Le fer est très largement répandu dans lécorce terrestre, où il se présente sous forme de minerais divers (oxydes, hydroxydes, carbonates, sulfures, silicates et autres). Depuis la préhistoire, lêtre humain a appris à préparer ces minerais par lavage, concassage, criblage, élimination de la gangue, et à les traiter par réduction (fusion), agglomération sur grille ou en boulettes pour pouvoir les fondre de façon à obtenir du fer et de lacier. A lépoque historique, une industrie florissante du fer sest développée dans de nombreux pays à partir des gisements locaux de minerai et de la proximité de forêts qui fournissaient le combustible sous forme de charbon de bois. Au début du XVIIIe siècle, la découverte de la possibilité de remplacer le charbon de bois par le coke a révolutionné la sidérurgie, dont lessor allait être le point de départ de tous les autres progrès de la révolution industrielle. Les grands bénéficiaires furent les pays dont les gisements de charbon et de fer étaient proches les uns des autres.
La fabrication de lacier ne sest véritablement développée quau XIXe siècle, avec linvention des procédés de fusion: la cornue Bessemer (1855), le four à sole généralement chauffé au gaz de gazogène (1864) et le four à arc (1900). Depuis le milieu du XXe siècle, laffinage à loxygène, surtout le procédé LD (Linz-Donawitz) à lance, a permis lélaboration daciers de haute qualité à des coûts de production relativement faibles.
Aujourdhui la production dacier est un indice de la richesse nationale et elle est à la base de la production de masse dans de nombreux secteurs industriels tels que la construction navale, lautomobile, le bâtiment et les travaux publics, la construction mécanique, loutillage et les équipements industriels et ménagers. Le développement des transports, en particulier par mer, ayant rendu le commerce international des matières premières (minerai de fer, charbon, fioul, ferrailles et additifs) économiquement rentable, il a contribué à battre en brèche la position privilégiée des pays possédant des gisements de minerai de fer à proximité de mines de charbon. On a donc vu apparaître, dans des régions côtières des grands pays industriels, des usines sidérurgiques et des aciéries importantes approvisionnées par des pays exportateurs qui sont en mesure de satisfaire la demande en matières premières de haute qualité.
Au cours des dernières décennies, on a assisté à la mise au point des procédés dits de réduction directe dans lesquels les minerais de fer, en particulier les minerais riches ou enrichis, sont réduits en éponges de fer par extraction de loxygène quils contiennent, ce qui permet dobtenir un matériau ferreux qui remplace la ferraille. Ces procédés connaissent un succès grandissant.
En 1995, la production mondiale de fonte brute était de 578 millions de tonnes (voir figure 73.1), et celle dacier brut de 828 millions de tonnes (voir figure 73.2).
Lindustrie de lacier traverse une ère de révolution technologique, et lon observe une tendance à laccroissement des capacités de production par la construction de nouvelles installations sous forme de petites usines à fours à arc utilisant des ferrailles dacier (voir figure 73.3). Bien que des usines intégrées fabriquant lacier à partir du minerai atteignent des rendements records, les aciéries à four à arc, avec des capacités de production de lordre de moins de 1 million de tonnes par an, se banalisent dans les principaux pays producteurs dacier du monde.
Le processus général de la fabrication du fer et de lacier est représenté à la figure 73.4.
La fabrication du fer sorganise essentiellement autour du haut-fourneau à lintérieur duquel sopère la fusion (réduction) du minerai pour produire de la fonte. Le haut-fourneau est chargé par le gueulard en minerai, en coke et en castine, tandis que de lair chaud, souvent enrichi en oxygène, est injecté par le bas. Le monoxyde de carbone produit grâce à la combustion du coke transforme le minerai en fonte, la castine jouant le rôle de fondant. A la température de 1 600 °C (voir figure 73.5), la fonte se fluidifie et saccumule à la partie inférieure du haut-fourneau, tandis que la castine se combine à la gangue pour former le laitier. La fonte est soutirée périodiquement du haut-fourneau pour être coulée sous forme de gueuses qui seront transformées ultérieurement (par exemple, dans des fonderies) ou déversée dans des poches qui permettent son transfert, à létat liquide, jusquà laciérie.
Certaines grandes usines disposent de fours à coke sur le même site. Avant dêtre chargés dans le haut-fourneau, les minerais sont généralement soumis à des opérations spéciales de préparation (lavage, calibrage par concassage et criblage, séparation des fines pour agglomération sur grille ou en boulettes, tri mécanisé pour éliminer la gangue, calcination, agglomération sur grille ou en boulettes). Le laitier évacué du haut-fourneau peut être transformé sur place en vue dautres utilisations, notamment la fabrication du ciment.
La fonte brute a une forte teneur en carbone et en autres impuretés (principalement du soufre et du phosphore). Il faut donc laffiner, cest-à-dire réduire sa teneur en carbone, oxyder et éliminer les impuretés pour la transformer en un métal très malléable pouvant être forgé et façonné. Cest lobjet de lélaboration de lacier, qui peut seffectuer dans trois types de fours: le four à sole, le convertisseur à oxygène (voir figure 73.6) et le four à arc (voir figure 73.7). La plupart des fours à sole ont été remplacés par des convertisseurs à oxygène, dans lesquels lair ou loxygène sont injectés dans le fer en fusion, ou par des fours à arc alimentés en ferraille ou en boulettes de fer spongieux.
Les aciers spéciaux sont des alliages auxquels on incorpore dautres éléments métalliques pour leur conférer des propriétés particulières dans un but précis (du chrome pour éviter la corrosion, du tungstène pour augmenter la dureté et la résistance à haute température, du nickel pour améliorer la résilience, la ductilité et la résistance à la corrosion). Ces éléments peuvent être ajoutés dans la charge du haut-fourneau (voir figure 73.8) ou bien dans lacier en fusion (dans le four ou la poche de coulée) (voir figure 73.9). Lacier en fusion est déversé dans des installations de coulée continue pour former des billettes (voir figure 73.10), des blooms (voir figure 73.11) ou des brames. Il peut également être coulé dans des moules pour former des lingots. La majorité de lacier est produit en coulée continue (voir figure 73.12), ce qui offre à la fois un rendement accru, une meilleure qualité, des économies dénergie et une réduction des coûts dinvestissement et dexploitation. Les lingots sont stockés dans des pits, cest-à-dire des fours en sous-sol équipés de portes, où ils peuvent être réchauffés avant de passer aux laminoirs ou de subir dautres transformations (voir figure 73.4). Certaines aciéries ont commencé à fabriquer de lacier en coulée continue. Les laminoirs font lobjet de larticle suivant; les fonderies, le forgeage et la transformation sur presses sont traités au chapitre no 82, «La transformation et le travail des métaux».
Lindustrie sidérurgique traite et transporte de grandes quantités de matières au moyen déquipements lourds, sans commune mesure avec ceux de la plupart des autres secteurs industriels. Les aciéries se sont donc généralement dotées de programmes de sécurité et de santé pour faire face aux dangers dun environnement qui peut être implacable. Une approche intégrée associant de bonnes pratiques dingénierie et de maintenance, des procédures de travail fondées sur la sécurité, la formation des personnels et lemploi déquipements de protection individuelle est généralement indispensable pour maîtriser ces dangers.
Il existe des risques de brûlures à de nombreux stades du processus de fabrication de lacier: aux hauts-fourneaux pendant la coulée du métal ou du laitier en fusion, du fait de débordements, de jets ou déruptions de métal incandescent en provenance des poches de coulée ou des mélangeurs au cours de lélaboration, de la coulée ou du transport, ou encore du contact avec le métal brûlant lors de sa transformation en produit fini.
Leau captive dans le métal ou le laitier en fusion peut générer des explosions projetant du métal ou des matières brûlantes dans un vaste périmètre. Lintroduction dun accessoire humide dans le métal en fusion peut aussi déclencher de violentes éruptions.
Indispensables dans la sidérurgie, les engins de transport risquent de heurter les travailleurs ou de les coincer entre des éléments fixes ou mobiles. Les ponts roulants sont présents presque partout dans les aciéries. La plupart des installations importantes font aussi largement appel à des chariots-transferts sur rails ou à de grands tracteurs pour le transport des matériaux.
Les programmes de sécurité pour lemploi des engins de levage exigent une formation pour garantir lapplication de procédures correctes et sûres dans leur utilisation et dans larrimage des charges de façon à éviter leur chute; ils appellent également une bonne communication et lemploi dun code gestuel entre le pontonnier et les élingueurs pour prévenir les blessures dues à des déplacements intempestifs de lengin, des programmes dinspection et de maintenance des éléments qui le composent, des palans, des élingues et des crochets pour éviter la chute des charges ainsi que des moyens sûrs pour accéder aux ponts roulants afin déviter les chutes et les accidents sur les chemins de roulement.
Les programmes de sécurité pour les véhicules ferroviaires nécessitent aussi une bonne communication, en particulier pendant les manuvres et lattelage des wagons, de façon à éviter lécrasement de personnes entre les tampons.
Il est nécessaire de laisser en permanence un espace suffisant pour le passage des grands tracteurs et autres engins similaires et dempêcher les démarrages et les déplacements intempestifs pour éliminer les risques de heurt, de projection et de coincement des conducteurs, des piétons ou des conducteurs dautres véhicules. Linspection et lentretien des équipements de sécurité et des voies de circulation doivent également faire lobjet de programmes adéquats.
Dans les usines sidérurgiques, le maintien de lordre est lune des pierres angulaires de la sécurité. Il suffit de peu pour que les sols et les voies de circulation deviennent rapidement obstrués par des matériels et des accessoires qui seront autant doccasions de trébucher. Etant donné les quantités de graisses, dhuiles et de lubrifiants divers utilisés, il ne faut pas laisser de produits répandus sur les voies de circulation ou aux postes de travail où ils risquent de causer des glissades.
