Il y a douze mille ans, à lère néolithique, lhumanité découvrait que les aliments destinés à la consommation humaine, les fourrages et les fibres textiles pouvaient être produits par la culture des plantes, découverte qui permet aujourdhui de nourrir et dhabiller plus de six milliards dêtres humains.
Le présent article donne un aperçu général de lévolution et de la structure du secteur agricole, de limportance économique des diverses cultures et des principales caractéristiques de la main-duvre dans cette branche où lon distingue trois grandes catégories dactivités:
Secteur dactivité marqué par quatre grandes étapes séquentielles, lagriculture permet de produire des aliments destinés à la consommation humaine, des aliments pour animaux et des fibres textiles; elle nest toutefois pas sans avoir des conséquences sur la santé des travailleurs et, plus généralement, sur la santé publique et lenvironnement.
Des produits de base comme le blé ou le sucre ne servent pas seulement à lalimentation humaine, leurs sous-produits étant utilisés comme fourrages ou comme fibres. Plusieurs articles du présent chapitre sont consacrés aux méthodes de production, aux risques professionnels et aux mesures préventives spécifiques à chaque type de culture. La production daliments pour animaux et de fourrages est traitée au chapitre no 70 susmentionné, «Lélevage».
La révolution néolithique, qui marque le passage de la chasse et de la cueillette à lagriculture, sest produite en trois différents points du globe: à louest et au sud-ouest de la mer Caspienne, en Amérique centrale et en Thaïlande, près de la frontière birmane. Cest dans cette dernière région que lagriculture débuta, vers 9 750 ans avant lère chrétienne. On y a en effet retrouvé des graines de pois, de haricots, de concombres et de châtaignes deau précédant de quelque 2 000 ans les premiers vestiges dactivité agricole proprement dite découverts dans les deux autres régions. La révolution néolithique et, par conséquent, lagriculture sont essentiellement fondées sur la récolte de graines végétales, leur réintroduction dans le sol et leur culture jusquà la récolte suivante.
Au sud de la mer Caspienne, on cultiva tout dabord le blé. Au fil de leurs migrations, les agriculteurs qui emportaient avec eux des graines de blé saperçurent que dautres graminées, dont le seigle et lavoine, étaient également comestibles. En Amérique centrale, où le maïs et le haricot constituaient la base de lalimentation, on découvrit les propriétés nutritives de la tomate.
Lavènement de lagriculture saccompagna dun cortège de problèmes:
La recherche de solutions à ces problèmes donna naissance à de nouvelles industries: lintroduction des pesticides pour lutter contre les mauvaises herbes, les insectes et les rongeurs; la production dengrais pour rendre à la terre sa fertilité; la mise au point de réseaux de réservoirs, de canalisations, de canaux et de fossés pour lirrigation des cultures.
Dans les pays en développement, lagriculture repose essentiellement sur lexploitation de terres familiales dont la plupart ont été transmises de génération en génération par voie dhéritage. Elle est aussi le fait de cultivateurs qui représentent la moitié des populations pauvres de la planète, mais qui produisent les quatre cinquièmes de la production alimentaire de ces pays. Par contre, dans les pays développés, les exploitations agricoles se transforment de plus en plus en entreprises commerciales de grande envergure où production, transformation, commercialisation et distribution sont intégrées au sein dun système que lon appelle lindustrie agroalimentaire (Loftas, 1995).
Pendant des siècles, lagriculture a fourni aux cultivateurs et à leur famille leurs moyens de subsistance, et ce nest que récemment quelle sest transformée en système de production. Une série de «révolutions» ont permis daccroître la productivité agricole. La première fut la mécanisation des travaux agricoles, processus au cours duquel la machine se substitua au travail manuel. La deuxième fut la révolution chimique qui apparut au lendemain de la seconde guerre mondiale et permit de lutter efficacement contre les ennemis des cultures; ses effets nocifs népargnèrent toutefois pas lenvironnement. La troisième, la révolution verte, contribua en Amérique du Nord et en Asie à laugmentation de la productivité par lintroduction de nouvelles variétés nées des progrès de la génétique.
La population de la planète est passée de 2,5 milliards dhabitants en 1950 à 5,6 milliards en 1994, lOrganisation des Nations Unies estimant quelle continuera de croître pour atteindre 7,9 milliards dhabitants dici à 2025. Cet accroissement démographique continuel saccompagnera dune plus forte demande en aliments nutritifs et énergétiques, tant en raison du nombre supplémentaire de bouches à nourrir que des efforts déployés à léchelle mondiale pour lutter contre la malnutrition (Brown, Lenssen et Kane, 1995). Le tableau 64.1 dresse une liste déléments nutritifs et de leurs sources.
Nutriments |
Origine végétale |
Origine animale |
Glucides (sucres et amidon) |
Fruits, céréales, légumes-racines, légumineuses à grains |
Miel, lait |
Lipides |
Oléagineux, noix et légumineuses |
Viande, volaille, beurre clarifié, poisson |
Protéines |
Légumineuses à grains, noix et céréales |
Viande, poisson, produits laitiers |
Sels minéraux |
Calcium: pois, haricots |
Calcium: lait, viande, fromage |
Vitamines |
Carotène: carottes, mangues, papayes |
Vitamine A: foie, œufs, lait |
Source: Loftas, 1995.
De nos jours, lagriculture est considérée comme une activité qui procure les moyens de subsistance nécessaires à ceux qui cultivent la terre, ainsi que les aliments de base aux communautés vivant dans les zones de production, et qui permet de tirer des revenus de la vente de ces produits sur les marchés extérieurs. Un aliment de base est un aliment qui fournit une grande partie des éléments nutritifs et énergétiques dont les populations ont besoin, constituant ainsi la part la plus importante de leur alimentation. Si lon fait exception de la production animale, la plupart des populations se nourrissent dun ou de deux des aliments de base ci-après: riz, blé, maïs, mil, sorgho, et de racines et tubercules comme la pomme de terre, le manioc, ligname et le taro. Bien que lon ait dénombré 50 000 espèces de plantes comestibles dans le monde, 15 espèces principales apportent, à elles seules, 90% de lénergie alimentaire nécessaire à lhumanité.
Les céréales constituent la catégorie principale de produits sur lesquels compte la population mondiale pour satisfaire ses besoins alimentaires de base. Elles comprennent le blé et le riz aliments de base principaux et des céréales secondaires qui sont utilisées dans lalimentation des animaux. Trois céréales, le riz, le maïs et le blé, constituent la base alimentaire de plus de 4 milliards dindividus, et le riz nourrit pratiquement la moitié de la population mondiale (Loftas, 1995).
Les féculents comme le manioc, la patate douce, la pomme de terre, ligname, le taro et la banane plantain font également partie des denrées vivrières de base. Les plantes, racines et tubercules constituent en fait la base alimentaire de plus de 1 milliard dêtres humains dans les pays en développement, le manioc, à lui seul, en nourrissant quelque 500 millions. La production et la consommation de certaines de ces denrées restent essentiellement à un niveau de subsistance.
Parmi les produits de base, on trouve également les légumineuses à graines dont un certain nombre de légumes secs comme les pois cassés, les pois chiches, les haricots et les lentilles, qui sont des produits riches en amidon et en protéines.
Dautres légumineuses, comme les graines de soja et larachide, sont exploitées pour leur huile. On extrait aussi lhuile de cultures oléagineuses comme la noix de coco, la graine de sésame, la graine de coton et les fruits du palmier à huile et de lolivier, sans oublier la production dhuiles végétales à partir du maïs et du son de riz. Les plantes oléagineuses sont en outre utilisées dans la fabrication de peintures et de détergents (Alexandratos, 1995).
Les petits exploitants produisent en général les mêmes cultures que celles que lon trouve dans les grandes plantations. Les cultures de plantations, pour la plupart des produits dexportation, comprennent le caoutchouc naturel, lhuile de palme, le sucre de canne, le coton, le tabac, la banane et les boissons tropicales comme le café, le cacao et le thé. Ces cultures peuvent être destinées à la fois à la consommation locale et à lexportation, comme cest le cas pour le café et la canne à sucre (BIT, 1994).
Lagriculture en milieu urbain est une activité à forte intensité de main-duvre; elle est pratiquée sur de petites parcelles tant dans les pays développés que dans les pays en développement. Aux Etats-Unis, par exemple, ce secteur emploie jusquà 10% de la population urbaine et sa production représente plus dun tiers de la valeur marchande des cultures. En revanche, 80% de la population des petites villes de Sibérie et dAsie sont employés dans le secteur de la production et de la transformation des denrées agricoles. Le producteur urbain utilise parfois aussi ses produits comme monnaie déchange, notamment pour payer son loyer (PNUD, 1996).
En 1994, la population mondiale sélevait à 5,6 milliards dhabitants dont 2,7 milliards, soit 49%, travaillaient dans le secteur agricole, comme le montre la figure 64.1. La plupart des travailleurs agricoles habitaient dans les régions les plus pauvres du globe ou dans celles dont les économies étaient en état de transition, alors quils étaient moins de 100 millions dans les pays développés où la mécanisation a permis daccroître la productivité.
Le secteur agricole emploie des hommes et des femmes, des enfants et des personnes âgées dont les rôles respectifs sont bien différenciés. Par exemple, les femmes dAfrique subsaharienne produisent et vendent 90% des denrées cultivées au niveau local et il leur incombe aussi traditionnellement de cultiver les produits réservés à la consommation familiale (Loftas, 1995).
Partout dans le monde, les enfants sont mis à contribution dès leur plus jeune âge (voir figure 64.2) et travaillent généralement 45 heures par semaine pendant les périodes de récolte. Ils ont de tout temps été utilisés comme main-duvre dans les plantations, mais cet état de choses est aujourdhui aggravé par la pratique qui consiste à rémunérer les travailleurs agricoles à la tâche, ce qui oblige des familles entières à travailler pour maintenir ou accroître leur revenu.
Les données sur lemploi dans les plantations montrent que les travailleurs les plus pauvres sont généralement les salariés agricoles qui travaillent dans des exploitations commerciales. Les plantations étant situées dans les régions tropicales et subtropicales de la planète, les conditions de vie et de travail qui y prévalent peuvent aggraver les problèmes de santé liés à la pauvreté (BIT, 1994).
Lagriculture en milieu urbain est une autre filière importante du secteur agricole. On estime à 200 millions le nombre dagriculteurs qui travaillent à temps partiel ce qui équivaut à 150 millions de travailleurs à plein temps dans cette filière de production à des fins commerciales. Si lon inclut lagriculture de subsistance en milieu urbain, on arrive à un effectif de 800 millions de travailleurs agricoles (PNUD, 1996).
La figure 64.1 donne la répartition des emplois agricoles dans les différentes régions du monde. Aux Etats-Unis et au Canada, un faible pourcentage de la population est employé dans le secteur agricole et le nombre dexploitations diminue à mesure quaugmente celui des fusions des petites ou moyennes entreprises agricoles. En Europe occidentale, lagriculture se caractérise par de petites exploitations, vestige dun passé où les propriétés étaient partagées équitablement entre les enfants. Ces exploitations tendent néanmoins à sagrandir à mesure que les populations quittent les campagnes et abandonnent lagriculture. En Europe de lEst, lagriculture a longtemps été sous la coupe de léconomie planifiée. Dans lex-URSS, les exploitations atteignaient en moyenne plus de 10 000 ha, alors quelles ne représentaient que le tiers de cette superficie dans les autres pays de lEurope de lEst; néanmoins, des transformations sont en cours dans tous ces pays qui optent progressivement pour une économie de marché. De nombreux pays asiatiques ont modernisé leurs travaux agricoles et la production de riz est même devenue excédentaire dans certains dentre eux. Plus de 2 milliards de travailleurs pratiquent lagriculture dans ces régions et laccroissement de la production rizicole, par exemple, est en grande partie dû à la culture de variétés à haut rendement. LAmérique latine est une vaste région où lagriculture joue un rôle économique capital. Lexploitation de plus en plus importante des ressources considérables dont elle dispose dans ce domaine se réalise cependant aux dépens des forêts tropicales. Dans dautres régions, comme le Moyen-Orient et lAfrique, la production vivrière par habitant accuse un déclin. Au Moyen-Orient, cest lapprovisionnement en eau qui a toujours constitué un obstacle majeur pour lagriculture. En Afrique, où la taille des fermes traditionnelles nexcède guère 3 à 5 ha de terres essentiellement cultivées par les femmes, les hommes travaillent à lextérieur, voire sexpatrient pour accroître leurs revenus. Certains pays encouragent lexpansion des activités des entreprises agricoles.
Une exploitation familiale est une entreprise et une propriété rurale qui comprend aussi bien les enfants que les membres âgés de la famille. Dans certaines régions du monde, les familles dagriculteurs vivent dans des villages entourés par leurs terres. Lexploitation est un lieu de relations familiales où lon élève les enfants et où lon produit des denrées alimentaires et autres matières premières. Ces exploitations vont de la petite ferme où lon pratique une agriculture de subsistance ou des activités agricoles en même temps que dautres activités, et où lon emploie des animaux de trait et un outillage léger à la très grande entreprise familiale occupant de nombreux travailleurs agricoles à plein temps. Les types dexploitations familiales varient suivant les pays, les régions, les cultures, lhistoire, léconomie, la religion et divers autres facteurs. La taille des exploitations et le type des opérations déterminent la somme de travail que devront accomplir les membres de la famille, ainsi que les besoins en main-duvre à plein temps ou à temps partiel. Les activités dune exploitation classique peuvent comprendre les soins aux animaux, lévacuation du fumier, le stockage des grains, la conduite dengins agricoles, la pulvérisation de pesticides, lentretien des machines, des travaux de construction et bien dautres tâches. LOrganisation de coopération et de développement économiques (OCDE, 1994) fait état de plusieurs tendances dans le secteur de lagriculture, notamment:
La concentration des opérations agricoles et la réduction du nombre dexploitations familiales est un phénomène que lon observe depuis des dizaines dannées. Certaines forces économiques influent sur le travail et les charges de travail ainsi que sur la sécurité et la santé des membres de lexploitation familiale. Des changements importants sont intervenus au sein de ces exploitations en conséquence directe de laction de ces forces, parmi lesquels on citera laugmentation des charges de travail, le recours accru à la main-duvre extérieure, lutilisation de nouvelles techniques, la présence dadolescents livrés à eux-mêmes et la lutte quotidienne pour maintenir la viabilité économique de lexploitation. Les enfants proches de ladolescence contribuent à la productivité de lexploitation familiale. Les petites et moyennes exploitations comptent généralement sur cette main-duvre, surtout quand les adultes doivent exercer un emploi à lextérieur, laissant souvent les enfants travailler sans surveillance. Les risquesUne exploitation agricole familiale est un environnement de travail dangereux. Cest lun des rares lieux de travail qui serve également de milieu de vie et de lieu de divertissement à plusieurs générations de membres dune même famille. Une exploitation de ce type présente de nombreux risques qui peuvent mettre la vie de ses membres en danger. Lindicateur le plus important pour la sécurité et la santé est la charge de travail incombant à chaque membre de la famille, sur les plans tant physique que psychologique et décisionnel. Il peut paraître étonnant que des personnes expérimentées, travaillant avec un matériel et sur des terres quelles connaissent bien, soient victimes daccidents graves alors quelles se livrent à des tâches quelles accomplissent depuis des années, voire des dizaines dannées. Des matières dangereuses, dont les pesticides, les engrais, les liquides inflammables, les solvants et autres produits de nettoyage, sont la cause daffections aiguës et chroniques chez les travailleurs agricoles et les familles dexploitants. Les tracteurs, les vis à grain et autres engins agricoles ont permis de multiplier les tâches agricoles (y compris dans le secteur de lélevage) qui peuvent être accomplies par un seul fermier, mais la mécanisation est également à lorigine de graves accidents. Parmi les principaux risques de maladies et daccidents, on citera les machines et engins agricoles, le renversement des tracteurs, la présence de bestiaux et de véhicules agricoles sur la voie publique, les chutes, les heurts dobjets, les manutentions, les espaces confinés et lexposition aux produits et émanations toxiques, aux poussières, aux moisissures, aux vibrations et au bruit. Le climat et la topographie des lieux présentent également des risques en certaines circonstances. Lagriculture est un secteur dactivité où les taux de mortalité et daccident sont parmi les plus élevés. Les enfants comme les adultes y courent de grands dangers. Lexpansion des exploitations familiales, aux fins de maintenir leur rentabilité, va de pair avec une augmentation de la charge de travail des membres de la famille, lesquels sexposent ainsi à de plus grands risques de fatigue, de stress et daccidents. Cest aussi dans ce cadre que les enfants aident le plus souvent leurs parents, travaillant sans surveillance. Les pressions incessantes des travaux agricoles peuvent conduire à des dépressions, des démembrements familiaux et des suicides. Il apparaît que les suicides sont plus nombreux chez les propriétaires dexploitations familiales que chez les autres habitants des zones rurales (Gunderson, 1995). Par ailleurs, les coûts que représentent les maladies et les accidents, que ce soit les coûts directs ou les coûts indirects, sont le plus souvent à la charge des familles. La préventionLes programmes conventionnels de sécurité et de santé au travail mettent en général laccent sur la conception technique du matériel agricole, la formation et les pratiques agricoles rationnelles. Il faut toutefois veiller à confier aux enfants, comme aux personnes âgées, des tâches à leur mesure. De même, on ne devrait pas permettre aux jeunes enfants de se trouver à proximité dengins agricoles en marche et, surtout, de monter sur des tracteurs ou autres machines. Ils ne devraient pas non plus avoir accès aux bâtiments présentant des dangers liés à lélectricité, à la claustration, à lentreposage de produits chimiques ou dengins agricoles (National Committee for Childhood Agricultural Injury Prevention, 1996). Des mises en garde devraient être apposées sur les engins et les produits chimiques afin que les adultes soient informés des dangers potentiels de leur utilisation et prennent les mesures de protection voulues pour eux-mêmes et leur famille. Le recours à des travailleurs extérieurs à lexploitation permettra de réduire la charge de travail des familles pendant les périodes de pointe; le concours de personnes plus âgées possédant une expérience et des compétences particulières sera lui aussi précieux. Lorsquils sont autosuffisants, les exploitants pourront vouloir accomplir leurs tâches quels quen soient les risques; ils ne se soucieront pas toujours de prendre les précautions qui simposent sils les jugent susceptibles de diminuer leur productivité. Outre un changement dattitude et de comportement, lamélioration de la sécurité et de la santé dans les exploitations agricoles familiales requiert par conséquent la participation active des exploitants et des travailleurs agricoles. Il faut également souligner lintérêt qui sattache à la collaboration des agronomes, des fournisseurs de matériel agricole, des assureurs, des banquiers, des médias locaux, des jeunes et des autres membres de la communauté si lon veut créer et maintenir un haut niveau de sécurité au sein des exploitations et de la collectivité. Ted Scharf, David E. Baker et Joyce Salg |
* Adapté de la 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational Health and Safety.
Le terme plantation désigne communément une exploitation agricole de grande envergure axée sur un mode de production industriel. On trouve ce type dexploitation essentiellement dans les régions tropicales dAsie, dAfrique, dAmérique centrale et dAmérique du Sud, mais aussi dans certaines régions subtropicales où le climat et le sol sont particulièrement propices à la production de plantes et de fruits tropicaux.
Les cultures de plantation incluent aussi bien des espèces à cycle court, comme lananas et la canne à sucre, que des arbres ou arbustes comme lhévéa ou le bananier. Sont habituellement considérées comme cultures de plantation les cultures tropicales et subtropicales telles que le thé, le café, le cacao, la noix de coco, la mangue, le sisal et les fruits récoltés sur les diverses espèces de palmiers, mais aussi, lorsque lexploitation en est réalisée à grande échelle, dautres cultures comme le riz, le tabac, le coton, le maïs, les agrumes, le ricin, larachide, le jute, le chanvre et le bambou. Les cultures de plantation présentent les caractéristiques ci-après:
Etant donné leur grande diversité, les cultures de plantation sont exploitées dans des conditions géographiques, géologiques et climatiques qui diffèrent aussi considérablement les unes des autres, mais presque toutes prospèrent davantage dans les régions où les conditions climatiques et lenvironnement sont particulièrement rudes. Par ailleurs, létendue des plantations et, dans la plupart des cas, leur isolement géographique ont donné naissance à des peuplements très différents de lhabitat local traditionnel (National Research Council (NRC), 1993).
Lactivité principale dune plantation est la culture dune ou de deux espèces végétales et comporte les travaux suivants: préparation des sols, plantation proprement dite, culture intercalaire, sarclage, traitement, récolte, transport et stockage des produits. Ces diverses opérations nécessitent un ensemble doutils et dengins agricoles ainsi que des produits chimiques. Quand il sagit dexploiter des terres vierges, il est tout dabord nécessaire de procéder au défrichement par abattage des arbres, dessouchage et élimination par le feu du couvert végétal, puis dentreprendre des travaux de terrassement pour aménager rigoles et fossés dirrigation. A la culture proprement dite peuvent sajouter dautres activités: élevage, transformation agroalimentaire, entretien et réparation des bâtiments agricoles, de loutillage et des machines, des routes et des voies ferrées. Il sera éventuellement nécessaire de produire de lélectricité, de creuser des puits, dentretenir des canaux dirrigation, de faire tourner des ateliers de mécanique ou de charpenterie et dacheminer les produits vers les marchés.
Dans le monde entier, les plantations font appel au travail des enfants. Ces enfants travaillent avec leurs parents, formant une équipe rémunérée à la tâche, ou sont affectés à des besognes particulières. Ils sont généralement occupés pendant de longues heures à des travaux pénibles, dans des conditions de sécurité et de santé très précaires, sans bénéficier dune alimentation et dun repos suffisants. Ils nont en outre guère la possibilité de sinstruire. Ces enfants sont souvent recrutés par lintermédiaire de sous-traitants; cest une pratique courante dans le cas des travaux occasionnels ou saisonniers. Ainsi, le patron de la plantation nest pas en relation directe avec les travailleurs agricoles dont les conditions de travail sont, dans lensemble, nettement moins bonnes que celles des travailleurs recrutés sans intermédiaire.
La plupart des travailleurs employés dans les plantations sont payés à la tâche et non à lheure. Par exemple, ces tâches peuvent être comptabilisées en nombre de rangs de canne à sucre coupés et chargés, en nombre dhévéas incisés, de rangs désherbés, de boisseaux de sisal coupés, de kilos de thé cueillis ou dhectares de terres fertilisés. Le temps consacré à ces travaux peut varier en fonction des conditions climatiques ou topographiques, et il nest pas rare que des familles entières travaillent sans relâche du lever au coucher du soleil. Dans la majorité des pays possédant des plantations, les travailleurs agricoles sont employés, selon les chiffres officiels, plus de 40 heures par semaine. En outre, la plupart dentre eux se rendent à leur lieu de travail à pied; comme les plantations sont très vastes, ces déplacements exigent de leur part un effort supplémentaire, parfois plusieurs heures de marche par jour (BIT, 1994).
Le travail dans les plantations comporte de nombreux risques liés à lenvironnement, aux outils et engins utilisés, ainsi quà la nature même du travail. Lune des premières mesures à prendre pour améliorer la sécurité et la santé dans les plantations est de nommer un responsable de la sécurité et de mettre en place un comité paritaire de sécurité et de santé. Les responsables de la sécurité auront pour mission de veiller à ce que les bâtiments et léquipement présentent toujours les garanties voulues de sécurité et à ce que le travail soit effectué selon les règles de sécurité établies. Les comités de sécurité ont lavantage particulier de réunir la direction et les travailleurs dans une activité commune et de permettre à ces derniers de participer directement à lamélioration de la sécurité. Ces comités sont notamment chargés délaborer les règles de sécurité au travail, denquêter sur les accidents et les maladies survenant dans les plantations et de recenser les lieux présentant des risques pour les travailleurs ou leur famille.
Un service médical et un équipement de premiers soins, accompagné dinstructions précises quant à son utilisation, devraient être mis en place. Les médecins devraient avoir reçu une formation leur permettant de dépister les maladies professionnelles, notamment les intoxications dues aux pesticides et les contraintes thermiques. Il conviendrait de mener une enquête sur le terrain pour déterminer les risques professionnels liés aux travaux effectués et dy faire éventuellement participer des membres du comité de sécurité et de santé et des spécialistes, notamment le responsable de la sécurité, le responsable de la surveillance médicale et des inspecteurs sanitaires, afin de mieux appréhender les facteurs de risques et de faciliter la mise en uvre de mesures préventives appropriées. Le tableau 64.2 présente les différentes étapes de lorganisation de ce type denquête qui devrait permettre dadopter des mesures préventives à légard tant des risques potentiels que des risques ayant déjà été à lorigine daccidents et de maladies (Partanen, 1996). On trouvera ci-après un aperçu des risques potentiels et des modes de prévention adéquats.
1. |
Définition du problème et de son niveau de priorité |
2. |
Recherche des données existantes |
3. |
Justification du besoin de recueillir des informations supplémentaires |
4. |
Définition des objectifs de l’étude, de sa conception, de la population cible, du temps requis et des méthodes à utiliser |
5. |
Définition des tâches, des coûts et du calendrier d’exécution |
6. |
Préparation du protocole |
7. |
Collecte des données |
8. |
Analyse des données et évaluation des risques |
9. |
Publication des résultats |
10. |
Organisation du suivi |
Source: Partanen, 1996.
En raison des longues heures passées à accomplir des tâches pénibles, la fatigue est une source de préoccupation particulière. Les travailleurs fatigués sont généralement moins à même dévaluer les risques auxquels ils sont exposés; il peut en résulter des accidents à lorigine de blessures ou dexpositions accidentelles. Des pauses obligatoires et une réduction des heures de travail permettront de limiter les risques de fatigue.
Les effets de la fatigue sur lorganisme sont aggravés par la chaleur et lhumidité ambiantes. Par conséquent, on veillera à ce que les travailleurs boivent régulièrement de leau et fassent des pauses appropriées.
Les outils mal conçus contraignent souvent les travailleurs à adopter des postures inadaptées, voire dangereuses; de même, les instruments tranchants mal affûtés exigent un effort plus important de leur part. Les postures inclinées ou voûtées et la manipulation de lourdes charges sont très contraignantes pour le dos; travailler les bras levés au-dessus des épaules peut également provoquer des troubles musculo-squelettiques dans la partie supérieure du tronc (voir figure 64.3). On choisira des outils permettant dadopter une posture correcte et on veillera à leur parfait entretien. Il faudra également réduire les charges à soulever ou prévoir des effectifs supplémentaires pour ce faire.
Certains accidents peuvent résulter de lutilisation inappropriée doutils à main tels que machettes, faux, haches et autres instruments tranchants ou pointus, ou encore dengins mécaniques portables comme les scies à chaîne. Sont aussi à lorigine daccidents le positionnement inapproprié des échelles et leur mauvais état, de même que lutilisation de cordes et de chaînes inadaptées. Les utilisateurs devraient avoir reçu des instructions précises sur le maniement et lentretien de ces outils ou équipements, qui devraient par ailleurs être remplacés sils sont endommagés ou en mauvais état.
Les machines qui ne sont pas équipées de dispositifs de protection risquent de provoquer des accidents graves, voire mortels; elles peuvent, par exemple, happer une personne au passage par les vêtements ou par les cheveux. Il importe déviter tout risque de contact dangereux avec les pièces en mouvement. On devrait également mettre en place des systèmes de verrouillage et de signalisation de sécurité pour les travaux dentretien et de réparation.
Les machines et engins agricoles sont aussi des sources de bruit intense entraînant des pertes daudition chez les travailleurs exposés. On sassurera donc quils portent en cas de besoin une protection antibruit adéquate et, lors de lacquisition de nouveaux équipements, on donnera la préférence aux moins bruyants.
Les routes et les pistes desservant les plantations sont souvent étroites et présentent de ce fait des risques de collisions frontales et de renversements sur le bas-côté. On veillera à équiper les véhicules de transport, y compris les camions, les remorques et chariots tirés par des tracteurs ou des animaux, de dispositifs permettant de monter à bord et de descendre en toute sécurité. Si le réseau est constitué de voies à deux sens de circulation, on les élargira à intervalles réguliers pour permettre les dépassements. Les ponts et tronçons surplombant les précipices et ravins devraient être pourvus de parapets solides.
Les tracteurs et beaucoup dautres véhicules exposent les travailleurs à deux dangers majeurs. Lun est le renversement du véhicule, qui provoque fréquemment la mort du conducteur par écrasement. Les employeurs veilleront à équiper ces véhicules de structures de protection spéciales (cadres, etc.) pour prévenir ce type daccident. Des ceintures de sécurité devraient être portées lors des déplacements. Lautre danger majeur est celui dêtre renversé et écrasé par lun de ces engins; il conviendrait que les travailleurs se déplaçant à pied se gardent demprunter les chemins réservés aux véhicules de transport et que les conducteurs de tracteurs refusent de prendre des passagers à bord à moins que leurs véhicules ne soient équipés de sièges adéquats.
Lélectrification des plantations est généralement limitée aux opérations de transformation, aux travaux en atelier et à léclairage des bâtiments et des champs. Lutilisation imprudente dinstallations ou de matériels électriques expose à des commotions, à des brûlures et à des accidents mortels par électrocution. Le risque est accru dans les lieux humides ou lorsque le travailleur a les mains ou les vêtements mouillés. Les installations électriques extérieures ou proches dune source deau devraient être équipées de disjoncteurs. Dans les régions où les orages sont fréquents ou violents, il conviendrait dinstaller des paratonnerres sur tous les bâtiments et dinformer les travailleurs quant aux précautions à prendre pour éviter dêtre foudroyés et aux endroits où chercher refuge.
Lélectricité ainsi que la présence de flammes nues ou de cigarettes allumées sont source dincendie ou dexplosion damas de poussières organiques. Les produits inflammables comme le kérosène, lessence et le gasoil peuvent également provoquer des incendies ou des explosions sils ne sont pas manipulés ou entreposés convenablement. Les déchets graisseux ou combustibles présentent aussi un risque dincendie dans les ateliers. Aucun matériau combustible ne devrait être laissé à proximité de produits inflammables. Des appareils électriques antidéflagrants devraient être utilisés si lon se trouve à proximité de produits inflammables ou explosifs, et les circuits électriques devraient être munis de fusibles ou de disjoncteurs.
Lemploi de produits agrochimiques toxiques est particulièrement préoccupant, surtout en cas dapplication intensive dherbicides, de fongicides et dinsecticides. On peut être exposé aux dangers que présentent ces produits à de nombreux stades de la production agricole ainsi quau cours des opérations de conditionnement, de stockage, de transport, de distribution pour la vente au détail, dapplication (manuelle ou par voie aérienne), de recyclage ou délimination des déchets. Les risques sont aggravés par lanalphabétisme, un étiquetage insuffisant ou erroné, des récipients qui fuient, linsuffisance ou linexistence déquipements de protection individuelle adaptés, la modification de la formulation de ces produits, lignorance du danger, la non-observation des règles de sécurité ou labsence de supervision ou de formation technique. Les travailleurs devraient recevoir des instructions relatives à lutilisation de ces produits et porter un équipement de protection individuelle, règle difficile à imposer sous les tropiques dans la mesure où le port de cet équipement peut accentuer la contrainte thermique (voir figure 64.4). On devrait sefforcer de trouver et dutiliser des produits de substitution moins toxiques.
Sur certaines plantations, on a fréquemment recours aux animaux de trait tels que chevaux, ânes, mulets et bufs pour porter ou tirer de lourdes charges. Il nest pas rare que ces animaux blessent les travailleurs par ruades, coups de corne ou morsures, et quils leur transmettent des zoonoses telles que le charbon, la brucellose, la rage, la fièvre Q ou la tularémie. On choisira par conséquent des animaux dociles, bien dressés, et lon se gardera de faire travailler ceux qui sont susceptibles davoir un comportement agressif. On emploiera des brides, harnais, selles et autres harnachements appropriés, que lon entretiendra convenablement et que lon ajustera correctement sur les animaux. Les animaux malades devraient être traités ou éliminés.
Les plantations abritent parfois des serpents venimeux qui se déplacent sur le sol ou vivent dans les arbres doù ils peuvent tomber sur les travailleurs. Ceux-ci devraient disposer dune trousse durgence contre les morsures de serpent et avoir accès à des soins durgence et au sérum antivenimeux requis. Sur les lieux où lon trouve des serpents arboricoles, les travailleurs devraient porter des coiffures protectrices faites dun matériau résistant.
Certaines maladies infectieuses sont transmises aux personnes travaillant dans les plantations par les rats qui pullulent dans les bâtiments, par leau consommée sur place ou par les aliments. La consommation deau insalubre est responsable de la dysenterie, maladie fréquente dans les plantations. Des installations sanitaires devraient être aménagées et entretenues conformément à la réglementation en vigueur. De même, lapprovisionnement des travailleurs et de leur famille en eau de boisson devrait répondre aux normes établies par les autorités compétentes.
Dans certains espaces confinés, tels que les silos, lémanation de gaz toxiques ou le manque doxygène peuvent entraîner de graves accidents. On devrait donc veiller à ce que ces espaces soient bien ventilés avant dy pénétrer ou imposer le port dun appareil de protection respiratoire approprié.
Les travailleurs migrants et saisonniers représentent, à léchelle mondiale, une population importante, exposée à la fois aux risques professionnels et sanitaires liés aux travaux agricoles et aux risques inhérents à leur état de pauvreté et derrance. Aux Etats-Unis, par exemple, bien que lon nen connaisse pas le nombre exact, on estime cette population à quelque cinq millions. La proportion de travailleurs agricoles recrutés à titre temporaire y est dailleurs en augmentation par rapport à celle des agriculteurs, qui est en voie de régression. Les mouvements migratoires dans le monde entier sont généralement liés au travail et se font le plus souvent des pays les plus pauvres vers les pays les plus riches. Fréquemment affectées aux tâches les plus pénibles et les plus dangereuses, les populations migrantes connaissent des taux de morbidité et daccidents du travail plus élevés. En outre, vivant dans la pauvreté et ne bénéficiant pas dune protection légale suffisante, elles risquent dautant plus de contracter des maladies professionnelles ou autres.
Les études sur les risques daccidents et les problèmes de santé auxquels ces populations sont exposées sont peu nombreuses. Dune part, en effet, les études spécifiques à la sécurité et à la santé dans lagriculture sont rares et, dautre part, ces populations sont difficiles à étudier dans la mesure où elles sont itinérantes, appartiennent à des groupes ethniques, linguistiques ou culturels différents, et sont économiquement pauvres et politiquement exclues.
Aux Etats-Unis, les populations de travailleurs agricoles migrants et saisonniers sont essentiellement constituées dhommes jeunes dorigine hispanique. On trouve aussi des populations blanches, noires, dAsie du Sud-Est et dautres groupes ethniques. Les deux tiers de ces travailleurs, ou presque, sont nés à létranger; la plupart ont un faible niveau dinstruction, ne parlent et ne lisent pas langlais, et la moitié dentre eux vit au-dessous du seuil de pauvreté. Les conditions de travail ne sont pas conformes aux normes en vigueur, les salaires sont modiques et les avantages sociaux peu nombreux: moins dun quart de ces travailleurs bénéficie dune assurance maladie. Ils sont généralement embauchés environ six mois par an pour accomplir des travaux à forte intensité de main-duvre comme la cueillette des fruits et des noix ou la récolte des légumes.
Létat de santé de cette population est à limage de ses conditions de travail et de ses faibles revenus. Les travailleurs agricoles souffrent de carences alimentaires, vivent dans des logements médiocres, manquent dinstruction, ont un niveau dhygiène insuffisant et ont rarement accès aux soins médicaux. De mauvaises conditions de vie dans des logements surpeuplés et une alimentation inadéquate les rendent plus vulnérables aux maladies infectieuses aiguës. Ils consultent moins souvent le médecin que les populations non agricoles et, quand ils se rendent en consultation, cest la plupart du temps pour le traitement dune affection aiguë ou dun traumatisme. En outre, ils nont guère accès aux soins préventifs. Les enquêtes effectuées sur ces populations révèlent quun nombre important dindividus présentent un état de santé nécessitant des soins médicaux. De même, les soins préventifs, dentaires ou ophtalmologiques, par exemple, sont insuffisants, et la couverture vaccinale est inférieure à la moyenne de la population. Les cas danémie, fréquents, sont probablement dus à dimportantes carences nutritives.
La pauvreté et les autres restrictions auxquelles se heurtent les travailleurs agricoles migrants et saisonniers entraînent de très mauvaises conditions de vie et de travail. Nombreux sont ceux qui ne disposent pas dinstallations sanitaires sur leur lieu de travail. Ils sont logés de façon très variable, certains dans des logements sociaux convenables, dautres dans des baraquements ou campements en piteux état quils occupent tant quil y a du travail sur place. Les piètres conditions dhygiène et la promiscuité régnant dans ces taudis posent généralement de graves problèmes, exposant leurs occupants à des risques accrus de contracter des maladies infectieuses. Ces difficultés sont aggravées chez les travailleurs migrants qui se déplacent en fonction des campagnes agricoles car, à chaque nouveau déplacement, ils perdent la possibilité de bénéficier des services mis en place dans les communautés établies.
Diverses études ont montré que les maladies infectieuses représentent une part importante de la morbidité et de la mortalité dans ces populations. Les maladies parasitaires sont nettement plus nombreuses chez les travailleurs migrants et on constate une augmentation du nombre des décès dus à la tuberculose et à dautres maladies chroniques des appareils cardio-vasculaire, respiratoire et urinaire. Les lésions traumatiques sont, comme dans le cas des autres travailleurs agricoles, la principale cause de laccroissement du taux de mortalité.
Létat de santé des enfants des travailleurs agricoles est particulièrement inquiétant. Une certaine carence de services de soins préventifs sajoute à la pauvreté, à la malnutrition et à la médiocrité de leurs conditions de vie. Ils sont aussi exposés dès leur plus jeune âge aux risques inhérents aux travaux agricoles, tant à la ferme quaux champs. Ce sont les enfants de moins de cinq ans qui sont les plus exposés aux accidents causés par les engins agricoles ou les animaux de ferme. Dès lâge de dix ans, de nombreux enfants commencent à travailler, surtout durant les périodes (récoltes) où une main-duvre supplémentaire est nécessaire. Ils nont pas toujours la force physique ou la capacité de coordination requises par les travaux agricoles; ils nont pas non plus une très grande capacité de jugement dans la plupart des situations. En outre, ils courent un danger particulier lors de la mise en uvre des produits agrochimiques sils nont pas été prévenus que telle ou telle zone vient dêtre traitée ou sils ne savent pas lire les mises en garde apposées sur les produits dangereux.
Les travailleurs agricoles risquent davantage de contracter des maladies liées à lutilisation de pesticides pendant leur travail aux champs, le plus souvent par contact direct avec le produit en cours de pulvérisation, par contact prolongé avec des plantes traitées récemment, ou par les retombées de produits épandus par voie aérienne ou par dautres techniques. Des délais dattente avant de pénétrer dans une zone qui vient dêtre traitée sont normalement imposés dans certains pays pour éviter le contact direct avec les plantes quand le produit appliqué est encore toxique. Ce type de réglementation nexiste cependant pas dans de nombreuses régions ou nest pas observé afin daccélérer les récoltes. Des intoxications collectives par exposition aux pesticides sont encore fréquentes chez les travailleurs agricoles.
Les entorses, élongations et autres traumatismes constituent les principaux risques auxquels les travailleurs agricoles sont exposés sur leurs lieux de travail. La nature répétitive des tâches accomplies augmente ces risques, dautant que les travailleurs doivent souvent se courber ou saccroupir. Certains travaux agricoles impliquent le port de lourdes charges, parfois sur une échelle et souvent en équilibre instable, ce qui multiplie les risques daccidents et de troubles musculo-squelettiques.
Aux Etats-Unis, les accidents mortels les plus fréquents chez les travailleurs agricoles sont causés par les véhicules à moteur. Ces accidents se produisent le plus souvent très tôt ou très tard dans la journée, sur des routes de campagne dangereuses, quand les travailleurs se rendent aux champs ou en reviennent à bord de véhicules dont ils sont les conducteurs ou les passagers. Des collisions peuvent également se produire avec des véhicules et des machines agricoles se déplaçant à faible vitesse.
Le risque daffection respiratoire chez les travailleurs agricoles est aggravé par lexposition aux poussières et aux produits chimiques; il varie en fonction des conditions locales et des espèces cultivées. Dans les régions sèches, par exemple, lexposition aux poussières inorganiques peut provoquer des bronchites chroniques et autres affections pulmonaires.
Les affections cutanées sont très fréquentes chez les travailleurs agricoles. Les causes en sont nombreuses. On peut citer les lésions dues aux objets coupants, à la manipulation de produits chimiques agricoles irritants ou allergisants, au contact avec des plantes et des substances animales allergisantes (sumac vénéneux, gui du chêne), des orties et dautres plantes urticantes ainsi que les infections provoquées ou aggravées par la chaleur, par le contact prolongé avec leau ou par lexposition au soleil (qui peut provoquer le cancer de la peau).
De nombreuses maladies chroniques sont fréquentes chez les travailleurs agricoles migrants et saisonniers, mais lon ne dispose que de données limitées sur lampleur réelle de ces risques au nombre desquels figurent le cancer, diverses pathologies de la reproduction (notamment les fausses couches, la stérilité et les malformations congénitales) et des troubles neurologiques chroniques. Si ces diverses affections ont effectivement pu être observées chez dautres populations agricoles ou chez les personnes dont le degré dexposition aux produits agricoles toxiques est supérieur à la normale, on connaît toutefois mal limportance des risques quelles peuvent présenter pour les travailleurs agricoles.
Lagriculture en milieu urbain contribue dans une large mesure à la production alimentaire mondiale, mais elle est surtout pratiquée pour répondre aux besoins quotidiens des consommateurs vivant dans les villes, en exploitant ou en recyclant les ressources naturelles et les résidus urbains pour la culture et lélevage. Le tableau 64.3 présente les divers systèmes dexploitation agricole utilisés en milieu urbain. On estime que ces systèmes génèrent des revenus pour quelque 100 millions dhabitants et en nourrissent environ 500 millions. Les produits de cette agriculture sont davantage destinés aux marchés urbains quaux marchés nationaux et internationaux. La plupart des exploitations sont de petite taille, mais il existe aussi quelques exploitations agroalimentaires dimportance. Lagriculture en milieu urbain est pratiquée tant par des particuliers cultivant un potager de 20 m2 ou moins que par des petits producteurs cultivant une parcelle de 200 m2, ou par des gros exploitants qui peuvent louer une dizaine dhectares de terre en zone industrielle (PNUD, 1996).
Systèmes d’exploitation |
Production |
Milieu ou technique |
Aquaculture |
Poissons et coquillages, grenouilles, légumes, algues et fourrage |
Etangs, rivières, cages, estuaires, stations d’épuration, lagunes, zones humides et marécageuses |
Horticulture |
Légumes, fruits, herbes aromatiques, boissons, compost |
Terrains résidentiels, parcs, chemins de passage, bacs, jardins suspendus, hydroculture, zones humides et marécageuses, serres, cultures à enracinement superficiel, marcottage |
Floriculture |
Fleurs, insecticides, plantes d’intérieur |
Horticulture ornementale, jardins suspendus, bacs, serres, chemins de passage |
Elevage |
Lait, œufs, viande, engrais, cuirs et peaux, fourrures |
Stabulation permanente, parcours, collines, coopératives, enclos, espaces ouverts |
Agroforesterie |
Combustibles, fruits et noix, compost, matériaux de construction |
Arbres en bordure de rues, terrains résidentiels, pentes abruptes, vignes, ceintures vertes, zones humides et marécageuses, vergers, parcs forestiers, haies |
Mycoculture |
Champignons, compost |
Champignonnières, caves |
Vermiculture |
Compost, vers pour animaux et aliments pour poissons |
Cabanes, plateaux |
Sériciculture |
Soie |
Terrains résidentiels, plateaux |
Apiculture |
Miel, pollinisation, cire |
Ruches, chemins de passage |
Paysagisme, arboriculture |
Aménagement et entretien paysagistes, ornementation, pelouses, jardins |
Jardins, parcs, aires de loisir, terrains jouxtant des espaces commerciaux, bordures des routes, équipements pour pelouses et jardins |
Cultures destinées à la production de boissons |
Raisins (vin), hibiscus, thé de palme, café, canne à sucre, qat, maté, banane (bière) |
Pentes abruptes, production de boissons |
Sources: PNUD, 1996; Rowntree, 1987.
Le paysagisme, branche dérivée de larchitecture, fait maintenant partie de la filière agricole urbaine. On sadonne à cette activité dans un but ornemental, dans les parcs, les jardins publics ou privés et les propriétés commerciales et industrielles. Elle consiste notamment à entretenir les pelouses, planter et entretenir des espèces annuelles ou vivaces ainsi que des arbustes et diverses essences darbres. Lentretien des espaces comme les terrains de golf, les terrains de jeux et les parcs municipaux fait aussi partie des tâches liées au paysagisme (Franck et Brownstone, 1987).
Lagriculture en milieu urbain est considérée comme une méthode garantissant léquilibre écologique durable des villes et des cités du futur. Privilégiant généralement les cultures maraîchères de cycle court et à forte valeur ajoutée, elle repose sur la polyculture et la gestion intégrée des techniques de production là où lespace et leau font grandement défaut. Ce type dagriculture tente de tirer parti des espaces tant verticaux quhorizontaux et se caractérise par le recyclage des déchets. Les facteurs et les étapes de production sont les mêmes que pour lagriculture classique, hormis lutilisation faite des déchets animaux ou des résidus de lactivité humaine comme engrais, et des sources deau, pour la production végétale. Dans ce modèle presque parfait, les intrants exogènes existent encore, mais il sagit essentiellement de pesticides (PNUD, 1996).
Dans le cas du paysagisme, cest lapparence qui crée le produit puisque lentretien des pelouses, des arbres, des arbustes et des fleurs est au cur des activités qui sy déroulent. En règle générale, le paysagiste achète, chez un pépiniériste ou un horticulteur, les semences et les plants quil met en terre et entretient selon un calendrier bien établi. Ces travaux, qui font appel à une main-duvre importante, ont largement recours aux produits chimiques et nécessitent lemploi doutils à main et dengins à moteur conçus spécialement pour les travaux de jardinage et dhorticulture. Lentretien des pelouses fait partie des tâches classiques du paysagiste.
Lagriculture en milieu urbain est généralement une activité pratiquée à petite échelle, à proximité des habitations, exposée à la pollution urbaine et impliquant lexploitation des déchets. Pour ce qui est des risques liés aux différents types dexploitation, à lutilisation des pesticides et au compostage, ils sont similaires à ceux qui sont mentionnés dans dautres parties du présent volume) (PNUD, 1996).
Dans les pays développés, les exploitations agricoles et les entreprises de paysagisme périurbaines utilisent un outillage et un équipement de jardinage comprenant généralement des petits tracteurs (auxquels sont attelés tondeuses, faucheuses, herses, chargeurs à benne frontale et outils divers) et des véhicules utilitaires semblables aux véhicules tout-terrain. Parmi les autres engins attelés ou portés, on trouve les brise-mottes, chariots, souffleuses (pour feuilles ou neige), coupe-bordures, etc. Les tracteurs de jardinage sont tous équipés dun moteur, consomment du carburant, comportent des parties mobiles, transportent un conducteur et sont souvent équipés dengins divers. Ils sont beaucoup plus petits que les tracteurs utilisés pour les besoins de la production agricole classique, mais ils peuvent tout aussi bien se renverser et causer de graves accidents. Lutilisation de carburants pour ces tracteurs et petits véhicules présente, par ailleurs, des risques dincendie (Deere & Co., 1994).
Les accessoires tractés ou portés comportent eux aussi des risques spécifiques. Il est arrivé que des enfants se trouvant sur un tracteur avec un adulte tombent et soient écrasés sous les roues ou grièvement blessés par les lames des faucheuses. Ces lames présentent deux types de risques: contact direct avec les lames rotatives et projection dobjets entrés en contact avec les lames. Les chargeurs à benne frontale et les lames des faucheuses sont actionnés par un système hydraulique; ils peuvent retomber brusquement quand ils sont laissés en position levée et causer ainsi de graves accidents. Les utilitaires sont des véhicules peu coûteux par rapport aux camions de petit gabarit. Ils peuvent cependant se renverser en terrain escarpé, notamment pendant les manuvres de braquage, et entrer en collision sur les voies publiques avec dautres véhicules. Le tableau 64.4 donne quelques conseils de sécurité sur le maniement de certains types dengins et de matériel de jardinage et dentretien des pelouses.
