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Chapitre 70 - L'élevage

L’ÉLEVAGE DES ANIMAUX DE FERME: IMPORTANCE ET EFFETS SUR LA SANTÉ

Melvin L. Myers

Aperçu

L’être humain est tributaire des animaux pour son alimentation et un certain nombre de sous-produits, pour le travail qu’il leur demande et divers autres usages (voir tableau 70.1). Avant de pouvoir les utiliser, il lui a fallu domestiquer ou tenir en captivité diverses espèces de mammifères, d’oiseaux, de reptiles, de poissons et d’arthropodes. Il va de soi que cette pratique, désormais connue sous le nom d’élevage , n’est pas sans incidence sur la sécurité et la santé au travail. On distinguera, à l’intérieur de cette branche de l’activité humaine, son évolution et sa structure, l’importance économique des différents produits animaux, ainsi que les caractéristiques régionales de chaque secteur et des effectifs de travailleurs qui le composent. Les articles du présent chapitre s’articulent autour des modes d’exploitation, des secteurs d’élevage et des conséquences de l’élevage.

Tableau 70.1 Utilisation des animaux d’élevage

Produits

Denrées alimentaires

Sous-produits et autres utilisations

Produits laitiers

Lait de consommation et lait en poudre, beurre, fromage et caillé, caséine, lait concentré, crème, yaourt et autres laits fermentés, crèmes glacées, lactosérum

Veaux et vaches de réforme vendus comme bétail; applications industrielles du lait (comme source de glucides: lactose officinal servant de diluant dans l’industrie pharmaceutique), (comme source de protéines: surfactants pour stabiliser les émulsions alimentaires), (comme source de matières grasses: utilisation des lipides comme émulsifiants, surfactants et gels); abats

Bovins, buffles, ovins

Viande (bœuf, mouton), suif comestible

Cuirs et peaux (cuir, collagènes comme boyaux à saucisses, cosmétiques, pansements pour la réparation des tissus humains); abats; travail (traction); laine; poils; bouse (combustible et engrais); farine d’os; objets religieux; aliments pour animaux de compagnie; suif et graisse (acides gras, vernis, articles en caoutchouc, savons, huile de lampe, plastiques, lubrifiants); matières grasses; farine de sang

Volaille

Chair de volaille, œufs, œufs de cane (en Inde)

Plumes et duvet; fumier (utilisé comme engrais); cuir; graisse; abats; huile

de ratites (base pour produits pharmaceutiques administrés par voie cutanée); désherbage (oies dans les champs de menthe)

   

Porc

Viande

Cuirs et peaux; soies; saindoux; fumier; abats

Poisson (aquaculture)

Chair

Farine de poisson; huile; coquilles; poissons d’aquarium

Cheval et autres équidés

Viande, sang, lait

Loisirs (équitation, courses); travail (équitation, traction); colle; aliments pour chiens; crin

Petits animaux d’élevage (lapins, cochons d’Inde), chiens, chats

Viande

Animaux de compagnie; fourrures et peaux; chiens de garde; chiens d’aveugle; chiens de chasse; expérimentation; garde des troupeaux de moutons (chien); éradication des rongeurs (chat)

Taureaux

 

Loisirs (courses de taureaux, rodéos); sperme

Insectes et autres invertébrés (vermiculture, apiculture, etc.)

Miel, 500 espèces (larves, sauterelles, fourmis, criquets, termites, criquets-pèlerins, larves de scarabées, guêpes et abeilles, chenilles) sont régulièrement consommées par les membres de nombreuses sociétés non occidentales

Cire d’abeille; soie; insectes prédateurs (plus de 5 000 espèces, dont 400 avérées, utilisables pour la lutte contre les ravageurs des cultures; les larves des moustiques carnivores (Toxorhynchites spp) se nourrissent du vecteur de la fièvre dengue); compostage par les vers de terre; aliments pour animaux; pollinisation; médecine (traitement de l’arthrite par le venin d’abeille); produits dérivés des insectes coccidés (gomme -laque, colorant alimentaire rouge, cochenille)

Sources: DeFoliart, 1992; Gillespie, 1997; Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 1995; O’Toole, 1995; Tannahil, 1973; US Department of Agriculture (USDA), 1996a, 1996b.

L’évolution et la structure de la branche d’activité

L’évolution des animaux d’élevage au cours des 12 000 dernières années tient à la fois à la sélection à laquelle les ont soumis les groupements humains et à leur adaptation à de nouveaux environnements. Les historiens pensent que la chèvre et le mouton ont été les premières espèces animales à avoir été domestiquées, avant le porc dont la domestication remonte à 9 000 ans environ. Parmi les principaux animaux recherchés comme source de nourriture, les bovins ont été les derniers domestiqués il y a de cela 8 000 ans, en Turquie ou en Macédoine. Il est vraisemblable qu’il a fallu attendre la domestication du bétail pour que l’on songe à tirer parti de son lait comme aliment. Outre le lait de vache, l’être humain allait également utiliser le lait de chèvre, de brebis, de renne et de chamelle. C’est avant tout pour la production d’œufs que les populations de la vallée de l’Indus ont domestiqué les volailles de la jungle indienne, à l’origine du poulet que nous connaissons aujourd’hui, exploité à la fois pour sa chair et ses œufs. Ce sont les populations du Mexique qui ont domestiqué le dindon (Tannahill, 1973).

L’être humain a tiré sa nourriture de plusieurs autres espèces de mammifères et d’oiseaux, d’amphibiens et de poissons et de divers arthropodes. Les insectes, qui ont toujours constitué une importante source de protéines, représentent aujourd’hui encore une partie du régime alimentaire, surtout chez les peuples non occidentaux (DeFoliart, 1992). Le miel des abeilles est apprécié depuis des temps immémoriaux; il y a 5 000 ans déjà, les Egyptiens savaient enfumer les abeilles pour récolter le miel. Il y a fort longtemps aussi que l’humain pêche pour s’alimenter; toutefois, en raison de l’épuisement de la ressource, l’aquaculture a partiellement pris le relais depuis le début des années quatre-vingt, et cela à un rythme de plus en plus rapide, jusqu’à représenter environ 14% de l’actuelle production totale de poisson (Platt, 1995).

L’être humain a également domestiqué de nombreux mammifères pour s’en servir comme animaux de trait: le cheval, l’âne, l’éléphant, le chien, le buffle, le chameau et le renne. A l’exception possible du chien, le premier animal recherché pour son travail a sans doute été la chèvre, capable en broutant de débroussailler un terrain pour sa mise en culture. Les historiens pensent que ce sont les Asiatiques qui, il y a 13 000 ans, ont domestiqué le loup d’Asie, qui allait devenir le chien. Sa rapidité, la finesse de son ouïe et de son odorat allaient en faire un précieux compagnon pour le chasseur, tandis que le chien de berger apportait très tôt sa contribution à la domestication des ovins (Tannahill, 1973). Dompté il y a environ 4 000 ans par les populations des steppes du continent eurasien, le cheval aurait été domestiqué grâce à l’invention du fer à cheval et du collier de traction ainsi qu’à l’introduction d’une alimentation à base d’avoine qui allaient en faciliter l’emploi comme animal de trait. Si la traction animale conserve son importance dans de nombreuses régions du monde, la mécanisation dans l’agriculture et le transport poussent néanmoins les agriculteurs à remplacer progressivement les animaux de trait par des machines. Certains mammifères, notamment le chat, contribuent à la lutte contre les rongeurs (Caras, 1996).

On peut décomposer la structure de l’actuelle industrie de l’élevage selon les produits animaux offerts à la vente. Le tableau 70.2 énumère un certain nombre de ces produits, avec la production ou la consommation mondiale correspondante.

Tableau 70.2 Production mondiale de produits d’élevage (en milliers de tonnes)

Produit

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Carcasses de bœuf et de veau

46 344

45 396

44 361

45 572

46 772

47 404

Carcasses de porc

63 114

64 738

66 567

70 115

74 704

76 836

Carcasses d’agneau, de mouton et de chèvre

6 385

6 245

6 238

6 281

6 490

6 956

Cuirs et peaux de bovins

4 076

3 983

3 892

3 751

3 778

3 811

Suif et graisse

6 538

6 677

7 511

7 572

7 723

7 995

Chair de volaille

35 639

37 527

39 710

43 207

44 450

47 149

Lait de vache

385 197

379 379

379 732

382 051

382 747

385 110

Crevettes

815

884

ND

ND

ND

ND

Mollusques

3 075

3 500

ND

ND

ND

ND

Salmonidés

615

628

ND

ND

ND

ND

Poissons d’eau douce

7 271

7 981

ND

ND

ND

ND

Consommation d’œufs (millions de pièces)

529 080

541 369

567 469

617 591

616 998

622 655

Sources: Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 1995; US Department of Agriculture (USDA), 1996a, 1996b.

ND = donnée non disponible.

L’importance économique

La croissance démographique mondiale et la progression de la consommation par habitant ont fait augmenter la demande de viande et de poisson dans le monde, ainsi qu’on peut le constater en se reportant à la figure 70.1. La production mondiale de viande a presque triplé entre 1960 et 1994. Au cours de cette période, la consommation par habitant est passée de 21 à 33 kg par an. Les superficies des pâturages et des parcours n’étant néanmoins pas indéfiniment extensibles, la production bovine a plafonné en 1990 et des animaux tels que les porcs et la volaille, qui offrent un meilleur rendement en viande (taux de conversion) par rapport à leur alimentation en céréales, ont acquis un avantage concurrentiel. Aussi bien le porc que la volaille ont connu un accroissement spectaculaire par rapport à la production bovine. Dès la fin des années soixante-dix, la production mondiale de porc dépassait celle de bœuf et la production de volaille pourrait suivre la même tendance. La production ovine est demeurée faible et stagnante (US Department of Agriculture (USDA), 1996a). Partout dans le monde, les cheptels de vaches laitières sont allés en diminuant, tandis que la production de lait augmentait du fait de l’accroissement du rendement par vache (USDA, 1996b).

Figure 70.1 Production mondiale de viande et de poisson

Figure 70.1

La production de l’aquaculture s’est accrue au rythme annuel de 9,1% entre 1984 et 1992. Celle d’espèces aquacoles est passée de 14 millions de tonnes dans le monde en 1991 à 16 millions de tonnes en 1992, l’Asie assurant à elle seule 84% de la production mondiale (Platt, 1995). Les insectes sont riches en vitamines, en minéraux et en énergie et fournissent de 5 à 10% des protéines animales consommées par de nombreuses populations. Ils représentent également une source vitale de protéines en cas de disette (DeFoliart, 1992).

Les caractéristiques régionales de l’élevage et des effectifs employés dans ce secteur d’activité

Il est difficile d’établir une distinction entre la main-d’œuvre employée à des activités d’élevage et celle qui est engagée dans d’autres secteurs de l’agriculture. La différenciation est certes plus nette pour des activités comme le pastoralisme, pratiqué dans de vastes régions d’Afrique, ou celles des grandes exploitations ultramécanisées qui, aux Etats-Unis, se consacrent à la monoculture ou à l’élevage spécialisé. Il n’empêche que de nombreuses entreprises agropastorales et exploitations agricoles cumulent activités d’élevage et activités agricoles. Dans plusieurs régions du monde, les animaux de trait sont encore très largement utilisés pour le labour et les cultures, activités qui fournissent aliments et fourrage au bétail et à la volaille et sont donc fréquemment intégrées à l’élevage. Quant à l’aquaculture, elle est dominée dans le monde par l’élevage de la carpe herbivore. La production d’insectes est, elle aussi, directement liée à l’agriculture. C’est ainsi que le ver à soie se nourrit exclusivement de feuilles de mûrier, que les abeilles sont tributaires du nectar des fleurs, que les plantes dépendent des insectes pour la pollinisation et que l’être humain prélève sur diverses cultures des larves comestibles. Sur une population mondiale qui atteignait 5 623 500 000 habitants en 1994, 2 735 021 000 (49%) se consacraient à l’agriculture (voir figure 70.2). C’est en Asie, où 85% de la population agricole élève des animaux de trait, que le pourcentage est le plus élevé. On trouve ci-après les caractéristiques régionales en matière d’élevage.

Figure 70.2 Population d'agriculteurs, par région du monde, 1994

Figure 70.2

L’Afrique subsaharienne

Cela fait plus de 5 000 ans que les habitants de l’Afrique subsaharienne sont pasteurs et éleveurs. Très anciennement pratiquée, la transhumance (pastoralisme nomade) a fait apparaître des espèces se contentant d’une alimentation frugale, très résistantes aux maladies infectieuses et capables d’endurer de longues transhumances. Environ 65% de la région, principalement autour des zones désertiques, ne se prêtent qu’à l’élevage pastoral. En 1994, les revenus de l’agriculture ne faisaient vivre que 65% des quelque 539 millions d’habitants de l’Afrique subsaharienne au lieu de 76% en 1975. Bien qu’elle ait gagné en importance depuis le milieu des années quatre-vingt, l’aquaculture n’a que peu contribué à la production vivrière de la région. Elle consiste essentiellement à faire de l’élevage de tilapias en étang, même si certaines entreprises exportatrices ont pu tenter de lancer la culture des crevettes marines. On devrait assister en Afrique à l’essor d’une aquaculture exportatrice, en mesure de répondre à l’accroissement probable de la demande de poisson du marché asiatique. Cette nouvelle activité aquacole devrait être soutenue grâce à des investissements et à des technologies d’origine asiatique attirés dans la région par un climat favorable et la main-d’œuvre africaine.

L’Asie et le Pacifique

Dans la région de l’Asie et du Pacifique, près de 76% de la population agricole mondiale occupent 30% des terres arables du globe. Environ 85% des agriculteurs utilisent les bœufs et les buffles pour les labours et le battage des céréales et autres produits de la terre.

Si l’élevage est surtout le fait des petites exploitations dans la région, il se crée pourtant de grands domaines à vocation commerciale, en nombre croissant, à proximité des centres urbains. Dans les campagnes, des millions de personnes tirent des troupeaux d’animaux la viande, le lait, les œufs, les cuirs et peaux, la traction animale et la laine dont elles ont besoin. La Chine compte à elle seule 400 millions de porcs sur un total mondial de 840 millions environ. L’Inde possède plus du quart du cheptel mondial de bœufs et de buffles mais, pour des motifs religieux qui restreignent les abattages de bovins, elle assure moins de 1% de l’offre mondiale de viande de bœuf. Dans de nombreux pays de la région, la production laitière s’inscrit dans le cadre de l’agriculture traditionnelle. Le poisson figure en bonne place dans le régime alimentaire de la plupart des habitants de ces régions. L’Asie assure 84% de la production aquacole mondiale. Avec 6 856 000 tonnes, la Chine représente près de la moitié de la production mondiale. La demande de poisson devrait s’accroître rapidement et être largement satisfaite par l’aquaculture.

L’Europe

Dans cette région, peuplée de 802 millions d’habitants, la population agricole ne représentait plus que 10,8% en 1994, en net recul par rapport aux 16,8% de 1975. Ce recul s’explique par l’urbanisation et les progrès de la mécanisation. On trouve une forte proportion des terres arables sous les climats frais et humides du Nord, favorables aux pâturages. C’est donc dans la partie septentrionale de la région que sont installées une bonne partie des exploitations d’élevage. En 1992, l’Europe a assuré 8,5% de la production aquacole mondiale. L’aquaculture concerne surtout des espèces de poissons (288 500 tonnes) et de mollusques et crustacés (685 500 tonnes) à valeur commerciale relativement élevée.

L’Amérique latine et les Caraïbes

L’Amérique latine et les Caraïbes se distinguent à bien des égards des autres régions du globe. De vastes étendues restent inexploitées, la région possède d’importantes populations d’animaux domestiques et les grandes exploitations dominent le marché agricole. Représentant environ un tiers de la production agricole, l’élevage constitue une part substantielle du produit intérieur brut. La viande de bœuf vient largement en tête, avec 20% de la production mondiale. La plupart des animaux de ferme ont été importés. Parmi les espèces locales qui ont été domestiquées, on peut citer les cobayes, les chiens, les lamas, les alpagas, les canards musqués, les dindes et les poulets noirs. La région n’a assuré que 2,3% de la production aquacole mondiale en 1992.

Le Proche-Orient

A l’heure actuelle, 31% de la population du Proche-Orient se consacrent à l’agriculture. En raison du déficit de précipitations, 62% des terres ne peuvent servir qu’au pâturage des animaux. C’est dans cette région, au confluent du Tigre et de l’Euphrate, qu’a commencé l’élevage de la plupart des grandes espèces animales utilisées par l’humain (caprins, ovins, porcins et bovins), avant la domestication du dromadaire et de l’âne, plus tard, en Afrique du Nord. Certains systèmes d’élevage connus dans l’Antiquité sont encore en vigueur aujourd’hui. Dans la société tribale arabe persistent des systèmes de subsistance dans lesquels les éleveurs pratiquent la transhumance sur de longs parcours, en quête d’eau et de fourrage. Seuls les pays les plus développés se livrent à la culture intensive.

L’Amérique du Nord

Même si l’agriculture représente aux Etats-Unis et au Canada une activité économique de très grande importance, moins de 2,5% de la population de ces pays s’y consacrent effectivement. Depuis les années cinquante, l’agriculture est devenue très intensive, avec des exploitations moins nombreuses, mais de plus en plus vastes. Les animaux d’élevage et les produits qui en dérivent fournissent une part importante du régime alimentaire de la population, représentant 40% de l’apport total en énergie. Dans cette région, l’élevage est une activité extrêmement dynamique. De nouvelles races ont été obtenues par croisement d’animaux introduits de l’extérieur avec des races locales. La demande des consommateurs, qui exigent de plus en plus de viande maigre et d’œufs (contenant moins de cholestérol), influe sur la politique suivie en matière de sélection. Si on avait largement recours au cheval au début du siècle pour les travaux agricoles, cet usage s’est raréfié en raison de la mécanisation. Les chevaux sont surtout utilisés aujourd’hui sur les champs de courses et pour l’équitation de loisir. Les Etats-Unis ont importé quelque 700 espèces d’insectes pour lutter contre plus de 50 ravageurs. L’aquaculture est en progrès dans la région, représentant 3,7% de la production aquacole mondiale en 1992 (FAO, 1995; Scherf, 1995).

Les problèmes d’environnement et de santé publique

L’élevage entraîne un certain nombre de risques sanitaires tels que blessures, asthme et zoonoses et divers problèmes d’environnement et de santé publique. Les effets possibles des déchets animaux sur le milieu font notamment partie de ces préoccupations au même titre que la disparition de la diversité biologique, les risques liés à l’importation d’animaux et de produits animaux et la salubrité des produits alimentaires.

La pollution de l’eau et de l’air

Les déchets animaux représentent un potentiel de pollution de l’eau et de l’air. L’extrapolation des résultats du tableau 70.3 à la production annuelle de fèces et d’urine des animaux d’élevage aux Etats-Unis en 1994 donne un total de 14,3 milliards de tonnes d’excréments et d’urine pour les principales espèces animales, à l’échelle mondiale. Les bovins (races laitières et races à viande) représentent 87% de ce total, les porcs, 9% et les poulets et les dindes, 3% (Meadows, 1995). Leur taux élevé de production de déchets (9,76 tonnes d’excréments et d’urine par animal et par an) fait des bovins les plus gros pollueurs de tous les animaux domestiques des six régions, établies suivant la classification de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour les six régions du monde, avec des chiffres allant de 82% en Europe et en Asie à 96% en Afrique subsaharienne.

Tableau 70.3 Production annuelle de fèces et d’urine des animaux d’élevage
aux Etats-Unis

Animal

Population

Déchets (tonnes)

Tonnes par animal

Bovins (races laitières et races à viande)

46 500 000

450 000 000

9,76

Porcs

60 000 000

91 000 000

1,51

Poulets et dindes

7 500 000 000

270 000 000

0,04

Source: Meadows, 1995.

Aux Etats-Unis, les exploitants agricoles qui se spécialisent désormais dans l’élevage ne cultivent plus leur domaine comme ils le faisaient autrefois. Ils n’épandent donc plus systématiquement les déchets animaux sur les cultures pour qu’ils servent d’engrais. Un autre problème que posent les techniques modernes d’élevage est la forte concentration des animaux sur de petites superficies, en stabulation permanente ou dans des parcs d’engraissement. Il arrive que les grandes exploitations concentrent sur une seule et même superficie de 50 000 à 100 000 bovins, 10 000 porcs ou 400 000 poulets. En outre, ces exploitations ont tendance à se grouper près des usines de transformation de manière à abréger le temps de transport des animaux jusqu’aux usines.

Cette concentration des activités n’est pas sans avoir des répercussions sur l’environnement: déversements accidentels à partir des cuves à déjections, infiltrations et ruissellements chroniques ou effets pathologiques des épandages par voie aérienne. La percolation des nitrates dans la nappe phréatique et le ruissellement à partir des champs et des parcs d’engraissement sont d’importants facteurs de contamination de l’eau. Toute utilisation intensive des parcs se traduit par une concentration des fumiers et accroît le risque de pollution des eaux souterraines. Les déchets occasionnés par l’élevage des bovins et des porcins sont traditionnellement recueillis dans des cuves à déjections, grandes fosses peu profondes creusées dans le sol. Elles sont construites pour favoriser une sédimentation des matières solides sur le fond et leur digestion anaérobie, l’excédent liquide étant épandu sur les champs avoisinants avant qu’il ne déborde (Meadows, 1995).

La biodégradation des déchets animaux dégage également des gaz nauséabonds qui contiennent jusqu’à 60 composés. Parmi ceux-ci figurent l’ammoniac, les amines, les sulfures, les acides gras volatils, les alcools, les aldéhydes, les mercaptans, les esters et les carbonyles (Sweeten, 1995). Les odeurs dégagées par les exploitations pratiquant l’élevage intensif peuvent occasionner des nausées, des maux de tête, des difficultés respiratoires, des troubles du sommeil, une perte d’appétit ainsi que des irritations des yeux, des oreilles et de la gorge.

Moins bien compris sont les effets néfastes des déchets animaux sur le réchauffement de la planète et les dépôts atmosphériques. Ce réchauffement est dû à la production de gaz à effet de serre, de dioxyde de carbone et de méthane. Il se pourrait que les fumiers et lisiers contribuent à l’accumulation d’azote par dégagement d’ammoniac des fosses à purin dans l’atmosphère. L’azote atmosphérique est réintroduit dans le cycle hydrologique par les précipitations et passe dans les cours d’eau, les fleuves, les lacs et les eaux côtières. L’azote de l’eau favorise la prolifération des algues, ce qui réduit d’autant l’oxygène disponible pour les poissons.

Deux modifications des techniques d’élevage seraient de nature à régler certains problèmes de pollution. L’une consisterait à pratiquer un élevage plus extensif et l’autre à améliorer les systèmes de traitement des déchets.

La diversité animale

Le risque de déperdition rapide de gènes, d’espèces et d’habitats menace l’adaptabilité et les caractéristiques de nombreux animaux qui sont (ou pourraient être) utiles à l’être humain. Les actions conduites à l’échelle internationale confirment la nécessité de préserver la diversité biologique aux trois niveaux de la génétique, de l’espèce et de l’habitat. L’utilisation d’un moindre nombre de reproducteurs pour féconder artificiellement les femelles de nombreuses espèces animales est un exemple parmi d’autres de l’appauvrissement de la diversité génétique (Scherf, 1995).

Avec le déclin de nombreuses races d’élevage et, par conséquent, la réduction de la diversité des espèces, les races dominantes sont en voie d’augmentation et les races les plus productives en voie d’uniformisation. La perte de diversité des races bovines laitières est particulièrement aiguë; à l’exception de la Holstein, très productive, les populations de vaches laitières sont en recul. Par ailleurs, l’aquaculture n’a pas permis de réduire la pression exercée par la pêche sur les populations naturelles. C’est ainsi que l’emploi de filets très fins pour recueillir la biomasse destinée à nourrir les crevettes aboutit à prélever les juvéniles de précieuses espèces sauvages dans leur milieu naturel, contribuant par la même à leur épuisement. Etant donné que certaines espèces, telles que les mérous, les chanidés et les anguilles, ne peuvent pas se reproduire en captivité, leurs juvéniles sont capturés en mer et élevés dans des exploitations piscicoles, ce qui réduit d’autant le stock de populations naturelles.

Les aliments utilisés en aquaculture, en amenuisant la diversité des habitats des zones côtières, ont un impact néfaste sur les populations naturelles, crevettes et poissons, dont ils détruisent le milieu habituel, comme les mangroves. De surcroît, les déjections des poissons, les restes et les débris alimentaires peuvent s’accumuler sur le fond et détruire les communautés benthiques qui filtrent l’eau (Safina, 1995).

Les espèces animales qui survivent en abondance sont celles que l’être humain utilise à son profit, ce qui pose un dilemme social dans la mesure où les mouvements de défense des droits des animaux font valoir que l’humain ne doit utiliser aucun animal et, notamment les animaux à sang chaud, dans son seul intérêt. Précédant ces mouvements pour la défense des droits des animaux, les représentants du mouvement de protection des animaux, créé avant 1975, demandaient que les animaux employés pour la recherche, l’alimentation, l’habillement, les loisirs ou comme compagnons soient traités humainement. Depuis le milieu des années soixante-dix, les défenseurs des droits des animaux affirment que les animaux doués de sensibilité ont le droit de ne pas être utilisés pour la recherche. S’il semble tout à fait invraisemblable que l’humain renonce entièrement à se servir des animaux, tout montre, d’un autre côté, que le mouvement de protection des animaux est appelé à conserver de nombreux partisans (National Institutes of Health (NIH), 1988).

L’importation d’animaux et de produits animaux

L’histoire de l’élevage est indissociable de celle de l’importation d’animaux vivants dans de nouvelles régions du monde. Or, les maladies se répandent avec la diffusion des animaux et des produits dérivés importés. Dans la mesure où les animaux peuvent être porteurs de maladies susceptibles d’infecter l’humain ou d’autres animaux, les pays ont mis en place des services de contrôle zoosanitaire chargés d’indiquer la propagation de ces zoonoses. C’est notamment le cas pour la tremblante du mouton, la brucellose, la fièvre Q et le charbon. Les mesures d’inspection applicables aux animaux vivants et aux produits alimentaires, ainsi que les mesures de quarantaine sont destinées à lutter contre l’importation des maladies (MacDiarmid, 1993).

La transmission possible à l’être humain d’une maladie rare, la maladie de Creutzfeldt-Jakob, a suscité en 1996 une certaine inquiétude des consommateurs dans les pays importateurs de viande bovine. En effet, la consommation de viande de bœuf infectée par le virus de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), dite «maladie de la vache folle», pourrait déclencher dans certains cas l’apparition de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Bien que la chose ne soit pas prouvée, certains font valoir que le bétail aurait pu être infecté par des aliments contenant de la farine d’os et des abats de moutons atteints d’une maladie voisine, la tremblante. Ces trois maladies, que ce soit chez l’humain, les bovins ou les ovins, présentent les mêmes symptômes de lésions cérébrales spongiformes. Elles ont une issue fatale, leurs causes sont inconnues et il n’existe pas de tests permettant de les dépister. En 1996, les Britanniques ont entrepris l’abattage préventif d’un tiers de leur cheptel pour maîtriser l’ESB et restaurer la confiance des consommateurs (Aldhous, 1996).

De même, l’introduction au Brésil d’abeilles africaines a été à l’origine d’un problème de santé publique. Aux Etats-Unis, des sous-espèces d’abeilles européennes produisent du miel et de la cire et contribuent à la pollinisation des cultures. La formation d’essaims agressifs est rare, ce qui permet aux apiculteurs de travailler en sécurité. Or, la sous-espèce africaine est passée du Brésil en Amérique centrale, au Mexique et dans le sud-est des Etats-Unis. Ces abeilles sont agressives et se forment en essaims pour défendre la colonie. Les croisements avec les sous-espèces européennes ont donné une abeille africanisée, plus agressive. Du point de vue de la santé publique, le risque est celui de piqûres multiples lorsque les abeilles africanisées se forment en essaims et de graves réactions toxiques chez l’être humain.

Le problème de l’abeille africanisée semble cependant pouvoir être maîtrisé de deux façons. D’une part, ces abeilles supportent mal les climats septentrionaux et pourraient donc ne pas quitter les régions chaudes telles que le sud des Etats-Unis. D’autre part, on peut remplacer systématiquement la reine des ruches par une reine de la sous-espèce européenne, ce qui, il est vrai, ne règle pas la question des colonies naturelles (Schumacher et Egen, 1995).

La salubrité des produits alimentaires

De nombreuses maladies humaines d’origine alimentaire sont imputables à des bactéries pathogènes d’origine animale. C’est notamment le cas des listeria et salmonelles présentes dans les produits laitiers ou des salmonelles et campylobacter contenus dans la viande et la volaille. Les centres de lutte contre la maladie (Centers for Disease Control and Prevention), aux Etats-Unis, estiment que 53% de l’ensemble des poussées épidémiques de maladies d’origine alimentaire sont dues à la contamination bactérienne de produits animaux. Les quelque 33 millions de cas de maladies d’origine alimentaire recensés chaque année s’accompagnent de 9 000 décès.

Ajouter des antibiotiques à titre prophylactique dans leur nourriture et soumettre les animaux malades à un traitement antibiotique sont pratiques courantes en hygiène vétérinaire. Face à la résistance aux antibiotiques de certains pathogènes zoonotiques, les milieux médicaux sont de plus en plus préoccupés par la diminution de l’efficacité des antibiothérapies. En effet, bon nombre des antibiotiques ajoutés aux aliments pour animaux servent également en médecine humaine et risquent de provoquer l’apparition de phénomènes de résistance des bactéries aux antibiotiques et d’infections chez l’animal et chez l’humain.

La présence de résidus de médicaments dans les produits alimentaires n’est pas non plus dénuée de risques. Ainsi on a pu retrouver des résidus d’antibiotiques sur des animaux destinés à la consommation, y compris sur des vaches laitières, suite à des traitements qui leur avaient été administrés par voie directe ou par adjonction des produits à leur fourrage. Parmi ces médicaments figurent le chloramphénicol et la sulphaméthazine. Il est possible de remplacer l’antibiothérapie à titre prophylactique, notamment par une modification des systèmes de production. Dans ce contexte, il faut agrandir l’espace réservé aux animaux, améliorer la ventilation et employer des systèmes plus performants de traitement des déchets.

Une corrélation a pu être établie entre le régime alimentaire et certaines maladies chroniques. La preuve ayant été faite qu’il existait un lien entre la consommation de graisses et les cardiopathies, diverses actions ont été menées afin d’obtenir des produits animaux à plus faible teneur en graisses grâce à la sélection, à l’engraissement des mâles entiers plutôt que des bêtes castrées et au génie génétique. L’administration d’hormones permet aussi d’abaisser la teneur des viandes en matières grasses. Les hormones de croissance porcines améliorent le taux de croissance, le taux de conversion alimentaire (ou indice de consommation) et le rapport muscle/graisse. Une autre solution de plus en plus prisée consiste à consommer la viande d’espèces à faible teneur en matières grasses et en cholestérol telles que l’autruche (National Research Council (NRC), 1989).

