale produisent des céramiques de pointe. Les matières premières utilisées se négocient sur le marché international, principalement sous forme de poudres, mais on les traite également beaucoup sur place.
Les céramiques industrielles servent dans de nombreuses applications dont les plus importantes sont:
Les céramiques pour superconducteurs sont faites à partir dun nombre de mélanges doxydes comprenant lyttrium, le baryum, le cuivre, le strontium et le cuivre (YBa2Cu3O7-8, Bi2Sr2CaCu2O8, Bi2Sr2Ca2Cu3O10) stabilisés avec loxyde de plomb. Les céramiques pour les piles à combustible à oxyde solide sont basées sur les conducteurs ioniques dans lesquels la zircone stabilisée ultrapure est aujourdhui le matériau de choix. Composés de carbure de silicium, de SialonÒ et de zircone, les éléments en céramique des moteurs thermiques en cours détude sont fabriqués soit en monophase, soit en tant que composites céramique-céramique ou à matrice métallique.
Innovations. Les efforts de recherche-développement aboutissent à la mise au point de nouvelles techniques pour la fabrication de matériaux céramiques. Le marché des céramiques dérivées de précurseurs était estimé à 2 millions de dollars E.-U. en 1989, le plus important étant le marché en dépôt chimique en phase vapeur (Chemical Vapour Deposition (CVD)). Dautres secteurs en expansion sont linfiltration en phase vapeur (Chemical Vapour Infiltration (CVI)), les procédés sol-gel et la pyrolyse sur polymères. Parmi les produits fabriqués avec succès à partir de ces techniques se trouvent les fibres céramiques continues, les matériaux composites, les membranes et les poudres ultrapures/à haute activité.
Les procédés utilisés pour transformer ces matières premières en produits finis nécessitent des traitements supplémentaires des poudres (notamment la granulation et latomisation-séchage) avant de façonner les pièces crues qui sont alors cuites dans des conditions très précises. Le façonnage comprend le moulage sous pression, le pressage isostatique, lengobage, ladoucissage, lextrusion, le moulage par injection, le pressage à chaud, linfiltration par gaz pressurisé (Hot Isostatic Pressing (HIP)), le dépôt chimique en phase vapeur (CVD), etc.
Additifs chimiques favorisant les procédés de fabrication des céramiques. Afin dassurer au produit fini les propriétés nécessaires avec une efficacité maximale, chaque étape de la fabrication est surveillée attentivement et des produits chimiques spécifiques sont choisis pour optimiser le traitement de la poudre et la formation du vert (ou produit cru). Ces produits chimiques favorisent la granulation, servent de floculants ou de liants, de lubrifiants pour limiter les effets dusure lors du pressage avec matrice et de plastifiants pour faciliter lextrusion et le moulage par injection. Une liste en est donnée au tableau 84.3. Ces composants, qui jouent un rôle important lors de la fabrication, sont brûlés lors de la cuisson et nentrent pas dans la composition chimique finale des produits. Le processus de combustion doit être soigneusement contrôlé afin dempêcher tout dépôt résiduel de carbone dans les produits finis, et les travaux de recherche-développement visent constamment à trouver des moyens de réduire la quantité dadditifs utilisés.
Matériel |
Application ou fonction |
Poly(alcool vinylique) |
Liant pour céramiques de pointe |
Polyéthylèneglycol |
Liant pour céramiques de pointe |
Polyacrylate de sodium |
Défloculant pour moulage de barbotine |
Polyamide tertiaire |
Liant pour pressage à sec |
Amidon mélangé avec de l’alumino-silicate sec colloïdal |
Liant pour moulage sous vide |
Alumine cationique plus floculant organique |
Liant pour moulage sous vide |
Amidon de maïs cationique prégélifié |
Floculant pour lier la silice colloïdale et l’alumine |
Carboxyméthylcellulose de sodium très pur |
Liant |
Silicate d’aluminium et magnésium inorganique colloïdal |
Agent de suspension |
Carboxyméthylcellulose de sodium de viscosité moyenne ajouté au Veegum® |
Agent de suspension, stabilisateur de viscosité |
Polyélectrolyte d’ammonium |
Agent de dispersion pour le moulage de barbotine servant aux céramiques électroniques |
Polyélectrolyte de sodium |
Agent liant de dispersion pour les pâtes à séchage par pulvérisation |
Cellulose microcristalline et carboxyméthylcellulose de sodium |
Epaississant |
Polysilazane |
Facilitateur, liant et précurseur pour céramiques de pointe |
Linfluence de lindustrie des céramiques de pointe (ou néocéramiques) sur lindustrie traditionnelle va bien au-delà de la création de produits et de la mise au point de techniques en vue de nouvelles applications. On peut en effet sattendre à ce que lindustrie traditionnelle utilise de nombreux matériaux et procédés technologiques de pointe qui lui permettront de réduire les coûts de fabrication, daméliorer la qualité et de proposer à lutilisateur des produits toujours plus performants.
Certaines matières premières jouent un rôle fondamental dans lindustrie de la céramique, employées telles quelles ou comme base de matériaux améliorés:
Nous nous attacherons ici aux propriétés de la silice, de lalumine, du zircon et de la zircone.
La silice, outre son utilisation dans les céramiques réfractaires et les céramiques fines, est le matériau de base pour lobtention de silicium élémentaire, de carbure de silicium et de tétrachlorure de silicium. Le silicium à son tour permet dobtenir du nitrure de silicium, et le tétrachlorure de silicium est le précurseur de nouveaux dérivés organiques qui peuvent être pyrolysés dans des conditions contrôlées pour donner du carbure de silicium et du nitrure de silicium de haute qualité.
En dépit de leur tendance à loxydation, le nitrure de silicium et ses dérivés Sialon®, tout comme le carbure de silicium, peuvent présenter nombre de propriétés recherchées par le marché du moteur thermique. La silice et les matériaux céramiques qui en sont dérivés sont abondants dans la croûte terrestre, et lon peut théoriquement sen procurer facilement dans le monde entier. Dans la pratique, toutefois, la production du silicium et du carbure de silicium exige beaucoup dénergie. Par conséquent, la fabrication de ces matériaux se limite aux pays ayant une énergie électrique peu coûteuse et facilement disponible.
Lalumine est présente dans toute la croûte terrestre, dans les minéraux silico-alumineux. Des considérations économiques imposent de lextraire de la bauxite par le procédé Bayer. La bauxite, abondante dans la zone équatoriale à différents états de pureté, se classe en deux groupes: minerai réfractaire et minerai métallurgique.
La bauxite de qualité réfractaire vient de Chine et de Guyane sous forme de calcinat obtenu sous haute température: diaspore (Al2O3 × H2O) en Chine et gibbsite (Al2O3 × 3H2O) en Guyane. Durant la calcination, il se forme une phase complexe damalgame de corindon (Al2O3), mullite, verre de silice et, à un degré moindre, titanate daluminium. La consommation mondiale de bauxite réfractaire dépasse 700 000 tonnes par an.
La bauxite de qualité métallurgique est extraite en Australie, en Jamaïque et en Afrique de lOuest. Elle a des teneurs variables en alumine, selon la présence dimpuretés comme loxyde de fer et la silice. On extrait lalumine du minerai par dissolution à laide dhydroxyde de sodium. La bauxite est broyée en présence dune solution de soude concentrée, puis lavée sous pression. Lalumine se dissout sous forme daluminate; les résidus, séparés par décantation et lavage à contre-courant, constituent des boues rouges. Lhydroxyde daluminium pur est précipité à partir de laluminium de sodium puis calciné pour obtenir différentes qualités dalumine.
