Lêtre humain est tributaire des animaux pour son alimentation et un certain nombre de sous-produits, pour le travail quil leur demande et divers autres usages (voir tableau 70.1). Avant de pouvoir les utiliser, il lui a fallu domestiquer ou tenir en captivité diverses espèces de mammifères, doiseaux, de reptiles, de poissons et darthropodes. Il va de soi que cette pratique, désormais connue sous le nom délevage , nest pas sans incidence sur la sécurité et la santé au travail. On distinguera, à lintérieur de cette branche de lactivité humaine, son évolution et sa structure, limportance économique des différents produits animaux, ainsi que les caractéristiques régionales de chaque secteur et des effectifs de travailleurs qui le composent. Les articles du présent chapitre sarticulent autour des modes dexploitation, des secteurs délevage et des conséquences de lélevage.
Produits |
Denrées alimentaires |
Sous-produits et autres utilisations |
Produits laitiers |
Lait de consommation et lait en poudre, beurre, fromage et caillé, caséine, lait concentré, crème, yaourt et autres laits fermentés, crèmes glacées, lactosérum |
Veaux et vaches de réforme vendus comme bétail; applications industrielles du lait (comme source de glucides: lactose officinal servant de diluant dans l’industrie pharmaceutique), (comme source de protéines: surfactants pour stabiliser les émulsions alimentaires), (comme source de matières grasses: utilisation des lipides comme émulsifiants, surfactants et gels); abats |
Bovins, buffles, ovins |
Viande (buf, mouton), suif comestible |
Cuirs et peaux (cuir, collagènes comme boyaux à saucisses, cosmétiques, pansements pour la réparation des tissus humains); abats; travail (traction); laine; poils; bouse (combustible et engrais); farine d’os; objets religieux; aliments pour animaux de compagnie; suif et graisse (acides gras, vernis, articles en caoutchouc, savons, huile de lampe, plastiques, lubrifiants); matières grasses; farine de sang |
Volaille |
Chair de volaille, ufs, ufs de cane (en Inde) |
Plumes et duvet; fumier (utilisé comme engrais); cuir; graisse; abats; huile |
de ratites (base pour produits pharmaceutiques administrés par voie cutanée); désherbage (oies dans les champs de menthe) |
||
Porc |
Viande |
Cuirs et peaux; soies; saindoux; fumier; abats |
Poisson (aquaculture) |
Chair |
Farine de poisson; huile; coquilles; poissons d’aquarium |
Cheval et autres équidés |
Viande, sang, lait |
Loisirs (équitation, courses); travail (équitation, traction); colle; aliments pour chiens; crin |
Petits animaux d’élevage (lapins, cochons d’Inde), chiens, chats |
Viande |
Animaux de compagnie; fourrures et peaux; chiens de garde; chiens d’aveugle; chiens de chasse; expérimentation; garde des troupeaux de moutons (chien); éradication des rongeurs (chat) |
Taureaux |
Loisirs (courses de taureaux, rodéos); sperme |
|
Insectes et autres invertébrés (vermiculture, apiculture, etc.) |
Miel, 500 espèces (larves, sauterelles, fourmis, criquets, termites, criquets-pèlerins, larves de scarabées, guêpes et abeilles, chenilles) sont régulièrement consommées par les membres de nombreuses sociétés non occidentales |
Cire d’abeille; soie; insectes prédateurs (plus de 5 000 espèces, dont 400 avérées, utilisables pour la lutte contre les ravageurs des cultures; les larves des moustiques carnivores (Toxorhynchites spp) se nourrissent du vecteur de la fièvre dengue); compostage par les vers de terre; aliments pour animaux; pollinisation; médecine (traitement de l’arthrite par le venin d’abeille); produits dérivés des insectes coccidés (gomme -laque, colorant alimentaire rouge, cochenille) |
Sources: DeFoliart, 1992; Gillespie, 1997; Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 1995; O’Toole, 1995; Tannahil, 1973; US Department of Agriculture (USDA), 1996a, 1996b.
Lévolution des animaux délevage au cours des 12 000 dernières années tient à la fois à la sélection à laquelle les ont soumis les groupements humains et à leur adaptation à de nouveaux environnements. Les historiens pensent que la chèvre et le mouton ont été les premières espèces animales à avoir été domestiquées, avant le porc dont la domestication remonte à 9 000 ans environ. Parmi les principaux animaux recherchés comme source de nourriture, les bovins ont été les derniers domestiqués il y a de cela 8 000 ans, en Turquie ou en Macédoine. Il est vraisemblable quil a fallu attendre la domestication du bétail pour que lon songe à tirer parti de son lait comme aliment. Outre le lait de vache, lêtre humain allait également utiliser le lait de chèvre, de brebis, de renne et de chamelle. Cest avant tout pour la production dufs que les populations de la vallée de lIndus ont domestiqué les volailles de la jungle indienne, à lorigine du poulet que nous connaissons aujourdhui, exploité à la fois pour sa chair et ses ufs. Ce sont les populations du Mexique qui ont domestiqué le dindon (Tannahill, 1973).
Lêtre humain a tiré sa nourriture de plusieurs autres espèces de mammifères et doiseaux, damphibiens et de poissons et de divers arthropodes. Les insectes, qui ont toujours constitué une importante source de protéines, représentent aujourdhui encore une partie du régime alimentaire, surtout chez les peuples non occidentaux (DeFoliart, 1992). Le miel des abeilles est apprécié depuis des temps immémoriaux; il y a 5 000 ans déjà, les Egyptiens savaient enfumer les abeilles pour récolter le miel. Il y a fort longtemps aussi que lhumain pêche pour salimenter; toutefois, en raison de lépuisement de la ressource, laquaculture a partiellement pris le relais depuis le début des années quatre-vingt, et cela à un rythme de plus en plus rapide, jusquà représenter environ 14% de lactuelle production totale de poisson (Platt, 1995).
Lêtre humain a également domestiqué de nombreux mammifères pour sen servir comme animaux de trait: le cheval, lâne, léléphant, le chien, le buffle, le chameau et le renne. A lexception possible du chien, le premier animal recherché pour son travail a sans doute été la chèvre, capable en broutant de débroussailler un terrain pour sa mise en culture. Les historiens pensent que ce sont les Asiatiques qui, il y a 13 000 ans, ont domestiqué le loup dAsie, qui allait devenir le chien. Sa rapidité, la finesse de son ouïe et de son odorat allaient en faire un précieux compagnon pour le chasseur, tandis que le chien de berger apportait très tôt sa contribution à la domestication des ovins (Tannahill, 1973). Dompté il y a environ 4 000 ans par les populations des steppes du continent eurasien, le cheval aurait été domestiqué grâce à linvention du fer à cheval et du collier de traction ainsi quà lintroduction dune alimentation à base davoine qui allaient en faciliter lemploi comme animal de trait. Si la traction animale conserve son importance dans de nombreuses régions du monde, la mécanisation dans lagriculture et le transport poussent néanmoins les agriculteurs à remplacer progressivement les animaux de trait par des machines. Certains mammifères, notamment le chat, contribuent à la lutte contre les rongeurs (Caras, 1996).
On peut décomposer la structure de lactuelle industrie de lélevage selon les produits animaux offerts à la vente. Le tableau 70.2 énumère un certain nombre de ces produits, avec la production ou la consommation mondiale correspondante.
Produit |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Carcasses de buf et de veau |
46 344 |
45 396 |
44 361 |
45 572 |
46 772 |
47 404 |
Carcasses de porc |
63 114 |
64 738 |
66 567 |
70 115 |
74 704 |
76 836 |
Carcasses d’agneau, de mouton et de chèvre |
6 385 |
6 245 |
6 238 |
6 281 |
6 490 |
6 956 |
Cuirs et peaux de bovins |
4 076 |
3 983 |
3 892 |
3 751 |
3 778 |
3 811 |
Suif et graisse |
6 538 |
6 677 |
7 511 |
7 572 |
7 723 |
7 995 |
Chair de volaille |
35 639 |
37 527 |
39 710 |
43 207 |
44 450 |
47 149 |
Lait de vache |
385 197 |
379 379 |
379 732 |
382 051 |
382 747 |
385 110 |
Crevettes |
815 |
884 |
ND |
ND |
ND |
ND |
Mollusques |
3 075 |
3 500 |
ND |
ND |
ND |
ND |
Salmonidés |
615 |
628 |
ND |
ND |
ND |
ND |
Poissons d’eau douce |
7 271 |
7 981 |
ND |
ND |
ND |
ND |
Consommation d’ufs (millions de pièces) |
529 080 |
541 369 |
567 469 |
617 591 |
616 998 |
622 655 |
Sources: Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 1995; US Department of Agriculture (USDA), 1996a, 1996b.
ND = donnée non disponible.
La croissance démographique mondiale et la progression de la consommation par habitant ont fait augmenter la demande de viande et de poisson dans le monde, ainsi quon peut le constater en se reportant à la figure 70.1. La production mondiale de viande a presque triplé entre 1960 et 1994. Au cours de cette période, la consommation par habitant est passée de 21 à 33 kg par an. Les superficies des pâturages et des parcours nétant néanmoins pas indéfiniment extensibles, la production bovine a plafonné en 1990 et des animaux tels que les porcs et la volaille, qui offrent un meilleur rendement en viande (taux de conversion) par rapport à leur alimentation en céréales, ont acquis un avantage concurrentiel. Aussi bien le porc que la volaille ont connu un accroissement spectaculaire par rapport à la production bovine. Dès la fin des années soixante-dix, la production mondiale de porc dépassait celle de buf et la production de volaille pourrait suivre la même tendance. La production ovine est demeurée faible et stagnante (US Department of Agriculture (USDA), 1996a). Partout dans le monde, les cheptels de vaches laitières sont allés en diminuant, tandis que la production de lait augmentait du fait de laccroissement du rendement par vache (USDA, 1996b).
La production de laquaculture sest accrue au rythme annuel de 9,1% entre 1984 et 1992. Celle despèces aquacoles est passée de 14 millions de tonnes dans le monde en 1991 à 16 millions de tonnes en 1992, lAsie assurant à elle seule 84% de la production mondiale (Platt, 1995). Les insectes sont riches en vitamines, en minéraux et en énergie et fournissent de 5 à 10% des protéines animales consommées par de nombreuses populations. Ils représentent également une source vitale de protéines en cas de disette (DeFoliart, 1992).
Il est difficile détablir une distinction entre la main-duvre employée à des activités délevage et celle qui est engagée dans dautres secteurs de lagriculture. La différenciation est certes plus nette pour des activités comme le pastoralisme, pratiqué dans de vastes régions dAfrique, ou celles des grandes exploitations ultramécanisées qui, aux Etats-Unis, se consacrent à la monoculture ou à lélevage spécialisé. Il nempêche que de nombreuses entreprises agropastorales et exploitations agricoles cumulent activités délevage et activités agricoles. Dans plusieurs régions du monde, les animaux de trait sont encore très largement utilisés pour le labour et les cultures, activités qui fournissent aliments et fourrage au bétail et à la volaille et sont donc fréquemment intégrées à lélevage. Quant à laquaculture, elle est dominée dans le monde par lélevage de la carpe herbivore. La production dinsectes est, elle aussi, directement liée à lagriculture. Cest ainsi que le ver à soie se nourrit exclusivement de feuilles de mûrier, que les abeilles sont tributaires du nectar des fleurs, que les plantes dépendent des insectes pour la pollinisation et que lêtre humain prélève sur diverses cultures des larves comestibles. Sur une population mondiale qui atteignait 5 623 500 000 habitants en 1994, 2 735 021 000 (49%) se consacraient à lagriculture (voir figure 70.2). Cest en Asie, où 85% de la population agricole élève des animaux de trait, que le pourcentage est le plus élevé. On trouve ci-après les caractéristiques régionales en matière délevage.
Cela fait plus de 5 000 ans que les habitants de lAfrique subsaharienne sont pasteurs et éleveurs. Très anciennement pratiquée, la transhumance (pastoralisme nomade) a fait apparaître des espèces se contentant dune alimentation frugale, très résistantes aux maladies infectieuses et capables dendurer de longues transhumances. Environ 65% de la région, principalement autour des zones désertiques, ne se prêtent quà lélevage pastoral. En 1994, les revenus de lagriculture ne faisaient vivre que 65% des quelque 539 millions dhabitants de lAfrique subsaharienne au lieu de 76% en 1975. Bien quelle ait gagné en importance depuis le milieu des années quatre-vingt, laquaculture na que peu contribué à la production vivrière de la région. Elle consiste essentiellement à faire de lélevage de tilapias en étang, même si certaines entreprises exportatrices ont pu tenter de lancer la culture des crevettes marines. On devrait assister en Afrique à lessor dune aquaculture exportatrice, en mesure de répondre à laccroissement probable de la demande de poisson du marché asiatique. Cette nouvelle activité aquacole devrait être soutenue grâce à des investissements et à des technologies dorigine asiatique attirés dans la région par un climat favorable et la main-duvre africaine.
Dans la région de lAsie et du Pacifique, près de 76% de la population agricole mondiale occupent 30% des terres arables du globe. Environ 85% des agriculteurs utilisent les bufs et les buffles pour les labours et le battage des céréales et autres produits de la terre.
Si lélevage est surtout le fait des petites exploitations dans la région, il se crée pourtant de grands domaines à vocation commerciale, en nombre croissant, à proximité des centres urbains. Dans les campagnes, des millions de personnes tirent des troupeaux danimaux la viande, le lait, les ufs, les cuirs et peaux, la traction animale et la laine dont elles ont besoin. La Chine compte à elle seule 400 millions de porcs sur un total mondial de 840 millions environ. LInde possède plus du quart du cheptel mondial de bufs et de buffles mais, pour des motifs religieux qui restreignent les abattages de bovins, elle assure moins de 1% de loffre mondiale de viande de buf. Dans de nombreux pays de la région, la production laitière sinscrit dans le cadre de lagriculture traditionnelle. Le poisson figure en bonne place dans le régime alimentaire de la plupart des habitants de ces régions. LAsie assure 84% de la production aquacole mondiale. Avec 6 856 000 tonnes, la Chine représente près de la moitié de la production mondiale. La demande de poisson devrait saccroître rapidement et être largement satisfaite par laquaculture.
Dans cette région, peuplée de 802 millions dhabitants, la population agricole ne représentait plus que 10,8% en 1994, en net recul par rapport aux 16,8% de 1975. Ce recul sexplique par lurbanisation et les progrès de la mécanisation. On trouve une forte proportion des terres arables sous les climats frais et humides du Nord, favorables aux pâturages. Cest donc dans la partie septentrionale de la région que sont installées une bonne partie des exploitations délevage. En 1992, lEurope a assuré 8,5% de la production aquacole mondiale. Laquaculture concerne surtout des espèces de poissons (288 500 tonnes) et de mollusques et crustacés (685 500 tonnes) à valeur commerciale relativement élevée.
LAmérique latine et les Caraïbes se distinguent à bien des égards des autres régions du globe. De vastes étendues restent inexploitées, la région possède dimportantes populations danimaux domestiques et les grandes exploitations dominent le marché agricole. Représentant environ un tiers de la production agricole, lélevage constitue une part substantielle du produit intérieur brut. La viande de buf vient largement en tête, avec 20% de la production mondiale. La plupart des animaux de ferme ont été importés. Parmi les espèces locales qui ont été domestiquées, on peut citer les cobayes, les chiens, les lamas, les alpagas, les canards musqués, les dindes et les poulets noirs. La région na assuré que 2,3% de la production aquacole mondiale en 1992.
A lheure actuelle, 31% de la population du Proche-Orient se consacrent à lagriculture. En raison du déficit de précipitations, 62% des terres ne peuvent servir quau pâturage des animaux. Cest dans cette région, au confluent du Tigre et de lEuphrate, qua commencé lélevage de la plupart des grandes espèces animales utilisées par lhumain (caprins, ovins, porcins et bovins), avant la domestication du dromadaire et de lâne, plus tard, en Afrique du Nord. Certains systèmes délevage connus dans lAntiquité sont encore en vigueur aujourdhui. Dans la société tribale arabe persistent des systèmes de subsistance dans lesquels les éleveurs pratiquent la transhumance sur de longs parcours, en quête deau et de fourrage. Seuls les pays les plus développés se livrent à la culture intensive.
Même si lagriculture représente aux Etats-Unis et au Canada une activité économique de très grande importance, moins de 2,5% de la population de ces pays sy consacrent effectivement. Depuis les années cinquante, lagriculture est devenue très intensive, avec des exploitations moins nombreuses, mais de plus en plus vastes. Les animaux délevage et les produits qui en dérivent fournissent une part importante du régime alimentaire de la population, représentant 40% de lapport total en énergie. Dans cette région, lélevage est une activité extrêmement dynamique. De nouvelles races ont été obtenues par croisement danimaux introduits de lextérieur avec des races locales. La demande des consommateurs, qui exigent de plus en plus de viande maigre et dufs (contenant moins de cholestérol), influe sur la politique suivie en matière de sélection. Si on avait largement recours au cheval au début du siècle pour les travaux agricoles, cet usage sest raréfié en raison de la mécanisation. Les chevaux sont surtout utilisés aujourdhui sur les champs de courses et pour léquitation de loisir. Les Etats-Unis ont importé quelque 700 espèces dinsectes pour lutter contre plus de 50 ravageurs. Laquaculture est en progrès dans la région, représentant 3,7% de la production aquacole mondiale en 1992 (FAO, 1995; Scherf, 1995).
Lélevage entraîne un certain nombre de risques sanitaires tels que blessures, asthme et zoonoses et divers problèmes denvironnement et de santé publique. Les effets possibles des déchets animaux sur le milieu font notamment partie de ces préoccupations au même titre que la disparition de la diversité biologique, les risques liés à limportation danimaux et de produits animaux et la salubrité des produits alimentaires.
Les déchets animaux représentent un potentiel de pollution de leau et de lair. Lextrapolation des résultats du tableau 70.3 à la production annuelle de fèces et durine des animaux délevage aux Etats-Unis en 1994 donne un total de 14,3 milliards de tonnes dexcréments et durine pour les principales espèces animales, à léchelle mondiale. Les bovins (races laitières et races à viande) représentent 87% de ce total, les porcs, 9% et les poulets et les dindes, 3% (Meadows, 1995). Leur taux élevé de production de déchets (9,76 tonnes dexcréments et durine par animal et par an) fait des bovins les plus gros pollueurs de tous les animaux domestiques des six régions, établies suivant la classification de lOrganisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture (FAO) pour les six régions du monde, avec des chiffres allant de 82% en Europe et en Asie à 96% en Afrique subsaharienne.
Animal |
Population |
Déchets (tonnes) |
Tonnes par animal |
Bovins (races laitières et races à viande) |
46 500 000 |
450 000 000 |
9,76 |
Porcs |
60 000 000 |
91 000 000 |
1,51 |
Poulets et dindes |
7 500 000 000 |
270 000 000 |
0,04 |
Source: Meadows, 1995.
Aux Etats-Unis, les exploitants agricoles qui se spécialisent désormais dans lélevage ne cultivent plus leur domaine comme ils le faisaient autrefois. Ils népandent donc plus systématiquement les déchets animaux sur les cultures pour quils servent dengrais. Un autre problème que posent les techniques modernes délevage est la forte concentration des animaux sur de petites superficies, en stabulation permanente ou dans des parcs dengraissement. Il arrive que les grandes exploitations concentrent sur une seule et même superficie de 50 000 à 100 000 bovins, 10 000 porcs ou 400 000 poulets. En outre, ces exploitations ont tendance à se grouper près des usines de transformation de manière à abréger le temps de transport des animaux jusquaux usines.
Cette concentration des activités nest pas sans avoir des répercussions sur lenvironnement: déversements accidentels à partir des cuves à déjections, infiltrations et ruissellements chroniques ou effets pathologiques des épandages par voie aérienne. La percolation des nitrates dans la nappe phréatique et le ruissellement à partir des champs et des parcs dengraissement sont dimportants facteurs de contamination de leau. Toute utilisation intensive des parcs se traduit par une concentration des fumiers et accroît le risque de pollution des eaux souterraines. Les déchets occasionnés par lélevage des bovins et des porcins sont traditionnellement recueillis dans des cuves à déjections, grandes fosses peu profondes creusées dans le sol. Elles sont construites pour favoriser une sédimentation des matières solides sur le fond et leur digestion anaérobie, lexcédent liquide étant épandu sur les champs avoisinants avant quil ne déborde (Meadows, 1995).
La biodégradation des déchets animaux dégage également des gaz nauséabonds qui contiennent jusquà 60 composés. Parmi ceux-ci figurent lammoniac, les amines, les sulfures, les acides gras volatils, les alcools, les aldéhydes, les mercaptans, les esters et les carbonyles (Sweeten, 1995). Les odeurs dégagées par les exploitations pratiquant lélevage intensif peuvent occasionner des nausées, des maux de tête, des difficultés respiratoires, des troubles du sommeil, une perte dappétit ainsi que des irritations des yeux, des oreilles et de la gorge.
Moins bien compris sont les effets néfastes des déchets animaux sur le réchauffement de la planète et les dépôts atmosphériques. Ce réchauffement est dû à la production de gaz à effet de serre, de dioxyde de carbone et de méthane. Il se pourrait que les fumiers et lisiers contribuent à laccumulation dazote par dégagement dammoniac des fosses à purin dans latmosphère. Lazote atmosphérique est réintroduit dans le cycle hydrologique par les précipitations et passe dans les cours deau, les fleuves, les lacs et les eaux côtières. Lazote de leau favorise la prolifération des algues, ce qui réduit dautant loxygène disponible pour les poissons.
Deux modifications des techniques délevage seraient de nature à régler certains problèmes de pollution. Lune consisterait à pratiquer un élevage plus extensif et lautre à améliorer les systèmes de traitement des déchets.
Le risque de déperdition rapide de gènes, despèces et dhabitats menace ladaptabilité et les caractéristiques de nombreux animaux qui sont (ou pourraient être) utiles à lêtre humain. Les actions conduites à léchelle internationale confirment la nécessité de préserver la diversité biologique aux trois niveaux de la génétique, de lespèce et de lhabitat. Lutilisation dun moindre nombre de reproducteurs pour féconder artificiellement les femelles de nombreuses espèces animales est un exemple parmi dautres de lappauvrissement de la diversité génétique (Scherf, 1995).
Avec le déclin de nombreuses races délevage et, par conséquent, la réduction de la diversité des espèces, les races dominantes sont en voie daugmentation et les races les plus productives en voie duniformisation. La perte de diversité des races bovines laitières est particulièrement aiguë; à lexception de la Holstein, très productive, les populations de vaches laitières sont en recul. Par ailleurs, laquaculture na pas permis de réduire la pression exercée par la pêche sur les populations naturelles. Cest ainsi que lemploi de filets très fins pour recueillir la biomasse destinée à nourrir les crevettes aboutit à prélever les juvéniles de précieuses espèces sauvages dans leur milieu naturel, contribuant par la même à leur épuisement. Etant donné que certaines espèces, telles que les mérous, les chanidés et les anguilles, ne peuvent pas se reproduire en captivité, leurs juvéniles sont capturés en mer et élevés dans des exploitations piscicoles, ce qui réduit dautant le stock de populations naturelles.
Les aliments utilisés en aquaculture, en amenuisant la diversité des habitats des zones côtières, ont un impact néfaste sur les populations naturelles, crevettes et poissons, dont ils détruisent le milieu habituel, comme les mangroves. De surcroît, les déjections des poissons, les restes et les débris alimentaires peuvent saccumuler sur le fond et détruire les communautés benthiques qui filtrent leau (Safina, 1995).
Les espèces animales qui survivent en abondance sont celles que lêtre humain utilise à son profit, ce qui pose un dilemme social dans la mesure où les mouvements de défense des droits des animaux font valoir que lhumain ne doit utiliser aucun animal et, notamment les animaux à sang chaud, dans son seul intérêt. Précédant ces mouvements pour la défense des droits des animaux, les représentants du mouvement de protection des animaux, créé avant 1975, demandaient que les animaux employés pour la recherche, lalimentation, lhabillement, les loisirs ou comme compagnons soient traités humainement. Depuis le milieu des années soixante-dix, les défenseurs des droits des animaux affirment que les animaux doués de sensibilité ont le droit de ne pas être utilisés pour la recherche. Sil semble tout à fait invraisemblable que lhumain renonce entièrement à se servir des animaux, tout montre, dun autre côté, que le mouvement de protection des animaux est appelé à conserver de nombreux partisans (National Institutes of Health (NIH), 1988).
Lhistoire de lélevage est indissociable de celle de limportation danimaux vivants dans de nouvelles régions du monde. Or, les maladies se répandent avec la diffusion des animaux et des produits dérivés importés. Dans la mesure où les animaux peuvent être porteurs de maladies susceptibles dinfecter lhumain ou dautres animaux, les pays ont mis en place des services de contrôle zoosanitaire chargés dindiquer la propagation de ces zoonoses. Cest notamment le cas pour la tremblante du mouton, la brucellose, la fièvre Q et le charbon. Les mesures dinspection applicables aux animaux vivants et aux produits alimentaires, ainsi que les mesures de quarantaine sont destinées à lutter contre limportation des maladies (MacDiarmid, 1993).
La transmission possible à lêtre humain dune maladie rare, la maladie de Creutzfeldt-Jakob, a suscité en 1996 une certaine inquiétude des consommateurs dans les pays importateurs de viande bovine. En effet, la consommation de viande de buf infectée par le virus de lencéphalopathie spongiforme bovine (ESB), dite «maladie de la vache folle», pourrait déclencher dans certains cas lapparition de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Bien que la chose ne soit pas prouvée, certains font valoir que le bétail aurait pu être infecté par des aliments contenant de la farine dos et des abats de moutons atteints dune maladie voisine, la tremblante. Ces trois maladies, que ce soit chez lhumain, les bovins ou les ovins, présentent les mêmes symptômes de lésions cérébrales spongiformes. Elles ont une issue fatale, leurs causes sont inconnues et il nexiste pas de tests permettant de les dépister. En 1996, les Britanniques ont entrepris labattage préventif dun tiers de leur cheptel pour maîtriser lESB et restaurer la confiance des consommateurs (Aldhous, 1996).
De même, lintroduction au Brésil dabeilles africaines a été à lorigine dun problème de santé publique. Aux Etats-Unis, des sous-espèces dabeilles européennes produisent du miel et de la cire et contribuent à la pollinisation des cultures. La formation dessaims agressifs est rare, ce qui permet aux apiculteurs de travailler en sécurité. Or, la sous-espèce africaine est passée du Brésil en Amérique centrale, au Mexique et dans le sud-est des Etats-Unis. Ces abeilles sont agressives et se forment en essaims pour défendre la colonie. Les croisements avec les sous-espèces européennes ont donné une abeille africanisée, plus agressive. Du point de vue de la santé publique, le risque est celui de piqûres multiples lorsque les abeilles africanisées se forment en essaims et de graves réactions toxiques chez lêtre humain.
Le problème de labeille africanisée semble cependant pouvoir être maîtrisé de deux façons. Dune part, ces abeilles supportent mal les climats septentrionaux et pourraient donc ne pas quitter les régions chaudes telles que le sud des Etats-Unis. Dautre part, on peut remplacer systématiquement la reine des ruches par une reine de la sous-espèce européenne, ce qui, il est vrai, ne règle pas la question des colonies naturelles (Schumacher et Egen, 1995).
De nombreuses maladies humaines dorigine alimentaire sont imputables à des bactéries pathogènes dorigine animale. Cest notamment le cas des listeria et salmonelles présentes dans les produits laitiers ou des salmonelles et campylobacter contenus dans la viande et la volaille. Les centres de lutte contre la maladie (Centers for Disease Control and Prevention), aux Etats-Unis, estiment que 53% de lensemble des poussées épidémiques de maladies dorigine alimentaire sont dues à la contamination bactérienne de produits animaux. Les quelque 33 millions de cas de maladies dorigine alimentaire recensés chaque année saccompagnent de 9 000 décès.
Ajouter des antibiotiques à titre prophylactique dans leur nourriture et soumettre les animaux malades à un traitement antibiotique sont pratiques courantes en hygiène vétérinaire. Face à la résistance aux antibiotiques de certains pathogènes zoonotiques, les milieux médicaux sont de plus en plus préoccupés par la diminution de lefficacité des antibiothérapies. En effet, bon nombre des antibiotiques ajoutés aux aliments pour animaux servent également en médecine humaine et risquent de provoquer lapparition de phénomènes de résistance des bactéries aux antibiotiques et dinfections chez lanimal et chez lhumain.
La présence de résidus de médicaments dans les produits alimentaires nest pas non plus dénuée de risques. Ainsi on a pu retrouver des résidus dantibiotiques sur des animaux destinés à la consommation, y compris sur des vaches laitières, suite à des traitements qui leur avaient été administrés par voie directe ou par adjonction des produits à leur fourrage. Parmi ces médicaments figurent le chloramphénicol et la sulphaméthazine. Il est possible de remplacer lantibiothérapie à titre prophylactique, notamment par une modification des systèmes de production. Dans ce contexte, il faut agrandir lespace réservé aux animaux, améliorer la ventilation et employer des systèmes plus performants de traitement des déchets.
