Le présent chapitre est constitué dune série de fiches signalétiques sur un certain nombre de métaux. Les risques physiques et chimiques liés à ces métaux et à leurs composés ainsi que leurs principaux effets sur la santé sont résumés dans une série de tableaux (63.2 et 63.3). Tous les métaux ne sont pas traités. On constatera, par exemple, que le cobalt et le béryllium sont étudiés dans le chapitre no 10, «Lappareil respiratoire». Dautres métaux sont décrits plus en détail dans les articles consacrés aux différentes branches dactivité où ils occupent une place prédominante. Les éléments radioactifs figurent, quant à eux, dans le chapitre no 48, «Les rayonnements ionisants». Pour des compléments dinformation sur la toxicité des substances chimiques, le lecteur est invité à se reporter au chapitre no 104, «Aide-mémoire des produits chimiques», dans le volume IV de la présente Encyclopédie . Les composés du calcium et ceux du bore y sont notamment traités. Pour des informations spécifiques concernant la surveillance biologique, le lecteur est prié de se reporter au chapitre no 27 «Lévaluation des risques biologiques». RemerciementsLes informations présentées sont le fruit dune révision exhaustive et dun enrichissement des données sur les métaux qui figuraient dans la 3e édition anglaise de lEncyclopédie . Les membres du Comité scientifique de la toxicologie des métaux de la Commission internationale de la santé au travail ont pris une part déterminante à cet effort. On trouvera ci-après la liste de leurs noms, ainsi que celle dautres collaborateurs. Réviseurs: L. Alessio Antero Aitio P. Aspostoli M. Berlin Tom W. Clarkson C.G. Elinder Lars Friberg Byung-Kook Lee N. Karle Mottet D.J. Nager Kogi Nogawa Tor Norseth C.N. Ong Kensaborv Tsuchiva Nies Tsukuab Autres personnes ou organismes ayant participé en tant que réviseur ou quauteur à la révision de ce chapitre de la 4e édition anglaise: Gunnar Nordberg Sverre Langård F. William Sunderman, Jr. Jeanne Mager Stellman Debra Osinsky Pia Markkanen Bertram D. Dinman Agence pour le Registre des substances toxiques et des maladies (Agency for Toxic Substances and Disease Registry (ATSDR)) Les révisions ont été faites à partir des articles de la 3e édition rédigés par les auteurs suivants: A. Berlin, M. Berlin, P.L. Bidstrup, H.L. Boiteau, A.G. Cumpston, B.D. Dinman, A.T. Doig, J.L. Egorov, C.G. Elinder, H.B. Elkins, I.D. Gadaskina, J. Glømme, J.R. Glover, G.A. Gudzovskij, S. Horiguchi, D. Hunter, Lars Järup, T. Karimuddin, R. Kehoe, R.K. Kye, Robert R. Lauwerys, S. Lee, C. Marti-Feced, Ernest Mastromatteo, O. Ja Mogilevskaja, L. Parmeggiani, N. Perales y Herrero, L. Pilat, T.A. Ro ina, M. Sari , H.I. Scheinberg, P. Schüler, Herbert E. Stokinger, H.J. Symanski, R.G. Thomas, D.C. Trainor, Floyd A. van Atta, R. Wagg, Mitchell R. Zavon et R.L. Zielhuis. |
Laluminium (Al) est le métal le plus abondant de la lithosphère, où il se trouve en combinaison avec loxygène, le fluor, la silice, etc., mais jamais sous forme métallique. La bauxite est la principale source daluminium. Elle est composée dun mélange de minéraux qui se sont constitués par laltération superficielle de roches aluminifères. Les bauxites sont la forme la plus riche parmi ces minerais altérés, renfermant jusquà 55% dalumine. Certains minerais latéritiques (renfermant des pourcentages de fer plus élevés) contiennent jusquà 35% doxyde daluminium (Al2O3). Les bauxites dimportance industrielle sont essentiellement la gibbsite (Al2O3·3H2O) et la boehmite (Al2O3·H2O) que lon trouve en Australie, en Guyana, en France, au Brésil, au Ghana, en Guinée, en Hongrie, en Jamaïque et au Suriname. En 1995, la production mondiale de bauxite sest élevée à 111 064 millions de tonnes. La gibbsite se dissout mieux que la boehmite dans les solutions de soude caustique, doù la préférence qui lui est accordée pour la production de lalumine.
Laluminium est largement utilisé dans toutes les industries, et en plus grandes quantités que tout autre métal non ferreux; la production mondiale de métal primaire sest élevée en 1995 à 20 402 000 tonnes. Il existe de nombreux alliages daluminium formés avec des éléments tels que le cuivre, le zinc, le silicium, le magnésium, le manganèse et le nickel; les alliages spéciaux peuvent contenir de petites quantités de chrome, de plomb, de bismuth, de titane, de zirconium et de vanadium. Laluminium et ses alliages en lingots se prêtent aux traitements par extrusion, laminage, tréfilage, forgeage et fusion. Les produits finis sont utilisés dans la construction navale, pour les garnitures internes et les superstructures; en électrotechnique, pour la fabrication des fils et des câbles électriques; dans le bâtiment, pour les revêtements de façades et les châssis de portes et fenêtres, les toits et les placages et, dans la construction aéronautique, pour les structures et le revêtement extérieur des avions et dautres composants; dans la construction automobile, pour les carrosseries, les blocs moteurs et les pistons; dans la fabrication des appareils ménagers et du matériel de bureau et en bijouterie. La tôle daluminium sert surtout à fabriquer des conteneurs de boissons et de produits alimentaires, tandis que la feuille daluminium est employée dans lindustrie de lemballage. La poudre daluminium entre dans la composition des peintures en tant que pigment; elle est aussi utilisée en pyrotechnie. Les produits fabriqués en aluminium reçoivent souvent une couche superficielle protectrice et décorative par anodisation.
Le chlorure daluminium est utilisé dans le crackage du pétrole et lindustrie du caoutchouc. A lair, il dégage des fumées, forme de lacide chlorhydrique et se combine avec leau en une réaction explosive; il devrait donc être conditionné dans des conteneurs hermétiquement clos et protégés de lhumidité.
Les composés alkylaluminiques. Ils prennent de plus en plus dimportance en tant que catalyseurs dans la production de poly-éthyène basse pression. Les risques quils présentent sont les intoxications, les brûlures et les incendies. Extrêmement réactifs en présence de lair, de lhumidité et des composés qui renferment de lhydrogène actif, ils devraient être stockés sous gaz inerte.
Pour la production des alliages daluminium, laluminium fin est porté à son point de fusion dans des fours chauffés au mazout ou au gaz. On introduit dans la masse une quantité prédéterminée de durcisseur contenant des blocs daluminium ayant une certaine teneur en manganèse, en silicium, en zinc, en magnésium, etc. La masse en fusion est ensuite malaxée avant de passer dans un four de maintien en température où intervient le dégazage, par passage dun mélange soit dargon-chlore, soit dazote-chlore à travers le métal. Lémission de gaz qui en résulte (acide chlorhydrique, hydrogène et chlore) peut provoquer des maladies professionnelles et un grand soin devrait être apporté au captage et à lépuration de ces gaz avant quils natteignent lenvironnement extérieur, où ils pourraient également provoquer des dégâts. On écume la surface du métal en fusion pour en éliminer la crasse, puis on le déverse dans des conteneurs pour réduire le plus possible lexposition à lair pendant le refroidissement. On introduit dans le four un flux contenant des fluorures ou des chlorures pour favoriser la séparation de laluminium pur de la crasse. Des vapeurs denses doxyde daluminium et de fluorure peuvent se dé-gager; aussi cette étape de la production devrait-elle être soigneusement contrôlée. Un équipement de protection individuelle peut être nécessaire. Le procédé de fusion de laluminium est décrit au chapitre no 82, «Lindustrie de la transformation des métaux». Dans les ateliers de coulée, le personnel peut être également exposé à lanhydride sulfureux.
Différentes formes cristallines de loxyde daluminium servent de matières premières pour la fusion dabrasifs, de réfractaires et de catalyseurs. Une série de rapports publiés de 1947 à 1949 signale une fibrose interstitielle progressive, non nodulaire, dans lindustrie des abrasifs à laluminium où lon traite loxyde daluminium et le silicium. Cette affection, connue sous le nom de maladie de Shaver, évolue rapidement et est souvent mortelle. Les sujets (des travailleurs produisant de lAlundum) avaient été exposés à des vapeurs denses comprenant de loxyde daluminium, de la silice cristalline et du fer. Les particules avaient une taille qui permettait de les inhaler. Il semble bien que cette affection se soit largement répandue du fait de laction hautement nocive de la silice libre cristalline finement divisée sur les poumons, plutôt que de celle de loxyde daluminium inhalé, bien que létiologie exacte de la maladie ne soit pas connue. La maladie de Shaver ne présente actuellement quun intérêt historique, car aucun rapport nen fait état au cours de la deuxième moitié du XXe siècle.
Des études concernant les effets sur la santé de fortes expositions (100 mg/m3) à loxyde daluminium chez les travailleurs affectés au procédé Bayer (décrit au chapitre no 82, «Lindustrie de la transformation des métaux») ont montré que les travailleurs exposés pendant plus de vingt ans peuvent développer des altérations pulmonaires. Ces changements sont cliniquement caractérisés par des diminutions mineures, essentiellement asymptomatiques, de la fonction pulmonaire. Lexamen radiologique du thorax révèle de faibles opacités irrégulières, en particulier à la base des poumons. Ces réponses cliniques ont été attribuées au dépôt de poussières dans les parenchymes pulmonaires, résultant dune très forte exposition sur le lieu de travail. Ces signes et symptômes ne peuvent être comparés à la réponse extrême de la maladie de Shaver. Notons que dautres études épidémiologiques réalisées au Royaume-Uni concernant lexposition à lalumine (largement répandue dans lindustrie de la poterie) nont pas prouvé que linhalation de poussières dalumine révèle des signes chimiques ou radiographiques dune maladie ou dune dysfonction pulmonaire.
Les effets toxicologiques des oxydes daluminium continuent de présenter de lintérêt en raison de limportance industrielle de ces composés. Les résultats dexpériences effectuées sur des animaux demeurent controversés. Un oxyde daluminium particulièrement fin (0,02 à 0,04 µm), catalytiquement actif, dusage industriel peu courant, peut provoquer des modifications pulmonaires chez les animaux ayant reçu une injection de ce composé directement dans les voies pulmonaires. A des doses plus faibles, aucun effet na été observé.
Notons que ce que lon appelle «potroom asthma» ou asthme des fondeurs, qui a été fréquemment observé chez des travailleurs affectés au traitement de laluminium, peut être probablement attribué à des expositions aux flux de fluorures plutôt quaux poussières daluminium elles-mêmes.
La production daluminium a été classée dans le Groupe 1, sous la rubrique des expositions cancérogènes humaines connues, par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Comme pour dautres maladies décrites ci-dessus, il semble bien que le pouvoir cancérogène soit attribuable à la présence dautres substances (par exemple, des hydrocarbures polycycliques aromatiques et de la poussière de silice), bien que le rôle exact des poussières daluminium nait pas été vraiment élucidé.
Il existe certaines données concernant labsorption de taux élevés daluminium et les lésions de tissus nerveux parmi les sujets sous dialyse rénale. Des taux élevés daluminium peuvent entraîner des lésions cervicales graves, voire mortelles. Toutefois, cette réaction a également été observée chez dautres sujets sous dialyse, mais dont le cerveau ne présentait pas des taux daluminium aussi élevés. Des expériences réalisées sur des animaux nont pas pu reproduire cette réaction du cerveau, ou maladie dAlzheimer, dont lhypothèse a également été émise dans la littérature. Des études de contrôle épidémiologiques et cliniques concernant ces sujets nont pas donné de résultats définitifs, et les études épidémiologiques effectuées sur une grande échelle chez des travail-leurs affectés au traitement de laluminium nont pas apporté la preuve de tels effets.
Lantimoine (Sb) est stable à la température ambiante, mais chauffé, il brûle avec éclat, en dégageant des fumées blanches doxyde dantimoine (Sb2O3), dodeur alliacée. Chimiquement, cest un proche parent de larsenic. Il sallie facilement avec larsenic, le plomb, létain, le zinc, le fer et le bismuth.
Dans la nature, on trouve lantimoine en combinaison avec de nombreux éléments, les minerais les plus communément rencontrés étant la stibnite (SbS3), la valentinite (Sb2O3), la kermésite (Sb2S2O) et la sénarmontite (Sb2O3).
Lantimoine de haute pureté est employé dans lindustrie des semi-conducteurs. Lantimoine de pureté normale est largement utilisé dans la production des alliages dont il augmente la dureté, la résistance mécanique et la résistance à la corrosion et auxquels il confère un faible coefficient de friction; les alliages qui combinent létain, le plomb et lantimoine servent dans lindustrie électrique. Parmi les plus importants alliages de lantimoine, il faut citer le régule, lalliage détain, le métal blanc, le métal anglais et les alliages antifriction. Ces divers alliages entrent dans la fabrication des coussinets, des plaques daccumulateurs et des gaines de câbles, ainsi que dans la brasure, la fonderie ornementale et les munitions. La résistance de lantimoine métallique vis-à-vis des acides et des bases est mise à profit dans les usines chimiques.
Lintoxication par ingestion, par inhalation ou par absorption percutanée représente le principal danger. Cest lappareil respiratoire qui est la voie privilégiée de pénétration dans lorganisme, lantimoine se présentant le plus souvent sous forme de fines poussières en suspension dans lair. Lingestion peut résulter de labsorption orale accidentelle de poussières ou de la pollution des boissons, des aliments ou du tabac. Labsorption percutanée est plus rare, mais peut cependant se produire lorsque lantimoine est en contact prolongé avec la peau.
La poussière des mines doù lon extrait le minerai dantimoine peut contenir de la silice et causer chez les mineurs une pneumoconiose (appelée silico-antimoniose ). Durant les étapes de la production, le minerai dantimoine, qui est extrêmement friable, se réduit en fines poussières beaucoup plus rapidement que la roche qui le renferme, ce qui conduit à des concentrations atmosphériques élevées durant les opérations de réduction et de criblage. Les poussières produites pendant le broyage du minerai sont relativement grossières, et les opérations subséquentes classification, flottation, filtration et autres sont effectuées par voie humide et sont par conséquent exemptes de poussières. Le personnel des fours daffinage de lantimoine métallique et de production des alliages, ainsi que les compositeurs dimprimerie sont exposés à des poussières et à des vapeurs dantimoine métal, et leurs poumons peuvent présenter des opacités miliaires diffuses, sans aucun signe clinique ou fonctionnel toutefois en labsence de poussières de silice.
Linhalation daérosols dantimoine peut produire des réactions locales des muqueuses, de lappareil respiratoire et des poumons. Lexamen de mineurs, de fondeurs et de travailleurs affectés à lenrichissement, exposés aux vapeurs et poussières dantimoine, a révélé des dermatoses, des rhinites, des inflammations des voies respiratoires supérieures et profondes, ainsi que des cas de pneumonie, voire de gastrites ou de conjonctivite et jusquà des perforations septales.
La pneumoconiose, parfois associée à des obstructions pulmonaires, a été signalée après une exposition de longue durée. Bien que la pneumoconiose provoquée par lantimoine soit considérée comme bénigne, les effets respiratoires chroniques liés à une exposition à lantimoine ne le sont pas quant à eux. De plus, des effets sur le cur, parfois fatals, ont été associés à une exposition de longue durée au trioxyde dantimoine.
On observe parfois des infections cutanées purulentes chez des personnes en contact avec de lantimoine ou des sels dantimoine. Ces éruptions sont temporaires et affectent principalement les zones cutanées qui ont été exposées à la chaleur ou à la transpiration.
Par ses propriétés chimiques et son action métabolique, lantimoine sapparente à larsenic et, du fait que les deux éléments se trouvent souvent associés, laction de lantimoine risque dêtre confondue avec celle de larsenic, en particulier chez les fondeurs. Cependant, des expériences effectuées avec lantimoine métal de haute pureté ont montré que sa toxicité est complètement indépendante; différents auteurs situent sa dose létale moyenne entre 10 et 11,2 mg/100 g.
Si lantimoine peut pénétrer dans lorganisme à travers la peau, la voie dentrée principale demeure la voie pulmonaire. A partir des poumons, lantimoine, et plus spécialement lantimoine libre, est absorbé et passe dans le sang et les tissus. Des recherches pratiquées sur des travailleurs et des expériences faites avec de lantimoine radioactif ont montré que la majeure partie de la dose absorbée est métabolisée dans les 48 heures avant dêtre éliminée par les selles et, à un degré moindre, par les urines. Le reste peut séjourner dans le sang pendant une durée considérable, la teneur érythrocytaire en antimoine étant beaucoup plus élevée que le taux sérique. Chez les travailleurs exposés à lantimoine pentavalent, lexcrétion urinaire de lantimoine est proportionnelle à lintensité de lexposition. On estime quaprès une exposition de 8 heures à 500 µg de Sb/m3 laugmentation de la concentration dantimoine excrétée par les urines à la fin dun poste de travail sélève en moyenne à 35 µg/g de créatinine.
Lantimoine inhibe lactivité de certaines enzymes, se lie aux groupes sulfhydryle du sérum et perturbe le métabolisme des protéines et des hydrates de carbone ainsi que la production de glycogène par le foie. Des recherches expérimentales prolongées sur des animaux, à laide daérosols dantimoine, ont abouti au développement dune stéatose pulmonaire endogène. Des atteintes cardiaques et des cas de mort subite ont été également enregistrés chez des travailleurs exposés à lantimoine. Une fibrose focale des poumons et des atteintes cardio-vasculaires ont aussi été observées dans des expériences sur des animaux.
Lutilisation thérapeutique de médicaments à base dantimoine a permis de détecter, en particulier, la toxicité myocardique cumulative des dérivés trivalents de lantimoine (qui sont excrétés plus lentement que les dérivés pentavalents). Une réduction damplitude de londe T, une augmentation de lintervalle QT et des arythmies ont été observées sur les électrocardiogrammes.
Lintoxication aiguë a pour principaux signes cliniques une forte irritation de la bouche, du nez, de lestomac et des intestins, des vomissements et des selles sanglantes, ainsi quune respiration courte et ralentie, un coma évoluant parfois vers la mort par épuisement et des complications hépatiques et rénales. Lintoxication chronique se manifeste par une sécheresse de la gorge, des nausées, des céphalées, de linsomnie, de linappétence et des vertiges. Des différences entre les hommes et les femmes ont été notées par certains auteurs concernant les effets de lantimoine, mais elles nont pu être vérifiées.
La stibine (SbH3), ou hydrure dantimoine (antimoniure dhydrogène) , est produite par dissolution des alliages zinc-antimoine ou magnésium-antimoine dans lacide chlorhydrique dilué. Toutefois, ce composé apparaît fréquemment comme un sous-produit du traitement des métaux contenant de lantimoine par des acides réducteurs ou si lon surcharge des accumulateurs. La stibine a été employée comme fumigant. La stibine de haute pureté est utilisée comme dopant de type n en phase gazeuse pour la silice pure dans les semi-conducteurs. La stibine est un gaz extrêmement toxique. A linstar de larsine, elle peut détruire les cellules sanguines et causer une hémoglobinurie, un ictère, une anurie et la mort. Les symptômes de lintoxication sont des céphalées, des nausées, des douleurs épigastriques et une émission urinaire rouge foncé après lexposition au composé toxique.
Le trioxyde dantimoine (Sb2O3) est le plus important des oxydes dantimoine. Dans lair, il demeure en suspension durant un temps exceptionnellement long. Il est obtenu à partir du minerai par grillage ou par oxydation de lantimoine métallique et sublimation consécutive; il est utilisé dans la fabrication de lémétique, comme pigment de peinture, dans la production des émaux et glaçures et comme ignifuge.
Le trioxyde dantimoine est à la fois un toxique systémique et cutané, bien que sa toxicité soit trois fois inférieure à celle du métal. Dans des expériences de longue durée sur des animaux, des rats exposés au trioxyde dantimoine par inhalation ont fréquemment présenté des tumeurs pulmonaires. On a rapporté à Newcastle une mortalité excessive due au cancer des poumons parmi les travailleurs affectés à la fonte de lantimoine pendant plus de 4 ans, à une concentration moyenne dans lair de 8 mg/m3. En plus des vapeurs et poussières dantimoine, ces travailleurs avaient été exposés aux effluents de la production de zirconium et de soude caustique. Aucune autre expérience na apporté dinformation concernant le caractère cancérogène du trioxyde dantimoine. Ce dernier a été classé par la Conférence américaine des hygiénistes gouvernementaux du travail (American Conference of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH)) comme substance chimique associée à des procédés industriels susceptibles de provoquer un cancer.
Le pentoxyde dantimoine (Sb2O5) est produit par oxydation du trioxyde ou du métal pur dans lacide nitrique à chaud. Il est utilisé pour la fabrication de peintures et de laques, en verrerie, en céramique et dans lindustrie pharmaceutique. Le pentoxyde dantimoine est apprécié pour sa faible toxicité.
Le trisulfure dantimoine (Sb2S3) est un minéral naturel, lantimonite, mais on peut aussi lobtenir par synthèse. On lutilise en pyrotechnie, dans la fabrication des allumettes et des explosifs, dans la fabrication du faux rubis et comme pigment et plastifiant dans lindustrie du caoutchouc. On a observé une plus grande fréquence danomalies cardiaques chez les travailleurs exposés à ce composé. Le pentasulfure dantimoine (Sb2S5) présente pratiquement les mêmes applications que le trisulfure et une faible toxicité.
Le trichlorure dantimoine (SbCl3), ou protochlorure dantimoine (beurre dantimoine) , résulte de linteraction du chlore et de lantimoine ou de la dissolution du trisulfure dantimoine dans lacide chlorhydrique. Le pentachlorure dantimoine (SbCl5) provient de laction du chlore sur le trichlorure dantimoine fondu. Les chlorures dantimoine sont utilisés pour bronzer lacier, pour teinter laluminium, létain et le zinc, comme catalyseurs dans les synthèses organiques, spécialement dans lindustrie du caoutchouc et lindustrie pharmaceutique. De plus, le trichlorure dantimoine est employé dans la fabrication des allumettes et lindustrie du pétrole. Ces divers composés sont des substances très toxiques, irritantes et corrosives pour la peau. La DL50 du trichlorure est de 2,5 mg/100 g.
Le trifluorure dantimoine (SbF3) est préparé par dissolution du trioxyde dantimoine dans lacide fluorhydrique; il est utilisé en synthèse organique, en teinture et dans lindustrie céramique. Il est extrêmement toxique et irritant pour la peau. Sa DL50 est de 2,3 mg/100 g.
Lessentiel dun programme de prévention des intoxications par lantimoine porte sur lélimination des poussières et des vapeurs à tous les stades du traitement industriel.
Dans lindustrie extractive, les mesures préventives sont en général celles appliquées dans les mines métalliques. Durant le concassage, le minerai devrait être arrosé ou le processus mis en vase clos et soumis à une aspiration localisée complétée par une ventilation générale appropriée. Dans les fonderies dantimoine, la séparation et lautomatisation des opérations de fusion éviteront, toutes les fois que ce sera possible, les risques associés à la préparation des charges, à la conduite des fours, à lébarbage et aux opérations en cellule électrolytique. Les travailleurs de fonderie seront protégés par des pulvérisations deau et par une ventilation efficace.
Lorsque lélimination complète du risque nest pas possible, les mains, les bras et le visage des travailleurs seront protégés par des gants, des vêtements étanches aux poussières et des lunettes; lorsque la concentration atmosphérique est élevée, des appareils de protection respiratoire seront distribués. Des crèmes barrières devraient aussi être appliquées, surtout lorsquon manipule des composés solubles dantimoine; dans ce cas, on devrait également porter des vêtements imperméables et des gants de caoutchouc. Les précautions dhygiène corporelle seront strictement observées; aucune nourriture et aucune boisson ne seront consommées dans les ateliers, et des installations sanitaires adéquates seront mises à la disposition du personnel afin quil puisse se laver avant les repas et avant de quitter les lieux de travail.
Largent (Ag) se rencontre sur toute la surface du globe, mais les gisements les plus riches se trouvent au Mexique, dans louest des Etats-Unis, en Bolivie, au Pérou, au Canada et en Australie. Cest en général un sous-produit des minerais argentifères de plomb, de zinc et de cuivre, dans lesquels il se présente sous forme de sulfure dargent, ou argentite (Ag2S). On le trouve aussi dans les mine-rais aurifères, en particulier dans la calavérite ou tellurure dor ((AuAg)Te2).
A létat pur, largent est trop tendre pour la fabrication des monnaies, des ornements, de la coutellerie, de lorfèvrerie et de la joaillerie, toutes applications pour lesquelles on le durcit par alliage avec le cuivre. En raison de sa grande résistance à lacide acétique, il sert à fabriquer les cuves dans lesquelles on prépare cet acide, le vinaigre, le cidre et la bière. Il entre dans la composition des barres omnibus et des bobinages dans lindustrie électrique, dans celle des apports de brasage, des amalgames dentaires, des piles de grande capacité, des coussinets, dans les alliages de brasure et largenture des perles de verroterie. Il sert aussi en argenterie et dans les peintures pour céramiques.
Largent est utilisé dans la production du formaldéhyde, de lacétaldéhyde et des aldéhydes supérieurs, obtenus par déshydrogénation catalytique des alcools primaires correspondants. Dans de nombreuses installations, le catalyseur est constitué par un lit peu profond de cristaux dargent de très grande pureté. Largent trouve dimportantes applications dans lindustrie photographique; cest la réaction unique et instantanée des halogénures dargent exposés à la lumière qui rend ce métal indispensable pour les films, plaques et papiers photographiques.
Le nitrate dargent (AgNO3) est utilisé en photographie, dans la fabrication des miroirs, pour les placages dargent, la teinture, la coloration de la porcelaine et la gravure de livoire. Cest un réactif important en chimie analytique et un produit chimique intermédiaire. On trouve le nitrate dargent dans les encres sympathiques et indélébiles. Il sert également dinhibiteur de charges statiques dans les tapis et les matières tissées et comme désinfectant pour leau. Le nitrate dargent a été utilisé à des fins médicales dans la prophylaxie de la conjonctivite gonococcique du nouveau-né. Il a été utilisé comme antiseptique et astringent; en médecine vétérinaire, on lemploie pour le traitement des plaies et des inflammations locales.
Le nitrate dargent est un comburant puissant et, partant, il présente un risque dincendie, en plus de ses propriétés fortement caustiques, corrosives et toxiques. Quil soit sous forme solide ou pulvérulente, il est dangereux pour les yeux, provoque des brûlures de la conjonctive, largyrie, voire la cécité.
Loxyde dargent (Ag2O) est utilisé pour la purification de leau potable, le polissage et la coloration du verre en jaune dans lindustrie du verre, et comme catalyseur. En médecine vétérinaire, on lemploie sous forme de pommade ou de solution, comme germicide et parasiticide général. Loxyde dargent est un comburant puissant qui comporte un risque dincendie.
Le picrate dargent ((O2N)3C6H2OAg·H2O) est utilisé comme agent antimicrobien pour applications vaginales. En médecine vétérinaire, on lemploie pour soigner la vaginite granuleuse du bétail. Il est hautement explosif et toxique.
Lexposition à largent peut entraîner une affection bénigne appelée «argyrie». Lorsquelles sont absorbées par lorganisme, les poussières du métal ou de ses sels vont précipiter dans les tissus à létat métallique et lorganisme est alors incapable de les éliminer. La réduction à létat métallique a lieu soit sous leffet de la lumière sur les parties exposées de la peau et des muqueuses, soit au niveau dautres tissus sous laction du sulfure dhydrogène. Les poussières dargent sont irritantes et peuvent conduire à une ulcération de la peau et de la cloison nasale.
Les risques dargyrie visent deux groupes professionnels:
Il y a peu de probabilités de rencontrer une argyrie généralisée à des concentrations dargent respirables de 0,01 mg/m3 ou à des doses orales cumulatives inférieures à 3,8 g. Les personnes affectées par une argyrie généralisée sont souvent appelées «hommes bleus» par leurs compagnons de travail. En effet, la face, le front, le cou, les mains et les avant-bras prennent une couleur gris ardoise foncée, répartie uniformément, mais dont la profondeur varie en fonction du degré dexposition. Laction caustique du nitrate dargent fait parfois apparaître des cicatrices plus pâles pouvant atteindre 6 mm de diamètre sur le visage, les mains et les avant-bras. Les ongles des mains se colorent en brun chocolat foncé. La muqueuse buccale vire au gris ardoise ou au bleuâtre. On peut observer une très légère pigmentation sur les parties couvertes de la peau et les ongles des pieds prennent parfois une coloration bleutée discrète. Dans largyrose de la conjonctive, la couleur de la conjonctive peut aller du gris clair au marron foncé, la partie palpébrale inférieure étant particulièrement affectée. Le bord postérieur de la paupière inférieure, la caroncule et le repli semi-lunaire sont beaucoup plus pigmentés et parfois presque noirs. Lexamen à la lampe à fente révèle un fin réseau de pigmentation grisée de la lame élastique postérieure (membrane de Descemet), connu sous le nom dargyrose de la cornée. En cas de durée prolongée, largyrose peut affecter le cristallin. On parle alors dargyrolentis.
Le travail avec le métal comporte le risque de pénétration de fines particules dans les parties exposées de la peau où elles provoquent de petites lésions pigmentées. On rencontre ces lésions chez les travailleurs qui liment, percent, martèlent, tournent, gravent, polissent, forgent, brasent ou fondent largent. Chez lorfèvre ou largenteur, la main gauche est plus affectée que la droite, et la pigmentation apparaît au siège des lésions provoquées par les instruments, qui sont souvent tranchants et pointus. Une scie à chantourner, outil qui ressemble à une scie à découper, peut se casser et venir se planter dans la main de louvrier. Si une lime glisse, la main du limeur entraînée sur la pièce dargent quil travaille les dents de fourchette surtout peut sy blesser. Chez lartisan qui étire les moulures à travers le trou de la filière détirage, de minuscules copeaux peuvent se loger dans les doigts. La pigmentation peut aller de petits points à des taches de 2 mm de diamètre ou plus. Les marques peuvent être linéaires ou arrondies et leur coloration varie en plusieurs nuances de gris ou de bleu. Ces marques de tatouage sont indélébiles, mais le travail de lorfèvre ne se prête en général pas au port de gants.
En plus des mesures techniques nécessaires pour limiter le plus possible les concentrations de vapeurs et de poussières dargent et, de toute façon, les maintenir à un niveau inférieur aux limites dexposition, des précautions médicales permettant déviter largyrie sont recommandées. Elles comprennent, en particulier, un examen médical périodique des yeux, car la décoloration de la membrane de Descemet est un signe précoce de cette maladie. Le contrôle biologique semble possible par lexcrétion fécale de largent. Il nexiste pas de traitement efficace reconnu de largyrie. Létat du patient semble se stabiliser lorsquil est soustrait à lexposition. Certaines améliorations cliniques ont été obtenues par utilisation de chélateurs et par injection intradermique de thiosulfate de sodium ou de ferrocyanure de potassium. Il faut éviter lexposition au soleil pour empêcher la décoloration ultérieure de la peau.
Pour éviter les risques dincendie et dexplosion, il ne faut pas oublier les principales incompatibilités de largent avec lacétylène, lammoniac, le peroxyde dhydrogène, léthylèneimine et un certain nombre dacides organiques.
Les composés dargent les plus instables tels que lacétylure dargent, les composés à base dargent et dammonium, lazoture dargent, le chlorate dargent, le fulminate dargent et le picrate dargent devraient être conservés dans des endroits frais, bien ventilés, protégés des chocs, des vibrations et de la contamination par des substances organiques ou autres facilement oxydables, et à labri de la lumière.
Lorsquune personne travaille avec du nitrate dargent, elle devrait porter des vêtements de protection afin déviter le contact avec la peau, ainsi que des lunettes de sécurité pour la protection des yeux. Dans les locaux où les moyens de prévention technique ne permettent pas datteindre une atmosphère acceptable, des appareils de protection respiratoire devraient être fournis au personnel.
Les composés de larsenic (As) se divisent en trois principaux groupes:
On trouve larsenic en abondance dans la nature et, en particulier, dans les minerais sulfureux. Larsénopyrite (FeAsS) est le plus abondant dentre eux.
Larsenic élémentaire est utilisé dans les alliages afin daugmenter leur dureté et leur résistance thermique (par exemple, les alliages avec le plomb pour la fabrication des plombs de chasse et des grilles daccumulateurs). Il est également employé dans la fabrication de certains types de verre, en tant que composant dappareils électriques et comme agent dopant dans les semi-conducteurs à base de germanium et de silicium.
Le trichlorure darsenic (AsCl3) est employé dans lindustrie céramique et pour la production des préparations arsenicales chlorées. Lanhydride arsénieux (As2O3), ou arsenic blanc , est utilisé dans la purification des gaz de synthèse et comme matière première de tous les composés de larsenic. Il sert également de conservateur pour les peaux et le bois, pour le mordançage du textile, comme réactif dans la flottation des minerais et comme agent de décoloration et daffinage dans la fabrication du verre. Larsénite de calcium (Ca(As2H2O4)) et lacétoarsénite cuprique (auxquels on attribue généralement les formules Cu(COOCH3)2 et 3Cu(AsO2)2) sont des insecticides. Lacétoarsénite cuprique est également utilisé pour la peinture des navires et des sous-marins. Larsénite de sodium (NaAsO2) est employé comme herbicide, inhibiteur de corrosion et comme produit dessiccant dans lindustrie textile. Le trisulfure darsenic est un composant du verre transmetteur dinfrarouge; on sen sert dans le tannage pour lélimination des poils ainsi quen pyrotechnie et dans les semi-conducteurs.