Tracteurs (microtracteurs) |
Eviter les situations où le tracteur pourrait se renverser:
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Ne jamais embarquer de passagers, à moins qu’un siège additionnel n’ait été prévu |
Laisser les systèmes de verrouillage enclenchés; ils permettent de désaccoupler les engins auxiliaires et l’arbre moteur tant que le conducteur n’a pas rejoint son siège, ou au moment du démarrage |
Tondeuses à gazon à lame horizontale (montées sur tracteur ou accompagnées) |
Laisser les systèmes de verrouillage enclenchés |
Utiliser des couteaux et des protecteurs adaptés |
Maintenir les couteaux et les protecteurs en place et en bon état de fonctionnement |
Porter des chaussures fermées pour éviter de glisser et pour se protéger contre d’éventuels accidents |
Ne permettre à personne de poser les mains ou les pieds près du plateau ou du bac de ramassage de la tondeuse quand celle-ci est en marche; couper le contact de l’engin à proximité d’enfants |
Couper le contact de la tondeuse quand elle n’est pas utilisée |
Pour éviter tout accident causé par des objets projetés par la machine:
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Dévisser les bougies pour empêcher le démarrage de la tondeuse lors des travaux d’entretien ou de réparation |
Pour éviter tout incendie, ne pas renverser de carburant sur des surfaces chaudes et ne pas manipuler de carburant à proximité d’étincelles ou de flammes; ne laisser aucune trace de carburant ou de lubrifiant ni d’autres déchets près des surfaces chaudes |
Chargeurs à benne frontale (attachés à l’avant d’un tracteur) |
Eviter toute surcharge |
Abaisser la benne en position de recul sur des talus ou des terrains pentus |
Regarder le parcours plutôt que la benne |
Actionner la commande hydraulique du chargeur uniquement une fois assis |
Utiliser le chargeur uniquement pour les matériaux prévus |
Abaisser la benne sur le sol avant de quitter l’engin |
Véhicules utilitaires (semblables aux véhicules tout-terrain) conçus pour tous les types de terrain |
Eviter les situations où le véhicule pourrait se renverser:
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Ne jamais embarquer de passagers, à moins qu’un siège approprié n’ait été prévu |
Répartir correctement les charges (pas trop haut, pas trop à l’arrière) pour éviter que le véhicule ne bascule |
S’éloigner du bord des rampes de chargement au moment du chargement ou du déchargement |
Lester la cargaison lors du remorquage pour permettre une meilleure traction |
Eviter de circuler sur les voies publiques |
Ne jamais permettre aux enfants de conduire ces engins |
Le port d’un casque est recommandé |
Source: d’après Deere & Co., 1994.
Les pépinières produisent des plants pour les marchés spécialisés dans la vente de plants à repiquer (voir figure 64.5). Les variétés résistantes sont cultivées à lextérieur et les moins résistantes à lintérieur, généralement en serre, pour les protéger des basses températures, du rayonnement solaire trop intense ou du vent. Bon nombre de plantes que lon fait pousser à lintérieur quand les conditions climatiques sont trop rigoureuses sont ensuite transplantées à lextérieur quand ces conditions deviennent plus favorables. Les arbres et les arbustes sont les cultures classiques des pépinières, tandis que les fleurs, les légumes et diverses plantes herbacées sont plus généralement des cultures de serre. Les pépinières produisent des plants pour les marchés spécialisés dans la vente de plants à repiquer, et les serres produisent des cultures comme la tomate pour les marchés saisonniers en période de gel.
Les cultures de pépinière sont devenues une filière importante du secteur agricole et continuent de prendre de lexpansion. En Californie, par exemple, où lon compte plus de 3 000 pépinières commerciales, celles-ci fournissent des produits à forte rentabilité qui occupent le cinquième rang dans léchelle des revenus agricoles de cet Etat. La main-duvre employée est habituellement originaire du Mexique ou dautres pays dAmérique centrale, comme dans nombre dexploitations agricoles de la côte ouest des Etats-Unis. La plupart des travailleurs ne sont pas des travailleurs migrants et vivent dans des communautés locales avec leur famille (Mines et Martin, 1986). Ce sont, en grande majorité, des hispanophones qui ne parlent que lespagnol et qui nont jamais ou guère fréquenté lécole. Les tâches qui leur sont confiées sont faiblement rémunérées et la main-duvre est souvent excédentaire. On retrouve des situations de ce genre un peu partout dans le monde.
De nombreux travailleurs agricoles considèrent que le travail en pépinière est, par rapport aux autres travaux agricoles, un bon emploi, car ils sont occupés toute lannée, relativement bien payés et généralement assurés contre les accidents du travail et la maladie. Rares sont ceux qui appartiennent à un syndicat; pour la plupart, ils sont employés directement par lentreprise plutôt que par le biais de sous-traitants.
Le milieu conditionné des serres est propice à la croissance des végétaux, notamment à la culture de plantes rares et despèces exotiques, au démarrage des jeunes plants et à des cultures telles que fleurs, tomates et poivrons qui y sont protégées des rigueurs de lhiver. On peut aussi y faire pousser des cultures tout au long de lannée, quelles que soient les conditions climatiques qui prévalent à lextérieur. On trouve également des serres en zone tempérée, comme en Ukraine, où la superficie quelles occupent est passée de 3 070 ha en 1985 à 3 200 ha en 1990, et a été estimée à 3 400 ha en 1995 (Viten, Krasnyuk et Ilyna, 1994).
La toiture des serres, généralement à deux pans, assure une bonne exposition aux rayons du soleil en hiver, un bon écoulement des eaux de pluie et une bonne protection contre le vent. La charpente est en aluminium, en bois ou en bois et tubes dacier. Les murs sont faits de matériaux divers tels que contreplaqué, aluminium, bois ou vinyle. En Ukraine, par exemple, plus de 60% des serres sont en parpaing. La toiture peut être en verre ou en plastique; dans certaines régions du monde, la serre est entièrement faite de parois vitrées. Les matières plastiques servant à leur construction sont tantôt rigides, tantôt flexibles, les plastiques rigides étant généralement à base de fibre de verre, dacrylique et de polycarbonate, et les plastiques flexibles comprenant des matières comme le polyéthylène, le poly(chlorure de vinyle) et le polyester. Le polycarbonate, matière qui résiste au bris, et les matériaux plastiques souples doivent cependant être remplacés régulièrement. Les toitures peuvent être transparentes ou translucides et ont un triple but: laisser pénétrer la lumière du soleil pour la croissance des plantes, réchauffer lespace intérieur et protéger les cultures contre les intempéries (neige, pluie, grêle, vent) et les ravageurs (oiseaux, rongeurs et insectes).
Lexploitation dune serre exige un contrôle des conditions intérieures de température, dhumidité ambiante et daération grâce à des systèmes artificiels de chauffage, de ventilation, dombrage (jalousies orientables, filets), de refroidissement (blocs de refroidissement, mécanismes dévaporation), dhumidification et de climatisation (Jones, 1978).
Les personnes travaillant dans des pépinières ou des serres sont exposées à divers risques: produits irritants et urticants, poussières, bruit, chaleur, pesticides, troubles musculo-squelettiques (entorses et foulures), chutes et accidents causés par des véhicules, des machines ou lélectricité. Les risques décrits ci-après se limitent aux aspects ergonomiques du travail en pépinière et à lutilisation de pesticides dans les serres. Ces risques sont souvent communs aux deux milieux.
Les opérations classiques dune grande pépinière spécialisée dans la vente en gros de plantes en pots à repiquer et de plantes ornementales comportent quatre phases distinctes:
Les travaux en pépinière, tout comme les tâches associées aux autres productions agricoles, sont accompagnés de risques importants parmi lesquels entorses et foulures caractérisées par des taux dincidence élevés. Selon AgSafe (1992), les élongations et distensions ligamentaires représenteraient 38,9% de tous les accidents déclarés survenant en horticulture, y compris dans les pépinières, chiffre légèrement supérieur à celui qui est donné pour lensemble des travaux agricoles. Est également cité le surmenage physique, responsable de 30,2% des accidents déclarés, pourcentage également supérieur à celui qui est rapporté pour lensemble du secteur agricole.
Les facteurs de risques contribuant le plus souvent au développement de troubles musculo-squelettiques sont associés à diverses tâches:
Pour la multiplication des plants, le travailleur est debout ou assis à un établi; il vide les paniers remplis de boutures, utilise un sécateur et coupe ces boutures en plusieurs petits fragments. Il se sert de sa main la plus forte pour tenir le sécateur et saisit le matériel végétal à laide de son autre main. Après chaque coupe, le sécateur est désinfecté en le plongeant dans une solution contenue dans un flacon placé sur létabli.
Au cours de cette opération, lune des mains du travailleur est sollicitée, de manière très répétitive (50 à 60 coupes par minute), dans un mouvement impliquant une flexion modérée du poignet et un déplacement du cubitus. Lautre main tient la bouture, loriente pour la coupe et rejette le résidu dans une poubelle. Tout au long de cette opération intervient également une extension modérée du poignet et un déplacement du cubitus.
Les travailleurs qui accomplissent ces tâches spécialisées sont hautement qualifiés et travaillent à plein temps durant toute lannée sans pratiquement jamais changer de poste. Ils se plaignent régulièrement de douleurs et dengourdissements aux mains, aux poignets et aux bras et, au bout de quelques années, il nest pas rare dobserver chez eux une forte prévalence du syndrome du canal carpien.
Lors de lacheminement des plants du tapis roulant à la remorque, le travailleur saisit trois ou quatre pots de 3,8 litres dans chaque main et les place sur la remorque qui se trouve à ses côtés ou derrière lui, répétant cette opération entre treize et vingt fois par minute. Ces gestes répétitifs de préhension et de pincement, effectués dans des positions inconfortables (courbure du tronc, de la région lombaire et des épaules), sont autant de facteurs de risques.
Lors de lacheminement des plants en pots de la remorque aux planches de repiquage en plein champ, le travailleur empoigne trois ou quatre pots de 3,8 litres dans chaque main, les transporte sur une distance atteignant souvent près dune vingtaine de mètres et les dépose le long de rangées aménagées à cet effet, répétant cette opération entre trois et cinq fois par minute. Bon nombre de travailleurs sont occupés à ces tâches toute lannée et à temps complet; ils se plaignent de douleurs aux doigts, aux mains et aux membres supérieurs, ainsi que de lombalgies. Etant donné quils sont en général assez jeunes, et bien que lon ait de fortes présomptions à ce sujet, on ne possède pas encore de preuves formelles quant à la prévalence élevée des lésions lombaires chroniques dans cette population.
Les personnes occupées à la taille des plantes se servent de plusieurs types de sécateurs pour couper les segments morts ou indésirables de la couronne ou des parties latérales des plantes. Elles effectuent ce travail le plus souvent dans une posture debout ou courbée. Le travailleur tient le sécateur de sa main la plus forte et taille les plantes de manière répétitive entre quarante et cinquante coupes par minute. Les doigts de cette même main sont aussi utilisés pour retirer les petites brindilles ou dautres parties de la plante. De son autre main, le travailleur saisit le pot et le replace, maintenant la bouture dans une prise statique tout au long de lopération de taille, ce qui entraîne une flexion modérée du poignet et un déplacement du cubitus. Comme il sagit généralement dune activité à temps partiel pour la plupart des travailleurs agricoles, les risques qui lui sont associés sont de moindre conséquence et les travailleurs peuvent récupérer rapidement grâce à la diversité des autres tâches quils doivent effectuer. Ils se plaignent toutefois de douleurs aux doigts, aux mains et aux poignets, ainsi que dans les membres supérieurs et dans la région lombaire.
Les plants doivent être régulièrement éclaircis pour pouvoir se développer convenablement; on doit alors saisir et arracher trois ou quatre plantes dans chaque main, les transporter à faible distance et les repiquer dans des rangs aménagés à cet effet, ces mouvements étant répétés trois à cinq fois par minute. A linstar des travaux de taille, les travaux liés à léclaircissage sont des activités que la plupart des travailleurs effectuent à temps partiel, ce qui leur permet de récupérer. On note cependant des douleurs aux doigts et aux mains, ainsi quau niveau des membres supérieurs et de la région lombaire.
La plupart des travaux en pépinière exigent une dépense énergétique importante, source de microtraumatismes répétés susceptibles de porter gravement atteinte au système musculo-squelettique. On commence à mettre au point des outils qui permettent aux travailleurs de corriger leur posture et déconomiser leur énergie.
Les activités classiques du travail en serre varient selon les types de cultures: plantes rares et exotiques ou plantes ou semis de grande culture. La production de plantes rares et exotiques est une activité qui exige des soins tout au long de lannée. Lutilisation de la serre, dans le cas des plantes de grande culture, est saisonnière, dictée par le souci de les protéger des aléas climatiques. La culture des semis se fait de la même manière quen pépinière, mais les objectifs sont différents, les semis de serre étant en effet destinés au repiquage de printemps après les dernières gelées. Les tâches à accomplir consistent à remplir les pots de terre, planter les graines dans chacun deux, arroser, appliquer des engrais, tailler, éclaircir ou démarier (voir figure 64.6), appliquer des fumigants ou des pesticides et transporter les plantes ou les produits à lextérieur. Les opérations de remplissage des pots et de plantation sont désormais mécanisées; la terre employée peut être un mélange de tourbe, de perlite et de vermiculite. La taille peut être mécanisée dans le cas de certaines espèces. Larrosage peut être effectué soit directement à laide dun tuyau darrosage ou par arroseur automatique, soit par un système dirrigation. On ajoute généralement des éléments nutritifs à leau pour fertiliser les cultures et lon applique le plus souvent les pesticides avec des pulvérisateurs à main. La terre est stérilisée à la vapeur ou au moyen de produits chimiques comme, notamment, le dibromochloropropane (DBCP). Les plantes sont le plus souvent transportées manuellement dun emplacement à lautre.
Les maladies qui frappent les plantes et les ravageurs peuvent considérablement gêner lexploitation des serres, Il est souvent plus facile dappliquer des mesures de prévention que déliminer ces fléaux dont les insectes, les moisissures, les virus, les bactéries et les nématodes constituent les représentants les plus virulents. La lutte contre ces organismes indésirables repose sur lapplication de produits chimiques (pesticides) sur les plantes.
Pour des raisons defficacité, les méthodes dapplication des pesticides en serre sont variables, les plus courantes étant la pulvérisation, la nébulisation, le poudrage, la brumisation, la fumigation, la vaporisation en aérosol et lutilisation de granulés. La pulvérisation se fait à partir du mélange dun produit chimique avec de leau; versé dans un bac relié à un tuyau et à une buse de pulvérisation, ce mélange est réparti sous pression sur les plantes sous forme de gouttelettes. La nébulisation fait appel à une technique similaire, mais les gouttelettes sont plus fines. Le poudrage se fait généralement en pulvérisant de la poudre qui retombe sur le feuillage des plantes. Les brumisateurs sont dotés de dispositifs chauffants afin de produire de minuscules gouttelettes qui sont alors directement vaporisées sur les plantes. On déclenche la fumigation en provoquant à laide dune étincelle la combustion du produit chimique placé dans un petit récipient ad hoc.
Les générateurs daérosols sont des récipients métalliques sous pression munis dune valve qui, lorsquelle est actionnée, permet de propulser les pesticides dans lair. Enfin, les pesticides en granulés sont placés à même le sol et arrosés, larrosage dissolvant le produit et lacheminant vers les racines de la plante. Les parasites sont éliminés soit par absorption directe du produit, soit par absorption indirecte en se nourrissant des plantes ainsi traitées.
Quelles que soient les méthodes employées, les personnes chargées de leur application sont exposées à certains risques parmi lesquels lintoxication par voie cutanée ou respiratoire est particulièrement fréquente. Moins commune est lintoxication par voie digestive, après ingestion de liquides ou de solides contaminés. Sils ne prennent pas les précautions nécessaires, les travailleurs qui manipulent en serre des produits chimiques ou des plantes traitées sexposent à ce risque dintoxication.
La prévention des risques dintoxication passe par la mise en uvre de systèmes de ventilation et par le port et lentretien régulier dun équipement de protection individuelle (combinaison, gants, masque, bottes; voir figure 64.7), le respect des délais dattente recommandés avant de pénétrer dans une enceinte où des pesticides ont été appliqués et lobservation rigoureuse du mode demploi de ces produits. Il convient toutefois de prendre aussi dautres précautions: entreposage de tous les pesticides dans un endroit verrouillé et bien ventilé; signalisation spéciale dans tous les endroits où de tels produits ont été mis en uvre; formation complète des opérateurs aux techniques de manipulation et dapplication de ces produits ainsi quaux méthodes délimination des produits périmés et des récipients vides.
Depuis le début des années quatre-vingt-dix, la floriculture est une activité économique qui a rapidement pris de lampleur dans de nombreux pays et sur plusieurs continents. Son importance croissante sur les marchés dexportation a permis un développement intégré de plusieurs branches de ce secteur dactivité, à savoir la production, la technologie, la recherche scientifique, le transport et la conservation.
La production de fleurs coupées comporte deux volets essentiels:
Le processus de production se déroule en trois étapes principales: la germination, la culture proprement dite et les opérations postculturales.
La germination est lopération qui consiste à obtenir des boutures à partir des plantes mères plantées préalablement.
Les boutures de différentes fleurs sont à leur tour plantées dans un substrat denracinement. Les couches de semis sont préparées avec un matériau traité à la vapeur auquel sont ajoutés des produits chimiques pour désinfecter ce milieu et faciliter le développement du système racinaire.
La culture proprement dite est réalisée en serre dans des substrats denracinement (voir à ce propos larticle précédent, «Les serres et les pépinières», ainsi que la figure 64.8). Cette étape comprend des opérations telles que la préparation du sol, le repiquage des boutures (voir figure 64.9) et la récolte des fleurs.
Le cycle de culture, qui sétend du repiquage des boutures à la floraison de la plante, comprend les opérations ci-après: plantation, irrigation, application dengrais au goutte-à-goutte, désherbage, pincement de la couronne de la plante pour provoquer de nouvelles ramifications qui donneront davantage de fleurs, tuteurage.
Le cycle de croissance se termine par la floraison de la plante et les opérations de cueillette et de séparation des fleurs par catégories.
A lissue de la cueillette , outre la sélection et la classification des fleurs, les opérations consistent à recouvrir les fleurs dun capuchon en plastique, à les traiter et à les conditionner aux fins de leur expédition.
La surveillance phytosanitaire pour détecter les parasites et effectuer un diagnostic précoce de toute maladie éventuelle, lobtention des matières premières dans les entrepôts et lentretien des installations de chauffage font partie des opérations annexes liées à la floriculture.
Les facteurs de risques les plus importants à chacune des étapes de la floriculture sont:
Les cas de morbidité et de mortalité dus à lexposition aux pesticides, relevés chez les travailleurs, ne sont pas la conséquence dune relation directe entre lagent chimique et la personne exposée, mais plutôt le résultat de linteraction complexe de nombreux autres facteurs dont le temps dexposition, la sensibilité individuelle, létat nutritionnel de la personne exposée, diverses variables éducatives ou culturelles et la situation socio-économique des travailleurs.
Outre les principes actifs des pesticides, il est important de considérer les excipients qui leur servent de support et les additifs, car ces substances ont parfois des effets plus dangereux que ceux des principes actifs.
Les pesticides organophosphorés sont très toxiques et affectent le système nerveux central en inhibant lactivité de lacétylcholinestérase. Les effets sur le système nerveux central et périphérique sont cumulatifs et parfois différés. Selon les résultats détudes réalisées dans plusieurs pays, les taux de prévalence de linhibition enzymatique chez les travailleurs qui manipulent des pesticides de ce type varient entre 3 et 18%.
A la suite dexpositions répétées aux pesticides, et après une période de latence, sinstallent des processus pathologiques dont les effets à long terme se manifestent notamment par des lésions cutanées ou neurologiques et des effets mutagènes.
Les plantes décoratives peuvent irriter lappareil respiratoire et provoquer des accès de toux et des éternuements. En outre, sils ne sont pas directement mis en cause dans le déclenchement de réactions allergiques, le parfum ou lodeur des fleurs peuvent cependant exacerber les symptômes accompagnant lasthme ou les rhinites allergiques. Ainsi, le pollen du chrysanthème et du tournesol peut provoquer de lasthme, tandis que la poussière des fleurs séchées peut causer des allergies.
En floriculture, les cas de dermites professionnelles sont à 90% des dermites de contact, dont 60% environ sont dues à lexposition à des irritants primaires et 40% environ à des réactions allergiques. La dermite aiguë est caractérisée par des rougeurs (érythèmes), des gonflements (dèmes), des boutons (papules), des vésicules ou des ampoules; elle est principalement localisée sur les mains, les poignets et les avant-bras. La dermite chronique est généralement caractérisée par des fissures profondes, par la lichénification (épaississement et durcissement) de la peau et par une xérose grave (sécheresse anormale). Cette affection peut être incapacitante, voire irréversible.
La floriculture est un domaine dactivité où les contacts avec des irritants primaires et des allergènes sont très fréquents; cest pourquoi il est important dencourager le port de gants de protection.
Dans les milieux très chauds, comme dans certaines serres, la charge thermique à laquelle le travailleur est soumis est égale à la somme de la chaleur ambiante et de lénergie dépensée pour accomplir une tâche particulière.
Lexposition à une chaleur excessive provoque des effets sur lorganisme, notamment boutons de chaleur, crampes, spasmes musculaires, épuisement et évanouissement. Outre le fait quils mettent le travailleur mal à laise, les boutons de chaleur réduisent sa tolérance à la chaleur. En cas de transpiration abondante, le manque deau et délectrolytes dans le corps peut provoquer des crampes et des spasmes musculaires. Lépuisement survient lorsque le contrôle de la vasomotricité et le rythme cardiaque ne sont plus à même de compenser leffort supplémentaire quexige lexcès de chaleur. Lévanouissement est un état clinique grave pouvant entraîner confusion, délire et coma.
Les précautions à prendre en pareils cas comprennent laménagement de pauses suffisantes dans des endroits frais, une réhydratation régulière, la diversification des tâches, particulièrement lors de travaux fatigants, et le port des vêtements de couleur claire.
Les personnes travaillant dans le domaine de la floriculture sont exposées à différentes sortes de rayonnements non ionisants, dont les ultraviolets, la lumière visible et les infrarouges sont les plus importants. Les rayonnements ultraviolets sont responsables daffections graves telles que lérythème solaire, la dermite actinique, la conjonctivite dirritation et la photokératite.
Les rayonnements du spectre de la lumière visible peuvent causer une dégénérescence maculaire et rétinienne. La brûlure superficielle de la cornée est lun des symptômes de lexposition aux infrarouges; une exposition prolongée peut conduire à lapparition précoce dune cataracte.
Parmi les précautions à prendre en pareil cas, on peut citer la protection de la peau par des vêtements adaptés et celle des yeux par des verres teintés. Une surveillance médicale est également recommandée.
La floriculture peut exposer les travailleurs à divers agents biologiques. Les premiers signes dune infection sont rarement spécifiques, mais ils sont en général suffisamment différenciés pour conduire à présumer lexistence dune maladie. Les signes et symptômes de la maladie, ainsi que sa prévention, dépendent des agents pathogènes en cause au nombre desquels figurent très souvent ceux du tétanos, de la rage et de lhépatite. Eau potable, installations sanitaires bien entretenues, services de premiers soins et traitement médical des coupures et écorchures font partie des moyens de prévention à mettre en uvre sur les lieux de travail.
Travaillant souvent de longues heures sans bouger (voir figure 64.10), les travailleurs souffrent fréquemment de contractions musculaires et dautres altérations du système nerveux central et périphérique ou du système vasculaire. Les mouvements répétitifs sont fréquents dans le cas des tâches exigeant une certaine dextérité manuelle. Lutilisation des cisailles, par exemple, peut demander une grande force physique et elle saccompagne, en outre, de mouvements répétés. Parmi les troubles musculo-squelettiques fréquemment observés figurent les tendinites du coude et du poignet, le syndrome du canal carpien et la gêne des mouvements au niveau de lépaule.
La rotation des postes de travail et une conception ergonomique appropriée des outils utilisés (cisailles, par exemple) font partie des précautions à prendre en pareil cas. Le réaménagement des locaux peut aussi permettre de diminuer le nombre dactivités effectuées en position courbée.
Les risques les plus fréquents pour la sécurité et la santé au travail sentendent des risques dorigine mécanique tels que coupures, écorchures et traumatismes (simples ou multiples) qui, dans la majorité des cas, touchent le visage et les mains. Ces blessures doivent être traitées immédiatement; en outre, les travailleurs doivent être à jour dans leur vaccination contre le tétanos et avoir accès à des services de premiers soins adéquats.
Lenvironnement psychosocial est aussi un facteur de risque pour la santé des travailleurs. Il est à lorigine des divers troubles physiologiques (indigestion, constipation, palpitations, difficultés respiratoires, hyperventilation, insomnie et anxiété) et psychologiques (tension et dépression) ainsi que des troubles du comportement (absentéisme, instabilité, mécontentement) qui ont été observés.
Plusieurs cas dintoxication au lannate (un pesticide) ayant été rapportés à la ferme San Antonio, au Nicaragua, une enquête menée sur les lieux a révélé que les travailleurs sétaient servis de pulvérisateurs à dos sans porter de vêtements de protection, de bottes et de gants. Leur employeur ne leur en avait jamais fourni, pas plus quil navait mis à leur disposition du savon ou des douches sur leur lieu de travail. A la suite de ces intoxications, lemployeur a reçu lordre de prendre les mesures correctives nécessaires.
Lors dune visite ultérieure, les inspecteurs du ministère de la Santé ont remarqué que de nombreux travailleurs ne portaient toujours pas leur équipement de protection individuelle. Interrogés sur les raisons de ce manquement, certains travailleurs ont déclaré que léquipement était trop chaud et inconfortable. Dautres ont expliqué quils avaient travaillé pendant des années sans porter aucun équipement de protection et quils navaient jamais eu de problèmes. Dautres encore ont prétendu ne pas en avoir besoin, car ils buvaient un grand verre de lait après avoir manipulé des pesticides.
Cette situation, fréquente en de nombreux autres points du monde, révèle toute la difficulté du travail de sensibilisation qui doit être mené auprès des travailleurs agricoles. Toute action de formation doit se dérouler dans un milieu de travail sûr et saccompagner du respect de la réglementation en vigueur et de la prise en compte des obstacles qui sy opposent. Des questions telles que labsence de sécurité sur les lieux de travail, le manque déquipement de protection et les croyances et attitudes peu propices à la promotion de la santé devraient être abordées directement au cours des séances de formation afin délaborer des stratégies permettant dy répondre.
Le présent article décrit une approche pragmatique de formation appliquée dans le cas de deux projets multidisciplinaires portant sur lintoxication des travailleurs agricoles par les pesticides. Ces projets ont été mis en uvre, lun au Nicaragua par CARE Nicaragua et American Friends Service Committee (de 1985 à 1989) et lautre, dans divers pays et divers sites dAmérique centrale, par le Bureau international du Travail (BIT) (de 1993 à ce jour). Outre son intérêt fortement pédagogique, le projet du Nicaragua a permis de formuler de nouveaux procédés de préparation et dutilisation de ces produits, de mettre en place un plan de surveillance médicale au profit des travailleurs surexposés et délaborer un système de collecte de données pour la recherche épidémiologique (Weinger et Lyons, 1992). Dans linstauration de son programme régional polyvalent, le BIT a accordé une place importante à lamélioration de la législation, à la formation et à la création dun réseau régional de formateurs.
Lévaluation des besoins des stagiaires afin dadapter le contenu pédagogique des programmes à leur profit, ladoption dapproches participatives en matière denseignement (Weinger et Wallerstein, 1990) et la production dun manuel du formateur et doutils pédagogiques pour faciliter lapprentissage ont été les éléments clés de ces deux projets. Les programmes de formation ont couvert des sujets tels que les effets des pesticides sur la santé, les symptômes de lintoxication par ces produits, les aspects juridiques et les ressources; ils ont inclus des exercices pratiques tels que lanalyse des obstacles à la sécurité au travail et la manière de les surmonter.
En dépit de nombreuses similitudes, les deux projets se différencient par leur orientation, le projet national mettant laccent sur la formation du travailleur agricole, le projet régional sur celle du formateur. Le présent article contient quelques lignes directrices relatives à ces deux types de formation.
La première étape du programme de formation a consisté à analyser les besoins des travailleurs. Dans cette «phase découte», les problèmes ont été identifiés, ainsi que les obstacles à lamélioration des conditions de travail et les facteurs favorisant le changement; les valeurs et diverses croyances des travailleurs ont été définies; en outre, plusieurs expériences et certains facteurs de risques ont été étudiés. Munie dun matériel photographique, léquipe du projet national sest rendue sur des lieux de travail en visite surprise pour observer les habitudes de travail et les diverses sources dexposition des travailleurs aux pesticides. Les photographies prises lors de ces visites ont ensuite aidé les stagiaires à analyser la situation et à débattre des problèmes rencontrés. Léquipe a aussi prêté attention aux problèmes de type plus émotionnel pouvant sopposer à une action rationnelle, comme laccumulation de frustrations dues au manque de vêtements de protection, de savon ou deau, ou encore à labsence de produits de remplacement moins toxiques.
Létape suivante a consisté à déterminer les sujets détude en fonction des informations recueillies au cours de la première étape, et à choisir des méthodes de travail en fonction des objectifs dapprentissage. Quatre objectifs ont été retenus: informer; identifier et changer les attitudes et les réactions dordre émotionnel; promouvoir des comportements rationnels; et développer la capacité dagir et de résoudre les problèmes. On trouvera ci-après une description des diverses méthodes qui ont été utilisées, regroupées selon les objectifs sur lesquels elles étaient principalement axées. La formation, qui sest étalée sur deux journées, a fait appel aux méthodes suivantes (Wallerstein et Weinger, 1992):
Les tableaux à feuilles mobiles. Il était important que léquipe du projet CARE puisse disposer dun matériel pédagogique visuel, portable et autonome, dans le cadre de la formation sur le terrain et du plan de surveillance médicale. Le tableau à feuilles mobiles utilisé à cet effet comportait 18 dessins réalisés à partir de situations réelles et servant de point de départ aux diverses discussions. Chaque image ciblait des objectifs précis et était accompagnée de questions importantes figurant également dans le manuel du formateur.
Lutilité du tableau résidait dans le fait quil permettait de fournir des informations et de faciliter lanalyse des problèmes en vue de prévoir des mesures correctives. A titre dexemple, un des diagrammes informait sur les voies dabsorption des pesticides et posait la question: «Comment les pesticides pénètrent-ils dans lorganisme?». Pour faciliter lanalyse du problème, le formateur demandait aux participants: «Que se passe-t-il sur ce dessin?», «Cette scène vous paraît-elle familière?», «Pourquoi cela se produit-il?», «Que peut-on faire pour résoudre ce problème?». La représentation de deux ou de plusieurs personnes sur les dessins (par exemple, deux personnes pénétrant dans un champ récemment traité) stimule la discussion sur les motivations et les réactions possibles: «Pourquoi lisent-elles le panneau?», «Pourquoi ont-elles pénétré dans le champ sans se soucier des risques?». Grâce à leur impact visuel, ces images peuvent déclencher divers types de débats susceptibles de varier en fonction de la composition du groupe de participants.
Les diapositives. Les diapositives montrant des scènes familières ont été utilisées dans la même optique que les tableaux à feuilles mobiles. Les photographies prises au cours de la phase dévaluation des besoins ont permis de réaliser une projection sur le parcours des pesticides, depuis le choix et lachat des produits jusquaux activités de rangement et de nettoyage en fin de journée.
Certaines attitudes et certains facteurs dordre affectif peuvent faire obstacle à lapprentissage rationnel et nuire à la mise en uvre des mesures de sécurité et de santé sur les lieux de travail.
Les jeux de rôles. Le jeu de rôles a souvent été utilisé pour explorer des comportements et stimuler la discussion sur les problèmes dexposition aux pesticides. Le scénario ci-après a été confié à trois travailleurs qui ont lu leurs rôles respectifs en présence du groupe.
José: Que se passe-t-il?
Raphaël: Jen ai assez. Deux personnes ont été intoxiquées aujourdhui, juste une semaine après le cours de formation. La situation ne changera donc jamais ici.
José: Quest-ce que tu espérais? Les patrons nont même pas assisté au cours.
Sarah: Mais, au moins, ils ont organisé cette formation pour les travailleurs. Les autres nen font pas autant.
José: Organiser la formation est une chose; quest-ce que tu fais du suivi? Tu crois que les patrons nous installeraient des douches et nous fourniraient un équipement de protection?
Sarah: Nas-tu jamais pensé que les travailleurs pouvaient y être pour quelque chose dans ces intoxications? Comment peux-tu être sûr quils respectent les consignes de sécurité?
Raphaël: Je ne sais pas. Tout ce que je sais, cest que deux types sont à lhôpital aujourdhui et que je dois retourner au travail.
Ce jeu de rôles a été conçu pour explorer la complexité des problèmes de sécurité et de santé que pose lutilisation des pesticides et les divers éléments dont il faut tenir compte pour les résoudre, y compris la formation. Lors de la discussion qui a suivi, lanimateur a demandé aux participants sils ne partageaient pas lune des attitudes représentées par les acteurs; il a ensuite analysé les obstacles éventuels à la résolution des problèmes évoqués et leur a demandé de proposer des stratégies permettant de les surmonter.
Les questionnaires. Sils fournissent un point de départ et une base factuelle à la discussion, les questionnaires sont également très utiles pour susciter de nouveaux comportements. Le questionnaire donné à léquipe du projet CARE contenait, entre autres, les questions suivantes:
1. Boire du lait avant le travail protège contre lintoxication aux pesticides.
Vrai
Faux
2. Les pesticides ont tous le même effet sur la santé.
Vrai
Faux
Les participants exprimant des opinions différentes ont été invités à sexpliquer entre eux et à justifier leur point de vue. Au lieu dimposer la bonne réponse, le formateur a dégagé des diverses opinions exprimées les éléments qui paraissaient pertinents et utiles.
Les aptitudes comportementales sentendent de celles que les travailleurs auront acquises à lissue du stage de formation. Les exercices pratiques, la visualisation dune situation réelle et les jeux de rôles constituent le meilleur outil pour parvenir à cette fin.
La démonstration de lutilisation de léquipement de protection individuelle. Un équipement de protection individuelle a été présenté aux participants, y compris des accessoires dont certains étaient adaptés et dautres pas. Lanimateur a demandé à un volontaire denfiler les vêtements de protection que celui-ci jugeait requis pour lapplication de pesticides, puis aux autres participants de commenter son choix. La discussion a ensuite porté sur léquipement de protection approprié et les options en cas de gêne dans le travail.
Les exercices pratiques. Les formateurs et les participants au projet CARE ont appris à interpréter les informations figurant sur les étiquettes des produits. Pour ce faire, de petits groupes ont été constitués et lon a demandé aux participants de lire différentes sortes détiquettes. Pour les sous-groupes à faible niveau dalphabétisation, des volontaires ont été invités à lire les étiquettes à haute voix et à aider les membres de leur sous-groupe à reconnaître des éléments visuels permettant de déterminer le niveau de toxicité des produits au moyen dun questionnaire conçu à cet effet. Réunis ensuite en un groupe unique, les porte-parole des sous-groupes ont présenté aux autres participants les produits sur lesquels ils avaient travaillé, donnant des indications sur leur utilisation.
Lun des buts essentiels de la formation était dinculquer aux participants les connaissances et les aptitudes nécessaires pour changer leurs habitudes de travail.
La discussion. La discussion peut démarrer sur lénoncé dun problème ou lévocation des obstacles potentiels au changement, lesquels seront analysés en groupe. Elle peut être lancée par des moyens divers: jeux de rôles, images sur un tableau à feuilles mobiles, diapositives, étude de cas. Le dialogue sarticule autour de cinq étapes successives: les participants identifient le problème, simaginent dans la situation, parlent de leurs réactions personnelles, analysent les causes du problème et proposent un plan daction (Weinger et Wallerstein, 1990).
Les études de cas. Des études de cas ont été réalisées à partir de situations concrètes et connues au Nicaragua. Ces situations, identifiées au cours de la première étape de la formation, ont permis détablir une typologie des problèmes fréquemment rencontrés, comme le non-respect par les employeurs ou les travailleurs des consignes de sécurité ou les dilemmes auxquels les employés ont à faire face quand ils présentent des symptômes dintoxication susceptibles dêtre liés à lexposition à des pesticides. Une étude de cas type a été utilisée à cette fin.
Répartis en petits groupes, les participants ont lu à haute voix les conclusions de létude et ont répondu à une série de questions telles que: «Quelles sont les causes dintoxication dans cet accident?», «Qui en profite?», «Qui en pâtit?», «Que feriez-vous pour éviter ce type daccident à lavenir?».
Le plan daction. Avant de terminer la formation, les participants ont travaillé, individuellement ou en groupes, à la mise au point dun plan daction visant à renforcer la sécurité et la santé sur les lieux de travail lors de lutilisation de pesticides. Au cours de cet exercice, ils ont pu identifier au moins une initiative quils pouvaient prendre dans ce sens.
Déterminer dans quelle mesure la formation a atteint ses objectifs est un élément essentiel des projets de formation. Pour cela, des outils dévaluation ont été utilisés, parmi lesquels: un questionnaire, à remplir par écrit, remis aux participants à lissue du stage; des visites sur le terrain; des enquêtes et des entretiens avec les participants six mois après la formation.
Former les formateurs, chargés de mettre en uvre la stratégie décrite ci-dessus, constituait un volet important du projet régional centraméricain parrainé par le BIT, dont les objectifs étaient: perfectionner les connaissances des futurs formateurs sur les questions de sécurité et de santé liées à lutilisation des pesticides; renforcer leurs compétences pédagogiques; accroître le nombre de séances de formation destinées aux travailleurs agricoles, aux employeurs, aux conseillers agricoles et aux agronomes dans les pays ciblés et en améliorer la qualité; créer un réseau régional de formateurs spécialistes des problèmes de sécurité et de santé liés à lutilisation des pesticides.
Au nombre des thèmes abordés pendant ce stage dune durée dune semaine figuraient: un aperçu de lincidence des pesticides sur la santé; la sécurité au travail et les équipements de protection; les principes pédagogiques relatifs à la formation des adultes; les étapes de la planification dun programme pédagogique et leur déroulement; la démonstration de certaines techniques pédagogiques; un aperçu des techniques de présentation; la mise en situation des participants invités à utiliser différentes méthodes de participation, y compris des séances danalyse critique; lélaboration dun plan daction pour organiser de futures séances de formation à lutilisation des pesticides et de techniques de substitution à leur emploi. Une formation étalée sur quinze jours a permis dorganiser des visites sur le terrain, dévaluer les besoins en formation, de mettre au point des outils pédagogiques et de conduire des séances de travaux pratiques sur le terrain.
Un manuel du formateur et un programme type ont été fournis aux participants pour leur faciliter les exercices de mise en situation tant en classe quaprès le stage. Le réseau des formateurs offre un autre type de soutien permettant des échanges à propos de stratégies et de moyens pédagogiques novateurs.
Le succès de cette méthode de formation, utilisée notamment pour des travailleurs agricoles des champs de coton au Nicaragua, des syndicalistes au Panama et des formateurs du ministère de la Santé au Costa Rica, a démontré son adaptabilité à une grande diversité de contextes professionnels et de groupes cibles. Cette approche na pas seulement pour but daméliorer les connaissances et les compétences en matière dutilisation des pesticides, mais aussi de fournir les outils permettant de résoudre des problèmes spécifiques après la période de formation. Il importe cependant de se rendre compte que la formation à elle seule ne saurait résoudre toutes les difficultés et tous les abus demploi des pesticides. Pour modifier en profondeur les comportements traditionnels, il est essentiel dadopter une démarche multidisciplinaire alliant lorganisation des travailleurs, lapplication des lois en vigueur, des mesures de prévention technique, une surveillance médicale et létude des produits de substitution possibles.
Lagriculture moderne fait appel à un matériel ultraperformant (tracteurs, machines agricoles, etc.) qui allie vitesse et puissance. Les tracteurs équipés dengins portés ou tractés ont permis de mécaniser un bon nombre dopérations agricoles.
Grâce à ces matériels, les cultivateurs peuvent accomplir des travaux agricoles divers en un temps record avec le minimum de travail manuel. Lagrandissement des exploitations, lexpansion des terres mises en culture et lintensification des systèmes de rotation des cultures ont également permis daccroître les performances et les rendements. Lemploi généralisé des matériels portés ou tractés rapides est toutefois freiné par deux facteurs principaux: lexistence de pratiques agricoles reposant essentiellement sur lutilisation de machines et doutils passifs, et les difficultés de garantir des conditions de travail sûres pour les conducteurs de ces matériels.
La mécanisation, jugée applicable à 70% des travaux liés à la plantation et à la culture des produits agricoles, intervient à toutes les étapes de la production et de la récolte. Cependant, chacune de ces étapes exige le recours à des machines et à des outils différents et se déroule dans des conditions différentes, ce qui influe sur les choix de lopérateur.
La préparation des sols (labourage, hersage, binage, brise-mottes à disques, mise en culture et compactage) est une tâche importante; cest, au stade préliminaire de la production végétale, lopération qui requiert le plus de main-duvre (30% environ des opérations de plantation et de culture).
En règle générale, les opérations dameublissement de la terre produisent beaucoup de poussières. Leur nature dépend du type de sol, des conditions météorologiques, de la saison et du genre de travail effectué. La concentration de poussières dans la cabine du tracteur varie entre quelques mg/m3 et plusieurs centaines de mg/m3 selon létanchéité de la cabine. Les niveaux admissibles de concentrations de poussières et les niveaux admissibles de poussières respirables (5 µm au plus) sont généralement dépassés, respectivement dans 60 à 65% et 60 à 80% des cas (voir figure 64.11). La teneur en silice des poussières varie de 0,5 à 20% (Kundiev, 1983).
Le travail de la terre exige beaucoup dénergie, particulièrement lors des labours, et mobilise au maximum la puissance des machines; les niveaux de bruit sont donc très élevés à lendroit où se trouve le conducteur. Lintensité sonore peut atteindre 90 dBA, voire davantage, ce qui présente un risque élevé de troubles de laudition.
Les vibrations transmises par le siège à lensemble du corps peuvent atteindre des intensités élevées; elles dépassent en général les niveaux prescrits par lOrganisation internationale de normalisation (ISO, 1997), en ce qui concerne tant leur intensité que la durée dexposition.
Comme les travaux de préparation des sols se font essentiellement au printemps et en automne, le microclimat régnant en zone tempérée dans la cabine des engins, même sans climatisation, nentraîne aucun risque pour la santé, si ce nest les jours de grande chaleur.
Sassurer que le semoir se déplace en ligne droite et que le tracteur suit les sillons tracés revêt une importance particulière et peut contraindre le conducteur à travailler dans des positions très inconfortables. Depuis son poste de travail celui-ci manque souvent de visibilité, ce qui entraîne une tension nerveuse et émotionnelle qui se traduit par lapparition rapide de fatigue.
En outre, les opérations manuelles liées en particulier à la préparation et à la manipulation des matériels peuvent nécessiter des efforts physiques importants.
Plus la distribution géographique des variétés de semences est étendue, plus la diversité des conditions météorologiques au moment des semis est grande. Les semis dhiver, pratiqués dans plusieurs zones climatiques, sont généralement effectués à des températures extérieures comprises entre 3-10 °C et 30-35 °C; ces températures sont comprises entre 0 °C et 15-20 °C dans le cas des semis de printemps. La température intérieure des cabines sans climatisation peut atteindre des valeurs élevées dans les climats chauds ou tempérés.
En zone tempérée, les conditions microclimatiques régnant dans les cabines de tracteurs sont généralement satisfaisantes lors des semis de plantes telles que la betterave, le maïs et le tournesol. La culture proprement dite se pratique aux époques où les températures extérieures sont élevées et lensoleillement intense. La température des cabines sans climatisation peut sélever à 40 °C, voire davantage. Les conducteurs de tracteurs travaillent généralement entre 40 et 70% du temps dans des conditions peu confortables.
Les travaux aratoires entraînent le déplacement de grandes quantités de terre, ce qui produit énormément de poussières dont la concentration maximale dans lair ambiant ne devrait pas dépasser 10 à 20 mg/m3. Ces poussières sont inorganiques à 90% et contiennent une proportion plus ou moins élevée de silice libre. Pendant les périodes de semis, le bruit et les vibrations émises à lendroit où le conducteur est assis sont en général un peu moins élevés quà lépoque des cultures.
Au cours des semis et de lentretien des cultures, les travailleurs agricoles sont fréquemment exposés au fumier, aux engrais chimiques et aux pesticides. Si la réglementation sanitaire concernant leur manipulation nest pas respectée et si les machines ne fonctionnent pas convenablement, la concentration de ces produits nocifs dans lair ambiant dépasse inévitablement les niveaux admissibles.
En règle générale, la récolte sétale sur une période de 25 à 40 jours, au cours de laquelle les poussières, les conditions microclimatiques et le bruit peuvent présenter certains risques.
La concentration des poussières dans la zone de respiration dépend essentiellement de leur concentration initiale extérieure et de létanchéité de la cabine de conduite. Les moissonneuses plus anciennes, qui ne sont pas équipées de cabines, exposent les conducteurs à de fortes concentrations de poussières. La formation de poussières est particulièrement intense au cours de la récolte du maïs, les concentrations pouvant atteindre 60 à 90 mg/m3 dans le cas dengins sans cabine étanche. Les poussières sont essentiellement composées de particules végétales, de pollen et de spores fongiques qui, pour la plupart, ne sont pas respirables (plus de 10 µm); leur teneur en silice libre est inférieure à 5,5%.
La formation de poussières pendant la récolte des betteraves est plus faible, avec des concentrations maximales à lintérieur de la cabine ne dépassant pas 30 mg/m3.
Les céréales sont le plus souvent récoltées pendant la saison chaude où la température à lintérieur de la cabine peut sélever jusquà 36-40 °C et où le rayonnement solaire direct peut atteindre 500 W/m2, voire davantage quand la cabine est équipée dun vitrage ordinaire. Lutilisation de vitres teintées peut abaisser la température intérieure de 1 à 1,6 °C. Un système de ventilation mécanique dune capacité de 350 m3/h à lintérieur de la cabine peut créer une différence de température avec lextérieur de 5 à 7 °C. Si la moissonneuse-batteuse est équipée de jalousies orientables, la différence de température nest que de 4 à 6 °C.
Les cultures sur labour sont récoltées à lautomne, époque à laquelle les conditions microclimatiques à lintérieur de la cabine sont plus favorables.
Dans les pays développés, lexpérience montre quil est généralement rentable de cultiver les petites exploitations dans des conditions de mécanisation légère (minitracteurs et autres engins motorisés dont la puissance ne dépasse pas 14 kW, auxquels peuvent être adaptés divers équipements auxiliaires).
Lutilisation de ces engins présente toutefois certains risques pour la santé dus, notamment, à la surcharge de travail saisonnière, à lemploi denfants et de personnes âgées, à labsence de moyens de protection contre le bruit, aux vibrations transmises au corps entier ou à une partie de celui-ci, à des conditions météorologiques défavorables, aux poussières, aux pesticides et aux gaz déchappement. Leffort que nécessite le maniement des leviers de commande sur les engins motorisés peut atteindre entre 60 et 80 N.
Certaines tâches sont réalisées à laide danimaux de trait ou manuellement en raison dun manque déquipement ou de limpossibilité dutiliser des engins motorisés. Le travail manuel exige en général un effort physique considérable; la dépense énergétique pendant les labours, les semis (avec traction animale) ou le fauchage manuel peut atteindre 5 000 à 6 000 cal/jour, voire davantage.
Les accidents survenant au cours de ces tâches manuelles sont fréquents, notamment chez les travailleurs non expérimentés. Il en est de même pour les cas dirritations causées par les plantes, de piqûres dinsectes, de morsures de serpents et de dermites provoquées par la sève de certaines espèces végétales.
Lamélioration des conditions de travail des conducteurs fait désormais partie des objectifs prioritaires des fabricants de tracteurs. Outre les perfectionnements quils apportent à la conception des cabines et cadres de protection, les fabricants essaient à lheure actuelle de mieux adapter les paramètres techniques des tracteurs aux aptitudes fonctionnelles des conducteurs, en tenant compte des caractéristiques ergonomiques de leur poste de conduite.