LES PROBLÈMES DE SANTÉ ET LES TYPES DE MALADIES

Kendall Thu, Craig Zwerling et Kelley Donham

Menés isolément les uns des autres dans plusieurs régions de l’ancien et du nouveau monde, les premiers efforts de domestication des animaux remontent à plus de 10 000 ans. La chasse et la cueillette avaient jusque-là constitué les principaux moyens de subsistance des populations humaines. En se rendant maître des processus de production et de reproduction des animaux et des végétaux, l’être humain a bouleversé la structure des sociétés humaines et leurs relations avec le milieu naturel. Le passage à l’agriculture s’est accompagné d’une forte augmentation du travail et d’un allongement du temps consacré à l’acquisition de la nourriture. Les petites familles nucléaires, adaptées au nomadisme de la chasse et aux groupes de cueillette, se sont transformées en grandes unités sociales élargies, pouvant assumer les lourdes charges de travail d’une production alimentaire sédentarisée.

En domestiquant les animaux, l’être humain s’est davantage exposé aux risques d’accidents et de maladies d’origine animale. L’installation de populations humaines nombreuses et sédentarisées à proximité des animaux ne pouvait manquer de faciliter la transmission des maladies entre l’animal et l’humain et la formation de grands troupeaux exigeant de multiples soins. Un peu partout dans le monde, l’élevage s’accompagne de risques variables d’accidents et de maladies. C’est ainsi que les 50 millions d’habitants qui pratiquent l’agriculture sur brûlis dans les zones équatoriales s’exposent à des problèmes différents de ceux des 35 millions de pasteurs qui nomadisent à travers la Scandinavie et l’Asie centrale, ou les 48 millions de producteurs pratiquant une agriculture plus industrialisée.

Dans cet article sont examinés les types de lésions, de maladies infectieuses, de maladies respiratoires et de maladies de la peau liés aux activités d’élevage. Les différentes zones géographiques et les diverses localisations des affections n’ont pas pu être traitées avec la même abondance d’informations étant donné que la recherche s’est surtout concentrée sur les pays industriels dans lesquels prédomine l’élevage intensif.

Aperçu

Les problèmes de santé humaine et les types de maladies liés à la production animale peuvent être classés selon la nature du contact entre les animaux et les humains (voir tableau 70.4). Il peut s’agir d’un contact physique direct, ou d’un contact par l’intermédiaire d’un agent organique ou inorganique. Les problèmes de santé qui en résultent peuvent tous être reliés à l’un ou l’autre des divers aspects de la production animale.

Tableau 70.4 Types de problèmes de santé humaine liés à la production animale

Problèmes de santé occasionnés par un contact physique direct

Dermite de contact allergique
Rhinite allergique
Morsures, coups de pied, écrasements
Envenimation et risque d’hypersensibilité
Asthme
Ecorchures
Blessures traumatiques

Problèmes de santé occasionnés par des agents organiques

Intoxication par des produits agrochimiques
Antibiorésistance
Bronchite chronique
Dermite de contact
Allergies par exposition à des aliments contenant des résidus de médicaments
Maladies transmises par les aliments
Maladie du poumon de fermier
Pneumopathie par hypersensibilité
Irritation des muqueuses
Asthme professionnel
Syndrome toxique dû aux poussières organiques
Allergies par exposition à des produits pharmaceutiques
Zoonoses

Problèmes de santé occasionnés par des agents physiques

Déficit auditif
Accidents dus aux machines
Dégagement de méthane et effet de serre
Troubles musculo-squelettiques
Stress

Le contact humain direct avec les animaux d’élevage va du heurt brutal avec de grands animaux tels que le buffle de Chine au contact cutané, ignoré de la victime, avec les poils microscopiques d’une espèce japonaise de lymantridés. Les problèmes de santé correspondants vont donc de l’irritation passagère aux coups violents et invalidants. Parmi les problèmes qui peuvent se poser, on doit citer les traumatismes infligés par les grands animaux, l’hypersensibilité au venin ou les toxicoses par morsures et piqûres d’arthropodes venimeux, ainsi que les dermites de contact ou les dermites allergiques de contact.

Un certain nombre d’agents organiques empruntent différentes voies de transmission pour passer des animaux d’élevage aux humains, occasionnant ainsi toute une série de problèmes de santé. Les plus importants d’entre eux, à l’échelle mondiale, sont les zoonoses. On en a répertorié plus de 150 dans le monde, dont 40 environ qui peuvent avoir des conséquences préoccupantes pour la santé humaine (Donham, 1985). L’importance des zoonoses dépend de facteurs régionaux tels que les pratiques agricoles, l’environnement et la situation sociale et économique de la région. Les conséquences sanitaires des zoonoses vont des symptômes pseudo-grippaux relativement bénins accompagnant la brucellose aux ravages de la tuberculose, en passant par les maladies potentiellement mortelles dues aux souches d’Escherichia coli ou encore à la rage.

D’autres agents organiques sont responsables de maladies respiratoires. Les systèmes d’élevage intensif en stabulation permanente (élevage en batterie) créent des environnements confinés où les poussières, y compris des microbes et leurs sous-produits, se concentrent et s’aérosolisent avec les gaz respirés par les agriculteurs. Aux Etats-Unis, environ 33% des travailleurs dans les élevages porcins industriels sont atteints du syndrome toxique dû aux poussières d’origine organique (Thorne et coll., 1996). Des problèmes analogues se posent dans les étables où des poussières contenant des endotoxines ou d’autres agents biologiquement actifs de l’environnement entraînent des cas de bronchite, d’asthme professionnel et d’inflammation des muqueuses. Si ces problèmes se posent surtout dans les pays développés où prédomine l’agriculture industrialisée, l’exportation de plus en plus importante des technologies d’élevage en stabulation permanente dans des régions en développement telles que l’Asie du Sud-Est et l’Amérique centrale accroît les risques encourus par les agriculteurs de ces régions.

A l’origine des problèmes de santé imputables à des agents physiques figurent en tête l’outillage et les machines agricoles directement ou indirectement utilisés dans les exploitations pour la production animale. Dans les pays développés, les tracteurs sont la première cause d’accidents dans les exploitations agricoles. Il faut y ajouter des taux élevés de perte d’audition imputable au machinisme agricole et au bruit lié à la production animale en stabulation permanente, ainsi que des troubles musculo-squelettiques dus à des mouvements répétés. L’importance croissante des agents physiques comme facteurs de risque pour la santé humaine dans les activités d’élevage s’explique par l’industrialisation de l’agriculture qui se caractérise par l’utilisation de technologies à forte intensité de capital assurant l’interface entre l’humain et son milieu pour produire des aliments.

Les accidents

Les contacts directs avec les animaux d’élevage sont une des premières causes d’accidents dans de nombreux pays industriels. Aux Etats-Unis, selon le réseau national de surveillance des accidents traumatiques chez les agriculteurs (National Traumatic Injury Surveillance of Farmers) (Myers, 1993), les animaux d’élevage sont la principale source d’accidents, les bovins, les porcins et les ovins étant à l’origine de 18% de la totalité de ceux qui surviennent dans les exploitations agricoles et occasionnant le taux le plus élevé de journées de travail perdues. Ces chiffres confirment ceux d’une enquête menée en 1980-81 par le Conseil national de la sécurité (National Safety Council (NSC), 1982).

Toutes les études régionales conduites aux Etats-Unis concordent pour désigner les animaux d’élevage comme première cause d’accidents dans le secteur du travail agricole. Des rapports plus anciens faisant état d’examens médicaux pratiqués sur des agriculteurs dans les hôpitaux de New York entre 1929 et 1948 montrent que les animaux d’élevage sont incriminés dans 17% des cas d’accidents, immédiatement après les machines agricoles (Calandruccio et Powers, 1949). La tendance ne s’inverse pas, une étude signalant qu’au moins un tiers des accidents dont sont victimes les éleveurs de vaches laitières dans le Vermont (Waller, 1992) sont imputables aux animaux d’élevage, lesquels sont aussi responsables de 19% des accidents recensés sur un échantillon aléatoire d’agriculteurs dans l’Alabama (Zhou et Roseman, 1995) et de 24% chez ceux de l’Iowa (Iowa Department of Public Health, 1995). L’une des rares études consacrées aux facteurs de risque d’accidents spécifiques dus à des animaux d’élevage permet de constater que ces accidents pourraient être liés à l’organisation de la production et à certaines caractéristiques propres au milieu de l’élevage (Layde et coll., 1996).

Les indications fournies par d’autres secteurs de l’agriculture industrialisée font apparaître des schémas similaires. Des recherches australiennes ont établi que les éleveurs venaient au second rang dans le pays pour les accidents professionnels mortels (Erlich et coll., 1993). Une étude des comptes rendus d’accidents et des admissions aux urgences concernant les agriculteurs britanniques de l’ouest du pays de Galles (Cameron et Bishop, 1992) a révélé que les animaux d’élevage constituaient la première cause d’accidents, soit 35% de ceux qui surviennent dans les exploitations. Au Danemark, une étude portant sur 257 accidents constatés chez des agriculteurs hospitalisés a montré que les animaux d’élevage venaient au second rang des causes d’hospitalisation et que 36% des accidents traités leur étaient imputables (Carstensen, Lauritsen et Rasmussen, 1995). Des recherches doivent être effectuées dans le contexte des activités de surveillance sanitaire pour remédier à l’absence de données systématiques sur les accidents causés par les animaux d’élevage dans les pays en développement.

La prévention des accidents imputables aux animaux d’élevage passe par la compréhension du comportement animal et le développement de bons réflexes pour prévenir ces dangers. Pour se prémunir contre les accidents, il est en particulier indispensable de comprendre les facteurs qui se répercutent sur le comportement des animaux: alimentation, variations du milieu, relations sociales (dans le cas, par exemple, d’animaux isolés du troupeau), instincts nourriciers et protecteurs des femelles, changement d’habitudes territoriales et modifications du régime alimentaire. La prévention des accidents passe aussi par l’installation et l’entretien de dispositifs pour assurer la captivité des animaux, tels que barrières, enclos, stalles ou cages. Les enfants étant particulièrement exposés, il faut veiller à leur attribuer des espaces de jeux surveillés, à l’écart des secteurs où sont gardés les animaux.

Les maladies infectieuses

Les zoonoses peuvent être classées selon leur mode de transmission, lequel est à son tour lié au type d’agriculture, d’organisation sociale et d’écosystème. Il existe quatre grandes voies de transmission:

  1. un hôte vertébré unique direct;
  2. un hôte vertébré multiple cyclique;
  3. une combinaison hôte-vertébré et invertébré;
  4. un hôte intermédiaire inanimé.

De façon générale, les zoonoses se caractérisent comme suit: elles ne sont pas mortelles, ne sont que rarement diagnostiquées et présentent un caractère sporadique plutôt qu’épidémique; elles «miment» les autres maladies et l’être humain en est l’hôte final. Les zoonoses primitives sont ventilées par région au tableau 70.5.

Tableau 70.5 Zoonoses primitives par régions du monde

Nom commun

Source principale

Région

Brucellose

Caprins, ovins, bovins, porcs

Etats-Unis, Europe, région méditerranéenne

Charbon

Mammifères

Amérique latine, Asie occidentale et Asie du Sud-Est, Méditerranée orientale

Encéphalite transmise par les arthropodes

Oiseaux, ovins, rongeurs

Afrique, Amérique latine, Australie, Etats-Unis, Europe centrale, Extrême-Orient, Russie

Fièvre Q

Bovins, caprins, ovins

Monde entier

Hydatidose

Chiens, ruminants, porcs, carnivores sauvages

Afrique australe et orientale, Méditerranée orientale, Nouvelle-Zélande, régions australes de l’Amérique du Sud, Sibérie, sud de l’Australie

Leptospirose

Rongeurs, bovins, porcs, carnivores sauvages, chevaux

Monde entier et, plus particulièrement, Caraïbes

Rage

Chiens, chats, carnivores sauvages, chauves-souris

Monde entier

Salmonellose

Oiseaux, mammifères

Monde entier, particulièrement prévalente dans les régions où l’agriculture est mécanisée et où l’on utilise beaucoup les antibiotiques

Trichinose

Porcs, carnivores sauvages, animaux arctiques

Amérique du Nord, Argentine, Brésil, Europe centrale, Chili, Espagne

Tuberculose

Bovins, chiens, caprins

Monde entier et, plus particulièrement, pays en développement

Faute de données épidémiologiques et compte tenu des erreurs de diagnostic, on ne connaît guère la prévalence des zoonoses dans les populations humaines. Même dans des pays industriels comme les Etats-Unis, il arrive que certaines, telles que la leptospirose, soient confondues avec la grippe. De nombreuses zoonoses présentent des symptômes non spécifiques qui rendent leur diagnostic difficile.

La prévention des zoonoses combine un ensemble de mesures: éradication de la maladie, vaccination des humains et des animaux, assainissement du milieu de travail, désinfection et protection des plaies ouvertes, techniques appropriées de manutention et de préparation des aliments (pasteurisation du lait, cuisson suffisante de la viande, etc.), port d’équipements de protection individuelle (par exemple, de bottes dans les rizières) et recours prudent aux antibiotiques pour maîtriser la croissance des souches résistantes. Les techniques de lutte et les comportements préventifs devraient viser les modes de transmission, les pathogènes et leurs hôtes et cibler spécifiquement les quatre voies de transmission.

Les maladies respiratoires

Compte tenu de la diversité et de l’importance de l’exposition aux animaux d’élevage, les maladies respiratoires pourraient bien constituer un problème de santé majeur du secteur de la production animale. Les études conduites dans les régions développées montrent que 25% des éleveurs souffrent d’une forme ou d’une autre de maladie respiratoire (Thorne et coll., 1996). Les activités agricoles les plus fréquemment associées aux problèmes de ce type sont la production et la manutention de céréales, le travail dans les bâtiments de stabulation et l’élevage laitier.

Les maladies respiratoires des agriculteurs peuvent résulter d’expositions diverses: poussières, gaz, produits chimiques utilisés en agriculture et agents infectieux. S’agissant des poussières, on établit une distinction selon qu’elles sont composées essentiellement de matières organiques ou de minéraux. La poussière des champs est la première source de poussières d’origine minérale. Les travail-leurs agricoles sont principalement exposés à des poussières d’origine organique et les maladies respiratoires dont ils souffrent résultent surtout d’épisodes d’exposition brefs et répétés à des poussières contenant de nombreux microbes.

Le syndrome toxique dû aux poussières d’origine organique est la maladie aiguë de type pseudo-grippal que l’on observe à la suite de courtes périodes d’exposition répétée à de fortes concentrations de poussières (Donham, 1986). Ce syndrome s’apparente beaucoup à la forme aiguë de la maladie du poumon de fermier, mais ne s’accompagne pas du risque d’affection pulmonaire associé à cette dernière. La bronchite dont peuvent être atteints les agriculteurs se présente sous deux formes: chronique et aiguë (Rylander, 1994). L’asthme, défini comme l’obstruction réversible des voies respiratoires accompagnée d’inflammation de ces mêmes voies, peut avoir aussi pour origine l’exposition à des poussières en milieu agricole. Dans la plupart des cas, ce type d’asthme est lié à l’inflammation chronique des voies respiratoires plutôt qu’à une allergie spécifique.

Un second type d’exposition, très commun, est l’exposition quotidienne à un niveau moindre de poussières d’origine organique. Dans les cas ordinaires, le volume total de poussières est compris entre 2 et 9 mg/m3, les numérations microbiennes entre 103 et 105 organismes/m3 et la concentration d’endotoxines entre 50 et 900 EU/m3 (Endoxin Unit). Les travailleurs les plus exposés sont ceux des porcheries industrielles, des étables à vaches laitières ou des bâtiments d’élevage de poulets, les symptômes les plus fréquemment observés étant les deux formes de bronchite (aiguë et chronique), un syndrome rappelant l’asthme et l’irritation des muqueuses.

Les gaz jouent un rôle important dans le déclenchement des troubles pulmonaires en milieu rural. Ainsi, l’ammoniac est souvent à l’origine de problèmes respiratoires chez les travailleurs des porcheries industrielles et chez ceux des élevages de poulets. L’exposition à l’ammoniac anhydre, employé comme engrais, a des effets à la fois aigus et chroniques sur l’appareil respiratoire. Dans les fermes de production laitière et les porcheries industrielles, les fosses à lisier peuvent dégager du sulfure d’hydrogène pouvant causer des intoxications aiguës souvent mortelles. Le risque est le même en cas d’inhalation d’insecticides pulvérisés.

On peut prévenir les maladies respiratoires en captant les poussières et autres agents pathogènes à la source. Dans les bâtiments de stabulation, un système de ventilation bien conçu et de fréquents nettoyages évitent l’accumulation de poussières. Ces précautions ne suffisent parfois pas et il faut alors les compléter par le port d’un masque antipoussières, bien choisi et correctement utilisé. On peut aussi envisager des solutions de rechange à la claustration et recourir, par exemple, à des modes d’exploitation qui privilégient le pâturage et la semi-liberté, solutions qui peuvent être tout aussi profitables que la stabulation, surtout si l’on prend en compte les dépenses de santé liées au travail.

Les troubles cutanés

Les principaux troubles cutanés peuvent être des dermites de contact, d’origine infectieuse, provoquées par le soleil ou consécutives à des piqûres d’insectes. D’après les estimations, les travail-leurs de l’agriculture sont les plus exposés à certaines dermatoses d’origine professionnelle (Mathias, 1989). On manque certes de données sur les taux de prévalence, surtout dans les pays en développement, mais des études ont montré qu’aux Etats-Unis ce type de pathologie représente, dans certaines régions, jusqu’à 70% de l’ensemble des maladies professionnelles touchant les travailleurs de l’agriculture (Hogan et Lane, 1986).

Il existe trois types de dermites de contact: la dermite de contact par irritation, la dermite de contact allergique et la dermite de photocontact. La première est la plus fréquente, la deuxième est moins répandue et la troisième reste rare (Zuehlke, Mutel et Donham, 1980). Les engrais, végétaux et pesticides constituent les sources de dermite de contact les plus fréquemment observées dans les exploitations. On notera en particulier la dermite de contact provoquée par les aliments pour animaux, ces aliments contenant des additifs (des antibiotiques, par exemple) qui peuvent causer en outre des dermites de contact allergique.

Dans les pays en développement, les agriculteurs au teint clair sont particulièrement sujets à des affections cutanées chroniques dues au soleil, notamment les rides, les kératoses actiniques (lésions squameuses non cancéreuses) et le cancer de la peau. Les deux formes de cancer cutané les plus fréquentes sont le carcinome basosquameux et le carcinome basocellulaire. Des travaux épidémiologiques conduits au Canada ont montré que les agriculteurs sont davantage exposés au carcinome basosquameux que le reste de la population (Hogan et Lane, 1986). Les carcinomes basosquameux se produisent souvent par dégénérescence des kératoses actiniques. Environ deux carcinomes basosquameux sur cent donnent des métastases; ils affectent surtout les lèvres. Les carcinomes basocellulaires sont plus fréquents et concernent la face et les oreilles. Bien que localement destructifs, les carcinomes basocellulaires ne métastasent que rarement.

Parmi les dermatoses d’origine infectieuse les plus fréquentes chez les éleveurs, on trouve les dermatomycoses (notamment, la teigne des bovins), la dermite pustuleuse contagieuse (Ecthyma contagiosum) et la pseudovaccine (nodule des trayeurs). Les dermatomycoses sont des infections superficielles de la peau qui se présentent comme des lésions squameuses rouges, consécutives à des contacts avec des bovins infectés, notamment les vaches laitières. Une étude entreprise en Inde, où les bovins errent librement, a montré que 5% des ruraux souffrent de dermatophytoses (Chatterjee et coll., 1980). L’Ecthyma contagiosum , par contre, est due à un poxvirus généralement transmis par les ovins ou les caprins infectés. Des lésions caractéristiques se forment sur le dos de la main ou sur les doigts et disparaissent généralement au bout de six semaines en laissant quelques cicatrices. Les nodules des trayeurs résultent d’une infection due au poxvirus de la variole bovine, par contact avec les pis ou les trayons infectés des vaches laitières. Présentant un aspect similaire à celui de l’Ecthyma contagiosum , ces lésions s’en distinguent parce qu’elles sont généralement plus nombreuses.

Les dermatoses provoquées par les insectes sont avant tout le résultat de morsures et de piqûres. Les éleveurs contractent fréquemment des infections dues aux acariens qui parasitent le bétail ou contaminent les céréales. Parmi ces réactions cutanées figurent la gale et les irritations qui résultent de piqûres d’aoûtats; elles se traduisent par des irritations et des rougeurs qui disparaissent généralement spontanément. Plus graves sont les morsures et les piqûres d’insectes tels que les abeilles, les guêpes, les frelons ou les fourmis qui peuvent donner des réactions anaphylactiques. Le choc anaphylactique est une réaction d’hypersensibilité rare qui se produit lorsqu’une surproduction de substances chimiques émises par les leucocytes déclenche une contraction des voies respiratoires pouvant conduire à l’arrêt cardiaque.

Il existe de nombreux moyens de se prémunir contre ces différentes affections ou réactions cutanées. La dermite de contact peut être évitée en limitant l’exposition au milieu hostile par le port de vêtements protecteurs et de gants et par une hygiène individuelle rigoureuse. A noter qu’on attire moins les insectes en portant des vêtements de couleur claire (on s’abstiendra de porter des imprimés à fleurs) et en évitant de se parfumer et on réduit considérablement le risque de cancer de la peau si on s’astreint à porter des vêtements couvrant bien, notamment, un chapeau à large bord. L’emploi de crèmes solaires n’est pas inutile, mais n’est pas un gage de protection absolue.

Conclusion

L’accroissement du cheptel mondial a suivi la courbe de la démographie. On compte environ 4 milliards de bovins, de porcs, d’ovins, de caprins, de chevaux, de buffles et de chameaux dans le monde (Durning et Brough, 1992). En revanche, on connaît mal les problèmes de santé humaine liés à l’élevage dans des régions en développement telles que l’Inde et la Chine où le cheptel déjà important est appelé à connaître un développement considérable. Cependant, il est inévitable que bon nombre des problèmes de santé observés dans les élevages d’Amérique du Nord et d’Europe accompagnent l’industrialisation de l’élevage dans les autres parties du monde. On peut s’attendre également à ce que les services de santé de ces pays ne puissent faire face aux conséquences de cette industrialisation sur la sécurité et la santé.

L’émergence d’un élevage industrialisé à l’échelle mondiale, avec son cortège de répercussions sur la santé humaine, ira de pair avec des transformations radicales d’ordre social, économique et politique, comparables à celles qui avaient suivi la domestication des animaux il y a plus de 10 000 ans. La prévention des problèmes de santé humaine passera par une bonne compréhension et un traitement approprié de ces nouvelles formes d’adaptation de l’être humain à son milieu dans le contexte d’une plus juste perception de la place de la production animale.

La santé au travail: risques liés aux arthropodes

Les arthropodes comprennent plus d’un million d’espèces d’insectes et des milliers de variétés de tiques, d’acariens, d’araignées, de scorpions et de mille-pattes. Les abeilles, les fourmis, les guêpes et les scorpions piquent et injectent du venin, les moustiques et les tiques sucent le sang et transmettent des maladies, tandis que les squamules et les poils des insectes peuvent irriter les yeux et la peau, ainsi que les muqueuses du nez, de la bouche et de l’appareil respiratoire. Dans la plupart des cas, les humains sont piqués par des abeilles sociales (bourdons, abeilles millifères). Peuvent aussi piquer les polistes, guêpes jaunes, frelons et fourmis.

Les arthropodes peuvent constituer un risque pour la santé des travailleurs (voir tableau 70.6) mais, en règle générale, ces risques potentiels ne concernent pas un métier en particulier. En fait, l’exposition professionnelle aux arthropodes dépend du lieu de travail, des conditions locales et de l’époque de l’année. Le tableau 70.7 recense certains de ces risques et les arthropodes correspondants. En présence d’arthropodes, la première des précautions consiste à éviter ou à exclure l’agent incriminé. L’immunothérapie à venin peut améliorer la tolérance d’un individu au venin des arthropodes; elle s’acquiert par un traitement au long cours en injectant progressivement des doses croissantes de venin. Elle est efficace chez 90 à 100% des individus hypersensibles au venin, mais au prix d’innombrables injections fort coûteuses. Le tableau 70.8 énumère les réactions normales et allergiques aux piqûres d’insectes.

Donald Barnard

Tableau 70.6 Risques de contact avec les arthropodes pouvant, dans différentes
professions, compromettre la sécurité et la santé

Profession

Arthropodes

Travailleurs du bâtiment et des services de l’environnement, agriculteurs, pêcheurs, bûcherons, spécialistes des poissons et de la faune sauvage, naturalistes, employés des transports, garde-forestiers et conservateurs des parcs, travailleurs des services d’utilité publique

Abeilles, araignées, asticots, aoûtats, chenilles, éphémères communs, fourmis, guêpes, mille-pattes, mouches piqueuses, phryganes, scorpions, tiques

Fabricants de produits cosmétiques, dockers, fabricants de colorants, ouvriers d’usine, aides à domicile, travailleurs de la meunerie, de la restauration, des silos, de la transformation des denrées alimentaires

Acariens, araignées, bruches du haricot et du pois, charançon, coccidés, fourmis, scarabées

Apiculteurs

Abeilles, bourdons, fourmis, guêpes

Travailleurs du secteur de la production d’insectes, biologistes de laboratoire et de terrain, conservateurs de musée

Plus de 500 espèces d’arthropodes sont élevées en laboratoire. Les plus importantes sont les acariens, les araignées, les fourmis, les mites, les scarabées et les tiques

Personnel hospitalier et autres personnels de santé, personnel administratif des écoles, enseignants

Acariens, blattes, chenilles, fourmis, mouches piqueuses, scarabées

Sériciculteurs

Vers à soie

Tableau 70.7 Risques potentiels associés aux arthropodes en milieu de
travail et agents étiologiques

Risque

Arthropodes

Morsures, envenimation1

Acariens, araignées, fourmis, mille-pattes, mouches piqueuses

Envenimation par piqûre, hypersensibilité au venin2

Abeilles, fourmis, guêpes, scorpions

Toxicose/paralysie due aux tiques

Tiques

Asthme

Abeilles, acariens, acariens des céréales, acariens de poussière, asticots, blattes, charançons, chenilles, criquets, éphémères communes, mites, scarabées, trichoptères, sauterelles, vers à soie

Dermite de contact3

Araignées, acariens des céréales, acariens de poussière, acariens des fruits secs, blattes, chenilles, cirons ventrus, méloés (Epicauta), mites, vers à soie

1 Envenimation par le poison de glandes des pièces buccales.

2 Envenimation par le poison de glandes non liées aux pièces buccales.

3 Y compris la dermite irritante de contact primitive.

Tableau 70.8 Réactions normales et allergiques aux piqûres d’insectes

Type de réponse

Réaction

I. Réactions normales, non allergiques au moment de la piqûre

Douleur, brûlure, démangeaison, rougeur au point de piqûre, zone blanche autour du point de piqûre, gonflement, douleur à la palpation

II. Réactions normales, non allergiques plusieurs heures ou plusieurs jours après la piqûre

Démangeaison, rougeur résiduelle, petite lésion brune ou rouge au point de piqûre, gonflement au point de piqûre

III. Réactions locales importantes

Gonflement massif autour du point de piqûre couvrant une zone de 10 cm ou plus, augmentant de taille pendant 24 à 72 heures et pouvant durer 1 semaine et plus

IV. Réactions allergiques cutanées

Urticaire en des endroits quelconques de la peau, gonflement massif à distance du point de piqûre, démangeaison généralisée de la peau, rougeur généralisée de la peau à distance du point de piqûre

V. Réactions allergiques systémiques ne mettant pas la vie en danger

Rhinite allergique, symptômes respiratoires mineurs, crampes abdominales

VI. Réactions allergiques systémiques pouvant mettre la vie en danger

Choc, inconscience, hypotension ou évanouissement, difficultés respiratoires, gonflement massif de la gorge

Source: Schmidt, 1992.

LES CULTURES FOURRAGÈRES

Lorann Stallones

Avec la concentration des populations et la nécessité de nourrir les animaux pendant les longs hivers des régions septentrionales est apparue la nécessité de récolter, de sécher et de distribuer le foin aux animaux domestiques. Bien que le pâturage soit aussi ancien que la domestication des animaux, il semble bien que la première plante fourragère cultivée ait été la luzerne, dont l’usage est attesté dès 490 avant J.-C. en Perse et en Grèce.

Pas d’élevage sans fourrage. Si l’on cultive les fourrages, c’est pour leur partie végétale et non pour leurs graines. Les tiges, les feuilles et les inflorescences de certaines légumineuses (par exemple, la luzerne et le trèfle) ainsi que diverses graminées servent au pâturage des animaux ou sont coupées et données au bétail. Lorsque des cultures céréalières telles que le maïs ou le sorgho, ou encore la paille, sont coupées pour leur partie végétale, on les range parmi les cultures fourragères.

Les modes d’exploitation

En matière de cultures fourragères, on distingue pâturages et libres parcours, foin et ensilage. Les cultures fourragères peuvent être prélevées par le bétail lui-même (sur les pâturages) ou par l’humain soit à la main, soit à la machine. La récolte peut être utilisée sur l’exploitation même pour nourrir les animaux ou être vendue. Au stade de la production fourragère, les tracteurs servent à transporter et à transformer les fourrages, l’irrigation pouvant, par ailleurs, s’imposer dans les régions sèches.

On laisse le bétail trouver sa pâture en lui permettant de paître ou de brouter. Les espèces végétales destinées au pâturage, notamment les graminées, varient selon la saison de l’année, les pâturages étant gérés en vue du pacage de printemps, d’été ou d’automne. Dans le cas des terrains de parcours libre, on s’attache à ne pas épuiser les pâturages, ce qui amène à déplacer les troupeaux d’un secteur à l’autre. Les résidus de récolte peuvent venir compléter l’alimentation des animaux au pâturage.

La luzerne, très employée comme fourrage, ne convient pas pour le pâturage, car elle est cause de météorisation chez les ruminants, c’est-à-dire d’une accumulation anormale de gaz dans la panse (ou rumen) entraînant un gonflement de l’abdomen, capable de tuer l’animal. Dans les climats tempérés, il n’est pas possible de faire pâturer les bêtes en hiver, d’où la nécessité d’emmagasiner du fourrage. Au demeurant, dans les grandes exploitations, on a recours au fourrage récolté — foin et ensilage —, car les pâturages ne suffisent pas à nourrir de grands troupeaux d’animaux.

Le foin est un fourrage herbacé, cultivé et séché en vue d’une conservation de durée variable. Lorsque les herbes sont suffisamment hautes, elles sont coupées au moyen d’une faucheuse ou d’une moissonneuse-faneuse-andaineuse (combinant les deux opérations de fanage et d’andainage), puis formées en longues rangées qu’on fait sécher (andains). Pendant ces deux opérations, on laisse les herbes sécher sur place avant le bottelage. Autrefois, on récoltait en vrac à la fourche, comme cela se pratique encore parfois pour donner à manger aux animaux. Une fois bien sec, le foin est mis en balles. La presse ramasse le foin des andains et le comprime pour former soit de petites balles de foin (de forme carrée) plus maniables, soit de grosses balles (de forme carrée ou cylindrique) qui doivent être transportées par engins mécaniques. Les petites balles peuvent être envoyées mécaniquement de la presse dans la remorque, ou bien sont ramassées à la main et disposées sur la remorque pour être acheminées jusqu’au lieu d’entreposage. Les balles sont gerbées en meules, à l’abri de la pluie, dans une grange, un hangar ou sous une bâche. En effet, le foin mouillé peut se gâter facilement ou s’enflammer spontanément par suite du dégagement de chaleur du processus de décomposition. Le foin peut être transformé en granulés ou en cubes comprimés pour usage commercial. Un pré peut être fauché plusieurs fois par an, trois fois en général. Pour l’affouragement, la balle est transportée jusqu’au râtelier où elle est ouverte et placée à bonne hauteur pour que l’animal puisse l’atteindre. Cette opération est pratiquement toujours manuelle.