On utilise lacide arsénique (H3AsO4·½H2O) dans la production des arséniates, la fabrication du verre et dans le traitement du bois. Lanhydride arsénique (As2O5) est employé comme herbicide et xyloprotecteur, ainsi que dans la fabrication du verre coloré.
Larséniate de calcium (Ca3(AsO4)2) est utilisé comme insecticide.
Lacide cacodylique ((CH3)2AsOOH) est employé comme herbicide et comme défoliant. Lacide arsanilique (NH2C6H4AsO(OH)2) est utilisé comme appât pour les sauterelles et comme complément dans lalimentation animale. On trouve les composés organiques de larsenic dans les organismes marins (crevettes, poissons) à des concentrations correspondant à une concentration darsenic comprise entre 1 et 100 mg/kg de poids corporel. Cette teneur en arsenic se compose essentiellement darsénobétaïne et darsénocholine , composés organiques de larsenic de faible toxicité.
Le gaz arsine et les arsines substituées. Larsine gazeuse est utilisée en synthèse organique et dans le traitement des semi-conducteurs. Le gaz arsine peut être généré également par hasard dans des procédés industriels lorsquil se forme de lhydrogène naissant en présence darsenic.
Les arsines substituées sont des composés organiques trivalents de larsenic qui, en fonction du nombre de groupes alkyle ou phényle quils contiennent sous forme liée au noyau arsenic, sont appelés arsines mono-, di- ou tri-substituées. La dichloroéthylarsine (C2H5AsCl2), ou éthyldichloroarsine, est un liquide incolore ayant une odeur irritante. Ce composé, tout comme le suivant, est un agent chimique de combat potentiel.
La dichloro(2-chlorovinyl-)arsine (ClCH:CHAsCl2), ou chlorovinyldichloroarsine (lewisite), est un liquide vert olive ayant une odeur semblable à celle du germanium. Cest un agent chimique de combat potentiel, mais qui na jamais été utilisé. Le dimercaprol ou British Anti Lewisite (BAL) a été mis au point comme antidote.
La diméthylarsine (CH3)2AsH, ou hydrure de cacodyle, et la triméthyl-arsine (CH3)3As), ou triméthylarsenic, sont tous deux des liquides incolores. Ces deux composés peuvent être produits par suite de la transformation métabolique des composés de larsenic par les bactéries et les champignons.
Aspect général de la toxicité . Bien que de très faibles quantités de certains composés de larsenic puissent avoir des effets bénéfiques, comme le montrent certaines études sur les animaux, les composés de larsenic, en particulier ceux inorganiques, sont considérés comme des poisons extrêmement puissants. La toxicité aiguë est très variable selon les composés, en fonction de leur degré doxydation et de leur solubilité dans les milieux biologiques. Les composés trivalents solubles sont les plus toxiques. Labsorption de composés inorganiques de larsenic par le tractus gastro-intestinal est pratiquement totale, mais elle peut être retardée dans le cas de formes moins solubles telles que lanhydride arsénieux sous forme particulaire. Labsorption après inhalation est aussi pratiquement complète, étant donné que même les substances moins solubles peuvent se déposer sur la muqueuse respiratoire, être transférées dans le tractus gastro-intestinal et, ensuite, être absorbées.
Lexposition professionnelle à des composés inorganiques de larsenic dans lindustrie peut se faire par inhalation, ingestion ou contact dermique avec absorption consécutive. On peut rencontrer des effets aigus au siège de la pénétration si lexposition est excessive. Des dermatoses peuvent se produire comme symptôme aigu, mais résultent le plus souvent de la toxicité due à une exposition prolongée, parfois suite à une sensibilisation (voir ci-après la section «Lexposition prolongée (lintoxication chronique)»).
Lexposition à des doses élevées de composés inorganiques de larsenic par inhalation et ingestion combinées peut aboutir à des accidents lors de la mise en uvre de grandes quantités darsenic (par exemple, danhydride arsénieux). Divers symptômes sont susceptibles dapparaître en fonction de la dose qui, lorsque celle-ci est excessive, peuvent provoquer la mort. Des symptômes tels que conjonctivite, bronchite et dyspnée, suivis de malaises gastro-intestinaux avec vomissements, et des complications cardiaques consécutives accompagnées dun collapsus irréversible peuvent se produire en quelques heures. On a rapporté des taux sanguins darsenic supérieurs à 3 mg/litre en cas dissue fatale.
Lexposition à des doses sublétales de composés irritants de larsenic dans lair (par exemple, lanhydride arsénieux) peut entraîner des symptômes liés à des lésions aiguës des muqueuses de lappareil respiratoire et des symptômes aigus en cas dexposition cutanée. Une irritation importante de la muqueuse nasale, du larynx et des bronches, ainsi que des conjonctivites et des dermatoses apparaissent dans certains cas. La perforation de la cloison nasale peut être observée chez certains individus quelques semaines seulement après lexposition. Il semble quune certaine tolérance se développe vis-à-vis de lintoxication aiguë après des expositions répétées. Toutefois, ce phénomène nest pas bien documenté dans la littérature scientifique.
Les effets dus à lingestion accidentelle de composés inorganiques de larsenic, essentiellement lanhydride arsénieux, ont été décrits. Cependant, de tels incidents sont rares aujourdhui dans lindustrie. Les cas dintoxication sont caractérisés par de profondes lésions gastro-intestinales, provoquant des vomissements et de la diarrhée, pouvant entraîner un collapsus avec oligurie et albuminurie subséquentes. Dautres symptômes aigus sont un dème facial, des crampes musculaires et des anomalies cardiaques. Les symptômes peuvent apparaître dans les minutes suivant lexposition au poison en solution, mais il arrive quils soient retardés de plusieurs heures si le composé darsenic est sous forme solide ou sil a été ingéré avec un repas. Lorsquil est ingéré sous forme particulaire, sa toxicité dépend également de la solubilité et de la taille des particules. On a rapporté que la dose fatale danhydride arsénieux ingéré est comprise entre 70 et 180 mg. La mort peut survenir dans les 24 heures, mais généralement, elle se produit dans les 3 à 7 jours. Lintoxication aiguë avec des composés de larsenic saccompagne généralement danémie et de leucopénie, en particulier de granulocytopénie. Chez les survivants, ces effets sont généralement réversibles dans les 2 à 3 semaines. Un agrandissement réversible du foie est également observé en cas dinto-xication aiguë, mais les tests de la fonction hépatique et des enzymes hépatiques sont généralement normaux.
Chez les individus survivant à une intoxication aiguë, on observe souvent des troubles du système nerveux périphérique quelques semaines suivant lingestion.
Aspect général. Une intoxication chronique à larsenic peut se produire chez des travailleurs exposés pendant une durée prolongée à des concentrations excessives de composés de larsenic présents dans lair. Les effets locaux sur les muqueuses des voies respiratoires et sur la peau constituent des symptômes importants. On peut également constater une implication du système nerveux et circulatoire ainsi que du foie, de même quun cancer des voies respiratoires.
Dans le cas dune exposition prolongée à larsenic par ingestion dans les aliments, leau de boisson ou un médicament, les symp-tômes diffèrent partiellement de ceux rencontrés lors dune exposition par inhalation. Des troubles abdominaux (diarrhée ou constipation), un érythème, une pigmentation et une hyperkératose dominent le tableau clinique. On peut également observer des troubles vasculaires, décrits dans certains cas comme provoquant une gangrène périphérique.
De lanémie et de la leucocytopénie se rencontrent fréquemment en cas dintoxication chronique à larsenic. Des atteintes du foie sont plus souvent observées chez les personnes exposées pendant une durée prolongée par ingestion orale que chez celles exposées par inhalation; cest le cas en particulier des vignerons qui boivent du vin contaminé. Un cancer de la peau se produit fréquemment dans ce type dintoxication.
Troubles vasculaires. Lexposition de longue durée à des composés inorganiques de larsenic par lintermédiaire de leau de boisson peut provoquer des troubles vasculaires périphériques du type maladie de Raynaud. Dans une région de Taiwan (Chine), une gangrène périphérique a été observée (appelée aussi maladie des pieds noirs). De telles manifestations vasculaires périphériques graves nont pas été constatées chez des personnes exposées à ces risques au travail, mais on a observé des variantes de la maladie de Raynaud et une fréquence plus importante dhypotension périphérique lors de refroidissement chez des travailleurs exposés pendant une longue durée à des composés inorganiques de larsenic présents dans lair (les doses darsenic absorbées sont précisées ci-après).
Affections cutanées. Les lésions de la peau dues à larsenic ne sont pas toutes identiques et varient avec le type dexposition. Des symptômes de type eczéma apparaissent avec des degrés de gravité variés. En cas dexposition au travail à de larsenic essentiellement en suspension dans lair, des lésions cutanées peuvent résulter dune irritation locale. Il peut sagir de deux types daffections de la peau:
La dermatose est principalement localisée dans les zones les plus fortement exposées, telles que le visage, la nuque, les avant-bras, les poignets et les mains. Toutefois, on peut aussi la trouver sur le scrotum, les surfaces internes des cuisses, le haut de la poitrine et le dos, la partie inférieure des jambes et autour des coudes. Lhyperpigmentation et la kératose sont des caractéristiques moins importantes de ce type de problème dû à larsenic. Des tests réalisés par application de patch ont montré que la dermatose est due à larsenic, et non à des impuretés présentes dans lanhydride arsénieux brut. Des lésions dermiques chroniques peuvent succéder à ce type de réaction initiale, selon la concentration et la durée de lexposition. Ces lésions chroniques apparaissent parfois après plusieurs années dexposition professionnelle ou environnementale. Lhyperkératose, les verrues et la mélanose de la peau sont des manifestations visibles. La mélanose est observée le plus souvent sur les paupières inférieures et supérieures, autour des tempes, sur le cou, sur les auréoles et dans les plis des aisselles. Dans des cas graves, une arsénomélanose est observée sur labdomen, la poitrine, le dos et le scrotum, conjointement avec une hyperkératose et des verrues. Dans lintoxication chronique à larsenic, on observe également une dépigmentation (cest-à-dire une leucodermie), en particulier dans les zones pigmentées, appelée généralement pigmentation «en gouttes de pluie». Ces lésions cutanées chroniques, en particulier lhyperkératose, peuvent se transformer en lésions précancéreuses ou cancéreuses. Les ongles des sujets ayant subi antérieurement une intoxication arsenicale présentent des stries transversales (appelées bandes de Mees). Il faut noter que des lésions chroniques de la peau peuvent apparaître bien après la cessation de lexposition, lorsque les concentrations cutanées darsenic ont retrouvé leur niveau normal.
Les lésions des muqueuses dues à une exposition chronique à larsenic se présentent généralement sous forme de perforation de la cloison nasale après une exposition par inhalation. Cette lésion résulte de lirritation de la muqueuse nasale, qui sétend aussi au larynx, à la trachée et aux bronches. Quil sagisse de lexposition par inhalation ou de lintoxication provoquée par des ingestions répétées, la dermatose du visage et des paupières évolue parfois en kératoconjonctivite.
Neuropathie périphérique. Des troubles nerveux périphériques apparaissent fréquemment chez les personnes ayant survécu à une intoxication aiguë. Ils se manifestent généralement dans les quelques semaines suivant cette intoxication et le rétablissement est lent. La neuropathie est caractérisée par un dysfonctionnement moteur et une paresthésie, mais dans les cas de moindre gravité, les troubles peuvent se limiter à une neuropathie unilatérale sensorielle. Il arrive souvent que les extrémités inférieures soient plus affectées que les extrémités supérieures. Chez les sujets qui se rétablissent après une intoxication à larsenic, on observe le développement de bandes de Mees sur les ongles. Lexamen histologique révèle la dégénérescence wallérienne, en particulier dans les axones les plus longs. La neuropathie périphérique peut également apparaître après une exposition professionnelle à larsenic, le plus souvent sous forme subclinique, que seules des méthodes neurophysiologiques peuvent déceler. Dans un groupe de fondeurs ayant subi une exposition de longue durée, correspondant à une absorption totale cumulative moyenne denviron 5 g (absorption maximale 20 g), il est apparu une corrélation négative entre labsorption cumulative darsenic et la vitesse de conduction nerveuse. On a également observé chez ces travailleurs de légères manifestations cliniques de limplication vasculaire périphérique (voir plus haut). Chez des enfants exposés à larsenic, on a rapporté une baisse de la fonction auditive.
Effets cancérogènes . Les composés inorganiques de larsenic sont classés par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en agents cancérogènes pulmonaires et agents cancérogènes cutanés. Il semble également évident que certaines personnes exposées à des composés inorganiques de larsenic souffrent dune plus grande fréquence dangiosarcome du foie et éventuellement de cancer de lestomac. Un cancer des voies respiratoires apparaît avec une fréquence excessive parmi les travailleurs affectés à la production dinsecticides contenant de larséniate de plomb et de larséniate de calcium, chez des vignerons pulvérisant des insecticides contenant des composés inorganiques du cuivre et de larsenic, et chez les fondeurs exposés à des composés inorganiques de larsenic et dun certain nombre dautres métaux. Le temps de latence entre le début de lexposition et lapparition du cancer est long, généralement de 15 à 30 ans. On a démontré une action synergique avec le tabac dans lapparition du cancer du poumon.
Lexposition de longue durée à des composés inorganiques de larsenic par lintermédiaire de leau potable a été associée à une fréquence accrue de cancers de la peau à Taiwan (Chine) et au Chili. On a montré que cette augmentation était liée à la concentration darsenic dans leau potable.
Effets tératogènes . Des doses élevées de composés inorganiques trivalents de larsenic, administrées par injection intraveineuse, peuvent provoquer des malformations chez les hamsters. Chez lhumain, il ny a pas de preuve formelle que les composés darsenic provoquent des malformations dans un environnement industriel. Toutefois, certains faits semblent montrer lexistence dun tel effet chez des travailleurs dune fonderie qui ont été exposés simultanément à un certain nombre dautres métaux ainsi quà dautres composés chimiques.
Les composés organiques de larsenic, utilisés comme pesticides ou comme médicaments, peuvent également présenter une toxicité, mais il nexiste pas de documentation satisfaisante concernant leurs effets chez lhumain.
Des effets toxiques sur le système nerveux ont été observés dans des expériences sur les animaux auxquels on avait administré des doses élevées dacide arsanilique, couramment utilisé comme additif alimentaire pour les poulets et les porcs.
Les composés organiques de larsenic que lon trouve dans les aliments dorigine marine, tels que les crevettes, les crabes et les poissons, sont formés à partir darsinocholine et darsinobétaïne. On sait que les quantités darsenic organique présentes dans les poissons et les coquillages peuvent être consommées sans risque de maladie. Ces composés sont excrétés rapidement, généralement par voie urinaire.
Le gaz arsine et les arsines substituées. De nombreux cas dintoxication à larsine ont été enregistrés, et le taux de mortalité est élevé. Larsine est lun des agents hémolytiques les plus puissants rencontrés dans lindustrie. Son activité hémolytique est due à son aptitude à provoquer une chute de la teneur en glutathion réduit par les érythrocytes.
Les signes et les symptômes de lintoxication par larsine comprennent lhémolyse, qui se développe après une période de latence variant avec lintensité de lexposition. Linhalation de 250 ppm de gaz arsine est létale instantanément. Lexposition à une dose de 25 à 50 ppm pendant 30 minutes est aussi létale, et celle de 10 ppm peut être létale après des expositions prolongées. Les signes et les symptômes de lintoxication sont ceux caractéristiques dune hémolyse aiguë et massive. Au départ, on observe une hémoglobinurie indolore, des troubles gastro-intestinaux tels que des nausées et parfois des vomissements. Des crampes abdominales et une sensibilité à la palpation peuvent également apparaître. Un ictère accompagné danurie et doligurie se produit fréquemment. Une dépression médullaire osseuse peut apparaître. Après exposition aiguë ou grave, une neuropathie périphérique peut se développer et durer plusieurs mois après lintoxication. On sait peu de chose sur lexposition répétée ou chronique à larsine, mais étant donné que le gaz arsine est métabolisé dans le corps en arsenic inorganique, on peut supposer que les symptômes sont similaires à ceux observés dans le cas dune exposition prolongée à des composés inorganiques de larsenic.
Le diagnostic différentiel devrait prendre en compte les anémies hémolytiques aiguës qui pourraient être provoquées par dautres agents chimiques tels que la stibine ou des médicaments, ainsi que les anémies immunohémolytiques secondaires.
Le principal effet des arsines substituées nest pas lhémolyse, mais leur action en tant que puissants irritants locaux et pulmonaires et comme toxiques systémiques. Laction locale sur la peau produit des cloques à contours nets dans le cas de la dichloro(2-chlorovinyl)arsine (lewisite). Les vapeurs de ce composé provoquent une forte toux spasmodique accompagnée de crachats nauséabonds ou sanguinolents, se transformant en dème pulmonaire aigu. Le dimercaprol (BAL) est un antidote efficace sil est administré à un stade précoce de lintoxication.
Le type le plus courant dexposition professionnelle à larsenic concerne les composés inorganiques de larsenic, et les mesures de sécurité et dhygiène se rapportent principalement à ces composés. Lorsquun risque dexposition au gaz arsine existe, il faut particulièrement veiller aux fuites accidentelles, car de fortes expositions survenant à intervalles rapprochés peuvent être graves.
La prévention la plus efficace consiste à maintenir lexposition bien en dessous des limites acceptées. Un programme de mesurage des concentrations darsenic dans lair revêt donc une grande importance. En plus de lexposition par inhalation, il faut surveiller lexposition orale pouvant se produire par lintermédiaire de vêtements contaminés, des mains, du tabac, etc. Lexamen biologique de larsenic inorganique dans les urines peut être utile pour lévaluation des doses absorbées. Les travailleurs exposés devraient porter des vêtements appropriés de protection individuelle (bottes imperméables, par exemple) et, lorsque le taux limite darsenic en suspension dans lair risque dêtre dépassé, un équipement de protection respiratoire adéquat. Des armoires individuelles à deux compartiments séparés, lun pour les vêtements de travail et lautre pour les vêtements de ville, devraient être prévues, de même que des installations sanitaires à proximité. Il devrait être interdit de fumer, de manger ou de boire sur les lieux de travail. Il faut procéder à des examens médicaux dembauche et éviter dexposer des personnes ayant des antécédents de diabète, de maladies cardio-vasculaires, danémie, daffections allergiques ou cutanées ou encore daffections neurologiques, hépatiques ou rénales. Des examens médicaux périodiques devraient être effectués chez toute personne exposée à larsenic, en portant une attention particulière aux symptômes pouvant être liés à cette substance.
Le dosage du taux darsenic inorganique et de ses métabolites urinaires permet dévaluer la dose totale darsenic inorganique absorbée par les diverses voies possibles. Cette méthode nest utilisable que si larsenic inorganique et ses métabolites peuvent être mesurés de manière spécifique. Larsenic total dans les urines peut souvent fournir des informations erronées concernant lexposition professionnelle, car même un seul repas de poisson ou dautres organismes marins (contenant des quantités considérables de composés organiques darsenic non toxiques) peut se traduire par des taux urinaires darsenic élevés pendant plusieurs jours.
Intoxication au gaz arsine. Si lon a des raisons de croire quune exposition de forte intensité au gaz arsine a eu lieu, ou si lon en a observé les premiers symptômes (par exemple, une hémoglobinurie et des douleurs abdominales), le patient devrait être immédiatement éloigné de lenvironnement contaminé et soumis à un examen médical. Le traitement recommandé, si la fonction rénale semble affectée, consiste en une transfusion totale associée à une dialyse prolongée. Une diurèse forcée sest révélée utile dans certains cas, alors que, selon plusieurs auteurs, un traitement par le BAL ou dautres chélateurs ne semble avoir que des effets limités.
Lexposition à des arsines substituées devrait être traitée de la même manière que lintoxication par des composés inorganiques de larsenic (voir ci-après).
Intoxication par des composés inorganiques de larsenic. Dans les cas où il y a eu exposition à des doses pouvant provoquer une intoxication aiguë, ou si lon observe des symptômes graves affectant lappareil respiratoire, la peau ou le tractus gastro-intestinal au cours dexpositions de longue durée, le travailleur devrait être immédiatement soustrait à lexposition et traité à laide dun agent complexant.
Lagent classique le plus largement utilisé dans de telles situations est le 2,3-dimercapto-1-propanol ou dimercaprol, BAL. Une administration prompte est vitale dans de tels cas: pour obtenir leffet maximal, le traitement devrait être administré dans les 4 heures suivant lintoxication. Dautres composés pharmaceutiques peuvent être employés, notamment le 2,3-dimercaptopropanesulfonate de sodium (DMPS, unithiol) ou lacide méso-2,3-dimercaptosuccinique (DMSA). Ces médicaments sont moins susceptibles de produire des effets secondaires et semblent plus efficaces que le BAL. Ladministration intraveineuse de N-acétylcystéine a été rapportée dans un cas comme étant intéressante; de plus, un traitement général simpose consistant à éviter toute absorption ultérieure par éloignement de lexposition et à réduire au minimum labsorption par le tractus gastro-intestinal en recourant à un lavage destomac et en administrant par un tube gastrique des agents chélateurs ou du charbon actif. Une thérapie générale de soutien maintien de la respiration et de la circulation, maintien de léquilibre eau-électrolyte, contrôle des effets sur le système nerveux , ainsi que lélimination du toxique absorbé par hémodialyse et transfusion déchange pourraient être entreprises si la chose est possible.
Des lésions cutanées aiguës, telles que la dermatose de contact, et des manifestations mineures dune implication vasculaire périphérique, comme le syndrome de Raynaud, nexigent généralement pas dautre mesure que léloignement du lieu de lexposition.
Le baryum (Ba) existe en abondance dans la nature et représente environ 0,04% de lécorce terrestre. Ses principales sources sont la barytine (sulfate de baryum, BaSO4) et la withérite (carbonate de baryum, BaCO3). Le baryum métal nest produit quen petites quantités, par réduction de loxyde de baryum par laluminium dans une cornue.
Le baryum est largement utilisé dans la fabrication dalliages pour des pièces en nickel-baryum destinées aux dispositifs dallumage pour automobiles et dans la fabrication du verre, darticles en céramique et de tubes électroniques de télévision. La barytine (BaSO4), ou sulfate de baryum , sert surtout dans la fabrication du lithopone, poudre blanche contenant 20% de sulfate de baryum, 30% de sulfure de zinc et moins de 8% doxyde de zinc. Le lithopone est beaucoup employé comme pigment dans les peintures blanches. Le sulfate de baryum obtenu par précipitation chimique blanc fixe entre dans la préparation de peintures de qualité supérieure, comme opacifiant dans les examens radiologiques et dans la fabrication du verre et du papier. Il est également utilisé dans la fabrication des papiers photographiques, de livoire artificiel et de la cellophane. La barytine brute sert de boue thixotrope dans le forage des puits de pétrole.
Lhydroxyde de baryum (Ba(OH)2) est employé dans la fabrication des lubrifiants, des pesticides, des inhibiteurs de corrosion, des liquides de forage, des adoucisseurs deau ainsi que dans lindustrie sucrière. Il est également utilisé dans la fabrication du verre, la vulcanisation du caoutchouc synthétique, le raffinage des huiles animales et végétales et dans la peinture des fresques. Le carbonate de baryum (BaCO3) est obtenu par précipitation de la barytine; il sert en briqueterie, dans les produits céramiques, les peintures, lindustrie du caoutchouc, le forage des puits de pétrole et lindustrie du papier. On lemploie également dans lémaillage, la fabrication du faux marbre, des verres optiques et des électrodes.
Loxyde de baryum (BaO) est une poudre blanche alcaline qui est utilisée pour le séchage des gaz et des solvants. A 450 °C, il se combine avec loxygène pour former le peroxyde de baryum (BaO2), qui est un agent oxydant en synthèse organique et un matériau de décoloration pour substances animales et fibres végétales. Le per-oxyde de baryum est utilisé dans lindustrie textile pour la teinture et limpression, dans la poudre daluminium pour le soudage et en pyrotechnie.
Le chlorure de baryum (BaCl2) est obtenu notamment par grillage de la barytine mélangée à du charbon et du chlorure de calcium; il est utilisé dans la fabrication des pigments, des vernis colorés et du verre, et comme mordant dans les colorants acides. On sen sert également dans la fabrication des teintures et apprêts pour lindustrie textile et dans laffinage de laluminium. Le chlorure de baryum est un pesticide, un composé utilisé dans les chaudières pour adoucir leau, et un agent de tannage et de finissage pour le cuir. Le nitrate de baryum (Ba(NO3)2) est utilisé en pyrotechnie et dans lindustrie électronique.
Le baryum métal présente des risques dexplosion et nest pas dun usage très répandu. Les composés solubles du baryum (chlorure, nitrate, hydroxyde) sont très toxiques; linhalation des composés insolubles (sulfate) peut provoquer une pneumoconiose. Bon nombre de ces composés, notamment le sulfure, loxyde et le carbonate, peuvent entraîner une irritation locale des yeux, du nez, de la gorge et de la peau. Certains composés, en particulier le peroxyde, le nitrate et le chlorate, présentent un risque dincendie lors de lutilisation et du stockage.
Lorsque les composés solubles pénètrent par la voie orale, ils sont très toxiques, la dose létale du chlorure étant estimée à 0,8-0,9 g. Bien que des intoxications dues à lingestion de ces composés surviennent de temps à autre, on ne connaît que fort peu de cas dintoxication professionnelle. Des intoxications peuvent néanmoins se produire lorsque des travailleurs sont exposés aux poussières de composés solubles en suspension dans lair, par exemple au cours du broyage. Ces composés exercent une action stimulante prolongée sur tous les muscles, dont ils augmentent surtout la contractilité. Au niveau du coeur, des contractions irrégulières peuvent être suivies de fibrillation, et certains indices dénoncent un effet constricteur sur les coronaires. Parmi les autres effets, on peut mentionner le péristaltisme intestinal, les constrictions vasculaires, les contractions vésicales et une augmentation de la contraction musculaire volontaire. Les composés du baryum sont également irritants pour les muqueuses et les yeux.
Le carbonate de baryum, qui est un composé insoluble, ne semble pas produire deffet pathologique par suite dinhalation; cependant, il peut provoquer une grave intoxication en cas dabsorption orale; chez le rat, il détériore le fonctionnement des gonades du mâle et de la femelle. Le ftus est sensible au carbonate de baryum pendant la première moitié de la grossesse.
Le sulfate de baryum est caractérisé par son extrême insolubilité, une propriété qui le rend non toxique pour lhumain. Pour cette raison, grâce aussi à sa radio-opacité élevée, il est utilisé comme opacifiant dans les examens radiologiques des systèmes gastro-intestinal, respiratoire et urinaire. Il est également inerte chez lhumain dans les poumons, comme le montre labsence deffets nocifs suivant une introduction intentionnelle dans les voies bronchiques comme agent de contraste en bronchographie et lors dexpositions industrielles à des concentrations élevées de fines poussières.
Néanmoins, linhalation peut entraîner le dépôt, dans les poumons, de quantités suffisantes pour provoquer une barytose (une pneumoconiose bénigne, quon rencontre principalement au cours de lextraction, du broyage et de lensachage de la barytine, mais également dans lindustrie du lithopone). Dans le premier cas de barytose rapporté, les symptômes décrits et lincapacité constatée étaient associés à dautres affections pulmonaires. Des études ultérieures ont montré lopposition entre le caractère banal du syndrome clinique, où les signes cliniques anormaux font totalement défaut, et limportance des images radiologiques. Celles-ci montrent des opacités nodulaires disséminées dans les deux champs pulmonaires. Il sagit dopacités discrètes mais parfois si nombreuses quelles se superposent jusquà paraître confluantes. Il na pas été signalé dopacités pseudo-tumorales. La particularité du tableau radiologique est lopacité marquée des nodules, où lagent pathogène fait office de produit de contraste. Le diamètre des nodules peut varier entre 1 et 5 mm, mais il est en moyenne de lordre de 3 mm ou moins; leur forme a été décrite soit comme «arrondie», soit comme «dendritique». Dans quelques cas, on a trouvé des images punctiformes très denses dans une gangue de moindre densité.
Dans une série dobservations, des concentrations de poussières allant jusquà 11 000 particules/cm3 ont été mesurées sur le lieu de travail, et lanalyse chimique a montré que la teneur en silice totale oscillait entre 0,07 et 1,96%, le quartz nétant pas décelable par diffraction des rayons X. Des sujets masculins totalisant une ancienneté dexposition professionnelle allant jusquà 20 années et chez qui les signes radiologiques étaient manifestes, nont accusé aucun symptôme clinique; ils jouissaient dune fonction pulmonaire parfaite et étaient capables dassumer un travail pénible. Des années après larrêt de lexposition, des examens de contrôle montrent une très nette atténuation des anomalies radiologiques.
Il nexiste pratiquement pas de rapport dautopsie de cas de barytose pure. Toutefois, la barytose peut être associée à la silicose par suite de la pollution de la barytine par des roches siliceuses dans lexploitation minière et, si des meules siliceuses sont utilisées, dans les opérations de broyage ou de meulage.
Les travailleurs exposés à des composés solubles du baryum, qui sont toxiques, devraient disposer de salles deau et observer une hygiène corporelle rigoureuse. Il devrait être interdit de fumer et de consommer des aliments ou des boissons dans les ateliers. Les sols devraient être en matériau imperméable et fréquemment lavés. Les travailleurs affectés à des opérations telles que la lixiviation de la barytine par lacide sulfurique devraient être munis de vêtements résistant aux acides et de moyens appropriés de protection du visage et des mains. Bien que la barytose soit bénigne, il convient de persévérer dans les efforts déployés pour réduire le plus possible la concentration des poussières de barytine dans lair. De plus, il faut porter une attention particulière à la présence de silice libre dans les poussières en suspension.
Le bismuth (Bi) se trouve dans la nature soit sous sa forme métallique, soit dans des minerais tels que la bismuthite (carbonate) et la bismuthinite (sulfure double de bismuth et de tellure), dans lesquels il est accompagné dautres éléments, principalement le plomb et lantimoine.
Le bismuth est employé en métallurgie pour la fabrication de nombreux alliages, en particulier dalliages à bas point de fusion. Certains de ces alliages sont utilisés dans le soudage. Le bismuth trouve également des applications dans les dispositifs de détection dincendie et les systèmes dextinction et dans la production de fers malléables. Il agit comme catalyseur dans la fabrication des fibres acryliques.
Le tellurure de bismuth est utilisé comme semi-conducteur. Loxyde, lhydroxyde, loxychlorure, le trichlorure et le nitrate de bismuth servent dans lindustrie cosmétique. Dautres sels (par exemple, le succinate, λorthoxyquinoléate, le sous-nitrate, le carbonate, le phosphate et autres) ont des applications en médecine.
Il nexiste pas de rapport concernant une exposition professionnelle lors de la production de bismuth métallique et dans la fabrication de produits pharmaceutiques ou cosmétiques et de produits chimiques industriels. Le bismuth et ses composés ne semblent pas provoquer dintoxication professionnelle; on considère par conséquent que ce sont les composés de métaux lourds les moins toxiques parmi ceux couramment utilisés dans lindustrie.
Les composés du bismuth sont absorbés par les voies respiratoires et le tractus gastro-intestinal. Les principaux effets systémiques chez lhumain et les animaux sexercent sur les reins et le foie. Les dérivés organiques provoquent des altérations des tubes contournés et peuvent entraîner des néphroses graves, parfois fatales.
On a rapporté une décoloration des gencives par suite dune exposition aux poussières de bismuth. Les sels minéraux insolubles, absorbés par voie orale pendant des périodes prolongées, à des doses généralement supérieures à une par jour, peuvent provoquer une affection cérébrale caractérisée par des troubles mentaux (confusion mentale), des troubles musculaires (myoclonie), des troubles de la coordination motrice (perte déquilibre, instabilité) et une dysarthrie. Ces troubles sont dus à une accumulation de bismuth dans les centres nerveux, qui se manifeste lorsque la bismuthémie dépasse un certain niveau, estimée à environ 50 mg/litre. Le plus souvent, lencéphalopathie liée au bismuth disparaît progressivement sans traitement médical après une période pouvant aller de 10 jours à 2 mois pendant laquelle le bismuth est éliminé dans les urines. Néanmoins, des cas mortels dencéphalopathie ont été enregistrés.
Des effets de ce type ont été observés en France et en Australie depuis 1973. Ils sont provoqués par un facteur qui na pas été complètement élucidé jusquici, qui favorise labsorption du bismuth par la muqueuse intestinale et conduit à une bismuthémie accrue pouvant atteindre plusieurs mg/litre. Le risque dencéphalopathie provoquée par linhalation professionnelle de poussières métalliques ou de vapeurs doxyde est minime. La faible solubilité du bismuth et de loxyde de bismuth dans le plasma sanguin et leur élimination relativement rapide dans les urines (la demi-vie du bismuth est denviron 6 jours) plaident contre la possibilité dune imprégnation des centres nerveux suffisante pour atteindre le seuil pathologique.
Chez lanimal, linhalation de composés insolubles tels que le tellurure de bismuth provoque la réponse pulmonaire usuelle à une poussière inerte. Néanmoins, une plus longue exposition au tellurure de bismuth «dopé» avec du sulfure de sélénium peut produire, chez diverses espèces, une faible réaction granulomateuse réversible des poumons.
Certains composés du bismuth se décomposent pour donner naissance à des composés chimiques dangereux. Ainsi le pentafluorure de bismuth se décompose sous leffet de la chaleur et émet des vapeurs toxiques.
Le cadmium (Cd) présente de nombreuses similitudes chimiques et physiques avec le zinc et on le trouve dans la nature accompagné du zinc. Dans les composés minéraux et les minerais, le cadmium et le zinc sont généralement présents en une proportion allant de 1:100 à 1:1 000.