Les alumines très pures utilisées dans lindustrie de la céramique obtenues par le procédé Bayer sont classées en alumine tabulaire, alumine fondue et alumine calcinée.
Lalumine tabulaire est produite par calcination à haute température (~2 000 °C ou 3 630 °F) dalumine calcinée à basse température dans de grands fours rotatifs fonctionnant au mazout. Lalumine fondue est produite par fusion électrique de lalumine calcinée. Après avoir été concassées et calibrées, lalumine tabulaire et lalumine fondue sont vendues sous cette forme à lindustrie du réfractaire pour être utilisées dans une grande gamme de produits de haute qualité, comme dans les réfractaires moulés en continu (par exemple, busettes à tiroir), réfractaires monolithiques pour les hauts-fourneaux et lindustrie pétrochimique.
Les poudres dalumine calcinée sont les principales matières premières de lindustrie des néocéramiques destinées aux applications techniques et électroniques. Elles sont produites avec une grande variété de teneurs selon des spécifications rigoureuses sur le plan de la chimie, de la granulométrie et du type cristallin en vue dapplications très diverses des produits finis.
Le marché mondial des alumines de haute qualité est bien établi. La plupart des fabricants de céramiques possèdent leurs propres stations de broyage et de séchage par atomisation. Il y a bien sûr une limite à la croissance de ces systèmes et un besoin incessant de procurer une alumine adaptée à lutilisation de manière à fabriquer le meilleur produit à un prix acceptable. Lalumine est un composant important de la céramique que lon trouve à un état de pureté presque parfait. Sa position dominante tient à ses propriétés et à son coût relativement bas, qui est dû à la forte demande de lindustrie de laluminium.
Zircon et zircone . Présent dans le sable des plages dAustralie, dAfrique du Sud et des Etats-Unis, le zircon (ZrO2 SiO2) est le minerai de base pour lobtention de la zircone. Le zircon extrait du sable des plages contient ~2% doxyde de hafnium et des traces de Al2O3 (0,5%), Fe2O3 (0,1%) et TiO2 (0,1%). De plus, tous les zircons contiennent des traces duranium et de thorium. Le zircon est broyé pour produire des poudres de particules de différentes granulométries que lon utilise dans le moulage, les fonderies et les réfractaires, ainsi que pour opacifier les glaçures des céramiques fines.
Le zircon est aussi la principale source de zircone. Il peut être chloré en présence de carbone pour produire des tétrachlorures de zirconium et de silicium qui sont ensuite séparés par distillation. Le tétrachlorure de zirconium peut servir directement à la préparation de la zircone ou de la matière de base pour lobtention dautres composés du zirconium. Les frittages avec des alcalis ou des oxydes alcalino-terreux sont utilisés pour décomposer le zircon. La silice est séparée des produits de décomposition par lessivage à leau, lhydroxyde de zirconium est purifié par dissolution acide et reprécipitation. On obtient alors la zircone en calcinant lhydroxyde. Le zircon est également transformé en zircone et en silice dans un plasma à 1 800 °C (3 270 °F) avec refroidissement rapide pour éviter un amalgame. On élimine la silice libre par dissolution dans de lhydroxyde de sodium. La zircone fondue est produite dans des fours à arc électrique à partir de baddeleyite ou de zircon/carbone. Avec cette dernière méthode, la composante silice du zircon est réduite par un procédé carbothermique en monoxyde de silicium qui se volatilise avant la fusion de la zircone résiduelle.
Lindustrie de la céramique industrielle est très variée et de nombreux traitements ont lieu sur place. La plupart des opérations finales de fabrication se font dans des atmosphères qui sapparentent à celles des fonderies. Les matériaux mis en uvre à ce stade dégagent une fine poussière susceptible dêtre nocive. Ils sont ensuite portés à de très hautes températures et fondus ou frittés en de petites pièces de différentes formes. Lindustrie de la céramique connaît donc nombre des problèmes inhérents à toutes les industries de haute température.
Depuis laube des temps, lêtre humain a utilisé largile presque partout dans le monde comme matériau de construction sous forme de briques, tuiles et carreaux. Fabriqués et cuits selon les règles, ces matériaux résistent mieux que certaines roches aux intempéries, ainsi quaux variations importantes de température et dhumidité. La brique est un parallélépipède rectangle dont la taille diffère légèrement dune région à lautre mais qui, pour lessentiel, peut être manipulée facilement dune seule main par un maçon; les tuiles sont des plaques fines, plates ou rondes; les carreaux sont employés comme revêtement des sols.
Lindustrie de la brique est très fragmentée. Partout, on trouve de petits fabricants locaux. Les briqueteries tendent à sadresser à des fournisseurs et à des marchés locaux à cause du coût de transport du produit fini. En 1994, on dénombrait 218 briqueteries aux Etats-Unis et, en 1992, le nombre de producteurs darticles à base dargile sélevait à 182 au Royaume-Uni. Les briqueteries sont généralement situées près des dépôts dargile afin de réduire le coût du transport de la matière première.
Aux Etats-Unis, les briques sont principalement utilisées dans la construction résidentielle, comme matériau porteur ou matériau de façade. Lindustrie de la brique est si intimement liée à celle du logement quelle en est fortement tributaire et quelle dépend presque entièrement de la construction résidentielle et non résidentielle.
Le matériau de base est largile de différents types avec des mélanges de glaises, schistes et sable, selon les ressources et les besoins locaux qui donnent au produit texture, plasticité, régularité, retrait et couleur voulus.
Aujourdhui, lextraction de largile est souvent entièrement mécanisée. La fabrication seffectue en général au voisinage du lieu dextraction bien que, dans les grandes unités, largile soit parfois transportée dans des godets ou sur des convoyeurs à bande. Selon sa composition et le produit final, largile subit alors différentes transformations qui comprennent le concassage, le broyage, le criblage et le malaxage. La figure 84.18 montre le schéma de la fabrication des briques.
Largile pour briques extrudées est concassée par des rouleaux; on ajoute de leau dans un mélangeur. Le mélange est à nouveau broyé puis envoyé dans un malaxeur à axe horizontal. Largile plastique extrudée est alors coupée à dimension sur la table de coupe au fil. Le matériau plastique semi-sec ou rigide est produit par laminage et criblage puis envoyé vers des presses mécaniques. Certaines briques sont encore façonnées à la main.
Si on utilise un matériau plastique, il faut faire sécher les briques au soleil et à lair ou, plus souvent, dans des fours régulés avant de les cuire. Les briques en plastique semi-sec ou rigide peuvent être cuites immédiatement. La cuisson peut seffectuer dans des fours circulaires, souvent chargés à la main, ou dans des fours tunnels, chargés mécaniquement. Le combustible utilisé dépend des ressources disponibles localement. Une glaçure de finition est appliquée sur certaines briques décoratives.
