* Adapté de la 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational Health and Safety.
Lindustrie chimique a pour but de changer la structure chimique des matériaux naturels afin den dériver des produits utiles à dautres industries ou dans la vie de tous les jours. Les produits chimiques sont obtenus à partir de matières premières principalement des minéraux, métaux et hydrocarbures au cours dune série détapes de transformation. Un traitement additionnel, tel que le délayage et le mélangeage, est souvent nécessaire pour les convertir en produits finis (par exemple, peintures, adhésifs, médicaments et produits cosmétiques). Lindustrie chimique couvre donc un domaine dactivité beaucoup plus large que ce que lon a coutume dappeler les «produits chimiques», puisquelle inclut également les fibres artificielles, les résines, les savons, les peintures, les films photographiques et les produits chimiques connexes.
Les produits chimiques se divisent en deux classes principales de composés: les organiques et les inorganiques . Les composés organiques ont une structure à base datomes de carbone combinés avec de lhydrogène et dautres éléments. Le pétrole et le gaz sont actuellement la source de 90% des composés organiques produits et ont, en grande partie, remplacé le charbon ainsi que les matières premières employées précédemment, quelles soient dorigine végétale ou animale. Les composés inorganiques sont dérivés principalement de sources minérales, notamment le soufre, qui est extrait à létat pur ou à partir de minerais, et le chlore, qui provient du sel commun.
On peut diviser, pour schématiser, les produits de lindustrie chimique en trois groupes, qui correspondent aux principales étapes de la fabrication. Les produits de base (organiques et inorganiques) sont normalement fabriqués à grande échelle et convertis en dautres produits chimiques. Les produits intermédiaires sont dérivés des produits de base. La plupart des produits intermédiaires exigent une transformation supplémentaire de la part de lindustrie chimique, mais certains, comme les solvants, sont employés tels quels. Les produits chimiques finis sont obtenus à des étapes ultérieures. On consomme certains de ces derniers (médicaments, produits cosmétiques, savons) tels quels; dautres, à linstar des fibres, des plastiques, des colorants et des pigments, subissent un traitement plus poussé.
On désigne ainsi les principaux secteurs de lindustrie chimique:
Dans la Classification internationale type, par industrie, de toutes les branches dactivité économique (CITI), employée par lOrganisation des Nations Unies (ONU) pour classifier lactivité économique en dix branches principales, lindustrie chimique constitue la catégorie 35, lune des 9 catégories de la branche principale 3 constituée par les industries manufacturières. La catégorie 35 est subdivisée selon les classes suivantes: industrie chimique (351); fabrication dautres produits chimiques (352); raffineries de pétrole (353); fabrication de divers dérivés du pétrole et du charbon (par exemple, lasphalte) (354); lindustrie du caoutchouc (comprenant les pneus) (355) et la fabrication douvrages en matière plastique non classés ailleurs (356) (ONU, 1968).
Chaque pays qui fournit des statistiques sur son industrie chimique utilise habituellement son propre système de classification, ce qui peut entraîner une certaine confusion. La comparaison entre les performances totales respectives des industries chimiques de divers pays ne peut donc pas être basée sur les sources nationales. Cependant, les organismes internationaux comme lOrganisation de coopération et développement économiques (OCDE) et lONU fournissent habituellement des données fondées sur la CITI, avec cependant un retard denviron deux ans. Des statistiques commerciales sont publiées à léchelle internationale selon la Classification type pour le commerce international (CTCI), qui diffère de la CITI. Les statistiques commerciales par pays se rapportent presque toujours à la section 5 (Produits chimiques et produits connexes) de la CTCI, qui englobe environ 90% des produits chimiques répertoriés dans la CITI.
Lindustrie chimique a connu un développement beaucoup plus rapide au cours du dernier demi-siècle que lindustrie dans son ensemble. Bien quelle ait été frappée par une dépression économique au début des années quatre-vingt-dix, sa production a augmenté au milieu de cette décennie et cest en Asie du Sud-Est que sa croissance est la plus soutenue. La figure 77.1 montre lévolution de la production chimique de 1992 à 1995 pour certains pays.
Une grande partie de lindustrie chimique est fortement capi-talistique et dépendante de la recherche et du développement (par exemple, les produits pharmaceutiques). Du fait de ces deux facteurs, lindustrie emploie un nombre anormalement faible de travailleurs manuels non qualifiés, eu égard à sa taille, comparativement au secteur de la fabrication en général. Lemploi total dans lindustrie chimique a légèrement augmenté au cours de la période de croissance antérieure à 1970, mais depuis, la recherche dune productivité accrue a eu comme conséquence un déclin de lemploi dans ce secteur dans la plupart des pays développés. Le tableau 77.1 présente lévolution de lemploi dans lindustrie chimique aux Etats-Unis et dans plusieurs pays européens pour lannée 1995.
Pays |
Nombre d’emplois |
Etats-Unis |
1 045 000 |
Allemagne |
538 000 |
France |
248 000 |
Royaume-Uni |
236 000 |
Italie |
191 000 |
Pologne |
140 000 |
Espagne |
122 000 |
Source: Chemical and Engineering News , 1996.
Chaque fois que lon met en uvre des procédés faisant appel à la température et à la pression pour changer la structure moléculaire ou créer de nouveaux produits à partir de composés chimiques, il existe un risque dincendie, dexplosion ou démission de liquides, de vapeurs, de gaz ou de substances inflammables ou toxiques. La surveillance de ces événements indésirables fait appel à une science spéciale appelée gestion de la sécurité des procédés . Les termes sécurité des procédés et gestion de la sécurité des procédés sont le plus souvent employés pour décrire la protection des travailleurs, de la population et de lenvironnement contre les conséquences des incidents graves impliquant des liquides inflammables et des matières très dangereuses. Selon lAssociation des industries chimiques (Chemical Manufacturers Association (CMA)), aux Etats-Unis, «la sécurité des procédés est la maîtrise des risques encourus en raison derreurs de procédures ou de dysfonctionnements des procédés employés pour convertir les matières premières en produits finis, qui peuvent entraîner lémission imprévue de produits dangereux» (CMA, 1985).
La conception et la technologie du procédé, les modifications de celui-ci, les produits utilisés et les modifications qui leur sont apportés, les pratiques et procédures dexploitation et dentretien, la formation, le degré de préparation en cas durgence et les autres éléments influant sur le procédé doivent tous être considérés dans la détection et lévaluation systématiques des risques afin de déterminer sils sont susceptibles dentraîner une catastrophe en milieu de travail ou dans la communauté environnante. Depuis le début des années quatre-vingt, un certain nombre dincidents majeurs mettant en cause des matières très dangereuses se sont produits dans les industries pétrolière et chimique; ils ont entraîné un nombre considérable de décès et de blessures ainsi que des pertes matérielles importantes. Ces incidents ont poussé les organismes gouvernementaux, les syndicats et les associations industrielles à élaborer et à mettre en application des codes, des règlements, des procédures et des pratiques de sécurité professionnelle orientés vers lélimination ou latténuation de ces événements indésirables, au moyen de lapplication de principes de gestion de la sécurité des procédés. Ils sont traités plus en détail dans le chapitre no 39, «Les catastrophes naturelles et technologiques», et ailleurs dans la présente Encyclopédie.
En raison des préoccupations publiques au sujet des risques des produits chimiques, les gouvernements et les organismes de réglementation ont mis sur pied des programmes où les fabricants et les utilisateurs doivent identifier les matières dangereuses en milieu de travail et informer les travailleurs et les consommateurs des risques découlant de leur fabrication, leur utilisation, leur stockage et leur manutention. Ces programmes, qui traitent des mesures durgence et de lintervention en cas durgence, de la détection des risques, de la connaissance des produits, de la maîtrise des produits dangereux et du signalement des émissions toxiques, couvrent le traitement des hydrocarbures.
La gestion de la sécurité des procédés fait partie intégrante du programme global de sécurité des installations de fabrication de produits chimiques. Pour quil soit efficace, un programme de gestion de la sécurité des procédés requiert linitiative, lappui et la participation des cadres supérieurs, des gestionnaires de lusine, des agents de maîtrise, des travailleurs, des entrepreneurs et de leur personnel. Les composantes à considérer au moment de mettre sur pied un programme de gestion de la sécurité des procédés incluent:
Tous les programmes de gestion de la sécurité des procédés dinstallations chimiques comportent les mêmes exigences de base, bien que le nombre déléments du programme puisse varier selon les critères utilisés. Peu importe le document source utilisé comme guide, quil provienne dun gouvernement, dune entreprise ou dune association, il existe un certain nombre dexigences de base qui devraient être incluses dans tout programme de gestion de sécurité des procédés chimiques:
Le secteur de la transformation utilise linformation sur la sécurité des procédés pour définir quels sont les procédés, les produits et léquipement critiques. Linformation sur la sécurité des procédés inclut toute la documentation existante au sujet de la technologie des procédés, de léquipement, des matières premières, des produits et des risques chimiques avant quune analyse de risque des procédés ne soit effectuée. La documentation concernant les analyses de projets dinvestissement et les critères de conception de base sont dautres informations essentielles sur la sécurité des procédés.
Linformation chimique inclut les propriétés chimiques et physiques, mais aussi la réactivité et les données sur la corrosivité et la stabilité thermique et chimique des substances telles que les hydrocarbures et les matières très dangereuses utilisées dans les procédés, de même que les effets dangereux du mélange accidentel de produits incompatibles. Linformation chimique inclut également celle qui peut être nécessaire pour effectuer des évaluations des risques environnementaux des émissions toxiques et inflammables ainsi que des limites dexposition admissibles.
Linformation technique inclut des schémas-bloc ou des organigrammes de procédé simples ainsi que la chimie de chaque procédé avec les limites sûres supérieures et inférieures pour les températures, les pressions, les débits, les compositions et, lorsque cette information existe, de la documentation sur la conception des procédés et des bilans énergétiques. Les conséquences des écarts dans les procédés et les produits, y compris leurs effets sur la sécurité et la santé des travailleurs, sont également déterminées. Chaque fois que les procédés ou les produits changent, linformation est mise à jour et réévaluée selon le processus de gestion du changement de létablissement.
Linformation sur léquipement et la conception mécanique des procédés inclut la documentation couvrant les codes employés et indique si léquipement respecte des pratiques reconnues dingénierie. On détermine également si léquipement conçu et construit selon des codes, normes et pratiques qui ne sont en général plus en vigueur est utilisé, entretenu, inspecté et testé afin de sassurer dune sûreté de fonctionnement continue. Linformation sur les matériaux de construction, les schémas de tuyauterie et dinstrumentation, la conception du système de secours, la classification électrique, les plans de la ventilation et les systèmes de sécurité est mise à jour et réévaluée quand on y apporte des changements.
Les programmes de gestion de sécurité des procédés devraient prévoir la participation des travailleurs à lélaboration et à lexécution des analyses de sécurité des procédés ainsi quà dautres éléments du programme. On accorde habituellement à tous les employés et à ceux des entreprises extérieures travaillant dans le secteur laccès à linformation sur la sécurité des procédés, aux rapports denquête sur les incidents et aux analyses de risque de procédé. La plupart des nations industrielles exigent que les travailleurs soient systématiquement formés à lidentification, la nature et la manutention en sécurité de tous les produits chimiques auxquels ils peuvent être exposés.
Une fois linformation sur la sécurité des procédés rassemblée, on doit procéder à une analyse de risque des procédés qui soit multidisciplinaire, complète, systématique et appropriée à la complexité des procédés, afin de déceler, dévaluer et de maîtriser leurs risques. Les personnes exécutant lanalyse de risque des procédés devraient être bien informées et posséder lexpérience de ces types de processus chimiques, dingénierie et dopérations de fabrication. Chaque équipe danalyse comporte normalement au moins une personne connaissant bien les procédés en cause et une personne qui est compétente dans la méthodologie utilisée. Lordre de priorité servant à déterminer où les analyses de risque des procédés doivent débuter dans létablissement est basé sur les critères suivants:
Plusieurs méthodes danalyse de risque des procédés sont employées dans lindustrie chimique.
La technique par simulation (what if method) pose une série de questions destinées à analyser des scénarios de risques et leurs conséquences potentielles. Elle est employée le plus souvent en cours détude de propositions de modifications au procédé, aux produits, à léquipement ou aux installations.
La méthode danalyse par liste de contrôle (checklist method) est semblable à la technique par simulation, sauf que lon utilise une liste de contrôle déjà établie et faite sur mesure pour lusine, les produits, les procédés et léquipement. Cette méthode est utile pour réaliser des revues de prédémarrage avant lachèvement de nouvelles installations ou après des révisions complètes ou des additions importantes à lunité de fabrication. On emploie souvent une combinaison des techniques par simulation et de la liste de contrôle pour analyser des unités identiques du point de vue de la construction, des produits, de léquipement et des procédés.
On utilise couramment la méthode danalyse des risques et dexploitabilité (hazard and operability (HAZOP) study method ) dans les industries chimique et pétrolière. Elle implique la participation dune équipe multidisciplinaire, guidée par un chef expérimenté. Léquipe emploie des mots guides tels que «non», «augmentation», «diminution» et «inversion», qui sont systématiquement appliqués pour décrire les conséquences des écarts par rapport à lintention de conception pour les procédés, léquipement et les opérations analysés.
Les analyses par arbre de défaillance ou par arbre dévénements (fault tree/event tree analyses) sont des techniques déductives formelles semblables; elles sont employées pour estimer la probabilité quantitative de survenue dun événement. Lanalyse par arbre de défaillance remonte à partir dun événement défini pour déterminer et montrer la combinaison des erreurs dexploitation ou des défaillances déquipement ayant joué un rôle dans lincident. Lanalyse par arbre dévénements, qui est linverse de lanalyse par arbre de défaillance, procède en aval à partir dévénements spécifiques, ou de séquences dévénements, afin de repérer ceux qui pourraient entraîner des dangers et de calculer la probabilité dune séquence dévénements.
Lanalyse des modes de défaillance et de leurs effets (failure mode and effects analysis method) dresse un tableau de chaque système fonctionnel ou unité déquipement avec ses modes de défaillance, leffet de chaque défaillance potentielle sur le système ou lunité et la criticité de chaque défaillance pour lintégrité du système. Les modes de défaillance sont alors classés par ordre dimportance afin de déterminer lequel est le plus susceptible de causer un incident sérieux.
Quelle que soit la méthode utilisée, toutes les analyses de risque de procédés chimiques prennent en considération les points ci-après:
Les établissements de fabrication chimique devraient élaborer et mettre en application des programmes qui prévoient la révision de linformation portant sur la sécurité des procédés, des procédures et des pratiques quand des modifications interviennent. De tels programmes incluent un système dautorisation de gestion et une documentation écrite pour les changements apportés aux matières, aux produits chimiques, à la technologie, à léquipement, aux procédures, au personnel et aux installations.
Les programmes de gestion du changement dans lindustrie chimique incluent, par exemple, les domaines ci-après:
Le processus de gestion du changement inclut une démarche dinformation des travailleurs impliqués dans les procédés et lentretien et des employés des entreprises extérieures dont les tâches seront touchées par les changements, ainsi que la mise à jour des procédures dexploitation, de linformation sur la sécurité des procédés, des pratiques de sécurité professionnelle et de la formation selon les besoins, avant le démarrage des procédés ou de leurs parties modifiées.
Les établissements de fabrication de produits chimiques doivent concevoir et fournir des consignes dutilisation et des procédures détaillées au personnel. Les consignes dexploitation devraient être réexaminées de temps à autre afin de sassurer quelles sont complètes et exactes (mises à jour ou révisées à loccasion de changements) et couvrir les limites dexploitation de lunité de fabrication, en particulier les trois points suivants:
Le personnel impliqué dans les procédés a accès aux consignes dexploitation couvrant les domaines ci-après:
Les établissements de fabrication de produits chimiques devraient mettre en application des programmes de permis relatifs au travail par point chaud, dautorisation dexécuter des travaux en toute sécurité et dun système de bons de travail, afin de garder la maîtrise des opérations réalisées dans les zones de fabrication ou à proximité. Les agents de maîtrise, le personnel et les employés des entreprises extérieures doivent connaître les exigences des divers programmes de permis, y compris la délivrance et la date dexpiration de ceux-ci, ainsi que les mesures de sécurité, de manutention et de protection contre les incendies, de même que les méthodes de prévention des incendies.
Les types de travaux qui nécessitent habituellement un permis dans les établissements de fabrication de produits chimiques incluent:
Les établissements de fabrication de produits chimiques devraient élaborer et mettre en application des pratiques de sécurité professionnelle afin de maîtriser les risques au cours de lexploitation. Ces pratiques devraient comprendre les aspects suivants:
Les établissements de fabrication de produits chimiques devraient faire appel à des programmes organisés de formation à la sécurité des procédés pour former et entraîner les agents de maîtrise en poste, ceux qui changent daffectation ou qui viennent dêtre engagés, ou les nouveaux employés. La formation offerte aux agents de maîtrise et au personnel des services de lexploitation et de lentretien devrait couvrir les domaines ci-après:
On a souvent recours à des entreprises extérieures dans les établissements de fabrication de produits chimiques. Ces établissements doivent instituer des procédures afin de sassurer que le personnel des entreprises extérieures chargées de lentretien, des réparations, des révisions complètes, des réfections importantes ou des travaux spécialisés est conscient des risques et bien informé au sujet des produits, des procédés dexploitation, des mesures de sécurité et de léquipement en place à lendroit où les travaux sont effectués. Létablissement devrait procéder à des évaluations périodiques pour sassurer que les travailleurs employés par lentreprise extérieure sont convenablement formés et qualifiés, quils respectent les mesures de sécurité et sont au courant des aspects ci-après:
Les revues de sécurité avant le démarrage sont effectuées dans les usines chimiques avant le démarrage de nouvelles installations ou lintroduction de nouvelles matières ou produits chimiques dangereux, après une révision complète et quand dimportantes modifications des procédés ont eu lieu.
Les revues de sécurité avant le démarrage permettent de sassurer que les contrôles ci-après ont été effectués:
Avant et pendant la construction (avant la revue de prédémarrage), on procède habituellement à une série de vérifications de sécurité de la qualité de conception quand de nouveaux procédés ou des changements importants aux procédés existants sont effectués. La revue de contrôle des études, réalisée juste avant que les plans et spécifications soient considérés comme «dessins détude définitifs», couvre les points suivants:
Une autre revue est normalement accomplie juste avant dentamer la construction, et comporte les volets ci-après:
Une ou plusieurs revues sont habituellement pratiquées pendant la construction ou la modification afin de sassurer que les points suivants sont conformes aux spécifications du projet et aux exigences de létablissement:
Les installations de fabrication de produits chimiques possèdent des programmes visant à maintenir lintégrité de léquipement dexploitation, comportant notamment des inspections périodiques, des tests, le maintien des performances, des mesures correctives et lassurance de la qualité. Le but de ces programmes est de sassurer que lintégrité mécanique de léquipement et des matériaux est revue et certifiée, que les lacunes sont corrigées avant le démarrage ou que des dispositions préventives appropriées sont prises. Les programmes dintégrité mécanique englobent léquipement et les systèmes suivants:
Les programmes dintégrité mécanique couvrent également linspection et lessai du matériel dentretien, des pièces de rechange et de léquipement afin de vérifier quils sont correctement installés ou quils conviennent à lutilisation que lon se propose den faire. Les critères dacceptation ainsi que la fréquence des inspections et des essais devront être conformes aux recommandations des fabricants, aux normes, aux exigences réglementaires, aux pratiques de lindustrie, aux politiques de létablissement ou à lexpérience passée.
Les programmes de planification et dintervention en cas durgence sont conçus pour lensemble dun établissement en vue de permettre lidentification des dangers et lévaluation du risque des procédés. Ces programmes incluent la formation et lentraînement du personnel et des employés des entreprises extérieures en matière de signalement des situations durgence, de procédures dintervention et dévacuation.
Le plan de mesures durgence type dun établissement de fabrication se conforme aux exigences de la société et de la réglementation et inclut les éléments ci-après:
Nombreux sont les établissements qui effectuent eux-mêmes des audits de la gestion de la sécurité des procédés afin de mesurer la performance de leurs installations et de sassurer du respect des exigences internes et externes (des organismes de réglementation, de lentreprise et de lindustrie) en matière de sécurité des procédés. Les deux principes de base à suivre pour effectuer les vérifications en interne sont, tout dabord, de rassembler toute la documentation sur la gestion de la sécurité des procédés au même endroit et, ensuite, de déterminer si le programme est en place et fonctionne efficacement en effectuant un suivi de son application pour le ou les procédés choisis. Lauteur de la vérification rédige ensuite un rapport faisant état de ses constatations et de ses recommandations et la direction de létablissement assure le suivi du dossier en notant comment les lacunes ont été corrigées ou atténuées et, si ce nest pas le cas, pourquoi aucun correctif na été apporté.
Des listes de contrôle adaptées aux caractéristiques des établissements et des procédés sont fréquemment préparées pour procéder à des vérifications de sécurité qui couvrent les aspects ci-après:
Etant donné que les objectifs et le champ des vérifications peuvent changer, léquipe de vérification de conformité devrait compter au moins une personne connaissant bien le procédé à vérifier, un expert en matière de réglementation et de normes et dautres personnes disposant des aptitudes et des qualifications nécessaires pour réaliser la vérification. La direction peut décider dajouter à léquipe de vérification un ou plusieurs experts extérieurs si elle ne dispose pas du personnel nécessaire, si celui qui est en place ne possède pas lexpertise nécessaire ou si la réglementation lexige.
Les établissements de fabrication ont établi des programmes afin de mener des enquêtes et des analyses approfondies sur les incidents de fabrication ou les quasi-incidents, de prendre en considération et de régler promptement les points soulevés dans les conclusions et les recommandations faites et den vérifier les résultats avec le personnel et les entreprises extérieures dont le travail est lié aux conclusions de lenquête. Les incidents (ou quasi-incidents) font aussitôt que possible lobjet dune enquête approfondie par une équipe comptant au moins une personne qui connaît bien le procédé de fabrication en question ainsi que dautres qui possèdent des connaissances et une expérience appropriées.
Les installations de fabrication sont assujetties à deux formes différentes de normes et de règlements:
La direction des établissements de fabrication devrait fournir de linformation sur les procédés, sans se préoccuper déventuels secrets industriels ou accords de non-divulgation, aux personnes qui:
Les établissements exigent généralement que les personnes à qui ils fournissent de linformation sur les procédés sengagent à ne pas la révéler.
La technologie visant à assurer la sécurité des procédés a joué un rôle important dans lindustrie chimique, permettant la manutention des liquides et des gaz inflammables et combustibles sans conséquence indésirable. Au cours des années quatre-vingt, les industries du pétrole et du gaz naturel ont reconnu que la technologie seule, sans la gestion de la sécurité des procédés, ne pourrait empêcher des catastrophes. Cest ainsi que certaines associations industrielles comme le Centre pour la sécurité des processus chimiques (Center for Chemical Process Safety (CCPS)), lInstitut américain du pétrole (American Petroleum Institute (API)) et lAssociation des industries chimiques (Chemical Manufacturers Association (CMA)), aux Etats-Unis, ont créé des programmes pour fournir à leurs membres des directives sur la gestion de la sécurité des procédés. Daprès le CCPS, lévolution de la sécurité des procédés, dune question purement technique vers un problème faisant intervenir des approches de gestion, a été fondamentale dans lamélioration soutenue de la prévention des accidents. Le CCPS a été créé en 1985 pour promouvoir lamélioration des techniques de gestion de la sécurité des procédés auprès de ceux qui entreposent, manipulent, traitent et utilisent des matières et des produits chimiques dangereux. En 1988, la CMA a instauré son programme Responsible Care® , qui décrit lengagement de chacun de ses membres à légard de lenvironnement, de la sécurité et de la santé dans la gestion des produits chimiques. En 1990, lAPI a mis en uvre un programme pour lensemble de cette industrie, intitulé STEP Strategies for Todays Environmental Partnership , avec lintention daméliorer la performance de lindustrie du pétrole et du gaz naturel en ce qui concerne lenvironnement, la sécurité et la santé. Un des sept éléments stratégiques du programme STEP couvre la sécurité du fonctionnement et des procédés utilisés dans lindustrie pétrolière. Les documents suivants sont des exemples de ceux qui sont préparés dans le cadre du programme STEP, sur lesquels lindustrie du pétrole et du gaz naturel peut se baser pour prévenir ou réduire le plus possible les conséquences de lémission catastrophique de liquides et de vapeurs inflammables ou de matières dangereuses utilisées lors du procédé:
Parmi dautres organisations qui ont préparé de tels documents et des programmes pour guider la gestion de la sécurité des procédés chimiques, on retrouve entre autres:
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Cet article traite de linformation sur léquipement de base, le stockage, limplantation dusines et les questions opérationnelles dans les industries chimiques de transformation, y compris les points et concepts de base qui sappliquent à lensemble de lindustrie chimique. Cependant, une grande partie de léquipement exigé dans la fabrication de produits chimiques est hautement spécialisé et ne peut être utilisé partout. Des renseignements plus détaillés sur la toxicité, les produits dangereux et la sécurité des procédés sont présentés ailleurs dans cette Encyclopédie, notamment dans le chapitre no 61, «Lutilisation, la manipulation et le stockage des produits chimiques».