Le cadmium est très résistant à la corrosion et il a été largement utilisé dans le dépôt électrolytique sur dautres métaux, principalement lacier et le fer. Les vis, écrous, serrures et diverses pièces pour avions et véhicules à moteur sont souvent traités au cadmium pour augmenter leur résistance à la corrosion. Toutefois, actuellement, 8% seulement de la totalité du cadmium affiné sont utilisés pour des placages et des revêtements. Les composés du cadmium (30% de ses applications dans les pays développés) sont employés comme pigments et stabilisants dans les matières plastiques. Le cadmium entre également dans certains alliages (3%). De petites piles au cadmium, rechargeables et utilisées, par exemple, dans les téléphones portables, contribuent à laccroissement rapide de lutilisation du cadmium (en 1994, 55% du cadmium utilisé dans les pays industriels létaient dans les piles).
On trouve le cadmium dans divers sels inorganiques, le plus important étant le stéarate de cadmium , qui est utilisé comme stabilisant thermique dans les matières plastiques à base de poly(chlorure de vinyle) (PVC). Le sulfure de cadmium et le sulfoséléniure de cadmium entrent en tant que pigments jaune et rouge dans la fabrication des matières plastiques et des colorants. Le sulfure de cadmium est également employé dans les cellules photoélectriques et les piles solaires. Le chlorure de cadmium a une action fongicide. Il entre dans la composition des bains électrolytiques, sert de colorant en pyrotechnie, dadditif dans les solutions détamage et de mordant dans la teinture et limpression des textiles. On lemploie aussi pour la production de certaines pellicules photographiques et pour la fabrication de miroirs spéciaux et de revêtements pour tubes électroniques. L oxyde de cadmium est un agent de dépôt électrolytique, une matière première pour les stabilisants thermiques du PVC et un composant des alliages dargent, des composés du phosphore, des semi-conducteurs et des vernis pour verres et céramiques.
Le cadmium peut représenter un risque environnemental, et de nombreux pays ont adopté des législations visant à réduire son utilisation et la dispersion environnementale qui en résulte.
Le taux dabsorption gastro-intestinale du cadmium ingéré est denviron 2 à 6% dans des conditions normales. Les personnes ayant peu de réserves corporelles de fer, représentées par de faibles concentrations de ferritine sérique, peuvent présenter une absorption de cadmium nettement plus élevée, pouvant aller jusquà 20% dune dose de cadmium donnée. Des quantités significatives de cadmium peuvent être également absorbées par les poumons, par inhalation de la fumée de cigarette ou à la suite dune exposition professionnelle aux poussières de cadmium en suspension dans lair. Labsorption pulmonaire de poussières de cadmium respirables inhalées est évaluée à 20-50%. Après absorption par le tractus gastro-intestinal ou les poumons, le cadmium est transporté dans le foie, où la production dune protéine de faible poids moléculaire fixant le cadmium, la métallothionéine, est amorcée.
On estime quenviron 80 à 90% de la quantité totale de cadmium dans le corps sont liés à la métallothionéine; par conséquent, les ions de cadmium libres ne peuvent exercer leur effet toxique. Tout se passe comme si de petites quantités de cadmium lié à la métallothionéine étaient libérées en permanence par le foie et transportées vers les reins par le sang. La métallothionéine, avec le cadmium qui lui est lié, est filtrée à travers les glomérules dans lurine primaire. Tout comme dautres protéines de faible poids moléculaire ou comme les acides aminés, le complexe métallothionéine-cadmium est ensuite réabsorbé à partir de lurine primaire dans les cellules tubulaires proximales, où les enzymes de la digestion dégradent les protéines phagocytées en peptides et acides aminés de plus petite taille. Les ions de cadmium libres que lon trouve dans les cellules proviennent de la dégradation de la métallothionéine et ils amorcent une nouvelle synthèse de métallothionéine, fixant le cadmium, et protégeant ainsi la cellule des ions cadmium libres toxiques. On considère quune dysfonction rénale intervient lorsque la capacité de production de métallothionéine des cellules tubulaires est insuffisante. Les reins et le foie contiennent les concentrations de cadmium les plus élevées, se montant au total à environ 50% de la teneur corporelle en cadmium. La concentration de cadmium dans le cortex rénal est, avant quune lésion rénale provoquée par le cadmium napparaisse, environ 15 fois supérieure à la concentration dans le foie. Lélimination du cadmium est très lente. Par conséquent, il saccumule dans lorganisme, les concentrations augmentant avec lâge et la durée de lexposition. En se basant sur la concentration dans un organe, on estime que la demi-vie biologique du cadmium chez lhumain, à différents âges, est de lordre de 7 à 30 ans.
Linhalation de composés du cadmium à des concentrations supérieures à 1 mg de Cd/m3 dair pendant 8 heures, ou à des concentrations plus élevées pendant de plus courtes périodes, peut entraîner une pneumopathie inflammatoire, et dans des cas graves, un dème pulmonaire. Les symptômes qui sapparentent à ceux de la grippe et évoquent la fièvre des fondeurs apparaissent généralement 1 à 8 heures après lexposition. Les symptômes les plus graves de pneumopathie inflammatoire et de ldème pulmonaire peuvent présenter un temps de latence allant jusquà 24 heures. La mort peut survenir dans les 4 à 7 jours. Des expositions au cadmium en suspension dans lair à des concentrations supérieures à 5 mg de Cd/m3 sont susceptibles de se produire lors de la fusion, du soudage ou du brasage des alliages contenant du cadmium. Lingestion de boissons contaminées par du cadmium à des concentrations supérieures à 15 mg de Cd/litre entraîne lapparition des symptômes dune intoxication alimentaire, à savoir des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales et parfois de la diarrhée. Les sources de la contamination alimentaire peuvent être des pots et des casseroles revêtus dun émail au cadmium, ou des brasures au cadmium effectuées sur des distributeurs de boissons chaudes ou froides. Ladministration parentérale de cadmium à des animaux à des doses supérieures à 2 mg de Cd/kg de poids corporel provoque une nécrose des testicules. On na pas enregistré de tels effets chez lhumain.
Des intoxications chroniques au cadmium ont été décrites après exposition professionnelle prolongée à des vapeurs doxyde de cadmium, des poussières doxyde de cadmium et des stéarates de cadmium. Les changements provoqués par une telle intoxication peuvent être de type local, auquel cas ils impliquent les voies respiratoires, ou de type systémique, résultant de labsorption de cadmium. Les changements systémiques englobent des lésions rénales accompagnées de protéinurie et danémie. Une maladie pulmonaire de type emphysème est le principal symptôme dune forte exposition au cadmium dans lair, tandis quune dysfonction rénale et des lésions rénales sont les signes les plus importants après une exposition de longue durée à de faibles taux de cadmium dans lair ou après une intoxication par des aliments contaminés par du cadmium. On observe souvent une anémie hypochromique parmi les travailleurs exposés à des taux élevés de cadmium. Ce phénomène peut être dû à la fois à une destruction accrue des hématies et à une déficience en fer. Une coloration en jaune du collet des dents et la perte de lodorat (anosmie) peuvent également être observées dans des cas dexposition à des concentrations de cadmium très élevées.
Lemphysème pulmonaire est considéré comme un effet éventuel de lexposition prolongée au cadmium en suspension dans lair à des concentrations supérieures à 0,1 mg/m3. On a rapporté que lexposition à des concentrations denviron 0,02 mg de Cd/m3 pendant plus de 20 ans pouvait entraîner certains effets pulmonaires. Lemphysème pulmonaire induit par le cadmium peut diminuer la capacité de travail, provoquer une invalidité et abréger la durée de vie. Dans le cas dune exposition prolongée à de faibles taux de cadmium, ce sont les reins qui sont lorgane critique (cest-à-dire lorgane affecté en premier lieu). Le cadmium saccumule dans le cortex rénal. On considérait que des concentrations supérieures à 200 µg de Cd/g de poids humide pouvaient provoquer une dysfonction tubulaire avec une réabsorption réduite de protéines à partir des urines et, par voie de conséquence, une protéinurie tubulaire avec excrétion accrue de protéines de faible poids moléculaire telles que lα1-microglobuline, la β2-microglobuline et lα2-microglobuline (protéine transporteuse du rétinol (RBP)).Toutefois, des recherches suggèrent que des lésions tubulaires peuvent apparaître à de faibles taux de cadmium dans le cortex rénal. Au cours de lévolution de la dysfonction rénale, les acides aminés, le glucose et des composés minéraux tels que le calcium et le phosphore sont également perdus dans les urines. Une excrétion accrue de calcium et de phosphore peut perturber le métabolisme osseux, et lon trouve fréquemment des calculs rénaux chez des travailleurs exposés au cadmium. Après une exposition prolongée à des taux de cadmium moyens à élevés, les glomérules rénaux peuvent être également affectés, ce qui a pour conséquence une vitesse de filtration glomérulaire réduite. Dans des cas graves, une urémie peut se développer. Des études ont montré que le dysfonctionnement glomérulaire est irréversible et dépendant de la dose. Lostéomalacie a été décrite dans des cas graves dintoxication chronique au cadmium.
Afin de prévenir le dysfonctionnement rénal, tel quil se manifeste par la β2-microglobulinurie, en particulier lorsque lexposition professionnelle à des vapeurs ou poussières de cadmium est susceptible de dépasser 25 ans (pour une journée de travail de 8 heures et 225 jours ouvrés/an), il est recommandé que la concentration moyenne de cadmium respirable sur les lieux de travail soit maintenue à un niveau inférieur à 0,01 mg/m3.
Une exposition excessive au cadmium a été constatée dans une population ayant consommé du riz et dautres aliments contaminés, et probablement de leau de boisson contaminée. La maladie «itai-itai», une sorte dostéomalacie douloureuse, accompagnée de fractures multiples et de dysfonctionnement rénal, est apparue au Japon dans des régions à forte exposition au cadmium. Bien que la pathogenèse de cette maladie ne soit pas complètement élucidée à ce jour, on pense généralement que le cadmium est un facteur étiologique obligé. Il faut noter que les lésions rénales provoquées par le cadmium sont irréversibles et peuvent saggraver même après cessation de lexposition.
Plusieurs études épidémiologiques ont mis en évidence une relation dose-réponse et une augmentation de la mortalité par cancer du poumon chez les travailleurs exposés au cadmium. Linterprétation de ce phénomène est compliquée par des expositions simultanées à dautres métaux qui sont connus pour être cancérogènes ou susceptibles de lêtre. Toutefois, dautres observations de travailleurs exposés au cadmium nont pas révélé une mortalité accrue due au cancer de la prostate, comme on lavait suspecté initialement. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a évalué en 1993 le risque de cancer dû à lexposition au cadmium et conclu que ce métal devait être considéré comme un cancérogène humain. Par la suite, dautres données épidémiologiques ont quelque peu contredit ces résultats, ce qui fait que le pouvoir cancérogène du cadmium nest pas clairement établi. Néanmoins, il est clair que le cadmium présente de fortes propriétés cancérogènes dans des expériences réalisées sur des animaux.
Le cortex rénal est lorgane critique lors dune exposition prolongée au cadmium par lintermédiaire de lair ou des aliments. La concentration critique est évaluée à environ 200 µg de Cd/g de poids humide, mais elle peut être inférieure, comme mentionné plus haut. Afin que la concentration dans le cortex rénal ne dépasse pas cette valeur même après une exposition prolongée, la concentration moyenne de cadmium dans lair (8 heures par jour) ne devrait pas dépasser 0,01 mg de Cd/m3.
Les procédés et opérations qui peuvent libérer des vapeurs ou des poussières de cadmium dans latmosphère devraient être conçus de façon que les concentrations soient réduites au minimum; si possible, ils devraient être exécutés en vase clos et sous aspiration. Lorsquune aspiration efficace est impossible à réaliser (par exemple, dans le soudage et le découpage), les travailleurs devraient porter un appareil de protection respiratoire et des échantillons dair devraient être prélevés régulièrement pour déterminer la concentration de cadmium. Les personnes qui travaillent dans des lieux où existe un risque de projection de particules, déclaboussures chimiques, de chaleur rayonnante et autres (par exemple, au voisinage des bains de cadmiage et des fours) devraient porter léquipement de protection approprié, tel que des lunettes, des gants, des masques et des combinaisons imperméables. Des installations sanitaires adéquates devraient être mises à la disposition du personnel, qui devrait être encouragé à se laver soigneusement avant les repas et à se laver et se changer avant de quitter le travail. Il devrait être interdit de fumer, de manger et de boire sur les lieux de travail. Le tabac contaminé par des poussières de cadmium présentes dans latelier peut constituer une importante source dexposition. Les cigarettes et le tabac devraient donc être proscrits dans les ateliers. Lair pollué repris par les systèmes daspiration devrait être filtré et le personnel chargé de lentretien des dépoussiéreurs et des filtres devrait porter un appareil de protection respiratoire pendant ses interventions.
Pour sassurer quil ne se produit pas une accumulation exces-sive de cadmium dans les reins, les taux sanguins et urinaires de cadmium devraient être contrôlés régulièrement. Les taux sanguins de cadmium indiquent principalement lexposition des derniers mois, mais ils peuvent être exploités pour évaluer la charge corporelle quelques années même après la cessation de lexposition. Une valeur de 100 nmoles de Cd/litre de sang total est un taux critique approximatif si lexposition a été régulière pendant une période prolongée. Les taux de cadmium dans les urines peuvent être utilisés pour évaluer la charge corporelle de ce métal, mais seulement en labsence de lésions rénales. LOrganisation mondiale de la santé (OMS) a estimé que 10 nmoles/mmole de créatinine est la concentration au-dessous de laquelle une dysfonction rénale ne peut pas se produire. Toutefois, des recherches ont montré quune dysfonction rénale de cette nature pouvait déjà apparaître vers 5 nmoles/mmole de créatinine. Etant donné que les taux sanguins et urinaires mentionnés sont des taux pour lesquels on a observé laction du cadmium sur les reins, il est recommandé deffectuer des examens de contrôle chaque fois que les concentrations individuelles urinaires ou sanguines de cadmium sont supérieures à 50 nmoles/litre de sang total ou à 3 nmoles/mmole de créatinine, respectivement. Les travailleurs susceptibles dêtre exposés aux poussières ou aux vapeurs de cadmium devraient subir un examen médical dembauche. Les sujets atteints de troubles respiratoires ou rénaux ne devraient pas être admis à ces emplois. Les travailleurs exposés au cadmium devraient subir un examen médical au moins une fois par an. Pour ceux qui sont exposés au cadmium pendant des périodes prolongées, des mesures quantitatives dans les urines de β2-microglobuline ou dautres protéines pertinentes, de faible poids moléculaire, devraient être effectuées régulièrement. Les concentrations urinaires de β2-microglobuline ne devraient normalement pas dépasser 34 µg/mmole de créatinine.
Il faut faire vomir les sujets qui ont ingéré des sels de cadmium ou leur administrer un lavage destomac; les personnes ayant inhalé une forte dose de vapeurs de cadmium devraient être soustraites à lexposition et soumises, le cas échéant, à une oxygénothérapie. Faute de traitement spécifique, il faut sen tenir au traitement symptomatique. En règle générale, les chélateurs comme le BAL ou lEDTA sont contre-indiqués, car ils sont néphrotoxiques en association avec le cadmium.
Le chrome élément (Cr) ne se trouve pas à létat libre dans la nature, et son seul minerai important est la chromite ferreuse (FeOCr2O3), très abondante dans la croûte terrestre. Outre la-cide chromique, cette roche contient des quantités variables dautres substances. On nexploite industriellement que les minerais renfermant plus de 40% doxyde chromique (Cr2O3). Les pays qui possèdent les gisements les plus riches sont la Fédération de Russie, lAfrique du Sud, le Zimbabwe, la Turquie, les Philippines et lInde. Les principaux consommateurs de chromite sont les Etats-Unis, la Fédération de Russie, lAllemagne, le Japon, la France et le Royaume-Uni.
On extrait la chromite de mines souterraines ou à ciel ouvert. Le minerai est broyé et, en cas de besoin, enrichi.
La principale application du chrome pur est le chromage ou dépôt électrolytique de chrome sur de nombreux articles manufacturés, tels que des pièces dautomobiles et du matériel électrique. On utilise de grandes quantités de chrome allié au fer et au nickel pour obtenir lacier inoxydable, dune part, et au nickel, au titane, au niobium, au cobalt, au cuivre et à dautres métaux pour la fabrication dalliages spéciaux, de lautre.
Il existe de nombreux composés du chrome suivant le nombre de valences. Les plus importants sont les composés de létat II (chromeux), de létat III (chromiques) et de létat VI (chromates); létat II est basique, létat III est amphotère et létat VI, acide. Les applications industrielles se limitent principalement aux composés à létat VI (chrome hexavalent), avec quelques applications pour les composés du chrome à létat III (chrome trivalent).
Létat chromeux (CrII) est instable et passe facilement à létat chromique (CrIII) par oxydation. Cette instabilité limite lutilisation des composés chromeux. Les composés chromiques, par contre, sont très stables et entrent dans de nombreux produits aux multiples applications dans lindustrie, loxyde chromique et le sulfate basique de chrome étant les plus importants.
Le chrome à létat doxydation +6 (CrVI) est présent dans les applications industrielles les plus nombreuses, par suite de ses propriétés acides et oxydantes, et de son aptitude à former des sels fortement colorés et insolubles. Les plus importants composés contenant du chrome hexavalent sont le dichromate de sodium, le dichromate de potassium et le trioxyde de chrome . La plupart des autres chromates sont produits industriellement à partir de dichromates en tant que sources de CrVI.
Le monochromate et le dichromate de sodium sont les matières premières de la plupart des composés du chrome. Le monochromate et le dichromate de sodium sobtiennent directement à partir dun minerai de chrome qui est concassé, séché et broyé; on lui ajoute de la soude calcinée et, éventuellement, de la chaux vive ou de la chaux éteinte. Après un vigoureux brassage, le mélange est grillé dans un four rotatif à une température optimale denviron 1 100 °C; une atmosphère oxydante est essentielle pour amener le chrome à létat CrVI. La masse fondue sortie du four est refroidie et lixiviée et le chromate ou le dichromate de sodium est isolé à partir de la solution par des procédés classiques.
Techniquement, loxyde de chrome (Cr2O3), ou oxyde chromique, est obtenu par réduction du dichromate de sodium à laide de charbon ou de soufre. On utilise la réduction par le soufre lorsque loxyde de chrome est employé en tant que pigment. Pour les applications métallurgiques, on emploie généralement la réduction au carbone.
Dans lindustrie, on se sert généralement de sulfate basique de chrome [Cr(OH)(H2O)5]SO4, qui est obtenu à partir du dichromate de sodium par réduction avec un hydrate de carbone en présence dacide sulfurique; la réaction est vigoureusement exothermique. Dans une variante de ce procédé, la réduction dune solution de dichromate de sodium par le dioxyde de soufre fournit le sulfate basique de chrome. Celui-ci sert dans le tannage du cuir; il est commercialisé en fonction de sa teneur en Cr2O3, qui est de 20,5 à 25%.
Le dichromate de sodium peut être transformé en sel anhydre. Il est le point de départ de la préparation des composés du chrome.
Le trioxyde de chrome ou anhydride chromique (appelé parfois «acide chromique», bien que le véritable acide chromique ne puisse pas être isolé de la solution) sobtient par traitement dune solution concentrée dun dichromate avec de lacide sulfurique concentré en excès. Cest un oxydant violent, et sa solution est le principal élément du chromage.
Les chromates de bases faibles présentent une solubilité limitée et une coloration plus intense que les oxydes, doù leur utilisation en tant que pigments. Ce ne sont pas toujours des composés distincts, et ils peuvent être mélangés à dautres substances pour produire la coloration de pigment voulue. Ils sont obtenus par addition de dichromate de sodium ou de potassium à une solution du sel approprié.
Le chromate de plomb est trimorphique; la forme monoclinique stable est jaune orangé, «jaune de chrome», et la forme orthorhombique instable est jaune, isomorphe par rapport au sulfate de plomb et stabilisée par celui-ci. Une forme tétragonale rouge orangé est similaire et isomorphe par rapport au molybdate de plomb (VI) PbMoO4 et stabilisée par celui-ci. De ces propriétés dépend la versatilité du chromate de plomb en tant que pigment dans la production dune grande variété de pigments jaune orangé.
Les composés qui renferment du CrVI servent à de nombreuses opérations industrielles. Les plus importantes sont la fabrication de pigments inorganiques tels que les chromes au plomb (eux-mêmes utilisés pour préparer les verts de chrome), les orangés au molybdate, le chromate de zinc et le vert oxyde de chrome; la préservation du bois; linhibition de la corrosion; les verres colorés et les glaçures. Les sulfates basiques de chrome sont très utilisés en tannage.
La teinture des textiles, la préparation de nombreux catalyseurs importants à base doxyde chromique et la production de colloïdes dichromatés photosensibles employés en lithographie sont également des applications industrielles bien connues des composés du chrome.
Lacide chromique intervient non seulement dans le chromage des métaux à des fins décoratives, mais aussi dans lélectrolyse «dure» au chrome ou «chromisation», où le dépôt est beaucoup plus épais, ce qui permet dobtenir une surface extrêmement dure, à très faible coefficient de frottement.
En raison du grand pouvoir oxydant des chromates en solution acide, ceux-ci trouvent un grand nombre dapplications industrielles où interviennent en particulier des matières organiques, notamment loxydation du trinitrotoluène (TNT) et de la picoline pour produire respectivement la phloroglucine et lacide nicotinique.
Loxyde de chrome sert également à produire le chrome métal à létat pur en vue de son incorporation à des alliages résistant au fluage et aux hautes températures, et aussi comme oxyde réfractaire. On peut avantageusement le faire entrer dans maintes compositions réfractaires, par exemple dans les mélanges de magnésite et de magnésite-chromate.
Les composés au degré doxydation CrIII sont nettement moins toxiques que les composés du CrVI. Les composés du CrIII sont peu absorbés par le système digestif; ils peuvent également se combiner avec des protéines dans les couches superficielles de la peau pour former des complexes stables. Les composés du CrIII ne provoquent pas dulcérations au chrome et, généralement, pas de dermatose allergique sans sensibilisation préalable par des composés du CrVI.
Au degré doxydation CrVI, les composés du chrome sont facilement absorbés après ingestion ainsi que par inhalation. Labsorption percutanée est moins bien élucidée. Les effets irritants et corrosifs du CrVI se produisent immédiatement après pénétration au niveau des muqueuses, par lesquelles les composés sont facilement absorbés. Lexposition professionnelle à des composés du CrVI peut provoquer une irritation ou une corrosion de la peau et des muqueuses, des réactions allergiques et des ulcérations de la peau.
Les effets nocifs des composés du chrome apparaissent généralement chez les travailleurs employés dans des lieux où lon rencontre le CrVI, en particulier pendant la fabrication ou lutilisation de cette variété de chrome. Ces effets concernent généralement la peau et le système respiratoire. Au nombre des principaux risques dexposition figurent linhalation des poussières et des vapeurs qui se dégagent au cours des opérations de fabrication des dichromates à partir de la chromite et de celle des chromates de plomb et de zinc, linhalation de brouillards dacide chromique qui séchappent des bains de chromage ou de traitement de surface des métaux, et le contact cutané avec les composés du CrVI lors de la fabrication ou de lutilisation de cette variété de chrome. Lexposition à des vapeurs contenant du CrVI peut également se produire pendant le soudage daciers inoxydables.
Ulcérations au chrome. Cest la plus commune des lésions occasionnées par lexposition professionnelle aux composés du CrVI. Les ulcères sont dus à laction corrosive du CrVI, qui pénètre dans la peau par des coupures ou des abrasions. La lésion débute généralement par une papule indolore, souvent localisée sur les mains, aux avant-bras et aux pieds, conduisant à des ulcérations. Lulcération creuse profondément les tissus mous et peut aller jusquà atteindre los. Si aucun traitement nintervient au stade précoce, la guérison est lente et laisse des cicatrices atrophiques. Aucun cas de cancer de la peau na été décrit consécutivement à ces ulcères.
Dermatites. Les composés du CrVI provoquent aussi bien des irritations primaires de la peau que sa sensibilisation. Dans lindustrie de la production des chromates, certains travailleurs présentent des irritations cutanées, en particulier au cou et aux poignets, peu de temps après avoir commencé à travailler avec les chromates. Dans la majorité des cas, ces lésions guérissent rapidement et ne récidivent pas. Toutefois, il peut être parfois nécessaire de recommander une mutation de poste.
De nombreuses sources dexposition au CrVI ont été citées (notamment le contact avec le ciment, le plâtre, le cuir, les travaux graphiques, la fabrication des allumettes, le travail en tannerie et dans la métallurgie). On a également signalé des allergies chez les travailleurs employés au ponçage à lhumide des carrosseries dautomobiles. Les sujets affectés réagissent positivement aux tests épicutanés avec une solution à 0,5% de dichromate. Certains sujets affectés ne présentent quun érythème ou des papules disséminées; chez dautres, les lésions évoquent le pemphigus dyshidrosique. Un eczéma nummulaire peut conduire à une erreur de diagnostic concernant des cas authentiques de dermatite professionnelle.
Il est démontré que le CrVI pénètre dans la peau par le canal des glandes sudoripares et se trouve réduit en CrIII dans le derme. On a montré que le CrIII réagit ensuite avec les protéines pour former un complexe antigène-anticorps. Cette théorie explique la localisation des lésions autour des glandes sudoripares et aussi pourquoi des quantités infimes de dichromate peuvent provoquer une sensibilisation. Le caractère chronique de la dermatite peut tenir au fait que le complexe antigène-anticorps est éliminé plus lentement que si la réaction sétait produite dans lépiderme.
Effets aigus sur lappareil respiratoire. Linhalation de poussières ou de brouillards qui renferment du CrVI se traduit par une irrita-tion des muqueuses. A des concentrations élevées, éternuements, écoulement nasal, lésions de la cloison nasale et rougeurs de la gorge apparaissent. On note parfois une sensibilisation qui se manifeste par des crises dasthme caractérisées, que toute exposition ultérieure fait récidiver. Chez un sujet exposé pendant plusieurs jours à des brouillards dacide chromique dont la concentration était de lordre de 20 à 30 mg/m3, on a relevé des symptômes de toux, de céphalée, de dyspnée et de douleur rétro-sternale. Loccurrence de bronchospasmes chez une personne travaillant avec des chromates devrait faire présumer une irritation chimique des poumons. Le traitement nest que symptomatique.
Ulcérations de la cloison nasale. Ces dernières années, on a souvent observé des ulcérations de la cloison nasale chez les travailleurs exposés à des taux de CrVI élevés. Ces lésions sont dues au dépôt de particules ou de gouttelettes renfermant du CrVI sur la cloison nasale, ce qui entraîne une ulcération de la partie cartilagineuse suivie souvent de perforation de la cloison au niveau du site de lulcération. La formation de perforations est souvent favorisée par la mauvaise habitude de se curer le nez avec les ongles. La muqueuse qui recouvre la partie antérieure de la base de la cloison, dénommée aire de Kiesselbach et de Little, est relativement avasculaire et adhère fortement au cartilage sous-jacent. Des croûtes contenant des débris nécrosés issus du cartilage de la cloison continuent à se former, et en lespace dune ou deux semaines, la cloison est perforée. La périphérie de lorifice ainsi créé continue de subir une ulcération active pendant une période pouvant aller jusquà plusieurs mois, durant lesquels la perforation peut sélargir. Elle guérit par formation dun tissu cicatriciel avasculaire. Lodorat nest presque jamais affecté. Pendant la phase active, la rhinorrhée et les hémorragies nasales peuvent être des manifestations gênantes. Après guérison complète, la symptologie est généralement muette et bien des sujets atteints nont plus conscience de la perforation de la cloison.
Effets sur dautres organes. Une nécrose des reins a été décrite, commençant par une nécrose tubulaire qui nendommage pas les glomérules. Une nécrose diffuse du foie et une perte consécutive de son architecture ont également été rapportées. Peu après le tournant du siècle, il est paru un grand nombre de rapports sur lingestion humaine de composés du CrVI provoquant une grave hémorragie gastro-intestinale à partir dulcérations de la muqueuse intestinale. Une complication possible de ce type dhémorragie a été parfois une attaque cardio-vasculaire. Si le patient survivait, il pouvait subir éventuellement une nécrose tubulaire des reins ou une nécrose du foie.
Effets cancérogènes. Un accroissement de la fréquence du cancer du poumon chez les travailleurs employés à la fabrication et à lapplication des composés du CrVI a été décrit dans un grand nombre détudes réalisées en France, en Allemagne, en Italie, au Japon, en Norvège, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Les chromates de zinc et de calcium semblent compter parmi les chromates cancérogènes et parmi les cancérogènes humains les plus puissants. Une fréquence élevée de cancers du poumon a été également rapportée parmi les sujets exposés aux chromates de plomb et aux vapeurs des trioxydes de chrome. Une forte exposition aux composés du CrVI a entraîné une fréquence très fortement accrue du cancer du poumon chez les travailleurs exposés pendant 15 années ou plus après la première exposition, comme décrit dans de nombreuses études de cas.
Ainsi, il est clairement établi quune augmentation de la fréquence du cancer du poumon chez des travailleurs employés à la fabrication du chromate de zinc et à la fabrication des mono- et dichromates à partir de chromite est un effet retardé dune forte exposition professionnelle à des composés du CrVI. Certaines études de cohortes mentionnent des mesures de taux dexposition parmi les personnes exposées. Un petit nombre détudes a montré que lexposition aux vapeurs générées par le soudage daciers alliés au Cr pouvait entraîner une fréquence accrue de cancer du poumon parmi les soudeurs.
On na pas vraiment établi un niveau dexposition «de sécurité». Néanmoins, la plupart des études concernant le rapport entre lexposition au CrVI et le cancer des organes respiratoires font état de taux supérieurs à 50 mg de CrVI/m3 dair.
Par les symptômes, les signes, le tableau clinique, le tableau radiologique, la méthode de diagnostic et le pronostic, le cancer du poumon résultant de lexposition aux chromates ne se distingue en rien de ceux que lon peut attribuer à dautres causes. On a constaté que les tumeurs apparaissent au début à la périphérie de larbre bronchique. Elles peuvent appartenir à tous les types histologiques, mais une majorité des tumeurs semblent être des tumeurs anaplasiques en grains davoine. On trouve du chrome hydrosoluble, acido-soluble ou insoluble en quantités variables dans les tissus pulmonaires des travailleurs de lindustrie des chromates.
Sans pour autant établir de tendance nette, certaines études ont montré que lexposition aux chromates peut augmenter le risque de cancer dans les sinus et le tractus alimentaire. Les études indiquant un nombre accru de cancers du tractus alimentaire sont des études de cas des années trente ou des études de cohortes qui correspondent à un taux dexposition supérieure à ceux rencontrés aujourdhui.
La prévention technique repose sur une bonne conception des procédés et des opérations. Elle comprend des installations bien adaptées et efficaces daspiration et de suppression des poussières et des brouillards qui contiennent du chrome hexavalent. Des mesures de sécurité intégrée sont également nécessaires, exigeant le minimum dintervention des personnes préposées à la production et à lentretien.
Partout où leur application est possible, les méthodes humides de nettoyage devraient être de rigueur; à défaut, le seul autre moyen acceptable est laspiration. Les débords de liquides et de solides devraient être éliminés immédiatement pour prévenir la mise en suspension des vapeurs et des poussières. La teneur de lair en poussières et vapeurs contenant du chrome devrait être contrôlée à intervalles réguliers par des appareils fixes de prélèvement et par des mesures déchantillonnage individuel. Lorsquon constate un dépassement des concentrations admissibles, il importe, quelle que soit la méthode de mesurage, didentifier et déliminer sans retard les sources de poussières et de vapeurs. Lorsque le dosage de lair révèle un dépassement des concentrations maximales admissibles, le personnel devrait porter des masques antipoussières, de préférence des masques ayant vis-à-vis des particules de 0,5 µm un pouvoir de rétention supérieur ou égal à 99%; il peut être nécessaire, pour certains postes, de pourvoir les travailleurs dun équipement de protection respiratoire à adduction dair frais. La direction devrait sassurer que la contamination soit éliminée des surfaces par lavage à grande eau ou par aspiration, et cela avant le début du travail. Il faut aussi distribuer des combinaisons de travail, lessivées quotidiennement, afin de prévenir la contamination de la peau. Des gants et des lunettes de protection sont recommandés, comme le sont la réparation et le remplacement de tout équipement de protection individuelle.
La surveillance médicale des personnes affectées à des opérations industrielles où lon suspecte la présence de composés du CrVI devrait comprendre la diffusion dinformations quant aux risques pour la santé liés aux propriétés toxiques et cancérogènes des composés du CrVI et du CrIII, sans oublier les différences entre ces deux groupes de composés. La nature des risques que comporte lexposition et ses conséquences ultérieures possibles, à savoir diverses maladies (par exemple, le cancer du poumon) devraient être mentionnées lors de lembauche et rappelées à intervalles réguliers. On devrait également attirer lattention du personnel sur la nécessité dobserver une hygiène corporelle scrupuleuse.
Tous les effets nocifs de lexposition au chrome peuvent être évités. On peut prévenir lulcération cutanée par le chrome en supprimant les occasions de contact et en protégeant soigneusement la peau. Les coupures et abrasions cutanées, si bénignes soient-elles, devraient être nettoyées immédiatement et traitées avec un onguent à 10% dEDTA sodique. Ce traitement, combiné avec lapplication dun pansement imperméable changé fréquemment, est le garant dune guérison rapide de tout ulcère possible. Bien que lEDTA ne soit pas un chélateur des composés du CrVI à la température ordinaire, il a la propriété de réduire rapidement le CrVI en CrIII, et lEDTA en excès assure la chélation du CrIII. On prévient donc ainsi à la fois laction irritante et corrosive des composés du CrVI et la formation de complexes protéine/CrIII. Après une ingestion accidentelle de composés du CrVI, il faut avaler immédiatement de lacide ascorbique, ce qui peut réduire rapidement le CrVI.