Les matériaux réfractaires évoquent traditionnellement des composés non métalliques résistant à la corrosion par des gaz, des liquides ou des solides à de hautes températures. Ils doivent résister au choc thermique causé par un échauffement ou un refroidissement rapide, aux fissures imputables aux contraintes thermiques, à la fatigue mécanique due au contact avec dautres matériaux et aux attaques chimiques activées par la température élevée de lenvironnement. On les emploie dans la fabrication de la plupart des produits céramiques et, plus spécialement, dans les fours, séchoirs, fourneaux et pièces de moteur soumises à de hautes températures.
Ce nest que récemment que des matériaux non minéraux sont entrés dans la composition des réfractaires, bien que les minéralogistes aient toujours orienté leurs recherches dans ce domaine. Depuis le Moyen Age, les métallurgistes avaient réalisé des expériences en utilisant les scorifications acides et basiques et avaient inventorié certains avantages des deux méthodes. Les artisans des réfractaires avaient en conséquence mené des expériences avec du quartzite, dautres minéraux de silice presque pure et de la magnésite qui renferme surtout du carbonate de magnésium (MgCO3) quils calcinaient pour obtenir de la magnésie (MgO). Avec linvention du convertisseur Bessemer pour la fabrication de lacier en 1856, associant des températures de fonctionnement supérieures à 1 600 °C et la scorification acide, les réfractaires en silice «acide» étaient quasiment nés. Lorsque le four à foyer ouvert Siemens, fonctionnant à des températures encore plus élevées, fit son apparition en 1857 et que la fabrication de lacier se concentra alors sur la scorification basique, on introduisit bientôt des recouvrements intérieurs en magnésite «basique». Pendant la première guerre mondiale, des réfractaires basiques à base de dolomie calcinée (MgO-CaO) furent mis au point quand les alliés furent coupés de leurs sources dapprovisionnement européennes en magnésite. Plus tard, avec la mise en valeur dautres ressources minérales dans le monde entier, la magnésite reprit sa place.
Parallèlement, depuis 1863, le Royaume-Uni fabriquait des briques au carbone lié. On finit par les employer dans les hauts-fourneaux des aciéries, qui fonctionnaient à des températures de plus en plus élevées. Elles furent aussi très vite utilisées dans les cellules de Hall-Héroult pour la production de laluminium (1886).
Pendant quelque cinq millénaires, la chaux fut fabriquée dans des fours en argile, puis en briques réfractaires. Après lintroduction des fours rotatifs, en 1877, la fabrication du ciment Portland nécessita un nouveau type de réfractaire. Les premiers garnissages furent en mâchefer ciment-ciment. Plus tard, cette industrie utilisa des réfractaires plus résistants.
Les fours à récupération et à régénération, apparus dans les années mille huit cent cinquante dans la toute jeune industrie de lacier, furent introduits dans la métallurgie des non-ferreux et dans la fabrication du verre à la fin du XIXe siècle. Là aussi, les réfractaires en argile avaient fait leur temps. Les garnissages en magnésite furent utilisés dans les convertisseurs en cuivre à partir de 1909 et, une dizaine dannées plus tard, dans les premières cuves en verre modernes. Les fours à arc, utilisés dabord pour la fabrication de lacier en 1853, se répandirent après 1890. Une unité traitant environ 100 tonnes, installée aux Etats-Unis en 1927, avait un garnissage en magnésite.
Le besoin de réfractaires plus performants ne se fit sentir quavec lapparition des fours à arc à trois phases, dans les années quarante, période où fut introduit le soufflage doxygène dans les convertisseurs Bessemer et les fours Martin. Les fours basiques (convertisseurs basiques) ont littéralement envahi le secteur de laciérie à la fin des années cinquante. Linsufflation doxygène, du seul fait de son importance économique, incita lindustrie des réfractaires à utiliser pour la première fois des matériaux synthétiques à grande échelle dans la fabrication de ses produits.
Dartisanat, la céramique est devenue une science appliquée. La Société américaine de céramique (American Ceramic Society) avait été fondée en 1899, et la Société britannique de céramique (British Ceramic Society) en 1901. On a commencé à parler des diagrammes de phase des oxydes dans les années vingt. Les techniques de la pétrographie étaient bien développées et les mécanismes de dégradation et dusure des réfractaires commençaient à être mieux compris. Les producteurs américains de réfractaires, réorganisés et regroupés, étaient à même de financer leur propre recherche. Les outils de synthèse des réfractaires et les instruments dinvestigation étaient en plein développement.
Les carbones synthétiques industriels nétaient certes pas nouveaux. Le coke fut obtenu à partir de la houille dans les années mille huit cent soixante et, peu après, à partir du pétrole. Le graphite synthétique et le carbure de silicium firent leur apparition à peu près simultanément au début du siècle, à la suite de linvention par Acheson, en 1896, du four électrique chauffé par autorésistance. Ces produits, aux propriétés fort différentes des oxydes, ont rapidement trouvé leurs propres usages et leurs marchés.
Lalumine synthétique, Al2O3, était disponible depuis que le procédé Bayer lavait utilisée pour la production de laluminium vers 1888. La magnésie synthétique (MgO) fut dabord fabriquée à partir deau de mer au Royaume-Uni en 1937 et aux Etats-Unis en 1942, sous la pression des besoins en magnésium en temps de guerre. On trouvait aussi de la zircone, également à cause des besoins militaires. La chaux a de tout temps été une matière première dimportance majeure. Beaucoup dautres produits chimiques pouvaient être envisagés comme composants des réfractaires ou comme additifs ou liants mineurs. Le seul composant important des oxydes réfractaires qui ait résisté aux synthétiques est la silice (SiO2). Les roches et sables de silice à haute pureté abondent et sont utilisés dans lindustrie des réfractaires ainsi que dans la verrerie.
Si lutilisation de produits synthétiques a constitué un avantage précieux pour lindustrie des réfractaires, les matières premières minérales nont aucunement perdu leur place. Les matériaux synthétiques coûtent plus cher et ce surcoût doit être justifié. Certains posent des problèmes sérieux au niveau de la fabrication des réfractaires et il faut trouver les moyens de les résoudre. On a souvent obtenu des résultats optimaux en associant matières premières synthétiques et minérales dans un procédé original.
Des mélanges dargile et de carbone étaient employés pour le garnissage des creusets et des poches de coulée à lépoque où la fonte était coulée; des briques de silice contenant du carbone étaient fabriquées en France dans les années mille huit cent soixante. Depuis 1960, aussi bien les techniques que les compositions ont profondément changé. Lutilisation doxydes réfractaires carburés sest fortement développée, en commençant par MgO+C. Lélan initial a sans doute été donné par les convertisseurs basiques; aujourdhui, il ny a pratiquement plus de type de réfractaire à loxyde auquel on nait pas ajouté du carbone ou un précurseur du carbone afin den améliorer les performances dans des applications spécifiques.
Dès le début des années mille neuf cent, on fabriquait des particules ou des agglomérats réfractaires fondus à larc et, dans les années vingt et trente, des briques réfractaires coulées de compositions diverses par exemple, mullite, alumine, magnésie-alumine-silice et alumine-zircone-silice. En règle générale, ces produits étaient entièrement fabriqués à partir de matières premières minérales.
Les réfractaires entièrement minéraux gardent aujourdhui encore une place importante. Dans lensemble, ils sont moins chers et ont des propriétés remarquables qui permettent de les employer dans de nombreuses applications nexigeant pas une réfractarité et une résistance à la corrosion maximales.