Il existe deux catégories principales dimplantation dans les industries de transformation chimique: limplantation dusines, qui couvre toutes les unités, les utilités, les zones de stockage, les aires de chargement-déchargement, les bâtiments, les ateliers et les entrepôts, et limplantation des unités ou des procédés de fabrication, qui ne traite que de lemplacement de léquipement pour un procédé particulier, également appelé bloc de procédé.
Lemplacement dune usine est décidé sur la base dun certain nombre de facteurs généraux, comme le montre le tableau 77.2 (Center for Chemical Process Safety (CCPS), 1993). Ces facteurs changent considérablement selon les emplacements, les gouvernements et les politiques économiques. Parmi ceux-ci, les questions de sécurité sont extrêmement importantes et, pour certains emplacements, elles peuvent être le facteur décisif du choix du site.
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Un aspect essentiel de la sécurité industrielle quant au choix du site est la définition dune zone tampon ou dun périmètre de sécurité entre létablissement mettant en uvre des procédés dangereux et les usines, les habitations, les écoles, les hôpitaux, les autoroutes, les voies navigables et les couloirs aériens avoisinants. Quelques paramètres de sécurité à considérer de façon globale sont présentés tableau 77.3. La zone tampon est importante parce que léloignement tend à réduire ou à atténuer lexposition en cas dincident. La distance nécessaire pour ramener les concentrations toxiques à des niveaux acceptables par leffet des conditions atmosphériques et la dispersion des substances toxiques provenant dun rejet accidentel peut être calculée. De plus, le délai entre la libération de matières toxiques et lexposition, créé par lexistence dune telle zone, permet de prévenir la population grâce à des programmes préétablis dintervention durgence. Puisque les usines comportent divers types dinstallations contenant des produits toxiques, des analyses de dispersion devraient être effectuées afin de sassurer que la zone tampon est suffisamment étendue pour protéger le voisinage du périmètre de lusine.
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Il existe un risque dincendie dans les usines et les équipements dexploitation. Les incendies dimportance sont une source de rayonnement thermique que léloignement peut aussi atténuer. Les torchères produisent également un rayonnement thermique qui peut avoir un effet pendant une situation durgence ou lors des manuvres de démarrage ou darrêt. Une torchère est un dispositif qui brûle automatiquement des gaz déchappement ou des vapeurs libérées en cas durgence, en un point élevé ou au sol. Les torchères devraient se trouver loin du périmètre de lusine (pour la protection de la collectivité) et un secteur à leur base devrait être interdit au personnel. Si la torchère fonctionne mal, elle peut entraîner une projection de gouttelettes brûlantes. Outre les incendies, des explosions ou un dégagement de vapeur susceptibles de produire des ondes de choc peuvent survenir. Bien que léloignement réduise quelque peu lintensité du souffle au-dessus de la zone tampon, leffet se fera tout de même sentir dans la communauté voisine.
Le risque de rejets accidentels ou dincendies dinstallations avoisinantes est également à considérer. Les incidents susceptibles de se produire devraient être modélisés et évalués pour déterminer leffet possible sur limplantation proposée. Les mesures durgence en réponse à un événement externe devraient aussi être évaluées et les interventions coordonnées avec les autres usines et collectivités touchées.
La Dow Chemical Company a mis sur pied une autre approche de limplantation dusines en sappuyant sur un degré acceptable de dommages maximaux probables aux biens (Maximum Probable Property Damage (MPPD) et de risque de pertes dexploitation (Business Interruption Risk (B1)) (Dow Chemical Company, 1994a). Ces questions sont importantes tant pour les nouvelles usines que pour les usines existantes. Lindice DOW (Dow Fire and Explosion Index) de risques dincendie et dexplosion est utile lorsquon prépare de nouveaux plans dimplantation ou lorsquon ajoute de léquipement à une usine existante. Si les risques calculés à partir de lindice savèrent inacceptables, lespacement entre les divers composants devrait être augmenté. Une solution de rechange serait de changer limplantation afin de réduire le risque.
La direction des vents dominants est un élément important à prendre en considération lors du choix du site dune usine. Les sources dinflammation devraient être sous le vent par rapport aux sources potentielles de fuite. Les appareils de chauffage, les chaudières, les incinérateurs et les torchères entrent dans cette catégorie (CCPS, 1993). On recommande également de disposer les réservoirs de stockage au vent par rapport aux unités de fabrication et aux services (CCPS, 1993). La réglementation environnementale a permis une réduction très sensible des fuites provenant des opérations dempotage (Lipton et Lynch, 1994).
Des normes despacement minimal entre unités de fabrication, équipements et fonctions de lusine ont été décrites dans diverses publications (CCPS, 1993; Dow Chemical Company, 1994a; Industrial Risk Insurers (IRI), 1991). Des recommandations de diverses sources quant à lespacement dans les implantations dusines figurent au tableau 77.4. Il faudrait que lespacement réel recommandé soit soigneusement défini. Bien que les brûleurs et les fours napparaissent pas au tableau 77.4, ils sont des éléments importants et leur espacement recommandé doit être pris en compte dans limplantation des unités de fabrication. En outre, des voies sont nécessaires pour permettre la circulation des véhicules durgence ou laccès à léquipement et elles doivent être soigneusement disposées entre les unités de fabrication et les différentes parties de lusine. Les dégagements acceptables sous les nappes aériennes et tout autre équipement suspendu devraient être établis en même temps que lespacement latéral aux carrefours et aux entrées de toutes les installations.
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Les exigences en matière dimplantation peuvent être fondées sur lespacement minimal recommandé (CCPS, 1993; National Fire Protection Association (NFPA), 1990; IRI, 1991; Mecklenburgh, 1985) ou déterminées par une analyse de risque (Dow Chemical Company, 1994a).
Le tableau 77.4 présente un résumé global des plans despacement dune usine. Les unités de fabrication sont circonscrites à lintérieur du bloc montré dans le plan dimplantation général. Le procédé chimique est habituellement détaillé dans les diagrammes de procédés et dimplantation. Limplantation déquipements de fabrication exige que lon ne se préoccupe pas uniquement de lespacement entre certains équipements, dont certains sont montrés au tableau 77.5.
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Lassemblage de léquipement dans une unité de fabrication, quelle quelle soit, est étroitement tributaire du procédé utilisé. La toxicité et les caractéristiques dangereuses des flux et des matières dans les unités peuvent également varier de façon considérable. En dépit de ces différences, des normes minimales despacement ont été adoptées pour beaucoup de pièces déquipement (CCPS, 1993; NFPA, 1990; IRI, 1991; Mecklenburgh, 1985). Il existe également des méthodes de calcul des fuites potentielles de léquipement de fabrication et de lexposition qui en résulterait, deux facteurs qui pourraient influer sur lespacement (Dow Chemical Company, 1994b). De plus, on peut procéder à une analyse de dispersion quand on dispose destimations des fuites.
On peut utiliser une technique matricielle pour évaluer lespace nécessaire à léquipement (CCPS, 1993; IRI, 1991). Les calculs basés sur des conditions de fabrication spécifiques et une évaluation des risques liés à léquipement peuvent avoir comme conséquence un espacement qui diffère du guide matriciel standard.
Des listes détaillées servant à confectionner une matrice peuvent être élaborées par lutilisation de catégories plus précises et par lajout déquipement. Par exemple, les compresseurs peuvent être répartis en plusieurs types, tels ceux traitant les gaz inertes, lair et les gaz dangereux. Lespacement sappliquant aux compresseurs entraînés par moteur peut différer de celui des machines commandées par moteur ou mues à la vapeur. Lespacement dans les entrepôts de gaz liquéfié devrait être analysé différemment selon que le gaz est inerte ou non.
Les limites des batteries de machines de fabrication devraient être soigneusement définies. Elles sont les lignes frontières des unités de fabrication (lappellation dérive de lutilisation que lon faisait autrefois dune batterie de fours dans la fabrication). Les autres unités, les chemins, les services, les réseaux de canalisations, les fossés de ruissellement, etc., sont tracés selon les limites des batteries. Bien que le déploiement des équipements de fabrication ne sétende pas jusquaux limites des batteries, il faudrait définir quel doit être lespacement des équipements par rapport à celles-ci.
Chaque unité de fabrication disposait auparavant dune salle de commande doù lon surveillait le déroulement des procédés. Avec la venue de linstrumentation électronique et de la fabrication commandée par ordinateur, les salles de commande séparées ont été supplantées par une salle centrale à partir de laquelle on peut superviser plusieurs unités de procédés à la fois. La salle de commande centrale est économiquement avantageuse parce quelle permet loptimisation des procédés et une efficacité accrue du personnel. Les unités séparées existent toujours et, dans quelques unités spécialisées, les anciens centres de contrôle ayant été remplacés par une salle de commande centrale peuvent encore servir à la surveillance et en tant que poste de commande de secours. Bien que les fonctions et lemplacement des salles de commande soient le plus souvent imposés par les critères économiques de la fabrication, la conception de la salle de commande ou du centre de contrôle demeure essentielle à la maîtrise des situations durgence et à la protection du personnel. Les points ci-après sont à considérer en matière de centres de contrôle centralisés ou locaux:
La quantité totale de produits toxiques et dangereux en stock, y compris dans léquipement, constitue une donnée importante dont il faut tenir compte dans limplantation des procédés et des usines. Les conséquences dune fuite augmentent en gravité avec le volume stocké. Par conséquent, le stock devrait être maintenu au niveau le plus bas possible. Un processus de fabrication amélioré, qui réduit le nombre et la taille des pièces déquipement requises, diminue le stock nécessaire, réduit le risque et a également comme conséquences de limiter les capitaux immobilisés et daméliorer lefficacité de lexploitation.
Quelques pistes envisageables à cette fin sont présentées dans le tableau 77.6. Lorsquon se propose de mettre en place de nouvelles installations, il faudrait veiller à optimiser le processus de fabrication en tenant compte de certains des objectifs mentionnés au tableau 77.6.
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Les installations de stockage dune usine de traitement de produits chimiques peuvent contenir des matières premières liquides ou solides, des produits intermédiaires, des sous-produits et des produits finis. Dans beaucoup détablissements, les produits stockés servent dintermédiaires ou de précurseurs pour dautres procédés. Il peut également être nécessaire de stocker des diluants, des solvants ou dautres matières nécessaires à la fabrication. Tous ces produits sont généralement stockés dans des réservoirs aériens. Les réservoirs enterrés servent encore en certains endroits, mais leur utilisation est généralement limitée en raison des problèmes daccès quils présentent et de leur capacité limitée. En outre, les fuites de tels réservoirs constituent des menaces pour lenvironnement, car elles contaminent leau souterraine. La contamination générale du sol peut également mener à une exposition atmosphérique sil se produit des fuites de produits dont la tension de vapeur est élevée. Enfin, lorsquon tente de prendre des mesures correctrices, les substances libérées peuvent constituer une source dexposition. Les fuites de réservoirs souterrains ont conduit les autorités de plusieurs pays à adopter une réglementation sévère exigeant notamment lutilisation de réservoirs à double paroi et la surveillance souterraine.
Des réservoirs aériens types sont présentés à la figure 77.2. Les réservoirs verticaux peuvent avoir un toit conique ou en dôme, un toit flottant couvert ou non couvert ou un toit flottant externe. Les réservoirs à toit couvert ou fermé sont des réservoirs à toit flottant externe souvent recouverts de dômes géodésiques. Puisque les réservoirs à toit flottant externe ont tendance à perdre leur forme circulaire avec le temps, le scellage du toit flottant est difficile et une bâche est installée sur le réservoir. Une conception en dôme géodésique élimine la nécessité des fermes de toit pour les réservoirs à toit conique (réservoirs à toit flottant). Le dôme géodésique est plus économique quun toit conique; de plus, le dôme réduit les fuites dans lenvironnement.
Lutilisation de réservoirs est normalement limitée au stockage de liquides dont la tension de vapeur nexcède pas 77 kPa. Lorsque la pression dépasse cette valeur, on emploie des sphéroïdes ou des sphères puisque ces formes sont conçues pour être utilisées sous pression. Les sphéroïdes peuvent être de grande taille, mais on ny a pas recours quand la pression peut dépasser certaines limites définies par létude mécanique. Pour la plupart des applications de stockage où la tension de vapeur est élevée, on utilise habituellement des sphères équipées de soupapes de décharge pour éviter la surpression. Un problème qui a pris de limportance avec lutilisation de sphères est celui de la turbulence, qui produit une quantité excessive de vapeur et entraîne le déclenchement des soupapes de sécurité ou, dans des cas extrêmes, la rupture de la sphère (CCPS, 1993). Le contenu liquide a tendance à se stratifier et, si du liquide tiède (moins dense) est introduit au fond de la sphère, celui-ci sélève et repousse le liquide plus frais et plus dense vers le fond. Le liquide tiède en surface se vaporise, élevant par le fait même la pression, ce qui peut entraîner le déclenchement des soupapes de décharge ou une surpression dans la sphère.
Limplantation des réservoirs exige une planification minutieuse. Il existe entre autres des recommandations pour lespacement des réservoirs (CCPS, 1988, 1993). En beaucoup dendroits, lespacement nest pas codifié, mais lespacement minimal (Occupational Safety and Health Administration (OSHA), 1994) peut résulter de diverses décisions sappliquant aux espacements et aux emplacements. Quelques critères despacement figurent au tableau 77.7. Lentretien des réservoirs est également un facteur à considérer pour lespacement des réservoirs pressurisés, réfrigérés et atmosphériques (CCPS, 1993). Il est également nécessaire daménager des rétentions dont la capacité volumétrique est essentiellement prévue pour retenir le contenu dun réservoir. Lorsque plusieurs réservoirs se trouvent à lintérieur de la même rétention, la capacité volumétrique minimale de celle-ci doit être équivalente à la capacité du plus grand réservoir (OSHA, 1994). Les parois de la rétention peuvent être de maçonnerie massive, de terre, dacier ou de béton. Cependant, les digues de terre devraient être imperméables et avoir un dessus plat dune largeur minimale de 0,61 m. De plus, le sol de la rétention devrait également comporter une couche imperméable pour empêcher linfiltration de produits chimiques ou de pétrole dans le sol.
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Un problème qui est apparu avec le temps est celui des fuites de réservoirs causées par la corrosion de leur fond parce quil sy trouve souvent une couche deau; de plus, de la corrosion électrolytique peut se produire en raison du contact avec la terre. Les autorités de certains pays ont par conséquent institué des réglementations afin de mettre un terme aux fuites provenant des fonds de réservoirs et à la contamination du sol et de leau qui sensuit. Un certain nombre de méthodes de conception ont été élaborées pour empêcher et déceler les fuites (Hagen et Rials, 1994). En complément, on a procédé à linstallation de doubles fonds. Dans certains établissements, on a recours à la protection cathodique pour restreindre encore davantage la détérioration du métal (Barletta, Bayle et Kennelley, 1995).
Le soutirage manuel de leau séjournant au fond des réservoirs peut entraîner une exposition à des produits dangereux, de même que lobservation visuelle pour repérer linterface en vue du soutirage manuel. Il est possible dinstaller un piquage comportant un capteur dinterface et une vanne de régulation réduisant au minimum le risque dexposition des travailleurs (Lipton et Lynch, 1994). Divers types de capteurs sont proposés à cette fin dans le commerce.
Les réservoirs sont fréquemment trop remplis, ce qui crée des risques pour les travailleurs et compromet la sécurité. Il est possible de prévenir cette éventualité en utilisant des instruments redondants ou à double fonction pour commander les vannes dadmission ou les pompes dalimentation (Bahner, 1996). Pendant des années, on installait des canalisations de trop-plein sur les réservoirs de produits chimiques, mais elles sarrêtaient légèrement au-dessus dun orifice découlement pour permettre lobservation visuelle de lécoulement du trop-plein. Dailleurs, le drain devait être dune capacité supérieure au débit de remplissage pour assurer correctement son rôle. Cependant, ce type dinstallation présente un risque dexposition, qui peut être éliminé en reliant la canalisation de trop-plein directement à lorifice découlement et en la munissant dun débitmètre pour visualiser cet écoulement. Bien que ce dispositif fonctionne de façon satisfaisante, il en résulte une surcharge du système dévacuation par une grande quantité de contaminants et des risques pour la sécurité et la santé.
Les réservoirs sont mis hors service à intervalles réguliers à des fins dinspection ou de nettoyage. Ces procédures doivent faire lobjet dune surveillance attentive afin dempêcher que des travailleurs ne subissent des expositions et de minimiser les risques. Une fois la vidange terminée, les réservoirs sont fréquemment rincés avec de leau. Par le passé, les réservoirs étaient ensuite nettoyés manuellement ou mécaniquement en cas de besoin. Or, quand les réservoirs sont vidangés, ils sont remplis de vapeurs qui peuvent être toxiques et proches des valeurs dinflammabilité dans lair. Le rinçage à leau peut ne pas modifier de manière significative la toxicité des vapeurs; par contre, il peut réduire le risque de combustion. Il est possible de vidanger le liquide se trouvant dans un réservoir à toit flottant et de rincer celui-ci, mais dans certains réservoirs, du produit pourrait subsister dans le puisard. Ce résidu qui subsiste au fond doit être enlevé à la main et peut entraîner un risque dexposition. Le port dun équipement de protection individuelle peut être requis.
Normalement, les réservoirs fermés et tout volume se trouvant sous les toits flottants sont purgés avec de lair jusquà ce quune concentration en oxygène établie soit atteinte avant que les travailleurs soient autorisés à y entrer. Cependant, il serait préférable de contrôler en continu latmosphère afin de sassurer que la concentration en substances toxiques est satisfaisante et reste stable.
Dans beaucoup de régions, la ventilation avec échappement dans latmosphère des réservoirs à toit fixe ou à toit flottant couvert peut ne pas être acceptable. Les soupapes déquilibrage (voir figure 77.2) de ces réservoirs sont retirées et les vapeurs traversent un conduit jusquà un dispositif où les contaminants sont détruits ou récupérés. Pour les deux types de réservoirs, une purge inerte (par exemple, de lazote) peut être injectée pour éliminer leffet de vide diurne et maintenir une pression positive dans le dispositif de récupération. Dans les réservoirs à toit flottant couvert, lazote élimine leffet diurne et réduit lémanation de vapeurs dans latmosphère à travers la soupape déquilibrage. Cependant, cela nélimine pas totalement les émissions de vapeur. Beaucoup de dispositifs et de moyens de prévention technique existent, notamment les appareils à combus-tion, les condenseurs et les absorbeurs (Moretti et Mukhopadhyay, 1993; Carroll et Ruddy, 1993; Basta, 1994; Pennington, 1996; Siegell, 1996). Le choix dun dispositif de contrôle est fonction des objectifs finaux démission et des coûts dexploitation et dinvestissement. Dans les réservoirs à toit flottant, externes et internes, la vérification des joints et des raccords de tuyauterie auxiliaires réduit sensiblement les pertes de vapeurs.
Linflammabilité est une préoccupation importante dans les opérations de stockage en réservoir, et des systèmes de lutte contre lincendie sont nécessaires pour prévenir le déclenchement dincendies ou les circonscrire. Des recommandations existent pour la conception et linstallation dasperseurs (CCPS, 1993; Dow Chemical Company, 1994a; NFPA, 1990). Dans certaines conditions, leau peut être pulvérisée directement; elle sert à refroidir les réservoirs ou léquipement adjacent afin de les empêcher de surchauffer. En complément, la mousse est un agent efficace de lutte contre lincendie et des systèmes dépandage de mousse peuvent être installés en permanence sur les réservoirs. Linstallation de systèmes dextinction à mousse sur léquipement mobile de lutte contre lincendie devrait être analysée avec un fabricant. Il est maintenant possible de se procurer des mousses peu polluantes et de faible toxicité qui permettent de maîtriser tout aussi efficacement et rapidement les incendies.
Une vaste gamme déquipements de fabrication est nécessaire dans lindustrie chimique en raison des nombreux procédés utilisés, des exigences particulières de certains dentre eux et des différences entre produits. Par conséquent, il est impossible de passer en revue la totalité de léquipement en service aujourdhui; dans cette partie, nous nous limiterons aux équipements le plus fréquemment utilisés dans les séquences opératoires.
De nombreux types de réacteurs sont utilisés dans lindustrie chimique. Le choix dun réacteur est fonction dun certain nombre de variables dont la première est la classification de la réaction selon quelle est discontinue ou continue. Les réactions discontinues sont fréquemment transformées en opérations continues à mesure que lexpérience relative à la réaction augmente et que certaines modifications, telles que lamélioration des catalyseurs, deviennent disponibles. La fabrication en continu est généralement plus efficace et donne un produit de qualité plus constante, ce qui est souhaitable lorsquon cherche à atteindre des objectifs de qualité. Cependant, la fabrication discontinue est encore largement utilisée.
Il est nécessaire de savoir si la réaction utilisée est exothermique ou endothermique (produisant ou exigeant de la chaleur) afin de définir les exigences de chauffage ou de refroidissement nécessaires pour la contrôler. De plus, des critères demballement doivent être établis et on doit installer les capteurs et les instruments de commande pour éviter que la réaction ne puisse plus être maîtrisée. Des procédures durgence doivent également être étudiées et développées avant que le réacteur ne fonctionne en vraie grandeur, pour sassurer quun éventuel emballement sera maîtrisé sans risque. Parmi les solutions possibles, mentionnons léquipement de commande de secours activé automatiquement, linjection dun produit chimique qui arrête la réaction et linstallation de soupapes et dévents qui peuvent accepter le contenu du réacteur. Le fonctionnement des soupapes de sécurité et des évents est extrêmement important et exige que léquipement soit toujours bien entretenu et en état de fonctionner. Par conséquent, on installe souvent des soupapes de sécurité asservies pour sassurer que lentretien effectué sur une soupape ne réduira pas la capacité de décharge du système.
Si une soupape de sécurité ou un évent se déclenche en raison dun mauvais fonctionnement, leffluent doit pratiquement toujours être contenu pour minimiser les risques pour la sécurité et la santé. Les méthodes de rétention de la décharge accidentelle à laide de canalisations et de disposition finale de la décharge du réacteur doivent donc être soigneusement analysées. En général, le liquide et la vapeur devraient être séparés; celle-ci doit être envoyée à une torchère ou un appareil de récupération, et le liquide récupéré si possible. Lenlèvement des solides peut exiger certaines études.
Dans les réacteurs où des réactions exothermiques se produisent, il est important de se préoccuper de lencrassement des parois ou des canalisations par les fluides de refroidissement employés pour maintenir la température. Les méthodes délimination des dépôts diffèrent considérablement et sont fonction des caractéristiques des dépôts. On peut retirer ceux-ci à laide dun solvant, dun jet à haute pression ou, dans certains cas, manuellement. Au cours de toutes ces procédures, la sécurité et lexposition doivent être étroitement surveillées. Les entrées et les sorties des produits dans le réacteur ne doivent pas laisser pénétrer dair, ce qui pourrait avoir comme conséquence un mélange inflammable de vapeur dans lair. Les vides doivent être cassés par un gaz inerte (par exemple, de lazote). La cuve doit être considérée comme un espace confiné et la pénétration à lintérieur ne doit se faire quaprès avoir observé les règles applicables à ces espaces. Les techniciens doivent être au courant de la présence possible de vapeurs et de la toxicité cutanée et être bien informés au sujet des dangers pour la santé.