Les outils sont soumis à une forte usure qui rend rapidement leur emploi délicat, voire dangereux. Bien que la mécanisation ait considérablement réduit les manipulations manuelles, certaines situations obligent encore à des efforts physiques importants.
Des outils coupants ou des bavures sur des produits en acier ou des bandes métalliques constituent autant de risques de coupures et de piqûres pour les ouvriers travaillant au finissage, à lexpédition ou encore à la manipulation de la ferraille. Des gants résistant à la coupure et des manchettes sont souvent employés pour éviter les blessures.
La protection oculaire revêt une importance particulière dans la sidérurgie. Les risques de pénétration de corps étrangers dans lil sont omniprésents dans la plupart des secteurs, tout particulièrement lors de la manipulation des matières brutes et des opérations de finissage de lacier (meulage, soudage et brûlage).
Une maintenance programmée avec soin est cruciale pour la prévention des accidents. Elle a pour but dassurer lefficacité des équipements de protection et de les maintenir opérationnels sans défaillance. Etant donné la complexité et la puissance des équipements et des machines intervenant dans la production, il est également capital dobserver strictement des habitudes de travail sûres et de se conformer aux règles de sécurité.
Au cours de lélaboration du fer et de lacier, les hauts-fourneaux, les convertisseurs et les fours à coke produisent dimportantes quantités de gaz. Après dépoussiérage, ces gaz sont utilisés comme combustibles dans les différents ateliers; ils peuvent aussi être vendus comme matières premières à des complexes chimiques. Tous contiennent dimportantes quantités de monoxyde de carbone (22 à 30% pour le gaz de haut-fourneau, 5 à 10% pour le gaz de four à coke et 68 à 70% pour le gaz de convertisseur).
Il arrive que du monoxyde de carbone séchappe du gueulard des hauts-fourneaux ou par des fuites au niveau de la cuve ou encore des nombreuses canalisations de gaz installées dans les usines, provoquant ainsi accidentellement de graves intoxications. Le plus souvent, ces cas doxycarbonisme aigu surviennent à loccasion dinterventions à proximité de hauts-fourneaux, en particulier pendant des réparations. Dautres cas apparaissent lors de travaux à proximité de fours chauds, de visites dinspection des cuves, dinterventions près des gueulards ou des trous de coulée ou de laitier. Les intoxications au monoxyde de carbone peuvent également être causées par des émanations de gaz provenant de vannes à soupape hydraulique ou des boîtes à eau dans les aciéries ou les laminoirs, ou être consécutives à larrêt brutal des souffleries, des chaudières ou des aérateurs, à des fuites, à une mauvaise ventilation et à un dégazage préalable insuffisant des cuves, des canalisations ou des équipements, ainsi que pendant la fermeture de vannes sur des conduites.
Dimportants dégagements de poussières et de fumées se produisent à de nombreuses étapes de lélaboration du fer et de lacier. Cest notamment le cas pendant la préparation, en particulier de lagglomération sur grille, devant les hauts-fourneaux et les fours délaboration de lacier et au cours de la coulée des lingots. Les poussières et les fumées provenant du minerai de fer ou de métaux ferreux ne créent pas nécessairement un terrain propice à la fibrose du poumon et les pneumoconioses sont donc rares. Certains cancers du poumon pourraient être liés à des substances cancérogènes présentes dans les émissions des fours à coke. Les fumées denses dégagées pendant lemploi des lances à oxygène ou lors de lutilisation doxygène dans les fours à sole pourraient affecter particulièrement les pontonniers.
Il existe un risque de silicose pour les travailleurs procédant au garnissage, à la réfection du garni et à la réparation des hauts-fourneaux, des fours daciéries et des mélangeurs avec des matériaux réfractaires pouvant contenir jusquà 80% de silice. Lintérieur des poches de coulée est également garni de briques réfractaires ou de silice broyée et agglomérée et nécessite de fréquentes remises en état. La silice contenue dans les matériaux réfractaires se présente en partie sous forme de silicates qui provoquent non pas la silicose, mais plutôt une pneumoconiose. Les travailleurs sont rarement exposés à dépais nuages de poussières.
Lajout déléments dalliage dans les fours délaboration daciers spéciaux peut parfois saccompagner de risques dexposition potentielle au chrome, au manganèse, au plomb et au cadmium.
Le travail sur des fours à gaz et en haut des batteries de cokéfaction, devant les hauts-fourneaux et face aux fours, dans les fours, les répartiteurs et les lingotières pendant les réparations, en lingotage et en coulée continue, implique dans chacun de ces cas des efforts pénibles dans une ambiance surchauffée. Il faut donc mettre en place des programmes de prévention des troubles liés à la chaleur.
En outre, en labsence de moyens de protection appropriés, la lumière aveuglante provenant des fours peut provoquer des lésions oculaires dues aux rayonnements infrarouges. Les opérations manuelles telles que la pose de briques réfractaires dans le haut-fourneau ou les vibrations transmises aux mains et aux bras par les ébarbeuses ou les meuleuses électriques peuvent créer des problèmes dordre ergonomique (troubles musculo-squelettiques).
Les souffleries, les centrales à oxygène, les extracteurs de gaz et les fours à arc à haute puissance génèrent des niveaux sonores importants susceptibles de provoquer des lésions auditives. Les opérateurs travaillant sur les fours devraient être protégés par une enceinte disolation phonique confinant la source du bruit ou par des cabines insonorisées. La réduction de la durée dexposition au bruit peut également se révéler efficace. Le port de protections individuelles (casques ou bouchons doreille) est souvent exigé dans les zones très bruyantes dans lesquelles une réduction appropriée du bruit ne peut être obtenue par dautres moyens.
Lorganisation de la sécurité revêt une importance primordiale dans la sidérurgie où le comportement des personnes face aux dangers potentiels est décisif. Même si le premier devoir de la direction consiste à instaurer les conditions matérielles de travail les plus sûres possibles, la mise en uvre des programmes de sécurité nécessite ladhésion de chacun. Comités de sécurité et dhygiène, délégués à la sécurité, incitations à la sécurité, émulation, boîtes à idées, affichage de slogans et de consignes de sécurité, chacun de ces éléments peut jouer un rôle important dans les programmes de sécurité. Limplication de tous les intéressés dans lévaluation des risques sur le site, lobservation des comportements et la mise en pratique des retours dexpérience peuvent promouvoir des attitudes positives en matière de sécurité et encourager la formation de groupes de travail pour la promotion de la santé et la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles.
Létablissement de statistiques daccidents permet de mettre en lumière les zones à risques, les besoins de protections matérielles supplémentaires ainsi que la nécessité dinsister sur lordre et la propreté. On peut aussi analyser lutilité des différents types de vêtements de protection et faire connaître leurs avantages aux travailleurs concernés.
La formation devrait comporter une information sur les risques, les méthodes de travail sûres, les comportements permettant déviter les dangers et le port des équipements de protection individuelle. Lintroduction de nouvelles méthodes de travail peut appeler une formation complémentaire, même pour les travailleurs ayant une longue expérience des fours anciens. La formation et le recyclage du personnel à tous les niveaux sont particulièrement utiles; ils ont pour objectif de permettre aux salariés de se familiariser avec les méthodes de travail sûres, les comportements dangereux à proscrire, les règles de sécurité et les principales dispositions légales sur la prévention des accidents. La formation devrait être assurée par des experts et faire largement appel à des moyens audiovisuels performants. Il est conseillé dorganiser régulièrement des réunions ou des rencontres de sécurité pour toutes ces personnes de façon à consolider la formation et à développer lesprit de sécurité.
Il importe de protéger efficacement toutes les parties dangereuses des machines et appareillages, y compris les monte-charges, les bandes transporteuses, les arbres de transmission et les engrenages des ponts roulants. Il faut aussi instaurer un système dinspection, de contrôle et de maintenance périodiques pour tous les équipements de lusine, en particulier pour le matériel de levage (ponts roulants, apparaux de levage, etc.). Une procédure de verrouillage devrait être prévue pour la maintenance et les réparations. Les apparaux reconnus défectueux seront mis à la casse. Les dispositifs de levage porteront clairement lindication de la charge utile de sécurité et les apparaux non utilisés seront rangés avec soin. Là où cela est possible, laccès aux ponts roulants devrait se faire par un escalier; si lemploi dune échelle verticale est inévitable, il faut prévoir une crinoline. Il convient en outre de prendre des dispositions efficaces pour limiter le déplacement des ponts roulants quand des personnes travaillent au-dessous. Il peut savérer nécessaire, comme la loi lexige dans certains pays, dinstaller des appareils de coupure appropriés destinés à éviter les collisions quand deux ou plusieurs ponts se déplacent sur un même chemin de roulement.
Les locomotives, voies ferrées, wagons, cars de coulée ou bogies, et attelages devraient être bien conçus et maintenus en bon état; le réseau sera doté dun système efficace de signalisation et davertisseurs. Il faut interdire de grimper sur les tampons et de passer entre les wagons. Aucune intervention ne devrait être effectuée sur les voies tant que des mesures nauront pas été prises pour en contrôler laccès et limiter les déplacements des engins qui y circulent.
Le stockage de loxygène exige de grandes précautions. La distribution sera assurée par des réseaux de canalisations portant un marquage spécifique. Toutes les lances devraient être maintenues en parfait état de propreté.
La lutte contre le désordre appelle une vigilance de tous les instants. Les chutes et les trébuchements dus à des sols encombrés ou à des appareils ou outils abandonnés par négligence ne sont pas seulement dangereux en soi: ils risquent également de précipiter quelquun contre des matières incandescentes ou en fusion. Tous les matériaux devraient être stockés en piles et le personnel devrait disposer de casiers pour ranger commodément les outils. La graisse ou lhuile renversée devraient être essuyées immédiatement. Il est recommandé de veiller à une très bonne qualité de léclairage dans toutes les zones des ateliers.