Un nettoyage approfondi de la peau après tout contact et des précautions contre les frottements et la sudation sont des mesures importantes de prévention de lirritation primaire par les chromates. Ces dernières années, on appliquait régulièrement un onguent contenant 10% dEDTA sodique sur la cloison nasale avant lexposition. Ce traitement préventif peut contribuer à préserver lintégrité de la cloison nasale. De même, lorsquon traite une douleur localisée à lintérieur du nez ou un début dulcération par application régulière de cet onguent, la cloison guérit sans quil y ait perforation.
Les recherches montrent que les travailleurs exposés à des concentrations élevées de CrVI dans lair peuvent être suivis avec succès grâce à la surveillance de lexcrétion urinaire du chrome. Toutefois, ces résultats ne sappliquent pas aux risques dallergie cutanée. Actuellement, compte tenu de la très longue période de latence des cancers du poumon liés au CrVI, il est difficile de se prononcer sur le risque de cancer en se fondant sur les taux urinaires de Cr.
Le cuivre (Cu) est un métal malléable et ductile, excellent conducteur de la chaleur et de lélectricité, très peu altéré dans ses propriétés fonctionnelles par lexposition à lair sec. Au contact dair humide chargé danhydride carbonique, il se couvre dun carbonate basique, le vert-de-gris. Le cuivre est un élément essentiel du métabolisme humain.
Le cuivre se rencontre essentiellement sous la forme de composés minéraux dans lesquels les isotopes 63Cu et 65Cu constituent respectivement 69,1% et 30,9%. Cest un métal très répandu dans les cinq continents et présent dans la plupart des organismes vivants. Encore quil existe quelques gisements de cuivre natif, on extrait surtout le métal de minerais divers, soit de sulfures, comme la covellite (CuS), la chalcocite (Cu2S), la chalcopyrite (CuFeS2) et la bornite (Cu3FeS3), soit doxydes tels que la malachite (Cu2CO3(OH)2), le chrysocolle (CuSiO3·2H2O) et la chalcanthite (CuSO4· 5H2O).
En raison de ses propriétés électriques, plus de 75% de la production de cuivre sont dévolus à lélectrotechnique. Parmi les autres applications, les plus importantes sont les conduites deau, les matériaux de couverture de bâtiments, le matériel de cuisine, le matériel des laboratoires de chimie ou de pharmacie et la production des alliages de cuivre. Le cuivre métal est aussi utilisé comme pigment et pour précipiter le sélénium.
Les alliages les plus usités du cuivre avec des métaux non ferreux sont les alliages formés avec le zinc (laiton), létain (bronze), le nickel (maillechort), laluminium, lor, le plomb, le cadmium, le chrome, le béryllium, le silicium ou le phosphore.
Le sulfate de cuivre est utilisé comme algicide et molluscicide dans leau; avec la chaux, comme fongicide pour le traitement des végétaux; comme mordant; en électrodéposition; comme agent de flottation pour la séparation du sulfure de zinc; comme agent pour le tannage du cuir et la conservation des peaux. Le sulfate de cuivre neutralisé avec la chaux éteinte, connu sous le nom de bouillie bordelaise, est employé pour la prévention du mildiou dans les vignobles.
Loxyde cuprique a été utilisé jadis comme composant de peinture pour les carènes des navires et comme pigment pour le verre, les céramiques, les vernis, les couvertes de porcelaine et les pierres précieuses artificielles. Il entre également dans la fabrication de la rayonne et dautres composés du cuivre, comme agent de polissage des verres optiques et comme solvant pour les minerais de fer chromiques. Loxyde cuprique est un composant du fondant dans la métallurgie du cuivre; il sert en pyrotechnie, dans les fondants de soudage pour le bronze et dans des produits pour lagriculture tels que les insecticides et les fongicides. Loxyde cuprique noir est utilisé pour lamendement des sols pauvres en cuivre et comme complément alimentaire.
Les chromates de cuivre sont des pigments, des catalyseurs pour hydrogénation en phase liquide et des fongicides de la pomme de terre. Une solution dhydroxyde cuprique dans un excès dammoniac est un solvant de la cellulose, utilisé dans la fabrication de la rayonne (viscose). Lhydroxyde cuprique est employé dans la fabrication délectrodes pour les piles et dans le traitement et la coloration du papier. Cest également un pigment, un additif alimentaire, un mordant en teinture et un constituant de fongicides et dinsecticides.
Les complexes aminés du chlorate cuprique, du dithionate cuprique, de lazoture cuivrique et de lacétylure cuivreux sont explosifs, mais dépourvus dimportance du point de vue de lindustrie ou de la santé publique. Lacétylure cuivreux a causé des explosions dans les établissements de production de lacétylène, raison pour laquelle le cuivre nentre plus dans les éléments constitutifs de ces installations. Des fragments de cuivre métallique ou dalliages de cuivre se logeant dans les yeux (un état connu sous le nom de chalcose) peuvent conduire à une uvéite, un abcès et la perte de lil. Les travailleurs qui traitent les vignes avec de la bouillie bordelaise peuvent être atteints de lésions pulmonaires (appelées parfois «poumon des pulvérisateurs de vignes») et de granulomes hépatiques chargés en cuivre.
Lingestion accidentelle de sels solubles de cuivre ne présente généralement pas de risque, étant donné que le vomissement provoqué débarrasse le patient dune grande partie du cuivre. Une intoxication par le cuivre peut se produire dans les situations suivantes:
Certains ouvrages de référence citent encore les sels solubles du cuivre parmi les produits toxiques, mais cette affirmation nest vraie que si les solutions sont utilisées mal à propos ou dans une intention de suicide, voire pour le traitement topique de brûlures étendues. Lorsque le sulfate de cuivre, connu sous les dénominations de «couperose bleue» ou de «vitriol bleu», est ingéré en quantités de lordre du gramme, il provoque des nausées, des vomissements, de la diarrhée, une forte sudation, une hémolyse intravasculaire et, éventuellement, une insuffisance rénale; plus rarement, il peut causer des convulsions, un coma pouvant évoluer vers la mort. Une irritation gastro-intestinale, rarement grave, peut être observée après quune personne a bu une eau carbonatée ou un jus de citron qui se sont trouvés en contact avec des cuves, des conduites ou une robinetterie en cuivre. Ces boissons sont assez acides pour dissoudre le cuivre en quantité suffisante pour provoquer cette irritation. On a rapporté un cas dulcère de la cornée et dirritation de la peau, sans autre effet nocif, chez un travailleur de lextraction du cuivre qui était tombé dans un bain délectrolyse, mais lagent causal était peut-être lacidité plus que le cuivre. Il arrive quon observe une forte concentration de cuivre sérique et des manifestations dintoxication dans certains cas de recours aux sels de cuivre pour le traitement des brûlures.
Linhalation de poussières, de vapeurs et de brouillards chargés de sels de cuivre peut provoquer la congestion des muqueuses du nez et une ulcération avec perforation de la cloison nasale. Les vapeurs produites par le chauffage du cuivre métallique donnent parfois de la fièvre ou provoquent des nausées, des douleurs gastriques et de la diarrhée.
Lintoxication chronique est extrêmement rare chez lhumain; on ne la observée que chez des individus porteurs dune paire de gènes autosomatiques anormaux récessifs, chez qui se déclare une dégénérescence hépato-lenticulaire (maladie de Wilson). Ce phénomène est rare. Le bol alimentaire quotidien de la plupart des êtres humains renferme de 2 à 5 mg de cuivre, dont lorganisme ne retient presque rien. La teneur en cuivre du corps humain demeure pratiquement constante, à un niveau denviron 100 à 150 mg chez ladulte. Chez un sujet sain (qui nest pas atteint de la maladie de Wilson), pratiquement tout le cuivre est présent sous la forme dune partie intégrante et fonctionnelle dune dizaine peut-être de systèmes protéiniques et enzymatiques: cytochrome-oxydase, dopa-oxydase et céruloplasmine, par exemple. Lapport quotidien de cuivre peut se trouver plus que décuplé chez les personnes qui consomment beaucoup dhuîtres (et dautres coquillages), de foie, de champignons, de noix ou de chocolat tous aliments riches en cuivre; il en va de même chez les mineurs, qui ont travaillé et pris leurs repas, durant 20 ans ou davantage, dans une atmosphère chargée à 1 ou 2% de poussières de minerais de cuivre. Quoi quil en soit, la toxicité chronique primaire du cuivre (notoire dans les observations faites chez des patients atteints dune toxicose au cuivre héréditaire maladie de Wilson qui se manifeste comme un dysfonctionnement, doublé dune altération structurelle du foie, du système nerveux central, des reins, du squelette et des yeux) na jamais pu être établie chez aucun sujet en dehors des cas de maladie de Wilson. Néanmoins, les dépôts excessifs de cuivre quon trouve dans le foie de patients atteints dune cirrhose biliaire primaire, de choléstase et de cirrhose infantile indienne, peuvent constituer lun des facteurs contribuant à la gravité des maladies hépatiques qui caractérise ces états.
Les travailleurs exposés aux poussières ou aux brouillards de cuivre devraient être munis de vêtements de protection appropriés pour éviter un contact cutané répété ou prolongé. Lorsquil est difficile de réduire suffisamment lempoussièrement, des appareils respiratoires et des protections oculaires appropriés sont nécessaires. La propreté des lieux de travail et la mise à disposition dinstallations sanitaires sont indispensables; en outre, il devrait être interdit de manger, de boire et de fumer sur les lieux de travail. Dans les mines où lon rencontre des minerais hydrosolubles tels que la chalcanthite, les travailleurs devraient se laver les mains avant les repas.
La prévention de la fièvre provoquée par les vapeurs métalliques consiste à maintenir le niveau dexposition au-dessous de la concentration généralement acceptée comme admissible. Lutilisation dune aspiration localisée est une mesure nécessaire pour recueillir les vapeurs de cuivre à la source.
Les personnes atteintes de la maladie de Wilson ne devraient pas être employées dans lindustrie du cuivre. La concentration sérique de céruloplasmine est un moyen de dépistage de cet état: en effet les sujets sains présentent des taux sériques de cette protéine allant de 20 à 50 mg/100 cm3, tandis que 97% des patients atteints de la maladie de Wilson présentent un taux inférieur à 20 mg/100 cm3. Cette méthode est toutefois relativement coûteuse pour des programmes de dépistage à grande échelle.
Létain (Sn) doit sa large utilisation à travers les âges à sa malléabilité, qui permet de le façonner aisément à la température ambiante, et aussi à sa miscibilité avec les autres métaux, qui le rend apte à former des alliages. Lune de ses propriétés les plus remarquables est sa résistance aux acides et aux influences atmosphériques.
Bien que les gisements détain soient largement disséminés à travers le globe, jusquau XVIIIe siècle, lapprovisionnement mondial en étain était assuré principalement par lAngleterre, la Saxe et la Bohême. Actuellement, mis à part quelques gisements au Nigéria, en Chine, au Congo et en Australie, les principales sources se trouvent en Asie du Sud-Est et en Bolivie.
Parmi les minerais détain, la cassitérite (SnO2) est le plus important du point de vue industriel. On la rencontre en filons dans des granits ou des roches éruptives acides, mais les cinq sixièmes de la production totale proviennent de dépôts alluviaux secondaires qui résultent de la désintégration des dépôts primaires. En Bolivie, les minerais sont sulfureux, les plus usités étant la stannite (Cu2FeSnS2) et la téallite (PbZnSnS2).
Létain métallique est utilisé pour les métaux de type antifriction et pour les tubes pliables, ainsi que dans les industries pharmaceutique et cosmétique. En raison de sa résistance à la corrosion, létain sert de revêtement protecteur pour dautres métaux. Le fer-blanc nest rien dautre que de la tôle de fer ou dacier revêtue dune couche épaisse détain par immersion dans un bain détain. Il entre principalement dans la fabrication dustensiles ménagers et de boîtes de conserve pour les aliments et les boissons. Il est souvent utilisé à des fins décoratives. La tôle plombée est une tôle de fer ou dacier recouverte dun alliage plomb-étain à 85% de plomb et 15% détain; elle est surtout employée pour fabriquer des éléments de couverture de bâtiments. Le bronze à miroir est un alliage étain-cuivre qui renferme de 33 à 50% détain, que lon peut polir jusquà obtenir un pouvoir de réflexion très poussé. On lapplique, par la technique de dépôt électrolytique, sur des objets dargenterie et autres articles analogues pour en accroître le brillant et sur les miroirs de télescope. On recourt à des bains détain dans la production du verre à vitres.
Une importante propriété de létain est son aptitude à former des alliages avec dautres métaux, et il a de nombreuses applications dans ce domaine. Un alliage étain-plomb connu sous le nom de soudure tendre est très employé pour assembler dautres métaux ou alliages en plomberie, dans la construction automobile, en électrotechnique et dans dautres industries, et comme charge dans les travaux de finition de carrosserie. Létain entre dans la composition dun grand nombre dalliages non ferreux, notamment le bronze au phosphore, le laiton léger, le bronze à canon, le laiton à haute résistance à la traction, le bronze au manganèse, les alliages pour coulée sous pression, les métaux pour coussinets et paliers, le plomb des caractères dimprimerie et létain dart. Lalliage étain-niobium est supraconducteur, et sert à fabriquer des électroaimants de grande puissance.
Le chlorure stannique (SnCl4), ou tétrachlorure détain, est préparé par chauffage de létain en poudre avec du chlorure mercurique, ou en faisant passer un courant de chlore sur un lit détain fondu. Il est utilisé comme agent de déshydratation en synthèse organique, comme stabilisant des matières plastiques et comme produit intermédiaire dans lobtention de composés de létain. Le chlorure stannique est présent dans des colorants et parfums servant à la fabrication des savons. Il est également utilisé dans les céramiques pour produire des revêtements réflecteurs ou résistant à labrasion. On lemploie pour la décoloration du sucre et pour le traitement de surface du verre et dautres matériaux non conducteurs. Le pentahydrate de ce sel est utilisé comme mordant. On sen sert aussi comme charge pour la soie, pour donner de la tenue aux soieries.
Le chlorure stanneux dihydraté (SnCl2·2H2O), ou protochlorure détain, est obtenu par dissolution de létain métal dans lacide chlorhydrique et évaporation jusquau début de la cristallisation. On lemploie en teinturerie comme mordant. Il sert également dagent réducteur dans la fabrication du verre, de la céramique et des encres.
Lutilisation de composés organostanniques (alkylés ou arylés) sest beaucoup intensifiée ces dernières années. Des composés disubstitués et, dans une moindre mesure, des composés monosubstitués, sont employés comme stabilisants et comme catalyseurs dans lindustrie des matières plastiques. Les composés trisubstitués sont utilisés en tant que biocides, tandis que les tétrasubstitués sont des composés intermédiaires dans la production dautres dérivés. Le trichlorure de butylétain , le dichlorure de dibutylétain, le triméthylétain , le chlorure de triéthylétain , le chlorure de triphénylétain , et le tétraisobutylétain comptent parmi les composés les plus importants.
Faute de précautions, les équipements lourds de dragage et de lavage peuvent provoquer des lésions mécaniques. Des brûlures graves peuvent aussi survenir au cours des opérations de fusion ou lors de la manipulation du métal en fusion ou des scories brûlantes.
Dans la dernière étape de concentration de la cassitérite et pendant le grillage du minerai sulfureux, il se dégage du dioxyde de soufre. Celui-ci et le sulfure stanneux constituent un risque lorsque létain brut fondu est séparé du reste de la charge pendant laffinage. Ce travail est effectué dans une ambiance très chaude et peut provoquer des coups de chaleur. Le bruit provoqué par les godets de la drague lors du déchargement du minerai sur le lieu du premier lavage peut causer des lésions auditives.
Plusieurs études font état de risques liés à une exposition au radon, aux produits de désintégration du radon et à la silice dans les mines détain. Alors que la plupart des opérations liées à lextraction et au traitement du minerai détain sont des procédés humides, des poussières détain et des vapeurs doxyde peuvent séchapper pendant lensachage du concentré, dans les dépôts de minerai ou au cours des opérations de fusion et de coulée, et aussi lors du nettoyage périodique des filtres à manches servant à dépoussiérer les effluents gazeux des fours avant leur rejet dans latmosphère. Linhalation de poussières doxyde détain exemptes de silice détermine une pneumoconiose nodulaire nentraînant pas dincapacité pulmonaire. Le tableau radiologique sapparente à celui de la barytose. Cette pneumoconiose bénigne a reçu le nom de stannose.
La poudre détain est modérément irritante pour les yeux et les voies respiratoires. Elle est combustible et réagit violemment avec les oxydants, les acides forts, le soufre pulvérulent et certains agents extincteurs tels quel le bicarbonate en poudre et le dioxyde de carbone.
Ingéré en faibles quantités (de lordre du mg), létain nest pas toxique, ce qui explique lextension de lemploi du fer-blanc en conserverie. Il ressort dexpériences faites sur lanimal que la dose létale par injection intraveineuse est denviron 100 mg/kg de poids corporel, et que lingestion de grandes quantités détain en poudre peut provoquer des vomissements, mais pas de lésions durables. Il semble que lhumain puisse tolérer une ingestion quotidienne de 800 à 1 000 mg sans effet nocif. Labsorption détain métal ou de ses sels inorganiques par le tractus gastro-intestinal semble minime.
Un certain nombre dalliages détain sont dangereux pour la santé (en particulier, à des températures élevées) en raison des caractéristiques nocives des métaux avec lesquels létain peut être allié (par exemple, le plomb, le zinc ou le manganèse).
Les composés organiques de létain sont, en général, fortement irritants. On a observé des conjonctivites aiguës par suite de projections ayant atteint les yeux, même lorsque laccident était suivi dun lavage immédiat; des opacités de la cornée ont également été décrites. Un contact prolongé de la peau avec des vêtements imprégnés de vapeurs, ou des éclaboussures directement sur la peau ont provoqué des brûlures locales aiguës, une dermatite érythémateuse diffuse subaiguë avec prurit et quelques éruptions pustulaires dans les zones pileuses. Lirritation des voies respiratoires et du tissu pulmonaire peut conduire à un dème pulmonaire; le tractus gastro-intestinal peut être impliqué lui aussi, et lon a observé des réactions inflammatoires de la vésicule biliaire, surtout avec les composés dialkylés. Les composés organiques de létain peuvent provoquer des atteintes rénales et hépatiques; ils peuvent également abaisser la réponse immunitaire et avoir une activité hémolytique. Chez les animaux de laboratoire, ils ont été dans certains cas responsables dune diminution de la fertilité.
Les composés tri- et tétraalkylés, notamment le chlorure de triéthylétain , provoquent une encéphalopathie et un dème du cerveau, avec dépression clinique, des convulsions, une paralysie flasque et une rétention urinaire, comme on peut le voir en usage thérapeutique après administration par voie orale.
La mesure la plus sûre est le remplacement des composés alkylés de létain par des produits inoffensifs ou moins nocifs. Lorsque lemploi de ces composés est inévitable, le travail en vase clos et linstallation dune ventilation par aspiration est de rigueur. Des mesures de prévention technique devraient assurer que les limites dexposition ne sont pas dépassées. Le personnel devrait porter un équipement de protection individuelle et, le cas échéant, un appareil de protection respiratoire. Des douches durgence devraient être installées sur les lieux de travail de manière à permettre aux travailleurs atteints de se laver immédiatement à grande eau.
La surveillance médicale devrait mettre laccent sur lexamen des yeux et de la peau et inclure une radiographie du thorax dans le cas dune exposition à des composés inorganiques de létain. Laccent devrait porter sur les yeux, la peau, le système nerveux central, les fonctions hépatique et rénale et le sang. En cas dexposition à des composés organiques de létain, le dimercaprol sest révélé utile dans le traitement dintoxications par les composés dialkylés. Un traitement aux stéroïdes a été proposé en cas dintoxication par le triéthylétain; néanmoins, il semble que seule la décompression chirurgicale peut soulager lencéphalopathie et ldème du cerveau provoqués par les composés tri- et tétraalkylés de létain.
Etant donné que la plupart des mines détain sont situées dans des pays en développement, il faut aussi tenir compte des facteurs, tels que le climat, qui influent sur la santé, le bien-être et la productivité des travailleurs. Lorsque la mine est isolée, des logements convenables devraient être fournis. Il importe également de relever le niveau de nutrition par léducation sanitaire, et le personnel devrait être bien pourvu en vivres et placé sous surveillance médicale.
Par labondance, le fer (Fe) est le second des métaux et le quatrième des éléments, après loxygène, le silicium et laluminium. Les minerais de fer les plus répandus sont: lhématite ou minerai rouge (Fe2O3), qui comprend 70% de fer; la limonite ou minerai brun (FeO(OH)·nH2O), contenant 42% de fer; la magnétite ou minerai magnétique (Fe3O4), particulièrement riche en fer; la sidérite ou minerai spathique (FeCO3); la pyrite (FeS2), le plus répandu des sulfures minéraux; et la pyrrhotite ou pyrite magnétique (FeS). Le fer est utilisé dans la fabrication des fontes à base de fer et de celles à base dacier, et il est allié à différents métaux pour la production daciers. Le fer est également employé pour augmenter la densité des liquides de forage des puits de pétrole.
Le fer nest pas par lui-même particulièrement solide, mais sa résistance augmente considérablement lorsquil est allié au carbone, puis rapidement refroidi pour produire de lacier. Sa présence dans cet alliage lui vaut son importance en tant que métal industriel. Certaines caractéristiques de lacier doux, demi-doux, demi-dur, dur sont dues pour une large part à la teneur en carbone, qui peut osciller entre 0,10 et 1,15%. Une vingtaine dautres éléments entrent, en des combinaisons et des proportions diverses, dans la fabrication daciers alliés qui présentent des qualités très variées dureté, ductilité, résistance à la corrosion, etc. Les plus importants de ces éléments sont le manganèse (ferromanganèse et fonte miroitante ou spiegel), le silicium (ferrosilicium) et le chrome (ferrochrome) (voir plus loin).
Pour lindustrie, les composés du fer les plus importants sont les oxydes et les carbonates, qui constituent les principaux minerais doù le fer est extrait. Les cyanures, nitrures, nitrates, phosphures, phosphates et le fer carbonyle sont moins importants.
Les risques sont nombreux aussi bien dans les travaux dextraction minière et dans le transport et la préparation du minerai extrait que durant la production du métal ou de ses alliages dans la sidérurgie, dans les fonderies et à loccasion de la préparation et de lutilisation de certains composés. Linhalation de poussières et de vapeurs contenant du fer peut se produire lors de lextraction des minerais de fer, lors du soudage à larc, du meulage, polissage et usinage du métal, et lors de lenlèvement des dépôts formés dans les chaudières. Elle provoque une irritation locale des voies pulmonaires et du tractus gastro-intestinal. Des données montrent que lexposition de longue durée à un mélange de poussières de fer et autres métaux peut affecter la fonction pulmonaire.
Des accidents sont susceptibles de se produire pendant lextraction, le transport et la préparation des minerais, en raison des engins lourds mis en uvre pour labattage, le transport, le concassage et le criblage. Les explosifs utilisés sur les chantiers dabattage peuvent également provoquer des accidents.
Linhalation de poussières contenant de la silice ou de loxyde de fer peut être responsable dune pneumoconiose, mais aucune conclusion définitive na pu être tirée quant au rôle des particules doxyde de fer dans le développement du cancer du poumon chez lhumain. Si lon se réfère à lexpérimentation animale, on peut supposer que les poussières doxyde de fer peuvent servir de substances «cocancérogènes», favorisant ainsi le développement du cancer en cas dexposition simultanée à des substances cancérogènes.
Des études de mortalité réalisées sur des mineurs dhématite ont mis en évidence un risque accru de cancer du poumon, généralement parmi les fumeurs, dans différentes régions minières telles que le Cumberland et la Lorraine, de même quà Kiruna, en Suède et à Krivoï Rog, en Ukraine. Des études épidémiologiques effectuées sur des personnes employées dans les fonderies de fer et dacier font mention de risques de cancer du poumon multipliés par 1,5 à 2,5. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classe la fusion du fer et de lacier parmi les procédés cancérogènes pour lhumain sans pour autant incriminer dagent chimique spécifique (par exemple, les hydrocarbures aromatiques polynucléaires, la silice, les vapeurs métalliques). Une fréquence accrue de cancers du poumon a également été mentionnée, mais dans une mesure moins significative, parmi les travailleurs affectés au meulage des métaux. Les conclusions concernant le cancer du poumon des soudeurs sont controversées.
Dans des études expérimentales, la cancérogénicité de loxyde ferrique na pas été prouvée; toutefois, les expériences nont pas été réalisées avec de lhématite. Il a été avancé que la présence de radon dans latmosphère des mines dhématite pourrait être un important facteur cancérogène.
Des accidents graves peuvent se produire pendant le traitement du fer et, pendant la manipulation du métal en fusion, les travailleurs courent le risque de brûlure. La poudre de fer finement et fraîchement divisée est pyrophore et senflamme au contact de lair à la température ordinaire. Des incendies et des explosions dus aux poussières se sont produits, dans des installations de dépoussiérage, dans des conduits et des séparateurs reliés à des meules de polissage et de brunissage, lorsque des étincelles provenant dune meule ont enflammé les fines poussières de métal.
Les propriétés dangereuses des autres composés du fer sont généralement imputables au radical auquel le fer est associé. Larséniate ferrique (FeAsO4) et larsénite ferrique (FeAsO3·Fe2O3) présentent tous deux les propriétés toxiques des composés de larsenic. Le fer carbonyle (FeCO5) est lun des plus dangereux parmi les métaux carbonyles, étant à la fois toxique et inflammable. Les carbonyles sont décrits en détail ailleurs dans le présent chapitre.
Le sulfure ferreux (FeS), en plus de son occurrence naturelle en tant que pyrite, se forme occasionnellement lorsquon traite des matériaux soufrés dans des récipients en fer et en acier, par exemple dans les raffineries de pétrole. Si lon ouvre linstallation et si le dépôt de sulfure ferreux se trouve exposé à lair, son oxydation exothermique peut porter le dépôt à la température dauto-ignition des gaz et des vapeurs présents à proximité. Il y a lieu de diriger sur ces dépôts une fine pulvérisation deau jusquà lévacuation complète des gaz et vapeurs dangereux par la purge de lappareil. Des problèmes analogues peuvent se poser dans les mines de pyrite, lorsque la température de lair sélève sous leffet de loxydation lente et continue du minerai.
Parmi les précautions qui visent à prévenir les accidents mécaniques, figurent lencoffrement et la télécommande des machines, létude dinstallations qui, dans la sidérurgie daujourdhui, sont commandées par ordinateur, et la formation du personnel à la sécurité.
On élimine les risques des gaz, vapeurs et poussières toxiques et inflammables par laspiration localisée et la ventilation générale en association avec les diverses formes de télécommande. Des vêtements de protection et des lunettes de sécurité ou des écrans faciaux pour la protection des yeux devraient être portés par les travailleurs pour se protéger des effets des substances brûlantes ou corrosives et de la chaleur rayonnante.
Il importe, en particulier, que les conduits de dépoussiérage adaptés aux machines de meulage et de polissage soient entretenus à intervalles réguliers de manière à préserver lefficacité de laspiration tout en réduisant le risque dexplosion.
Un ferroalliage est un alliage de fer et dun élément autre que le carbone. Lintroduction déléments spécifiques dans la fabrication de lacier permet de produire des aciers ayant des propriétés particulières. Ces éléments peuvent sallier à lacier en solution ou neutraliser des impuretés indésirables.
Les alliages ont des propriétés spéciales en fonction de la concentration de leurs éléments. Ces propriétés varient selon la concentration des divers composants et dépendent, en partie, de la présence de traces dautres éléments. Bien que laction biologique de chaque élément de lalliage puisse servir de guide, le mélange des éléments apporte suffisamment de modifications pour inciter à une extrême prudence quant à lextrapolation des effets dun élément considéré isolément.
Les ferroalliages constituent une famille étendue et diverse dalliages comportant différents mélanges à lintérieur de chaque classe dalliage. Le commerce limite généralement le nombre des types de ferroalliages disponibles dans chaque classe, mais les progrès réalisés en métallurgie peuvent entraîner de fréquentes additions ou modifications. Certains des ferroalliages les plus usités sont:
Bien que certains ferroalliages aient des applications non métallurgiques, les principales sources dexposition se trouvent dans la fabrication de ces alliages et leur utilisation dans la production dacier. Certains ferroalliages sont produits et utilisés sous forme de fines particules; les poussières en suspension dans lair constituent un risque potentiel de toxicité, dincendie et dexplosion. De plus, lexposition professionnelle à des vapeurs de certains alliages a été associée à de graves problèmes de santé.
Ferrobore. La poussière en suspension dans lair, produite pendant le nettoyage de cet alliage, peut provoquer une irritation du nez et de la gorge dont lorigine peut être la présence dun film doxyde de bore à la surface de lalliage. Certaines études effectuées sur des animaux (chiens exposés à des concentrations atmosphériques de ferrobore de 57 mg/m3 pendant 23 semaines) nont pas mis en évidence deffets nocifs.
Ferrochrome . Une étude réalisée en Norvège concernant la mortalité générale et la fréquence des cancers chez les travailleurs produisant du ferrochrome a montré une fréquence accrue du cancer du poumon provoqué par lexposition à du chrome hexa-valent autour des fourneaux. On a également observé des perforations de la cloison nasale chez quelques travailleurs. Une autre étude a conclu que la mortalité excessive due au cancer du poumon chez les travailleurs employés dans la fabrication de lacier était liée à lexposition à des hydrocarbures aromatiques polycycliques lors de la production de ferrochrome. Une troisième étude portant sur lassociation entre lexposition professionnelle à des vapeurs et le cancer du poumon a montré que les travailleurs occupés à la production de ferrochrome présentaient un nombre excessif de cas à la fois de cancer du poumon et de cancer de la prostate.
Le ferromanganèse peut être obtenu par réduction des minerais de manganèse dans un four électrique avec du coke et addition de dolomie et de chaux en tant que fondants. Le transport, le stockage, le tri et le concassage des minerais produisent des poussières de manganèse en concentrations pouvant être toxiques. Les effets pathologiques dus à lexposition aux poussières provenant du minerai ou de lalliage ne diffèrent pratiquement pas de ceux décrits dans larticle «Le manganèse» du présent chapitre. On a observé des intoxications tant aiguës que chroniques. Les alliages de ferromanganèse contenant des proportions très élevées de manganèse réagissent avec lhumidité pour produire le carbure de mang anèse qui, lors de sa réaction avec lhumidité, libère de lhydrogène, créant un risque dincendie et dexplosion.
La production du ferrosilicium peut entraîner la formation daérosols et de poussières de ferrosilicium. Lexpérimentation animale indique que les poussières de ferrosilicium peuvent provoquer un épaississement des parois alvéolaires, avec disparition éventuelle de la structure alvéolaire. Les matières premières utilisées dans la production de lalliage peuvent également contenir de la silice libre, mais en concentrations relativement faibles. Il nest pas absolument sûr que la silicose classique puisse être un risque potentiel dans la production du ferrosilicium. Ce qui est sûr, cest que des maladies pulmonaires chroniques de tout type peuvent résulter de lexposition excessive à des poussières ou à des aérosols produits dans les usines de ferrosilicium.
Ferrovanadium . La contamination atmosphérique par des poussières ou des vapeurs constitue également un risque dans la production du ferrovanadium. Dans des conditions normales, les aérosols ne provoquent pas dintoxication aiguë, mais éventuellement des bronchites et un processus prolifératif interstitiel pulmonaire. On a rapporté que le vanadium présent dans le ferrovanadium était nettement plus toxique que le vanadium libre, en raison de sa plus grande solubilité dans les liquides biologiques.
Lacier au plomb est utilisé dans les tôles dacier pour automobiles afin den augmenter la malléabilité. Il contient environ 0,35% de plomb. Chaque fois que cet acier est soumis à une température élevée, comme dans le soudage, le risque de générer des vapeurs de plomb est toujours présent.
Lors de la fabrication et de lutilisation des ferroalliages, il importe avant tout de lutter contre les vapeurs, poussières et aérosols. Une bonne maîtrise de lempoussiérage est nécessaire dans le transport et la mise en uvre des minerais et des alliages. Les tas de minerai devraient être arrosés afin de réduire la formation de poussières. En plus de ces mesures élémentaires de lutte contre les poussières, des précautions particulières sont nécessaires dans la manipulation des différents ferroalliages.
Le ferrosilicium réagit avec lhumidité pour produire de la phosphine et de larsine; par conséquent, ce matériau ne devrait pas être manipulé par temps humide, et des précautions particulières devraient être prises pour sassurer quil reste sec pendant le stockage et le transport. Chaque fois que du ferrosilicium est transporté par voie maritime ou manipulé en quantités importantes, des affiches devraient avertir les travailleurs du risque encouru, et des procédures de détection et danalyse devraient être mises en uvre à intervalles fréquents pour contrôler la présence de phosphine et darsine dans lair. Une lutte efficace contre les poussières et les aérosols est nécessaire pour assurer la protection respiratoire. Un équipement de protection respiratoire approprié devrait être à disposition en cas durgence.
Le personnel employé dans la production et lutilisation des ferroalliages devrait faire lobjet dun suivi médical régulier. Son environnement de travail devrait être surveillé en permanence ou périodiquement, en fonction du degré de risque. Les effets toxiques des divers ferroalliages sont suffisamment différents de ceux des métaux purs pour exiger un niveau de surveillance médicale accru, jusquà plus ample information quant aux risques propres aux divers ferroalliages. Lorsque des poussières, vapeurs ou aérosols dus à des ferroalliages peuvent se produire, on devrait soumettre le personnel à une radiographie périodique du thorax pour détecter précocement des altérations éventuelles de lappareil respiratoire. Il faudrait également tester la fonction pulmonaire et contrôler les taux sanguins ou urinaires des métaux chez les travailleurs exposés.