Les modifications apportées visent surtout à améliorer la visibilité, à optimiser les systèmes de commandes et lagencement du tableau de bord et à concevoir des sièges ergonomiques.
Sagissant de la visibilité, on peut, par exemple, élargir le champ de vision de la cabine à laide dun vitrage panoramique, mieux agencer les équipements auxiliaires (notamment le réservoir de carburant), installer des rétroviseurs, etc.
Loptimisation des commandes est, quant à elle, liée aux améliorations qui peuvent être apportées aux mécanismes de transmission. En dehors des systèmes de commande hydraulique ou électrique, il existe à présent un nouveau système de pédales suspendues qui permet un meilleur accès aux commandes et offre un plus grand confort de conduite. On mentionnera également la signalétique (formes, couleurs ou symboles) qui joue un rôle important dans lidentification des organes de commande.
Lintroduction dopérations télécommandées et lautomatisation croissante du pilotage conduisent à rationaliser les panneaux dinstruments dont les modèles récents comportent de 15 à 20 différents indicateurs, cadrans et voyants lumineux.
Le siège du conducteur devrait être conçu pour garantir une position confortable et faciliter la conduite de lengin. Les nouveaux modèles de sièges tiennent compte des données anthropométriques; ils sont en outre équipés dun dossier et daccoudoirs réglables tant horizontalement que verticalement (voir figure 64.12).
Les précautions à observer pour protéger les conducteurs de tracteurs comprennent les mesures de lutte contre le bruit et les vibrations, la prise en compte des conditions microclimatiques et le contrôle de létanchéité de la cabine.
En dehors des aménagements spéciaux apportés aux moteurs pour réduire le bruit à la source, on obtient actuellement dexcellents résultats en recourant à des montages antivibratiles et en isolant la cabine du châssis du tracteur grâce à des amortisseurs et à dautres modifications visant à absorber le bruit à lintérieur de la cabine. On peut mettre en place des revêtements absorbants à alvéoles sur les parois de la cabine et recouvrir le sol dun tapis en caoutchouc ou en porolon. Il est aussi possible de doubler le plafond des cabines dun panneau dur absorbant portant des perforations et placé à 30 à 50 mm du plafond. Grâce à ces aménagements, lintensité sonore à lintérieur de la cabine a pu être ramenée à 80-83 dBA.
Pour abaisser lintensité des vibrations basse fréquence transmises au conducteur, on a surtout recours à des sièges à suspension. En dépit de leur introduction, il na pas été possible de diminuer de plus de 20 à 30% lintensité des vibrations transmises au corps entier.
Un aplanissement du terrain reste évidemment lun des moyens les plus efficaces pour réduire les vibrations, mais il est le plus souvent impraticable.
Les conditions microclimatiques régnant dans les cabines peuvent, elles aussi, être considérablement améliorées en équipant les tracteurs de ventilateurs à filtre, de vitres teintées thermo-isolantes, de pare-soleil, de jalousies orientables et de dispositifs spéciaux comme un système de climatisation. Les modèles récents possèdent un système de chauffage branché sur le circuit de refroidissement du moteur et qui utilise leau chaude pour réchauffer lair. Des systèmes combinés de chauffage et de climatisation sont également disponibles sur le marché.
Les problèmes de bruit, de vibrations et disolation thermique peuvent être résolus par linstallation de cabines étanches munies de pédales suspendues ou de commandes par câble.
Il est important de pouvoir accéder sans difficulté au moteur du tracteur et aux pièces portées ou tractées pour leur entretien et leur réparation ou pour vérifier leur état de fonctionnement. Certains modèles récents de tracteurs disposent désormais dun capot entièrement ou partiellement amovible ou dune cabine inclinable vers lavant, par exemple.
Les tracteurs du futur seront certainement équipés de systèmes de commande automatique, décrans de télévision permettant dobserver les équipements situés hors du champ de vision du conducteur et de systèmes de microclimatisation. Leurs cabines pourront pivoter sur des axes extérieurs et être amenées dans la position voulue.
Lorganisation rationnelle du travail et des périodes de repos est très importante dans la prévention de la fatigue et des maladies qui menacent les travailleurs agricoles. Pendant la saison chaude, lactivité devrait être concentrée le matin et en fin daprès-midi, les heures les plus chaudes de la journée étant réservées au repos. Dans le cas de travaux pénibles (transport de charges, binage), il est nécessaire de ménager de courtes pauses à intervalles réguliers. Il convient en outre daccorder une attention spéciale à lalimentation des travailleurs, qui devrait être équilibrée et tenir compte de lénergie requise pour accomplir les diverses tâches. Il faut aussi boire régulièrement quand il fait chaud. De manière générale, les travailleurs boivent non seulement de leau, mais aussi des boissons traditionnelles (thé, café, jus de fruits, infusions, bouillons, etc.). Il est très important de mettre à leur disposition des quantités suffisantes de boissons saines de bonne qualité.
Il est tout aussi important que les travailleurs portent des vêtements confortables et un équipement de protection individuelle approprié (masque, casque antibruit, etc.), surtout quand ils sont exposés à des poussières ou à des produits chimiques.
La surveillance médicale des travailleurs agricoles devrait être axée sur la prévention des risques professionnels courants (maladies infectieuses, exposition aux produits chimiques, traumatismes, etc.). Lenseignement des principes de sécurité et de santé est un autre aspect très important de la prévention.
La récolte des cultures végétales marque la fin du cycle de production et précède le stockage et la transformation des produits. Le volume et la qualité des cultures quil aura récoltées dans ses champs, vergers et vignes constituent les principaux critères dévaluation de la productivité et de la réussite du producteur. Les résultats dune récolte sont calculés quasi universellement en kilogrammes, en balles, en boisseaux ou encore en tonnes par hectare. Du point de vue agronomique, si ce sont les facteurs de production qui conditionnent les rendements, cest la récolte qui détermine sil y aura suffisamment de graines et dautres ressources pour garantir la pérennité de lexploitation et la subsistance des personnes quelle fait vivre. Etant donné son importance dans la production, la récolte a acquis partout dans le monde un rôle presque spirituel dans la vie de ceux qui cultivent la terre.
Peu de pratiques agricoles illustrent aussi bien que la récolte létendue et la diversité des risques liés aux techniques employées et aux formes de travail dans lagriculture. La récolte seffectue en effet dans des conditions très diverses, sur des terrains des plus hétérogènes, grâce à des machines simples ou perfectionnées permettant de manipuler divers types de produits végétaux. Elle demande par ailleurs un effort physique important de la part des travailleurs (Snyder et Bobick, 1995). Aussi est-il impossible de généraliser sommairement et de sérier les caractéristiques ou la nature des activités et des risques quelle comporte. Dans le cas, par exemple, des petites céréales comme le riz, le blé, lorge ou lavoine, qui sont des cultures dominantes dans le monde entier, la récolte est parfois hautement mécanisée, alors quelle repose encore, dans de nombreuses régions dAfrique et dAsie, sur des méthodes proches de celles que lon pratiquait il y a 2 500 ans. Lutilisation de la faucille pour faucher quelques gerbes à la fois, les aires de battage en argile compactée et les instruments de battage rudimentaires restent les outils de récolte de base pour un nombre bien trop important de producteurs.
Les risques de base associés aux récoltes à forte intensité de main-duvre ont très peu changé au fil du temps; leur importance est souvent sous-estimée en raison de laugmentation des risques dus à une mécanisation croissante. Depuis toujours, les longues heures dexposition aux intempéries et leffort physique considérable que demandent certains travaux comme le port de lourdes charges, les mouvements répétitifs ou des postures de travail inconfortables, auxquels il convient dajouter les risques naturels tels que les piqûres dinsectes et les morsures de serpents, ont fait et continuent de faire de nombreuses victimes (voir figure 64.13). La récolte des céréales ou de la canne à sucre à laide dune faucille ou dune machette, la cueillette manuelle des fruits, des légumes et des arachides sont des tâches salissantes, inconfortables et épuisantes qui sont généralement effectuées dans de nombreuses communautés par les femmes et les enfants. La volonté déliminer les tâches physiquement pénibles associées à la récolte manuelle a été un des principaux moteurs de lévolution des méthodes de récolte.
Même si les ressources disponibles permettaient de mécaniser les travaux de récolte et de réduire les risques qui y sont associés (ce qui nest pas le cas pour les petits producteurs dans bien des régions du monde), les investissements consentis pour améliorer la sécurité et la santé lors des opérations de récolte seraient sans doute moins rentables que des investissements comparables consacrés à lamélioration des conditions de logement, de la qualité de leau et de la santé publique. Cette constatation est particulièrement vraie quand les exploitants agricoles peuvent faire appel à un grand nombre de travailleurs au chômage ou sous-employés. Le chômage et le sous-emploi sont responsables daccidents chez bon nombre de jeunes au cours des récoltes, car ils sont moins coûteux à employer que les machines. Même dans les pays où lagriculture est hautement mécanisée, les lois portant sur le travail des enfants ne tiennent généralement pas compte de ceux qui travaillent dans le secteur agricole. Aux Etats-Unis, par exemple, des dispositions législatives spéciales ont été prises par le ministère du Travail pour permettre aux enfants de moins de 16 ans de travailler pendant les périodes de récolte et même de conduire des engins agricoles dans certaines circonstances (US Department of Labor (USDOL), 1968).
Contrairement à lopinion générale selon laquelle la mécanisation augmente les risques liés à la production agricole, rien nest plus loin de la réalité en ce qui concerne les travaux de récolte. Grâce à la mécanisation intensive de la culture dans les principales régions productrices de céréales et de fourrage, le temps nécessaire pour produire un boisseau, par exemple, a chuté de plus dune heure à moins dune minute (Griffin, 1973). Cette performance, bien que fortement tributaire des combustibles fossiles, a permis de libérer des dizaines de millions de travailleurs de tâches très pénibles et très dangereuses préalablement effectuées à la main. La mécanisation a pu non seulement augmenter les rendements dans des proportions considérables, mais aussi éliminer quasiment tous les accidents de plus grande gravité, notamment dans le secteur de lélevage.
La mécanisation intensive des travaux de récolte a toutefois engendré de nouveaux risques. Dans certains cas, elle a nécessité une période dadaptation; dans dautres, il a fallu remplacer le matériel par des machines plus perfectionnées qui étaient soit plus productives, soit moins dangereuses. Un exemple de cette évolution technologique est la transition qui sest opérée dans la récolte du maïs en Amérique du Nord entre les années trente et soixante-dix. Jusquà la fin des années trente, le maïs était essentiellement récolté à la main et transporté dans des silos par des chariots tirés par des animaux. Les chevaux, employés pour les récoltes, étaient alors responsables de la plupart des accidents recensés (National Safety Council (NSC), 1942). Lintroduction et lutilisation intensive, dans les années quarante, de cueilleuses-dépanouilleuses dépis de maïs tractées ont fait diminuer rapidement le nombre des accidents plus ou moins graves liés à lutilisation de chevaux et dautres bêtes de trait, tout en faisant augmenter du même coup le nombre des accidents causés par les machines. Non pas que ces machines fussent dangereuses, mais les accidents étaient la conséquence dun passage trop rapide à une nouvelle technique de récolte qui nétait pas suffisamment maîtrisée et à laquelle les exploitants et les travailleurs ne sétaient pas encore habitués. A mesure quils sadaptaient à la nouvelle technologie, que les fabricants amélioraient les performances des machines et que de nouvelles variétés végétales plus uniformes et mieux adaptées à la récolte mécanique étaient introduites, le nombre des accidents plus ou moins graves a rapidement chuté. En dautres termes, lintroduction de ce nouvel équipement sest finalement traduite par une diminution du nombre daccidents liés aux risques auxquels les travailleurs étaient exposés autrefois pendant la récolte.
Avec larrivée, dans les années soixante, des moissonneuses-batteuses automotrices qui pouvaient récolter des variétés de maïs à plus haut rendement à une cadence au moins décuplée, les accidents liés à lutilisation des cueilleuses-dépanouilleuses disparurent pratiquement. Mais, comme pour ces dernières, les moissonneuses-batteuses engendrèrent de nouveaux risques et nécessitèrent une période dadaptation. Ainsi, la possibilité de rassembler, couper, séparer et nettoyer les graines sur place à laide dune seule machine modifia les opérations de manipulation du maïs: un processus caractérisé par lécoulement dépis entiers fut remplacé par un autre assurant le débit plus fluide du maïs égrené. On assista en conséquence, dans les années soixante-dix, à une recrudescence des accidents liés à lutilisation des vis à grain, des chutes dans les machines et des cas de suffocation dans les structures de stockage et dans les véhicules de transport des grains (Kelley et Field, 1996). En outre, de nouveaux types daccidents apparurent, liés cette fois à la taille et à la puissance des moissonneuses-batteuses, comme les chutes de travailleurs juchés à 4 m du sol sur des plates-formes ou des échelles, ou les travailleurs broyés par les rouages de la machine.
La mécanisation de la récolte du maïs a directement contribué à lun des plus grands bouleversements qui aient marqué les populations rurales en Amérique du Nord. En effet, en moins de 75 ans, la population agricole est passée, après lintroduction des variétés hybrides de maïs et des machines, de 50% à moins de 5% de la population totale. Tout au long de cette période de grande productivité où la demande en main-duvre a fortement diminué, les risques liés au travail agricole ont été considérablement réduits et le nombre daccidents mortels a baissé de 14 000 en 1942 à moins de 900 en 1995 (NSC, 1995).
Les accidents liés aux opérations modernes de récolte sont souvent provoqués par les tracteurs, les machines, les matériels de manutention des grains et les structures de stockage. Depuis les années cinquante, les tracteurs étaient à lorigine de près de la moitié des accidents mortels dus, dans la plupart des cas, au renversement de ces véhicules. Linstallation de structures de protection contre le risque de retournement (Rollover Protective Structures (ROPS)) sest avérée la stratégie la plus efficace pour réduire le nombre daccidents mortels associés aux tracteurs (Deere & Co., 1994). Dautres mesures de protection ont permis daméliorer la sécurité et de protéger la santé des conducteurs: roues plus larges, améliorations permettant dabaisser le centre de gravité afin daccroître la stabilité de lengin, installation de cabines conçues pour protéger des intempéries et des poussières, aménagement de sièges et de commandes ergonomiques, réduction des émissions sonores, etc.
Les accidents de tracteur sont cependant encore très nombreux et préoccupants dans les pays qui se mécanisent rapidement, comme la Chine ou lInde. Dans de nombreuses régions du monde, on voit souvent des tracteurs utilisés comme véhicules de transport sur les routes principales, ou dans les champs comme source dénergie, au lieu dêtre réservés aux fins pour lesquelles ils ont été conçus. Dans ces régions, les tracteurs sont généralement conduits par des personnes qui nont pratiquement aucune formation. Ils servent aussi souvent au transport de passagers, autre emploi auquel ils ne sont pas destinés; les passagers en surnombre peuvent être projetés au sol et se faire écraser, cette éventualité étant devenue la deuxième cause daccidents mortels dus à lutilisation de tracteurs. Si la tendance à équiper les tracteurs de structures de protection efficaces contre les risques de retournement et de renversement se perpétue, il se pourrait que le risque de chute suivie décrasement le remplace à léchelle mondiale comme cause première des accidents mortels liés à lutilisation de ces engins.
Bien quelles soient beaucoup moins nombreuses et moins utilisées que les tracteurs, les moissonneuses-batteuses sont responsables environ du double des accidents recensés par millier de machines (Etherton et coll., 1991). Ces accidents surviennent le plus souvent au cours de lentretien, de la réparation ou des opérations de réglage, alors que le moteur est en marche (NSC, 1986). Des améliorations ont été apportées: dispositifs passifs ou actifs dalerte, systèmes de verrouillage (dont des interrupteurs de sécurité placés au niveau du siège du conducteur qui coupent lalimentation quand personne ne loccupe), réduction du nombre des points dentretien, etc. Ces nouveaux dispositifs de sécurité doivent, pour la plupart, être actionnés délibérément et ils sont souvent ignorés par les conducteurs. Ils ne sont pas non plus installés sur toutes les machines en service.
Les machines utilisées pour la fenaison exposent les travailleurs agricoles à des risques semblables à ceux auxquels ils sont en butte quand ils utilisent des moissonneuses-batteuses. Ces machines comportent des parties mobiles qui servent à couper, broyer, hacher et souffler les produits de récolte à très grande vitesse. Comme pour les moissons, la fenaison doit avoir lieu en temps opportun pour protéger les récoltes des intempéries. Sajoutant aux risques inhérents à lutilisation de ces machines, le stress engendré par la hâte de terminer est souvent la cause daccidents (Murphy et Williams, 1983).
Les ramasseuses-presses sont considérées depuis longtemps comme la source de nombreux accidents graves. Ces machines sont utilisées dans des conditions qui sont souvent les plus difficiles que lon puisse rencontrer; la chaleur, les accidents de terrain, les poussières et le besoin de procéder à des réglages fréquents contribuent à ce taux élevé daccidents. La compression du foin en balles et la mécanisation des opérations de manutention ont généralement amélioré la sécurité; par contre, les premiers modèles de presses à balles cylindriques ont fait de nombreuses victimes. La compression très rapide des balles à lavant de ces engins a été responsable dun grand nombre damputations des mains ou des bras. Les plus récents sont équipés dun système de ramassage moins agressif, ce qui a pratiquement éliminé le risque.
Le feu est un problème non négligeable pour de nombreux types de récoltes. Les produits récoltés, qui doivent être séchés pour que leur taux dhumidité soit inférieur à 15% et quils puissent être entreposés dans de bonnes conditions, sont extrêmement combustibles. Les moissonneuses-batteuses et les récolteuses de coton sont particulièrement vulnérables au cours des récoltes. Lutilisation de moteurs diesel, de systèmes électriques protégés et dun matériel bien entretenu, ainsi que des extincteurs à portée de main réduisent les risques daccidents et lampleur des dommages causés par les incendies (Shutske et coll., 1991).
Le bruit et les poussières sont deux autres risques étroitement liés aux travaux de récolte et susceptibles dexposer les travailleurs à des maladies graves à long terme. Linstallation de cabines étanches sur les nouveaux modèles de moissonneuses a largement contribué à atténuer les niveaux de bruit et les concentrations de poussières. Toutefois, la plupart des cultivateurs nont pas encore accès à ce type damélioration et utilisent des équipements de protection individuelle (casque antibruit, masque antipoussières jetable) bien moins efficaces.
A mesure que la mécanisation progresse dans le monde, les accidents auparavant liés au milieu même, aux animaux de trait et aux outils à main sont progressivement remplacés par des accidents liés à lutilisation des machines. Lexpérience des agriculteurs et des fabricants de matériels de récolte ayant déjà vécu ce passage à la mécanisation devrait contribuer à limiter la durée de la période de transition et les risques daccidents dus à la méconnaissance des nouveaux matériels. Toutefois, lexpérience montre que les agriculteurs qui utilisent un matériel très perfectionné ne sont pas totalement à labri des accidents; les erreurs humaines et les défauts de conception des engins seront toujours à lorigine daccidents. Il nen reste pas moins que la mécanisation a contribué non seulement à laugmentation des rendements, mais aussi à une forte réduction des risques associés aux opérations de récolte.
La culture et la récolte des plantes, tout comme la pratique de lélevage en vue de la production animale, font partie des occupations humaines depuis longtemps admises au rang des plus anciens et des plus importants métiers du monde. Aujourdhui, lexploitation agricole et lélevage comportent des travaux aussi divers quil y a de cultures, de fibres textiles et danimaux délevage. Une ferme peut être constituée par une seule famille qui cultive la terre entièrement à la main et sur un espace limité; elle peut également être une vaste exploitation commerciale implantée sur de grandes étendues de terres et hautement mécanisée, faisant appel à un matériel très perfectionné et à des installations de pointe. Il en va de même pour le stockage des produits agricoles: il peut être réalisé dans des conditions rudimentaires, comme dans de simples cabanes et fosses creusées manuellement, ou avec des moyens beaucoup plus perfectionnés, comme dans des silos-tours, des silos-couloirs, des compartiments de stockage et des chambres froides.
Les produits agricoles tels que céréales, fourrages, fruits, noix et légumes sont souvent stockés aux fins de la consommation animale et humaine ultérieure, ou de la vente au public ou à des industriels. Le stockage des produits avant leur acheminement sur les marchés peut se faire dans des fosses, silos-couloirs, compartiments de stockage, silos-tours, chambres froides, chariots, remorques, granges et wagons de marchandises, pour ne mentionner que ceux-ci. Quels que soient les produits stockés et les caractéristiques des entrepôts, les opérations de stockage comportent, elles aussi, des risques.
Les chutes peuvent se produire à des hauteurs variables. Dans le cas des silos, compartiments de stockage, granges et autres structures semblables, les chutes peuvent avoir lieu du haut de ces structures comme à lintérieur ou à lextérieur de celles-ci. La plupart du temps, les personnes tombent de toits non protégés, à travers des ouvertures pratiquées dans le plancher, dans des escaliers, des greniers et cages diverses, déchelles ou de plates-formes surélevées. Des chutes peuvent aussi se produire en montant sur un véhicule ou en en descendant (remorques, chariots, tracteurs), sur des surfaces glissantes, en trébuchant sur un objet ou encore en étant poussé par un objet en mouvement. Par mesure de protection contre les chutes, on veillera à:
Les produits agricoles peuvent être entreposés en vrac, en gerbes, en sacs, en cageots ou en balles. Le stockage en vrac sapplique généralement aux grains de céréales comme le blé et le maïs et aux graines de soja. Les produits entreposés en gerbes, en sacs, en cageots ou en balles comprennent le foin, la paille, les légumes, les céréales et le fourrage en général. Des chutes dobjets se produisent dans tous les types de stockage. Les travailleurs sont souvent blessés par la chute de sacs mal arrimés ou dobjets placés en hauteur ou mal empilés; on devrait par conséquent leur apprendre à empiler correctement les produits pour éviter tout effondrement. Les employeurs devraient sassurer que les installations et les méthodes de stockage sont conformes à la réglementation en vigueur.
Les produits agricoles peuvent être stockés dans deux sortes de structures: celles qui contiennent suffisamment doxygène, comme les granges, les charrettes ou les remorques ouvertes, et celles qui en sont dépourvues, comme les silos, les réservoirs et les chambres froides. Ceux-ci, qui sont des espaces confinés, devraient faire lobjet de précautions particulières. La teneur en oxygène devrait être vérifiée avant dy pénétrer; le cas échéant, on y insufflera de lair ou lon portera un appareil de protection respiratoire autonome. En outre, une autre personne prête à porter secours devrait toujours se trouver à proximité. Des problèmes de suffocation peuvent survenir dans les deux types de structures si les produits qui y sont entreposés ont les caractéristiques dun fluide, comme les tas de grains de céréales et autres produits similaires dans lesquels le travailleur peut se faire engloutir et mourir par asphyxie. Il nest pas rare que les travailleurs pénètrent dans les silos à grains en cas de difficultés de remplissage ou de vidange dues au tassement des grains qui forment des bouchons ou des ponts. Pour remédier à la situation, les travailleurs peuvent être tentés de piétiner ces tas compacts pour les désagréger, encourant le risque de tomber et dêtre engloutis ou aspirés dans la masse si le mécanisme de remplissage ou de vidange est en marche. Un risque analogue menace les personnes qui pénètrent dans un silo pour décoller les grains adhérant aux parois. Il y a lieu de prévoir des systèmes de verrouillage, de signalisation de sécurité et de protection contre les chutes, avec ceintures et cordes de sécurité, dans les cas où des travailleurs doivent effectivement pénétrer dans un silo à grains. Il faut veiller tout particulièrement à la sécurité des enfants que leur curiosité et leur envie de jouer ou dimiter les adultes attirent dans ces lieux, avec des conséquences souvent fatales.
Les fruits et les légumes sont souvent conservés dans des chambres froides avant dêtre acheminés sur les marchés. Selon le type dinstallation, ces chambres doivent être considérées comme des espaces confinés et leur teneur en oxygène doit être contrôlée. Parmi les risques quelles présentent, citons les engelures et les accidents, parfois mortels, par hypothermie après une exposition prolongée au froid. Pour pénétrer à lintérieur de ces enceintes, il convient de porter des vêtements de protection adaptés à la température qui y règne.
Selon la teneur en humidité du produit au moment du stockage, les conditions atmosphériques et autres, le fourrage et les grains peuvent produire des gaz dangereux et, notamment, du monoxyde de carbone (CO), du dioxyde de carbone (CO2) et des oxydes dazote (NOx), dont certains peuvent provoquer la mort en quelques minutes. Le danger est également présent si le stockage des produits dans une enceinte saccompagne dune accumulation de gaz non mortels susceptible dentraîner un manque doxygène. Sil y a production de gaz, ceux-ci devraient être contrôlés. En outre, il est possible que les produits stockés aient été traités avec un pesticide au cours de la période de croissance pour éliminer les adventices, les insectes et les maladies, ou encore au cours des opérations de stockage pour réduire les risques de pourriture ou de moisissure et autres dégâts causés par les spores ou les insectes; il peut en résulter des risques de formation de gaz, dinhalation de poussières ou de contact avec des substances dangereuses. Les travailleurs devraient porter un équipement de protection individuelle et tenir compte de la nature du traitement, de la durée de vie du pesticide utilisé et des instructions relatives à son emploi.
Les entrepôts peuvent contenir toutes sortes dinstallations mécaniques destinées à acheminer les produits, comme les transporteurs à courroies ou à rouleaux, les souffleuses, les vis à grain, les toboggans et les autres appareils de manutention dotés de leur propre source dénergie. Les risques sont liés notamment:
Les travailleurs devraient être instruits des risques auxquels ils peuvent être exposés et être familiarisés avec les règles élémentaires de sécurité et les méthodes de travail quil convient dappliquer.
Les travailleurs affectés à la manutention et au stockage des produits agricoles sont exposés à des risques de troubles respiratoires. Lexposition aux poussières, aux émissions de gaz divers, aux produits chimiques, à la silice, aux spores fongiques ou aux endotoxines peut causer des lésions pulmonaires. Des études ont établi un lien entre les troubles pulmonaires causés par ces substances et les travailleurs qui manipulent grains de céréales, coton, lin, chanvre, foin ou tabac. Le risque existe par conséquent à léchelle mondiale. Les affections pulmonaires contractées au cours de travaux agricoles sentendent notamment des dénominations communes ci-après: asthme professionnel, poumon de fermier, maladie du tabac vert, poumon des mineurs de charbon, choc anaphylactique dû aux poussières organiques, maladie des ensileurs, bronchite, obstruction des voies respiratoires. Les premiers symptômes peuvent sapparenter à ceux de la grippe (frissons, fièvre, toux, céphalées, myalgies et difficultés respiratoires), particulièrement dans les cas dexposition à des poussières organiques. La prévention des troubles respiratoires devrait comprendre une évaluation du milieu de travail, des programmes de promotion de la santé axés sur la prévention primaire ainsi que lutilisation dappareils de protection respiratoire et dautres éléments de protection individuelle en fonction des résultats de lévaluation environnementale.
Simple en apparence, lacheminement des denrées vers le marché consiste en fait en une série dopérations qui sont souvent aussi complexes et dangereuses que celles liées à la production et au stockage. Le transport peut être assuré par des personnes, à laide danimaux, dengins mécaniques simples tels que des bicyclettes ou des carrioles tirées par des animaux, ou encore à laide de chars et de remorques tirés par des tracteurs. On peut également employer des véhicules commerciaux (camions, trains et avions). Au fur et à mesure que la population mondiale saccroît et que les centres urbains se développent, un nombre de plus en plus important dengins et de matériels agricoles se trouvent mêlés à la circulation routière. Aux Etats-Unis, selon le Conseil national de la sécurité (National Safety Council (NSC)), 8 000 tracteurs et autres véhicules agricoles ont été impliqués dans des accidents de la route en 1992 (NSC, 1993). Bon nombre dexploitations agricoles fusionnent et prennent de lampleur à la suite de lachat ou du fermage dexploitations plus petites et généralement dispersées. Une étude menée en 1991 dans lOhio a révélé que 79% des exploitations étudiées exerçaient leurs activités sur des sites multiples (Bean et Lawrence, 1992).
Sil existe des risques spécifiques inhérents à chacun des moyens de transport mentionnés ci-dessus, la présence simultanée sur les routes de véhicules automobiles de type courant et dengins de transport agricole est particulièrement préoccupante. En effet, le nombre sans cesse croissant de collisions entre ces véhicules et ces engins lesquels circulent plus lentement et sont parfois plus larges que les voies quils empruntent va de pair avec laugmentation du nombre des engins agricoles utilisant le réseau routier. Des facteurs contraignants, tels que la nécessité de planter à une période bien déterminée pour assurer la récolte et acheminer les denrées vers les marchés ou les lieux de stockage le plus rapidement possible, font que les machines agricoles doivent souvent emprunter les routes dans une semi-obscurité, à laube ou au crépuscule. Une étude approfondie conduite dans les 50 Etats américains a révélé que les règlements concernant léclairage et la signalisation des véhicules étaient loin dêtre homogènes dans tout le pays. Ce manque duniformité est source de confusion pour les conducteurs de véhicules motorisés (Eicher, 1993). Si lon songe à la vitesse supérieure des véhicules automobiles, le mauvais éclairage et la signalisation inadéquate des engins agricoles ont souvent des effets dévastateurs. Une autre étude menée aux Etats-Unis a révélé que les types daccidents les plus fréquents étaient les collisions par larrière, les heurts latéraux lors dun croisement ou dun dépassement, les collisions en écharpe ou en biais, les collisions frontales ou celles provoquées par un véhicule en marche arrière. Dans 20% des 803 collisions entre deux véhicules, le véhicule agricole était touché en biais; dans 28% des cas, la collision était latérale (15% lors dun croisement et 13% lors dun dépassement). Dans 22% des cas, il sagissait de collisions par larrière (15%), frontales (4%) ou lors dune marche arrière (3%). Les autres accidents (25%) avaient été provoqués par un objet autre quun véhicule en mouvement (véhicules en stationnement, piétons, animaux, etc.) (Glascock et coll., 1993).
Dans de nombreuses régions du monde, on fait appel à la traction animale pour transporter les produits agricoles. Bien quelles soient généralement fiables, la plupart des bêtes de trait sont daltoniennes, ont un instinct de territorialité et un instinct maternel, des réactions imprévisibles qui leur sont propres et une force considérable; ces animaux ont provoqué de nombreux accidents de la route.
Les principes généraux de sécurité ci-après sappliquent à toutes les activités de transport:
La réglementation en vigueur peut exiger un type spécifique de signalisation ou déclairage; or, le plus souvent, elle ne prescrit que des normes minimales. A moins que les textes nen interdisent explicitement linstallation, les agriculteurs devraient installer des instruments de signalisation ou déclairage appropriés non seulement sur les véhicules automobiles, mais aussi sur les engins tractés.
Léclairage est particulièrement important aux heures du jour et de la nuit où le véhicule ou lengin agricole se déplace dans la pénombre ou dans lobscurité. Sil possède une source dénergie, le véhicule devrait être équipé au minimum de deux phares avant, de deux feux arrière, de deux clignotants et de deux feux stop.
Les feux arrière, les clignotants et les feux stop peuvent être intégrés en un seul bloc ou être installés séparément. On peut se renseigner sur les normes en la matière auprès des organisations de normalisation telles que la Société américaine des ingénieurs agronomes (American Society for Agricultural Engineers (ASAE)), lInstitut américain de normalisation (American National Standards Institute (ANSI)), le Comité européen de normalisation (CEN) et lOrganisation internationale de normalisation (ISO).
Si le véhicule ne possède pas sa propre source dénergie, on utilisera un éclairage fonctionnant sur pile, bien que ces systèmes ne soient pas aussi efficaces. Ce type déclairage est en vente dans le commerce, dans divers modèles (projecteurs, lampes clignotantes, gyrophares, éclairage stroboscopique) et en plusieurs tailles. Si lon ne peut sen procurer, il faut alors poser des réflecteurs, drapeaux et autres dispositifs de substitution décrits ci-dessous.
On trouve actuellement beaucoup de nouveaux matériaux réflecteurs qui permettent de rendre les véhicules agricoles plus visibles. Ils sont vendus sous forme de plaquettes ou de bandes adhésives de différentes couleurs. La réglementation locale devrait être consultée pour savoir quelles sont les couleurs ou combinaisons de couleurs admises.
Les matériaux fluorescents permettent une excellente visibilité de jour grâce au rayonnement solaire qui fait ressortir leurs propriétés électroluminescentes. Une réaction photochimique complexe se produit quand les pigments fluorescents absorbent les rayonnements solaires non visibles et renvoient lénergie sous forme dondes lumineuses plus longues. En un sens, les matériaux fluorescents «rayonnent» à la lumière du jour et sont plus lumineux que les couleurs conventionnelles dans les mêmes conditions déclairage; leur inconvénient majeur est quils se détériorent assez rapidement à la suite dune longue exposition au rayonnement solaire.
La réflexion est lune des caractéristiques de la vue. Les ondes lumineuses qui frappent un objet sont absorbées ou réfléchies dans toutes les directions (réflexion diffuse) ou à un angle exactement opposé à langle sous lequel la lumière a frappé lobjet (réflexion spéculaire). La rétroréflectivité est très similaire à la réflexion spéculaire; toutefois, la lumière est réfléchie directement vers la source de lumière. Il existe trois sortes de matériaux rétroréflecteurs, chacun possédant un degré de réflectivité différent qui dépend essentiellement des méthodes de fabrication. Ils sont présentés ici par ordre croissant dintensité de rétroréflectivité: lentilles protégées (type ID), lentilles encapsulées (haute intensité) et lentilles à facettes (diamant, prismatiques, homologation C2 ou IIIB par le ministère des Transports). Ces matériaux rétroréflecteurs permettent une visibilité excellente de nuit. Ils sont aussi très utiles pour mettre en évidence le gabarit des engins agricoles. Des bandes de matériaux rétroréflecteurs et fluorescents collées sur toute la largeur, à lavant comme à larrière, permettent aux conducteurs de véhicules non agricoles dapprécier la largeur de lengin quils vont croiser ou dépasser.
Aux Etats-Unis, au Canada et dans bien dautres pays, on utilise également le triangle rouge avec un centre jaune-orange pour désigner les «véhicules lents», cest-à-dire ceux qui se déplacent à moins de 40 km à lheure. Les autres véhicules se déplacent à une vitesse bien supérieure et leur conducteur est enclin à mal évaluer la vitesse du véhicule plus lent, donc à freiner trop tard. Cette plaque distinctive triangulaire ou toute autre mise en garde appropriée devrait être fixée à demeure.
Les travailleurs chargés du transport des produits agricoles sont exposés à des risques daffections respiratoires et de lésions pulmonaires dont lapparition peut être due à lexposition aux poussières, aux produits chimiques, à la silice, aux spores fongiques et aux endotoxines. Ces risques varient selon que le véhicule est ou nest pas équipé dune cabine étanche et que le conducteur est appelé ou non à charger et décharger les marchandises. Si le véhicule a été utilisé pour lapplication de pesticides, ceux-ci pourront être encore présents à lintérieur de la cabine, à moins quelle ne soit équipée dun dispositif de filtration dair. Les premiers symptômes sont de type pseudogrippal, particulièrement dans les cas dexposition aux poussières organiques. La prévention des troubles respiratoires devrait comprendre lévaluation du poste de travail et des programmes de promotion de la santé axés sur la prévention primaire et lutilisation de masques, dappareils de protection respiratoire et de tout autre élément de protection individuelle requis.
Les méthodes et les techniques de production agricole varient dun pays à lautre. On distingue:
Selon les conditions agroclimatiques, on distingue les systèmes de production ci-après:
Dans les pays tropicaux, les activités dune exploitation agricole se caractérisent par une forte intensité de main-duvre. Le rapport entre la population rurale et les terres arables en Asie est deux fois plus grand quen Afrique et trois fois plus grand quen Amérique latine. On estime que le travail humain fournit plus de 70% de lénergie nécessaire aux travaux de production agricole (Organisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture (FAO), 1987). Les améliorations apportées aux outils, aux équipements et aux méthodes de travail ont permis de réduire considérablement leffort humain et la fatigue et, en même temps, daugmenter la productivité. Pour les cultures de plein champ, les activités peuvent être classées en fonction de leffort demandé par rapport à la capacité maximale de travail des individus (voir tableau 64.5).
Intensité des tâches |
Travaux agricoles |
|||
Préparation du lit de germination |
Semis |
Désherbage et travaux d’entretien |
Récolte |
|
Travaux légers |
Hersage (deux travailleurs) |
Semis et épandage d’engrais à la volée, pose d’épouvantails à moineaux, billonnage |
Epandage d’engrais à la volée |
Nettoyage des grains, triage, battage (en position accroupie), concassage des grains (aide), vannage (en position assise) |
Travaux plus ou moins pénibles |
Cheminement derrière des engins tirés par des animaux, nivellement du sol avec un râteau en bois, hersage (un travailleur), bêchage, débroussaillage |
Arrachage manuel des plants (en position accroupie ou fléchie), repiquage des plants (en position fléchie), marche sur sols détrempés |
Désherbage manuel à la faucille et à la houe à main (en position accroupie ou fléchie), irrigation, entretien des canaux d’irrigation, application de pesticides avec pulvérisateur à dos, désherbage sur sols engorgés et secs |
Opérations de coupe, récolte de paddy, de blé (en position accroupie ou fléchie), arrachage des légumes, vannage manuel (en position assise ou debout), coupe de la canne à sucre, battage à la batteuse à pédales, port de charges (20-35 kg) |
Travaux pénibles |
Labourage, travaux d’irrigation (seau à balancier), sarclage des sols secs, construction de petites digues sur sols engorgés, bêchage, hersage avec pulvériseur à disques |
Désherbage sur sols secs |
Battage, concassage des grains |
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Travaux extrêmement pénibles |
Construction de petites digues sur sols secs |
Semis sur sols détrempés |
Battage à la batteuse à pédale, port de charges sur la tête ou à l’aide d’une palanche (60-80 kg) |
Sources: d’après Nag, Sebastian et Mavlankar, 1980; Nag et Chatterjee, 1981.
Un bon lit de semences est un terrain meuble et compact à la fois, exempt de tout autre type de végétation pouvant gêner la croissance des cultures. La préparation du sol (labourage, hersage, etc.) nécessite lutilisation de divers types doutils à main, de sous-soleuses (charrues à soc tirées par des animaux) (voir figure 64.14) ou dengins tractés.
Un buf attelé à une charrue peut retourner environ 0,4 ha de sol par jour, et deux bufs attelés peuvent fournir une puissance équivalant à 0,75 kW environ.
Lorsquil utilise des animaux de trait, lagriculteur surveille leur travail et les guide avec les rênes. Dans la plupart des cas, il marche derrière lengin tracté ou est assis dessus (par exemple, pulvériseur à disques et fraise rotative). Lopération exige une dépense dénergie humaine considérable. Sil laboure un champ dune superficie de 1 ha en creusant des sillons distants de 15 cm, par exemple, lagriculteur devra parcourir à pied une distance de quelque 67 km. A une vitesse de marche de 1,5 km/h, la dépense énergétique par minute étant de 21 kJ/min, on voit que la dépense énergétique totale sera de 5,6 ´ 104 kJ/ha environ. Si les mancherons de la charrue sont trop longs ou trop courts, le conducteur devra fournir un effort supplémentaire. Gite (1991) et Gite et Yadav (1990) recommandent que la hauteur optimale des mancherons soit comprise entre 64 et 84 cm (une à une fois et demie la hauteur du troisième métacarpien du laboureur).
Des outils à main (bêche, pelle, houe, etc.) sont souvent utilisés pour piocher et ameublir le sol. Pour réduire les efforts demandés par le pelletage, Freivalds (1984) a proposé des taux optimaux de 18 à 21 pelletées par minute, une charge de 5 à 7 kg par pelletée pour 15 à 20 pelletées par minute ou de 8 kg pour 6 à 8 pelletées par minute, avec projection à une distance de 1,2 m et à une hauteur comprise entre 1 et 1,3 m. Un angle de levée de 32°, un long manche, un fer carré pour retourner la terre, un fer arrondi pour piocher et un fer à dos creux pour réduire le poids sont également recommandés.
Nag et Pradhan (1992) parlent de binage lourd et de binage léger (voir figure 64.15), se référant à des études de physiologie et de biomécanique. En règle générale, la méthode de travail et le modèle de houe choisi sont des facteurs déterminants pour lefficacité du binage (Pradhan et coll., 1986). La façon de heurter la terre avec le fer détermine langle de pénétration dans le sol. Pour le binage léger, on estime le nombre de coups de houe à 53 par minute pour une surface binée de 1,34 m2/min, et avec une alternance travail-repos de 10:7. Pour le binage lourd, le nombre de coups de houe est estimé à 21 par minute pour une surface binée de 0,33 m2/min. La forme du fer (rectangulaire, trapézoïdale, triangulaire, circulaire) dépendra de la nature de la tâche et des préférences des utilisateurs locaux. Pour les différents modes de binage, on recommande les valeurs suivantes: poids, 2 kg; angle entre le fer et le manche, 65 à 70 °; longueur du manche, 70 à 75 cm; longueur du fer, 25 à 30 cm; largeur du fer, 22 à 24 cm; diamètre du manche, 3 à 4 cm.
Les travaux de semis et de plantation font appel à des instruments tels que plantoirs, semoirs ordinaires ou semoirs à la volée. Ces tâches semis à la volée, arrachage et repiquage des plants représentent environ 8% du temps total consacré aux travaux agricoles. On distingue plusieurs types dopérations:
Le repiquage à la main oblige à travailler dans leau boueuse jusquaux genoux et nécessite environ 85 heures de travail par hectare. La position accroupie typique du repiquage sur terre sèche, une jambe (ou les deux) repliée sous le genou, ne peut être celle de terres inondées et, par conséquent, des rizières où la position inconfortable que les travailleurs doivent adopter et la charge statique quils subissent imposent une activité accrue du système cardio-vasculaire et provoquent des douleurs lombaires (Nag et Dutt, 1980). Les appareils de repiquage manuels donnent de meilleurs rendements (ils sont huit fois plus efficaces que les travailleurs repiquant à la main), mais le maintien de lappareil en équilibre dans une rizière demande environ deux fois et demie plus dénergie quun repiquage entièrement effectué à la main (voir figure 64.16).
Le principe de fonctionnement des épandeurs dengrais, de pesticides ou dherbicides et des autres applicateurs de produits chimiques fait appel à la pression ou à la force centrifuge. La pulvérisation à grande échelle seffectue à laide datomiseurs équipés de buses à commande hydraulique, quil sagisse dun équipement manuel ou monté sur tracteur. Les pulvérisateurs à dos sont des versions réduites des pulvérisateurs montés sur engin motorisé (Bull, 1982). Les pulvérisateurs incluent:
Les vibrations des pulvérisateurs dorsaux ont des effets nocifs sur lorganisme lorsque ces appareils sont portés pendant de longues périodes. En outre, leur utilisation entraîne des risques dexposition cutanée; les jambes sont le siège de 61% de toutes les contaminations de ce type, les mains de 33%, le torse de 3%, la tête de 2% et les bras de 1% (Bonsall, 1985). Ces risques pourront être atténués grâce au port dun équipement de protection individuelle (gants et bottes) (Forget, 1991, 1992). Le travail est pénible, car le travailleur doit porter toute la charge sur le dos et actionner le levier du pulvérisateur en permanence (20 à 30 fois par minute); de plus, les vêtements protecteurs tiennent très chaud. Le poids et la hauteur du pulvérisateur, la forme du réservoir ou de la bonbonne, le cadre sur lequel lappareil est monté et la force requise pour actionner la pompe sont des facteurs ergonomiques quil importe de prendre en considération.
Lirrigation est une nécessité pour la culture intensive dans les régions arides et semi-arides. Depuis des temps immémoriaux, de nombreux systèmes ont été inventés pour puiser et transporter leau. Les méthodes manuelles sont pénibles. Même si les pompes à eau motorisées sont maintenant dusage courant, les techniques dirrigation manuelle (seaux à balancier, mécanismes élévateurs à contrepoids, roues hydrauliques, pompes à chapelet et à godets, pompes à mouvement rectiligne alternatif) sont encore très répandues.
Les mauvaises herbes et les plantes adventices sont responsables de pertes importantes, diminuant le rendement et la qualité des cultures, car elles hébergent des ravageurs et font augmenter les coûts dirrigation. Les pertes de rendement varient entre 10 et 60% des récoltes, selon limportance et le type de plante adventice en cause. Effectué principalement par les femmes, le désherbage mobilise environ 15% des effectifs employés aux travaux agricoles pendant la période de travail du sol. En règle générale, le désherbage manuel ou à la houe à main exige de 190 à 220 heures de travail par hectare. On utilise aussi la bêche pour des travaux de sarclage et dentretien.
Quelles que soient les méthodes utilisées (mécaniques, chimiques, biologiques, pratiques agronomiques), le désherbage mécanique (par arrachage des mauvaises herbes) ou manuel (à laide dun instrument à main comme la houe) est toujours efficace tant sur sols secs que sur sols humides (Nag et Dutt, 1979; Gite et Yadav, 1990). Sur les sols secs, les travailleurs saccroupissent en fléchissant une jambe ou les deux et retirent les plantes adventices à laide dune faucille ou dune houe à main; sur les terres détrempées, ils adoptent une posture courbée, les genoux plus ou moins fléchis, pour retirer les mauvaises herbes à la main ou à laide dune désherbeuse.
Lutilisation de désherbeuses (croc, râteau, serfouette, etc.) impose un effort physique relativement plus important que le désherbage manuel. Néanmoins, leur efficacité en termes de surface couverte est supérieure à celle des outils à main. La dépense dénergie nécessaire pour le désherbage manuel représente environ 27% de la capacité de travail, alors que, pour les désherbeuses, elle peut aller jusquà 56%. La fatigue est toutefois moindre quand on utilise, par exemple, une houe montée sur roues avec laquelle il suffira de 110 à 140 heures de travail pour couvrir 1 ha. Lappareil consiste en une ou deux roues, une lame, un cadre et un manche. Une force (poussée ou traction) de 50 à 200 N environ sera nécessaire avec une fréquence de 20 à 40 coups par minute. Les spécifications techniques de la houe à roues doivent cependant être normalisées afin den améliorer la performance.
Pour les cultures de riz et de blé, la récolte représente entre 8 et 10% du nombre total dheures de travail nécessaires à la production végétale. Malgré la mécanisation rapide de la récolte, celle-ci repose encore largement sur des méthodes manuelles utilisant des outils tels que faucille, faux, etc. (voir figure 64.18), et cela pour de nombreuses années encore. Dans plusieurs régions du monde, lusage de la faux est encore très répandu, même si son maniement requiert davantage dénergie que la faucille, car elle permet de couvrir une surface plus importante.
La popularité de la faucille vient de sa simplicité de fabrication et dutilisation. Loutil est constitué dune lame courbe au tranchant lisse ou dentelé, fixée à une poignée de bois. Les modèles de faucilles varient dune région à lautre. Leffort demandé dépend du modèle utilisé. La surface couverte à la faucille va de 110 à 165 m2/h, requérant entre 60 et 90 heures de travail par hectare. La posture inconfortable quimposent les travaux à la faucille peut conduire à des complications cliniques au niveau du dos et des articulations. La récolte en position inclinée a lavantage daccroître la mobilité, que ce soit en terrain sec ou détrempé, et la cadence de travail est denviron 16% supérieure à celle atteinte en position accroupie; lénergie dépensée en position inclinée est cependant supérieure de 18% à celle requise par la position accroupie (Nag et coll., 1988).
Les accidents liés à la récolte, comme les lacérations et les coupures, sont fréquents dans les rizières et les champs de blé ou de canne à sucre. Les outils à main sont essentiellement conçus pour les droitiers, mais sont souvent utilisés par des gauchers qui ne savent pas quelles peuvent en être les implications au niveau de la sécurité. Les facteurs importants dans une faucille sont la géométrie et lindentation de la lame ainsi que la forme et la taille de la poignée. Selon les résultats dune étude ergonomique, on recommande les valeurs ci-après: poids, 200 g; longueur totale, 33 cm; longueur de la poignée, 11 cm; diamètre de la poignée, 3 cm; rayon de courbure de la lame, 15 cm; concavité de la lame, 5 cm. Pour une lame dentelée: pas des dents, 0,2 cm; angle des dents, 60°; rapport entre la longueur de larc de la lame et la corde sous-jacente, 1,2. Le travail seffectuant souvent dans des conditions climatiques extrêmes, les problèmes de sécurité et de santé sont des questions à ne pas négliger dans les exploitations en milieu tropical. La fatigue cardio-respiratoire saccumule après de longues heures de travail. Les conditions climatiques extrêmes et les troubles imputables à la chaleur aggravent les contraintes imposées aux travailleurs et diminuent leur capacité de travail.