Les réacteurs fonctionnant en continu peuvent être remplis de liquide ou dune vapeur et de liquide. Certains procédés produisent des boues dans les réacteurs. Il existe également des réacteurs qui contiennent des catalyseurs solides. Le fluide réactif peut se présenter sous forme de liquide, de vapeur ou dune combinaison des deux. Les catalyseurs solides, qui favorisent une réaction sans y participer, sont normalement retenus par des grilles et sont appelés lits fixes. Les réacteurs à lits fixes peuvent comporter des lits simples ou multiples et être utilisés pour des réactions exothermiques ou endothermiques, la plupart des réactions exigeant une température constante (isotherme) dans chaque lit. Il faut donc fréquemment injecter des courants de matière première ou de diluant à divers endroits entre les lits pour réguler la température. Avec ces systèmes, la lecture de la température et lemplacement des détecteurs dans les lits sont des éléments extrêmement importants qui permettent déviter lemballement de la réaction et des changements au niveau du rendement ou de la qualité des produits.
Lactivité des lits fixes diminue généralement avec le temps. Il faut donc les régénérer ou les remplacer. Dans le cas dune régénération, on peut brûler les dépôts qui se sont formés sur le lit, les dissoudre avec un solvant ou bien encore régénérer le lit en y injectant un produit chimique contenu dans un fluide inerte. Le choix de la technique à utiliser pour rétablir lactivité du catalyseur dépend de ce dernier. Dans le cas dun brûlage, le réacteur est vidé et purgé de tous les fluides de procédé, puis rempli dun gaz inerte (habituellement de lazote), qui est chauffé et mis en circulation, portant ainsi le lit à une température donnée. A ce moment, une très faible quantité doxygène est ajoutée au courant inerte pour allumer un front de flamme qui se déplace graduellement à travers le lit et permet de contrôler laugmentation de la température. En ajoutant trop doxygène, on endommage le catalyseur.
Les catalyseurs à lits fixes doivent être enlevés très soigneusement. Le fluide de procédé est évacué et le fluide restant est déplacé au moyen dun fluide de rinçage ou purgé avec de la vapeur jusquà élimination complète du fluide de procédé. La purge finale peut nécessiter lapplication dautres techniques avant que la purge puisse être effectuée avec un gaz inerte ou de lair, avant louverture du réacteur ou le déchargement du catalyseur sous une couverture inerte. Si de leau est utilisée, elle est vidangée par une tuyauterie fermée jusquà un égout. Certains catalyseurs sont sensibles à lair ou à loxygène, sont pyrophoriques ou deviennent toxiques à son contact. Dans ce cas, il faut avoir recours à des procédures spéciales pour éliminer lair au cours du remplissage ou de la vidange. Il faut définir soigneusement les mesures de protection individuelle et les procédures de manutention pour réduire au minimum les expositions potentielles et pour protéger les travailleurs.
Le catalyseur épuisé peut nécessiter un traitement plus poussé avant dêtre envoyé à un fabricant de catalyseur pour recyclage ou dêtre éliminé de manière acceptable pour lenvironnement.
Le gaz qui traverse un catalyseur solide non fixé fait augmenter le volume du lit et forme une suspension semblable à un liquide appelée lit fluidisé. Ce type de réaction est employé dans divers procédés. Les catalyseurs épuisés sont enlevés sous forme dun courant de soutirage gaz-solides pour être régénérés, puis introduits de nouveau en circuit fermé. Dans le cas dautres réactions, lactivité du catalyseur peut être très élevée et, bien quil soit rejeté dans le produit, sa concentration est si faible quelle ne pose pas de problème. Si la vapeur du produit ne doit pas présenter une concentration élevée de particules solides de catalyseur, celles qui sont entraînées avec le produit doivent être éliminées avant la purification du produit. Il restera toutefois des traces de solides. Pour être éliminées, ces traces doivent être dirigées vers un des courants secondaires, lequel devra à son tour être clarifié.
Lorsque le catalyseur épuisé est régénéré par brûlage, les systèmes à lits fluidisés doivent être munis dune installation de récupération poussée des solides pour que les contraintes environnementales soient respectées. La récupération peut faire appel à diverses combinaisons de cyclones, de précipitateurs électriques, de filtres à manches ou de laveurs. Dans le cas du brûlage des lits fixes, la considération la plus importante est le contrôle de la température.
Comme les catalyseurs à lit fluidisé sont souvent constitués de particules inhalables, il faut veiller à assurer la protection des travailleurs qui manutentionnent des catalyseurs solides frais ou récupérés.
Dans certains cas, on peut retirer divers constituants dun lit fixe pas aspiration. Laspiration est souvent induite par un jet de vapeur. La vapeur rejetée contient fréquemment des matières toxiques, mais en très faible concentration. Il faut cependant analyser soigneusement le rejet de vapeur pour déterminer la quantité de contaminants, leur toxicité et leur dispersion potentielle sils étaient rejetés directement dans latmosphère. Si cette étude se révèle non satisfaisante, il peut être nécessaire de condenser toutes les vapeurs à rejeter dans un collecteur, et dacheminer le condensat dans un système de récupération fermé. Dans le cas dune pompe alternative, il arrive que le rejet ne puisse être libéré directement dans latmosphère, mais quil soit dirigé vers une torchère, un incinérateur ou un dispositif de chauffage.
Dans tous les réacteurs, laugmentation de la pression est une question importante puisque la pression limite de la cuve ne doit pas être dépassée. Cette augmentation de la pression peut résulter dun mauvais contrôle du procédé, dun mauvais fonctionnement ou de lemballement de la réaction. Par conséquent, des systèmes de décharge de pression sont nécessaires pour maintenir lintégrité de la cuve en évitant les surpressions. Les soupapes de décharge doivent être soigneusement conçues de façon à bien fonctionner quelles que soient les conditions, même lors des opérations dentretien. Des soupapes multiples peuvent être nécessaires. Une soupape de décharge conçue de façon à permettre un rejet dans latmosphère devrait être surélevée par rapport aux bâtiments voisins et une analyse de la dispersion devrait être réalisée pour veiller à assurer la protection adéquate des travailleurs et des communautés environnantes.
Si un disque de rupture est installé avec une soupape de sécurité, le rejet devrait également être confiné et, le rejet final, choisi de la manière susmentionnée. Puisquun disque rompu ne se referme pas, on peut sattendre à ce quun disque non muni dune soupape de décharge libère la plus grande partie du contenu du réacteur et à ce que de lair entre dans le réacteur à la fin du rejet. Il faut veiller soigneusement à ce quil ne puisse pas se former de mélange inflammable ou se produire des réactions indésirables. De plus, la décharge à travers un disque de rupture peut libérer un liquide; lévent doit être conçu de façon à retenir les liquides lors du rejet de vapeur. Le rejet durgence dans latmosphère doit être approuvé par les autorités chargées de la réglementation avant linstallation.
Les mélangeurs-agitateurs dont sont munis les réacteurs sont hermétiquement scellés. Les fuites peuvent être dangereuses; lors-quelles se produisent, elles doivent être réparées, ce qui exige larrêt du réacteur. Le contenu du réacteur peut exiger une manutention ou des précautions particulières, et la procédure darrêt durgence du procédé comprend larrêt de la réaction et lélimination du contenu du réacteur. Linflammabilité et le contrôle de lexposition doivent être étudiés de près pour chaque étape, y compris pour lélimination finale du mélange se trouvant dans le réacteur. Puisque cette interruption peut être coûteuse et est susceptible dentraîner une perte de production, des mélangeurs magnétiques et de nouveaux systèmes de fermeture ont été mis au point, de manière à réduire lentretien et les arrêts des réacteurs.
Lentrée dans un réacteur doit se faire conformément aux procédures dentrée dans des espaces confinés.
La distillation consiste à séparer des substances chimiques par des méthodes basées sur leurs différents points débullition. Les tours classiques des usines chimiques et des raffineries sont des tours de distillation.
La distillation sous diverses formes est une étape de la grande majorité des procédés chimiques. On utilise le fractionnement ou la distillation pour la purification, la séparation, le strippage, la distillation azéotropique et lextraction. La distillation réactive, où une réaction se produit dans une section séparée de la tour de distillation, sajoute maintenant à ces applications.
La distillation se fait au moyen dune série de plateaux dans une tour remplie ou non de garnissage. Le garnissage possède une configuration spéciale qui laisse aisément passer la vapeur et le liquide, tout en offrant une surface suffisante pour le contact vapeur-liquide et un fractionnement efficace.
La chaleur fournie à la tour provient habituellement dun rebouilleur, bien que la chaleur de certains flux puisse être suffisante pour éliminer le rebouilleur. Dans le cas où la chaleur est fournie par un rebouilleur, il se produit une séparation vapeur-liquide en plusieurs étapes sur les plateaux, et les substances légères montent dans la tour. Les vapeurs du plateau supérieur sont entièrement ou partiellement condensées dans le condenseur supérieur. Le liquide condensé est recueilli dans le réservoir de récupération du distillat, à partir duquel une partie du liquide est recyclée vers la tour, lautre étant soutirée et acheminée vers un lieu donné. Les vapeurs non condensées peuvent être récupérées ailleurs ou acheminées vers un dispositif délimination qui peut être une chambre de combustion ou un système de récupération.
Les tours fonctionnent habituellement à une pression plus élevée que la pression atmosphérique. Cependant, leur exploitation se fait fréquemment sous vide pour abaisser le plus possible la température du liquide (laquelle peut influer sur la qualité du produit) ou si les matériaux constitutifs de la tour posent des problèmes dordre mécanique ou économique en raison de la difficulté datteindre la température requise. En outre, les températures élevées peuvent influer sur le fluide. Pour les fractions lourdes du pétrole, des températures très élevées au bas de la tour entraînent fréquemment des problèmes de cokéfaction.
Le vide est habituellement obtenu au moyen déjecteurs ou de pompes à vide. Dans les unités de traitement, la phase vapeur à évacuer se compose de certaines matières légères en phase vapeur et de matières inertes susceptibles de se trouver dans le courant dalimentation et dair provenant de fuites. Normalement, le système à vide est posé en aval dun condenseur pour réduire lapport de matière organique. Celui-ci est dimensionné selon la charge estimée de vapeur et les charges supérieures sont traitées par des éjecteurs. Dans certains systèmes, on peut raccorder directement la machine à vide à la sortie dun condenseur. Un système déjecteur typique comporte une combinaison déjecteurs et de condenseurs barométriques directs où les vapeurs de léjecteur sont en contact direct avec leau de refroidissement. Les condenseurs baromé-triques consomment de grandes quantités deau et le mélange vapeur-eau fait augmenter la température de sortie de leau qui a tendance à vaporiser toute trace de composés organiques dans le collecteur barométrique atmosphérique, ce qui augmente le risque dexposition en milieu de travail. De plus, une forte charge deffluent est ajoutée au système de traitement des eaux usées.
On réduit de beaucoup la quantité deau nécessaire, ainsi que la consommation de vapeur grâce à des systèmes à vide modifié. Etant donné que la pompe à vide naura pas à traiter une forte charge de vapeur, un éjecteur de vapeur est utilisé au premier stade, en combinaison avec un condenseur de surface pour réduire la charge de la pompe à vide. De plus, un réservoir de récupération est installé pour utilisation au-dessus du niveau du sol. Ce système, plus simple, réduit la charge en eaux usées et permet dutiliser un système fermé qui élimine le risque dexposition aux vapeurs.
Toutes les tours et tous les réservoirs doivent être protégés de la surpression qui peut résulter dun mauvais fonctionnement, dun incendie (Mowrer, 1995) ou dune panne des utilités. Une analyse des dangers est nécessaire et même exigée par la loi dans certains pays. Une approche générale de gestion de la sécurité des procédés appliquée aux procédés et à lexploitation de lusine améliore la sécurité, réduit les pertes au minimum et protège la santé du personnel (Auger, 1995; Murphy, 1994; Sutton, 1995). La protection est assurée par des soupapes de décharge rejetant dans latmosphère ou dans un système fermé. La soupape de surpression se trouve généralement (mais pas toujours, dautres configurations étant possibles) au sommet de la tour afin de libérer la charge de vapeur très élevée à cet endroit. Le réservoir supérieur de récupération du distillat peut aussi être muni de soupapes de décharge, à condition que des vannes ne se trouvent pas entre les soupapes de décharge et le sommet de la tour. Si des vannes de barrage se trouvent sur les canalisations menant au condenseur, alors les soupapes de décharge doivent être posées sur la tour.
Quand la surpression de la tour de distillation est relâchée, dans certaines situations durgence, le rejet des soupapes de décharge peut être trop abondant. Une charge très élevée dans la canalisation dun évent à rejet confiné peut constituer la plus forte charge du système. Puisque le rejet peut être soudain et la durée de la décompression très brève (moins de 15 minutes), cette très forte charge de vapeur doit être soigneusement analysée (Bewanger et Krecter, 1995; Boicourt, 1995). Puisque ce pic très important, mais de courte durée, est difficile à traiter avec des dispositifs délimination comme les absorbeurs, adsorbeurs, fours, etc., le dispositif privilégié dans la plupart des cas est une torchère qui détruit les vapeurs. Normalement, un certain nombre de soupapes de décharge sont reliées à un collecteur, lui-même relié à une torchère. Cependant, la torchère et lensemble du système doivent être conçus soigneusement de manière à couvrir toute une gamme déventualités (Boicourt, 1995).
Dans le cas du rejet direct dans latmosphère, il faut procéder à une analyse détaillée de la dispersion des vapeurs rejetées par les soupapes de décharge pour sassurer que le personnel ne sera pas exposé et que la concentration dans la collectivité restera bien inférieure à la concentration maximale permise. Pour contrôler la dispersion, il peut se révéler nécessaire de surélever les tuyaux servant au rejet atmosphérique à partir des soupapes de décharge pour éviter des concentrations excessives près des structures avoisinantes. Une très haute cheminée de type torchère peut alors se révéler nécessaire.
La pénétration du personnel chargé de lentretien ou des modifications dordre mécanique pendant larrêt suscite également des préoccupations. Il sagit dentrer dans un espace confiné qui présente pour les travailleurs des dangers bien spécifiques. Auparavant, il faut effectuer une purge soignée pour abaisser le plus possible la concentration des substances toxiques au-dessous des niveaux recommandés. Avant le début de la purge, la pression de la tour doit être réduite et tous les raccordements de tuyauterie doivent être consignés (cest-à-dire que des disques pleins en métal doivent être placés dans les brides reliant les canalisations à la tour). Cette étape doit être soigneusement gérée pour réduire au minimum lexposition. Les méthodes employées pour vider la tour des fluides toxiques varient selon le procédé employé. Le fluide présent dans la tour est fréquemment déplacé par un fluide très peu toxique. Ce fluide de déplacement est alors évacué et pompé vers un lieu donné. La pellicule liquide et les gouttelettes restantes peuvent être vaporisées dans latmosphère et rejetées par une bride située en haut de la tour, munie dun écran de protection, avec une ouverture entre cet écran et la bride. Après la vaporisation, de lair entre dans la tour à travers louverture pendant que la tour refroidit. Un trou dhomme au pied de la tour et un second à son sommet sont ensuite ouverts, ce qui permet de faire circuler de lair dans la tour. Quand la qualité de lair à lintérieur de la tour a atteint un niveau acceptable, on peut alors y pénétrer.
Une vaste gamme déchangeurs de chaleur sont utilisés dans lindustrie chimique. Il sagit de dispositifs mécaniques servant à transférer de la chaleur à un fluide en circulation ou à en extraire. Les échangeurs sont choisis en fonction des conditions du procédé et des caractéristiques des divers modèles. Certains types courants déchangeurs sont représentés à la figure 77.3. Le choix de léchangeur optimal pour une application donnée est quelque peu compliqué et exige une recherche détaillée (Woods, 1995). Souvent, certains modèles ne conviennent pas en raison de la pression, de la température, de la concentration en solides, de la viscosité, du débit et dautres facteurs. De plus, la conception dun échangeur de chaleur peut varier considérablement; il existe plusieurs types: à tête flottante, à plaques et à lames (Green, Maloney et Perry, 1984). La tête flottante est normalement choisie quand la température peut causer une expansion excessive des tubes qui ne pourraient être maintenus dans un échangeur à plaque tubulaire fixe. Dans léchangeur à tête flottante simplifié de la figure 77.3, la tête flot-tante est entièrement incorporée à léchangeur et elle nest aucunement reliée à lenveloppe. Dans dautres modèles à tête flottante, la plaque tubulaire flottante peut être entourée de garnissage (Green, Maloney et Perry, 1984).
Le garnissage des plaques tubulaires flottantes est en contact avec lair et peut éventuellement constituer une source de fuite et dexposition potentielle. Dautres échangeurs présentent aussi des sources de fuite potentielle et devraient être inspectés avec soin. En raison de leurs caractéristiques liées au transfert de chaleur, les échangeurs à plaque et à cadre sont souvent employés dans lindustrie chimique. Les plaques présentent diverses ondulations et configurations. Elles sont séparées par des joints détanchéité qui empêchent le mélange des flux et offrent une étanchéité par rapport à lextérieur. Cependant, cette étanchéité limite les applications à une température denviron 180 °C, bien que certaines améliorations soient possibles pour surmonter cet obstacle. Puisquil y a un certain nombre de plaques, celles-ci doivent être comprimées correctement pour être étanches entre elles. En conséquence, une mise en place mécanique soignée est nécessaire pour empêcher les fuites et les dangers potentiels. Comme il existe un grand nombre de joints, il est important de les surveiller pour réduire le plus possible les risques dexposition.
Les échangeurs refroidis à lair sont attrayants du point de vue économique et ont de nombreuses applications en différents points des unités. Pour économiser de lespace, ces échangeurs sont souvent posés au-dessus des canalisations et ils sont fréquemment empilés. Puisque le choix du matériau dont sont faits les tubes est important, on en utilise plusieurs dans lindustrie chimique. Ces tubes sont reliés à la plaque tubulaire; il faut donc quils soient compatibles. Les fuites par des fentes dans les canalisations, ou au niveau de la plaque tubulaire, posent un problème puisque le ventilateur disperse les vapeurs qui fuient, ce qui peut entraîner des expositions. La dilution dans lair peut considérablement réduire le danger lié à une telle exposition. Cependant, les ventilateurs sont souvent arrêtés dans certaines conditions climatiques; la concentration des fuites peut alors augmenter, de même que le risque dexposition. Dailleurs, si les tubes qui fuient ne sont pas réparés, la fissure peut sagrandir. Dans le cas de liquides qui fuient goutte à goutte et ne se vaporisent pas facilement, il y a risque dexposition par voie cutanée.
Des fuites peuvent apparaître dans les échangeurs de chaleur à calandre et à tubes par nimporte laquelle des diverses brides (Green, Maloney et Perry, 1984). Puisque les échangeurs à calandre et à tube présentent de grandes variations de surface, allant de très petites à très grandes, le diamètre des ouvertures externes est généralement beaucoup plus grand que celui de la tuyauterie habituelle. Avec ces grandes brides, les joints détanchéité doivent non seulement résister aux conditions du traitement, mais également rester étanches malgré les variations de la charge appliquée aux boulons. Divers modèles de joints détanchéité sont utilisés. Il est difficile de répartir également les contraintes de charge sur les boulons des brides, ce qui cause des fuites dans de nombreux échangeurs. Les fuites aux raccords peuvent être éliminées grâce à des bagues détanchéité (Lipton et Lynch, 1994).
Les fuites sur les tubes sont à même de se produire dans nimporte quel modèle déchangeur, sauf sur les échangeurs à plaques et sur quelques autres échangeurs spécialisés. Cependant, ces deux derniers types déchangeurs posent dautres problèmes potentiels. Quand les tubes fuient dans un système de refroidissement à eau, leau de refroidissement entraîne le contaminant dans une tour de refroidissement, ce qui peut constituer une source dexposition pour le personnel et la communauté voisine. Par conséquent, il faut surveiller leau de refroidissement.
La dispersion des vapeurs en provenance dune tour de refroidissement peut être importante en raison des ventilateurs utilisés dans les tours de refroidissement à circulation dair forcée. En outre, les tours à convection naturelle rejettent des vapeurs dans lair ambiant, qui ensuite se dispersent. Cependant, la dispersion change considérablement selon les conditions météorologiques et laltitude du rejet. Les produits toxiques peu volatils demeurent dans leau de refroidissement et dans le courant de vidange de la tour de refroidissement, lequel devrait avoir une capacité de traitement suffisante pour détruire des contaminants. La tour de refroidissement et son bassin doivent être nettoyés périodiquement; la présence de contaminants ajoute aux risques au moment du nettoyage du bassin et du garnissage de la tour. Il est nécessaire de porter un équipement de protection individuelle pour la majorité de ces travaux.
Lencrassement des tubes deau de refroidissement par la corrosion, laction dorganismes biologiques et le dépôt de solides posent un problème dentretien. Comme nous lavons décrit plus haut, les tubes peuvent également fuir par des fissures ou des fuites peuvent se produire aux rainures de la plaque tubulaire. Dans ce cas, il faut réparer léchangeur et évacuer les fluides de procédé. Cette opération doit se faire en milieu complètement fermé pour respecter les objectifs de protection de lenvironnement, de la sécurité et de la santé au travail.
De façon générale, le fluide de procédé est transféré dans un réservoir et le fluide restant est purgé avec un solvant ou une matière inerte. Cette matière contaminée est également dirigée vers un réservoir par drainage ou mise sous pression dazote. Si léchangeur contenait des produits toxiques, labsence de traces résiduelles de ces produits doit être contrôlée. Si la vérification nest pas concluante, léchangeur peut être traité à la vapeur pour être débarrassé de toute trace de matière. Cependant, lévent devrait être relié à un système fermé pour empêcher que de la vapeur ne séchappe dans latmosphère. Une telle précaution nest pas toujours nécessaire; toutefois, mais comme il peut arriver quune concentration plus élevée se forme dans léchangeur, on élimine les dangers potentiels en effectuant chaque fois la purge à la vapeur en système fermé. Après le traitement à la vapeur, une bouche dadmission laisse pénétrer lair. Cette procédure générale est applicable aux parties de léchangeur contenant du produit toxique.
Les produits chimiques alors employés pour nettoyer les tubes ou la paroi de la calandre devraient circuler en circuit fermé. La solution de nettoyage est normalement pompée à partir dun camion-citerne et, une fois souillée, évacuée par camion pour traitement.
Le déplacement des liquides est lune des principales fonctions des procédés et, dans lindustrie chimique, toutes sortes de matières liquides sont déplacées au moyen de pompes très variées. Les pompes à moteur à gaine et les pompes magnétiques sont des pompes centrifuges sans joint étanche. Il existe des entraînements magnétiques qui peuvent être installés sur dautres types de pompe pour empêcher les fuites. Divers types de pompes employées dans lindustrie chimique sont donnés dans le tableau 77.8.
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Du point de vue de la sécurité et de la santé, assurer létanchéité et la réparation des pompes centrifuges sont des préoccupations majeures. Les joints mécaniques, auxquels on fait le plus souvent appel pour létanchéité au niveau des arbres de transmission, peuvent fuir et même sauter. Cependant, des progrès importants ont été accomplis dans les techniques détanchéité depuis les années soixante-dix, qui ont entraîné une réduction notoire des fuites et un prolongement de la vie utile des pompes. Au nombre de ces améliorations, il faut citer les joints à soufflet, les joints à cartouche, de meilleures garnitures radiales, des garnitures plus résistantes et une surveillance plus efficace du fonctionnement de la pompe. De plus, les recherches qui se poursuivent devraient permettre dautres améliorations techniques.