Une corrélation a pu être établie entre le régime alimentaire et certaines maladies chroniques. La preuve ayant été faite quil existait un lien entre la consommation de graisses et les cardiopathies, diverses actions ont été menées afin dobtenir des produits animaux à plus faible teneur en graisses grâce à la sélection, à lengraissement des mâles entiers plutôt que des bêtes castrées et au génie génétique. Ladministration dhormones permet aussi dabaisser la teneur des viandes en matières grasses. Les hormones de croissance porcines améliorent le taux de croissance, le taux de conversion alimentaire (ou indice de consommation) et le rapport muscle/graisse. Une autre solution de plus en plus prisée consiste à consommer la viande despèces à faible teneur en matières grasses et en cholestérol telles que lautruche (National Research Council (NRC), 1989).
Menés isolément les uns des autres dans plusieurs régions de lancien et du nouveau monde, les premiers efforts de domestication des animaux remontent à plus de 10 000 ans. La chasse et la cueillette avaient jusque-là constitué les principaux moyens de subsistance des populations humaines. En se rendant maître des processus de production et de reproduction des animaux et des végétaux, lêtre humain a bouleversé la structure des sociétés humaines et leurs relations avec le milieu naturel. Le passage à lagriculture sest accompagné dune forte augmentation du travail et dun allongement du temps consacré à lacquisition de la nourriture. Les petites familles nucléaires, adaptées au nomadisme de la chasse et aux groupes de cueillette, se sont transformées en grandes unités sociales élargies, pouvant assumer les lourdes charges de travail dune production alimentaire sédentarisée.
En domestiquant les animaux, lêtre humain sest davantage exposé aux risques daccidents et de maladies dorigine animale. Linstallation de populations humaines nombreuses et sédentarisées à proximité des animaux ne pouvait manquer de faciliter la transmission des maladies entre lanimal et lhumain et la formation de grands troupeaux exigeant de multiples soins. Un peu partout dans le monde, lélevage saccompagne de risques variables daccidents et de maladies. Cest ainsi que les 50 millions dhabitants qui pratiquent lagriculture sur brûlis dans les zones équatoriales sexposent à des problèmes différents de ceux des 35 millions de pasteurs qui nomadisent à travers la Scandinavie et lAsie centrale, ou les 48 millions de producteurs pratiquant une agriculture plus industrialisée.
Dans cet article sont examinés les types de lésions, de maladies infectieuses, de maladies respiratoires et de maladies de la peau liés aux activités délevage. Les différentes zones géographiques et les diverses localisations des affections nont pas pu être traitées avec la même abondance dinformations étant donné que la recherche sest surtout concentrée sur les pays industriels dans lesquels prédomine lélevage intensif.
Les problèmes de santé humaine et les types de maladies liés à la production animale peuvent être classés selon la nature du contact entre les animaux et les humains (voir tableau 70.4). Il peut sagir dun contact physique direct, ou dun contact par lintermédiaire dun agent organique ou inorganique. Les problèmes de santé qui en résultent peuvent tous être reliés à lun ou lautre des divers aspects de la production animale.
Problèmes de santé occasionnés par un contact physique direct |
Dermite de contact allergique |
Problèmes de santé occasionnés par des agents organiques |
Intoxication par des produits agrochimiques |
Problèmes de santé occasionnés par des agents physiques |
Déficit auditif |
Le contact humain direct avec les animaux délevage va du heurt brutal avec de grands animaux tels que le buffle de Chine au contact cutané, ignoré de la victime, avec les poils microscopiques dune espèce japonaise de lymantridés. Les problèmes de santé correspondants vont donc de lirritation passagère aux coups violents et invalidants. Parmi les problèmes qui peuvent se poser, on doit citer les traumatismes infligés par les grands animaux, lhypersensibilité au venin ou les toxicoses par morsures et piqûres darthropodes venimeux, ainsi que les dermites de contact ou les dermites allergiques de contact.
Un certain nombre dagents organiques empruntent différentes voies de transmission pour passer des animaux délevage aux humains, occasionnant ainsi toute une série de problèmes de santé. Les plus importants dentre eux, à léchelle mondiale, sont les zoonoses. On en a répertorié plus de 150 dans le monde, dont 40 environ qui peuvent avoir des conséquences préoccupantes pour la santé humaine (Donham, 1985). Limportance des zoonoses dépend de facteurs régionaux tels que les pratiques agricoles, lenvironnement et la situation sociale et économique de la région. Les conséquences sanitaires des zoonoses vont des symptômes pseudo-grippaux relativement bénins accompagnant la brucellose aux ravages de la tuberculose, en passant par les maladies potentiellement mortelles dues aux souches dEscherichia coli ou encore à la rage.
Dautres agents organiques sont responsables de maladies respiratoires. Les systèmes délevage intensif en stabulation permanente (élevage en batterie) créent des environnements confinés où les poussières, y compris des microbes et leurs sous-produits, se concentrent et saérosolisent avec les gaz respirés par les agriculteurs. Aux Etats-Unis, environ 33% des travailleurs dans les élevages porcins industriels sont atteints du syndrome toxique dû aux poussières dorigine organique (Thorne et coll., 1996). Des problèmes analogues se posent dans les étables où des poussières contenant des endotoxines ou dautres agents biologiquement actifs de lenvironnement entraînent des cas de bronchite, dasthme professionnel et dinflammation des muqueuses. Si ces problèmes se posent surtout dans les pays développés où prédomine lagriculture industrialisée, lexportation de plus en plus importante des technologies délevage en stabulation permanente dans des régions en développement telles que lAsie du Sud-Est et lAmérique centrale accroît les risques encourus par les agriculteurs de ces régions.
A lorigine des problèmes de santé imputables à des agents physiques figurent en tête loutillage et les machines agricoles directement ou indirectement utilisés dans les exploitations pour la production animale. Dans les pays développés, les tracteurs sont la première cause daccidents dans les exploitations agricoles. Il faut y ajouter des taux élevés de perte daudition imputable au machinisme agricole et au bruit lié à la production animale en stabulation permanente, ainsi que des troubles musculo-squelettiques dus à des mouvements répétés. Limportance croissante des agents physiques comme facteurs de risque pour la santé humaine dans les activités délevage sexplique par lindustrialisation de lagriculture qui se caractérise par lutilisation de technologies à forte intensité de capital assurant linterface entre lhumain et son milieu pour produire des aliments.
Les contacts directs avec les animaux délevage sont une des premières causes daccidents dans de nombreux pays industriels. Aux Etats-Unis, selon le réseau national de surveillance des accidents traumatiques chez les agriculteurs (National Traumatic Injury Surveillance of Farmers) (Myers, 1993), les animaux délevage sont la principale source daccidents, les bovins, les porcins et les ovins étant à lorigine de 18% de la totalité de ceux qui surviennent dans les exploitations agricoles et occasionnant le taux le plus élevé de journées de travail perdues. Ces chiffres confirment ceux dune enquête menée en 1980-81 par le Conseil national de la sécurité (National Safety Council (NSC), 1982).
Toutes les études régionales conduites aux Etats-Unis concordent pour désigner les animaux délevage comme première cause daccidents dans le secteur du travail agricole. Des rapports plus anciens faisant état dexamens médicaux pratiqués sur des agriculteurs dans les hôpitaux de New York entre 1929 et 1948 montrent que les animaux délevage sont incriminés dans 17% des cas daccidents, immédiatement après les machines agricoles (Calandruccio et Powers, 1949). La tendance ne sinverse pas, une étude signalant quau moins un tiers des accidents dont sont victimes les éleveurs de vaches laitières dans le Vermont (Waller, 1992) sont imputables aux animaux délevage, lesquels sont aussi responsables de 19% des accidents recensés sur un échantillon aléatoire dagriculteurs dans lAlabama (Zhou et Roseman, 1995) et de 24% chez ceux de lIowa (Iowa Department of Public Health, 1995). Lune des rares études consacrées aux facteurs de risque daccidents spécifiques dus à des animaux délevage permet de constater que ces accidents pourraient être liés à lorganisation de la production et à certaines caractéristiques propres au milieu de lélevage (Layde et coll., 1996).
Les indications fournies par dautres secteurs de lagriculture industrialisée font apparaître des schémas similaires. Des recherches australiennes ont établi que les éleveurs venaient au second rang dans le pays pour les accidents professionnels mortels (Erlich et coll., 1993). Une étude des comptes rendus daccidents et des admissions aux urgences concernant les agriculteurs britanniques de louest du pays de Galles (Cameron et Bishop, 1992) a révélé que les animaux délevage constituaient la première cause daccidents, soit 35% de ceux qui surviennent dans les exploitations. Au Danemark, une étude portant sur 257 accidents constatés chez des agriculteurs hospitalisés a montré que les animaux délevage venaient au second rang des causes dhospitalisation et que 36% des accidents traités leur étaient imputables (Carstensen, Lauritsen et Rasmussen, 1995). Des recherches doivent être effectuées dans le contexte des activités de surveillance sanitaire pour remédier à labsence de données systématiques sur les accidents causés par les animaux délevage dans les pays en développement.
La prévention des accidents imputables aux animaux délevage passe par la compréhension du comportement animal et le développement de bons réflexes pour prévenir ces dangers. Pour se prémunir contre les accidents, il est en particulier indispensable de comprendre les facteurs qui se répercutent sur le comportement des animaux: alimentation, variations du milieu, relations sociales (dans le cas, par exemple, danimaux isolés du troupeau), instincts nourriciers et protecteurs des femelles, changement dhabitudes territoriales et modifications du régime alimentaire. La prévention des accidents passe aussi par linstallation et lentretien de dispositifs pour assurer la captivité des animaux, tels que barrières, enclos, stalles ou cages. Les enfants étant particulièrement exposés, il faut veiller à leur attribuer des espaces de jeux surveillés, à lécart des secteurs où sont gardés les animaux.
Les zoonoses peuvent être classées selon leur mode de transmission, lequel est à son tour lié au type dagriculture, dorganisation sociale et décosystème. Il existe quatre grandes voies de transmission:
De façon générale, les zoonoses se caractérisent comme suit: elles ne sont pas mortelles, ne sont que rarement diagnostiquées et présentent un caractère sporadique plutôt quépidémique; elles «miment» les autres maladies et lêtre humain en est lhôte final. Les zoonoses primitives sont ventilées par région au tableau 70.5.
Nom commun |
Source principale |
Région |
Brucellose |
Caprins, ovins, bovins, porcs |
Etats-Unis, Europe, région méditerranéenne |
Charbon |
Mammifères |
Amérique latine, Asie occidentale et Asie du Sud-Est, Méditerranée orientale |
Encéphalite transmise par les arthropodes |
Oiseaux, ovins, rongeurs |
Afrique, Amérique latine, Australie, Etats-Unis, Europe centrale, Extrême-Orient, Russie |
Fièvre Q |
Bovins, caprins, ovins |
Monde entier |
Hydatidose |
Chiens, ruminants, porcs, carnivores sauvages |
Afrique australe et orientale, Méditerranée orientale, Nouvelle-Zélande, régions australes de l’Amérique du Sud, Sibérie, sud de l’Australie |
Leptospirose |
Rongeurs, bovins, porcs, carnivores sauvages, chevaux |
Monde entier et, plus particulièrement, Caraïbes |
Rage |
Chiens, chats, carnivores sauvages, chauves-souris |
Monde entier |
Salmonellose |
Oiseaux, mammifères |
Monde entier, particulièrement prévalente dans les régions où l’agriculture est mécanisée et où l’on utilise beaucoup les antibiotiques |
Trichinose |
Porcs, carnivores sauvages, animaux arctiques |
Amérique du Nord, Argentine, Brésil, Europe centrale, Chili, Espagne |
Tuberculose |
Bovins, chiens, caprins |
Monde entier et, plus particulièrement, pays en développement |
Faute de données épidémiologiques et compte tenu des erreurs de diagnostic, on ne connaît guère la prévalence des zoonoses dans les populations humaines. Même dans des pays industriels comme les Etats-Unis, il arrive que certaines, telles que la leptospirose, soient confondues avec la grippe. De nombreuses zoonoses présentent des symptômes non spécifiques qui rendent leur diagnostic difficile.
La prévention des zoonoses combine un ensemble de mesures: éradication de la maladie, vaccination des humains et des animaux, assainissement du milieu de travail, désinfection et protection des plaies ouvertes, techniques appropriées de manutention et de préparation des aliments (pasteurisation du lait, cuisson suffisante de la viande, etc.), port déquipements de protection individuelle (par exemple, de bottes dans les rizières) et recours prudent aux antibiotiques pour maîtriser la croissance des souches résistantes. Les techniques de lutte et les comportements préventifs devraient viser les modes de transmission, les pathogènes et leurs hôtes et cibler spécifiquement les quatre voies de transmission.
Compte tenu de la diversité et de limportance de lexposition aux animaux délevage, les maladies respiratoires pourraient bien constituer un problème de santé majeur du secteur de la production animale. Les études conduites dans les régions développées montrent que 25% des éleveurs souffrent dune forme ou dune autre de maladie respiratoire (Thorne et coll., 1996). Les activités agricoles les plus fréquemment associées aux problèmes de ce type sont la production et la manutention de céréales, le travail dans les bâtiments de stabulation et lélevage laitier.
Les maladies respiratoires des agriculteurs peuvent résulter dexpositions diverses: poussières, gaz, produits chimiques utilisés en agriculture et agents infectieux. Sagissant des poussières, on établit une distinction selon quelles sont composées essentiellement de matières organiques ou de minéraux. La poussière des champs est la première source de poussières dorigine minérale. Les travail-leurs agricoles sont principalement exposés à des poussières dorigine organique et les maladies respiratoires dont ils souffrent résultent surtout dépisodes dexposition brefs et répétés à des poussières contenant de nombreux microbes.
Le syndrome toxique dû aux poussières dorigine organique est la maladie aiguë de type pseudo-grippal que lon observe à la suite de courtes périodes dexposition répétée à de fortes concentrations de poussières (Donham, 1986). Ce syndrome sapparente beaucoup à la forme aiguë de la maladie du poumon de fermier, mais ne saccompagne pas du risque daffection pulmonaire associé à cette dernière. La bronchite dont peuvent être atteints les agriculteurs se présente sous deux formes: chronique et aiguë (Rylander, 1994). Lasthme, défini comme lobstruction réversible des voies respiratoires accompagnée dinflammation de ces mêmes voies, peut avoir aussi pour origine lexposition à des poussières en milieu agricole. Dans la plupart des cas, ce type dasthme est lié à linflammation chronique des voies respiratoires plutôt quà une allergie spécifique.
Un second type dexposition, très commun, est lexposition quotidienne à un niveau moindre de poussières dorigine organique. Dans les cas ordinaires, le volume total de poussières est compris entre 2 et 9 mg/m3, les numérations microbiennes entre 103 et 105 organismes/m3 et la concentration dendotoxines entre 50 et 900 EU/m3 (Endoxin Unit). Les travailleurs les plus exposés sont ceux des porcheries industrielles, des étables à vaches laitières ou des bâtiments délevage de poulets, les symptômes les plus fréquemment observés étant les deux formes de bronchite (aiguë et chronique), un syndrome rappelant lasthme et lirritation des muqueuses.
Les gaz jouent un rôle important dans le déclenchement des troubles pulmonaires en milieu rural. Ainsi, lammoniac est souvent à lorigine de problèmes respiratoires chez les travailleurs des porcheries industrielles et chez ceux des élevages de poulets. Lexposition à lammoniac anhydre, employé comme engrais, a des effets à la fois aigus et chroniques sur lappareil respiratoire. Dans les fermes de production laitière et les porcheries industrielles, les fosses à lisier peuvent dégager du sulfure dhydrogène pouvant causer des intoxications aiguës souvent mortelles. Le risque est le même en cas dinhalation dinsecticides pulvérisés.
On peut prévenir les maladies respiratoires en captant les poussières et autres agents pathogènes à la source. Dans les bâtiments de stabulation, un système de ventilation bien conçu et de fréquents nettoyages évitent laccumulation de poussières. Ces précautions ne suffisent parfois pas et il faut alors les compléter par le port dun masque antipoussières, bien choisi et correctement utilisé. On peut aussi envisager des solutions de rechange à la claustration et recourir, par exemple, à des modes dexploitation qui privilégient le pâturage et la semi-liberté, solutions qui peuvent être tout aussi profitables que la stabulation, surtout si lon prend en compte les dépenses de santé liées au travail.
Les principaux troubles cutanés peuvent être des dermites de contact, dorigine infectieuse, provoquées par le soleil ou consécutives à des piqûres dinsectes. Daprès les estimations, les travail-leurs de lagriculture sont les plus exposés à certaines dermatoses dorigine professionnelle (Mathias, 1989). On manque certes de données sur les taux de prévalence, surtout dans les pays en développement, mais des études ont montré quaux Etats-Unis ce type de pathologie représente, dans certaines régions, jusquà 70% de lensemble des maladies professionnelles touchant les travailleurs de lagriculture (Hogan et Lane, 1986).
Il existe trois types de dermites de contact: la dermite de contact par irritation, la dermite de contact allergique et la dermite de photocontact. La première est la plus fréquente, la deuxième est moins répandue et la troisième reste rare (Zuehlke, Mutel et Donham, 1980). Les engrais, végétaux et pesticides constituent les sources de dermite de contact les plus fréquemment observées dans les exploitations. On notera en particulier la dermite de contact provoquée par les aliments pour animaux, ces aliments contenant des additifs (des antibiotiques, par exemple) qui peuvent causer en outre des dermites de contact allergique.
Dans les pays en développement, les agriculteurs au teint clair sont particulièrement sujets à des affections cutanées chroniques dues au soleil, notamment les rides, les kératoses actiniques (lésions squameuses non cancéreuses) et le cancer de la peau. Les deux formes de cancer cutané les plus fréquentes sont le carcinome basosquameux et le carcinome basocellulaire. Des travaux épidémiologiques conduits au Canada ont montré que les agriculteurs sont davantage exposés au carcinome basosquameux que le reste de la population (Hogan et Lane, 1986). Les carcinomes basosquameux se produisent souvent par dégénérescence des kératoses actiniques. Environ deux carcinomes basosquameux sur cent donnent des métastases; ils affectent surtout les lèvres. Les carcinomes basocellulaires sont plus fréquents et concernent la face et les oreilles. Bien que localement destructifs, les carcinomes basocellulaires ne métastasent que rarement.
Parmi les dermatoses dorigine infectieuse les plus fréquentes chez les éleveurs, on trouve les dermatomycoses (notamment, la teigne des bovins), la dermite pustuleuse contagieuse (Ecthyma contagiosum) et la pseudovaccine (nodule des trayeurs). Les dermatomycoses sont des infections superficielles de la peau qui se présentent comme des lésions squameuses rouges, consécutives à des contacts avec des bovins infectés, notamment les vaches laitières. Une étude entreprise en Inde, où les bovins errent librement, a montré que 5% des ruraux souffrent de dermatophytoses (Chatterjee et coll., 1980). LEcthyma contagiosum , par contre, est due à un poxvirus généralement transmis par les ovins ou les caprins infectés. Des lésions caractéristiques se forment sur le dos de la main ou sur les doigts et disparaissent généralement au bout de six semaines en laissant quelques cicatrices. Les nodules des trayeurs résultent dune infection due au poxvirus de la variole bovine, par contact avec les pis ou les trayons infectés des vaches laitières. Présentant un aspect similaire à celui de lEcthyma contagiosum , ces lésions sen distinguent parce quelles sont généralement plus nombreuses.
Les dermatoses provoquées par les insectes sont avant tout le résultat de morsures et de piqûres. Les éleveurs contractent fréquemment des infections dues aux acariens qui parasitent le bétail ou contaminent les céréales. Parmi ces réactions cutanées figurent la gale et les irritations qui résultent de piqûres daoûtats; elles se traduisent par des irritations et des rougeurs qui disparaissent généralement spontanément. Plus graves sont les morsures et les piqûres dinsectes tels que les abeilles, les guêpes, les frelons ou les fourmis qui peuvent donner des réactions anaphylactiques. Le choc anaphylactique est une réaction dhypersensibilité rare qui se produit lorsquune surproduction de substances chimiques émises par les leucocytes déclenche une contraction des voies respiratoires pouvant conduire à larrêt cardiaque.
Il existe de nombreux moyens de se prémunir contre ces différentes affections ou réactions cutanées. La dermite de contact peut être évitée en limitant lexposition au milieu hostile par le port de vêtements protecteurs et de gants et par une hygiène individuelle rigoureuse. A noter quon attire moins les insectes en portant des vêtements de couleur claire (on sabstiendra de porter des imprimés à fleurs) et en évitant de se parfumer et on réduit considérablement le risque de cancer de la peau si on sastreint à porter des vêtements couvrant bien, notamment, un chapeau à large bord. Lemploi de crèmes solaires nest pas inutile, mais nest pas un gage de protection absolue.
Laccroissement du cheptel mondial a suivi la courbe de la démographie. On compte environ 4 milliards de bovins, de porcs, dovins, de caprins, de chevaux, de buffles et de chameaux dans le monde (Durning et Brough, 1992). En revanche, on connaît mal les problèmes de santé humaine liés à lélevage dans des régions en développement telles que lInde et la Chine où le cheptel déjà important est appelé à connaître un développement considérable. Cependant, il est inévitable que bon nombre des problèmes de santé observés dans les élevages dAmérique du Nord et dEurope accompagnent lindustrialisation de lélevage dans les autres parties du monde. On peut sattendre également à ce que les services de santé de ces pays ne puissent faire face aux conséquences de cette industrialisation sur la sécurité et la santé.
Lémergence dun élevage industrialisé à léchelle mondiale, avec son cortège de répercussions sur la santé humaine, ira de pair avec des transformations radicales dordre social, économique et politique, comparables à celles qui avaient suivi la domestication des animaux il y a plus de 10 000 ans. La prévention des problèmes de santé humaine passera par une bonne compréhension et un traitement approprié de ces nouvelles formes dadaptation de lêtre humain à son milieu dans le contexte dune plus juste perception de la place de la production animale.
Les arthropodes comprennent plus dun million despèces dinsectes et des milliers de variétés de tiques, dacariens, daraignées, de scorpions et de mille-pattes. Les abeilles, les fourmis, les guêpes et les scorpions piquent et injectent du venin, les moustiques et les tiques sucent le sang et transmettent des maladies, tandis que les squamules et les poils des insectes peuvent irriter les yeux et la peau, ainsi que les muqueuses du nez, de la bouche et de lappareil respiratoire. Dans la plupart des cas, les humains sont piqués par des abeilles sociales (bourdons, abeilles millifères). Peuvent aussi piquer les polistes, guêpes jaunes, frelons et fourmis. Les arthropodes peuvent constituer un risque pour la santé des travailleurs (voir tableau 70.6) mais, en règle générale, ces risques potentiels ne concernent pas un métier en particulier. En fait, lexposition professionnelle aux arthropodes dépend du lieu de travail, des conditions locales et de lépoque de lannée. Le tableau 70.7 recense certains de ces risques et les arthropodes correspondants. En présence darthropodes, la première des précautions consiste à éviter ou à exclure lagent incriminé. Limmunothérapie à venin peut améliorer la tolérance dun individu au venin des arthropodes; elle sacquiert par un traitement au long cours en injectant progressivement des doses croissantes de venin. Elle est efficace chez 90 à 100% des individus hypersensibles au venin, mais au prix dinnombrables injections fort coûteuses. Le tableau 70.8 énumère les réactions normales et allergiques aux piqûres dinsectes. Donald Barnard Tableau 70.6 Risques de contact avec les arthropodes pouvant, dans différentes
|
Profession |
Arthropodes |
Travailleurs du bâtiment et des services de l’environnement, agriculteurs, pêcheurs, bûcherons, spécialistes des poissons et de la faune sauvage, naturalistes, employés des transports, garde-forestiers et conservateurs des parcs, travailleurs des services d’utilité publique |
Abeilles, araignées, asticots, aoûtats, chenilles, éphémères communs, fourmis, guêpes, mille-pattes, mouches piqueuses, phryganes, scorpions, tiques |
Fabricants de produits cosmétiques, dockers, fabricants de colorants, ouvriers d’usine, aides à domicile, travailleurs de la meunerie, de la restauration, des silos, de la transformation des denrées alimentaires |
Acariens, araignées, bruches du haricot et du pois, charançon, coccidés, fourmis, scarabées |
Apiculteurs |
Abeilles, bourdons, fourmis, guêpes |
Travailleurs du secteur de la production d’insectes, biologistes de laboratoire et de terrain, conservateurs de musée |
Plus de 500 espèces d’arthropodes sont élevées en laboratoire. Les plus importantes sont les acariens, les araignées, les fourmis, les mites, les scarabées et les tiques |
Personnel hospitalier et autres personnels de santé, personnel administratif des écoles, enseignants |
Acariens, blattes, chenilles, fourmis, mouches piqueuses, scarabées |
Sériciculteurs |
Vers à soie |
Risque |
Arthropodes |
Morsures, envenimation1 |
Acariens, araignées, fourmis, mille-pattes, mouches piqueuses |
Envenimation par piqûre, hypersensibilité au venin2 |
Abeilles, fourmis, guêpes, scorpions |
Toxicose/paralysie due aux tiques |
Tiques |
Asthme |
Abeilles, acariens, acariens des céréales, acariens de poussière, asticots, blattes, charançons, chenilles, criquets, éphémères communes, mites, scarabées, trichoptères, sauterelles, vers à soie |
Dermite de contact3 |
Araignées, acariens des céréales, acariens de poussière, acariens des fruits secs, blattes, chenilles, cirons ventrus, méloés (Epicauta), mites, vers à soie |
1 Envenimation par le poison de glandes des pièces buccales.
2 Envenimation par le poison de glandes non liées aux pièces buccales.
3 Y compris la dermite irritante de contact primitive.
Type de réponse |
Réaction |
I. Réactions normales, non allergiques au moment de la piqûre |
Douleur, brûlure, démangeaison, rougeur au point de piqûre, zone blanche autour du point de piqûre, gonflement, douleur à la palpation |
II. Réactions normales, non allergiques plusieurs heures ou plusieurs jours après la piqûre |
Démangeaison, rougeur résiduelle, petite lésion brune ou rouge au point de piqûre, gonflement au point de piqûre |
III. Réactions locales importantes |
Gonflement massif autour du point de piqûre couvrant une zone de 10 cm ou plus, augmentant de taille pendant 24 à 72 heures et pouvant durer 1 semaine et plus |
IV. Réactions allergiques cutanées |
Urticaire en des endroits quelconques de la peau, gonflement massif à distance du point de piqûre, démangeaison généralisée de la peau, rougeur généralisée de la peau à distance du point de piqûre |
V. Réactions allergiques systémiques ne mettant pas la vie en danger |
Rhinite allergique, symptômes respiratoires mineurs, crampes abdominales |
VI. Réactions allergiques systémiques pouvant mettre la vie en danger |
Choc, inconscience, hypotension ou évanouissement, difficultés respiratoires, gonflement massif de la gorge |
Source: Schmidt, 1992.
Avec la concentration des populations et la nécessité de nourrir les animaux pendant les longs hivers des régions septentrionales est apparue la nécessité de récolter, de sécher et de distribuer le foin aux animaux domestiques. Bien que le pâturage soit aussi ancien que la domestication des animaux, il semble bien que la première plante fourragère cultivée ait été la luzerne, dont lusage est attesté dès 490 avant J.-C. en Perse et en Grèce.
Pas délevage sans fourrage. Si lon cultive les fourrages, cest pour leur partie végétale et non pour leurs graines. Les tiges, les feuilles et les inflorescences de certaines légumineuses (par exemple, la luzerne et le trèfle) ainsi que diverses graminées servent au pâturage des animaux ou sont coupées et données au bétail. Lorsque des cultures céréalières telles que le maïs ou le sorgho, ou encore la paille, sont coupées pour leur partie végétale, on les range parmi les cultures fourragères.
En matière de cultures fourragères, on distingue pâturages et libres parcours, foin et ensilage. Les cultures fourragères peuvent être prélevées par le bétail lui-même (sur les pâturages) ou par lhumain soit à la main, soit à la machine. La récolte peut être utilisée sur lexploitation même pour nourrir les animaux ou être vendue. Au stade de la production fourragère, les tracteurs servent à transporter et à transformer les fourrages, lirrigation pouvant, par ailleurs, simposer dans les régions sèches.
On laisse le bétail trouver sa pâture en lui permettant de paître ou de brouter. Les espèces végétales destinées au pâturage, notamment les graminées, varient selon la saison de lannée, les pâturages étant gérés en vue du pacage de printemps, dété ou dautomne. Dans le cas des terrains de parcours libre, on sattache à ne pas épuiser les pâturages, ce qui amène à déplacer les troupeaux dun secteur à lautre. Les résidus de récolte peuvent venir compléter lalimentation des animaux au pâturage.
La luzerne, très employée comme fourrage, ne convient pas pour le pâturage, car elle est cause de météorisation chez les ruminants, cest-à-dire dune accumulation anormale de gaz dans la panse (ou rumen) entraînant un gonflement de labdomen, capable de tuer lanimal. Dans les climats tempérés, il nest pas possible de faire pâturer les bêtes en hiver, doù la nécessité demmagasiner du fourrage. Au demeurant, dans les grandes exploitations, on a recours au fourrage récolté foin et ensilage , car les pâturages ne suffisent pas à nourrir de grands troupeaux danimaux.