Parmi les machines de récolte, on trouve les faucheuses, les récolteuses-hacheuses, les ramasseuses-presses, etc. On utilise également des moissonneuses mécaniques ou à traction animale pour les cultures de plein champ. Les moissonneuses-batteuses (automotrices ou tirées par un tracteur) sont très utiles pour la culture intensive et en cas de pénurie de main-duvre.
La récolte du sorgho est effectuée en coupant lépi puis la plante, ou linverse. Le coton est récolté en trois ou cinq cueillettes à la main, à mesure que les capsules mûrissent. La récolte des pommes de terre et des betteraves à sucre seffectue manuellement (voir figure 64.19) ou à laide dune récolteuse excavatrice à traction animale ou mécanique. Dans le cas de larachide, larrachage de la plante se fait manuellement ou mécaniquement, les coques étant ensuite séparées de leurs tiges.
Le battage est une opération qui consiste à séparer les grains des épis. Pour le riz, les méthodes séculaires de battage consistent à piétiner les panicules, à les battre sur une planche ou à les faire fouler par des animaux. Le battage est classé dans la catégorie des tâches moyennement pénibles (Nag et Dutt, 1980). Dans le battage manuel (voir figure 64.20), les travailleurs séparent de 1,6 à 1,8 kg de grains et de 1,8 à 2,1 kg de paille par minute pour les gerbes de taille moyenne.
Les batteuses mécaniques assurent le battage et le vannage simultanément. Les batteuses à pédale (actionnées par oscillation ou rotation) permettent des rendements de 2,3 à 2,6 kg de paddy et de 3,1 à 3,6 kg de paille par minute. Lentraînement par pédale (voir figure 64.21) est plus fatigant que celui par manivelle, car il entraîne une tension musculaire intense. Grâce à des améliorations ergonomiques de la pédale, il est possible de réduire quelque peu cette tension en permettant au travailleur dalterner position assise et position debout et de faire des mouvements de jambes plus rythmés. La batteuse à pédale atteint une puissance de battage optimale lorsque la charge placée sur le tambour est de 8 kg environ.
Progressivement introduites dans les zones où sest développée la révolution verte, les batteuses mécaniques sont des machines dotées dun moteur dentraînement, dune unité dalimentation, dune unité de battage, dune unité de vannage et dune sortie pour le grain. On utilise aussi des moissonneuses-batteuses automotrices.
Des cas daccidents mortels ont été signalés lors dopérations de battage effectuées au moyen de batteuses et de faucheuses-hacheuses à moteur. Le taux des accidents, qualifiés de moyennement graves à graves, est de 13,1 pour 1 000 batteuses (Mohan et Patel, 1992). Les mains et les pieds peuvent être pris dans le rotor de la machine. Lemplacement de la trémie dalimentation contraint le travailleur à adopter une posture inconfortable; la courroie dentraînement de la batteuse est également une cause fréquente daccidents. Dans le cas des hacheuses, des accidents peuvent survenir lors du déversement du fourrage sur les couteaux en mouvement. Des enfants sont parfois blessés en jouant avec ces engins.
La station debout sur des plates-formes instables est souvent de règle dans ce type de travail; en cas de secousse ou de perte déquilibre, le poids du torse peut entraîner les mains vers le tambour ou les couteaux. Les batteuses doivent donc être conçues de manière que la trémie dalimentation se trouve à la hauteur des coudes et que le travailleur puisse se tenir debout en position stable. On peut améliorer les hacheuses en adoptant les mesures ci-après: (Mohan et Patel, 1992):
Pour le battage des arachides, la méthode conventionnelle consiste à tenir la plante dune main et à la frapper contre une barre ou une grille. Pour le battage du maïs, on utilise une décortiqueuse à cylindres qui permet datteindre un débit de 25 kg/h. Les décortiqueuses rotatives manuelles permettent de plus gros débits (environ 50 à 120 kg/h). La longueur de la manivelle, la force requise pour lactionner et la vitesse de lopération sont des caractéristiques importantes de ce type de machine.
Le vannage est un procédé de séparation des grains et de la paille par ventilation, à laide dun tarare manuel, à pédale ou à moteur. Dans le cas du tararage manuel (voir figure 64.22), le contenu est lancé en lair et le grain et la paille se séparent par inertie. Les vanneuses mécaniques à pédale ou à main ne peuvent en général être actionnées quau prix dun effort physique considérable.
Les autres opérations suivant la récolte incluent le nettoyage et le calibrage des graines, le décorticage, légrenage, lépluchage, le découpage, lextraction des fibres, etc. On utilise pour ces opérations divers types dinstruments manuels (éplucheuses de pommes de terre, déchiqueteuse, décortiqueuse de noix de coco). Le décorticage est le procédé par lequel les coques sont brisées et les graines extraites (arachide, ricin). Les décortiqueuses manuelles donnent des débits très faibles (environ 2 kg darachides décortiquées par heure de travail). Les travailleurs se plaignent fréquemment dinconfort, car ils sont assis ou accroupis la plupart du temps. Les décortiqueuses oscillantes ou rotatives ont des débits denviron 40 à 60 kg/h. Dautres opérations de décorticage complet consistent à débarrasser les graines de leurs pellicules pailleuses, les glumelles (paddy, graines de soja). Les décortiqueuses de riz sont par tradition des instruments manuels (à pédale ou à manivelle); elles sont très répandues en Asie. La force maximale que lon peut exercer sur les pédales ou les manivelles de ces engins est un facteur important dans le choix des machines (taille et autres caractéristiques). Actuellement, les machines à moteur pour le traitement du riz sont aussi utilisées pour le décorticage. Dans le cas de certaines graines, comme le pois cajan, dont les glumelles sont très solidaires du grain, le décorticage seffectue avec des machines de dépanouillage ou à écaler spéciales.
Les dimensions de la poignée et la force requise pour lactionner ont, pour les outils à main et les machines actionnées manuellement, dimportantes caractéristiques dont il convient de tenir compte. Dans le cas des cisailles, cest la force exercée à deux mains qui est déterminante. Bien que la plupart des accidents liés à lutilisation doutils à main soient considérés comme des accidents mineurs, ils sont souvent accompagnés de séquelles douloureuses et invalidantes, car les lésions ne sont pas toujours soignées à temps. Les modifications apportées à la conception de loutillage à main devraient se limiter à celles que les artisans du village peuvent facilement réaliser. Quant aux engins mécanisés, ils appellent une attention particulière. Les chaussures de sécurité et les gants de protection disponibles dans le commerce sont bien trop coûteux et ne sont pas adaptés aux besoins des cultivateurs des régions tropicales.
La plupart des activités agricoles sont des activités manuelles (soulever, déposer, tirer, pousser ou porter de lourdes charges) qui peuvent être à lorigine datteintes du système musculo-squelettique, de chutes, de lésions de la colonne vertébrale, etc. Le nombre et la gravité des traumatismes pouvant résulter dune chute augmentent considérablement dès lors que la chute intervient dune hauteur supérieure à 2 m par rapport au sol, à moins quelle ne soit amortie si la victime tombe sur du terrain meuble, du foin, de la paille ou du sable.
Dans les régions rurales, il nest pas rare de voir des personnes porter tous les jours des charges de 50 à 100 kg sur des trajets de plusieurs kilomètres (Sen et Nag, 1975). Dans certains pays, les femmes et les enfants doivent parcourir de longues distances pour aller chercher de leau en grandes quantités. Pour alléger le plus possible ces tâches, le récipient est posé sur la tête, la hanche, le dos ou les épaules. Ces méthodes de portage sont souvent associées à des problèmes biomécaniques et à des lésions de la colonne vertébrale (Dufaut, 1988). Des tentatives ont été faites pour améliorer les systèmes de portage sur lépaule et les modèles de brouette, etc. Il faut savoir aussi que le transport à laide dun joug transversal ou dun matériel spécialement adapté pour le port sur la tête est plus efficace que lusage dun joug frontal. Le nomogramme de la figure 64.23 permet dévaluer les charges maximales que lon peut porter en fonction de la vitesse de marche et de la demande en oxygène. Basé sur un modèle statistique de régression multiple, il considère la demande en oxygène (variable indépendante), la charge portée et la vitesse de marche (variables dépendantes). Deux variables doivent être connues pour permettre de trouver la troisième. Ainsi, pour une demande en oxygène de 1,0 litre/min (équivalant à environ 50% de la capacité de travail maximale) et un rythme de marche de 30 m/min, la charge maximale sera denviron 65 kg.
Compte tenu de la diversité de leurs activités, les conditions de travail des populations agricoles peuvent être considérablement améliorées par des mesures dordre organisationnel telles que la conception doutils et dengins mieux adaptés, lélaboration de nouvelles méthodes de travail, linstallation de dispositifs de protection sur les machines, loptimisation de la protection des travailleurs dans leur milieu de travail, etc. (Christiani, Durvasula et Myers, 1990). Des recherches ergonomiques approfondies sur les méthodes et pratiques agricoles, les outils et léquipement en général devraient favoriser lacquisition de connaissances susceptibles daméliorer la sécurité, la santé et la productivité de milliards de travailleurs agricoles. Lagriculture demeure le secteur dactivité économique le plus important au monde. Il devrait être possible de transformer limage, souvent primitive, de cette activité millénaire en une image dynamique, notamment dans le cas de lagriculture tropicale pratiquée par des populations à très faibles revenus. Dans ce contexte, les travailleurs ruraux pourraient être amenés à suivre une formation méthodique sur les risques de leur métier en même temps que des procédures de sécurité seraient élaborées pour les en préserver.
Si la mécanisation du travail agricole a libéré partout de très nombreux travailleurs de tâches pénibles et monotones, la vitesse et la puissance des machines utilisées ont considérablement contribué à laggravation des accidents du travail. Dans le monde entier, les pays pratiquant une agriculture mécanisée saccordent pour placer les tracteurs et autres engins utilisés dans les champs et dans les fermes en tête des causes des accidents mortels ou suivis dincapacités. Les outils à moteur contribuent également à ces accidents, mais ceux-ci sont en général moins graves. Par ailleurs, bien des machines présentent des risques environnementaux (bruit, vibrations, émanations dangereuses, etc.).
Les tracteurs présentent de nombreux avantages qui font deux lengin agricole le plus employé dans les exploitations agricoles. La plupart ont des pneus en caoutchouc, un système hydraulique et une prise de force; ils peuvent travailler à différents régimes. Conjuguées, ces caractéristiques leur confèrent vitesse, puissance, souplesse et adaptabilité. Les tracteurs peuvent cependant être à lorigine daccidents extrêmement graves en cas de renversement latéral ou de basculement de lengin vers larrière (cabrage), ou encore décrasement par lengin lui-même ou de happement par une prise de force. Les accidents provoqués par le renversement ou le basculement dun tracteur dépourvu dune cabine ou dun cadre de protection suffisamment résistants sont responsables de beaucoup plus de lésions ayant entraîné la mort que tout autre type daccident survenant dans lagriculture. Le tableau 64.6 donne une liste des accidents liés à lutilisation des tracteurs et indique la manière dont ils se produisent généralement.
Risques |
Types d’accident |
Description de l’accident |
Renversement du véhicule |
Renversement latéral |
Le conducteur emprunte des pentes, braque trop vite, circule sur des terrains trop accidentés; les roues arrière s’enfoncent dans un trou ou tombent dans une dépression sur le bas-côté |
Cabrage |
Attelage d’un engin auxiliaire à un endroit autre que la barre d’attelage; les roues arrière sont prises dans un trou |
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Ecrasement de personnes |
Chute du passager |
La plupart des tracteurs sont conçus pour être conduits par une seule personne; par conséquent, toute autre personne montant à bord n’est pas en sécurité |
Chute du conducteur |
Le conducteur est fauché par une branche d’arbre trop basse ou est éjecté de son siège en circulant sur un terrain trop accidenté |
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Ecrasement du conducteur debout près du tracteur |
Démarrage du tracteur par connexion à la batterie d’un autre véhicule avec une vitesse enclenchée par inadvertance. Le conducteur monte ou descend du tracteur en marche. Le tracteur roule pendant l’attelage ou le dételage d’engins auxiliaires |
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Ecrasement d’un spectateur ou d’un aide à pied |
Les accidents impliquant des tiers touchent généralement les enfants que le conducteur ne voit pas. |
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Prise de force |
Happement par l’arbre de prise de force |
Absence de protection. La prise de force est engagée quand le tracteur est en marche. |
Dérapages et chutes |
En montant sur le tracteur ou en en descendant |
Chaussures humides ou boueuses; marchepied trop haut; poignées hors de portée; précipitation; descente du mauvais côté |
Perte d’audition due au bruit |
Conduite du tracteur |
Le pot d’échappement est manquant ou endommagé ou n’est pas conforme aux normes; le moteur du tracteur est mal entretenu; les parois métalliques de la cabine répercutent le bruit à l’intérieur. |
La stabilité (ou linstabilité) dun tracteur dépend de la position de son centre de gravité (CG), cest-à-dire du point dapplication de la résultante de toutes les forces (pesanteur, etc.) qui sexercent sur lui. Lorsquun tracteur à deux roues motrices est à larrêt sur une surface horizontale, son CG se trouve généralement dans laxe longitudinal de lengin, à environ 25 cm au-dessus de lessieu arrière et à 60 cm environ en avant de celui-ci. Sur les tracteurs à quatre roues motrices qui représentent aujourdhui une proportion croissante des tracteurs mis sur le marché, de même que sur les tracteurs à articulation centrale, le CG est situé un peu plus vers lavant de lengin. Pour que le tracteur maintienne son équilibre, il faut que la projection verticale de son CG demeure à lintérieur du périmètre de stabilité, quadrilatère imaginaire qui relie les points où les roues du tracteur sont en contact avec le sol (voir figure 64.24). La position du CG lui-même ne change pas par rapport au tracteur, mais sa position par rapport au périmètre de stabilité peut changer. Cela se produit le plus souvent lorsque lengin passe dun terrain horizontal à un terrain en pente; dans ce cas, le tracteur peut se trouver dans une position instable. Si la projection verticale de son CG passe à lextérieur du périmètre de sécurité, il va se renverser. Si le tracteur, par ailleurs, est équipé dun chargeur à benne frontale, dun élévateur de balles ou dun réservoir latéral destiné à recevoir des produits chimiques, par exemple, son nouveau CG se trouvera décalé vers cet accessoire; plus celui-ci sera haut, plus le CG de lensemble sélèvera lui aussi.
Dautres facteurs importants peuvent compromettre la stabilité dun tracteur. On peut citer parmi eux la force centrifuge, le couple moteur de lessieu arrière et leffet de levier quexerce la barre dattelage lorsquun engin agricole est attelé au tracteur. La force centrifuge est la force subie par un objet mobile en rotation et qui lentraîne à lextérieur de sa trajectoire. Cette force est proportionnelle au carré de la vitesse de lobjet et inversement proportionnelle au rayon de sa trajectoire, en supposant que celle-ci soit un cercle. Pour un rayon de braquage donné, la force centrifuge sera donc multipliée par quatre si lon double la vitesse.
Sur un tracteur dont les roues motrices sont à larrière, le couple développé par le moteur est transmis à lessieu arrière et aux roues. Si la marche avant est enclenchée, cela entraînera lavance de lengin. Si, pour une raison ou une autre, les roues arrière sont immobilisées, ce sera le tracteur qui tournera en sens inverse; lavant se soulèvera, on dira que lengin se cabre. Une fois que le centre de gravité sera sorti du périmètre de stabilité, le tracteur basculera en arrière, entraîné par son poids, se retournera ou sécrasera contre un obstacle. On peut limiter le couple de basculement en lestant lavant du tracteur par des masses dont le poids peut aller dune centaine de kg à plus dune tonne.
La barre dattelage est un autre facteur susceptible de provoquer un cabrage. Le poids de lengin attelé et de la charge quil transporte a pour effet de déplacer le CG de lensemble «tracteur/engin attelé» vers larrière. Les points de contact des roues arrière avec le sol déterminent un axe de pivotement autour duquel le tracteur peut basculer. Sur les tracteurs modernes, le point dattelage a été abaissé pour réduire ce risque.
Des accidents de ce type peuvent survenir notamment lorsque le conducteur tombe de son siège, lorsquun passager occasionnel tombe du tracteur ou encore lorsquune autre personne se fait écraser par lengin. Cette personne peut être un passant ou un travailleur. Lorsque des engins sont attelés, ce sont eux parfois qui sont responsables daccidents. Les passagers sont particulièrement exposés lorsque aucun siège na été prévu à leur intention. Le conducteur embarque quelquefois une personne pour lui faire gagner du temps ou encore pour quelle laide aux champs; il arrive aussi quil emmène avec lui un enfant dont il a momentanément la garde. Il est instamment recommandé de naccepter aucun passager, et cela sous aucun prétexte, à moins que la cabine de conduite ne comporte un siège additionnel. Cette consigne se heurte toutefois aux réalités du monde agricole: désir bien compréhensible davoir de laide pour terminer un travail avant la pluie ou la nuit, impossibilité matérielle dacquérir dautres véhicules pour transporter des personnes, garde denfants, leçons de conduite aux futurs conducteurs, etc. Des personnes se trouvant à terre généralement le conducteur lui-même ou un enfant peuvent être écrasées par un tracteur ou un engin tracté en mouvement. Un conducteur peut être tenté de faire démarrer son véhicule alors quil est à terre; laccident survient généralement lorsquil essaie de mettre en marche un tracteur de type ancien avec une vitesse enclenchée ou lorsquil fait démarrer un engin de type plus moderne dont il a préalablement neutralisé le verrouillage de sécurité. De jeunes enfants, particulièrement ceux de moins de cinq ans, sont parfois écrasés par un tracteur dont le conducteur ignorait leur présence; ils sont souvent attirés par les bruits de démarrage et sapprochent sans faire attention. Sils savent que le conducteur embarque volontiers des passagers, ils seront tentés daccourir vers un tracteur prêt à démarrer ou déjà en marche.
Pour prévenir les divers risques mentionnés plus haut, il importe dappliquer les précautions ci-après:
Lagriculture mécanisée fait appel à une multitude de machines très diverses: certaines sont équipées dune prise de force ou peuvent y être accouplées, dautres sont actionnées par la pression hydraulique, dautres encore entraînées par un moteur électrique ou à combustion interne (essence ou huile lourde). Certaines machines possèdent leur propre source dénergie, alors que dautres sont accouplées à un arbre de prise de force ou simplement tractées ou portées. Le tableau 64.7 donne une liste des risques liés à lutilisation de ces machines ainsi que de leur localisation.
Risques |
Sources |
Sites |
Pincement, coincement |
Deux pièces mécaniques mobiles et solidaires dont l’une au moins a un mouvement circulaire |
Au point de contact des courroies d’entraînement et des poulies, des chaînes d’entraînement et des engrenages |
Enroulement |
Pièce mécanique rotative exposée ou non protégée |
Arbres de prise de force, barres de bennes basculantes d’ensilage, lames d’épandeurs de fumier |
Happement par cisaillement |
Croisement des bords de deux pièces mobiles ou contact entre le bord d’une pièce mobile et celui d’une pièce fixe ou d’un matériau souple |
Faucheuses, récolteuses-hacheuses de fourrage, moissonneuses-batteuses (menus grains), hache-paille, vis à grain |
Ecrasement |
Rencontre de deux objets mobiles ou d’un objet mobile se déplaçant en direction d’un objet fixe |
Pneus ou extrémités avant ou arrière de tracteurs articulés, dispositif d’attelage, main prise sous une pièce d’un circuit hydraulique |
Pièces en roue libre |
Des pièces mécaniques poursuivent leur mouvement après la coupure de leur alimentation, généralement un mouvement rotatif de lames de couteau ou de pales de ventilateur |
Récolteuses-hacheuses de fourrage, broyeurs d’aliments pour animaux, faucheuses rotatives, ensileuses souffleuses |
Projections |
Opérations mécanique de hachage, de concassage, de tronçonnage De petits objets (pierre, métal, verre, bois ou débris végétaux) peuvent être ramassés au passage et violemment projetés |
Faucheuses rotatives, hacheuses, moissonneuses-batteuses-hacheuses, épandeurs de fumier |
Décharges |
Décharge involontaire ou inopinée d’énergie accumulée |
Ressorts, circuits hydrauliques, air comprimé, circuits électriques |
Brûlures |
Brûlures de la peau par contact avec des pièces mécaniques brûlantes |
Pot d’échappement, blocs-moteurs, tuyaux, fluides (carburants, lubrifiants, produits chimiques) |
Happement |
Aux points d’alimentation des machines |
Cueilleuses-dépanouilleuses d’épis de maïs, moissonneuses-batteuses, récolteuses-hacheuses, ramasseuses-presses |
Perte d’audition liée au niveau sonore |
Machines en marche |
Tracteurs, vis à grain, machines utilisées dans les champs, séchoirs, souffleuses de silo, broyeuses d’aliments pour animaux, hache-paille Les niveaux sonores de plusieurs machines peuvent s’additionner pour constituer une nuisance. Le matériel récent est généralement moins bruyant que l’ancien |
La plupart des machines agricoles sont des engins puissants qui tournent à des vitesses élevées, et les travailleurs ne se rendent souvent pas suffisamment compte des risques quils peuvent encourir de ce fait. La puissance développée par une machine, même petite, peut certes varier considérablement suivant le régime adopté; elle nen reste pas moins toujours très supérieure à celle de lêtre humain. Ainsi, un mouvement rapide de traction exercé par le bras met en uvre une puissance bien inférieure à 0,75 kW, voire beaucoup moins, alors quune tondeuse à conducteur accompagnant peut avoir un moteur de 12 kW et une force de succion vingt à quarante fois supérieure à celle quil faudrait à une personne pour sen dégager. Une machine de dimensions moyennes pourra avoir une puissance de 30 à 45 kW, alors que la puissance maximale dun tracteur dépasse couramment 100 kW.
La combinaison de la puissance et de la vitesse crée de nombreuses situations potentiellement dangereuses pour les travailleurs. Ainsi, larbre de prise de force qui permet de transmettre la puissance du moteur dun tracteur à un engin qui lui est accouplé tourne à 540 tours/min (soit 9 tours par seconde) et peut atteindre 1 000 tours/min (soit 16,7 tours par seconde) à plein régime. Si un vêtement venait à être happé par un arbre en rotation de 75 mm de diamètre dépourvu de carter de protection, et même si cet arbre ne tournait quà vitesse réduite (par exemple, 270 tours/min) et si la personne réagissait rapidement (disons en une seconde), le vêtement se serait déjà enroulé sur une longueur de plus de 1 m autour de larbre. Une vitesse plus rapide de larbre ou une réaction plus lente de la victime lui laisserait encore moins de chances de se dégager.
Si une machine entraînée par la prise de force dun tracteur fonctionne à plein régime, les produits agricoles quelle reçoit auront une vitesse de lordre de 3,7 m/s. Si le travailleur alimente la machine à la main et se fait happer, il ne pourra se libérer à temps car, en 0,3 seconde (temps de réaction plutôt court), sa main aura été entraînée sur plus de 1 m. Ce type daccident survient le plus souvent lorsque des matières végétales obstruent lentrée de la machine et que le travailleur essaie de la dégager avant larrêt complet de la machine.
Ces règles consistent essentiellement à mettre et à maintenir en place tous les dispositifs et systèmes de protection fournis par le constructeur ou apportés par la suite, à contrôler leur bon fonctionnement de manière régulière et à les entretenir convenablement. Des autocollants devraient être apposés sur les machines et les engins mécanisés pour rappeler ces exigences aux exploitants et aux utilisateurs. Lorsquils doivent être enlevés ou rendus inopérants à des fins de nettoyage, dentretien ou de réglage, ces dispositifs et ces systèmes seront remis en place sans délai. Les consignes de sécurité devraient être observées rigoureusement. Ainsi, le moteur dun tracteur devrait être arrêté, les prises de force déclenchées et les systèmes hydrauliques mis hors service avant toute intervention sur léquipement considéré. Les recommandations du manuel dutilisation devraient avoir été bien assimilées. Il conviendrait de dispenser aux travailleurs une formation appropriée et, en particulier, de les avoir rendus attentifs aux risques quils peuvent encourir et aux précautions à prendre.
Les constructeurs de tracteurs et de machines agricoles sefforcent daméliorer constamment la sécurité et le confort des matériels quils mettent sur le marché. Ainsi, en ce qui concerne plus particulièrement les tracteurs, on peut disposer aujourdhui de cabines ventilées et climatisées, de filtres à air de cabine dont certains offrent également une protection contre le pollen, de postes de conduite réversibles assurant une meilleure visibilité à larrière et sur les côtés, de sièges-passager à suspension, dune prise de force supplémentaire à lavant et de divers autres perfectionnements destinés à alléger considérablement la conduite et à la rendre plus sûre.
Les machines agricoles sont conçues pour travailler la terre et la rendre plus propice à la croissance des récoltes, pour semer le grain, pour épandre des produits chimiques qui favorisent le développement des plants ou luttent contre les maladies et les parasites; elles servent aussi à moissonner et à engranger les récoltes. Il existe une très grande variété de machines agricoles qui consistent essentiellement en une combinaison de rouages, darbres de transmission, de chaînes, de courroies, de couteaux, de vibreurs, etc., destinés à accomplir une tâche précise; ces organes se trouvent généralement à lintérieur dun bâti fixe ou plus souvent mobile. Les principales catégories de machines agricoles sont: les machines de labour, les machines à semer et à planter, à travailler le sol, à récolter les fourrages, les céréales, les fibres végétales, les légumes, les fruits et les noix; les machines de chargement et de transport; les pulvérisateurs de produits chimiques agricoles; et les machines de triage et de conditionnement. Les machines de labour . Elles comprennent les charrues, les cultivateurs, les sous-soleuses, les herses, les rouleaux, les niveleuses, les calibreuses, etc., et sont conçues pour retourner la terre, la remuer, la tasser ou laplanir pour la préparer à lensemencement. Ces machines peuvent être soit petites et ne nécessiter dans ce cas quune source de faible énergie (comme les motoculteurs pour labourer les rizières), soit beaucoup plus grosses et exiger une source dénergie considérable, comme les machines combinées fouilleuses-semoirs-herses. Les machines à planter . Elles comprennent les semoirs simples, les semoirs rayonneurs, les semoirs à la volée, etc., et sont conçues pour reprendre les semences contenues dans un bac ou une trémie et les enfouir dans le sol à une profondeur et un espacement prédéterminés ou pour les répandre uniformément à la surface du sol. Les semoirs peuvent être simples et travailler sur un seul rang à la fois, ou beaucoup plus complexes, comme les semoirs rayonneurs qui traitent simultanément plusieurs rangs et, grâce à divers accessoires, peuvent en outre épandre des engrais, des pesticides ou des désherbants en une seule opération. Les machines à travailler le sol . Elles comprennent les bineuses rotatives, les cultivateurs, les scarificateurs (mécaniques ou par le feu), etc., et servent à arracher les mauvaises herbes qui envahissent les cultures, leur disputent lhumidité du sol et rendent la récolte plus difficile. Elles servent aussi à remuer la couche superficielle de manière à favoriser la pénétration des eaux pluviales. Les machines à récolter les fourrages . Ce sont les faucheuses, les hacheuses, les presses, etc. Elles sont conçues pour couper près de leur racine les tiges des fourrages grossiers et les préparer pour la presse ou lutilisation immédiate. Ces machines sont également dune complexité très variable. La simple faucheuse ne fait que couper les tiges au niveau des racines, alors que la faucheuse-hacheuse-chargeuse réduit en outre la plante entière en menus morceaux quelle charge dans un véhicule ou une remorque attelée à la machine. Les crêpeurs, qui écrasent ou brisent la tige des plantes, servent à activer sur place le processus de séchage des cultures fourragères afin déviter leur détérioration, surtout pour les légumineuses destinées à lentreposage à sec ou à la mise en balles. Les presses à agglomérer servent à comprimer les cultures fourragères pour les transformer en blocs compacts destinés à lalimentation mécanique du bétail, les presses à balles à mettre le fourrage en balles de forme cylindrique afin den faciliter lentreposage et la manutention. Il y a des balles assez petites (20 à 40 kg) pour être manipulées manuellement, alors que dautres sont dun tel poids (400 à 500 kg) quelles nécessitent lutilisation dengins de manutention mécaniques. Les machines à récolter les céréales et les fibres végétales. Elles comprennent les moissonneuses, les moissonneuses-lieuses, les cueilleuses-dépanouilleuses dépis de maïs, les batteuses et les moissonneuses-batteuses. Elles servent à séparer de leurs tiges le grain ou la fibre arrivés à maturité et à les recueillir dans une benne ou des sacs pour les transporter jusquau lieu dentreposage. La récolte des céréales peut nécessiter lemploi de plusieurs engins tels quune moissonneuse-lieuse pour couper les céréales sur pied, des camions pour transporter les gerbes à la batteuse et des élévateurs pour charger les sacs de grain dans des véhicules qui les achemineront au lieu dentreposage. Il se peut aussi que la plupart de ces opérations soient effectuées par une seule machine, comme la moissonneuse-batteuse-ensacheuse (voir figure 64.25) qui coupe la tige sur pied, sépare les grains de la tige et les déverse dans des sacs tout en avançant dans le champ. Ces machines combinées peuvent aussi déverser les grains dans des véhicules de transport. Les ramasseuses de maïs et de coton neffectuent quune seule opération et, en général, séparent uniquement le grain ou la touffe fibreuse de la tige. Figure 64.25 Moissonneuse-batteuse-ensacheuse sans cabine étanche
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Le riz constitue la denrée de base des populations asiatiques; il est consommé cuit ou moulu pour obtenir la farine qui servira à la panification et, à ce titre, cest un aliment qui intéresse la planète tout entière. Plusieurs variétés de riz sont cultivées pour répondre aux goûts des consommateurs. La riziculture est pratiquée sur des terres inondées et marécageuses de plaine ou sur des plateaux et collines où leau de pluie est suffisamment abondante.
Le riz peut être cultivé soit manuellement soit en faisant appel à une mécanisation partielle ou totale, le choix étant dicté par le niveau de développement technologique local et les exigences de productivité. Toutefois, quel que soit le mode de culture adopté, il faut nécessairement passer par les étapes suivantes:
Les risques les plus fréquents sont liés aux facteurs ci-après:
Les conditions de travail peuvent être améliorées et les risques de maladies réduits par une mécanisation plus poussée des activités rizicoles. Les mesures dordre ergonomique concernant lorganisation du travail et les équipements ainsi que la formation systématique à ladoption de bonnes postures de travail sont également des facteurs essentiels.
Les mesures de prévention médicale nécessaires devraient être strictement appliquées: cours dinitiation au secourisme, ouverture de dispensaires, lancement de campagnes de promotion de la santé et suivi médical des travailleurs.
Lamélioration des conditions de vie des travailleurs rizicoles passe nécessairement par lattention portée à lhabitat et aux normes dhygiène, laccès à leau potable, une meilleure hygiène alimentaire, la salubrité de lenvironnement et une économie stable.
Les conventions et recommandations de lOrganisation internationale du Travail (OIT) devraient être observées dans toutes les situations où elles sont applicables. On mentionnera à cet égard:
Les plantes de la famille des graminées blé, seigle, orge, avoine, maïs, riz, sorgho, mil, etc. sont des marchandises de valeur, occupant une place centrale dans la production agricole. Les céréales apportent des hydrates de carbone sous une forme hautement concentrée et constituent une importante source daliments pour les êtres humains et les animaux.
Les céréales fournissent environ 60% des calories et 55% des protéines composant habituellement le régime alimentaire des êtres humains, le pain étant la forme sous laquelle les céréales sont le plus souvent transformées; toutefois, celles-ci entrent aussi dans la composition de boissons comme la bière ou dautres alcools et spiritueux fabriqués par distillation, dont elles constituent lingrédient principal. Les céréales servent aussi à lalimentation des animaux comme les bêtes de somme, les animaux domestiques ou de compagnie et ceux qui sont élevés pour la production de viande destinée à la consommation humaine.
Les cultures céréalières sont nées avec la civilisation. En 1996, la production mondiale a atteint 2 003 380 000 tonnes, ce volume ayant augmenté de plus de 10% depuis le milieu des années quatre-vingt.
Les plantes cultivées pour leur huile, que lon appelle aussi des oléagineux, sont principalement le soja, le colza et le tournesol et, bien quil en existe plus dune dizaine, ces trois cultures se partagent la plus grande part du marché avec le soja comme première production. Pratiquement tous les oléagineux sont broyés pour en extraire de lhuile végétale et des farines à haute teneur protéique. Ces huiles sont pour la plupart des huiles à salade ou de cuisson, alors que les farines servent principalement à lalimentation animale. En 1996, la production mondiale a atteint 91 377 790 tonnes, soit presque 41% daugmentation en dix ans (base de données FAOSTAT, http:/apps.fao.org/debut.htm).
La production céréalière et oléagineuse est influencée par des facteurs régionaux tels que le climat et la géographie. Les sols secs ne conviennent pas à la production du maïs, tandis que les sols humides ne favorisent pas la culture du blé. La température, la pluviosité, la fertilité des sols et la topographie sont aussi des facteurs pouvant gêner ou favoriser la croissance de certaines cultures céréalières et oléagineuses.
La production sarticule autour de quatre activités principales: préparation des semis et plantation, récolte, stockage, acheminement des produits vers les marchés ou les usines de transformation. Certaines activités ont considérablement évolué avec lagriculture moderne, mais dautres sont restées pratiquement inchangées depuis les débuts de la civilisation. La mécanisation agricole a engendré de nouveaux risques pour les travailleurs.
Tous les outils et les machines servant à la récolte des cultures céréalières, de la simple faux à la moissonneuse-batteuse, sont potentiellement dangereux. Ce sont des outils agressifs, conçus pour couper, broyer ou hacher les végétaux, et ils ne font malheureusement pas la différence entre une plante et une personne. Les risques mécaniques associés à lutilisation de ces outils sont nombreux: ils peuvent couper, happer, écraser, pincer et entraîner les vêtements et dautres matériaux dans leurs rouages et leurs mécanismes. Une moissonneuse-batteuse happe les tiges de maïs à une vitesse de lordre de 3,7 m/s, rythme trop rapide pour éviter laccrochage, même pour un individu ayant une vitesse de réaction normale. Les vis sans fin et les prises de force tournent respectivement à des vitesses de 3 m/s et 2 m/s et présentent des risques du même genre.
Les travailleurs agricoles peuvent aussi être atteints dhypoacousie en raison du niveau sonore élevé des machines et des équipements. Le bruit généré par les ventilateurs hélicoïdes soufflant de lair chaud à lintérieur des entrepôts ou des silos pour sécher le grain peut atteindre 110 dBA, voire davantage. Comme ces structures sont souvent situées près des logements et tournent continuellement pendant les campagnes, les travailleurs et les membres de leur famille souffrent souvent de pertes daudition après avoir été exposés à ce type de nuisances pendant de longues périodes. Parmi les autres sources de bruit pouvant contribuer à une perte daudition, on mentionnera les machines telles que les tracteurs, les moissonneuses-batteuses et les convoyeurs, ainsi que le passage du grain dans une goulotte de déchargement.
Les travailleurs agricoles sont également exposés à un risque important de suffocation sils se font engloutir dans le grain que lon déverse ou si des amas de grains cèdent sous leurs pieds. Il est quasiment impossible de leur venir en aide en raison de la masse considérable des grains qui les recouvrent. On peut prévenir de tels accidents en coupant systématiquement lalimentation des chargeurs ou des convoyeurs avant de pénétrer dans ces enceintes et en fermant toutes les vannes de déversement par gravité. Il est difficile de prévenir lenlisement quand un tas de grains seffondre, mais les travailleurs peuvent éviter ce genre daccident en se renseignant sur la structure de linstallation et la nature du produit qui y est stocké. Ils doivent en outre observer les procédures dentrée dans un espace confiné quand ils manipulent le grain.
Pendant les phases de récolte, de stockage et de transport des céréales et des oléagineux, les travailleurs sont exposés aux poussières, aux spores fongiques, aux mycotoxines et aux endotoxines qui peuvent être dangereuses pour lappareil respiratoire. Les poussières sont des substances biologiquement actives qui peuvent produire des irritations, des réactions allergiques ou inflammatoires ou encore des infections pulmonaires. Les travailleurs peuvent éviter ou réduire leur exposition aux poussières en portant un équipement de protection individuelle approprié comme un appareil de protection respiratoire automatique à filtre ou à adduction dair. Certains systèmes de manutention et de stockage réduisent au minimum la formation de poussières, alors que certains additifs, comme les huiles végétales, peuvent empêcher que les poussières ne passent en suspension dans lair.
Au cours du stockage, il peut arriver que le grain pourrisse et dégage des gaz toxiques, présentant alors un risque de suffocation pour les travailleurs. Le dioxyde de carbone (CO2) peut saccumuler à la surface du grain et éliminer loxygène, créant un grand danger pour les travailleurs si le taux doxygène chute à moins de 19,5%. Les appareils de protection respiratoire ordinaires à filtre sont inutiles dans ce cas.
Un autre risque est celui de lincendie ou de lexplosion au cours du stockage ou de la manutention de grains ou doléagineux. Les particules de poussières mises en suspension dans lair lorsquon remue le grain créent une atmosphère propice à une puissante explosion; un palier surchauffé ou une courroie frottant contre un autre élément pourront suffire pour déclencher une explosion. Ce sont les grands silos-élévateurs installés dans les zones portuaires où dénormes quantités de grain sont stockées qui présentent le plus de risques. On veillera au bon entretien des lieux où le grain est entreposé pour réduire le plus possible les risques dincendie et dexplosion.
Sils permettent daméliorer la fertilité des sols, de réduire la concurrence des mauvaises herbes et des ravageurs et daccroître le rendement, les produits chimiques que lon utilise au début du cycle de production pour la préparation des couches de semis et la plantation présentent aussi des risques pour la santé des travailleurs. La principale source dinquiétude vient du danger que représente une exposition prolongée à de tels produits. Certains, notamment lammoniac (NH3) lorsquil est utilisé comme engrais conditionné sous forme de liquide sous pression, peuvent provoquer des lésions immédiates. Composé hygroscopique, lammoniac absorbe lhumidité, provoquant des brûlures par corrosion des tissus corporels. Puissant irritant des poumons, mais facilement décelable, lammoniac est caractérisé par un faible point débullition et gèle au contact, causant un autre type de brûlures graves. Le port dun équipement de protection individuelle est le plus sûr moyen déviter ce type de risques. Si lon a été en contact avec ce gaz, il faut immédiatement rincer abondamment à leau la zone affectée.
Les travailleurs agricoles sont aussi exposés à des risques de glissade ou de chute. Une chute dune hauteur de 3,7 m peut être mortelle. Or, les plates-formes de nombreuses machines et de la plupart des installations de stockage se trouvent souvent à des hauteurs bien supérieures pouvant atteindre jusquà 30 m et ne sont accessibles quà laide déchelles. Les facteurs climatiques comme la pluie, la boue, la glace ou la neige peuvent aussi causer des accidents en rendant les surfaces glissantes; il faut donc installer garde-corps et mains courantes et porter des chaussures munies de semelles antidérapantes. On utilisera également des harnais et des filins de sécurité pour arrêter les chutes et réduire ainsi les risques daccidents.
* Adapté de la 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational Health and Safety.
La canne à sucre est une plante vivace cultivée dans les régions tropicales et subtropicales aux fins de lextraction du saccharose et de sous-produits tels que la mélasse et la bagasse (résidu cellulosique). Elle croît en massifs de tiges cylindriques de 1,25 à 7,25 cm de diamètre pouvant atteindre 6 à 7 m de hauteur. Ses tiges poussent en hauteur jusquà ce quelles deviennent trop lourdes pour se maintenir droites et tombent sur le côté pendant que dautres tiges continuent de pousser verticalement. On obtient ainsi un champ de cannes à sucre poussant les unes sur les autres, formant un quadrillage ressemblant à la trame dun filet. Les tiges de la plante contiennent une sève dont on extrait le sucre. On cultive la canne à sucre partout aux Caraïbes, en Amérique centrale et du Sud, en Inde, dans les îles du Pacifique, en Australie, en Afrique centrale et australe, à Maurice et dans le sud des Etats-Unis. La canne à sucre est utilisée principalement pour la production sucrière, mais elle sert également à la fabrication du rhum par fermentation et distillation. La bagasse, résidu ligneux laissé après lextraction du jus, peut être employée dans la fabrication de pâte à papier ou dautres produits, ou encore comme combustible.
Dans des conditions favorables et moyennant lemploi judicieux de pesticides et dengrais, la canne à sucre croît rapidement. Si lon veut en extraire le maximum de sucre (de 1 à 17% de son poids total), il faut la récolter dès linstant où la plante a atteint son dernier stade de croissance. Avant de procéder à la récolte, on brûle les champs (en veillant bien à ne pas abîmer la canne) pour éliminer les mauvaises herbes et détruire les serpents, les insectes dangereux et les autres ravageurs qui vivent sous lépais couvert végétal. La récolte se fait soit manuellement à laide de machettes, soit mécaniquement avec des coupeuses de canne, procédé de plus en plus répandu actuellement. La récolte reste toutefois manuelle dans de nombreuses régions du monde, ainsi que dans les champs qui ne se prêtent pas à lutilisation de machines. On emploie beaucoup de travailleurs migrants ou saisonniers, surtout dans les régions où la récolte se fait manuellement.
Pour ne pas perdre de son contenu en sucre, la canne doit être traitée aussitôt la récolte terminée; cest la raison pour laquelle les raffineries sont généralement situées à proximité des principales régions productrices. Les cannes y sont acheminées par tracteur ou semi-remorque ou encore, dans certaines régions, par voie ferrée spécialement aménagée sur les plantations.
Dans les régions où les récoltes sont réalisées surtout à laide doutils à main, la machette est une cause fréquente daccidents, allant de la simple coupure au sectionnement dun membre. De tous les outils, la machette est aussi celui qui est le plus souvent utilisé par les travailleurs les moins qualifiés. On peut éviter un certain nombre daccidents en gardant toujours les lames de machettes bien affûtées, car une lame bien aiguisée permet au travailleur de limiter lampleur de son geste et de mieux contrôler son outil. Il peut arriver quau cours de querelles les travailleurs se servent de leur machette comme dune arme. Parmi les mesures de protection contre les coupures de machette, on mentionnera les gants de protection spéciaux doublés dun revêtement en mailles métalliques, les chaussures avec embouts renforcés et les protections spéciales pour les bras et les jambes. Le port de bottes protégera également des morsures de serpents. Les yeux ne sont pas non plus à labri daccidents tels que blessures ou coupures provoquées par des tiges de cannes; on recommandera donc aux travailleurs de porter un masque quand ils récoltent à la main. Comme la culture de la canne à sucre est pratiquée dans les régions tropicales et subtropicales, on pensera aux problèmes de santé liés à la chaleur que le port de vêtements de protection peut accentuer. Dans ces régions où lon est exposé à dintenses rayonnements solaires, les cas de cancer de la peau ne sont pas rares; on prendra donc les précautions nécessaires pour se protéger du soleil ou limiter lexposition à ses rayonnements.
La récolte manuelle est aussi propice à lapparition de troubles musculo-squelettiques dus à leffort physique et aux mouvements répétitifs. Le poids de la machette, son tranchant et la fréquence des coups administrés par le travailleur constituent dautres facteurs à prendre en compte dans les affections de ce type. On se reportera à ce sujet à larticle «Les opérations manuelles en agriculture» dans ce chapitre.
Il faut éviter les risques dinfection en cas de coupures ou décorchures. Dans les récoltes mécanisées, les risques liés à lutilisation des machines sont similaires à ceux que posent tous les engins de récolte.
Les pesticides et autres produits chimiques présentent des risques dintoxication sils sont absorbés par la peau ou inhalés. Les travailleurs chargés dappliquer ces produits devraient être informés des risques que ces opérations comportent. Des tenues spéciales de protection leur seront fournies et des douches et installations sanitaires adéquates mises à leur disposition. Le matériel utilisé devrait être convenablement entretenu et réparé en cas de besoin pour éviter toute fuite accidentelle. Les pulvérisateurs à dos devraient faire lobjet dune attention particulière, car les cas de fuite ne sont pas rares et le produit risque de couler sur lutilisateur. Lépandage aérien pose aussi des problèmes dans la mesure où les retombées de pesticides risquent de toucher les personnes se trouvant à proximité de la zone traitée. Les bidons de pesticides portent des étiquettes sur lesquelles on peut lire des instructions pratiques et relatives à la manipulation et à lélimination du produit après emploi; des indications y sont notamment données sur le délai dattente à respecter avant de pénétrer dans un champ qui vient dêtre traité.
Lindustrie sucrière ne produit pas uniquement des aliments destinés à la consommation humaine, mais également certaines qualités de sucre et certains résidus qui sont utilisés comme éléments nutritifs dappoint dans lalimentation du bétail, ainsi que divers produits dimportance commerciale, extraits de la matière première et de ses sous-produits.
Parmi les dérivés immédiats des plantes sucrières, les plus importants sont le saccharose, le glucose, le lévulose, la raffinose, la pectine, les cires et les bétaïnes. Parmi les sous-produits, on peut citer les émondes (utilisées pour laffouragement), la bagasse, le rhum et les mélasses. La transformation industrielle de la canne à sucre permet la fabrication de produits tels que loctacétate de saccharose, lalcool éthylique et les acides acétique, citrique, glutamique, oxalique, formique et saccharique. Diverses sortes de papiers et de panneaux daggloméré sont fabriqués à partir de la bagasse, qui peut être également utilisée, une fois séchée, comme source de biogaz ou comme combustible dans les raffineries.
A la sucrerie, les cannes sont broyées entre de gros cylindres (moulins à cannes) pour en extraire le jus. Ce jus contient du saccharose, du glucose, du lévulose, des sels et des acides organiques; on y trouve également, en suspension, des fibres de bagasse, des impuretés, de largile, des substances colorantes, de lalbumine et de la pectine. En raison de la présence de ces deux dernières substances, le jus ne peut être filtré à froid; il sera nécessaire de procéder à un traitement thermique et chimique pour éliminer les impuretés et en extraire le saccharose.
Suit une étape de clarification où le jus, auquel on ajoute des précipitants à base de chaux, est chauffé. Le jus ainsi clarifié est alors concentré par évaporation sous vide jusquà ce que lon obtienne un précipité qui se présente sous forme de cristaux grisâtres. Le jus concentré, appelé mélasse, contient 45% deau; après centrifugation, on obtient du sucre granulé (sucre roux) qui peut être directement commercialisé; cependant, ce produit est généralement soumis à un raffinage qui permet dobtenir le sucre blanc. Dans les raffineries, le sucre roux est dissous au moyen de substances chimiques comme le trioxyde de soufre et lacide phosphorique, puis il est filtré, avec ou sans noir animal, selon le degré de pureté que lon désire obtenir. Le sirop filtré est évaporé sous vide jusquà la cristallisation; il est ensuite soumis à une opération de centrifugation qui permet dobtenir une poudre blanche cristallisée.
Les conditions de vie des travailleurs employés dans lindustrie de la canne à sucre diffèrent dune plantation à lautre. Les travailleurs saisonniers sont particulièrement vulnérables. Les risques pour la santé varient selon les conditions de vie et de travail et en fonction dautres facteurs socio-économiques ou liés à lenvironnement.
En raison des températures élevées régnant dans les régions productrices de canne à sucre, les travailleurs doivent boire de grandes quantités de liquides.
Certaines opérations, aux différents stades du raffinage, donnent lieu à des émanations de vapeurs et de gaz toxiques (dioxyde de carbone, dioxyde de soufre, monoxyde de carbone, acide chlorhydrique). De même, les opérations auxquelles sont associées des températures élevées entraînent la production de fumées et de vapeurs nocives qui sont irritantes et parfois toxiques.
Dans certains secteurs de la sucrerie, le bruit dépasse les limites admissibles.
La bagassose est une maladie pulmonaire professionnelle, caractérisée par une alvéolite allergique extrinsèque que lon contracte en respirant des particules de poussières contenant des spores dactinomycètes thermophiles qui se développent dans les dépôts de bagasse moisie. Ce type dexposition peut également causer des pneumopathies par hypersensibilité.