Si les fluides nécessaires au procédé sont fortement toxiques, on a souvent recours à des pompes étanches ou sans joint, quil sagisse de pompes à moteur à gaine ou de pompes magnétiques. La durée de vie utile, ou lintervalle moyen entre deux entretiens, sest nettement améliorée et varie généralement entre trois et cinq ans. Dans ces pompes, le fluide sert de lubrifiant pour les roulements du rotor. La vaporisation de ce fluide endommage les roulements, ce qui oblige à les remplacer souvent. Pour maintenir létat liquide dans les pompes, on sassure que la pression interne dans le système de roulements est toujours plus élevée que la pression de vapeur du liquide à la température de fonctionnement. Lorsquon répare une pompe sans joint, il est important de vidanger complètement le liquide faiblement volatil et den parler avec le fournisseur. Dans la plupart des pompes centrifuges, le garnissage a été en bonne partie remplacé par des garnitures mécaniques. On distingue en général les garnitures simples et doubles; ces dernières englobent les garnitures en tandem et les doubles organes dobturation. Il existe dautres combinaisons à deux garnitures, mais elles ne sont pas aussi fréquemment utilisées. En principe, on utilise des garnitures en tandem ou doubles avec un fluide tampon entre celles-ci pour réduire les fuites. Des normes relatives aux garnitures mécaniques des pompes centrifuges et rotatives, qui couvrent tant les spécifications que linstallation, ont été publiées par lInstitut américain du pétrole (American Petroleum Institute (API), 1994). On peut maintenant se procurer un guide servant à faciliter lévaluation des divers types de garnitures (Society of Tribologists and Lubrication Engineers (STLE), 1994).
Pour prévenir les fuites excessives ou la rupture dune garniture défaillante, on pose un presse-étoupe qui peut comporter un fluide servant à acheminer les fuites vers un système de récupération fermé (API, 1994). Puisque le presse-étoupe nest pas parfaitement étanche, on peut utiliser des garnitures auxiliaires, par exemple une garniture intermédiaire dans le presse-étoupe pour empêcher un rejet trop important dans latmosphère ou la rupture de la garniture (Lipton et Lynch, 1994). Ces garnitures ne sont pas conçues pour être utilisées de façon continue; une fois activées, elles fonctionnent pendant un maximum de deux semaines avant de faire défaut, ce qui permet de changer de pompe ou de modifier le procédé.
Un nouveau type de garniture mécanique permet de réduire les émissions pratiquement à zéro. Il est constitué dune garniture mécanique double avec un système tampon à gaz remplaçant le liquide tampon des garnitures mécaniques doubles traditionnelles (Fone, 1995; Netzel, 1996; Adams, Dingman et Parker, 1995). Dans les systèmes à liquide tampon, les garnitures sont séparées par une très mince couche lubrifiante de fluide tampon qui sert aussi à refroidir la garniture. Même si leurs faces sont légèrement séparées, un certain contact subsiste, entraînant lusure et léchauffement des garnitures. Les garnitures à gaz sont appelées garnitures sans contact puisque lune des faces, présentant des cannelures recourbées, pompe du gaz à travers les faces de la garniture et maintient une couche de gaz qui sépare complètement les deux faces. Cette absence de contact permet de prolonger la durée de vie des garnitures et permet de réduire la perte par frottement, ce qui réduit nettement la consommation dénergie. Comme la garniture pompe du gaz, il sen infiltre une très petite quantité dans le produit traité et dans latmosphère.
Une des principales préoccupations en matière de santé pour ce qui est des pompes est la nécessité de vidanger et de purger ces dernières en prévision de travaux dentretien ou de réparation. La vidange et lévacuation englobent à la fois le fluide de procédé et le fluide tampon. Les procédures devraient prévoir lévacuation vers un système de collecte fermé. Dans le presse-étoupe, où une bague à collet sépare le rotor du presse-étoupe, la bague retient une certaine quantité de liquide dans le presse-étoupe. Des ouvertures percées dans la bague ou un drain dans le presse-étoupe permettent la vidange complète du liquide traité. En ce qui concerne les liquides tampons, une méthode de vidange de lespace compris entre les garnitures devrait être prévue. Lentretien exige que les garnitures soient retirées car, si celles-ci ne sont pas entièrement vidangées, elles deviennent une source dexposition potentielle au cours des réparations.
La manutention de poussières et de poudres dans léquipement de traitement des solides soulève la question du risque dincendie ou dexplosion. Une explosion se produisant dans léquipement peut endommager un mur ou une enceinte, et propulser une onde de pression et de flammes dans laire de travail. Le personnel peut alors être mis en danger, et léquipement environnant sévèrement endommagé, les effets étant dévastateurs. Les poussières ou les poudres en suspension dans lair ou dans un gaz peuvent, en présence doxygène et dans un lieu clos, produire une explosion quand une source dinflammation dune énergie suffisante est présente. Quelques équipements dans lenvironnement desquels existe un risque dexplosion figurent au tableau 77.9. Une explosion produit de la chaleur et une expansion de gaz rapide (augmentation de pression) et a généralement pour conséquence une déflagration, produisant un front de flamme qui se déplace rapidement, mais à une vitesse inférieure à celle du son. Quand la vitesse du front de flamme excède celle du son, ou atteint une vitesse supersonique, il sagit dune détonation, qui cause plus de dommages quune déflagration. Lexplosion et lexpansion de front de flamme se produisent en quelques millisecondes et ne laissent pas assez de temps pour une intervention standard. Par conséquent, il importe de définir les caractéristiques dinflammabilité et dexplo-sibilité de la poudre pour déterminer les risques correspondant aux diverses étapes de transformation (CCPS, 1993; Ebadat, 1994; Bartknecht, 1989; Cesana et Siwek, 1995). Cette information peut alors fournir une base pour linstallation de commandes et la prévention des explosions.
Transporteurs |
Stockage |
Pneumatiques |
Bacs |
Mécaniques |
Trémies |
Robinets rotatifs |
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Equipement de traitement |
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Collecteurs de poussières des filtres |
Broyeurs |
Séchoirs à lit fluidisé |
Broyeurs à boulets |
Séchoirs de lignes de transfert |
Mélangeurs de poudres |
Cribleurs |
Cyclones |
Puisque les explosions se produisent généralement dans des équipements clos, on procède à divers tests de laboratoire au moyen dun matériel spécial. Bien que certaines poudres puissent se ressembler, les résultats publiés ne devraient pas être employés, car des poudres pratiquement identiques peuvent avoir des caractéristiques dexplosibilité très différentes. Une série dessais peut aider à définir le risque dexplosion et elle devrait couvrir les points mentionnés ci-dessous.
Le test de classification détermine si un nuage de poussière peut senflammer et propager les flammes (Ebadat, 1994). Les poudres qui ont ces caractéristiques sont considérées comme des poudres de catégorie A. Les poudres qui ne senflamment pas constituent la catégorie B. Il faut alors soumettre les poudres de catégorie A à une autre batterie de tests afin dévaluer leur potentiel dexplosi-bilité et de risque. Le test dénergie dinflammation minimale définit lénergie minimale dune étincelle pour lallumage dun nuage de poudre (Bartknecht, 1989).
Dans lanalyse de gravité des explosions, les poudres du groupe A sont testées sous la forme dun nuage de poussière dans une sphère où la pression est mesurée pendant une explosion dessai basée sur lénergie dinflammation minimale. La pression maximale dexplosion est définie en même temps que le taux de variation de la pression par unité de temps. A partir de cette information, la valeur caractéristique de lexplosion (Kst) en bars x mètres par seconde est déterminée et la catégorie dexplosion est définie (Bartknecht, 1989; Garzia et Senecal, 1996):
Kst(bar m/s) |
Catégorie d’explosion des poussières |
Force relative |
1-200 |
St 1 |
Relativement faible |
201-300 |
St 2 |
Forte |
301+ |
St 3 |
Très forte |
Un grand nombre de poudres ont été testées et la majorité dentre elles faisaient partie de la catégorie St 1 (Bartknecht, 1989; Garzia et Senecal, 1996).
Dans le cas de lévaluation des poudres ne formant pas de nuage, on procède à des essais pour déterminer quelles sont les procédures et conditions dexploitation sûres.
Les essais de prévention des explosions peuvent être utiles dans le cas où des systèmes de suppression des explosions ne peuvent être installés. Ils renseignent sur les conditions souhaitables (Ebadat, 1994).
Le test de loxygène minimal définit la concentration doxygène au-dessous de laquelle la poussière ne senflamme pas (Fone, 1995). Il est possible dempêcher linflammation en ajoutant un gaz inerte acceptable pour le procédé.
On détermine la concentration minimale de poussière afin détablir le niveau dexploitation au-dessous duquel linflammation ne se produit pas.
Les explosions résultent souvent de décharges électrostatiques; or, il existe divers essais pour déceler les dangers potentiels. Certains de ces essais visent à mesurer lénergie minimale dinflammation, les charges électriques des poudres et la résistivité. On peut prendre certaines mesures basées sur les résultats de ces essais pour prévenir les explosions. Par exemple, on peut faire augmenter le taux dhumidité, choisir dautres matériaux de construction, effectuer correctement la mise à la terre, ajuster certains aspects de la conception de léquipement et empêcher la formation détincelles (Bartknecht, 1989; Cesana et Siwek, 1995).
Il existe essentiellement deux méthodes pour limiter les explosions ou empêcher les fronts de se propager dun endroit à lautre, ou pour limiter une explosion à un élément de léquipement. Il sagit des agents extincteurs et des vannes disolement (Bartknecht, 1989; Cesana et Siwek, 1995; Garzia et Senecal, 1996). A partir des données relatives à la pression dexplosion tirées des essais sur la gravité des explosions, des capteurs à réponse rapide peuvent déclencher un agent extincteur ou refermer rapidement les vannes disolement. Il est possible de se procurer des agents extincteurs dans le commerce, mais la conception des injecteurs dagent extincteur est très importante.
On installe fréquemment dans léquipement où une explosion risque de se produire des évents dexplosion qui se rompent à une pression spécifique. Ces évents doivent être soigneusement conçus et la détente de la pression dexplosion orientée de telle façon que des travailleurs ne se trouvent pas à cet endroit. Dailleurs, lincidence de cette explosion sur léquipement se trouvant sur la trajectoire de lexplosion devrait être analysée pour assurer la sécurité de celui-ci. Un écran peut être nécessaire.
Les produits, les intermédiaires et les sous-produits sont chargés dans des camions-citernes et des wagons-citernes (dans certains cas, selon lendroit où sont situées les installations, des navires-citernes et des barges sont utilisés). Lemplacement des installations de chargement et de déchargement a son importance. Les produits transférés sont habituellement des liquides et des gaz. Des solides sont également manutentionnés à des endroits choisis selon le type transporté, le risque dexplosion et le degré de difficulté du transfert.
Il est très important de concevoir une méthode permettant de réduire au minimum les projections au moment du chargement des camions-citernes ou des wagons-citernes par les trappes situées sur le dessus. Si le tuyau de remplissage est placé très au-dessus du fond, des projections et la production de vapeurs ou démissions mixtes liquide-vapeur résulteront des opérations de remplissage. On peut réduire les projections et la production de vapeurs en plaçant lembouchure du tuyau de remplissage bien au-dessous de la surface du liquide. On insère habituellement le tuyau de remplissage dans la citerne à une distance minimale du fond. Puisque le remplissage avec un liquide déplace habituellement de la vapeur, des vapeurs toxiques peuvent constituer un danger pour la sécurité et la santé. Par conséquent, les vapeurs devraient être collectées. Il existe sur le marché des bras de remplissage munis de tuyaux pour le remplissage à grande profondeur et qui traversent un couvercle spécial posé sur la trappe (Lipton et Lynch, 1994). En outre, un tuyau collecteur de vapeurs est installé un peu au-dessous du couvercle. A lextrémité amont du bras, la sortie de vapeur est reliée à un dispositif de récupération (par exemple, un absorbeur ou un condenseur), ou la vapeur peut être retournée au réservoir de stockage par transfert de léquilibre de vapeur (Lipton et Lynch, 1994).
Dans le cas dun réservoir à trappes ouvertes de camion-citerne, le bras est levé pour permettre légouttage dans la citerne, et une partie du liquide contenu dans le bras peut être poussé à lazote pendant que le bras est retiré; néanmoins, les tuyaux de remplissage devraient rester dans louverture de la trappe. Quand le bras de remplissage sort de la trappe, un godet devrait être placé sous lembouchure pour recueillir les gouttes.
De nombreux wagons-citernes sont munis de trappes fermées équipées de cannes de remplissage descendant très près du fond et dun collecteur de vapeur séparé. Par un bras qui se prolonge jusquà la trappe fermée, le liquide est chargé et la vapeur est recueillie de la même façon que dans le cas de la trappe ouverte. Dans les systèmes de chargement de wagons, après la fermeture du robinet dalimentation du bras, de lazote est injecté en amont pour chasser le liquide restant dans le bras dans le wagon avant que le robinet de remplissage de ce dernier ne soit fermé (Lipton et Lynch, 1994).
Un grand nombre de camions-citernes sont remplis par le fond, de manière à limiter la production de vapeur (Lipton et Lynch, 1994). Les tuyaux de remplissage peuvent être des tuyaux spéciaux ou des bras manuvrables. Des raccords rapides sont posés aux extrémités du tuyau ou du bras et sur les raccordements au fond du camion-citerne. Quand celui-ci est rempli et que le tuyau se ferme automatiquement, le bras ou le tuyau sont enlevés du raccord rapide, qui se ferme alors automatiquement. De nouveaux raccords ont été conçus de manière à éliminer presque complètement les fuites.
Dans le cas du chargement par le fond, la vapeur est recueillie par un évent supérieur et conduite par un tuyau externe qui se termine près du fond (Lipton et Lynch, 1994). Cela permet aux travailleurs davoir accès aux raccords du tuyau servant à acheminer la vapeur. La vapeur recueillie, dont la pression est légèrement supérieure à celle de latmosphère, doit être dirigée vers un dispositif de récupération (Lipton et Lynch, 1994). Ces dispositifs sont choisis en fonction de leur prix initial, de leur efficacité, de leur entretien et de leur exploitabilité. Dune façon générale, le système de récupération est préférable à une torchère, qui détruit les vapeurs récupérées.
Dans les camions-citernes, des jauges indiquent en permanence si le niveau de remplissage a été atteint et commandent la fermeture dune vanne télécommandée qui interrompt le remplissage (Lipton et Lynch, 1994). Il peut y avoir plus dune jauge dans le camion-citerne, comme dispositif redondant, afin de vérifier que le camion nest pas trop rempli. Un remplissage excessif peut occasionner de sérieux problèmes de sécurité et de santé.
Les wagons-citernes destinés à lexpédition de produits chimiques possèdent souvent des jauges internes. Dans les wagons non spécialisés, un compteur de débit mesure la quantité de liquide déversée dans le wagon et ferme automatiquement la vanne de coupure quand une quantité prédéterminée est atteinte (Lipton et Lynch, 1994). Avec les deux types de citernes, il faut vérifier au préalable si elles contiennent déjà du liquide avant le remplissage. De nombreux wagons sont munis de jauges manuelles pouvant être utilisées à cette fin. Cependant, lorsquon ne peut voir le niveau quen ouvrant une petite ouverture destinée à la tige de jaugeage, cette opération ne devrait être effectuée que dans des conditions contrôlées et approuvées, en raison de la toxicité de certains des produits chimiques transportés.
Si les produits chimiques ont une tension de vapeur très élevée et si le wagon ou le camion présentent une pression relativement haute, le produit chimique est déchargé sous sa propre tension de vapeur. Si celle-ci tombe à un niveau qui nuit au déchargement, de lazote peut être injecté pour maintenir une pression satisfaisante. La vapeur émise par un réservoir contenant le même produit chimique peut également être comprimée et injectée pour élever la pression.
Pour les produits chimiques toxiques qui ont une tension de vapeur relativement basse, comme le benzène, le liquide est déchargé sous pression dazote, ce qui élimine le pompage et simplifie le système (Lipton et Lynch, 1994). Les camions-citernes et les wagons-citernes utilisés à cette fin sont conçus pour résister aux pressions et aux variations de pression qui se produisent. Cependant, on maintient une pression plus basse après le déchargement dun réservoir jusquà ce quil soit rempli de nouveau; la pression est rétablie au cours du remplissage. On peut ajouter de lazote si une pression suffisante na pas été atteinte pendant le chargement.
Un des problèmes liés aux opérations de chargement et de déchargement est la vidange et la purge des tuyaux et de léquipement. Les systèmes de récupération clos, en particulier ceux situés au point le plus bas, sont nécessaires lorsquon utilise des purges à lazote pour enlever toute trace de produits chimiques toxiques. Ces produits peuvent être recueillis dans un fût et retournés à un service de réception ou de récupération (Lipton et Lynch, 1994).
Lélectrolyse des saumures produit du chlore et de la soude ou de la potasse. Le chlorure de sodium (NaCl) est le sel principalement utilisé; on en tire la soude caustique (NaOH). Cependant, lutilisation du chlorure de potassium (KCl) produit la potasse caustique (KOH).
A lheure actuelle, les cellules à diaphragme sont les plus utilisées pour la production commerciale de chlore, suivies des cellules au mercure et, enfin, des cellules à membrane. Pour des raisons économiques, environnementales et de qualité du produit, les fabricants préfèrent maintenant les cellules à membrane pour leurs nouvelles usines.
Une cellule à diaphragme comporte un compartiment alimenté en saumure saturée et muni dune anode en titane revêtue de sels de ruthénium et dautres métaux (voir figure 77.4). Une tête de cellule en plastique recueille le chlore gazeux chaud et humide produit à cette anode. A laide dun compresseur, le chlore est aspiré dans un collecteur pour la suite du traitement, cest-à-dire refroidissement, séchage et compression. Leau et la saumure nayant pas réagi percolent à travers un séparateur à diaphragme poreux jusque dans le compartiment cathodique, où leau réagit sur une cathode en acier pour produire de lhydroxyde de sodium (soude caustique) et de lhydrogène. Le diaphragme sépare le chlore produit à lanode de lhydroxyde de sodium et de lhydrogène produits à la cathode. Si ces produits se combinent, on obtient de lhypochlorite de sodium (agent de blanchiment) ou du chlorate de sodium. Les producteurs commerciaux de chlorate de sodium utilisent des cellules sans séparateurs. Le diaphragme le plus courant est un composite fait damiante et dun polymère fluorocarboné. Les usines modernes équipées de cellules à diaphragme ne connaissent pas les problèmes de santé ou de protection de lenvironnement autrefois associés à lutilisation des diaphragmes damiante. Certaines usines utilisent des diaphragmes sans amiante, qui existent maintenant sur le marché. Les cellules à diaphragme produisent une solution diluée dhydroxyde de sodium contenant du sel nayant pas réagi. Une étape supplémentaire dévaporation concentre la soude caustique et enlève la majeure partie du sel pour fournir une soude caustique de qualité commerciale.
Une cellule au mercure se compose en réalité de deux cellules électrochimiques. La réaction dans la première cellule, à lanode, est la suivante:
La réaction dans la première cellule à la cathode est la suivante:
La saumure sécoule dans un conduit incliné en acier dont les côtés sont garnis de caoutchouc (voir figure 77.4). Le mercure, la cathode, sécoule sous la saumure. Des anodes de titane enduit sont suspendues dans la saumure pour produire le chlore, qui sort de la cellule pour se diriger vers un système de collecte et de traitement. Du sodium est électrolysé dans la cellule et quitte la première cellule, amalgamé au mercure. Cet amalgame entre dans une deuxième cellule électrochimique appelée décomposeur. Ce décomposeur est muni dune cathode ne graphite et dune anode en amalgame. La réaction dans le décomposeur est la suivante: 2 Na · Hg + 2H2O 2 NaOH + 2 Hg + H2
Les cellules au mercure produisent directement du NaOH de qualité commerciale (50%).
Les réactions électrochimiques dans une cellule à membrane sont les mêmes que dans la cellule à diaphragme. Une membrane échangeuse de cations est utilisée au lieu du diaphragme poreux (voir figure 77.4). Cette membrane empêche la migration des ions chlorure dans le catholyte, produisant de ce fait de 30 à 35% de soude caustique pratiquement exempte de sel directement à partir de la cellule. Comme il nest plus nécessaire denlever le sel, lévaporation de la soude jusquà lobtention de la concentration commerciale de 50% est simplifiée et exige ainsi moins dinvestissement et dénergie. De coûteuses cathodes en nickel sont employées dans la cellule à membrane étant donné que la soude caustique est plus concentrée.
Aux températures ordinaires, le chlore sec, quil soit à létat liquide ou gazeux, ne corrode pas lacier. Le chlore humide est fortement corrosif parce quil forme des acides chlorhydrique et hypochloreux. Des précautions devraient être prises pour que le chlore et léquipement restent secs. La tuyauterie, les robinets et les réservoirs devraient être fermés ou recouverts quand ils ne sont pas en service afin déviter linfiltration de lhumidité ambiante. Si on utilise de leau sur une fuite de chlore, la corrosion qui en résultera ne fera quaggraver la fuite.
Le volume du chlore liquide augmente avec la température. Des précautions devraient être prises pour éviter la rupture hydrostatique de la tuyauterie, des réservoirs ou de tout autre équipement rempli de chlore liquide.
Lhydrogène est un coproduit du chlore obtenu par électrolyse de solutions aqueuses de saumure. Dans une marge connue de concentration, les mélanges de chlore et lhydrogène sont inflammables et potentiellement explosifs. La réaction du chlore et de lhydrogène peut être déclenchée par la lumière directe du soleil, dautres sources de lumière ultraviolette, lélectricité statique ou une percussion.
De petites quantités de trichlorure dazote, composé instable et fortement explosif, peuvent être produites lors de la fabrication du chlore. Quand du chlore liquide contenant du trichlorure dazote sévapore, le trichlorure dazote peut atteindre des concentrations dangereuses dans le chlore liquide restant.
Le chlore peut réagir, parfois de façon explosive, avec un certain nombre de matières organiques comme lhuile et la graisse provenant de sources telles que les compresseurs dair, les vannes, les pompes et linstrumentation à diaphragmes, ainsi que le bois et les chiffons employés pour lentretien.
Au premier signe démanations de chlore, des mesures doivent être prises. Les fuites de chlore vont toujours en empirant si elles ne sont pas rapidement corrigées. Quand une fuite de chlore se produit, du personnel autorisé et qualifié, équipé dappareils respiratoires et déquipements de protection individuelle appropriés devrait faire une enquête et prendre les mesures qui simposent. Les travailleurs ne devraient pas pénétrer dans un endroit dont lair ambiant contient des concentrations de chlore qui dépassent le seuil constituant un danger immédiat pour la vie ou la santé (Immediately Dangerous to Life and Health (IDLH) 10 ppm) sans équipement de protection individuelle approprié et en labsence de personnel prêt à intervenir pour porter secours. Seules les personnes indispensables au bon déroulement des opérations doivent être autorisées à rester; les autres devraient être éloignées et la zone dangereuse, isolée. Les individus pouvant avoir été exposés à une émission de chlore devraient être évacués ou abrités sur place, selon les circonstances.
Des détecteurs localisés de chlore et des indicateurs de direction du vent peuvent fournir de linformation utile (par exemple, voies de sorties) afin de déterminer si le personnel doit être évacué ou abrité sur place.
En cas dévacuation, les personnes qui peuvent avoir été exposées devraient se déplacer au vent par rapport à la fuite. Puisque le chlore est plus lourd que lair, il est préférable de se placer en terrain plus élevé. Pour quitter les lieux le plus rapidement possible, ceux et celles qui se trouvent déjà dans un secteur contaminé devraient se déplacer à vent latéral.
Si on choisit de rester sur place, il faut fermer toutes les fenêtres, portes et autres ouvertures, les climatiseurs et autres prises dair. Les travailleurs devraient se déplacer du côté du bâtiment le plus éloigné de lémission.
Il faut sassurer que personne ne restera bloqué, sans possibilité de sortie. Une position qui était sûre peut devenir dangereuse si la direction du vent change. De nouvelles fuites peuvent également se produire ou la fuite existante saggraver.
En cas dincendie ou dincendie imminent, les réservoirs de chlore et léquipement qui en contient devraient être éloignés du feu, si possible. Si un réservoir ou un appareil qui ne fuit pas ne peut être déplacé, il devrait être tenu au frais par aspersion deau. Il ne faut pas appliquer deau directement sur une fuite de chlore. Le chlore et leau réagissent en formant des acides et la fuite ne tarderait pas à saggraver. Cependant, en présence de plusieurs réservoirs dont certains fuient, il peut être prudent dasperger deau ceux qui ne fuient pas pour éviter une surpression.