Il faut non seulement veiller au respect des consignes les plus exigeantes possibles en matière dordre et de propreté, mais aussi assurer une bonne ventilation générale de lensemble des locaux et un captage des émissions à la source partout où se dégagent dimportantes quantités de poussières et de fumées ou encore là où il existe des risques de fuites de gaz. Les appareils et les canalisations de gaz devraient faire lobjet de visites régulières et dun entretien attentif de façon à prévenir toute fuite. Chaque fois quune intervention doit être effectuée dans un milieu susceptible de contenir du gaz ou du monoxyde de carbone, il est indiqué demployer des détecteurs appropriés pour tester latmosphère. Si lon ne peut éviter de pénétrer dans une zone dangereuse, il faut porter des appareils de protection respiratoire autonomes ou à adduction dair. Il convient en outre de prévoir des bouteilles dair prêtes à servir et dentraîner les travailleurs à les utiliser correctement.
Il est conseillé daméliorer les conditions de travail en installant une ventilation forcée amenant de lair frais. Des ventilateurs peuvent être mis en place en fonction des besoins individuels des personnes, en particulier sur les lieux de travail soumis à une forte chaleur. La pose décrans disolation thermique entre les travailleurs et les sources de chaleur rayonnante, linstallation de rideaux deau ou dair devant les fours ou la mise en place de rideaux de chaînes résistant à la chaleur sont autant de protections possibles. La meilleure protection des opérateurs affectés aux fours est assurée par le port dune combinaison et dune cagoule résistant à la chaleur avec appareil respiratoire à adduction dair frais. La chaleur régnant près des fours étant intense, la ventilation de la combinaison par des conduites dalimentation en air frais est également recommandée. De plus, il est essentiel de définir une procédure pour fixer la durée de refroidissement des fours avant quil soit permis dy pénétrer.
Lacclimatation conduit à une adaptation naturelle de la teneur en sel de la sueur. Il est possible de diminuer notablement la fréquence des troubles dus à la chaleur en adaptant la charge de travail et en ménageant des périodes de repos bien réparties, surtout si ces pauses peuvent être prises dans un local frais, climatisé si nécessaire. A défaut, il faut prévoir de grandes quantités deau et dautres boissons non alcoolisées et aménager des locaux pour la prise de repas légers. Les boissons fraîches ne devront pas être trop froides, et les travailleurs nabsorberont pas une trop grande quantité de liquide à la fois. Pendant les heures de travail, il est préférable de prendre des repas légers. Les travailleurs soumis à une sudation intense doivent remplacer les sels minéraux perdus; la meilleure façon de le faire étant encore daugmenter la dose de sel aux repas.
Dans les climats froids, il faut prévenir les effets néfastes dune exposition prolongée au froid ou à de brusques et violents changements de température. Les réfectoires et les sanitaires devraient donc être installés de préférence à proximité du lieu de travail. Les sanitaires comporteront des douches et des vestiaires avec placards, tous maintenus en parfait état de propreté et dhygiène.
Les sources de bruit devraient être isolées partout où cela est possible. Des panneaux de commande à distance permettront déloigner les opérateurs des zones bruyantes. Il convient dimposer le port de protections individuelles de louïe dans les zones au niveau sonore élevé. En plus du confinement des machines bruyantes par des matériaux disolation phonique ou du travail en cabines insonorisées, les programmes de protection de louïe se sont avérés efficaces pour maîtriser les pertes auditives dues au bruit.
Dans la plupart des opérations, aucune partie du corps nest à labri. Les types déquipements de protection nécessaires varient évidemment selon les postes. Les personnes affectées aux fours ont besoin de vêtements qui les protègent des brûlures: combinaison ignifuge, guêtres, bottes, gants, casque avec écran facial ou lunettes de protection contre les projections détincelles et la lumière aveuglante. Les bottes, lunettes de protection et casques sont requis à presque tous les postes; il en va de même des gants de protection. Le choix des vêtements de protection doit prendre en compte les risques pour la santé et linconfort liés à la chaleur excessive. Ainsi, une cagoule ignifuge à voilette en treillis métallique assure une bonne protection contre les étincelles et la chaleur; diverses fibres synthétiques se sont également révélées efficaces contre la chaleur. La vigilance de lencadrement et une action de sensibilisation permanente sont indispensables pour faire en sorte que les équipements de protection individuelle soient effectivement portés et bien entretenus.
Lapproche ergonomique, cest-à-dire létude de la relation humain-machine-environnement, revêt une importance particulière à certains postes de travail de la sidérurgie. Une telle étude est nécessaire pour analyser non seulement les conditions dans lesquelles un opérateur effectue diverses tâches, mais aussi limpact de lenvironnement de travail sur le travailleur et la fonctionnalité des moyens techniques mis en uvre. Une prise en compte du travail posté et surtout du travail de nuit fixe, instauré pour cause déconomies dénergie, a également sa place dans ce domaine.
Les examens médicaux dembauche sont déterminants pour recruter des personnes aptes aux travaux pénibles caractéristiques de la sidérurgie. La plupart des postes requièrent une constitution robuste. Lhypertension, les maladies cardiaques, lobésité et la gastro-entérite chronique sont autant de critères qui conduisent à écarter les personnes accusant de tels troubles. La sélection des grutiers et des pontonniers nécessite une attention particulière prenant en considération à la fois les aptitudes physiques et mentales.
La surveillance médicale devrait porter tout spécialement sur les personnes exposées à une chaleur intense; des examens pulmonaires périodiques seront prévus pour les salariés exposés aux poussières, et des contrôles audiométriques pour ceux qui travaillent dans le bruit. Les conducteurs dengins mobiles devraient également subir des examens médicaux périodiques visant à contrôler que leur état de santé reste compatible avec leur poste de travail.
Il est indispensable de vérifier constamment le bon fonctionnement de tous les appareils de réanimation et dentraîner les travailleurs secouristes appelés à les utiliser.
Un poste central de premier secours devrait être doté de léquipement médical nécessaire pour faire face aux urgences. Dans la mesure du possible, il est souhaitable de disposer dune ambulance placée sous lautorité dun ambulancier qualifié qui se chargera de transporter les blessés graves à lhôpital le plus proche. Dans les grandes usines, des postes ou des armoires de premier secours seront répartis en plusieurs points centraux.
Le facteur le plus important dans la production du coke métallurgique réside dans la sélection des charbons. Les plus recherchés sont ceux qui ont un faible taux de cendres et de soufre. Pour obtenir les caractéristiques souhaitées, le charbon maigre est généralement mélangé, à concurrence de 40%, à du charbon flambant. Le paramètre physique le plus important du coke métallurgique est sa résistance, surtout à la fragmentation et à labrasion pendant les manutentions et son utilisation dans le haut-fourneau. Les opérations de manipulation du coke comprennent le déchargement des wagons de chemins de fer, des barges ou des camions, le mélange, le dosage, la pulvérisation, le fioulage et le convoyage vers les trémies des batteries de fours à coke.
La majeure partie du coke est produite dans des fours de cokéfaction à récupération de sous-produits, conçus et exploités pour collecter les matières volatiles provenant du charbon. Ces fours se composent de trois parties: les cellules, les carneaux de chauffage et le régénérateur. A lexception de lacier et du béton formant leur ossature, les fours sont construits en briques réfractaires. Une batterie comprend habituellement quelque 45 fours distincts. Les cellules ont généralement une hauteur de 1,8 à 6,7 m et une longueur de 9,1 à 15,5 m; la température y est de 1 535 °C à la base des carneaux. La durée de cokéfaction, variable selon la taille du four, se situe le plus souvent entre 16 et 20 heures.
Dans les grands fours verticaux, un wagon-chargeur (enfourneuse) amène le charbon des trémies aux bouches situées à la partie haute du four. Quand la cokéfaction est terminée, un bélier pousse le coke hors du four depuis lun des côtés. Les dimensions du bélier sont légèrement inférieures à celles du four de façon à éviter tout contact avec le garnissage intérieur. Le coke tombe dans un wagon à coke ou dans le guide-coke, situé du côté de la batterie opposé au bélier, doù il est transporté vers la tour dextinction pour être refroidi à leau avant dêtre déchargé sur le quai à coke. Sur certaines batteries, le coke chaud est éteint à sec pour récupérer une quantité de chaleur non négligeable pour la production de vapeur.
La carbonisation du charbon pour la production de coke donne lieu à des réactions complexes. Dans un premier temps, on trouve, parmi les produits de décomposition du charbon, de leau, des oxydes de carbone, du sulfure dhydrogène, des composés hydro-aromatiques, des paraffines, des oléfines ainsi que des composés phénoliques et azotés. Les synthèses et les dégradations qui se produisent au sein de ces produits primaires dégagent de grandes quantités dhydrogène, de méthane et dhydrocarbures aromatiques. La décomposition ultérieure des composés azotés complexes produit de lammoniac, du cyanure dhydrogène, des bases de pyridine et de lazote. Lextraction continue de lhydrogène des résidus se trouvant dans les fours produit le coke dur souhaité.
Les fours à coke dotés déquipements de récupération et de traitement des sous-produits chimiques issus du charbon fournissent les substances indiquées au tableau 73.1.
Sous-produits |
Composants récupérables |
Gaz de four à coke |
Hydrogène, méthane, éthane, monoxyde de carbone, dioxyde de carbone, éthylène, propylène, butylène, acétylène, sulfure d’hydrogène, ammoniac, oxygène et azote |
Liqueur ammoniacale |
Ammoniac libre et combiné |
Goudron |
Pyridine, huiles acides de goudron, naphtalène, créosote et brai |
Huiles légères |
Quantités variables de produits de gaz de houille ayant des points d’ébullition allant de 40 à 200 ºC environ, ainsi que benzène, toluène, xylène et solvant naphta |
Après un refroidissement suffisant pour éviter une dégradation des tapis transporteurs, le coke est dirigé vers le poste de tamisage et de broyage où il est calibré pour son utilisation en haut-fourneau.