Le foin est un fourrage herbacé, cultivé et séché en vue dune conservation de durée variable. Lorsque les herbes sont suffisamment hautes, elles sont coupées au moyen dune faucheuse ou dune moissonneuse-faneuse-andaineuse (combinant les deux opérations de fanage et dandainage), puis formées en longues rangées quon fait sécher (andains). Pendant ces deux opérations, on laisse les herbes sécher sur place avant le bottelage. Autrefois, on récoltait en vrac à la fourche, comme cela se pratique encore parfois pour donner à manger aux animaux. Une fois bien sec, le foin est mis en balles. La presse ramasse le foin des andains et le comprime pour former soit de petites balles de foin (de forme carrée) plus maniables, soit de grosses balles (de forme carrée ou cylindrique) qui doivent être transportées par engins mécaniques. Les petites balles peuvent être envoyées mécaniquement de la presse dans la remorque, ou bien sont ramassées à la main et disposées sur la remorque pour être acheminées jusquau lieu dentreposage. Les balles sont gerbées en meules, à labri de la pluie, dans une grange, un hangar ou sous une bâche. En effet, le foin mouillé peut se gâter facilement ou senflammer spontanément par suite du dégagement de chaleur du processus de décomposition. Le foin peut être transformé en granulés ou en cubes comprimés pour usage commercial. Un pré peut être fauché plusieurs fois par an, trois fois en général. Pour laffouragement, la balle est transportée jusquau râtelier où elle est ouverte et placée à bonne hauteur pour que lanimal puisse latteindre. Cette opération est pratiquement toujours manuelle.
Parmi les autres fourrages récoltés pour lalimentation du bétail, on peut citer le maïs et le sorgho destinés à lensilage. Du point de vue économique, la valeur énergétique du maïs récolté pour être ensilé est supérieure à celle du maïs récolté pour son grain, cet écart pouvant atteindre jusquà 50%. Une machine permet de récolter la plus grande partie de la céréale à létat vert. La récolte est coupée, écrasée, hachée et éjectée dans une remorque. Laliment haché ainsi obtenu est soit donné à létat vert, soit stocké dans un silo où il subit une fermentation pendant les deux premières semaines. Cette fermentation stabilise laliment et lempêche de se gâter. Tout au long de lannée, le silo est progressivement vidé de son contenu (qui est donné aux animaux délevage) grâce à des moyens mécaniques.
Le stockage des aliments pour animaux présente des risques pour les travailleurs agricoles. Au début du processus de stockage, il y a production de dioxyde dazote, qui peut entraîner de graves troubles respiratoires (maladie des ouvriers de silo (ensileurs)) pouvant évoluer vers le décès. Ce risque, qui est dû au stockage dans un espace confiné, est évitable si lon sabstient de pénétrer dans un silo (ou un local clos) pendant les toutes premières semaines du stockage. Dautres problèmes peuvent se poser lorsque la luzerne, le foin, la paille ou dautres fourrages sont humides au moment de leur stockage. Il peut se former des champignons et dautres contaminants microbiens qui sont cause de maladies respiratoires aiguës (maladie des déchargeurs de silo, syndrome toxique dû aux poussières organiques) ou de maladies respiratoires chroniques (maladie du poumon de fermier). Le port de masques de protection appropriés permet de réduire le risque de maladies respiratoires aiguës et chroniques. En outre, il convient de naccorder lautorisation de pénétrer dans les espaces confinés quà condition dobserver un certain nombre de précautions.
La paille et le foin utilisés comme litières sont généralement secs et vieux, mais ils peuvent contenir des moisissures et des spores susceptibles doccasionner des symptômes respiratoires lorsque les poussières sont en suspension dans lair. Des masques antipoussières peuvent réduire lexposition à ce risque.
Différentes machines agricoles (moissonneuses, presses, hache-paille, etc.) permettent de hacher, couper ou triturer les récoltes. Elles peuvent être à lorigine daccidents, en particulier lorsque le travailleur agricole cherche à débloquer des mécanismes enrayés sans avoir arrêté le moteur. Il faut toujours couper le contact avant de procéder à ce type de réparation et prévoir un programme de verrouillage/déverrouillage si plusieurs personnes travaillent en même temps. Le retournement des tracteurs non équipés darceaux de sécurité est une autre source importante daccidents, parfois mortels pour le conducteur (Deere & Co., 1994). On trouve dautres renseignements sur les risques que comporte le matériel agricole dans le chapitre no 64, «Lagriculture et les secteurs connexes», de la présente Encyclopédie.
Lorsquon emploie des animaux pour semer, moissonner et engranger, il ne faut pas négliger les risques daccidents par coups de pied, morsures, foulures, écrasements et lacérations. Le meil-leur moyen de se prémunir contre de tels dangers est de bien savoir conduire les animaux.
La manutention des balles de foin et de paille peut poser des problèmes dergonomie. Les travailleurs agricoles doivent apprendre à manier correctement la fourche et se servir dengins mécaniques chaque fois que la chose est possible.
Fourrages et litières peuvent être à lorigine dincendies. Comme on la dit plus haut, le foin humide présente un risque de combustion spontanée. Le foin, la paille et les autres fourrages secs brûlent facilement, surtout sils sont stockés en vrac. Même en balles, tous ces fourrages entretiennent la combustion dès lors quun incendie se déclare. Interdiction de fumer, suppression des sources détincelles et mesures de prévention des incendies sont autant de précautions élémentaires à instituer sans tarder.
Partout dans le monde, les lois économiques de loffre et de la demande poussent à lindustrialisation de lagriculture (Donham et Thu, 1995). Dans les pays développés, la tendance est à la spécialisation, à lintensification et à la mécanisation, ce qui explique le recours de plus en plus fréquent à la stabulation par opposition au pâturage. Soucieux de transformer leur agriculture de subsistance en une économie de concurrence à léchelle mondiale, de nombreux pays en développement se sont rendu compte de la nécessité de la stabulation. A mesure que les grandes sociétés possédantes et exploitantes se taillent une part de plus en plus importante du marché de lagriculture, la ferme familiale cède la place à de grandes exploitations qui emploient une abondante main-duvre.
Lélevage en stabulation permanente nest autre que lapplication des principes de la production industrielle de masse à la production animale. Il sagit délever les animaux en grand nombre dans des bâtiments isolés de lextérieur et équipés de systèmes mécaniques ou automatisés de ventilation, délimination des déchets, dalimentation et dabreuvement (Donham et coll., 1977).
Adopté par plusieurs pays européens dès le début des années cinquante, ce type délevage a commencé à apparaître aux Etats-Unis à la fin des années cinquante. Les aviculteurs ont été les premiers à y recourir (élevage en batterie). Dès le début des années soixante, les éleveurs de porcs ont commencé à leur tour à adopter cette technique, pour être imités plus récemment par les producteurs de bovins (élevage en stabulation), quil sagisse de races laitières ou de races à viande.
Lindustrialisation de lélevage sest accompagnée pour les agriculteurs de bien des problèmes de santé et de société. Dans la plupart des pays occidentaux, les exploitations sagrandissent tout en se raréfiant. On trouve de moins en moins dexploitations familiales (exploitées en faire-valoir direct) et davantage de structures exploitées en société (notamment en Amérique du Nord), doù une augmentation du nombre des travailleurs agricoles et une diminution relative de celui des agriculteurs exploitants. De surcroît, en Amérique du Nord, la main-duvre agricole est de plus en plus fournie par les minorités et les immigrants. Il existe donc un risque de voir se constituer une nouvelle sous-classe de travailleurs dans certains secteurs de cette branche dactivité.
La main-duvre agricole se trouve désormais exposée à tout un ensemble de nouveaux risques quil est possible de classer sous quatre grandes rubriques:
Les risques respiratoires ne sont pas absents non plus.
Plusieurs gaz toxiques et asphyxiants résultant de la dégradation microbienne des déchets animaux (urine et excréments) peuvent être associés à la stabulation permanente. Le plus souvent, les déchets sont stockés sous forme liquide sous les bâtiments, sur un sol en caillebotis, ou dans une citerne ou une fosse à lisier aménagées à lextérieur des bâtiments. Ce système est généralement anaérobie, ce qui entraîne la formation de gaz toxiques (voir tableau 70.9) (Donham, Yeggy et Dauge, 1988). Voir également dans ce chapitre larticle intitulé «La manutention du fumier et des déchets».
Acétaldéhyde |
Décaldéhyde |
Méthylmercaptan |
Toutes les opérations ou presque qui saccompagnent de digestion anaérobie des déchets dégagent simultanément des gaz toxiques ou asphyxiants (au nombre de quatre) très communs: le dioxyde de carbone (CO2), lammoniac (NH3), le sulfure dhydrogène (H2S) et le méthane (CH4). La décomposition des déchets animaux peut également produire de petites quantités de monoxyde de carbone (CO), mais ce sont surtout les appareils de chauffage brûlant des carburants fossiles qui sont responsables de ce type démission. On trouve au tableau 70.10 les niveaux ambiants caractéristiques de ces gaz (ainsi que des particules) dans les porcheries industrielles. Sont également énumérés les niveaux dex-position maximaux recommandés, dans les locaux de ce type, sur la base des recherches les plus récentes (Donham et coll., 1995; Reynolds et coll., 1996) ainsi que les valeurs limites dexposition fixées par la Conférence américaine des hygiénistes gouvernementaux du travail (American Conference of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH, 1994). Ces valeurs ont été adoptées comme limites réglementaires par de nombreux pays. Dans bien des bâtiments agricoles, la concentration de lun au moins de ces gaz, sinon celle de plusieurs, dépasse le seuil admissible. A noter que lexposition simultanée à ces substances toxiques peut sadditionner ou agir en synergie la limite correspondant au mélange pouvant être dépassée quand bien même les différentes limites ne le sont pas. Les concentrations sont souvent plus élevées lhiver que lété, car on réduit la ventilation pour garder la chaleur.
Gaz |
Gamme (ppm) |
Concentrations ambiantes typiques (ppm) |
Concentrations maximales recommandées (ppm) |
Valeurs limites d’exposition (ppm) |
CO |
0 à 200 |
42 |
50 |
50 |
CO2 |
1 000 à 10 000 |
8 000 |
1 500 |
5 000 |
NH3 |
5 à 200 |
81 |
7 |
25 |
H2S |
0 à 1 500 |
4 |
5 |
10 |
Poussières totales |
2 à 15 mg/m3 |
4 mg/m3 |
2,5 mg/m3 |
10 mg/m3 |
Poussières respirables |
0,10 à 1,0 mg/m3 |
0,4 mg/m3 |
0,23 mg/m3 |
3 mg/m3 |
Endotoxines |
50 à 500 ng/m3 |
200 ng/m3 |
100 ng/m3 |
(aucune valeur limite n’a été fixée) |
Ces gaz ont été responsables de plusieurs accidents graves chez les agriculteurs. De nombreuses morts subites danimaux et plusieurs décès humains ont pu être attribués au H2S (Donham et coll., 1982). La plupart des cas aigus se sont produits après agitation ou vidange de la fosse à lisier, ces opérations ayant occasionné un dégagement soudain et important de H2S, connu pour être extrêmement toxique. Dans dautres cas mortels, on rapporte que des travailleurs descendus pour inspecter, réparer ou récupérer un objet tombé dans une fosse à lisier qui venait dêtre vidangée sétaient subitement écroulés sans signe avant-coureur. Les résultats des autopsies ont chaque fois indiqué un dème pulmonaire massif. Cet dème, joint aux circonstances de laccident, signe une intoxication au sulfure dhydrogène. Bien souvent, les tentatives de sauvetage par des témoins ont entraîné des décès multiples. Aussi, les travailleurs des élevages industriels devraient-ils être informés des risques encourus et ne pénétrer dans une fosse à lisier quaprès avoir pris certaines précautions: sêtre assuré quil ne sy dégage aucun gaz toxique, être équipés dun appareil de protection respiratoire alimenté en oxygène, avoir vérifié que le local est bien ventilé et demandé à deux autres travailleurs, attachés à une corde à celui qui descend dans la fosse, de se tenir prêts à lui porter secours sans se mettre eux-mêmes en danger. Ces instructions devraient être consignées par écrit dans le cadre dun programme indiquant la conduite à tenir en milieu confiné.
Le monoxyde de carbone (CO) peut lui aussi atteindre des niveaux de toxicité aiguë. A des concentrations atmosphériques de 200 à 400 ppm dans des porcheries industrielles, on a pu observer des cas davortement chez les porcs, les travailleurs présentant quant à eux des symptômes subaigus tels que maux de tête chroniques et nausées. On peut aussi sinterroger sur les effets possibles sur le ftus humain. La principale cause de dégagement de CO est à rechercher dans les appareils de chauffage défectueux qui brûlent des hydrocarbures. Laccumulation excessive de poussières dans les porcheries industrielles nuit parfois au bon fonctionnement des appareils de chauffage. Il peut arriver aussi que ceux qui fonctionnent par rayonnement au propane dégagent du monoxyde de carbone, encore quà des niveaux moins élevés (par exemple, 100 à 300 ppm). A lintérieur des bâtiments, les appareils de lavage à haute pression équipés dun moteur à combus-tion interne présentent un risque semblable et il convient alors de prévoir des détecteurs de CO avec alarme.
La défaillance du système de ventilation peut aussi être très dangereuse. Laccumulation de gaz risque alors rapidement de devenir critique, compte tenu de lactivité respiratoire des animaux et, surtout, du remplacement de loxygène par dautres gaz, notamment le CO2 dégagé par la fosse à lisier. Des concentrations mortelles peuvent être observées en moins de sept heures. Par temps chaud, trois heures suffisent, dans les élevages de porcs, pour quon atteigne des niveaux de température et dhumidité mortels. Il est donc essentiel de veiller à lentretien du système de ventilation.
Il existe enfin un dernier cas potentiellement très dangereux, celui du CH4, gaz plus léger que lair qui, en se dégageant de la fosse à lisier, tend à saccumuler dans les parties hautes des bâtiments. Plusieurs explosions ont eu lieu par inflammation de ce gaz au contact dune veilleuse ou du chalumeau dun travailleur.
Les aliments pour animaux, les squames animales et les soies de porc ainsi que les matières fécales séchées sont autant de sources de poussières dans les installations de stabulation (Donham et coll., 1986). Composées de protéines à raison de 24% environ, ces particules de poussières peuvent provoquer des réactions de type inflammatoire ou même allergique lorsquelles entrent en contact avec des protéines étrangères. Comme la plupart ont une taille inférieure à 5 µm, elles peuvent donc pénétrer jusque dans les parties profondes des poumons et sont alors particulièrement nocives. Elles sont aussi chargées de microbes (104 à 107/m3 dair) qui sécrètent des substances toxiques et inflammatoires, notamment des endotoxines (les plus fréquemment observées), des glucanes, de lhistamine et des protéases. On trouve au tableau 70.10 les concentrations maximales recommandées en la matière. Les gaz et les bactéries présents dans latmosphère des bâtiments sont adsorbés à la surface des particules de poussières. Lorsquelles sont inhalées, ces poussières risquent de surcroît dapporter dans les poumons des gaz irritants ou toxiques ainsi que des bactéries potentiellement infectieuses.
Quelque 25 zoonoses ont été reconnues comme maladies professionnelles chez les agriculteurs. Bon nombre dentre elles peuvent être transmises directement ou indirectement par les animaux délevage. La forte densité inhérente à la stabulation permanente facilite la transmission des zoonoses de lanimal à lhumain. Les conditions caractéristiques des porcheries industrielles peuvent favoriser la transmission de la grippe porcine, de la leptospirose, de Streptococcus suis et de la salmonellose, par exemple. Les élevages de poulets comportent le risque dornithose, dhistoplasmose, du virus de la maladie de Newcastle et de salmonellose. Quant aux élevages industriels de bovins, ils exposent les travailleurs au risque de fièvre Q, de Trichophyton verrucosum (teigne animale) et de leptospirose.
A ces risques sajoutent ceux liés à lutilisation de produits biologiques et antibiotiques. Les vaccins injectables et de nombreuses autres substances biologiques sont couramment employés pour les soins vétérinaires préventifs des animaux en stabulation. Il arrive que des travailleurs sinjectent accidentellement du vaccin antibrucellose ou des colibacilles (Escherichia coli).
Les antibiotiques sont dusage courant. On les administre par voie parentérale (injection) ou on les incorpore aux aliments pour animaux. Or, on retrouve des fragments daliments pour animaux dans les poussières des bâtiments de stabulation; on peut donc supposer que les antibiotiques sont également présents dans lair. Il y a lieu de prendre en compte les risques accrus que constituent, pour les agriculteurs, lhypersensibilité aux antibiotiques et la contraction dune infection résistante aux antibiotiques.
Des niveaux sonores de 103 dBA ont été mesurés dans les bâtiments délevage. Ces niveaux sont supérieurs aux valeurs limites dexposition et peuvent entraîner un déficit auditif dû au bruit (Donham, Yeggy et Dauge, 1988).
En règle générale, le personnel qui travaille dans les bâtiments délevage est exposé à des risques daffections respiratoires quelle que soit lespèce animale considérée. Toutefois, les effets pathologiques, accompagnés de symptômes graves, touchent davantage les travailleurs des porcheries industrielles (25 à 70%) que ceux des élevages avicoles ou bovins (Rylander et coll., 1989). Dans les élevages avicoles, où les déchets sont généralement sous forme solide, le sulfure dhydrogène est absent et le gaz dont la présence est la plus préoccupante semble être lammoniac.
La déclaration de symptômes respiratoires subaigus ou chroniques se révélant particulièrement fréquente chez les travailleurs agricoles des porcheries industrielles, des enquêtes ont été menées et les résultats font apparaître quenviron 75% dentre eux présentent des symptômes aigus des voies respiratoires supérieures, lesquels peuvent être classés en trois groupes:
Les symptômes signant une inflammation chronique de lappareil respiratoire supérieur ne sont pas rares; on les observe chez environ 70% des travailleurs des porcheries industrielles. Ils se manifestent le plus souvent par une impression détouffement, par la toux, par des sifflements respiratoires et de sécrétions bronchiques anormalement abondantes.
Chez environ 5% des travailleurs, les symptômes apparaissent quelques semaines seulement après le début du travail dans les bâtiments (impression détouffement, sifflements et difficultés respiratoires). Le plus souvent, la gêne est telle que ces travailleurs doivent chercher un autre emploi. Faute de données, on ne sait pas sil sagit dune réaction dhypersensibilité allergique ou non aux poussières et aux gaz. Dans la majorité des cas, les symptômes de bronchite et dasthme apparaissent après cinq années dexposition.
Environ 30% des travailleurs ont occasionnellement des symptômes différés. Entre quatre à six heures après avoir travaillé dans le bâtiment, ils présentent une symptomatologie pseudo-grippale se manifestant par de la fièvre, des maux de tête, des malaises, des douleurs musculaires diffuses et des douleurs thoraciques. Ces symptômes disparaissent généralement au bout de vingt-quatre à soixante-douze heures. Cest ce que lon appelle le syndrome toxique dû aux poussières organiques.
Le risque datteinte pulmonaire chronique semble réel chez ces travailleurs bien quaucune preuve nait pu être apportée jusquici. Dans les porcheries industrielles, il simpose de prendre un certain nombre de mesures pour prévenir le risque dexposition chronique ou aiguë aux matières dangereuses en suspension dans lair. Le tableau 70.11 résume les affections observées chez les sujets travaillant dans ces établissements.
Maladies des voies respiratoires supérieures |
Sinusite |
Maladies des voies respiratoires inférieures |
Asthme professionnel |
Maladies interstitielles |
Alvéolite |
Maladie généralisée |
Syndrome toxique dû aux poussières organiques |
Sources: Donham, Zavala et Merchant, 1984; Donham et coll., 1990; Dosman et coll., 1988; Haglind et Rylander, 1987; Harries et Cromwell, 1982; Heederick et coll., 1991; Holness et coll., 1987; Iversen et coll., 1988; Jones et coll., 1984; Lenhart et Olenchock, 1984; Rylander, Essle et Donhan, 1990; Rylander, Peterson et Donham, 1990; Turner et Nichols, 1995.
Exposition aiguë au sulfure dhydrogène. On devrait éviter toute exposition aux émissions de sulfure dhydrogène (H2S), susceptibles de se dégager lors de lagitation dune citerne à lisier liquide anaérobie. Si la citerne est placée en sous-sol, il convient de rester à lextérieur du bâtiment pendant la vidange et plusieurs heures après, jusquà ce que les contrôles dambiance montrent que tout danger est écarté. Pendant lopération, il sera judicieux de régler la ventilation au maximum de sa puissance. On ne doit jamais pénétrer dans une citerne ou une fosse à lisier liquide sans avoir pris les précautions décrites précédemment.
Exposition aux particules. Des aménagements simples, tels que le recours à lalimentation automatisée, destinés à éliminer au maximum les poussières provenant des aliments, permettent de limiter lexposition aux particules. Ladjonction de matières grasses au régime alimentaire, le lavage fréquent des bâtiments au jet et linstallation de planchers à claire-voie faciles à nettoyer sont autant de méthodes à lefficacité avérée. Un système antipoussières (avec brumisation dhuile), à létude, pourrait être adopté, le port dun masque antipoussières de bonne qualité demeurant, en tout état de cause, une précaution indispensable.
Bruit. Des protecteurs doreilles devraient être distribués et portés lors de la vaccination des animaux ou de lexécution dautres travaux dans les bâtiments. Un programme de préservation de louïe devrait être institué.
La zootechnie élevage et exploitation des animaux est la somme dactivités très diverses, incluant la sélection, lalimentation, les mouvements des troupeaux (ou déplacements), les soins élémentaires (nettoyage ou curage des sabots, pansage, vaccinations), les soins aux animaux malades ou blessés (par léleveur ou le vétérinaire) et certaines tâches spécifiques (traite des vaches, tonte des moutons ou encore conduite des animaux de trait).
Toutes ces activités quelles découlent dune exposition directe à lanimal ou dune contamination de lenvironnement par les animaux peuvent être à lorigine daccidents ou de maladies. Les facteurs de risque sont avant tout fonction de lespèce animale considérée, étant en outre liés au comportement de lanimal (voir dans ce chapitre les articles consacrés aux différents animaux). Par ailleurs, la probabilité de consommer des produits dorigine animale est plus forte chez les éleveurs que dans dautres catégories de la population. Enfin, leur niveau dexposition à dautres risques spécifiques dépend des pratiques dictées par des facteurs socio-géographiques, lesquels varient dune communauté et dune région à lautre.
Appelés à répéter de nombreux gestes toujours identiques comme se lever, tendre le bras, se baisser ou faire des efforts physiques prolongés ou dans des postures inhabituelles, les éleveurs sont incontestablement plus exposés aux dorsalgies et aux douleurs des articulations des hanches et des genoux. Plusieurs activités les placent en position de risque ergonomique. Lors de la mise bas de femelles de grands mammifères tout comme de petits animaux, les éleveurs doivent parfois prendre des postures contraintes ou incommodes. En outre, ils peuvent se blesser en soignant des animaux malades ou des bêtes dont le comportement est imprévisible. Le plus souvent, les douleurs articulaires et les dorsalgies sont dues à des gestes répétés, tels que la traite, laquelle oblige à saccroupir ou à sagenouiller plusieurs fois de suite.
Dautres maladies consécutives à des microtraumatismes répétés sobservent chez les agriculteurs et, plus particulièrement, chez les éleveurs. Elles peuvent être dues à des mouvements répétés ou à la multiplicité de microlésions.
Au nombre des solutions visant à atténuer le risque ergonomique, il faut citer le nécessaire travail déducation pour apprendre à se comporter en présence danimaux, mais aussi leffort de réaménagement des bâtiments et de leurs abords en fonction du meilleur intérêt des travailleurs et des animaux.
Selon les enquêtes, les animaux figurent en bonne place parmi les causes daccidents. Il existe à cela plusieurs explications. Létroite association entre léleveur et lanimal, dont le comportement nest pas toujours prévisible, constitue un risque en soi. De nombreux animaux délevage lemportent très largement sur lhumain par la taille et la puissance. Les accidents résultent souvent dun traumatisme direct par ruades, morsures ou écrasements contre un mur ou une palissade; ce sont bien souvent les membres inférieurs de léleveur qui sont touchés. Il arrive que les éleveurs se mettent eux-mêmes en danger en raison de leur comportement, par exemple lorsquils empiètent sur la zone de fuite du bétail ou lorsquils se placent dans les zones aveugles des animaux (voir figure 70.3). Ils sont alors plus particulièrement exposés aux risques inhérents aux réactions de fuite des animaux, aux ruades, coups de pied ou écrasements.
Les femmes et les enfants sont surreprésentés parmi les victimes daccidents dus aux animaux. Plusieurs causes peuvent expliquer ce phénomène: la structure sociale voulant que ce sont traditionnellement les femmes et les enfants qui leur dispensent les soins; lexistence dune disproportion, plus marquée encore que chez lhumain, des tailles respectives de lanimal, de la femme et de lenfant; et, enfin, dans le cas de ces derniers, leurs façons de faire auxquelles les animaux ne sont pas accoutumés.
Au nombre des mesures visant à prévenir les accidents dus aux animaux figurent un intense travail déducation, le choix danimaux plus domesticables, le recrutement de travailleurs agricoles ayant un comportement calme avec les animaux et des aménagements propres à diminuer les risques.
Pas délevage sans étroite association entre léleveur et lanimal. Les éleveurs peuvent être infectés par des organismes normalement présents sur les animaux sans être nécessairement pathogènes pour lêtre humain. Au demeurant, si le risque dêtre exposé à ces organismes est plus grand dans le cas des animaux malades en raison du comportement de lanimal, il est quasiment nul dans le cas des animaux sains.
Les zoonoses sont provoquées par de multiples virus, bactéries, mycobactéries, champignons et parasites (voir tableau 70.12). De nombreuses zoonoses (charbon, teigne ou ecthyma) sont dues à une contamination de la peau. En outre, toute contamination résultant dune exposition à un animal infecté est un facteur de risque de rage et de tularémie. Comme ils sont plus susceptibles dingérer des produits animaux insuffisamment cuits ou traités, les éleveurs sont exposés au risque de contracter des maladies telles que les infections à campylobacter, la cryptosporidiose, la salmonellose, la trichinose ou la tuberculose.
Maladie |
Agent |
Animal |
Exposition |
Brucellose |
Bactérie |
Bovins, porcs, caprins, ovins |
Contact avec le placenta et d’autres tissus contaminés |
Charbon |
Bactérie |
Caprins, autres herbivores |
Contact avec les poils, les os ou d’autres tissus |
Cryptosporidiose |
Parasite |
Volailles, bovins, ovins, petits mammifères |
Ingestion d’excréments animaux |
Diarrhée à campylobacter |
Bactérie |
Volailles, bovins |
Ingestion de produits alimentaires, d’eau, de lait contaminés |
Ecthyma |
Virus |
Ovins, caprins |
Contact direct avec les muqueuses |
Fièvre Q |
Rickettsia |
Bovins, caprins, ovins |
Inhalation de poussières provenant de tissus contaminés |
Leptospirose |
Bactérie |
Animaux sauvages, porcs, bovins, chiens |
Eau contaminée sur une plaie ouverte |
Psittacose |
Chlamydia |
Perroquets, volailles, pigeons |
Inhalation de fientes desséchées |
Rage |
Virus |
Carnivores sauvages, chiens, chats, bovins |
Contact entre de la salive chargée de virus et des lésions cutanées |
Salmonellose |
Bactérie |
Volailles, porcs, bovins |
Ingestion de nourriture provenant d’organismes contaminés |
Teigne |
Champignon |
Chiens, chats, bovins |
Contact direct |
Trichinose |
Trichine |
Porcs, chiens, chats, chevaux |
Consommation de viande mal cuite |
Tuberculose bovine |
Mycobactérie |
Bovins, porcs |
Ingestion de lait non pasteurisé; inhalation de gouttelettes en suspension dans l’air |
Tularémie |
Bactérie |
Animaux sauvages, porcs, chiens |
Inoculation à partir d’eau ou de viande contaminées |
La lutte contre les zoonoses doit privilégier la voie de transmission et la source dexposition. Supprimer la source ou interrompre la voie de transmission font partie des mesures essentielles de lutte contre les maladies. En loccurrence, il sagira de détruire les carcasses des animaux malades en observant les règles prescrites à cet égard. Bien souvent, on peut prévenir la maladie chez lêtre humain en léliminant chez les animaux. Il va de soi enfin que, avant dêtre admis dans la chaîne alimentaire humaine, les produits ou tissus animaux doivent subir les transformations appropriées.
Chez léleveur, certaines zoonoses sont traitées aux antibiotiques. Toutefois, le recours systématique aux antibiotiques à titre prophylactique chez les animaux délevage peut être cause dun véritable problème de santé publique avec lapparition dorganismes résistants.
La maréchalerie (ferrage) provoque surtout des accidents musculo-squelettiques et une dégradation de lenvironnement. Le travail du métal par le maréchal-ferrant et, notamment, des fers, exige une importante activité musculaire, à la fois pour préparer le fer et maintenir la jambe ou le pied du cheval. En outre, en maréchalerie, la pose du fer comporte un risque daccident (voir figure 70.4).
Bien souvent, la chaleur nécessaire pour cintrer le fer expose le maréchal-ferrant à des gaz nocifs. Linhalation de vapeurs de nickel, de magnésium, de cuivre ou dautres métaux est associée à un syndrome bien connu, dit fièvre des fondeurs, dont le tableau clinique sapparente à celui des infections pulmonaires.