Chaque fois que des capacités ont été exposées aux flammes, il conviendrait de projeter de leau de refroidissement bien longtemps après que lincendie aura été éteint et que les réservoirs seront refroidis. Les capacités exposées au feu devraient être isolées et le fournisseur être contacté le plus tôt possible.
Les solutions dhydroxyde de sodium sont corrosives, particulièrement sous forme concentrée. Le personnel risquant dêtre exposé à des déversements et à des fuites devrait porter des gants, un écran facial, des lunettes ainsi que des vêtements de protection.
Remerciements: les auteurs remercient le docteur R.G. Smerko, qui a mis à leur disposition les ressources du Chlorine Institute, Inc.
* Adapté de National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH), 1984.
Les peintures et les produits de revêtement regroupent les peintures, les vernis, les laques, les teintures, les encres dimprimerie et autres. Les peintures traditionnelles se composent dune dispersion de particules de pigment dans un véhicule constitué dune substance filmogène ou dun liant (habituellement une huile ou une résine) et dun diluant (habituellement un solvant volatil). En outre, une grande variété de charges et dautres additifs sont utilisés. Un vernis est une solution dhuile et de résine naturelle dans un solvant organique. Des résines synthétiques peuvent également être employées. Les laques sont des revêtements formant une pellicule qui sèche ou durcit uniquement par évaporation du solvant.
Les peintures traditionnelles renfermaient moins de 70% de solides, le reste étant la plupart du temps formé de solvants. Les réglementations concernant la pollution atmosphérique limitant la quantité de solvants qui peuvent être rejetés dans latmosphère ont eu comme conséquence le développement dune grande variété de peintures de remplacement contenant peu ou pas de solvants organiques. Il sagit des peintures latex à base deau, des peintures catalysées à deux composants (par exemple, systèmes époxy ou uréthane), des peintures à haute teneur en solides (plus de 70%), y compris celles au plastisol principalement constituées de pigments et de plastifiants, des peintures durcissant sous rayonnements et des peintures en poudre.
Selon lInstitut national de la sécurité et de la santé au travail américain (National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH)), environ 60% des fabricants de peinture emploient moins de 20 personnes, et seulement 3% dentre eux comptent plus de 250 employés. On peut sattendre que ces statistiques soient représentatives de lensemble des fabricants de peinture du monde entier. Ces chiffres indiquent une prédominance des petits ateliers, dont la plupart ne disposeraient pas dune expertise interne en matière de sécurité et de santé.
En général, la fabrication des peintures et des autres produits de revêtement comprend une série dopérations unitaires, où interviennent peu de réactions chimiques, voire aucune, et qui sont pour la plupart mécaniques. Cette fabrication consiste à réunir des matières premières, à les mélanger, à les disperser, à les diluer et à les ajuster, à remplir des conteneurs et à les entreposer.
Les matières premières utilisées dans la fabrication des peintures peuvent être des liquides, des solides, des poudres ou des pâtes. Ces ingrédients sont pesés manuellement et prémélangés. Les particules agglomérées de pigments doivent être réduites à leur taille originale et être mouillées avec le liant de manière à être dispersées dans la matrice liquide. Cette dispersion, appelée broyage, fait appel à divers types déquipement, notamment des disperseurs ultrarapides, des mélangeurs de pâte, des broyeurs à boulets, des broyeurs à sable, des broyeurs à trois cylindres, des malaxeurs à hélice, etc. Après un passage initial pouvant aller jusquà quarante-huit heures, de la résine est ajoutée à la pâte et le broyage se poursuit pendant une période plus courte. La matière dispersée est alors transférée par gravité vers un réservoir où dautres matières comme des substances de nuançage peuvent être ajoutées. Dans le cas des peintures en phase aqueuse, le liant est habituellement ajouté à cette étape. La pâte est ensuite diluée avec de la résine ou du solvant, filtrée et de nouveau transférée par gravité vers le secteur de conditionnement. Le conditionnement peut être fait manuellement ou mécaniquement.
Après le stade de dispersion, il peut être nécessaire de nettoyer les réservoirs et les mélangeurs avant lintroduction dun nouveau lot. On se sert alors doutils à main ou mécaniques, ainsi que de nettoyants alcalins et de solvants.
La production de laque est habituellement effectuée dans des équipements fermés tels que des réservoirs ou des mélangeurs afin de réduire au minimum lévaporation du solvant, ce qui aurait pour effet le dépôt dun film sec de laque. Par ailleurs, on produit la laque de la même manière que la peinture.
La fabrication des vernis oléorésineux comprend la cuisson de lhuile et de la résine pour les rendre plus compatibles afin de susciter la formation de molécules de masse moléculaire élevée ou de polymères et daugmenter la solubilité dans le solvant. Les anciennes usines emploient parfois des cuves chauffantes mobiles et ouvertes à cette fin. La résine et lhuile ou la résine seule sont placées dans la cuve et chauffées à environ 316 °C. Les résines naturelles doivent être chauffées avant lajout des huiles. Les matières sont ajoutées par le haut de la cuve. Pendant la cuisson, cette dernière est surmontée dune hotte dévacuation réfractaire. Après la cuisson, les cuves sont transportées dans des pièces où elles sont rapidement refroidies, souvent par jet deau, et où le diluant et des siccatifs sont ajoutés.
Dans les usines modernes, on utilise de grands réacteurs fermés dont la capacité varie de 2 000 à 30 000 litres environ. Ces réacteurs sont semblables à ceux du secteur de lindustrie chimique. Ils sont équipés dagitateurs, de regards vitrés, de tuyauteries pour les opérations de remplissage et de vidage, de condenseurs, de jauges de température, de sources de chaleur, etc.
Tant dans les usines anciennes que modernes, la résine diluée est filtrée, étape finale avant le conditionnement. Cette opération se fait normalement pendant que la résine est encore chaude, habituellement à laide dun filtre-presse.
Les poudres de revêtement ne contiennent pas de solvant et sont basées sur la fonte et la fusion de la résine et dautres particules dadditifs à la surface dobjets chauffés. Les poudres de revêtement peuvent être thermodurcissables ou thermoplastiques; elles comprennent des résines comme les époxy, le polyéthylène, les polyesters, le poly(chlorure de vinyle) et les acryliques.
La méthode de fabrication la plus courante consiste à mélanger à sec des ingrédients en poudre et à extruder le mélange fondu (voir figure 77.5). La résine sèche (le liant), le colorant, la charge et les additifs sont pesés et transférés vers un prémélangeur. Ce procédé est similaire aux opérations de mélangeage à sec utilisées dans la fabrication du caoutchouc. Après cette étape, la matière est introduite dans une extrudeuse et chauffée jusquà ce quelle fonde. La matière fondue est extrudée sur un convoyeur refroidissant, puis transférée vers un granulateur. La matière granulée passe dans un broyeur fin et est ensuite tamisée pour obtenir la granulométrie souhaitée. La poudre de revêtement est alors empaquetée.
En général, les principaux dangers associés à la fabrication de peinture et de produits de revêtements proviennent de la manutention des produits; des substances toxiques, inflammables ou explosives; et des agents physiques comme les chocs électriques, le bruit, la chaleur et le froid.
La manutention manuelle des caisses, des fûts et des conteneurs de matières premières et de produits finis est la principale cause de blessures dues à une mauvaise méthode de levage, aux glissades, chutes, chutes demballages, etc. Parmi les précautions à prendre, on compte des moyens de prévention technique et des mesures dergonomie comme les aides à la manutention (galets, crics et plates-formes) et léquipement mécanique (convoyeurs, palans et chariots élévateurs à fourche), les planchers antidérapants, léquipement de protection individuelle (chaussures de sécurité, par exemple) et la formation appropriée au soulèvement manuel et aux autres techniques de manutention.
Les dangers chimiques sont liés à lexposition à des poussières toxiques comme le pigment de chromate de plomb, qui peut se produire au cours de la pesée, du remplissage du mélangeur et des trémies des broyeurs, de lutilisation déquipement sans enceinte de confinement, du remplissage de pots de peinture en poudre, du nettoyage de léquipement et dépandages accidentels. La fabrication des poudres de revêtement peut entraîner lexposition à des quantités élevées de poussières. Par mesure de précaution, on peut remplacer les poudres par des pâtes, avoir recours à la ventilation par aspiration localisée pour louverture des sacs de poudre (voir figure 77.6), isoler léquipement de fabrication, appliquer les procédures de nettoyage des déversements et protéger les voies respiratoires si nécessaire.
Une grande variété de solvants volatils sont employés dans la fabrication des peintures et des produits de revêtement, y compris des hydrocarbures aliphatiques et aromatiques, des alcools, des cétones, etc. On trouve habituellement les solvants les plus volatils dans les laques et vernis. Lexposition aux vapeurs de solvants peut se produire pendant la dilution dans le cas de la fabrication de peinture à base de solvant; au moment du remplissage des cuves de réaction (particulièrement des anciennes cuves chauffantes) lors de la fabrication de vernis; pendant le remplissage des conteneurs de tous les revêtements à base de solvant; au cours du nettoyage manuel de léquipement de fabrication avec des solvants. Lisolement de léquipement comme les réacteurs de fabrication de vernis et les mélangeurs de laque dans des enceintes permet habituellement de réduire lexposition aux solvants, sauf en cas de fuite. Parmi les précautions à prendre, notons lisolement de léquipement de fabrication dans des enceintes, la ventilation par aspiration localisée pour les opérations de dilution et de remplissage et lutilisation dappareils de protection respiratoire et de méthodes de travail en espace clos pour le nettoyage des cuves.
Les autres dangers pour la santé sont linhalation ou le contact cutané avec des isocyanates utilisés dans les peintures et les produits de revêtement à base de polyuréthane; avec des acrylates, dautres monomères et des photo-initiateurs employés dans certains revêtements durcissant sous rayonnement; avec lacroléine et dautres émissions gazeuses lors de la cuisson des vernis; avec des agents de réticulation et dautres additifs contenus dans les poudres de revêtement. Parmi les précautions, on compte lisolement, la ventilation par aspiration localisée, le port de gants, dautres vêtements de protection et déquipements de protection individuelle, la formation au risque chimique et les bonnes pratiques de travail.
Les solvants inflammables, les poudres combustibles (particulièrement la nitrocellulose utilisée dans la production des laques) et les huiles présentent tous des risques dincendie ou dexplosion en cas détincelle ou dexposition à des températures élevées. Les sources dinflammation possibles sont lappareillage électrique défectueux, le tabagisme, le frottement, les flammes nues, lélectricité statique, etc. Les chiffons imbibés dhuile peuvent être une source de combustion spontanée. Parmi les précautions, on compte la mise à la terre des conteneurs pendant le transfert de liquides inflammables, la mise à la terre de léquipement (par exemple des broyeurs à boulets contenant des poussières combustibles), la ventilation pour maintenir les concentrations en vapeurs en deçà de la limite inférieure dexplosibilité, le capotage des capacités inutilisées, lélimination des sources dinflammation, lutilisation doutils antiétincelle en métaux non ferreux à proximité des matières inflammables ou combustibles et le bon entretien des locaux.
Les broyeurs à boulets et à galets, ainsi que les disperseurs à grande vitesse et les tamis vibrants utilisés pour le filtrage peuvent constituer une nuisance sonore importante. Par mesure de précaution, on peut avoir recours à des amortisseurs de vibration et à dautres moyens de prévention technique, au remplacement de léquipement bruyant, au bon entretien de léquipement, à lisolement de la source de bruit et à un programme de protection de louïe.
Dautres dangers sont liés à la mauvaise protection des machines, source courante de blessures. Les dangers de chocs électriques posent un problème particulier en labsence de procédures appropriées de consignation/déconsignation lors de lentretien et de la réparation déquipement. Enfin, des brûlures peuvent résulter du contact avec les cuves de cuisson des vernis, des éclaboussures ou de la colle chaude utilisée pour les emballages et les étiquettes.
* Adapté de la 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational Health and Safety.
Lindustrie des plastiques est divisée en deux secteurs principaux ayant entre eux des rapports présentés à la figure 77.7. Le premier secteur est composé des fournisseurs de matières premières qui fabriquent des polymères et des mélanges à mouler à partir des substances intermédiaires quils produisent parfois eux-mêmes. Pour ce qui est du capital investi, ce secteur est habituellement le plus important des deux. Le deuxième secteur se compose des transformateurs qui convertissent les matières premières en articles commercialisables en utilisant divers procédés tels que lextrusion et le moulage par injection. Dautres secteurs incluent les fabricants de machines qui fournissent léquipement aux transformateurs et les fournisseurs dadditifs spéciaux pour lindustrie.
On peut classer les matières plastiques en deux grandes catégories: les thermoplastiques, qui peuvent être ramollis à plusieurs reprises sous laction de la chaleur, et les thermodurcissables, qui subissent une modification chimique lors du chauffage et du façonnage et ne peuvent plus être remodelés par la suite sous laction de la chaleur. Il est possible de fabriquer des centaines de polymères possédant des propriétés très différentes, mais seulement vingt dentre eux constituent environ 90% de la production mondiale. Les thermoplastiques sont les plus nombreux, et leur production augmente plus rapidement que celle des thermodurcissables. En ce qui concerne la quantité produite, les thermoplastiques les plus importants sont les polyéthylènes à haute et à faible densité et le polypropylène (les polyoléfines), le poly(chlorure de vinyle) (PVC) et le polystyrène.
Les résines thermodurcissables importantes sont les résines phénol-formaldéhyde et urée-formaldéhyde. Elles se présentent soit sous forme de résines, soit sous forme de poudres à mouler. Les résines époxy, les polyesters insaturés et les polyuréthanes jouent également un rôle important. Un plus petit volume de «plastiques techniques», par exemple les polyacétals, les polyamides et les polycarbonates, rendent de grands services dans des applications pointues.
Lexpansion considérable de lindustrie des plastiques après la seconde guerre mondiale a été grandement facilitée par lélargissement de la gamme des matières premières de base qui lalimentent; la disponibilité et le prix des matières premières sont cruciaux pour nimporte quelle industrie qui se développe rapidement. Les matières premières traditionnelles nauraient pu fournir suffisamment dintermédiaires à un coût acceptable pour faciliter la production commerciale rentable de matières plastiques à grande échelle, et cest le développement de lindustrie pétrochimique qui a rendu la croissance possible. Comme matière première, le pétrole abonde; il est facile à transporter, à manutentionner et il était, jusquà la crise pétrolière des années soixante-dix, relativement bon marché. Par conséquent, dans le monde entier, lindustrie des plastiques est principalement liée à lutilisation des intermédiaires obtenus à partir du craquage du pétrole et du gaz naturel. Les matières premières non traditionnelles comme la biomasse et le charbon nont pas encore eu un impact important sur lapprovisionnement de lindustrie des plastiques.
Lorganigramme de la figure 77.8 illustre la polyvalence des matières premières tirées du pétrole brut et du gaz naturel en tant que points de départ pour les matériaux importants que sont les plastiques thermodurcissables et thermoplastiques. Après la première distillation du pétrole brut, le naphte est craqué ou reformé pour fournir des intermédiaires utiles. Ainsi, léthylène produit par le procédé de craquage sert immédiatement à la fabrication du polyéthylène ou à un autre procédé qui fournit un monomère, le chlorure de vinyle la base du PVC. Le propylène, qui se forme également pendant le craquage, est employé, après transformation par voie du cumène ou de lalcool isopropylique, pour la fabrication de lacétone nécessaire pour le poly(méthacrylate de méthyle); il est également employé dans la fabrication de loxyde de propylène pour les résines de polyester et de polyéther, et peut être polymérisé directement de nouveau pour donner du polypropylène. Les butènes ont des applications dans la fabrication des plastifiants, et le 1,3-butadiène est utilisé directement pour la fabrication du caoutchouc synthétique. Des hydrocarbures aromatiques tels que le benzène, le toluène et le xylène sont maintenant largement produits à partir des dérivés des opérations de distillation du pétrole plutôt que par la cokéfaction du charbon; ainsi que le montre lorganigramme, ces produits sont des intermédiaires dans la fabrication de matières plastiques importantes et de produits auxiliaires comme les plastifiants. Les hydrocarbures aromatiques constituent également un point de départ pour beaucoup de polymères utilisés dans lindustrie des fibres synthétiques, dont certaines sont présentées ailleurs dans la présente Encyclopédie.
Beaucoup de procédés extrêmement différents contribuent à la production dun article fini fabriqué tout ou en partie en plastique. Quelques-uns dentre eux sont purement chimiques; dautres font intervenir des procédures de mélange exclusivement mécanique, tandis que dautres encore en particulier ceux qui se trouvent au bas du diagramme font beaucoup appel à de lappareillage spécialisé. Certaines de ces machines ressemblent à celles que lon utilise dans les industries du caoutchouc, du verre, du papier et des textiles; les autres sont propres à lindustrie des plastiques.
Lindustrie de la plasturgie convertit les matières polymères en vrac en produits finis.
Le secteur plasturgie de lindustrie des plastiques reçoit ses matières premières sous les formes suivantes:
La fabrication dun «compound» à partir dun polymère consiste à mélanger le polymère avec des additifs. Bien quune grande variété de machines soient utilisées à cette fin, lorsquon travaille avec des poudres, les broyeurs à boulets ou les agitateurs à hélices à grande vitesse sont les plus courants; pour le mélangeage de pâtes de plastique, des appareils de malaxage tels que les mélangeurs à rouleaux ou de type Banbury ou les extrudeuses elles-mêmes, sont normalement utilisés.
Les additifs utilisés par lindustrie sont nombreux et de natures chimiques variées. Parmi une vingtaine de catégories, les plus importantes sont les suivantes:
Tous les procédés de transformation font appel aux propriétés «plastiques» des polymères et se répartissent en deux types. Dans un cas, le polymère est amené par la chaleur à un état plastique pour être soumis à une constriction mécanique qui lui donne une forme quil conservera au cours de la consolidation et du refroidissement. Dans lautre cas, une matière polymérisable qui peut être en partie polymérisée est entièrement polymérisée sous laction de la chaleur, dun catalyseur, ou des deux à la fois, tout en étant soumis à une contrainte mécanique visant à lui imprimer une forme quelle conservera quand elle sera entièrement polymérisée et refroidie. La technologie des plastiques sest développée pour exploiter ces propriétés et produire des biens avec le minimum deffort humain et le maximum duniformité dans les propriétés physiques. Les procédés décrits ci-après sont fréquemment utilisés.
Ce procédé consiste à chauffer une matière plastique, qui peut se trouver sous la forme de granules ou de poudre, dans un moule placé dans une presse. Quand la substance devient «plastique», sous laction de la pression, elle prend la forme du moule. Si lon a affaire à un plastique qui durcit en chauffant, on retire larticle formé, après un bref chauffage, en ouvrant la presse. Pour les autres types de plastique, on doit procéder au refroidissement avant louverture de la presse. Les articles produits au moyen du moulage par compression sont entre autres les capsules pour bouteilles, les fermetures de bocaux, les prises et les douilles électriques, les sièges de toilette, les plateaux et les bibelots. Le moulage par compression sert également à la fabrication de feuilles utilisées par la suite pour le formage sous vide ou pour la fabrication de réservoirs et autres grands conteneurs par soudage ou par revêtement de réservoirs existants en métal.
Cette méthode est une variante du moulage par compression. La matière thermodurcissable est chauffée dans une cavité puis poussée par un piston dans le moule qui est physiquement séparé et chauffé indépendamment de la cavité. On préfère cette méthode au moulage par compression quand larticle final doit recevoir des insertions métalliques fragiles comme de lappareillage de connexion ou quand, comme dans les objets très épais, la réaction chimique ne pourrait être complète si on utilisait la méthode de moulage par compression ordinaire.
Dans ce procédé, des granules ou des poudres de plastiques sont chauffés dans un cylindre, qui est séparé du moule. La matière est chauffée jusquà ce quelle devienne liquide, pendant quelle est transportée par une vis hélicoïdale à travers le cylindre et forcée dans le moule où elle refroidit et durcit. Le moule est alors ouvert mécaniquement et les articles formés retirés (voir figure 77.9). Ce procédé est lun des plus importants dans lindustrie des plastiques. Il a fait lobjet dun développement intensif et peut maintenant être utilisé pour produire des articles dune complexité considérable à un coût très bas.
Les moulages par transfert et par injection sont identiques en principe, mais les machines utilisées sont très différentes. Le moulage par transfert se limite normalement aux matières thermodurcissables, et linjection, aux matières thermoplastiques.
Lextrusion est le procédé suivant lequel une machine ramollit un plastique et le pousse à travers une filière qui lui imprime la forme quil garde en refroidissant. Lextrusion produit des tubes ou des barres qui peuvent avoir des coupes transversales de pratiquement nimporte quelle forme (voir figure 77.10). On produit de cette façon des tubes destinés à des utilisations industrielles ou domestiques, mais dautres articles peuvent être fabriqués par des procédés auxiliaires. Par exemple, il est possible de fabriquer des sachets en coupant des tubes et en scellant les deux extrémités, et des sacs à partir de tubes flexibles à parois minces que lon coupe et dont on scelle une extrémité.
Il existe deux types dextrusion: celle qui produit une feuille plate, pouvant être transformée en produits utiles grâce à dautres procédés, par exemple le formage sous vide; et celle qui consiste à façonner le tube extrudé et à le gonfler pendant quil est encore chaud, en maintenant de lair sous pression à lintérieur du tube. On obtient ainsi un tube pouvant atteindre plusieurs pieds de diamètre, avec une paroi très mince. Si on le fend, ce tube donne une pellicule largement utilisée dans lindustrie de lemballage. Il peut aussi être plié pour donner une feuille à double épaisseur qui peut servir à fabriquer des sacs simples par coupage et scellage. La figure 77.11 montre un système de ventilation approprié pour lextrusion.
Cette technique consiste à faire passer un plastique entre deux ou plusieurs rouleaux chauffés pour le transformer en feuille avant de le refroidir. La feuille fabriquée selon cette méthode est plus épaisse quune pellicule; elle est utilisée dans des applications industrielles et domestiques et comme matière première dans la fabrication de vêtements et des produits gonflables tels que les jouets (voir figure 77.12).
Ce procédé peut être considéré comme une combinaison de lextrusion et du thermoformage. Un tube est extrudé vers le bas dans un moule ouvert; quand il atteint le fond, le moule se referme sur lui et le tube est gonflé avec de lair sous pression. Le plastique vient donc se coller aux parois du moule et le dessus et le fond sont scellés. Quand il a refroidi, larticle est retiré du moule. Ce procédé sert à fabriquer des articles creux, surtout des bouteilles.
La résistance à la compression et aux chocs de certains produits en plastique moulés par soufflage peut être considérablement améliorée par lutilisation de techniques de moulage par étirage-soufflage. On produit une préforme que lon soumet ensuite à une expansion sous pression dair et à un étirement biaxial. Cette technique a permis daméliorer la résistance à la pression déclatement des bouteilles de PVC à un point tel quelles sont maintenant employées pour les boissons gazeuses.
Le rotomoulage est employé pour la production darticles moulés par chauffage et refroidissement dune forme creuse que lon fait tourner pour permettre à la gravité de répartir une poudre fine ou un liquide sur la surface interne de cette forme. Les articles produits par cette méthode sont entre autres les ballons de football, les poupées et autres articles semblables.
En plus du procédé dextrusion, on peut former des films en extrudant un polymère chaud sur un tube de métal très poli, ou une solution de polymère peut être pulvérisée sur une bande mobile.
Le couchage du papier est une application importante de certains plastiques. Une pellicule de plastique fondu est extrudée sur du papier dans des conditions où le plastique adhère au papier. Le carton peut être couché de la même manière. Le papier et le carton ainsi traités sont largement utilisés dans lempaquetage, et le carton de ce type sert aussi à fabriquer des boîtes.