Chimiquement, le gallium (Ga) est similaire à laluminium. Il nest pas attaqué par lair et ne réagit pas avec leau. A froid, le gallium réagit avec le chlore et le brome, et à chaud, avec liode, loxygène et le soufre. On connaît au gallium 12 isotopes radioactifs artificiels, dont le poids atomique se situe entre 64 et 74 et la demi-vie, entre 2,6 minutes et 77,9 heures. Lorsque le gallium est dissous dans des acides inorganiques, il se forme des sels qui se transforment en hydroxyde insoluble Ga(OH)3 ayant des propriétés amphotères (cest-à-dire, à la fois acides et basiques) lorsque le pH est supérieur à 3. Les trois oxydes de gallium sont GaO, Ga2O et Ga2O3.
La source de gallium la plus riche est la germanite, un minerai à base de sulfure de cuivre qui peut renfermer de 0,5 à 0,7% de gallium et dont les principaux gisements sont situés dans le sud-ouest de lAfrique. On le trouve également très fréquemment, quoique en faible quantité, dans les blendes zincifères, les argiles aluminifères, les feldspaths et le charbon, ainsi que dans les minerais de fer, de manganèse et de chrome. Le gallium métal, ses alliages, ses oxydes et ses sels sont utilisés, à une échelle relativement modeste, dans des industries comme la construction mécanique (revêtements, lubrifiants), la fabrication dinstruments de précision (soudures, joints, charges), la production de matériel électrique et électronique (diodes, transistors, lasers, gaines de conducteurs) et dans la technique du vide.
Dans lindustrie chimique, le gallium et ses composés servent comme catalyseurs. Larséniure de gallium est largement utilisé dans les semi-conducteurs (transistors, piles solaires, lasers et générateurs de micro-ondes, etc.). Larséniure de gallium est employé dans la production de dispositifs optoélectroniques et de circuits intégrés. Dautres applications comprennent lutilisation du 72Ga dans létude des interactions du gallium dans lorganisme et du 67Ga comme agent dexploration des tumeurs. En raison de la faible affinité des macrophages des tissus lymphoréticulaires pour 67Ga, celui-ci peut être employé pour le diagnostic de la maladie dHodgkin, de la sarcoïdose et de la tuberculose lymphatique. La scintigraphie au gallium est une technique dimagerie pulmonaire dont on peut se servir en association avec une radiographie initiale du thorax pour évaluer le risque quont les travailleurs de développer une maladie pulmonaire professionnelle.
Le personnel employé dans lindustrie électronique et mettant en uvre de larséniure de gallium peut être exposé à des substances toxiques telles que larsenic et larsine. Les travailleurs peuvent être exposés à linhalation de poussières de gallium pendant la production des oxydes et des sels pulvérulents (Ga2(SO4)3, Ga3Cl) et pendant la production et le traitement des monocristaux de composés semi-conducteurs. Les projections ou débords de solutions liquides du métal ou de ses sels peuvent être à lorigine dun contact avec la peau ou les muqueuses. Le meulage au mouillé du phosphure de gallium peut donner naissance à des quantités considérables de phosphine, ce qui exige des mesures préventives. Enfin, lingestion des composés du gallium est possible si lon a les mains souillées ou si lon consomme des boissons ou des aliments ou si lon fume des cigarettes sur le lieu de travail.
La pathologie professionnelle du gallium na pas été décrite, si lon excepte le cas dune éruption pétéchiale suivie dune névrite radiculaire après une brève exposition à de faibles quantités de vapeurs renfermant du fluorure de gallium. On a étudié expérimentalement laction biologique du métal et de ses composés. La toxicité de lun et des autres varie suivant le mode de pénétration dans lorganisme. Administré par voie orale à des lapins pendant une période prolongée (4 à 5 mois), le métal na eu quune action insignifiante, qui sest manifestée principalement par des perturbations des réactions protéiniques et une inhibition de lactivité enzymatique. Cette faible toxicité sexplique dans ce cas par labsorption relativement inactive du gallium dans le tractus digestif. Dans lestomac et les intestins, il se forme des composés qui sont soit insolubles, soit difficiles à absorber, comme les gallates et les hydroxydes métalliques. Les poussières doxyde, de nitrure et darséniure de gallium se sont en général révélées toxiques lorsquelles ont été introduites dans lappareil respiratoire (injections intratrachéales pratiquées sur des rats blancs), provoquant la dystrophie du foie et des reins. Dans les poumons, elles ont causé des altérations inflammatoires et sclérotiques. Selon les conclusions dune étude, des rats exposés à des particules doxyde de gallium à des concentrations proches de la valeur limite ont accusé des lésions pulmonaires progressives, similaires à celles provoquées par le quartz. Le nitrate de gallium a une action caustique puissante sur les conjonctives, la cornée et la peau. La forte toxicité de lacétate, du citrate et du chlorure de gallium a été démontrée par injection intrapéritonéale, provoquant la mort des animaux soumis à lexpérience par suite de la paralysie du centre respiratoire.
Afin déviter la pollution de lair des locaux de travail par les poussières de dioxyde de gallium, de nitrure de gallium et de composés semi-conducteurs, il faut notamment recourir à la mise en appareil clos des opérations génératrices de poussières et à un système efficace daspiration localisée. Des moyens appropriés de protection individuelle pendant la production du gallium devraient prévenir le contact des composés du gallium avec la peau et leur ingestion. Cest dire limportance de lhygiène corporelle et de lutilisation scrupuleuse de léquipement de protection individuelle. Aux Etats-Unis, lInstitut national de la sécurité et de la santé au travail (National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH)) recommande de surveiller lexposition des travailleurs à larséniure de gallium en faisant respecter les limites dexposition recommandées pour larsenic inorganique, et préconise aussi que la concentration de larséniure de gallium dans lair soit définie par dosage de larsenic. Il convient dinformer les travailleurs des risques éventuels, et des moyens de prévention techniques appropriés devraient être mis en uvre pendant la production de dispositifs microélectroniques pour lesquels une exposition à larséniure de gallium est susceptible de se produire. Compte tenu de la toxicité du gallium et de ses composés, que démontre lexpérience, toutes les personnes appelées à travailler avec ces substances devraient subir des examens médicaux périodiques, à loccasion desquels on accordera une attention particulière à létat du foie, des reins, de lappareil respiratoire et de la peau.
Le germanium (Ge) ne se trouve pas à létat natif, mais toujours en combinaison avec dautres éléments. Parmi les minerais germanifères les plus répandus, il faut mentionner largyrodite (Ag8GeS6), qui renferme 5,7% de germanium, et la germanite (CuS·FeS·GeS2), qui contient jusquà 10% de Ge. Les gisements riches en dépôts germanifères sont rares, mais lélément germanium existe dans de nombreux minéraux, notamment des sulfures (dont le plus courant est le sulfure de zinc) et des silicates. Il est aussi présent en faible quantité dans diverses variétés de charbon.
Lutilisation finale la plus répandue du germanium est la production dappareils de détection et didentification à infrarouge. Son emploi dans les systèmes à fibres optiques a augmenté, tandis que sa consommation dans les semi-conducteurs a continué à décliner, en raison des progrès réalisés dans la technique des semi-conducteurs au silicium. Le germanium est également employé en galvanoplastie et dans la production dalliages, dont lun, le bronze au germanium, est caractérisé par sa résistance élevée à la corrosion. Le tétrachlorure de germanium (GeCl4) est un composé intermédiaire dans la préparation du dioxyde de germanium et des composés organogermaniques. Le dioxyde de germanium (GeO2) sert à la fabrication des verres optiques et des cathodes.
Des problèmes dhygiène du travail peuvent se poser à la suite de la dispersion dans lair de poussières de germanium durant le chargement du concentré de germanium, la fragmentation et le chargement du dioxyde pour la réduction en germanium métal, et le chargement du germanium pulvérulent dans les lingotières avant la fusion. Dans les procédés de fabrication du germanium métal, pendant la chloration du concentré, la distillation, la rectification et lhydrolyse du tétrachlorure de germanium, les vapeurs des produits de pyrolyse du tétrachlorure de germanium, du chlore et du chlorure de germanium peuvent également constituer un risque pour la santé. Dautres sources de risques pour la santé sont la production de chaleur rayonnante par les fours tubulaires servant à la réduction du GeO2 et pendant la fusion du germanium pulvérulent dans des lingotières, ainsi que la formation de monoxyde de carbone pendant la réduction du GeO2 au moyen du carbone.
La production de monocristaux de germanium pour la fabrication de semi-conducteurs entraîne, à des températures élevées de lair (jusquà 45 °C), des rayonnements électromagnétiques dont lintensité de champ électrique est supérieure à 100 V/m et celle de champ magnétique supérieure à 25 A/m; les opérations polluent lair des locaux de travail avec des hydrures métalliques. Lorsquon allie le germanium à larsenic, il peut se former de larsine dans lair (1 à 3 mg/m3) et, lorsquon lallie à lantimoine, la présence de stibine ou dhydrure antimonieux est possible (1,5 à 3,5 mg/m3). Lhydrure de germanium, qui entre dans la production de germanium de haute pureté, peut également polluer lair des locaux de travail. Lors du nettoyage des parois internes des fours verticaux, on assiste à un important dégagement de poussières qui, outre du germanium, contiennent du silicium, de lantimoine et dautres substances.
Lusinage et le meulage des cristaux de germanium produit également des poussières. Des concentrations allant jusquà 5 mg/m3 ont été mesurées lors de ces opérations.
Le germanium absorbé est excrété rapidement, principalement dans les urines. On connaît peu la toxicité des composés inorganiques du germanium vis-à-vis de lhumain. Le tétrachlorure de germanium peut provoquer une irritation de la peau. Dans des essais cliniques et dautres expositions prolongées par voie orale à des doses cumulatives supérieures à 16 g de spirogermanium , un agent antitumoral organogermanique et dautres composés du germanium se sont révélés neurotoxiques et néphrotoxiques. De telles doses ne sont généralement pas absorbées sur les lieux de travail. Des expériences réalisées sur des animaux concernant les effets du germanium et de ses composés ont montré que les poussières de germanium métallique et de dioxyde de germanium provoquent une altération générale de la santé (inhibition de la prise de poids corporel) par suite dinhalation de concentrations élevées. Les poumons des animaux présentaient des altérations morphologiques du type réactions prolifératives, telles que lépaississement des compartiments alvéolaires et lhyperplasie des vaisseaux lymphatiques autour des bronches et des vaisseaux sanguins. Le dioxyde de germanium nest pas irritant pour la peau, mais sil entre en contact avec les muqueuses de lil, il se combine avec lhumidité pour former de lacide germanique, qui est irritant. Ladministration intra-abdominale prolongée de doses de 10 mg/kg conduit à des altérations du sang périphérique. Les effets des poussières de concentré de germanium ne sont pas dus au germanium, mais à un certain nombre dautres constituants, notamment la silice (SiO2). Les poussières de concentré exercent un effet fibrogène prononcé qui entraîne le développement du tissu conjonctif et la formation de nodules dans les poumons, similaires à ceux observés dans les cas de silicose.
Les composés du germanium les plus toxiques sont lhydrure de germanium (GeH4) et le chlorure de germanium . Lhydrure peut provoquer une intoxication aiguë. Létude morphologique dorganes danimaux morts pendant la phase aiguë a révélé des troubles circulatoires et des modifications cellulaires dégénératives dans les organes parenchymateux. Ainsi, lhydrure semble être un poison multisystème qui peut affecter les fonctions nerveuses et le sang périphérique.
Le tétrachlorure de germanium est fortement irritant pour lappareil respiratoire, la peau et les yeux. Son seuil dirritation est de 13 mg/m3. A cette concentration, il diminue la réaction des cellules pulmonaires chez les animaux de laboratoire. A des concentrations supérieures, il provoque une irritation des voies respiratoires supérieures et des tissus conjonctifs et modifie le débit et la fréquence respiratoires. Les animaux qui survivent à lintoxication aiguë développent, quelques jours plus tard, une bronchite catarrhale-desquamative et une pneumonie interstitielle. Le chlorure de germanium exerce également des effets toxiques. Des altérations morphologiques ont été observées dans le foie, les reins et dautres organes des animaux.
Fondamentalement, les mesures à prendre lors de la production et de la mise en uvre du germanium devraient viser à prévenir la pollution de lair par les fumées ou les vapeurs. Dans la production du métal, il est recommandé de recourir à un procédé en continu et de travailler en vase clos. Une aspiration localisée efficace devrait être prévue aux points de dégagement de poussières de germanium métal, de dioxyde ou de concentré. De même, aux abords des fours de fusion utilisés dans la production des semi-conducteurs et pendant le nettoyage de ces fours, une aspiration localisée efficace est indispensable. Les procédés de fabrication et dalliage des monocristaux de germanium devraient se dérouler sous vide, avec évacuation subséquente, en dépression, des composés formés au cours des opérations. Laspiration localisée est essentielle dans les travaux de taille ou de meulage à sec des cristaux de germanium. Elle est également utile dans les locaux où se fait la chloration, la rectification et lhydrolyse du tétrachlorure de germanium. Les appareils, raccords et accessoires existant dans ces locaux devraient être faits de matériaux anticorrosion. Le personnel devrait porter des vêtements et des chaussures résistant aux acides. Le port dappareils de protection respiratoire devrait être obligatoire lors du nettoyage des installations.
Le personnel exposé à des poussières, à de lacide chlorhydrique concentré, à de lhydrure de germanium ou à du chlorure de germanium, ainsi quà leurs produits dhydrolyse, devrait être soumis à des examens médicaux périodiques.
Très répandu dans la nature, on trouve lindium (In) le plus souvent associé aux minerais zincifères (sphalérite, marmatite, christophite), ses principales sources pour lindustrie. On le rencontre également dans les minerais détain, de manganèse, de tungstène, de cuivre, de fer, de plomb, de cobalt et de bismuth, mais en général dans une proportion inférieure à 0,1%.
Lindustrie utilise lindium surtout pour la protection des surfaces, allié à dautres métaux. Une couche mince dindium accroît la résistance des métaux à la corrosion et à lusure. Dans les paliers, il prolonge la durée de vie des éléments mobiles et trouve par conséquent de nombreuses applications dans la construction automobile et aéronautique. Il est employé dans les alliages dentaires, et sa «mouillabilité» en fait un élément très apprécié pour la métallisation du verre. En raison de sa résistance à la corrosion, lindium est un composant de prédilection dans la fabrication des écrans de cinéma, des oscilloscopes à rayons cathodiques et des miroirs. Allié à lantimoine et au germanium en une association de très grande pureté, il trouve une large application dans la fabrication des transistors et autres pièces électroniques sensibles. Les radio-isotopes de lindium, dans les composés tels que le trichlorure dindium et lhydroxyde dindium colloïdal, sont utilisés dans lexploration des organes et le traitement des tumeurs.
Les composés de lindium les plus répandus dans lindustrie sont le trichlorure (utilisé en galvanoplastie), le sesquioxyde (employé dans lindustrie du verre) et le sulfate; lantimoniure et larséniure sont utilisés en tant que matériaux semi-conducteurs.
Aucun cas deffet systémique na été décrit chez lhumain par suite dune exposition à lindium. Sans doute le plus grand des risques se rencontre-t-il lors de son utilisation conjointe avec larsenic, lantimoine et le germanium dans lindustrie électronique. Ce risque provient avant tout des vapeurs dégagées au cours des travaux de soudage et de brasage que nécessite la fabrication des composants électroniques. Les dangers éventuellement associés à la purification de lindium sont sans doute imputables à la présence dautres métaux, tels que le plomb, ou de certaines substances chimiques, telles que les cyanures, qui interviennent dans les procédés délectrodéposition. Lexposition de la peau à laction de lindium ne semble pas présenter de risque appréciable. La distribution dans les tissus de ce métal sous différentes formes chimiques a été étudiée sur des animaux de laboratoire.
Les sièges des plus fortes concentrations ont été les reins, la rate, le foie et les glandes salivaires. Après inhalation, on a observé des altérations pulmonaires étendues, telles quune pneumonie interstitielle desquamative, avec une insuffisance respiratoire consécutive.
Les recherches faites sur lanimal ont montré que les plus solubles des sels de lindium étaient très toxiques, leffet mortel se manifestant après administration de moins de 5 mg/kg par voie parentérale. En revanche, après gavage, lindium nétait pour lessentiel pas absorbé et ne présentait pour ainsi dire pas de toxicité. Lexamen histopathologique révèle que la mort est due principalement à des lésions dégénératives du foie et des reins. On a également relevé des altérations mineures du sang. Lors dune intoxication chronique au chlorure dindium, la principale modification est une néphrite interstitielle chronique accompagnée de protéinurie. Sous sa forme la plus insoluble, celle du sesquioxyde, lindium ne présente quune toxicité modérée à faible, exigeant des doses de lordre de plusieurs centaines de mg/kg pour entraîner la mort. Après administration darséniure dindium à des hamsters, il est apparu que labsorption par les divers organes est différente de la distribution de lindium ionique ou des composés de larsenic.
Sur le plan pratique, la mesure de prévention la plus indiquée consiste à éliminer le risque dinhalation des vapeurs dindium par une ventilation appropriée. Lors de la manipulation darséniure dindium, il faut observer des précautions du même type que pour larsenic. Dans le domaine de la médecine nucléaire, il faut prendre des mesures de sécurité suffisantes vis-à-vis des rayonnements lorsquon manipule des isotopes radioactifs de lindium. Lintoxication chez les rats se manifeste par une nécrose hépatique due à lindium; elle a été considérablement réduite par ladministration de dextrane ferrique, dont laction semble très spécifique. Lutilisation de dextrane ferrique pour un traitement prophylactique chez lhumain na toutefois pas pu être expérimentée, en raison de labsence de cas graves dexposition professionnelle à lindium.
Liridium (Ir) appartient à la famille du platine. Il doit son nom aux couleurs de ses sels, qui rappellent ceux de larc-en-ciel (iris). Bien que, parmi les métaux connus, il soit le plus dur et le plus résistant à la corrosion, il est attaqué par certains sels.
On rencontre liridium dans la nature à létat métallique, généralement allié à losmium (osmiridium), au platine ou à lor, et cest à partir de ces minéraux quon lobtient. Le métal lui-même est utilisé pour la fabrication de creusets destinés aux laboratoires chimiques et pour durcir le platine. Des études in vitro mentionnent les effets possibles de liridium sur Leishmania donovani et son activité trypanocide vis-à-vis de Trypanosoma brucei . Liridium est utilisé en radiologie industrielle; cest un émetteur de rayons gamma (0,31 MeV à 82,7%) et bêta (0,67 MeV à 47,2%).192Ir est un radio-isotope qui a également été employé dans le traitement clinique, notamment pour le cancer. Cest lun des isotopes les plus fréquemment utilisés dans lirradiation interstitielle du cerveau.
La toxicité de liridium et de ses composés est très mal connue. Peu doccasions ont été offertes de noter un effet nocif chez lhumain, étant donné que liridium est utilisé en très faibles quantités. Tous les radio-isotopes sont potentiellement toxiques et devraient être traités avec les mesures de sécurité prévues pour la manipulation de sources radioactives. Les composés solubles de liridium, tels que le tribromure, le tétrabromure et le trichlorure diridium, peuvent présenter à la fois les effets toxiques de liridium et de lhalogène, mais on ne dispose pas de données concernant sa toxicité chronique. On a rapporté que le trichlorure diridium est légèrement irritant pour la peau et quil est positif dans le test dirritation de lil. Les aérosols diridium métallique inhalés se déposent dans les voies respiratoires des rats; le métal est ensuite rapidement éliminé par le tractus gastro-intestinal, et lon en retrouve environ 95% dans les selles. Les seuls rapports concernant lhumain sont ceux décrivant des lésions dues à une exposition accidentelle aux rayonnements émis par 192Ir.
Un programme de sécurité vis-à-vis des rayonnements ionisants et une surveillance médicale devraient être prévus pour le personnel soignant en brachythérapie interstitielle. Les mesures de radioprotection comprennent la limitation de la durée de lexposition, la distance à respecter par rapport à la source de rayonnement et le blindage de celle-ci. Le personnel des services de brachythérapie portera des moniteurs de rayonnement pour enregistrer le niveau dexposition. La manipulation des radionucléides devrait être réservée à des radiographes industriels formés à cet effet.
Le magnésium (Mg) est le plus léger des métaux connus utilisés dans les industries manufacturières. Il est de 40% plus léger que laluminium. Le magnésium métal peut être laminé et étiré lorsquil est porté à une température comprise entre 300 et 475 °C; au-dessous de cette température, il est cassant, et sil est chauffé à une température beaucoup plus élevée, il peut entrer en combus-tion. Il est soluble dans un certain nombre dacides et forme avec ceux-ci des composés, mais il nest pas attaqué par lacide fluorhydrique ou lacide chromique. Contrairement à laluminium, il est résistant à la corrosion alcaline.
Le magnésium nexiste pas à létat pur dans la nature; on le rencontre généralement sous lune des formes suivantes: dolomie (CaCO3·MgCO3), magnésite (MgCO3), brucite (Mg(OH)2), périclase (MgO), carnallite (KClMgCl2·6H2O) ou kiesérite (MgSO4·H2O). On le trouve également sous forme de silicate dans lamiante et le talc. Le magnésium est si largement répandu dans le monde que les facilités de traitement et de transport du minerai sont souvent un facteur déterminant dans le choix des sites dexploitation minière.
Le magnésium entre, surtout sous forme dalliages, dans la fabrication des pièces davion, de navire, dautomobile ou de machine, dans celle doutils à la fois légers et résistants. On lutilise aussi dans la fabrication des instruments de précision et des miroirs optiques, ainsi que dans la récupération du titane. Il est également employé en grandes quantités à des fins militaires. Du fait quil émet une lumière intense lors de sa combustion, on sen sert beaucoup en pyrotechnie, dans les fusées de signalisation, les balles incendiaires et traçantes, et les ampoules flash de photographie.
Loxyde de magnésium a un point de fusion élevé (2 500 °C) et il est souvent incorporé dans les revêtements réfractaires. Il entre aussi dans lalimentation animale, les engrais, les matériaux isolants, les plaques de parement, les additifs du pétrole et les éléments électriques chauffants. Loxyde de magnésium est aussi utilisé dans lindustrie du papier et peut servir daccélérateur dans lindustrie du caoutchouc et comme réflecteur dans les instruments optiques.
Dautres composés importants sont le chlorure de magnésium, lhydroxyde de magnésium, le nitrate de magnésium et le sulfate de magnésium . Le chlorure de magnésium entre dans la composition des extincteurs et des produits céramiques. Cest également un agent ignifuge pour le bois et les textiles, et dans la fabrication du papier. Le chlorure de magnésium est un produit intermédiaire dans la production de loxychlorure de magnésium qui est utilisé en cimenterie. Le mélange doxyde de magnésium et de chlorure de magnésium forme une pâte utilisée dans les revêtements de sol. Lhydroxyde de magnésium sert à la neutralisation dacides dans lindustrie chimique. On lemploie également dans le traitement de luranium et le raffinage du sucre. Lhydroxyde de magnésium est un additif du fuel résiduel, un ingrédient des dentifrices et une poudre antiacide stomacale. Le nitrate de magnésium est utilisé en pyrotechnie et comme catalyseur en pétrochimie. Le sulfate de magnésium trouve de nombreux usages dans lindustrie textile, notamment lapprêt du coton et de la soie, lignifugeage des tissus et la teinture et limpression des calicots. Il est également utilisé dans la fabrication des engrais, des explosifs, des allumettes, des eaux minérales, des céramiques et des lotions cosmétiques, ainsi que dans celle des papiers nacrés ou glacés. Le sulfate de magnésium renforce laction décolorante de la chaux chlorurée, agit comme agent de traitement de leau dans la brasserie et comme agent cathartique et analgésique en médecine.
Alliages . En alliage avec dautres métaux, tels que le manganèse, laluminium et le zinc, le magnésium en augmente la dureté et la résistance mécanique. En combinaison avec le lithium, le cérium, le thorium ou le zirconium, il produit des alliages dont le rapport résistance-poids est sensiblement amélioré et dont les propriétés thermorésistantes sont très favorables, ce qui en fait des matériaux extrêmement appréciés dans les industries aéronautique et spatiale, la construction des moteurs à réaction, des lanceurs de fusées et des véhicules spatiaux. Un grand nombre dalliages, contenant tous plus de 85% de magnésium, sont connus sous la dénomination générale de métal Dow.
Rôle biologique. Le magnésium étant un constituant essentiel de la chlorophylle, les besoins de lorganisme humain sont principalement satisfaits par la consommation de légumes verts. En moyenne, le corps humain renferme 25 g de magnésium, ce métal occupant en quantité le quatrième rang des cations, après le calcium, le sodium et le potassium. Par oxydation, les aliments libèrent de lénergie qui est stockée dans les liaisons phosphate à haute énergie. On pense que cette fonction de phosphorylation par oxydation sexerce au niveau des mitochondries cellulaires et que le magnésium est nécessaire à cette réaction.
Une carence en magnésium provoquée à titre expérimental chez des rats entraîne une dilatation des vaisseaux sanguins périphériques et, plus tard, une hyperexcitabilité et des convulsions. On a observé une tétanie similaire à celle associée à lhypocalcémie chez des veaux nourris uniquement au lait. Des bovins plus âgés atteints dune carence en magnésium ont été frappés de tournis, manifestation qui semblait due à une mauvaise absorption plutôt quà une pénurie magnésienne de lalimentation.
Des cas de tétanie magnésienne sapparentant à la tétanie hypocalcémique ont été rapportés chez lhumain. Dans les cas décrits, cependant, un «facteur prédisposant», tel que des vomissements ou des pertes hydriques excessives, par exemple, existait concurremment à linsuffisance magnésienne de lalimentation. Cette insuffisance ayant lapparence clinique de la tétanie par hypocalcémie, le diagnostic ne peut en être posé quaprès dosage du calcium et du magnésium sanguins. Le taux sanguin normal est compris entre 1,8 et 3 mg/100 cm3, et lon a observé une tendance comateuse chez des sujets dont la concentration sanguine était voisine de 17 mg/100 cm3. Des «tumeurs aéroformes» causées par le dégagement dhydrogène ont été induites sur des animaux par introduction dans les tissus de magnésium finement divisé.
Toxicité. Le magnésium et les alliages contenant 85% de Mg peuvent être considérés ensemble du point de vue toxicologique. Dans lindustrie, leur toxicité est réputée faible. Les composés les plus fréquemment utilisés, la magnésie et la dolomie , peuvent irriter les voies respiratoires. Les vapeurs doxyde de magnésium , comme celles de certains autres métaux, peuvent être à lorigine de la fièvre des fondeurs. Des chercheurs ont rapporté une plus grande fréquence des troubles digestifs chez les travailleurs de lindustrie du magnésium et suspectent une corrélation entre labsorption de magnésium et lulcère gastroduodénal. Dans la coulée du magnésium et des alliages à forte teneur en magnésium, on met en uvre des fondants fluorés et des inhibiteurs soufrés pour séparer le métal en fusion de lair par une couche danhydride sulfureux destinée à éviter une combustion pendant les opérations de coulée; toutefois, les vapeurs de fluorures et les dégagements de dioxyde de soufre peuvent exposer le personnel à un risque plus grand encore.
Cest lincendie qui représente le danger majeur dans la mise en uvre du magnésium. De petits fragments du métal, comme peuvent en produire les opérations de polissage, de limage ou dusinage, peuvent être très facilement enflammés par une étincelle ou une flamme fortuites et, comme la température de combustion atteint 1 250 °C, peuvent causer des lésions profondes de la peau. Des accidents de ce type se sont produits à laffûtage dun outil sur une meule qui avait servi auparavant pour polir des pièces coulées en alliage de magnésium. Le magnésium réagit avec leau et les acides, formant de lhydrogène gazeux combustible.
Lorsque des particules de magnésium pénètrent dans la peau ou dans des blessures profondes, elles peuvent y provoquer des «tumeurs aéroformes» du type évoqué plus haut. Un tel risque est assez exceptionnel; néanmoins, les plaies contaminées par le magnésium guérissent très lentement. Les fines poussières produites par le polissage du magnésium peuvent être irritantes pour les yeux et les voies respiratoires, mais ne sont pas à proprement parler toxiques.
Comme dans tout procédé industriel potentiellement dangereux, les travailleurs qui manipulent ou usinent le magnésium devraient observer une prudence jamais relâchée. Les fondeurs devraient porter des tabliers et des gants de cuir ou en un autre matériau approprié pour se prémunir contre la projection de particules. Des écrans faciaux transparents devraient également leur protéger le visage et surtout les yeux. Les travailleurs exposés aux poussières de magnésium ne devraient pas porter de lentilles de contact; des installations de lavage oculaire devraient être à leur disposition immédiate. Ceux qui travaillent le magnésium devraient porter des combinaisons faites dune matière à laquelle les particules métalliques nadhèrent pas. Une aspiration localisée suffisante est en outre indispensable dans les lieux où des dégagements de vapeurs doxyde de magnésium peuvent se produire, en complément dune bonne ventilation générale. Les outils de coupe devraient être bien affûtés, car les tranchants émoussés risquent de porter le métal à sa température dinflammation.
Les bâtiments où lon procède à la coulée ou à lusinage du magnésium devraient être construits de préférence en matériaux ignifuges et sans rebords ni protubérances où le magnésium risquerait de saccumuler. Il y a lieu de prévenir laccumulation de copeaux ou de boues de meulage, de préférence par un balayage humide. Il faut recueillir les déchets de magnésium, en attendant leur évacuation définitive, dans de petits récipients séparés les uns des autres par un espace suffisant. La méthode délimination des déchets de magnésium la plus sûre est sans doute lenfouissement après mouillage.
Linflammation accidentelle du magnésium présentant un risque grave dincendie, une formation adéquate du personnel et un matériel extincteur approprié sont indispensables. Le personnel ne devrait jamais se servir deau pour éteindre un feu de magnésium, car cela ne ferait que disperser les fragments incandescents et risquerait de propager lincendie. Parmi les agents dextinction indiqués contre ce type dincendie, on peut citer le carbone et le sable. Il existe aussi des préparations commerciales de poudres extinctrices, dont lune se compose de polyéthylène et de borate de sodium.
Le manganèse (Mn) est lun des éléments les plus abondants de lécorce terrestre. On le trouve dans les sols, les sédiments, les roches, leau et les substances biologiques. Au moins une centaine de minéraux contiennent du manganèse. Les oxydes, carbonates et silicates sont les composés les plus importants parmi les minéraux qui en renferment. Le manganèse peut exister à huit degrés doxydation différents, les plus importants étant les degrés +2, +3 et +7. Le dioxyde de >manganèse (MnO2) est loxyde le plus stable. Le manganèse forme divers composés organométalliques. Le méthylcyclopentadiényle manganèse tricarbonyle (CH3C5H4Mn(CO)3), appelé souvent MMT , présente un intérêt pratique majeur.
La plus importante source industrielle de manganèse est le dioxyde de manganèse (MnO2), quon trouve dans la nature dans des dépôts sédimentaires sous forme de pyrolusite. On distingue deux autres types de dépôt: les accumulations carbonatées, qui se composent en général principalement de rhodocrosite (MnCO3), et les dépôts stratiformes. Toutefois, seuls les gîtes sédimentaires offrent une grande extension; ils sexploitent le plus souvent à ciel ouvert. Certains nécessitent une exploitation en carrière souterraine, par chambres et piliers, mais font rarement appel à larsenal des techniques utilisées dans les mines métalliques profondes.
Le manganèse est employé dans la production de lacier en tant que réactif destiné à réduire loxygène et le soufre et comme composant dalliage dans lélaboration des aciers spéciaux et des alliages daluminium et de cuivre. Dans lindustrie chimique, il sert dagent oxydant ainsi que pour la production du permanganate de potassium et dautres composés chimiques à base de manganèse. Le manganèse entre également dans lenrobage des électrodes de soudage, dans les concasseurs de roches, les aiguillages et les traversées des chemins de fer. Il est également utilisé dans les céramiques, les allumettes, le verre et dans lindustrie des matières colorantes.
On emploie plusieurs sels de manganèse dans la production des engrais, comme dessiccants dans lhuile de lin, pour la décoloration des verres et le blanchiment des textiles et dans le tannage du cuir. Le MMT a été utilisé comme additif du fuel, comme inhibiteur de fumée et comme additif antidétonant dans lessence.
Dans les conditions dexposition professionnelle, le manganèse est principalement absorbé par inhalation. Le dioxyde de manganèse et dautres composés du manganèse qui se forment comme produits secondaires volatils lors de laffinage du métal sont pratiquement insolubles dans leau. Ainsi, seules les particules suffisamment petites pour atteindre les alvéoles sont éventuellement absorbées dans le sang. Les particules plus grandes peuvent être évacuées des voies respiratoires et avalées. Le manganèse peut également pénétrer dans le tractus gastro-intestinal, véhiculé par des aliments ou de leau contaminés. La vitesse dabsorption peut dépendre du taux de manganèse et de fer dans lalimentation, du type de composé du manganèse, de la carence en fer et de lâge du sujet. Toutefois, le risque dintoxication par cette voie est faible. Labsorption du manganèse par la peau est négligeable.