Diverses mesures permettent de prévenir les effets nocifs du métier de maréchal-ferrant, notamment le port dappareils de protection respiratoire simples ou à air pulsé avec cartouches et préfiltres pour filtrer les vapeurs de gaz acides ou organiques et les fumées des métaux. Lorsque cette activité sexerce dans un lieu fermé (comme la forge), il faut prévoir un système de ventilation par extraction. Par ailleurs, des aménagements (ou des chicanes) permettant au maréchal-ferrant de travailler à distance de lanimal sont de nature à limiter le risque daccidents.
Tous les animaux possèdent des antigènes non humains susceptibles de constituer des allergènes potentiels. Les animaux délevage sont aussi souvent les hôtes dacariens. Etant donné le grand nombre de sources dallergies dorigine animale, il convient de procéder à une étude approfondie des antécédents pathologiques et professionnels des travailleurs, la lecture des résultats se révélant difficile et ne permettant pas toujours didentifier un allergène spécifique.
Lexpression clinique des allergies dorigine animale peut comporter un tableau de type anaphylactique, avec urticaire, dème, écoulement nasal et asthme. Chez certains patients, les seuls symptômes manifestes sont parfois des démangeaisons et un écoulement nasal.
La lutte contre lexposition aux allergies dorigine animale constitue une tâche énorme, mais lamélioration des méthodes délevage et les modifications apportées aux systèmes de ventilation des bâtiments de stabulation devraient permettre datténuer les risques dexposition. Hormis la désensibilisation, il existe peu de moyens pour empêcher la formation dallergènes spécifiques. En règle générale, toute cure de désensibilisation passe nécessairement par une caractérisation adéquate de lallergène spécifiquement responsable de lallergie.
Une meilleure compréhension des facteurs influant sur le comportement des animaux favorise linstauration dun milieu de travail plus sûr. La génétique et les réactions acquises (conditionnement) ont une incidence sur le comportement animalier. Certaines races de taureaux, par exemple, sont habituellement plus dociles que dautres (influence génétique). Un animal qui sest cabré ou a refusé de pénétrer dans une certaine zone et qui a réussi à imposer sa volonté, récidivera selon toute vraisemblance. Plus on multipliera les tentatives pour le maîtriser et plus il sera nerveux et dangereux. Les animaux réagissent à la manière dont ils sont traités et ont la mémoire, dans une situation donnée, des expériences passées. Ceux que lon poursuit, que lon frappe de la main ou du pied, que lon assourdit de cris, que lon effraie, etc. se montrent tout naturellement farouches lorsquon sapproche deux. Il faut donc sefforcer dobtenir ce que lon veut de lanimal dès la première tentative et le perturber le moins possible. Les animaux domestiqués dont les conditions de vie changent peu finissent par prendre des habitudes, à force deffectuer toujours les mêmes choses à la même heure. Le fait denfermer les taureaux dans un enclos où ils sont nourris leur permet de shabituer à la présence dindividus; on peut utiliser cette méthode en lassociant à des systèmes de monte en espace clos. Les animaux sont également sensibles aux modifications du milieu naturel et, notamment, aux variations de la température ou de lhumidité à la tombée de la nuit. Ils sont plus actifs aux heures de changement marqué, à laube ou au crépuscule, et moins actifs au milieu de la journée ou de la nuit. On peut tirer parti de ce facteur lorsquon veut les déplacer ou les faire travailler. Comme les animaux sauvages, les animaux domestiques savent protéger leur territoire. Lorsquon les nourrit, cet instinct peut se traduire par un comportement agressif. Des études ont montré que, chez le bétail, les comportements de défense ont tendance à disparaître lorsquon leur distribue la nourriture par grandes rations aléatoires. En revanche, si on la répartit de manière uniforme ou selon des modalités prévisibles, les animaux peuvent être amenés à se battre pour se lapproprier et exclure les autres. Dans le cas du taureau, si on le laisse avec le troupeau, il en vient à considérer celui-ci et son parcours comme son territoire, et à le défendre contre toute menace réelle ou perçue, quelle vienne dindividus, de chiens ou dautres animaux. Lintroduction dans le troupeau dun taureau nouveau ou inconnu, en âge de se reproduire, donne pratiquement toujours lieu à une lutte destinée à désigner le mâle dominant. Les taureaux, qui ont les yeux sur le côté de la tête, ont une vision panoramique et une mauvaise perception de la profondeur. Ils ont donc un champ de vision périphérique denviron 270°, avec une zone aveugle immédiatement derrière eux et juste devant les naseaux (voir figure 70.3). Des mouvements brusques ou inattendus venant de larrière peuvent les affoler, étant dans lincapacité de savoir si la menace quils ressentent est proche ou grave. En pareil cas, ou bien ils prennent la fuite ou ils engagent le combat. Du fait de leur piètre sens de la profondeur, les bovins sont facilement effrayés par les ombres et les mouvements à lextérieur de laire de travail ou de lenclos. Ils peuvent avoir limpression que les ombres sont des trous et se mettent alors à broncher devant lobstacle imaginaire. Les bovins ne distinguent pas les couleurs, mais les perçoivent comme autant de nuances du noir et du blanc. Les animaux sont souvent sensibles au bruit (plus encore que les individus), notamment dans les fréquences élevées. Des bruits brusques et intenses (porte métallique qui claque, verrouillage dune goulotte ou hurlements) peuvent donc les perturber. David L. Hard |
Nourriture des animaux
Conduite à tenir avec les animaux
Stabulation
Elimination des déchets
Melvin L. Myers |
Limportance de la gestion des déchets sest accrue avec lintensification de la production agricole. Le principal déchet de la production animale est le fumier, auquel il faut ajouter les litières, les résidus alimentaires, les eaux usées et les salissures. Les paramètres de divers types de fumier, y compris ceux des déjections humaines, sont spécifiés au tableau 70.13 (celles-ci sont mentionnées pour faciliter les comparaisons, mais aussi parce quelles font lobjet dun traitement à la ferme comme les autres types de fumier). La teneur élevée du fumier en matières organiques en fait un excellent milieu de croissance pour les bactéries. Lactivité métabolique des bactéries entraîne une consommation doxygène et maintient le fumier stocké en vrac à létat anaérobie. Lactivité métabolique anaérobie dégage un certain nombre de sous-produits gazeux toxiques bien connus tels que le dioxyde de carbone, le méthane, le sulfure dhydrogène et lammoniac.
Poids (kg) |
Volume (m3) |
Matières volatiles (kg) |
Humidité (%) |
||
Au moment de l’excrétion |
Au stockage |
||||
Vache laitière |
36-39 |
0,036 |
0,6-0,7 |
85-90 |
> 98 |
Vache (races à viande) |
23-29 |
0,022-0,028 |
2,4-2,9 |
87-89 |
45-55 |
Porc (à l’engrais) |
29 |
0,028 |
2,4 |
90 |
91 |
Truie (en gestation) |
12 |
0,012 |
1,0 |
91 |
97 |
Truie et porcelets |
31 |
0,031 |
2,7 |
90 |
96 |
Poules pondeuses |
27 |
0,026 |
4,9 |
75 |
50 |
Poulets de chair |
36 |
0,036 |
6,8 |
75 |
24 |
Dindes |
20 |
0,019 |
4,4 |
75 |
34 |
Agneau (ovins) |
18 |
0,017 |
3,8 |
75 |
|
Humains |
14 |
0,015 |
0,9 |
89 |
99,5 |
Source: US Department of Agriculture (USDA), 1992.
Le traitement et lexploitation du fumier comportent plusieurs opérations: lenlèvement, une ou plusieurs opérations de chargement-déchargement, le stockage, éventuellement le traitement et, enfin, lutilisation. Cest la teneur en humidité du fumier, telle quelle figure au tableau 70.13, qui en détermine la consistance. Les techniques de traitement varient selon la consistance des déchets et font donc encourir aux travailleurs des risques différents (US Department of Agriculture (USDA), 1992). Le volume réduit du fumier, surtout sil contient peu dhumidité, permet généralement de réaliser des économies sur les coûts des équipements et de lénergie, mais les systèmes de manutention sont difficiles à automatiser. En revanche, il est plus facile dautomatiser des opérations comme la collecte, le transfert et, le cas échéant, les traitements facultatifs des déjections liquides qui, de surcroît demandent moins de surveillance. Plus les cultures locales varient en fonction des saisons, plus il y a lieu de stocker le fumier. La méthode de stockage devrait prendre en compte le taux de production et le calendrier dutilisation, tout en préservant lenvironnement pour prévenir, en particulier, les dégâts dus au ruissellement. Le fumier peut être utilisé comme engrais, paillis ou source dénergie et entrer dans la composition des fourrages et des litières.
Les vaches laitières restent habituellement au pâturage, sauf avant et après la traite et en cas de très grands froids. Le volume deau utilisé pour les opérations de nettoyage lors de la traite peut varier (par vache et par jour) de 20 à 40 litres à 600 litres environ selon que le nettoyage seffectue au jet ou non. La méthode de nettoyage a donc une grande influence sur le choix des moyens de transport et des modes de stockage et dutilisation du fumier. Le volume deau nécessaire à lélevage bovin étant moins important que dans dautres types délevage, le fumier de bovins est assez souvent manutentionné sous une forme solide ou semi-solide. On emploie fréquemment la méthode du compostage pour stocker et assurer le traitement des déchets secs, opération par ailleurs nécessairement tributaire du régime local des précipitations. Alliée à un vent défavorable, une extrême sécheresse des parcs dengraissement peut favoriser la formation de tourbillons de poussières et intensifier les odeurs désagréables.
Dans les élevages traditionnels de porcs, le principal problème auquel on se heurte est celui du ruissellement et de lérosion du sol dus au comportement grégaire des suidés. Une solution consiste à construire des porcheries semi-fermées dont on dalle certaines parties. La séparation des déjections solides et liquides sen trouve facilitée puisque les unes sont enlevées et charriées, alors que les autres sécoulent par gravité. Dans les bâtiments de stabulation entièrement clos, les déjections sont automatiquement collectées et stockées sous forme essentiellement liquide. Les volumes de lisier sont plus importants si on laisse les porcs sébattre autour de leurs abreuvoirs. En règle générale, le lisier est stocké dans des fosses ou des bassins anaérobies.
Les élevages de volailles sont le plus souvent séparés en élevages destinés à la production de volaille de chair (dindes et poulets) et à la production des ufs (poules pondeuses). Dans le premier cas, les volailles sont élevées directement sur une litière préparée qui maintient le fumier relativement sec (25 à 35% dhumidité); la seule opération de transfert se fait par enlèvement mécanique, généralement une fois par an, le fumier étant directement transporté sur les cultures. Quant aux pondeuses, elles sont élevées dans des cages empilées les unes sur les autres, sans litière; soit on laisse leurs déjections saccumuler (et on les enlève à intervalles assez espacés par des moyens mécaniques), soit elles sont nettoyées automatiquement au jet ou raclées sous forme liquide, à peu près de la même manière que le lisier de porc.
Les déjections de la plupart des autres animaux (moutons, chèvres ou chevaux) sont surtout solides; les veaux, qui reçoivent un régime liquide, sont la principale exception. Le crottin de cheval ne peut guère être utilisé sur les pâturages, car il renferme une partie importante de litière et peut donc abriter des parasites internes. Les déjections de petits animaux, rongeurs ou oiseaux, peuvent contenir des organismes pathogènes susceptibles dêtre transmis à lhumain. Toutefois, des études ont montré que les bactéries fécales ne survivent pas sur le fourrage (Bell, Wilson et Dew, 1976).
Les déjections solides devraient être stockées en veillant à empêcher aussi tout ruissellement et toute lixiviation dans les eaux superficielles et la nappe phréatique. Il faut donc de préférence les entasser sur des surfaces dallées, dans des fosses cimentées (le cas échéant, des mares saisonnières) ou encore dans des endroits clos et couverts.
Habituellement, les lisiers liquides et pâteux sont déversés dans des bassins, des lagunes, des fosses ou des citernes situés au-dessous ou au-dessus du sol. En cas de stockage de longue durée, ils peuvent être traités sur place, généralement par digestion anaérobie. Ce processus réduit les matières solides volatiles indiquées au tableau 70.13 et, par voie de conséquence, atténue les odeurs pouvant se dégager lors de lutilisation. Les citernes enterrées non surveillées peuvent être cause daccidents, dont certains mortels, par suite dentrée intempestive ou de chute accidentelle (Knoblauch et coll., 1996).
Le transport du lisier présente un risque très variable en raison de la présence de mercaptans produits par la digestion anaérobie. On a montré que ce sont ces derniers (gaz contenant du soufre) qui étaient les principaux responsables de la mauvaise odeur du fumier et quils étaient tous extrêmement toxiques (Banwart et Brenner, 1975). De tous les effets du H2S, mentionnés au tableau 70.14, le plus insidieux et le plus dangereux est sans doute sa capacité de paralyser le sens de lodorat aux concentrations comprises entre 50 et 100 ppm, supprimant par là-même la faculté sensorielle de déceler des niveaux plus élevés qui deviennent rapidement toxiques. Il suffit dune semaine de stockage pour déclencher la production anaérobie de mercaptans toxiques. Dans le cas des stockages de longue durée, on pense que limportance des écarts constatés dans la production de gaz de fumier serait due à des variations aléatoires de facteurs chimiques ou physiques (température, pH, teneur en ammoniac ou en matières organiques) (Donham, Yeggy et Dauge, 1985).
Repère physiologique ou réglementaire |
Parties par million (ppm) |
Seuil de détection des odeurs (odeur d’ufs pourris) |
0,01-0,1 |
Odeur désagréable |
3-5 |
Valeur limite d’exposition recommandée moyenne pondérée dans le temps (TLV-TWA) |
10 |
Valeur limite d’exposition recommandée pour une exposition de courte durée (TLV-STEL 15 minutes) |
15 |
Paralysie olfactive (perte d’odorat) |
50-100 |
Bronchite (toux sèche) |
100-150 |
Danger immédiat pour la vie ou la santé (IDLH) (congestion et dème pulmonaires) |
100 |
Arrêt respiratoire rapide (la mort survient au bout de 1 à 3 respirations) |
1 000-2 000 |
TLV-TWA = Threshold limit values Time weighted average; STEL = Short-term exposure level; IDHL = Immediately dangerous to life and health.
La libération, normalement lente, de ces gaz en cours de stockage saccroît considérablement si lon agite le lisier pour remettre en suspension les boues accumulées au fond; les niveaux de H2S de 300 ppm peuvent alors atteindre 1 500 ppm (Panti et Clark, 1991). Les concentrations de gaz libérés pendant lagitation sont beaucoup trop massives pour que lon puisse y remédier uniquement grâce à la ventilation. Il faut rappeler que la digestion anaérobie est un phénomène naturel, non maîtrisable et, de ce fait, extrêmement variable. On peut estimer statistiquement la fréquence des surexpositions graves ou mortelles, mais non pour un site ou un moment donnés. Une enquête réalisée auprès déleveurs suisses de vaches laitières a fait apparaître une fréquence denviron un accident par émanation de gaz de fumier pour 1 000 personnes et par an (Knoblauch et coll., 1996). Pour éviter tout accident fortuit, il simpose de prendre certaines précautions avant dagiter le lisier. Il faut rappeler que cette opération est indispensable si lon veut éviter laccumulation de boues que lon ne peut plus enlever que par des moyens mécaniques. Il convient donc de laisser sécher les boues avant de descendre dans la citerne et dafficher en bonne place la procédure à suivre.
Il existe des substituts, assez rarement employés, aux systèmes anaérobies: citons les fosses aérobies, les fosses à usage mixte (utilisant des bactéries pouvant se multiplier dans les conditions aérobies et anaérobies), les fosses de déshydratation, le compostage et, enfin, le digesteur anaérobie pour la production de biogaz (USDA, 1992). On peut créer des conditions aérobies en ne laissant pas le liquide saccumuler sur plus de 60 à 150 cm ou en faisant appel à la ventilation mécanique. Si la ventilation naturelle demande davantage despace, la ventilation mécanique est plus coûteuse, tout comme le sont les pompes de circulation dune fosse à usage mixte. Quant au compostage, on peut le pratiquer en andains (cordons de fumier quil faut retourner tous les deux à dix jours), par entassement statique mais aéré, ou au moyen dun conteneur spécial. On réduit la teneur en azote du fumier en ajoutant un amendement riche en carbone qui favorise la croissance microbienne thermophile nécessaire au compostage, pour éliminer les mauvaises odeurs et les agents pathogènes. Le compostage est un moyen économique dutiliser à bon escient les petites carcasses, si la réglementation le permet. Voir également larticle intitulé «Les procédés délimination des déchets», dans le chapitre no 101, «Les services publics et gouvernementaux» de la présente Encyclopédie . Sil nexiste pas dentreprise déquarrissage à proximité, on peut également recourir à lincinération ou à lenfouissement. En tout état de cause, il est indispensable de détruire rapidement les carcasses pour prévenir tout risque dépizootie. Les déjections des porcs et de la volaille se prêtent particulièrement bien à la production de méthane, mais cette technique nest que rarement employée.
Dépaisses croûtes peuvent se former à la surface du lisier et donner lillusion dune certaine solidité. On peut très bien savancer sur cette croûte, passer au travers et se noyer, tout comme on peut glisser dans la fosse à purin et sy noyer également. Il est donc judicieux de prévoir des moyens de sauvetage à proximité des fosses à lisier et déviter dy travailler seul. Certains gaz de fumier, le méthane notamment, sont explosifs et des panneaux dinterdiction de fumer devraient donc être installés bien en vue près des lieux de stockage (Deere & Co., 1994).
Le fumier peut être charrié, transporté et épandu manuellement ou mécaniquement. Il est épandu dans les champs comme engrais. Tous les épandeurs de fumier comportent des risques, quil sagisse de fourche à chargement frontal, de remorque épandeuse, de système à palettes, de système à turbine et chaînes, ou de système à vis et plateau. Les épandeurs de fumier sont généralement tractés et mus par une prise de force. On en distingue quatre types: remorque avec hérissons et projection arrière, fléau, caisse à fond incliné en forme de V et à projection latérale et tonneau à lisier fermé. Les deux premiers servent à la distribution du fumier, la caisse en forme de V à lépandage du purin, du lisier ou du fumier et le tonneau au seul épandage du purin. Couvrant de vastes superficies, les épandeurs répandent le fumier par larrière ou latéralement. Lopération comporte les risques inhérents aux engins agricoles, à la chute dobjets, à lexposition aux poussières et aux aérosols. Les procédures de sécurité sont précisées au tableau 70.15.
1. |
S’assurer que l’épandeur est conduit par une seule personne pour éviter toute mise en route intempestive par un tiers |
2. |
Exiger des travailleurs qu’ils se tiennent à l’écart des prises de force, hérissons mobiles, vis et batteurs en fonctionnement |
3. |
Maintenir les carters et les capots de protection bien en place |
4. |
Interdir à quiconque de s’approcher de l’arrière et des côtés de l’épandeur, celui-ci pouvant projeter jusqu’à 30 m des objets lourds mêlés au fumier |
5. |
Eviter les interventions dangereuses de déblocage de l’épandeur en prévenant son bourrage: |
6. |
Observer les pratiques de sécurité lors de l’utilisation du tracteur et des prises de force |
7. |
S’assurer que la soupape de sécurité des épandeurs à lisier (tonnes) fonctionne bien pour éviter les surpressions |
8. |
Vérifier lors du dételage de l’épandeur que les goupilles sont en place sur les ergots de verrouillage pour éviter qu’il ne tombe |
9. |
Porter un appareil de protection respiratoire en cas de poussières ou d’aérosols en suspension dans l’air |
Source: Deere & Co., 1994.
Le producteur laitier est un éleveur spécialisé semployant à améliorer la santé, la nutrition et le cycle de reproduction dun troupeau de vaches dans des conditions optimales pour aboutir à la production laitière la plus élevée possible. Ce sont avant tout la taille de lexploitation et du troupeau, la main-duvre disponible, la configuration des lieux et le degré de mécanisation qui déterminent limportance des risques encourus. Lexploitation laitière peut prendre la forme dune petite entreprise familiale ayant à peine une vingtaine de vaches ou bien être une véritable entreprise dans laquelle trois équipes demployés se relaient pour assurer laffouragement et la traite de milliers de vaches. Dans les régions du monde où le climat est suffisamment doux, le bétail peut séjourner dans des hangars ouverts ne comportant quune toiture et un nombre minimal de cloisons. Au contraire, dans dautres régions, les étables doivent être bien fermées pour protéger contre le froid, non seulement les animaux, mais aussi le matériel dabreuvement et de traite. Compte tenu de ces spécificités, on comprend que les risques auxquels sont confrontés les producteurs laitiers sont très différents dune exploitation à lautre. Pourtant, il en est un certain nombre qui restent quasiment les mêmes pour la plupart des travailleurs de cette branche dactivité.
Le bruit est évidemment lié au degré de mécanisation. Les niveaux sonores dans lélevage laitier sont bien souvent excessifs et peuvent atteindre 90 à 100 dBA, voire plus. Ils sont liés à lemploi, à lextérieur des granges, dengins mécaniques (tracteurs et scies à chaîne, par exemple). A lintérieur des étables, les hache-paille, les petits épandeurs à fumier et les pompes des installations de traite avec transfert sont également bruyants. Là encore, les niveaux sonores peuvent dépasser des seuils généralement considérés comme nocifs. Selon les données disponibles, bien quil ait été peu étudié, le déficit auditif imputable au bruit, constaté chez les producteurs laitiers, offre un tableau convaincant, surtout en ce qui concerne les fréquences élevées. Ce déficit, qui peut être important, sobserve beaucoup plus souvent chez les agriculteurs tous âges confondus que chez les sujets nappartenant pas au monde agricole. Plusieurs études font état dune perte daudition plus marquée de loreille gauche, peut-être parce que les agriculteurs passent une bonne partie de leur temps loreille gauche tournée vers le moteur et son échappement lorsquils tractent un outil avec leur tracteur. Pour prévenir ce risque, on peut sefforcer datténuer ou dassourdir le bruit et de mettre en place un programme de conservation de laudition. Le port de protecteurs doreilles (casque ou bouchons doreilles) peut réduire sensiblement le risque de déficit auditif auquel sera exposée la prochaine génération.
Le producteur laitier travaille au contact de produits chimiques, communs à tous les types dagriculture, ainsi quavec dautres substances propres à lindustrie laitière, telles que celles utilisées pour le nettoyage du lactoduc à alimentation par dépression. Pour des raisons dhygiène, ce système doit être nettoyé très soigneusement avant et après chaque emploi. Pour cela, on se sert le plus souvent dune solution savonneuse alcaline très concentrée (hydroxyde de sodium à 35%), puis dune solution acide (acide phosphorique à 22,5%, par exemple). Ces produits chimiques sont à lorigine daccidents et de brûlures de la peau assez graves en cas de renversement accidentel. Les éclaboussures peuvent endommager la cornée ou la conjonctive en labsence de protection oculaire. Le risque dingestion accidentelle nest pas exclu surtout chez les jeunes enfants lorsquon laisse, même très peu de temps, ces substances sans surveillance dans un récipient après les avoir pompées. Pour prévenir ces accidents toujours tragiques, on peut utiliser un système de chasse automatique, entièrement fermé; à défaut, il convient dinterdire aux personnes non autorisées de sen approcher. Les récipients destinés au dosage devraient être clairement étiquetés, réservés à ce seul usage, soigneusement rincés après chaque utilisation et, en aucun cas, laissés sans surveillance.
Comme dans les autres secteurs de lélevage, le personnel des exploitations laitières peut être exposé à divers produits pharmaceutiques: antibiotiques, progestatifs, inhibiteurs de la prostaglandine et hormones. Les engrais, herbicides et insecticides sont aussi utilisés dans lindustrie laitière de certains pays à des degrés divers. Même si les quantités employées sont en principe moins importantes que dans les autres secteurs de lagriculture, il y a lieu de sentourer des mêmes précautions lors des opérations de dosage, dapplication et de stockage. Le strict respect des techniques dapplication, ainsi que le port de vêtements de protection, revêtent la même importance pour le producteur laitier que pour toute autre personne appelée à manipuler ces composés.
En dépit du caractère incomplet des données disponibles sur la prévalence des troubles musculo-squelettiques déclarés, il va de soi que le producteur laitier est plus sujet que dautres à larthrite de la hanche et du genou et, probablement, aux dorsalgies. Il ne fait par ailleurs aucun doute que les problèmes liés à lergonomie sont nombreux dans cette activité. Lagriculteur est couramment amené à soulever des poids de plus de 40 kg, venant sajouter à un poids corporel personnel parfois important. La conduite des tracteurs expose à une contrainte vibratoire constante. Parmi toutes les activités, la traite des vaches semble poser un problème ergonomique particulier. Lagriculteur doit parfois se baisser et saccroupir quatre à six fois de suite pour traire une seule vache et doit répéter ces mêmes mouvements deux fois par jour pour chaque vache, et cela pendant des décennies. Le transport du matériel de traite dune stalle à lautre impose une charge ergonomique supplémentaire aux extrémités supérieures. Dans les pays où la traite est moins mécanisée, la charge ergonomique, bien que différente, nen exige pas moins des efforts répétés considérables. Linstallation dune salle de traite spécialement conçue, comme on le fait déjà dans certains pays, permet de remédier à cette situation. Dans la fosse centrale de la salle de traite, lagriculteur peut en effet rester debout, en contrebas, pour traire plusieurs vaches simultanément. Il na plus à saccroupir et à se pencher, ni à transporter son matériel de stalle en stalle. Pour régler ce dernier problème, certains pays scandinaves ont mis au point des systèmes de glissière en position haute. Ces dispositifs présentent lavantage de supporter le poids du matériel de traite lors des déplacements dune stalle à lautre, mais aussi doffrir au trayeur un siège relativement confortable. En dépit de ces aménagements possibles, les problèmes ergonomiques spécifiques à la production laitière restent mal connus et sont loin dêtre résolus.
Un problème étroitement lié aux précédents est celui des poussières dorigine organique. De composition complexe, souvent allergéniques et omniprésentes dans les exploitations, les poussières renferment souvent de fortes concentrations dendotoxines ainsi que des bêta-glucanes, de lhistamine et dautres substances biologiquement actives (Olenchock et coll., 1990). Lors de certains travaux, on relève des niveaux de poussières dépassant 50 mg/m3 pour les poussières totales et 5 mg/m3 pour les poussières respirables. Cest le cas, par exemple, lors du déchargement de fourrages ou de litières contaminés par des microbes dans un espace fermé (grange, grenier à foin, silo ou conteneur de céréales). Lexposition à de tels niveaux de poussières peut entraîner des affections aiguës comme le syndrome toxique dû aux poussières organiques ou la pneumopathie par hypersensibilité (maladie du poumon de fermier). Lexposition chronique peut également jouer un rôle dans lasthme, la maladie du poumon de fermier et la bronchite chronique qui semblent deux fois plus fréquents que dans les catégories de population nappartenant pas au monde agricole (Rylander et Jacobs, 1994). Les taux de prévalence de certaines de ces affections sont plus élevés lorsque les aliments pour animaux ont une forte teneur en humidité, ainsi que dans les régions où la rigueur du climat oblige à tenir les granges plus hermétiquement fermées. Divers travaux agricoles tels que le séchage du foin et laffouragement des animaux à la main, sans compter la nature des litières, peuvent être dimportants déterminants des niveaux de poussières et des facteurs étiologiques non négligeables des maladies associées. Les agriculteurs disposent souvent dun certain nombre de techniques pour réduire le plus possible et la prolifération et laérosoli-sation des populations microbiennes. Ils peuvent utiliser de la sciure, des journaux et dautres matériaux de substitution pour les litières, au lieu de paille en bottes. Sils optent pour la paille, ils doivent ajouter de leau à la surface de coupe de la balle pour réduire la quantité de poussières dégagées par le hache-paille. Les silos verticaux peuvent être recouverts de feuilles de plastique ou de bâches au-dessus de la dernière couche daliments de façon que la quantité de poussières dégagées soit réduite au minimum chaque fois que la bâche est retirée. On peut aussi arroser ou aérer modérément les lieux qui sempoussièrent régulièrement. Enfin, les agriculteurs devraient anticiper les risques dexposition aux poussières et se protéger en conséquence.
Les allergènes peuvent constituer un problème de santé des plus préoccupants pour certains producteurs laitiers. Les principaux sont ceux que lon trouve dans les granges et, notamment, les squames danimaux et les acariens qui vivent dans les aliments stockés dans les granges. Une étude consacrée au problème des acariens en dehors des étables et des granges a aussi mis en évidence la présence de populations relativement nombreuses de ce type dans les habitations des éleveurs (van Hage-Hamsten et coll., 1985). Lallergie aux acariens et, souvent, à diverses espèces dacariens, a été confirmée dans plusieurs régions du monde. La réactivité aux acariens, aux squames des bovins et à dautres allergènes de moindre importance se traduit par diverses manifestations allergiques (Marx et coll., 1993). Parmi ces manifestations, on peut citer une irritation nasale et oculaire dinstallation immédiate, la dermite allergique de contact et, beaucoup plus grave, lasthme professionnel dorigine allergique de survenue instantanée ou différée (jusquà douze heures) et qui peut toucher des individus sans antécédents asthmatiques connus. Il sagit là dun sujet de préoccupation grave, car le producteur laitier est amené à fournir un travail intense et quotidien, sa vie durant, dans les granges et les étables. Ces contacts constamment renouvelés avec lallergène risquent daggraver progressivement cette forme dasthme dont souffrent certains agriculteurs. La prévention consiste avant tout à éviter la poussière; chez le producteur laitier comme dans la plupart des cas, cest malheureusement une chose bien difficile. Les traitements appliqués (injections, stéroïdes ou autres anti-inflammatoires, soulagement symptomatique par broncho-dilatateurs) ont donné des résultats mitigés.