Sous cette rubrique, on regroupe un certain nombre de procédés qui consistent à chauffer une feuille de matière plastique, le plus souvent thermoplastique, généralement dans un four et, après serrage sur son pourtour, à lui donner une forme prédéterminée sous laction de pistons, dair comprimé ou de vapeur. Dans le cas des articles de très grande taille, la feuille chaude «caoutchouteuse» est placée à laide de serre-flan sur des formes. Les produits ainsi fabriqués sont en particulier des matériels déclairage extérieur, des enseignes publicitaires et des panneaux de signalisation routière, des baignoires et autres accessoires de salle de bains, ainsi que les verres de contact.
Cette appellation générale recouvre de nombreux procédés qui constituent des variantes du thermoformage, mais qui consistent tous à chauffer une feuille de plastique dans une machine au-dessus dune cavité, maintenue sur le pourtour par serrage. Une fois la feuille devenue malléable, elle est aspirée dans la cavité, où elle prend sa forme et refroidit. A létape suivante, on libère larticle de la feuille en le coupant. On produit ainsi des contenants à parois minces très bon marché, comme du matériel détalage ou publicitaire, des plateaux et autres articles semblables et des emballages protecteurs pour les gâteaux, les fruits fragiles et la viande découpée.
Dans tous les procédés de stratification, deux matériaux ou plus, sous forme de feuilles, sont comprimés pour donner une feuille ou un panneau homogène aux propriétés spéciales. A un extrême, on trouve les stratifiés décoratifs faits à partir de résines phénoplastes et aminoplastes et, à lautre, des films complexes utilisés pour lemballage et constitués, par exemple, de cellulose, de polyéthylène et de feuille métallique.
On utilise des résines dans la fabrication de contreplaqué, de meubles et dans la construction de produits volumineux et élaborés tels que les carrosseries de voiture et les coques de bateau en fibres de verre imprégnées de résines polyester ou époxy. Dans tous ces procédés, une résine liquide se solidifie sous laction de la chaleur ou dun catalyseur et lie des particules ou des fibres, ou encore des films ou feuilles possédant peu de résistance mécanique, pour donner un panneau robuste et rigide. Ces résines peuvent être appliquées à la main, à la brosse, par immersion ou par pulvérisation.
De petits objets tels que les souvenirs et les bijoux en plastique peuvent également être obtenus par moulage; la résine liquide et le catalyseur sont alors mélangés et versés dans un moule.
Cette rubrique couvre un certain nombre de procédés communs à beaucoup dindustries, par exemple lutilisation de peintures et dadhésifs. Il existe cependant un certain nombre de techniques propres au soudage des plastiques. Il sagit de lutilisation de solvants comme les hydrocarbures chlorés, la méthyléthylcétone et le toluène, qui sont employés pour coller ensemble des feuilles de plastique rigides destinées à une fabrication générale, à des supports daffiches publicitaires et à des travaux semblables. Avec les radiofréquences (RF), on utilise une combinaison de pression mécanique et de rayonnement électromagnétique à des fréquences généralement comprises entre 10 et 100 mHz. Cette méthode est couramment employée pour assembler des plastiques flexibles, dans la fabrication de portefeuilles, de porte-documents et de poussettes pour enfants (voir lencadré intitulé «Les appareils de chauffage et de soudage par radiofréquences (RF) de matières diélectriques»). Les ultrasons sont également employés en combinaison avec la pression mécanique pour des opérations semblables.
Les appareils de chauffage et de soudage par radiofréquences (RF) sont utilisés dans de nombreuses industries pour chauffer, fondre ou durcir des matières diélectriques comme les plastiques, le caoutchouc ou les colles, qui sont des isolants thermiques et électriques difficiles à chauffer par les méthodes traditionnelles. Les appareils de chauffage par RF sont communément utilisés pour le soudage du poly(chlorure de vinyle) (par exemple, pour fabriquer des produits en plastique comme les imperméables, les couvre-sièges et les matériaux demballage); pour durcir des colles utilisées en menuiserie; pour gaufrer et sécher les textiles, le papier, le cuir et les plastiques; et pour durcir de nombreux matériaux contenant des résines plastiques. Les appareils de chauffage par RF utilisent les RF allant de 10 à 100 Mhz, avec une puissance de sortie allant de moins de 1 kW à environ 100 kW. La matière à chauffer est placée entre deux électrodes, sous pression, puis la RF est appliquée pendant une période allant de quelques secondes à environ une minute, selon lutilisation. Les appareils de chauffage par RF peuvent émettre des champs électriques et magnétiques parasites intenses de RF, surtout si les électrodes ne sont pas blindées. Labsorption de lénergie des RF par le corps humain peut entraîner un échauffement localisé ou général, néfaste pour la santé. La température corporelle peut sélever de 1 °C ou plus, ce qui peut entraîner des effets cardio-vasculaires, notamment une accélération du rythme cardiaque et une augmentation du débit cardiaque. Parmi les effets localisés, on retrouve les suivants: cataracte; numération réduite des spermatozoïdes; et effets tératogènes chez le ftus. Parmi les dangers indirects, on note les brûlures par les RF résultant dun contact direct avec les pièces métalliques de lappareil de chauffage, qui sont douloureuses, profondes et lentes à guérir; un engourdissement des mains; des effets neurologiques, dont le syndrome du canal carpien; et des effets sur le système nerveux périphérique. Les mesures de préventionLes deux mesures de prévention de base qui permettent de diminuer les dangers associés aux appareils de chauffage par RF sont les bonnes pratiques de travail et le blindage. Le blindage est bien sûr préférable, mais un bon entretien et certaines pratiques de travail peuvent aussi réduire lexposition. Une mesure administrative, consistant à limiter la durée dexposition de lopérateur, a aussi été utilisée. Il est important que les procédures dentretien et de réparation soient appropriées, car si le blindage, les dispositifs de verrouillage, les panneaux du boîtier et les fixations sont mal posés, il peut en résulter des fuites excessives de RF. De plus, lalimentation électrique de lappareil de chauffage devrait être coupée et consignée pour protéger le personnel chargé de lentretien. Lopérateur peut réduire son exposition en maintenant ses mains et le haut de son corps le plus loin possible de lappareil de chauffage à RF. Dans le cas de certains appareils de chauffage automatisés, les panneaux de commande sont éloignés des électrodes de lappareil qui est alimenté grâce à des plateaux-navettes, des tables tournantes ou des convoyeurs. On peut réduire lexposition de lopérateur et des autres employés en mesurant les niveaux de RF. Puisque les niveaux de RF décroissent au fur et à mesure que lon séloigne de lappareil de chauffage, il est possible de délimiter une zone dangereuse autour de chaque appareil. Les travailleurs peuvent être prévenus de ne pas occuper ces zones dangereuses lorsque lappareil de chauffage est utilisé. Partout où cela est possible, des barrières physiques non conductrices devraient être utilisées pour garder les gens à une distance sûre. Idéalement, lémetteur RF des appareils de chauffage par RF devrait être entouré dun boîtier blindé, pour contenir le rayonnement RF. Le blindage et tous les joints devraient présenter une conductivité élevée pour les courants électriques intérieurs qui circuleront dans les parois. Il devrait y avoir le moins douvertures possible dans le blindage et elles devraient être aussi petites que le permet le fonctionnement. Les ouvertures devraient être dirigées à lopposé de lopérateur. Il est faisable de réduire au minimum les courants circulant dans le blindage en posant des conducteurs séparés à lintérieur du boîtier, pour conduire les courants élevés. Lappareil de chauffage devrait être correctement mis à la terre, le câble de mise à la terre devant se trouver dans la même canalisation que la ligne électrique. Lappareil de chauffage devrait être muni dun verrouillage adéquat pour prévenir lexposition aux hautes tensions et aux émissions intenses de RF. Il est beaucoup plus facile de faire incorporer ce blindage dans les nouveaux modèles dappareils de chauffage à RF par le fabricant. Il est plus difficile de faire des modifications après coup. Les boîtiers peuvent être efficaces. Une bonne mise à la terre permet aussi souvent de réduire efficacement les émissions de RF. Il faut soigneusement mesurer les RF ensuite pour sassurer que les émissions RF ont bien diminué. La pratique consistant à enfermer lappareil de chauffage dans une enceinte métallique peut, en fait, accroître lexposition si lopérateur sy trouve également, bien quelle réduise lexposition en dehors de la pièce. |
Les dangers propres à lindustrie des polymères sont étroitement liés à ceux de lindustrie pétrochimique et dépendent pour une bonne part des substances utilisées. Ceux que présentent pour la santé les différentes matières premières sont traités ailleurs dans la présente Encyclopédie . Les dangers dincendie et dexplosion sont importants. Beaucoup de procédés faisant appel à des polymères ou des résines comportent un risque dincendie et dexplosion en raison de la nature des matières premières utilisées. Si des mesures de prévention efficaces ne sont pas adoptées, on risque parfois au cours de la réaction, généralement dans les bâtiments partiellement clos, que des gaz ou des liquides inflammables séchappent à des températures au-dessus de leurs points déclair. Si les pressions sont très élevées, il faudrait prévoir une évacuation adéquate à lair libre. Une accumulation de pression excessive due à des réactions exothermiques dune rapidité inattendue peut se produire; la manutention de certains additifs et la préparation des catalyseurs peuvent ajouter au risque dexplosion ou dincendie. Lindustrie sest penchée sur ces problèmes, en particulier sur la fabrication des résines phénoliques, et des notes dorientation détaillées ont été rédigées pour ce qui est de la conception des usines et des procédures opératoires sûres.
Lindustrie plasturgique comporte des risques daccidents en raison des machines utilisées, des risques dincendie liés à la combustibilité des plastiques et de leurs poudres et des dangers pour la santé à cause des nombreux produits chimiques mis en oeuvre.
Le domaine dactivité où il se produit le plus daccidents est celui de la transformation des plastiques, car la majorité des opérations est entièrement mécanisée. Par conséquent, les principaux dangers sont associés à lutilisation des machines, non seulement durant le fonctionnement normal, mais également pendant le nettoyage, le réglage et lentretien.
Toutes les machines de moulage par compression, par transfert, par injection et par soufflage sont munies de plateaux porte-moule dont la force de verrouillage sélève à plusieurs tonnes par centimètre carré. Des dispositifs de protection appropriés devraient être installés pour éviter les amputations ou les lésions par écrasement. Généralement, on encoffre les pièces dangereuses et on verrouille les protecteurs mobiles avec les commandes de la machine. Ces dispositifs devraient empêcher les mouvements dangereux dans la zone protégée quand le protecteur est ouvert et immobiliser les pièces dangereuses ou renverser le mouvement si le protecteur est ouvert pendant que la machine fonctionne.
En cas de risque grave daccidents, notamment à proximité des plateaux porte-moule des presses, et si des travailleurs accèdent régulièrement à la zone dangereuse, il est nécessaire dappliquer des normes de verrouillage plus rigoureuses. On peut alors utiliser un deuxième dispositif de verrouillage indépendant pour interrompre lalimentation électrique et empêcher les mouvements dangereux quand le protecteur est ouvert.
Lors de lutilisation de feuilles de plastique, les points rentrants entre les rouleaux ou entre les rouleaux et la feuille à traiter présentent des dangers. On en trouve près des rouleaux de tension et des dispositifs de tirage des extrudeuses et des calandres. La sécurité peut être assurée par lutilisation dun déclencheur qui arrête immédiatement les rouleaux ou renverse le mouvement dangereux.
De nombreuses machines de traitement des plastiques fonctionnent à des températures élevées et de graves brûlures peuvent survenir par contact avec le métal ou les plastiques chauds. Si possible, ces parties devraient être protégées quand la température excède 50 °C. En outre, en cas de blocage, les machines de moulage par injection et les extrudeuses peuvent se débloquer violemment. Des méthodes de travail sûres devraient être adoptées pour libérer les bouchons de plastique bloqués, notamment le port de gants appropriés et dune protection du visage.
La plupart des machines modernes sont maintenant dirigées par des commandes électroniques ou des ordinateurs qui peuvent également commander des dispositifs mécaniques dentraînement ou être liés à des robots. Sur les nouvelles machines, il arrive moins souvent quun opérateur soit obligé de sapprocher des zones dangereuses, et il sensuit que la sécurité dutilisation des machines devrait donc saméliorer. On constate cependant que ces machines doivent faire lobjet dune attention accrue de la part des ingénieurs et des installateurs. Il est donc essentiel quun programme de consignation/déconsignation convenable soit institué avant que ce type de travail soit effectué, en particulier dans les cas où la pleine protection par les dispositifs de sécurité de la machine elle-même ne peut pas être assurée. De plus, des systèmes dappoint ou durgence devraient être conçus en fonction des situations où la commande programmée fait défaut, quelle quen soit la raison, par exemple pendant une panne dalimentation électrique.
Il est important que les machines soient correctement disposées dans latelier et quelles soient chacune entourées dun espace de travail dégagé suffisant. Cela aide à maintenir lordre et la propreté des lieux. Les machines elles-mêmes devraient également être correctement entretenues et les dispositifs de sécurité vérifiés à intervalles réguliers.
Le bon entretien des locaux est essentiel et une attention particulière devrait être portée à la propreté des sols. Sils ne sont pas nettoyés fréquemment, ceux-ci peuvent être rapidement encrassés par de lhuile provenant des machines ou des granulés de plastique déversés. Il faudrait également prévoir des méthodes de travail permettant daccéder en toute sécurité aux zones situées au-dessus du niveau du sol.
On devrait aussi prévoir suffisamment despace pour lentreposage des matières premières et des produits finis; ces secteurs devraient être clairement indiqués.
Les plastiques sont de bons isolants électriques; cest pourquoi des charges délectricité statique peuvent saccumuler sur les machines où circulent des feuilles ou des films. Ces charges peuvent atteindre un potentiel assez élevé pour causer un accident sérieux ou agir comme source dinflammation. Des éliminateurs délectricité statique devraient être employés pour réduire ces charges et mettre correctement à la terre les pièces de métal.
De plus en plus, les déchets plastiques sont traités à laide de granulateurs et mélangés à de la matière neuve. Les granulateurs devraient être totalement fermés pour quil soit impossible datteindre les rotors par les orifices de décharge ou dalimentation. Les ouvertures dalimentation sur les grosses machines devraient être conçues de manière à interdire lentrée dun corps entier. Les rotors fonctionnent à grande vitesse et les couvercles ne devraient pas être enlevés tant que ceux-ci tournent. Si des dispositifs de sécurité sont installés, ils devraient empêcher tout contact avec les lames tant quelles ne sont pas à larrêt.
Les plastiques sont des matériaux combustibles, bien que les polymères nalimentent pas tous la combustion. Lorsquils sont réduits en fine poudre, beaucoup peuvent atteindre des concentrations explosives dans lair. Quand le risque est présent, les poudres devraient être confinées, de préférence dans un système fermé muni dun nombre suffisant dévents de sécurité souvrant à basse pression (environ 0,05 bar) face à un endroit sûr. Une propreté scrupuleuse est essentielle pour empêcher laccumulation de débris dans les salles de travail, débris qui peuvent être mis en suspension par une explosion primaire et causer une explosion secondaire.
Les polymères peuvent être sujets à une dégradation thermique et à une pyrolyse à des températures à peine supérieures aux températures de mise en uvre. Dans ces circonstances, une pression suffisante peut saccumuler à lintérieur du cylindre dune extrudeuse et éjecter du plastique en fusion ainsi que le bouchon de plastique solide ayant causé une obstruction initiale.
Cette industrie fait grand usage de liquides inflammables, par exemple dans les peintures, les adhésifs, les agents nettoyants, ainsi que dans la soudure au solvant. Les résines fibres de verre polyester émettent également des vapeurs de styrène inflammables. Il faut garder le moins possible de ces liquides en stock dans latelier et les entreposer dans un endroit sûr quand on ne sen sert pas. Les zones de stockage devraient comprendre des emplacements sûrs en plein air ou un magasin résistant au feu.
Les peroxydes utilisés dans la fabrication des plastiques renforcés de fibres de verre devraient être entreposés séparément des liquides inflammables et autres matières combustibles et ne pas être soumis à des températures élevées puisquils sont explosifs une fois chauffés.
Un certain nombre de risques sont associés à la plasturgie. Le plastique brut est rarement utilisé seul et des précautions doivent être prises relativement aux additifs utilisés dans les diverses préparations. Il sagit des savons au plomb dans le PVC et de certains colorants organiques ou à base de cadmium. Il existe un risque important de dermite causée par les liquides et les poudres, le plus souvent par des «produits réactifs» tels que les résines de phénol-formaldéhyde (avant la réticulation), les uréthanes et les résines de polyester insaturées utilisés dans la production des produits de verre-résine. On recommande le port des vêtements de protection.
Il est possible que des fumées soient produites par la dégradation thermique des polymères au cours du traitement à chaud. Des mesures de prévention technique peuvent réduire le problème. Il faut cependant sassurer que des produits de pyrolyse ne soient pas inhalés lors de certaines opérations dangereuses, par exemple au moment de la purge du cylindre de lextrudeuse. Une bonne ventilation par aspiration localisée peut être nécessaire. Il est déjà arrivé que des opérateurs aient suffoqué à cause de lacide chlorhydrique gazeux ou soient atteints de fièvre des polymères après le surchauffage du PVC et du polytétrafluoroéthylène (PTFE), respectivement. Le tableau 77.10 mentionne certains produits de décomposition des plastiques.
Dans de nombreux secteurs industriels, les plastiques sont soumis à des contraintes thermiques. Les températures vont de valeurs relativement basses lors de la mise en forme (par exemple, 150 à 250 °C) à des valeurs extrêmes (par exemple, soudage de tôles peintes ou de tuyaux enduits de plastique). Dans de tels cas, on se demande toujours si les produits volatils émis (provenant de la pyrolyse) atteignent des concentrations toxiques. Pour répondre à cette question, il faut d’abord déterminer quelles sont les substances émises et ensuite mesurer leurs concentrations. Alors que la deuxième étape est en principe faisable, il est en général impossible d’établir quels sont les produits de la pyrolyse sur le terrain. Le Berufsgenossenschaftliches Institut für Arbeitssicherheit (BIA) a étudié ce problème depuis des années et, au cours de nombreux essais en laboratoire, les produits de décomposition de plastiques ont été déterminés. Les résultats des essais portant sur chaque type de plastique ont été publiés (Lichtenstein et Quellmalz, 1984, 1986a, 1986b, 1986c). On trouvera ci-après un résumé des résultats obtenus jusqu’ici. Ce tableau est destiné à faciliter la tâche de tous ceux qui doivent mesurer la concentration de substances dangereuses sur les lieux de travail. Les produits de décomposition donnés pour chaque type de plastique peuvent servir de «constituants de référence». Cependant, on devra se rappeler que la pyrolyse peut produire des mélanges hautement complexes dont la composition dépend de nombreux facteurs. Ce tableau ne prétend donc pas être complet en ce qui concerne les produits de pyrolyse répertoriés comme constituants de référence (tous déterminés lors d’expériences en laboratoire). La présence d’autres substances présentant des risques potentiels pour la santé n’est pas à exclure. Il est pratiquement impossible de recenser toutes les substances produites. |
Plastique |
Abréviation |
Substances volatiles |
Polyoxyméthylène |
POM |
Formaldéhyde |
Résines époxy à base de bisphénol A |
Phénol |
|
Caoutchouc chloroprène |
CR |
Chloroprène(2-chlorobuta-1,3-diène), chlorure d’hydrogène |
Polystyrène |
PS |
Styrène |
Copolymère acrylonitrile-butadiène-styrène |
ABS |
Styrène, 1,3-butadiène, acrylonitrile |
Copolymère styrène-acrylonitrile |
SAN |
Acrylonitrile, styrène |
Polycarbonates |
PC |
Phénol |
Poly(chlorure de vinyle) |
PVC |
Chlorure d’hydrogène, plastifiants (souvent des esters de l’acide phtalique comme le phtalate de dioctyle ou de dibutyle) |
Polyamide 6 |
PA 6 |
ε-caprolactame |
Polyamide 66 |
PA 66 |
Cyclopentanone, hexaméthylènediamine |
Polyéthylène |
HDPE, LDPE |
Hydrocarbures aliphatiques insaturés, aldéhydes aliphatiques |
Polytétrafluoroéthylène |
PTFE |
Hydrocarbures perfluorés insaturés (par exemple, tétrafluoroéthylène, hexafluoropropène, octafluorobutène) |
Poly(méthacrylate de méthyle) |
PMMA |
Méthacrylate de méthyle |
Polyuréthane |
PUR |
Suivant le type, produits de décomposition très variables (par exemple, chlorofluorocarbure (CFC)1 en tant qu’agent moussant, éther et glycoléther, diisocyanates, cyanure d’hydrogène2, amines aromatiques, esters phosphoriques chlorés en tant qu’agents de protection contre les flammes) |
Polypropylène |
PP |
Hydrocarbures aliphatiques insaturés et saturés |
Polybutylènetéréphtalate (polyester) |
PBTP |
1,3-butadiène, benzène |
Polyacrylonitrile |
PAN |
Acrylonitrile, cyanure d’hydrogène2 |
Acétate de cellulose |
CA |
Acide acétique |
Norbert Lichtenstein
*Article publié par le Berufsgenossenschaftliches Institut für Arbeitssicherheit (BIA), 1997, reproduit avec autorisation.
1 N’est plus utilisé.2 N’a pas pu être détecté par la méthode analytique utilisée (couplage entre la chromatographie en phase gazeuse et la spectrométrie de masse (CG/SM), mais est connu dans la littérature.
Il existe également un danger dinhalation de vapeurs toxiques émanant de certaines résines thermodurcies. Linhalation des isocyanates utilisés avec les résines polyuréthane peut provoquer une pneumonie chimique et un asthme grave, et les personnes sensibilisées devraient changer de travail. Un problème semblable existe avec les résines de formaldéhyde. Dans ces deux exemples, une ventilation par aspiration localisée très efficace est nécessaire. Dans la fabrication des articles verre-résine, une quantité importante de styrène est dégagée et ce travail doit être effectué dans un atelier bien ventilé.
Certains dangers sont communs à plusieurs industries. Il sagit de lutilisation des solvants pour la dilution ou à des fins mentionnées précédemment. Des hydrocarbures chlorés sont couramment utilisés pour le nettoyage et le collage et, sans ventilation adéquate, certaines personnes pourraient souffrir de narcose.
Lélimination des déchets de plastiques par brûlage devrait être faite dans des conditions étroitement contrôlées. Par exemple, les PTFE et les uréthanes devraient être incinérés à un endroit où les fumées peuvent être évacuées en toute sécurité.
Lutilisation des granulateurs produit généralement une intensité de bruit très élevée qui peut fort bien mener à la perte de louïe chez les opérateurs et les personnes travaillant non loin deux. On peut éliminer ce danger en isolant cet équipement des autres postes de travail. Les niveaux de bruit devraient de préférence être réduits à la source. On y est parvenu en recouvrant les granulateurs de matériaux insonorisants et en installant des caissons absorbants autour de lorifice de remplissage. Les sons audibles produits par les machines de soudage par ultrasons accompagnant lémission normale dénergie ultrasonique sont également nocifs. Des enceintes peuvent être conçues pour étouffer le bruit perçu et devraient être verrouillées pour prévenir un danger mécanique. Comme norme minimale, les personnes travaillant dans un secteur très bruyant devraient porter un dispositif de protection de louïe et lentreprise devrait avoir un programme de prévention de la surdité comportant des tests audiométriques et une formation.
Les brûlures constituent aussi un danger. Certains additifs et catalyseurs utilisés dans la production et le traitement des plastiques sont fortement réactifs au contact de leau ou de lair et peuvent aisément causer des brûlures chimiques. Partout où lon manutentionne ou transporte des thermoplastiques en fusion, il y a danger déclaboussures par des produits chauds et de brûlure. Ces brûlures sont dautant plus graves que les thermoplastiques, comme la cire chaude, ont tendance à coller à la peau.
Les peroxydes organiques sont des irritants et peuvent causer la cécité en cas de projection dans lil. Une protection de lil appropriée devrait être portée.
Les biotechnologies sont lapplication des biosystèmes aux procédés techniques et industriels. Elles englobent à la fois les organismes traditionnels et transgéniques. Les biotechnologies traditionnelles sont le résultat de lhybridation classique, de la reproduction ou du croisement de divers organismes afin den créer de nouveaux. Ces techniques ancestrales sont employées depuis des siècles pour produire le pain, la bière, le fromage, le soja, le saké, les vitamines, les plantes hybrides et les antibiotiques. Plus récemment, des organismes ont été également utilisés pour traiter les eaux usées et les déchets toxiques industriels.