Les opérations de déchargement, de préparation et de manutention portent sur des milliers de tonnes de charbon, ce qui entraîne de la poussière, du bruit et des vibrations. Compte tenu des grandes quantités de poussière accumulée, ce ne sont plus seulement les risques dinhalation qui sont à craindre, mais aussi les explosions.
Pendant la cokéfaction, les principaux problèmes physiques sont la chaleur ambiante et la chaleur rayonnante qui règnent, en particulier en haut des batteries, là où se trouvent la majorité des travailleurs. Le bruit peut être aussi un problème sur les équipements mobiles, surtout celui qui provient des mécanismes dentraînement et déléments vibrants mal entretenus. De plus, des appareils produisant des rayonnements ionisants ou des faisceaux laser sont parfois employés pour positionner des équipements mobiles.
En exploitation, on recourt généralement à de lhuile minérale pour le fioulage du charbon et le dépoussiérage des gaz. Il se peut également que des produits aient été appliqués sur le charbon avant son chargement dans la trémie afin de faciliter son écoulement et lévacuation des déchets dangereux provenant de la récupération des sous-produits.
Le principal problème de santé lié à la cokéfaction réside dans les émissions libérées par les fours au moment du chargement ou encore pendant la cokéfaction et le défournement du coke. Ces émissions contiennent de nombreux hydrocarbures aromatiques polycycliques, dont certains sont cancérogènes. Les matériaux utilisés pour colmater les fuites dans les couvercles et les portes peuvent également présenter des risques au moment du mélange de leurs composants et lors de la dépose des couvercles et des portes. Bien que des produits de substitution acceptables soient maintenant employés, il nest pas impossible que lon trouve encore de lamiante et des céramiques réfractaires dans les joints détanchéité et les matériaux disolation.
Les risques inhérents à la préparation du charbon, de même que ceux liés aux wagons, aux barges et à la circulation des véhicules ainsi quau déplacement des tapis transporteurs, devraient être reconnus comme tels. La plupart des accidents se produisent quand des personnes sont heurtées, coincées ou happées par des engins, quand elles font une chute de hauteur ou encore lors-quelles oublient dimmobiliser ces engins en verrouillant leurs commandes.
Les principaux risques mécaniques sont liés aux équipements mobiles côté bélier, côté coke, et au wagon-chargeur en haut des batteries. Pendant pratiquement toute la campagne, ces équipements mobiles fonctionnent dans un espace restreint. Les coincements ou heurts par des équipements mobiles sur rails sont responsables du plus grand nombre des accidents mortels survenus aux fours à coke. Les brûlures superficielles de la peau par des matières ou des surfaces incandescentes et les irritations oculaires dues à des poussières sont moins graves mais plus fréquentes.
Il est nécessaire de confiner et disoler les systèmes de criblage, de broyage et de transport sur bande pour maintenir les concentrations de poussières à des niveaux acceptables pendant la préparation du charbon. En plus de lemploi de produits de mouillage pour le charbon, il peut être indispensable dinstaller des captages à la source. La mise en place de programmes dentretien et de surveillance des bandes transporteuses est impérative pour réduire les débordements et éviter de souiller par du charbon les passages le long des équipements de traitement et les transporteurs. Le système transporteur sera équipé de dispositifs permettant de réduire efficacement les déversements accidentels et de maintenir le confinement (racleurs de bandes, jupes, régulateurs de tension des bandes, etc.).
Compte tenu de la toxicité des hydrocarbures aromatiques polycycliques émis pendant la cokéfaction, il est important de contenir et de collecter ces émissions, de préférence en associant des moyens de prévention technique, des méthodes de travail éprouvées et un programme dentretien. Il est également nécessaire de disposer dappareils de protection respiratoire performants. Les contrôles devraient porter sur les points suivants:
Il faut aussi former les travailleurs pour quils emploient de bonnes méthodes de travail et les sensibiliser à limportance dappliquer des procédures correctes pour réduire les émissions.
Enfin, le contrôle de lexposition courante des travailleurs devrait permettre de vérifier que les niveaux dexposition sont acceptables. Une surveillance continue des émanations de gaz et la mise en place de mesures de secours simposent, du fait principalement de la présence de monoxyde de carbone dans les fours à coke. Un programme de surveillance médicale devrait également être mis en uvre.
* Adapté de la 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational Health and Safety.
Les brames dacier sont transformées à chaud en larges bandes minces, enroulées en bobines, dans des trains de laminage en continu. Les bobines peuvent être expédiées directement aux clients ou bien nettoyées et laminées à froid pour obtenir des produits finis. La figure 73.13 représente le schéma de fabrication.
Le transporteur à rouleaux dun train de laminage en continu à chaud peut atteindre une longueur de plusieurs centaines de mètres. La brame dacier sort du four de réchauffage pour entrer sur le transporteur. Après élimination de la calamine superficielle, la brame réchauffée pénètre dans les cages dégrossisseuses où des cylindres horizontaux diminuent sa section et allongent sa longueur. Des galets latéraux assurent le maintien dune largeur constante. La bande entre ensuite dans les cages finisseuses qui lui confèrent sa section finale, puis parcourt le refroidisseur où elle défile à une vitesse pouvant atteindre 80 km/h avant dêtre bobinée.
La bande laminée à chaud subit généralement un nettoyage ou un décapage à lacide sulfurique ou chlorhydrique pour éliminer les oxydes de surface (calamine) qui se sont formés pendant le laminage à chaud. Une ligne de décapage moderne fonctionne en continu. Dès quune bobine est décapée, son extrémité est cisaillée à léquerre et soudée bout à bout à lamorce de la bobine suivante. Un laminoir de planage intégré à la ligne de décapage facilite lélimination de la calamine avant lentrée du feuillard dans les bains dacide.
Sous les bacs de décapage chemisés de caoutchouc, les postes de rinçage et les sécheurs, on trouve un accumulateur de boucle qui alimente les bacs de décapage en bande pendant larrêt en début de ligne pour le soudage dune nouvelle bobine. Cette réserve permet de décaper la bande en continu à la vitesse de 360 m/min. Un système à boucle plus petit en sortie de ligne autorise le fonctionnement en continu même pendant les interruptions pour le bobinage.
Les bobines de bande laminée à chaud, propres, peuvent subir un laminage ultérieur pour obtenir un produit plus mince et plus lisse et conférer à lacier un coefficient résistance/masse supérieur à celui que procure un laminage à chaud. Il ne faut pas plus de deux minutes à un train à froid moderne de cinq cages en tandem pour transformer des tôles épaisses de 2,5 mm et dune longueur pouvant atteindre 1,2 km en bandes dune épaisseur de 0,76 mm et longues de plus de 3,2 km.
Le laminage à froid écrouit la tôle, de sorte quil faut généralement la recuire pour la rendre plus malléable. Pour ce faire, les bobines de tôles laminées sont empilées sur une sole et les piles couvertes de coiffes avant dêtre recouvertes par la descente du four de recuit. Le processus de chauffe et de refroidissement peut durer cinq à six jours.
Après avoir été détendu par recuit, lacier traverse un train de finissage qui confère la planéité, les caractéristiques métallurgiques et le fini de surface souhaités. Le produit peut ensuite être expédié aux clients sous forme de bobines, subir un cisaillage des rives ou encore être débité en longueurs marchandes.
Accidents . La mécanisation a réduit le nombre des risques de coincement sur les machines; ce risque persiste néanmoins, en particulier dans les ateliers de laminage à froid et de finition.
Sur les laminoirs à froid, les mains risquent dêtre happées entre les cylindres, en particulier si lon tente un nettoyage en marche. Il faut donc protéger efficacement les angles rentrants et interdire strictement tout nettoyage en fonctionnement. Les cisailles, ébouteuses, ébarbeuses et guillotines peuvent occasionner des blessures graves si leurs parties dangereuses ne sont pas équipées de protecteurs. Il est essentiel de prévoir une procédure de verrouillage pour lentretien et les réparations.
Les opérateurs qui tentent denjamber les transporteurs à rouleaux à des endroits non autorisés, en particulier en laminage à chaud, sexposent à de graves blessures. Il convient donc de mettre en place des passerelles en nombre suffisant et den imposer lutilisation. Le serpentage et le fouettement du métal peuvent provoquer des blessures et des brûlures importantes, voire le sectionnement des membres inférieurs. Partout où la mécanisation intégrale na pas éliminé ce risque, il est nécessaire dinstaller des parois de protection ou dautres dispositifs.
Les risques de coupures sur les trains à feuillards et à bandes requièrent une attention particulière. Ces blessures ne sont pas seulement dues aux bords de la tôle, mais aussi aux bandes métalliques de ligaturage des bobines qui deviennent très dangereuses dans léventualité dune casse.
Lemploi de grandes quantités dhuile, dinhibiteurs de rouille et dautres produits, généralement appliqués par pulvérisation, représente un autre risque fréquemment rencontré aux laminoirs. Malgré les mesures prises pour confiner les nuages de ces produits, ils saccumulent souvent sur le sol ou sur les voies de circulation, provoquant chutes et glissades. En plus du nettoyage régulier du sol, il faut installer des caillebotis, utiliser des matériaux absorbants et porter des bottes à semelles antidérapantes.
Même dans les ateliers automatisés, des accidents se produisent au moment des opérations de conversion, lors du changement des cylindres dans les cages. Un ordonnancement judicieux permet souvent de réduire le nombre des changements requis de cylindres, qui nécessitent lemploi doutils appropriés et ne doivent en aucun cas être effectués dans lurgence.