* Les passages relatifs à la tonte des animaux sont tirés de l'article de J.F. Copplestone sur le sujet, tel que publié dans la 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational Health and Safety.
Certains animaux transforment leur fourrage riche en fibres (plus de 18%) en nourriture comestible pour lêtre humain. Ils le doivent à leur appareil digestif à quatre estomacs, y compris le plus grand dentre eux, le rumen (doù ils tirent leur nom de ruminants ) (Gillespie, 1997). On trouve au tableau 70.16 les différentes espèces de ruminants qui ont été domestiquées, avec leurs utilisations.
Type de ruminants |
Utilisations |
Bisons |
Viande |
Bovins |
Viande, lait, trait |
Buffles |
Viande, trait |
Camélidés (lama, alpaga, dromadaire et chameau) |
Viande, lait, poils, trait |
Caprins |
Viande, lait, angora (mohair) |
Ovins |
Viande, laine |
Rennes |
Viande, lait, trait |
Yaks |
Viande, lait, laine |
Lélevage des ruminants prend des formes très contrastées allant des exploitations intensives à forte production telles que les grands élevages de bovins qui, au Texas, se pratiquent sur de vastes ranches de 2 000 km2, aux pacages collectifs empruntés au Kenya ou en République-Unie de Tanzanie par des pasteurs nomades. Ailleurs, les bufs servent à la traction animale pour les travaux de la ferme et, notamment, les labours. Dans les régions humides, cest aux buffles que lon demande le même service (Ker, 1995). La tendance actuelle est de privilégier les grands élevages intensifs à forte productivité (Gillespie, 1997).
La production bovine intensive à grande échelle comporte un certain nombre dopérations liées les unes aux autres. Il y a dabord lensemble constitué par le troupeau de vaches, avec leurs veaux. Chaque année, les vaches fécondées par les taureaux ou par insémination artificielle mettent bas des veaux qui, après sevrage, sont vendus comme animaux dembouche destinés à labattage. Les veaux mâles sont châtrés en vue de labattage; on appelle bouvillons ou châtrons les jeunes bovins ainsi castrés. Les reproducteurs de pure race, destinés à perpétuer le troupeau, sont parfois des animaux extrêmement dangereux: cest le cas notamment des taureaux.
Les moutons sont élevés en troupeaux sur des parcours ou à la ferme. Sur les parcours, il nest pas rare que les troupeaux soient constitués de 1 000 à 1 500 brebis. A la ferme, la production ovine est généralement modeste et ne constitue le plus souvent quune activité secondaire. Les moutons sont élevés soit pour la laine, soit pour la viande. On pratique lablation de la queue des agnelles et la plupart des agneaux mâles sont castrés. Certaines exploitations se spécialisent dans lélevage des béliers de pure race destinés à la reproduction.
Les chèvres sont élevées sur des parcours ou à la ferme pour leur toison, leur lait et leur viande. Certaines petites exploitations élèvent des boucs de pure race pour la reproduction. Il existe de nombreuses races de chèvres, spécialisées pour chacun des produits énumérés ci-dessus. Les chèvres sont décornées et la plupart des mâles castrés. Les chèvres broutent les jeunes pousses, les brindilles et les feuilles des plantes arbustives, ce qui permet de les employer au débroussaillement.
Au nombre des autres activités liées à lélevage des bovins, des ovins et des caprins figurent laffouragement (ou la conduite sur pâturages), la lutte contre les maladies et les parasites, la tonte des poils et de la toison. La traite et lélimination des déchets sont étudiées dans dautres articles de ce chapitre.
Il existe deux modes dalimentation principaux des bovins, des ovins et des caprins: le pâturage et laffouragement (foin ou ensilages). Le pâturage est le moyen le plus économique dengraisser les animaux. Ceux-ci peuvent paître sur les pâturages, les terrains en friche ou se nourrir de résidus de récoltes tels que les tiges de maïs qui restent en place après la récolte. Une fois coupé, le foin est stocké soit en vrac, soit en balles gerbées. Pour laffouragement, on prélève le foin sur la meule pour le donner aux animaux, aux champs ou dans les râteliers selon le cas. Certaines cultures et, notamment, le maïs, sont récoltées pour être ensilées. Les ensilages sont le plus souvent déposés dans le râtelier par des moyens mécaniques.
La lutte contre les maladies et les parasites des bovins, des ovins et des caprins fait partie intégrante de lélevage et suppose nécessairement le contact avec lanimal. En sont des aspects importants les visites régulières du troupeau par le vétérinaire, de même que lobservation des signes vitaux. Il est aussi essentiel de pratiquer les vaccinations en temps opportun et disoler les animaux malades. Contre les ectoparasites des bovins (notamment les mouches, poux, sarcoptes, acariens et tiques), on emploie des produits chimiques. Les pesticides sont appliqués par pulvérisation ou pose de boutons doreilles antiparasitaires imprégnés dinsecticide. Dans le cas de lhypoderme qui pond ses ufs sur le poil des bovins, on peut en éliminer les larves (varrons) qui creusent des sillons sous la peau par lapplication de pesticides systémiques sous forme de pulvérisations, bains antiparasitaires ou additifs alimentaires. Contre les endoparasites, y compris les nématodes et les cestodes, on utilise des médicaments et des antibiotiques qui peuvent être administrés sous forme de potions. Lhygiène des étables contribue elle aussi à la lutte contre les maladies infectieuses et les parasitoses (Gillespie, 1997).
La tonte contribue à la propreté et au bien-être des animaux; elle est aussi pratiquée pour préparer les plus beaux spécimens aux concours agricoles. On peut tondre les animaux vivants pour en retirer un produit, quil sagisse de la toison du mouton ou de celle des chèvres (angora). Le tondeur saisit lanimal placé dans un enclos et le tire à part avant de le coucher sur le dos et de limmobiliser entre ses genoux. Il se sert de simples ciseaux, de tondeuses à main mécaniques ou électriques. Avant la tonte, les moutons sont marqués et débarrassés des jarres (poils de garde agglomérés à de la matière fécale), opération appelée décroûtage. Les toisons, parées à la main selon la qualité et la longueur de la laine, sont ensuite comprimées en balles en vue de lexpédition au moyen dune presse à main ou dune presse hydraulique.
Les moyens mis en uvre pour lélevage des bovins, des ovins et des caprins sont généralement classés en deux catégories: le régime du pâturage et celui de la stabulation permanente. Cette dernière englobe tout ce qui touche à la stabulation, les parcs dengraissage, les étables, les enclos (pour la garde, le tri et le rassemblement des troupeaux), les barrières, ainsi que les goulottes de travail et de chargement. Quant au régime du pâturage, il comprend le pâturage proprement dit ainsi que les terrains de parcours et la trans-humance. Les installations destinées à lalimentation du bétail incluent les moyens de stockage (silos verticaux et horizontaux), les appareils servant à broyer et à mélanger les aliments, les meules de foin, léquipement de manutention (y compris les vis et les élévateurs), les mangeoires et râteliers, les abreuvoirs et blocs de minéraux et de sel. La protection contre le soleil est assurée par des abris, des arbres ou un treillage en position haute. On peut citer encore, entre autres installations, les gratte-dos pour la lutte contre les parasites, les nourrisseurs destinés aux veaux et aux agneaux à lexclusion des animaux adultes, les nourrisseurs automatiques, létable des veaux, les portes aménagées pour empêcher les animaux de sortir et les stalles pour lisolement des animaux malades. Les pâturages peuvent être clôturés, au moyen de barbelés ou de clôtures électriques. Pour les enclos destinés aux chèvres, on peut être amené à utiliser du grillage. Quant aux animaux élevés en liberté, ils doivent être gardés pour les empêcher de divaguer; les chèvres peuvent être attachées, à condition que ce soit à lombre. Pour lutter contre les parasites, les grands troupeaux de moutons sont soumis à des bains antiparasitaires (Gillespie, 1997).
On trouve au tableau 70.17 divers autres aspects de lélevage des bovins, des ovins et des caprins avec, chaque fois, les risques correspondants. Lors dune enquête conduite aux Etats-Unis (Myers, 1993) parmi les agriculteurs, on a pu constater que les soins aux animaux représentaient 26% des arrêts de travail pour accidents. Comme le montre la figure 70.5, le pourcentage était plus élevé que pour toute autre activité agricole. Il est vraisemblable que lon obtiendrait des chiffres comparables dans dautres pays industriels. Toutefois, dans les pays où les animaux de trait sont nombreux, les taux devraient être plus élevés. Les blessures occasionnées par les bovins se produisent généralement dans les bâtiments de ferme ou à proximité. Les bovins peuvent blesser en donnant des coups de pied, en piétinant les éleveurs, ou en les écrasant contre une surface dure telle que la palissade dun enclos. Ceux-ci peuvent sinfliger eux-mêmes des blessures en tombant lorsquils soccupent de bovins, dovins ou de caprins. Ce sont les taureaux qui sont à lorigine des blessures les plus graves. Les victimes sont le plus souvent des membres de la famille et, plus rarement, des travailleurs agricoles. On risque plus dêtre blessé lorsquon est fatigué parce quon est alors moins vigilant (Fretz, 1989).
Activité |
Expositions aux risques |
Monte, insémination artificielle |
Réactions violentes des taureaux, des béliers ou des boucs; chutes et glissades; zoonoses; poussières organiques et squames |
Affourragement |
Poussières organiques; gaz des silos; machines agricoles; soulèvement de charges; électricité |
Vêlage, agnelage, mise bas des chevreaux |
Soulèvement et traction de charges; comportement des animaux |
Castration, ablation de la queue |
Comportement des animaux; soulèvement de charges, coupures |
Décornage |
Comportement des animaux; coupures; onguents caustiques; brûlures des fers électriques |
Ferrage et marquage |
Brûlures; comportement des animaux |
Vaccination |
Comportement des animaux; piqûres d’aiguille |
Pulvérisation et poudrage/administration de potions et de vermifuges |
Composés organophosphorés |
Parage du pied/sabot |
Comportement des animaux; postures inconfortables; coupures et pincements par les outils |
Tonte, marquage et décroûtage, lavage, rasage et toilettage |
Postures inconfortables et soulèvement de charges; comportement des animaux; coupures par tondeuse; électricité |
Chargement et déchargement |
Comportement des animaux |
Manutention du fumier |
Gaz de fumier; glissades et chutes; soulèvement de charges; machines agricoles |
Sources: Deere & Co., 1994; Fretz, 1989; Gillespie, 1997; National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH), 1994.
Les animaux délevage ont des comportements qui peuvent être cause daccidents. Linstinct grégaire est particulièrement fort chez les bovins ou les ovins, lisolement ou le surpeuplement pouvant provoquer chez eux des comportements inhabituels. Comportement défensif habituel chez les animaux, les réactions réflexes sont parfaitement prévisibles, tout comme lest celle de la défense du territoire. Lanimal que lon retire de son milieu habituel pour lenfermer dans un espace clos réagit instinctivement en se débattant dans lintention de fuir. Les animaux chargés à bord de moyens de transport et dont on restreint les mouvements en les faisant passer par des goulottes ont une réaction réflexe dagitation.
Les endroits dangereux ne manquent pas dans les élevages de bovins, dovins et de caprins: sols glissants, fosses à lisier, parcs à bestiaux, accumulation de poussières aux points daffouragement, dans les silos, près des nourrisseurs automatiques et dans les bâtiments destinés à la stabulation. Ces derniers peuvent comporter des fosses à fumier susceptibles de dégager des gaz mortels (Gillespie, 1997).
Les coups de chaleur et les attaques sont des risques possibles que le travail énergique, lépuisement, les fortes chaleurs, lhumidité de lair, la déshydratation par manque deau potable viennent encore aggraver.
Linhalation de poussières expose les éleveurs aux maladies respiratoires. Lune des plus fréquentes est le syndrome toxique dû aux poussières organiques. Ce syndrome peut être consécutif à lexposition à de fortes concentrations de poussières dorigine organique contaminées par des micro-organismes. Environ 30 à 40% des travailleurs agricoles exposés aux poussières organiques présentent ce syndrome, décrit dans le tableau 70.18 qui établit aussi la liste dautres troubles respiratoires (National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH), 1994).
Syndrome toxique dû aux poussières organiques |
Maladie du poumon de fermier (réaction négative à la précipitine) |
Mycotoxicose pulmonaire |
Maladie des ouvriers de silo (désileurs) |
Fièvre des moissons (ouvriers des élévateurs de grain) |
Autres maladies respiratoires importantes |
Maladie des ouvriers de silos (ensileurs) (inflammation toxique aiguë du poumon) |
Maladie du poumon de fermier (pneumopathie par hypersensibilité) |
Bronchite |
Asphyxie (suffocation) |
Inhalation de gaz toxiques (émanant, par exemple, des fosses à purin) |
Les travailleurs agricoles chargés de couper les crins des animaux ou de tondre les moutons encourent divers risques. La tonte peut occasionner des coupures et des abrasions. Il faut compter également avec les dangers que présentent les sabots et les cornes des animaux. Les glissades et les chutes peuvent se produire à tout moment lorsquon soccupe des animaux. Comme lénergie qui actionne les tondeuses est parfois transmise par des courroies, les carters de protection ne doivent pas être enlevés. Il y a également risque délectrocution. Enfin, le tondeur peut prendre de mauvaises postures, affectant surtout le dos, lorsquil saisit les moutons. En immobilisant lanimal entre ses genoux, il peut se blesser au dos, des mouvements de torsion accompagnant souvent la tonte. Quant à la tonte manuelle, elle donne souvent lieu à de la ténosynovite.
La lutte contre les insectes présents sur les bovins, les ovins ou les caprins par pulvérisation ou poudrage de pesticide peut présenter un risque pour les travailleurs agricoles. Les traitements antiparasitaires du mouton consistent à immerger lanimal dans un bain de pesticide; là encore, le seul fait de manier les animaux, ou le simple contact avec la solution ou la laine contaminée peuvent exposer au pesticide (Gillespie, 1997).
Les zoonoses les plus répandues sont la rage, la brucellose, la tuberculose bovine, la trichinose, la salmonellose, la leptospirose, la teigne, linfection à taenia , linfection à orthopoxvirus (orf), la fièvre Q et la fièvre pourprée. Parmi les maladies que lon peut contracter en travaillant au contact des poils et de la toison des animaux, il faut citer le tétanos, la salmonellose qui peut être transmise lors du marquage et de lélimination des jarres, la leptospirose, le charbon et les maladies parasitaires.
Les excréments et lurine des animaux peuvent également constituer un mécanisme dinfection des travailleurs agricoles. Les bovins sont un des réservoirs de la cryptosporidiose, maladie transmissible des bovins à lhumain par voie oro-fécale. Les veaux atteints de diarrhée peuvent en être porteurs. La schistosomiase (bilharziose) se rencontre chez les bovins, les buffles et autres animaux en diverses régions du monde. Le cycle vital de ce trématode part des ufs excrétés dans lurine et les excréments, ufs qui se transforment en larves et parasitent des mollusques, puis en cercaires qui adhèrent à la peau et y pénètrent. Cest en travaillant les pieds dans une eau infestée que le travailleur agricole risque dêtre contaminé.
Certaines zoonoses sont des maladies virales transmises par des arthropodes. Les principaux vecteurs de ces maladies sont les moustiques, les tiques et les phlébotomes. Parmi ces maladies figurent les encéphalites à arbovirus véhiculées par les tiques et le lait de brebis, la babésiose (piroplasmose) transmise par les tiques des bovins et la fièvre hémorragique de Crimée (du Congo) (fièvre hémorragique dAsie centrale) due aux moustiques et aux tiques des bovins, des moutons et des chèvres (en tant quhôtes amplificateurs) au cours des épizooties (Benenson, 1990; Mullan et Murthy, 1991).
Outre les accidents, les principaux risques professionnels liés à lélevage des ruminants sont les problèmes respiratoires et les zoonoses (voir lencadré intitulé «Liste des règles de sécurité à observer par les éleveurs», p. 18).
Les marches descalier doivent être en bon état et les sols réguliers pour éviter les chutes. Les tôles ou carters de protection des courroies de transmission, des vis mécaniques, des presses hydrauliques et des dispositifs daffûtage des peignes des tondeuses ne doivent pas être enlevés. Linstallation électrique doit être régulièrement vérifiée. Les granges et les étables où lon utilise des moteurs à combustion interne doivent être convenablement ventilées.
Sagissant du comportement des animaux et de la conduite à tenir à leur égard, lapprentissage, mais aussi lexpérience permettent déviter bien des accidents. Il est donc essentiel de savoir établir la distinction entre les aspects innés et acquis du comportement animal. Les bâtiments devraient être aménagés de sorte que les travailleurs agricoles naient pas à pénétrer avec les animaux dans des locaux exigus ou entièrement fermés. Léclairage doit être diffus, des lumières trop fortes pouvant effaroucher les animaux et les porter à ruer ou à se débattre. Il faut aussi savoir que les bruits intempestifs ou les mouvements brusques peuvent effrayer les bovins qui risquent alors de projeter les personnes se trouvant là contre la paroi ou la palissade; même des vêtements mis à sécher sur des clôtures et flottant au vent suffisent parfois à les effrayer. Pour ne pas surprendre les animaux, il faut sen approcher par devant. Il convient déviter les contrastes trop marqués dans les bâtiments de stabulation, des peintures trop vives pouvant ralentir ou arrêter la marche des bovins. Les ombres portées sur le sol sont également à éviter, les animaux risquant en effet de refuser de les franchir (Gillespie, 1997).
Il existe plus dune façon datténuer les risques dexposition aux poussières dorigine organique. Les travailleurs doivent être avertis des risques que comporte linhalation de ce type de poussières et, sils sont appelés à consulter pour gêne respiratoire, ils doivent informer le médecin de toute exposition récente à la poussière. En luttant contre le gaspillage des aliments pour animaux, on réduit déjà sensiblement les niveaux dexposition aux spores de champignons. Pour éliminer ce type de risque, les détritus en voie de putréfaction devraient être déblayés avec des engins mécaniques. Il serait aussi utile dinstaller des systèmes de ventilation par extraction dans les locaux et de les arroser fréquemment pour faire tomber les poussières et réduire les niveaux dexposition. Le port de masques appropriés simpose si on ne peut éviter dêtre exposé à des poussières dorigine organique (NIOSH, 1994).
La prévention des zoonoses passe par lhygiène des installations de stabulation, la vaccination des animaux et lisolement des animaux malades. Il convient de prendre des précautions spéciales pour traiter ces derniers et il est indispensable, en particulier, de porter des gants de caoutchouc afin déviter toute exposition en cas de coupures aux mains. Un travailleur qui ne se sent pas bien après avoir été en contact avec une bête malade doit consulter un médecin (Gillespie, 1997).
La domestication du porc sest faite principalement à partir de deux espèces sauvages: le sanglier dEurope et le porc de lest de lInde. Les Chinois ont domestiqué le porc dès 4900 avant J.-C. et, aujourdhui, sur les 840 millions environ de porcs élevés dans le monde, 400 millions le sont en Chine (Caras, 1996).
Les porcs, avant tout recherchés pour leur viande, présentent plusieurs caractéristiques intéressantes. Ils atteignent rapidement un poids élevé et les truies ont des portées nombreuses et une période de gestation courte, comprise entre 100 et 110 jours. Omnivores, les porcs mangent aussi bien des baies, des charognes, des insectes et des ordures que du maïs, de lensilage et lherbe des pâturages des grandes exploitations. Ils convertissent 35% de leur alimentation en viande et en saindoux, ce qui représente un rendement supérieur à celui des ruminants et, notamment, des bovins (Gillespie, 1997).
Les petits élevages, un ou deux animaux par exemple, peuvent représenter lessentiel du patrimoine de la famille rurale (Scherf, 1995). Quant aux grands élevages, on en distingue essentiellement deux sortes (Gillespie, 1997).
Un premier type est spécialisé dans la production de reproducteurs de pure race, lobjectif étant de les améliorer. Linsémination artificielle est ici la règle. Les verrats de pure race ainsi obtenus servent à féconder les truies du deuxième type délevage, celui des grandes exploitations à visée commerciale. Les porcs y sont élevés pour labattage selon deux modes différents. Le premier comporte deux phases: tout dabord, la période dengraissage-sevrage, pendant laquelle toutes les truies dun même troupeau mettent bas des portées de 14 à 16 porcelets par femelle; puis, lorsque les porcelets sont sevrés, la vente et la poursuite de lengraissement des porcs dans une autre entreprise qui se charge de la finition en vue du marché de la viande. Maïs et tourteaux de soja constituent lessentiel du régime alimentaire et les grains qui le complètent sont le plus souvent moulus.
Lautre mode, plus courant, est celui du système complet truie-portée. On élève un troupeau de truies reproductrices et de nourrains, ces derniers étant soignés et engraissés en vue du marché de la viande.
Il arrive que le nombre des petits de la portée dépasse celui des tétines. Dans ce cas, on sarrange pour répartir les petits en en donnant davantage aux nourrices dont la portée est moins nombreuse. Les porcs naissent avec des dents appelées crochets que lon a coutume daraser au niveau de la gencive avant le deuxième jour. Les oreilles sont encochées aux fins didentification. Lablation de la queue est pratiquée lorsque les porcelets ont environ trois jours. Les mâles élevés en vue du marché de la viande sont castrés avant vingt et un jours.
De tous les aspects de la production porcine, la santé du troupeau est le plus important. Lhygiène générale, ainsi que la sélection de reproducteurs sains sont déterminantes. La vaccination, les sulfamides et les antibiotiques permettent de prévenir de nombreuses maladies infectieuses, les insecticides servant à éliminer les poux et les acariens. Lhygiène et les médicaments permettent de lutter contre les parasites responsables de maladies telles que la trichinose.
Outre les élevages de plein air, dits de porcs coureurs, combinant mise au pâturage et installations sommaires, il existe des élevages de production porcine à forte intensité de capitaux où les animaux sont exclusivement élevés en porcherie. Cest cette formule qui a de plus en plus la faveur des éleveurs, car elle permet une croissance plus rapide que lélevage de plein air. En revanche, le pâturage reprend ses droits lorsquon veut assurer lalimentation des reproducteurs sans engraissement excessif; on peut y recourir pour tout ou partie de la production, en utilisant des loges et du matériel portables.
Les porcheries doivent être convenablement aérées pour pouvoir en contrôler la température et lhumidité et des caillebotis doivent être posés sur les sols pour faciliter lenlèvement du fumier. Les installations de mise bas destinées aux truies et à leur portée peuvent être équipées dun chauffage dappoint. La porcherie industrielle doit être clôturée et aménagée de manière à faciliter la manutention, lalimentation et labreuvement. Les loges doivent être nettoyées au jet et désinfectées après lenlèvement des litières, du fumier et des aliments (Gillespie, 1997).
Les accidents occasionnés par lélevage des porcs ont généralement lieu dans les bâtiments de ferme ou dans leur voisinage immédiat. Les endroits dangereux sont les sols glissants, les fosses à lisier, les nourrisseurs automatiques et les loges des animaux. Toutes les porcheries sont dotées dune fosse à lisier dont les émanations peuvent, faute daération suffisante, être mortelles non seulement pour les porcs, mais également pour le personnel.
Le comportement des porcs peut présenter certains risques pour les travailleurs. La truie dont on menace les porcelets attaque. Les porcs peuvent mordre, piétiner ou renverser les personnes se trouvant à proximité. Ils aiment à séjourner dans les endroits qui leur sont familiers ou à y retourner. Le porc que lon sefforce de séparer du troupeau fera tout pour le rejoindre. Lorsquils passent de lobscurité à la lumière et, notamment, de la pénombre de la porcherie au grand jour, les porcs opposent de la résistance. La nuit, ils se laissent difficilement conduire dans des endroits obscurs (Gillespie, 1997).
Les résultats dune étude canadienne sur les éleveurs de porcs montrent que 71% se plaignent de troubles chroniques du dos. Parmi les facteurs de risque figurent la compression des disques intervertébraux occasionnée par la conduite des tracteurs et la position assise, de longues heures durant, aux commandes des engins. Sont aussi relevés dautres facteurs de risque liés à certains gestes comme le fait de soulever un poids, de se baisser, de tordre, de pousser ou de tirer. Enfin, plus de 35% des agriculteurs interrogés font état de problèmes chroniques au niveau des genoux (Holness et Nethercott, 1994).
Trois types dexposition ambiante présentent des risques pour les éleveurs de porcs:
Les incendies dans les bâtiments et les courts-circuits électriques constituent dautres risques à ne pas négliger.
Certaines zoonoses et parasitoses se transmettent du porc à lêtre humain. Les zoonoses, plus particulièrement liées à lélevage porcin, sont la brucellose et la leptospirose (leptospirose des porchers).
Un certain nombre de mesures de prévention peuvent être observées par le personnel des porcheries (Gillespie, 1997):
Pour prévenir les risques daccidents musculo-squelettiques, il convient de faire des pauses fréquentes et de diversifier les tâches, de veiller à prendre de bonnes postures, de chercher à porter des charges moins lourdes (en se faisant aider par un collègue ou par un dispositif mécanique) et, enfin, déviter les mouvements brusques et rapides.
On peut abaisser les concentrations de poussières en diminuant la densité doccupation des porcheries. Par ailleurs, le carénage des nourrisseurs automatiques empêche les poussières de se disperser. La brumisation deau est une méthode envisageable, mais inefficace par temps de gel qui, de surcroît, risque de faciliter la survie des bioaérosols et daccroître les niveaux dendotoxines. Lutilisation de filtres et dépurateurs dans les systèmes de ventilation se révèle prometteuse pour éliminer les particules de poussières de lair recyclé. Le port de masques respiratoires est un autre moyen de se protéger (Feddes et Barber, 1994).
Les fosses à lisier doivent être équipées de tuyaux daération pour empêcher que les gaz délétères ne soient refoulés dans les bâtiments de ferme. On veillera à ce que les ventilateurs des fosses soient alimentés en courant électrique. Le personnel devrait être sensibilisé à lutilisation sans risque des pesticides et autres produits chimiques, désinfectants par exemple, employés dans les élevages porcins.
La propreté, la vaccination, lisolement des animaux malades et la prudence face aux risques dexposition sont autant de moyens de se prémunir contre les zoonoses. Le port de gants de caoutchouc simpose pour traiter les porcs malades. Toute personne qui ne se sent pas bien après avoir été en contact avec une bête malade doit consulter un médecin (Gillespie, 1997).
La production à la ferme doiseaux pesant jusquà 18 kg ne vise pas seulement les oiseaux domestiques tels que les poules, les dindes, les canards, les oies et les pintades, mais aussi des espèces de gibier à plumes comme les perdrix, les cailles, les coqs de bruyère et les faisans. Si certains de ces oiseaux sont élevés en plein air, lessentiel de la production commerciale de volailles et dufs a lieu dans des installations spécialement conçues à cet effet. Certains oiseaux de grande taille, dont le poids est compris entre 40 et 140 kg, tels que les casoars, les nandous, les émeus et les autruches, sont également élevés à la ferme pour leur chair, les ufs, le cuir, les plumes et la matière grasse. Toutefois, en raison de leur grande taille, la plupart de ces oiseaux, qui appartiennent à la sous-classe des ratites, sont généralement élevés en plein air, dans des enclos avec abris.
Les poulets et les dindes viennent en tête de la production de volailles dans le monde. Les éleveurs des Etats-Unis produisent chaque année un tiers des poulets du monde, soit davantage que la production combinée des six autres grands pays producteurs (Brésil, Chine, Espagne, France, Japon et Royaume-Uni). De même, plus de la moitié de la production mondiale de dinde se fait aux Etats-Unis, suivis de lAllemagne, de la France, de lItalie et du Royaume-Uni.
Si, aux Etats-Unis, la production commerciale de poulets remonte à 1880, ce nest que vers les années cinquante que celle de volailles et dufs est devenue une véritable industrie. En 1900, à 16 semaines, un poulet pesait à peine 1 kg. Avant lapparition des élevages industriels de volailles, les poulets de consommation étaient une denrée saisonnière, particulièrement abondante au début de lété. Les progrès de la sélection génétique, lamélioration du taux de conversion alimentaire, des techniques dabattage et de commercialisation, une meilleure hygiène dans les élevages et la lutte contre les maladies ont contribué à lessor de lindustrie volaillère. La mise au point de la vitamine D de synthèse a aussi joué un rôle important. Toutes ces améliorations ont permis de produire des volailles toute lannée, de raccourcir les périodes de production et de porter le nombre de volailles dans les élevages de quelques centaines à plusieurs milliers. La production de poulets de chair (poulets de 7 semaines pesant environ 2 kg) a connu un accroissement spectaculaire aux Etats-Unis, passant de 143 millions de poulets en 1940 à 631 millions en 1950 et à 1,8 milliard en 1960 (Nesheim, Austic et Card, 1979). Les éleveurs américains ont produit en 1996 environ 7,6 milliards de poulets de chair (US Department of Agriculture (USDA), 1997).