Après inhalation, ou après exposition par voie parentérale ou orale, le manganèse absorbé est rapidement éliminé du sang et distribué essentiellement dans le foie. Les schémas cinétiques de la clairance à partir du sang et de labsorption du manganèse par le foie sont similaires, indiquant que ces deux réserves de manganèse entrent rapidement en équilibre. Le métal en excès peut être réparti entre dautres tissus tels que les reins, lintestin grêle, les glandes endocrines et les os. Le manganèse saccumule de préférence dans les tissus riches en mitochondries. Il traverse également les barrières hémato-encéphalique et placentaire. Des concentrations de manganèse plus élevées sont aussi associées à des parties pigmentées du corps, y compris la rétine, la conjonctive pigmentée et la peau foncée. Le manganèse saccumule également dans les cheveux foncés. On estime que la charge corporelle totale en manganèse se situe entre 10 et 20 mg pour un sujet mâle de 70 kg. La demi-vie biologique du manganèse est comprise entre 36 et 41 jours, mais pour le manganèse séquestré dans le cerveau, la demi-vie est considérablement plus longue. Dans le sang, le manganèse est lié aux protéines.
Le composé organique MMT est rapidement métabolisé dans lorganisme. Sa distribution semble similaire à celle quon observe après exposition à du manganèse inorganique.
Le flux biliaire est la principale voie dexcrétion du manganèse. Celui-ci sélimine par conséquent presque complètement avec les selles, alors que seulement 0,1 à 1,3% de labsorption quotidienne sélimine par les urines. Il semble que lexcrétion biliaire soit le principal mécanisme régulateur de léquilibre homéostatique du manganèse dans lorganisme, assurant une relative stabilité de la teneur des tissus en manganèse. Après exposition au composé organique MMT, lexcrétion du manganèse seffectue en grande partie par les urines. On a expliqué ce phénomène par la biotransformation du composé organique dans les reins. En tant que métalloprotéine de certaines enzymes, le manganèse est un élément essentiel de lorganisme humain.
On a rapporté des intoxications par le manganèse dans lexploitation minière et le traitement des minerais de manganèse, dans la production des alliages de manganèse et dans la fabrication des piles sèches, des électrodes de soudage, des vernis et des tuiles réfractaires. Lexploitation des minerais peut toujours présenter des risques importants; lindustrie du ferromanganèse se situe immédiatement après comme source de risques. Les opérations qui produisent les concentrations les plus élevées de poussières de dioxyde de manganèse sont le forage des trous de mine et les tirs dexplosifs. Par conséquent, lemploi le plus dangereux est celui des mineurs travaillant au marteau pneumatique.
Si lon considère le risque en fonction des sites de dépôt et de la vitesse de solubilité des particules de différentes tailles, on constate que le risque lié à lexposition est en relation étroite avec la composition des aérosols de manganèse. On a également prouvé que les aérosols formés par condensation peuvent être plus nocifs que ceux formés par désintégration, ce qui nous ramène encore à la granulométrie des particules. Il semble que la toxicité des différents composés du manganèse dépende du type dion manganèse présent et du degré doxydation du manganèse. Moins le composé est oxydé, plus sa toxicité est élevée.
Lintoxication chronique au manganèse peut présenter une forme nerveuse ou une forme pulmonaire. Dans le cas dattaque du système nerveux, on distingue trois phases. Pendant la période initiale, le diagnostic peut être difficile à poser. Toutefois, un diagnostic précoce peut être critiquable, car il semble que la cessation de lexposition est efficace pour arrêter lévolution de la maladie. Les symptômes englobent lindifférence et lapathie, la somnolence, la perte dappétit, les maux de tête, les vertiges et lasthénie. On peut observer une certaine excitabilité, une difficulté à marcher et des troubles de la coordination, ainsi que des crampes et des douleurs dorsales. Ces symptômes peuvent apparaître à des degrés divers, ensemble ou séparément; ils déterminent le début de la maladie.
Létape intermédiaire est marquée par lapparition de symptômes objectifs. Tout dabord, la voix devient monotone pour finir en chuchotement, la parole est lente et irrégulière, parfois bégayante. Puis survient la modification du faciès, expression à la fois hilare et figée qui donne au malade un air hébété pouvant sexpliquer par laccroissement du tonus des muscles faciaux. Le patient peut brusquement éclater de rire ou (plus rarement) fondre en larmes. Malgré sa déchéance, le malade semble en perpétuelle euphorie. Les gestes sont ralentis et maladroits, la démarche est normale, mais on constate un balancement des bras. La course devient impossible, la marche à reculons difficile, parfois avec rétropulsion. On peut observer une incapacité à réaliser des mouvements rapides alternés (adiadococinésie), mais lexamen neurologique ne montre aucune modification sauf, dans certains cas, une exagération des réflexes rotuliens.
En quelques mois, la maladie évolue, aggravant tous les troubles, surtout ceux de la démarche. Le symptôme le plus précoce et le plus évident de cette phase est la rigidité musculaire, constante mais dintensité variable, qui se traduit par une démarche caractéristique (lente, spasmodique et mal assurée), le malade sappuyant sur le métatarse; lallure est décrite sous le nom de «démarche du gallinacé». La marche à reculons devient impossible sans chutes; léquilibre devient difficile à conserver, même sur les deux jambes. Le demi-tour ne peut se faire que lentement. Peuvent survenir des tremblements, souvent aux membres inférieurs, ou même généralisés.
Les réflexes tendineux, rarement normaux, deviennent exagérés. On constate parfois des troubles vasomoteurs avec crises de sudation, pâleur ou rougeur du faciès et, quelquefois, cyanose des extrémités. Les fonctions sensorielles demeurent intactes. Le psychisme peut être ralenti; lécriture devient irrégulière, certains mots sont illisibles. La fonction cardiaque peut être troublée par des altérations du rythme. A ce stade, la maladie devient évolutive et irréversible.
Forme pulmonaire . On a décrit une «pneumoconiose manganique», contestée du fait de la présence dune forte proportion de silice dans les roches exploitées; une pneumonie manganique a également été rapportée. Il existe aussi une controverse concernant la corrélation entre la pneumonie et lexposition au manganèse, sauf en tant que facteur daggravation. Du point de vue de son caractère épidémique et de sa gravité, la maladie pourrait être une pneumopathie virale atypique. Ces pneumonies manganiques réagissent bien aux antibiotiques.
Pathologie . Il sagit, pour certains auteurs, de lésions diffuses sur le corps strié, puis le cortex cérébral, la corne dAmmon et les tubercules quadrijumeaux (les lésions siègent dans les tubercules postérieurs). Toutefois, dautres affirment que les lésions des lobes frontaux correspondent mieux à lensemble des signes que celles décrites au niveau des noyaux de la base; les examens électroencéphalographiques confirment cette localisation. Les lésions sont toujours bilatérales et plus ou moins symétriques.
Evolution . Le manganisme évolue de façon chronique. Le malade dépisté précocement évolue parfois vers la guérison sil sest soustrait à temps à lexposition. Une fois installée, la maladie devient toutefois évolutive et irréversible, même après larrêt du travail. Les troubles nerveux nont aucune tendance à la régression et peuvent être suivis de déformations articulaires. Certains symptômes peuvent toutefois satténuer, mais les troubles de la démarche ne saméliorent pas. Létat général du malade reste bon, le sujet peut vivre longtemps, la mort nintervenant quà loccasion dune affection intercurrente.
Diagnostic . Il devrait être basé principalement sur lanamnèse du sujet et sur son travail (poste occupé, durée dexposition au risque, etc.). Mais la subjectivité des symptômes initiaux rend difficile le diagnostic précoce; à ce stade, linterrogatoire devrait donc être complété par les renseignements fournis par lentourage. Au cours de la période intermédiaire et de la période détat, le diagnostic est plus facile, les antécédents professionnels et le cortège des symptômes objectifs aidant à létablir; le laboratoire fournit des renseignements qui complètent utilement le diagnostic.
Les modifications hématologiques sont variables; dans certains cas, on peut nobserver aucun changement, alors que dans dautres, il peut se présenter une leucopénie, une lymphocytose et une inversion de la formule leucocytaire dans 50% des cas, ou une augmentation du taux dhémoglobine (considérée comme le premier signe de lintoxication) et une polyglobulie légère.
On note une diminution des 17-cétostéroïdes urinaires, et on peut supposer une atteinte de la fonction surrénalienne. On a relevé aussi une augmentation souvent marquée du taux dalbumine dans le liquide cérébrospinal (40 à 55 et même 75 mg/100 cm3). La sémiologie digestive et hépatique est absolument muette: on ne trouve aucun signe dhépatomégalie ou de splénomégalie. Toutefois, on peut dire que laccumulation de manganèse aboutirait au niveau du foie à des lésions métaboliques qui paraissent en relation avec létat endocrinien de ces malades, et sont peut-être sous la dépendance des lésions neurologiques.
Diagnostic différentiel . La présence de certaines maladies peuvent donner lieu à des doutes concernant lintoxication par le manganèse: il sagit de la syphilis nerveuse, de la maladie de Parkinson, de la sclérose en plaques, du syndrome de Kimmelstiel et Wilson, de la cirrhose hépatique et de la maladie de Westphal-Strümpell (pseudosclérose en plaques).
La prévention du manganisme réside avant tout dans la suppression des poussières et des vapeurs de manganèse. Dans les mines, on recommande le remplacement du forage à sec par le forage humide. Le tir des mines devrait seffectuer après le dernier poste, de façon à permettre un aérage efficace du front avant le poste du matin suivant. Une bonne ventilation générale est également indispensable. La protection individuelle peut être assurée, exceptionnellement et pour de courtes durées seulement, avec des appareils de protection respiratoire isolants, afin déviter toute exposition dangereuse.
Il faut appliquer une hygiène individuelle rigoureuse et, à cet effet, prévoir des installations sanitaires et des vêtements appropriés, une douche obligatoire après le travail, le changement de vêtements et linterdiction de manger sur place. Il devrait être interdit de fumer sur les lieux de travail.
Les niveaux dexposition devraient être déterminés périodiquement, ainsi que la granulométrie des particules de manganèse en suspension dans lair. La contamination de leau de boisson et des aliments ainsi que les habitudes alimentaires des travailleurs devraient être considérées comme des sources supplémentaires dexposition potentielle.
Il est déconseillé daffecter des personnes présentant des troubles psychologiques ou neurologiques à des travaux impliquant une exposition au manganèse. Les états de carence nutritionnelle peuvent prédisposer à lanémie et augmenter ainsi la sensibilité au manganèse; les travailleurs souffrant de telles carences devraient être strictement surveillés. Les sujets qui sont à létat anémié ne devraient pas être exposés au manganèse; cette précaution vaut également pour ceux qui souffrent de lésions des émonctoires ou de broncho-pneumopathie chronique obstructive. Une étude a suggéré quune exposition de longue durée au manganèse peut contribuer au développement dune broncho-pneumopathie chronique obstructive, surtout si lhabitude de fumer vient sajouter à lexposition. Par ailleurs, des poumons atteints peuvent être plus sensibles à leffet potentiel aigu daérosols de manganèse.
Au cours des examens médicaux périodiques, on veillera à déceler la présence éventuelle des troubles pouvant être liés au stade subclinique de lintoxication par le manganèse. Les travailleurs devraient subir également un examen clinique, notamment pour la détection des signes précoces de toute altération des fonctions psychomotrices et neurologiques. Les symptômes subjectifs et un comportement anormal constituent souvent les seules indications dune affection. Le manganèse peut être dosé dans le sang, les urines, les selles et les cheveux. Lévaluation du degré dexposition au manganèse au moyen de sa concentration dans les urines et le sang sest toutefois révélée peu fiable.
Le taux sanguin moyen de manganèse chez des travailleurs exposés semble être du même ordre de grandeur que chez les personnes non exposées. La contamination pendant le prélèvement déchantillons et les opérations analytiques peut expliquer, en partie du moins, la plage relativement étendue de valeurs décrite dans la littérature, notamment pour le sang. Lutilisation dhéparine comme anticoagulant est encore répandue, bien que la teneur en héparine du manganèse puisse être supérieure au taux sanguin. La concentration moyenne de manganèse dans les urines de personnes non exposées est généralement comprise entre 1 et 8 mg/litre, mais on a déjà rencontré des chiffres allant jusquà 21 mg/litre. Labsorption quotidienne de manganèse à travers lalimentation humaine est très variable selon la quantité consommée de céréales non transformées, de noix, de légumes verts et de thé, étant donné leur teneur relativement élevée en manganèse; elle affecte donc les résultats des analyses concernant la teneur normale en manganèse dans les liquides biologiques.
Pour établir lexposition professionnelle au manganèse, on a suggéré de se baser sur une concentration de manganèse de 60 mg/kg ou plus dans les selles. La teneur en manganèse des cheveux est généralement inférieure à 4 mg/kg. Etant donné que le dosage du manganèse dans les urines, souvent utilisé dans la pratique, na pas été suffisamment validé pour attester lexposition individuelle, il ne peut être utilisé que comme indicateur collectif du niveau moyen dexposition. Le recueil des selles et lanalyse de leur teneur en manganèse ne sont pas faciles à réaliser. Nos connaissances actuelles ne permettent de désigner aucun autre facteur biologique fiable susceptible dêtre utilisé comme indicateur du degré dexposition au manganèse. Ainsi, lévaluation de lexposition au manganèse des travailleurs reste basée sur les concentrations de manganèse atmosphérique. On nest pas mieux renseigné sur la corrélation existant entre les taux sanguin et urinaire de manganèse et lexistence des symptômes et signes neurologiques.
Les personnes présentant les signes dune intoxication par le manganèse devraient être soustraites à lexposition. Si cette mesure intervient peu de temps après lapparition des premiers symptômes et signes (cest-à-dire avant linstauration dun état de manganisme établi), un grand nombre de ces symptômes et signes vont disparaître. Certaines perturbations rédiduelles pourront toutefois subsister, notamment au niveau de la parole et la démarche.
Le mercure (Hg) se combine facilement au soufre et aux halogènes à la température ordinaire et forme des amalgames avec tous les métaux sauf le fer, le nickel, le cadmium, laluminium, le cobalt et le platine. Il entre en réaction exothermique avec les métaux alcalins. Il est attaqué par lacide nitrique, mais pas par lacide chlorhydrique et, lorsquil est chauffé, se combine à lacide sulfurique.
On trouve le mercure inorganique dans la nature sous forme de sulfure (HgS) ou cinabre, dont la teneur moyenne en mercure se situe entre 0,1 et 4%. On le rencontre aussi dans la croûte terrestre en géodes de mercure natif liquide (dans le gisement dAlmadén, en Espagne), ou imprégnant des schistes ou de lardoise (en Inde et en Yougoslavie, par exemple).
Extraction . On extrait le mercure de mines souterraines et on sépare ensuite le métal du minerai par grillage en four rotatif ou dans des fours à agitation mécanique, voire par réduction au moyen doxyde de fer ou doxyde de calcium. La vapeur est entraînée dans les gaz de combustion, puis condensée dans des serpentins verticaux.
Au nombre des applications les plus importantes du mercure métallique et de ses composés inorganiques, il convient de citer le traitement des minerais dor et dargent; la fabrication des amalgames; la fabrication et la réparation de nombreux instruments de mesure ou de laboratoire; la fabrication des lampes à incandescence, des lampes à vapeur de mercure, des lampes radio, des tubes à rayons X, des interrupteurs, accumulateurs, redresseurs, etc.; la production du chlore et des alcalis (où il sert de catalyseur), de même que la production de lacide acétique et de laldéhyde acétique à partir de lacétylène; les laboratoires de chimie, physique et biologie; le placage dor, dargent, de bronze et détain; le tannage et le corroyage; la fabrication du feutre; la taxidermie; la fabrication des textiles; la photographie et la photogravure; la fabrication des peintures et des pigments mercuriels et celle de la soie artificielle. Certaines de ces applications ont été abandonnées en raison des effets toxiques du mercure.
On considère que les composés organiques du mercure sont ceux dans lesquels le mercure est lié directement à latome de carbone par une liaison chimique. Les liaisons carbone-mercure présentent une large plage de stabilité; généralement, la liaison du carbone au mercure est plus stable dans les composés aliphatiques que dans les composés aromatiques. Selon une estimation digne de foi, on a réalisé la synthèse de plus de 400 composés de phénylmercure et dau moins autant dalkylmercure. Les trois plus importants groupes couramment utilisés sont les composés alkylés, les hydrocarbures aromatiques et les composés arylés et alkoxyalkylés. Des exemples de composés arylmercuriques sont lacétate, le nitrate, loléate, le propionate et le benzoate de phénylmercure. Lacétate est le composé sur lequel on possède le plus dinformations.
Utilisations . Toutes les applications importantes des composés organiques du mercure sont liées à lactivité biologique de ces substances. Dans la pratique médicale, les composés organiques du mercure sont utilisés comme antiseptiques, germicides, diurétiques et contraceptifs. Dans le domaine des pesticides, ils sont employés en tant qualgicides, fongicides, herbicides, slimacides. Dans les domaines des peintures, des cires et des pâtes, on sen sert comme agents conservateurs; ils trouvent aussi des applications dans la lutte contre le mildiou, dans les peintures antifouling, dans les peintures latex et dans le traitement anticryptogamique des tissus, des papiers, du liège, du caoutchouc et du bois devant être mis en uvre dans les climats humides. Dans lindustrie chimique, ils servent de catalyseur pour un certain nombre de réactions. Les dérivés alkylés sont utilisés comme agents dalkylation en synthèse organique.
Linhalation de vapeurs est la principale voie de pénétration du mercure métallique dans lorganisme. Près de 80% des vapeurs de mercure inhalées sont absorbées par les poumons (alvéoles). Labsorption par voie digestive du mercure métallique est négligeable (inférieure à 0,01% de la dose administrée). La pénétration par voie sous-cutanée du mercure métallique est également possible de manière accidentelle (lorsquon casse un thermomètre, par exemple).
Les principales voies de pénétration des composés inorganiques du mercure (sels de mercure) sont les poumons (atomisation des sels de mercure) et le tractus gastro-intestinal. Dans ce dernier cas, labsorption résulte souvent dune ingestion accidentelle ou volontaire. On estime que 2 à 10% des sels de mercure ingérés sont absorbés par le tractus intestinal.
Labsorption par la peau de mercure métallique et de certains de ses composés est possible, mais la vitesse dabsorption est faible. Après pénétration dans lorganisme, le mercure métallique continue à exister pendant une courte période sous forme métal-lique, ce qui explique quil traverse la barrière hémato-encéphalique. Dans le sang et les tissus, le mercure métallique est rapidement oxydé en ion mercure Hg2+, qui se fixe sur les protéines. Dans le sang, le mercure inorganique se répartit aussi dans le plasma et les hématies.
Après exposition à des vapeurs de mercure métallique, les sites de dépôt sont les reins et le cerveau, alors quaprès exposition à des sels inorganiques, ce sont les reins uniquement.
Les symptômes de lintoxication aiguë comprennent lirritation pulmonaire (pneumonie chimique), conduisant éventuellement à un dème pulmonaire aigu. Une implication rénale est également possible. Lintoxication aiguë est le plus souvent la conséquence dune ingestion accidentelle ou volontaire dun sel de mercure. Il peut en résulter une grave inflammation du tractus gastro-intestinal, suivie rapidement par une insuffisance rénale due à la nécrose du tube contourné proximal.
La forme chronique grave de lintoxication par le mercure, telle quelle apparaissait à Almadén, par exemple, jusquau début du XXe siècle, était caractérisée par des troubles spectaculaires rénaux, digestifs, mentaux et nerveux se terminant en cachexie; elle a été éliminée grâce aux mesures préventives qui ont été prises. Cependant, parmi les mineurs, on peut encore détecter des cas dintoxication chronique «intermittente», dans laquelle des périodes dintoxication active alternent avec des périodes dintoxication latente. Pendant les périodes de latence, les symptômes régressent à un tel point quils ne peuvent être détectés sans une étude approfondie; seules les manifestations neurologiques persistent sous la forme dune sudation abondante, dun dermographisme et, dans une certaine mesure, dune instabilité émotionnelle.
On a également décrit un état de «micromercurialisme» caractérisé par une névrose fonctionnelle (hystérie fréquente, neurasthénie et formes mixtes), une labilité cardio-vasculaire et une névrose sécrétoire de lestomac.
Système digestif. La gingivite est le trouble gastro-intestinal le plus fréquent dans lintoxication par le mercure. Elle est favorisée par une mauvaise hygiène buccale et saccompagne dun goût déplaisant, métallique ou amer dans la bouche. La stomatite ulcéromembraneuse est beaucoup moins courante; on la rencontre généralement chez des personnes souffrant déjà de gingivite et qui ont inhalé accidentellement des vapeurs de mercure. Cette stomatite débute par des symptômes subjectifs de gingivite avec salivation accrue (ptyalorrhée mercurielle) et une langue chargée. Lingestion daliments et de boissons produit une sensation de brûlure et dinconfort dans la bouche, les gencives deviennent de plus en plus enflammées et gonflées, des ulcères apparaissent et il se produit un saignement spontané. Les cas aigus saccompa-gnent dune forte fièvre, dune inflammation des ganglions sous-maxillaires et dune haleine fétide. Une périostite alvéolo-dentaire a également été observée.
Un liseré bleuâtre peut être noté sur le bord des gencives à la limite des dents, en particulier au voisinage des zones infectées; toutefois, on nobserve jamais ce liseré chez les personnes édentées. Une pigmentation gris ardoise en semis de la muqueuse buccale à la face vestibulaire des gencives (généralement celles de la mâchoire inférieure), du palais et même de la paroi interne des joues a également été décrite.
La gingivite récidivante affecte les tissus de soutien des dents, quil faut bien souvent extraire, si elles ne tombent pas delles-mêmes. Dautres troubles gastro-intestinaux provoqués par lintoxication par le mercure comprennent la gastrite et la gastro-duodénite.
La pharyngite aspécifique est relativement commune. La pharyngite «laquée» de Kussmaul est une manifestation plus rare qui présente une coloration rouge vif du pharynx, des amygdales et du palais, ce dernier étant amolli et chargé de fines arborisations.
Latteinte du système nerveux est possible avec ou sans symptômes gastro-intestinaux et se caractérise par deux tableaux cliniques distincts: a) tremblements évoquant ceux de la sclérose en plaques; et b) parkinsonisme avec tremblements statiques et motricité réduite. En général, lune de ces deux formes prédomine dans un tableau clinique mixte, qui peut en outre se trouver compliqué par une irritabilité morbide et une hyperactivité mentale marquée (éréthisme mercuriel).
Le parkinsonisme mercuriel se caractérise par une démarche chancelante, labsence des automatismes de récupération de léquilibre et lhypotonie; en revanche, les symptômes neurovégétatifs sont peu marqués: faciès figé, ptyalisme, etc. Toutefois, le parkinsonisme se rencontre le plus souvent sous ses formes bénignes, en particulier celles du microparkinsonisme.
Les symptômes les plus fréquents évoquent ceux de la sclérose en plaques, à ceci près que le nystagmus est absent et que les deux tableaux se distinguent par leurs caractéristiques sérologiques et lévolution clinique. Le signe le plus frappant est le tremblement, symptôme généralement tardif, mais qui peut précéder la stomatite.
Les tremblements cessent généralement pendant le sommeil, quoique des crampes ou des contractions généralisées puissent se produire de façon subite; en tout état de cause, les tremblements augmentent fortement sous le coup de lémotion, et le phénomène est si marqué dans lhydrargyrisme quil constitue un élément du diagnostic de lintoxication par le mercure. Le tremblement est particulièrement violent lorsque le sujet est embarrassé ou intimidé, par exemple lorsquil se sait observé; cest pourquoi les personnes affligées de ce tremblement prennent généralement leurs repas seules: en compagnie, elles seraient incapables de porter les aliments à la bouche. Dans les formes les plus aiguës, les tremblements sétendent à la musculature volontaire et peuvent devenir permanents. Il arrive encore aujourdhui quon doive sangler un malade dans son lit pour lempêcher de tomber pendant son sommeil; en pareil cas, on observe aussi des accès violents et incohérents de mouvements choréiformes qui réveillent le sujet en sursaut.
Le malade sexprime de façon saccadée, ce qui gêne lintelligibilité de son discours; lorsque les spasmes cessent, le sujet précipite son débit. Dans les cas évocateurs du parkinsonisme, la parole est lente et monocorde, le timbre extrêmement faible, au point dêtre parfois inaudible; lélocution précipitée est toutefois latteinte du langage la plus fréquente.
Le symptôme le plus remarquable est le besoin accru de dormir, qui se traduit par des périodes de sommeil prolongé, quoique léger, interrompu par des crispations spasmodiques et des crampes. Chez certains sujets, cest au contraire linsomnie qui sinstalle.
On admet généralement que les défaillances de mémoire marquent le début de lintoxication et que la démence en est le symptôme terminal. Une dermographie et une sudation abondante (non motivée) sont souvent décrites. Dans lintoxication chronique par le mercure, les yeux peuvent présenter le tableau du «mercurialentis» caractérisé par une décoloration allant du gris clair au gris foncé légèrement rougeâtre de la capsule antérieure du cristallin, qui sexplique par la déposition de fines particules de mercure. Ce signe peut être détecté par examen au microscope à la lampe à fente; il est bilatéral et symétrique et apparaît généralement bien avant les premiers signes dintoxication.
Lintoxication chronique par le mercure débute généralement de façon insidieuse, ce qui rend difficile sa détection précoce. Le principal organe cible est le système nerveux. Au stade initial, des tests appropriés peuvent permettre de détecter des modifications psychomotrices et neuromusculaires et un tremblement léger. Une légère atteinte rénale (protéinurie, albuminurie, enzymurie) peut être décelée avant latteinte neurologique.
Si lon ne soustrait pas le sujet à une exposition excessive, les manifestations neurologiques et autres (telles que tremblements, sudation, dermatographie) saccentuent, saccompagnant de modifications du comportement et de troubles de la personnalité et éventuellement, de troubles digestifs (stomatite, diarrhée) et dune détérioration de létat général (anorexie, perte de poids). Une fois ce stade atteint, la cessation de lexposition peut ne pas conduire à un rétablissement complet.
Dans lintoxication chronique par le mercure, les symptômes digestifs et nerveux prédominent et, bien que les premiers se manifestent plus précocement, ce sont les seconds qui sont les plus marqués; dautres symptômes significatifs, mais moins intenses, peuvent être observés. La durée qui sépare labsorption de mercure de lapparition des premiers symptômes cliniques varie suivant la quantité absorbée et certaines caractéristiques individuelles. De légers troubles digestifs, notamment lanorexie, des tremblements intermittents qui peuvent affecter des groupes musculaires particuliers, ainsi que certains troubles nerveux dont lintensité varie suivant le niveau mental et culturel du sujet, en sont les principaux signes annonciateurs. Lévolution de lintoxication diffère parfois considérablement dun cas à lautre. Si lon a pu mettre fin à lexposition dès lapparition des premiers symptômes, la guérison est probable; dans le cas contraire on ne peut, si lintoxication sest installée, espérer le plus souvent quune atténuation des symptômes.
Reins . Pendant des années, on a étudié la relation entre la fonction rénale et les taux urinaires de mercure. Les effets dun faible degré dexposition nont pas encore été complètement élucidés. A des doses plus élevées (supérieures à 50 µg/g), on a observé des anomalies de la fonction rénale (mises en évidence par la N-acétyl-β-D-glucosaminidase (NAG), qui est un indicateur sensible des lésions rénales). On a pu établir une corrélation positive entre les taux de NAG et les taux urinaires de mercure, ainsi quavec les résultats des tests neurologiques et comportementaux.
Système nerveux . Ces dernières années, on a recueilli de nombreuses données concernant les effets de faibles taux de mercure, ce sujet étant abordé en détail au chapitre no 7, «Le système nerveux», de la présente Encyclopédie.
Sang . Lintoxication chronique peut saccompagner dune anémie légère, précédée parfois de polycythémie consécutive à lirritation de la moelle osseuse. On a également observé de la lymphocytose et de léosinophilie.
Acétate phénylmercurique (PMA) . Labsorption peut se produire par inhalation daérosols contenant du PMA, par absorption à travers la peau ou par ingestion. La solubilité du composé mercuriel et la taille des particules de laérosol sont des facteurs déterminants dans le degré dabsorption. Le PMA est absorbé par ingestion plus facilement que les sels inorganiques du mercure. Le phénylmercure est surtout véhiculé par le sang et distribué dans les cellules du sang (90%); il saccumule dans le foie et sy décompose en mercure inorganique. Une partie du phénylmercure est excrétée par la bile. La majeure partie de la quantité absorbée par lorganisme est répartie dans les tissus sous forme de mercure inorganique et saccumule dans les reins. En cas dexposition chronique, la distribution et lexcrétion du mercure suivent le même schéma que dans lexposition au mercure inorganique.
Lexposition professionnelle à des composés phénylmercuriques se produit lors de la fabrication et de la manipulation de produits traités avec des fongicides contenant ces composés. Linhalation de grandes quantités sur une courte période peut provoquer des lésions pulmonaires. Lexposition de la peau à une solution concentrée de composés phénylmercuriques peut provoquer des brûlures chimiques avec formation de cloques. Il peut se produire une sensibilisation aux composés phénylmercuriques. Lingestion de grandes quantités de phénylmercure peut causer des atteintes rénales et hépatiques. Lintoxication chronique induit des lésions rénales consécutives à laccumulation de mercure inorganique dans les tubes rénaux.
Les données cliniques disponibles ne permettent pas darriver à des conclusions fermes quant à la relation dose-réponse. Elles montrent néanmoins que les composés phénylmercuriques seraient moins toxiques que les composés inorganiques du mercure lors dune exposition de longue durée. On a mis en évidence des effets bénins sur le sang.
Composés alkylmercuriques. Dun point de vue pratique, les composés alkylmercuriques à courte chaîne, tels que le méthylmercure et léthylmercure , sont les plus importants, bien que certains composés plus rares du mercure, utilisés surtout dans des laboratoires de recherche, aient entraîné des décès spectaculaires et rapides à la suite dune intoxication aiguë. Les composés alkylmercuriques ont été beaucoup employés dans le traitement des semences, où ils ont été responsables dun grand nombre daccidents mortels. Le chlorure méthylmercurique forme des cristaux blancs ayant une odeur caractéristique, alors que le chlorure déthylmercure forme des flocons blancs. Les composés volatils méthylmercuriques, comme le chlorure de méthylmercure, sont absorbés à raison denviron 80% après linhalation de vapeurs. Plus de 95% des composés alkylmercuriques à courte chaîne sont absorbés par ingestion, quoique labsorption des composés méthylmercuriques par la peau puisse aussi intervenir, selon la solubilité et la concentration du composé et létat de la peau.
Le méthylmercure est transporté par les hématies (95%), et une faible fraction se lie aux protéines du plasma. La distribution dans les différents tissus corporels est plutôt lente et il se passe environ 4 jours avant létablissement dun équilibre. Le méthylmercure se concentre dans le système nerveux central et, en particulier, dans la matière grise. Environ 10% de la charge corporelle de mercure sont localisés dans le cerveau; la concentration la plus élevée se trouve dans le cortex occipital et le cervelet. Chez les femmes enceintes, le méthylmercure est transmis au ftus dans le placenta et saccumule en particulier dans le cerveau ftal.
Lintoxication par un composé alkylmercurique peut se produire par inhalation de vapeurs ou de poussières contenant de lalkylmercure, dans la fabrication de ce composé ou dans la mise en uvre du produit final. Le contact de la peau avec des solutions concentrées entraîne des brûlures chimiques et la formation de vésicules. Dans les menus travaux agricoles, il peut y avoir un risque déchange entre la semence traitée et des produits destinés à lalimentation, ce qui peut conduire à une ingestion involontaire de quantités appréciables dalkylmercure. En cas dexposition aiguë, les signes et les symptômes de lintoxication sont initialement insidieux et apparaissent avec une période de latence qui peut aller dune à plusieurs semaines. La durée de cette période varie en fonction de la dose plus celle-ci est élevée, plus courte est la période.
En cas dexposition chronique, lintoxication sinstalle de manière plus insidieuse, mais les signes et les symptômes sont essentiellement les mêmes, à savoir ceux occasionnés par laccumulation de mercure dans le système nerveux central, provoquant des lésions neuronales dans les cortex sensoriels, tels que le cortex visuel, le cortex auditif et les régions pré- et postcentrales. Les signes sont caractérisés par des perturbations sensorielles avec paresthésie aux extrémités distales, dans la langue et autour des lèvres. Dans les cas dintoxication plus graves, peuvent apparaître des phénomènes dataxie, de constrictions concentriques des champs visuels, des troubles de louïe et des symptômes extra-pyramidaux; on peut aussi observer des crises chroniques.
La période de la vie où lon est le plus sensible à lintoxication par le méthylmercure est la période intra-utérine, le ftus semblant être de 2 à 5 fois plus sensible que ladulte. Lexposition intra-utérine entraîne une paralysie cérébrale, en partie consécutive à linhibition de la migration des neurones depuis les parties centrales vers les régions corticales périphériques. Dans des cas moins graves, on a observé un retard du développement psychomoteur.
Composés alkoxyalkylés du mercure. Les composés alkoxyalkylés les plus couramment utilisés sont les sels de méthoxyéthylmercure (par exemple, lacétate de méthoxyéthylmercure ) qui ont remplacé les composés alkylés à courte chaîne pour le traitement des semences dans de nombreux pays industriels ayant banni lutilisation des composés dalkylmercure en raison de leur toxicité.
Les informations dont on dispose à ce sujet sont peu nombreuses. Les composés alkoxyalkylés sont absorbés par inhalation et par ingestion plus sûrement que les sels inorganiques du mercure. Les schémas de distribution et dexcrétion du mercure absorbé sont les mêmes que pour les sels inorganiques du mercure. Lexcrétion se produit à travers le tractus intestinal et les reins. On ignore dans quelle proportion lalkoxyalkylmercure inchangé est excrété chez lhumain. Lexposition à des composés alkoxyalkylés du mercure peut se produire pendant la fabrication du composé et la manipulation du ou des produits finaux traités par ce composé. Lacétate de méthoxyéthylmercure est un vésicatoire lorsquil est appliqué sur la peau en solutions concentrées. Linhalation de poussières de sels de méthoxyéthylmercure peut provoquer des lésions pulmonaires, et lintoxication chronique due à une exposition de longue durée peut conduire à une atteinte rénale.