Parmi les autres fourrages récoltés pour l’alimentation du bétail, on peut citer le maïs et le sorgho destinés à l’ensilage. Du point de vue économique, la valeur énergétique du maïs récolté pour être ensilé est supérieure à celle du maïs récolté pour son grain, cet écart pouvant atteindre jusqu’à 50%. Une machine permet de récolter la plus grande partie de la céréale à l’état vert. La récolte est coupée, écrasée, hachée et éjectée dans une remorque. L’aliment haché ainsi obtenu est soit donné à l’état vert, soit stocké dans un silo où il subit une fermentation pendant les deux premières semaines. Cette fermentation stabilise l’aliment et l’empêche de se gâter. Tout au long de l’année, le silo est progressivement vidé de son contenu (qui est donné aux animaux d’élevage) grâce à des moyens mécaniques.

Les risques et leur prévention

Le stockage des aliments pour animaux présente des risques pour les travailleurs agricoles. Au début du processus de stockage, il y a production de dioxyde d’azote, qui peut entraîner de graves troubles respiratoires (maladie des ouvriers de silo (ensileurs)) pouvant évoluer vers le décès. Ce risque, qui est dû au stockage dans un espace confiné, est évitable si l’on s’abstient de pénétrer dans un silo (ou un local clos) pendant les toutes premières semaines du stockage. D’autres problèmes peuvent se poser lorsque la luzerne, le foin, la paille ou d’autres fourrages sont humides au moment de leur stockage. Il peut se former des champignons et d’autres contaminants microbiens qui sont cause de maladies respiratoires aiguës (maladie des déchargeurs de silo, syndrome toxique dû aux poussières organiques) ou de maladies respiratoires chroniques (maladie du poumon de fermier). Le port de masques de protection appropriés permet de réduire le risque de maladies respiratoires aiguës et chroniques. En outre, il convient de n’accorder l’autorisation de pénétrer dans les espaces confinés qu’à condition d’observer un certain nombre de précautions.

La paille et le foin utilisés comme litières sont généralement secs et vieux, mais ils peuvent contenir des moisissures et des spores susceptibles d’occasionner des symptômes respiratoires lorsque les poussières sont en suspension dans l’air. Des masques antipoussières peuvent réduire l’exposition à ce risque.

Différentes machines agricoles (moissonneuses, presses, hache-paille, etc.) permettent de hacher, couper ou triturer les récoltes. Elles peuvent être à l’origine d’accidents, en particulier lorsque le travailleur agricole cherche à débloquer des mécanismes enrayés sans avoir arrêté le moteur. Il faut toujours couper le contact avant de procéder à ce type de réparation et prévoir un programme de verrouillage/déverrouillage si plusieurs personnes travaillent en même temps. Le retournement des tracteurs non équipés d’arceaux de sécurité est une autre source importante d’accidents, parfois mortels pour le conducteur (Deere & Co., 1994). On trouve d’autres renseignements sur les risques que comporte le matériel agricole dans le chapitre no 64, «L’agriculture et les secteurs connexes», de la présente Encyclopédie.

Lorsqu’on emploie des animaux pour semer, moissonner et engranger, il ne faut pas négliger les risques d’accidents par coups de pied, morsures, foulures, écrasements et lacérations. Le meil-leur moyen de se prémunir contre de tels dangers est de bien savoir conduire les animaux.

La manutention des balles de foin et de paille peut poser des problèmes d’ergonomie. Les travailleurs agricoles doivent apprendre à manier correctement la fourche et se servir d’engins mécaniques chaque fois que la chose est possible.

Fourrages et litières peuvent être à l’origine d’incendies. Comme on l’a dit plus haut, le foin humide présente un risque de combustion spontanée. Le foin, la paille et les autres fourrages secs brûlent facilement, surtout s’ils sont stockés en vrac. Même en balles, tous ces fourrages entretiennent la combustion dès lors qu’un incendie se déclare. Interdiction de fumer, suppression des sources d’étincelles et mesures de prévention des incendies sont autant de précautions élémentaires à instituer sans tarder.

L’ÉLEVAGE EN STABULATION PERMANENTE

Kelley Donham

Partout dans le monde, les lois économiques de l’offre et de la demande poussent à l’industrialisation de l’agriculture (Donham et Thu, 1995). Dans les pays développés, la tendance est à la spécialisation, à l’intensification et à la mécanisation, ce qui explique le recours de plus en plus fréquent à la stabulation par opposition au pâturage. Soucieux de transformer leur agriculture de subsistance en une économie de concurrence à l’échelle mondiale, de nombreux pays en développement se sont rendu compte de la nécessité de la stabulation. A mesure que les grandes sociétés possédantes et exploitantes se taillent une part de plus en plus importante du marché de l’agriculture, la ferme familiale cède la place à de grandes exploitations qui emploient une abondante main-d’œuvre.

L’élevage en stabulation permanente n’est autre que l’application des principes de la production industrielle de masse à la production animale. Il s’agit d’élever les animaux en grand nombre dans des bâtiments isolés de l’extérieur et équipés de systèmes mécaniques ou automatisés de ventilation, d’élimination des déchets, d’alimentation et d’abreuvement (Donham et coll., 1977).

Adopté par plusieurs pays européens dès le début des années cinquante, ce type d’élevage a commencé à apparaître aux Etats-Unis à la fin des années cinquante. Les aviculteurs ont été les premiers à y recourir (élevage en batterie). Dès le début des années soixante, les éleveurs de porcs ont commencé à leur tour à adopter cette technique, pour être imités plus récemment par les producteurs de bovins (élevage en stabulation), qu’il s’agisse de races laitières ou de races à viande.

L’industrialisation de l’élevage s’est accompagnée pour les agriculteurs de bien des problèmes de santé et de société. Dans la plupart des pays occidentaux, les exploitations s’agrandissent tout en se raréfiant. On trouve de moins en moins d’exploitations familiales (exploitées en faire-valoir direct) et davantage de structures exploitées en société (notamment en Amérique du Nord), d’où une augmentation du nombre des travailleurs agricoles et une diminution relative de celui des agriculteurs exploitants. De surcroît, en Amérique du Nord, la main-d’œuvre agricole est de plus en plus fournie par les minorités et les immigrants. Il existe donc un risque de voir se constituer une nouvelle sous-classe de travailleurs dans certains secteurs de cette branche d’activité.

La main-d’œuvre agricole se trouve désormais exposée à tout un ensemble de nouveaux risques qu’il est possible de classer sous quatre grandes rubriques:

  1. les gaz toxiques et asphyxiants;
  2. les aérosols de particules bioactifs;
  3. les maladies infectieuses;
  4. le bruit.

Les risques respiratoires ne sont pas absents non plus.

Les gaz toxiques et asphyxiants

Plusieurs gaz toxiques et asphyxiants résultant de la dégradation microbienne des déchets animaux (urine et excréments) peuvent être associés à la stabulation permanente. Le plus souvent, les déchets sont stockés sous forme liquide sous les bâtiments, sur un sol en caillebotis, ou dans une citerne ou une fosse à lisier aménagées à l’extérieur des bâtiments. Ce système est généralement anaérobie, ce qui entraîne la formation de gaz toxiques (voir tableau 70.9) (Donham, Yeggy et Dauge, 1988). Voir également dans ce chapitre l’article intitulé «La manutention du fumier et des déchets».

Tableau 70.9 Composés observés dans l’atmosphère des porcheries industrielles

Acétaldéhyde
Acétate d’isobutyle
Acétate d’isopropyle
Acétate de méthyle
Acétone
Acide acétique
Acide butyrique
Acide iso-butyrique
Acide iso-valérianique
Acide propionique
Ammoniac
n-Butanol
n-Butyle
Composé azoté hétérocylique

Décaldéhyde
Dioxyde de carbone
Disulfure
Ethanol
Ethylamine
Formaldéhyde
Formiate d’éthyle
Heptaldéhyde
Hexanal
Indole
Isobutanol
Isobutyraldéhyde
Isopentanol
Méthane
Méthylamine

Méthylmercaptan
Monoxyde de carbone
Octaldéhyde
3-Pentanone
2-Propanol
n-Propanol
Propionate d’isopropyle
Propionate de propyle
Proponaldéhyde
Skatole
Sulfure d’hydrogène
Sulfure de diéthyle
Sulfure de diméthyle
Triéthylamine
Triméthylamine

Toutes les opérations ou presque qui s’accompagnent de digestion anaérobie des déchets dégagent simultanément des gaz toxiques ou asphyxiants (au nombre de quatre) très communs: le dioxyde de carbone (CO2), l’ammoniac (NH3), le sulfure d’hydrogène (H2S) et le méthane (CH4). La décomposition des déchets animaux peut également produire de petites quantités de monoxyde de carbone (CO), mais ce sont surtout les appareils de chauffage brûlant des carburants fossiles qui sont responsables de ce type d’émission. On trouve au tableau 70.10 les niveaux ambiants caractéristiques de ces gaz (ainsi que des particules) dans les porcheries industrielles. Sont également énumérés les niveaux d’ex-position maximaux recommandés, dans les locaux de ce type, sur la base des recherches les plus récentes (Donham et coll., 1995; Reynolds et coll., 1996) ainsi que les valeurs limites d’exposition fixées par la Conférence américaine des hygiénistes gouvernementaux du travail (American Conference of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH, 1994). Ces valeurs ont été adoptées comme limites réglementaires par de nombreux pays. Dans bien des bâtiments agricoles, la concentration de l’un au moins de ces gaz, sinon celle de plusieurs, dépasse le seuil admissible. A noter que l’exposition simultanée à ces substances toxiques peut s’additionner ou agir en synergie — la limite correspondant au mélange pouvant être dépassée quand bien même les différentes limites ne le sont pas. Les concentrations sont souvent plus élevées l’hiver que l’été, car on réduit la ventilation pour garder la chaleur.

Tableau 70.10 Concentrations ambiantes de différents gaz dans les porcheries
industrielles

Gaz

Gamme (ppm)

Concentrations ambiantes typiques (ppm)

Concentrations maximales recommandées (ppm)

Valeurs limites d’exposition (ppm)

CO

0 à 200

42

50

50

CO2

1 000 à 10 000

8 000

1 500

5 000

NH3

5 à 200

81

7

25

H2S

0 à 1 500

4

5

10

Poussières totales

2 à 15 mg/m3

4 mg/m3

2,5 mg/m3

10 mg/m3

Poussières respirables

0,10 à 1,0 mg/m3

0,4 mg/m3

0,23 mg/m3

3 mg/m3

Endotoxines

50 à 500 ng/m3

200 ng/m3

100 ng/m3

(aucune valeur limite n’a été fixée)

Ces gaz ont été responsables de plusieurs accidents graves chez les agriculteurs. De nombreuses morts subites d’animaux et plusieurs décès humains ont pu être attribués au H2S (Donham et coll., 1982). La plupart des cas aigus se sont produits après agitation ou vidange de la fosse à lisier, ces opérations ayant occasionné un dégagement soudain et important de H2S, connu pour être extrêmement toxique. Dans d’autres cas mortels, on rapporte que des travailleurs descendus pour inspecter, réparer ou récupérer un objet tombé dans une fosse à lisier qui venait d’être vidangée s’étaient subitement écroulés sans signe avant-coureur. Les résultats des autopsies ont chaque fois indiqué un œdème pulmonaire massif. Cet œdème, joint aux circonstances de l’accident, signe une intoxication au sulfure d’hydrogène. Bien souvent, les tentatives de sauvetage par des témoins ont entraîné des décès multiples. Aussi, les travailleurs des élevages industriels devraient-ils être informés des risques encourus et ne pénétrer dans une fosse à lisier qu’après avoir pris certaines précautions: s’être assuré qu’il ne s’y dégage aucun gaz toxique, être équipés d’un appareil de protection respiratoire alimenté en oxygène, avoir vérifié que le local est bien ventilé et demandé à deux autres travailleurs, attachés à une corde à celui qui descend dans la fosse, de se tenir prêts à lui porter secours sans se mettre eux-mêmes en danger. Ces instructions devraient être consignées par écrit dans le cadre d’un programme indiquant la conduite à tenir en milieu confiné.

Le monoxyde de carbone (CO) peut lui aussi atteindre des niveaux de toxicité aiguë. A des concentrations atmosphériques de 200 à 400 ppm dans des porcheries industrielles, on a pu observer des cas d’avortement chez les porcs, les travailleurs présentant quant à eux des symptômes subaigus tels que maux de tête chroniques et nausées. On peut aussi s’interroger sur les effets possibles sur le fœtus humain. La principale cause de dégagement de CO est à rechercher dans les appareils de chauffage défectueux qui brûlent des hydrocarbures. L’accumulation excessive de poussières dans les porcheries industrielles nuit parfois au bon fonctionnement des appareils de chauffage. Il peut arriver aussi que ceux qui fonctionnent par rayonnement au propane dégagent du monoxyde de carbone, encore qu’à des niveaux moins élevés (par exemple, 100 à 300 ppm). A l’intérieur des bâtiments, les appareils de lavage à haute pression équipés d’un moteur à combus-tion interne présentent un risque semblable et il convient alors de prévoir des détecteurs de CO avec alarme.

La défaillance du système de ventilation peut aussi être très dangereuse. L’accumulation de gaz risque alors rapidement de devenir critique, compte tenu de l’activité respiratoire des animaux et, surtout, du remplacement de l’oxygène par d’autres gaz, notamment le CO2 dégagé par la fosse à lisier. Des concentrations mortelles peuvent être observées en moins de sept heures. Par temps chaud, trois heures suffisent, dans les élevages de porcs, pour qu’on atteigne des niveaux de température et d’humidité mortels. Il est donc essentiel de veiller à l’entretien du système de ventilation.

Il existe enfin un dernier cas potentiellement très dangereux, celui du CH4, gaz plus léger que l’air qui, en se dégageant de la fosse à lisier, tend à s’accumuler dans les parties hautes des bâtiments. Plusieurs explosions ont eu lieu par inflammation de ce gaz au contact d’une veilleuse ou du chalumeau d’un travailleur.

Les aérosols de particules bioactifs

Les aliments pour animaux, les squames animales et les soies de porc ainsi que les matières fécales séchées sont autant de sources de poussières dans les installations de stabulation (Donham et coll., 1986). Composées de protéines à raison de 24% environ, ces particules de poussières peuvent provoquer des réactions de type inflammatoire ou même allergique lorsqu’elles entrent en contact avec des protéines étrangères. Comme la plupart ont une taille inférieure à 5 µm, elles peuvent donc pénétrer jusque dans les parties profondes des poumons et sont alors particulièrement nocives. Elles sont aussi chargées de microbes (104 à 107/m3 d’air) qui sécrètent des substances toxiques et inflammatoires, notamment des endotoxines (les plus fréquemment observées), des glucanes, de l’histamine et des protéases. On trouve au tableau 70.10 les concentrations maximales recommandées en la matière. Les gaz et les bactéries présents dans l’atmosphère des bâtiments sont adsorbés à la surface des particules de poussières. Lorsqu’elles sont inhalées, ces poussières risquent de surcroît d’apporter dans les poumons des gaz irritants ou toxiques ainsi que des bactéries potentiellement infectieuses.

Les maladies infectieuses

Quelque 25 zoonoses ont été reconnues comme maladies professionnelles chez les agriculteurs. Bon nombre d’entre elles peuvent être transmises directement ou indirectement par les animaux d’élevage. La forte densité inhérente à la stabulation permanente facilite la transmission des zoonoses de l’animal à l’humain. Les conditions caractéristiques des porcheries industrielles peuvent favoriser la transmission de la grippe porcine, de la leptospirose, de Streptococcus suis et de la salmonellose, par exemple. Les élevages de poulets comportent le risque d’ornithose, d’histoplasmose, du virus de la maladie de Newcastle et de salmonellose. Quant aux élevages industriels de bovins, ils exposent les travailleurs au risque de fièvre Q, de Trichophyton verrucosum (teigne animale) et de leptospirose.

A ces risques s’ajoutent ceux liés à l’utilisation de produits biologiques et antibiotiques. Les vaccins injectables et de nombreuses autres substances biologiques sont couramment employés pour les soins vétérinaires préventifs des animaux en stabulation. Il arrive que des travailleurs s’injectent accidentellement du vaccin antibrucellose ou des colibacilles (Escherichia coli).

Les antibiotiques sont d’usage courant. On les administre par voie parentérale (injection) ou on les incorpore aux aliments pour animaux. Or, on retrouve des fragments d’aliments pour animaux dans les poussières des bâtiments de stabulation; on peut donc supposer que les antibiotiques sont également présents dans l’air. Il y a lieu de prendre en compte les risques accrus que constituent, pour les agriculteurs, l’hypersensibilité aux antibiotiques et la contraction d’une infection résistante aux antibiotiques.

Le bruit

Des niveaux sonores de 103 dBA ont été mesurés dans les bâtiments d’élevage. Ces niveaux sont supérieurs aux valeurs limites d’exposition et peuvent entraîner un déficit auditif dû au bruit (Donham, Yeggy et Dauge, 1988).

Les symptômes respiratoires observés chez les éleveurs travaillant en milieu fermé

En règle générale, le personnel qui travaille dans les bâtiments d’élevage est exposé à des risques d’affections respiratoires quelle que soit l’espèce animale considérée. Toutefois, les effets pathologiques, accompagnés de symptômes graves, touchent davantage les travailleurs des porcheries industrielles (25 à 70%) que ceux des élevages avicoles ou bovins (Rylander et coll., 1989). Dans les élevages avicoles, où les déchets sont généralement sous forme solide, le sulfure d’hydrogène est absent et le gaz dont la présence est la plus préoccupante semble être l’ammoniac.

La déclaration de symptômes respiratoires subaigus ou chroniques se révélant particulièrement fréquente chez les travailleurs agricoles des porcheries industrielles, des enquêtes ont été menées et les résultats font apparaître qu’environ 75% d’entre eux présentent des symptômes aigus des voies respiratoires supérieures, lesquels peuvent être classés en trois groupes:

  1. l’inflammation aiguë ou chronique des voies respiratoires (se manifestant sous forme de bronchite);
  2. la constriction (non allergique) professionnelle acquise des voies respiratoires (asthme);
  3. la poussée fébrile autolimitée différée avec symptômes généralisés (syndrome toxique dû aux poussières organiques).

Les symptômes signant une inflammation chronique de l’appareil respiratoire supérieur ne sont pas rares; on les observe chez environ 70% des travailleurs des porcheries industrielles. Ils se manifestent le plus souvent par une impression d’étouffement, par la toux, par des sifflements respiratoires et de sécrétions bronchiques anormalement abondantes.

Chez environ 5% des travailleurs, les symptômes apparaissent quelques semaines seulement après le début du travail dans les bâtiments (impression d’étouffement, sifflements et difficultés respiratoires). Le plus souvent, la gêne est telle que ces travailleurs doivent chercher un autre emploi. Faute de données, on ne sait pas s’il s’agit d’une réaction d’hypersensibilité allergique ou non aux poussières et aux gaz. Dans la majorité des cas, les symptômes de bronchite et d’asthme apparaissent après cinq années d’exposition.

Environ 30% des travailleurs ont occasionnellement des symptômes différés. Entre quatre à six heures après avoir travaillé dans le bâtiment, ils présentent une symptomatologie pseudo-grippale se manifestant par de la fièvre, des maux de tête, des malaises, des douleurs musculaires diffuses et des douleurs thoraciques. Ces symptômes disparaissent généralement au bout de vingt-quatre à soixante-douze heures. C’est ce que l’on appelle le syndrome toxique dû aux poussières organiques.

Le risque d’atteinte pulmonaire chronique semble réel chez ces travailleurs bien qu’aucune preuve n’ait pu être apportée jusqu’ici. Dans les porcheries industrielles, il s’impose de prendre un certain nombre de mesures pour prévenir le risque d’exposition chronique ou aiguë aux matières dangereuses en suspension dans l’air. Le tableau 70.11 résume les affections observées chez les sujets travaillant dans ces établissements.

Tableau 70.11 Maladies respiratoires liées à l’élevage porcin

Maladies des voies respiratoires supérieures

Sinusite
Rhinite irritante
Rhinite allergique
Pharyngite

Maladies des voies respiratoires inférieures

Asthme professionnel
Asthme non allergique, maladie hyperréactionnelle des voies aériennes, ou syndrome de dysfonction réactive des voies aériennes (RADS)
Asthme allergique (à médiation IgE)
Bronchite aiguë ou subaiguë
Bronchite chronique
Broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO)

Maladies interstitielles

Alvéolite
Infiltrat interstitiel chronique
Œdème pulmonaire

Maladie généralisée

Syndrome toxique dû aux poussières organiques

Sources: Donham, Zavala et Merchant, 1984; Donham et coll., 1990; Dosman et coll., 1988; Haglind et Rylander, 1987; Harries et Cromwell, 1982; Heederick et coll., 1991; Holness et coll., 1987; Iversen et coll., 1988; Jones et coll., 1984; Lenhart et Olenchock, 1984; Rylander, Essle et Donhan, 1990; Rylander, Peterson et Donham, 1990; Turner et Nichols, 1995.

La protection des travailleurs

Exposition aiguë au sulfure d’hydrogène. On devrait éviter toute exposition aux émissions de sulfure d’hydrogène (H2S), susceptibles de se dégager lors de l’agitation d’une citerne à lisier liquide anaérobie. Si la citerne est placée en sous-sol, il convient de rester à l’extérieur du bâtiment pendant la vidange et plusieurs heures après, jusqu’à ce que les contrôles d’ambiance montrent que tout danger est écarté. Pendant l’opération, il sera judicieux de régler la ventilation au maximum de sa puissance. On ne doit jamais pénétrer dans une citerne ou une fosse à lisier liquide sans avoir pris les précautions décrites précédemment.

Exposition aux particules. Des aménagements simples, tels que le recours à l’alimentation automatisée, destinés à éliminer au maximum les poussières provenant des aliments, permettent de limiter l’exposition aux particules. L’adjonction de matières grasses au régime alimentaire, le lavage fréquent des bâtiments au jet et l’installation de planchers à claire-voie faciles à nettoyer sont autant de méthodes à l’efficacité avérée. Un système antipoussières (avec brumisation d’huile), à l’étude, pourrait être adopté, le port d’un masque antipoussières de bonne qualité demeurant, en tout état de cause, une précaution indispensable.

Bruit. Des protecteurs d’oreilles devraient être distribués et portés lors de la vaccination des animaux ou de l’exécution d’autres travaux dans les bâtiments. Un programme de préservation de l’ouïe devrait être institué.

LA ZOOTECHNIE

Dean T. Stueland et Paul D. Gunderson

La zootechnie — élevage et exploitation des animaux — est la somme d’activités très diverses, incluant la sélection, l’alimentation, les mouvements des troupeaux (ou déplacements), les soins élémentaires (nettoyage ou curage des sabots, pansage, vaccinations), les soins aux animaux malades ou blessés (par l’éleveur ou le vétérinaire) et certaines tâches spécifiques (traite des vaches, tonte des moutons ou encore conduite des animaux de trait).

Toutes ces activités — qu’elles découlent d’une exposition directe à l’animal ou d’une contamination de l’environnement par les animaux — peuvent être à l’origine d’accidents ou de maladies. Les facteurs de risque sont avant tout fonction de l’espèce animale considérée, étant en outre liés au comportement de l’animal (voir dans ce chapitre les articles consacrés aux différents animaux). Par ailleurs, la probabilité de consommer des produits d’origine animale est plus forte chez les éleveurs que dans d’autres catégories de la population. Enfin, leur niveau d’exposition à d’autres risques spécifiques dépend des pratiques dictées par des facteurs socio-géographiques, lesquels varient d’une communauté et d’une région à l’autre.

Les risques et les précautions

Les risques ergonomiques

Appelés à répéter de nombreux gestes toujours identiques comme se lever, tendre le bras, se baisser ou faire des efforts physiques prolongés ou dans des postures inhabituelles, les éleveurs sont incontestablement plus exposés aux dorsalgies et aux douleurs des articulations des hanches et des genoux. Plusieurs activités les placent en position de risque ergonomique. Lors de la mise bas de femelles de grands mammifères tout comme de petits animaux, les éleveurs doivent parfois prendre des postures contraintes ou incommodes. En outre, ils peuvent se blesser en soignant des animaux malades ou des bêtes dont le comportement est imprévisible. Le plus souvent, les douleurs articulaires et les dorsalgies sont dues à des gestes répétés, tels que la traite, laquelle oblige à s’accroupir ou à s’agenouiller plusieurs fois de suite.

D’autres maladies consécutives à des microtraumatismes répétés s’observent chez les agriculteurs et, plus particulièrement, chez les éleveurs. Elles peuvent être dues à des mouvements répétés ou à la multiplicité de microlésions.

Au nombre des solutions visant à atténuer le risque ergonomique, il faut citer le nécessaire travail d’éducation pour apprendre à se comporter en présence d’animaux, mais aussi l’effort de réaménagement des bâtiments et de leurs abords en fonction du meilleur intérêt des travailleurs et des animaux.

Les accidents

Selon les enquêtes, les animaux figurent en bonne place parmi les causes d’accidents. Il existe à cela plusieurs explications. L’étroite association entre l’éleveur et l’animal, dont le comportement n’est pas toujours prévisible, constitue un risque en soi. De nombreux animaux d’élevage l’emportent très largement sur l’humain par la taille et la puissance. Les accidents résultent souvent d’un traumatisme direct par ruades, morsures ou écrasements contre un mur ou une palissade; ce sont bien souvent les membres inférieurs de l’éleveur qui sont touchés. Il arrive que les éleveurs se mettent eux-mêmes en danger en raison de leur comportement, par exemple lorsqu’ils empiètent sur la zone de fuite du bétail ou lorsqu’ils se placent dans les zones aveugles des animaux (voir figure 70.3). Ils sont alors plus particulièrement exposés aux risques inhérents aux réactions de fuite des animaux, aux ruades, coups de pied ou écrasements.

Figure 70.3 Vision panoramique des bovins

Figure 70.3

Les femmes et les enfants sont surreprésentés parmi les victimes d’accidents dus aux animaux. Plusieurs causes peuvent expliquer ce phénomène: la structure sociale voulant que ce sont traditionnellement les femmes et les enfants qui leur dispensent les soins; l’existence d’une disproportion, plus marquée encore que chez l’humain, des tailles respectives de l’animal, de la femme et de l’enfant; et, enfin, dans le cas de ces derniers, leurs façons de faire auxquelles les animaux ne sont pas accoutumés.

Au nombre des mesures visant à prévenir les accidents dus aux animaux figurent un intense travail d’éducation, le choix d’animaux plus domesticables, le recrutement de travailleurs agricoles ayant un comportement calme avec les animaux et des aménagements propres à diminuer les risques.

Les zoonoses

Pas d’élevage sans étroite association entre l’éleveur et l’animal. Les éleveurs peuvent être infectés par des organismes normalement présents sur les animaux sans être nécessairement pathogènes pour l’être humain. Au demeurant, si le risque d’être exposé à ces organismes est plus grand dans le cas des animaux malades en raison du comportement de l’animal, il est quasiment nul dans le cas des animaux sains.

Les zoonoses sont provoquées par de multiples virus, bactéries, mycobactéries, champignons et parasites (voir tableau 70.12). De nombreuses zoonoses (charbon, teigne ou ecthyma) sont dues à une contamination de la peau. En outre, toute contamination résultant d’une exposition à un animal infecté est un facteur de risque de rage et de tularémie. Comme ils sont plus susceptibles d’ingérer des produits animaux insuffisamment cuits ou traités, les éleveurs sont exposés au risque de contracter des maladies telles que les infections à campylobacter, la cryptosporidiose, la salmonellose, la trichinose ou la tuberculose.

Tableau 70.12 Zoonoses des éleveurs

Maladie

Agent

Animal

Exposition

Brucellose

Bactérie

Bovins, porcs, caprins, ovins

Contact avec le placenta et d’autres tissus contaminés

Charbon

Bactérie

Caprins, autres herbivores

Contact avec les poils, les os ou d’autres tissus

Cryptosporidiose

Parasite

Volailles, bovins, ovins, petits mammifères

Ingestion d’excréments animaux

Diarrhée à campylobacter

Bactérie

Volailles, bovins

Ingestion de produits alimentaires, d’eau, de lait contaminés

Ecthyma

Virus

Ovins, caprins

Contact direct avec les muqueuses

Fièvre Q

Rickettsia

Bovins, caprins, ovins

Inhalation de poussières provenant de tissus contaminés

Leptospirose

Bactérie

Animaux sauvages, porcs, bovins, chiens

Eau contaminée sur une plaie ouverte

Psittacose

Chlamydia

Perroquets, volailles, pigeons

Inhalation de fientes desséchées

Rage

Virus

Carnivores sauvages, chiens, chats, bovins

Contact entre de la salive chargée de virus et des lésions cutanées

Salmonellose

Bactérie

Volailles, porcs, bovins

Ingestion de nourriture provenant d’organismes contaminés

Teigne

Champignon

Chiens, chats, bovins

Contact direct

Trichinose

Trichine

Porcs, chiens, chats, chevaux

Consommation de viande mal cuite

Tuberculose bovine

Mycobactérie

Bovins, porcs

Ingestion de lait non pasteurisé; inhalation de gouttelettes en suspension dans l’air

Tularémie

Bactérie

Animaux sauvages, porcs, chiens

Inoculation à partir d’eau ou de viande contaminées

La lutte contre les zoonoses doit privilégier la voie de transmission et la source d’exposition. Supprimer la source ou interrompre la voie de transmission font partie des mesures essentielles de lutte contre les maladies. En l’occurrence, il s’agira de détruire les carcasses des animaux malades en observant les règles prescrites à cet égard. Bien souvent, on peut prévenir la maladie chez l’être humain en l’éliminant chez les animaux. Il va de soi enfin que, avant d’être admis dans la chaîne alimentaire humaine, les produits ou tissus animaux doivent subir les transformations appropriées.

Chez l’éleveur, certaines zoonoses sont traitées aux antibiotiques. Toutefois, le recours systématique aux antibiotiques à titre prophylactique chez les animaux d’élevage peut être cause d’un véritable problème de santé publique avec l’apparition d’organismes résistants.

La maréchalerie

La maréchalerie (ferrage) provoque surtout des accidents musculo-squelettiques et une dégradation de l’environnement. Le travail du métal par le maréchal-ferrant et, notamment, des fers, exige une importante activité musculaire, à la fois pour préparer le fer et maintenir la jambe ou le pied du cheval. En outre, en maréchalerie, la pose du fer comporte un risque d’accident (voir figure 70.4).

Figure 70.4 Maréchal-ferrant en train de ferrer un cheval en Suisse

Figure 70.4

Bien souvent, la chaleur nécessaire pour cintrer le fer expose le maréchal-ferrant à des gaz nocifs. L’inhalation de vapeurs de nickel, de magnésium, de cuivre ou d’autres métaux est associée à un syndrome bien connu, dit fièvre des fondeurs, dont le tableau clinique s’apparente à celui des infections pulmonaires.

Diverses mesures permettent de prévenir les effets nocifs du métier de maréchal-ferrant, notamment le port d’appareils de protection respiratoire simples ou à air pulsé avec cartouches et préfiltres pour filtrer les vapeurs de gaz acides ou organiques et les fumées des métaux. Lorsque cette activité s’exerce dans un lieu fermé (comme la forge), il faut prévoir un système de ventilation par extraction. Par ailleurs, des aménagements (ou des chicanes) permettant au maréchal-ferrant de travailler à distance de l’animal sont de nature à limiter le risque d’accidents.