Dans les pays en développement, les travailleurs sont parfois peu qualifiés et sans formation en matière de sécurité. Dans les plantations, le taux de roulement de la main-duvre peut être élevé, ce qui nest pas sans poser des problèmes pour assurer le suivi de la formation et le perfectionnement des niveaux de qualification des travailleurs. Les données statistiques révèlent une faible incidence des maladies professionnelles dans ce secteur dactivité. Cet état de choses pourrait être dû en partie à des problèmes de déclaration ou danalyse puisque les sucreries et les raffineries ne sont ouvertes que cinq ou six mois par an. Dans ces conditions, les taux annuels daccidents peuvent paraître peu élevés. Pendant le reste de lannée, les travailleurs saisonniers sont employés à des travaux complètement différents, alors que les employés permanents sont occupés à lentretien des machines et des outils ainsi que des bâtiments et autres installations.
Les accidents du travail chutes, foulures, entorses, etc. ne diffèrent guère de ceux que lon observe habituellement dans les autres filières du secteur industriel et agricole. On a constaté cependant, avec les progrès de la mécanisation, que ces accidents, sils sont plus rares, sont en revanche souvent plus graves. Outre les affections liées aux phénomènes dinsolation et de contrainte thermique, les dermatites et les conjonctivites, les accidents les plus fréquents sont les brûlures et les chutes.
Lélaboration et la mise en uvre dun programme de sécurité et de santé dans une raffinerie nécessite, dans un premier temps, une évaluation qualitative et quantitative des risques et lidentification des mesures correctives telles que linstallation de systèmes daspiration des poussières, des vapeurs et gaz divers. Les locaux de travail devraient être convenablement aérés et ventilés, de façon à réduire la chaleur ambiante lorsquelle est trop élevée; ils seront également suffisamment éclairés. Les machines devraient être équipées de protecteurs et les travailleurs munis dun équipement de protection individuelle. Il conviendrait par ailleurs de mettre en place un programme de sécurité, sous la responsabilité dun personnel qualifié.
Le bruit constitue un risque important. Les machines bruyantes devraient être insonorisées et, dans les secteurs de la raffinerie où lon ne peut réduire suffisamment le niveau sonore, il y aurait lieu de fournir aux travailleurs un équipement de protection spécial et de mettre en place un programme de surveillance de lacuité auditive, programme conjuguant tests audiométriques et formation des travailleurs.
Les racines et les tubercules, riches en énergie alimentaire et en éléments nutritifs, ont une très large place dans lalimentation de plus dun milliard dindividus dans les pays en développement. De même, les produits de leur transformation tels que farines, pâtes, chips et produits déshydratés composent environ 40% de lapport alimentaire de la moitié des populations dAfrique subsaharienne. Le manioc est devenu laliment de base le plus important dans tous les pays en développement, nourrissant plus de 500 millions de personnes; cest aussi un produit dexportation important pour lalimentation des animaux dans les pays européens.
Les racines et les tubercules, dont la pomme de terre, la patate douce, le manioc, ligname et le taro, sont mieux connus sous le nom de féculents. Riches en hydrates de carbone, calcium et vitamine C, mais pauvres en protéines, ces aliments assurent la subsistance des populations des pays les plus pauvres. Parmi ces plantes racines, ligname est surtout cultivée en Indochine, en Indonésie et en Afrique; la pomme de terre en Amérique du Sud, en Amérique centrale, au Mexique et en Europe; le manioc et la patate douce en Amérique du Sud (Alexandratos, 1995).
La pomme de terre fut introduite en Irlande vers 1580; une petite parcelle permettait alors de nourrir une famille de six enfants, une vache et un cochon. En outre, comme il sagit dune culture souterraine, elle est protégée des gelées dhiver et des incendies dété. La pomme de terre devint la nourriture des pauvres en Irlande, en Angleterre, en France, en Allemagne, en Pologne et en Russie. En 1845, une pandémie de mildiou se répandit dans toute lEurope, causant une famine meurtrière en Irlande où il ny avait à lépoque aucun produit de substitution (Tannahill, 1973).
La pomme de terre demeure une culture principale dans les pays développés. Sa production continue de saccroître aux Etats-Unis où une bonne part de cette augmentation est attribuée à la demande croissante en produits de transformation qui en sont dérivés. On note un accroissement de la consommation de pommes de terre sous forme de chips, frites et autres produits surgelés ou en conserve. Les accidents du travail dans cette filière surviennent essentiellement pendant les opérations de récolte mécanique. Une étude réalisée au Canada a révélé que les agriculteurs spécialisés dans la culture de la pomme de terre constituaient une population à haut risque de cancer du pancréas, mais aucun lien na pu être scientifiquement établi.
Les pièces mobiles des arracheuses de pommes de terre présentent un risque potentiel daccident. Larbre de prise de force du tracteur, qui relie le tracteur à larracheuse par un joint de cardan, est une source dénergie cinétique, donc daccidents. La prise de force devrait toujours être équipée de carters de protection, larbre en rotation étant à lorigine du type daccident le plus fréquent qui survient lorsquil arrive quil happe un vêtement trop ample.
Tous les systèmes hydrauliques fonctionnent sous pression, parfois à plus de 14 000 kPa, soit trois fois la pression nécessaire pour traverser la peau. Un travailleur ne devrait jamais tenter de boucher une canalisation hydraulique percée avec le doigt, car le liquide sous pression pourrait y pénétrer. Si tel était le cas, il faudrait procéder rapidement à une intervention chirurgicale pour prévenir tout risque de gangrène. Toute rupture du système en quelque point que ce soit peut provoquer un accident grave; si une canalisation lâche, le liquide peut être projeté à grande distance. Les systèmes hydrauliques emmagasinent une énergie considérable; un mauvais entretien ou un réglage défectueux peut conduire à des accidents dramatiques.
Des accidents par pincement peuvent survenir lorsque deux pièces mécaniques mobiles normalement solidaires cessent de lêtre et que lune dentre elles se met à tourner à vide, cet incident se produisant généralement au point de contact des courroies dentraînement, engrenages, etc. Des vêtements ou des parties du corps peuvent être happés dans ces mécanismes; on veillera donc à mettre sous carter les parties mobiles des arracheuses de pommes de terre.
Des accidents par entraînement ont lieu lorsquun organe rotatif exposé ou non protégé, comme un arbre de prise de force, accroche une manche de vêtement, un pan de chemise, un morceau de tissu effiloché, voire des cheveux longs. Un arbre de prise de force normalement lisse peut avoir à sa surface des points de rouille ou des encoches qui en rendent la surface suffisamment rugueuse pour que des vêtements sy accrochent; même si larbre tourne à vitesse ralentie, il faut donc toujours sen méfier. Les arbres lisses et ronds offrent toutefois moins de prise aux textiles que les arbres carrés. Les joints de cardan placés aux extrémités des arbres de prise de force sont les éléments qui offrent le plus de prise aux vêtements. Ils sont volumineux et saillants et présentent un danger même si lon nest pas en contact avec larbre.
Des accidents peuvent se produire par cisaillement entre deux pièces mécaniques en mouvement. Si lon place un doigt dans un joint dattelage ou entre une courroie et sa poulie, il risque fort dêtre sectionné. Entraînée par le moteur, la courroie est particulièrement dangereuse et peut être à lorigine de blessures corporelles. Linstallation de dispositifs de protection sur les pièces tranchantes des arracheuses de pommes de terre permet de se prémunir contre ce type de risques.
Des accidents par écrasement sont possibles aux endroits où deux objets mobiles se rencontrent, ou quand un objet mobile rencontre un objet fixe. On utilise, pour récolter les pommes de terre, de gros camions qui risquent de renverser et de blesser, en particulier en leur écrasant les jambes ou les pieds, les personnes qui se trouvent aux champs ou, a fortiori, dans des espaces clos comme les entrepôts.
Des accidents par happement peuvent se produire lorsquun travailleur est happé par les rouages dune machine. De tels accidents risquent de survenir toutes les fois que lon essaie de retirer un objet dune arracheuse de pommes de terre dont le moteur est en marche, même si lengin lui-même navance pas.
Des accidents par projection se produisent quand des objets durs sont rejetés avec force. Les arracheuses de pommes de terre à commande pneumatique projettent de la terre et de petites pierres lors du triage des tubercules. Les débris sont projetés avec suffisamment de force pour causer des lésions oculaires.
Fort heureusement, les possibilités de prévention de ces accidents sont nombreuses. Le port de vêtements ajustés est capital. Bien attachés, les cheveux risqueront moins dêtre pris dans les rouages et dentraîner la tête vers les points dangereux dune machine. Le port de chaussures à semelles antidérapantes évite de glisser sur les plates-formes de triage dont la fiabilité laisse à désirer quand elles sont recouvertes de boue ou de fanes. Portés en guise de protection à la table de triage, les gants devraient être à la taille du travailleur, sans bords effilochés ni poignets trop larges.
Outre un équipement approprié, le comportement du conducteur dengins et de ses passagers, notamment leur vigilance, contribuera à éviter les accidents. Personne ne devrait monter sur une arracheuse de pommes de terre ou en descendre lorsquelle est en marche; il faut toujours attendre que la machine soit complètement à larrêt. Une posture stable devrait être adoptée avant de faire démarrer un tracteur auquel est attelée une arracheuse, ce qui réduira les risques de chute si le tracteur fait une embardée. Personne ne devrait se trouver entre le tracteur et larracheuse quand ces engins roulent ou au moment du démarrage. Le conducteur du tracteur et les travailleurs à bord de larracheuse ne devraient jamais se tenir près de larbre de prise de force lorsquil tourne ou au moment du démarrage. Les arracheuses ne devraient pas être lubrifiées, ajustées ou réparées quand elles sont en marche, et lon ne devrait jamais tenter de dégager quoi que ce soit des courroies en mouvement.
On cultive une grande variété de légumes (plantes herbacées) pour leurs feuilles, tiges, racines, fruits et graines comestibles. Ces cultures comprennent les plantes à feuilles vertes (laitue, épinard), les plantes racines (betterave, carotte, navet), les plantes crucifères (chou, brocoli, chou-fleur), et de nombreuses autres plantes cultivées pour leurs fruits ou pour leurs graines (pois, haricot, courge, melon, pastèque, concombre, tomate).
Depuis les années quarante, la culture maraîchère, particulièrement en Amérique du Nord et en Europe, a considérablement évolué. Auparavant, la plupart des légumes frais, cultivés par des maraîchers à proximité des centres urbains, nétaient disponibles que pendant la récolte ou juste après celle-ci. Le développement des supermarchés et la croissance de lindustrie agroalimentaire ont créé une demande pour des légumes et primeurs que lon peut désormais acheter tout au long de lannée. Parallèlement, la culture maraîchère industrielle entreprise dans de vastes exploitations commerciales est devenue possible dans des régions très éloignées des agglomérations grâce au développement des systèmes dirrigation, à lamélioration de la protection phytosanitaire et à la mise au point de machines spécialisées pour effectuer les opérations de plantation, dépandage de pesticides, de fumure, de récolte et de calibrage. Aujourdhui, les principales sources de légumes frais aux Etats-Unis se trouvent dans des régions où la belle saison dure longtemps, comme dans les Etats de Californie, de Floride, du Texas et dArizona, ainsi quau Mexique. LEurope méridionale et lAfrique du Nord sont dimportantes sources de produits maraîchers pour les pays dEurope du Nord. La culture maraîchère de serre constitue aussi une activité importante. Les marchés où lon vend des produits cultivés localement restent toutefois le meilleur débouché des maraîchers dans le monde, plus particulièrement en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud.
La culture maraîchère exige un grand savoir-faire et des soins attentifs pour assurer une production de haute qualité qui se vende bien. Font partie des opérations nécessaires la préparation des sols, la plantation et lentretien des cultures, la récolte, la transformation et le transport des produits. La lutte contre les ravageurs et les adventices et la gestion de leau revêtent une importance capitale.
Les travailleurs des entreprises cultivant les légumes et les cucurbitacées sont exposés à des risques professionnels lorsquils manipulent les plantes et leurs sous-produits ou lorsquils utilisent des produits chimiques pour lutter contre les ravageurs ou des huiles et des détergents pour entretenir et réparer les machines. Les opérations manuelles ou mécaniques forcent parfois les travailleurs à adopter des postures inconfortables (voir figure 64.27), entraînant ainsi des troubles musculo-squelettiques, notamment dans la région lombaire. Les outils et les machines agricoles utilisés pour la culture des légumes et des cucurbitacées présentent des risques non négligeables daccidents traumatiques et de maladies diverses similaires à ceux qui ont pu être observés pour dautres travaux agricoles. Par ailleurs, les maraîchers qui travaillent en plein air doivent se prémunir contre le rayonnement solaire et la chaleur, alors que ceux qui travaillent dans les serres sont davantage exposés au pollen, aux endotoxines et aux champignons. En résumé, la variété des affections rencontrées est fonction du milieu de travail.
Les allergies alimentaires aux légumes et aux cucurbitacées sont bien connues. Elles sont, dans la plupart des cas, provoquées par des agents allergènes et peuvent causer une réaction immédiate. Du point de vue clinique, des symptômes mucocutanés et respiratoires apparaissent chez la plupart des sujets. Les allergies frappant les maraîchers diffèrent des allergies alimentaires classiques à plusieurs égards. Les agents allergènes sont variés: on trouve des allergènes dorigine végétale, chimique et biologique. Certains produits (artichaut, chou de Bruxelles, chou, carotte, céleri, chicorée, ciboulette, endive, ail, raifort, poireau, laitue, gombo, oignon, persil et panais) contiennent des allergènes qui provoquent une sensibilisation chez certains cultivateurs. Les allergies dues au melon sont cependant rares. Peu dagents allergènes dorigine végétale ont pu être isolés et identifiés en raison de la complexité des techniques de laboratoire nécessaires. La plupart des allergènes, particulièrement ceux dorigine végétale, sont liposolubles; peu dentre eux sont hydrosolubles. La réaction quils produisent varie également en fonction de certains facteurs botaniques. Les allergènes enfermés dans des canaux de résine peuvent se répandre dans latmosphère lorsque la plante est meurtrie. Dans dautres cas, ils peuvent être libérés par des poils granulaires ou excrétés à la surface de la feuille; ils peuvent aussi recouvrir le pollen ou être dispersés par laction du vent sur les trichomes (sortes de poils poussant sur certaines plantes).
Du point de vue clinique, les allergies le plus souvent rencontrées chez les maraîchers sont les dermites allergiques, lasthme et les rhinites. Lalvéolite allergique extrinsèque, la dermite de photocontact allergique et lurticaire allergique peuvent aussi se développer dans certains cas. Il faut rappeler que légumes, cucurbitacées, fruits et pollens ont certains allergènes en commun, cest-à-dire quils provoquent des réactions croisées. Cela signifie que des individus atopiques souffrant dallergie à lun des allergènes communs aux produits cités ci-dessus seront éventuellement plus sensibles que dautres à ces allergies professionnelles quun certain nombre de tests permettent actuellement de dépister et de diagnostiquer. Les «prick-tests», les tests par injection intradermique, ceux qui consistent à mesurer les anticorps IgE spécifiques de lallergène et les tests in vivo de provocation sont utilisés dans les cas de réactions allergiques immédiates, tandis que le test épicutané est employé pour les réactions différées. Le test de prolifération des lymphocytes spécifiques de lallergène et le test de la production de cytokines sont utiles pour diagnostiquer les deux types dallergies. Ces tests peuvent être réalisés avec des légumes frais, avec leurs extraits ou avec les produits chimiques quils libèrent.
On observe chez les maraîchers des dermatoses comme la pachylose, lhyperkératose, la chromatose de longle, des dermites et tout particulièrement la dermite de contact, à la fois irritante et allergique. Les dermites irritantes sont causées par des facteurs chimiques ou physiques. Les organes végétaux comme les trichomes, les spicules, les poils rugueux, les raphides et les épines sont responsables de la plupart de ces irritations. Dautre part, les dermites allergiques sont classées en deux catégories selon leur immunopathogenèse: les dermites à réaction allergique immédiate et les dermites à réaction différée, les premières faisant intervenir limmunité humorale et les secondes limmunité cellulaire.
Les dermites allergiques sont accompagnées de prurit, de démangeaisons, dérythèmes, de rougeurs, de gonflements et de lapparition de vésicules. Les lésions siègent principalement aux mains, aux bras, au visage et au cou. Daprès une étude sur le terrain portant sur des producteurs de gombo au Japon (Nomura, 1993), plus de 50% des cultivateurs présentaient des lésions cutanées, celles-ci apparaissant principalement sur les mains et les bras. La réaction au test épicutané était positive pour 20 à 30% des travailleurs. On a observé en outre que lactivité protéolytique des extraits de gombo provoquait, elle aussi, des lésions cutanées.
Les produits chimiques agricoles sont également dimportants allergènes responsables de dermites allergiques. On trouve parmi ces produits les insecticides (DDVP, diazinon, EPN, malathion, nalède, parathion, etc.), les fongicides (bénomyl, captafol, captan, manèbe, mancozèbe, nitrofène, Plondrel®, thirame, zinèbe, zirame, etc.), les herbicides (carbyne, randox, etc.) et les mélanges fumigants (D-D® contenant du 1,3-dichloropropène, du 1,1,2-dichloropropane et dautres composés). En outre, certaines bactéries opportunistes et Streptococcus pyogenes jouent un rôle important dans les dermites allergiques et lurticaire.
Les maraîchers, surtout ceux qui travaillent en serre, sont exposés à de nombreux produits et composés tels que les pesticides, responsables de maladies pulmonaires. Une étude menée en Suisse auprès dexploitants agricoles a donné, pour lensemble des maladies pulmonaires, la bronchite associée à lasthme et lasthme seul, des taux comparatifs de mortalité atteignant respectivement 127, 140 et 137. Les produits maraîchers peuvent être directement responsables de lasthme allergique professionnel, être une source dirritants non spécifiques ou véhiculer dautres allergènes dont des pollens, des spores, des acariens et dautres organismes. Ceux qui sont capables de provoquer de lasthme allergique sont le brome, le ricin, le freesia, les grains de pollen, la gomme de guar, la papaïne, le paprika, le houblon, lipécacuana, lacide plicatique, lacide quillaïque, la saponine et le pollen de tournesol.
Les champignons produisent de nombreuses spores dont certaines sont responsables dasthme allergique ou dalvéolites allergiques extrinsèques. Il est néanmoins assez rare que ces deux maladies apparaissent simultanément chez un même sujet. Parmi les micro-organismes responsables de ces affections, on a pu identifier Alternaria, Aspergillus niger, Cladosporium, Merulius lacrymans, Micropolyspora faei, Paecilomyces et Verticillium . Dans la plupart des cas, des antigènes dorigine fongique sont présents dans les spores et décomposent les produits.
Les victimes dasthme professionnel causé par des végétaux ont également des niveaux élevés danticorps sériques IgE, une éosinophilie importante et une réaction positive au prick-test. Les sujets atteints dalvéolite allergique extrinsèque présentent des niveaux élevés danticorps spécifiques précipitants, une intradermoréaction positive et des symptômes visibles à la radiologie. Outre lallergie pulmonaire aux produits végétaux et aux spores, on observe des affections nasales chez certains sujets atopiques qui manipulent des végétaux comme les carottes et la laitue. En revanche, les affections gastro-intestinales sont plutôt rares.
Certains produits agrochimiques appliqués sur les cultures de serre et de plein champ peuvent aussi causer des réactions asthmatiques. On mentionnera à ce sujet le captafol, le chlorothalonil, la créosote, le formaldéhyde, la pyréthrine et la streptomycine. Lutilisation incorrecte des pesticides peut mener à une contamination des sols et des végétaux; leur application sans équipement de protection individuelle peut provoquer des intoxications aiguës ou chroniques.
Le présent article expose les méthodes de prévention des accidents et des maladies qui surviennent fréquemment dans la production et la transformation du raisin (raisin de table, production viticole, jus de fruits et raisins secs) et des baies et fruits rouges (mûres, framboises, fraises, myrtilles, airelles).
La vigne est un arbrisseau sarmenteux grimpant sur des structures de soutien. Les cépages sont habituellement plantés à 2-3,5 m dintervalle au printemps à partir de ceps dun an ou de boutures greffées. Tous les ans, on procède au déracinement des souches, à la fumure des vignes, au démariage et à lémondage des ceps. Les procédés démondage varient dune région du monde à lautre. Aux Etats-Unis, par exemple, toutes les nouvelles pousses sont émondées pour ne conserver que deux ou trois bourgeons, à lexception des plus robustes qui seront taillées plus tard. Le cep se développe alors en un pied robuste qui peut croître sans soutien jusquà ce quil porte des fruits. A un stade donné de la croissance, on fixe les tiges du cep de manière assez lâche sur un support vertical de 1,8 m de hauteur, voire davantage. Au moment de la croissance des fruits, les vignes sont soigneusement émondées pour contrôler le nombre de bourgeons.
Les fraises sont plantées au début du printemps, au milieu de lété ou plus tard en fonction de la latitude du pays considéré. Les fraisiers portent des fruits au printemps de lannée suivante, mais il existe une variété, appelée fraisier des quatre saisons, qui produit une deuxième récolte, moins abondante, à lautomne. La plupart des fraisiers se propagent par stolons qui se forment environ deux mois après la plantation. Le fruit pousse à même le sol. Les framboisiers sont des ronces ou arbrisseaux dont les rameaux lignifiés armés de durs aiguillons portent les fruits comestibles. Les parties souterraines des ronces sont pérennantes et les rameaux (ou tiges) sont bisannuels, donnant fleurs et fruits à partir de la deuxième année. Les fruits se développent généralement à moins de 2 m de hauteur. Tout comme la vigne, le framboisier doit être fréquemment émondé.
Les pratiques culturales diffèrent dune espèce à lautre selon le type de sol, le climat et les besoins nutritifs des plantes. Il importe de veiller à une bonne protection phytosanitaire en appliquant fréquemment des pesticides. Les cultivateurs modernes adoptent aujourdhui des méthodes de lutte biologique et surveillent très attentivement les populations de ravageurs, pulvérisant des produits chimiques aux périodes où les traitements sont les plus efficaces. La récolte du raisin et des baies se fait la plupart du temps à la main.
Selon une étude portant sur les accidents non mortels survenus en Californie entre 1981 et 1990, les foulures et les entorses constituent les accidents le plus souvent rencontrés (42% de tous les accidents déclarés), les lacérations, fractures et contusions étant un peu moins fréquentes (37%). Au nombre des causes les plus fréquentes daccidents, on peut citer les traumatismes provoqués par des objets (27%), le surmenage (23%) et les chutes (19%) (AgSafe, 1992). Daprès une étude réalisée par Steinke (1991), les foulures, entorses, lacérations, fractures et contusions représentent 65% des accidents survenant dans ce secteur de production en Californie. Lauteur relève que les parties du corps le plus souvent atteintes sont les doigts (17%), suivis du dos (15%), des yeux (14%) et des mains ou des poignets (11%). Villarejo (1995) a recensé 6 000 déclarations daccidents par 100 000 individus travaillant à temps plein dans les fraiseraies californiennes en 1989. Il a également fait remarquer que, dans la mesure où la plupart des travailleurs nétaient pas employés toute lannée, le nombre daccidents dont ils étaient victimes pouvait en fait être beaucoup plus élevé que celui des accidents officiellement déclarés.
Les troubles du système musculo-squelettique sont le plus souvent liés à la cadence de travail. Les exploitants se hâtent dachever une activité pour en commencer une autre. Les travailleurs sont souvent rémunérés à la tâche (au kg de baies récoltées ou au nombre de ceps émondés). Ce type de rémunération nest pas dépourvu de risques, car on se coupe plus facilement le doigt avec un sécateur si lon est pressé et les risques de chute augmentent si lon ne prend pas les précautions requises pour décharger les paniers remplis de fruits. Des cadences de travail trop rapides conduisent à adopter des postures inconfortables, à prendre des risques inutiles et à ne pas respecter les consignes de sécurité.
Lémondage manuel des rameaux de ronces ou des sarments de vignes exige de serrer fortement le sécateur que lon a en main ou dutiliser fréquemment des couteaux ou des cisailles. Les risques liés à de telles manipulations sont évidents dans la mesure où il nexiste aucune structure solide sur laquelle fixer les tiges pour mieux assurer ses gestes, ce qui multiplie les risques de coupures aux doigts, aux mains, aux bras, aux jambes et aux pieds. Lémondage au couteau ne devrait être pratiqué quen dernier recours.
Bien que le sécateur soit loutil de prédilection pour lémondage, que ce soit à la saison morte ou à lépoque de la feuillaison, son utilisation comporte des risques. On sera tout particulièrement prudent en plaçant la tige dans la mâchoire du sécateur afin de ne pas se couper un doigt par inadvertance. Des gants épais en cuir ou en toile offrent une bonne protection contre un tel risque et aussi pour se préserver déventuelles dermites, allergies, piqûres dinsectes ou dabeilles et coupures au contact des treilles.
La cadence et leffort nécessaires pour les travaux démondage déterminent les probabilités dapparition de microtraumatismes répétés. Bien que les rapports concernant les accidents ne fassent pas état dun taux élevé de traumatismes de ce type, on pense que cette faible incidence est surtout due au fait que les travailleurs changent fréquemment doccupation. La force nécessaire pour se servir dun sécateur est supérieure aux valeurs recommandées et, daprès les normes applicables en la matière, la cadence de leffort fourni représente une source potentielle de microtraumatismes répétés (Miles, 1996).
Pour réduire les risques daccidents, les sécateurs devraient toujours être lubrifiés et la lame tranchante régulièrement affûtée. Pour couper des rameaux plus gros, comme cest le cas pour les grappes de raisin, on devrait se servir dun sécateur de taille appropriée afin de ne pas mettre trop de pression sur le poignet ou sur le sécateur. On devrait se servir débrancheurs ou de scies délagage pour tailler de gros ceps de vigne ou des branchages de fort calibre.
Soulever et transporter des charges fait partie des tâches habituelles associées à la récolte. Les fruits sont le plus souvent récoltés à la main et transportés dans des paniers ou des corbeilles en bordure de terrain. Les charges ne sont pas très lourdes (10 kg, voire moins), mais la distance parcourue est bien souvent importante et les terrains peuvent être accidentés, détrempés et glissants. Les travailleurs ne devraient jamais courir sur les terrains au relief inégal et veiller à ne pas perdre léquilibre.
Les récoltes se font souvent dans des postures inconfortables et à une cadence élevée. Les travailleurs se retournent et se penchent fréquemment sans fléchir les genoux et se déplacent rapidement entre les arbrisseaux et les paniers qui sont généralement placés à même le sol et tirés ou poussés par les travailleurs. Les hauteurs de cueillette varient, selon le type de culture, de 0 à 2 m du sol. En règle générale, les baies poussant à 1 m de hauteur ou moins, les cueilleurs doivent donc travailler constamment en position courbée, mais pour les fraises qui poussent à même le sol, ils doivent se baisser encore davantage pour les cueillir.
Le mouvement accompli pour couper les grappes de raisin, reproduit plusieurs centaines de fois par heure, nécessite une force non négligeable, et les microtraumatismes répétés quil occasionne pourraient constituer une source dinquiétude si la saison de la récolte devait se prolonger au-delà de quelques semaines.
La culture de la vigne et des baies se pratique parfois sur un treillage ou sous une tonnelle. Installer ou réparer une tonnelle oblige généralement à travailler les bras tendus au-dessus de la tête; cette position prolongée peut conduire à des microtraumatismes répétés. Chaque mouvement exige en effet un effort particulier dans une posture inconfortable et expose le corps, notamment les épaules et les bras, à des risques délongation et de déchirure musculaires. La force requise pour enrouler les tiges volubiles de la vigne autour des treilles est encore augmentée par le poids de la vigne, du feuillage et des fruits. Pour ce type de tâches, ce sont généralement les bras, les épaules et le dos qui se trouvent sollicités, ce qui les rend particulièrement sensibles aux traumatismes aigus et aux affections chroniques.
Les raisins et les baies font lobjet de fréquentes applications de pesticides pour lutter contre les insectes et les agents pathogènes. Toute personne chargée dappliquer, de mélanger et de transporter ces produits et toute personne se trouvant sur place devrait suivre impérativement les consignes de sécurité figurant sur les étiquettes ou prescrites par la réglementation en vigueur. Des risques particuliers peuvent toutefois survenir dans le cas de certains modes dapplication requis pour assurer lefficacité de la protection phytosanitaire. Il peut être nécessaire, par exemple, dappliquer le produit de façon à en recouvrir toutes les parties de la plante, y compris le dessous des feuilles et toutes les surfaces des fruits et des baies. Pour projeter le produit en très fines gouttelettes et assurer lefficacité de lopération, il faut recourir à des diffuseurs daérosols dont on sait quils sont dangereux pour lêtre humain, les pesticides ainsi atomisés pouvant être inhalés ou pénétrer dans les yeux ou la peau.
Les fongicides sont fréquemment utilisés sous forme de poudre appliquée directement sur les grappes et les baies. Il sagit le plus souvent de soufre, un produit également utilisé par lagriculture biologique, qui est très irritant pour la personne chargée de lappliquer et pour celles se trouvant à proximité. On sait dautre part que, sil atteint des concentrations importantes dans lair, ce produit peut provoquer des explosions et des incendies. On ne devrait donc pas traverser un nuage de soufre avec un engin comportant une source potentielle dignition (moteur électrique ou tout autre dispositif générateur détincelles).
La fumigation des champs avec des produits hautement toxiques est un procédé régulièrement utilisé avant de planter ceps et arbrisseaux, afin de réduire les populations de ravageurs tels que nématodes, bactéries, champignons et virus pouvant sattaquer aux jeunes plants. La fumigation consiste habituellement à injecter du gaz ou un liquide directement dans le sol, puis à bâcher la zone traitée pour éviter une dissipation trop rapide du produit. Il sagit dune tâche spécialisée qui ne devrait être confiée quà des personnes ayant reçu la formation voulue. Une signalisation spéciale devrait être prévue dans les champs ainsi traités et personne ne devrait être autorisé à y pénétrer avant que la bâche ait été enlevée et que les effets du fumigant se soient totalement dissipés.
Au cours de leur application, les engrais peuvent présenter des risques: inhalation de poudre, dermites de contact et irritation des poumons, de la gorge et des voies respiratoires. Le port dun masque antipoussières devrait permettre dabaisser le niveau dexposition à un seuil acceptable.
Les travailleurs peuvent être appelés à pénétrer dans les champs pour irriguer les cultures, tailler les plantes ou récolter les fruits juste après lapplication de pesticides. Sils doivent le faire avant léchéance du délai dattente prescrit sur létiquette ou par la réglementation en vigueur, ils devraient porter des vêtements de protection. La protection minimale comprend une chemise à manches longues, des pantalons longs, des gants, une coiffure, des chaussures imperméables et des lunettes de protection. Des mesures plus strictes port dun appareil de protection respiratoire, de vêtements imperméables et de bottes en caoutchouc peuvent simposer en fonction de la toxicité des pesticides, du temps écoulé depuis leur application et de la réglementation en vigueur. Les autorités locales devraient être consultées pour toutes les questions relatives aux normes de sécurité recommandées.
Lutilisation de machines dans lexploitation de la vigne et des ronces est une pratique courante, notamment pour la préparation des sols, les semis, le désherbage et la récolte. Bon nombre de ces cultures poussent sur des collines ou sur des terrains accidentés, ce qui accroît les risques daccidents par retournement ou renversement des tracteurs et autres équipements. On devrait, par conséquent, suivre strictement les consignes de sécurité en la matière, tout comme on ne devrait jamais faire monter une autre personne à bord, à moins que la présence dun autre travailleur ne soit nécessaire pour actionner la machine et quune plate-forme spéciale nait été prévue pour sa sécurité. On trouvera dautres informations sur lutilisation rationnelle des machines agricoles dans larticle «La mécanisation» du présent chapitre et dans dautres parties de lEncyclopédie .
Les vignes et les baies peuvent également être cultivées sur des terrains accidentés, comme sur des crêtes et dans des dépressions. On se méfiera de ces terrains, car ils peuvent être boueux et glissants et leurs irrégularités pourraient être cachées par les mauvaises herbes ou tout simplement par le couvert végétal. Une chute devant une machine en mouvement constitue un risque particulier. On devrait prendre des précautions spéciales lorsquon travaille sur un terrain détrempé ou, pendant la récolte, lorsque des fruits tombés à terre rendent le terrain glissant.
Lémondage mécanique des vignes est de plus en plus répandu dans le monde. Cette opération fait appel à des bras rotatifs qui rassemblent les tiges et les placent devant des couteaux immobiles. Cet équipement nest pas sans présenter des dangers pour quiconque se trouve près des couteaux; il ne devrait être employé que par des opérateurs dûment formés.
Lors des récoltes, on utilise habituellement plusieurs machines à la fois, dont les opérations doivent être coordonnées par les différents opérateurs. En raison de leur nature, ces opérations font intervenir des outils divers tels que perches et palettes vibrantes, pinces-cueillette, sécateurs, râteaux, etc., qui présentent tous des risques daccidents graves. Aucune personne ne devrait sapprocher de la trémie de ces machines lorsquelles sont en marche. Celles-ci devraient également être équipées en permanence de protections spéciales et entretenues régulièrement. Si ces protections doivent être retirées pour lubrifier, ajuster ou nettoyer la machine, elles devraient être remises en place avant de faire repartir lengin. Par ailleurs, elles ne devraient jamais être ouvertes ou enlevées aussi longtemps que la machine est en marche.
Les cueilleurs de raisins et de baies sont particulièrement exposés aux coupures, lacérations et piqûres provoquées par les outils, la treille ou dautres supports, ou encore par les ronces elles-mêmes. Les blessures ouvertes peuvent être infectées par un grand nombre de bactéries, de virus ou dautres agents infectieux présents dans lenvironnement. Ces infections peuvent provoquer de sérieuses complications, voire entraîner la perte dun membre ou la mort. Tous les travailleurs devraient avoir été vaccinés en temps voulu contre le tétanos. Les coupures seront nettoyées immédiatement et un produit antibactérien sera appliqué; toutes les infections devraient être traitées immédiatement.
Les travailleurs agricoles chargés dentretenir les cultures et de récolter les fruits sont exposés à des risques importants de piqûres dinsectes et particulièrement dabeilles. Ces risques augmentent lorsque les travailleurs doivent glisser leurs mains dans le feuillage pour cueillir les fruits mûrs dont certains insectes, rongeurs et autres vermines sont très friands. Dans ce cas, la meilleure protection consiste à porter des vêtements à manches longues et des gants.
Lexposition au rayonnement solaire et à la chaleur excessive peut provoquer des coups de chaleur, des insolations, lépuisement, voire la mort. La transpiration et les mécanismes de régulation thermique (par déperdition de chaleur) servent à éliminer la chaleur accumulée dans le corps du fait du rayonnement solaire, de leffort physique et du transport de chaleur de lenvironnement. Quand la température ambiante dépasse 37 °C (cest-à-dire la température normale du corps), il ny a plus de perte de chaleur sensible, la transpiration devenant le seul moyen de refroidir le corps.
Leau est indispensable au bon fonctionnement du mécanisme de la transpiration. Toute personne travaillant sous le soleil ou sous un climat chaud devrait boire de grandes quantités de liquides tout au long de la journée; il est généralement recommandé de boire un litre deau à lheure et de boire de leau ou dautres boissons non alcoolisées avant même de ressentir la soif. Lalcool et la caféine devraient être évités, car ils tendent à agir comme diurétiques, accélérant en fait la déshydratation et interférant avec les mécanismes de régulation thermique. Si lon ne ressent pas le besoin duriner, il faut y voir un signe de manque deau dans lorganisme.
Les troubles liés à la chaleur peuvent être dangereux et demandent une attention immédiate. Les personnes souffrant dépuisement dû à la chaleur devraient sallonger à lombre et boire beaucoup. Toute victime dun coup de chaleur ou dune insolation est en grand danger et a besoin de soins immédiats. Un service dassistance médicale devrait être mis en place dans les minutes qui suivent; si la chose est impossible, on tentera de refroidir la victime en limmergeant dans de leau froide. Si la victime est inconsciente, on pratiquera la respiration artificielle et on ne lui fera absorber aucune boisson par voie buccale.
Les signes des troubles liés à la chaleur comprennent une transpiration excessive, une faiblesse dans les membres, un état de désorientation, des céphalées, des étourdissements et, dans des cas extrêmes, une perte de conscience, voire un état danhidrose. Ce dernier symptôme implique un danger de mort et nécessite une intervention immédiate.
Les personnes travaillant dans les vignobles et les champs de petits fruits sont exposées à de plus grands risques de troubles liés à la chaleur. En effet, la circulation de lair est réduite entre les rangées et lon croit, souvent à tort, que lon travaille à lombre. Lhumidité relative élevée et la couverture de nuages peuvent aussi donner une fausse impression quant aux effets du rayonnement solaire. Il est donc essentiel de boire beaucoup deau lorsquon travaille aux champs.
Lexposition au soleil pendant de très longues périodes peut provoquer un vieillissement cutané précoce et accroître lincidence des cancers de la peau. Les personnes exposées aux rayons du soleil devraient porter des vêtements protecteurs ou appliquer des crèmes protectrices. Aux latitudes peu élevées, quelques minutes dexposition au soleil suffisent parfois à provoquer de graves coups de soleil, particulièrement chez les personnes à la peau claire.
Des cancers de la peau peuvent apparaître sur nimporte quelle partie du corps; les cas suspects devraient être immédiatement examinés par un médecin. Parmi les signes de cancer de la peau ou de lésion précancéreuse, on citera les altérations des grains de beauté ou des taches de naissance, une irrégularité sur les bords de ceux-ci, un saignement ou une modification de leur couleur qui devient brunâtre à grisâtre. Les personnes qui ont passé de longues périodes de leur vie au soleil devraient se soumettre à un dépistage annuel.
Le contact fréquent et prolongé avec des plantes ou leurs excrétions peut provoquer une sensibilisation et des allergies ainsi que des dermites de contact. La prévention consiste essentiellement à porter des vêtements à manches longues, des pantalons longs et des gants de protection. On peut également appliquer des crèmes qui feront écran à la pénétration dans la peau des produits irritants. Si lon ne peut se protéger convenablement de laction irritante des plantes, on rincera immédiatement les parties exposées. Les dermites accompagnées déruptions et celles qui ne parviennent pas à guérir devraient être examinées par un médecin.
De façon générale, les exploitations des zones tempérées où lon cultive des arbres fruitiers sont appelées vergers; en région tropicale, on parle plus généralement de plantations ou de jardins fruitiers. Les espèces sauvages darbres fruitiers ont été sélectionnées au cours des siècles pour produire une grande variété de porte-greffes. Dans les vergers des zones tempérées, on trouve le pommier, le poirier, le pêcher et ses variétés (nectarine), le prunier, labricotier, le cerisier et le plaqueminier du Japon (kaki). Les noix sont cultivées tant dans les zones tempérées que sous les climats subtropicaux; on y trouve le pacanier, lamandier, le noyer, le noisetier, le châtaignier et le pistachier. En région subtropicale, on trouve loranger, le pamplemoussier, le mandarinier, le limettier, le citronnier, le figuier, le kiwi, le tangelo, le kumquat, loranger de Panama, le cédratier, le pomelo de Java et le dattier.
La production des arbres fruitiers se fait en plusieurs étapes. Pour la multiplication des cultures, les producteurs ont le choix entre semer des graines ou recourir à des techniques de multiplication asexuée telles que le bouturage, lécussonnage, le greffage ou la culture tissulaire. La préparation des sols se fait par labour ou par herse à disques; les arbres sont plantés dans des trous creusés préalablement et dans lesquels on verse eau et engrais.
La culture des arbres fruitiers nécessite lapplication dengrais, le sarclage, lirrigation et la protection contre les gelées printanières. Les engrais sont appliqués en quantité au cours des premières années de la croissance des arbres. Les engrais composés peuvent contenir du nitrate et du sulfate dammonium, des fertilisants simples (azote, phosphore, potassium), des tourteaux de semences de coton, du sang desséché, de la farine de poisson, des boues dépuration stérilisées ou de lurée-formaldéhyde (infiltration lente). Les mauvaises herbes sont éliminées par application de paillis, ameublissement de la terre, fauchage, binage et application de désherbants; sur les grandes exploitations, on pulvérise aussi insecticides et fongicides au moyen de pulvérisateurs tractés. Certains ravageurs comme les écureuils, les lapins, les ratons laveurs, les opossums, les souris, les mulots et les cerfs attaquent lécorce des arbrisseaux ou dévorent les fruits. La lutte contre ces ravageurs consiste essentiellement à poser des filets de protection, des pièges, des clôtures électriques et à utiliser des fusils ainsi que des dispositifs de dissuasion visuels et odorants.
Les gelées de printemps peuvent détruire les fleurs en quelques heures. On installe généralement un réseau darrosage par aspersion sur frondaison où circule un mélange deau et de glace de manière que la température ne descende pas au-dessous de zéro. Des produits antigel mélangés à leau sont parfois appliqués pour empêcher que les bactéries qui se développent dans la glace nattaquent les tissus abîmés. On se sert aussi dappareils chauffants pour empêcher lapparition du gel; ils peuvent être soit à pétrole en plein air, soit électriques (lampes à incandescence) sous dôme ou tunnel plastique.
Les outils démondage peuvent transmettre des maladies; on les fera donc tremper dans une solution deau chlorée ou on les frottera à lalcool chaque fois que lon aura taillé un arbre. Après émondage, les chutes seront enlevées, broyées et compostées. Les branches seront attachées à des échalas enfoncés dans le sol au pied de larbre.
Labeille est le principal pollinisateur des arbres fruitiers. On peut stimuler la production fruitière par recépage en pratiquant une légère entaille dans lécorce des troncs des pêchers ou des poiriers. Afin déviter le rabougrissement, la cassure des branches et une production irrégulière, lexploitant procède à des coupes déclaircie soit manuellement, soit à laide de produits chimiques comme le carbaryle (Sevin), un insecticide qui inhibe la photosynthèse.
La cueillette manuelle des fruits se fait à laide déchelles; les fruits sont placés dans des paniers que lon transporte ensuite sur une aire de ramassage. Les noix sont gaulées et rassemblées manuellement ou à laide dun appareil spécial doté de mécanismes permettant denvelopper et de secouer le tronc de larbre, puis de recueillir et de canaliser directement les noix dans un conteneur. Camions et remorques sont généralement utilisés dans les vergers au cours de la récolte et pour le transport.
Les arboriculteurs utilisent une grande variété de produits chimiques, dont les engrais, les herbicides, les insecticides et les fongicides. Ils sont exposés aux pesticides pendant les opérations dépandage, quand ils sont en contact avec des résidus au cours de tâches diverses, en cas de retombées de pesticides, au cours des opérations de mélangeage, de chargement, et pendant les récoltes. Les travailleurs sont également exposés au bruit, aux gaz déchappement, aux solvants, carburants et lubrifiants. On observe un taux relativement élevé de mélanomes malins chez les arboriculteurs, notamment sur le tronc, le cuir chevelu et les membres, vraisemblablement en raison des rayonnements solaires (exposition aux ultraviolets). La manipulation de certains fruits, notamment les agrumes, peut provoquer des allergies et des affections cutanées.
Les faucheuses rotatives tirées par des tracteurs sont largement utilisées pour le désherbage. Les conducteurs de tracteurs peuvent tomber et être grièvement blessés ou tués en cas de renversement de ces engins, qui peuvent aussi projeter des débris à grande distance.
Linstallation de clôtures, treilles et échalas se fait à laide de tarières qui creusent des trous de 15 à 30 cm de diamètre, ou denfonce-pieux. Ces machines, montées sur des tracteurs, sont des instruments dangereux si on ne les maîtrise pas.
Les engrais solides peuvent provoquer des brûlures de la peau et irriter la bouche, le nez et les yeux. Sont également sources daccidents les mécanismes rotatifs à larrière des distributeurs centrifuges et les épandeurs qui, nettoyés au gasoil, présentent en outre des risques dincendies.
Des accidents mortels peuvent survenir lors de collisions entre véhicules ou du retournement de tracteurs et être aussi provoqués par lutilisation imprudente des machines agricoles, ou encore par électrocution lors dun contact avec des tuyaux mobiles dirrigation ou lorsquune échelle entre en contact avec des lignes électriques. Il nest pas rare que les protections des tracteurs soient ôtées lors de travaux dans les vergers, car elles se prennent souvent dans les branchages et gênent les arboriculteurs dans leur travail.
Les travailleurs ne sont pas non plus à labri de risques dentorses et de foulures lorsquils cueillent des fruits ou des noix ou lorsquils les portent à laire de ramassage. Ils risquent en outre de se couper en manipulant des outils à main comme les couteaux et les cisailles. Les risques de chute de personnes ou dobjets au cours de la cueillette ne sont pas non plus négligeables.
Lorsquon utilise des pesticides, il importe en premier lieu didentifier les ravageurs afin de pouvoir appliquer en temps opportun la méthode de lutte la plus efficace. Les précautions demploi figurant sur les étiquettes devraient être strictement observées, y compris le port dun équipement de protection individuelle. Celui-ci étant source de contraintes thermiques, il faut ménager des pauses régulières et boire beaucoup deau. Il faut aussi respecter le délai dattente prescrit avant de pénétrer dans un champ qui vient dêtre traité pour éviter dêtre exposé aux résidus des pesticides et aux retombées en provenance de champs contigus. Des installations sanitaires adaptées devraient être prévues. Le tableau 64.8 donne la liste des précautions à prendre lorsquon utilise faucheuses rotatives, tarières, enfonce-pieux et épandeurs dengrais à moteur.
Faucheuses rotatives
|
Tarières montées sur tracteur
|
Enfonce-pieux montés sur tracteur
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Epandeurs d’engrais mécaniques
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Si les cadres de protection des tracteurs gêne les opérations, on peut installer des protections pliables ou télescopiques. Le conducteur devrait déployer ces dispositifs dès que lespace libre le permet et nattacher sa ceinture de sécurité quaprès les avoir mis en place.
Pour parer au risque de chute, on ne devrait jamais monter sur le dernier barreau dune échelle. Les barreaux devraient être revêtus dune matière antidérapante. On devrait utiliser des échelles en matériaux non conducteurs ou isolées pour éviter toute décharge en cas de contact avec une ligne électrique.
* Certaines parties du texte sont une adaptation des articles «Dattiers», de D. Abed; «Raphia» et «Sisal», de E. Arreguin Velez; «Coprah», de A.P. Bulengo; «Kapok», de U. Egtasaeng; «Cocotiers», de L.V.R. Fernando; «Bananes» de Y.C. Ko; «Coir», de A.E. Quinn; et «Palmiers à huile», de G.O. Sofoluwe, publiés dans la 2e édition de l'Encyclopédie de médecine, d'hygiène et de sécurité du travail.
Bien que lon ne possède aucune preuve archéologique concluante à ce sujet, les arbres des forêts tropicales que lon aurait transplantés dans les villages semblent avoir été le premier type de culture humaine. Plus de 200 espèces darbres fruitiers ont été recensées dans les régions tropicales humides. De nombreuses espèces ligneuses et de palmiers, telles que les bananiers et les cocotiers, sont cultivées dans de petites exploitations ou des coopératives, ainsi que sur de vastes plantations. Si le dattier est une plante complètement domestiquée, dautres espèces comme la noix du Brésil poussent encore à létat sauvage. Il existe, dans le monde, plus de 150 variétés de bananiers et 2 500 espèces de palmiers qui donnent une grande diversité de produits. Le sagoutier nourrit des millions dindividus dans le monde entier. Le cocotier et ses produits sont utilisés de plus de mille manières, et le rônier (ou borasse) et ses produits de plus de 800 façons différentes. Environ 400 000 personnes dépendent du cocotier et de ses produits pour leur subsistance. Le tableau 64.9 donne la liste dun certain nombre darbres, de fruits et de palmiers des zones tropicales et subtropicales, tandis que le tableau 64.10 énumère quelques espèces commerciales de palmiers et darbres de la famille des palmiers, ainsi que leurs produits.