Si beaucoup dindustries les emploient pour le garnissage intérieur des chaudières, fours et hauts-fourneaux en tous genres, la majeure partie des réfractaires est utilisée dans la métallurgie. En sidérurgie, un haut-fourneau ou un four à sole peuvent utiliser plusieurs types de réfractaires, à base de silice, de chrome ou de magnésite ou dargile réfractaire.
Les industries ci-après les mettent en uvre également, mais en moindre quantité: gaz, coke et sous-produits; centrales électriques; usines chimiques avec étuves et réchauds; industrie du ciment et de la chaux; céramique; verre; émaux et glaçures; fabrication de locomotives et de navires; réacteurs nucléaires; raffineries de pétrole; élimination des déchets (incinérateurs).
Le type de réfractaire utilisé dans une application donnée dépend des propriétés requises du procédé. Par exemple, si lon recherche une résistance à la corrosion par les gaz ou les liquides, il faut une faible porosité, une haute résistance physique et une résistance à labrasion. Les procédés demandant une faible conductivité thermique feront appel à des réfractaires totalement différents. En pratique, on associe généralement plusieurs réfractaires. Il nexiste pas de frontière bien définie entre matériaux réfractaires et matériaux non réfractaires, même si lon a dit que, dans la pratique, la capacité de résister à des températures supérieures à 1 100 °C sans ramollissement était le critère permettant de parler de matériaux réfractaires industriels.
Cest en fonction des caractéristiques et performances dun réfractaire dans une application particulière que lon définit ses critères de fabrication. Il sagit de choisir les matières premières ainsi que les méthodes et les paramètres du procédé de fabrication. Les exigences de la fabrication dépendent de la composition de la phase et de la microstructure qui constituent le caractère du matériau qui sont développées pendant la fabrication et sont responsables des propriétés et du comportement du produit.
Autrefois, les matières premières des réfractaires étaient choisies parmi divers gisements et extraites sélectivement, ce qui permettait davoir des matériaux possédant les propriétés désirées, et seul était nécessaire un enrichissement dans le cas de matières premières coûteuses, telles que la magnésite. Aujourdhui, cependant, la demande de matières premières naturelles très pures ne cesse daugmenter, de même que la demande de grains réfractaires préparés synthétiquement à partir de mélanges de matières premières de haute pureté et enrichies. Le matériau produit par la cuisson de minerais extraits des mines ou de mélanges synthétiques sappelle le grain, le mâchefer ou la chamotte.
Les produits réfractaires sont généralement classés en quatre catégories: aluminosilicates, produits acides (silice), produits basiques et produits divers.
Lindustrie a connu plusieurs révolutions. Parmi elles, la mécanisation permettant la manutention de solides en grande masse, le développement des capacités et de lautomatisation des procédés de fabrication ainsi que les techniques dacquisition et danalyse rapide de données sur le contrôle en cours de fabrication. Ces progrès ont transformé lindustrie des réfractaires.
La figure 84.19 illustre les étapes de la fabrication de différents types de réfractaires. Elle a la forme dun arbre de décision dont les branches sont numérotées à des fins didentification. Il y a plusieurs chemins, aboutissant chacun à un type particulier de produit réfractaire.
Ces diagrammes génériques représentent en fait des milliers de procédés qui se distinguent, par exemple, par la liste des matières premières employées, le mode de préparation, la quantification et le dosage de ces dernières, la séquence ou encore le mode de mélangeage, etc. Il est possible domettre des étapes par exemple, certains réfractaires non formés sont mélangés à sec et jamais mouillés jusquà leur mise en uvre.
Les réfractaires ou produits peuvent être préformés (façonnés) ou formés et posés sur le site, mais en général, ils sont fournis sous les formes ci-après:
Brique. La brique réfractaire de dimension standard a 23 cm de long, 11,4 cm de large et 6,4 cm dépaisseur (brique droite). Les briques peuvent être extrudées ou pressées à sec sur des presses mécaniques ou hydrauliques. Les formes peuvent être cuites avant lemploi ou liées par de la résine, un liant chimique ou du brai.
Formes coulées par fusion . Les composants réfractaires sont fondus à larc et coulés dans des moules (par exemple, les réservoirs de verre fondu peuvent atteindre 0,33 × 0,66 × 1,33 m). Après coulage et cuisson, les blocs sont meulés pour permettre un ajustage précis.
Réfractaires coulés et moulés à la main. Les grandes pièces, telles que blocs de brûleurs ou de flottaison ou les formes compliquées comme les parties dun distributeur de verre, les cazettes, etc. sont produites par engobe ou moulage hydraulique de ciment ou par moulage à la main. Comme ces techniques requièrent beaucoup de main-duvre, elles sont réservées aux objets qui ne peuvent être façonnés autrement.
Réfractaires isolants . Les réfractaires isolants sous forme de briques sont beaucoup plus légers que les briques traditionnelles de même composition en raison de leur porosité.
Bétons réfractaires et mélanges pour gunitage. Les bétons réfractaires sont formés de grains réfractaires auxquels on ajoute un liant hydraulique. Après addition deau, lagent hydraulique réagit et lie le tout ensemble. Les mélanges pour gunitage sont conçus pour être pulvérisés sous pression deau et dair à travers lorifice du pistolet. Le mélange peut être mouillé au préalable ou ajouté à leau au niveau de la busette.
Réfractaires plastiques et mélanges à tasser. Les réfractaires plastiques sont des mélanges de grains réfractaires et dargiles plastiques ou de plastifiants avec de leau. Les mélanges à tasser peuvent ou non contenir de largile et ils sont généralement utilisés avec des moules. La quantité deau ajoutée avec ces produits varie, mais elle est maintenue au minimum.
Le tableau 84.5 renseigne sur un grand nombre des risques rencontrés dans ce secteur industriel.