Les allergies d’origine animale

Tous les animaux possèdent des antigènes non humains susceptibles de constituer des allergènes potentiels. Les animaux d’élevage sont aussi souvent les hôtes d’acariens. Etant donné le grand nombre de sources d’allergies d’origine animale, il convient de procéder à une étude approfondie des antécédents pathologiques et professionnels des travailleurs, la lecture des résultats se révélant difficile et ne permettant pas toujours d’identifier un allergène spécifique.

L’expression clinique des allergies d’origine animale peut comporter un tableau de type anaphylactique, avec urticaire, œdème, écoulement nasal et asthme. Chez certains patients, les seuls symptômes manifestes sont parfois des démangeaisons et un écoulement nasal.

La lutte contre l’exposition aux allergies d’origine animale constitue une tâche énorme, mais l’amélioration des méthodes d’élevage et les modifications apportées aux systèmes de ventilation des bâtiments de stabulation devraient permettre d’atténuer les risques d’exposition. Hormis la désensibilisation, il existe peu de moyens pour empêcher la formation d’allergènes spécifiques. En règle générale, toute cure de désensibilisation passe nécessairement par une caractérisation adéquate de l’allergène spécifiquement responsable de l’allergie.

Le comportement animal

Une meilleure compréhension des facteurs influant sur le comportement des animaux favorise l’instauration d’un milieu de travail plus sûr. La génétique et les réactions acquises (conditionnement) ont une incidence sur le comportement animalier. Certaines races de taureaux, par exemple, sont habituellement plus dociles que d’autres (influence génétique). Un animal qui s’est cabré ou a refusé de pénétrer dans une certaine zone et qui a réussi à imposer sa volonté, récidivera selon toute vraisemblance. Plus on multipliera les tentatives pour le maîtriser et plus il sera nerveux et dangereux. Les animaux réagissent à la manière dont ils sont traités et ont la mémoire, dans une situation donnée, des expériences passées. Ceux que l’on poursuit, que l’on frappe de la main ou du pied, que l’on assourdit de cris, que l’on effraie, etc. se montrent tout naturellement farouches lorsqu’on s’approche d’eux. Il faut donc s’efforcer d’obtenir ce que l’on veut de l’animal dès la première tentative et le perturber le moins possible.

Les animaux domestiqués dont les conditions de vie changent peu finissent par prendre des habitudes, à force d’effectuer toujours les mêmes choses à la même heure. Le fait d’enfermer les taureaux dans un enclos où ils sont nourris leur permet de s’habituer à la présence d’individus; on peut utiliser cette méthode en l’associant à des systèmes de monte en espace clos. Les animaux sont également sensibles aux modifications du milieu naturel et, notamment, aux variations de la température ou de l’humidité à la tombée de la nuit. Ils sont plus actifs aux heures de changement marqué, à l’aube ou au crépuscule, et moins actifs au milieu de la journée ou de la nuit. On peut tirer parti de ce facteur lorsqu’on veut les déplacer ou les faire travailler.

Comme les animaux sauvages, les animaux domestiques savent protéger leur territoire. Lorsqu’on les nourrit, cet instinct peut se traduire par un comportement agressif. Des études ont montré que, chez le bétail, les comportements de défense ont tendance à disparaître lorsqu’on leur distribue la nourriture par grandes rations aléatoires. En revanche, si on la répartit de manière uniforme ou selon des modalités prévisibles, les animaux peuvent être amenés à se battre pour se l’approprier et exclure les autres. Dans le cas du taureau, si on le laisse avec le troupeau, il en vient à considérer celui-ci et son parcours comme son territoire, et à le défendre contre toute menace réelle ou perçue, qu’elle vienne d’individus, de chiens ou d’autres animaux. L’introduction dans le troupeau d’un taureau nouveau ou inconnu, en âge de se reproduire, donne pratiquement toujours lieu à une lutte destinée à désigner le mâle dominant.

Les taureaux, qui ont les yeux sur le côté de la tête, ont une vision panoramique et une mauvaise perception de la profondeur. Ils ont donc un champ de vision périphérique d’environ 270°, avec une zone aveugle immédiatement derrière eux et juste devant les naseaux (voir figure 70.3). Des mouvements brusques ou inattendus venant de l’arrière peuvent les affoler, étant dans l’incapacité de savoir si la menace qu’ils ressentent est proche ou grave. En pareil cas, ou bien ils prennent la fuite ou ils engagent le combat. Du fait de leur piètre sens de la profondeur, les bovins sont facilement effrayés par les ombres et les mouvements à l’extérieur de l’aire de travail ou de l’enclos. Ils peuvent avoir l’impression que les ombres sont des trous et se mettent alors à broncher devant l’obstacle imaginaire. Les bovins ne distinguent pas les couleurs, mais les perçoivent comme autant de nuances du noir et du blanc.

Les animaux sont souvent sensibles au bruit (plus encore que les individus), notamment dans les fréquences élevées. Des bruits brusques et intenses (porte métallique qui claque, verrouillage d’une goulotte ou hurlements) peuvent donc les perturber.

David L. Hard

Liste des règles de sécurité à observer par les éleveurs

Nourriture des animaux

  1. Assurer une bonne ventilation des bâtiments et des silos.
  2. Garder les entrées des zones de stockage des céréales, des aliments pour animaux et des ensilages fermées et verrouillées.
  3. Placer, dans les zones de stockage des aliments et des ensilages, des mises en garde sur le risque d’engloutissement dans les céréales
    ou les aliments.
  4. S’assurer que les échelles des silos et des trémies sont en bon état.
  5. Protéger les entrées des vis à grains pour empêcher tout contact avec ces dernières.
  6. Protéger, avec du grillage, les trémies de chargement des vis à grains, des élévateurs et des bandes transporteuses.
  7. Faire preuve de prudence lors du déplacement des vis à grains et des élévateurs; prendre garde aux lignes électriques aériennes.
  8. S’assurer que les carters de protection des mécanismes d’alimentation, de broyage, etc., sont bien en place.
  9. Avoir conscience des risques que présente l’inhalation des poussières organiques et informer son médecin de toute exposition récente
    à des poussières en cas de consultation pour une maladie respiratoire.
  10. Utiliser des équipements automatisés ou mécanisés pour évacuer les matières en décomposition.
  11. Recourir à la ventilation avec aspiration localisée et aux méthodes de travail par voie humide pour limiter les quantités de poussières
    organiques et les capter à la source.
  12. Si l’exposition aux poussières est inévitable, utiliser des dispositifs de protection respiratoire appropriés.

Conduite à tenir avec les animaux

  1. Prévoir de bons programmes d’hygiène, de vaccination et d’inoculation.
  2. Lors des travaux avec les animaux, prévoir au moins deux issues de secours.
  3. S’assurer que les personnes qui s’occupent des animaux ont la force et l’expérience nécessaires.
  4. En cas de fatigue, éviter de travailler avec les animaux.
  5. Approcher prudemment des animaux pour ne pas les effrayer.
  6. Connaître les animaux et se montrer patient avec eux.
  7. Décorner les animaux dangereux.
  8. Apposer des mises en garde sur les lieux de stockage des substances chimiques; les mettre sous clé dans une pièce ou une armoire.
  9. Effectuer le mélangeage des produits chimiques en plein air ou dans un local bien ventilé.
  10. Faire preuve de prudence lors de la conduite des animaux.
  11. Porter des gants de caoutchouc pour administrer les soins aux animaux malades.
  12. Vacciner les animaux; isoler ceux qui sont malades.
  13. Se laver les mains après tout contact avec des veaux atteints de diarrhée.

Stabulation

  1. S’assurer que les enclos, les grilles, les goulottes de chargement et les barrières sont en bon état et suffisamment solides
    pour résister aux animaux.
  2. Ne pas fumer ni autoriser d’autres personnes à le faire aux abords des bâtiments de ferme ainsi que près des zones de stockage
    des carburants et de ravitaillement en carburant; afficher bien en évidence la mention «interdiction de fumer».
  3. Placer des extincteurs du type ABC en état de marche dans les principaux bâtiments de ferme.
  4. Ne pas laisser s’accumuler autour des bâtiments des déchets et détritus qui pourraient déclencher un incendie ou provoquer des chutes.
  5. Veiller à l’entretien des bâtiments.
  6. S’assurer du bon état des installations électriques.
  7. Prévoir un éclairage suffisant dans tous les bâtiments.
  8. Veiller à la propreté et au bon état général des sols (pas de béton cassé ni d’endroits glissants).

Elimination des déchets

  1. Pour l’élimination des emballages de produits chimiques, observer scrupuleusement les consignes du fabricant.
  2. Equiper les fosses à purin de tuyaux d’évacuation et de systèmes de ventilation avec extraction.

Melvin L. Myers

LA MANUTENTION DU FUMIER ET DES DÉCHETS

William Popendorf

L’importance de la gestion des déchets s’est accrue avec l’intensification de la production agricole. Le principal déchet de la production animale est le fumier, auquel il faut ajouter les litières, les résidus alimentaires, les eaux usées et les salissures. Les paramètres de divers types de fumier, y compris ceux des déjections humaines, sont spécifiés au tableau 70.13 (celles-ci sont mentionnées pour faciliter les comparaisons, mais aussi parce qu’elles font l’objet d’un traitement à la ferme comme les autres types de fumier). La teneur élevée du fumier en matières organiques en fait un excellent milieu de croissance pour les bactéries. L’activité métabolique des bactéries entraîne une consommation d’oxygène et maintient le fumier stocké en vrac à l’état anaérobie. L’activité métabolique anaérobie dégage un certain nombre de sous-produits gazeux toxiques bien connus tels que le dioxyde de carbone, le méthane, le sulfure d’hydrogène et l’ammoniac.

Tableau 70.13 Propriétés physiques du fumier excrété par jour et par millier de
kilogrammes (kg) de poids vif, humidité non comprise

 

Poids (kg)

Volume (m3)

Matières volatiles (kg)

Humidité (%)

       

Au moment de l’excrétion

Au stockage

Vache laitière

36-39

0,036

0,6-0,7

85-90

> 98

Vache (races à viande)

23-29

0,022-0,028

2,4-2,9

87-89

45-55

Porc (à l’engrais)

29

0,028

2,4

90

91

Truie (en gestation)

12

0,012

1,0

91

97

Truie et porcelets

31

0,031

2,7

90

96

Poules pondeuses

27

0,026

4,9

75

50

Poulets de chair

36

0,036

6,8

75

24

Dindes

20

0,019

4,4

75

34

Agneau (ovins)

18

0,017

3,8

75

Humains

14

0,015

0,9

89

99,5

Source: US Department of Agriculture (USDA), 1992.

Les techniques de traitement

Le traitement et l’exploitation du fumier comportent plusieurs opérations: l’enlèvement, une ou plusieurs opérations de chargement-déchargement, le stockage, éventuellement le traitement et, enfin, l’utilisation. C’est la teneur en humidité du fumier, telle qu’elle figure au tableau 70.13, qui en détermine la consistance. Les techniques de traitement varient selon la consistance des déchets et font donc encourir aux travailleurs des risques différents (US Department of Agriculture (USDA), 1992). Le volume réduit du fumier, surtout s’il contient peu d’humidité, permet généralement de réaliser des économies sur les coûts des équipements et de l’énergie, mais les systèmes de manutention sont difficiles à automatiser. En revanche, il est plus facile d’automatiser des opérations comme la collecte, le transfert et, le cas échéant, les traitements facultatifs des déjections liquides qui, de surcroît demandent moins de surveillance. Plus les cultures locales varient en fonction des saisons, plus il y a lieu de stocker le fumier. La méthode de stockage devrait prendre en compte le taux de production et le calendrier d’utilisation, tout en préservant l’environnement pour prévenir, en particulier, les dégâts dus au ruissellement. Le fumier peut être utilisé comme engrais, paillis ou source d’énergie et entrer dans la composition des fourrages et des litières.

La production de fumier et de lisier

Les vaches laitières restent habituellement au pâturage, sauf avant et après la traite et en cas de très grands froids. Le volume d’eau utilisé pour les opérations de nettoyage lors de la traite peut varier (par vache et par jour) de 20 à 40 litres à 600 litres environ selon que le nettoyage s’effectue au jet ou non. La méthode de nettoyage a donc une grande influence sur le choix des moyens de transport et des modes de stockage et d’utilisation du fumier. Le volume d’eau nécessaire à l’élevage bovin étant moins important que dans d’autres types d’élevage, le fumier de bovins est assez souvent manutentionné sous une forme solide ou semi-solide. On emploie fréquemment la méthode du compostage pour stocker et assurer le traitement des déchets secs, opération par ailleurs nécessairement tributaire du régime local des précipitations. Alliée à un vent défavorable, une extrême sécheresse des parcs d’engraissement peut favoriser la formation de tourbillons de poussières et intensifier les odeurs désagréables.

Dans les élevages traditionnels de porcs, le principal problème auquel on se heurte est celui du ruissellement et de l’érosion du sol dus au comportement grégaire des suidés. Une solution consiste à construire des porcheries semi-fermées dont on dalle certaines parties. La séparation des déjections solides et liquides s’en trouve facilitée puisque les unes sont enlevées et charriées, alors que les autres s’écoulent par gravité. Dans les bâtiments de stabulation entièrement clos, les déjections sont automatiquement collectées et stockées sous forme essentiellement liquide. Les volumes de lisier sont plus importants si on laisse les porcs s’ébattre autour de leurs abreuvoirs. En règle générale, le lisier est stocké dans des fosses ou des bassins anaérobies.

Les élevages de volailles sont le plus souvent séparés en élevages destinés à la production de volaille de chair (dindes et poulets) et à la production des œufs (poules pondeuses). Dans le premier cas, les volailles sont élevées directement sur une litière préparée qui maintient le fumier relativement sec (25 à 35% d’humidité); la seule opération de transfert se fait par enlèvement mécanique, généralement une fois par an, le fumier étant directement transporté sur les cultures. Quant aux pondeuses, elles sont élevées dans des cages empilées les unes sur les autres, sans litière; soit on laisse leurs déjections s’accumuler (et on les enlève à intervalles assez espacés par des moyens mécaniques), soit elles sont nettoyées automatiquement au jet ou raclées sous forme liquide, à peu près de la même manière que le lisier de porc.

Les déjections de la plupart des autres animaux (moutons, chèvres ou chevaux) sont surtout solides; les veaux, qui reçoivent un régime liquide, sont la principale exception. Le crottin de cheval ne peut guère être utilisé sur les pâturages, car il renferme une partie importante de litière et peut donc abriter des parasites internes. Les déjections de petits animaux, rongeurs ou oiseaux, peuvent contenir des organismes pathogènes susceptibles d’être transmis à l’humain. Toutefois, des études ont montré que les bactéries fécales ne survivent pas sur le fourrage (Bell, Wilson et Dew, 1976).

Les risques liés au stockage

Les déjections solides devraient être stockées en veillant à empêcher aussi tout ruissellement et toute lixiviation dans les eaux superficielles et la nappe phréatique. Il faut donc de préférence les entasser sur des surfaces dallées, dans des fosses cimentées (le cas échéant, des mares saisonnières) ou encore dans des endroits clos et couverts.

Habituellement, les lisiers liquides et pâteux sont déversés dans des bassins, des lagunes, des fosses ou des citernes situés au-dessous ou au-dessus du sol. En cas de stockage de longue durée, ils peuvent être traités sur place, généralement par digestion anaérobie. Ce processus réduit les matières solides volatiles indiquées au tableau 70.13 et, par voie de conséquence, atténue les odeurs pouvant se dégager lors de l’utilisation. Les citernes enterrées non surveillées peuvent être cause d’accidents, dont certains mortels, par suite d’entrée intempestive ou de chute accidentelle (Knoblauch et coll., 1996).

Le transport du lisier présente un risque très variable en raison de la présence de mercaptans produits par la digestion anaérobie. On a montré que ce sont ces derniers (gaz contenant du soufre) qui étaient les principaux responsables de la mauvaise odeur du fumier et qu’ils étaient tous extrêmement toxiques (Banwart et Brenner, 1975). De tous les effets du H2S, mentionnés au tableau 70.14, le plus insidieux et le plus dangereux est sans doute sa capacité de paralyser le sens de l’odorat aux concentrations comprises entre 50 et 100 ppm, supprimant par là-même la faculté sensorielle de déceler des niveaux plus élevés qui deviennent rapidement toxiques. Il suffit d’une semaine de stockage pour déclencher la production anaérobie de mercaptans toxiques. Dans le cas des stockages de longue durée, on pense que l’importance des écarts constatés dans la production de gaz de fumier serait due à des variations aléatoires de facteurs chimiques ou physiques (température, pH, teneur en ammoniac ou en matières organiques) (Donham, Yeggy et Dauge, 1985).

Tableau 70.14 Sulfure d’hydrogène(H2S) — Repères toxicologiques importants

Repère physiologique ou réglementaire

Parties par million (ppm)

Seuil de détection des odeurs (odeur d’œufs pourris)

0,01-0,1

Odeur désagréable

3-5

Valeur limite d’exposition recommandée — moyenne pondérée dans le temps (TLV-TWA)

10

Valeur limite d’exposition recommandée pour une exposition de courte durée (TLV-STEL 15 minutes)

15

Paralysie olfactive (perte d’odorat)

50-100

Bronchite (toux sèche)

100-150

Danger immédiat pour la vie ou la santé (IDLH) (congestion et œdème pulmonaires)

100

Arrêt respiratoire rapide (la mort survient au bout de 1 à 3 respirations)

1 000-2 000

TLV-TWA = Threshold limit values — Time weighted average; STEL = Short-term exposure level; IDHL = Immediately dangerous to life and health.

La libération, normalement lente, de ces gaz en cours de stockage s’accroît considérablement si l’on agite le lisier pour remettre en suspension les boues accumulées au fond; les niveaux de H2S de 300 ppm peuvent alors atteindre 1 500 ppm (Panti et Clark, 1991). Les concentrations de gaz libérés pendant l’agitation sont beaucoup trop massives pour que l’on puisse y remédier uniquement grâce à la ventilation. Il faut rappeler que la digestion anaérobie est un phénomène naturel, non maîtrisable et, de ce fait, extrêmement variable. On peut estimer statistiquement la fréquence des surexpositions graves ou mortelles, mais non pour un site ou un moment donnés. Une enquête réalisée auprès d’éleveurs suisses de vaches laitières a fait apparaître une fréquence d’environ un accident par émanation de gaz de fumier pour 1 000 personnes et par an (Knoblauch et coll., 1996). Pour éviter tout accident fortuit, il s’impose de prendre certaines précautions avant d’agiter le lisier. Il faut rappeler que cette opération est indispensable si l’on veut éviter l’accumulation de boues que l’on ne peut plus enlever que par des moyens mécaniques. Il convient donc de laisser sécher les boues avant de descendre dans la citerne et d’afficher en bonne place la procédure à suivre.

Il existe des substituts, assez rarement employés, aux systèmes anaérobies: citons les fosses aérobies, les fosses à usage mixte (utilisant des bactéries pouvant se multiplier dans les conditions aérobies et anaérobies), les fosses de déshydratation, le compostage et, enfin, le digesteur anaérobie pour la production de biogaz (USDA, 1992). On peut créer des conditions aérobies en ne laissant pas le liquide s’accumuler sur plus de 60 à 150 cm ou en faisant appel à la ventilation mécanique. Si la ventilation naturelle demande davantage d’espace, la ventilation mécanique est plus coûteuse, tout comme le sont les pompes de circulation d’une fosse à usage mixte. Quant au compostage, on peut le pratiquer en andains (cordons de fumier qu’il faut retourner tous les deux à dix jours), par entassement statique mais aéré, ou au moyen d’un conteneur spécial. On réduit la teneur en azote du fumier en ajoutant un amendement riche en carbone qui favorise la croissance microbienne thermophile nécessaire au compostage, pour éliminer les mauvaises odeurs et les agents pathogènes. Le compostage est un moyen économique d’utiliser à bon escient les petites carcasses, si la réglementation le permet. Voir également l’article intitulé «Les procédés d’élimination des déchets», dans le chapitre no 101, «Les services publics et gouvernementaux» de la présente Encyclopédie . S’il n’existe pas d’entreprise d’équarrissage à proximité, on peut également recourir à l’incinération ou à l’enfouissement. En tout état de cause, il est indispensable de détruire rapidement les carcasses pour prévenir tout risque d’épizootie. Les déjections des porcs et de la volaille se prêtent particulièrement bien à la production de méthane, mais cette technique n’est que rarement employée.

D’épaisses croûtes peuvent se former à la surface du lisier et donner l’illusion d’une certaine solidité. On peut très bien s’avancer sur cette croûte, passer au travers et se noyer, tout comme on peut glisser dans la fosse à purin et s’y noyer également. Il est donc judicieux de prévoir des moyens de sauvetage à proximité des fosses à lisier et d’éviter d’y travailler seul. Certains gaz de fumier, le méthane notamment, sont explosifs et des panneaux d’interdiction de fumer devraient donc être installés bien en vue près des lieux de stockage (Deere & Co., 1994).

Les risques liés à l’épandage

Le fumier peut être charrié, transporté et épandu manuellement ou mécaniquement. Il est épandu dans les champs comme engrais. Tous les épandeurs de fumier comportent des risques, qu’il s’agisse de fourche à chargement frontal, de remorque épandeuse, de système à palettes, de système à turbine et chaînes, ou de système à vis et plateau. Les épandeurs de fumier sont généralement tractés et mus par une prise de force. On en distingue quatre types: remorque avec hérissons et projection arrière, fléau, caisse à fond incliné en forme de V et à projection latérale et tonneau à lisier fermé. Les deux premiers servent à la distribution du fumier, la caisse en forme de V à l’épandage du purin, du lisier ou du fumier et le tonneau au seul épandage du purin. Couvrant de vastes superficies, les épandeurs répandent le fumier par l’arrière ou latéralement. L’opération comporte les risques inhérents aux engins agricoles, à la chute d’objets, à l’exposition aux poussières et aux aérosols. Les procédures de sécurité sont précisées au tableau 70.15.

Tableau 70.15 Procédures de sécurité pour l’emploi des épandeurs de fumier

1.

S’assurer que l’épandeur est conduit par une seule personne pour éviter toute mise en route intempestive par un tiers

2.

Exiger des travailleurs qu’ils se tiennent à l’écart des prises de force, hérissons mobiles, vis et batteurs en fonctionnement

3.

Maintenir les carters et les capots de protection bien en place

4.

Interdir à quiconque de s’approcher de l’arrière et des côtés de l’épandeur, celui-ci pouvant projeter jusqu’à 30 m des objets lourds mêlés au fumier

5.

Eviter les interventions dangereuses de déblocage de l’épandeur en prévenant son bourrage:
– Eloigner de l’épandeur les pierres, les planches et autres objets
– Par temps de gel, vérifier avant la mise en marche que les fléaux et les chaînes des épandeurs du type fléau ne sont pas grippés et gelés
– Maintenir les chaînes et les hérissons sur les épandeurs du type hérisson en bon état de marche en remplaçant les chaînes détendues et en évitant de laisser tomber des amas de fumier gelé sur ces dernières
– Ne jamais procéder à l’entretien pendant la marche
– Entretenir la vis sans fin et le plateau projecteur sur les épandeurs à caisse en forme de V afin qu’ils puissent fonctionner sans entrave
– Par temps froid, nettoyer l’intérieur de l’épandeur de manière que le fumier humide ne gèle pas les parties mobiles

6.

Observer les pratiques de sécurité lors de l’utilisation du tracteur et des prises de force

7.

S’assurer que la soupape de sécurité des épandeurs à lisier (tonnes) fonctionne bien pour éviter les surpressions

8.

Vérifier lors du dételage de l’épandeur que les goupilles sont en place sur les ergots de verrouillage pour éviter qu’il ne tombe

9.

Porter un appareil de protection respiratoire en cas de poussières ou d’aérosols en suspension dans l’air

Source: Deere & Co., 1994.

LA PRODUCTION LAITIÈRE

John May

Le producteur laitier est un éleveur spécialisé s’employant à améliorer la santé, la nutrition et le cycle de reproduction d’un troupeau de vaches dans des conditions optimales pour aboutir à la production laitière la plus élevée possible. Ce sont avant tout la taille de l’exploitation et du troupeau, la main-d’œuvre disponible, la configuration des lieux et le degré de mécanisation qui déterminent l’importance des risques encourus. L’exploitation laitière peut prendre la forme d’une petite entreprise familiale ayant à peine une vingtaine de vaches ou bien être une véritable entreprise dans laquelle trois équipes d’employés se relaient pour assurer l’affouragement et la traite de milliers de vaches. Dans les régions du monde où le climat est suffisamment doux, le bétail peut séjourner dans des hangars ouverts ne comportant qu’une toiture et un nombre minimal de cloisons. Au contraire, dans d’autres régions, les étables doivent être bien fermées pour protéger contre le froid, non seulement les animaux, mais aussi le matériel d’abreuvement et de traite. Compte tenu de ces spécificités, on comprend que les risques auxquels sont confrontés les producteurs laitiers sont très différents d’une exploitation à l’autre. Pourtant, il en est un certain nombre qui restent quasiment les mêmes pour la plupart des travailleurs de cette branche d’activité.

Les risques et les précautions

Le bruit

Le bruit est évidemment lié au degré de mécanisation. Les niveaux sonores dans l’élevage laitier sont bien souvent excessifs et peuvent atteindre 90 à 100 dBA, voire plus. Ils sont liés à l’emploi, à l’extérieur des granges, d’engins mécaniques (tracteurs et scies à chaîne, par exemple). A l’intérieur des étables, les hache-paille, les petits épandeurs à fumier et les pompes des installations de traite avec transfert sont également bruyants. Là encore, les niveaux sonores peuvent dépasser des seuils généralement considérés comme nocifs. Selon les données disponibles, bien qu’il ait été peu étudié, le déficit auditif imputable au bruit, constaté chez les producteurs laitiers, offre un tableau convaincant, surtout en ce qui concerne les fréquences élevées. Ce déficit, qui peut être important, s’observe beaucoup plus souvent chez les agriculteurs tous âges confondus que chez les sujets n’appartenant pas au monde agricole. Plusieurs études font état d’une perte d’audition plus marquée de l’oreille gauche, peut-être parce que les agriculteurs passent une bonne partie de leur temps l’oreille gauche tournée vers le moteur et son échappement lorsqu’ils tractent un outil avec leur tracteur. Pour prévenir ce risque, on peut s’efforcer d’atténuer ou d’assourdir le bruit et de mettre en place un programme de conservation de l’audition. Le port de protecteurs d’oreilles (casque ou bouchons d’oreilles) peut réduire sensiblement le risque de déficit auditif auquel sera exposée la prochaine génération.

Les produits chimiques

Le producteur laitier travaille au contact de produits chimiques, communs à tous les types d’agriculture, ainsi qu’avec d’autres substances propres à l’industrie laitière, telles que celles utilisées pour le nettoyage du lactoduc à alimentation par dépression. Pour des raisons d’hygiène, ce système doit être nettoyé très soigneusement avant et après chaque emploi. Pour cela, on se sert le plus souvent d’une solution savonneuse alcaline très concentrée (hydroxyde de sodium à 35%), puis d’une solution acide (acide phosphorique à 22,5%, par exemple). Ces produits chimiques sont à l’origine d’accidents et de brûlures de la peau assez graves en cas de renversement accidentel. Les éclaboussures peuvent endommager la cornée ou la conjonctive en l’absence de protection oculaire. Le risque d’ingestion accidentelle n’est pas exclu — surtout chez les jeunes enfants — lorsqu’on laisse, même très peu de temps, ces substances sans surveillance dans un récipient après les avoir pompées. Pour prévenir ces accidents toujours tragiques, on peut utiliser un système de chasse automatique, entièrement fermé; à défaut, il convient d’interdire aux personnes non autorisées de s’en approcher. Les récipients destinés au dosage devraient être clairement étiquetés, réservés à ce seul usage, soigneusement rincés après chaque utilisation et, en aucun cas, laissés sans surveillance.

Comme dans les autres secteurs de l’élevage, le personnel des exploitations laitières peut être exposé à divers produits pharmaceutiques: antibiotiques, progestatifs, inhibiteurs de la prostaglandine et hormones. Les engrais, herbicides et insecticides sont aussi utilisés dans l’industrie laitière de certains pays à des degrés divers. Même si les quantités employées sont en principe moins importantes que dans les autres secteurs de l’agriculture, il y a lieu de s’entourer des mêmes précautions lors des opérations de dosage, d’application et de stockage. Le strict respect des techniques d’application, ainsi que le port de vêtements de protection, revêtent la même importance pour le producteur laitier que pour toute autre personne appelée à manipuler ces composés.

Les risques ergonomiques

En dépit du caractère incomplet des données disponibles sur la prévalence des troubles musculo-squelettiques déclarés, il va de soi que le producteur laitier est plus sujet que d’autres à l’arthrite de la hanche et du genou et, probablement, aux dorsalgies. Il ne fait par ailleurs aucun doute que les problèmes liés à l’ergonomie sont nombreux dans cette activité. L’agriculteur est couramment amené à soulever des poids de plus de 40 kg, venant s’ajouter à un poids corporel personnel parfois important. La conduite des tracteurs expose à une contrainte vibratoire constante. Parmi toutes les activités, la traite des vaches semble poser un problème ergonomique particulier. L’agriculteur doit parfois se baisser et s’accroupir quatre à six fois de suite pour traire une seule vache et doit répéter ces mêmes mouvements deux fois par jour pour chaque vache, et cela pendant des décennies. Le transport du matériel de traite d’une stalle à l’autre impose une charge ergonomique supplémentaire aux extrémités supérieures. Dans les pays où la traite est moins mécanisée, la charge ergonomique, bien que différente, n’en exige pas moins des efforts répétés considérables. L’installation d’une salle de traite spécialement conçue, comme on le fait déjà dans certains pays, permet de remédier à cette situation. Dans la fosse centrale de la salle de traite, l’agriculteur peut en effet rester debout, en contrebas, pour traire plusieurs vaches simultanément. Il n’a plus à s’accroupir et à se pencher, ni à transporter son matériel de stalle en stalle. Pour régler ce dernier problème, certains pays scandinaves ont mis au point des systèmes de glissière en position haute. Ces dispositifs présentent l’avantage de supporter le poids du matériel de traite lors des déplacements d’une stalle à l’autre, mais aussi d’offrir au trayeur un siège relativement confortable. En dépit de ces aménagements possibles, les problèmes ergonomiques spécifiques à la production laitière restent mal connus et sont loin d’être résolus.