Catégories |
Fruits, arbres et produits |
Fruits tropicaux et semi-tropicaux (sauf agrumes) |
Figue, banane, sagou, nèfle du Japon, papaye, goyave, mangue, kiwi, datte, chérimole, pomme mexicaine, durian, fruit à pain, cerise du Suriname, litchi, olive, carambole, caroube, cacao, avocat, sapotille |
Agrumes semi-tropicaux |
Orange, pamplemousse, citron vert, citron, tangerine, tangelo, calamondin, kumquat, cédrat |
Noix tropicales |
Noix de cajou, noix du Brésil, amande, pignon, noix de macadamia |
Plantes oléagineuses |
Huile de palme, olive, noix de coco |
Aliments pour insectes |
Feuilles de mûrier (pour vers à soie), moelle de sagoutier en décomposition (pour larves) |
Plantes textiles |
Kapok, sisal, chanvre, coir (fibre de coco), raphia, fibre de piassava, rônier, caryote brûlant |
Amidon |
Sagoutier |
Gousse de vanille |
Vanillier |
Groupes |
Produits |
Utilisation |
Noix de coco |
Pulpe |
Alimentation, coprah, aliments pour animaux |
Datte |
Fruit |
Dattes sèches, sucrées |
Huile de palme |
Fruit (huile de pulpe de palme, similaire à l’huile d’olive) |
Cosmétiques, margarine, assaisonnements, combustibles, lubrifiants |
Rônier |
Feuilles |
Papier, abri, tissage, éventails, corbeilles, chapeaux |
Sagou (moelle du tronc de diverses espèces) |
Amidon |
Tourteaux, gruau, puddings, pain, farine |
Chou palmiste (diverses espèces) |
Bourgeon apical (partie supérieure du tronc) |
Salades, cœurs de palmier en boîte |
Raphia |
Feuilles |
Tresses, vannerie, ficelles |
Sucre (diverses espèces) |
Sève de palme |
Sucre de palme (gur, caryote brûlant) |
Cire |
Feuilles |
Bougies, rouge à lèvres, cirage, cire pour voiture, encaustique |
Rotin |
Tiges |
Meubles |
Noix de bétel |
Fruit (noix) |
Stimulants (mastication de noix de bétel) |
La culture des arbres tropicaux et des palmiers comprend les opérations de multiplication, dentretien, de récolte et de postrécolte.
La multiplication de ces cultures peut faire intervenir des techniques de reproduction sexuée ou asexuée. La production fruitière se fait uniquement par reproduction sexuée; le stade de la pollinisation est critique. Le dattier étant un arbre dioïque, le pollen des plantes mâles doit être dispersé sur les plantes femelles. La pollinisation se fait généralement à la main ou mécaniquement. Manuelle, elle est réalisée par des travailleurs qui grimpent dans larbre en pratiquant des entailles sur le tronc, ou qui y montent en utilisant des échelles pour placer de petites branches de régimes mâles au centre de chaque régime femelle. Mécanique, elle se fait à laide dun pulvérisateur suffisamment puissant pour projeter le pollen sur les grappes à fertiliser. Outre ces techniques de multiplication, on utilise aussi des techniques de reproduction sexuée pour produire des graines qui sont ensuite plantées, donnant ainsi de nouveaux plants. Parmi les méthodes de reproduction asexuée, il faut citer le bouturage à partir de plants arrivés à maturité.
Lentretien des cultures se fait à la main ou à laide dengins mécaniques. La production bananière est essentiellement manuelle, mais elle peut aussi être mécanisée sur les terrains plats où lon peut faire circuler de gros tracteurs. On utilise des pelleteuses mécaniques pour creuser des canaux de drainage. Lapport dengrais se fait suivant un calendrier mensuel; les pesticides sont appliqués soit à laide de pulvérisateurs à rampe, soit par épandage aérien. Les plants sont soutenus par des tiges de bambou pour les protéger en cas dorage. Les bananiers donnent des fruits au bout de deux ans.
La récolte se fait essentiellement à la main, plus rarement à la machine. Les récolteurs de bananes coupent les régimes, appelés mains, à laide dun couteau emmanché à une longue perche et les recueillent sur lépaule; un second travailleur attache un fil de nylon au régime et à un câble suspendu qui transporte le régime vers un tracteur ou une remorque. Lincision des inflorescences du cocotier pour en recueillir la sève est une opération qui demande aux travailleurs de passer dun arbre à lautre sur des cordes suspendues à des hauteurs très élevées. Les travailleurs grimpent également dans les cocotiers pour cueillir les noix à la main ou à laide dun coupe-coupe fixé sur une longue tige de bambou. Dans les régions du sud-ouest du Pacifique, on se contente de ramasser les noix de coco mûres tombées delles-mêmes. Les dattes mûrissent à lautomne; les travailleurs montent sur les arbres à deux ou trois reprises à cette période et coupent les régimes qui présentent une maturité convenable. Les anciens procédés de récolte à la machette ont été remplacés par un système avec perche et crochet, mais la machette continue à être utilisée dans la récolte de nombreuses cultures (les feuilles de sisal, par exemple).
Les opérations postculturales varient selon les cultures et les produits que lon en tire. Les travailleurs des bananeraies, dont la plupart sont des femmes et des enfants, lavent les bananes après la récolte, les enveloppent dans du polyéthylène et les emballent dans des caisses en carton ondulé avant de les expédier. Les feuilles de sisal sont séchées, liées en gerbes et acheminées à lusine de transformation. Les fruits du kapok sont dabord séchés au champ pour faciliter louverture de la coquille qui sera cassée à laide dun maillet ou dune tige de métal. On sépare ensuite les fibres en secouant simplement les coques pour en faire sortir les graines; mises dans des sacs de jute, les fibres sont soumises à une opération de battage pour les rendre plus souples, puis compactées en balles. Les dattes sont réhydratées et mises à mûrir par des moyens artificiels après avoir été récoltées. Elles sont ensuite exposées à lair chaud (100 à 110 °C) pour glacer lépiderme du fruit avant pasteurisation et emballage.
Lendosperme charnu de la noix de coco, lalbumen, est commercialisé après dessiccation sous le nom de coprah ; lenveloppe fibreuse du fruit, appelée coir est, elle aussi, commercialisée. Lopération de défibrage des noix pour obtenir le coir consiste à frapper les noix et à en extraire les fibres à laide de pointes plantées fermement dans le sol. Une fois défibrée, la coque du fruit est fendue en deux à la hache et mise à sécher soit au soleil, soit au four ou au séchoir à air chaud. Après le séchage, on extrait de la coque le coprah qui servira à produire lhuile de coco, des résidus dextraction, cest-à-dire le tourteau de coprah ou poonac , et le coco râpé déshydraté. On procède également au rouissage du coir en le faisant tremper dans leau pendant trois à quatre semaines, après quoi on passe au décorticage, à la décoloration et à la transformation.
Les risques que présente la production des fruits tropicaux et des palmiers comprennent ceux daccidents corporels, lexposition aux éléments naturels et aux pesticides, les troubles respiratoires et les affections cutanées. Les arbres tropicaux sont souvent très hauts comme le bananier des sages qui atteint jusquà 5 m, le kapokier, 15 m, le cocotier, entre 20 et 30 m, le dattier, 30 m et le palmier à huile, 12 m. Les chutes de personnes ou dobjets représentent les accidents les plus sérieux; des baudriers de sécurité et des casques de protection devraient être portés au travail. La culture de variétés naines peut contribuer à atténuer ces risques de chute. Il y a lieu de mentionner aussi les risques de chute en grimpant aux kapokiers dont les branches se cassent et les petites blessures quon peut sinfliger aux mains en cassant les coques.
Des accidents peuvent survenir lors du transport des récoltes sur les camions ou remorques tirées par les tracteurs, ou lorsque les travailleurs grimpent aux arbres où ils risquent de se couper ou de sérafler les mains avec les épines des feuilles de dattiers, les fruits des palmiers à huile et les feuilles de sisal. Les entorses lors de chutes dans des fossés ou des fondrières sont aussi à craindre, ainsi que les blessures, souvent graves, que peuvent occasionner les machettes et autres outils tranchants. Les travailleurs, essentiellement des femmes, portent souvent des charges très lourdes. Les tracteurs devraient être équipés de cabines. Il conviendrait que les conducteurs soient formés au maniement des machines agricoles et à la conduite rationnelle des engins et quils soient sensibilisés à la nécessité dobserver les consignes de sécurité. La récolte des fruits de palmiers nécessite le port de gants de protection couvrant également les bras et lutilisation de crochets. La mécanisation des opérations de sarclage et dentretien permet de réduire le risque dentorses dues à des chutes dans des trous ou des fossés. On devrait, en outre, veiller à soulever correctement les charges pesantes, à demander de laide en cas de besoin et à ménager des pauses régulières.
Parmi les risques naturels, on citera la présence de serpents qui posent un problème particulier lors des campagnes déclaircie des forêts et dans les plantations détablissement récent, ainsi que les insectes et les maladies telles que le paludisme, lankylostomiase, lanémie et les maladies entériques. Les opérations de rouissage exposent les travailleurs à des parasites et à des infections cutanées. La lutte contre les moustiques, les mesures dassainissement et la fourniture deau potable constituent des mesures importantes contre ces risques.
Lintoxication par les pesticides est lun des risques associés à la production darbres tropicaux où lon utilise ces produits en grandes quantités. Les palmiers sont peu attaqués par les ravageurs et ceux qui présentent un problème naffectent les arbres quà des époques données du cycle de croissance et peuvent donc être facilement identifiés et éliminés. La lutte intégrée contre les ravageurs et lobservation des consignes de sécurité lors de lépandage des pesticides font partie des mesures de protection essentielles dans ce secteur dactivité.
Des études médicales ont révélé des cas dasthme bronchique chez les producteurs de dattes, en rapport probablement avec une sensibilisation au pollen. On a également observé des cas de dermite avec peau sèche et donychie (infection de longle). Les travailleurs devraient porter un appareil de protection respiratoire pendant la pollinisation, ainsi que des gants, et devraient se laver les mains fréquemment pour se protéger la peau quand ils sont au contact des palmiers dattiers et de leurs fruits.
* Certaines parties du texte sont une adaptiation des articels «Chanvre», de A. Barbero-Carcinero; «Liège», de L.C. Cancella de Abreu; «Caoutchouc nauturel (industrie)», de The Dunlop Co. Ltd.; «Térébenthine», de W. Grimm et H. Gries; «Cuir (tannage et corroyage)», de V.P. Gupta; «Epices», de S. Hrubý; «Camphre». de Y.C. Ko; «Résines naturelles», de J. Kubota; «Jute», de K.M. Nyunt; et «Ecorce», de F.J. Wenzel, publiés dans la 2e édition de l'Encyclopédie de médecine, d'hygiène et de sécurité du travail.
Le terme écorce désigne lenveloppe protectrice des arbres, arbustes ou arbrisseaux. Certaines plantes herbacées, comme le chanvre, sont aussi cultivées pour leur écorce. Lécorce est composée dune couche interne et dune couche externe. Elle se forme au niveau du cambium de la couche interne qui donne naissance au phloème ou tissu conducteur qui transporte les éléments nutritifs des feuilles aux racines et aux autres parties de la plante, ainsi que la sève, des racines au reste de la plante. La fonction essentielle de la couche externe, ou épiderme, est de protéger larbre de la chaleur, du vent et des infections. On extrait une grande variété de produits de lécorce et de la sève, comme le montre le tableau 64.11.
Produits de base |
Produits (essences) |
Utilisations |
Résines (écorce interne) |
Résine de pin, copal, frankincense |
Vernis, gommes-laques, laques |
Oléorésines (aubier) |
Térébenthine |
Solvants, diluants, matières premières en parfumerie, désinfectants, pesticides |
Latex |
Caoutchouc |
Pneumatiques, ballons, joints, préservatifs, gants |
Substances médicinales et poisons (écorce) |
Noisette de sorcière (hamamélis) |
Lotions |
Arômes (écorce) |
Cannelle (cassier) |
Epices, aromates |
Tannins (écorce) |
Tsuga, chêne, acacia, saule, palétuvier, mimosa, quebracho, sumac, bouleau |
Teintures végétales pour cuirs durs, transformation des denrées alimentaires, mûrissage des fruits, préparation de boissons (thé, café, vin), colorants d’encres, mordants pour teinture |
Liège (écorce externe) |
Liège naturel (chêne-liège), liège reconstitué |
Flotteurs, bouchons et capsules, joints, feuilles et panneaux en liège, dalles de liège, carreaux acoustiques, semelles intérieures de chaussures |
Fibres (écorce) |
Tissu (bouleau, tapa, figuier, hibiscus, mûrier) |
Canoës, papier, pagnes, jupes, rideaux, tentures, cordes, filets de pêche, sacs, étoffes grossières |
Sucres |
Sirop de sucre d’érable (aubier) |
Sirops aromatisants |
Résidus d’écorce |
Copeaux, bandelettes de liège |
Stabilisateurs du sol, paillis (copeaux), revêtements pour sentiers de jardins, panneaux de fibres agglomérées, panneaux de particules, panneaux de fibres durs, cartons, combustibles |
On exploite les arbres pour les produits que lon peut tirer de leur écorce et de leur sève dans le cadre de systèmes de cultures ou dans le milieu naturel. Les raisons pour ce choix sont diverses: ainsi, lécorce des chênes de culture présente certains avantages par rapport aux chênes sauvages qui sont contaminés par le sable et poussent de manière irrégulière. En revanche, la lutte contre la rouille des feuilles des hévéas au Brésil est plus efficace pour les arbres à létat sauvage, car ils sont plus espacés. Toutefois, dans les endroits où ils ne sont pas attaqués par les champignons, comme en Asie, la culture des hévéas a un rendement plus élevé en plantation.
Trois grands procédés marquent la production décorce et de sève: lécorçage partiel pour ne retirer que des plaques décorce, lécorçage à blanc et lécorçage pour extraire les fluides de larbre par coupe ou par incision.
Lécorçage des arbres sur pied est plus facile lorsque la sève coule, ou après injection de vapeur entre le bois et lécorce. Deux techniques décorçage sont décrites ci-dessous, lune pour le chêne-liège et lautre pour le cannelier.
On cultive le chêne-liège dans la région occidentale du bassin méditerranéen, le Portugal étant le plus gros producteur. Comme dans le cas dautres arbres tels que le baobab africain, lécorce externe du chêne-liège repousse après écorçage. Le liège fait partie de lécorce externe; il se situe sous la couche la plus externe appelée rhytidome. La couche de liège sépaissit dannée en année. Après la première levée ou démasclage, un deuxième déliégeage peut avoir lieu au bout de six à dix ans. Le déliégeage consiste à pratiquer deux incisions circulaires et une ou plusieurs incisions verticales en prenant soin de ne pas toucher le cambium. Les déliégeurs se servent dune hachette biseautée pour détacher les plaques de liège. Celui-ci est ensuite porté à ébullition, gratté et coupé en plaques de dimensions commercialisables.
La culture du cannelier sest étendue du Sri Lanka à lIndonésie, à lAfrique orientale et aux Antilles. On utilise encore une technique ancestrale pour son exploitation (ainsi que pour celle du saule et de la cascara) qui est celle du régime du taillis ou coupe de rajeunissement. Cette technique fut découverte à lère néolithique quand on saperçut quun arbre coupé près du sol rejetait de nouvelles branches autour de la souche et que ces tiges pouvaient être régénérées par une coupe régulière juste au-dessus du sol. Le cannelier peut atteindre 18 m de hauteur, mais on le maintient généralement à 2 m. La tige principale est coupée à lâge de trois ans et les rejets sont récoltés tous les deux ou trois ans. Après la coupe et le bottelage des drageons, les écorceurs incisent les bords de lécorce à laide dune lame courbée. Ils détachent ensuite lécorce et, au bout dun ou de deux jours, séparent lécorce interne de lécorce externe. Celle-ci est raclée à laide dun grattoir et le résidu est jeté. Lécorce interne (portion fibreuse du phloème) est découpée en lamelles de 1 m de long pour donner les bâtonnets de cannelle que nous connaissons.
Le deuxième procédé consiste à écorcer de grosses bûches dans de grands tambours rotatifs, appelés tambours décorçage. On utilise les produits de cet écorçage comme combustible, fibre, paillis et tannin. Le tannin est lun des produits de lécorce les plus importants; on lutilise dans lindustrie du cuir et de lagroalimentaire (voir chapitre no 88, «Le cuir, la fourrure et la chaussure»). Les tannins sont dérivés de lécorce de nombreuses essences darbres par diffusion ou percolation.
Outre le tannin, on récolte aussi lécorce pour les substances quelle contient, comme lhamamélis et le camphre. Lhamamélis est une lotion extraite par distillation à la vapeur des tiges de lhamamélis dAmérique du Nord. Des procédés similaires sont utilisés pour lextraction du camphre des branches du camphrier.
Le troisième procédé consiste à récolter la résine et le latex de lécorce interne, ainsi que des oléorésines et des sirops de la sève. La résine se trouve surtout dans les espèces de pins. Elle suinte des incisions faites sur le tronc pour protéger larbre dune éventuelle infection. Pour récolter cette résine, les travailleurs doivent blesser le tronc en enlevant une fine pellicule décorce ou en la perçant.
La plupart des résines épaississent et durcissent quand elles sont exposées à lair, mais certaines essences produisent des résines liquides que lon appelle oléorésines, comme la térébenthine des conifères. On la recueille en pratiquant de grandes incisions sur un côté du tronc doù la térébenthine sécoule. Sa distillation donne lessence de térébenthine et un résidu, la colophane ou arcanson.
Toute sève laiteuse exsudée par les plantes est appelée latex qui, dans le cas des hévéas, se forme dans lécorce interne. La récolte du latex se fait par saignée de lécorce de lhévéa en pratiquant des incisions circulaires dans le tronc tout en évitant dendommager le cambium. Le latex est recueilli dans une tasse (voir chapitre no 80, «Lindustrie du caoutchouc»). Pour empêcher que le latex ne durcisse, on le coagule ou on lui ajoute un fixatif, lhydroxyde dammonium. En Amazonie, la coagulation se fait par des fumées acides ou par des applications dacide formique. Le caoutchouc brut est ensuite expédié dans les usines de traitement.
Au début du printemps, dans les climats froids des Etats-Unis, du Canada et de Finlande, on procède à lextraction du sirop dérable. Dès que la sève commence à suinter, on fixe des gouttières dans des trous pratiqués dans le tronc par lesquels la sève sécoule dans un seau ou dans un système de canalisation en plastique relié à une citerne. Cette sève est portée à ébullition pour la réduire à 1/40e de son volume initial et produire le sirop dérable. Une procédure dosmose inversée peut être utilisée pour enlever leau restante avant de procéder à lévaporation. Le sirop concentré est ensuite refroidi et mis en bouteille.
Les risques associés à la production décorce et de sève pour leur transformation sont généralement lexposition aux éléments naturels, les accidents, lexposition aux pesticides, les allergies et les dermites. Les risques naturels comprennent les morsures de serpents et les piqûres dinsectes, ainsi que le risque dinfection lorsque des maladies transmises par certains vecteurs ou par leau deviennent endémiques. La lutte contre les moustiques, les mesures dassainissement et lapprovisionnement en eau potable jouent un rôle préventif important.
Les opérations décorçage, dincision et de saignée comportent des risques de coupures qui devraient, le cas échéant, être traitées immédiatement pour prévenir linfection. Il existe aussi des risques lors des opérations dabattage, mais la mécanisation a permis de les réduire. Les sources de chaleur auxquelles on a recours pour «fumer» les hévéas et pour faire évaporer les huiles essentielles, les résines et la sève exposent à déventuelles brûlures. Le sirop dérable brûlant risque débouillanter les travailleurs. Parmi les autres risques liés à ces activités, on mentionnera les accidents occasionnés par les animaux de trait, les véhicules et outils divers, sans oublier les accidents corporels auxquels on sexpose lors du levage des grumes ou des conteneurs. Lécorçage mécanique expose les travailleurs à des risques daccidents graves, ainsi quà des troubles de laudition. Il convient de prendre toutes les mesures de prévention utiles et de suivre les consignes de sécurité. On veillera également à porter un équipement de protection individuelle.
Dans les plantations dhévéas, lexposition aux pesticides, notamment à larsénite de sodium, présente des risques qui peuvent être évités en suivant les recommandations des fabricants relatives aux opérations de stockage, de manipulation des formules et de pulvérisation.
Des protéines allergisantes présentes dans la sève du caoutchouc naturel sont tenues responsables de lallergie au latex (Makinen-Kiljunen et coll., 1992). Certaines substances quon retrouve dans la résine et la sève de pin peuvent occasionner des réactions allergiques chez les personnes présentant une sensibilisation au baume du Pérou, à la colophane ou à la térébenthine. Les résines, les terpènes et les huiles essentielles peuvent également provoquer des dermites allergiques de contact chez les travailleurs qui manipulent du bois non traité. On évitera tout contact direct de la peau avec le latex, la sève et la résine en suivant les consignes en la matière et en portant des vêtements de protection.
La pneumonie par hypersensibilité aux poussières organiques, également connue sous le nom du poumon des écorceurs dérable, résulte de lexposition aux spores de Cryptostroma corticale , moisissure noire qui se développe sous lécorce au cours de lécorçage des grumes dérable stockées. De même, la pneumonie progressive est souvent associée au contact avec le bois de séquoia ou de chêne-liège. La prévention consiste à éliminer les opérations de sciage, à humidifier le bois au cours de lécorçage avec un détergent et à bien ventiler laire décorçage.
* Adapté de l'article «Bambou et rotin», de Y.C. Ko, publié dans la 2e édition de l'Encyclopédie de médecine, d'hygiène et de sécurité du travail.
Le terme bambou désigne une plante de la famille des graminacées et sapplique à plus de mille espèces différentes dont quelques-unes seulement sont cultivées dans des plantations commerciales (bambouseraies) ou en pépinière. Le bambou est un arbrisseau à tige ligneuse, qui peut aller du buisson à tiges de 1 cm de diamètre aux très grandes essences subtropicales qui atteignent 30 m de haut et dont les tiges mesurent 30 cm de diamètre. Certaines essences poussent à un rythme prodigieux, jusquà 16 cm par jour. Les bambous fleurissent rarement (lorsquils fleurissent, la floraison peut se produire à intervalles de 120 ans), mais on peut les cultiver en plantant simplement leurs tiges. La plupart des espèces de bambous viennent dAsie où elles poussent à létat sauvage dans les régions tropicales et subtropicales. Certaines espèces ont été exportées dans les régions tempérées où elles ont besoin dêtre irriguées et nécessitent un entretien particulier pendant lhiver.
Certaines espèces sont utilisées comme légumes, en saumure ou en conserve. Le bambou est aussi employé comme médicament oral en cas dempoisonnement, car il contient de lacide silicique qui absorbe le poison contenu dans lestomac (cet acide est aussi produit synthétiquement).
Grâce à leurs propriétés ligneuses, les tiges de bambou ont bien dautres usages. On sen sert notamment dans la construction dhabitations, les tiges entières servant de piliers ou de montants, et les tiges fendues ou lattes plus fines (entrecroisées pour former un treillis) servant de murs, de cloisons ou de toitures. On utilise aussi le bambou dans la construction de bateaux ou de mâts de bateaux, de radeaux et dans la fabrication de clôtures, meubles, récipients et produits artisanaux tels que parasols et cannes. Parmi les autres utilisations possibles, on peut citer des tuyaux pour canaliser leau, des essieux de brouettes, des cannes à pêche, des échafaudages, des persiennes, des cordages, des râteaux, des balais et des armes (arcs et flèches). En outre, la pulpe du bambou est employée pour confectionner un papier de très haute qualité. Le bambou est également cultivé en pépinière; on le trouve dans des jardins comme plante dornement et il sert aussi à laménagement de brise-vent et de haies (Recht et Wetterwald, 1992).
On confond parfois rotin et bambou, quoique la distinction botanique soit très nette, le rotin étant une variété de palmier. Le jonc dInde (Calamus rotang) ou rotin pousse librement dans les régions tropicales et subtropicales, en particulier en Asie du Sud-Est. Il sert à fabriquer des meubles (des sièges, notamment), des paniers et dautres produits artisanaux. Cest un matériau très apprécié pour son aspect et sa souplesse. En fabrication, il est souvent nécessaire de fendre les rameaux.
La culture du bambou comprend les étapes de multiplication, de plantation, dirrigation, de taille et de récolte. Les bambous sont propagés de deux manières, par semis ou en plantant directement des morceaux du rhizome (la tige souterraine). Certaines bambouseraies dépendent de la propagation naturelle des graines. Comme le bambou fleurit rarement et que les graines ne sont utilisables que pendant quelques semaines, la plupart des opérations de multiplication consistent à démarier une plante volumineuse comportant rhizome et tiges. On utilise pour cette opération des outils tels que pelle, couteau, hache ou scie.
Les opérations de plantation et de replantation consistent à creuser un trou dans lequel on place la plante et à remettre de la terre autour des rhizomes et des tiges. Il faut une dizaine dannées pour obtenir une bambouseraie exploitable. La culture de bambous dans leur habitat naturel ne pose pas de problème dirrigation, car il pleut fréquemment, mais dans les régions plus sèches, il faut recourir à des moyens dirrigation artificielle. Le bambou a besoin de beaucoup dengrais, de lazote en particulier. On utilise pour cela des déjections danimaux et des engrais commerciaux. La silice (SiO2) est un engrais aussi important que lazote pour le bambou. A létat sauvage, les bambous contiennent suffisamment de silice par le recyclage naturel des feuilles tombées à terre. Dans les pépinières commerciales, on laisse les feuilles tombées autour des bambous et lon ajoute parfois des minéraux riches en silice, comme de la bentonite. Les vieilles tiges de bambou sont taillées pour faire de la place à la nouvelle poussée végétative. Dans les bambouseraies dAsie, les tiges mortes sont fendues pour faciliter leur décomposition et viennent sajouter à lhumus.
Le bambou est récolté pour les produits alimentaires que lon peut en tirer, tels que les pousses de bambous, ou pour son bois ou sa pulpe. On récolte les tiges au bout de trois ou cinq ans après la plantation, à un moment où elles ne sont ni trop dures ni trop tendres. Elles sont coupées au couteau ou à la hache, puis chauffées pour les courber ou fendues à laide dun couteau et dun maillet en fonction de lusage qui leur est réservé.
Le rotin est habituellement récolté sur des plantes sauvages, souvent dans des régions montagneuses incultes. Les tiges de la plante sont coupées près des racines, sorties des fourrés et séchées au soleil. Après effeuillage et écorçage, elles sont expédiées à lusine de traitement.
Les risques auxquels les travailleurs sont exposés dans les bambouseraies comprennent les morsures de serpents venimeux, la possibilité de trébucher sur les souches de bambous et les coupures qui peuvent entraîner des risques de tétanos. En outre, les déjections des oiseaux et des poulets qui vivent sur les plantations peuvent être contaminées par Histoplasma capsulatum (Storch et coll., 1980). Des coupures sont possibles lors des manipulations, en particulier quand on fend les tiges. Celles-ci présentent à leurs extrémités des arêtes acérées sur lesquelles on peut se couper ou se piquer. Par ailleurs, les cas dhyperkératose palmaire ou digitale ne sont pas rares chez les travailleurs qui fabriquent des caisses en bambou. Lexposition aux pesticides présente aussi des risques. Il faut se munir dune trousse de soins durgence en cas de morsure de serpent et faire traiter la victime par un médecin. On devrait prévenir le tétanos par la vaccination et ses rappels.
Les couteaux et les scies devraient être convenablement entretenus et utilisés avec précaution. Si lon travaille en présence de déjections doiseaux, on devrait mener les opérations sous la pluie pour éviter lexposition à la poussière ou porter un équipement de protection respiratoire.
La récolte du rotin comporte les risques inhérents aux lieux où ces plantes poussent, cest-à-dire dans les forêts éloignées où vivent serpents et insectes venimeux. Lécorce du rotin est garnie dépines qui peuvent lacérer la peau. Les travailleurs peuvent aussi se couper et devraient donc porter des gants pour manipuler les tiges. Il en est de même pour les travailleurs de lindustrie de transformation du rotin qui risquent dêtre atteints dhyperkératose palmaire et digitale, probablement en raison de la rugosité du matériau.
Le tabac (Nicotiana tabacum) est une plante qui contient dans ses feuilles une substance de grande valeur commerciale, la nicotine. Bien que lon cultive le coton sur de plus grandes étendues, le tabac est la culture non alimentaire la plus répandue dans le monde. On le cultive dans plus de 100 pays et sur tous les continents. On consomme du tabac dans le monde entier sous forme de cigarettes, de cigares, de tabac à chiquer, à fumer et à priser. La consommation annuelle de cigarettes, évaluée à près de 5,6 milliards, absorbe plus de 80% de la production. En 1995, la Chine, les Etats-Unis, le Brésil et lInde ont produit plus de 60% de la production mondiale, estimée à 6,8 millions de tonnes.
Les différentes utilisations du tabac par les fabricants sont conditionnées par les propriétés chimiques et physiques des feuilles de tabac sec qui, à leur tour, sont conditionnées par linteraction de facteurs génétiques, pédologiques, climatiques et culturaux. On cultive ainsi de nombreuses variétés de tabac; certaines dentre elles ont des utilisations commerciales très diverses. Aux Etats-Unis, le tabac est classé en sept grandes catégories qui comprennent au total 25 types différents de tabac. Les techniques de production changent en fonction des variétés que lon cultive dans les divers pays, mais lutilisation dengrais azotés, la densité des plants, lépoque décimage et la hauteur à laquelle le pratiquer, ainsi que lépoque de récolte et de séchage, sont des facteurs qui varient également selon les types de tabac que lon veut produire et leur utilisation spécifique. La qualité des feuilles dépend toutefois beaucoup des conditions liées à leur environnement.
Les tabacs blonds, les tabacs de type Burley et les tabacs dOrient sont les principaux types de tabac qui entrent dans la composition des cigarettes fumées dans le monde; ils représentaient respectivement 57%, 11% et 12% de la production mondiale en 1995. Le commerce international de ces types de tabac est très important, les Etats-Unis et le Brésil étant les plus gros exportateurs de tabacs blonds et de tabacs de type Burley, tandis que la Turquie et la Grèce sont les plus gros fournisseurs de tabac dOrient. La Chine, premier producteur mondial de tabac et de cigarettes, consomme à lheure actuelle la plus grosse partie de sa production à lintérieur de ses frontières. En raison dune demande croissante pour les cigarettes «américaines», les Etats-Unis sont devenus le premier exportateur mondial au début des années quatre-vingt-dix.
La culture du tabac se pratique essentiellement par repiquage; on prépare les plants à partir de graines minuscules (environ 12 000 au gramme) que lon sème à la main dans des lits de semences soigneusement composés et on les prélève ensuite manuellement pour les besoins du repiquage au champ dès quils ont atteint une hauteur de 15 à 20 cm. Sous les climats tropicaux, les lits de semences sont généralement recouverts de paillis pour préserver lhumidité du sol et protéger les plants des grosses pluies. En zone plus tempérée, ils sont recouverts de bâches en matériau synthétique ou en étamine pour les protéger du givre et du gel jusquà lépoque du repiquage. Les lits de semences sont habituellement traités au bromure de méthyle ou au dazomet pour les prémunir contre les principaux ravageurs. Dans certains pays, on utilise également des herbicides en complément dautres traitements, mais le sarclage est plutôt manuel dans les régions où la main-duvre est abondante et peu onéreuse. Des pesticides sont régulièrement utilisés contre les insectes et maladies foliaires. Aux Etats-Unis et au Canada, les plants de tabac sont préparés essentiellement en serres, qui sont en plastique aux Etats-Unis et en verre au Canada. Les plants poussent dordinaire dans de la tourbe horticole ou dans un mélange à base de fumier que lon stérilise à la vapeur, dans le cas du Canada, avant dy planter les graines. Aux Etats-Unis, on a plutôt recours à des plateaux de polystyrène où est étalé le mélange qui est généralement traité au bromure de méthyle ou avec une solution chlorée entre les époques de repiquage pour protéger les semis contre les maladies fongiques. Seuls quelques types de pesticides étant toutefois autorisés dans les serres de ce pays, les cultivateurs dépendent essentiellement de méthodes de ventilation, de circulation horizontale de lair et dassainissement pour lutter contre la plupart des maladies foliaires.
Quelle que soit la méthode de repiquage employée, les plants sont régulièrement écimés au niveau du méristème apical pendant plusieurs semaines avant le repiquage, pour des raisons duniformité et de survie une fois le repiquage effectué au champ. Cette opération est réalisée mécaniquement dans certains pays développés et manuellement dans les pays où la main-duvre est abondante (voir figure 64.28).
Selon la disponibilité et le coût de la main-duvre et de léquipement, les plants sont repiqués manuellement ou mécaniquement dans des champs préalablement préparés à cet effet et traités avec une ou plusieurs sortes de pesticides pour protéger la terre des organismes pathogènes et des plantes adventices (voir figure 64.29). Afin de protéger les travailleurs contre les pesticides, ceux-ci sont rarement appliqués pendant les opérations de repiquage, mais il est souvent nécessaire dutiliser des produits désherbants et certains traitements au cours de la saison de végétation et de la récolte. Dans de nombreux pays, on a recours à des méthodes culturales telles que lutilisation de variétés tolérantes et la rotation des cultures avec des plantes non hôtes (quand il y a assez de terres) pour réduire la dépendance envers les pesticides. Au Zimbabwe, par exemple, la législation prescrit que les lits de semences, ainsi que les tiges et les racines, doivent être détruits à certaines époques pour réduire lincidence et la propagation de certains virus transmis par les insectes.
Selon le type de tabac, des apports plus ou moins importants dengrais sont effectués, le plus souvent manuellement dans les pays en développement. Pour garantir un bon mûrissage et une bonne dessiccation du tabac blond, il faut veiller à ce que labsorption dazote diminue rapidement en fin du cycle de croissance; cest pour cette raison que le fumier danimaux est rarement employé pour les cultures de ce type et que des quantités dazote inorganique variant de 35 à 70 kg sont appliquées à lhectare en fonction des caractéristiques du sol et de la pluviosité. Le tabac de type Burley et la plupart des tabacs à mâcher ou à cigare sont généralement cultivés sur des sols plus fertiles que ceux qui servent à la culture des tabacs blonds, mais les premiers reçoivent trois ou quatre fois plus dazote pour renforcer certaines caractéristiques intéressantes.
Le tabac est une plante à fleurs dont le méristème central inhibe la croissance des bourgeons auxiliaires (rejets) par action hormonale jusquà ce que le méristème commence à fleurir. Pour la plupart des types de tabac, lélimination des fleurs (écimage) avant la maturation des graines et le contrôle de la croissance des rejets sont des pratiques culturales auxquelles on a recours pour améliorer les rendements en détournant les ressources de la plante vers la production de feuilles. Les fleurs sont ôtées manuellement ou mécaniquement (essentiellement aux Etats-Unis) et, dans la plupart des pays, on retarde la croissance des rejets au moyen de régulateurs de croissance. Aux Etats-Unis, des produits chimiques ciblant spécialement la destruction des rejets sont appliqués mécaniquement sur le tabac blond dont la campagne de récolte est la plus longue de tous les types de tabac du pays. Dans les pays en développement, ces produits sont souvent appliqués manuellement. Toutefois, quelle que soit la méthode dapplication et le type de produit utilisé, on obtient rarement les résultats escomptés et il faut alors éliminer les rejets à la main.
Les techniques de récolte varient considérablement en fonction des types de tabac. Les feuilles du tabac blond, celles du tabac dOrient et celles qui entrent dans la fabrication de la tripe et de la sous-cape des cigares sont les seules qui soient récoltées à mesure quelles mûrissent, depuis la base jusquau sommet de la plante. Les signes de maturité apparaissent sur les feuilles qui se cloquent et jaunissent à mesure que la chlorophylle se dégrade. Plusieurs feuilles sont cueillies sur chaque plante à chaque passage effectué au long dune période de six à douze semaines après lécimage; la cueillette dépend de la pluviométrie, de la température, de la fertilité des sols et de la variété cultivée. La récolte dautres types de tabac comme le Burley, le Maryland, la tripe et la sous-cape des cigares, ainsi que les tabacs à mâcher séchés au feu, se fait en tiges, autrement dit, en sectionnant la tige de la plante à sa base quand la plupart des feuilles sont jugées mûres. Dans le cas de certaines variétés séchées à lair, on prélève létage foliaire inférieur puis on coupe le reste de la tige. Quel que soit le type de tabac, les opérations de récolte et de préparation des feuilles pour le séchage et la commercialisation sont celles qui demandent le plus de main-duvre (voir figure 64.30). La récolte est essentiellement une opération manuelle, surtout pour la récolte en tiges (voir figure 64.31). La récolte du tabac blond est aujourdhui hautement mécanisée dans la plupart des pays développés où la main-duvre coûte cher. Aux Etats-Unis, environ la moitié de cette opération se fait à laide de machines, ce qui nécessite labsence quasi totale de mauvaises herbes et de rejets dans les feuilles traitées.
Lors de létape de dessiccation de la plupart des types de tabac, il est nécessaire de contrôler la température et lhumidité dans linstallation de séchage. Le séchage artificiel à lair chaud exige une structure de séchage extrêmement élaborée, car le contrôle de la température et de lhumidité se fait en fonction dun programme très strict, la température atteignant plus de 70 °C au cours des dernières étapes du séchage qui seffectue sur une période de cinq à huit jours. En Amérique du Nord et en Europe occidentale, le séchage à lair chaud est effectué principalement dans des cuves en métal chauffées au gaz ou au gasoil, équipées dun dispositif automatique ou semi-automatique de contrôle de la température et de lhumidité. Dans la plupart des pays, les installations de séchage sont contrôlées manuellement; elles sont construites en bois ou en briques et fonctionnent souvent au bois (Brésil) ou au charbon (Zimbabwe) que lon charge à la main. Létape initiale, et la plus importante, du processus de séchage à lair chaud est appelée jaunissement. Au cours de cette étape, la chlorophylle est dégradée et la plupart des hydrates de carbone sont convertis en sucres donnant aux feuilles un arôme caractéristique. Les cellules des feuilles sont ensuite aérolysées avec un air plus sec et plus chaud pour enrayer le processus de perte des sucres. Les matériaux de combustion ne sont pas en contact avec les feuilles. La plupart des autres types de tabac sont séchés à lair en séchoir sans chaleur, mais en faisant généralement appel à des moyens de ventilation manuelle partielle. Ce processus sétale sur quatre à huit semaines selon les conditions de lenvironnement et le niveau de contrôle de lhumidité à lintérieur de linstallation. Ce processus, plus long et plus graduel, donne des feuilles dont la teneur en sucre est moins élevée. Le séchage à la fumée est un procédé utilisé dans le cas du tabac à mâcher ou à priser. Il sagit dun séchage à lair dans une structure à lextérieur de laquelle brûlent de petits feux entretenus avec du bois de chêne ou de caryer pour fumer les feuilles et leur donner lodeur et le goût du bois, tout en améliorant leurs propriétés de conservation.
La couleur des feuilles de tabac sec, et leur uniformité au sein dun lot, sont des caractéristiques importantes sur lesquelles les acheteurs se basent pour déterminer lutilisation ultérieure de ces produits. Les feuilles de couleur indésirable (vertes, noires et marron) sont éliminées du lot manuellement avant leur mise en vente (voir figure 64.32). Dans la plupart des pays, les feuilles de tabac séchées sont séparées en lots homogènes en fonction des variations de couleur, de leurs dimensions et dautres caractéristiques visuelles (voir figure 64.33). Dans certains pays dAfrique australe où la main-duvre est abondante et peu onéreuse et où la plus grande partie de la production est exportée, la récolte pourra être triée en 60 lots ou davantage (grades) avant sa mise en vente, comme le montre la figure 64.33. La plupart des types de tabac sont mis en balles pesant entre 50 et 60 kg (100 kg au Zimbabwe) (voir figure 64.34). Aux Etats-Unis, où le tabac blond est conditionné dans de la toile demballage en plaques denviron 100 kg, on étudie la possibilité dun conditionnement en balles de 200 kg. Dans la plupart des pays, la vente du tabac fait lobjet dun contrat entre les producteurs de tabac et lacheteur, contrat aux termes duquel les prix correspondant aux diverses qualités sont fixés davance. Dans certains pays grands producteurs, la production annuelle est réglementée ou fait lobjet de négociations entre producteurs de tabac et acheteurs, et le tabac est vendu aux enchères, quun prix minimum ait été fixé (Etats-Unis et Canada) ou non (Zimbabwe) pour les diverses qualités. Aux Etats-Unis, les tabacs blonds ou de type Burley qui ne sont pas vendus aux acheteurs commerciaux sont achetés à un prix spécial par les coopératives de producteurs et vendus plus tard à des acheteurs locaux et étrangers. Bien que la commercialisation du tabac se soit considérablement mécanisée dans certains cas, comme au Zimbabwe (voir figure 64.35), nombre dopérations de déchargement des balles, de présentation de la marchandise pour la vente, de chargement et de transport vers les usines de transformation des acheteurs sont encore réalisées manuellement et font appel à une main-duvre importante.
Les besoins en main-duvre manuelle pour produire et commercialiser le tabac varient considérablement dune région du monde à lautre en fonction du niveau de mécanisation des opérations de plantation, de récolte et de commercialisation. Le travail manuel entraîne des risques tels que des troubles musculo-squelettiques occasionnés lors dactivités comme le repiquage, lapplication de produits chimiques pour détruire les rejets, la récolte, le triage des feuilles de tabac sec en diverses qualités et le soulèvement des balles. Ces problèmes peuvent être évités en formant les travailleurs aux techniques de levage des charges et en leur fournissant des outils bien étudiés. Les travailleurs peuvent également se couper et contracter le tétanos; pour minimiser ces risques, il faut leur fournir des couteaux bien conçus et bien aiguisés et leur apprendre à sen servir correctement.
La mécanisation des opérations peut atténuer ces risques, mais elle présente elle-même certains dangers, dont les accidents liés au transport des marchandises. Là aussi, lamélioration des cabines et des cadres de protection sur les tracteurs, laménagement de boucliers et de protecteurs sur les machines ainsi quune formation adéquate des travailleurs seront autant de mesures de prévention.
Lépandage de pesticides et de fongicides comporte des risques dexposition aux produits chimiques. Aux Etats-Unis, lAgence de protection de lenvironnement (Environmental Protection Agency (EPA)) exige des producteurs de tabac quils protègent les travailleurs des risques liés aux pesticides en prenant diverses mesures, à savoir: 1) quils les forment à lutilisation rationnelle des pesticides, notamment des pesticides quils utilisent sur leurs propres exploitations; 2) quils leur fournissent un équipement et des vêtements de protection individuelle, quils veillent à la bonne utilisation et au bon entretien de ce matériel et sassurent que les travailleurs respectent les délais dattente prescrits avant de pénétrer dans les champs traités; et 3) quils aménagent des sites de décontamination et prévoient des soins durgence en cas dexposition. On devrait également remplacer les pesticides dangereux par des produits moins nocifs chaque fois que la chose est possible.
Les travailleurs dans les champs de tabac, surtout ceux qui nen ont pas lhabitude, souffrent parfois de nausées ou de vertiges peu après avoir été en contact direct avec le tabac vert au cours des récoltes, peut-être en raison de la nicotine ou dautres substances absorbées par la peau. Aux Etats-Unis, cette réaction que lon appelle «la maladie du tabac vert» touche un petit pourcentage de travailleurs; les symptômes surviennent la plupart du temps lorsque des individus sensibles à ce type de réactions sont occupés à la récolte du tabac humide et que leurs vêtements ou leur peau sont pratiquement toujours en contact avec le tabac vert. Cette réaction est temporaire et ne présente pas de danger si ce nest une sensation de malaise pendant quelques heures après lexposition. On recommande aux travailleurs qui y sont sensibles de réduire le temps pendant lequel ils sont exposés au tabac vert durant la récolte ou à loccasion dautres tâches nécessitant un contact prolongé avec ce produit, notamment de ne travailler quavec des feuilles sèches ou, si elles sont humides, de porter des vêtements imperméables légers et des gants imperméables. On leur recommande en outre de porter des pantalons longs, des chemises à manches longues et, si possible, des gants, même si le tabac est sec, par mesure de précaution. On leur recommande enfin de quitter le champ et de se laver immédiatement si des symptômes apparaissent.
Des affections cutanées peuvent survenir chez les travailleurs qui manipulent les feuilles de tabac engrangées. Il arrive aussi que des personnes travaillant dans les entrepôts de stockage, particulièrement les nouvelles recrues, souffrent de conjonctivite ou de laryngite.
Parmi les mesures de prévention possibles, on mentionnera les mesures sanitaires (accès aux douches et autres installations), les soins durgence et la formation.
Il nexiste pas de définition homogène du terme «herbe», et la distinction entre herbes et plantes condimentaires nest pas toujours évidente. Le présent article indique les caractéristiques générales de certaines herbes dites aussi fines herbes ou plantes aromatiques. Il existe plus de 200 herbes, si lon considère uniquement les plantes cultivées principalement dans les zones tempérées ou méditerranéennes pour leurs feuilles, leurs tiges et leurs fleurs. On utilise les herbes essentiellement comme condiments; parmi ces herbes culinaires, on trouve le basilic, le laurier, les graines de céleri, le cerfeuil, laneth, la marjolaine, la menthe, lorigan, le persil, le romarin, la sauge, la sarriette, lestragon et le thym. Le plus gros demandeur de condiments est le secteur de la distribution alimentaire, suivi par lindustrie agroalimentaire et la restauration. Les Etats-Unis sont de loin les plus gros consommateurs dherbes culinaires, suivis par le Royaume-Uni, lItalie, le Canada, la France et le Japon. On emploie des herbes également dans lindustrie cosmétique et le secteur pharmaceutique pour donner aux produits un parfum et un goût agréables, ainsi que pour leurs vertus thérapeutiques; elles sont aussi utilisées en phytothérapie et par les adeptes de la médecine par les plantes.
Le ginseng est une plante herbacée dont la racine sert dans la pratique de la médecine par les plantes. La Chine, la République de Corée et les Etats-Unis en sont les plus gros producteurs. En Chine, la plupart des plantations appartiennent à lEtat et sont exploitées par lui. En République de Corée, lindustrie est constituée de plus de 20 000 exploitations familiales dont un bon nombre sont de petites exploitations qui cultivent moins dun demi-hectare de terre chaque année. Aux Etats-Unis, la majorité des plantations sont aussi de petites exploitations cultivant moins dun hectare par an. Toutefois, la majorité des cultures de ginseng dans ce pays sont produites par quelques producteurs qui dépendent dune main-duvre extérieure et de la mécanisation des opérations, ce qui leur permet de cultiver jusquà 30 hectares par an. Le ginseng est le plus souvent une culture de plein champ que lon protège par des structures artificielles qui simulent leffet dombrage du couvert forestier.
On pratique également la culture intensive du ginseng en forêt. Une petite partie de la production mondiale (et la plus grande partie des cultures organiques) est récoltée par des ramasseurs de racines sauvages. Les racines prennent entre cinq et neuf ans pour atteindre une dimension marchande. Aux Etats-Unis, la préparation des lits de semences en forêt ou en plein champ seffectue généralement à la charrue tirée par un tracteur. Des opérations manuelles sont parfois nécessaires pour entretenir les rigoles et donner aux plates-bandes leur forme définitive. On utilise souvent des plantoirs mécaniques tirés par tracteur, mais le repiquage manuel est encore une pratique courante en République de Corée et en Chine. La construction de structures dombrage au moyen de perches et de lattes de bois ou de morceaux de toile, atteignant 2 à 2,5 m de hauteur, est une opération qui nécessite une main-duvre importante et demande beaucoup defforts physiques. En Asie, on utilise bois, chaumes et tiges de roseau tressées que lon peut trouver sur place pour la construction de ces structures. Dans les exploitations mécanisées des Etats-Unis, on paille les plates-bandes. Cette opération se fait à laide de déchiqueteuses de paille tirées par tracteur et analogues aux machines utilisées dans les opérations de paillage des fraisiers, mais adaptées pour le ginseng.
Lutilisation de machines pour la culture du ginseng présente certains dangers. Par exemple, les travailleurs risquent dêtre happés sils sont en contact avec larbre de prise de force du tracteur, la trémie de la déchiqueteuse ou toute autre pièce mécanique en mouvement, particulièrement si les protections de ces machines sont inadaptées ou en mauvais état. Chaque année, il est nécessaire de sarcler à trois reprises avant la récolte. Les travailleurs doivent se baisser et se courber pour désherber à hauteur de la plante, ce qui met le système musculo-squelettique à rude épreuve. Le sarclage représente un travail important, notamment lors de la première et de la deuxième année. Un hectare de cultures de plein champ peut demander plus de 3 000 heures de travail au total pendant les cinq à neuf années qui précèdent la récolte. Ladoption de nouvelles méthodes de lutte chimique et organique contre les plantes adventices, y compris lamélioration des paillis, peut contribuer à une moindre sollicitation de lappareil musculo-squelettique. Lintroduction de nouveaux outils et, plus généralement, la mécanisation des opérations devraient elles aussi faciliter le désherbage. Dans le Wisconsin, aux Etats-Unis, certains cultivateurs ont mis à lessai un appareil à pédales permettant de désherber tout en gardant une position assise.