Lautomatisation des usines modernes saccompagne souvent de multiples pannes mineures auxquelles le personnel remédie souvent lui-même sans arrêter tout ou partie de la ligne. Dans ce cas, il peut arriver que lon oublie dactiver les sécurités mécaniques nécessaires, ce qui risque dentraîner de graves accidents. On néglige aussi souvent les risques dincendie inhérents aux réparations sur les circuits hydrauliques. La protection contre les incendies doit impérativement être planifiée et organisée avec un soin particulier dans les ateliers comportant des équipements hydrauliques.
Les pinces de retournement dont on se sert pour saisir le métal chaud peuvent sentrechoquer; les clés carrées employées pour déplacer à la main de lourds profilés risquent, en cas de jeu, de causer de graves lésions à la tête et à la partie supérieure du torse. Tous les outils à main devraient être judicieusement conçus, régulièrement contrôlés et bien entretenus. Il importe de remplacer fréquemment les rivets des pinces de retournement utilisées sur laminoirs, de fournir aux équipes chargées du changement des cylindres des clés polygonales et des tournevis à frapper et de ne pas se servir de clés plates coudées. Les travailleurs devraient être formés à lemploi correct de tous ces outils à main, pour lesquels il convient de prévoir des matériels de rangement appropriés.
De nombreux accidents sont imputables à une mauvaise utilisation des engins de levage et de manutention et à des défaillances des ponts roulants ou des apparaux de levage. Tous les ponts et portiques roulants ainsi que leurs apparaux devraient être soumis à un plan systématique de visites et de contrôles. On accordera un soin particulier au stockage et à lemploi des élingues. Les pontonniers et les élingueurs seront sélectionnés judicieusement et dûment formés. Les transports mécaniques ne sont jamais exempts de risques daccidents: les locomotives, wagons et bogies devraient être soigneusement entretenus et leurs utilisateurs avoir parfaitement assimilé les codes de signaux et davertissements quil faut impérativement instaurer. Il importe de veiller à ce que les voies de circulation des chariots-élévateurs à fourche et autres tracteurs soient marquées et dégagées.
Les chutes, les trébuchements, le mauvais état des sols, lempilage défectueux des matériaux, les extrémités des billettes et des rouleaux transporteurs faisant saillie sont cause de nombreux accidents qui pourraient être évités par un bon entretien des sols et des voies daccès, une signalisation claire des voies de circulation, un empilage correct du matériel et une évacuation régulière des déchets. Il est essentiel de veiller à faire régner un bon ordre dans toutes les parties de lusine, même dans les cours. Lensemble de lusine devrait être convenablement éclairé.
Lors du laminage à chaud, la projection de scories peut provoquer des brûlures et des lésions oculaires: des carters peuvent retenir efficacement les projections de calamine et deau chaude. Les particules de poussières et le fouettement des élingues peuvent également blesser les yeux, qui risquent par ailleurs de souffrir déblouissement.
Léquipement de protection individuelle revêt une grande importance pour la prévention des accidents aux laminoirs. Le port de casques, de chaussures renforcées, de guêtres, de manchettes, de gants, de masques et de lunettes de sécurité permet de se prémunir contre de nombreux risques. Il est essentiel dans ce domaine dobtenir la collaboration éclairée des travailleurs. Autant que la formation, une organisation efficace de la sécurité avec la participation active des travailleurs et de leurs représentants a une importance décisive.
Chaleur. On a mesuré, à certains postes de travail des laminoirs, des niveaux de chaleur rayonnante atteignant 1 000 kcal/m2. Les troubles liés à la contrainte thermique posent problème; les opérateurs travaillant dans des ateliers modernes sont généralement protégés par la climatisation des cabines de commande. On se reportera à larticle «Lindustrie du fer et de lacier» pour les mesures de prévention applicables.
Bruit. Dans toute la zone de laminage règne un bruit considérable produit par les engrenages des cages et des redresseuses, les pompes à eau sous pression, les cisailles et les scies, ainsi que par la chute des produits finis dans un puits et larrêt de la course des matériaux par des plaques de métal. Le niveau sonore général en exploitation peut avoisiner 84 à 90 dBA; des pics de 115 dBA ou plus ne sont pas rares. On se reportera également à larticle «Lindustrie du fer et de lacier» pour les mesures de sécurité et de santé.
Vibrations . Le nettoyage des produits finis au moyen doutils à percussion à haute vitesse peut provoquer des atteintes musculo-squelettiques au niveau des coudes, des épaules, des clavicules, de larticulation distale du cubitus et du radius ainsi que des lésions des os naviculaires et lunaires.
Les travailleurs des laminoirs risquent de subir des déformations des articulations des membres supérieurs du fait du recul et du rebondissement des matériaux introduits dans les cylindres.
Gaz et vapeurs nocifs. Le laminage des aciers alliés au plomb ou lemploi de meules de tronçonnage contenant du plomb peuvent causer linhalation des particules toxiques. Il importe dès lors de contrôler en permanence les concentrations en plomb aux postes de travail et de faire subir régulièrement un examen médical aux personnes susceptibles davoir été exposées. Linhalation de plomb se produit également lorsquon se sert de chalumeaux de lavage ou de découpage qui, outre ces particules, dégagent aussi parfois des oxydes dazote (NOx) et des vapeurs de chrome, de nickel et doxyde de fer.
Le soudage bout à bout entraîne la formation dozone, dont linhalation peut provoquer des irritations similaires à celles dues aux NOx. Les opérateurs de fours pits et de recuit risquent dêtre exposés à des gaz toxiques dont la composition dépend du combustible employé (gaz de haut-fourneau, gaz de four à coke, fioul), mais qui contiennent généralement du monoxyde de carbone et du dioxyde de soufre. Des captages à la source ou des protections respiratoires pourront se révéler nécessaires.
La santé des travailleurs chargés de lubrifier les laminoirs en appliquant des brouillards dhuile peut être altérée du fait des lubrifiants et des additifs quils contiennent. En cas demploi dhuiles ou démulsions pour le laminage, il faut sassurer que les proportions dhuile et dadditifs sont correctes afin dexclure non seulement lirritation des muqueuses, mais aussi des dermatites aiguës chez les personnes chargées de ce travail. On se reportera à larticle «Les lubrifiants industriels, les fluides dusinage des métaux et les huiles pour moteurs automobiles» au chapitre no 82 «La transformation et le travail des métaux» de la présente Encyclopédie.
Les opérations de finissage consomment de grandes quantités de produits de dégraissage qui sévaporent et peuvent donc être inhalés. Outre leur effet toxique, ces solvants provoquent un dessèchement de la peau qui peut perdre son film sébacé en cas de manipulation erronée. Il convient de prévoir des systèmes daspiration localisée et le port de gants.
Acides . Les acides forts employés pour le décapage ont des effets corrosifs sur la peau et les muqueuses. Il faut installer un système de captage à la source et des équipements de protection individuelle.
Rayonnements ionisants. On peut utiliser des rayons X et dautres rayonnements ionisants pour le calibrage et le contrôle, à condition de se conformer strictement aux précautions énoncées par la législation en vigueur.
Note: la description du laminage à chaud et à froid est reproduite avec laimable autorisation de lInstitut américain du fer et de lacier (American Iron and Steel Institute (AISI)).
* Adapté, partiellement, d'un article non publié de Simon Pickvance.
La sidérurgie est une «industrie lourde». En plus des risques inhérents au gigantisme des usines, aux équipements imposants et aux mouvements de quantités massives de matériaux, les travailleurs sont exposés à la chaleur du métal et du laitier en fusion dont la température peut atteindre 1 800 °C, à des substances toxiques et corrosives, à des polluants véhiculés par lair, ainsi quau bruit. Sous la pression conjuguée des syndicats, des réglementations nationales et de la nécessité dobtenir des gains de productivité, la sidérurgie a fait de grands progrès en modernisant les équipements et en améliorant les procédés qui offrent désormais une plus grande sécurité et permettent une meilleure maîtrise des risques. Les accidents mortels et ceux entraînant un arrêt de travail ont nettement régressé, même sils constituent encore un problème important (BIT, 1992). La fabrication de lacier demeure néanmoins une activité dangereuse dans laquelle les risques potentiels ne peuvent pas toujours être éliminés à la source. Pour la direction chargée dune aciérie, la marche au jour le jour représente un défi formidable qui nécessite une recherche continue, une surveillance permanente, un encadrement responsable et une actualisation de lenseignement et de la formation des personnels à tous les niveaux.
Les troubles musculo-squelettiques sont monnaie courante. Malgré la mécanisation et les dispositifs auxiliaires, la manipulation à la main dobjets de grandes dimensions, lourds ou volumineux, ne peut être évitée. Il faut veiller en permanence au maintien de lordre et de la propreté pour réduire le nombre des glissades et des chutes. Les travailleurs qui risquent le plus de souffrir de lombalgies ou de problèmes au niveau des membres supérieurs sont les maçons chargés de la pose des briques réfractaires. La prise en compte de lergonomie dans la conception des équipements et de leurs commandes (cabines des pontonniers, par exemple), fondée sur létude des aptitudes physiques et mentales requises, et combinée à des mesures comme la rotation des postes et le travail en équipe, représente une évolution récente visant à accroître la sécurité, le bien-être et le rendement des travailleurs des aciéries.
La fabrication de lacier reste lune des industries les plus bruyantes, même si les programmes de protection de louïe ont permis de réduire les risques de troubles de laudition. Au nombre des principales sources de bruit, on trouve les extracteurs de fumées, les circuits de vide utilisant des éjecteurs de vapeur, les transformateurs électriques, les arcs des fours, les laminoirs et les grands ventilateurs. Après dix à quinze ans dexposition tout au plus, la moitié au moins des travailleurs souffriront de troubles de laudition. Les programmes de protection de louïe, dont une description détaillée est donnée au chapitre no 11, «Les systèmes sensoriels», de la présente Encyclopédie , prévoient des évaluations périodiques des niveaux sonores et de louïe, des mesures de prévention technique et de maintenance des équipements, le port dun équipement de protection individuelle et léducation et la formation des personnels.