Risques |
Utilisations ou sources d’exposition au risque |
Effets potentiels (risques physiques ou effets nocifs pour la santé) |
Stratégies de prévention ou de contrôle |
Risques de contrainte ergonomique; risques biomécaniques |
Efforts excessifs lors de la manutention manuelle; postures de travail antiphysiologiques;tâches comportant soulèvements, poussées ou tractions effectués très fréquemment ou sur une très longue durée |
Foulures, entorses, élongations, atteintes au dos et aux extrémités supérieures et inférieures |
Evaluation des contraintes physiques lors des tâches considérées comme présentant des risques |
Risques physiques |
Pincement ou choc dans ou contre des équipements fixes ou mobiles |
Abrasions, coupures, contusions, lacérations, piqûres, fractures, amputations |
Méthodes de travail sécuritaires |
Bruit |
Vibreurs pneumatiques, compresseurs, soupapes d’échappement, moteurs d’entraînement des mélangeurs, souffleries et collecteurs de poussières, convoyeurs, chariots automoteurs, procédés mécanisés et équipement pour l’emballage, etc. |
Déficit auditif d’origine professionnelle, difficultés de communication et stress |
Isolation, encoffrement, insonorisation, barrières réfléchissantes ou matériaux d’absorption acoustique |
Chaleur rayonnante |
Procédés de chauffage ou de fusion pendant les travaux de maintenance ou les interventions d’urgence |
Astreinte physiologique, contrainte et brûlures thermiques |
Protection, écrans, barrières, surfaces réfléchissantes, isolation |
Inhalation de particules en suspension dans l’air provenant des matières premières, y compris silice cristalline, argile, chaux, oxyde de fer et autres poussières nocives |
Manutention des matières premières et phases de production |
Irritation (particules nocives), brûlures chimiques (chaux vive ou autres matières premières alcalines) ou encore effets chroniques tels que diminution de la fonction pulmonaire, pneumopathies, silicose et tuberculose |
Ventilation avec extraction localisée ou sur les équipements avec filtres à manches, épurateurs ou autres collecteurs de poussières |
Lacérations, abrasions ou corps étrangers; contact avec des objets pointus, débris de verre, de poterie ou de céramique |
Des projections de verre, de céramique ou d’autres fragments peuvent causer des plaies profondes ou des lésions oculaires graves |
Plaies ouvertes, lacérations ou abrasion de la peau et des tissus mous (tendons, ligaments, nerfs, muscles) et pénétrations de corps étrangers dans l’il |
Port de gants résistant aux coupures |
Lacérations par des outils manuels |
Les cutters, couteaux, râpes et outils tranchants sont fréquemment utilisés dans les zones de production, d’emballage et d’entreposage ou pendant les activités de maintenance |
Coupures aux doigts, aux mains ou aux extrémités inférieures (jambes) |
Couteaux à lames escamotables |
Particules ou fumées de métaux lourds (plomb, cadmium, chrome, arsenic, cuivre, nickel, cobalt, manganèse ou étain) |
Matières premières ou impuretés dans les glaçures, formules de composition, pigments, agents colorants, films ou enduits |
Toxicité des métaux |
Moyens de prévention technique parmi lesquels ventilation avec extraction localisée et encoffrement des machines ou de l’équipement de production |
Exposition au formaldéhyde par contact direct ou par inhalation |
Composant des liants et apprêts dans l’industrie de la fibre de verre |
Irritation sensorielle et irritation des voies respiratoires |
Ventilation générale avec extraction localisée |
Bases (hydroxyde de sodium) ou acides (chlorhydrique, sulfurique, fluorhydrique) |
Traitement et mesure du pH des eaux de fabrication, des eaux de chaudière ou des eaux usées |
Corrosif pour la peau et les yeux |
Isolement des procédés |
Epoxydes, acrylates et uréthanes (pouvant contenir des solvants tels que le xylène, le toluène, etc.) |
Ingrédients dans les résines, apprêts, liants et enduits utilisés lors de la fabrication |
Sensibilisants potentiels de la peau et des voies respiratoires |
Adoption de techniques de manipulation sécuritaires |
Styrène |
Résines de polyester contenant du styrène; ingrédients de l’apprêt |
Irritant des yeux, de la peau, des voies respiratoires; effet sur le système nerveux central et organes cibles |
Adoption de techniques de manipulation sécuritaires |
Silanes |
Promoteurs d’adhérence ajoutés aux apprêts, liants ou enduits |
Irritant des yeux, de la peau, de l’appareil respiratoire |
Adoption de techniques de manipulation sécuritaires |
Latex |
Zones de préparation des apprêts, des liants ou des enduits; certains produits de maintenance |
Irritant pour la peau et les yeux |
Utilisation des équipements de protection individuelle gants et protection des yeux |
Catalyseurs et accélérateurs |
Ajoutés aux résines ou aux liants lors de la cuisson ou pour certains produits de maintenance |
Irritants ou corrosifs pour la peau ou les yeux |
Adoption de techniques de manipulation sécuritaires |
Solvants hydrocarbonés ou chlorés |
Ateliers de maintenance et opérations de nettoyage des pièces |
Effets divers: dermite d’origine chimique, effets sur le système nerveux central |
Remplacement par des agents de nettoyage moins dangereux (détergents à base d’eau) |
Propane, gaz naturel, essence, mazout |
Combustibles pour la production de chaleur industrielle |
Risques d’incendie et d’explosion |
Bonne conception et inspection du système de stockage et de distribution, et contrôle des procédés de combustion |
Inhalation de bioaérosols |
Aérosols contenant des bactéries, des moisissures ou des champignons provenant des opérations de pulvérisation d’eau, des tours de refroidissement, des systèmes de ventilation, des opérations de nettoyage par voie humide |
Maladie due à l’eau contaminée avec symptômes pseudogrippaux généralisés non spécifiques, fatigue |
Conception du procédé et réduction des brouillards |
Fibres de verre, de laine minérale, fibres céramiques réfractaires |
Dans les procédés de fabrication incluant la production de fibres, le coupage ou la mise en cubes, le bobinage et l’emballage |
Les fibres non respirables peuvent provoquer une irritation mécanique des yeux et de la peau |
Ventilation générale avec extraction localisée sur les équipements |
Cette partie donne une vue densemble des problèmes documentés ou soupçonnés de sécurité et de santé de cette branche. Des recherches sur Internet (en 1997) nont pas permis de trouver des données internationales sur les accidents et les maladies. Les données recueillies par le ministère du Travail américain (US Department of Labor), de lAdministration de la sécurité et de la santé au travail (Occupational Safety and Health Administration (OSHA)) et par le Bureau des statistiques du travail (Bureau of Labor Statistics (BLS)) ont servi à identifier les risques sur le lieu de travail et à décrire les caractéristiques des accidents et des maladies. Ces données devraient être représentatives de la situation dans le monde.
Les inspections qui ont lieu régulièrement dans les entreprises fabriquant des produits en pierre, argile, verre et ciment (code 32 de lInternational Standard Industrial Classification (ISIC) correspondant au code 36 de la Classification internationale type, par industrie, de toutes les branches dactivité économique (CITI) révèlent des risques communs dans ce secteur. Le dépouillement des mises en demeure délivrées par lOSHA pour non-application du règlement permet de regrouper les problèmes de sécurité et de santé comme suit:
Selon les données du ministère du Travail américain, les fabricants de produits en pierre, argile et verre (code ISIC 32) ont un taux dincidence de maladies à déclaration obligatoire ou daccidents non mortels de 13,2 cas par 100 travailleurs à temps plein et par an. Ce taux est plus élevé que celui de lensemble des industries manufacturières (12,2) et de toute lindustrie privée (8,4). Environ 51% des accidents entraînant des lésions et étant soumis à déclaration dans le secteur de la production darticles en pierre, en argile et en verre ne donnent pas lieu à des arrêts de travail.
Le ministère du Travail américain fournit également les taux dincidence des «cas entraînant une absence au travail» par 100 travailleurs à temps plein, sur la base du nombre de maladies ou daccidents invalidants ayant entraîné une absence au travail. Le taux dincidence global des jours de travail perdus comprend les jours où le travailleur nest pas capable deffectuer complètement son travail qui est alors réduit ou allégé. Il est dans ce secteur de 6,5 pour 100 travailleurs et par an. Ce taux est supérieur à celui de lensemble des industries manufacturières (5,5) et de lindustrie privée (3,8). Dans environ 93% des cas, les journées de travail perdues dans ce secteur résultent daccidents plutôt que de maladies professionnelles.