Lombrage artificiel crée un environnement particulièrement humide où peuvent se développer champignons et moisissures. Aux Etats-Unis, on applique des fongicides de façon systématique au moins une fois par mois avec des engins tirés par tracteur ou au moyen de pulvérisateurs à dos. On applique également des pesticides et des rodenticides en cas de besoin. Parmi les stratégies visant à limiter lexposition aux pesticides, on mentionnera la mise en uvre de produits de faible toxicité, lamélioration des moyens mécaniques dapplication et les méthodes de substitution à la lutte chimique contre les ravageurs.
Lorsque les racines sont prêtes à être récoltées, les structures dombrage sont démontées et entreposées. Les opérations mécanisées se font à laide darracheuses tirées par tracteur, versions adaptées des engins utilisés pour la récolte des pommes de terre. Là encore, si les protections de larbre de prise de force et autres parties mobiles sont inadaptées, ces points pourront être source daccidents. Le ramassage des racines constitue la dernière étape de la récolte; celle-ci se fait manuellement et oblige les travailleurs à se baisser et à saccroupir.
Dans les petites exploitations aux Etats-Unis, en Chine et en République de Corée, la plupart des opérations, sinon la totalité, sont effectuées manuellement.
Il existe une grande diversité de modes de production de plantes aromatiques, de sites de cultures, de méthodes de travail et de risques. Les plantes peuvent être récoltées à létat sauvage ou cultivées. Les cultiver présente certains avantages dont une plus grande efficacité de production, une qualité plus uniforme ainsi que la possibilité détablir un calendrier des cultures et de mécaniser les opérations. Aux Etats-Unis, la production de menthe et dautres herbes est hautement mécanisée. Des opérations comme la préparation des sols, les semis, lentretien et la protection des cultures, ainsi que la récolte, sont toutes pratiquées à partir du siège dun tracteur auquel sont attelés divers engins agricoles.
Les risques potentiels ressemblent à ceux que présente toute autre production agricole mécanisée, parmi lesquels les risques de collisions de véhicules sur la voie publique, les traumatismes occasionnés par lutilisation de tracteurs et autres machines, les intoxications dues aux produits chimiques et les brûlures.
On utilise encore des méthodes de culture à forte intensité de main-duvre en Asie, en Afrique du Nord, dans les pays du bassin méditerranéen et dans dautres régions (par exemple, pour la culture de la menthe en Chine, en Inde, aux Philippines et en Egypte). Les parcelles sont labourées à laide de charrues tirées par des animaux, et les sols sont préparés et fertilisés manuellement. Selon le climat, on creuse des tranchées pour lirrigation des cultures et, selon le type de productions, on plante graines, boutures, plantules ou bouts de rhizomes. Le désherbage, opération quil faut répéter régulièrement, fait appel à une main-duvre importante et les longues journées passées à travailler en position courbée, ou à répéter les gestes darrachage, mettent le système musculo-squelettique à rude épreuve. Toutefois, même si lon fait appel à un grand nombre de personnes pour ces opérations, le désherbage manuel est souvent insuffisant. Dans ce cas, et pour certaines cultures, on a recours à des pesticides, puis on termine à la main, mais lutilisation dherbicides nest pas très répandue dans la mesure où les cultures sont aussi sensibles à ces produits. Le paillage des cultures contribue à réduire le nombre dopérations de désherbage, à protéger les sols et à préserver lhumidité. Cette technique favorise également la croissance de la plante et lamélioration des rendements du fait que le paillis ajoute de la matière organique à la terre à mesure quil se décompose.
En dehors des opérations de désherbage, les travaux de préparation des sols, de plantation, de construction des structures dombrage, de récolte et dautres opérations peuvent solliciter le système musculo-squelettique pendant de longues périodes. La modification des techniques de production, lutilisation doutils à main spéciaux et la mécanisation sont des possibilités à envisager pour réduire la demande en main-duvre et les troubles musculo-squelettiques.
Les risques de brûlures et dintoxications dus à lemploi de pesticides et autres produits chimiques sont préoccupants dans le cas des opérations nécessitant une main-duvre importante, car les pulvérisateurs à dos et autres méthodes dapplication ne protègent pas efficacement contre labsorption de produits par voie cutanée, par les muqueuses ou par inhalation. Le travail en serre présente des risques particuliers en raison de latmosphère confinée qui y règne. Le remplacement des produits chimiques dangereux par des produits moins toxiques, ladoption de stratégies de lutte intégrée, lamélioration du matériel et des méthodes dapplication, ainsi que des équipements de protection individuelle, peuvent contribuer à atténuer ces risques.
Lextraction dessences naturelles volatiles concerne un certain nombre dherbes (distillation des feuilles de menthe). A cette fin, on charge le matériel végétal coupé dans des cuves hermétiques. Une chaudière produit de la vapeur qui est propulsée dans la cuve par des tuyaux à basse pression; lhuile en suspension est ensuite extraite des vapeurs par distillation.
Les risques liés à ce processus dextraction comprennent les brûlures causées par la vapeur et, plus rarement, lexplosion des chaudières. Les mesures de prévention consistent à effectuer des inspections régulières des chaudières et des conduits renfermant de la vapeur sous pression pour sassurer de leur intégrité.
Dans des environnements moins mécanisés, la production dherbes aromatiques peut nécessiter un contact prolongé avec les plantes et les huiles et, dans une moindre mesure, avec les poussières quelles produisent. Les publications médicales mentionnent des réactions allergiques, des dermites professionnelles, des cas dasthme professionnel ou autres troubles respiratoires et immunologiques associés à un certain nombre de plantes et dépices. Les rapports sur la question sont peu nombreux, ce qui est peut-être dû davantage au fait que tous les cas ne sont pas nécessairement déclarés quà la faible incidence de ces problèmes sur la santé.
Les dermites professionnelles ont pu être associées à la menthe, au laurier, au persil, au romarin et au thym, à la cannelle, à la chicorée, au clou de girofle, à lail, à la noix de muscade et à la vanille. Lasthme professionnel et certains symptômes respiratoires ont pu être rapportés à la poussière de ginseng brésilien et de persil, aux cultures telles que poivre, cannelle, clou de girofle, coriandre, ail, gingembre, paprika et piment rouge, ainsi quaux bactéries et endotoxines que renferment les poussières soulevées par les graines et les herbes. Toutefois, la plupart des cas se produisent dans les usines de transformation; seuls quelques rapports font état de problèmes directement liés à lexposition aux éléments naturels lors de la culture proprement dite (par exemple, dermites contractées lors de la cueillette du persil; asthme contracté lors de la manipulation des rhizomes de chicorée; réactions immunologiques lors de travaux dans les serres avec des plants de paprika). La plupart des rapports ne signalent des réactions que pour une partie de la main-duvre seulement, les autres travailleurs étant moins affectés ou asymptomatiques.
Lindustrie de transformation des herbes aromatiques et des épices présente de plus grands risques que leur culture. Par exemple, le broyage, le concassage et le mélange des feuilles, des graines et autres parties végétales sont des opérations pratiquées dans des locaux bruyants et extrêmement poussiéreux. Les risques liés aux opérations de transformation comprennent la perte daudition, des traumatismes causés par des machines dont les pièces en mouvement sont mal protégées, lexposition à la poussière et lexplosion éventuelle de poussières. Les systèmes de transformation fermés ou lencoffrement des machines peuvent atténuer les niveaux de bruit. Les trémies des broyeurs devraient être conçues de manière à exclure toute possibilité dintroduction des mains et des doigts.
Les risques pour la santé incluent lapparition daffections cutanées, dirritations des yeux, de la muqueuse buccale et de lappareil gastro-intestinal, ainsi que de troubles respiratoires et immunologiques liés aux poussières, aux champignons et autres agents qui contaminent lair. Un phénomène dautosélection reposant sur leur aptitude à tolérer les effets de leur travail sur leur santé a pu être observé chez les broyeurs dépices dans la première quinzaine suivant leur embauche. Des mesures de prévention comme la séparation des opérations, lamélioration de la ventilation et des méthodes de collecte des poussières, le balayage régulier et le passage de laspirateur dans les locaux de travail, ainsi que le port dun équipement de protection individuelle, peuvent contribuer à limiter les risques dexplosion de poussières et dexposition aux contaminants de lair.
Les champignons comestibles les plus cultivés au monde sont Agaricus bisporus , champignon de couche ou champignon de Paris, dont la production annuelle atteignait environ 1,6 million de tonnes en 1991, Pleurotus spp., pleurote ostracé ou oreille de noyer (environ 1 million de tonnes) et le shiitake, Lentinus edodes (environ 0,6 million de tonnes) (Chang, 1993). Le champignon de couche est cultivé principalement dans lhémisphère Nord, alors que le pleurote ostracé, le shiitake ainsi quun certain nombre dautres espèces de champignons de moindre importance commerciale sont essentiellement cultivés en Asie de lEst.
La production de Agaricus bisporus et la préparation des substrats et du compost sont des opérations hautement mécanisées. Ce nest pas le cas pour les autres champignons comestibles, bien quil y ait des exceptions.
Le champignon de couche est cultivé sur un compost élaboré à partir dun mélange fermenté de crottin de cheval, de paille, de fientes de volaille et de gypse. Ces matières sont humidifiées, mélangées et déposées en larges monticules si elles sont mises à fermenter à lextérieur, ou transportées à lintérieur de chambres de fermentation ou galeries souterraines. Habituellement fabriqué en très grandes quantités, parfois plusieurs centaines de tonnes à la fois, le compost nécessite des équipements lourds de grandes dimensions pour préparer le mélange, puis remplir et vider les galeries souterraines. Le compostage est un processus biologique, conditionné par un régime particulier de température, nécessitant le brassage minutieux des composants. Avant de pouvoir lutiliser comme substrat, il faut le pasteuriser par un traitement thermique et le conditionner de manière à en retirer lammoniac. Au cours du compostage, dimportantes quantités de substances organiques volatiles contenant du soufre sévaporent, pouvant occasionner des problèmes dodeur dans le voisinage. Lammoniac contenu dans lair des galeries souterraines peut être éliminé par lapplication dacides, et les émanations peuvent être contrôlées soit par des moyens biologiques, soit par oxydation de lair avec des produits chimiques (Gerrits et Van Griensven, 1990).
Débarrassé de tout résidu ammoniacal, le compost est alors piqué (cest-à-dire inoculé avec une culture pure de Agaricus qui se développe sur des graines stérilisées). La croissance mycélienne se produit au cours dune période dincubation de deux semaines à 25 °C dans une pièce spéciale aménagée dans la galerie, après quoi le compost est étalé sur des étagères ou plateaux aménagés en échafaudage comportant quatre à six paliers espacés de 25 à 40 cm et recouverts dun mélange de tourbe et de carbonate de calcium. Après une nouvelle période dincubation, la production des champignons est induite par un changement de température et une forte ventilation. Les champignons apparaissent en poussées soudaines à intervalles hebdomadaires, et on les cueille à la main ou au moyen de ramasseuses mécaniques. Après trois à six poussées, la galerie est soumise à un traitement de pasteurisation par injection de vapeur, puis elle est vidée, nettoyée et désinfectée afin quun nouveau cycle de production puisse commencer. La réussite de la culture des champignons dépend étroitement de facteurs tels que propreté et protection phytosanitaire. Bien que les mesures dhygiène soient des facteurs essentiels de la prévention des maladies dans les champignonnières, on les complète par lemploi de désinfectants, de pesticides et de fongicides.
Les contacts accidentels avec le courant électrique constituent un risque majeur dans les champignonnières, environnement humide où lon met en uvre des voltages et des ampérages souvent très élevés. Cest pour cette raison que des dispositifs de protection comme des disjoncteurs différentiels sont absolument nécessaires. La réglementation nationale en matière de protection des travailleurs devrait être scrupuleusement observée.
De même, les équipements mécaniques présentent de grands dangers du fait de leur poids ou de leur fonction particulière. Les machines à compost sont constituées de nombreuses parties mobiles de grande taille qui sont dangereuses. Léquipement utilisé lors de la culture et de la récolte des champignons comporte souvent des organes rotatifs tels que les arracheuses et barres de coupe auxquelles il faut faire très attention. Cela sapplique à toutes les machines en mouvement, quelles soient automotrices ou tirées sur des plates-bandes, étagères ou rangées de plateaux. Ces machines devraient être équipées de protections spéciales et les personnes affectées à la marche déquipements électriques ou mécaniques dans les champignonnières devraient être formées avant dentrer en fonction et suivre toutes les consignes de sécurité. Il conviendrait dinstaller des systèmes de verrouillage et daccorder une attention particulière à lentretien des équipements, car une maintenance insuffisante peut les rendre extrêmement dangereux. La rupture des chaînes dentraînement, par exemple, a provoqué des accidents mortels dans les champignonnières.
Certains facteurs physiques comme le climat, léclairage, le bruit, la charge musculaire et la posture de travail ont une grande influence sur la santé des travailleurs. La différence de températures entre lintérieur de la chambre de croissance et lextérieur peut être considérable, surtout en hiver. On devrait toujours marquer un temps dadaptation du corps à une nouvelle température chaque fois que lon change de milieu, sinon on sexpose à des troubles des voies respiratoires, voire à une sensibilité accrue aux infections bactériennes et virales. De plus, des variations importantes de température peuvent provoquer des raideurs ou des inflammations musculaires ou articulaires douloureuses au niveau du cou et du dos chez les travailleurs qui se trouveront dès lors dans lincapacité de travailler.
Léclairage insuffisant des galeries est non seulement dangereux, mais il diminue le rythme de la cueillette et empêche les ramasseurs de déceler les symptômes éventuels de maladies cryptogamiques. Le niveau déclairement devrait être dau moins 500 lux.
La charge musculaire et la posture de travail peuvent aussi poser problème. La culture manuelle des champignons, en particulier la cueillette, conduit à adopter une posture inconfortable étant donné les dimensions de certaines chambres de culture. Cela peut endommager les articulations, provoquer une surcharge musculaire, en particulier pendant la cueillette, et entraîner une inflammation articulaire et musculaire, menant finalement à des dysfonctions partielles ou totales. On préviendra ce genre daccidents par des pauses régulières, des exercices physiques et des mesures telles que ladaptation des gestes aux dimensions et aux possibilités du corps humain.
Les facteurs chimiques tels que lexposition aux produits dangereux présentent certains risques pour la santé. La préparation dimportantes quantités de compost nécessite des opérations qui peuvent être la source de graves dangers. Les fosses dans lesquelles circulent les eaux de drainage du compost nont généralement pas doxygène et ces eaux peuvent avoir des concentrations létales de sulfure dhydrogène et dammoniac. Une modification de lacidité (pH) de leau peut aussi entraîner une concentration létale de sulfure dhydrogène autour de la fosse. Laccumulation de crottin de cheval ou de fientes de poule humides dans un espace clos peut aussi avoir des conséquences fatales en raison de limportante concentration de gaz carbonique, de sulfure dhydrogène et dammoniac. Le sulfure dhydrogène a une odeur très puissante à de faibles concentrations; il est particulièrement dangereux dans la mesure où il devient inodore à des concentrations létales, car il inhibe les nerfs olfactifs chez lêtre humain. Les galeries souterraines renfermant du compost ne contiennent pas suffisamment doxygène pour assurer la vie humaine. Il faut absolument limiter les concentrations doxygène et de gaz toxiques dans ces espaces confinés et imposer le port dun équipement de protection individuelle. Une personne devrait rester postée à lextérieur pour prêter secours en cas de besoin.
Lapplication dacides pour ôter lammoniac contenu dans lair des galeries à compost demande une attention particulière en raison des grandes quantités dacides sulfurique et phosphorique quil faut utiliser en concentrations élevées; un système daération et de ventilation devrait être mis en place.
Lexposition aux désinfectants, fongicides et pesticides saccompagne de risques de lésions par absorption cutanée ou buccale, ainsi que par inhalation. Les fongicides sont généralement appliqués grâce à des techniques à haute densité telles que les pulvérisateurs automoteurs, les pistolets de pulvérisation ou les techniques de détrempage. Les pesticides sont en revanche pulvérisés par des techniques à faible densité (brumisation, nébulisation, génération daérosols) et par fumigation. Les fines particules ou gouttelettes ainsi vaporisées restent en suspension dans lair pendant des heures. Pour réduire le plus possible les risques liés à ces activités, les travailleurs devraient porter un équipement de protection individuelle et un appareil de protection respiratoire adapté au produit utilisé. Bien que les effets de lintoxication aiguë soient très graves, on ne devrait jamais oublier que ceux de lintoxication chronique, bien que moins spectaculaires, exigent une surveillance médicale constante dans tous les cas.
Les agents biologiques peuvent provoquer des maladies infectieuses ainsi que de graves réactions allergiques (Pepys, 1967). A ce jour, aucun cas de maladie infectieuse humaine causée par la présence dagents pathogènes dans le compost na été rapporté. Cependant, le poumon des champignonnistes est une maladie respiratoire très grave associée à la manipulation du compost pour la culture de Agaricus (Bringhurst, Byrne et Gershon-Cohen, 1959). Cette maladie, qui appartient au groupe des maladies appelées génériquement alvéolite allergique extrinsèque, est occasionnée par une exposition aux spores des actinomycètes thermophiles Excellospora flexuosa, Thermomonospora alba, T. curvata et T. fusca qui se développent au cours de la phase initiale de conditionnement du compost. On peut trouver ces organismes en concentrations élevées dans lair pendant la phase dinoculation du compost (plus de 109 cellules souches formant des colonies par m3 dair) (Van den Bogart et coll., 1993); pour que survienne une alvéolite allergique extrinsèque, il suffit de 108 spores par m3 dair (Rylander, 1986). La maladie saccompagne de symptômes tels que fièvre, difficultés respiratoires, toux, malaise, augmentation du nombre des leucocytes et activité pulmonaire restreinte trois à six heures après exposition (Sakula, 1967; Stolz, Arger et Benson, 1976). A lissue dune période dexposition prolongée, le poumon est atteint de lésions irréversibles dues à une inflammation et à une fibrose de réaction. Dans une étude menée aux Pays-Bas, 19 sujets atteints du poumon des champignonnistes ont été recensés parmi 1 122 travailleurs (Van den Bogart, 1990). Tous ces sujets avaient une réaction positive au test dinhalation et possédaient des anticorps contre les antigènes dun à plusieurs actinomycètes mentionnés ci-dessus. Aucune réaction allergique na été mise en évidence pour les spores de Agaricus (Stewart, 1974), ce qui peut indiquer une faible antigénicité du champignon ou une exposition limitée. Le poumon des champignonnistes est une maladie que lon peut facilement prévenir en procurant aux travailleurs, pendant les opérations dinoculation du compost, un appareil de protection respiratoire mécanique purifiant lair ambiant, équipé dun filtre à poussières.
Certains ramasseurs souffrent de lésions cutanées au bout des doigts; ces lésions sont causées par les glucokinases et protéases exogènes présentes dans Agaricus . Le port de gants au cours de la cueillette devrait permettre déviter les risques de ce type.
Le cycle de culture des champignons est court et complexe. Gérer une champignonnière nest donc pas facile et suscite des préoccupations et des tensions qui peuvent se répercuter sur le personnel. Le stress et la façon de le gérer sont des questions traitées ailleurs dans lEncyclopédie.
Le pleurote ostracé, Pleurotus spp., pousse sur un certain nombre de substrats contenant de la lignocellulose ou de la cellulose pure. Le substrat est humidifié, le plus souvent pasteurisé et conditionné. Après inoculation, on le place sur des plateaux ou étagères, dans des récipients spéciaux ou même dans des sacs en plastique où la croissance mycélienne peut avoir lieu. La fructification se fait quand les concentrations de gaz carbonique dans lair diminuent par leffet de la ventilation ou lorsquon ouvre les sacs et autres récipients.
Les risques pour la santé liés à la culture des pleurotes ostracés sont comparables à ceux que lon a évoqués pour la culture du champignon de couche, à la seule exception que les différentes espèces de pleurotes présentent des lamelles à nu, cest-à-dire quelles ne sont pas recouvertes dun voile, ce qui se traduit par la dispersion précoce dun grand nombre de spores. Sonnenberg, Van Loon et Van Griensven (1996) ont compté les spores produites par ces espèces et en ont trouvé, selon les espèces et le stade de développement, plus dun milliard par gramme de tissu et par jour. Les variétés de Pleurotus ostreatus , qui sont censées ne pas produire de spores, en créent quelque 100 millions. De nombreux rapports font état de cas dalvéolite allergique extrinsèque après exposition aux spores de Pleurotus (Hausen, Schulz et Noster, 1974; Horner et coll., 1988; Olson, 1987). Cox, Folgering et Van Griensven (1988) ont établi une relation causale entre lexposition aux spores de Pleurotus et la manifestation des symptômes dune alvéolite allergique extrinsèque contractée par inhalation. Tous les travailleurs devraient porter un masque protecteur contre la poussière en raison de la gravité de la maladie et du degré de sensibilité des êtres humains à celle-ci. Les spores présentes dans la chambre de croissance devraient être au moins partiellement éliminées avant que les travailleurs ny pénètrent. On peut, dans ce but, faire passer le flux de ventilation à travers un filtre humide ou brancher le ventilateur à pleine puissance dix minutes avant larrivée des travailleurs. La pesée et lemballage des champignons peuvent être effectués sous une bâche spéciale. Au cours du stockage, les plateaux devraient être recouverts de feuilles daluminium pour éviter que les spores ne se dispersent dans lair.
En Asie, on cultive depuis des siècles, sur des billes de bois, un champignon savoureux, Lentinus edodes . La mise au point dune technique de production peu coûteuse sur des substrats artificiels dans des chambres de croissance permet de faire pousser ces champignons à peu de frais dans les pays occidentaux. Les substrats artificiels consistent le plus souvent en un mélange humide de sciure de bois de feuillu, de paille et de farine très riche en protéines, mélange que lon pasteurise ou stérilise avant linoculation. La croissance mycélienne a lieu, selon les systèmes de production, dans des sacs ou sur des plateaux ou étagères. La fructification est induite le plus souvent par choc thermique ou par immersion dans de leau glacée, comme cela se pratique sur les billes de bois. En raison de son acidité importante (pH faible), le substrat est sensible à linfection par des moisissures vertes telles que Penicillium spp. et Trichoderma spp. Les mesures de prévention de la croissance de ces organismes consistent à stériliser le substrat et à appliquer des fongicides.
Les risques pour la santé liés à la culture du shiitake sont comparables à ceux que présente la culture de Agaricus et Pleurotus. De nombreuses souches de shiitake sporulent facilement, menant à des concentrations de plus de 40 millions de spores par m3 dair (Sastre et coll., 1990).
La culture du shiitake en espace clos conduit régulièrement à lapparition, chez les travailleurs, des symptômes de lalvéolite allergique extrinsèque (Cox, Folgering et Van Griensven, 1988, 1989; Nakazawa, Kanatani et Umegae, 1981; Sastre et coll., 1990) quils contractent par inhalation des spores (Cox, Folgering et Van Griensven, 1989). Van Loon et coll. (1992) ont montré que, dans un groupe de cinq sujets testés, tous présentaient des anticorps circulants de type IgG contre les antigènes des spores de shiitake. Malgré le port de masques antipoussières, 14 travailleurs au sein dun seul groupe présentaient une élévation danticorps proportionnelle à la durée de leur emploi, ce qui souligne la nécessité de recourir à une protection plus efficace comme un appareil de protection respiratoire mécanique à adduction dair filtré, par exemple, ou tout autre dispositif approprié.
Remerciements: les opinions et les résultats présentés ici sont pour beaucoup ceux du regretté docteur Jef Van Haaren, médecin du travail de grand talent, dont lapproche humaine des effets du travail est parfaitement exprimée par Van Haaren (1988) dans le chapitre qui a servi de référence pour la rédaction du présent article.
* Adapté de l'article «Algues» de J.W.G. Lund, publié dans la 2e édition de l'Encyclopédie de médecine, d'hygiène et de sécurité du travail.
En 1992, la production aquacole mondiale a atteint 19,3 millions de tonnes, dont 5,4 millions provenant des plantes aquatiques. En outre, les aliments pour poissons qui sont utilisés dans les fermes piscicoles sont constitués en grande partie dalgues et de plantes aquatiques et contribuent donc à la croissance de cette production et à laquaculture en général.
Les plantes aquatiques cultivées dans le cadre dexploitations commerciales comprennent lépinard deau, le cresson, la châtaigne deau, le lotus et diverses algues marines, qui sont cultivés comme aliments bon marché en Asie et en Afrique. Les plantes aquatiques flottantes qui ont un certain potentiel commercial sont la lentille deau et la jacinthe deau (Eichhormia crassipes) (FAO, 1995).
Les algues forment un groupe de plantes très diverses; si lon inclut les cyanophycées (algues bleu-vert), elles vont des bactéries de 0,2 à 2 µm aux espèces géantes de varech qui peuvent atteindre 40 m. Toutes les algues sont capables de photosynthèse et peuvent libérer de loxygène.
Les algues sont presque toutes des plantes aquatiques, mais elles peuvent aussi recouvrir roches et arbres sous forme de lichen résultant de leur symbiose avec des champignons. Le phytoplancton est presque exclusivement formé dalgues. On trouve des algues en tout lieu humide; elles foisonnent dans les lacs et les cours deau comme au bord de la mer. Cest lagrégation dalgues microscopiques sur les galets et les rochers qui les rend glissants et qui est responsable de laspect visqueux de leau et de sa décoloration. On trouve aussi des algues dans les sources thermales, les champs de neige et les glaces de lAntarctique. Sur les montagnes, elles forment des traînées sombres et glissantes (Tintenstriche), formations dangereuses pour les varappeurs.
Tout le monde ne saccorde pas sur la classification des algues; on les classe généralement en 13 grands groupes pouvant présenter des différences significatives de couleur dun groupe à lautre. Les cyanophycées (algues bleu-vert) sont considérées par de nombreux microbiologistes comme des bactéries (cyanobactéries), car ce sont des procaryotes, organismes ne possédant ni membrane nucléaire ni organites limités par une membrane, à la différence des eucaryotes. Elles descendent probablement des premiers organismes photosynthétiques; on peut trouver leurs fossiles dans des rochers vieux de deux milliards dannées. Les chlorophycées (algues vertes), dont la chlorelle fait partie, présentent de nombreuses caractéristiques communes avec dautres végétaux à chlorophylle; on trouve aussi les rhodophycées (algues rouges) dont la chlorophylle est recouverte dun pigment rouge et les phéophycées (algues brunes), recouvertes dun pigment jaune. Les chrysophycées, généralement dun ton doré, comprennent les diatomées dont lenveloppe est siliceuse (dioxyde de silicium polymérisé) et qui produisent, au stade fossile, des minéraux de grande valeur industrielle (kieselguhr, diatomite, terre à diatomées). Les diatomées forment la base principale de la vie océanique, constituant de 20 à 25% de la production végétale mondiale. Les dinoflagellés (péridiniens) sont des organismes unicellulaires, souvent marins, dont certains sont très toxiques pour la vie marine.
Laquaculture varie considérablement en fonction des types de cultures, allant des cycles de production habituels de deux mois à des cycles annuels comprenant les étapes classiques de multiplication, de fertilisation et dentretien des cultures, de récolte, de transformation, de stockage et de commercialisation. Le cycle de production se fait parfois sur une seule journée, comme cest le cas pour la lentille deau, la plus petite des plantes phanérogames.
Certaines algues marines sont exploitées industriellement: on en tire des alginates, de la carrageenan et de lagar-agar (gélose), substances utilisées en médecine et dans divers secteurs de production (textiles, additifs alimentaires, cosmétiques, produits pharmaceutiques, émulsifiants, etc.). Lagar-agar est le milieu solide sur lequel sont habituellement cultivés bactéries et autres micro-organismes. En Extrême-Orient, au Japon principalement, plusieurs variétés dalgues entrent dans lalimentation humaine. Les algues constituent par ailleurs un bon engrais, mais leur utilisation connaît un certain déclin que lon attribue aux coûts importants de main-duvre et à labondance des engrais industriels relativement bon marché. Le rôle des algues est important en pisciculture tropicale et en riziculture. En effet, les rizières sont le plus souvent très riches en cyanophycées qui peuvent, dans le cas de certaines espèces, utiliser lazote gazeux comme source unique dalimentation azotée. Le riz étant la nourriture de base de la plus grande partie de lhumanité, le développement des algues dans les rizières fait lobjet détudes approfondies dans des pays rizicoles comme lInde et le Japon. On peut aussi extraire de liode et du brome de certaines algues.
Lexploitation industrielle des algues microscopiques pour les besoins de lalimentation humaine a souvent été préconisée vu les rendements élevés que lon pourrait obtenir, mais le coût inhérent à lélimination de leau quelles contiennent sy oppose encore.
Dans les pays chauds, notamment dans ceux où la terre est bon marché, on peut utiliser les algues dans le processus dépuration des eaux usées et les récolter pour servir de fourrage. Bien quelles soient des organismes utiles participant à la vie de la plupart des plans deau, les algues risquent de compromettre lalimentation en eau ou den accroître les coûts. On utilise des algicides dans les piscines pour lutter contre leur prolifération mais, à lexception du cuivre que lon peut ajouter en faibles concentrations, ces produits ne peuvent être additionnés à leau réservée à lusage domestique. Lenrichissement excessif des eaux, notamment par des produits phosphorés, entraînant une prolifération dalgues, est devenu si préoccupant dans certaines régions du monde que plusieurs pays ont interdit lusage de détergents riches en phosphore. La meilleure solution consiste toutefois à éliminer lexcès de phosphore par des moyens chimiques en station dépuration.
La lentille deau et la jacinthe deau peuvent être cultivées pour laffouragement et le compostage et être utilisées comme sources de combustible. Les établissements aquacoles exploitent trois grands types de produits: les poissons, les crustacés et les mollusques. La pisciculture proprement dite est constituée à 85% despèces de poissons non carnivores, surtout la carpe; les crustacés et les mollusques, quant à eux, se nourrissent essentiellement dalgues (FAO, 1995).
Les algues deau douce contiennent souvent de grandes quantités de cyanophycées potentiellement toxiques. Ces proliférations dalgues présentent peu de risques pour les êtres humains, car le goût de leau est tellement déplaisant quils ne se risqueraient pas à en boire, et encore moins en grandes quantités, ce qui serait toxique. En revanche, en sabreuvant, les animaux courent le risque dune intoxication létale, particulièrement dans les régions chaudes et sèches où il nexiste pas dautres points deau dans les environs. Certains dinoflagellés contiennent des substances très toxiques pouvant entraîner la paralysie si lon consomme certains mollusques qui sen nourrissent, sans que ceux-ci y soient eux-mêmes sensibles. Ces toxines présentent un danger mortel pour les êtres humains et la vie marine en général.
Le prymnesium (chrysophycée) est très toxique pour les poissons; il foisonne dans des eaux où la salinité est de faible à modérée. Cet organisme présentait un grand danger pour la pisciculture en Israël jusquà ce que la recherche ait mis au point un test permettant le dépistage de cette toxine avant quelle natteigne des concentrations létales. Les cas dinfection dhumains et de mammifères par la protothèque, espèce dalgue incolore de la famille des chlorophycées, ne sont pas rares.
Quelques cas dirritation cutanée due aux algues ont été signalés; on sait, par exemple, que Oscillatoria nigroviridis provoque des dermites et que, en eau douce, Anaebaena, Lyngbya majuscula et Schizothrix sont responsables de dermites de contact. Les algues rouges sont connues pour être source de gêne respiratoire, voire dangoisse. Les diatomées contiennent de la silice et peuvent donc, à létat de poussières, provoquer une silicose. Un autre risque lié à la culture des plantes aquatiques en eau profonde est celui de la noyade. Lemploi dalgicides comporte aussi certains dangers; les précautions demploi inscrites sur les étiquettes des produits devraient être rigoureusement observées.
On pense que le terme café vient de Kaffa, village dEthiopie doù la plante serait originaire. Certains considèrent, en revanche, que le mot dériverait de qahwa , qui veut dire vin en arabe. La culture du café sest répandue dans le monde entier; elle a commencé en Arabie (Coffea arabica en est lune des espèces, et Moka lune des variétés nommée daprès un village arabe), sétendant à de nombreux pays tels que le Sri Lanka, lIndonésie, lInde, les Philippines, Hawaï et le Viet Nam, parmi dautres, dont certains sont devenus de grands producteurs. Le café fut introduit sur le continent américain avec des plants acclimatés à Amsterdam et à Paris, puis plantés en Martinique, au Suriname et en Guyane française, exportés ensuite au Brésil qui est aujourdhui le premier producteur mondial.
La figure 64.36 donne les chiffres de production par pays ainsi que la production mondiale (échelle non respectée). La récolte 1995-96 a rapporté environ 27 millions de dollars E.-U., ce qui souligne limportance économique du café à léchelle mondiale.
La mondialisation de léconomie, la concurrence croissante et la recherche de technologies permettant une plus grande productivité ont marqué la culture du café. La mécanisation sétend et se modernise. En outre, de nouvelles méthodes de culture sont introduites, notamment la culture à haute densité où lon réduit la distance entre les pieds de café. Cette nouvelle méthode a permis daugmenter le nombre de caféiers, de 3 000 ou 4 000 pieds à 10 000 pieds par hectare et, par conséquent, daccroître la productivité denviron 50% par rapport aux méthodes traditionnelles. Cette méthode de culture nest pas sans importance pour la santé des travailleurs, car les risques sont moindres et lon utilise moins dherbicides, en particulier à compter de la troisième année. En revanche, la fréquence de coupe des pieds est plus élevée et la lutte antifongique est plus intense.
Le café est très sensible aux fluctuations du commerce international; de nombreux pays tendent à remplacer le café par dautres cultures dont le rapport financier est plus prévisible. Au Brésil, par exemple, le café représentait 68% du volume total des exportations en 1920, mais seulement 4% dans les années quatre-vingt-dix. Le café est progressivement remplacé par le soja, les agrumes, le maïs, les arbres à latex et aussi, en particulier, par la canne à sucre.
Il est très difficile dobtenir des estimations fiables sur le total des effectifs de travailleurs intervenant dans la culture du café en raison des fluctuations de lemploi dans ce secteur dactivité. Ainsi, une importante main-duvre saisonnière est recrutée pour être débauchée dès que les récoltes sont terminées. En outre, les petites exploitations font souvent appel à une main-duvre non déclarée qui nentre donc pas dans les rapports officiels. Au Brésil, on avait recensé, en 1993, 1,1 million demplois directs et 4 à 5 millions demplois indirects pour une production de 28,5 millions de sacs de café. Si lon applique les mêmes paramètres à la production mondiale pour la même année, la main-duvre employée dans le café pourrait être estimée à environ 3,6 millions de personnes.
Il est tout aussi difficile de savoir quel est le nombre moyen de travailleurs par exploitation. En général, les petites et moyennes exploitations sont les plus nombreuses. On ne connaît pas non plus la distribution par sexe et par âge de la population travaillant sur les plantations, bien que lon constate une augmentation des effectifs de la main-duvre féminine et que lon sache que les enfants y travaillent aussi. La proportion des travailleurs syndiqués varie selon les politiques de travail en vigueur dans chaque pays, mais on sait que ceux-ci constituent une minorité.
La culture du café comprend les phases suivantes: abattage des arbustes; préparation des sols; plantation (les plants poussent tout dabord dans des pépinières appartenant à lexploitation ou proviennent de lextérieur); entretien des cultures (amélioration des sols, apport dengrais, lutte contre les ravageurs et désherbage manuel ou à laide dherbicides); cueillette (le fruit est généralement rouge, doù le nom de «cerise» voir figure 64.37); tamisage pour éliminer les impuretés; transport; lavage pour ôter pulpe et mucilage; séchage au soleil en retournant les cerises à laide dun râteau, ou séchage mécanique dans des séchoirs à air chaud pulsé; séparation manuelle des grains; stockage en silos; enfin, ensachage.
Les facteurs pouvant poser un problème de santé aux personnes travaillant sur les plantations de café sont généralement les mêmes que pour toute autre activité agricole.
De labattage des arbustes et de la préparation du terrain aux opérations finales de stockage des sacs de café, chaque étape implique des risques pour la sécurité et la santé des travailleurs. Les accidents surviennent essentiellement à loccasion des opérations mécanisées, de labattage des arbustes, de la préparation des sols, de la cueillette mécanique, du transport des produits et des travailleurs, de la transformation des fruits (y compris le risque dexplosion des chaudières) et de lutilisation doutils à main qui sont souvent de fabrication très artisanale et ne sont pas toujours bien entretenus.
Les risques potentiels de maladies sont liés à lexposition à la chaleur lors des opérations de séchage, au rayonnement solaire, au bruit et aux vibrations des machines et tracteurs, au froid et à lhumidité, ainsi quaux problèmes dordre ergonomique liés à lutilisation des outils à main.
Les produits chimiques qui présentent le plus de risques pour la santé des travailleurs sont les pesticides et les herbicides, parmi lesquels le glyphosate (herbicide), les sulfates de cuivre (fongicides), et les composés organophosphorés pour lutter contre dautres ravageurs du caféier. Le nombre dapplications de pesticides varie selon lâge de larbuste, la composition du sol, les conditions climatiques, les espèces ou variétés de café, les systèmes de production (haute ou faible densité) et dautres facteurs. La pulvérisation est généralement effectuée manuellement à laide de pulvérisateurs à dos, ou mécaniquement par tracteur. De grandes quantités de produits sont habituellement nécessaires et lon dit volontiers que, sans pulvérisation, il ny aurait pas de café.
Les engrais chimiques présentent eux aussi des risques pour la santé des travailleurs. On les emploie souvent sous forme de composés dérivés de corps et déléments tels que bore, zinc, azote, sodium, potassium, calcium, magnésium et soufre. La mise en suspension dans lair des particules libérées par la manipulation dengrais devrait faire lobjet dune surveillance particulière.
Les agents biologiques peuvent présenter certains risques pour la santé des travailleurs. On citera, par exemple, les morsures de serpents et daraignées et les piqûres dabeilles, de moustiques et dacariens, dont certains sont des vecteurs importants de maladies. Dans certaines régions, les maladies endémiques peuvent être particulièrement dangereuses pour les travailleurs.
Les facteurs dordre ergonomique, psychosocial et organisationnel sont abordés plus loin.
Les lésions liées à la culture du café comprennent les coupures avec des outils à main, les entorses et fractures dues à lutilisation de machines et les accidents de tracteurs. On observe certains accidents mortels par renversement ou retournement de tracteurs ou dautres véhicules inadaptés au transport des travailleurs. Brûlures et risques dexplosion sont à redouter lors du séchage artificiel des grains de café.
Des affections cutanées peuvent résulter de lexposition aux rayons solaires ultraviolets; elles vont du simple érythème au cancer de la peau. Parmi les autres troubles, on peut mentionner la perte daudition chez les personnes travaillant sur des machines, les allergies pulmonaires, lintoxication due aux herbicides et aux pesticides, les callosités ou kératoses, les affections pulmonaires, les troubles de la circulation et les ostéopathies dues aux vibrations des machines, ainsi que les troubles du système musculo-squelettique consécutifs à des postures inadaptées ou à la manutention de charges excessives (un sac de café peut peser 60 kg). Bien que ces affections touchent essentiellement les personnes attachées aux opérations de transformation, certains troubles respiratoires et oculaires sont rapportés par des travailleurs qui manipulent les cafés verts. Les poussières libérées par les grains de café sont également à lorigine daffections professionnelles.
Les maladies tropicales telles que paludisme, fièvre jaune, filariose, trypanosomiase, leishmaniose et onchocercose sont très répandues dans certaines régions de production, tout comme le tétanos dont le taux de prévalence est toujours important dans les régions rurales.
Les travailleurs peuvent connaître des problèmes de santé plus complexes liés à des facteurs psychosociaux ou organisationnels. En effet, la culture du café fait appel à un grand nombre de travailleurs pendant la récolte mais nen requiert que très peu tout le reste de lannée; la main-duvre saisonnière à laquelle les exploitations ont recours pendant les périodes dintense activité travaille et vit dans des conditions de précarité qui la fragilisent nécessairement.
Pendant la récolte, la plupart des travailleurs quittent leur famille et vivent dans des logements souvent insalubres, dépourvus dinstallations sanitaires adéquates. En outre, si la plantation est située à proximité dune ville, lexploitant nengagera quun seul homme par famille; toutefois, et pour accroître les profits, le travailleur pourra lui-même faire venir toute sa famille, femmes et enfants compris, pour prêter main forte. Dans certaines régions, le nombre denfants travaillant dans les plantations est tellement élevé que les écoles demeurent fermées pendant toute la durée de la récolte.
Dans ce type dactivités saisonnières, les travailleurs passent souvent dune culture à lautre en fonction des périodes de récolte. Les hommes quittant leur famille, cette situation a valu aux femmes le surnom de «veuves de maris vivants». Très souvent, lhomme parti élève une autre famille loin de son village dorigine.
Les bienfaits de la législation du travail et de la sécurité sociale sont souvent un privilège réservé aux grandes plantations. Linspection du travail dans les régions rurales est, dans lensemble, inefficace. Les soins de santé sont, la plupart du temps, très limités; les heures de travail sont très longues et les fins de semaine et congés réguliers rarement observés.
Les facteurs psychosociaux et ceux liés à lorganisation du travail ont des effets délétères sur la santé des travailleurs. Ces effets se manifestent par un vieillissement précoce, une espérance de vie réduite, une augmentation de la prévalence et de la durée des maladies, ou encore par la malnutrition (la consommation aux champs daliments en conserve non réchauffés a valu aux travailleurs le surnom de boias frias en portugais), lanémie et des hypovitaminoses qui perturbent laptitude au travail, sans oublier les troubles mentaux et autres.
Les mesures préventives à mettre en uvre dans les plantations de café sont les mêmes que pour toute autre activité agricole. La protection collective comprend la sécurité des machines, lapplication rationnelle des pesticides et herbicides, la mécanisation des activités qui demandent normalement trop defforts et dénergie et des moyens adéquats de transport des travailleurs. Dans les plantations pratiquant la culture à très haute densité, la coupe régulière des arbustes empêche les pieds de café datteindre une taille nécessitant lutilisation déchelles dangereuses et inconfortables pour la cueillette à la main. Lorsque les opérations de séchage nécessitent lutilisation de chaudières, leur surveillance et leur entretien régulier revêtent la plus haute importance. La lutte biologique contre les ravageurs, dune part, et la sélection de variétés résistantes aux divers fléaux, dautre part, sont des gestes préventifs importants pour mettre les travailleurs à labri de certaines maladies, tout en protégeant lenvironnement.
Le port dun équipement de protection individuelle nest pas toujours facile à promouvoir, car il est souvent inadapté aux conditions climatiques ou au biotype des travailleurs. En outre, la formation concernant son utilisation est généralement insuffisante et la sélection des différents articles nest pas toujours des plus judicieuses. Les équipements de protection se limitent souvent aux bottes, aux chapeaux et aux vêtements contre les intempéries, alors que la protection devrait être étendue aux mains, aux voies respiratoires, aux yeux et aux oreilles.
La prise en charge des problèmes psychosociaux et organisationnels nest évidemment pas chose facile. Des programmes de promotion et de sensibilisation devraient être mis en uvre dans le cadre dactivités éducatives organisées par les syndicats de travailleurs agricoles et dautres associations, afin daider les travailleurs à prendre conscience de leur droit à de meilleures conditions de vie et de travail. De leur côté, il conviendrait que les employeurs soient davantage conscients de leurs responsabilités sociales à légard des travailleurs. LEtat devrait donner des orientations cohérentes et veiller à lapplication de la législation en vigueur. Certains pays ont mis en place une réglementation spéciale au profit des travailleurs ruraux. Au Brésil, par exemple, la réglementation fixe des directives générales concernant la sécurité des activités en milieu rural, lorganisation des services de médecine du travail, la mise en place de comités de sécurité dans les plantations, lutilisation des équipements de protection individuelle et la manipulation des produits chimiques (pesticides, engrais et produits damélioration et de protection des sols).
La surveillance sanitaire dans le cadre de la médecine du travail devrait inclure lévaluation des effets sur la santé de lexposition aux pesticides, au rayonnement ultraviolet, au bruit excessif et à dautres risques. Dans certains cas, il faudra éventuellement privilégier la lutte contre lankylostomiase, lanémie, lhypertension, les problèmes comportementaux, les troubles oculaires et autres problèmes de santé en raison de leur prévalence dans les régions rurales. Léducation sanitaire, y compris les campagnes de vaccination antitétanique au profit des femmes enceintes pour prévenir le tétanos néonatal, devrait recevoir une attention particulière. Dans certaines régions, la vaccination contre la fièvre jaune est souvent nécessaire. On recommande de mener des campagnes chimioprophylactiques dans les régions où le paludisme est endémique, et dutiliser des insecticides ou de prendre dautres mesures de prévention contre les moustiques jusquà ce que les mesures sanitaires aient permis de contrôler ou déliminer les vecteurs de maladies. Des sérums antivenimeux devraient également être disponibles.
Remerciements: les auteurs tiennent à remercier le professeur Nelson Batista Martin, de lInstitut déconomie rurale, et secrétaire dEtat à lAgriculture, à São Paulo; Andre Nasser et Ricardo Luiz Zucas, de la Société rurale brésilienne; et Monica Levy Costa du Centre de santé scolaire au Collège de santé publique de lUniversité de São Paulo, pour leur participation à la préparation de cet article.
* Adaptéde la 2e édition de l'Encyclopédie de médecine, d'hygiène et de sécurité du travail.
Le thé (Camellia sinensis) est originaire de Chine; la plus grande partie de la production mondiale vient dAsie, une plus petite proportion dAfrique et dAmérique du Sud. LInde et le Sri Lanka sont actuellement les plus grands producteurs, mais dautres pays produisent des quantités assez importantes: la Chine, le Japon, lex-URSS, lIndonésie et le Pakistan. La République islamique dIran, la Turquie, le Viet Nam et la Malaisie sont de petits producteurs. Depuis la seconde guerre mondiale, les surfaces consacrées aux plantations de thé en Afrique se sont étendues rapidement, particulièrement au Kenya, au Mozambique, au Zaïre, au Malawi, en Ouganda et en République-Unie de Tanzanie. Maurice, le Rwanda, le Cameroun, la Zambie et le Zimbabwe possèdent également de petites plantations. Les plus grands producteurs dAmérique latine sont le Brésil, lArgentine et le Pérou.
Le thé est produit à la fois plus efficacement et plus économiquement dans les grandes plantations, bien quil soit également cultivé par de petits propriétaires. En Asie du Sud-Est, une plantation est une unité qui se suffit à elle-même: procurant logement et toutes autres commodités à ses travailleurs et à leur famille, elle constitue une communauté. En Inde et au Sri Lanka, les femmes forment une grande partie de la main-duvre, mais la situation est quelque peu différente en Afrique, où les travailleurs sont essentiellement des hommes, immigrants et saisonniers, et où les familles ne sont pas logées. On se référera à larticle «Les plantations» au début du présent chapitre.
Le terrain est défriché et préparé pour de nouvelles plantations, ou lon arrache les plants qui produisent un thé de qualité médiocre pour les remplacer par des boutures à haut rendement. Il faut aux nouveaux champs deux ans pour arriver à leur plein rendement. Des travaux réguliers fumage, sarclage et application de pesticides sont effectués tout au long de lannée.
La cueillette des jeunes pousses de thé «deux feuilles et un bourgeon», comme on dit couramment est effectuée toute lannée dans la plus grande partie de lAsie du Sud-Est, mais elle na pas lieu pendant les périodes darrêt de la végétation dans les régions connaissant une saison froide bien marquée (voir figure 64.38). Après un cycle de récolte denviron trois à quatre ans, les plants de thé subissent une taille complète et lon sarcle la terre. Le sarclage manuel est remplacé peu à peu par lapplication dherbicides chimiques. La récolte est transportée à dos dans des paniers jusquà des hangars centraux, où elle est pesée puis expédiée à lusine. Certains pays, principalement le Japon et lex-URSS, ont réussi à mécaniser la cueillette du thé, mais lusage de machines nécessite un terrain plat et des arbres plantés en rangées.