Les poussières

Un problème étroitement lié aux précédents est celui des poussières d’origine organique. De composition complexe, souvent allergéniques et omniprésentes dans les exploitations, les poussières renferment souvent de fortes concentrations d’endotoxines ainsi que des bêta-glucanes, de l’histamine et d’autres substances biologiquement actives (Olenchock et coll., 1990). Lors de certains travaux, on relève des niveaux de poussières dépassant 50 mg/m3 pour les poussières totales et 5 mg/m3 pour les poussières respirables. C’est le cas, par exemple, lors du déchargement de fourrages ou de litières contaminés par des microbes dans un espace fermé (grange, grenier à foin, silo ou conteneur de céréales). L’exposition à de tels niveaux de poussières peut entraîner des affections aiguës comme le syndrome toxique dû aux poussières organiques ou la pneumopathie par hypersensibilité (maladie du poumon de fermier). L’exposition chronique peut également jouer un rôle dans l’asthme, la maladie du poumon de fermier et la bronchite chronique qui semblent deux fois plus fréquents que dans les catégories de population n’appartenant pas au monde agricole (Rylander et Jacobs, 1994). Les taux de prévalence de certaines de ces affections sont plus élevés lorsque les aliments pour animaux ont une forte teneur en humidité, ainsi que dans les régions où la rigueur du climat oblige à tenir les granges plus hermétiquement fermées. Divers travaux agricoles tels que le séchage du foin et l’affouragement des animaux à la main, sans compter la nature des litières, peuvent être d’importants déterminants des niveaux de poussières et des facteurs étiologiques non négligeables des maladies associées. Les agriculteurs disposent souvent d’un certain nombre de techniques pour réduire le plus possible et la prolifération et l’aérosoli-sation des populations microbiennes. Ils peuvent utiliser de la sciure, des journaux et d’autres matériaux de substitution pour les litières, au lieu de paille en bottes. S’ils optent pour la paille, ils doivent ajouter de l’eau à la surface de coupe de la balle pour réduire la quantité de poussières dégagées par le hache-paille. Les silos verticaux peuvent être recouverts de feuilles de plastique ou de bâches au-dessus de la dernière couche d’aliments de façon que la quantité de poussières dégagées soit réduite au minimum chaque fois que la bâche est retirée. On peut aussi arroser ou aérer modérément les lieux qui s’empoussièrent régulièrement. Enfin, les agriculteurs devraient anticiper les risques d’exposition aux poussières et se protéger en conséquence.

Les allergènes

Les allergènes peuvent constituer un problème de santé des plus préoccupants pour certains producteurs laitiers. Les principaux sont ceux que l’on trouve dans les granges et, notamment, les squames d’animaux et les acariens qui vivent dans les aliments stockés dans les granges. Une étude consacrée au problème des acariens en dehors des étables et des granges a aussi mis en évidence la présence de populations relativement nombreuses de ce type dans les habitations des éleveurs (van Hage-Hamsten et coll., 1985). L’allergie aux acariens et, souvent, à diverses espèces d’acariens, a été confirmée dans plusieurs régions du monde. La réactivité aux acariens, aux squames des bovins et à d’autres allergènes de moindre importance se traduit par diverses manifestations allergiques (Marx et coll., 1993). Parmi ces manifestations, on peut citer une irritation nasale et oculaire d’installation immédiate, la dermite allergique de contact et, beaucoup plus grave, l’asthme professionnel d’origine allergique de survenue instantanée ou différée (jusqu’à douze heures) et qui peut toucher des individus sans antécédents asthmatiques connus. Il s’agit là d’un sujet de préoccupation grave, car le producteur laitier est amené à fournir un travail intense et quotidien, sa vie durant, dans les granges et les étables. Ces contacts constamment renouvelés avec l’allergène risquent d’aggraver progressivement cette forme d’asthme dont souffrent certains agriculteurs. La prévention consiste avant tout à éviter la poussière; chez le producteur laitier comme dans la plupart des cas, c’est malheureusement une chose bien difficile. Les traitements appliqués (injections, stéroïdes ou autres anti-inflammatoires, soulagement symptomatique par broncho-dilatateurs) ont donné des résultats mitigés.

LES BOVINS, LES OVINS ET LES CAPRINS

Melvin L. Myers*

* Les passages relatifs à la tonte des animaux sont tirés de l'article de J.F. Copplestone sur le sujet, tel que publié dans la 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational Health and Safety.

Certains animaux transforment leur fourrage riche en fibres (plus de 18%) en nourriture comestible pour l’être humain. Ils le doivent à leur appareil digestif à quatre estomacs, y compris le plus grand d’entre eux, le rumen (d’où ils tirent leur nom de ruminants ) (Gillespie, 1997). On trouve au tableau 70.16 les différentes espèces de ruminants qui ont été domestiquées, avec leurs utilisations.

Tableau 70.16 Types de ruminants domestiqués comme animaux d’élevage

Type de ruminants

Utilisations

Bisons

Viande

Bovins

Viande, lait, trait

Buffles

Viande, trait

Camélidés (lama, alpaga, dromadaire et chameau)

Viande, lait, poils, trait

Caprins

Viande, lait, angora (mohair)

Ovins

Viande, laine

Rennes

Viande, lait, trait

Yaks

Viande, lait, laine

Les modes de production

L’élevage des ruminants prend des formes très contrastées allant des exploitations intensives à forte production telles que les grands élevages de bovins qui, au Texas, se pratiquent sur de vastes ranches de 2 000 km2, aux pacages collectifs empruntés au Kenya ou en République-Unie de Tanzanie par des pasteurs nomades. Ailleurs, les bœufs servent à la traction animale pour les travaux de la ferme et, notamment, les labours. Dans les régions humides, c’est aux buffles que l’on demande le même service (Ker, 1995). La tendance actuelle est de privilégier les grands élevages intensifs à forte productivité (Gillespie, 1997).

La production bovine intensive à grande échelle comporte un certain nombre d’opérations liées les unes aux autres. Il y a d’abord l’ensemble constitué par le troupeau de vaches, avec leurs veaux. Chaque année, les vaches fécondées par les taureaux ou par insémination artificielle mettent bas des veaux qui, après sevrage, sont vendus comme animaux d’embouche destinés à l’abattage. Les veaux mâles sont châtrés en vue de l’abattage; on appelle bouvillons ou châtrons les jeunes bovins ainsi castrés. Les reproducteurs de pure race, destinés à perpétuer le troupeau, sont parfois des animaux extrêmement dangereux: c’est le cas notamment des taureaux.

Les moutons sont élevés en troupeaux sur des parcours ou à la ferme. Sur les parcours, il n’est pas rare que les troupeaux soient constitués de 1 000 à 1 500 brebis. A la ferme, la production ovine est généralement modeste et ne constitue le plus souvent qu’une activité secondaire. Les moutons sont élevés soit pour la laine, soit pour la viande. On pratique l’ablation de la queue des agnelles et la plupart des agneaux mâles sont castrés. Certaines exploitations se spécialisent dans l’élevage des béliers de pure race destinés à la reproduction.

Les chèvres sont élevées sur des parcours ou à la ferme pour leur toison, leur lait et leur viande. Certaines petites exploitations élèvent des boucs de pure race pour la reproduction. Il existe de nombreuses races de chèvres, spécialisées pour chacun des produits énumérés ci-dessus. Les chèvres sont décornées et la plupart des mâles castrés. Les chèvres broutent les jeunes pousses, les brindilles et les feuilles des plantes arbustives, ce qui permet de les employer au débroussaillement.

Au nombre des autres activités liées à l’élevage des bovins, des ovins et des caprins figurent l’affouragement (ou la conduite sur pâturages), la lutte contre les maladies et les parasites, la tonte des poils et de la toison. La traite et l’élimination des déchets sont étudiées dans d’autres articles de ce chapitre.

Il existe deux modes d’alimentation principaux des bovins, des ovins et des caprins: le pâturage et l’affouragement (foin ou ensilages). Le pâturage est le moyen le plus économique d’engraisser les animaux. Ceux-ci peuvent paître sur les pâturages, les terrains en friche ou se nourrir de résidus de récoltes tels que les tiges de maïs qui restent en place après la récolte. Une fois coupé, le foin est stocké soit en vrac, soit en balles gerbées. Pour l’affouragement, on prélève le foin sur la meule pour le donner aux animaux, aux champs ou dans les râteliers selon le cas. Certaines cultures et, notamment, le maïs, sont récoltées pour être ensilées. Les ensilages sont le plus souvent déposés dans le râtelier par des moyens mécaniques.

La lutte contre les maladies et les parasites des bovins, des ovins et des caprins fait partie intégrante de l’élevage et suppose nécessairement le contact avec l’animal. En sont des aspects importants les visites régulières du troupeau par le vétérinaire, de même que l’observation des signes vitaux. Il est aussi essentiel de pratiquer les vaccinations en temps opportun et d’isoler les animaux malades. Contre les ectoparasites des bovins (notamment les mouches, poux, sarcoptes, acariens et tiques), on emploie des produits chimiques. Les pesticides sont appliqués par pulvérisation ou pose de boutons d’oreilles antiparasitaires imprégnés d’insecticide. Dans le cas de l’hypoderme qui pond ses œufs sur le poil des bovins, on peut en éliminer les larves (varrons) qui creusent des sillons sous la peau par l’application de pesticides systémiques sous forme de pulvérisations, bains antiparasitaires ou additifs alimentaires. Contre les endoparasites, y compris les nématodes et les cestodes, on utilise des médicaments et des antibiotiques qui peuvent être administrés sous forme de potions. L’hygiène des étables contribue elle aussi à la lutte contre les maladies infectieuses et les parasitoses (Gillespie, 1997).

La tonte contribue à la propreté et au bien-être des animaux; elle est aussi pratiquée pour préparer les plus beaux spécimens aux concours agricoles. On peut tondre les animaux vivants pour en retirer un produit, qu’il s’agisse de la toison du mouton ou de celle des chèvres (angora). Le tondeur saisit l’animal placé dans un enclos et le tire à part avant de le coucher sur le dos et de l’immobiliser entre ses genoux. Il se sert de simples ciseaux, de tondeuses à main mécaniques ou électriques. Avant la tonte, les moutons sont marqués et débarrassés des jarres (poils de garde agglomérés à de la matière fécale), opération appelée décroûtage. Les toisons, parées à la main selon la qualité et la longueur de la laine, sont ensuite comprimées en balles en vue de l’expédition au moyen d’une presse à main ou d’une presse hydraulique.

Les moyens mis en œuvre pour l’élevage des bovins, des ovins et des caprins sont généralement classés en deux catégories: le régime du pâturage et celui de la stabulation permanente. Cette dernière englobe tout ce qui touche à la stabulation, les parcs d’engraissage, les étables, les enclos (pour la garde, le tri et le rassemblement des troupeaux), les barrières, ainsi que les goulottes de travail et de chargement. Quant au régime du pâturage, il comprend le pâturage proprement dit ainsi que les terrains de parcours et la trans-humance. Les installations destinées à l’alimentation du bétail incluent les moyens de stockage (silos verticaux et horizontaux), les appareils servant à broyer et à mélanger les aliments, les meules de foin, l’équipement de manutention (y compris les vis et les élévateurs), les mangeoires et râteliers, les abreuvoirs et blocs de minéraux et de sel. La protection contre le soleil est assurée par des abris, des arbres ou un treillage en position haute. On peut citer encore, entre autres installations, les gratte-dos pour la lutte contre les parasites, les nourrisseurs destinés aux veaux et aux agneaux à l’exclusion des animaux adultes, les nourrisseurs automatiques, l’étable des veaux, les portes aménagées pour empêcher les animaux de sortir et les stalles pour l’isolement des animaux malades. Les pâturages peuvent être clôturés, au moyen de barbelés ou de clôtures électriques. Pour les enclos destinés aux chèvres, on peut être amené à utiliser du grillage. Quant aux animaux élevés en liberté, ils doivent être gardés pour les empêcher de divaguer; les chèvres peuvent être attachées, à condition que ce soit à l’ombre. Pour lutter contre les parasites, les grands troupeaux de moutons sont soumis à des bains antiparasitaires (Gillespie, 1997).

Les risques

On trouve au tableau 70.17 divers autres aspects de l’élevage des bovins, des ovins et des caprins avec, chaque fois, les risques correspondants. Lors d’une enquête conduite aux Etats-Unis (Myers, 1993) parmi les agriculteurs, on a pu constater que les soins aux animaux représentaient 26% des arrêts de travail pour accidents. Comme le montre la figure 70.5, le pourcentage était plus élevé que pour toute autre activité agricole. Il est vraisemblable que l’on obtiendrait des chiffres comparables dans d’autres pays industriels. Toutefois, dans les pays où les animaux de trait sont nombreux, les taux devraient être plus élevés. Les blessures occasionnées par les bovins se produisent généralement dans les bâtiments de ferme ou à proximité. Les bovins peuvent blesser en donnant des coups de pied, en piétinant les éleveurs, ou en les écrasant contre une surface dure telle que la palissade d’un enclos. Ceux-ci peuvent s’infliger eux-mêmes des blessures en tombant lorsqu’ils s’occupent de bovins, d’ovins ou de caprins. Ce sont les taureaux qui sont à l’origine des blessures les plus graves. Les victimes sont le plus souvent des membres de la famille et, plus rarement, des travailleurs agricoles. On risque plus d’être blessé lorsqu’on est fatigué parce qu’on est alors moins vigilant (Fretz, 1989).

Tableau 70.17 Activités des éleveurs et risques correspondants

Activité

Expositions aux risques

Monte, insémination artificielle

Réactions violentes des taureaux, des béliers ou des boucs; chutes et glissades; zoonoses; poussières organiques et squames

Affourragement

Poussières organiques; gaz des silos; machines agricoles; soulèvement de charges; électricité

Vêlage, agnelage, mise bas des chevreaux

Soulèvement et traction de charges; comportement des animaux

Castration, ablation de la queue

Comportement des animaux; soulèvement de charges, coupures

Décornage

Comportement des animaux; coupures; onguents caustiques; brûlures des fers électriques

Ferrage et marquage

Brûlures; comportement des animaux

Vaccination

Comportement des animaux; piqûres d’aiguille

Pulvérisation et poudrage/administration de potions et de vermifuges

Composés organophosphorés

Parage du pied/sabot

Comportement des animaux; postures inconfortables; coupures et pincements par les outils

Tonte, marquage et décroûtage, lavage, rasage et toilettage

Postures inconfortables et soulèvement de charges; comportement des animaux; coupures par tondeuse; électricité

Chargement et déchargement

Comportement des animaux

Manutention du fumier

Gaz de fumier; glissades et chutes; soulèvement de charges; machines agricoles

Sources: Deere & Co., 1994; Fretz, 1989; Gillespie, 1997; National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH), 1994.

Figure 70.5 Estimations de la fréquence des accidents ayant entraîné un arrêt
de travail par activité agricole aux Etats-Unis, 1993

Figure 70.5

Les animaux d’élevage ont des comportements qui peuvent être cause d’accidents. L’instinct grégaire est particulièrement fort chez les bovins ou les ovins, l’isolement ou le surpeuplement pouvant provoquer chez eux des comportements inhabituels. Comportement défensif habituel chez les animaux, les réactions réflexes sont parfaitement prévisibles, tout comme l’est celle de la défense du territoire. L’animal que l’on retire de son milieu habituel pour l’enfermer dans un espace clos réagit instinctivement en se débattant dans l’intention de fuir. Les animaux chargés à bord de moyens de transport et dont on restreint les mouvements en les faisant passer par des goulottes ont une réaction réflexe d’agitation.

Les endroits dangereux ne manquent pas dans les élevages de bovins, d’ovins et de caprins: sols glissants, fosses à lisier, parcs à bestiaux, accumulation de poussières aux points d’affouragement, dans les silos, près des nourrisseurs automatiques et dans les bâtiments destinés à la stabulation. Ces derniers peuvent comporter des fosses à fumier susceptibles de dégager des gaz mortels (Gillespie, 1997).

Les coups de chaleur et les attaques sont des risques possibles que le travail énergique, l’épuisement, les fortes chaleurs, l’humidité de l’air, la déshydratation par manque d’eau potable viennent encore aggraver.

L’inhalation de poussières expose les éleveurs aux maladies respiratoires. L’une des plus fréquentes est le syndrome toxique dû aux poussières organiques. Ce syndrome peut être consécutif à l’exposition à de fortes concentrations de poussières d’origine organique contaminées par des micro-organismes. Environ 30 à 40% des travailleurs agricoles exposés aux poussières organiques présentent ce syndrome, décrit dans le tableau 70.18 qui établit aussi la liste d’autres troubles respiratoires (National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH), 1994).

Tableau 70.18 Maladies respiratoires observées dans les élevages

Syndrome toxique dû aux poussières organiques

Maladie du poumon de fermier (réaction négative à la précipitine)

Mycotoxicose pulmonaire

Maladie des ouvriers de silo (désileurs)

Fièvre des moissons (ouvriers des élévateurs de grain)

Autres maladies respiratoires importantes

Maladie des ouvriers de silos (ensileurs) (inflammation toxique aiguë du poumon)

Maladie du poumon de fermier (pneumopathie par hypersensibilité)

Bronchite

Asphyxie (suffocation)

Inhalation de gaz toxiques (émanant, par exemple, des fosses à purin)

Les travailleurs agricoles chargés de couper les crins des animaux ou de tondre les moutons encourent divers risques. La tonte peut occasionner des coupures et des abrasions. Il faut compter également avec les dangers que présentent les sabots et les cornes des animaux. Les glissades et les chutes peuvent se produire à tout moment lorsqu’on s’occupe des animaux. Comme l’énergie qui actionne les tondeuses est parfois transmise par des courroies, les carters de protection ne doivent pas être enlevés. Il y a également risque d’électrocution. Enfin, le tondeur peut prendre de mauvaises postures, affectant surtout le dos, lorsqu’il saisit les moutons. En immobilisant l’animal entre ses genoux, il peut se blesser au dos, des mouvements de torsion accompagnant souvent la tonte. Quant à la tonte manuelle, elle donne souvent lieu à de la ténosynovite.

La lutte contre les insectes présents sur les bovins, les ovins ou les caprins par pulvérisation ou poudrage de pesticide peut présenter un risque pour les travailleurs agricoles. Les traitements antiparasitaires du mouton consistent à immerger l’animal dans un bain de pesticide; là encore, le seul fait de manier les animaux, ou le simple contact avec la solution ou la laine contaminée peuvent exposer au pesticide (Gillespie, 1997).

Les zoonoses les plus répandues sont la rage, la brucellose, la tuberculose bovine, la trichinose, la salmonellose, la leptospirose, la teigne, l’infection à taenia , l’infection à orthopoxvirus (orf), la fièvre Q et la fièvre pourprée. Parmi les maladies que l’on peut contracter en travaillant au contact des poils et de la toison des animaux, il faut citer le tétanos, la salmonellose qui peut être transmise lors du marquage et de l’élimination des jarres, la leptospirose, le charbon et les maladies parasitaires.

Les excréments et l’urine des animaux peuvent également constituer un mécanisme d’infection des travailleurs agricoles. Les bovins sont un des réservoirs de la cryptosporidiose, maladie transmissible des bovins à l’humain par voie oro-fécale. Les veaux atteints de diarrhée peuvent en être porteurs. La schistosomiase (bilharziose) se rencontre chez les bovins, les buffles et autres animaux en diverses régions du monde. Le cycle vital de ce trématode part des œufs excrétés dans l’urine et les excréments, œufs qui se transforment en larves et parasitent des mollusques, puis en cercaires qui adhèrent à la peau et y pénètrent. C’est en travaillant les pieds dans une eau infestée que le travailleur agricole risque d’être contaminé.

Certaines zoonoses sont des maladies virales transmises par des arthropodes. Les principaux vecteurs de ces maladies sont les moustiques, les tiques et les phlébotomes. Parmi ces maladies figurent les encéphalites à arbovirus véhiculées par les tiques et le lait de brebis, la babésiose (piroplasmose) transmise par les tiques des bovins et la fièvre hémorragique de Crimée (du Congo) (fièvre hémorragique d’Asie centrale) due aux moustiques et aux tiques des bovins, des moutons et des chèvres (en tant qu’hôtes amplificateurs) au cours des épizooties (Benenson, 1990; Mullan et Murthy, 1991).

Les mesures préventives

Outre les accidents, les principaux risques professionnels liés à l’élevage des ruminants sont les problèmes respiratoires et les zoonoses (voir l’encadré intitulé «Liste des règles de sécurité à observer par les éleveurs», p. 18).

Les marches d’escalier doivent être en bon état et les sols réguliers pour éviter les chutes. Les tôles ou carters de protection des courroies de transmission, des vis mécaniques, des presses hydrauliques et des dispositifs d’affûtage des peignes des tondeuses ne doivent pas être enlevés. L’installation électrique doit être régulièrement vérifiée. Les granges et les étables où l’on utilise des moteurs à combustion interne doivent être convenablement ventilées.

S’agissant du comportement des animaux et de la conduite à tenir à leur égard, l’apprentissage, mais aussi l’expérience permettent d’éviter bien des accidents. Il est donc essentiel de savoir établir la distinction entre les aspects innés et acquis du comportement animal. Les bâtiments devraient être aménagés de sorte que les travailleurs agricoles n’aient pas à pénétrer avec les animaux dans des locaux exigus ou entièrement fermés. L’éclairage doit être diffus, des lumières trop fortes pouvant effaroucher les animaux et les porter à ruer ou à se débattre. Il faut aussi savoir que les bruits intempestifs ou les mouvements brusques peuvent effrayer les bovins qui risquent alors de projeter les personnes se trouvant là contre la paroi ou la palissade; même des vêtements mis à sécher sur des clôtures et flottant au vent suffisent parfois à les effrayer. Pour ne pas surprendre les animaux, il faut s’en approcher par devant. Il convient d’éviter les contrastes trop marqués dans les bâtiments de stabulation, des peintures trop vives pouvant ralentir ou arrêter la marche des bovins. Les ombres portées sur le sol sont également à éviter, les animaux risquant en effet de refuser de les franchir (Gillespie, 1997).

Il existe plus d’une façon d’atténuer les risques d’exposition aux poussières d’origine organique. Les travailleurs doivent être avertis des risques que comporte l’inhalation de ce type de poussières et, s’ils sont appelés à consulter pour gêne respiratoire, ils doivent informer le médecin de toute exposition récente à la poussière. En luttant contre le gaspillage des aliments pour animaux, on réduit déjà sensiblement les niveaux d’exposition aux spores de champignons. Pour éliminer ce type de risque, les détritus en voie de putréfaction devraient être déblayés avec des engins mécaniques. Il serait aussi utile d’installer des systèmes de ventilation par extraction dans les locaux et de les arroser fréquemment pour faire tomber les poussières et réduire les niveaux d’exposition. Le port de masques appropriés s’impose si on ne peut éviter d’être exposé à des poussières d’origine organique (NIOSH, 1994).

La prévention des zoonoses passe par l’hygiène des installations de stabulation, la vaccination des animaux et l’isolement des animaux malades. Il convient de prendre des précautions spéciales pour traiter ces derniers et il est indispensable, en particulier, de porter des gants de caoutchouc afin d’éviter toute exposition en cas de coupures aux mains. Un travailleur qui ne se sent pas bien après avoir été en contact avec une bête malade doit consulter un médecin (Gillespie, 1997).

LES PORCS

Melvin L. Myers

La domestication du porc s’est faite principalement à partir de deux espèces sauvages: le sanglier d’Europe et le porc de l’est de l’Inde. Les Chinois ont domestiqué le porc dès 4900 avant J.-C. et, aujourd’hui, sur les 840 millions environ de porcs élevés dans le monde, 400 millions le sont en Chine (Caras, 1996).

Les porcs, avant tout recherchés pour leur viande, présentent plusieurs caractéristiques intéressantes. Ils atteignent rapidement un poids élevé et les truies ont des portées nombreuses et une période de gestation courte, comprise entre 100 et 110 jours. Omnivores, les porcs mangent aussi bien des baies, des charognes, des insectes et des ordures que du maïs, de l’ensilage et l’herbe des pâturages des grandes exploitations. Ils convertissent 35% de leur alimentation en viande et en saindoux, ce qui représente un rendement supérieur à celui des ruminants et, notamment, des bovins (Gillespie, 1997).

Les modes de production

Les petits élevages, un ou deux animaux par exemple, peuvent représenter l’essentiel du patrimoine de la famille rurale (Scherf, 1995). Quant aux grands élevages, on en distingue essentiellement deux sortes (Gillespie, 1997).

Un premier type est spécialisé dans la production de reproducteurs de pure race, l’objectif étant de les améliorer. L’insémination artificielle est ici la règle. Les verrats de pure race ainsi obtenus servent à féconder les truies du deuxième type d’élevage, celui des grandes exploitations à visée commerciale. Les porcs y sont élevés pour l’abattage selon deux modes différents. Le premier comporte deux phases: tout d’abord, la période d’engraissage-sevrage, pendant laquelle toutes les truies d’un même troupeau mettent bas des portées de 14 à 16 porcelets par femelle; puis, lorsque les porcelets sont sevrés, la vente et la poursuite de l’engraissement des porcs dans une autre entreprise qui se charge de la finition en vue du marché de la viande. Maïs et tourteaux de soja constituent l’essentiel du régime alimentaire et les grains qui le complètent sont le plus souvent moulus.

L’autre mode, plus courant, est celui du système complet truie-portée. On élève un troupeau de truies reproductrices et de nourrains, ces derniers étant soignés et engraissés en vue du marché de la viande.

Il arrive que le nombre des petits de la portée dépasse celui des tétines. Dans ce cas, on s’arrange pour répartir les petits en en donnant davantage aux nourrices dont la portée est moins nombreuse. Les porcs naissent avec des dents appelées crochets que l’on a coutume d’araser au niveau de la gencive avant le deuxième jour. Les oreilles sont encochées aux fins d’identification. L’ablation de la queue est pratiquée lorsque les porcelets ont environ trois jours. Les mâles élevés en vue du marché de la viande sont castrés avant vingt et un jours.

De tous les aspects de la production porcine, la santé du troupeau est le plus important. L’hygiène générale, ainsi que la sélection de reproducteurs sains sont déterminantes. La vaccination, les sulfamides et les antibiotiques permettent de prévenir de nombreuses maladies infectieuses, les insecticides servant à éliminer les poux et les acariens. L’hygiène et les médicaments permettent de lutter contre les parasites responsables de maladies telles que la trichinose.

Outre les élevages de plein air, dits de porcs coureurs, combinant mise au pâturage et installations sommaires, il existe des élevages de production porcine à forte intensité de capitaux où les animaux sont exclusivement élevés en porcherie. C’est cette formule qui a de plus en plus la faveur des éleveurs, car elle permet une croissance plus rapide que l’élevage de plein air. En revanche, le pâturage reprend ses droits lorsqu’on veut assurer l’alimentation des reproducteurs sans engraissement excessif; on peut y recourir pour tout ou partie de la production, en utilisant des loges et du matériel portables.

Les porcheries doivent être convenablement aérées pour pouvoir en contrôler la température et l’humidité et des caillebotis doivent être posés sur les sols pour faciliter l’enlèvement du fumier. Les installations de mise bas destinées aux truies et à leur portée peuvent être équipées d’un chauffage d’appoint. La porcherie industrielle doit être clôturée et aménagée de manière à faciliter la manutention, l’alimentation et l’abreuvement. Les loges doivent être nettoyées au jet et désinfectées après l’enlèvement des litières, du fumier et des aliments (Gillespie, 1997).

Les risques

Les accidents occasionnés par l’élevage des porcs ont généralement lieu dans les bâtiments de ferme ou dans leur voisinage immédiat. Les endroits dangereux sont les sols glissants, les fosses à lisier, les nourrisseurs automatiques et les loges des animaux. Toutes les porcheries sont dotées d’une fosse à lisier dont les émanations peuvent, faute d’aération suffisante, être mortelles non seulement pour les porcs, mais également pour le personnel.

Le comportement des porcs peut présenter certains risques pour les travailleurs. La truie dont on menace les porcelets attaque. Les porcs peuvent mordre, piétiner ou renverser les personnes se trouvant à proximité. Ils aiment à séjourner dans les endroits qui leur sont familiers ou à y retourner. Le porc que l’on s’efforce de séparer du troupeau fera tout pour le rejoindre. Lorsqu’ils passent de l’obscurité à la lumière et, notamment, de la pénombre de la porcherie au grand jour, les porcs opposent de la résistance. La nuit, ils se laissent difficilement conduire dans des endroits obscurs (Gillespie, 1997).

Les résultats d’une étude canadienne sur les éleveurs de porcs montrent que 71% se plaignent de troubles chroniques du dos. Parmi les facteurs de risque figurent la compression des disques intervertébraux occasionnée par la conduite des tracteurs et la position assise, de longues heures durant, aux commandes des engins. Sont aussi relevés d’autres facteurs de risque liés à certains gestes comme le fait de soulever un poids, de se baisser, de tordre, de pousser ou de tirer. Enfin, plus de 35% des agriculteurs interrogés font état de problèmes chroniques au niveau des genoux (Holness et Nethercott, 1994).

Trois types d’exposition ambiante présentent des risques pour les éleveurs de porcs:

  1. les poussières des aliments, les soies de porc et les matières fécales;
  2. les pesticides et autres produits chimiques utilisés en hygiène vétérinaire, tels que les désinfectants;
  3. l’ammoniac, le sulfure d’hydrogène, le méthane et le monoxyde de carbone dégagés par les fosses à lisier.

Les incendies dans les bâtiments et les courts-circuits électriques constituent d’autres risques à ne pas négliger.

Certaines zoonoses et parasitoses se transmettent du porc à l’être humain. Les zoonoses, plus particulièrement liées à l’élevage porcin, sont la brucellose et la leptospirose (leptospirose des porchers).

Les mesures préventives

Un certain nombre de mesures de prévention peuvent être observées par le personnel des porcheries (Gillespie, 1997):

Pour prévenir les risques d’accidents musculo-squelettiques, il convient de faire des pauses fréquentes et de diversifier les tâches, de veiller à prendre de bonnes postures, de chercher à porter des charges moins lourdes (en se faisant aider par un collègue ou par un dispositif mécanique) et, enfin, d’éviter les mouvements brusques et rapides.

On peut abaisser les concentrations de poussières en diminuant la densité d’occupation des porcheries. Par ailleurs, le carénage des nourrisseurs automatiques empêche les poussières de se disperser. La brumisation d’eau est une méthode envisageable, mais inefficace par temps de gel qui, de surcroît, risque de faciliter la survie des bioaérosols et d’accroître les niveaux d’endotoxines. L’utilisation de filtres et d’épurateurs dans les systèmes de ventilation se révèle prometteuse pour éliminer les particules de poussières de l’air recyclé. Le port de masques respiratoires est un autre moyen de se protéger (Feddes et Barber, 1994).

Les fosses à lisier doivent être équipées de tuyaux d’aération pour empêcher que les gaz délétères ne soient refoulés dans les bâtiments de ferme. On veillera à ce que les ventilateurs des fosses soient alimentés en courant électrique. Le personnel devrait être sensibilisé à l’utilisation sans risque des pesticides et autres produits chimiques, désinfectants par exemple, employés dans les élevages porcins.

La propreté, la vaccination, l’isolement des animaux malades et la prudence face aux risques d’exposition sont autant de moyens de se prémunir contre les zoonoses. Le port de gants de caoutchouc s’impose pour traiter les porcs malades. Toute personne qui ne se sent pas bien après avoir été en contact avec une bête malade doit consulter un médecin (Gillespie, 1997).

L’AVICULTURE ET LA PRODUCTION D’ŒUFS

Steven W. Lenhart

La production à la ferme d’oiseaux pesant jusqu’à 18 kg ne vise pas seulement les oiseaux domestiques tels que les poules, les dindes, les canards, les oies et les pintades, mais aussi des espèces de gibier à plumes comme les perdrix, les cailles, les coqs de bruyère et les faisans. Si certains de ces oiseaux sont élevés en plein air, l’essentiel de la production commerciale de volailles et d’œufs a lieu dans des installations spécialement conçues à cet effet. Certains oiseaux de grande taille, dont le poids est compris entre 40 et 140 kg, tels que les casoars, les nandous, les émeus et les autruches, sont également élevés à la ferme pour leur chair, les œufs, le cuir, les plumes et la matière grasse. Toutefois, en raison de leur grande taille, la plupart de ces oiseaux, qui appartiennent à la sous-classe des ratites, sont généralement élevés en plein air, dans des enclos avec abris.