Le tableau 84.6 donne des chiffres plus détaillés sur le taux dincidence des accidents du travail et des maladies professionnelles, tous deux confondus, dune part, et des accidents considérés séparément, dautre part, pour différents types de procédés de fabrication de produits à base de roche, dargile et de verre (code ISIC 32). Les valeurs indiquées pour les taux dincidence et les caractéristiques démographiques de léchantillon pourraient ne pas être représentatives de la situation dans le monde, mais nen constituent pas moins les données les plus complètes dont on dispose.
Industrie |
Code ISIC2 |
Emploi annuel oyen en 19943 (en milliers) |
Accidents et maladies |
Accidents |
||||||
|
|
|
|
Avec arrêt de travail |
Avec arrêt de travail |
|||||
|
|
|
Total |
Total4 |
Avec arrêt de travail |
Sans arrêt de travail |
Total |
Total5 |
Avec arrêt de travail5 |
Sans arrêt de travail |
Secteur privé, total |
|
95 449,3 |
8,4 |
3,8 |
2,8 |
4,6 |
7,7 |
3,5 |
2,6 |
4,2 |
Industries manufacturières, total |
|
18 303,0 |
12,2 |
5,5 |
3,2 |
6,8 |
10,4 |
4,7 |
2,9 |
5,7 |
Roche, argile et verre |
32 |
532,5 |
13,2 |
6,5 |
4,3 |
6,7 |
12,3 |
6,1 |
4,1 |
6,2 |
Verre plat |
321 |
15,0 |
21,3 |
6,6 |
3,1 |
14,7 |
17,3 |
5,2 |
2,6 |
12,1 |
Verre et verrerie, pressé ou soufflé |
322 |
76,8 |
12,5 |
6,0 |
3,0 |
6,5 |
11,3 |
5,5 |
2,8 |
5,8 |
Récipients en verre |
3 221 |
33,1 |
14,1 |
6,9 |
3,4 |
7,2 |
13,2 |
6,5 |
3,2 |
6,7 |
Verre pressé et soufflé, nca |
3 229 |
43,7 |
11,3 |
5,4 |
2,8 |
5,9 |
9,8 |
4,8 |
2,4 |
5,1 |
Produits en verre commercial |
323 |
60,7 |
14,1 |
6,1 |
3,1 |
8,0 |
12,7 |
5,4 |
2,9 |
7,4 |
Produits en argile (pour la construction) |
325 |
32,4 |
14,1 |
7,7 |
4,2 |
6,5 |
13,1 |
7,2 |
4,0 |
5,9 |
Briques et carreaux en argile (pour la construction) |
3251 |
|
15,5 |
8,4 |
5,1 |
7,1 |
14,8 |
7,9 |
5,0 |
6,9 |
Produits réfractaires en argile |
3255 |
|
16,0 |
9,3 |
4,7 |
6,8 |
15,6 |
9,3 |
4,7 |
6,4 |
Céramiques et produits apparentés |
326 |
40,8 |
13,6 |
6,8 |
3,8 |
6,8 |
12,2 |
6,1 |
3,5 |
6,1 |
Articles et accessoires de plomberie vitrifiés |
3261 |
|
17,8 |
10,0 |
3,8 |
7,8 |
16,1 |
9,0 |
3,5 |
7,1 |
Porcelaine vitrifiée de table et de cuisine |
3262 |
|
12,8 |
6,3 |
4,4 |
6,5 |
11,0 |
5,6 |
3,8 |
5,5 |
Eléments en porcelaine (pour appareils électriques) |
3264 |
|
11,3 |
5,8 |
3,7 |
5,6 |
9,8 |
5,0 |
3,4 |
4,8 |
Produits de poterie, nca |
3269 |
|
12,6 |
5,6 |
3,7 |
7,1 |
11,6 |
5,0 |
3,5 |
6,6 |
Produits en ciment, gypse et plâtre |
327 |
198,3 |
13,4 |
7,0 |
5,6 |
6,4 |
13,0 |
6,9 |
5,5 |
6,2 |
Parpaings et briques en béton |
3271 |
17,1 |
14,5 |
7,8 |
6,8 |
6,8 |
14,0 |
7,7 |
6,7 |
6,2 |
Produits en béton, nca |
3272 |
65,6 |
17,7 |
9,8 |
7,0 |
7,9 |
17,1 |
9,5 |
6,8 |
7,6 |
Béton prêt à l’emploi |
3273 |
98,8 |
11,6 |
6,0 |
5,3 |
5,6 |
11,5 |
6,0 |
5,3 |
5,5 |
Divers produits minéraux non métalliques |
329 |
76,7 |
10,7 |
5,4 |
3,3 |
5,3 |
9,8 |
5,0 |
3,2 |
4,9 |
Abrasifs |
3291 |
20,0 |
10,2 |
3,9 |
2,5 |
6,3 |
9,5 |
3,7 |
2,4 |
5,8 |
Laine minérale |
3296 |
23,4 |
11,0 |
6,1 |
3,0 |
4,9 |
10,0 |
5,6 |
2,7 |
4,3 |
Réfractaires non argileux |
3297 |
|
10,6 |
5,8 |
4,5 |
4,8 |
10,2 |
5,7 |
4,3 |
4,6 |
Produits minéraux non métalliques, nca |
3299 |
|
13,1 |
8,2 |
5,8 |
4,9 |
11,4 |
7,0 |
5,5 |
4,3 |
nca = non classé ailleurs. = donnée non disponible.
1 Les taux d’incidence représentent le nombre d’accidents et de maladies par 100 travailleurs à temps plein; ils ont été calculés en prenant le nombre d’accidents et de maladies, en le divisant par le nombre d’heures ouvrées par tous les travailleurs pendant l’année en cours et en multipliant le résultat obtenu par 200 000 (équivalent de base en nombre d’heures ouvrées par 100 travailleurs travaillant 40 heures par semaine pendant 52 semaines par an). 2 Standard Industrial Classification Manual , édition de 1987. 3 L’emploi est exprimé comme une moyenne annuelle et a été calculé à partir des données du Programme de statistiques sur l’emploi du Bureau américain des statistiques du travail (BLS State Current Employment Statistics Programme). 4 Le total des cas inclut ceux où le travailleur est seulement capable d’exécuter un travail plus léger, en plus des jours de travail perdus intégralement avec ou sans activité réduite. 5 Les journées de travail perdues comprennent les jours où le travailleur n’effectue pas son travail, que ce travail soit réduit ou non.
Source: d’après une enquête nationale sur les accidents du travail et les maladies professionnelles dans l’industrie privée, réalisée par le ministère du Travail américain, Bureau des statistiques du travail (Department of Labor, Bureau of Labor Statistics).
Les travailleurs âgés de 25 à 44 ans représentaient environ 59% des 23 203 cas dabsence pour cause daccident ou de maladie dans ce secteur aux Etats-Unis. Venait ensuite la tranche dâge des 45-54 ans, avec 18% des cas (voir figure 84.22).
Dans environ 85% des cas, il sagissait dhommes. Dans 24% des cas (hommes et femmes), les travailleurs avaient moins dun an dancienneté. Ceux qui avaient entre 1 et 5 ans dancienneté représentaient 32% des cas, ceux ayant plus de 5 ans dancienneté 35%.
Nature . Lanalyse de la répartition des types dabsences pour cause daccident ou de maladie aide à expliquer les facteurs qui interviennent. Foulures et entorses arrivent en tête, représentant 42% de lensemble des cas (voir figure 84.23). Au second rang viennent les coupures et les piqûres (10%), suivies par les ecchymoses (9%), les fractures (7%) et les dorsalgies ou autres douleurs (5%). Les brûlures thermiques, chimiques et les amputations sont plus rares (1% ou moins).