Chaque fois quon peut le faire, il faut remplacer le mercure par des substances moins dangereuses. Lindustrie du feutre, par exemple, pourrait utiliser des composés non mercuriels. Dans lexploitation minière, des techniques de forage humide devraient être mises en uvre. La ventilation est la principale mesure de sécurité; si elle nest pas satisfaisante, il faudrait inviter les travailleurs à porter un équipement de protection respiratoire.
Dans lindustrie, le mercure devrait autant que possible être manipulé à lintérieur de systèmes hermétiquement clos, et des règles dhygiène extrêmement sévères devraient être appliquées dans les locaux de travail. Lorsque du mercure est répandu, il sinfiltre très facilement dans les fissures et joints du sol et des surfaces de travail. En raison de sa pression de vapeur, le mercure peut donner lieu à des concentrations atmosphériques élevées même après une contamination apparemment négligeable. Par conséquent, il est important déviter toute souillure des surfaces de travail; celles-ci devraient être lisses, non absorbantes et légèrement inclinées vers un collecteur ou, à défaut, avoir une grille métallique recouvrant une rigole remplie deau pour recueillir les gouttes de mercure répandu qui passeraient à travers la grille. Les surfaces de travail devraient être nettoyées régulièrement; dans le cas dune contamination accidentelle, les gouttes de mercure recueillies devraient être éliminées aussi rapidement que possible.
Lorsquil existe un risque de volatilisation du mercure, il faut installer des systèmes daspiration localisée. On sait que cette solution nest pas toujours applicable; cest le cas notamment dans les locaux où lon produit du chlore par le procédé délectrolyse au mercure, en raison de lénorme surface dévaporation.
Le plan des postes de travail devrait être établi judicieusement de façon à réduire au minimum le nombre des personnes exposées au mercure.
La plupart des expositions aux composés organiques du mercure implique lexposition aussi bien aux vapeurs de mercure quaux composés organiques, étant donné que les composés organiques du mercure se décomposent et libèrent des vapeurs de mercure. Toutes les mesures techniques concernant lexposition aux vapeurs de mercure devraient être donc également appliquées dans les cas dexposition à des composés organiques du mercure. Ainsi, il importe déviter la contamination des vêtements ou de parties du corps, car ils peuvent constituer une dangereuse source de vapeurs de mercure proche de la zone de respiration. Il faut se munir des vêtements de protection spéciaux et les changer à la fin du poste. La peinture au pistolet avec des peintures contenant des composés mercuriels nécessite le port dun équipement de protection respiratoire et la mise en uvre dune ventilation appropriée. Les composés alkylmercuriques à courte chaîne devraient être éliminés et remplacés chaque fois que possible. Si une manipulation ne peut être évitée, il faut recourir à un système clos, conjointement avec une bonne ventilation, afin de limiter lexposition au minimum.
Il faut veiller soigneusement à éviter la contamination des sources deau par des effluents contenant du mercure, étant donné que le mercure peut sincorporer dans la chaîne alimentaire et entraîner des catastrophes telles que celle survenue à Minamata, au Japon.
Les métaux carbonyles répondent à la formule générale Mex(CO)y. Ils sont formés par combinaison dun métal (Me) avec le monoxyde de carbone (CO). Les propriétés physiques de quelques métaux carbonyles sont rassemblées dans le tableau 63.1. La plupart sont des substances solides à la température ordinaire, mais le nickel carbonyle, le fer pentacarbonyle et le ruthénium pentacarbonyle sont liquides, alors que le cobalt hydrocarbonyle est gazeux. Le présent article est centré sur le nickel carbonyle qui, en raison de sa volatilité, est exceptionnellement toxique et qui, du fait de son importance industrielle, mérite une attention spéciale. Etant donné que le fer pentacarbonyle et le cobalt hydrocarbonyle ont également des tensions de vapeur élevées et quils peuvent se former accidentellement, ils méritent également une considération sérieuse en tant que composés toxiques potentiels sur le plan professionnel. La plupart des métaux carbonyles réagissent vigoureusement avec loxygène et les substances oxydantes, et certains senflamment spontanément. Par exposition à lair et à la lumière, le nickel carbonyle se décompose en monoxyde de carbone et nickel métal particulaire; le cobalt hydrocarbonyle se décompose en cobalt octacarbonyle et hydrogène, et le fer pentacarbonyle, en fer nonacarbonyle et monoxyde de carbone.
Métaux carbonyles |
Masse moléculaire |
Masse volumique à 20 °C (en g/cm3) |
Point de fusion (en °C) |
Point d’ébullition (en °C) |
Tension de vapeur à 25 °C (en mm Hg) |
Ni(CO)4 |
170,75 |
1,31 |
–19 |
43 |
390 |
CoH(CO)4 |
171,99 |
|
–26 |
|
élevée |
Co2(CO)8 |
341,95 |
1,87 |
51 |
52* |
1,5 |
Co4(CO)12 |
571,86 |
|
60* |
|
très faible |
Cr(CO)6 |
220,06 |
1,77 |
110* |
151 |
0,4 |
Fe2(CO)9 |
363,79 |
2,08 |
80* |
|
|
Fe(CO)5 |
195,90 |
1,46 |
–25 |
103 |
30,5 |
Fe(CO)4 |
167,89 |
2,00 |
environ 140* |
|
|
Mo(CO)6 |
264,00 |
1,96 |
150* |
156 |
0,2 |
Ru(CO)5 |
241,12 |
|
–22 |
|
|
W(CO)6 |
351,91 |
2,65 |
environ 150* |
175 |
0,1 |
* La décomposition débute à la température indiquée.
Source: d’après Brief et coll., 1971.
Les métaux carbonyles sont utilisés pour extraire certains métaux (par exemple, le nickel) de minerais complexes, dans la production de lacier au carbone et dans la métallisation en phase vapeur. Ils sont également employés comme catalyseurs dans des réactions organiques (par exemple, le cobalt hydrocarbonyle ou le nickel carbonyle dans loxydation des oléfines; le cobalt octacarbonyle dans la synthèse des aldéhydes; le nickel carbonyle dans la synthèse des acrylates). Le fer pentacarbonyle trouve des applications comme catalyseur dans diverses réactions organiques, et il se décompose en fer ultrapur finement pulvérisé (appelé fer carbonyle) qui sert dans lindustrie électronique, notamment dans les ordinateurs. Le méthylcyclopentadiényle manganèse tricarbonyle (MMT) (CH3C5H4Mn(CO)3) est un additif antidétonant de lessence; il a été mentionné plus haut dans larticle «Le manganèse».
La toxicité dun métal carbonyle donné dépend de la toxicité du monoxyde de carbone et de celle du métal dont il dérive, ainsi que de la volatilité et de linstabilité du carbonyle lui-même. La principale voie dexposition est linhalation, mais labsorption par la peau peut également se produire dans le cas des carbonyles liquides. Les toxicités aiguës relatives (DL50 pour le rat) du nickel carbonyle, du cobalt hydrocarbonyle et du fer pentacarbonyle sont dans le rapport 1:0,52:0,33. Linhalation de ces substances par des animaux de laboratoire provoque une pneumonie interstitielle aiguë, accompagnée ddème pulmonaire et de lésions capillaires, ainsi que des lésions du cerveau, du foie et des reins.
Si lon en juge par la maigre littérature concernant leur toxicité, le cobalt hydrocarbonyle et le fer pentacarbonyle ne provoquent que rarement des risques pour la santé des travailleurs dans lindustrie. Néanmoins, le fer pentacarbonyle peut se former accidentellement lorsque du monoxyde de carbone, ou un mélange gazeux contenant celui-ci, est stocké en bouteilles dacier sous pression ou passe dans des conduits en acier, lors de la production de gaz déclairage par reformage du pétrole, ou pendant une opération de soudage aux gaz. La présence de monoxyde de carbone dans les rejets de hauts fourneaux, de fours à arc électrique ou de fours de fonderie, dans la fabrication de lacier, peut également entraîner la formation de fer pentacarbonyle.
Le stockage des métaux carbonyles devrait obligatoirement faire lobjet de précautions spéciales; leur mise en uvre devrait être mécanisée au maximum, et lon devrait éviter de les transvaser, dans la mesure du possible. Avant douvrir des réservoirs ou des conduits qui en contiennent ou en ont contenu, on devrait les purger avec un gaz inerte (par exemple, de lazote ou du dioxyde de carbone); les résidus carbonyles devraient être brûlés ou neutralisés avec de leau bromée. Lorsquun risque dinhalation existe, les travailleurs devraient être munis dappareils de protection respiratoire à adduction dair ou dappareils isolants de type autonome. Les ateliers devraient être équipés dune ventilation descendante.
Le nickel carbonyle (Ni(CO)4) est utilisé surtout comme intermédiaire dans le procédé Mond daffinage du nickel, mais il est également employé dans la métallisation sous vide dans les industries métallurgiques et électroniques et comme catalyseur dans la synthèse des monomères acryliques dans lindustrie des matières plastiques. La formation accidentelle de nickel carbonyle peut se produire dans des procédés industriels faisant appel à des catalyseurs à base de nickel, par exemple dans la gazéification du charbon, le raffinage du pétrole et les réactions dhydrogénation, ou pendant lincinération des papiers revêtus de nickel utilisés dans les formulaires commerciaux autocopiants.
Lexposition aiguë et accidentelle de travailleurs à linhalation de nickel carbonyle provoque généralement des symptômes immédiats bénins, aspécifiques, comprenant des nausées, des vertiges, des céphalées, une dyspnée et des douleurs thoraciques. Ces symp-tômes précoces disparaissent généralement en quelques heures. Après 12 à 36 heures, et parfois même 5 jours après lexposition, apparaissent des symptômes pulmonaires graves, accompagnés de toux, de dyspnée, de tachycardie, de cyanose, dune grande faiblesse et, souvent, de symptômes gastro-intestinaux. On a noté des cas mortels survenus 4 à 13 jours après lexposition au nickel carbonyle; le décès était dû à une pneumonie interstitielle, une hémorragie cérébrale ou un dème cérébral. En plus des lésions pathologiques atteignant les poumons et le cerveau, on a trouvé des lésions dans le foie, les reins, les glandes surrénales et la rate. Chez des patients ayant survécu à une intoxication aiguë par le nickel carbonyle, linsuffisance pulmonaire retarde souvent la con-valescence. Le nickel carbonyle est cancérogène et tératogène chez le rat; lUnion européenne a classé le nickel carbonyle dans les composés tératogènes pour lanimal. Les procédés utilisant le nickel carbonyle présentent des risques graves, étant donné quil y a risque dincendie et dexplosion lorsque le nickel carbonyle est exposé à lair, à la chaleur, aux flammes ou à des agents oxydants. La décomposition du nickel carbonyle saccompagne de risques toxiques supplémentaires dus à linhalation de ses produits de décomposition (monoxyde de carbone et nickel métal en fines particules).
Lexposition chronique à linhalation de faibles concentrations atmosphériques de nickel carbonyle (0,007 à 0,52 mg/m3) peut provoquer des symptômes neurologiques (insomnie, céphalée, vertige, amnésie, etc.) et dautres manifestations (par exemple, striction douloureuse du thorax, sudation excessive, alopécie). On a observé des anomalies électroencéphalographiques et une activité élevée de monoamine oxydase sérique chez des travailleurs exposés de façon chronique au nickel carbonyle. On a également noté un effet synergique entre le tabagisme et lexposition au nickel carbonyle, qui sexprime par la fréquence déchanges de chromatides surs dans lévaluation cytogénétique des travail-leurs soumis à une exposition chronique au nickel carbonyle.
Prévention des incendies et des explosions. En raison de son inflammabilité et de son explosivité, le nickel carbonyle devrait être stocké dans des conteneurs hermétiquement fermés, dans un endroit frais, bien ventilé, loin de toute source de chaleur et de produits comburants tels que lacide nitrique ou le chlore. Les flammes et les sources dignition devraient être proscrites chaque fois quon manipule, met en uvre ou conserve du nickel carbonyle. Le nickel carbonyle devrait être transporté dans des bouteilles en acier. Pour éteindre du nickel carbonyle qui brûle, il faut utiliser de la mousse, des produits chimiques secs ou des extincteurs au CO2, plutôt quun jet deau qui pourrait disperser et étendre le feu.
Protection sanitaire. En plus de la surveillance médicale recommandée pour tous les travailleurs exposés au nickel, les personnes exposées professionnellement au nickel carbonyle devraient subir un contrôle biologique régulier de leur taux urinaire de nickel, normalement tous les mois. Les personnes pénétrant dans un espace confiné où elles peuvent être exposées au nickel carbonyle devraient être munies dun appareil de protection respiratoire isolant et dun harnais approprié, avec une ligne dassurance tenue par une autre personne se tenant à lextérieur. Les instruments destinés à la surveillance atmosphérique en continu du nickel carbonyle comprennent des spectroscopes Fourier à absorption infrarouge, des chromatographes à plasma et des détecteurs chimiluminescents. La teneur en nickel carbonyle déchantillons atmosphériques peut être également analysée par chromatographie en phase gazeuse, spectrophotométrie dabsorption atomique et colorimétrie.
Traitement. Les travailleurs suspectés davoir subi une exposition aiguë au nickel carbonyle devraient être soustraits immédiatement à lexposition. Les vêtements contaminés devraient être éliminés. Il faut administrer de loxygène au patient et le garder au repos jusquà larrivée du médecin. Toutes ses urines devraient être conservées aux fins de dosage de nickel. La gravité de lintoxication aiguë au nickel carbonyle est en corrélation positive avec les concentrations de nickel dans les urines pendant les 3 premiers jours qui suivent lexposition. Les expositions sont classées de «bénignes» (si les urines des 8 premières heures présentent une concentration de nickel inférieure à 100 µg/litre) à «modérées» si la concentration de nickel est comprise entre 100 et 500 µg/litre, et «graves» (si la concentration de nickel est supérieure à 500 µg/litre). Le diéthyldithiocarbamate de sodium est un chélateur dont lefficacité a été démontrée dans lintoxication par le nickel carbonyle. Les mesures thérapeutiques auxiliaires comprennent le repos au lit, loxygénothérapie, les corticostéroïdes et les antibiotiques prophylactiques. Une intoxication au monoxyde de carbone peut se produire simultanément et devrait être traitée elle aussi.
Le molybdène (Mo) est largement répandu dans la croûte terrestre, mais on ne lextrait que dans les quelques rares pays dont les gisements renferment un minerai de molybdénite (MoSO2) dassez bonne qualité. Le traitement du minerai de cuivre livre également une certaine proportion de molybdène en tant que sous-produit. Les centrales thermoélectriques brûlant du charbon peuvent être dimportantes sources de molybdène.
Le molybdène est un oligo-élément essentiel. Il donne naissance à un grand nombre de composés dimportance industrielle dans lesquels il se caractérise par les valences 0, +2, +3, +4, +5 et +6. Sous leffet de variations mineures dans les conditions extérieures, les composés du molybdène se dismutent facilement en mélanges comprenant différents systèmes de valences. Le molybdène a une forte tendance à former des complexes; à lexception des sulfures et des halogénures, il existe très peu de composés simples du molybdène. Le molybdène hexavalent forme des isopolyacides et des hétéropolyacides.
Plus de 90% du molybdène produit entre dans des alliages avec le fer, lacier et les métaux non ferreux, principalement en raison de ses bonnes propriétés de résistance à la chaleur; le reste est utilisé dans des produits chimiques et des lubrifiants. On se sert du molybdène comme alliage dacier dans les industries électriques, électroniques, de larmement, de lautomobile et de laéronautique. La production de pigments, de colorants et de laques à base de molybdène inorganique représente une autre application importante du molybdène. Dans les engrais, des quantités croissantes, mais encore réduites, de ce métal sont utilisées en tant quoligo-élément.
Le composé chimique le plus important du molybdène est le trioxyde de molybdène (MoO3), obtenu par grillage du minerai sulfure. A létat pur, le trioxyde de molybdène est employé dans lindustrie chimique pour la préparation de divers produits et catalyseurs. Le produit de qualité technique entre dans les alliages dacier. Le trioxyde de molybdène sert aussi de catalyseur dans lindustrie du pétrole et comme composant dans les céramiques, les vernis et les pigments. Le disulfure de molybdène (MoS2) est un lubrifiant thermorésistant et un additif de lubrifiant. Le molybdène hexacarbonyle (Mo(CO)6) est le produit de base de la fabrication des colorants organomolybdéniques. Il trouve des applications de plus en plus nombreuses dans le dépôt de molybdène sur les métaux et le verre, notamment, par décomposition thermique.
Les composés du molybdène sont largement utilisés en tant que catalyseurs ou comme activateurs ou sensibilisateurs dautres catalyseurs, en particulier dans les opérations dhydrogénation, de craquage, dalkylation et de reformage dans lindustrie du pétrole. Ils sont aussi employés comme réactifs de laboratoire (phosphomolybdates) et servent dans lélectrodéposition et le tannage.
Le traitement et les applications industrielles du molybdène et de ses composés peuvent donner lieu à des dégagements dangereux de poussières et de vapeurs de molybdène ou de ses oxydes et sulfures, surtout lorsque les opérations doivent être conduites à haute température, par exemple dans un four électrique. Lexposition au disulfure de molybdène (qui est un lubrifiant en aérosol), au molybdène hexacarbonyle et à ses produits de décomposition thermique au cours du placage au molybdène, aux brouillards dhydroxyde de molybdène (Mo(OH)3) lors des opérations de dépôt électrolytique et aux vapeurs de trioxyde de molybdène, qui se sublime au-delà de 800 °C, peut comporter des risques datteinte à la santé.
Lexpérimentation sur des animaux a montré que les composés du molybdène sont très toxiques. Lintoxication aiguë provoque une irritation gastro-intestinale grave accompagnée de diarrhée et de coma pouvant parfois évoluer vers le décès par suite de crise cardiaque. Des effets sur les poumons, de type pneumoconiose, ont été décrits dans des études sur des animaux. Les travailleurs exposés au molybdène ou à loxyde de molybdène (MoO3) (en concentrations de 1 à 19 mg de Mo/m3) pendant une durée de 3 à 7 ans ont souffert de pneumoconiose. Linhalation de poussières de molybdène issues dalliages ou de carbures peut provoquer une «fibrose pulmonaire interstitielle diffuse par métaux durs».
Le degré de risque qui sattache aux différentes formes dexposition est extrêmement variable. Les composés insolubles du molybdène (par exemple, le disulfure de molybdène et de nombreux oxydes et halogénures) se caractérisent par leur faible toxicité; les composés solubles, par contre, ceux notamment où le molybdène joue le rôle danion, comme le molybdénate de sodium (Na2MoO4 ·2H2O) sont nettement plus toxiques et devraient être manipulés avec précaution. Il faut aussi user de la plus grande circonspection pour prévenir toute éventuelle surexposition aux vapeurs de molybdène fraîchement formées, par exemple à la faveur de la décomposition thermique du molybdène hexacarbonyle.
Lexposition au trioxyde de molybdène produit une irritation des yeux et des muqueuses du nez et de la gorge. Lanémie est une caractéristique de lintoxication par le molybdène, ainsi que lhémoglobinopénie et lérythrocytopénie.
Une alimentation riche en molybdène a provoqué chez les bovins des déformations au niveau des articulations des extrémités. Parmi les chimistes manipulant des solutions de molybdène et de tungstène, on a constaté une fréquence anormalement élevée de cas de goutte, et mis en évidence une corrélation positive entre la teneur en molybdène de lalimentation, la fréquence des cas de goutte et duricémie et lactivité de xanthine oxydase.
Dans les locaux industriels où lon travaille avec du molybdène, il faut prévoir une ventilation localisée pour recueillir les vapeurs à la source. Lors dopérations nécessitant que lon pénètre dans des espaces confinés (réservoirs, etc.) en cas durgence, ou encore en labsence dinstallations de ventilation ou pendant la mise en place de celles-ci, le personnel devrait être muni dappareils de protection respiratoire. Dans les industries des peintures et vernis et dans limprimerie, il convient dutiliser une ventilation générale efficace accompagnée dune ventilation localisée ainsi que des lunettes de protection, des vêtements de protection, des écrans faciaux et des masques bien adaptés, afin de réduire lexposition des travailleurs manipulant des produits secs à base de molybdène entrant dans la composition de colorants inorganiques ou organiques.
Les composés du nickel (Ni) présentant un intérêt industriel sont loxyde de nickel (NiO), lhydroxyde de nickel (Ni(OH)2), le sous-sulfure de nickel (Ni3S2), le sulfate de nickel (NiSO4) et le chlorure de nickel (NiCl2). Le nickel carbonyle (Ni(CO)4) est décrit dans larticle du présent chapitre consacré aux métaux carbonyles.
Le nickel (Ni) à létat libre constitue 5 à 50% en poids des météorites. On le trouve dans plusieurs minerais associé au soufre, à loxygène, à lantimoine, à larsenic ou à la silice. Les minerais de nickel les plus importants sont les oxydes (par exemple, la latérite contenant des oxydes mixtes nickel/fer) et les sulfures. La pentlandite ((NiFe)9S8), qui est le sulfure le plus important, se rencontre généralement associée à la pyrrhotite (Fe7S6), à la chalcopyrite (CuFeS2) et à de faibles quantités de cobalt, de sélénium, de tellure, dargent, dor et de platine. On trouve dimportants gisements de nickel au Canada, en Russie, en Australie, en Nouvelle-Calédonie, en Indonésie et à Cuba.
Etant donné que le nickel, le cuivre et le fer se présentent sous forme de minéraux distincts dans les gisements de sulfures, on a recours à des procédés mécaniques de concentration, tels que la flottation, et à une séparation magnétique, après concassage et broyage du minerai. Le concentré de nickel est transformé en matte sulfureuse par grillage ou frittage. La matte est affinée par extraction électrolytique ou par le procédé Mond. Dans ce procédé, la matte est broyée, calcinée et traitée avec le monoxyde de carbone à 50 °C pour former le nickel carbonyle (Ni(CO)4) gazeux, qui se décompose ensuite à une température de 200 à 250 °C pour se déposer sous forme de poudre de nickel. La production mondiale de nickel est denviron 70 000 t/an.
Lindustrie produit plus de 3 000 alliages et composés du nickel. Les plus répandus sont lacier inoxydable et les alliages Ni-Cr-Fe, dont les principales applications sont les équipements thermorésistants et les ustensiles de cuisine. Le monel métal et dautres alliages Ni-Cu sont utilisés dans la fabrication des monnaies, les équipements pour lindustrie laitière et les industries alimentaires. Les alliages Ni-Al sont employés pour la production des aimants et des catalyseurs (le nickel de Raney, par exemple). Les alliages Ni-Cr servent pour les éléments chauffants, les turbines à gaz et les moteurs à réaction. Les alliages de nickel formés avec des métaux précieux sont utilisés en bijouterie. Le nickel métal, ses composés et alliages ont de nombreuses autres applications: lélectrodéposition, les bandes magnétiques et les composants dordinateur, les baguettes dapport de soudage à larc, les prothèses chirurgicales et dentaires, les piles nickel-cadmium, les pigments pour peintures (le titanate de nickel jaune, par exemple), les moules pour les récipients en céramique et en verre et les catalyseurs pour les réactions dhydrogénation, de synthèse organique et létape de méthanation finale dans la gazéification du charbon. Des expositions professionnelles au nickel peuvent également se produire dans des opérations de recyclage, étant donné que les matériaux comprenant du nickel, en particulier ceux de lindustrie de lacier, sont généralement fondus, affinés et utilisés pour la préparation dalliages ayant une composition similaire à celle de lalliage initial.
Les risques pour la santé humaine dus à lexposition professionnelle à des composés du nickel peuvent être divisés en trois catégories principales:
Les risques pour la santé dus au nickel carbonyle sont décrits plus haut, dans larticle consacré aux métaux carbonyles.
Allergies . Le nickel et ses composés sont la cause la plus répandue des dermatoses de contact allergiques. On ne les rencontre pas seulement chez les personnes exposées professionnellement à des composés du nickel, mais aussi dans la population générale après contact avec des pièces de monnaie, bijoux, boîtiers de montres, fixations vestimentaires de type jarretelle, etc., contenant du nickel. Chez les personnes exposées au nickel, la dermatite du nickel commence généralement par un érythème papuleux des mains. La peau devient progressivement eczémateuse; au stade chronique, on observe souvent une lichénification. La sensibilisation au nickel provoque parfois des conjonctivites, de léosinophilie pulmonaire et des réactions locales ou générales à des implants contenant du nickel (par exemple dans les broches intra-osseuses, les implants dentaires, les prothèses de valvules cardiaques et les fils de stimulateurs cardiaques). Lingestion deau potable contaminée par le nickel ou daliments riches en nickel peut renforcer leczéma sur les mains des personnes sensibilisées au nickel.
Rhinites, sinusites et affections respiratoires. Les personnes employées dans les raffineries de nickel et les ateliers délectrodéposition du nickel, qui sont fortement exposées à linhalation de poussières de nickel ou daérosols de composés solubles du nickel, sont souvent sujettes à des affections chroniques des voies respiratoires supérieures, telles que la rhinite hypertrophique, la sinusite nasale, lanosmie, la polypose nasale et la perforation de la cloison nasale. Des affections chroniques des voies respiratoires inférieures (par exemple, la bronchite, la fibrose pulmonaire) ont également été décrites, mais de tels cas sont moins fréquents. Rendall, Phillips et Renton (1994) ont rapporté un cas fatal dexposition aiguë dun travailleur à linhalation de particules de nickel dans un procédé de soudage à larc; les auteurs soulignent limportance du port déquipement de protection individuelle dans les procédés de soudage à larc avec des électrodes contenant du nickel.
Cancers. Des études épidémiologiques réalisées chez des travailleurs employés dans des raffineries de nickel au Canada, au pays de Galles, en Allemagne, en Norvège et en Russie ont décrit une augmentation de la mortalité due aux cancers des poumons et des cavités nasales. On a également rapporté que certains groupes de travailleurs employés dans les raffineries de nickel présentent plus fréquemment des tumeurs malignes, tels que des carcinomes du larynx, des reins, de la prostate ou de lestomac, et des sarcomes des tissus mous, mais la signification statistique de ces observations nest pas suffisamment fiable. Le risque accru de cancers des poumons et des cavités nasales existe principalement chez les personnes employées dans les opérations de raffinage qui comportent une forte exposition au nickel, telles que le grillage, la coulée et lélectrolyse. Bien que ces risques de cancer soient généralement liés à lexposition à des composés insolubles du nickel, tels que le sous-sulfure de nickel et loxyde de nickel, lexposition à des composés solubles du nickel a également été mentionnée chez des travailleurs affectés à lélectrolyse.
Les résultats des études épidémiologiques sur les risques de cancer parmi les travailleurs employés dans les industries mettant en uvre du nickel ont été généralement négatifs, mais des faits récents suggèrent un risque de cancer légèrement accru parmi les soudeurs, les broyeurs, les travailleurs employés dans le placage électrolytique et ceux fabriquant des piles. Ces catégories professionnelles sont souvent exposées à des vapeurs et des fumées qui contiennent des mélanges de métaux cancérogènes (nickel et chrome ou nickel et cadmium, par exemple). En se basant sur une évaluation des études épidémiologiques, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a conclu en 1990 quil existe des preuves suffisantes de la cancérogénicité, chez lhumain, du sulfate de nickel et des combinaisons de sulfures et oxydes de nickel rencontrées dans lindustrie du raffinage du nickel, mais que les indications concernant la cancérogénicité du nickel et de ses alliages (chez lhumain toujours) sont insuffisantes. Les composés du nickel ont été classés parmi les cancérogènes pour lhumain (Groupe 1) et le nickel métal, parmi ceux éventuellement cancérogènes pour lhumain (Groupe 2B).
Effets rénaux. Chez les travailleurs fortement exposés aux composés solubles du nickel, on peut observer une dysfonction des tubes rénaux, mise en évidence par une excrétion rénale accrue de β2-microglobuline (β2M) et de N-acétyl-glucosaminidase (NAG).
En 1994, lAssociation pour la recherche environnementale des producteurs de nickel (Nickel Producers Environmental Research Association (NiPERA)) et lInstitut de développement du nickel (Nickel Development Institute (NiDI)) ont proposé un protocole général pour la surveillance médicale des travailleurs exposés au nickel dont voici les principaux éléments:
Examens dembauche. Ces examens ont pour but didentifier les pathologies préexistantes qui peuvent avoir un retentissement sur lembauche et laffectation à un poste, et de fournir les données de base pour linterprétation des variations fonctionnelles, physiologiques ou pathologiques ultérieures. Ils comprennent: a) une anamnèse médicale et professionnelle détaillée, centrée sur les problèmes pulmonaires, lexposition à des toxiques pulmonaires, les allergies présentes ou passées (en particulier au nickel), lasthme et les habitudes personnelles (tabagisme, consommation dalcool, par exemple); b) un examen médical complet, une attention particulière étant accordée aux troubles respiratoires et cutanés; c) létude de léquipement de protection respiratoire dont la personne devrait être munie, le cas échéant. Une radiographie du thorax, des épreuves fonctionnelles pulmonaires, des tests audiométriques et visuels peuvent être inclus. Un patch dermique destiné à évaluer la sensibilité au nickel nest pas réalisé de manière routinière, car un tel test pourrait éventuellement sensibiliser le patient. Si lentreprise dispose dun programme de surveillance biologique des travailleurs exposés au nickel (voir plus loin), lexamen dembauche fournit les données de base pour les taux urinaires ou sériques de nickel.
Examens périodiques. Lobjectif des examens médicaux réguliers, généralement annuels, est de suivre létat général des travailleurs et dexaminer les problèmes liés au nickel. Ces examens comprennent lhistorique des maladies récentes, létude des symptômes, lexamen physique et la réévaluation de laptitude des travailleurs à utiliser léquipement de protection respiratoire nécessaire à laccomplissement de certaines tâches. Les symptômes pulmonaires sont évalués à laide dun questionnaire type utilisé pour les bronchites chroniques. Dans certains pays, la législation prévoit une radiographie du thorax; quant aux épreuves fonctionnelles pulmonaires (la capacité vitale expiratoire forcée (CVF) et le volume expiratoire maximal seconde (VEMS) notamment), le médecin est généralement libre de les pratiquer ou non. Des dépistages de cancer réguliers (à savoir, une rhinoscopie, une radiographie nasale et une biopsie de la muqueuse nasale et des études cytologiques exfoliatives) peuvent être indiqués chez les travailleurs soumis à une forte exposition dans laffinage du nickel.
Contrôles biologiques . Les analyses des taux urinaires et sériques de nickel peuvent refléter des expositions récentes au nickel métallique et à des composés solubles du nickel, mais elles ne fournissent pas une indication fiable de la charge corporelle totale en nickel. Les possibilités et les limites du contrôle biologique des travailleurs exposés au nickel ont été rassemblées par Sunderman et coll. (1986). La Commission de toxicologie de lUnion internationale de chimie pure et appliquée (International of Pure and Applied Chemistry (IUPAC)) a publié en 1994 un rapport technique concernant lanalyse du nickel dans les liquides physiologiques. Le Comité national des concentrations maximales sur le lieu de travail (National Maximum Workplace Concentration Committee (NMWCC)) des Pays-Bas a proposé de considérer les taux urinaires de nickel de 40 µg/g de créatinine, ou des taux sériques de nickel de 5 µg/litre (mesurés tous deux sur des échantillons prélevés à la fin dune semaine de travail ou dun poste de travail) comme des valeurs limites appelant des tests plus poussés chez les travailleurs exposés au nickel métal ou à des composés solubles de nickel. Si un programme de contrôle biologique est prévu, il devrait compléter un programme de contrôle environnemental, de façon que les données biologiques ne soient pas indûment utilisées pour lévaluation de lexposition. Lautorité compétente du Royaume-Uni, la Direction de la sécurité et de la santé (Health and Safety Executive (HSE)) a mis au point, en 1995, une méthode pour lanalyse de nickel dans latmosphère des lieux de travail.
Traitement. Un traitement conservateur intraveineux provoquant une diurèse sest révélé efficace chez un groupe de travailleurs ayant bu accidentellement de leau fortement contaminée par du chlorure de nickel et du sulfate de nickel. (Sunderman et coll., 1988). Le meilleur traitement de la dermatite du nickel consiste à soustraire la personne à lexposition et à étudier avec soin les conditions dhygiène au travail. Le traitement de lintoxication aiguë au nickel carbonyle est abordé plus haut dans larticle sur les métaux carbonyles.
On trouve le niobium (Nb), conjointement avec dautres éléments comme le titane (Ti), le zirconium (Zr), le tungstène (W), le thorium (Th) et luranium (U), dans des minerais tels que la tantalite-colombite, la fergusonite, la samarskite, le pyrochlore, la koppite et la loparite. Les principaux gisements sont en Australie et au Nigéria; ces dernières années, on a découvert dimportants gisements en Ouganda, au Kenya, en République-Unie de Tanzanie et au Canada.
Le niobium est très employé dans les branches de lélectrotechnique qui utilisent le vide; il sert aussi à la fabrication danodes, de grilles, de condensateurs électrolytiques et de redresseurs. Dans lindustrie chimique, on lemploie pour réaliser des revêtements protecteurs contre la corrosion pour les échangeurs de chaleur, les filtres, les vannes à pointeau, etc. Les alliages de niobium permettent dobtenir des outils de coupe et des matériaux magnétiques dexcellente qualité. Le ferroniobium est utilisé dans lindustrie thermonucléaire.
Les fusées, les avions supersoniques, les équipements destinés aux vols interplanétaires et les satellites offrent au niobium et à ses alliages réfractaires des débouchés très prometteurs. Parmi les applications du niobium, il convient enfin de mentionner la chirurgie.