Les poulets et les dindes viennent en tête de la production de volailles dans le monde. Les éleveurs des Etats-Unis produisent chaque année un tiers des poulets du monde, soit davantage que la production combinée des six autres grands pays producteurs (Brésil, Chine, Espagne, France, Japon et Royaume-Uni). De même, plus de la moitié de la production mondiale de dinde se fait aux Etats-Unis, suivis de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et du Royaume-Uni.

Si, aux Etats-Unis, la production commerciale de poulets remonte à 1880, ce n’est que vers les années cinquante que celle de volailles et d’œufs est devenue une véritable industrie. En 1900, à 16 semaines, un poulet pesait à peine 1 kg. Avant l’apparition des élevages industriels de volailles, les poulets de consommation étaient une denrée saisonnière, particulièrement abondante au début de l’été. Les progrès de la sélection génétique, l’amélioration du taux de conversion alimentaire, des techniques d’abattage et de commercialisation, une meilleure hygiène dans les élevages et la lutte contre les maladies ont contribué à l’essor de l’industrie volaillère. La mise au point de la vitamine D de synthèse a aussi joué un rôle important. Toutes ces améliorations ont permis de produire des volailles toute l’année, de raccourcir les périodes de production et de porter le nombre de volailles dans les élevages de quelques centaines à plusieurs milliers. La production de poulets de chair (poulets de 7 semaines pesant environ 2 kg) a connu un accroissement spectaculaire aux Etats-Unis, passant de 143 millions de poulets en 1940 à 631 millions en 1950 et à 1,8 milliard en 1960 (Nesheim, Austic et Card, 1979). Les éleveurs américains ont produit en 1996 environ 7,6 milliards de poulets de chair (US Department of Agriculture (USDA), 1997).

La production d’œufs a suivi la même courbe que celle des poulets. Au début du XXe siècle, une poule pondeuse produisait chaque année environ 30 œufs, au printemps pour l’essentiel. Aujourd’hui, la moyenne annuelle par pondeuse est de plus de 250 œufs.

L’élevage des ratites concerne principalement l’autruche d’Afrique, l’émeu et le casoar d’Australie et le nandou d’Amérique du Sud (voir figures 70.6 et 70.7). L’élevage des ratites a commencé en Afrique du Sud à la fin des années mille huit cent quatre-vingt pour répondre à la demande des maisons de mode qui réclamaient des plumes d’aile et de queue d’autruche. Si les plumes d’autruche n’ornent plus les chapeaux et les vêtements, la production commerciale ne s’en poursuit pas moins en Afrique du Sud comme dans d’autres pays d’Afrique tels que la Namibie, le Zimbabwe et le Kenya. On trouve également des élevages de ratites en Allemagne, en Australie, en Chine, aux Etats-Unis, en Italie et au Royaume-Uni. La chair de ces oiseaux est de plus en plus appréciée, car il s’agit d’une viande rouge qui rappelle le bœuf par son goût et sa texture, mais qui contient beaucoup moins de graisses totales saturées.

Figure 70.6 Vue d'un élevage commercial d'autruches de 3 à 6 semaines

Figure 70.6

Figure 70.7 Elevage commercial d'émeus de 12 mois

Figure 70.7

Les élevages de volailles en poulailler industriel

Aux Etats-Unis, l’élevage type se présente sous la forme d’un bâtiment long (60 à 150 m) et étroit (9 à 15 m) à un seul étage, sur sol en terre battue recouvert d’une litière qui peut être constituée d’une couche de copeaux, de tourbe ou de sciure. De grandes portes flanquent chaque extrémité du bâtiment et des rideaux à mi-hauteur courent latéralement tout le long de l’édifice. Placés juste au-dessus du sol, abreuvoirs et nourrisseurs automatiques sont alignés sur toute la longueur du bâtiment. De grands ventilateurs, de plus de 1 m de diamètre, brassent continuellement l’air pour le confort des volailles. Chaque jour, l’éleveur nettoie et assainit les locaux, veille à ce que les volailles soient régulièrement alimentées et abreuvées, enlève et élimine les volailles mortes.

Abreuvoirs et nourrisseurs sont placés de 2,5 à 3 m au-dessus du sol lorsque les volailles approchent de l’âge de l’abattage afin de faciliter la tâche du personnel chargé de venir les prendre pour les transporter à l’abattoir. Les poulets sont généralement ramassés à la main. Chaque membre de l’équipe de ramassage doit se baisser ou s’accroupir pour saisir plusieurs volailles à la fois et les placer dans des cageots, des cagettes ou des caisses à claire-voie. Lorsque le travail se fait par poste, chaque travailleur doit répéter l’opération plusieurs centaines de fois par jour pendant son service (voir figure 70.8). S’agissant des autres espèces de volailles (par exemple, les canards et les dindes), les employés les conduisent en troupeau jusqu’à une zone d’enlèvement. Dans le cas des dindes, ils brandissent des bâtons auxquels ils ont attaché des sacs rouges pour séparer du troupeau plusieurs volailles à la fois et les pousser dans un enclos proche des bâtiments d’élevage (voir figure 70.9).

Figure 70.8 Ramasseurs de volaille en train de mettre des poulets de chair dans
des cages pour les livrer à l'abattoir

Figure 70.8

Figure 70.9 Ramasseurs de dindes séparant les volailles d'un troupeau et les
poussant dans un parc d'attente

Figure 70.9

Suivant le type de volaille, la configuration des bâtiments peut s’écarter de cette description générale. Dans le cas de la production commerciale d’œufs, les poules pondeuses sont traditionnellement placées dans des cages disposées en rangées parallèles. En Suède, à l’élevage de poules pondeuses en cases grillagées, interdit à partir de 1999, a succédé un mode d’exploitation au sol sur litière (voir figure 70.10). Les bâtiments abritant des élevages de volailles peuvent aussi différer par leurs sols qui ne sont pas toujours recouverts de litière, mais parfois de planchers à claire-voie ou en grillage plastifié posés au-dessus de fosses à fumier ou à lisier. En Europe occidentale, où les bâtiments sont généralement plus petits qu’aux Etats-Unis, les constructions sont en parpaings et les sols cimentés pour faciliter l’enlèvement des litières; en outre, après chaque cycle de production, on procède à l’enlèvement de toutes les litières et à la décontamination des locaux.

Figure 70.10 Système d'élevage de pondeuses au sol

Figure 70.10

Les risques pour la santé

Le développement de l’industrie avicole entraîne une augmentation des risques pour la sécurité et la santé des éleveurs de volailles, des membres de leur famille (y compris les enfants) et des personnes employées dans les poulaillers. L’éleveur de volailles doit être présent sept jours sur sept. En conséquence, contrairement à ce qui se passe dans la plupart des professions, l’exposition aux contaminants se prolonge plusieurs jours de suite. C’est seulement pendant la période séparant deux cycles de production (temps de pause qui, parfois, n’atteint pas même deux jours) que l’éleveur cesse d’être exposé. L’air d’un poulailler peut contenir des gaz divers: de l’ammoniac (provenant des litières), du monoxyde de carbone (s’échappant des appareils de chauffage à gaz mal ventilés) et du sulfure d’hydrogène (dégagé par le lisier). En outre, des particules de poussières d’origine organique ou agricole sont aérosolisées à partir des litières qui contiennent divers contaminants, notamment excréments, plumes et squames, poussières d’aliments, insectes (scarabées et mouches), acariens, micro-organismes (viraux, bactériens et fongiques), endotoxines bactériennes et histamine. L’air des élevages de volailles est souvent très poussiéreux et quiconque y pénètre pour la première fois peut être incommodé (jusqu’à la suffocation) par les relents de fumier et l’odeur piquante de l’ammoniac. Pourtant, il semblerait que les aviculteurs finissent par s’y accoutumer.

Exposés de façon permanente à cette atmosphère confinée, l’éleveur qui ne se protège pas risque de contracter des affections respiratoires telles que la rhinite allergique, la bronchite, l’asthme, la pneumopathie immunologique, l’alvéolite allergique ou encore le syndrome toxique dû aux poussières organiques. Au nombre des symptômes respiratoires aigus et chroniques qui se manifestent figurent la toux, le sifflement respiratoire, l’hypersécrétion de mucus, l’essoufflement, des douleurs et une constriction thoraciques. Selon le bilan de la fonction pulmonaire, l’éleveur n’est pas seulement exposé au risque de maladies obstructives chroniques telles que la bronchite chronique et l’asthme, mais également à celui de maladies restrictives comme la pneumopathie par hypersensibilité chronique. Outre les symptômes respiratoires, on en rencontre couramment d’autres, notamment irritation des yeux, nausées, migraines et fièvre. Sur la quarantaine de zoonoses intéressant le monde agricole, six (infection à Mycobacterium avium , érysipéloïde, listériose, conjonctivite de Newcastle, psittacose et dermatomycose) visent plus particulièrement les éleveurs de volailles, même s’ils ne les contractent qu’assez rarement. Parmi les maladies infectieuses apparentées, mais non classées dans les zoonoses et qui présentent un caractère préoccupant, il faut citer la candidose, les infections à staphylocoques, la salmonellose, l’aspergillose, l’histoplasmose et la cryptococcose.

A tous ces risques s’ajoutent encore pour les travailleurs des élevages avicoles un certain nombre de problèmes de santé qui n’ont pas encore été étudiés ou qui restent à élucider. C’est ainsi qu’il existe une véritable dermite des ramasseurs de poulets, siégeant principalement aux mains, aux avant-bras et à l’intérieur des cuisses. Les aspects ergonomiques de ce type de travail font quant à eux l’objet d’études. La pénibilité de la tâche consistant, au cours d’un poste, à se baisser pour ramasser des milliers de volailles et à porter 8 à 15 poulets à la fois (dont chacun pèse entre 1,8 et 2,3 kg) ne fait aucun doute. On ne sait pas encore de quelle manière ces gestes répétés peuvent affecter le dos et les extrémités supérieures des ramasseurs. On ne connaît pas bien non plus les effets des facteurs psychosociaux associés à la vie à la ferme sur les aviculteurs et leur famille, mais nombreux sont ceux qui font état d’un véritable stress professionnel. Un autre problème important, qui n’a guère été étudié jusqu’ici, concerne les répercussions du métier exercé par les éleveurs de volailles sur la santé de leurs enfants.

Les mesures de protection de l’état de santé de l’appareil respiratoire

La meilleure façon de protéger les travailleurs de toute exposition consiste à capter les contaminants potentiels à la source, avant même qu’ils pénètrent dans l’atmosphère. Dans la plupart des bâtiments industriels, des moyens de prévention technique peuvent être mis en place pour maintenir les contaminants à des niveaux inoffensifs. Le port d’un appareil de protection respiratoire n’est qu’un pis-aller qui ne doit être préconisé qu’en dernier recours (impossibilité technique ou pratique de mise en place de ces dispositifs ou pendant leur installation ou leur réparation). Il faut toutefois reconnaître que cette solution reste, à l’heure actuelle, la plus commode et la plus facile à appliquer pour atténuer les risques liés à l’inhalation des contaminants en suspension dans l’air. Dans les bâtiments d’élevage, les systèmes de ventilation ont d’abord et avant tout été installés non pas pour minimiser l’exposition du personnel, mais pour d’autres raisons. Les recherches se poursuivent pour mettre au point des systèmes de ventilation capables de réduire cette contamination.

Tous les appareils de protection respiratoire ne garantissent pas le même niveau de protection et le choix du modèle pour un élevage de volailles industriel est fait en fonction de facteurs qui, en milieu agricole, sont déterminants pour les concentrations de poussières et d’ammoniac dans l’air: âge des poulets, ancienneté et état des litières, type d’abreuvoir et position des rideaux latéraux (ouverts ou fermés). C’est au cours du ramassage des volailles que l’empoussièrement est le plus fort, au point, parfois, que l’on ne voit plus d’un bout à l’autre du bâtiment. Compte tenu des taux d’endotoxines bactériennes relevés lors de mesurages effectués pendant les opérations de ramassage, il est recommandé aux travailleurs de prendre au moins la précaution de porter un masque couvrant tout le visage et équipé d’un filtre à haut rendement.

En cas de concentration élevée d’ammoniac, il existe des cartouches combinées qui filtrent à la fois le gaz et les particules. Il pourrait être cependant plus judicieux de porter un appareil de protection respiratoire autonome à adduction d’air filtré, plus coûteux, doté de filtres à haut rendement et couvrant tout le visage. Ces dispositifs présentent l’avantage de filtrer l’air en continu et donc de faciliter la respiration. Les masques filtrants à moteur, avec cagoule, sont particulièrement intéressants pour les barbus. Des dispositifs plus sommaires (assurant une protection moindre que les modèles couvrant tout le visage ou les modèles à purification d’air) peuvent suffire dans certaines situations. On ne saurait faire de compromis sur le niveau de protection; en tout état de cause, on n’optera pour un demi-masque jetable qu’après avoir établi un bilan complet de la situation (prise de toutes les mesures nécessaires relatives à l’environnement et suivi médical) montrant que le recours à un équipement moins complexe suffit à ramener l’exposition à des niveaux acceptables. L’exposition répétée des yeux à la poussière des élevages de volailles accroît le risque de lésions et de maladies oculaires. Les couvre-face complets et les masques avec cagoule ont l’avantage de protéger aussi les yeux. Les travailleurs des élevages avicoles qui optent pour des demi-masques doivent en outre porter des lunettes de protection.

Pour être pleinement efficace, le masque, quel qu’en soit le modèle, doit être utilisé dans le cadre d’un programme complet de protection respiratoire. S’il est vrai que les éleveurs de volailles sont exposés à des risques d’inhalation où le port du masque peut s’avérer utile, il semble toutefois prématuré d’exiger que la plupart d’entre eux bénéficient individuellement d’un programme de protection respiratoire. La mise en place de tels programmes au niveau régional ou local auxquels les aviculteurs seraient associés permettrait de remédier à cette difficulté.

Les fosses à lisier doivent être considérées comme des espaces confinés. Si on doit absolument y pénétrer, il faut tester l’air et bien ventiler la fosse en cas de déficit d’oxygène ou de présence de gaz ou de vapeurs à des niveaux toxiques. Il serait également plus sûr d’imposer le port d’un appareil de protection respiratoire afin de pouvoir y descendre sans risque. Enfin, il pourrait être nécessaire de demander expressément à d’autres travailleurs de demeurer à proximité de ceux qui interviennent et de se tenir prêts à leur porter secours.

Les risques en matière de sécurité

Tous les appareils non protégés (chaînes, entraînements, treuils, courroies et poulies de ventilateur, nourrisseurs automatiques, etc.) constituent un risque dans les opérations de production de volailles et d’œufs. Les volailles de grande taille sont également dangereuses, car elles peuvent infliger des égratignures, des coups de bec, voire des morsures. Ainsi, en période de reproduction et en cas de menace, l’autruche mâle fait tout pour protéger son nid et n’hésite pas, pour le défendre, à donner des coups de patte. L’autruche est d’autant plus dangereuse qu’elle a des ongles très coupants.

Les risques électriques dus à des appareils mal mis à la terre ou non résistants à la corrosion peuvent être cause d’électrocution, de chocs électriques non mortels ou d’incendie. La poussière des élevages peut s’enflammer et les aviculteurs ne sont pas avares d’anecdotes relatant des explosions par aérosolisation de poussières accumulées à l’intérieur d’appareils de chauffage au gaz, alors qu’ils étaient occupés à des tâches d’entretien. Des chercheurs du Bureau américain des mines (US Bureau of Mines) ont procédé à des essais d’explosibilité des poussières agricoles. Ils ont établi que, si elle est aérosolisée dans une chambre d’essai de 20 l et mise à feu, la poussière recueillie sur les appareils de chauffage et les rebords des fenêtres des bâtiments d’élevage est affectée d’un coefficient minimal d’explosibilité de 170 g/m3. En revanche, les prélèvements tamisés de litière d’élevage de volailles ne s’enflamment pas. A titre de comparaison, le coefficient minimal d’explosibilité de la poussière de céréales, évalué dans les mêmes conditions de laboratoire, est de 100 g/m3.

Les mesures de sécurité

Un certain nombre de précautions permettent de réduire les risques liés à l’aviculture. Les parties mobiles de tous les appareils devraient être munies de carters de protection et les ventilateurs d’un grillage. Le port de gants devrait être obligatoire pour toutes les tâches comportant un contact avec les volailles. Il conviendrait de respecter des règles d’hygiène très strictes et toute blessure, même légère, causée par les appareils ou la volaille, devrait être traitée sur-le-champ pour prévenir l’infection. Toute personne qui s’approche d’un ratite doit l’aborder par le côté ou par l’arrière pour éviter de recevoir un coup de patte. L’entretien de l’équipement électrique doit s’effectuer en observant les précautions d’usage. Les éleveurs doivent essuyer régulièrement la poussière accumulée sur les surfaces planes, sans oublier que, en de rares occasions, une explosion peut se produire lorsque de fortes concentrations de poussières accumulées s’aérosolisent et s’enflamment à l’intérieur d’un espace clos au moindre contact.

Ramassage, transport et abattage des volailles

Les ramasseurs de volailles sont particulièrement exposés aux accidents dorsalgiques et aux troubles respiratoires. Aux Etats-Unis, de nombreux aviculteurs sous-traitent le ramassage des poulets. Comme ils font appel à une main-d’œuvre saisonnière et occasionnelle, on ne dispose pas de statistiques concernant les accidents ou l’absentéisme. Généralement, les équipes de ramasseurs sont conduites à bord de camions de la société jusqu’aux élevages. On leur donne (ou on leur vend) alors des masques ainsi que des gants de coton jetables. L’entreprise vérifie que les travailleurs portent effectivement leur protection respiratoire, qu’ils ont été reconnus médicalement aptes et ont reçu la formation appropriée.

Chaque membre de l’équipe de ramassage doit se baisser et saisir les uns après les autres les poulets en train de se débattre, quand on ne lui demande pas d’en attraper plusieurs à la fois. Les volailles sont placées sur des plateaux ou dans des tiroirs d’un module à plusieurs clayettes. Le module est chargé sur une remorque à plateau au moyen d’un chariot élévateur à fourche, tous deux propriété de la société. L’opérateur du chariot élévateur à fourche est soit le conducteur du camion, soit le chef d’équipe du sous-traitant. Dans un cas comme dans l’autre, il faut s’assurer qu’il a reçu une formation à la conduite et que le chariot fonctionne bien. On attend des membres des équipes de ramassage qu’elles aient deux qualités: rapidité d’exécution et bonne coordination.

De nouvelles méthodes de ramassage et de chargement ont été expérimentées aux Etats-Unis. L’une d’elles se compose d’un mécanisme, doté de bras animés d’un mouvement de balayage vers l’intérieur, destiné à guider les poulets en direction d’un système d’aspiration. Les tentatives d’automatisation visant à réduire le stress physique et le risque d’exposition respiratoire sont encore loin d’être au point. Seuls les élevages de volailles industriels les plus importants et les plus rentables ont les moyens financiers d’acquérir et d’entretenir ce type de matériel.

La température corporelle normale d’un poulet est de 42,2 °C. En conséquence, le taux de mortalité augmente l’hiver et dans les régions où les étés sont à la fois chauds et humides. En été, comme en hiver, le troupeau doit être transporté aussi rapidement que possible jusqu’aux abattoirs. L’été, avant l’abattage, les chargements placés sur les remorques doivent être abrités du soleil et refroidis au moyen de ventilateurs. Il arrive alors souvent que de la poussière, des excréments séchés et du duvet soient dispersés dans l’air.

L’abattage et le conditionnement des poulets doivent se faire dans des conditions d’hygiène rigoureuses. Les sols doivent être lavés régulièrement à grande eau et les débris, les déchets et le gras enlevés. Les bandes transporteuses et l’ensemble des appareils doivent être accessibles, lavés à grande eau et désinfectés. On doit empêcher la formation de buée sur les plafonds et les installations situés au-dessus des poulets. Ces surfaces doivent être soigneusement essuyées au moyen de balais-éponges à long manche.

Dans la plupart des zones de transformation des établissements d’abattage, le bruit est très intense. Des ventilateurs à lame radiale non protégés, placés en position haute, y assurent la circulation de l’air. Pour des raisons d’hygiène, il n’est pas possible d’installer des systèmes d’atténuation du bruit. Un programme approprié et bien organisé de protection de l’ouïe s’impose donc. Des audiogrammes devraient être pratiqués à l’embauche (suivis d’examens périodiques); des contrôles dosimétriques réguliers doivent être réalisés pour surveiller les niveaux d’exposition. En fonctionnement, le matériel doit être le moins bruyant possible.

On doit s’attacher tout particulièrement à l’éducation et à la formation du personnel. Il doit être parfaitement informé des risques que l’exposition au bruit lui fait encourir et apprendre à porter correctement les protections auditives.

Tony Ashdown

LES CHEVAUX ET AUTRES ÉQUIDÉS

Lynn Barroby

Le cheval appartient à la famille des équidés dont l’âne, issu de l’âne sauvage d’Afrique, fait également partie. Les historiens pensent que la domestication du cheval a commencé vers 6000 avant J.-C. et celle de l’âne dès 2600 avant J.-C. au moins. Le mulet, que l’on élève pour le travail, est le produit du croisement entre un âne mâle (baudet) et une jument. Le mulet est infécond. Le produit du croisement entre un cheval mâle (étalon) et une ânesse est le bardot, également stérile. Les chevaux et les ânes ont également été croisés avec un autre équidé, le zèbre; les produits de ces croisements sont collectivement dénommés zébroïdes. Les zébroïdes sont eux aussi inféconds et ne revêtent guère d’importance économique (Caras, 1996).

Les utilisations

Sur les 10 millions de chevaux que comptent les Etats-Unis, environ 75% servent à l’équitation de loisir. Parmi les autres utilisations figurent les courses de chevaux, l’élevage et la reproduction, et les épreuves équestres. Le cheval est engagé dans des courses, des concours de saut d’obstacles (CSO), des rodéos et bien d’autres manifestations.

Les trois principaux types d’entreprises qui se consacrent aux chevaux sont les haras, les écuries et les manèges. Les haras élèvent des juments dont ils vendent les poulains. Les écuries se spécialisent dans l’entraînement des chevaux de course ou la préparation des chevaux de concours. Enfin, certains manèges prennent en pension les chevaux de leurs clients qui n’ont pas d’installations adéquates. Ces trois types d’activités font appel à une main-d’œuvre nombreuse.

La reproduction des chevaux revêt un caractère de plus en plus scientifique. La monte en liberté, qui était autrefois la règle, est davantage contrôlée, dans des sites spécifiques (aires ou enclos de monte). Même si l’on pratique l’insémination artificielle, il est plus courant que les juments soient amenées à l’étalon pour la saillie. La jument est examinée par le vétérinaire et, pendant la saillie, des spécialistes s’occupent de l’étalon et de la jument.

Lorsqu’elle a pouliné, la jument nourrit son poulain jusqu’à quatre à sept mois; une fois sevré, celui-ci est séparé de sa mère. Certains poulains qui ne sont pas destinés à la reproduction peuvent être castrés dès le dixième mois. Les chevaux castrés portent le nom de hongres.

Lorsqu’un cheval de course atteint deux ans, des entraîneurs professionnels et des cavaliers se chargent de le débourrer. Il s’agit d’accoutumer progressivement le cheval au contact de l’humain, au harnachement (selle, bride, filet) et, finalement, à la monte. Les chevaux destinés au trot attelé et les lourds chevaux de trait sont débourrés vers l’âge de deux ans; quant aux chevaux de ranch, ils sont débourrés un peu plus tard, vers trois ans, de façon parfois un peu plus brutale.

Aux courses, le palefrenier conduit le cheval à la sellerie où il est sellé par l’entraîneur et son aide, puis monté par le jockey. Le cheval est conduit par un poney et son cavalier puis, après l’échauffement, il est présenté sur la ligne de départ. Les chevaux de course peuvent se montrer très nerveux, et il arrive que le bruit de la course les excite et les effraie. Le palefrenier conduit le cheval vainqueur dans le local où l’on procède aux prélèvements de sang et d’urine. Il appartient ensuite au palefrenier de détendre le cheval en le douchant, en le promenant et en lui donnant un peu d’eau.

Le palefrenier qui s’occupe d’un cheval de course doit le panser et le doucher, le seller lorsque l’entraîneur veut le monter, poser s’il y a lieu les bandes ou les protège-boulets, nettoyer la stalle (appelée aussi box) et changer la litière faite de paille, de copeaux, de mousse de tourbe, de coques d’arachides, de journaux déchiquetés ou même de balles de riz. C’est le palefrenier qui est chargé de promener le cheval, mais on utilise parfois un marcheur ou une longe mécanique. Responsable de l’affouragement et de l’hygiène du cheval, le palefrenier lui donne du foin, des granulés et de l’eau, ratisse et balaie, lave ses couvertures et enlève le crottin à la brouette. C’est encore le palefrenier qui tient le cheval lors de la visite du vétérinaire ou du maréchal-ferrant. Tous les chevaux reçoivent des traitements antiparasitaires; leurs sabots font l’objet de soins (graisse ou goudron) et leurs dents sont limées.

Dans la majorité des cas, les chevaux de course sont à l’écurie; on les sort chaque jour pour leur faire faire de l’exercice. Cependant, les poulains, les pouliches et les chevaux de club sont généralement rentrés à l’écurie pour la nuit et sortis pendant la journée, tandis que d’autres restent en permanence à l’extérieur, dans des enclos ou au pâturage, avec des abris en cas d’intempéries. Les chevaux de course à l’entraînement sont nourris trois à quatre fois par jour, alors que les chevaux de concours et les reproducteurs ne le sont que deux fois. Les chevaux élevés en liberté ou au ranch ne sont nourris qu’une fois par jour, selon les disponibilités en herbages.

Les chevaux sont transportés d’un endroit à un autre pour diverses raisons: concours, courses, reproduction, ou pistes et lieux de randonnée pour l’équitation de loisir. La plupart du temps, on se sert de camionnettes ou de fourgonnettes (appelées vans); dans le cas de manifestations hippiques importantes, le transport peut aussi se faire par rail ou par avion.

Les risques et les précautions

Toute personne qui soigne les chevaux s’expose à un certain nombre de risques. Le métier de palefrenier, en particulier, est pénible. Il exige de manier à la fourche de grandes quantités de fumier, de déplacer des bottes de foin et de paille de 25 à 50 kg ou de s’occuper de chevaux parfois difficiles. S’ils sont surpris ou menacés, les chevaux peuvent ruer; on évitera par conséquent de passer derrière un cheval. Un cheval qui a peur peut se cabrer et écraser le pied de celui qui s’en occupe; la chose peut également se produire accidentellement. Il existe plusieurs moyens de contention des chevaux rétifs, tels qu’une chaîne passée sur le chanfrein ou le caveçon. Le transport éprouve considérablement les chevaux qui risquent de se blesser et de blesser leurs soigneurs.

Le palefrenier est exposé aux poussières dégagées par le foin, les céréales ou les litières, aux moisissures, aux squames des chevaux et à l’ammoniaque des urines. Il peut se protéger en portant un masque. Les palefreniers doivent souvent traiter les membres des chevaux, parfois avec des crèmes ou des baumes pouvant contenir des substances chimiques dangereuses. Le port de gants est recommandé. Certains produits d’entretien des articles de sellerie (longes, selles) contiennent des solvants dangereux; il faut donc les appliquer dans un endroit bien ventilé et se protéger la peau. Les coupures peuvent être la cause de graves infections telles que le tétanos ou la septicémie. Il faut s’assurer que les rappels antitétaniques sont bien à jour, surtout en raison de l’exposition au fumier.

Le maréchal-ferrant peut se blesser en ferrant un cheval. Il appartient au palefrenier de tenir le cheval pour l’empêcher de ruer ou de retirer le pied et de déstabiliser le maréchal-ferrant qui pourrait alors se donner un tour de rein ou se couper avec le fer et les clous.

Pour effectuer les prélèvements nécessaires aux contrôles antidopage, le technicien doit se rendre dans une stalle où il fait face à un cheval ombrageux ou nerveux qui n’est pas attaché et qu’il ne connaît pas. Il (ou elle) tient une cravache (et un récipient pour l’urine) qui peut effrayer le cheval.

Le port d’une bonne paire de bottes de cheval (ou de bottines avec chaps) et du casque ou de la bombe est indispensable lors-qu’on pratique l’équitation. Le cavalier qui s’adonne à la course, au saut d’obstacles, au rodéo, ou qui entraîne des poneys ou des chevaux de course, devrait porter un gilet protecteur. En effet, il y a toujours le risque d’être désarçonné par un cheval qui bronche ou qui fait une chute.

Les chevaux entiers sont souvent imprévisibles, extrêmement puissants et capables de mordre ou de ruer méchamment. Les poulinières défendent vigoureusement leurs poulains et sont prêtes à combattre si on les menace. Les étalons sont mis seuls dans des enclos à barrières très hautes, tandis que les juments et leurs produits restent en groupe et obéissent à leur propre hiérarchie. Des chevaux qui essaient d’échapper à un cheval dominant, ou un groupe de poulains en train de jouer, peuvent très bien renverser une personne qui se trouve sur leur chemin. Les poulains qu’on vient de sevrer, ainsi que les chevaux d’un et de deux ans, peuvent mordre et pincer.

Certains médicaments (les hormones, par exemple) utilisés en élevage sont administrés par voie orale et peuvent être nocifs pour les humains. Le port de gants est recommandé. Les blessures par piqûre d’aiguille constituent aussi un risque. De bons moyens de contention, y compris les entraves, peuvent être employés pour maîtriser l’animal pendant l’administration de médicaments. L’utilisation trop libérale de pulvérisations locales et, dans les écuries, de systèmes automatiques de pulvérisation pour se débarrasser des mouches, présente un risque non négligeable. Les insecticides doivent être utilisés avec modération; dans tous les cas, il faut lire attentivement les étiquettes et suivre scrupuleusement le mode d’emploi.

Plusieurs zoonoses peuvent se transmettre du cheval à l’humain, notamment des infections cutanées par contact avec des sécrétions infectées. Les morsures de cheval peuvent être à l’origine de certaines infections bactériennes. Voir au tableau 70.19 la liste des zoonoses transmissibles par les équidés.

Tableau 70.19 Zoonoses associées aux chevaux

Maladies virales

Rage (extrêmement rare)
Encéphalomyélite équine orientale, occidentale et divers sous-types vénézuéliens
Stomatite vésiculaire
Grippe équine
Maladie équine à morbillvirus (observée pour la première fois en Australie en 1994)

Mycoses

Teigne (dermatomycoses)

Zoonoses parasitaires

Trichinose (fortes poussées épidémiques en France et en Italie dans les années soixante-dix et quatre-vingt)
Hydatidose (échinococcose) (très rare)

Maladies bactériennes

Salmonellose
Morve (aujourd’hui très rare, limitée au Moyen-Orient et à l’Asie)
Brucellose (rare)
Charbon
Leptospirose (relativement rare, la contamination humaine directe n’est pas prouvée)
Mélioïdose (poussées épidémiques en France dans les années soixante-dix et quatre-vingt; la transmission directe n’est pas attestée)
Tuberculose (très rare)
Pasteurellose
Actinobacillus lignieresii, A., A. suis (soupçonné dans la transmission de la maladie de Lyme, Belgique)

LES ANIMAUX DE TRAIT EN ASIE

D.D. Joshi

Partout dans le monde, les animaux d’élevage simplifient considérablement la vie des petits exploitants, des nomades et des bûcherons tout en contribuant au rendement de l’exploitation, au revenu, à l’emploi et à l’alimentation. Cette contribution des animaux d’élevage est appelée à s’accroître. En effet, la population mondiale, de 6 milliards en 1999, pourrait atteindre 10 milliards d’ici à la fin du siècle prochain. Pendant la même période, la population de l’Asie devrait doubler. La demande de nourriture connaîtra une augmentation plus forte encore, en raison de l’élévation du niveau de vie. Cette évolution s’accompagnera de la nécessité de disposer des moyens de traction suffisants pour produire ce supplément de vivres. Selon Ramaswami et Narasimhan (1982), 2 milliards d’habitants des pays en développement sont tributaires des animaux de trait pour l’exploitation agricole et le transport en milieu rural. Les moyens de traction font cruellement défaut à l’époque des semis et restent insuffisants tout au long de l’année pour les autres utilisations. Dans un avenir prévisible, la traction animale restera une importante source d’énergie en agriculture et pourrait même constituer la principale entrave à l’accroissement de la production agricole dans les régions où elle fait défaut.