Causes ou cas daccidents. La figure 84.24 montre quun effort excessif dû au soulèvement de charges vient au premier rang des causes provoquant une lésion invalidante. Il est à lorigine de 17% environ des cas dincapacité de travail auxquels il faut ajouter 5% dautres cas dincapacité dus à des gestes répétés. La deuxième cause daccident la plus fréquente est celle où le travailleur est heurté par un objet puisquelle représente 16% des cas daccident, suivie par le scénario dans lequel cest le travailleur qui heurte un objet (10% des cas). Autres causes fréquentes daccidents: coincement dans un objet (9%), chutes de hauteur (9%), chutes de plain-pied (6%) et glissades ou trébuchements sans chute (6%), lexposition à des substances ou à un environnement dangereux nintervenant que dans 5% des cas.
Sièges des lésions. La partie du corps le plus souvent atteinte est le dos (24% des cas) (voir figure 84.25), les lésions aux extrémités supérieures (doigt, main, poignet et bras confondus) représentant 23% des cas, dont 9% pour les doigts seuls. On retrouve la même proportion pour les extrémités inférieures (21%), le genou étant touché dans 7% des cas.
Sources . Citons, parmi les sources les plus fréquentes à lorigine daccidents et de maladies: pièces et matériaux (20%); mouvement ou position du travailleur (16%); voies de circulation ou sols (15%); récipients (10%); machines (9%); véhicules (9%); outils manuels (4%); mobilier et accessoires (2%); produits chimiques (2%) (voir figure 84.26).
Les traumatismes cumulatifs liés à des mouvements répétés, au surmenage et à des efforts excessifs sont fréquents dans ce secteur dactivité. Dans certains cas, des robots ont pris le relais, mais la manutention manuelle demeure encore très courante. Le bruit est un problème important lui aussi: les compresseurs, souffleries, centrifugeuses, vibreurs pneumatiques et équipements de conditionnement peuvent avoir des niveaux sonores atteignant de 90 à 95 dBA. Des protecteurs antibruit et un programme de protection de louïe préviendront toute perte irréversible daudition.
Cette industrie utilise de grandes quantités de silice cristalline. Il faut limiter les expositions lors de la manipulation, de lentretien et du nettoyage. Un bon entretien des locaux à laide dun système daspiration ou de nettoyage à leau réduit les risques dexposition. Les travailleurs doivent se soumettre périodiquement à des examens de dépistage (épreuve fonctionnelle respiratoire, radiographie des poumons) en cas dexposition prolongée. Il faudrait aussi limiter le plus possible lexposition aux métaux lourds présents dans les matières premières, les glaçures ou les pigments. Lutilisation de substituts des métaux lourds pour les glaçures éliminera également la contamination de la nourriture et des boissons et les maladies quelle entraîne. En résumé, un entretien soigneux des locaux et le port dun équipement de protection respiratoire permettent déviter les effets nocifs. Une surveillance médicale, comprenant une surveillance biologique, peut se révéler nécessaire.
Il est courant, dans la fabrication de fibres de verre, dutiliser des liants contenant du formaldéhyde, des résines époxydes et des silanes. Il faut donc prendre des mesures pour prévenir les irritations de la peau et des voies respiratoires. Le formaldéhyde est classé comme agent cancérogène dans de nombreux pays et, de ce fait, son utilisation est réglementée. Des fibres respirables sont libérées au cours des différentes étapes de la fabrication et de la mise en uvre des produits en fibres de verre, de roche, de laitier et en fibres céramiques réfractaires. Bien que lexposition aux fibres en suspension dans lair ait généralement été assez faible (moins de 1 fibre par centimètre cube) pour la plupart des matériaux, les applications par projection/soufflage la rendent souvent beaucoup plus élevée.
La roche, le laitier et le verre font partie des matériaux disolation industrielle actuellement en usage qui ont été les plus étudiés. Des épidémiologistes ont montré que le tabagisme avait un impact sensible sur la mortalité par cancer du poumon chez les travailleurs de cette industrie. Des études transversales sérieuses nont pas conclu à un excès de morbidité ou de mortalité dû aux fibres dans les pathologies pulmonaires. Des études de toxicité chronique effectuées sur des rats inhalant des fibres ont montré que la durée de vie des fibres vitreuses était un facteur déterminant de leur nocivité. Cette durée de vie ou biopersistance dépend de leur composition qui peut être très variable. Afin déviter des problèmes de santé publique, un comité technique de la Commission européenne a proposé dexaminer la biopersistance des fibres vitreuses grâce à des tests dinhalation de courte durée. Une laine isolante dont la composition a fait lobjet de tests approfondis à la dose maximale tolérée par les rats en inhalation chronique et qui ne provoque pas de maladie irréversible est alors proposée comme fibre de référence.
Les particules sont les principaux polluants atmosphériques émis lors de la fabrication du verre, des céramiques, de la poterie et des briques. La meilleure technologie possible de lutte contre ces particules consiste à utiliser des filtres à manches et des condenseurs électrostatiques humides pour réduire les émissions. Les polluants atmosphériques dangereux produits lors du mélangeage avec le liant, lapplication denduit et les procédés de cuisson font lobjet détudes approfondies. Ces substances comprennent: le styrène, les silanes, les résines époxy utilisées dans la fabrication des filaments de verre continus ainsi que le formaldéhyde, le méthanol et le phénol employés pour la production de la laine de roche, de laitier et de verre. Le formaldéhyde est le polluant qui influe de façon déterminante sur les normes de lindustrie. Les polluants provenant des métaux lourds comme le chrome influent sur les normes applicables aux fours de fusion du verre, tandis que les oxydes dazote (NOx) et les oxydes de soufre (SOx) continuent de poser des problèmes dans certains pays. Les émissions de fluorure et de bore sont préoccupantes dans la production de filaments de verre continus. Le bore pourrait aussi devenir un défi pour lenvironnement si certains pays avaient besoin de fibres de laine de verre vitreuses hautement solubles.
Etant donné le volume dair à évacuer et la nature du façonnage et de la fusion du verre, cette industrie rejette de grandes quantités deau par évaporation. De nombreux établissements, comme aux Etats-Unis, ne rejettent pas deaux usées. Ces eaux usées sont recyclées, mais elles contiennent parfois des matières organiques qui peuvent être à lorigine de risques biologiques sur le lieu de travail si elles ne sont pas traitées pour arrêter la prolifération des micro-organismes (voir figure 84.27). Les déchets générés par ce genre dindustrie comprennent des métaux lourds, des produits corrosifs, des liants et des solvants usés. Avec lindustrie de la fibre de verre, le recyclage des bouteilles et du verre plat a trouvé un débouché important. Cest ainsi que les produits actuels en laine de verre contiennent entre 30 et 60% de verre recyclé. Les réfractaires usés sont également récupérés et réutilisés avec profit.
Remerciements: les auteurs tiennent à remercier Dan Dimas, CSP, Libbey-Owens-Ford, pour les photographies, et Michel Soubeyrand, Libbey-Owens-Ford, pour ses informations concernant le dépôt chimique en phase vapeur dans la partie traitant du verre.