La production dufs a suivi la même courbe que celle des poulets. Au début du XXe siècle, une poule pondeuse produisait chaque année environ 30 ufs, au printemps pour lessentiel. Aujourdhui, la moyenne annuelle par pondeuse est de plus de 250 ufs.
Lélevage des ratites concerne principalement lautruche dAfrique, lémeu et le casoar dAustralie et le nandou dAmérique du Sud (voir figures 70.6 et 70.7). Lélevage des ratites a commencé en Afrique du Sud à la fin des années mille huit cent quatre-vingt pour répondre à la demande des maisons de mode qui réclamaient des plumes daile et de queue dautruche. Si les plumes dautruche nornent plus les chapeaux et les vêtements, la production commerciale ne sen poursuit pas moins en Afrique du Sud comme dans dautres pays dAfrique tels que la Namibie, le Zimbabwe et le Kenya. On trouve également des élevages de ratites en Allemagne, en Australie, en Chine, aux Etats-Unis, en Italie et au Royaume-Uni. La chair de ces oiseaux est de plus en plus appréciée, car il sagit dune viande rouge qui rappelle le buf par son goût et sa texture, mais qui contient beaucoup moins de graisses totales saturées.
Aux Etats-Unis, lélevage type se présente sous la forme dun bâtiment long (60 à 150 m) et étroit (9 à 15 m) à un seul étage, sur sol en terre battue recouvert dune litière qui peut être constituée dune couche de copeaux, de tourbe ou de sciure. De grandes portes flanquent chaque extrémité du bâtiment et des rideaux à mi-hauteur courent latéralement tout le long de lédifice. Placés juste au-dessus du sol, abreuvoirs et nourrisseurs automatiques sont alignés sur toute la longueur du bâtiment. De grands ventilateurs, de plus de 1 m de diamètre, brassent continuellement lair pour le confort des volailles. Chaque jour, léleveur nettoie et assainit les locaux, veille à ce que les volailles soient régulièrement alimentées et abreuvées, enlève et élimine les volailles mortes.
Abreuvoirs et nourrisseurs sont placés de 2,5 à 3 m au-dessus du sol lorsque les volailles approchent de lâge de labattage afin de faciliter la tâche du personnel chargé de venir les prendre pour les transporter à labattoir. Les poulets sont généralement ramassés à la main. Chaque membre de léquipe de ramassage doit se baisser ou saccroupir pour saisir plusieurs volailles à la fois et les placer dans des cageots, des cagettes ou des caisses à claire-voie. Lorsque le travail se fait par poste, chaque travailleur doit répéter lopération plusieurs centaines de fois par jour pendant son service (voir figure 70.8). Sagissant des autres espèces de volailles (par exemple, les canards et les dindes), les employés les conduisent en troupeau jusquà une zone denlèvement. Dans le cas des dindes, ils brandissent des bâtons auxquels ils ont attaché des sacs rouges pour séparer du troupeau plusieurs volailles à la fois et les pousser dans un enclos proche des bâtiments délevage (voir figure 70.9).
Suivant le type de volaille, la configuration des bâtiments peut sécarter de cette description générale. Dans le cas de la production commerciale dufs, les poules pondeuses sont traditionnellement placées dans des cages disposées en rangées parallèles. En Suède, à lélevage de poules pondeuses en cases grillagées, interdit à partir de 1999, a succédé un mode dexploitation au sol sur litière (voir figure 70.10). Les bâtiments abritant des élevages de volailles peuvent aussi différer par leurs sols qui ne sont pas toujours recouverts de litière, mais parfois de planchers à claire-voie ou en grillage plastifié posés au-dessus de fosses à fumier ou à lisier. En Europe occidentale, où les bâtiments sont généralement plus petits quaux Etats-Unis, les constructions sont en parpaings et les sols cimentés pour faciliter lenlèvement des litières; en outre, après chaque cycle de production, on procède à lenlèvement de toutes les litières et à la décontamination des locaux.
Le développement de lindustrie avicole entraîne une augmentation des risques pour la sécurité et la santé des éleveurs de volailles, des membres de leur famille (y compris les enfants) et des personnes employées dans les poulaillers. Léleveur de volailles doit être présent sept jours sur sept. En conséquence, contrairement à ce qui se passe dans la plupart des professions, lexposition aux contaminants se prolonge plusieurs jours de suite. Cest seulement pendant la période séparant deux cycles de production (temps de pause qui, parfois, natteint pas même deux jours) que léleveur cesse dêtre exposé. Lair dun poulailler peut contenir des gaz divers: de lammoniac (provenant des litières), du monoxyde de carbone (séchappant des appareils de chauffage à gaz mal ventilés) et du sulfure dhydrogène (dégagé par le lisier). En outre, des particules de poussières dorigine organique ou agricole sont aérosolisées à partir des litières qui contiennent divers contaminants, notamment excréments, plumes et squames, poussières daliments, insectes (scarabées et mouches), acariens, micro-organismes (viraux, bactériens et fongiques), endotoxines bactériennes et histamine. Lair des élevages de volailles est souvent très poussiéreux et quiconque y pénètre pour la première fois peut être incommodé (jusquà la suffocation) par les relents de fumier et lodeur piquante de lammoniac. Pourtant, il semblerait que les aviculteurs finissent par sy accoutumer.
Exposés de façon permanente à cette atmosphère confinée, léleveur qui ne se protège pas risque de contracter des affections respiratoires telles que la rhinite allergique, la bronchite, lasthme, la pneumopathie immunologique, lalvéolite allergique ou encore le syndrome toxique dû aux poussières organiques. Au nombre des symptômes respiratoires aigus et chroniques qui se manifestent figurent la toux, le sifflement respiratoire, lhypersécrétion de mucus, lessoufflement, des douleurs et une constriction thoraciques. Selon le bilan de la fonction pulmonaire, léleveur nest pas seulement exposé au risque de maladies obstructives chroniques telles que la bronchite chronique et lasthme, mais également à celui de maladies restrictives comme la pneumopathie par hypersensibilité chronique. Outre les symptômes respiratoires, on en rencontre couramment dautres, notamment irritation des yeux, nausées, migraines et fièvre. Sur la quarantaine de zoonoses intéressant le monde agricole, six (infection à Mycobacterium avium , érysipéloïde, listériose, conjonctivite de Newcastle, psittacose et dermatomycose) visent plus particulièrement les éleveurs de volailles, même sils ne les contractent quassez rarement. Parmi les maladies infectieuses apparentées, mais non classées dans les zoonoses et qui présentent un caractère préoccupant, il faut citer la candidose, les infections à staphylocoques, la salmonellose, laspergillose, lhistoplasmose et la cryptococcose.
A tous ces risques sajoutent encore pour les travailleurs des élevages avicoles un certain nombre de problèmes de santé qui nont pas encore été étudiés ou qui restent à élucider. Cest ainsi quil existe une véritable dermite des ramasseurs de poulets, siégeant principalement aux mains, aux avant-bras et à lintérieur des cuisses. Les aspects ergonomiques de ce type de travail font quant à eux lobjet détudes. La pénibilité de la tâche consistant, au cours dun poste, à se baisser pour ramasser des milliers de volailles et à porter 8 à 15 poulets à la fois (dont chacun pèse entre 1,8 et 2,3 kg) ne fait aucun doute. On ne sait pas encore de quelle manière ces gestes répétés peuvent affecter le dos et les extrémités supérieures des ramasseurs. On ne connaît pas bien non plus les effets des facteurs psychosociaux associés à la vie à la ferme sur les aviculteurs et leur famille, mais nombreux sont ceux qui font état dun véritable stress professionnel. Un autre problème important, qui na guère été étudié jusquici, concerne les répercussions du métier exercé par les éleveurs de volailles sur la santé de leurs enfants.
La meilleure façon de protéger les travailleurs de toute exposition consiste à capter les contaminants potentiels à la source, avant même quils pénètrent dans latmosphère. Dans la plupart des bâtiments industriels, des moyens de prévention technique peuvent être mis en place pour maintenir les contaminants à des niveaux inoffensifs. Le port dun appareil de protection respiratoire nest quun pis-aller qui ne doit être préconisé quen dernier recours (impossibilité technique ou pratique de mise en place de ces dispositifs ou pendant leur installation ou leur réparation). Il faut toutefois reconnaître que cette solution reste, à lheure actuelle, la plus commode et la plus facile à appliquer pour atténuer les risques liés à linhalation des contaminants en suspension dans lair. Dans les bâtiments délevage, les systèmes de ventilation ont dabord et avant tout été installés non pas pour minimiser lexposition du personnel, mais pour dautres raisons. Les recherches se poursuivent pour mettre au point des systèmes de ventilation capables de réduire cette contamination.
Tous les appareils de protection respiratoire ne garantissent pas le même niveau de protection et le choix du modèle pour un élevage de volailles industriel est fait en fonction de facteurs qui, en milieu agricole, sont déterminants pour les concentrations de poussières et dammoniac dans lair: âge des poulets, ancienneté et état des litières, type dabreuvoir et position des rideaux latéraux (ouverts ou fermés). Cest au cours du ramassage des volailles que lempoussièrement est le plus fort, au point, parfois, que lon ne voit plus dun bout à lautre du bâtiment. Compte tenu des taux dendotoxines bactériennes relevés lors de mesurages effectués pendant les opérations de ramassage, il est recommandé aux travailleurs de prendre au moins la précaution de porter un masque couvrant tout le visage et équipé dun filtre à haut rendement.
En cas de concentration élevée dammoniac, il existe des cartouches combinées qui filtrent à la fois le gaz et les particules. Il pourrait être cependant plus judicieux de porter un appareil de protection respiratoire autonome à adduction dair filtré, plus coûteux, doté de filtres à haut rendement et couvrant tout le visage. Ces dispositifs présentent lavantage de filtrer lair en continu et donc de faciliter la respiration. Les masques filtrants à moteur, avec cagoule, sont particulièrement intéressants pour les barbus. Des dispositifs plus sommaires (assurant une protection moindre que les modèles couvrant tout le visage ou les modèles à purification dair) peuvent suffire dans certaines situations. On ne saurait faire de compromis sur le niveau de protection; en tout état de cause, on noptera pour un demi-masque jetable quaprès avoir établi un bilan complet de la situation (prise de toutes les mesures nécessaires relatives à lenvironnement et suivi médical) montrant que le recours à un équipement moins complexe suffit à ramener lexposition à des niveaux acceptables. Lexposition répétée des yeux à la poussière des élevages de volailles accroît le risque de lésions et de maladies oculaires. Les couvre-face complets et les masques avec cagoule ont lavantage de protéger aussi les yeux. Les travailleurs des élevages avicoles qui optent pour des demi-masques doivent en outre porter des lunettes de protection.
Pour être pleinement efficace, le masque, quel quen soit le modèle, doit être utilisé dans le cadre dun programme complet de protection respiratoire. Sil est vrai que les éleveurs de volailles sont exposés à des risques dinhalation où le port du masque peut savérer utile, il semble toutefois prématuré dexiger que la plupart dentre eux bénéficient individuellement dun programme de protection respiratoire. La mise en place de tels programmes au niveau régional ou local auxquels les aviculteurs seraient associés permettrait de remédier à cette difficulté.
Les fosses à lisier doivent être considérées comme des espaces confinés. Si on doit absolument y pénétrer, il faut tester lair et bien ventiler la fosse en cas de déficit doxygène ou de présence de gaz ou de vapeurs à des niveaux toxiques. Il serait également plus sûr dimposer le port dun appareil de protection respiratoire afin de pouvoir y descendre sans risque. Enfin, il pourrait être nécessaire de demander expressément à dautres travailleurs de demeurer à proximité de ceux qui interviennent et de se tenir prêts à leur porter secours.
Tous les appareils non protégés (chaînes, entraînements, treuils, courroies et poulies de ventilateur, nourrisseurs automatiques, etc.) constituent un risque dans les opérations de production de volailles et dufs. Les volailles de grande taille sont également dangereuses, car elles peuvent infliger des égratignures, des coups de bec, voire des morsures. Ainsi, en période de reproduction et en cas de menace, lautruche mâle fait tout pour protéger son nid et nhésite pas, pour le défendre, à donner des coups de patte. Lautruche est dautant plus dangereuse quelle a des ongles très coupants.
Les risques électriques dus à des appareils mal mis à la terre ou non résistants à la corrosion peuvent être cause délectrocution, de chocs électriques non mortels ou dincendie. La poussière des élevages peut senflammer et les aviculteurs ne sont pas avares danecdotes relatant des explosions par aérosolisation de poussières accumulées à lintérieur dappareils de chauffage au gaz, alors quils étaient occupés à des tâches dentretien. Des chercheurs du Bureau américain des mines (US Bureau of Mines) ont procédé à des essais dexplosibilité des poussières agricoles. Ils ont établi que, si elle est aérosolisée dans une chambre dessai de 20 l et mise à feu, la poussière recueillie sur les appareils de chauffage et les rebords des fenêtres des bâtiments délevage est affectée dun coefficient minimal dexplosibilité de 170 g/m3. En revanche, les prélèvements tamisés de litière délevage de volailles ne senflamment pas. A titre de comparaison, le coefficient minimal dexplosibilité de la poussière de céréales, évalué dans les mêmes conditions de laboratoire, est de 100 g/m3.
Un certain nombre de précautions permettent de réduire les risques liés à laviculture. Les parties mobiles de tous les appareils devraient être munies de carters de protection et les ventilateurs dun grillage. Le port de gants devrait être obligatoire pour toutes les tâches comportant un contact avec les volailles. Il conviendrait de respecter des règles dhygiène très strictes et toute blessure, même légère, causée par les appareils ou la volaille, devrait être traitée sur-le-champ pour prévenir linfection. Toute personne qui sapproche dun ratite doit laborder par le côté ou par larrière pour éviter de recevoir un coup de patte. Lentretien de léquipement électrique doit seffectuer en observant les précautions dusage. Les éleveurs doivent essuyer régulièrement la poussière accumulée sur les surfaces planes, sans oublier que, en de rares occasions, une explosion peut se produire lorsque de fortes concentrations de poussières accumulées saérosolisent et senflamment à lintérieur dun espace clos au moindre contact.
Les ramasseurs de volailles sont particulièrement exposés aux accidents dorsalgiques et aux troubles respiratoires. Aux Etats-Unis, de nombreux aviculteurs sous-traitent le ramassage des poulets. Comme ils font appel à une main-duvre saisonnière et occasionnelle, on ne dispose pas de statistiques concernant les accidents ou labsentéisme. Généralement, les équipes de ramasseurs sont conduites à bord de camions de la société jusquaux élevages. On leur donne (ou on leur vend) alors des masques ainsi que des gants de coton jetables. Lentreprise vérifie que les travailleurs portent effectivement leur protection respiratoire, quils ont été reconnus médicalement aptes et ont reçu la formation appropriée. Chaque membre de léquipe de ramassage doit se baisser et saisir les uns après les autres les poulets en train de se débattre, quand on ne lui demande pas den attraper plusieurs à la fois. Les volailles sont placées sur des plateaux ou dans des tiroirs dun module à plusieurs clayettes. Le module est chargé sur une remorque à plateau au moyen dun chariot élévateur à fourche, tous deux propriété de la société. Lopérateur du chariot élévateur à fourche est soit le conducteur du camion, soit le chef déquipe du sous-traitant. Dans un cas comme dans lautre, il faut sassurer quil a reçu une formation à la conduite et que le chariot fonctionne bien. On attend des membres des équipes de ramassage quelles aient deux qualités: rapidité dexécution et bonne coordination. De nouvelles méthodes de ramassage et de chargement ont été expérimentées aux Etats-Unis. Lune delles se compose dun mécanisme, doté de bras animés dun mouvement de balayage vers lintérieur, destiné à guider les poulets en direction dun système daspiration. Les tentatives dautomatisation visant à réduire le stress physique et le risque dexposition respiratoire sont encore loin dêtre au point. Seuls les élevages de volailles industriels les plus importants et les plus rentables ont les moyens financiers dacquérir et dentretenir ce type de matériel. La température corporelle normale dun poulet est de 42,2 °C. En conséquence, le taux de mortalité augmente lhiver et dans les régions où les étés sont à la fois chauds et humides. En été, comme en hiver, le troupeau doit être transporté aussi rapidement que possible jusquaux abattoirs. Lété, avant labattage, les chargements placés sur les remorques doivent être abrités du soleil et refroidis au moyen de ventilateurs. Il arrive alors souvent que de la poussière, des excréments séchés et du duvet soient dispersés dans lair. Labattage et le conditionnement des poulets doivent se faire dans des conditions dhygiène rigoureuses. Les sols doivent être lavés régulièrement à grande eau et les débris, les déchets et le gras enlevés. Les bandes transporteuses et lensemble des appareils doivent être accessibles, lavés à grande eau et désinfectés. On doit empêcher la formation de buée sur les plafonds et les installations situés au-dessus des poulets. Ces surfaces doivent être soigneusement essuyées au moyen de balais-éponges à long manche. Dans la plupart des zones de transformation des établissements dabattage, le bruit est très intense. Des ventilateurs à lame radiale non protégés, placés en position haute, y assurent la circulation de lair. Pour des raisons dhygiène, il nest pas possible dinstaller des systèmes datténuation du bruit. Un programme approprié et bien organisé de protection de louïe simpose donc. Des audiogrammes devraient être pratiqués à lembauche (suivis dexamens périodiques); des contrôles dosimétriques réguliers doivent être réalisés pour surveiller les niveaux dexposition. En fonctionnement, le matériel doit être le moins bruyant possible. On doit sattacher tout particulièrement à léducation et à la formation du personnel. Il doit être parfaitement informé des risques que lexposition au bruit lui fait encourir et apprendre à porter correctement les protections auditives. Tony Ashdown |
Le cheval appartient à la famille des équidés dont lâne, issu de lâne sauvage dAfrique, fait également partie. Les historiens pensent que la domestication du cheval a commencé vers 6000 avant J.-C. et celle de lâne dès 2600 avant J.-C. au moins. Le mulet, que lon élève pour le travail, est le produit du croisement entre un âne mâle (baudet) et une jument. Le mulet est infécond. Le produit du croisement entre un cheval mâle (étalon) et une ânesse est le bardot, également stérile. Les chevaux et les ânes ont également été croisés avec un autre équidé, le zèbre; les produits de ces croisements sont collectivement dénommés zébroïdes. Les zébroïdes sont eux aussi inféconds et ne revêtent guère dimportance économique (Caras, 1996).
Sur les 10 millions de chevaux que comptent les Etats-Unis, environ 75% servent à léquitation de loisir. Parmi les autres utilisations figurent les courses de chevaux, lélevage et la reproduction, et les épreuves équestres. Le cheval est engagé dans des courses, des concours de saut dobstacles (CSO), des rodéos et bien dautres manifestations.
Les trois principaux types dentreprises qui se consacrent aux chevaux sont les haras, les écuries et les manèges. Les haras élèvent des juments dont ils vendent les poulains. Les écuries se spécialisent dans lentraînement des chevaux de course ou la préparation des chevaux de concours. Enfin, certains manèges prennent en pension les chevaux de leurs clients qui nont pas dinstallations adéquates. Ces trois types dactivités font appel à une main-duvre nombreuse.
La reproduction des chevaux revêt un caractère de plus en plus scientifique. La monte en liberté, qui était autrefois la règle, est davantage contrôlée, dans des sites spécifiques (aires ou enclos de monte). Même si lon pratique linsémination artificielle, il est plus courant que les juments soient amenées à létalon pour la saillie. La jument est examinée par le vétérinaire et, pendant la saillie, des spécialistes soccupent de létalon et de la jument.
Lorsquelle a pouliné, la jument nourrit son poulain jusquà quatre à sept mois; une fois sevré, celui-ci est séparé de sa mère. Certains poulains qui ne sont pas destinés à la reproduction peuvent être castrés dès le dixième mois. Les chevaux castrés portent le nom de hongres.
Lorsquun cheval de course atteint deux ans, des entraîneurs professionnels et des cavaliers se chargent de le débourrer. Il sagit daccoutumer progressivement le cheval au contact de lhumain, au harnachement (selle, bride, filet) et, finalement, à la monte. Les chevaux destinés au trot attelé et les lourds chevaux de trait sont débourrés vers lâge de deux ans; quant aux chevaux de ranch, ils sont débourrés un peu plus tard, vers trois ans, de façon parfois un peu plus brutale.
Aux courses, le palefrenier conduit le cheval à la sellerie où il est sellé par lentraîneur et son aide, puis monté par le jockey. Le cheval est conduit par un poney et son cavalier puis, après léchauffement, il est présenté sur la ligne de départ. Les chevaux de course peuvent se montrer très nerveux, et il arrive que le bruit de la course les excite et les effraie. Le palefrenier conduit le cheval vainqueur dans le local où lon procède aux prélèvements de sang et durine. Il appartient ensuite au palefrenier de détendre le cheval en le douchant, en le promenant et en lui donnant un peu deau.
Le palefrenier qui soccupe dun cheval de course doit le panser et le doucher, le seller lorsque lentraîneur veut le monter, poser sil y a lieu les bandes ou les protège-boulets, nettoyer la stalle (appelée aussi box) et changer la litière faite de paille, de copeaux, de mousse de tourbe, de coques darachides, de journaux déchiquetés ou même de balles de riz. Cest le palefrenier qui est chargé de promener le cheval, mais on utilise parfois un marcheur ou une longe mécanique. Responsable de laffouragement et de lhygiène du cheval, le palefrenier lui donne du foin, des granulés et de leau, ratisse et balaie, lave ses couvertures et enlève le crottin à la brouette. Cest encore le palefrenier qui tient le cheval lors de la visite du vétérinaire ou du maréchal-ferrant. Tous les chevaux reçoivent des traitements antiparasitaires; leurs sabots font lobjet de soins (graisse ou goudron) et leurs dents sont limées.
Dans la majorité des cas, les chevaux de course sont à lécurie; on les sort chaque jour pour leur faire faire de lexercice. Cependant, les poulains, les pouliches et les chevaux de club sont généralement rentrés à lécurie pour la nuit et sortis pendant la journée, tandis que dautres restent en permanence à lextérieur, dans des enclos ou au pâturage, avec des abris en cas dintempéries. Les chevaux de course à lentraînement sont nourris trois à quatre fois par jour, alors que les chevaux de concours et les reproducteurs ne le sont que deux fois. Les chevaux élevés en liberté ou au ranch ne sont nourris quune fois par jour, selon les disponibilités en herbages.
Les chevaux sont transportés dun endroit à un autre pour diverses raisons: concours, courses, reproduction, ou pistes et lieux de randonnée pour léquitation de loisir. La plupart du temps, on se sert de camionnettes ou de fourgonnettes (appelées vans); dans le cas de manifestations hippiques importantes, le transport peut aussi se faire par rail ou par avion.
Toute personne qui soigne les chevaux sexpose à un certain nombre de risques. Le métier de palefrenier, en particulier, est pénible. Il exige de manier à la fourche de grandes quantités de fumier, de déplacer des bottes de foin et de paille de 25 à 50 kg ou de soccuper de chevaux parfois difficiles. Sils sont surpris ou menacés, les chevaux peuvent ruer; on évitera par conséquent de passer derrière un cheval. Un cheval qui a peur peut se cabrer et écraser le pied de celui qui sen occupe; la chose peut également se produire accidentellement. Il existe plusieurs moyens de contention des chevaux rétifs, tels quune chaîne passée sur le chanfrein ou le caveçon. Le transport éprouve considérablement les chevaux qui risquent de se blesser et de blesser leurs soigneurs.
Le palefrenier est exposé aux poussières dégagées par le foin, les céréales ou les litières, aux moisissures, aux squames des chevaux et à lammoniaque des urines. Il peut se protéger en portant un masque. Les palefreniers doivent souvent traiter les membres des chevaux, parfois avec des crèmes ou des baumes pouvant contenir des substances chimiques dangereuses. Le port de gants est recommandé. Certains produits dentretien des articles de sellerie (longes, selles) contiennent des solvants dangereux; il faut donc les appliquer dans un endroit bien ventilé et se protéger la peau. Les coupures peuvent être la cause de graves infections telles que le tétanos ou la septicémie. Il faut sassurer que les rappels antitétaniques sont bien à jour, surtout en raison de lexposition au fumier.
Le maréchal-ferrant peut se blesser en ferrant un cheval. Il appartient au palefrenier de tenir le cheval pour lempêcher de ruer ou de retirer le pied et de déstabiliser le maréchal-ferrant qui pourrait alors se donner un tour de rein ou se couper avec le fer et les clous.
Pour effectuer les prélèvements nécessaires aux contrôles antidopage, le technicien doit se rendre dans une stalle où il fait face à un cheval ombrageux ou nerveux qui nest pas attaché et quil ne connaît pas. Il (ou elle) tient une cravache (et un récipient pour lurine) qui peut effrayer le cheval.
Le port dune bonne paire de bottes de cheval (ou de bottines avec chaps) et du casque ou de la bombe est indispensable lors-quon pratique léquitation. Le cavalier qui sadonne à la course, au saut dobstacles, au rodéo, ou qui entraîne des poneys ou des chevaux de course, devrait porter un gilet protecteur. En effet, il y a toujours le risque dêtre désarçonné par un cheval qui bronche ou qui fait une chute.
Les chevaux entiers sont souvent imprévisibles, extrêmement puissants et capables de mordre ou de ruer méchamment. Les poulinières défendent vigoureusement leurs poulains et sont prêtes à combattre si on les menace. Les étalons sont mis seuls dans des enclos à barrières très hautes, tandis que les juments et leurs produits restent en groupe et obéissent à leur propre hiérarchie. Des chevaux qui essaient déchapper à un cheval dominant, ou un groupe de poulains en train de jouer, peuvent très bien renverser une personne qui se trouve sur leur chemin. Les poulains quon vient de sevrer, ainsi que les chevaux dun et de deux ans, peuvent mordre et pincer.
Certains médicaments (les hormones, par exemple) utilisés en élevage sont administrés par voie orale et peuvent être nocifs pour les humains. Le port de gants est recommandé. Les blessures par piqûre daiguille constituent aussi un risque. De bons moyens de contention, y compris les entraves, peuvent être employés pour maîtriser lanimal pendant ladministration de médicaments. Lutilisation trop libérale de pulvérisations locales et, dans les écuries, de systèmes automatiques de pulvérisation pour se débarrasser des mouches, présente un risque non négligeable. Les insecticides doivent être utilisés avec modération; dans tous les cas, il faut lire attentivement les étiquettes et suivre scrupuleusement le mode demploi.
Plusieurs zoonoses peuvent se transmettre du cheval à lhumain, notamment des infections cutanées par contact avec des sécrétions infectées. Les morsures de cheval peuvent être à lorigine de certaines infections bactériennes. Voir au tableau 70.19 la liste des zoonoses transmissibles par les équidés.
Maladies virales |
Rage (extrêmement rare) |
Mycoses |
Teigne (dermatomycoses) |
Zoonoses parasitaires |
Trichinose (fortes poussées épidémiques en France et en Italie dans les années soixante-dix et quatre-vingt) |
Maladies bactériennes |
Salmonellose |
Partout dans le monde, les animaux délevage simplifient considérablement la vie des petits exploitants, des nomades et des bûcherons tout en contribuant au rendement de lexploitation, au revenu, à lemploi et à lalimentation. Cette contribution des animaux délevage est appelée à saccroître. En effet, la population mondiale, de 6 milliards en 1999, pourrait atteindre 10 milliards dici à la fin du siècle prochain. Pendant la même période, la population de lAsie devrait doubler. La demande de nourriture connaîtra une augmentation plus forte encore, en raison de lélévation du niveau de vie. Cette évolution saccompagnera de la nécessité de disposer des moyens de traction suffisants pour produire ce supplément de vivres. Selon Ramaswami et Narasimhan (1982), 2 milliards dhabitants des pays en développement sont tributaires des animaux de trait pour lexploitation agricole et le transport en milieu rural. Les moyens de traction font cruellement défaut à lépoque des semis et restent insuffisants tout au long de lannée pour les autres utilisations. Dans un avenir prévisible, la traction animale restera une importante source dénergie en agriculture et pourrait même constituer la principale entrave à laccroissement de la production agricole dans les régions où elle fait défaut.
Ce sont les animaux de trait qui, les premiers, sont venus compléter lénergie humaine dans lagriculture, la traction mécanique ne faisant son apparition quau XIXe siècle. La proportion dexploitants agricoles tributaires des animaux de trait est plus élevée en Asie quen aucune autre région du monde, les propriétaires de la plus grande partie de ce cheptel étant des agriculteurs aux ressources limitées qui ne cultivent que de petites superficies. Dans la plupart des régions dAsie, la traction animale est fournie par les bufs, les zébus, les buffles et les chameaux. Parce quils sont particulièrement bien adaptés à ce type de travail et quils se nourrissent de déchets, les bufs resteront longtemps la principale source de traction animale. Léléphant est également utilisé dans certaines régions.