Ce sont les animaux de trait qui, les premiers, sont venus compléter l’énergie humaine dans l’agriculture, la traction mécanique ne faisant son apparition qu’au XIXe siècle. La proportion d’exploitants agricoles tributaires des animaux de trait est plus élevée en Asie qu’en aucune autre région du monde, les propriétaires de la plus grande partie de ce cheptel étant des agriculteurs aux ressources limitées qui ne cultivent que de petites superficies. Dans la plupart des régions d’Asie, la traction animale est fournie par les bœufs, les zébus, les buffles et les chameaux. Parce qu’ils sont particulièrement bien adaptés à ce type de travail et qu’ils se nourrissent de déchets, les bœufs resteront longtemps la principale source de traction animale. L’éléphant est également utilisé dans certaines régions.

La production

Les trois grandes sources d’énergie utilisées en agriculture dans les pays d’Asie sont l’être humain, la mécanique et l’animal. Dans les pays en développement, l’être humain est le principal intervenant lorsqu’il s’agit de biner, désherber, repiquer le riz, semer à la volée ou moissonner. Le machinisme agricole, très polyvalent, peut être employé pour la quasi-totalité des cultures, l’intensité de cette utilisation pouvant être extrêmement variable d’un pays en développement à l’autre (Khan, 1983). La traction animale est généralement utilisée pour les labours et les charrois, ainsi que pour actionner un certain nombre de machines hydrauliques comme les norias. La vache de trait est un animal à usages multiples, qui fournit de l’énergie, du lait, de la bouse, des veaux et de la viande. La puissance normale de trait de divers animaux est indiquée au tableau 70.20.

Tableau 70.20 Puissance de trait de différents animaux dans des conditions normales

Animaux

Poids (kg)

Traction approximative (kg)

Vitesse de travail moyenne (min/sec)

Puissance développée (kW)

Chevaux (trait léger)

400-700

60-80

1,0

0,75

Bœufs

500-900

60-80

0,6-0,85

0,56

Buffles

400-900

50-80

0,8-0,90

0,56

Vaches

400-600

50-60

0,7

0,34

Mulets

350-500

50-60

0,9-1,0

0,52

Anes

200-300

30-40

0,7

0,26

Source: Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 1966.

Si l’on veut tirer le meilleur parti de la puissance des animaux de trait, il y a lieu de prendre en considération le fait que pour pouvoir rembourser l’emprunt nécessaire à l’achat d’une paire de bœufs, les nourrir et en tirer un revenu suffisant afin d’assurer leur subsistance, les paysans sans terre doivent impérativement les faire travailler six heures par jour.

La gestion

La ration quotidienne des animaux de trait varie selon l’époque de l’année. Les bovins et les buffles de trait sont nourris en stabulation permanente (tout au long de l’année) par affouragement, et ne sont à peu près jamais envoyés au pâturage. La paille de riz est donnée tout au long de l’année, à raison, en fonction des préférences de l’agriculteur, d’une ration de 8 à 10 kg par jour ou selon les besoins. D’autres résidus de récolte tels que balles de riz, paille de légumineuses et verts de canne à sucre sont donnés aux animaux quand on en dispose. En plus de ces résidus de récolte, l’herbe coupée en vert ou broutée au bord des chemins ou des cours d’eau est consommée à la saison des pluies (avril à novembre) à raison de 5 à 7 kg par jour, la ration pouvant être portée à 10 kg par jour pendant les gros travaux.

L’alimentation des animaux de trait est habituellement complétée par de petites quantités de concentrés de sous-produits tels que le son, les tourteaux d’oléagineux, les légumineuses, les balles de riz et la mélasse. Ces concentrés sont généralement administrés à ces mêmes animaux sous forme liquide, mélangés au reste de l’alimentation. La nature et les quantités des ingrédients varient selon la tâche à accomplir par l’animal, la zone géographique, les préférences de l’agriculteur et ses possibilités. A l’époque des gros travaux, on augmente les quantités de concentrés pour les réduire durant la mousson, époque de travaux peu pénibles.

Les ingrédients des aliments pour animaux sont aussi choisis par les cultivateurs en fonction des disponibilités, du prix, ainsi que de leur valeur nutritive supposée. Par exemple, au cours de la saison des gros travaux, qui va de novembre à juin, les rations quotidiennes pourraient s’établir comme suit: 200 g de tourteau de graines de moutarde avec 100 g (poids sec) de riz bouilli; 750 mg de tourteau de graines de moutarde, 100 g de riz bouilli et 750 mg de mélasse; ou encore 2 kg au total, à parts égales, de tourteau de sésame, de polissure de riz, de son de blé et de riz bouilli, avec du sel. Au cours de cette période, lors des jours effectivement ouvrés (163 jours), les animaux reçoivent en plus 50% de ces mêmes rations. Si les animaux, ce qui n’est pas toujours le cas, reçoivent des concentrés pendant la saison morte, la ration est comprise entre 250 et 500 g.

Les animaux de trait en Australie

Le continent australien a été colonisé par les Européens dès 1788. Les premiers navires ont débarqué du bétail, mais les animaux se sont aussitôt échappés dans la forêt. A l’époque, les labours et autres préparations des sols se faisaient à la charrue attelée de bœufs, tandis que les travaux légers étaient effectués par les bœufs et les chevaux. Le char à bœufs devait rester en Australie le moyen de locomotion le plus courant jusqu’à ce que la ruée vers l’or entraîne à partir de 1851 l’ouverture de routes et de voies de chemins de fer.

En Australie, le chameau et l’âne servent également d’animaux de trait et si le mulet a parfois été utilisé à cette fin, l’usage ne s’en est jamais véritablement répandu dans le pays (Auty, 1983).

La traction animale au Bangladesh

Au Bangladesh, les animaux d’élevage jouent un rôle absolument vital dans l’économie puisqu’ils fournissent à la fois la traction et le lait et assurent 6,5% du produit intérieur brut (PIB) (Khan, 1983). Sur 22 millions de têtes de bétail, 90% servent à la traction et au transport et 8,2 millions de cette catégorie sont à deux usages, assurant à la fois la traction et des produits alimentaires tels que le lait et la viande (encore qu’en quantités minimes) pour la consommation des ménages et le commerce. Si l’on ajoute la valeur énergétique fournie par la traction et la bouse (engrais et combustible), on estime que les animaux d’élevage contribuent à hauteur de 11,3% du PIB.

On a vu que les vaches sont parfois utilisées comme animaux de trait, malgré les effets possibles sur leur fécondité et les complications pour leur santé qui se traduisent par une baisse de la production laitière et l’espacement des vêlages. Bien qu’elles ne soient habituellement pas mises au travail pendant la lactation, les vaches représentent une bonne part de l’effort annuel de traction au Bangladesh: 2,14 millions (31%) de vaches et 60 000 (47%) de bufflesses adultes sont employées comme animaux de trait (Robertson et coll., 1994). Si l’on combine ces chiffres avec la contribution des animaux mâles, 76% de l’ensemble des bovins adultes (11,2 millions) et 85 à 90% des buffles adultes (410 000) sont mis à contribution pour la traction (Khan, 1983).

En chiffres absolus, aucune pénurie (si ce n’est relative) n’est à déplorer en ce qui concerne les animaux de trait. Cette pénurie tient en fait à la qualité de la traction animale disponible, les animaux mal nourris n’étant guère productifs (Orlic et Leng, 1992).

Diverses races bovines sont utilisées pour le trait, y compris des bovins deshis pure race et des Deshis croisés avec des Sahiwal, des Haryana et des Red Sindhi dans le cas des bovins proprement dits, et les races de buffles Manipuri, Nili-Ravi et Murrah. Un bœuf de race deshi pèse en moyenne 225 kg, les croisements sont un peu plus lourds (275 kg) et un buffle pèse environ 400 kg. Taureaux, vaches, génisses et bœufs participent tous à l’effort de traction animale, mais ce sont les bœufs qui en fournissent l’essentiel.

Au Bangladesh, c’est la préparation des sols qui occupe le plus fort pourcentage d’animaux de trait. Certains chercheurs recommandent six à sept labours avant les semis. Etant donné la pénurie d’animaux de trait, de nombreux agriculteurs se contentent cependant de quatre à cinq labours avant chaque mise en culture. Toutes les charrues en usage au Bangladesh sont attelées à deux animaux. Un attelage de bœufs peut labourer un demi-hectare en moins de trois jours (à raison de six heures par jour) (Orlic et Leng, 1992; Robertson et coll., 1994).

La traction animale en Chine

En Chine, l’élevage du buffle se pratique depuis des temps immémoriaux. L’agriculture les utilisait déjà il y a 2 500 ans. Le corps du buffle est plus massif que celui du bétail indigène. Les cultivateurs préfèrent employer les buffles pour les travaux agricoles en raison de leur force de traction considérable, de leur vie utile plus longue et de leur docilité. Un seul buffle suffit à fournir la traction nécessaire à la production de 7 500 à 12 500 kg de riz (Yang, 1995). La plupart des buffles appartiennent à de petits exploitants qui les utilisent comme animaux de trait. Les bufflesses laitières importées, Murrah et Nili-Ravi, ainsi que les croisements obtenus à partir de ces deux races sont principalement élevés dans les fermes d’Etat et les instituts de recherche. Pendant des siècles, le buffle servait surtout d’animal de trait et seuls les animaux devenus vieux ou mis à la réforme étaient abattus pour leur viande. La bufflesse n’était que rarement traite. Après des générations de sélection et de croisements, le buffle est devenu exceptionnellement apte au travail, avec son poitrail puissant et bien développé, ses jarrets solides, son large sabot et son tempérament docile.

En Chine, le buffle est principalement utilisé pour le travail en rizière et les transports aux champs. On s’en sert également pour hisser l’eau par divers moyens, fouler l’argile pour la fabrication des briques et écraser la canne à sucre pour en extraire le jus. Les progrès de la mécanisation font toutefois disparaître progressive-ment ces modes d’utilisation. Le dressage commence habituellement quand le buffle atteint l’âge de deux ans et on le met au travail un an plus tard. La vie utile des buffles est plus longue que celle des bœufs et se poursuit généralement au-delà de l’âge de 17 ans; il n’est pas rare de voir travailler des buffles de plus de 25 ans. Le buffle est aux champs entre quatre-vingt-dix et cent vingt jours par an dans les régions rizicoles où le travail est intensif au printemps et en automne avec des journées pouvant atteindre sept à huit heures. La capacité de travail varie considérablement selon la taille, l’âge et le sexe de l’animal. Sa puissance de traction atteint son maximum entre 5 et 12 ans, demeure élevée de 13 à 15 ans et commence à décliner à partir de 16 ans. La plupart des mâles sont castrés (Yang, 1995).

Le buffle de Shanghai, l’un des plus grands de Chine, a une puissance de travail considérable. A raison de huit heures par jour, un animal peut labourer entre 0,27 et 0,4 hectare de rizière, ou bien entre 0,4 et 0,53 hectare de terres non irriguées (0,67 hectare au maximum). En une journée de travail, un buffle peut tirer sur 24 km une charge de 800 à 1 000 kg, placée sur un véhicule à roues en bois, sans roulements, et peut hisser en quatre heures des quantités d’eau suffisantes pour irriguer 0,73 hectare de rizières.

Dans certaines régions sucrières, on se sert du buffle pour tirer les rouleaux de pierre qui servent à écraser les cannes à sucre. Six buffles travaillant par roulement peuvent presser de 7 500 à 9 000 kg de canne, à raison de quinze à vingt minutes par 1 000 kg.

La traction animale en Inde

Selon Ramaswami et Narasimhan (1982), 70 millions de bœufs et 8 millions de buffles produisent environ 30 milliards de W d’énergie, dans l’hypothèse de la moyenne de production retenue par le Conseil indien de la recherche agronomique (Indian Council of Agricultural Research (ICAR)), à savoir 0,37 kW par animal. Il faudrait investir 3 billions de roupies pour produire, transporter et distribuer cette énergie en autant de sites d’application. On a pu estimer que 30 milliards de roupies avaient été dépensés pour le système indien du char à bœufs contre 45 milliards de roupies pour le système des voies ferrées.

Le ministère de la Navigation et des Transports a estimé qu’entre 11,7 et 15 milliards de tonnes de fret sont transportées chaque année en zone urbaine par attelage de bœufs, contre 200 milliards de tonnes pour le réseau ferré. Dans les campagnes, où il n’y a pas de chemins de fer, les véhicules à traction animale transportent approximativement 3 milliards de tonnes de marchandises (Gorhe, 1983).

La traction animale au Népal

Au Népal, les bœufs et les buffles mâles sont la principale source de traction animale pour le labourage. On les utilise également pour les charrois, l’écrasement de la canne à sucre et la trituration des oléagineux, ainsi que pour le débardage. En raison de la topographie du pays et du coût élevé des carburants, la mécanisation de l’agriculture n’a que peu d’avenir. Il en découle une forte demande de traction animale dans le pays (Joshi, 1983).

Rapportée en pourcentages de journées de travail, la contribution des bœufs à la production de blé est de 42% pour les labours, 3% pour le repiquage et 55% pour les battages. En production rizicole, les pourcentages sont de 63% pour les labours, 9% pour le repiquage et 28% pour les battages (Joshi, 1983; Stem, Joshi et Orlic, 1995).

Selon la nature des tâches, on fait généralement travailler les animaux de trait un certain nombre d’heures par jour et de jours consécutifs avant de les laisser se reposer. C’est ainsi qu’une journée complète de labour atteint en moyenne six heures pour un bœuf, et que la journée moyenne de travail d’une vache est comprise entre quatre et cinq heures par jour. Les animaux de labour travaillent six à huit jours d’affilée et se reposent ensuite pendant deux jours. Dans le cas des battages, les vaches ou autres animaux de trait léger travaillent généralement six à huit heures par jour. La durée et le régime d’utilisation pour les battages et le transport varient en fonction des besoins. Un bœuf que l’on consacre exclusivement aux labours (qui représentent le travail le plus pénible) travaille normalement cent soixante-trois jours par an.

La traction animale au Sri Lanka

On estime à environ 1,3 million de têtes de bétail le cheptel du Sri Lanka dont un certain nombre de races servent à la traction. Les races bovines sont utilisées comme animaux de trait pour les transports et les labours aux champs et dans les rizières, ainsi que pour les travaux de la ferme. Pendant des décennies, les races locales ont été un moyen de locomotion très usité sur toutes les routes du pays. Des croisements de races indiennes avec les races locales ont donné des animaux plus puissants qui servent encore beaucoup dans le transport routier. Sur une population de buffles s’élevant au total à 562 000 têtes, le nombre d’animaux disponibles pour le travail, âgés de 3 à 12 ans, est estimé à 200 000 pour les mâles et à 92 000 pour les femelles.

Les risques et la maîtrise des risques

Plusieurs articles du présent chapitre concernent les risques liés à l’élevage et à l’utilisation des animaux de trait dont il a été question plus haut, ainsi que les moyens et mesures de prévention. On trouve dans les encadrés de l’article «La zootechnie» des informations générales sur le comportement des animaux et la liste des règles de sécurité à observer par les éleveurs. La question des chevaux est traitée dans l’article «Les chevaux et autres équidés» et celle des bovins (bœufs et buffles compris) dans l’article «Les bovins, les ovins et les caprins». Dans l’article «L’élevage de taureaux», on trouve des informations pertinentes sur les risques inhérents à cette activité et les précautions à prendre.

Les éléphants

Le plus grand animal de trait est l’éléphant, mais son emploi est de moins en moins imposé par la nécessité, et ne sera bientôt plus qu’une tradition. Il y a 20 ans, 4 000 éléphants d’Asie étaient encore utilisés en Thaïlande pour le débardage mais, depuis, les forêts ont été coupées à blanc et la mécanisation a remplacé l’éléphant. En revanche, on l’utilise toujours au Myanmar, en particulier dans les travaux forestiers. Les sociétés forestières louent souvent des éléphants de trait à leurs propriétaires, la plupart du temps des hommes d’affaires de la ville.

Le cornac, chargé de dresser et de conduire l’éléphant, s’appelle oozie au Myanmar, et mahout en Inde et au Sri Lanka. Le cornac installe une selle — épaisse couche de feuilles et d’écorce — sur le dos de l’animal pour protéger son épine dorsale, très sensible, du harnachement utilisé pour débarder les grumes. Le cornac se tient sur le cou de l’éléphant qui se sert de sa trompe, de ses défenses, de ses pieds, de sa bouche et de son front pour son travail. Un éléphant bien dressé au débardage saura répondre à plus de 30 ordres de la voix et aux pressions exercées par un cornac qualifié en 90 points de son corps. Les éléphants travaillent chaque jour jusqu’à 14 h 45, après quoi l’oozie étrille son animal dans l’eau avec des moitiés de noix de coco pendant à peu près une heure. Il lui donne alors du riz cuit salé, puis l’entrave avant de le laisser pâturer dans la forêt pendant la nuit. Vers 4 h du matin, l’oozie repère l’éléphant aux sons de la cloche qu’il porte (Schmidt, 1997) et qu’il ne confond avec aucune autre.

Les éléphants mâles sont rarement gardés en captivité et les femelles sont traditionnellement lâchées dans la nature pour s’y reproduire. On a également recours à l’insémination artificielle. Les dons de semence des mâles sont recueillis au moyen d’une éléphante artificielle. Comme aucun signe visible ne permet de savoir si la femelle a ses chaleurs (trois fois par an), on recueille chaque semaine des échantillons de sang pour procéder à l’analyse de la progestérone. Lorsque la femelle a ses chaleurs, on la féconde en lui injectant du sperme dans le vagin au moyen d’un long tube flexible à insémination, à système pneumatique.

La conduite des éléphants comporte des risques qui tiennent à leur taille, à celle des objets qu’on leur demande de déplacer et à leur comportement. L’oozie peut se blesser avec l’équipement qu’il lui faut installer sur le dos de l’éléphant et avec le matériel servant aux travaux forestiers. Outre le risque de chute, il encourt des risques plus graves encore qui sont liés aux opérations forestières proprement dites: charroi, débusquage, débardage et empilage (une grume de teck peut peser jusqu’à 1 360 kg). Le comportement de l’éléphant est parfois imprévisible et peut être à l’origine d’accidents. Les mâles en captivité sont très dangereux et difficiles à maîtriser. Les mâles reproducteurs sont particulièrement dangereux. Au Sri Lanka, on cite le cas d’un éléphant mâle qui aurait tué neuf mahouts , mais que l’on a laissé continuer à travailler en raison de la valeur marchande qu’il représentait pour ses propriétaires (Schmidt, 1997).

Certains éléphants n’obéissent qu’à leur dresseur. La meilleure façon de se rendre maître d’un animal capricieux est de ne le confier qu’à son oozie, à l’exclusion de tout autre. Les éléphants ont leurs habitudes, et ceux qui en sont chargés se doivent d’organiser leurs journées de façon régulière. On a pu constater que le fait d’étriller l’animal régulièrement chaque après-midi permettait d’établir un lien entre lui et son maître. L’ascendant que ce dernier maintient en toute circonstance sur l’animal est également un moyen de se prémunir contre tout comportement dangereux de sa part.

Les nageurs chargés de porter les échantillons de sang au laboratoire pour l’analyse de la progestérone exécutent une mission particulièrement dangereuse puisqu’ils doivent traverser des rivières pendant la mousson. On peut parer au danger de noyade en organisant des services de laboratoire à proximité des localités où l’on fait travailler des éléphants.

Melvin L. Myers

L’ÉLEVAGE DE TAUREAUX

David L. Hard

Aux Etats-Unis, le système national de surveillance des accidents traumatiques mortels (National Traumatic Occupational Fatalities (NTOF)), établi à partir des actes de décès et mis en place par l’Institut national de la sécurité et de la santé au travail (National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH)), a relevé 199 décès liés aux activités agricoles et imputables aux animaux d’élevage entre 1980 et 1992. Environ 46% de ces décès ont été directement imputés aux taureaux, races à viande et races laitières confondues.

Depuis des siècles, les éleveurs recourent à la castration pour rendre dociles les animaux mâles. Les mâles castrés sont généralement passifs, ce qui indique que les hormones (et, surtout, la testostérone) sont liées au comportement agressif. Certains pays prisent beaucoup la combativité des taureaux, mise à profit lors des manifestations, notamment sportives. Pour cela, on sélectionne certaines lignées en vue de conserver et de renforcer ces caractéristiques belliqueuses. Aux Etats-Unis, la demande de taureaux pour les rodéos s’est accrue en même temps que la popularité de ces manifestations. En Espagne, au Portugal, dans le Midi de la France, au Mexique et dans certaines parties de l’Amérique du Sud, les combats ou les courses de taureaux se pratiquent depuis des siècles (voir l’article «Les corridas et les rodéos» au chapitre no 96 «Les arts, les loisirs et les spectacles») dans la présente Encyclopédie.

L’élevage bovin concerne deux grandes catégories d’animaux, les races laitières et les races à viande, certaines races étant à double usage. Si la plupart des entreprises commerciales du secteur de la viande achètent des taureaux auprès d’éleveurs d’animaux de pure race, les laiteries privilégient de plus en plus l’insémination artificielle. Le producteur d’animaux de pure race élève donc généralement des taureaux pour les revendre lorsqu’ils sont en âge de se reproduire (2 à 3 ans). Trois systèmes d’accouplement coexistent dans l’élevage bovin. La monte en liberté a lieu dans les pâturages où le taureau est laissé au milieu des femelles qu’il couvre à mesure qu’elles arrivent en chaleur. Ce système peut être prévu pour l’année entière ou pour une saison d’accouplement spécifique. Si l’on opte pour des saisons d’accouplement spécifiques, il faut séparer le taureau du troupeau à certaines périodes et pendant une durée donnée. Avec la monte en main, le taureau est tenu à l’écart des vaches, sauf lorsque l’une d’entre elles, qui se trouve en chaleur, est conduite au taureau pour s’accoupler. En règle générale, on n’autorise qu’un seul accouplement, la vache étant retirée après la monte. Enfin, l’insémination artificielle consiste à faire féconder de nombreuses vaches, par les soins d’inséminateurs ou de l’éleveur, au moyen de sperme congelé provenant de reproducteurs confirmés. L’éleveur peut ainsi se dispenser d’avoir un taureau sur son domaine et éviter les risques associés. Cette solution ne fait pas pour autant disparaître les risques d’accident lors du prélèvement du sperme.

Lorsqu’un taureau est séparé du troupeau en vue de la monte en main, ou tenu à l’écart du troupeau en attendant la saison d’accouplement, il peut se montrer agressif s’il repère une vache en chaleur. Ne pouvant s’accoupler, il devient alors méchant, hargneux, et présente un comportement psychiquement anormal. Les taureaux manifestent habituellement leur agressivité ou leur combativité en labourant le sol de leurs sabots et en beuglant. Le caractère de l’animal s’altère souvent avec l’âge, les vieux reproducteurs pouvant être vicieux, fourbes, imprévisibles et suffisamment imposants encore pour être dangereux.

Les équipements

Pour permettre aux animaux de se déplacer à l’intérieur des installations qui leur sont destinées, il faut que les goulottes soient incurvées de façon qu’ils ne puissent pas en voir l’extrémité au moment d’y pénétrer. Les enclos devront comporter un passage sur la gauche ou sur la droite afin que les animaux n’aient pas le sentiment d’être pris au piège. Pour éviter de les perturber, il convient de poser des pièces de caoutchouc sur les éléments métalliques qui claquent en se refermant. Afin de réduire le plus possible les risques dus au contact physique avec les taureaux, il faut installer des barrières, des passerelles surélevées et des portails dont l’ouverture et la fermeture peuvent être commandées depuis l’extérieur de la clôture. Les goulottes aux parois construites en dur sont préférables à celles qui sont en palissades, car les animaux n’y sont pas distraits par ce qui se passe à l’extérieur et risquent moins de se cabrer. Les passages et les goulottes devraient être d’un gabarit suffisant pour permettre aux animaux d’y progresser, mais suffisamment étroits pour qu’ils ne puissent pas se retourner.

La conduite à tenir avec les taureaux

A priori et en tout temps, les mâles doivent être considérés comme potentiellement dangereux. Si l’on doit conserver des taureaux pour la reproduction, on peut éviter les accidents en prévoyant des moyens d’isolement et de contention. La plus extrême prudence s’impose dès lors qu’on a affaire à des mâles. Même si les taureaux ne cherchent pas toujours et nécessairement à blesser, leur taille et leur masse constituent en soi un risque. Tous les enclos et portails et toutes les goulottes, barrières et rampes de chargement devraient être solides et en bon état. L’adaptation du matériel et des installations est un gage de sécurité. Lorsqu’on doit travailler avec des taureaux, il est préférable d’en être séparé matériellement de manière à limiter le plus possible le risque d’accident (on se placera en dehors de la zone, à l’abri d’une goulotte, d’un mur, d’une barrière, etc.). Lorsque les éleveurs se trouvent avec l’animal, il leur faut prévoir des passages («passages d’homme») pour qu’ils puissent s’échapper en cas d’urgence. On ne doit pas toucher les animaux de l’aiguillon dans un lieu sans issue. Les éleveurs doivent se tenir à l’écart des animaux effrayés ou excités et être particulièrement méfiants à l’égard de ceux qu’ils ne connaissent pas. L’aménagement de goulottes en dur, au lieu de barrières, est de nature à faciliter le passage des animaux. Etant donné que les taureaux ne voient pas les couleurs, mais des nuances différentes de blanc et de noir, toutes les installations seront peintes d’une même couleur. L’aménagement de boxes convenablement équipés et dotés des appareils et installations de contention adéquats permettra aussi de réduire le risque d’accidents lors des examens, des soins vétérinaires ou autres pratiqués sur les animaux comme le parage des sabots, le décornage ou la monte en main.

Tous ceux qui ont l’habitude de travailler avec les animaux savent que, même s’il leur manque la parole, ils sont capables de communiquer. Les éleveurs doivent savoir reconnaître des signes tels que les oreilles dressées ou couchées, la queue dressée, le labourage du sol et les beuglements. On trouve dans l’encadré (p. 18) de l’article «La zootechnie» des informations générales et des directives concernant la conduite à tenir en présence de taureaux.

Les zoonoses

Les éleveurs doivent aussi se préoccuper du risque de zoonose. Ils peuvent en contracter une en manipulant un animal ou des produits animaux infectés (peaux), en ingérant des produits animaux (lait, viande mal cuite) ou encore en se débarrassant de tissus infectés. Il faut signaler en particulier la leptospirose, la rage, la brucellose (fièvre de Malte chez l’humain), la salmonellose et la teigne ainsi que la tuberculose, le charbon, la fièvre Q et la tularémie. Le risque d’exposition aux maladies est moindre si l’on observe un certain nombre de règles d’hygiène élémentaires et des mesures d’assainissement simples: traitement rapide ou élimination des animaux infectés selon les procédures recommandées, élimination des tissus infectés, nettoyage scrupuleux des endroits souillés et port de vêtements de protection adaptés.

La meilleure façon de se débarrasser des carcasses d’animaux, et la plus hygiénique, consiste à les brûler à l’endroit où l’animal est mort, de manière à éviter de contaminer les sols avoisinants. On creuse un trou de la profondeur convenable, on y place des matières inflammables en quantités suffisantes, la carcasse étant installée au-dessus pour qu’elle puisse se consumer intégralement. Cependant, la méthode la plus courante pour se débarrasser des carcasses est l’enfouissement. La carcasse est enfouie à 1,2 m de profondeur au moins, dans un terrain n’étant pas susceptible d’être contaminé par les eaux de ruissellement; on la recouvre de chaux vive avant de l’enterrer.

LES ANIMAUX DE COMPAGNIE, LES ANIMAUX À FOURRURE ET LES ANIMAUX DE LABORATOIRE

Christian E. Newcomer

Les opérations

L’élevage des animaux en institution comporte quatre opérations principales:

  1. la réception, la quarantaine et l’isolement des animaux;
  2. l’isolement, lorsqu’il y a lieu, d’espèces ou d’animaux destinés à tel ou tel projet;
  3. l’hébergement, les soins et l’hygiène;
  4. le stockage.

Les tâches à effectuer sont multiples: nourrir les animaux et les abreuver, confectionner les litières, veiller à l’hygiène et à la salubrité des locaux, éliminer les déchets, carcasses comprises, lutter contre les ravageurs et assurer les soins vétérinaires nécessaires. La plupart impliquent de nombreuses opérations de manutention (déplacer les cages, les aliments, les produits pharmaceutiques, les produits biologiques et autres fournitures), sans oublier l’activité première qui consiste à manipuler les animaux eux-mêmes. Au nombre des tâches relevant de l’hygiène et de la salubrité figurent le changement des litières, le nettoyage et la désinfection et, enfin, le lavage des cages, indispensable à l’hygiène générale.

Les cages, enclos ou stalles des animaleries sont installés à l’intérieur d’une pièce ou d’une grange, ou en plein air. Les locaux d’une animalerie moderne doivent être suffisamment spacieux, bien aérés, climatisés (température, humidité), convenablement éclairés et dotés d’installations adéquates pour nourrir et abreuver les animaux et lutter contre le bruit. Ils doivent aussi être aménagés en fonction de l’espèce qu’ils abritent. Parmi les animaux le plus souvent regroupés en animaleries figurent les rongeurs logés ensemble (souris, rats, hamsters et cobayes), les lapins, les chats, les chiens, les visons, les primates (singes, babouins et grands singes), les oiseaux (pigeons, cailles et poulets) et les animaux de ferme (moutons et chèvres, porcs, bovins, chevaux et poneys).

Les risques et les précautions

Les personnes chargées de l’élevage, du pansage et de la manipulation des animaux de compagnie, des animaux à fourrure et de laboratoire sont exposées à divers risques biologiques, physiques et chimiques qui peuvent être efficacement maîtrisés grâce à un certain nombre de mesures. Parmi les risques biologiques propres aux espèces animales faisant l’objet de cette section, on peut citer: les morsures et les griffures, la présence d’allergènes puissants dans les squames, le sérum, les tissus, l’urine ou les sécrétions salivaires, sans oublier une grande diversité d’agents zoonotiques. Si les risques biologiques dans les animaleries sont a priori plus variés et potentiellement plus dangereux que ceux liés à des facteurs physiques et chimiques, ces derniers sont plus fréquemment incriminés dans les cas de maladies professionnelles et les accidents du travail.