Les propriétés qui caractérisent les matériaux réfractaires de qualité dépendent de leur domaine dapplication. Laspect le plus important est leur «réfractarité», cest-à-dire la température à laquelle léchantillon commence à se ramollir (ou à fondre). Typiquement, les réfractaires nont pas un point de fusion spécifique; la transition de phase a lieu sur une échelle de températures lors dun phénomène appelé «ramollissement», que lon peut quantifier grâce à une résistance pyroscopique, qui est une pyramide sinfléchissant au cours du chauffage. Une propriété connexe, et souvent plus utile, est la température de flexion sous charge. Les réfractaires fléchissent fréquemment sous une charge à des températures nettement inférieures à la température de résistance pyroscopique. Pour obtenir une valeur de ce paramètre, on place le réfractaire sous une charge connue puis on le chauffe. On note la température à laquelle commence à se produire un fléchissement ou une déformation générale. Cette valeur présente un grand intérêt, car elle sert à prévoir le comportement mécanique du réfractaire pendant son utilisation. La résistance à la charge est directement proportionnelle à la viscosité du verre présent. Une autre caractéristique indispensable pour comprendre le comportement des réfractaires est leur stabilité dimensionnelle. Pendant leur utilisation industrielle, ces matériaux sont soumis à des cycles de chauffage/refroidissement qui les font se dilater ou se rétracter. Des variations importantes de dimensions entrαînent une diminution de la stabilité et peuvent conduire, dans certains cas, à une défaillance de la structure elle-même. Un autre phénomène connexe couramment observé est la thermoclase, qui prend généralement la forme de fracturation, de fissuration ou décaillage du réfractaire, ce qui entraîne lexposition de la masse interne du matériau. Elle résulte dordinaire des gradients de température à lintérieur du matériau, de la compression de la structure soumise à des charges de grands volumes et des variations du coefficient de dilatation thermique dans la brique. Les industries du réfractaire essaient déviter la thermoclase qui nuit à lefficacité du réfractaire. Les réfractaires ont de nombreuses applications industrielles, qui vont dun large usage dans la sidérurgie et la métallurgie à un emploi limité en cimenterie et dans des ouvrages de collectivités du secteur public. Pratiquement, les réfractaires sont utilisés dans toutes les industries faisant appel aux hautes températures pour chauffer, sécher ou calciner des matériaux. Le tableau 84.4 montre la répartition de lutilisation des réfractaires par secteur dactivité aux Etats-Unis. Tableau 84.4 Utilisation des réfractaires par secteur d'activité aux Etats-Unis
Comme il ressort de ce tableau, lindustrie de lacier est le secteur qui utilise plus de 50% des réfractaires produits aux Etats-Unis. Cest pourquoi les progrès réalisés par ces matériaux ont été stimulés dans une large mesure par les besoins de ce secteur dactivité. |
Les gemmes synthétiques ont une structure et une composition chimique identiques à celles des pierres précieuses naturelles. Les gemmes dimitation, en revanche, sont des pierres simplement destinées à simuler lapparence dune pierre naturelle particulière. Quelques procédés de base permettent den produire plusieurs variétés. Au nombre des gemmes synthétiques figurent le grenat, le spinelle, lémeraude, le saphir et le diamant. La plupart de ces pierres sont destinées à être utilisées en joaillerie. On emploie les diamants comme abrasifs, et les rubis et les grenats dans les lasers. La première pierre synthétique employée en joaillerie fut lémeraude. La technique de fabrication fait lobjet dune marque déposée et reste secrète, mais elle utilise, selon toute vraisemblance, le procédé par dissolution dans un fondant qui consiste à fondre ensemble des silicates dalumine et de béryllium, additionnés de chrome pour la couleur. Sortant du fondant, lémeraude se cristallise. Lobtention de pierres par ce procédé peut demander un an. On emploie le procédé de synthèse par fusion de flamme dit procédé Verneuil, pour obtenir des saphirs et des rubis. Ce procédé nécessite de grandes quantités dhydrogène et doxygène et consomme donc beaucoup dénergie. Il consiste à chauffer un germe cristallin à laide dun chalumeau oxhydrique jusquà ce que la surface se liquéfie. On ajoute avec précaution une matière première en poudre telle que de la poudre dalumine (Al2O3) pour le saphir. Lorsque la matière première commence à fondre, on retire progressivement le germe cristallin de la flamme, de sorte que le liquide qui en est le plus éloigné se solidifie. Lextrémité proche de la flamme, encore liquide, est prête à recevoir davantage de matière première. On recueille finalement un cristal en forme de bouteille renversée. La variété des couleurs sobtient par addition de petites quantités de divers ions métalliques aux matières premières. Pour le rubis, on remplace 0,1% des ions aluminium par des atomes de chrome. Le spinelle (MgAl2O4), en tant que gemme synthétique incolore, est fabriqué au moyen du procédé Verneuil. Tout comme le saphir, on lutilise dans lindustrie dans une gamme étendue de couleurs pour les pierres de naissance et, en Amérique du Nord, pour les bagues détudiants. Les mêmes ions métalliques, ajoutés au saphir et au spinelle, donneront des couleurs différentes. Les diamants synthétiques sont utilisés dans lindustrie en raison de leur dureté pour couper, polir, meuler et forer et, notamment, pour découper et meuler le granit employé dans la construction, forer des puits et meuler des alliages non ferreux. Par ailleurs, des procédés sont à létude pour déposer du diamant sur des surfaces afin de les rendre claires, dures et résistantes aux rayures. Les diamants se forment lorsque du carbone élémentaire ou du graphite est soumis à une pression et à des températures élevées pendant une certaine durée. Pour fabriquer un diamant synthétique, il faut mélanger le graphite et des catalyseurs métalliques et les soumettre à une forte pression et à des températures pouvant aller jusquà 1 500 °C. La dimension et la qualité du diamant sont fonction du temps, de la pression ou de la température. Pour obtenir les hautes pressions nécessaires à la formation des diamants en un temps raisonnable, on utilise des enceintes en carbure de tungstène en forme danneau qui mesurent jusquà 2 m de large et 20 cm dépaisseur. Le mélange graphite-catalyseur est placé dans une capsule en céramique et des pistons coniques le compriment par le bas et par le haut. Après un temps déterminé, la capsule est retirée de la presse. On la brise et on soumet le graphite contenant le diamant à une série dagents destinés à éliminer tous les composants autres que le diamant. Ces produits, très puissants, sont des sources potentielles de brûlures et de lésions de lappareil respiratoire. Les diamants de qualité joaillerie peuvent être produits de la même manière, mais la durée de pression requise rend ce procédé trop coûteux. Les risques pour la santé liés à la fabrication des diamants synthétiques comprennent lexposition potentielle à des acides très réactifs et à des agents caustiques en grande quantité, au bruit, aux poussières résultant de la fabrication et de la destruction des capsules en céramique et aux poussières métalliques. Le bris des enceintes de carbure est également cause de risques potentiels. Au terme dun nombre variable dutilisations, les enceintes cèdent et peuvent être à lorigine de blessures si elles ne sont pas bien isolées. Des troubles de nature ergonomique apparaissent chez les travailleurs chargés des opérations de tri et de calibrage des diamants dont les petites dimensions rendent ces tâches répétitives et fastidieuses. Basil Dolphin |