Les trois grandes sources dénergie utilisées en agriculture dans les pays dAsie sont lêtre humain, la mécanique et lanimal. Dans les pays en développement, lêtre humain est le principal intervenant lorsquil sagit de biner, désherber, repiquer le riz, semer à la volée ou moissonner. Le machinisme agricole, très polyvalent, peut être employé pour la quasi-totalité des cultures, lintensité de cette utilisation pouvant être extrêmement variable dun pays en développement à lautre (Khan, 1983). La traction animale est généralement utilisée pour les labours et les charrois, ainsi que pour actionner un certain nombre de machines hydrauliques comme les norias. La vache de trait est un animal à usages multiples, qui fournit de lénergie, du lait, de la bouse, des veaux et de la viande. La puissance normale de trait de divers animaux est indiquée au tableau 70.20.
Animaux |
Poids (kg) |
Traction approximative (kg) |
Vitesse de travail moyenne (min/sec) |
Puissance développée (kW) |
Chevaux (trait léger) |
400-700 |
60-80 |
1,0 |
0,75 |
Bufs |
500-900 |
60-80 |
0,6-0,85 |
0,56 |
Buffles |
400-900 |
50-80 |
0,8-0,90 |
0,56 |
Vaches |
400-600 |
50-60 |
0,7 |
0,34 |
Mulets |
350-500 |
50-60 |
0,9-1,0 |
0,52 |
Anes |
200-300 |
30-40 |
0,7 |
0,26 |
Source: Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 1966.
Si lon veut tirer le meilleur parti de la puissance des animaux de trait, il y a lieu de prendre en considération le fait que pour pouvoir rembourser lemprunt nécessaire à lachat dune paire de bufs, les nourrir et en tirer un revenu suffisant afin dassurer leur subsistance, les paysans sans terre doivent impérativement les faire travailler six heures par jour.
La ration quotidienne des animaux de trait varie selon lépoque de lannée. Les bovins et les buffles de trait sont nourris en stabulation permanente (tout au long de lannée) par affouragement, et ne sont à peu près jamais envoyés au pâturage. La paille de riz est donnée tout au long de lannée, à raison, en fonction des préférences de lagriculteur, dune ration de 8 à 10 kg par jour ou selon les besoins. Dautres résidus de récolte tels que balles de riz, paille de légumineuses et verts de canne à sucre sont donnés aux animaux quand on en dispose. En plus de ces résidus de récolte, lherbe coupée en vert ou broutée au bord des chemins ou des cours deau est consommée à la saison des pluies (avril à novembre) à raison de 5 à 7 kg par jour, la ration pouvant être portée à 10 kg par jour pendant les gros travaux.
Lalimentation des animaux de trait est habituellement complétée par de petites quantités de concentrés de sous-produits tels que le son, les tourteaux doléagineux, les légumineuses, les balles de riz et la mélasse. Ces concentrés sont généralement administrés à ces mêmes animaux sous forme liquide, mélangés au reste de lalimentation. La nature et les quantités des ingrédients varient selon la tâche à accomplir par lanimal, la zone géographique, les préférences de lagriculteur et ses possibilités. A lépoque des gros travaux, on augmente les quantités de concentrés pour les réduire durant la mousson, époque de travaux peu pénibles.
Les ingrédients des aliments pour animaux sont aussi choisis par les cultivateurs en fonction des disponibilités, du prix, ainsi que de leur valeur nutritive supposée. Par exemple, au cours de la saison des gros travaux, qui va de novembre à juin, les rations quotidiennes pourraient sétablir comme suit: 200 g de tourteau de graines de moutarde avec 100 g (poids sec) de riz bouilli; 750 mg de tourteau de graines de moutarde, 100 g de riz bouilli et 750 mg de mélasse; ou encore 2 kg au total, à parts égales, de tourteau de sésame, de polissure de riz, de son de blé et de riz bouilli, avec du sel. Au cours de cette période, lors des jours effectivement ouvrés (163 jours), les animaux reçoivent en plus 50% de ces mêmes rations. Si les animaux, ce qui nest pas toujours le cas, reçoivent des concentrés pendant la saison morte, la ration est comprise entre 250 et 500 g.
Le continent australien a été colonisé par les Européens dès 1788. Les premiers navires ont débarqué du bétail, mais les animaux se sont aussitôt échappés dans la forêt. A lépoque, les labours et autres préparations des sols se faisaient à la charrue attelée de bufs, tandis que les travaux légers étaient effectués par les bufs et les chevaux. Le char à bufs devait rester en Australie le moyen de locomotion le plus courant jusquà ce que la ruée vers lor entraîne à partir de 1851 louverture de routes et de voies de chemins de fer.
En Australie, le chameau et lâne servent également danimaux de trait et si le mulet a parfois été utilisé à cette fin, lusage ne sen est jamais véritablement répandu dans le pays (Auty, 1983).
Au Bangladesh, les animaux délevage jouent un rôle absolument vital dans léconomie puisquils fournissent à la fois la traction et le lait et assurent 6,5% du produit intérieur brut (PIB) (Khan, 1983). Sur 22 millions de têtes de bétail, 90% servent à la traction et au transport et 8,2 millions de cette catégorie sont à deux usages, assurant à la fois la traction et des produits alimentaires tels que le lait et la viande (encore quen quantités minimes) pour la consommation des ménages et le commerce. Si lon ajoute la valeur énergétique fournie par la traction et la bouse (engrais et combustible), on estime que les animaux délevage contribuent à hauteur de 11,3% du PIB.
On a vu que les vaches sont parfois utilisées comme animaux de trait, malgré les effets possibles sur leur fécondité et les complications pour leur santé qui se traduisent par une baisse de la production laitière et lespacement des vêlages. Bien quelles ne soient habituellement pas mises au travail pendant la lactation, les vaches représentent une bonne part de leffort annuel de traction au Bangladesh: 2,14 millions (31%) de vaches et 60 000 (47%) de bufflesses adultes sont employées comme animaux de trait (Robertson et coll., 1994). Si lon combine ces chiffres avec la contribution des animaux mâles, 76% de lensemble des bovins adultes (11,2 millions) et 85 à 90% des buffles adultes (410 000) sont mis à contribution pour la traction (Khan, 1983).
En chiffres absolus, aucune pénurie (si ce nest relative) nest à déplorer en ce qui concerne les animaux de trait. Cette pénurie tient en fait à la qualité de la traction animale disponible, les animaux mal nourris nétant guère productifs (Orlic et Leng, 1992).
Diverses races bovines sont utilisées pour le trait, y compris des bovins deshis pure race et des Deshis croisés avec des Sahiwal, des Haryana et des Red Sindhi dans le cas des bovins proprement dits, et les races de buffles Manipuri, Nili-Ravi et Murrah. Un buf de race deshi pèse en moyenne 225 kg, les croisements sont un peu plus lourds (275 kg) et un buffle pèse environ 400 kg. Taureaux, vaches, génisses et bufs participent tous à leffort de traction animale, mais ce sont les bufs qui en fournissent lessentiel.
Au Bangladesh, cest la préparation des sols qui occupe le plus fort pourcentage danimaux de trait. Certains chercheurs recommandent six à sept labours avant les semis. Etant donné la pénurie danimaux de trait, de nombreux agriculteurs se contentent cependant de quatre à cinq labours avant chaque mise en culture. Toutes les charrues en usage au Bangladesh sont attelées à deux animaux. Un attelage de bufs peut labourer un demi-hectare en moins de trois jours (à raison de six heures par jour) (Orlic et Leng, 1992; Robertson et coll., 1994).
En Chine, lélevage du buffle se pratique depuis des temps immémoriaux. Lagriculture les utilisait déjà il y a 2 500 ans. Le corps du buffle est plus massif que celui du bétail indigène. Les cultivateurs préfèrent employer les buffles pour les travaux agricoles en raison de leur force de traction considérable, de leur vie utile plus longue et de leur docilité. Un seul buffle suffit à fournir la traction nécessaire à la production de 7 500 à 12 500 kg de riz (Yang, 1995). La plupart des buffles appartiennent à de petits exploitants qui les utilisent comme animaux de trait. Les bufflesses laitières importées, Murrah et Nili-Ravi, ainsi que les croisements obtenus à partir de ces deux races sont principalement élevés dans les fermes dEtat et les instituts de recherche. Pendant des siècles, le buffle servait surtout danimal de trait et seuls les animaux devenus vieux ou mis à la réforme étaient abattus pour leur viande. La bufflesse nétait que rarement traite. Après des générations de sélection et de croisements, le buffle est devenu exceptionnellement apte au travail, avec son poitrail puissant et bien développé, ses jarrets solides, son large sabot et son tempérament docile.
En Chine, le buffle est principalement utilisé pour le travail en rizière et les transports aux champs. On sen sert également pour hisser leau par divers moyens, fouler largile pour la fabrication des briques et écraser la canne à sucre pour en extraire le jus. Les progrès de la mécanisation font toutefois disparaître progressive-ment ces modes dutilisation. Le dressage commence habituellement quand le buffle atteint lâge de deux ans et on le met au travail un an plus tard. La vie utile des buffles est plus longue que celle des bufs et se poursuit généralement au-delà de lâge de 17 ans; il nest pas rare de voir travailler des buffles de plus de 25 ans. Le buffle est aux champs entre quatre-vingt-dix et cent vingt jours par an dans les régions rizicoles où le travail est intensif au printemps et en automne avec des journées pouvant atteindre sept à huit heures. La capacité de travail varie considérablement selon la taille, lâge et le sexe de lanimal. Sa puissance de traction atteint son maximum entre 5 et 12 ans, demeure élevée de 13 à 15 ans et commence à décliner à partir de 16 ans. La plupart des mâles sont castrés (Yang, 1995).
Le buffle de Shanghai, lun des plus grands de Chine, a une puissance de travail considérable. A raison de huit heures par jour, un animal peut labourer entre 0,27 et 0,4 hectare de rizière, ou bien entre 0,4 et 0,53 hectare de terres non irriguées (0,67 hectare au maximum). En une journée de travail, un buffle peut tirer sur 24 km une charge de 800 à 1 000 kg, placée sur un véhicule à roues en bois, sans roulements, et peut hisser en quatre heures des quantités deau suffisantes pour irriguer 0,73 hectare de rizières.
Dans certaines régions sucrières, on se sert du buffle pour tirer les rouleaux de pierre qui servent à écraser les cannes à sucre. Six buffles travaillant par roulement peuvent presser de 7 500 à 9 000 kg de canne, à raison de quinze à vingt minutes par 1 000 kg.
Selon Ramaswami et Narasimhan (1982), 70 millions de bufs et 8 millions de buffles produisent environ 30 milliards de W dénergie, dans lhypothèse de la moyenne de production retenue par le Conseil indien de la recherche agronomique (Indian Council of Agricultural Research (ICAR)), à savoir 0,37 kW par animal. Il faudrait investir 3 billions de roupies pour produire, transporter et distribuer cette énergie en autant de sites dapplication. On a pu estimer que 30 milliards de roupies avaient été dépensés pour le système indien du char à bufs contre 45 milliards de roupies pour le système des voies ferrées.
Le ministère de la Navigation et des Transports a estimé quentre 11,7 et 15 milliards de tonnes de fret sont transportées chaque année en zone urbaine par attelage de bufs, contre 200 milliards de tonnes pour le réseau ferré. Dans les campagnes, où il ny a pas de chemins de fer, les véhicules à traction animale transportent approximativement 3 milliards de tonnes de marchandises (Gorhe, 1983).
Au Népal, les bufs et les buffles mâles sont la principale source de traction animale pour le labourage. On les utilise également pour les charrois, lécrasement de la canne à sucre et la trituration des oléagineux, ainsi que pour le débardage. En raison de la topographie du pays et du coût élevé des carburants, la mécanisation de lagriculture na que peu davenir. Il en découle une forte demande de traction animale dans le pays (Joshi, 1983).
Rapportée en pourcentages de journées de travail, la contribution des bufs à la production de blé est de 42% pour les labours, 3% pour le repiquage et 55% pour les battages. En production rizicole, les pourcentages sont de 63% pour les labours, 9% pour le repiquage et 28% pour les battages (Joshi, 1983; Stem, Joshi et Orlic, 1995).
Selon la nature des tâches, on fait généralement travailler les animaux de trait un certain nombre dheures par jour et de jours consécutifs avant de les laisser se reposer. Cest ainsi quune journée complète de labour atteint en moyenne six heures pour un buf, et que la journée moyenne de travail dune vache est comprise entre quatre et cinq heures par jour. Les animaux de labour travaillent six à huit jours daffilée et se reposent ensuite pendant deux jours. Dans le cas des battages, les vaches ou autres animaux de trait léger travaillent généralement six à huit heures par jour. La durée et le régime dutilisation pour les battages et le transport varient en fonction des besoins. Un buf que lon consacre exclusivement aux labours (qui représentent le travail le plus pénible) travaille normalement cent soixante-trois jours par an.
On estime à environ 1,3 million de têtes de bétail le cheptel du Sri Lanka dont un certain nombre de races servent à la traction. Les races bovines sont utilisées comme animaux de trait pour les transports et les labours aux champs et dans les rizières, ainsi que pour les travaux de la ferme. Pendant des décennies, les races locales ont été un moyen de locomotion très usité sur toutes les routes du pays. Des croisements de races indiennes avec les races locales ont donné des animaux plus puissants qui servent encore beaucoup dans le transport routier. Sur une population de buffles sélevant au total à 562 000 têtes, le nombre danimaux disponibles pour le travail, âgés de 3 à 12 ans, est estimé à 200 000 pour les mâles et à 92 000 pour les femelles.
Plusieurs articles du présent chapitre concernent les risques liés à lélevage et à lutilisation des animaux de trait dont il a été question plus haut, ainsi que les moyens et mesures de prévention. On trouve dans les encadrés de larticle «La zootechnie» des informations générales sur le comportement des animaux et la liste des règles de sécurité à observer par les éleveurs. La question des chevaux est traitée dans larticle «Les chevaux et autres équidés» et celle des bovins (bufs et buffles compris) dans larticle «Les bovins, les ovins et les caprins». Dans larticle «Lélevage de taureaux», on trouve des informations pertinentes sur les risques inhérents à cette activité et les précautions à prendre.
Le plus grand animal de trait est léléphant, mais son emploi est de moins en moins imposé par la nécessité, et ne sera bientôt plus quune tradition. Il y a 20 ans, 4 000 éléphants dAsie étaient encore utilisés en Thaïlande pour le débardage mais, depuis, les forêts ont été coupées à blanc et la mécanisation a remplacé léléphant. En revanche, on lutilise toujours au Myanmar, en particulier dans les travaux forestiers. Les sociétés forestières louent souvent des éléphants de trait à leurs propriétaires, la plupart du temps des hommes daffaires de la ville. Le cornac, chargé de dresser et de conduire léléphant, sappelle oozie au Myanmar, et mahout en Inde et au Sri Lanka. Le cornac installe une selle épaisse couche de feuilles et décorce sur le dos de lanimal pour protéger son épine dorsale, très sensible, du harnachement utilisé pour débarder les grumes. Le cornac se tient sur le cou de léléphant qui se sert de sa trompe, de ses défenses, de ses pieds, de sa bouche et de son front pour son travail. Un éléphant bien dressé au débardage saura répondre à plus de 30 ordres de la voix et aux pressions exercées par un cornac qualifié en 90 points de son corps. Les éléphants travaillent chaque jour jusquà 14 h 45, après quoi loozie étrille son animal dans leau avec des moitiés de noix de coco pendant à peu près une heure. Il lui donne alors du riz cuit salé, puis lentrave avant de le laisser pâturer dans la forêt pendant la nuit. Vers 4 h du matin, loozie repère léléphant aux sons de la cloche quil porte (Schmidt, 1997) et quil ne confond avec aucune autre. Les éléphants mâles sont rarement gardés en captivité et les femelles sont traditionnellement lâchées dans la nature pour sy reproduire. On a également recours à linsémination artificielle. Les dons de semence des mâles sont recueillis au moyen dune éléphante artificielle. Comme aucun signe visible ne permet de savoir si la femelle a ses chaleurs (trois fois par an), on recueille chaque semaine des échantillons de sang pour procéder à lanalyse de la progestérone. Lorsque la femelle a ses chaleurs, on la féconde en lui injectant du sperme dans le vagin au moyen dun long tube flexible à insémination, à système pneumatique. La conduite des éléphants comporte des risques qui tiennent à leur taille, à celle des objets quon leur demande de déplacer et à leur comportement. Loozie peut se blesser avec léquipement quil lui faut installer sur le dos de léléphant et avec le matériel servant aux travaux forestiers. Outre le risque de chute, il encourt des risques plus graves encore qui sont liés aux opérations forestières proprement dites: charroi, débusquage, débardage et empilage (une grume de teck peut peser jusquà 1 360 kg). Le comportement de léléphant est parfois imprévisible et peut être à lorigine daccidents. Les mâles en captivité sont très dangereux et difficiles à maîtriser. Les mâles reproducteurs sont particulièrement dangereux. Au Sri Lanka, on cite le cas dun éléphant mâle qui aurait tué neuf mahouts , mais que lon a laissé continuer à travailler en raison de la valeur marchande quil représentait pour ses propriétaires (Schmidt, 1997). Certains éléphants nobéissent quà leur dresseur. La meilleure façon de se rendre maître dun animal capricieux est de ne le confier quà son oozie, à lexclusion de tout autre. Les éléphants ont leurs habitudes, et ceux qui en sont chargés se doivent dorganiser leurs journées de façon régulière. On a pu constater que le fait détriller lanimal régulièrement chaque après-midi permettait détablir un lien entre lui et son maître. Lascendant que ce dernier maintient en toute circonstance sur lanimal est également un moyen de se prémunir contre tout comportement dangereux de sa part. Les nageurs chargés de porter les échantillons de sang au laboratoire pour lanalyse de la progestérone exécutent une mission particulièrement dangereuse puisquils doivent traverser des rivières pendant la mousson. On peut parer au danger de noyade en organisant des services de laboratoire à proximité des localités où lon fait travailler des éléphants. Melvin L. Myers |
Aux Etats-Unis, le système national de surveillance des accidents traumatiques mortels (National Traumatic Occupational Fatalities (NTOF)), établi à partir des actes de décès et mis en place par lInstitut national de la sécurité et de la santé au travail (National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH)), a relevé 199 décès liés aux activités agricoles et imputables aux animaux délevage entre 1980 et 1992. Environ 46% de ces décès ont été directement imputés aux taureaux, races à viande et races laitières confondues.
Depuis des siècles, les éleveurs recourent à la castration pour rendre dociles les animaux mâles. Les mâles castrés sont généralement passifs, ce qui indique que les hormones (et, surtout, la testostérone) sont liées au comportement agressif. Certains pays prisent beaucoup la combativité des taureaux, mise à profit lors des manifestations, notamment sportives. Pour cela, on sélectionne certaines lignées en vue de conserver et de renforcer ces caractéristiques belliqueuses. Aux Etats-Unis, la demande de taureaux pour les rodéos sest accrue en même temps que la popularité de ces manifestations. En Espagne, au Portugal, dans le Midi de la France, au Mexique et dans certaines parties de lAmérique du Sud, les combats ou les courses de taureaux se pratiquent depuis des siècles (voir larticle «Les corridas et les rodéos» au chapitre no 96 «Les arts, les loisirs et les spectacles») dans la présente Encyclopédie.
Lélevage bovin concerne deux grandes catégories danimaux, les races laitières et les races à viande, certaines races étant à double usage. Si la plupart des entreprises commerciales du secteur de la viande achètent des taureaux auprès déleveurs danimaux de pure race, les laiteries privilégient de plus en plus linsémination artificielle. Le producteur danimaux de pure race élève donc généralement des taureaux pour les revendre lorsquils sont en âge de se reproduire (2 à 3 ans). Trois systèmes daccouplement coexistent dans lélevage bovin. La monte en liberté a lieu dans les pâturages où le taureau est laissé au milieu des femelles quil couvre à mesure quelles arrivent en chaleur. Ce système peut être prévu pour lannée entière ou pour une saison daccouplement spécifique. Si lon opte pour des saisons daccouplement spécifiques, il faut séparer le taureau du troupeau à certaines périodes et pendant une durée donnée. Avec la monte en main, le taureau est tenu à lécart des vaches, sauf lorsque lune dentre elles, qui se trouve en chaleur, est conduite au taureau pour saccoupler. En règle générale, on nautorise quun seul accouplement, la vache étant retirée après la monte. Enfin, linsémination artificielle consiste à faire féconder de nombreuses vaches, par les soins dinséminateurs ou de léleveur, au moyen de sperme congelé provenant de reproducteurs confirmés. Léleveur peut ainsi se dispenser davoir un taureau sur son domaine et éviter les risques associés. Cette solution ne fait pas pour autant disparaître les risques daccident lors du prélèvement du sperme.
Lorsquun taureau est séparé du troupeau en vue de la monte en main, ou tenu à lécart du troupeau en attendant la saison daccouplement, il peut se montrer agressif sil repère une vache en chaleur. Ne pouvant saccoupler, il devient alors méchant, hargneux, et présente un comportement psychiquement anormal. Les taureaux manifestent habituellement leur agressivité ou leur combativité en labourant le sol de leurs sabots et en beuglant. Le caractère de lanimal saltère souvent avec lâge, les vieux reproducteurs pouvant être vicieux, fourbes, imprévisibles et suffisamment imposants encore pour être dangereux.
Pour permettre aux animaux de se déplacer à lintérieur des installations qui leur sont destinées, il faut que les goulottes soient incurvées de façon quils ne puissent pas en voir lextrémité au moment dy pénétrer. Les enclos devront comporter un passage sur la gauche ou sur la droite afin que les animaux naient pas le sentiment dêtre pris au piège. Pour éviter de les perturber, il convient de poser des pièces de caoutchouc sur les éléments métalliques qui claquent en se refermant. Afin de réduire le plus possible les risques dus au contact physique avec les taureaux, il faut installer des barrières, des passerelles surélevées et des portails dont louverture et la fermeture peuvent être commandées depuis lextérieur de la clôture. Les goulottes aux parois construites en dur sont préférables à celles qui sont en palissades, car les animaux ny sont pas distraits par ce qui se passe à lextérieur et risquent moins de se cabrer. Les passages et les goulottes devraient être dun gabarit suffisant pour permettre aux animaux dy progresser, mais suffisamment étroits pour quils ne puissent pas se retourner.
A priori et en tout temps, les mâles doivent être considérés comme potentiellement dangereux. Si lon doit conserver des taureaux pour la reproduction, on peut éviter les accidents en prévoyant des moyens disolement et de contention. La plus extrême prudence simpose dès lors quon a affaire à des mâles. Même si les taureaux ne cherchent pas toujours et nécessairement à blesser, leur taille et leur masse constituent en soi un risque. Tous les enclos et portails et toutes les goulottes, barrières et rampes de chargement devraient être solides et en bon état. Ladaptation du matériel et des installations est un gage de sécurité. Lorsquon doit travailler avec des taureaux, il est préférable den être séparé matériellement de manière à limiter le plus possible le risque daccident (on se placera en dehors de la zone, à labri dune goulotte, dun mur, dune barrière, etc.). Lorsque les éleveurs se trouvent avec lanimal, il leur faut prévoir des passages («passages dhomme») pour quils puissent séchapper en cas durgence. On ne doit pas toucher les animaux de laiguillon dans un lieu sans issue. Les éleveurs doivent se tenir à lécart des animaux effrayés ou excités et être particulièrement méfiants à légard de ceux quils ne connaissent pas. Laménagement de goulottes en dur, au lieu de barrières, est de nature à faciliter le passage des animaux. Etant donné que les taureaux ne voient pas les couleurs, mais des nuances différentes de blanc et de noir, toutes les installations seront peintes dune même couleur. Laménagement de boxes convenablement équipés et dotés des appareils et installations de contention adéquats permettra aussi de réduire le risque daccidents lors des examens, des soins vétérinaires ou autres pratiqués sur les animaux comme le parage des sabots, le décornage ou la monte en main.
Tous ceux qui ont lhabitude de travailler avec les animaux savent que, même sil leur manque la parole, ils sont capables de communiquer. Les éleveurs doivent savoir reconnaître des signes tels que les oreilles dressées ou couchées, la queue dressée, le labourage du sol et les beuglements. On trouve dans lencadré (p. 18) de larticle «La zootechnie» des informations générales et des directives concernant la conduite à tenir en présence de taureaux.
Les éleveurs doivent aussi se préoccuper du risque de zoonose. Ils peuvent en contracter une en manipulant un animal ou des produits animaux infectés (peaux), en ingérant des produits animaux (lait, viande mal cuite) ou encore en se débarrassant de tissus infectés. Il faut signaler en particulier la leptospirose, la rage, la brucellose (fièvre de Malte chez lhumain), la salmonellose et la teigne ainsi que la tuberculose, le charbon, la fièvre Q et la tularémie. Le risque dexposition aux maladies est moindre si lon observe un certain nombre de règles dhygiène élémentaires et des mesures dassainissement simples: traitement rapide ou élimination des animaux infectés selon les procédures recommandées, élimination des tissus infectés, nettoyage scrupuleux des endroits souillés et port de vêtements de protection adaptés.
La meilleure façon de se débarrasser des carcasses danimaux, et la plus hygiénique, consiste à les brûler à lendroit où lanimal est mort, de manière à éviter de contaminer les sols avoisinants. On creuse un trou de la profondeur convenable, on y place des matières inflammables en quantités suffisantes, la carcasse étant installée au-dessus pour quelle puisse se consumer intégralement. Cependant, la méthode la plus courante pour se débarrasser des carcasses est lenfouissement. La carcasse est enfouie à 1,2 m de profondeur au moins, dans un terrain nétant pas susceptible dêtre contaminé par les eaux de ruissellement; on la recouvre de chaux vive avant de lenterrer.
Lélevage des animaux en institution comporte quatre opérations principales:
Les tâches à effectuer sont multiples: nourrir les animaux et les abreuver, confectionner les litières, veiller à lhygiène et à la salubrité des locaux, éliminer les déchets, carcasses comprises, lutter contre les ravageurs et assurer les soins vétérinaires nécessaires. La plupart impliquent de nombreuses opérations de manutention (déplacer les cages, les aliments, les produits pharmaceutiques, les produits biologiques et autres fournitures), sans oublier lactivité première qui consiste à manipuler les animaux eux-mêmes. Au nombre des tâches relevant de lhygiène et de la salubrité figurent le changement des litières, le nettoyage et la désinfection et, enfin, le lavage des cages, indispensable à lhygiène générale.
Les cages, enclos ou stalles des animaleries sont installés à lintérieur dune pièce ou dune grange, ou en plein air. Les locaux dune animalerie moderne doivent être suffisamment spacieux, bien aérés, climatisés (température, humidité), convenablement éclairés et dotés dinstallations adéquates pour nourrir et abreuver les animaux et lutter contre le bruit. Ils doivent aussi être aménagés en fonction de lespèce quils abritent. Parmi les animaux le plus souvent regroupés en animaleries figurent les rongeurs logés ensemble (souris, rats, hamsters et cobayes), les lapins, les chats, les chiens, les visons, les primates (singes, babouins et grands singes), les oiseaux (pigeons, cailles et poulets) et les animaux de ferme (moutons et chèvres, porcs, bovins, chevaux et poneys).
Les personnes chargées de lélevage, du pansage et de la manipulation des animaux de compagnie, des animaux à fourrure et de laboratoire sont exposées à divers risques biologiques, physiques et chimiques qui peuvent être efficacement maîtrisés grâce à un certain nombre de mesures. Parmi les risques biologiques propres aux espèces animales faisant lobjet de cette section, on peut citer: les morsures et les griffures, la présence dallergènes puissants dans les squames, le sérum, les tissus, lurine ou les sécrétions salivaires, sans oublier une grande diversité dagents zoonotiques. Si les risques biologiques dans les animaleries sont a priori plus variés et potentiellement plus dangereux que ceux liés à des facteurs physiques et chimiques, ces derniers sont plus fréquemment incriminés dans les cas de maladies professionnelles et les accidents du travail.
Les personnels chargés de soccuper danimaux de compagnie, à fourrure ou de laboratoire et de les élever doivent recevoir une formation adéquate pour apprendre à connaître les comportements de ces espèces et les techniques de manipulation adaptées à chacune dentre elles, étant donné que cest bien souvent une erreur de manipulation qui est à lorigine du coup de dent ou de griffe dun animal difficile. Susceptible dêtre contaminée par des micro-organismes provenant de lenvironnement ou de la riche microflore orale et cutanée des animaux, la plaie doit être désinfectée sur-le-champ et un traitement antimicrobien rapide et massif, complété par une prophylaxie antitétanique, doit être instauré pour éviter les complications liées à une infection, voire un préjudice esthétique. Il faut aussi sensibiliser le personnel aux morsures danimaux qui peuvent sinfecter et entraîner des maladies généralisées, parfois mortelles. Au nombre de ces maladies, il faut citer la maladie des griffes du chat, la fièvre causée par morsure de rat et linfection à orthopoxvirus (orf) et, au nombre des maladies mortelles, la rage et les infections à virus B et à hantavirus.
Compte tenu de ces risques exceptionnels, il serait utile de prendre deux types de mesures préventives dans certaines circonstances. Dune part, il conviendrait de recommander au personnel de porter des gants en treillis métallique à lépreuve des morsures et, dautre part, dadministrer des sédatifs aux animaux pour en faciliter la manipulation. Les travailleurs risquent également de contracter des zoonoses par inhalation daérosols infectieux, par contact de la peau ou des muqueuses, par ingestion de matériaux infectés ou par transmission par les puces, tiques ou acariens spécifiquement associés à des animaux hôtes.