Les personnels chargés de s’occuper d’animaux de compagnie, à fourrure ou de laboratoire et de les élever doivent recevoir une formation adéquate pour apprendre à connaître les comportements de ces espèces et les techniques de manipulation adaptées à chacune d’entre elles, étant donné que c’est bien souvent une erreur de manipulation qui est à l’origine du coup de dent ou de griffe d’un animal difficile. Susceptible d’être contaminée par des micro-organismes provenant de l’environnement ou de la riche microflore orale et cutanée des animaux, la plaie doit être désinfectée sur-le-champ et un traitement antimicrobien rapide et massif, complété par une prophylaxie antitétanique, doit être instauré pour éviter les complications liées à une infection, voire un préjudice esthétique. Il faut aussi sensibiliser le personnel aux morsures d’animaux qui peuvent s’infecter et entraîner des maladies généralisées, parfois mortelles. Au nombre de ces maladies, il faut citer la maladie des griffes du chat, la fièvre causée par morsure de rat et l’infection à orthopoxvirus (orf) et, au nombre des maladies mortelles, la rage et les infections à virus B et à hantavirus.

Compte tenu de ces risques exceptionnels, il serait utile de prendre deux types de mesures préventives dans certaines circonstances. D’une part, il conviendrait de recommander au personnel de porter des gants en treillis métallique à l’épreuve des morsures et, d’autre part, d’administrer des sédatifs aux animaux pour en faciliter la manipulation. Les travailleurs risquent également de contracter des zoonoses par inhalation d’aérosols infectieux, par contact de la peau ou des muqueuses, par ingestion de matériaux infectés ou par transmission par les puces, tiques ou acariens spécifiquement associés à des animaux hôtes.

Tous les types d’agents zoonotiques sont présents chez les animaux de compagnie, à fourrure et de laboratoire, y compris les virus, les bactéries, les champignons et les parasites internes et externes. Au nombre des zoonoses qu’ils sont susceptibles de transmettre figurent la giardiase et les infections à campylobacter (diarrhées) chez les animaux de compagnie; le charbon, la tularémie et la teigne chez les animaux à fourrure; la chorioméningite lymphocytaire ainsi que les infestations à hantavirus et à ténia nain chez les rongeurs de laboratoire. La distribution des agents zoonotiques varie considérablement selon l’espèce hôte, l’emplacement par rapport à des réservoirs d’autres maladies, l’isolement, les méthodes pratiquées dans les animaleries ainsi que les antécédents en matière de soins vétérinaires et l’intensité de ces traitements. Certaines populations d’animaux de laboratoire qui font l’objet d’une production commerciale sont soumises à de rigoureux programmes d’éradication, complétés ultérieurement par des contrôles très stricts destinés à empêcher toute réintroduction des agents pathogènes. De telles procédures ne sont pas systématiquement appliquées dans les animaleries et les établissements où sont gardés animaux de compagnie, à fourrure et de laboratoire et leur absence peut favoriser la persistance des zoonoses.

Toute une série de réactions allergiques, allant de l’irritation et de l’écoulement oculaire ou nasal à l’asthme en passant par des manifestations cutanées sous forme d’urticaire, sont fréquentes chez les personnes qui s’occupent de rongeurs de laboratoire, de lapins, de chats et d’autres espèces animales. On estime que sur le nombre de personnes travaillant dans des animaleries, entre 10 et 30% finissent par présenter des réactions allergiques, étant entendu que celles qui souffrent de maladies allergiques préexistantes dues à d’autres agents sont davantage exposées et que l’asthme connaît ses plus forts taux d’incidence dans cette catégorie. Dans quelques rares cas, tel celui d’une exposition massive à l’allergène par morsure animale, les personnes sensibles peuvent faire un choc anaphylactique, réaction allergique généralisée pouvant être mortelle.

Toutes les personnes appelées à travailler avec des animaux ou des sous-produits animaux doivent observer de bonnes règles d’hygiène pour minimiser le risque d’exposition aux zoonoses et aux allergènes. Les locaux devront être équipés de lavabos et de douches en nombre suffisant et aménagés de façon que les zones réservées au personnel soient strictement séparées de celles où sont gardés les animaux. Les vêtements ou combinaisons de travail devront couvrir toutes les surfaces exposées de la peau pour prévenir tout risque de morsure, griffure ou pénétration de microbes et allergènes dangereux. Des équipements de protection individuelle (gants étanches, verres de protection, lunettes-masques ou autre pour protéger les yeux) et des appareils de protection respiratoire comme les masques antipoussières, masques de protection ou masques à air pulsé adaptés aux risques de la tâche assumée et à la vulnérabilité du travailleur devront aussi être fournis. Certains aménagements et dispositifs appropriés (orientation des flux d’air, cages et compartiments hermétiques pour isoler les animaux) sont aussi de nature à réduire considérablement l’exposition aux allergènes et aux zoonoses.

Les soins à donner aux animaux exposent le personnel à des risques physiques et chimiques non négligeables. Les tâches quotidiennes sont très diverses, qu’il s’agisse de déplacer ou de soulever du matériel et des objets lourds, ou d’accomplir des gestes qui sont autant d’occasions de coupures et de meurtrissures, de foulures ou de blessures dues à des mouvements répétés. Pour remédier le plus possible à de telles éventualités, il faut réaménager le milieu de travail, en se dotant d’équipements spécialisés, et sensibiliser le personnel aux mesures et aux précautions à prendre en matière de sécurité du travail. Le nettoyage des équipements et des installations se fait fréquemment au moyen d’appareils qui projettent de la vapeur vive ou de l’eau très chaude et qui sont susceptibles de causer des brûlures graves. On doit veiller à les utiliser selon les instructions et à bien les entretenir, de manière à empêcher tout accident et à permettre à la chaleur de se dissiper pour éviter toute gêne excessive. Les personnes qui travaillent à proximité de matériel lourd ou au milieu de populations de chiens ou de primates excités peuvent être exposées à des niveaux de bruit extrêmement élevés justifiant le port de protections de l’ouïe. Il convient de passer soigneusement en revue avec les employés les produits chimiques dont ils se servent pour nettoyer et désinfecter les cages et les installations, lutter contre les ravageurs dans les locaux et contre les ectoparasites sur les animaux, dans le but de s’assurer qu’ils respectent scrupuleusement les pratiques instituées pour réduire au minimum l’exposition à ces substances potentiellement irritantes, corrosives ou toxiques.

LA PISCICULTURE ET L’AQUACULTURE

George A. Conway et Ray RaLonde

Généralités

L’élevage des organismes marins pour la consommation se pratique depuis les temps les plus reculés. Cependant, l’élevage à grande échelle des mollusques, des crustacés et des poissons connaît un essor considérable depuis le début des années quatre-vingt, jusqu’à représenter aujourd’hui 25% de la collecte mondiale de produits de la mer (Douglas, 1995; Crowley, 1995). L’expansion des marchés mondiaux, jointe à l’appauvrissement des stocks d’espèces sauvages, explique la croissance très rapide de cette branche d’activité.

L’aquaculture à terre se pratique dans des bassins et des étangs; pour la culture en pleine eau, on utilise généralement des cages flottantes de formes extrêmement diverses et faites de grillage, de filets ou d’autres matériaux (Kuo et Beveridge, 1990), mouillées dans l’eau de mer (mariculture) ou l’eau douce.

L’aquaculture peut être pratiquée de façon extensive ou intensive. L’aquaculture extensive suppose certains aménagements du milieu physique en vue de la production naturelle d’espèces de poissons, de coquillages ou de plantes aquatiques; par exemple, on dépose à faible profondeur des coquilles d’huîtres destinées à servir de substrats où viennent se fixer les huîtres juvéniles. L’aqua-culture intensive requiert une technologie plus complexe et des investissements plus lourds; ainsi, dans les élevages de saumon, l’écloserie comporte une structure nécessitant la construction de bassins en béton qui doivent être régulièrement alimentés en eau par un système approprié. L’aquaculture intensive emploie en outre un personnel plus nombreux.

Cette activité comporte plusieurs stades successifs: acquisition de stocks de géniteurs servant à la production de gamètes; prélèvement des gamètes et fécondation; incubation des œufs et élevage des juvéniles. C’est à l’étape suivante que se présente l’option d’élever les adultes jusqu’à ce qu’ils aient atteint la taille marchande ou de les lâcher dans le milieu naturel et que se décide aussi, par conséquent, la vocation de l’exploitation: élevage pour la vente ou aquaculture de repeuplement. Alors que l’objectif des exploitations piscicoles est d’élever l’organisme vivant jusqu’à la taille marchande, généralement en eaux closes, celui des élevages de repeuplement est de lâcher l’organisme vivant dans le milieu naturel, en vue d’un prélèvement ultérieur (pêche). Le repeuplement a pour rôle essentiel de servir d’appoint à la production naturelle, et non pas de s’y substituer. L’aquaculture peut avoir encore pour but de pallier un déficit de production dû à un événement naturel ou d’origine humaine — c’est ainsi, par exemple, que l’on pourra installer une écloserie de saumons pour remplacer une partie du peuplement que la construction d’une usine hydroélectrique a fait perdre à un cours d’eau.

L’aquaculture peut être pratiquée à terre, sur des fonds marins, en eau douce ou sur des structures flottantes. Les cages flottantes servent à la pisciculture, tandis que les casiers fixés à un radeau ou à un ensemble de bouées sont plutôt réservés à l’élevage des coquillages.

Les exploitations à terre impliquent la construction de digues ou l’excavation de fouilles où sont aménagés les étangs, les bassins et les chenaux d’alimentation. Quant à la mariculture, elle peut exiger l’installation et l’entretien de structures complexes en milieu hostile. La manipulation des alevins ou de minuscules invertébrés, les aliments pour poissons, les traitements chimiques destinés à l’eau, aux animaux d’élevage ou aux déchets ont donné lieu à des activités hautement spécialisées au fur et à mesure du développement du secteur.

Les risques et les remèdes

Les accidents

La pisciculture s’accompagne de nombreux risques d’accidents, dont certains sont communs à toutes les formes d’agriculture moderne (risques liés à l’utilisation de gros engins, déficit auditif par exposition prolongée à des moteurs bruyants, etc.) et d’autres, plus spécifiques de ce type d’exploitation. Glissades et chutes peuvent se terminer fort mal si elles se produisent à proximité des bassins ou des cages, la victime étant exposée au double danger de noyade et de contamination biologique ou chimique par l’eau polluée.

Des lacérations graves, voire des amputations, peuvent se produire lors du prélèvement des œufs de poissons, de l’étêtage et de l’éviscération des poissons ou du décoquillage des mollusques; on pourra s’en prémunir en recourant à des dispositifs de protection, ainsi qu’à des gants et à des équipements spéciaux, adaptés à chacune de ces tâches. Les plaies contaminées par le mucus et le sang de poisson peuvent entraîner des infections locales, voire systémiques graves. Désinfection immédiate et débridement de la plaie s’imposent dans tous les cas.

La pêche à l’électricité (utilisée pour assommer le poisson lors des comptages et, de plus en plus, pour prélever les reproducteurs dans les écloseries) fait courir un risque élevé d’électrocution aux opérateurs et aux spectateurs (National Safety Council (NSC), 1985); elle ne devrait être pratiquée que par des spécialistes expérimentés, en présence de personnel formé à la réanimation cardio-respiratoire. On n’utilisera que des équipements spécialement conçus pour les opérations de pêche électrique dans l’eau, en observant scrupuleusement les règles de l’isolation et de la mise à la terre.

Qui dit eau dit risque de noyade et, s’il s’agit d’eau froide, risque supplémentaire d’hypothermie. Il convient de prendre garde aux immersions accidentelles en cas de chute par-dessus bord, ainsi qu’au risque de se laisser prendre ou piéger dans les filets. Tous les travailleurs opérant sur l’eau ou à proximité devraient porter des équipements de sauvetage individuels agréés et, si l’eau est froide, une protection thermique appropriée (Lincoln et Klatt, 1994). Le personnel employé à la mariculture devra être entraîné aux techniques de survie et de sauvetage en mer, ainsi qu’à la réanimation cardio-respiratoire.

L’éviscération ou le nourrissage à la main peuvent causer des lésions dues à des mouvements répétés que l’on pourrait éviter en grande partie en veillant, lors de la conception des tâches, au respect des principes de l’ergonomie et en réaménageant les installations si nécessaire. Il faut aussi relever fréquemment les équipes. Les travailleurs qui présentent de tels symptômes devraient être examinés et traités sans retard et, s’il y a lieu, être assignés à une autre tâche.

La privation de sommeil peut être un facteur de risque d’accident dans les établissements aquacoles. C’est notamment le cas lorsqu’il faut travailler de façon intensive pendant une très brève période (par exemple, au moment de la récolte des œufs dans les écloseries de saumons).

Les risques pour la santé

La construction et l’entretien des cages d’élevage font fréquemment appel à la plongée. Comme on devrait s’y attendre, des cas de maladie des caissons ont été observés chez les plongeurs qui ne respectent pas scrupuleusement les limites de profondeur ou de temps (tables de plongée). On a observé aussi des cas de maladie des caissons chez ceux d’entre eux qui se conforment aux limites prescrites, mais enchaînent de nombreuses plongées de courte durée (plongées successives); des méthodes de substitution (ne faisant pas appel aux plongeurs) devraient être mises au point pour entretenir les cages et les débarrasser des poissons morts (Douglas et Milne, 1991). Si la plongée est indispensable, il faut se conformer aux indications des tables officielles, éviter les plongées successives et toujours se faire accompagner d’un second plongeur, tandis que les accidents de décompression doivent être rapidement évalués en vue d’un éventuel traitement à l’oxygène hyperbare.

De graves intoxications aux composés organophosphorés ont été observées chez des travailleurs utilisant des pesticides pour traiter les poux du saumon (Douglas, 1995). Non seulement les algicides mis en œuvre pour lutter contre la prolifération d’algues, mais aussi certaines espèces d’algues (marines ou d’eau douce) peuvent être toxiques (Baxter, 1991). Les bains destinés au traitement des infections fongiques des poissons peuvent contenir du formaldéhyde et d’autres agents toxiques (Douglas, 1995). Le personnel devra recevoir les instructions nécessaires et disposer du temps voulu pour manipuler en toute sécurité l’ensemble des produits chimiques agricoles et observer les règles d’hygiène en la matière.

Des maladies respiratoires allant de la rhinite à d’intenses bronchospasmes (symptômes s’apparentant à l’asthme) ont été observées suite à une sensibilisation qui serait due aux endotoxines de bactéries Gram négatif ayant contaminé des truites d’élevage en cours d’opération d’éviscération (Sherson, Hansen et Sigsgaard, 1989); une sensibilisation respiratoire aux antibiotiques administrés peut aussi apparaître. Il devrait être possible de régler ces problèmes en veillant à une stricte hygiène individuelle, à une propreté méticuleuse des produits de la mer pendant l’éviscération et la manipulation, ainsi qu’à une bonne protection respiratoire. Les travailleurs qui se sont révélés sensibles à ce type de risques respiratoires devraient toutefois s’abstenir ultérieurement de s’exposer aux antigènes incriminés. La constante immersion des mains peut favoriser la sensibilisation cutanée aux produits chimiques agricoles et aux protéines étrangères (protéines de poisson). Une bonne hygiène et le port de gants adaptés (par exemple, gants en néoprène isolés et étanches, avec poignets pour les opérations d’éviscération) permettent d’atténuer ce risque.

L’exposition au soleil peut donner lieu à des insolations et à des kératoses. Les personnes travaillant en plein air devraient systématiquement se couvrir la tête, porter des vêtements appropriés et appliquer une crème solaire.

Lorsqu’ils sont stockés en grandes quantités, les aliments pour poissons sont souvent envahis ou infestés par les rats et autres rongeurs, ce qui pose le problème du risque de leptospirose (maladie de Weil et Mathieu). Les travailleurs appelés à manipuler ces aliments devraient se montrer vigilants et protéger toute surface de peau ou muqueuse écorchée ou lésée susceptible d’entrer en contact avec des eaux souillées ou avec des aliments contaminés. Les aliments soupçonnés d’avoir été contaminés par de l’urine de rat seront traités comme potentiellement infectieux et immédiatement détruits (Ferguson et Path, 1993; Benenson, 1995; Robertson et coll., 1981).

L’inflammation de la peau amollie par un constant contact avec l’eau peut facilement dégénérer en eczéma et en dermite. L’état d’humidité aidant, cette inflammation peut favoriser la reproduction des papillaviridés humains, eux-mêmes responsables d’une propagation rapide de verrues (Verruca vulgaris) . La meilleure des préventions consiste à garder les mains aussi sèches que possible et à porter des gants. Les émollients ne sont pas sans intérêt pour le traitement des irritations mineures de la peau dues au contact de l’eau, mais si ce traitement initial échoue, un traitement local à l’aide de corticostéroïdes ou de crèmes antibiotiques peut s’imposer (après consultation).

Les répercussions sur l’environnement

Les besoins en eau douce des installations aquacoles peuvent être extrêmement élevés dans tous ces systèmes; on a pu les estimer à 80 000 l par kg de poissons élevés jusqu’à l’état adulte (Crowley, 1995). La recirculation avec filtration devrait contribuer à réduire considérablement la demande d’eau, mais suppose de lourds investissements dans les nouvelles technologies (par exemple, zéolithes pour fixer l’ammoniaque).

Les rejets des établissements de pisciculture peuvent contenir autant de matières fécales que ceux des petites villes, et les réglementations concernant ces rejets se multiplient rapidement (Crowley, 1995).

La consommation de plancton et de krill et les effets secondaires de la mariculture tels que les proliférations d’algues peuvent entraîner de graves bouleversements de l’équilibre des espèces dans les écosystèmes avoisinant les exploitations.

L’APICULTURE, L’ÉLEVAGE D’INSECTES ET LA SÉRICICULTURE

Melvin L. Myers et Donald Barnard*

* Une partie des informations relatives à l'industrie de la soie a été empruntée à l'article de J. Kubota sur le sujet, tel que publié dans la 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational Health and Safety.

Il existe dans le monde plus d’un million d’espèces d’insectes dont la masse totale est supérieure à celle de tous les autres animaux terrestres réunis. Des insectes tels que les criquets, les sauterelles, les criquets pèlerins, les termites, les larves de scarabée, les guêpes, les abeilles et les chenilles comptent parmi les 500 espèces qui font partie du régime alimentaire régulier de certains peuples du monde. En règle générale, l’être humain n’élève pas les insectes pour les consommer; il les chasse ou les prélève dans la nature.

L’homme n’utilise pas seulement les insectes comme source de nourriture, mais également pour la pollinisation, la lutte biologique contre les ravageurs et comme source de fibres. Les différents usages sont liés aux quatre stades du cycle vital de l’insecte: l’œuf, la larve, la nymphe et l’insecte parfait. Parmi les exemples d’utilisations commerciales des insectes, il faut citer l’apiculture (près de 1 milliard de tonnes de miel produites chaque année, sans compter la pollinisation des cultures fruitières et autres), l’élevage des insectes (plus de 500 espèces, y compris celles utilisées pour la lutte biologique contre les insectes), la production de gomme-laque (36 000 tonnes par an) et la production de soie (180 000 tonnes par an).

L’apiculture

Les apiculteurs élèvent l’abeille dans des ruchers, ensemble de ruches abritant des colonies d’abeilles. On doit à l’abeille la pollinisation des fleurs, le miel et la cire. Les abeilles contribuent de façon notoire à la pollinisation, puisqu’elles font plus de 46 430 voyages par abeille et par kilogramme de miel produit. Au cours de chaque voyage, l’abeille butine 500 fleurs en 25 minutes. C’est le nectar des fleurs qui est la source du miel des abeilles. L’abeille se sert de l’enzyme invertase pour transformer le saccharose du nectar en glucose et en fructose puis, l’eau s’étant évaporée, en miel. On élève aussi des frelons et des abeilles charpentières pour polliniser respectivement les plants de tomate et la luzerne.

La colonie d’abeilles qui forme la population des ruches artificielles se rassemble autour d’une seule reine. Les apiculteurs mettent en place une colonie d’environ 10 000 abeilles dans le corps de ruche, appelé chambre à couvain. Un corps de ruche contient 10 rayons comportant des cellules pouvant servir soit à la ponte des œufs, soit à emmagasiner le miel. La reine pond environ 1 500 œufs par jour. L’apiculteur ajoute alors une hausse (placée au-dessus de la chambre à couvain), qui deviendra le magasin à miel permettant aux abeilles de passer l’hiver. On estime que la colonie, qui continue à se multiplier, est mature lorsqu’elle atteint quelque 60 000 abeilles. L’apiculteur place une «grille à reine» — un panneau plat à travers lequel la reine, qui est plus grosse, ne peut pas pénétrer — au-dessus de la première hausse, de manière à empêcher la reine de pondre des œufs dans les hausses supplémentaires qui seront empilées dessus. Ces hausses supplémentaires sont destinées à ne recueillir que du miel, à l’exclusion des œufs.

L’apiculteur transporte les ruches dans un endroit favorable, au moment de la floraison. Une colonie d’abeilles peut butiner sur une superficie de 48 hectares, un hectare pouvant faire vivre environ deux ruches. Le miel est récolté en été; il est prélevé à partir des hausses qui peuvent être empilées jusqu’à un maximum de sept, le plus souvent trois, à mesure que la colonie s’accroît et que les abeilles remplissent les rayons de miel. Les hausses mobiles et leurs rayons chargés de miel sont emportés à distance en vue de procéder à l’extraction. Un couteau biseauté, chauffé, appelé couteau à désoperculer, sert à trancher les opercules, couvercles de cire que les abeilles ont placés sur les rayons à l’intérieur des cadres. Le miel est alors extrait à l’aide d’une centrifugeuse, recueilli, tamisé puis mis en maturation et enfin conditionné en pots en vue de la vente (Vivian, 1986).

A la fin de la saison, l’apiculteur fait ses préparatifs pour l’hivernage; il enveloppe les ruches de toile cirée pour protéger les colonies du vent froid et absorber la chaleur solaire. Il donne en outre aux abeilles du sirop de sucre additionné d’un peu de sel pour la consommation d’hiver. Au printemps, il découvre les ruches pour permettre aux abeilles de commencer la production. S’il y a surpopulation dans la ruche, la colonie se dote d’une nouvelle reine au moyen d’une alimentation spéciale, la gelée royale, tandis que l’essaim dit primaire (réunissant environ la moitié de la colonie) quitte la ruche pour aller élire domicile ailleurs. L’apiculteur peut, s’il le désire, recueillir cet essaim pour en faire une nouvelle colonie.

Les piqûres d’abeille exposent les apiculteurs à deux risques, au demeurant liés. L’un est l’envenimation par piqûre, l’autre est la réaction d’hypersensibilité au venin et, dans quelques cas, le choc anaphylactique. Ce sont les sujets de sexe masculin, de 40 ans et au-delà, qui risquent le plus de faire des réactions mortelles. Si l’on estime que le nombre des personnes allergiques au venin représente 2% environ de la population générale, les réactions systémiques chez les apiculteurs et leurs proches sont estimées à 8,9%. L’incidence des réactions varie en raison inverse du nombre de piqûres reçues. Les réactions anaphylactiques au venin de bourdon sont rares, excepté chez ceux qui élèvent ces insectes, le risque étant plus grand s’ils ont été sensibilisés au venin d’abeille (les bourdons sont en fait de grosses abeilles sauvages, à ne pas confondre avec les «faux bourdons», abeilles mâles dépourvues de dard).

En cas de piqûre d’abeille, l’apiculteur devra retirer le dard (sans appuyer sur le sac à venin) et laver l’endroit de la piqûre. On appliquera de la glace ou une pâte faite de bicarbonate de soude additionnée d’eau. Au moindre signe de réaction systémique, la victime sera conduite d’urgence chez un médecin ou à l’hôpital. En cas de réaction anaphylactique, on administre de l’épinéphrine par voie sous-cutanée à la première apparition des symptômes. Pour sa sécurité, l’apiculteur enfumera la ruche pour neutraliser les réactions de protection des abeilles et portera un capuchon protecteur avec voile, des gants à manchette ou une combinaison. Etant donné que les abeilles sont attirées par l’humidité de la sueur, les apiculteurs s’abstiendront de porter des montres-bracelets ou des ceintures, qui retiennent la sueur. Au moment de l’extraction du miel, l’apiculteur veillera à ne pas se couper le pouce ou les doigts avec le couteau à désoperculer.

L’élevage d’insectes en masse

Plus de 500 espèces d’arthropodes sont élevées en laboratoire, dont des fourmis, des scarabées, des acariens, des mouches, des mites, des araignées et des tiques. Ces arthropodes sont principalement employés pour la lutte biologique contre d’autres espèces animales. Il y a 2 000 ans déjà, on trouvait sur les marchés chinois des nids de fourmis Decophylla que l’on plaçait dans les plantations de citrus pour lutter contre les ravageurs. A ce jour, on a identifié dans le monde plus de 5 000 espèces d’insectes susceptibles de contribuer à la lutte biologique contre les ravageurs des cultures, dont 300 qui sont régulièrement utilisées avec succès dans 60 pays. Les vecteurs de maladies sont devenus, eux aussi, la cible de la lutte biologique. Par exemple, le moustique carnivore d’Asie du Sud-Est, Toxorhynchites spp., également appelé moustique «tox», a des larves qui se nourrissent de celles du moustique tigre, Aedes spp., responsable de la transmission aux humains de maladies telles que la dengue (O’Toole, 1995).

Des élevages de masse ont été créés pour élever des insectes stériles qui servent à la lutte non chimique contre les ravageurs. Il existe en Egypte une installation de ce type qui élève chaque semaine 1 milliard (environ 7 tonnes) de mouches méditerranéennes des fruits. Cet élevage comporte deux cycles principaux. Le premier est celui de la transformation des aliments ou cycle d’incubation larvaire; le second celui de la propagation ou de la production des œufs. La technique des insectes stériles a été utilisée pour la première fois pour éliminer les larves de Callitroga americana , qui parasitaient les bovins (myase). On procède à la stérilisation en irradiant les nymphes juste avant que l’adulte émerge du cocon soit aux rayons X, soit aux rayons gamma. Cette technique consiste à prendre des quantités massives d’insectes stériles ainsi élevés et à les lâcher dans les régions infestées où les mâles stériles s’accoupleront avec les femelles sauvages, fécondes. En rompant ainsi le cycle vital de l’insecte, on a pu réduire dans des proportions spectaculaires le taux de fécondité de ces ravageurs. Cette technique est employée avec Callitroga americana , la spongieuse (Lymantria dispar.(L)), l’anthonome du cotonnier et la mouche méditerranéenne des fruits (Kok, Lomaliza et Shivhare, 1988).

Une installation d’élevage d’insectes stériles comporte généralement un système à sas d’air destiné à empêcher l’entrée des insectes indésirables et la sortie des insectes féconds. Les différentes tâches comprennent le nettoyage et le balayage, l’empilage des œufs, le lavage des plateaux, la préparation du régime alimentaire, l’inoculation (en plaçant les œufs dans du gel d’agar), la coloration des nymphes, la surveillance de l’émergence, le conditionnement, la quarantaine, l’irradiation, le tri et la pesée. Dans la salle aux nymphes, de la vermiculite est mélangée à de l’eau et placée sur des plateaux. Les plateaux sont empilés et la poussière de vermiculite recueillie avec une balayette. Les nymphes sont séparées de la vermiculite par tamisage. Les nymphes retenues pour la technique des insectes stériles sont transportées sur des clayettes empilées les unes sur les autres jusqu’à la chambre d’irradiation, située dans une zone ou un local différent, où elles sont irradiées et rendues stériles (Froehlich, 1995; Kiefer, 1996).

Les travailleurs en contact avec les insectes, y compris avec les vers à soie, peuvent faire des réactions allergiques aux allergènes des arthropodes (squamules, poils, autres parties du corps). Les premiers symptômes sont des démangeaisons oculaires et une irritation nasale, suivies d’épisodes intermittents de sifflement res-piratoire, de toux et d’essoufflement. Ultérieurement, des accès d’asthme sont déclenchés par réexposition à l’allergène. Les entomologistes et autres catégories de personnel qui travaillent dans les élevages d’insectes stériles sont exposés à divers produits inflammables, potentiellement dangereux. Il s’agit, dans les laboratoires d’entomologie, de l’alcool isopropylique, de l’éthanol et du xylène; dans la salle de préparation des aliments, on se sert de l’alcool isopropylique en solution aqueuse pour stériliser murs et plafonds au moyen d’un pulvérisateur. La poussière de vermiculite pose des problèmes respiratoires, d’autant plus que certaines vermiculites sont contaminées par l’amiante. Dans ces installations, les unités de climatisation de l’air, éventuellement très sonores, peuvent être nocives pour l’ouïe des travailleurs. L’installation de systèmes de ventilation par extraction et le port de protections respiratoires individuelles sont utiles pour remédier à l’exposition aux allergènes et aux poussières en suspension dans l’air. Autant que possible, on utilisera des matériaux non pulvérulents. La climatisation et le changement fréquent des filtres peuvent contribuer à réduire les concentrations d’épines et de poils d’arthropodes en suspension dans l’air. Les rayons X ou les rayons gamma (rayonnement ionisant) risquent quant à eux d’endommager le matériel génétique. Il y aura lieu de se protéger contre les rayons X ou les rayons gamma et leurs sources dans les locaux d’irradiation (Froehlich, 1995; Kiefer, 1996).

La sériciculture

La vermiculture se pratiquait déjà anciennement dans certains pays. Les vers, et notamment le ver de farine (larve plutôt que ver proprement dit) du ténébrion, sont élevés par milliards pour l’alimentation des animaux de laboratoire et des animaux de compagnie. Les vers servent aussi au compostage.

On appelle sériciculture la production de cocons de vers à soie, laquelle comporte le nourrissage des vers à soie et la formation des cocons. La culture du bombyx du mûrier remonte en Chine à 3000 avant J.-C. Les sériciculteurs ont domestiqué le bombyx dont il ne reste plus de populations sauvages. Les vers à soie se nourrissent exclusivement des feuilles du mûrier blanc. Historiquement, par conséquent, la production de la soie a toujours été sous la dépendance de la feuillaison du mûrier. Cependant, on a mis au point des aliments artificiels du ver à soie qui permettent de continuer la production tout au long de l’année. Les vers à soie sont élevés sur des tables d’élevage (claies) parfois montées sur crémaillère. Etant donné que les vers doivent être nourris pendant environ 42 jours à température constante de 25 °C, un chauffage d’appoint s’impose parfois. La soie est une sécrétion, ou bave, du ver à soie qui se solidifie au contact de l’air. Le ver à soie sécrète environ 2 km de soie pour former son cocon au cours de sa transformation en chrysalide (Johnson, 1982). Une fois les cocons constitués, ils sont soumis à l’étouffage à l’air chaud pour tuer la chrysalide, puis expédiés à la filature. A la filature, la soie est dévidée puis filée.

Neuf pour cent des sériciculteurs font de l’asthme par réaction aux squamules du bombyx, encore que, dans la plupart des cas, la pathologie soit attribuée à l’inhalation des excréments de vers à soie. En outre, le contact de la peau avec les poils de la chenille peut entraîner une dermite irritante de contact primitive. Le contact avec la soie grège peut également entraîner des réactions cutanées d’origine allergique. En sériciculture, les traitements d’hyposensibilisation (à l’égard des squamules et des excréments) donnent une amélioration dans 79,4% des cas. Les corticostéroïdes peuvent inverser les effets des antigènes inhalés. Quant aux lésions cutanées, elles peuvent réagir à des applications topiques de lotions et de crèmes aux corticostéroïdes. Les antihistaminiques administrés par voie orale améliorent les symptômes de démangeaison et les sensations de brûlure. Des cas d’intoxication au monoxyde de carbone ont été observés dans les magnaneries où l’on est obligé de chauffer les locaux au charbon de bois pour maintenir la chaleur voulue. Pour éviter ces expositions au monoxyde de carbone, on préférera les radiateurs électriques aux feux de charbon de bois et aux poêles à pétrole.

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