Quand elles ne sont pas imputables au bruit, les pertes auditives peuvent être dues à des brûlures tympaniques provoquées par des particules de laitier, de calamine ou de métal en fusion, à des perforations du tympan consécutives à une impulsion sonore intense ou à un traumatisme causé par la chute ou le mouvement dobjets. Une étude des demandes de réparation présentées par des travailleurs canadiens de lacier a révélé que la moitié de ceux qui avaient subi des lésions auditives de nature professionnelle souffraient également dacouphènes (McShane, Hyde et Alberti, 1988).
Les vibrations potentiellement dangereuses sont liées à des mouvements mécaniques périodiques, le plus souvent en labsence dun équilibre convenable des machines, à des machines installées directement sur le sol de latelier et à lutilisation doutillages portatifs tels que les perceuses, marteaux pneumatiques, scies et meuleuses. Un certain nombre détudes menées auprès de pontonniers (Bongers et coll., 1988) attribuent aux vibrations subies par lensemble du corps les tassements des disques intervertébraux, les lombalgies et la dégénérescence de la colonne vertébrale.
Les vibrations transmises à lensemble du corps sont responsables de divers symptômes (mal des transports, étourdissements, perte dacuité visuelle) susceptibles dêtre la source daccidents. Les vibrations mains-bras ont été corrélées au syndrome du canal carpien, aux déformations articulaires dégénératives et au phénomène de Raynaud dans les extrémités des doigts («maladie des doigts morts») qui peuvent entraîner une incapacité permanente. Une étude portant sur des ébarbeurs et des meuleurs a montré quils ont deux fois plus de risques de développer une contracture de Dupuytren quun groupe de travailleurs de référence (Thomas et Clarke, 1992).
Lexposition à la chaleur est un problème qui intéresse lensemble de la sidérurgie, mais qui est particulièrement aigu dans les usines situées dans les pays chauds. Des recherches ont montré que, contrairement à ce que lon pensait, les expositions les plus intenses se produisent pendant le forgeage, quand les travailleurs surveillent en permanence lacier incandescent, et non pendant la fusion où les températures sont plus élevées, mais où elles sont intermittentes et où leurs effets sont limités par léchauffement intense de la peau exposée et par le port de protections oculaires (Lydahl et Philipson, 1984). Labsorption dune quantité suffisante de liquide, une bonne ventilation, lemploi décrans disolation thermique, le port de vêtements de protection, des pauses appropriées ou le travail à un poste plus au frais réduisent les dangers de stress thermique.
Utilisés pour des applications très variées dans la fabrication de lacier, les lasers peuvent causer des lésions rétiniennes à des niveaux de puissance très inférieurs à ceux qui ont des effets sur la peau. Les opérateurs de lasers peuvent être protégés par une focalisation minutieuse du faisceau et le port de lunettes, mais dautres personnes peuvent être exposées directement en traversant le faisceau sans le savoir ou, indirectement, si le faisceau est réfléchi vers elles par inadvertance.
De nombreux appareils de mesure font appel à des nucléides radioactifs. Les expositions peuvent généralement être limitées par une signalisation et un blindage adéquat, mais il subsiste un danger bien plus important: la présence, par accident ou négligence, de matières radioactives dans les ferrailles à recycler. Pour éviter de les inclure dans la charge des fours, de nombreuses aciéries contrôlent toutes les ferrailles au moyen de détecteurs de rayonnement.
Selon le procédé mis en uvre, les matières utilisées et lefficacité de la surveillance continue et des mesures de lutte contre la pollution, les travailleurs des aciéries peuvent être exposés à de multiples polluants dont les effets indésirables dépendent de létat physique et des affinités des polluants en cause, de lintensité et de la durée de lexposition, du niveau déjà accumulé dans lorganisme et de la sensibilité du sujet. Certains effets sont immédiats, tandis que dautres ne se manifestent quaprès plusieurs années, voire des décennies. La modification des procédés et des équipements, jointe à lamélioration des mesures visant à maintenir les expositions au-dessous des niveaux dangereux ont permis de réduire les risques pour les travailleurs. Ces changements ont parfois aussi donné lieu à de nouvelles combinaisons de polluants, et les dangers daccidents, dincendies et dexplosions nont pas disparu.
Les émissions de fumées et de matières particulaires constituent un problème potentiel dimportance majeure pour les personnes qui travaillent avec des métaux en fusion, qui fabriquent ou manipulent du coke, qui chargent les hauts-fourneaux ou en soutirent la fonte. Elles représentent également une gêne pour les travailleurs affectés à lentretien du matériel, au nettoyage des gaines et à la casse des réfractaires. Leurs répercussions sur la santé dépendent de la taille des particules, de la proportion de celles qui peuvent être inhalées ainsi que des métaux et aérosols éventuellement adsorbés à leur surface. Il a été établi que lexposition à des poussières et à des fumées irritantes risque daugmenter la prédisposition des travailleurs des aciéries à des crises dasthme (constriction réversible des bronchioles) qui, à la longue, peuvent devenir permanentes (Johnson et coll., 1985).
Autrefois relativement commune parmi les travailleurs chargés de lentretien des hauts-fourneaux et des fours de fonderies, lexposition à la silice, avec pour conséquence la silicose, a pu être réduite grâce à lemploi de matériaux de substitution pour le garnissage des fours et à lautomation qui a permis de diminuer le nombre des personnes affectées à ces travaux.
Autrefois très répandu comme matériau disolation thermique et phonique, lamiante ne se rencontre plus guère que dans les travaux dentretien et de rénovation qui conduisent à perturber lordonnance de matériaux contenant de lamiante et donc à libérer des fibres damiante dans lair. Parmi les effets à long terme de lexposition à lamiante, décrits en détail en particulier dans le chapitre no 10 «Lappareil respiratoire», de la présente Encyclopédie , on trouve lasbestose, le mésothéliome et dautres cancers. Une enquête réalisée sur un échantillon de 900 travailleurs de lacier a établi que 20 dentre eux, soit près de 2%, souffraient dun syndrome respiratoire restrictif caractéristique de lasbestose (Kronenberg et coll., 1991).
Les émissions résultant de la fabrication de lacier peuvent contenir des métaux lourds (plomb, chrome, zinc, nickel, manganèse, etc.) sous forme de fumées, de particules et dadsorbats sur des particules de poussières inertes. Ces métaux sont souvent présents dans la ferraille, mais peuvent aussi être introduits en tant que tels dans la fabrication daciers spéciaux. Des recherches menées sur des travailleurs élaborant des alliages au manganèse ont montré une altération des capacités physiques et mentales et dautres symptômes de manganisme à des niveaux dexposition notablement inférieurs à ceux couramment autorisés dans la plupart des pays (Wennberg et coll., 1991). Une exposition de courte durée à des niveaux élevés de zinc ou dautres métaux vaporisés peut causer la «fièvre des fondeurs» qui se caractérise par de la fièvre, des frissons, des nausées, des difficultés respiratoires et de la fatigue. Les autres effets toxiques dus aux métaux lourds sont étudiés en particulier dans le chapitre no 63, «Les métaux: propriétés chimiques et toxicité», de la présente Encyclopédie.
Les brouillards acides qui se dégagent des bacs de décapage risquent de causer des irritations de la peau, des yeux et des voies respiratoires. Une étude a établi une corrélation entre lexposition aux brouillards dacides chlorhydrique et sulfurique provenant des bains de décapage et une incidence presque doublée de cancer du larynx (Steenland et coll., 1988).
En sidérurgie, la principale source des émissions contenant du soufre résulte de lemploi de combustibles fossiles et de laitier de haut-fourneau à forte teneur en soufre. Le sulfure dhydrogène dégage une odeur duf pourri caractéristique et les effets à court terme dune exposition à des niveaux relativement faibles se traduisent par une sécheresse et une irritation des voies nasales et respiratoires supérieures, de la toux, un souffle court et une pneumonie. Des expositions de plus longue durée à de faibles concentrations risquent dentraîner une irritation des yeux tandis que, à un niveau élevé, elles peuvent causer des lésions oculaires permanentes. En cas de concentrations importantes, les personnes peuvent perdre temporairement lodorat, ce qui les conduit à penser quelles ne sont plus exposées.
Les brouillards dhuile générés dans le laminage à froid peuvent provoquer des irritations de la peau, des muqueuses et des voies respiratoires supérieures, des nausées, des vomissements et des céphalées. Une étude a rapporté des cas de pneumonie lipoïdique chez des travailleurs de laminoirs ayant subi des expositions prolongées (Cullen et coll., 1981).
La plupart des procédés de combustion dégagent des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP); dans la sidérurgie, la cokéfaction en est la principale source. La combustion partielle du charbon pour produire du coke saccompagne de lextraction par distillation dun grand nombre de composés volatils comme ceux du brai de houille, au nombre desquels on trouve des HAP. Ceux-ci peuvent se présenter sous forme de vapeurs, daérosols ou de fines particules. Des expositions brèves sont susceptibles de causer des irritations de la peau et des muqueuses, des vertiges, des céphalées et des nausées, tandis que les expositions prolongées ont été corrélées à lapparition de cancers. Des études ont montré que les travailleurs des fours à coke avaient un taux de mortalité par cancer du poumon deux fois supérieur à celui du reste de la population. Les personnes qui encourent les plus grands risques sont celles qui sont soumises à une exposition importante aux fractions volatiles du brai, celles qui travaillent en haut des fours à coke et celles qui ont subi les durées dexposition les plus longues (Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), 1984; Costantino, Redmond et Bearden, 1995). Dans certains pays, des mesures de prévention technique ont permis de réduire le nombre des personnes à risque.