Tous les types dagents zoonotiques sont présents chez les animaux de compagnie, à fourrure et de laboratoire, y compris les virus, les bactéries, les champignons et les parasites internes et externes. Au nombre des zoonoses quils sont susceptibles de transmettre figurent la giardiase et les infections à campylobacter (diarrhées) chez les animaux de compagnie; le charbon, la tularémie et la teigne chez les animaux à fourrure; la chorioméningite lymphocytaire ainsi que les infestations à hantavirus et à ténia nain chez les rongeurs de laboratoire. La distribution des agents zoonotiques varie considérablement selon lespèce hôte, lemplacement par rapport à des réservoirs dautres maladies, lisolement, les méthodes pratiquées dans les animaleries ainsi que les antécédents en matière de soins vétérinaires et lintensité de ces traitements. Certaines populations danimaux de laboratoire qui font lobjet dune production commerciale sont soumises à de rigoureux programmes déradication, complétés ultérieurement par des contrôles très stricts destinés à empêcher toute réintroduction des agents pathogènes. De telles procédures ne sont pas systématiquement appliquées dans les animaleries et les établissements où sont gardés animaux de compagnie, à fourrure et de laboratoire et leur absence peut favoriser la persistance des zoonoses.
Toute une série de réactions allergiques, allant de lirritation et de lécoulement oculaire ou nasal à lasthme en passant par des manifestations cutanées sous forme durticaire, sont fréquentes chez les personnes qui soccupent de rongeurs de laboratoire, de lapins, de chats et dautres espèces animales. On estime que sur le nombre de personnes travaillant dans des animaleries, entre 10 et 30% finissent par présenter des réactions allergiques, étant entendu que celles qui souffrent de maladies allergiques préexistantes dues à dautres agents sont davantage exposées et que lasthme connaît ses plus forts taux dincidence dans cette catégorie. Dans quelques rares cas, tel celui dune exposition massive à lallergène par morsure animale, les personnes sensibles peuvent faire un choc anaphylactique, réaction allergique généralisée pouvant être mortelle.
Toutes les personnes appelées à travailler avec des animaux ou des sous-produits animaux doivent observer de bonnes règles dhygiène pour minimiser le risque dexposition aux zoonoses et aux allergènes. Les locaux devront être équipés de lavabos et de douches en nombre suffisant et aménagés de façon que les zones réservées au personnel soient strictement séparées de celles où sont gardés les animaux. Les vêtements ou combinaisons de travail devront couvrir toutes les surfaces exposées de la peau pour prévenir tout risque de morsure, griffure ou pénétration de microbes et allergènes dangereux. Des équipements de protection individuelle (gants étanches, verres de protection, lunettes-masques ou autre pour protéger les yeux) et des appareils de protection respiratoire comme les masques antipoussières, masques de protection ou masques à air pulsé adaptés aux risques de la tâche assumée et à la vulnérabilité du travailleur devront aussi être fournis. Certains aménagements et dispositifs appropriés (orientation des flux dair, cages et compartiments hermétiques pour isoler les animaux) sont aussi de nature à réduire considérablement lexposition aux allergènes et aux zoonoses.
Les soins à donner aux animaux exposent le personnel à des risques physiques et chimiques non négligeables. Les tâches quotidiennes sont très diverses, quil sagisse de déplacer ou de soulever du matériel et des objets lourds, ou daccomplir des gestes qui sont autant doccasions de coupures et de meurtrissures, de foulures ou de blessures dues à des mouvements répétés. Pour remédier le plus possible à de telles éventualités, il faut réaménager le milieu de travail, en se dotant déquipements spécialisés, et sensibiliser le personnel aux mesures et aux précautions à prendre en matière de sécurité du travail. Le nettoyage des équipements et des installations se fait fréquemment au moyen dappareils qui projettent de la vapeur vive ou de leau très chaude et qui sont susceptibles de causer des brûlures graves. On doit veiller à les utiliser selon les instructions et à bien les entretenir, de manière à empêcher tout accident et à permettre à la chaleur de se dissiper pour éviter toute gêne excessive. Les personnes qui travaillent à proximité de matériel lourd ou au milieu de populations de chiens ou de primates excités peuvent être exposées à des niveaux de bruit extrêmement élevés justifiant le port de protections de louïe. Il convient de passer soigneusement en revue avec les employés les produits chimiques dont ils se servent pour nettoyer et désinfecter les cages et les installations, lutter contre les ravageurs dans les locaux et contre les ectoparasites sur les animaux, dans le but de sassurer quils respectent scrupuleusement les pratiques instituées pour réduire au minimum lexposition à ces substances potentiellement irritantes, corrosives ou toxiques.
Lélevage des organismes marins pour la consommation se pratique depuis les temps les plus reculés. Cependant, lélevage à grande échelle des mollusques, des crustacés et des poissons connaît un essor considérable depuis le début des années quatre-vingt, jusquà représenter aujourdhui 25% de la collecte mondiale de produits de la mer (Douglas, 1995; Crowley, 1995). Lexpansion des marchés mondiaux, jointe à lappauvrissement des stocks despèces sauvages, explique la croissance très rapide de cette branche dactivité.
Laquaculture à terre se pratique dans des bassins et des étangs; pour la culture en pleine eau, on utilise généralement des cages flottantes de formes extrêmement diverses et faites de grillage, de filets ou dautres matériaux (Kuo et Beveridge, 1990), mouillées dans leau de mer (mariculture) ou leau douce.
Laquaculture peut être pratiquée de façon extensive ou intensive. Laquaculture extensive suppose certains aménagements du milieu physique en vue de la production naturelle despèces de poissons, de coquillages ou de plantes aquatiques; par exemple, on dépose à faible profondeur des coquilles dhuîtres destinées à servir de substrats où viennent se fixer les huîtres juvéniles. Laqua-culture intensive requiert une technologie plus complexe et des investissements plus lourds; ainsi, dans les élevages de saumon, lécloserie comporte une structure nécessitant la construction de bassins en béton qui doivent être régulièrement alimentés en eau par un système approprié. Laquaculture intensive emploie en outre un personnel plus nombreux.
Cette activité comporte plusieurs stades successifs: acquisition de stocks de géniteurs servant à la production de gamètes; prélèvement des gamètes et fécondation; incubation des ufs et élevage des juvéniles. Cest à létape suivante que se présente loption délever les adultes jusquà ce quils aient atteint la taille marchande ou de les lâcher dans le milieu naturel et que se décide aussi, par conséquent, la vocation de lexploitation: élevage pour la vente ou aquaculture de repeuplement. Alors que lobjectif des exploitations piscicoles est délever lorganisme vivant jusquà la taille marchande, généralement en eaux closes, celui des élevages de repeuplement est de lâcher lorganisme vivant dans le milieu naturel, en vue dun prélèvement ultérieur (pêche). Le repeuplement a pour rôle essentiel de servir dappoint à la production naturelle, et non pas de sy substituer. Laquaculture peut avoir encore pour but de pallier un déficit de production dû à un événement naturel ou dorigine humaine cest ainsi, par exemple, que lon pourra installer une écloserie de saumons pour remplacer une partie du peuplement que la construction dune usine hydroélectrique a fait perdre à un cours deau.
Laquaculture peut être pratiquée à terre, sur des fonds marins, en eau douce ou sur des structures flottantes. Les cages flottantes servent à la pisciculture, tandis que les casiers fixés à un radeau ou à un ensemble de bouées sont plutôt réservés à lélevage des coquillages.
Les exploitations à terre impliquent la construction de digues ou lexcavation de fouilles où sont aménagés les étangs, les bassins et les chenaux dalimentation. Quant à la mariculture, elle peut exiger linstallation et lentretien de structures complexes en milieu hostile. La manipulation des alevins ou de minuscules invertébrés, les aliments pour poissons, les traitements chimiques destinés à leau, aux animaux délevage ou aux déchets ont donné lieu à des activités hautement spécialisées au fur et à mesure du développement du secteur.
La pisciculture saccompagne de nombreux risques daccidents, dont certains sont communs à toutes les formes dagriculture moderne (risques liés à lutilisation de gros engins, déficit auditif par exposition prolongée à des moteurs bruyants, etc.) et dautres, plus spécifiques de ce type dexploitation. Glissades et chutes peuvent se terminer fort mal si elles se produisent à proximité des bassins ou des cages, la victime étant exposée au double danger de noyade et de contamination biologique ou chimique par leau polluée.
Des lacérations graves, voire des amputations, peuvent se produire lors du prélèvement des ufs de poissons, de létêtage et de léviscération des poissons ou du décoquillage des mollusques; on pourra sen prémunir en recourant à des dispositifs de protection, ainsi quà des gants et à des équipements spéciaux, adaptés à chacune de ces tâches. Les plaies contaminées par le mucus et le sang de poisson peuvent entraîner des infections locales, voire systémiques graves. Désinfection immédiate et débridement de la plaie simposent dans tous les cas.
La pêche à lélectricité (utilisée pour assommer le poisson lors des comptages et, de plus en plus, pour prélever les reproducteurs dans les écloseries) fait courir un risque élevé délectrocution aux opérateurs et aux spectateurs (National Safety Council (NSC), 1985); elle ne devrait être pratiquée que par des spécialistes expérimentés, en présence de personnel formé à la réanimation cardio-respiratoire. On nutilisera que des équipements spécialement conçus pour les opérations de pêche électrique dans leau, en observant scrupuleusement les règles de lisolation et de la mise à la terre.
Qui dit eau dit risque de noyade et, sil sagit deau froide, risque supplémentaire dhypothermie. Il convient de prendre garde aux immersions accidentelles en cas de chute par-dessus bord, ainsi quau risque de se laisser prendre ou piéger dans les filets. Tous les travailleurs opérant sur leau ou à proximité devraient porter des équipements de sauvetage individuels agréés et, si leau est froide, une protection thermique appropriée (Lincoln et Klatt, 1994). Le personnel employé à la mariculture devra être entraîné aux techniques de survie et de sauvetage en mer, ainsi quà la réanimation cardio-respiratoire.
Léviscération ou le nourrissage à la main peuvent causer des lésions dues à des mouvements répétés que lon pourrait éviter en grande partie en veillant, lors de la conception des tâches, au respect des principes de lergonomie et en réaménageant les installations si nécessaire. Il faut aussi relever fréquemment les équipes. Les travailleurs qui présentent de tels symptômes devraient être examinés et traités sans retard et, sil y a lieu, être assignés à une autre tâche.
La privation de sommeil peut être un facteur de risque daccident dans les établissements aquacoles. Cest notamment le cas lorsquil faut travailler de façon intensive pendant une très brève période (par exemple, au moment de la récolte des ufs dans les écloseries de saumons).
La construction et lentretien des cages délevage font fréquemment appel à la plongée. Comme on devrait sy attendre, des cas de maladie des caissons ont été observés chez les plongeurs qui ne respectent pas scrupuleusement les limites de profondeur ou de temps (tables de plongée). On a observé aussi des cas de maladie des caissons chez ceux dentre eux qui se conforment aux limites prescrites, mais enchaînent de nombreuses plongées de courte durée (plongées successives); des méthodes de substitution (ne faisant pas appel aux plongeurs) devraient être mises au point pour entretenir les cages et les débarrasser des poissons morts (Douglas et Milne, 1991). Si la plongée est indispensable, il faut se conformer aux indications des tables officielles, éviter les plongées successives et toujours se faire accompagner dun second plongeur, tandis que les accidents de décompression doivent être rapidement évalués en vue dun éventuel traitement à loxygène hyperbare.
De graves intoxications aux composés organophosphorés ont été observées chez des travailleurs utilisant des pesticides pour traiter les poux du saumon (Douglas, 1995). Non seulement les algicides mis en uvre pour lutter contre la prolifération dalgues, mais aussi certaines espèces dalgues (marines ou deau douce) peuvent être toxiques (Baxter, 1991). Les bains destinés au traitement des infections fongiques des poissons peuvent contenir du formaldéhyde et dautres agents toxiques (Douglas, 1995). Le personnel devra recevoir les instructions nécessaires et disposer du temps voulu pour manipuler en toute sécurité lensemble des produits chimiques agricoles et observer les règles dhygiène en la matière.
Des maladies respiratoires allant de la rhinite à dintenses bronchospasmes (symptômes sapparentant à lasthme) ont été observées suite à une sensibilisation qui serait due aux endotoxines de bactéries Gram négatif ayant contaminé des truites délevage en cours dopération déviscération (Sherson, Hansen et Sigsgaard, 1989); une sensibilisation respiratoire aux antibiotiques administrés peut aussi apparaître. Il devrait être possible de régler ces problèmes en veillant à une stricte hygiène individuelle, à une propreté méticuleuse des produits de la mer pendant léviscération et la manipulation, ainsi quà une bonne protection respiratoire. Les travailleurs qui se sont révélés sensibles à ce type de risques respiratoires devraient toutefois sabstenir ultérieurement de sexposer aux antigènes incriminés. La constante immersion des mains peut favoriser la sensibilisation cutanée aux produits chimiques agricoles et aux protéines étrangères (protéines de poisson). Une bonne hygiène et le port de gants adaptés (par exemple, gants en néoprène isolés et étanches, avec poignets pour les opérations déviscération) permettent datténuer ce risque.
Lexposition au soleil peut donner lieu à des insolations et à des kératoses. Les personnes travaillant en plein air devraient systématiquement se couvrir la tête, porter des vêtements appropriés et appliquer une crème solaire.
Lorsquils sont stockés en grandes quantités, les aliments pour poissons sont souvent envahis ou infestés par les rats et autres rongeurs, ce qui pose le problème du risque de leptospirose (maladie de Weil et Mathieu). Les travailleurs appelés à manipuler ces aliments devraient se montrer vigilants et protéger toute surface de peau ou muqueuse écorchée ou lésée susceptible dentrer en contact avec des eaux souillées ou avec des aliments contaminés. Les aliments soupçonnés davoir été contaminés par de lurine de rat seront traités comme potentiellement infectieux et immédiatement détruits (Ferguson et Path, 1993; Benenson, 1995; Robertson et coll., 1981).
Linflammation de la peau amollie par un constant contact avec leau peut facilement dégénérer en eczéma et en dermite. Létat dhumidité aidant, cette inflammation peut favoriser la reproduction des papillaviridés humains, eux-mêmes responsables dune propagation rapide de verrues (Verruca vulgaris) . La meilleure des préventions consiste à garder les mains aussi sèches que possible et à porter des gants. Les émollients ne sont pas sans intérêt pour le traitement des irritations mineures de la peau dues au contact de leau, mais si ce traitement initial échoue, un traitement local à laide de corticostéroïdes ou de crèmes antibiotiques peut simposer (après consultation).
Les besoins en eau douce des installations aquacoles peuvent être extrêmement élevés dans tous ces systèmes; on a pu les estimer à 80 000 l par kg de poissons élevés jusquà létat adulte (Crowley, 1995). La recirculation avec filtration devrait contribuer à réduire considérablement la demande deau, mais suppose de lourds investissements dans les nouvelles technologies (par exemple, zéolithes pour fixer lammoniaque).
Les rejets des établissements de pisciculture peuvent contenir autant de matières fécales que ceux des petites villes, et les réglementations concernant ces rejets se multiplient rapidement (Crowley, 1995).
La consommation de plancton et de krill et les effets secondaires de la mariculture tels que les proliférations dalgues peuvent entraîner de graves bouleversements de léquilibre des espèces dans les écosystèmes avoisinant les exploitations.
* Une partie des informations relatives à l'industrie de la soie a été empruntée à l'article de J. Kubota sur le sujet, tel que publié dans la 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational Health and Safety.
Il existe dans le monde plus dun million despèces dinsectes dont la masse totale est supérieure à celle de tous les autres animaux terrestres réunis. Des insectes tels que les criquets, les sauterelles, les criquets pèlerins, les termites, les larves de scarabée, les guêpes, les abeilles et les chenilles comptent parmi les 500 espèces qui font partie du régime alimentaire régulier de certains peuples du monde. En règle générale, lêtre humain nélève pas les insectes pour les consommer; il les chasse ou les prélève dans la nature.
Lhomme nutilise pas seulement les insectes comme source de nourriture, mais également pour la pollinisation, la lutte biologique contre les ravageurs et comme source de fibres. Les différents usages sont liés aux quatre stades du cycle vital de linsecte: luf, la larve, la nymphe et linsecte parfait. Parmi les exemples dutilisations commerciales des insectes, il faut citer lapiculture (près de 1 milliard de tonnes de miel produites chaque année, sans compter la pollinisation des cultures fruitières et autres), lélevage des insectes (plus de 500 espèces, y compris celles utilisées pour la lutte biologique contre les insectes), la production de gomme-laque (36 000 tonnes par an) et la production de soie (180 000 tonnes par an).
Les apiculteurs élèvent labeille dans des ruchers, ensemble de ruches abritant des colonies dabeilles. On doit à labeille la pollinisation des fleurs, le miel et la cire. Les abeilles contribuent de façon notoire à la pollinisation, puisquelles font plus de 46 430 voyages par abeille et par kilogramme de miel produit. Au cours de chaque voyage, labeille butine 500 fleurs en 25 minutes. Cest le nectar des fleurs qui est la source du miel des abeilles. Labeille se sert de lenzyme invertase pour transformer le saccharose du nectar en glucose et en fructose puis, leau sétant évaporée, en miel. On élève aussi des frelons et des abeilles charpentières pour polliniser respectivement les plants de tomate et la luzerne.
La colonie dabeilles qui forme la population des ruches artificielles se rassemble autour dune seule reine. Les apiculteurs mettent en place une colonie denviron 10 000 abeilles dans le corps de ruche, appelé chambre à couvain. Un corps de ruche contient 10 rayons comportant des cellules pouvant servir soit à la ponte des ufs, soit à emmagasiner le miel. La reine pond environ 1 500 ufs par jour. Lapiculteur ajoute alors une hausse (placée au-dessus de la chambre à couvain), qui deviendra le magasin à miel permettant aux abeilles de passer lhiver. On estime que la colonie, qui continue à se multiplier, est mature lorsquelle atteint quelque 60 000 abeilles. Lapiculteur place une «grille à reine» un panneau plat à travers lequel la reine, qui est plus grosse, ne peut pas pénétrer au-dessus de la première hausse, de manière à empêcher la reine de pondre des ufs dans les hausses supplémentaires qui seront empilées dessus. Ces hausses supplémentaires sont destinées à ne recueillir que du miel, à lexclusion des ufs.
Lapiculteur transporte les ruches dans un endroit favorable, au moment de la floraison. Une colonie dabeilles peut butiner sur une superficie de 48 hectares, un hectare pouvant faire vivre environ deux ruches. Le miel est récolté en été; il est prélevé à partir des hausses qui peuvent être empilées jusquà un maximum de sept, le plus souvent trois, à mesure que la colonie saccroît et que les abeilles remplissent les rayons de miel. Les hausses mobiles et leurs rayons chargés de miel sont emportés à distance en vue de procéder à lextraction. Un couteau biseauté, chauffé, appelé couteau à désoperculer, sert à trancher les opercules, couvercles de cire que les abeilles ont placés sur les rayons à lintérieur des cadres. Le miel est alors extrait à laide dune centrifugeuse, recueilli, tamisé puis mis en maturation et enfin conditionné en pots en vue de la vente (Vivian, 1986).
A la fin de la saison, lapiculteur fait ses préparatifs pour lhivernage; il enveloppe les ruches de toile cirée pour protéger les colonies du vent froid et absorber la chaleur solaire. Il donne en outre aux abeilles du sirop de sucre additionné dun peu de sel pour la consommation dhiver. Au printemps, il découvre les ruches pour permettre aux abeilles de commencer la production. Sil y a surpopulation dans la ruche, la colonie se dote dune nouvelle reine au moyen dune alimentation spéciale, la gelée royale, tandis que lessaim dit primaire (réunissant environ la moitié de la colonie) quitte la ruche pour aller élire domicile ailleurs. Lapiculteur peut, sil le désire, recueillir cet essaim pour en faire une nouvelle colonie.
Les piqûres dabeille exposent les apiculteurs à deux risques, au demeurant liés. Lun est lenvenimation par piqûre, lautre est la réaction dhypersensibilité au venin et, dans quelques cas, le choc anaphylactique. Ce sont les sujets de sexe masculin, de 40 ans et au-delà, qui risquent le plus de faire des réactions mortelles. Si lon estime que le nombre des personnes allergiques au venin représente 2% environ de la population générale, les réactions systémiques chez les apiculteurs et leurs proches sont estimées à 8,9%. Lincidence des réactions varie en raison inverse du nombre de piqûres reçues. Les réactions anaphylactiques au venin de bourdon sont rares, excepté chez ceux qui élèvent ces insectes, le risque étant plus grand sils ont été sensibilisés au venin dabeille (les bourdons sont en fait de grosses abeilles sauvages, à ne pas confondre avec les «faux bourdons», abeilles mâles dépourvues de dard).
En cas de piqûre dabeille, lapiculteur devra retirer le dard (sans appuyer sur le sac à venin) et laver lendroit de la piqûre. On appliquera de la glace ou une pâte faite de bicarbonate de soude additionnée deau. Au moindre signe de réaction systémique, la victime sera conduite durgence chez un médecin ou à lhôpital. En cas de réaction anaphylactique, on administre de lépinéphrine par voie sous-cutanée à la première apparition des symptômes. Pour sa sécurité, lapiculteur enfumera la ruche pour neutraliser les réactions de protection des abeilles et portera un capuchon protecteur avec voile, des gants à manchette ou une combinaison. Etant donné que les abeilles sont attirées par lhumidité de la sueur, les apiculteurs sabstiendront de porter des montres-bracelets ou des ceintures, qui retiennent la sueur. Au moment de lextraction du miel, lapiculteur veillera à ne pas se couper le pouce ou les doigts avec le couteau à désoperculer.
Plus de 500 espèces darthropodes sont élevées en laboratoire, dont des fourmis, des scarabées, des acariens, des mouches, des mites, des araignées et des tiques. Ces arthropodes sont principalement employés pour la lutte biologique contre dautres espèces animales. Il y a 2 000 ans déjà, on trouvait sur les marchés chinois des nids de fourmis Decophylla que lon plaçait dans les plantations de citrus pour lutter contre les ravageurs. A ce jour, on a identifié dans le monde plus de 5 000 espèces dinsectes susceptibles de contribuer à la lutte biologique contre les ravageurs des cultures, dont 300 qui sont régulièrement utilisées avec succès dans 60 pays. Les vecteurs de maladies sont devenus, eux aussi, la cible de la lutte biologique. Par exemple, le moustique carnivore dAsie du Sud-Est, Toxorhynchites spp., également appelé moustique «tox», a des larves qui se nourrissent de celles du moustique tigre, Aedes spp., responsable de la transmission aux humains de maladies telles que la dengue (OToole, 1995).
Des élevages de masse ont été créés pour élever des insectes stériles qui servent à la lutte non chimique contre les ravageurs. Il existe en Egypte une installation de ce type qui élève chaque semaine 1 milliard (environ 7 tonnes) de mouches méditerranéennes des fruits. Cet élevage comporte deux cycles principaux. Le premier est celui de la transformation des aliments ou cycle dincubation larvaire; le second celui de la propagation ou de la production des ufs. La technique des insectes stériles a été utilisée pour la première fois pour éliminer les larves de Callitroga americana , qui parasitaient les bovins (myase). On procède à la stérilisation en irradiant les nymphes juste avant que ladulte émerge du cocon soit aux rayons X, soit aux rayons gamma. Cette technique consiste à prendre des quantités massives dinsectes stériles ainsi élevés et à les lâcher dans les régions infestées où les mâles stériles saccoupleront avec les femelles sauvages, fécondes. En rompant ainsi le cycle vital de linsecte, on a pu réduire dans des proportions spectaculaires le taux de fécondité de ces ravageurs. Cette technique est employée avec Callitroga americana , la spongieuse (Lymantria dispar.(L)), lanthonome du cotonnier et la mouche méditerranéenne des fruits (Kok, Lomaliza et Shivhare, 1988).
Une installation délevage dinsectes stériles comporte généralement un système à sas dair destiné à empêcher lentrée des insectes indésirables et la sortie des insectes féconds. Les différentes tâches comprennent le nettoyage et le balayage, lempilage des ufs, le lavage des plateaux, la préparation du régime alimentaire, linoculation (en plaçant les ufs dans du gel dagar), la coloration des nymphes, la surveillance de lémergence, le conditionnement, la quarantaine, lirradiation, le tri et la pesée. Dans la salle aux nymphes, de la vermiculite est mélangée à de leau et placée sur des plateaux. Les plateaux sont empilés et la poussière de vermiculite recueillie avec une balayette. Les nymphes sont séparées de la vermiculite par tamisage. Les nymphes retenues pour la technique des insectes stériles sont transportées sur des clayettes empilées les unes sur les autres jusquà la chambre dirradiation, située dans une zone ou un local différent, où elles sont irradiées et rendues stériles (Froehlich, 1995; Kiefer, 1996).
Les travailleurs en contact avec les insectes, y compris avec les vers à soie, peuvent faire des réactions allergiques aux allergènes des arthropodes (squamules, poils, autres parties du corps). Les premiers symptômes sont des démangeaisons oculaires et une irritation nasale, suivies dépisodes intermittents de sifflement res-piratoire, de toux et dessoufflement. Ultérieurement, des accès dasthme sont déclenchés par réexposition à lallergène. Les entomologistes et autres catégories de personnel qui travaillent dans les élevages dinsectes stériles sont exposés à divers produits inflammables, potentiellement dangereux. Il sagit, dans les laboratoires dentomologie, de lalcool isopropylique, de léthanol et du xylène; dans la salle de préparation des aliments, on se sert de lalcool isopropylique en solution aqueuse pour stériliser murs et plafonds au moyen dun pulvérisateur. La poussière de vermiculite pose des problèmes respiratoires, dautant plus que certaines vermiculites sont contaminées par lamiante. Dans ces installations, les unités de climatisation de lair, éventuellement très sonores, peuvent être nocives pour louïe des travailleurs. Linstallation de systèmes de ventilation par extraction et le port de protections respiratoires individuelles sont utiles pour remédier à lexposition aux allergènes et aux poussières en suspension dans lair. Autant que possible, on utilisera des matériaux non pulvérulents. La climatisation et le changement fréquent des filtres peuvent contribuer à réduire les concentrations dépines et de poils darthropodes en suspension dans lair. Les rayons X ou les rayons gamma (rayonnement ionisant) risquent quant à eux dendommager le matériel génétique. Il y aura lieu de se protéger contre les rayons X ou les rayons gamma et leurs sources dans les locaux dirradiation (Froehlich, 1995; Kiefer, 1996).
La vermiculture se pratiquait déjà anciennement dans certains pays. Les vers, et notamment le ver de farine (larve plutôt que ver proprement dit) du ténébrion, sont élevés par milliards pour lalimentation des animaux de laboratoire et des animaux de compagnie. Les vers servent aussi au compostage.
On appelle sériciculture la production de cocons de vers à soie, laquelle comporte le nourrissage des vers à soie et la formation des cocons. La culture du bombyx du mûrier remonte en Chine à 3000 avant J.-C. Les sériciculteurs ont domestiqué le bombyx dont il ne reste plus de populations sauvages. Les vers à soie se nourrissent exclusivement des feuilles du mûrier blanc. Historiquement, par conséquent, la production de la soie a toujours été sous la dépendance de la feuillaison du mûrier. Cependant, on a mis au point des aliments artificiels du ver à soie qui permettent de continuer la production tout au long de lannée. Les vers à soie sont élevés sur des tables délevage (claies) parfois montées sur crémaillère. Etant donné que les vers doivent être nourris pendant environ 42 jours à température constante de 25 °C, un chauffage dappoint simpose parfois. La soie est une sécrétion, ou bave, du ver à soie qui se solidifie au contact de lair. Le ver à soie sécrète environ 2 km de soie pour former son cocon au cours de sa transformation en chrysalide (Johnson, 1982). Une fois les cocons constitués, ils sont soumis à létouffage à lair chaud pour tuer la chrysalide, puis expédiés à la filature. A la filature, la soie est dévidée puis filée.
Neuf pour cent des sériciculteurs font de lasthme par réaction aux squamules du bombyx, encore que, dans la plupart des cas, la pathologie soit attribuée à linhalation des excréments de vers à soie. En outre, le contact de la peau avec les poils de la chenille peut entraîner une dermite irritante de contact primitive. Le contact avec la soie grège peut également entraîner des réactions cutanées dorigine allergique. En sériciculture, les traitements dhyposensibilisation (à légard des squamules et des excréments) donnent une amélioration dans 79,4% des cas. Les corticostéroïdes peuvent inverser les effets des antigènes inhalés. Quant aux lésions cutanées, elles peuvent réagir à des applications topiques de lotions et de crèmes aux corticostéroïdes. Les antihistaminiques administrés par voie orale améliorent les symptômes de démangeaison et les sensations de brûlure. Des cas dintoxication au monoxyde de carbone ont été observés dans les magnaneries où lon est obligé de chauffer les locaux au charbon de bois pour maintenir la chaleur voulue. Pour éviter ces expositions au monoxyde de carbone, on préférera les radiateurs électriques aux feux de charbon de bois et aux poêles à pétrole.