Les accidents les plus courants sont les chutes et les blessures causées par les outils tranchants et ceux qui servent à creuser le sol. Ce nest guère surprenant: le thé, dans la plupart des cas, pousse sur des pentes très raides et défrichage, déracinage et taille exposent à ce type daccidents. Outre le risque dêtre frappés par la foudre, par exemple, les travailleurs peuvent être mordus par des serpents ou piqués par des araignées venimeuses, des frelons, des guêpes ou des abeilles. On trouve cependant rarement des serpents très venimeux aux altitudes élevées où pousse le meilleur thé. On a enregistré en Assam (Inde) des cas dallergie provoquée par le contact avec une certaine espèce de chenilles.
Lexposition des travailleurs à des quantités toujours accrues de pesticides hautement toxiques requiert une surveillance étroite. Leur remplacement par des produits peu toxiques et une bonne hygiène personnelle sont des mesures de prévention indispensables. Bien quassez lent, le processus de mécanisation fait appel à un nombre sans cesse croissant de tracteurs, de véhicules à moteur et dinstruments divers, augmentant du même coup la fréquence des accidents (voir figure 64.39), lesquels ne pourront être éliminés que par des tracteurs bien conçus, équipés dune cabine ou dun cadre de protection et conduits par des opérateurs formés et compétents.
En Asie, où la population inactive qui réside dans les plantations est presque aussi importante que la main-duvre elle-même, les accidents domestiques sont à peu près aussi nombreux que les accidents du travail.
Les conditions de logement sont généralement très mauvaises. Les principales maladies sont les maladies respiratoires consécutives surtout aux conditions de vie et de travail en altitude ainsi quà lexposition au froid et au mauvais temps; elles sont suivies de près par les maladies entériques, lanémie et la sous-nutrition. Les maladies intestinales sont dues à linsuffisance de léquipement sanitaire et de lhygiène des travailleurs. Ces conditions sont en grande partie évitables, ce qui ne fait que souligner la nécessité daméliorer les installations sanitaires et de renforcer laction éducative. Lanémie est très fréquente, surtout chez les femmes en âge de procréer; elle est occasionnée en partie par lankylostomiase, mais surtout par le manque de protéines dans le régime alimentaire. Cependant, les journées de travail perdues par suite de maladie sont dues à des indispositions légères plutôt quà des affections graves. La surveillance médicale des conditions de logement et de travail est une excellente mesure de prévention. Des conditions sanitaires convenables devraient être assurées par des inspections régulières.
Le houblon, que lon utilise en brasserie, est une culture courante dans le nord-ouest des Etats-Unis, en Europe (surtout en Allemagne et au Royaume-Uni), en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Plante grimpante poussant à partir de rhizomes de plantes femelles, le houblon peut atteindre de 4,5 à 7,5 m de haut, voire davantage. Ses tiges volubiles poussent en senroulant autour de treilles métalliques ou de cordes épaisses. Les plantes sont généralement espacées de 2 m dans chaque direction, chaque plante étant attachée aux treilles par deux cordes faisant entre elles un angle denviron 45°. Les treilles mesurent environ 5,5 m de haut; elles sont généralement fabriquées avec des échalas de bois traité sous pression dune section de 10 × 10 cm, enfoncés dans le sol à une profondeur de 0,6 à 1 m.
Les tiges de houblon sont enroulées manuellement autour des treilles dès quelles atteignent environ 30 cm de hauteur. Un peu plus tard, on pratique une taille partielle sur 1 m à partir du sol pour permettre à lair de circuler et réduire ainsi les risques de maladies.
Le houblon est récolté à lautomne. Au Royaume-Uni, on le cultive parfois sur des treilles hautes de 3 m, et on le récolte à laide de cueilleuses mécaniques spéciales. Aux Etats-Unis, des moissonneuses spéciales permettent de récolter le houblon sur des treilles hautes de 5,5 m. Dans les endroits où ces machines ne peuvent pénétrer, on procède à une récolte manuelle à laide de machettes. Les tiges récemment récoltées sont mises à sécher dans des fours afin que leur taux dhumidité tombe de 80 à 10%. Elles sont ensuite refroidies, mises en balles et transportées dans des entrepôts frigorifiques en vue de leur transformation ultérieure.
Les travailleurs devraient porter des chemises à manches longues et des gants quand ils travaillent à proximité des tiges de houblon, car les poils de la plante risquent de causer des irritations; certaines personnes y sont plus sensibles que dautres.
La majorité des accidents sont des entorses et des foulures dues au fait que les travailleurs soulèvent de lourdes charges telles que tuyaux dirrigation et balles, et sollicitent de manière excessive leur appareil musculo-squelettique lorsquils travaillent sur les treilles. Ils devraient être formés aux techniques appropriées de levage ou se servir dengins mécaniques.
Les travailleurs devraient porter des jambières et des lunettes de protection.
Bon nombre daccidents surviennent lorsque les travailleurs attachent les tiges aux treilles métalliques; pour ces opérations, ils sont la plupart du temps juchés sur des structures ou plates-formes surélevées montées sur tracteurs. Ces accidents ont cependant diminué grâce au port de ceintures de sécurité, à laménagement de dispositifs de protection sur les structures en question et au port de lunettes de protection. La fréquence rapide des mouvements de la main peut être à lorigine dune pathologie telle que le syndrome du canal carpien.
Le houblon étant souvent traité aux fongicides au cours de son cycle de croissance, il est indiqué dafficher à lentrée du champ la date à laquelle il sera possible dy pénétrer à nouveau.
Les demandes de réparation enregistrées dans lEtat de Washington, aux Etats-Unis, mettent en évidence un taux dincidence de lordre de 30 à 40 accidents pour 100 années-personnes. Les associations de planteurs ont institué des comités de sécurité qui semploient activement à réduire ces taux daccidents du travail, dont la fréquence est dailleurs généralement plus élevée en août et en septembre.
La production du houblon fait le plus souvent appel à des moyens mécaniques de fabrication souvent locale. La vigilance des comités de sécurité a permis de réduire les accidents par happement lors des opérations de récolte et de transformation. La formation devrait se concentrer sur lutilisation correcte des couteaux, le port dun équipement de protection individuelle et la prévention des chutes de véhicules et de machines agricoles.
A la fin du XXe siècle, moins de 5% de la population active des pays industriels était employée dans le secteur agricole, alors que la proportion était de 50% à léchelle mondiale (Sullivan et coll., 1992). Alliant des opérations hautement mécanisées à des tâches manuelles ardues, le travail agricole est extrêmement varié. Certaines entreprises agroalimentaires ont, depuis longtemps, une vocation internationale; cest le cas notamment des grandes plantations et des exploitations qui produisent des cultures dexportation. Aujourdhui, le commerce des produits de lagriculture est international; il est organisé autour de productions telles que le sucre, le blé et lélevage de bovins. Lagriculture se pratique dans divers contextes: exploitations familiales comprenant lagriculture de subsistance; grandes exploitations commerciales et plantations; exploitations en zones urbaines, incluant les entreprises spécialisées et lagriculture de subsistance; travail agricole saisonnier. Quant aux cultures, elles vont des cultures de base comme le blé et le riz aux cultures spécialisées comme le café et les fruits. En outre, la proportion de jeunes travailleurs et de travailleurs âgés est, en général, plus importante dans le secteur agricole que dans tout autre secteur dactivité. Le présent article décrit les risques pour la santé et mentionne les maladies les plus courantes parmi les travailleurs agricoles, exception faite des éleveurs de bétail dont le cas est traité au chapitre no 70 «Lélevage».
Limage que lon se fait du travail agricole est celle dune occupation saine que lon mène loin des centres pollués et encombrés et qui permet de faire le plein dair frais et beaucoup dexercice. Dans un certain sens, ce nest pas faux. Aux Etats-Unis, par exemple, lischémie du myocarde et le cancer sont des causes de décès moins fréquentes dans lagriculture que dans les autres catégories professionnelles.
Le travail agricole nen est pas moins associé à un certain nombre de risques pour la santé. Les travailleurs agricoles sont des populations à risque en ce qui concerne certaines formes de cancer, de maladies respiratoires et de traumatismes (Sullivan et coll., 1992). En outre, comme le travail agricole est souvent effectué dans des lieux éloignés des agglomérations, laccès aux services de soins durgence est difficile et la médecine agricole na pas encore acquis ses lettres de noblesse (voir encadré et tableau 64.12). Les travailleurs agricoles sont exposés à de nombreux risques: conditions climatiques et topographiques; intoxication par les pesticides et les engrais; accidents dus à lutilisation des machines; exposition aux poussières; etc. Comme le montrent les tableaux 64.13 à 64.19, les divers risques rencontrés peuvent être rattachés à six grandes catégories: 1) troubles respiratoires; 2) affections cutanées; 3) intoxications et affections néoplasiques; 4) traumatismes; 5) contraintes thermiques et mécaniques; 6) troubles du comportement.
Lagriculture et la médecine sont des secteurs dactivité étroitement liés depuis les débuts de lélevage et de la production agricole. Une exploitation agricole ou un élevage sains reposent sur une main-duvre en bonne santé. La famine, la sécheresse et les ravageurs peuvent menacer le bien-être de toutes les espèces présentes sur lexploitation, particulièrement dans les pays en développement dont la survie dépend essentiellement de la production agricole. A lère coloniale déjà, les planteurs devaient prendre des mesures dhygiène pour protéger leurs cultures, leurs animaux et leur personnel. Aujourdhui, lagromédecine sintéresse à la lutte intégrée contre les ravageurs (approche écologique de la protection phytosanitaire), aux mesures de prévention et de lutte contre la tuberculose bovine (animaux, produits laitiers et travailleurs) et à lutilisation du génie agricole (réduction de lincidence des lésions traumatiques et des cas de poumon de fermier). Lagriculture et la médecine donnent dexcellents résultats lorsquelles sont bien intégrées. DéfinitionsLes termes ci-après sont souvent utilisés indifféremment, bien quils aient des acceptions résolument distinctes:
Au cours de ces dernières années, la définition du concept de médecine agricole , comme domaine de spécialisation de la médecine du travail et du milieu ayant déjà sa place dans les facultés des sciences de la santé, a dû être élargie pour inclure la notion dagromédecine, définie comme un processus réunissant les ressources agricoles et sanitaires dun Etat ou dune région en un partenariat voué au service public, selon le modèle des universités créées grâce à une donation foncière du gouvernement. Lunité essentielle des sciences biologiques est bien connue des chimistes dont les recherches, axées sur la nutrition végétale, animale ou humaine, dépassent létroit domaine de leur spécialisation en raison du chevauchement et de lintégration de leurs travaux. Champ dapplicationLagromédecine sintéresse à trois grands domaines dapplication:
Parmi les autres domaines dintérêt de lagromédecine, on citera les zoonoses, les services de santé rurale et autres services communautaires, la salubrité des denrées alimentaires (par exemple, la relation entre nutrition et cancer), léducation sanitaire et la protection de lenvironnement. Ces divers sujets de préoccupation ont toutefois été relégués au second plan. Les biotechnologies, les enjeux de laccroissement démographique et la durabilité de la production agricole retiennent aussi lattention. Les programmes de recherche et de formation universitaires sont établis, pour chaque domaine clé, en fonction des compétences du corps enseignant, des crédits et des subventions disponibles, des besoins des programmes denseignement postscolaire ainsi que des besoins des producteurs agricoles et de lindustrie alimentaire en matière de consultation et de coopération interuniversitaires. Ainsi, les compétences nécessaires pour traiter les lésions traumatiques pourront faire lobjet dun enseignement dans une faculté de génie agricole conduisant à lobtention dun diplôme spécialisé dans cette branche des sciences agronomiques; la pneumopathie par hypersensibilité aux poussières organiques (poumon de fermier) pourra être étudiée dans le cadre dun internat axé sur la médecine du travail (internat de spécialisation du troisième cycle) ou sur la médecine préventive (conduisant à une licence ou un doctorat en santé publique); un programme interuniversitaire sur la salubrité des denrées alimentaires pourra associer des disciplines comme les sciences vétérinaires, les sciences de lalimentation et une spécialisation médicale en maladies infectieuses (voir tableau 64.12 pour une comparaison entre deux types de programmes). Aux Etats-Unis, plusieurs Etats ont mis en place des programmes actifs dagromédecine: Alabama, Californie, Caroline du Sud, Colorado, Géorgie, Iowa, Kansas, Kentucky, Minnesota, Mississippi, Nebraska, New York, Oregon, Pennsylvanie, Virginie et Wisconsin. Dautres Etats, comme le Michigan, la Floride et le Texas, ont mis en uvre des programmes qui ne font pas référence aux termes agromédecine ou médecine agricole ou qui sont encore à un stade de développement préliminaire. La province de la Saskatchewan, au Canada, sest également dotée dun programme dagromédecine. ConclusionAu-delà dune collaboration interdisciplinaire dans les sciences dites fondamentales, les collectivités ont besoin de mieux coordonner les compétences agronomiques et médicales dont elles disposent. Un travail spécialisé doit être entrepris et poursuivi au sein déquipes locales pour mettre en uvre une stratégie de prévention et déducation donnant accès au meilleur ensemble de connaissances scientifiques et de services de proximité que lon est en droit dattendre de la part dune université subventionnée par lEtat. Stanley H. Schuman et Jere A. Brittain |
Paramètres |
Programme A |
Programme B |
Site (université) |
Médical |
Médical et agricole |
Subventionnement |
Fédéral, fondation |
Etat, fondation |
Recherche |
Primaire (fondamentale) |
Secondaire (appliquée) |
Education des patients |
Oui |
Oui |
Formation des producteurs et des travailleurs |
Oui |
Oui |
Formation des agents de santé |
Oui |
Oui |
Enseignement périscolaire |
Optionnel |
Oui |
Formation interdisciplinaire |
Optionnel |
Oui |
Activités de proximité à l’échelle de l’Etat |
Intermittentes |
Continuelles (40 heures par semaine) |
Circonscription: viabilité |
Pairs universitaires |
Producteurs, consommateurs |
Prestige (académique) |
Oui |
Faible |
Croissance (capital, subventions) |
Oui |
Faible |
Gestion |
Propre |
En partenariat |
Intérêt principal |
Recherche, publications, recommandations de principe |
Formation, service public, recherche axée sur les clients |
Sources d’exposition |
Effets sur la santé |
Pollen de céréales, petits fragments de poils d’animaux, antigènes fongiques dans les issues de grains et les plantes, acariens, insecticides organophosphorés |
Asthme et rhinites: asthme causé par les immunoglobulines E |
Poussières organiques |
Asthme non immunologique (causé par les poussières de céréales) |
Fragments de plantes, endotoxines, mycotoxines |
Inflammation des muqueuses |
Insecticides, arsenic, poussières irritantes, ammoniac, vapeurs chimiques, issues de grains (blé, orge) |
Bronchospasme, bronchite aiguë et bronchique chronique |
Spores fongiques ou actinomycètes thermophiles libérés par des grains ou du foin moisis, antigènes de moins de 5 µm de diamètre |
Pneumopathie par hypersensibilité |
Actinomycètes thermophiles: canne à sucre moisie |
Bagassose |
Spores fongiques (au cours du nettoyage des lits de semences) |
Poumon des champignonnistes (ouvriers des champignonnières) |
Foin ou compost moisis |
Poumon de fermier |
Champignons: écorce d’érable moisie |
Poumon des écorceurs d’érable |
Arthropodes: blé infesté |
Maladie du charançon du blé |
Débris de plantes, granules d’amidon, moisissures, endotoxines, mycotoxines, spores, champignons, bactéries Gram négatif, enzymes, allergènes, fragments d’insectes, particules de terre, résidus chimiques |
Syndrome toxique dû aux poussières organiques |
Poussières de céréales ensilées |
Fièvre des céréales |
Moisissures à la surface de l’ensilage |
Maladie des ouvriers de silo |
Gaz de décomposition: ammoniac, sulfure d’hydrogène, monoxyde de carbone, méthane, phosgène, chlore, dioxyde de soufre, ozone, paraquat (herbicide), gaz ammoniac (engrais), oxydes d’azote |
Réactions pulmonaires aiguës |
Dioxyde d’azote émanant de l’ensilage en fermentation |
Maladie des ouvriers de silo |
Vapeurs de soudage |
Maladie des fondeurs |
Insuffisance en oxygène dans les espaces clos |
Asphyxie |
Poussière de terre dans les régions arides |
Fièvre de la vallée (coccidioïdomycose) |
Mycobacterium tuberculosis |
Tuberculose (travailleurs migrants) |
Mesures de prévention: ventilation, élimination ou limitation des poussières, port d’un appareil respiratoire auxiliaire, contrôle de la moisissure, désaccoutumance au tabac.
Sources: Merchant et coll., 1986; Meridian Research, Inc., 1994; Sullivan et coll., 1992; Zejda, McDuffie et Dosman, 1993.
Sources d’exposition |
Effets sur la santé |
Ammoniac et engrais solides, végétaux, plantes bulbeuses, fumigants, issues d’avoine et d’orge, divers pesticides, savons, produits pétroliers, solvants, hypochlorite, composés phénoliques, liquide amniotique, aliments pour animaux, furazolidone, hydroquinone, halquinol |
Dermite de contact irritative |
Acariens |
Gale des céréales |
Plantes sensibilisantes (sumac vénéneux ou gui du chêne), divers pesticides (dithiocarbamates, pyréthrines, thioates, thiurames, parathion et malathion) |
Dermite allergique de contact |
Manipulation des tulipes et de leurs bulbes |
Doigt du manipulateur de tulipes |
Créosote, plantes contenant des furocoumarines |
Dermite de photocontact |
Rayonnement solaire, rayonnements ultraviolets |
Dermite due au soleil, mélanome, cancer des lèvres |
Milieux chauds et humides |
Dermite due à la chaleur |
Feuilles de tabac humides |
Intoxication à la nicotine (intoxication par le tabac vert) |
Feu, électricité, produits chimiques acides ou caustiques, engrais solides (hygroscopiques), friction, ammoniac liquéfié |
Brûlures |
Morsures et piqûres de guêpes, polistes, abeilles, acariens, frelons, fourmis rouges, araignées, scorpions, mille-pattes, autres arthropodes, serpents |
Dermatite causée par les arthropodes, envenimation, maladie de Lyme, paludisme |
Piqûres d’épines et perforation de la peau |
Tétanos |
Mesures de prévention: lutte intégrée contre les ravageurs, vêtements de protection, mesures d’hygiène, vaccination, lutte contre les insectes, crèmes protectrices.
Sources: Estlander, Kanerva et Piirilä, 1996; Meridian Research, Inc., 1994; Raffle et coll., 1994; Sullivan et coll., 1992.
Sources d’exposition |
Effets potentiels sur la santé |
Solvants, benzène, vapeurs, fumigants, insecticides (par exemple, organophosphorés, carbamates, organochlorés), herbicides (par exemple, acides phénoxyaliphatiques, bipyridyls, triazines, arsenic, acentanilides, dinitro-toluidine), fongicides (par exemple, thiocarbamates, dicarboximides) |
Intoxication aiguë, maladie de Parkinson, névrite périphérique, maladie d’Alzheimer, encéphalopathies aiguës et chroniques, lymphome non hodgkinien, maladie de Hodgkin, myélome multiple, sarcome des tissus mous, leucémies, tumeurs du cerveau, de la prostate, de l’estomac, du pancréas et des testicules, gliome |
Rayonnement solaire |
Cancer de la peau |
Dibromochloropropane (DBCP), dibromure d’éthylène |
Stérilité (hommes) |
Mesures de prévention: lutte intégrée contre les ravageurs, port d’un appareil respiratoire autonome, protection de la peau, application correcte des pesticides, observation d’un délai d’attente avant de retourner dans les champs après application de pesticides, étiquetage des récipients, consignes de sécurité, identification d’éventuelles substances cancérogènes et consignes d’élimination.
Sources: Connally et coll., 1996; Hanrahan et coll., 1996; Meridian Research, Inc., 1994; Pearce et Reif, 1990; Popendorf et Donham, 1991; Sullivan et coll., 1992; Zejda, McDuffie et Dosman, 1993.
Sources d’exposition |
Effets sur la santé |
Collisions entre véhicules, entre machines et véhicules, projections d’objets, chutes, manque d’oxygène, incendies |
Accidents mortels et autres |
Tracteurs |
Ecrasement de la poitrine, extravasation (perte de fluides — par exemple, hémorragie — et épanchement pleural), strangulation/asphyxie |
Vis à grain |
Hypovolémie (perte de sang), sepsis et asphyxie |
Electricité |
Electrocution |
Machines et véhicules, ruades et attaques par des animaux de trait, chutes |
Accidents non mortels: infection (par exemple, tétanos) |
Ramasseuses-presses |
Brûlures par friction, écrasement, accident neurovasculaire, avulsion, fractures, amputation |
Prises de force |
Arrachement de la peau ou du cuir chevelu, sectionnement de la main, amputation, traumatismes multiples |
Cueilleuses-dépanouilleuses d’épis de maïs |
Blessures aux mains (brûlures par friction, écrasement, avulsion ou sectionnement de la main ou des doigts) |
Incendies et explosions |
Brûlures graves ou mortelles, inhalation de fumée |
Mesures de prévention: protections contre le renversement ou le cabrage des tracteurs, utilisation correcte des équipements, installation électrique conforme aux normes en vigueur, prévention des incendies, équipement de protection individuelle, bon entretien des machines et des locaux de travail.
Sources: Deere & Co., 1994; Meridian Research, Inc., 1994; Meyers et Hard, 1995.
Céréales commerciales |
Cultures de plein champ |
Légumes, fruits, noix |
Cultures en pépinière |
|
Sources d’accident |
||||
Tracteurs |
11,0 |
9,7 |
– |
1,0 |
Machines |
18,2 |
18,6 |
25,1 |
12,5 |
Bétail |
11,0 |
12,1 |
1,7 |
– |
Outils à main |
13,4 |
13,0 |
19,3 |
3,8 |
Outils à moteur |
4,3 |
4,6 |
0,4 |
17,9 |
Pesticides/produits chimiques |
1,3 |
2,8 |
0,4 |
0,5 |
Plantes, arbres |
2,2 |
3,1 |
7,4 |
4,6 |
Lieux de travail |
11,5 |
11,6 |
6,8 |
5,1 |
Camions, automobiles |
4,7 |
1,4 |
1,5 |
– |
Autres véhicules |
3,6 |
– |
3,5 |
– |
Liquides |
3,1 |
1,0 |
– |
– |
Autres |
15,6 |
22,2 |
34,0 |
54,5 |
Types d’accident |
||||
Entorses/foulures |
20,5 |
23,5 |
39,3 |
38,0 |
Coupures |
16,4 |
32,3 |
18,9 |
21,7 |
Fractures |
20,3 |
6,5 |
4,3 |
5,6 |
Contusions |
9,3 |
9,5 |
12,6 |
14,8 |
Ecrasement |
10,4 |
2,6 |
2,4 |
1,0 |
Autres |
23,1 |
25,6 |
22,5 |
18,9 |
Types d’activité |
||||
Entretien de l’exploitation |
23,8 |
19,1 |
10,8 |
33,3 |
Travail aux champs |
17,2 |
34,6 |
34,0 |
38,2 |
Manutention des cultures |
14,1 |
13,8 |
9,4 |
7,7 |
Gestion du bétail |
17,1 |
14,7 |
5,5 |
3,2 |
Entretien des machines |
22,6 |
10,1 |
18,0 |
– |
Autres |
5,1 |
7,5 |
22,3 |
17,6 |
Source: Meyers, 1997.
Sources |
Effets sur la santé |
Interventions |
Suractivité des tendons, étirements, force excessive |
Affections des tendons (tendinite, ténosynovite) |
Conception ergonomique, réduction des vibrations, vêtements chauds, pauses |
Mouvements répétitifs, mauvaise position du poignet |
Syndrome du canal carpien |
|
Vibrations des mains |
Syndrome de Raynaud |
|
Mouvements répétitifs, force intense, mauvaise posture de travail, vibrations à l’ensemble du corps |
Dégénérescences, douleurs lombaires, hernies discales, affections des systèmes nerveux périphérique, vasculaire, gastro-intestinal et vestibulaire |
|
Bruits de machines et de moteurs |
Pertes d’audition |
Lutte contre le bruit, protection de l’ouïe |
Accélération du métabolisme, hautes températures, forte humidité, eau et électrolytes insuffisants |
Crampes de chaleur, épuisement dû à la chaleur, insolation |
Eau potable, pauses, protection solaire |
Basses températures, vêtements mouillés |
Gelures superficielles, engelures, gelures, hypothermie systémique |
Vêtements chauds et secs, dégagement calorifique lié au mouvement |
Source: Meridian Research, Inc., 1994.
Sources |
Effets sur la santé |
Mesures de prévention |
Isolement, difficultés économiques, conflits de générations, violence, abus de drogues, inceste, pesticides, risques inconsidérés, attitudes patriarcales, climat instable, immobilité |
Dépression, anxiété, incapacité de réagir, suicide |
Diagnostic précoce, soutien psychologique, responsabilisation, contrôle des pesticides, cellules de soutien au niveau de la communauté |
Tuberculose, maladies sexuellement transmissibles (travailleurs migrants) |
Maladies interpersonnelles |
Diagnostic précoce, vaccination, utilisation de préservatifs |
Sources: Boxer, Burnett et Swanson, 1995; Davies, 1995; Meridian Research, Inc., 1994; Parrón, Hernández et Villanueva, 1996.
Les travailleurs agricoles sont sujets à des troubles respiratoires liés à divers types dexposition professionnelle comme le montre le tableau 64.13. Lincidence de ce type daffections est particulièrement marquée dans certains pays.
Laggravation de lasthme dû à des allergènes spécifiques et autres causes non spécifiques est associée à la présence de poussières en suspension dans lair et dautres agents tels que le pollen, les acariens qui foisonnent dans les structures de stockage et les issues de grains. Linflammation des muqueuses est une réaction fréquente aux poussières chez les personnes souffrant de rhinites allergiques ou ayant des antécédents datopie. Le matériel végétal contenu dans les issues de grains semble être capable de provoquer des irritations mécaniques oculaires, tandis que lexposition aux endotoxines et aux mycotoxines peut également être responsable de réactions inflammatoires au niveau des yeux, des voies nasales et de la gorge.
La bronchite chronique est plus fréquente chez les travailleurs agricoles que dans le reste de la population. La majorité des agriculteurs atteints de cette maladie ont des antécédents dexposition aux issues de grains ou ont travaillé dans des porcheries industrielles. La cigarette paraît être un élément favorisant les maladies de ce type. On observe des cas de bronchite aiguë chez les céréaliers, surtout pendant les périodes de récolte.
La pneumopathie par hypersensibilité (alvéolite allergique extrinsèque) est provoquée par une exposition répétée à des antigènes dun certain nombre de substances. Ces antigènes comprennent des micro-organismes que lon trouve dans le foin, le grain ou lensilage moisis. Cette pathologie sobserve aussi chez les travailleurs qui nettoient les lits de semences dans les champignonnières.
Le syndrome toxique dû aux poussières organiques a tout dabord été associé à lexposition à des produits densilage moisis; une maladie similaire est associée à lexposition aux issues de grains. Ce syndrome apparaît sans quil y ait sensibilisation préalable, comme cest le cas pour la pneumopathie par hypersensibilité. Son épidémiologie nest pas encore bien définie.
Les travailleurs agricoles peuvent être exposés à différentes substances pouvant causer des réactions pulmonaires aiguës. Le dioxyde dazote présent dans les silos à grains peut provoquer la mort des travailleurs qui sy trouvent. Emis par diverses sources de combustion, notamment les appareils de chauffage et les moteurs à combustion, le monoxyde de carbone peut provoquer lui aussi des accidents mortels chez les travailleurs exposés à de fortes concentrations de ce gaz à lintérieur des bâtiments. Enfin, outre lexposition aux substances toxiques, le manque doxygène dans les espaces confinés des exploitations agricoles constitue un problème permanent.
Au cours des processus de transformation auxquels ils sont soumis, de nombreux végétaux sont à lorigine daffections pulmonaires. On peut citer, par exemple, la pneumopathie par hypersensibilité causée par le malt moisi (provenant de lorge), les poussières de paprika ou celles de café. La byssinose est provoquée par les poussières de coton, de lin et de chanvre. Un certain nombre de produits naturels subissant des opérations de transformation sont également associés à lasthme professionnel: les gommes végétales, les graines de lin, le ricin, les graines de soja, les grains de café, les produits céréaliers, la farine, les racines diris, la poussière de tabac et la papaïne (Merchant et coll., 1986; Meridian Research, Inc., 1994; Sullivan et coll., 1992).
Les travailleurs agricoles sont exposés à un certain nombre daffections cutanées comme le montre le tableau 64.14; les plus fréquentes sont les dermites irritantes de contact. La dermite allergique de contact est une réaction à lexposition à des sensibilisateurs comme certaines plantes et pesticides. Dautres affections cutanées comprennent les dermites dues à lexposition au soleil, à la chaleur, aux arthropodes et aux rayonnements ultraviolets ainsi que les dermites de photocontact.
Des brûlures peuvent être provoquées de différentes manières, par exemple par les engrais solides qui sont hygroscopiques (Deere & Co., 1994) et brûlent la peau en absorbant son humidité par simple contact. Lammoniac liquéfié est utilisé pour injecter de lazote dans le sol où il se transforme en gaz et se combine immédiatement avec lhumidité ambiante. Si le liquide ou le gaz entre en contact avec la peau, surtout avec les yeux et lappareil respiratoire, il peut entraîner une destruction des cellules ou des brûlures ainsi que des lésions irréversibles en labsence de traitement rapide.
Dans la culture du tabac, les travailleurs risquent de contracter la maladie du tabac vert en manipulant le tabac humide. Leau de pluie ou la rosée déposée sur les feuilles de tabac dissout probablement la nicotine et facilite son absorption par la peau. Cette maladie se manifeste par des céphalées, une pâleur, des nausées, des vomissements et un état de prostration.
Parmi les lésions cutanées, il faut citer les morsures de serpents, les piqûres dinsectes et autres arthropodes et les écorchures dépines qui transmettent des maladies.
Les risques dexposition à des substances toxiques dans le milieu agricole sont nombreux, comme lindique le tableau 64.15. Les produits chimiques utilisés en agriculture comprennent les engrais, les pesticides (insecticides, fumigants et herbicides) et les combustibles. Lexposition aux pesticides est un risque très fréquent, aussi bien dans les pays en développement que dans les pays industriels. Aux Etats-Unis, on a recensé plus de 900 pesticides commercialisés sous plus de 25 000 marques différentes; lagriculture en utilise environ 65%. On les emploie principalement pour lutter contre les insectes et pour réduire les pertes de récolte. Deux tiers (en poids) des pesticides sont des herbicides. On les applique sur les semences, les sols, les plantes ou les récoltes, généralement à laide de pulvérisateurs ou davions-poudreurs. Après application, lexposition aux pesticides peut résulter deffluents gazeux, de la dispersion des produits par le vent ou dun contact de la peau ou des vêtements avec les plantes traitées. Lexposition par voie dermique est le type dexposition le plus fréquent. Un certain nombre de conditions pathologiques sont associées à lexposition aux pesticides, parmi lesquelles on peut citer diverses affections aiguës, chroniques, cancéreuses, immunologiques ou neurotoxiques ainsi que des troubles de la reproduction.
Les travailleurs du secteur agricole sont davantage exposés que ceux des autres secteurs dactivité à certains cancers localisés au niveau du cerveau, de lestomac, du système lymphatique, de la moelle osseuse, des lèvres, de la prostate et de la peau. Lexposition au rayonnement solaire et aux pesticides (surtout aux herbicides) entraîne un risque de cancer plus marqué chez les populations agricoles (Meridian Research, Inc., 1994; Popendorf et Donham, 1991; Sullivan et coll., 1992).
Selon la plupart des études, les travailleurs agricoles sont des populations à haut risque en ce qui concerne les accidents mortels. Aux Etats-Unis, selon une étude sur les accidents mortels du travail survenus entre 1980 et 1989, le taux de mortalité enregistré dans le milieu agricole était de 22,9 pour 100 000 travailleurs contre 7,0 pour lensemble des catégories professionnelles. Les taux moyens de mortalité pour les hommes et les femmes étaient respectivement de 25,5 et 1,5 pour 100 000 travailleurs agricoles. Les causes principales de décès dans le secteur agricole sont liées à lutilisation de machines et de véhicules à moteur. Daprès de nombreuses études, le tracteur est lengin qui est à lorigine du plus grand nombre daccidents mortels, le plus souvent par renversement ou retournement. Dautres causes majeures daccidents mortels sont lélectrocution, le happement, les objets projetés, lenvironnement et la noyade. Lâge est un facteur de risque important chez les travailleurs agricoles de sexe masculin. Aux Etats-Unis, par exemple, le taux de mortalité chez les travailleurs agricoles âgés de plus de 65 ans était denviron 50 cas pour 100 000 travailleurs, soit plus du double de la moyenne générale (Meyers et Hard, 1995) (voir figure 64.40). Le tableau 64.16 dresse une liste des sources possibles de traumatismes et de leurs conséquences.
Selon une étude réalisée en 1993 aux Etats-Unis, les accidents du travail dans lagriculture étaient principalement causés par le bétail (18%), les machines (17%) et les outils à main (11%). Les entorses et les foulures (26%), les coupures (18%) et les fractures (15%) représentaient les types daccidents les plus fréquents. Dans 95% des cas, les victimes étaient des travailleurs de sexe masculin, la majorité appartenant à la tranche dâge 30-39 ans. Le tableau 64.17 indique les sources et la nature des traumatismes dans quatre grands secteurs dactivités agricoles. Aux Etats-Unis, le Conseil national de la sécurité (National Safety Council) estimait à 13,2% le taux dincidence des accidents et des maladies liés au travail parmi les travailleurs agricoles en 1992. Plus de la moitié de ces accidents et maladies avaient entraîné un arrêt de travail de 39 jours en moyenne. En revanche, chez les travailleurs des secteurs de la fabrication et du bâtiment, ces taux étaient respectivement de 10,8 et 5,4%. Selon une autre étude réalisée aux Etats-Unis, 65% de tous les accidents survenus dans les exploitations agricoles avaient nécessité des soins médicaux, et près de la moitié de ceux qui ont entraîné une incapacité permanente avaient été causés par des machines autres que les tracteurs (Meridian Research, Inc., 1994; Boxer, Burnett et Swanson, 1995).
Comme le montre le tableau 64.18, les travailleurs agricoles sont exposés à certaines contraintes thermiques et mécaniques pouvant entraîner des accidents. Un grand nombre de ces contraintes sont liées à la manutention de lourdes charges, à des mouvements répétitifs et dynamiques et à des postures inconfortables. De plus, les conducteurs dengins agricoles sont exposés à des vibrations transmises au corps entier. Une étude rapporte un taux de prévalence de lombalgies de plus de 10% chez les conducteurs de tracteurs.
Les pertes daudition consécutives à lexposition au bruit sont fréquentes; une étude signale que les travailleurs âgés de plus de 50 ans présentent une perte daudition pouvant aller jusquà 55%. Une étude portant sur les étudiants en milieu rural montre quils souffrent deux fois plus de déficits auditifs que les étudiants en milieu urbain.
Les travailleurs agricoles sont également exposés à des températures extrêmes. Il peut sagir dambiances très chaudes et humides comme celles qui prévalent quasiment tout au long de lannée dans les régions tropicales et subtropicales et, pendant lété, dans les zones tempérées. De telles conditions sont extrêmement propices aux contraintes thermiques, aux coups de chaleur et aux insolations. A linverse, le froid très intense auquel peuvent être exposés les travailleurs des régions tempérées pendant lhiver peut être à lorigine dengelures, voire de décès par hypothermie (Meridian Research, Inc., 1994).
Certains aspects de lactivité agricole peuvent être des facteurs de stress pour les travailleurs. Comme le montre le tableau 64.19, ces facteurs peuvent avoir diverses origines: isolement, prise de risques inconsidérés, attitudes patriarcales, exposition aux pesticides, difficultés économiques, intempéries ou encore immobilité. Les problèmes qui leur sont associés vont des dysfonctionnements dans les relations et des conflits à la consommation de stupéfiants, à la violence domestique et au suicide. La plupart des suicides ayant suivi des crises dépressives dans les exploitations agricoles américaines ont touché des sujets mariés travaillant à plein temps; la plupart dentre eux se sont servis darmes à feux pour mettre fin à leurs jours. Les suicides surviennent souvent au cours des périodes de pointe saisonnières (Boxer, Burnett et Swanson, 1995).
Les travailleurs agricoles migrants sont très exposés à la tuberculose. Dans les milieux où la population agricole est surtout masculine, on redoutera plus particulièrement les maladies sexuellement transmissibles. Dans cette même catégorie de travailleurs, les femmes doivent faire face à des problèmes périnataux et à des taux de mortalité infantile ou néonatale importants. Elles nont par ailleurs quune perception partielle des risques professionnels auxquels elles sont exposées. La population des travailleurs migrants agricoles a fait lobjet détudes portant sur de nombreux aspects liés au comportement, notamment les mauvais traitements infligés aux enfants, la violence domestique, la consommation de stupéfiants, les troubles mentaux et les maladies causées par le stress (BIT, 1994).
La poussée démographique ne fait que saccroître et saccompagne dune demande toujours plus importante de produits alimentaires, mais la population sans cesse plus nombreuse fait aussi une utilisation accrue des terres arables à des fins non agricoles. Pour nourrir cette population, plusieurs options se présentent aux agriculteurs: ceux-ci ont notamment le choix entre laccroissement des rendements, la valorisation des terres incultes et la réduction, voire larrêt complet de la destruction des terres agricoles existantes. Au cours des 25 dernières années, le monde a fait lexpérience de la «révolution verte», notamment en Amérique du Nord et en Asie. Cette révolution sest traduite par une augmentation considérable de la production alimentaire, production stimulée par la mise au point de nouvelles souches génétiques plus productives, lemploi accru dengrais et de pesticides et le recours croissant à la mécanisation. La nécessité daccroître encore cette production se heurte, dune certaine manière, à celle de relever un certain nombre de défis visant lenvironnement et la santé publique: lutte contre la pollution et lappauvrissement des sols, mise au point de nouvelles méthodes de lutte contre les ravageurs, promotion de lagriculture durable, réduction du travail des enfants et élimination de la culture des plantes servant à fabriquer des drogues illicites.
La pollution de leau est le plus grave de tous les problèmes liés à lenvironnement. Lagriculture est largement responsable de cette situation puisquelle favorise la pollution par laccumulation de sédiments et de sels et par lutilisation dengrais et de pesticides. Le ruissellement de sédiments conduit à lérosion des sols aux dépens de la production agricole. Le remplacement naturel de 2,5 cm de couche arable à partir de la roche mère et des matériaux de surface est un processus qui sétale sur une durée de 200 à 1 000 ans, durée extrêmement longue à léchelle humaine.
La sédimentation dans les cours deau, lacs et estuaires accroît la turbidité de leau, phénomène qui se traduit par une diminution de la lumière dont les plantes aquatiques submergées ont besoin et menace gravement, en outre, les espèces qui dépendent de ce type de végétation. Elle envahit aussi les voies fluviales et les retenues artificielles, augmentant les coûts de dragage et réduisant la capacité de stockage des sources dapprovisionnement en eau, des systèmes dirrigation et des centrales hydroélectriques. Les résidus dengrais, tant synthétiques que naturels, apportent à leau phosphore, nitrates et autres éléments nutritifs qui stimulent le développement dalgues, menaçant les plans deau dune éventuelle eutrophisation et risquant de décimer les populations de poissons. Les pesticides, en particulier les herbicides, contaminent les eaux de surface et ne sont que très partiellement éliminés par les systèmes conventionnels de traitement de leau en aval des cours deau. En outre, ils contaminent les aliments et le fourrage. Les eaux souterraines sont une source deau potable pour de nombreuses populations; elles servent aussi à abreuver les animaux et à irriguer les cultures. Elles sont également contaminées par les pesticides et par les nitrates provenant des engrais.
Lirrigation a certes permis détendre la production agricole à des régions où lexploitation intensive était auparavant impossible, mais elle a aussi des retombées négatives. Les nappes aquifères sépuisent là où les quantités deau souterraine puisées sont telles quelles excèdent leur capacité de se reconstituer; il peut aussi en résulter un affaissement des sols. Dans les régions arides, lirrigation est en partie responsable de la minéralisation et de la salinisation des terres et de leau, en même temps quelle épuise les cours deau. Des mesures dexploitation rationnelle et de conservation des eaux peuvent contribuer à limiter limpact de ces divers phénomènes (National Research Council (NRC), 1989).
Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, lutilisation des pesticides organiques synthétiques (fumigants, insecticides, herbicides et fongicides) connut un succès considérable mais saccompagna très vite dune pléthore dinterrogations. Les producteurs virent dabord dans les pesticides synthétiques à large spectre une solution aux problèmes que posaient les vermines et autres fléaux qui ravageaient les cultures depuis toujours. Toutefois, leur utilisation a fait apparaître des problèmes de santé chez les humains et a exercé un impact préjudiciable important sur lenvironnement. Ainsi, les hydrocarbures chlorés subsistent dans le sol et saccumulent dans lorganisme des poissons, des coquillages et des oiseaux. Il y a lieu de noter que la charge corporelle dhydrocarbures chez les animaux a baissé dans les communautés qui ont éliminé ou limité lutilisation de ces produits.
Lapplication des pesticides a eu des effets délétères sur des espèces autres que celles qui étaient visées. De plus, les ravageurs peuvent acquérir une résistance à ces produits et lon connaît aujourdhui de nombreux exemples despèces résistantes qui sont devenues des prédateurs encore plus virulents. Les producteurs doivent donc envisager de nouveaux moyens de lutte contre les ravageurs. La lutte intégrée fait partie des moyens daction basés sur des principes écologiquement rationnels; elle se fonde sur des méthodes de lutte chimique et biologique, les moyens chimiques étant utilisés dans la mesure où ils ne sopposent pas, ou le moins possible, aux moyens biologiques. En fait, ce système de protection des cultures vise moins à éliminer les insectes et les plantes nuisibles quà endiguer leur prolifération à un niveau nayant aucune incidence dommageable sur léconomie (NRC, 1989).
Aujourdhui, on exploite de plus en plus des cultures transgéniques (voir tableau 64.20), mais les bons résultats obtenus ne peuvent occulter les risques quelles présentent. Parmi les aspects positifs de ces manipulations génétiques, on citera le cas dune variété de coton à laquelle on a incorporé un gène de résistance aux insectes. Cette souche, maintenant utilisée aux Etats-Unis, ne nécessite plus quune seule application dinsecticides, au lieu des cinq ou six applications précédemment requises. La plante produit son propre insecticide, réduisant ainsi les coûts dapplication et la contamination de lenvironnement. Toutefois, les ravageurs développent une résistance à ces nouvelles formes de pesticides. Lorsquun petit nombre de ravageurs survit à un pesticide synthétique, ils peuvent lui devenir résistants. Les ravageurs les plus virulents peuvent ainsi subsister et ce nouveau type de fléau, en sétendant de cultures en cultures, peut prendre des proportions considérables. Ainsi, une variété de coton génétiquement modifiée permet actuellement de lutter contre le charançon des capsules de coton. Mais un charançon résistant est apparu, et il se pourrait que 200 autres cultures soient attaquées par ce ravageur devenu insensible au pesticide (Toner, 1996).
Cultures |
Variétés |
Colza |
Une variété modifiée pour produire une huile riche en acide laurique |
Coton |
Trois variétés résistantes aux insectes et aux herbicides |
Courges |
Une variété résistante à deux virus |
Graines de soja |
Une variété résistante aux herbicides |
Maïs |
Deux variétés résistantes aux insectes |
Pommes de terre |
Une variété résistante aux insectes |
Tomates |
Cinq variétés à mûrissage étalé dans le temps et à peau plus épaisse |
Source: Toner, 1996.
En raison des inquiétudes que suscitent aujourdhui les problèmes économiques et écologiques, de nouvelles méthodes de production commencent à être mises en place pour réduire le coût des intrants, conserver les ressources naturelles et protéger la santé des êtres humains. Ces nouvelles méthodes privilégient la gestion rationnelle des ressources, les relations biologiques et les processus naturels.
En 1987, la Commission mondiale sur lenvironnement et le développement a défini la notion de développement durable comme étant un développement pouvant répondre «aux besoins et aspirations des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins» (Myers, 1992). Dans son sens le plus large, une agriculture durable fournit en quantités suffisantes des produits alimentaires de qualité, protège les ressources et lenvironnement tout en étant rentable. Les risques pour la santé humaine sont abordés dans le cadre dune approche fondée sur des systèmes. Le concept dagriculture durable repose sur une autre notion qui est celle de la sécurité sur les lieux de travail. Par agriculture durable, il faut entendre aussi lutilisation rationnelle de toutes les ressources dont on peut disposer, cest-à-dire la terre, leau, les engrais, les pesticides, les bâtiments agricoles, les animaux, le capital et le crédit, sans oublier les personnes qui font partie de la communauté agricole.
Dans le monde entier, les pays industriels ne faisant pas exception à la règle, les enfants participent aux tâches agricoles. Deux millions denfants âgés de moins de 19 ans vivent dans des exploitations agricoles aux Etats-Unis et lon estime à quelque 100 000 le nombre de ceux qui sont blessés chaque année par suite daccidents liés aux travaux agricoles. Ce sont généralement des enfants de producteurs ou de travailleurs agricoles (National Committee for Childhood Agricultural Injury Prevention, 1996). Lagriculture est lun des rares secteurs dactivité économique, tant dans les pays développés que dans ceux en développement, où les enfants sont autorisés à effectuer des travaux dadultes. Les enfants sont aussi exposés à certains risques quand ils accompagnent leurs parents au travail ou leur rendent visite pendant leurs loisirs. Les causes principales daccidents sont les tracteurs, les machines agricoles, le bétail, les bâtiments et les chutes. Les enfants sont aussi exposés aux pesticides, aux combustibles, aux vapeurs nocives, aux substances irritantes en suspension dans lair, au bruit, aux vibrations, aux zoonoses et au stress. On emploie des enfants dans les plantations du monde entier; ils travaillent avec leurs parents au sein dune équipe rémunérée à la tâche et au titre de travailleurs migrants; ils sont parfois recrutés directement pour accomplir certaines tâches sur les plantations (BIT, 1994).
Les problèmes et les conditions de vie et de travail des travailleurs migrants et des enfants sont traités dans une autre section du présent chapitre et dans dautres chapitres de lEncyclopédie.
Certaines plantes napparaissent pas dans la littérature officielle, car elles sont illicites. Elles sont cultivées pour produire des stupéfiants destinés à la consommation humaine. Ces substances ont le pouvoir daltérer les capacités de jugement, elles engendrent la toxicodépendance et peuvent entraîner la mort. De plus, la culture de ces plantes dérobe aux terres leur potentiel de production agroalimentaire. Parmi ces plantes, on trouve le pavot (utilisé pour la production dopium et dhéroïne), les feuilles de coca (utilisées pour la production de cocaïne et de crack) et le cannabis ou chanvre indien (utilisé pour la production de marijuana). Depuis 1987, la production mondiale de pavot et de coca sest accrue, mais celle du cannabis a baissé, comme le montre le tableau 64.21. Le commerce de drogues illicites comprend cinq étapes entre le producteur et le consommateur: la culture, la transformation, le transit, la distribution en gros et la vente au détail. Pour enrayer lapprovisionnement en drogues illicites, les gouvernements essaient de concentrer leurs efforts sur léradication de la production. Ainsi, la destruction de 200 hectares de coca peut priver le marché de la drogue denviron une tonne de cocaïne raffinée pendant deux ans, cest-à-dire le temps requis pour reconstituer le stock à partir dune nouvelle récolte. Bien que certains gouvernements sy opposent, lépandage dherbicides par voie aérienne constitue lun des moyens de lutte les plus efficaces. Léradication manuelle constitue une autre option, mais elle expose les travailleurs à des réactions violentes de la part des producteurs (US Department of State, 1996). Certaines des plantes considérées ont cependant un usage légal; on fabrique la morphine et la codéine à partir de lopium, par exemple. Lexposition à leurs poussières peut entraîner des risques dintoxication sur les lieux de travail (Klincewicz et coll., 1990).
Cultures |
Produits |
Hectares cultivés |
||
1987 |
1991 |
1995 |
||
Pavot |
Opiacés |
112 585 |
226 330 |
234 214 |
Coca (feuilles) |
Cocaïne |
175 210 |
206 240 |
214 800 |
Cannabis |
Marijuana |
24 423 |
20 919 |
12 205 |
Source: US Department of State, 1996.