On trouve plus de 1 000 produits chimiques en sidérurgie; ils peuvent être présents sous forme de matières premières ou de polluants dans la ferraille et le combustible, dadditifs dans des procédés spéciaux, de matériaux réfractaires, de fluides hydrauliques ou de solvants utilisés pour lexploitation et lentretien. La cokéfaction génère des sous-produits tels que goudrons, benzène et ammoniac; dautres se forment à divers stades de lélaboration de lacier. Tous peuvent être potentiellement toxiques selon la nature des produits, le type, le niveau et la durée des expositions, ou encore selon leur réactivité vis-à-vis dautres produits chimiques et la prédisposition des travailleurs exposés. De fortes expositions accidentelles à des fumées contenant du dioxyde de soufre et des oxydes dazote sont à lorigine de cas de pneumonie chimique; cette maladie peut également être provoquée par du vanadium et dautres éléments dalliage. Le monoxyde de carbone dégagé dans tous les procédés de combustion peut être dangereux en cas dinsuffisances dans la maintenance des matériels et dans les contrôles. Le benzène, tout comme le toluène et le xylène, également présents dans le gaz de four à coke, provoque des troubles de lappareil respiratoire et du système nerveux en cas dexposition intense. Des expositions prolongées au benzène peuvent entraîner des altérations de la moelle osseuse, des aplasies médullaires et des leucémies.
Le travail dans la sidérurgie provoque des niveaux élevés de stress. A lexposition à la chaleur rayonnante et au bruit sajoute la nécessité dune vigilance de tous les instants pour éviter les accidents et les expositions potentiellement dangereuses. Du fait que de nombreux procédés se déroulent en continu, le travail posté est inévitable; son impact sur le bien-être des personnels et sur le soutien que lentourage peut apporter, et qui joue un rôle si important, fait lobjet de commentaires détaillés dans le chapitre no 34, «Les facteurs psychosociaux et organisationnels», de la présente Encyclopédie . Il ne faut pas oublier non plus les facteurs potentiels de stress que constituent les craintes de perte demploi due à lautomatisation et aux évolutions des procédés, aux délocalisations et aux réductions deffectifs.
La protection des travailleurs de la sidérurgie contre les sources de toxicité potentielle suppose laffectation de ressources suffisantes à un programme suivi, cohérent et global qui devrait inclure les éléments ci-après:
* Adapté du rapport technique du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et de l'Institut international du fer et de l'acier (International Iron and Steel Institute (IISI) (PNUE/IISI, 1997) et d'un article non publié de Jerry Spiegel.
Du seul fait du volume et de la complexité de ses activités et de sa consommation dénergie et de matières premières, la sidérurgie, comme les autres «industries lourdes», est capable dexercer un impact considérable sur lenvironnement et sur les populations avoisinantes. La figure 73.14 récapitule schématiquement les polluants et les déchets générés aux principaux stades de la production. Ceux-ci se répartissent en trois catégories principales: les polluants atmosphériques, les polluants hydriques et les déchets solides.
A lorigine, les études dimpact des activités sidérurgiques sur la santé publique ont porté essentiellement sur les effets localisés dans les zones à forte densité de population où la production dacier était concentrée et, en particulier, dans des régions qui avaient connu des épisodes de très forte pollution atmosphérique comme les vallées de la Donora et de la Meuse et le triangle situé entre la Pologne, lancienne Tchécoslovaquie et lancienne République démocratique allemande (Organisation mondiale de la santé (OMS), 1992).
Depuis fort longtemps, les émissions de polluants atmosphériques provenant des opérations de fabrication du fer et de lacier sont une source de préoccupation pour lenvironnement. Au nombre de ces polluants, on peut ranger des substances gazeuses comme les oxydes de soufre, le dioxyde dazote et le monoxyde de carbone. Les matières particulaires comme les suies et les poussières susceptibles de contenir des oxydes de fer ont également retenu lattention. Les émissions des fours à coke et des usines utilisant les sous-produits de fours à coke ont aussi été une cause dinquiétude, encore que les améliorations constantes apportées aux technologies de lutte contre les émissions, au cours des vingt dernières années, conjuguées à des législations nationales plus contraignantes, aient entraîné une réduction notable de ces émissions en Amérique du Nord, en Europe occidentale et au Japon. Il a été estimé que les dépenses totales de lutte contre la pollution, dont plus de la moitié est consacrée aux rejets dans latmosphère, représentaient entre 1 et 3% de lensemble des coûts de production; les installations de dépollution correspondantes ont représenté environ 10 à 20% du montant global des investissements des usines. De telles dépenses constituent évidemment une barrière à la généralisation de ce type dinstallations modernes dans les pays en développement et pour les entreprises les plus anciennes à la limite de la rentabilité.
Les polluants atmosphériques varient selon le procédé employé, la technique et la configuration de lusine, les matières premières mises en uvre, les sources et les quantités de lénergie utilisée, lampleur du recyclage des déchets et lefficacité des mesures de dépollution. Lintroduction de la conversion à loxygène, par exemple, a permis de collecter et de recycler rationnellement les gaz de combustion rejetés et de réduire ainsi les quantités évacuées, tandis que la coulée continue a fait baisser la consommation dénergie et donc les émissions. Il en est résulté des gains de productivité et une amélioration de la qualité.
La quantité de dioxyde de soufre, dont lessentiel se forme pendant les combustions, dépend principalement de la teneur en soufre du combustible fossile utilisé. Le coke et le gaz de coke en sont, en tant que combustibles, dimportantes sources. Dans latmosphère, le dioxyde de soufre peut réagir avec des radicaux oxygène et de la vapeur deau pour former un aérosol dacide sulfurique qui, en se combinant à lammoniac, peut donner un aérosol de sulfate dammonium. Les effets sur la santé des oxydes de soufre sont dus à la fois au dioxyde proprement dit et à sa tendance à former de tels aérosols inhalables. Le dioxyde de soufre peut en outre être adsorbé sur des particules dont la plupart sont suffisamment fines pour pénétrer dans les voies respiratoires. La réduction des expositions potentiellement dangereuses passe dès lors non seulement par le recours à des combustibles contenant moins de soufre, mais aussi par la diminution de la concentration en particules. En supprimant les besoins en coke, lusage accru des fours à arc a fait baisser les émissions doxydes de soufre, mais a reporté ainsi sur les centrales électriques la charge de lutter contre cette pollution. La désulfuration du gaz de four à coke est réalisée par extraction avant la combustion des composés soufrés réduits, en particulier du sulfure dhydrogène.
Comme les oxydes de soufre, les oxydes dazote, essentiellement le monoxyde et le dioxyde, sont le fruit des processus de combus-tion. Sous leffet du rayonnement ultraviolet, ils réagissent avec loxygène et les composés organiques volatils pour former de lozone. Ils se combinent aussi à leau pour donner de lacide nitrique qui, à son tour, entre en réaction avec lammoniac pour produire du nitrate dammonium. Ils sont donc susceptibles de former des aérosols inhalables qui peuvent être éliminés de latmosphère par déposition humide ou sèche.
Les matières particulaires, forme la plus visible de la pollution, sont un mélange complexe et variable de matières organiques et inorganiques. Elles peuvent provenir des tas de minerai de fer, de charbon ou de chaux, ou encore à loccasion dopérations de chargement ou de transport. Les blocs de matériaux génèrent des poussières par abrasion entre eux ou broyage sous les roues des véhicules. Les processus dagglomération et de fabrication de la fonte et de lacier entraînent le dégagement de fines particules quand le fer en fusion entre en contact avec lair, ce qui provoque la formation doxyde de fer. Les fours à coke, de leur côté, produisent du poussier et des émissions de goudron. Les effets potentiels sur la santé dépendent de la concentration des particules dans la plage respirable, de leur composition chimique, ainsi que de la durée et de lintensité de lexposition.
On a réussi à réduire considérablement les niveaux de pollution par les particules. Ainsi, en employant des filtres électrostatiques pour épurer les rejets gazeux secs, une aciérie allemande a ramené le niveau des poussières émises de 9,3 kg par tonne (kg/t) dacier brut en 1960 à 5,3 kg/t en 1975, et à un peu moins de 1 kg/t en 1990, au prix il est vrai dune nette augmentation de la consommation dénergie. Dautres méthodes de lutte contre la pollution particulaire font appel à lutilisation de dépoussiéreurs par voie humide, de chambres à filtres et de cyclones (dont lefficacité se limite aux particules de grandes dimensions).
Les métaux comme le cadmium, le plomb, le zinc, le mercure, le manganèse, le nickel et le chrome peuvent être émis par les fours sous forme de poussières, de fumées ou de vapeurs, ou encore dadsorbats sur les particules. Leurs effets sur la santé, décrits au chapitre no 63, «Les métaux: propriétés chimiques et toxicité», de la présente Encyclopédie , dépendent du niveau et de la durée de lexposition.
Les émissions organiques provenant de lélaboration de lacier brut peuvent comprendre du benzène, du toluène, du xylène, des solvants, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, des dioxines et des phénols. Selon leur provenance et leur précédente utilisation (par exemple, peinture ou autre procédé de revêtement, métaux ou lubrifiants), les ferrailles employées comme matière première peuvent contenir plusieurs de ces substances. Certains de ces polluants organiques échappent aux systèmes conventionnels dépuration des gaz.
On a signalé ces dernières années des cas où des matières radio-actives étaient accidentellement présentes dans des ferrailles destinées à la fabrication dacier. Leur devenir au cours de lélaboration de lacier dépend des propriétés physico-chimiques des nucléides rencontrés (températures de fusion et débullition, affinité avec loxygène, par exemple). Elles peuvent se trouver en quantité suffisante pour contaminer les produits finis, les sous-produits et divers types de déchets, ce qui nécessite une évacuation et un nettoyage onéreux. Il existe aussi un risque potentiel de contamination des matériels de laciérie et donc dexposition potentielle des travailleurs. De nombreuses aciéries ont installé des détecteurs de rayonnement auxquels ils soumettent toutes les ferrailles de provenance extérieure à lusine.