Les biotechnologies modernes combinent les principes de la chimie et des sciences biologiques (biologie moléculaire et cellulaire, génétique, immunologie) à des disciplines technologiques (ingénierie, informatique) pour produire des biens et des services et pour la gestion environnementale. Elles font appel aux enzymes de restriction pour transférer linformation génétique, lADN, dun organisme à des cellules vivantes extérieures. On réintroduit alors lADN composite dans des cellules hôtes pour déterminer si le trait désiré est exprimé. La cellule résultante sappelle un clone issu du génie génétique, recombinant ou organisme génétiquement modifié (OGM). Lindustrie «moderne» des biotechnologies est née dans les années soixante et un - soixante-cinq avec le décryptage du code génétique et elle a connu une croissance fulgurante depuis les premières expériences de clonage de lADN réussies en 1972.
Depuis le début des années soixante-dix, les scientifiques ont compris que le génie génétique est une technique extrêmement puissante et prometteuse, mais recelant des risques sérieux à ne pas ignorer. Dès 1974, ils ont exigé un moratoire mondial sur certains types dexpériences afin dévaluer les risques et de concevoir des lignes directrices appropriées pour éviter les dangers biologiques et écologiques (Committee on Recombinant DNA Molecules, Assembly of Life Sciences, National Research Council, National Academy of Sciences, 1974). Certaines des inquiétudes exprimées évoquaient la possibilité que des vecteurs qui se répandent puissent lancer un processus irréversible, susceptible de créer des problèmes beaucoup plus graves que ceux résultant de la multitude de recombinaisons génétiques qui se produisent spontanément dans la nature. On redoutait que des micro-organismes porteurs de gènes transplantés puissent savérer dangereux pour lêtre humain ou dautres formes de vie. Des dommages pourraient en résulter si la cellule hôte modifiée possède un avantage concurrentiel qui stimulerait sa survie dans une certaine niche de lécosystème (National Institutes of Health (NIH), 1976). On comprenait également fort bien que les techniciens de laboratoire joueraient le rôle dapprentis sorciers ou de «canaris dans une mine de charbon» et quil fallait tenter de les protéger, ainsi que lenvironnement, de dangers inconnus et sans doute graves.
Une conférence internationale sest tenue à Asilomar, en Californie, en février 1975. Son rapport contenait les premières lignes directrices consensuelles basées sur des stratégies biologiques et physiques de limitation des risques prévisibles de la nouvelle technologie. On a jugé que certaines expériences présentaient un danger tel que la conférence a recommandé quon évite de les entreprendre pour le moment (NIH, 1976). Les travaux suivants ont été à lorigine frappés dinterdiction:
Aux Etats-Unis, les premières lignes directrices (National Institutes of Health Guidelines (NIHG)) ont été publiées en 1976, remplaçant les directives dAsilomar. Ces NIHG ont permis deffectuer des recherches en classant les expériences selon le niveau de risque associé aux cellules hôtes, aux vecteurs qui transportent les gènes dans les cellules et aux inserts, permettant ou limitant de ce fait la conduite des expériences en fonction de lévaluation du risque. Le concept de base des NIHG assurer la protection des travailleurs, et, par extension, la sécurité de la collectivité demeure valide aujourdhui (NIH, 1996). Les NIHG sont mises à jour régulièrement et sont devenues une norme de pratique largement admise pour les biotechnologies aux Etats-Unis. Les institutions financées par des fonds fédéraux sont tenues de sy conformer. Elles font partie de la réglementation de nombreuses municipalités. Les NIHG ont servi de base à la législation dautres pays, y compris la Suisse (Swiss Interdisciplinary Committee for Biosafety in Research and Technology (SCBS), 1995) et le Japon (National Institute of Health, 1996).
Depuis 1976, les NIHG prennent également en compte des considérations relatives au confinement et à lapprobation de nouvelles technologies, notamment dans le cas des installations de production à grande échelle et des propositions de thérapies géniques basées sur des cellules somatiques végétales, animales ou humaines. Certaines des expériences à lorigine interdites sont maintenant permises sous réserve de lapprobation des Instituts nationaux de la santé (National Institutes of Health (NIH)) ou font lobjet de pratiques de confinement spécifiques.
En 1986, le Bureau de la politique scientifique et technologique (Office of Science and Technology Policy (OSTP)) a publié le document Coordinated Framework for Biotechnology Regulation qui portait sur des questions de fond en matière de politiques: les règlements existants étaient-ils suffisants pour évaluer les produits issus des nouvelles technologies? Les processus dexamen des projets de recherche étaient-ils suffisants pour protéger la population et lenvironnement? Les agences de réglementation et de recherches américaines (Agence de protection de lenvironnement (Environmental Protection Agency (EPA)), Administration fédérale de contrôle des denrées alimentaires et des produits pharmaceutiques (Food and Drug Administration (FDA)), Administration de la sécurité et de la santé au travail (Occupational Safety and Health Administration (OSHA)), Instituts nationaux de la santé (National Institutes of Health (NIH)), ministère de lAgriculture (Department of Agriculture (DA)) et Fondation nationale pour lavancement des sciences (National Science Foundation (NSF)) ont accepté de réglementer les produits, mais pas les procédés, et sont arrivés à un consensus selon lequel de nouveaux règlements spéciaux nétaient pas nécessaires pour protéger les travailleurs, la population ou lenvironnement. La politique a été établie pour gérer des programmes réglementaires de façon intégrée et coordonnée, en réduisant au minimum le chevauchement et en chargeant, dans la mesure du possible, une seule agence de lapprobation des produits. Les agences coordonneraient leurs efforts en adoptant des définitions uniformes et en utilisant des examens scientifiques (évaluations du risque) de rigueur comparable (OSHA, 1985; Office of Science and Technology Policy (OSTP), 1986).
Les NIHG et le Coordinated Framework for Biotechnology Regulation ont permis la tenue dun débat scientifique objectif et une participation assez large du public, ce qui a entraîné la transformation de lindustrie américaine des biotechnologies en une activité économique de plusieurs milliards de dollars. Avant 1970, on comptait moins de 100 compagnies engagées dans tous les aspects des biotechnologies modernes. En 1977, 125 autres se sont ajoutées; en 1983, 381 sociétés supplémentaires avaient porté le niveau des investissements privés à plus de 1 milliard de dollars. En 1994, lindustrie était forte de plus de 1 230 sociétés (Massachusetts Biotechnology Council Community Relations Committee, 1993), et la valeur boursière atteignait plus de 6 milliards de dollars.
En 1980, les sociétés de biotechnologie des Etats-Unis employaient environ 700 personnes. En 1994, quelque 1 300 sociétés comptaient plus de 100 000 employés (Massachusetts Biotechnology Council Community Relations Committee, 1993). De plus, tout un secteur dactivité gravite autour des biotechnologies et produit les fournitures (produits chimiques, substrats, lignées cellulaires), léquipement, linstrumentation et les services (banques de cellules, validation, étalonnage) nécessaires pour assurer lensemble de la recherche et de la production.
Dans le monde entier, la sécurité de la science et de ses produits inspire beaucoup dinquiétude et de scepticisme. Le Conseil des Communautés européennes (CCE) a élaboré des directives concernant la protection des travailleurs contre les risques liés à lexposition à des agents biologiques au travail (CCE, 1990a), et la dissémination volontaire dorganismes génétiquement modifiés dans lenvironnement. Cette dissémination inclut la mise en vente de produits faisant appel à des OGM (CCE, 1990b; Van Houten et Flemming, 1993). Des normes et des lignes directrices relatives aux produits biotechnologiques ont été adoptées par les organismes internationaux et multilatéraux comme lOrganisation mondiale de la santé (OMS), lOrganisation internationale de normalisation (ISO), le Conseil des Communautés européennes (CCE), lOrganisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture (FAO) et le Réseau de données relatives aux souches microbiennes (Microbial Strains Data Network (MSDN)) (OSTP, 1986).
Lindustrie moderne des biotechnologies peut être considérée comme constituée de quatre secteurs industriels principaux, dont chacun possède des laboratoires et poursuit des travaux de recherche-développement (R-D) clinique ou sur le terrain, soutenant la production effective de biens et services:
Nom |
Organisme hôte |
Utilisations |
Acetobacter aceti |
Bactérie aérobie |
Fait fermenter les fruits |
Aspirgillus niger |
Champignon asexué |
Dégrade la matière organique |
Aspirgillus oryzae |
Champignon asexué |
Utilisé pour la production de miso, de sauce soja et de saké |
Bacillis licheniformis |
Bactérie |
Produits chimiques et enzymes industriels |
Bacillis subtilis |
Bactérie |
Produits chimiques, enzymes, source de protéines d’organismes unicellulaires destinées à la consommation humaine en Asie |
Cellules ovariennes de hamster chinois (CHO)* |
Culture de cellules de mammifères |
Production de produits biopharmaceutiques |
Clostridium acetobutylicum |
Bactérie |
Production de butanol, d’acétone |
Escherichia coli K-12* |
Souche bactérienne |
Clonage pour la fermentation, la production de produits pharmaceutiques et biologiques |
Penicillium roqueforti |
Champignon asexué |
Production de fromages bleus |
Saccharomyces cerevisiae* |
Levure |
Clonage pour la production de bière |
Saccharomyces uvarum* |
Levure |
Clonage pour la production de boissons alcoolisées et d’alcool industriel |
* Important dans les biotechnologies modernes.
Les biotechnologies commencent dans le laboratoire de recherches; il sagit dune science multidisciplinaire. Les spécialistes de la biologie moléculaire et cellulaire, les immunologistes, les généticiens, les chimistes des protéines et des peptides, les biochimistes et les ingénieurs spécialisés en biochimie sont les plus directement exposés aux dangers réels et potentiels de la technologie de lADN recombinant (ADNr). Dautres travailleurs peuvent être exposés moins directement aux dangers biologiques de lADNr: le personnel de service et de soutien logistique, par exemple, les techniciens en ventilation et en réfrigération, les fournisseurs de prestations détalonnage et le personnel chargé de lentretien. Dans une enquête portant sur les praticiens en sécurité et en santé dans lindustrie, on a constaté que les travailleurs directement et indirectement exposés représentaient environ 30 à 40% de la main-duvre totale des sociétés commerciales typiques de ce secteur (Lee et Ryan, 1996). La recherche en biotechnologie nest pas limitée à l«industrie»; les universités, les hôpitaux et les institutions gouvernementales en font également.
Les personnes qui travaillent dans les laboratoires de biotechnologie sont exposées à une multitude de risques et de produits chimiques toxiques, aux dangers biologiques des recombinants, des non-recombinants ou des organismes «sauvages», aux agents pathogènes présents dans le sang humain, aux zoonoses ainsi quaux matières radioactives employées dans les expériences de marquage. En outre, les troubles musculo-squelettiques et les microtraumatismes répétés sont de plus en plus reconnus comme des dangers auxquels est exposé le personnel chargé des recherches en raison de la grande utilisation quil fait des ordinateurs et des micropipettes manuelles.
Les opérateurs du secteur de la fabrication des produits biotechnologiques sont également exposés à des produits chimiques dangereux, mais en moins grand nombre que dans un cadre expérimental. Selon le produit et le procédé, une exposition aux radionucléides est possible lors de la fabrication. Même au niveau de biorisque le plus faible, les procédés de fabrication biotechnologique sont des systèmes fermés et le risque dexposition aux cultures recombinantes est faible, sauf en cas daccident. Dans les installations de production biomédicales, lapplication de bonnes pratiques de fabrication à jour complète les directives relatives à la biosécurité pour protéger les travailleurs au niveau de lusine. Les principaux dangers auxquels sont exposés les travailleurs qui appliquent les bonnes pratiques dans le cas dactivités à grande échelle avec des organismes recombinants non dangereux sont les traumatismes musculo-squelettiques (par exemple, les entorses dorso-lombaires et les dorsalgies), les brûlures thermiques causées par les conduites de vapeur et les brûlures chimiques causées par les acides et les bases (acide phosphorique, hydroxydes de sodium et de potassium) utilisés dans le procédé.
Les travailleurs du secteur de la santé, notamment les techniciens de laboratoires cliniques, sont exposés aux vecteurs de thérapie génique, aux excreta et aux spécimens de laboratoire pendant ladministration des médicaments et les soins aux patients qui participent à ces expériences. Les employés dentretien peuvent également être exposés. La protection du personnel et de lenvironnement sont deux points expérimentaux à traiter obligatoirement au moment de déposer une demande dautorisation aux NIH pour les expériences de thérapie génique chez des humains (NIH, 1996).
Les travailleurs agricoles peuvent être très exposés aux produits, plantes ou animaux recombinants pendant lépandage de pesticides, la plantation, la récolte et le traitement. Indépendamment du biorisque lié à lexposition aux plantes et aux animaux transformés génétiquement, les dangers physiques traditionnels liés à lutilisation déquipements agricoles et à lélevage sont également présents. Des moyens de prévention technique, des équipements de protection individuelle, la formation et la surveillance médicale sont mis en uvre en fonction des risques prévus (Legaspi et Zenz, 1994; Pratt et May, 1994). Les équipements de protection individuelle, comprenant combinaisons, appareils de protection respiratoire, gants de travail, lunettes ou hottes, sont importants pour la sécurité du personnel pendant lapplication, la croissance et la récolte des plantes ou des édaphons génétiquement modifiés.
Les cellules ou organismes employés dans les biotechnologies appliquées au secteur biomédical, qui sont modifiés pour donner les produits souhaités, sont cultivés dans des bioréacteurs de mono-culture. Dans la culture de cellules de mammifères, la protéine est sécrétée à partir des cellules dans le milieu nutritif environnant, et diverses méthodes de séparation chimique (chromatographie dexclusion stérique ou daffinité, électrophorèse) peuvent être employées pour séparer et purifier le produit. Dans le cas où Escherichia coli sert dhôte pour des fermentations, la substance recherchée est produite à lintérieur de la membrane cellulaire qui doit être physiquement rompue pour que la récolte soit possible. Ce procédé présente un danger potentiel dexposition aux endotoxines. On ajoute souvent des antibiotiques aux milieux de production pour améliorer la production du produit souhaité ou pour maintenir une pression sélective sur des éléments génétiques autrement instables (plasmides). Certaines personnes peuvent présenter une sensibilité allergique à ces produits. En général, il existe des risques dexposition à des aérosols.
Des fuites et des émissions daérosols sont prévisibles et lexposition potentielle peut être limitée de plusieurs manières. Il est nécessaire de pénétrer dans les cuves des réacteurs pour fournir les nutriments et loxygène, pour laisser séchapper le dioxyde de carbone (CO2) et pour surveiller et commander le système. Chaque introduction doit être étanche ou filtrée (0,2 micron) pour que la culture ne soit pas contaminée. La filtration des gaz sen échappant protège également les travailleurs et lenvironnement dans la zone de travail contre des aérosols produits pendant la culture ou la fermentation. Selon le biorisque potentiel du système, linactivation biologique validée des effluents liquides (habituellement par la chaleur, la vapeur ou des méthodes chimiques) est une pratique standard. Dautres dangers potentiels liés à la fabrication biotechnologique sont analogues à ceux des autres industries: le bruit, les dispositifs mécaniques, les brûlures par la vapeur ou la chaleur, le contact avec des produits corrosifs, etc.
Les enzymes et la fermentation industrielle sont traités ailleurs dans la présente Encyclopédie , en particulier au chapitre no 67, «Lindustrie alimentaire», de même que les procédés, dangers et mesures préventives qui sont semblables pour les systèmes de production faisant appel au génie génétique.
Lagriculture traditionnelle dépend du développement de souches à partir de croisements traditionnels entre plantes despèces apparentées. Le grand avantage de la modification génétique des plantes vient du fait que lintervalle entre générations et le nombre de croisements requis pour obtenir le trait désiré est considérablement réduit. Le recours, impopulaire pour le moment, aux pesticides et aux engrais chimiques (qui contribuent à la pollution par les eaux de ruissellement) favorise lémergence dune technologie qui rendra leur épandage inutile.
La biotechnologie des plantes consiste à choisir une espèce génétiquement flexible ou de valeur économique importante pour la modifier. Puisque les cellules des plantes ont des parois cellulosiques résistantes, les méthodes employées pour transférer lADN dans des cellules végétales diffèrent de celles utilisées pour des bactéries et des lignées de cellules de mammifères dans le secteur biomédical. Il existe deux méthodes principales pour introduire lADN modifié étranger dans des cellules végétales (Watrud, Metz et Fishoff, 1996):
Agrobacterium tumefaciens de type sauvage est un pathogène naturel des plantes qui cause des tumeurs de la gale du collet chez les plantes atteintes. Ces souches désactivées et modifiées qui servent de vecteur ne causent pas la formation de tumeurs sur les végétaux.
Après transformation par lune ou lautre méthode, les cellules des plantes sont diluées, ensemencées et cultivées sur un milieu sélectif de culture tissulaire donné pendant une période relativement longue (comparativement aux taux de croissance des bactéries) dans des chambres de croissance ou des incubateurs. Les plantes régénérées à partir du tissu traité sont mises en terre dans des chambres fermées où elles poursuivent leur croissance. Une fois quelles ont atteint un certain âge, on les examine pour voir si elles possèdent les traits désirés et on les cultive ensuite en serre. Plusieurs générations dexpériences en serre sont nécessaires pour évaluer la stabilité génétique du trait désiré et pour produire des réserves suffisantes de semences avant de procéder à des études plus approfondies. A ce stade des travaux, on collecte également des données relatives à limpact sur lenvironnement qui sont soumises avec propositions aux organismes de réglementation pour approbation des essais sur le terrain.
Les NIHG (NIH, 1996) décrivent une approche systématique pour empêcher à la fois lexposition des travailleurs et la libération dans lenvironnement dorganismes recombinants. Chaque établissement (par exemple, les universités, les hôpitaux ou les laboratoires commerciaux) doit sassurer que ses recherches sur lADNr sont effectuées sans danger et conformément aux NIHG. Pour ce faire, un système administratif définit les responsabilités et exige que des évaluations complètes des risques soient effectuées par des scientifiques bien informés et des agents de biosécurité; lexposition est limitée, des programmes de surveillance médicale sont mis sur pied et lintervention durgence est planifiée. Un comité institutionnel de biosécurité (Institutional Biosafety Committee) établit les mécanismes pour lexamen et lapprobation des expériences au sein de létablissement. Dans certains cas, lapprobation du Comité consultatif des NIH lui-même concernant lADNr (NIH Recombinant Advisory Committee (RAC)) est exigée.
Le degré de contrôle dépend de la gravité du risque défini par les désignations de niveau de biosécurité (Biosafety Level (BL) qui vont de 1 à 4; le niveau BL1 étant le moins restrictif et le niveau BL4, le plus restrictif. Des lignes directrices relatives au confinement sont données pour la recherche, la R-D à grande échelle (plus de 10 litres de culture), la production à grande échelle et les expériences portant sur les animaux et les plantes, à petite ou à grande échelle.
Lannexe G des NIHG (NIH, 1996) décrit les mesures de confinement physique à léchelle du laboratoire. Le niveau BL1 convient au travail avec des agents présentant un danger potentiel inconnu ou minime pour le personnel de laboratoire ou lenvironnement. Le laboratoire nest pas à lécart de la circulation générale dans le bâtiment. Le travail est effectué sur un plan de travail ouvert. Aucun dispositif spécial de confinement nest exigé ou utilisé. Le personnel de laboratoire connaît les procédures de travail et est supervisé par un scientifique possédant une formation générale en microbiologie ou dans une science connexe.
Le niveau BL2 convient au travail avec des agents présentant un danger potentiel modéré pour le personnel et lenvironnement. Laccès au laboratoire est limité quand le travail est en cours; les travailleurs ont été formés à la manutention des agents pathogènes et sont dirigés par des scientifiques compétents. Le travail qui donne lieu à la formation daérosols est effectué dans des postes de sécurité microbiologique ou dautres dispositifs de confinement. Ce travail peut exiger une surveillance médicale ou une vaccination si le comité institutionnel de biosécurité le juge nécessaire.
Le niveau BL3 sapplique au travail en présence dagents indigènes ou exotiques qui peuvent causer des maladies graves ou potentiellement mortelles résultant de lexposition par inhalation. Le personnel possède une formation spécialisée et il est supervisé par des scientifiques compétents ayant de lexpérience dans le domaine de la manutention de ces agents dangereux. Toutes les manipulations sont effectuées sous confinement exigeant des moyens spéciaux de prévention technique et le port déquipements de protection individuelle.
Le niveau BL4 est réservé aux agents les plus dangereux et les plus exotiques qui présentent des risques élevés de maladie potentiellement mortelle pour un individu ou une communauté. Il existe peu de laboratoires BL4 dans le monde.
Lannexe K traite du confinement physique des activités de recherche ou de production dun volume supérieur à 10 litres (grande échelle). Comme dans le cas des directives applicables aux activités à petite échelle, les exigences relatives au confinement sont hiérarchisées du risque le plus bas au plus élevé, cest-à-dire de GLSP (good large-scale practice) à BL3-large-scale (BL3-LS).
Lannexe P des NIHG traite du travail avec les plantes au niveau de la paillasse, de la chambre de croissance et de la serre. Dans lintroduction, on note que «le but principal du confinement des plantes est déviter la transmission involontaire du génome dune plante renfermant de lADN recombinant, y compris du matériel héréditaire du noyau ou des organites, ou la libération dorganismes issus dADN recombinant associé à ces plantes. En général, ces organismes ne constituent pas une menace pour la santé humaine ou celle des animaux supérieurs, à moins quils naient été délibérément modifiés dans ce but. Cependant, la propagation dun agent pathogène dangereux à partir dune serre à une culture locale ou lintroduction involontaire et létablissement dun organisme dans un nouvel écosystème sont possibles» (NIH, 1996). Aux Etats-Unis, lEPA et le Service dinspection sanitaire des animaux et des plantes du ministère de lAgriculture (Animal and Plant Health Inspection Service (APHIS) sont conjointement responsables de lévaluation du risque et de la révision des données produites avant daccorder leur approbation à des essais sur le terrain (EPA, 1996; Foudin et Gay, 1995). Des questions telles que la persistance et la propagation dans leau, lair et le sol, par les insectes et les animaux, la présence voisine dautres cultures semblables, la stabilité environnementale (sensibilité au gel ou à la chaleur) et la concurrence avec lespèce indigène sont dabord évaluées, souvent en serre (Liberman et coll., 1996).
Les niveaux de confinement des plantes pour les installations et les pratiques sétendent également du niveau BL1 à BL4. Les expériences BL1 typiques concernent le clonage autologue. Le BL2 peut faire intervenir le transfert de traits à partir dun agent pathogène vers une plante hôte. Le BL3 pourrait faire intervenir lexpression de toxines ou dagents dangereux pour lenvironnement. La protection des travailleurs aux divers niveaux est obtenue grâce à des équipements de protection individuelle et à des moyens de prévention technique consistant, par exemple, à équiper les serres et les bâtiments dune circulation dair dirigée et de filtres à particules à haute efficacité (HEPA) pour empêcher la dissémination de pollens. Selon le risque, la protection de lenvironnement et de la collectivité contre les agents potentiellement dangereux peut être réalisée par des techniques biologiques, notamment grâce à un trait de sensibilité à la température ou aux médicaments ou encore grâce à des besoins nutritifs absents dans la nature.
On sattendait que les NIHG nécessiteraient dêtre revues au fur et à mesure du progrès des connaissances scientifiques et des techniques. Depuis vingt ans, le Comité consultatif des NIH concernant lADNr sest réuni pour étudier et approuver des propositions de changements. Par exemple, les NIHG nimposent plus linterdiction générale de disséminer délibérément des organismes génétiquement modifiés; les essais sur le terrain des produits agricoles et les expériences de thérapie génique sur les humains sont permis dans des circonstances appropriées et après évaluation du risque. Un amendement très important a été apporté aux NIHG, à savoir la création de la catégorie de confinement GLSP. Il visait à abaisser les exigences relatives au confinement des souches recombinantes non pathogènes et non toxicogènes issues des organismes hôtes utilisés depuis longtemps sans danger à grande échelle, ou qui possèdent des limites environnementales incorporées permettant une croissance optimale à grande échelle, mais une survie limitée sans conséquences néfastes pour lenvironnement (NIH, 1991). Ce mécanisme a permis à la technologie de progresser tout en tenant compte des exigences en matière de sécurité.