Bien quaux niveaux atmosphériques habituels le dioxyde de carbone soit totalement inoffensif pour la santé humaine et les écosystèmes, il est important par sa contribution à leffet de serre lié au réchauffement de la planète. La sidérurgie en génère de grandes quantités, plus du fait de lutilisation du carbone pour la réduction du minerai de fer que de son emploi comme source dénergie. En 1990, la mise en uvre de mesures visant à réduire la part du coke dans les hauts-fourneaux, à récupérer la chaleur et à économiser lénergie avait permis de ramener les émissions de dioxyde de carbone à 47% de leurs niveaux de 1960.
Lozone, qui est lun des principaux constituants du smog atmosphérique à proximité de la surface de la terre, est un polluant secondaire qui se forme dans lair par réaction photochimique du rayonnement solaire avec les oxydes dazote, facilitée à un degré variable, selon leur structure et leur réactivité, par divers composés organiques volatils. Les principaux précurseurs de lozone proviennent des gaz déchappement des véhicules à moteur, mais certains sont aussi générés par les usines sidérurgiques et dautres industries. Selon les conditions atmosphériques et topographiques, lozone peut se former très loin de ces sources.
Les aciéries rejettent de grandes quantités deau dans les lacs, les fleuves et les rivières, sans compter celles qui le sont sous forme de vapeur après extinction du coke ou refroidissement de lacier. Les eaux usées stockées dans des bassins de rétention non étanches ou présentant des fuites peuvent sinfiltrer dans le sol et contaminer les nappes phréatiques et les eaux souterraines locales. Une telle contamination risque également de se produire du fait de la lixiviation par les eaux de pluie ruisselant à travers les tas de matières premières ou les accumulations de déchets solides. Au nombre de ces polluants figurent des matières en suspension, des métaux lourds, des huiles et des graisses. Le réchauffement des eaux naturelles dû au rejet deaux de procédés à haute température (70% de leau utilisée dans les procédés de fabrication dune aciérie sert au refroidissement) peut affecter les écosystèmes aquatiques. Il est donc primordial de mettre en uvre des moyens techniques appropriés pour refroidir ces effluents avant de les rejeter.
Les matières en suspension forment la majeure partie des polluants hydriques rejetés pendant la production de lacier. Elles se composent principalement doxydes de fer provenant de la calamine, mais peuvent également contenir du charbon, des boues activées, des hydroxydes métalliques et dautres matières. La plupart ne sont pas toxiques dans un environnement aquatique à des niveaux normaux de rejet; leur présence à des concentrations plus élevées peut cependant entraîner une altération de la couleur des cours deau, un appauvrissement en oxygène et un envasement.
Les eaux utilisées dans lélaboration du fer peuvent avoir des teneurs élevées en zinc et en manganèse, tandis que les effluents du laminage et du finissage peuvent contenir du zinc, du cadmium, de laluminium, du cuivre et du chrome. Ces métaux sont présents à létat naturel dans le milieu aquatique. Si leurs concentrations ne dépassent pas les niveaux habituels, on peut craindre néanmoins des répercussions sur la santé humaine et les écosystèmes. Ces préoccupations sont dautant plus justifiées que, contrairement à de nombreux polluants organiques, ces métaux lourds ne subissent pas de dégradation biologique aboutissant à des produits ultimes inoffensifs, mais saccumulent dans les sédiments et dans les tissus des poissons et autres organismes aquatiques. De plus, en se combinant à dautres polluants (ammoniac, composés organiques, huiles, cyanures, alcalis, solvants, acides), ils peuvent devenir plus toxiques.
On peut trouver des huiles et des graisses dans les eaux usées à la fois sous forme soluble et insoluble. La plupart des huiles lourdes étant insolubles, il est relativement facile de les éliminer. Elles émulsionnent cependant au contact de détergents ou dalcalis ou en cas dagitation. Les huiles en émulsion font traditionnellement partie du laminage. Si on excepte laltération de la couleur des eaux de surface, la plupart des composés aliphatiques huileux sont sans danger en petites quantités. Les composés gras aromatiques monohydriques peuvent cependant être toxiques. De plus, certains composants des huiles peuvent contenir des toxiques comme les biphényles polychlorés, le plomb ou dautres métaux lourds. En plus du problème de la toxicité, la demande chimique et biologique en oxygène des huiles et autres composés organiques risque dappauvrir la teneur de leau en oxygène et daffecter ainsi la faune et la flore aquatiques.
La plus grande partie des déchets solides produits dans la fabrication de lacier sont réutilisables. La cokéfaction, par exemple, saccompagne de la formation de dérivés du charbon très appréciés comme matières premières par lindustrie chimique. Plusieurs sous-produits (comme le poussier de coke) sont réinjectés dans le processus de production. Le laitier qui résulte de la combinaison des impuretés présentes dans le charbon et le minerai de fer avec la castine employée comme fondant a de nombreux usages: matériau de comblement pour des projets dassèchement, construction de routes, matière première pour les usines dagglomération alimentant les hauts-fourneaux. Lacier, quels que soient sa qualité, ses dimensions, son usage et sa durée de service, est intégralement et perpétuellement recyclable sans dégradation de ses caractéristiques mécaniques, physiques ou métallurgiques. Le taux de recyclage est estimé à 90%. Le tableau 73.2 donne une vue densemble du taux de recyclage des déchets auquel est parvenue la sidérurgie japonaise.
Génération (A) |
Mise en décharge (B) |
Réutilisation |
|
Laitier |
|
|
|
Poussières |
4 763 |
238 |
95,0 |
Boues |
519 |
204 |
60,7 |
Huiles usées |
81 |
||
Total |
41 519 |
3 570 |
91,4 |
Source: International Iron and Steel Institute (IISI), 1992.
Les économies dénergie sont souhaitables non seulement pour des raisons économiques, mais aussi pour réduire la pollution au niveau des installations de production dénergie comme les centrales électriques. La quantité dénergie consommée dans la production dacier dépend fortement du procédé employé et des parts relatives de ferraille et de minerai de fer mises en uvre. En 1988, lintensité énergétique des aciéries alimentées en ferraille sélevait en moyenne à 21,1 gigajoules par tonne (GJ/t) aux Etats-Unis, tandis que les aciéries japonaises en consommaient près de 25% de moins. Une aciérie modèle, fonctionnant à partir de ferrailles, telle quelle a été définie par lInstitut international du fer et de lacier (International Iron and Steel Institute (IISI)), ne demande que 10,1 GJ/t (IISI, 1992).
Laugmentation des coûts de lénergie a stimulé la mise au point de technologies moins gourmandes en énergie et en matières premières. Les gaz faiblement énergétiques, comme les sous-produits dégagés par les hauts-fourneaux et les fours à coke, sont récupérés, épurés et utilisés comme combustibles. La consommation de coke et de combustible dappoint par la sidérurgie allemande, qui était en moyenne de 830 kg par tonne (kg/t) en 1960, a été ramenée à 510 kg/t en 1990. Au Japon, sa part dans la consommation globale dénergie est tombée de 20,5% en 1973 à environ 7% en 1988. Aux Etats-Unis, les entreprises sidérurgiques ont massivement investi dans les économies dénergie; elles ont réduit leur consommation dénergie de 45% en moyenne depuis 1975 grâce à une modification des procédés, à la mise en uvre de nouvelles technologies et aux restructurations. Les émissions de dioxyde de carbone ont diminué dans la même proportion.
Les gouvernements, les organisations professionnelles et les divers secteurs de lindustrie ont traditionnellement choisi daborder les défis que pose la protection de lenvironnement sous des angles spécifiques, traitant par exemple séparément les questions de pollution de lair, de leau et de lévacuation des déchets. Si cette méthode sest avérée utile, elle a parfois déplacé la difficulté dun milieu à un autre, comme dans le cas des coûteux traitements des eaux usées qui posent le problème de lévacuation des boues de traitement lorsquelles peuvent causer une grave pollution des eaux souterraines.
Ces dernières années, cependant, lindustrie mondiale de lacier a décidé de relever ce défi par le biais dun programme de lutte intégrée contre la pollution qui a donné lui-même naissance au programme de gestion totale des risques pour lenvironnement, lequel prend simultanément en compte tous les impacts et sattaque systématiquement aux domaines prioritaires. Tout aussi important a été le recentrage sur la prévention plutôt que sur les remèdes, quil sagisse du choix du site dimplantation, de sa préparation, de son aménagement, des installations de lusine, de la définition des responsabilités de la gestion au jour le jour ou de laffectation dun personnel et de ressources financières suffisants pour veiller au respect de la réglementation en matière denvironnement et faire rapport aux autorités compétentes.
Le Centre de lindustrie et de lenvironnement, créé en 1975 par le Programme des Nations Unies pour lenvironnement (PNUE), vise à encourager la coopération entre les industries et les gouvernements pour promouvoir un développement industriel compatible avec le respect de lenvironnement. Il a pour objectifs:
Le PNUE travaille en étroite coopération avec lIISI, première institution industrielle internationale soccupant dun seul secteur dactivité. Les membres de lIISI sont des sociétés sidérurgiques à capitaux publics ou privés, des associations régionales et nationales de la sidérurgie, des associations diverses et des instituts de recherche de 51 pays qui, ensemble, représentent plus de 70% de la production mondiale dacier. LIISI, souvent de concert avec le PNUE, publie des déclarations de principe et de politique de lenvironnement ainsi que des rapports techniques, comme celui qui a servi de base au présent article (PNUE et IISI, 1997). Ensemble, ils uvrent pour étudier les facteurs économiques, sociaux et moraux, ainsi que les éléments liés au personnel, à la gestion et à la technologie qui influent sur les principes, les politiques et les règlements relatifs à lenvironnement.