En avril 1990, la Communauté européenne (CE) a adopté deux directives concernant lutilisation limitée et la libération délibérée dans lenvironnement dorganismes génétiquement modifiés (CCE, 1990a, 1990b). Les deux directives exigent que les Etats membres sassurent que toutes les mesures appropriées sont prises pour éviter des effets néfastes pour la santé humaine ou lenvironnement, en particulier en obligeant lutilisateur à évaluer au préalable tous les risques pertinents. En Allemagne, la loi sur la technologie génétique (Gentechnikgesetz) a été adoptée en 1990, en partie pour répondre aux directives de la CE, mais aussi en réaction à une demande dautorisation légale pour la construction dune installation expérimentale de la production dinsuline recombinante (Reutsch et Broderick, 1996). En Suisse, la réglementation est basée sur les NIHG américaines, les directives du Conseil de la CE et la loi allemande sur la technologie génétique. Ce pays (qui ne fait pas partie de lUnion européenne (UE)) exige lenregistrement annuel et la communication de rapports périodiques sur les expériences. En général, les normes sur lADNr sont plus restrictives en Europe quaux Etats-Unis, ce qui a amené beaucoup de sociétés pharmaceutiques européennes à délocaliser leurs recherches à létranger. Cependant, la réglementation suisse autorise une catégorie de sécurité de niveau 4 à grande échelle, contrairement aux NIHG (SCBS, 1995).
Les produits biologiques et pharmaceutiques qui ont été produits avec succès au moyen des biotechnologies faisant appel à lADN recombinant sont, entre autres: linsuline humaine; lhormone de croissance humaine; les vaccins contre lhépatite; linterféron alpha; linterféron bêta; linterféron gamma; le facteur stimulant les colonies de granulocytes; lactivateur de plasminogène tissulaire; le facteur stimulant les colonies de macrophages de granulocytes; linterleukine 2 (IL2); lérythropoïétine; le Crymax (produit insecticide pour la destruction des chenilles dans les légumes); les cultures viticoles et de noix; la tomate Flavr Savr (TM); la Chymogen (enzyme servant à produire le fromage); lATIII (antithrombine III), dérivé du lait de chèvre transgénique employé pour empêcher la formation de caillots de sang en chirurgie; la somatotropine bovine (BST) et la somatotropine porcine (PST) stimulant la production de lait et de viande.
Il existe cinq risques principaux pour la santé découlant de lexposition aux micro-organismes ou à leurs produits dans les biotechnologies industrielles:
Linfection est peu probable puisque ce sont des organismes non pathogènes qui sont employés dans la plupart des procédés industriels. Cependant, il est possible que des micro-organismes considérés comme inoffensifs, comme Pseudomonas et Aspergillus , puissent causer une infection chez des sujets immunodéprimés (Bennett, 1990). Lexposition aux endotoxines qui sont des constituants de la couche de lipopolysaccharide de la paroi cellulaire de toutes les bactéries Gram négatif, à des concentrations dépassant 300 ng/m3, cause un état grippal passager (Balzer, 1994). Les travailleurs de nombreuses branches, y compris lagriculture traditionnelle et les biotechnologies, ont éprouvé les effets de lexposition à une endotoxine. Les réactions allergiques aux micro-organismes ou au produit surviennent également dans nombre dindustries. Des cas dasthme professionnel ont été diagnostiqués dans le secteur des biotechnologies appliquées à un éventail de micro-organismes et de produits, notamment Aspergillus niger, Penicillium et des protéases; dans certaines entreprises, on a noté des cas chez plus de 12% du personnel. Les réactions toxiques peuvent être aussi diverses que les organismes et les produits. On a montré que lexposition aux antibiotiques modifie la flore microbienne intestinale. On sait également que certains champignons peuvent produire des toxines et des agents cancérogènes dans des conditions de croissance données (Bennett, 1990).
Pour donner suite aux inquiétudes suscitées par le fait que les travailleurs seraient les premières victimes des effets néfastes potentiels sur la santé de cette nouvelle technologie, la surveillance médicale de ceux qui travaillent avec lADNr fait partie des NIHG depuis le début. Les comités institutionnels de biosécurité, en coordination avec les médecins du travail, sont chargés de déterminer, pour chaque projet, quelle surveillance médicale est nécessaire. Selon lagent en cause, la nature du danger biologique, les voies dexposition potentielles et la disponibilité des vaccins, les éléments du programme de surveillance médicale pourraient inclure des examens médicaux avant lembauche et un suivi périodique, des vaccins ainsi que des tests spécifiques de dépistage des allergies et des maladies, des analyses sériques préexposition et des enquêtes épidémiologiques.
Bennett (1990) pense quil est peu probable que les micro-organismes génétiquement modifiés présentent un risque dinfection ou dallergie plus élevé que les organismes originaux, mais un produit nouveau ou lADNr pourraient présenter un risque supplémentaire. Dans un rapport, on note que lexpression dun allergène de la noix du Brésil chez le soja transgénique peut avoir des effets inattendus sur la santé des travailleurs et des consommateurs (Nordlee et coll., 1996). Dautres dangers pourraient résulter de lutilisation de lignées de cellules animales porteuses doncogènes ou de virus inconnus ou non détectés potentiellement nocifs pour les êtres humains.
Il importe de noter que les craintes précocement exprimées au sujet de la création despèces mutantes dangereuses du point de vue génétique ou de supertoxines nétaient pas fondées. LOrganisation mondiale de la santé (OMS) a constaté que les biotechnologies ne présentent pas de risques différents par rapport aux autres industries de traitement (Miller, 1983) et, selon Liberman, Ducatman et Fink (1990), on saccorde actuellement pour dire que les risques supposés liés à lADNr étaient exagérés au début et que les dangers associés à ce type de recherche sont analogues à ceux que présentent lorganisme, le vecteur, lADN, les solvants et lappareillage. Ils concluent quil est inévitable que des organismes modifiés présentent certains dangers; cependant, il est possible dadopter des mesures de confinement pour réduire lexposition au minimum.
Il est très difficile de trouver des expositions professionnelles spécifiques des biotechnologies. Ce quil est convenu dappeler les biotechnologies ne constituent pas une industrie distincte appartenant à un groupe de la Classification type des branches dactivité (Standard Industrial Classification (SIC)); il sagit plutôt de procédés ou dune série doutils ayant de nombreuses applications industrielles. En conséquence, quand des accidents et des expositions sont rapportés, les données concernant des travailleurs des biotechnologies sont incluses dans celles qui portent sur tous les autres cas se produisant dans le secteur industriel hôte (par exemple, agriculture, industrie pharmaceutique ou soins de santé). En outre, une partie des incidents et accidents de laboratoire ne sont pas déclarés.
Peu de maladies spécifiquement liées à lADN génétiquement modifié ont été rapportées; cependant, elles ne sont pas inconnues. Au moins un cas dinfection locale et de séroconversion a été déclaré par un travailleur ayant été piqué par une aiguille contaminée par un vecteur de vaccin recombinant (Openshaw et coll., 1991).
Les années quatre-vingt ont marqué lapparition des premiers produits des biotechnologies aux Etats-Unis et en Europe. Lutilisation de linsuline issue du génie génétique a été approuvée en 1982, de même quun vaccin contre la diarrhée porcine (Sattelle, 1990). On a montré que la somatotropine bovine (BST) recombinante augmentait la production laitière des vaches et le poids du cheptel bovin. Des inquiétudes ont été soulevées au sujet de la santé publique et de linnocuité du produit, ainsi quau sujet de ladéquation de la réglementation pour tous les secteurs possibles de commercialisation de ces produits. Les NIHG protègent les travailleurs et lenvironnement aux stades de la recherche et du développement. Linnocuité du produit et son efficacité ne relèvent pas des lignes directrices. Aux Etats-Unis, dans le cadre du Coordinated Framework for Biotechnology Regulation, les risques potentiels des produits des biotechnologies sont évalués par lorganisme le plus approprié (FDA, EPA ou DA).
Le débat sur la sécurité du génie génétique et des produits des biotechnologies se poursuit (Thomas et Myers, 1993), particulièrement en ce qui concerne les applications agricoles et les aliments destinés à la consommation humaine. Dans certaines régions, les consommateurs exigent que les fruits et légumes frais soient marqués différemment selon quils sont issus dhybrides traditionnels ou dérivés des biotechnologies. Par ailleurs, il est des fabricants de produits laitiers qui refusent dutiliser le lait des vaches recevant de la BST. Cette hormone est interdite dans quelques pays (par exemple, en Suisse). La FDA a jugé que les produits sont sûrs, mais certains aspects économiques et sociaux pourraient être inacceptables aux yeux du public. La BST peut effectivement désavantager les petites exploitations agricoles dont la plupart sont des entreprises familiales. Contrairement à ce qui se passe dans le cas des applications médicales, où il peut fort bien nexister aucune autre solution en dehors du traitement obtenu par génie génétique, quand les aliments traditionnels sont disponibles en abondance, le public est en faveur de lhybridation traditionnelle plutôt que des aliments recombinants. Cependant, dans un environnement hostile, et compte tenu de la pénurie alimentaire actuelle dans le monde, les attitudes pourraient changer.
Les récentes applications de la technologie à la santé humaine et aux maladies héréditaires ont ravivé les inquiétudes et suscité de nouvelles questions éthiques et sociales. Le Projet sur le génome humain (Human Genome Project), qui a démarré au début des années quatre-vingt, a pour ambition de dresser une carte physique et génétique du matériel génétique humain. Cette carte fournira aux chercheurs linformation nécessaire pour comparer une expression génétique «saine» ou «normale» à une expression «morbide», qui permettra de mieux expliquer, prévoir et indiquer des pistes de traitement des défauts génétiques de base. Les technologies du génome humain ont produit de nouveaux tests de diagnostic pour la maladie de Huntington, la mucoviscidose et les cancers du sein et du côlon. On sattend que la thérapie génique somatique humaine corrige les maladies héréditaires ou améliore leur pronostic. La lecture dempreintes génétiques par cartographie polymorphique de fragment de restriction du matériel génétique est admise en tant quélément de preuve judiciaire dans les cas de viol, denlèvement et dhomicide. Elle peut être employée pour prouver (ou, techniquement parlant, réfuter) la paternité. Elle peut également être utilisée dans des secteurs prêtant davantage à controverse, par exemple pour évaluer les risques dapparition de cancer et de cardiopathies aux fins dassurance et de traitement préventif, comme preuve devant les tribunaux jugeant des crimes de guerre ou encore comme «plaque didentité» génétique pour les militaires.
Bien que techniquement réalisable, le travail sur les lignées germinales humaines (transmissibles de génération en génération) na pas été soumis pour approbation aux Etats-Unis en raison de sérieuses réserves de nature sociale et éthique. Cependant, des consultations publiques sont prévues afin que soit rouvert le débat sur la thérapie portant sur les lignées germinales humaines et la stimulation de traits désirables nayant pas de rapport avec les maladies.
En plus des questions sociales, déthique et de sécurité, les théories juridiques au sujet de la propriété des gènes et de lADN et de la responsabilité relative à leur usage ou à leur mauvaise utilisation évoluent encore.
Les conséquences à long terme de la libération dans lenvironnement des divers agents doivent être surveillées. De nouvelles questions relatives au confinement biologique et aux choix des hôtes surgiront dans le cas des travaux soigneusement et convenablement surveillés en laboratoire, mais dont on ne connaît pas toutes les possibilités environnementales. Les pays en développement, où lexpertise scientifique et les organismes de contrôle peuvent ne pas exister, pourraient ne pas vouloir ou pouvoir effectuer lévaluation du risque pour leur environnement particulier. Il pourrait en résulter des restrictions inutiles ou une politique imprudente de «porte ouverte» qui, dans les deux cas, compromettraient le bien-être à long terme de ces pays (Ho, 1996).
De plus, il importe de faire preuve de prudence quand des agents agricoles transgéniques sont introduits dans un nouvel environnement où le gel ou dautres contraintes de confinement naturelles nexistent pas. Pourrait-il se produire des croisements dans la nature entre des populations indigènes ou des échangeurs naturels dinformation génétique et les agents recombinants, avec comme résultat le transfert des traits transgéniques? Ces traits seraient-ils nocifs chez dautres agents? Quel en serait leffet sur les personnes administrant le traitement? Les réactions immunitaires en limiteraient-elles la propagation? Les agents transgéniques vivants sont-ils capables de traverser les barrières interespèces? Survivent-ils dans les déserts, les montagnes, les plaines et les villes?
Aux Etats-Unis, les biotechnologies se sont développées sous la gouverne de recommandations consensuelles et de la réglementation locale depuis le début des années soixante-dix. Un examen attentif na permis de découvrir aucun trait inattendu et incontrôlable exprimé par un organisme recombinant. Il sagit dune technique utile, sans laquelle beaucoup de progrès de la médecine basés sur des protéines thérapeutiques naturelles nauraient pas été possibles. Dans de nombreux pays développés, les biotechnologies constituent une force économique importante et toute une industrie est née autour de la révolution des biotechnologies.
Les problèmes dordre médical touchant les travailleurs du domaine des biotechnologies sont liés aux risques que présentent lhôte, le vecteur et lADN, ainsi que les opérations physiques. Jusquici, on a pu prévenir les maladies professionnelles par des moyens techniques, de bonnes pratiques de travail, des vaccins et le confinement biologique spécifiques au risque évalué au cas par cas. De plus, une structure administrative permet de réaliser des évaluations prospectives des risques de chaque nouveau protocole expérimental. Pour que cette expérience positive en matière de sécurité continue après la libération dagents viables dans lenvironnement, il faudra continuer à évaluer sans cesse les risques: persistance, propagation, échangeurs naturels, caractéristiques de la cellule hôte, particularités de la gamme dhôtes pour les agents de transfert utilisés, nature du gène inséré, etc. Ces facteurs doivent être pris en compte pour tous les environnements et espèces susceptibles dêtre touchés de manière à ce que les surprises que la nature nous réserve souvent soient limitées.
* Adapté de la 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational Health and Safety.
On peut définir lindustrie pyrotechnique comme la fabrication darticles pyrotechniques (feux dartifice) pour le divertissement, pour les utilisations techniques et militaires dans la signalisation et lillumination, pour lusage comme pesticide et à dautres fins. Ces articles contiennent des substances pyrotechniques faites de poudres ou de pâtes qui sont formées, compactées ou comprimées au besoin. Quand ils sont enflammés, lénergie quils contiennent est libérée pour produire les effets recherchés tels que lillumination, la détonation, le sifflement, un bruit perçant, la formation de fumée ou de braises, la propulsion, linflammation, lamorçage, le tir ou la désintégration. La substance pyrotechnique la plus importante est encore la poudre noire (poudre composée de charbon de bois, de soufre et de nitrate de potassium), qui peut être employée en vrac pour la détonation, être compactée pour la propulsion ou le tir, ou être tamponnée à laide de charbon de bois comme amorce.
Les matières premières utilisées dans la fabrication dartifices doivent être très pures, exemptes de toute impureté mécanique et (surtout) dingrédients acides. Cette exigence sapplique également aux matières auxiliaires telles que le papier, le carton et la colle. Le tableau 77.12 présente une liste des matières premières les plus communément utilisées pour la production de produits pyrotechniques.
Produits |
Matières premières |
Explosifs |
Nitrocellulose (laine de collodion), fulminate d’argent, poudre noire (charbon de bois, soufre et nitrate de potassium) |
Matières combustibles |
Résine acaroïde, dextrine, acide gallique, gomme arabique, bois, charbon de bois, colophane, lactose, poly(chlorure de vinyle) (PVC), vernis à la gomme laque, méthylcellulose, sulfure d’antimoine, aluminium, magnésium, silicium, zinc, phosphore, soufre |
Matières comburantes |
Chlorate de potassium, chlorate de baryum, perchlorate de potassium, nitrate de baryum, nitrate de potassium, nitrate de sodium, nitrate de strontium, peroxyde de baryum, dioxyde de plomb, oxyde de chrome |
Matières pour la coloration de flammes |
Carbonate de baryum (vert), cryolithe (jaune), cuivre, sulfate d’ammonium (bleu), oxalate de sodium (jaune), carbonate de cuivre (bleu), acétoarsénite de cuivre (bleu), carbonate de strontium (rouge), oxalate de strontium (rouge). Des colorants sont utilisés pour produire des fumées colorées et le chlorure d’ammonium pour produire de la fumée blanche |
Matières inertes |
Tristéarate de glycéryle, paraffine, terre à diatomées, chaux, craie |
Après avoir été séchées, broyées et tamisées, les matières premières sont pesées et mélangées dans un bâtiment spécial. Autrefois, elles étaient toujours mélangées à la main, mais dans les usines modernes, des mélangeurs mécaniques sont souvent employés. Après le mélangeage, les substances doivent être stockées dans des entrepôts spéciaux pour éviter leur accumulation dans les ateliers. On ne doit conserver sur les lieux de stockage que les quantités nécessaires pour les opérations en cours.
Lenveloppe des articles pyrotechniques peut être en papier, en carton, en matériau synthétique ou en métal. La méthode demballage varie. Par exemple, dans le cas dune détonation, la composition est versée en vrac dans un contenant fermé hermétiquement, tandis que pour la propulsion, lillumination ou la production de bruits stridents ou de sifflements, elle est versée dans létui, puis compactée ou comprimée et enfermée hermétiquement. Le compactage ou la compression étaient jadis faits à coups de maillet sur un outil de tassement en bois, mais cette méthode est rarement utilisée dans les installations modernes; on la remplacée par lutilisation de presses hydrauliques ou de pastilleuses. Les presses hydrauliques permettent de comprimer la composition simultanément dans plusieurs contenants.
Les substances dillumination sont souvent façonnées en forme détoiles quand elles sont humides; celles-ci sont alors séchées et mises dans les étuis pour fusées, bombes, etc. Les substances préparées par voie humide doivent être bien séchées, sinon elles pourraient senflammer spontanément.
De nombreuses substances pyrotechniques étant difficiles à enflammer lorsquelles sont comprimées, ces articles sont additionnés dun intermédiaire ou dune amorce qui assure linflammation; le boîtier est alors scellé. Larticle est mis à feu de lextérieur par un cordeau détonant, une fusée, un grattoir ou parfois un percuteur.
Les dangers les plus importants des artifices sont évidemment les incendies et les explosions. En raison du petit nombre de machines, les risques dordre mécanique sont moins importants et se comparent à ceux dautres industries.
La sensibilité de la plupart des substances pyrotechniques est telle quen vrac elles peuvent facilement être mises à feu par des coups, un frottement, des étincelles ou de la chaleur. Elles présentent des risques dincendie et dexplosion et sont considérées com-me des explosifs. Beaucoup de substances pyrotechniques ont des effets explosifs comparables à ceux des explosifs ordinaires, et les travailleurs sont exposés à voir leurs vêtements ou leur corps brûlés par un rideau de flammes.
Au cours de lutilisation des substances toxiques employées en pyrotechnie (par exemple, des composés du plomb et du baryum et lacétoarsénite de cuivre), linhalation de poussières au cours du pesage et du mélangeage peut constituer un danger pour la santé.
Seules des personnes dignes de confiance devraient travailler à la fabrication des substances pyrotechniques. On ne devrait pas engager dindividus de moins de 18 ans. Il est nécessaire que les travailleurs reçoivent une formation adéquate et quils soient correctement supervisés.
Avant de se lancer dans la fabrication, il est important de vérifier la sensibilité des substances pyrotechniques au frottement, à limpact et à la chaleur, ainsi que leur explosibilité. La nature du procédé de fabrication et les quantités acceptables dans les ateliers et les bâtiments dentreposage et de séchage dépendront de ces propriétés.
Les précautions de base suivantes doivent être prises lors de la fabrication des substances et articles pyrotechniques:
Les distances suivantes sont recommandées:
Les distances entre les lieux de travail peuvent être réduites dans des circonstances favorables et si des murs protecteurs sont construits entre eux.
Des bâtiments séparés devraient être prévus pour les tâches ci-après: stockage et préparation des matières premières, mélangeage, stockage des compositions, traitement (emballage, compactage ou compression), séchage, finition (collage, application de laque, emballage, paraffinage, etc.), séchage et entreposage des produits finis et stockage de la poudre noire.
Les matières premières suivantes devraient être stockées dans des salles isolées: chlorates et perchlorates, perchlorate dammonium; nitrates, peroxydes et autres oxydants; métaux légers; substances combustibles; liquides inflammables; phosphore rouge; nitrocellulose. Cette dernière doit être maintenue humide. Les poudres métalliques doivent être protégées contre lhumidité, les acides gras et la graisse.
Les comburants devraient être stockés séparément.
Pour le mélangeage, les bâtiments à lépreuve des explosions (trois murs résistants, un toit résistant et un mur soufflable fait de feuille de plastique) sont les plus appropriés. Lérection dun mur protecteur devant le mur soufflable est recommandée. Les salles de mélangeage pour les substances contenant des chlorates ne devraient pas être employées pour des substances contenant des métaux ou du sulfure dantimoine.
Pour le séchage, les bâtiments munis dune portion soufflable et les bâtiments enterrés et munis dun évent ont fait leurs preuves. Ils devraient être entourés dun remblai. Dans les bâtiments de séchage, une température thermostatée de 50 °C est recommandée.
Dans les bâtiments de fabrication, il devrait y avoir des salles séparées pour le remplissage, la compression ou le compactage, le coupage, lobturation et la fermeture des contenants; le laquage des substances pyrotechniques formées et comprimées; lamorçage des substances pyrotechniques; le stockage des substances pyrotechniques et des intermédiaires; lemballage et le stockage des substances emballées. Une rangée de bâtiments munis de portions soufflables sest avérée être la meilleure solution. La résistance des murs intermédiaires devrait être appropriée à la quantité de substances manutentionnées et à leur nature. Voici quelques règles de base pour les bâtiments dans lesquels des matières potentiellement explosives sont utilisées ou présentes:
Les presses mécaniques devraient comporter des écrans ou des murs protecteurs de sorte que si le feu éclate, les travailleurs ne soient pas en danger et que le feu ne se propage pas aux postes de travail voisins. Si de grandes quantités de matériaux sont manipulées, les presses devraient se trouver dans des salles isolées et être actionnées de lextérieur. Personne ne devrait rester dans la salle des presses. Des extincteurs devraient être fournis en nombre suffisant, être facilement repérables et vérifiés à intervalles réguliers. Ils devraient être choisis en fonction de la nature des substances présentes. Des extincteurs de catégorie D devraient être employés sur les poudres métalliques enflammées, et non de leau, de la mousse, des poudres chimiques sèches ou du gaz carbonique. Des douches, des couvertures de laine et des couvertures ignifuges sont recommandées pour éteindre les vêtements en flammes.
Les personnes qui entrent en contact avec les substances pyrotechniques ou sont exposées à être mises en danger par des rideaux de flammes devraient porter des vêtements de protection contre le feu et la chaleur. Ces vêtements devraient être dépoussiérés quotidiennement à un endroit désigné, pour être débarrassés de tous les contaminants.
Des mesures devraient être prises dans lentreprise pour fournir les premiers soins en cas daccidents.
Les déchets dangereux aux propriétés différentes devraient être recueillis séparément. Les bacs à rebuts doivent être vidés quotidiennement. Jusquà leur destruction, les déchets rassemblés devraient être conservés dans un endroit protégé, situé au moins à 15 m de nimporte quel bâtiment. En règle générale, les produits défectueux et les produits intermédiaires devraient être traités comme des déchets. Ils ne devraient subir un nouveau traitement que si la chose est faisable sans risque.
Quand des matières dangereuses pour la santé sont mises en oeuvre, il faut éviter tout contact direct. Les vapeurs, les poussières et les gaz nocifs devraient être évacués efficacement et sans créer de risque. Si les systèmes de ventilation sont insuffisants, des appareils de protection respiratoire devront être portés. Des vêtements de protection appropriés devraient être fournis.