Dans lextraction et lenrichissement du minerai et le traitement du concentré, les travailleurs sont exposés aux risques généraux caractéristiques de ces opérations, comme les dégagements de poussières et de fumées. Dans les mines, leffet des poussières sur lorganisme est parfois aggravé par la présence de substances radioactives, telles que le thorium et luranium.
Les principales informations concernant le comportement du niobium dans lorganisme ont été recueillies au cours détudes effectuées sur le couple de radio-isotopes 95Zr-95Nb, un produit habituel de la fission nucléaire. 95Nb est un produit de filiation de 95Zr. Une étude portant sur la fréquence du cancer parmi les travailleurs des mines de niobium exposés aux produits de filiation du radon et du thoron a permis détablir un lien entre le cancer du poumon et le rayonnement alpha cumulatif.
Injectés par voie intraveineuse et intrapéritonéale, le niobium (radioactif) ou ses composés se répartissent de façon assez uniforme dans lorganisme, avec une certaine tendance à la concentration au niveau du foie, des reins, de la rate et de la moelle osseuse. Lélimination par lorganisme du niobium radioactif peut être considérablement accélérée par linjection de doses massives de citrate de zirconium. Linjection intrapéritonéale de niobium stable, sous forme de niobate de potassium, a permis de déterminer une DL50 de 86 à 92 mg/kg chez le rat et de 13 mg/kg chez la souris. Le niobium métal nest pas absorbé par lestomac ou lintestin. On a constaté que la DL50 du pentachlorure de niobium dans ces organes était de 940 mg/kg chez le rat, contre 3 000 mg/kg pour le niobate de potassium. Les composés du niobium administrés par voie intraveineuse, intrapéritonéale ou orale ont un effet particulièrement prononcé sur les reins. Cet effet peut être atténué par un traitement préventif à lacide ascorbique. Labsorption orale de pentachlorure de niobium provoque en outre une irritation aiguë des muqueuses de lsophage et de lestomac ainsi que des altérations hépatiques; lexposition chronique pendant 4 mois entraîne des altérations temporaires dans le sang (leucocytose et déficience en prothrombine).
Le niobium inhalé est retenu dans les poumons, qui constituent alors lorgane «critique». Linhalation quotidienne de poussières de nitrure de niobium à une concentration atmosphérique de 40 mg/m3 entraîne, en quelques mois, des signes de pneumoconiose (sans signe notable daction toxique): épaississement des cloisons interalvéolaires, développement de quantités considérables de fibres de collagène dans les tissus péribronchiques et périvasculaires, et desquamation de lépithélium bronchique. Des altérations analogues se développent à la suite dadministration intratrachéale de poussières de pentoxyde de niobium; dans ce cas, ces poussières sont présentes même dans les ganglions lymphatiques.
Les concentrations atmosphériques daérosols dalliages et de composés du niobium qui contiennent des éléments toxiques tels que du fluor, du manganèse et du béryllium, devraient être strictement contrôlées. Pendant lextraction et la concentration de minerais de niobium contenant de luranium et du thorium, les travailleurs devraient être protégés contre la radioactivité. Les mesures de prévention technique comprennent une ventilation adéquate avec de lair frais pour lutter contre les poussières dans les mines. Les locaux destinés à la récupération du niobium pur par des procédés relevant de la métallurgie des poudres devraient être équipés de systèmes permettant déliminer les poussières et les fumées de niobium; la protection des travailleurs contre les risques dus aux alcalis caustiques, au benzène et aux autres produits chimiques dangereux est également de rigueur. De plus, des examens médicaux réguliers, comprenant des épreuves fonctionnelles pulmonaires, sont recommandés.
Losmium (Os) se rencontre presque exclusivement dans liridosmine, alliage naturel dosmium et diridium, et dans tous les minerais de platine. Les principaux gisements se trouvent dans les monts Oural, au Canada et en Colombie et, en dépôts moins importants, en Australie et aux Etats-Unis (Alaska, Californie et Oregon).
Losmium sallie facilement aux autres métaux de la mine du platine ainsi quau fer, au cobalt et au nickel. Il forme aussi, avec létain et le zinc, des composés intermétalliques fragiles. Lune des caractéristiques de losmium est sa facilité à former du tétroxyde dosmium (OsO4). La poudre dosmium garde toujours lodeur caractéristique du tétroxyde, car même à la température ordinaire, elle soxyde à lair en OsO4, ne serait-ce quen quantité infime. Le tétroxyde est extrêmement volatil et a une odeur désagréable, doù lélément tire son nom (du grec osmê , odeur). Cest un oxydant puissant qui se transforme facilement en dioxyde dosmium (OsO2), voire en osmium métal. Avec les alcalis, il forme des composés instables, tels que OsO4·2KOH. Chauffé, losmium donne naissance au disulfure dosmium (OsS2); des fluorures (OsF4, OsF6 et OsF8) se forment également. Soumis à laction du chlore à haute température, losmium produit plusieurs chlorures. Avec le monoxyde de carbone, il donne des carbonyles. Il se forme également un certain nombre de composés avec lanion complexe dosmium, par exemple lhexachlorure double dammonium et dosmium ((NH4)2OsCl6).
On emploie losmium comme catalyseur dans la synthèse de lammoniac et pour lhydrogénation de plusieurs composés organiques. En alliage avec liridium, il entre dans la fabrication des aiguilles de boussole et des roulements de précision. On lutilise aussi dans certaines pièces dhorlogerie et de serrurerie et dans la pointe des becs de stylos. Le tétroxyde dosmium , dénommé parfois à tort acide osmique, sert dagent doxydation, en particulier pour la transformation des oléfines en glycols. Enfin, on emploie les chloro-osmiates à la place des sels dor en photographie.
Le métal lui-même est inoffensif, mais le personnel affecté à sa production est exposé aux vapeurs dacides et de chlore. Les vapeurs de tétroxyde dosmium sont toxiques et extrêmement irritantes pour les yeux, même à de faibles concentrations; elles provoquent larmoiement et conjonctivite et, dans les voies respiratoires supérieures, bronchite, spasmes bronchiques et difficultés respiratoires qui peuvent persister plusieurs heures. Si lexposition se prolonge, on peut observer des lésions de la cornée, la cécité, des troubles de lappareil digestif et des perturbations inflammatoires des poumons et des reins. Au contact de la peau, ces vapeurs provoquent dabord une coloration verte ou noire, puis une dermatite et une ulcération.
Durant la production de losmium, les locaux devraient être convenablement ventilés et les opérations devraient se dérouler en vase clos si le procédé met en uvre du chlore gazeux. Il importe de prévoir en outre une aspiration localisée pour empêcher les vapeurs de tétroxyde dosmium de se répandre dans latmosphère des lieux de travail et éviter ainsi une irritation des yeux et des voies respiratoires. Les travailleurs exposés devraient porter des vêtements de protection, des gants de sécurité, des lunettes spéciales de sécurité chimique étanches aux gaz et un équipement approprié de protection respiratoire. Les récipients devraient être entreposés dans des locaux placés sous ventilation naturelle. Les vapeurs ont une odeur forte et nauséabonde, qui suffit à donner lalerte lorsque la concentration dans lair atteint des valeurs toxiques; le personnel devrait alors évacuer les lieux sans délai. La détermination dans lair et dans le sang est réalisable par dosage colorimétrique du complexe avec la thiourée.
On trouve le palladium (Pd) dans la nature associé au platine ou à lor, sous forme de séléniure. On le rencontre aussi dans les minerais de sulfure de nickel et dans dautres minéraux tels que la stibiopalladinite, la braggite et la porpézite. La concentration de palladium dans la croûte terrestre est de 0,01 ppm.
Le palladium a été utilisé dans les alliages dor, dargent et de cuivre en dentisterie. Ses alliages entrent également dans la fabrication des paliers, ressorts et balanciers de montres. Le palladium est employé comme catalyseur dans la production dacide sulfurique. Sous forme pulvérulente, il sert de catalyseur dans lhydrogénation. Sous sa forme alvéolaire, il est utilisé pour la séparation de lhydrogène dun mélange de gaz. Les alliages dargent et de palladium ont des applications dans la fabrication des contacts électriques. Les complexes du palladium (II) ont été étudiés comme médicaments antinéoplasiques.
Le chlorure de palladium (PdCl2·2H2O), ou chlorure palladeux, est utilisé en photographie dans les solutions de virage-fixage, et dans la fabrication dencres indélébiles. Cest un agent dont on se sert pour le transfert dimages sur la porcelaine, pour lélectrodéposition de pièces dhorlogerie, et pour la recherche de fuites dans les conduites de gaz enterrées. Le chlorure de palladium est associé au chlorure de cuivre pour catalyser la production daldéhyde acétique à partir de léthylène.
Loxyde de palladium (PdO) est employé comme catalyseur de réduction dans la synthèse de divers composés organiques. Le nitrate de palladium (Pd(NO3)2) est utilisé dans la séparation dhalogénures. Le trifluorure de palladium (PdF3) est un oxydant actif.
Des études signalent des cas dallergie et de dermatite de contact provoqués par le palladium dans des alliages dentaires et en bijouterie. Selon une étude, des alliages à base de palladium ont été associés à plusieurs cas de stomatite et de réactions lichénoïdes buccales. Selon cette même étude, on constate que lallergie au palladium se déclare principalement chez des patients présentant une sensibilité au nickel. Le chlorure de palladium peut provoquer une dermatite et une sensibilisation allergique de la peau chez les travailleurs qui y sont exposés quotidiennement. Il devrait également être considéré comme un irritant oculaire. Lhydro-xyde de palladium a été utilisé dans le passé pour traiter lobésité par injection; ce traitement ayant donné naissance à des nécroses localisées, il a été interrompu.
Dans les locaux où lon travaille avec du palladium ou des composés de ce métal, il faut prévoir une ventilation appropriée. Une bonne hygiène personnelle, des vêtements de protection adaptés et une surveillance médicale constituent des mesures importantes dans la prévention des risques liés à la sensibilisation. Le personnel devrait disposer dinstallations sanitaires adéquates.
Le platine (Pt) se rencontre à létat natif et dans certains minéraux dont la sperrylite (PtAs2), la coopérite (Pt,Pd)S et la braggite (Pt,Pd,Ni)S. Le platine est parfois associé à larséniure et au séléniure de palladium. La concentration de platine dans la croûte terrestre est de 0,005 ppm.
Le platine et ses alliages sont utilisés comme catalyseurs dans le reformage du pétrole, loxydation de lammoniac, loxydation de lanhydride sulfureux, lhydrogénation et la déshydrogénation. On sen sert dans les pots déchappement catalytiques, les contacts électriques, les électrodes et les thermocouples. Il est également employé dans les filières pour fibres de verre et pour la fabrication de la rayonne, dans les surfaces ornementales ou réfléchissantes et en bijouterie. En raison de sa stabilité, le platine sert à la fabrication des étalons nationaux et internationaux de poids, de longueur et de température. Le platine est usiné sous forme de tôles, de fils et de feuilles, et il est largement utilisé dans les appareils de laboratoire.
Le nickel, losmium, le ruthénium, le cuivre, lor, largent et liridium sont alliés au platine pour augmenter sa dureté. Les alliages de platine ayant une importance industrielle sont préparés avec le cuivre, lor, liridium, le rhodium et le ruthénium. Les alliages formés avec le cobalt ont pris de limportance en raison de leurs propriétés ferromagnétiques.
Lacide chloroplatinique , formé lors de la dissolution du platine dans leau régale, est utile dans la fabrication des catalyseurs. Lhexachloroplatinate de potassium est utilisé dans lindustrie photographique, tandis que le tétrachlorure de platine sert de catalyseur dans lindustrie chimique. Lhexafluorure de platine est un oxydant extrêmement puissant; cest la première substance qui ait permis doxyder un gaz inerte (xénon). Dans des expériences réalisées sur des animaux, le cis-dichlorodiaminoplatine II , complexe de platine et de métaux apparentés, sest révélé actif vis-à-vis dun large spectre de tumeurs. Il a permis dobtenir des rémissions dans un certain nombre de cancers chez l humain.
On suppose que les effets toxiques et potentiellement toxiques du platine sur les travailleurs sont dus à certains sels hydrosolubles du platine (lhexachloroplatinate de potassium, le tétrachloroplatinate de potassium, le chloroplatinate de sodium et le chloroplatinate dammonium, par exemple). Linhalation de ces sels provoque des manifestations dallergie respiratoire. Le premier rapport sur de telles réactions aux composés du platine date de 1911 et concerne des travailleurs employés en photographie qui souffraient de troubles respiratoires et cutanés. Des manifestations cliniques similaires rhinite, conjonctivite, asthme, urticaire et dermatite de contact ont souvent été décrites depuis lors, principalement chez des ouvriers et des chimistes employés à laffinage du platine. Une forte proportion daffections allergiques respiratoires a été signalée chez des travailleurs employés à laffinage et exposés à des sels solubles de type hexachloroplatinate. En Grande-Bretagne, des cas de rhinite et de bronchite allergiques ont été constatés chez 52 travailleurs sur 91 dans quatre ateliers daffinage du platine, avec des symptômes extrêmement graves parmi ceux qui manipulaient des sels de type chloroplatinate. Le terme platinose définit les effets des sels solubles du platine sur les sujets soumis à une exposition professionnelle à ces sels; cette affection est caractérisée par une irritation du nez et des voies respiratoires supérieures, avec éternuements, larmoiement et toux. Apparaissent ensuite des symptômes asthmatiques tardifs tels que toux, oppression thoracique, respiration sifflante et essoufflement. Ces symptômes saggravent progressivement avec lancienneté. Certains travailleurs peuvent présenter ces trois manifestations allergiques, impliquant la muqueuse nasale, les bronches et la peau. Des rapports signalant une allergie parmi des travailleurs exposés aux sels de type chloroplatinate sont parvenus des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de Suisse, dAllemagne et dAfrique du Sud.
Il est intéressant de signaler quon a noté des réactions anaphylactiques chez certains patients traités avec des agents antitumoraux à base de platine.
Généralement, les effets allergiques de lexposition au platine se limitent à des complexes spécifiques du platine. Lorsquon soumet des travailleurs sensibilisés à un test par piqûre épidermique, ils ne réagissent pas à la majeure partie des composés du platine mis en uvre dans laffinage. Une fois quils ont été sensibilisés, cet état persiste, et ils doivent généralement être soustraits à lexposition au platine. Il semble que lhabitude de fumer augmente le risque de sensibilisation aux sels de platine.
Les émissions des pots catalytiques contenant du platine ne semblent pas présenter de risque pour la santé, du moins en ce qui concerne les émissions de platine.
La prévention des risques dus au platine ne peut être assurée quen évitant le dégagement de sels complexes et solubles du platine dans latmosphère. Etant donné que les poussières de platine sont potentiellement plus toxiques que ne le sont les aérosols, les sels complexes solubles ne devraient pas être séchés si ce nest pas nécessaire. Les ateliers daffinage de platine devraient être équipés dune bonne ventilation. Les procédés chimiques pouvant donner naissance à ces sels devraient être exécutés sous des hottes. Il faut éviter lutilisation de centrifugeuses ouvertes. Il convient dobserver une bonne hygiène personnelle; des vêtements de protection appropriés et une surveillance médicale sont indispensables. Il est déconseillé daffecter à la manipulation de composés solubles du platine des travailleurs ayant des antécédents daffections allergiques ou respiratoires.
Le test dintradermo-réaction a été combiné avec des tests de réaction nasale et bronchique. Les tests dintradermo-réaction réalisés à de faibles concentrations des complexes solubles du platine semblent être des instruments de contrôle biologique reproductibles, fiables et dune sensibilité élevée pour les réponses allergiques.
* D'après l'Agence pour le Registre des substances toxiques et des maladies (ATSDR), 1995.
On rencontre des minerais de plomb dans de nombreuses parties du monde. Le plus riche dentre eux est la galène (sulfure de plomb), principale source du plomb pour lindustrie. Parmi les autres minerais, on peut citer la cérusite (carbonate), langlésite (sulfate), la crocoïse (chromate), la wulfénite (molybdate), la pyromorphite (phosphate), la matlockite (chlorure) et la vanadinite (vanadate). Dans bien des cas, les minerais de plomb renferment également dautres métaux toxiques.
On sépare le plomb de sa gangue et des autres matières que contient le minerai par concassage à sec, broyage humide (pour réaliser une boue), classement gravimétrique et flottation. On fait fondre les minéraux libérés par un procédé en trois phases: préparation de la charge (mélange, conditionnement, etc.), frittage et, enfin, réduction au four. Le billon de plomb sorti du four est ensuite affiné par élimination du cuivre, de létain, de larsenic, de lantimoine, du zinc, de largent et du bismuth.
Le plomb métal est utilisé en feuilles ou en tubes dans des applications où lon met à profit sa malléabilité et sa résistance à la corrosion, dans lindustrie chimique et dans la construction notamment; on lemploie également pour gainer les câbles, comme métal dapport en soudage et en brasage, et comme charge dans lindustrie automobile. Cest un matériau de blindage apprécié contre les rayonnements ionisants. Il sert en métallisation pour former des revêtements protecteurs, dans la fabrication des accumulateurs au plomb et comme bain de traitement thermique dans le procédé de tréfilerie appelé trempe au plomb. Le plomb entre dans la composition dune grande variété dalliages, et nombre dindustries préparent et utilisent des composés de plomb en grandes quantités.
Le plomb est utilisé dans une proportion denviron 40% sous sa forme métallique, de 25% en alliage et de 35% dans des composés chimiques divers. Les oxydes de plomb servent à la fabrication des plaques daccumulateurs au plomb (PbO et Pb3O4), comme agents de compoundage dans la fabrication du caoutchouc (PbO); ils entrent aussi dans la composition des peintures (Pb3O4), des glaçures, des émaux et du verre.
On trouve des sels de plomb dans de nombreux produits de base des peintures et pigments; le carbonate de plomb et le sulfate de plomb sont utilisés comme pigments blancs, et les chromates fournissent le jaune de chrome, lorange de chrome, le rouge de chrome et le vert de chrome. Larséniate de plomb est un insecticide, le sulfate de plomb sert à la préparation du caoutchouc, lacétate de plomb a des applications importantes dans lindustrie chimique, le naphténate de plomb est un dessiccateur aux nombreux usages et le tétraéthylplomb est un antidétonant de lessence, lorsque son emploi reste autorisé par la loi.
Alliages du plomb. On peut allier au plomb, pour en améliorer les propriétés mécaniques ou chimiques, des métaux tels que lantimoine, larsenic, létain et le bismuth; le plomb lui-même est parfois incorporé à des alliages comme le laiton, le bronze ou lacier, pour leur conférer certaines propriétés particulières.
Composés inorganiques du plomb. La place manque pour décrire les très nombreux composés organiques et inorganiques du plomb qui ont des applications dans lindustrie. Parmi les composés inorganiques les plus souvent rencontrés, on peut cependant citer le protoxyde de plomb (PbO), le dioxyde de plomb (PbO2), le tétroxyde de plomb (Pb3O4), le sesquioxyde de plomb (Pb2O3), le carbonate de plomb, le sulfate de plomb, les chromates de plomb, larséniate de plomb, le chlorure de plomb, le silicate de plomb et lazoture de plomb.
La concentration maximale des composés organiques (alkylés) du plomb dans les carburants est soumise à des prescriptions légales dans de nombreux pays, et à une limitation par les fabricants et les pouvoirs publics dans dautres. Certains ont tout simplement interdit son utilisation.
Le risque majeur du plomb tient à sa toxicité. Lintoxication clinique par le plomb (saturnisme) a toujours été lune des principales maladies professionnelles. Toutefois, les mesures de prévention médicales et techniques mises en uvre ont eu pour conséquence une réduction sensible du nombre des cas déclarés et de la gravité des manifestations cliniques observées. Cependant, on a mis en évidence des effets nocifs à des niveaux dexposition jusqualors considérés comme acceptables.
La consommation de plomb de lindustrie est en augmentation, lindustrie des matières plastiques étant venue sajouter, entre autres nouveaux usagers, aux consommateurs traditionnels. Il sensuit que de nombreuses professions comportent un risque dexposition au plomb.
Dans les mines, le risque est à mettre pour une large part sur le compte de lingestion et dépend dans une certaine mesure de la solubilité des minerais extraits. Le sulfure de plomb (PbS) que renferme la galène est insoluble, aussi labsorption par la voie respiratoire est-elle, dans ce cas, limitée; toutefois, il se peut que du sulfure de plomb se transforme dans lestomac en chlorure de plomb, composé légèrement soluble susceptible dêtre ensuite absorbé en quantité modérée.
Dans les fonderies, ce sont les poussières de plomb produites pendant le concassage et le broyage à sec qui constituent le risque majeur, avec les vapeurs de plomb et les oxydes que libèrent le frittage, la réduction au four et laffinage.
Le plomb en feuilles et en tubes est surtout utilisé pour les installations de stockage et de manutention de lacide sulfurique. On emploie de moins en moins aujourdhui le plomb pour les canalisations deau et de gaz de ville. Les risques que comporte le travail du plomb augmentent avec la température. Si le métal est travaillé à moins de 500 °C, comme dans le soudage avec métal dapport, le risque dexposition aux vapeurs de plomb est nettement inférieur à celui du soudage au plomb, où lon utilise des températures de flamme supérieures et où le risque est plus élevé. La métallisation au plomb par pulvérisation de plomb fondu est une opération extrêmement dangereuse, car elle saccompagne dun dégagement de poussières et de vapeurs portées à haute température.
La démolition douvrages en acier tels que les ponts et la casse des navires dont les coques ont été peintes avec des couches de fond au minium donnent lieu relativement souvent à des cas dintoxication par le plomb. Lorsque le plomb métal est porté à 550 °C, les vapeurs de plomb se dégagent et soxydent. Cette situation peut se présenter lors de laffinage du métal, la fusion du bronze et du laiton, la pulvérisation de plomb métallique, la combustion du plomb, les applications du plomb dans les usines chimiques, la casse des navires et la combustion, le découpage et le soudage de structures en acier revêtues de peinture contenant du tétroxyde de plomb.
Dans lindustrie, la principale voie de pénétration est la voie respiratoire. Une certaine quantité du plomb inhalé peut être absorbée par les voies aériennes supérieures, mais la plus grande partie est entraînée dans la circulation pulmonaire. Le degré dimprégnation est fonction de la proportion des particules inférieures à 5 µm et de la ventilation pulmonaire du sujet exposé. Une augmentation de la dépense énergétique saccompagne par conséquent dune élévation de limprégnation saturnine. Bien que la voie respiratoire soit la principale voie de pénétration, de mauvaises conditions générales dhygiène, le fait de fumer pendant le travail (pollution par le tabac, doigts pollués pendant que lon fume) et une hygiène personnelle médiocre peuvent augmenter considérablement lexposition, principalement par la voie orale. Cest lune des raisons pour lesquelles la corrélation entre la concentration du plomb dans lair de latelier et le taux sanguin de plomb est souvent faussée, probablement pour des raisons individuelles.
Un autre facteur important est lintensité de la dépense énergétique: cest le produit de la concentration dans lair et de la ventilation pulmonaire qui détermine labsorption de plomb. Les heures supplémentaires de travail augmentent la durée dexposition et réduisent le temps de récupération. Le temps dexposition totale est donc plus complexe que ne lindiquent les pointages personnels. Seule lanalyse du temps effectivement passé au travail peut offrir des données fiables. Le travailleur peut se déplacer dans les ateliers ou lusine; un poste impliquant des changements fréquents de posture (par exemple, se retourner ou se courber) implique une série dexpositions à toute une gamme de concentrations différentes. Il est pratiquement impossible dobtenir une mesure représentative de labsorption de plomb sans un échantillonneur personnel porté pendant un grand nombre dheures et de jours.
Taille des particules. Etant donné que la voie de pénétration la plus importante du plomb est la voie respiratoire, la taille des particules de poussières de plomb industrielles joue un rôle déterminant; elle dépend de la nature de lopération qui produit des poussières. De fines poussières constituées de particules de taille respirable sont produites par des procédés tels que la pulvérisation et le mélange de colorants au plomb, le travail aux abrasifs de charges à base de plomb dans les ateliers de carrosserie et lélimination des peintures au plomb par des procédés à sec. Les gaz déchappement des moteurs à essence produisent des particules de chlorure et de bromure de plomb de 1 µm de diamètre. Toutefois, des particules de plus grande taille peuvent être ingérées et absorbées par lestomac. Pour être plus informatif, le risque associé à un échantillon de poussières de plomb devrait indiquer la granulométrie des particules ainsi que la teneur totale en plomb. Mais cette information est probablement plus importante pour le chercheur que pour lhygiéniste de terrain.
Dans lorganisme humain, le plomb inorganique nest pas métabolisé, mais directement absorbé, distribué et excrété. La vitesse à laquelle le plomb est absorbé dépend de sa forme chimique et physique ainsi que des caractéristiques physiologiques de la personne exposée (par exemple, son état nutritionnel et son âge). Le plomb inhalé qui se dépose dans les voies respiratoires inférieures est complètement absorbé. La quantité de plomb absorbée par le tractus gastro-intestinal dun adulte représente généralement 10 à 15% de la quantité ingérée; pour les femmes enceintes et les enfants, la proportion peut atteindre 50%. La quantité absorbée augmente de manière très sensible lorsquil y a sous-alimentation ou carence en fer ou en calcium.
Une fois dans le sang, le plomb est distribué principalement dans trois compartiments le sang, les tissus mous (reins, moelle osseuse, foie et cerveau) et les tissus minéralisants (squelette et dents). Les tissus minéralisants contiennent environ 95% de la charge totale corporelle de plomb chez ladulte.
Dans les tissus minéralisants, le plomb saccumule dans des sous-compartiments qui diffèrent selon la vitesse à laquelle il est résorbé. Dans les os, il existe à la fois un composant labile, qui échange facilement le plomb avec le sang, et un composant inerte. Dans le composant inerte, le plomb présente un risque particulier, car cest une source endogène potentielle de plomb. Lorsque lorganisme est soumis à une contrainte physiologique telle que la grossesse, lallaitement ou une maladie chronique, ce plomb normalement inerte peut être mobilisé, augmentant le taux sanguin de plomb. En raison de ces réserves mobiles de plomb, on nobtient une chute significative du taux sanguin de plomb parfois quau bout de plusieurs mois, voire plusieurs années, même après élimination complète de la source de lexposition au plomb.
Le plomb du sang est à raison de 99% lié aux érythrocytes, le 1% restant étant contenu dans le plasma, où il est disponible pour être transporté vers les tissus. Le plomb non retenu est soit excrété par les reins, soit évacué par la bile dans le tractus gastro-intestinal. Dans des études dexposition unique, réalisées sur des adultes, on constate que la demi-vie du plomb dans le sang est denviron 25 jours; dans les tissus mous, elle est denviron 40 jours et, dans la partie non labile du squelette, supérieure à 25 années. Par conséquent, après une exposition unique, le taux sanguin dune personne peut commencer à revenir à la normale; cependant, la charge totale de lorganisme peut demeurer élevée.
Lintoxication par le plomb ne résulte pas nécessairement dune exposition importante aiguë. En effet, le métal saccumule dans lorganisme pendant toute la vie de lindividu, et il est libéré lentement de sorte que même de faibles doses, avec le temps, peuvent provoquer le saturnisme. Le risque deffets nocifs est lié à la charge corporelle totale en plomb.
Les voies de pénétration du plomb dans lorganisme, on la vu, peuvent être linhalation ou lingestion; les effets biologiques sont identiques dans les deux cas. Il y a interférence avec la fonction cellulaire normale et avec un certain nombre de processus physiologiques.
Effets neurologiques. Le site le plus sensible de lintoxication par le plomb est le système nerveux. Chez lenfant, on a rapporté des déficits neurologiques à des taux dexposition que lon avait cru inoffensifs. En plus de labsence dun seuil précis, lintoxication par le plomb dans lenfance peut avoir des effets permanents. Une étude a montré que des lésions du système nerveux central à la suite dune exposition au plomb à lâge de 2 ans ont eu des conséquences telles que des déficits prolongés du développement neurologique, par exemple un faible QI et des déficits cognitifs, à lâge de 5 ans. Selon une autre étude dans laquelle on a mesuré la charge corporelle totale en plomb, des élèves décole primaire ayant un taux dentaire élevé en plomb, mais nayant pas subi dintoxication au plomb, présentaient un plus grand déficit de lintelligence psychométrique, de la parole, du langage et de lattention en classe que des enfants ayant une teneur en plomb plus faible. Une étude de contrôle réalisée en 1990 sur des enfants ayant des taux dentaires élevés indique que, 11 ans plus tard, le nombre déchecs au baccalauréat, de cas de comportement perturbé en classe, dabsentéisme accru, dinaptitude à la lecture et de déficits du vocabulaire, de linaptitude motrice, de la réactivité et de la coordination mains-yeux était multiplié par sept. Les effets mentionnés semblent dus davantage à laction toxique du plomb pendant une durée prolongée quà une exposition excessive récente, car les taux sanguins de plomb relevés chez les jeunes adultes étaient faibles (inférieurs à 100 µg/litre).
Lacuité auditive, notamment aux fréquences élevées, diminue lorsque le taux sanguin de plomb augmente. Une perte daudition peut contribuer à linaptitude apparente à lapprentissage ou à la mauvaise conduite en classe présentée par les enfants souffrant dune intoxication par le plomb.
Chez ladulte aussi, des taux sanguins de plomb relativement faibles ont un effet sur le système nerveux central. Ces effets se manifestent par de subtiles modifications du comportement, une certaine fatigue et des problèmes de concentration. On constate principalement des dommages au niveau du système nerveux périphérique, des troubles moteurs pour lessentiel. Une neuropathie périphérique accompagnée dun faible ralentissement de la conduction nerveuse a été décrite chez des travailleurs asymptomatiques. On pense que la neuropathie du plomb est une affection des neurones moteurs et de la corne antérieure de la moelle avec dégénérescence périphérique axonique rétrograde. Une main tombante est un signe tardif de lintoxication par le plomb.
Effets hématologiques. Le plomb inhibe la fabrication dhémoglobine par lorganisme en interférant avec plusieurs étapes enzymatiques sur la voie du hème. La ferrochélatase, qui catalyse linsertion du fer dans la protoporphyrine IX, est assez sensible au plomb. Une diminution de lactivité de cette enzyme provoque une augmentation du substrat, la protoporphyrine érythropoïétique (EP), dans les hématies. Des données indiquent que le taux dEP, employé dans le passé pour dépister la toxicité du plomb, nest pas suffisamment sensible dans le cas de faibles taux sanguins de plomb; par conséquent, cet indicateur nest plus approprié pour détecter lintoxication par le plomb.
Le plomb peut provoquer deux types danémie. Lintoxication aiguë avec un taux élevé de plomb a été associée à une anémie hémolytique. Dans le saturnisme chronique, le plomb provoque une anémie à la fois en interférant avec lérythropoïèse et en réduisant la survie des hématies. Néanmoins, il faut noter que lanémie nest pas une manifestation précoce du saturnisme; elle nest mise en évidence quau moment où le taux sanguin de plomb reste à un niveau significativement élevé pendant une période prolongée.
Effets endocriniens. Il existe une forte corrélation négative entre les taux sanguins de plomb et les teneurs en vitamine D. Etant donné que le système vitamine D-endocrinien est en grande partie responsable du maintien de lhoméostase extra- et intracellulaire du calcium, tout se passe comme si le plomb entravait la croissance et la maturation cellulaires et le développement dentaire et osseux.
Effets rénaux. La néphropathie est un effet direct sur les reins dune exposition prolongée au plomb. Les troubles de la fonction tubulaire proximale se manifestent par une amino-acidurie, une glycosurie et une hyperphosphaturie (syndrome de type De Toni-Debré-Fanconi). On a également mis en évidence une association entre lexposition au plomb et lhypertension, effet où peuvent intervenir des mécanismes rénaux. La goutte peut se développer à la suite dune hyperuricémie provoquée par le plomb, avec diminution sélective de lexcrétion fractionnée dacide urique avant une baisse de la clairance de la créatinine. Pour 10% des patients atteints de goutte, cest linsuffisance rénale qui entraîne la mort.
Effets sur la reproduction et le développement. Les réserves de plomb maternelles traversent facilement le placenta, mettant en danger le ftus. Dès la fin du XIXe siècle, on a rapporté une fréquence accrue de fausses couches et denfants mort-nés parmi les femmes travaillant dans des industries utilisant du plomb. Bien que les informations dont on dispose à ce sujet soient incomplètes, on peut penser que ces effets étaient dus à des expositions nettement supérieures à celles que lon rencontre couramment dans ces industries. Aujourdhui encore, on manque de données fiables relatives à la relation dose-effet sur les fonctions reproductrices chez les femmes.
Il semble de plus en plus évident que le plomb naffecte pas seulement la viabilité du ftus, mais aussi son développement. Les conséquences dune exposition prénatale à de faibles concentrations de plomb pour le développement comprennent un accouchement prématuré et un faible poids de naissance. Le plomb est tératogène pour lanimal; toutefois, la plupart des études réalisées sur lêtre humain nont pas permis détablir une relation entre les concentrations de plomb et les malformations congénitales.
Laction du plomb sur lappareil génital masculin na pas été clairement élucidée à ce jour. En sappuyant sur les données existantes, on a tendance à conclure que les effets testiculaires, y compris une numération et une mobilité réduites des spermatozoïdes, peuvent être dus à une exposition chronique au plomb.
Effets cancérogènes . Les composés inorganiques et organiques du plomb ont été classés par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) dans le Groupe 2B des agents cancérogènes possibles pour lhumain. Des études de cas ont montré que le plomb était un agent cancérogène rénal potentiel chez lêtre humain, mais cette association reste incertaine. Les sels solubles, tels que lacétate de plomb et le phosphate de plomb, provoquent des tumeurs rénales chez le rat.
Une intoxication faible au plomb se traduit par:
Les signes et symptômes liés à une intoxication modérée comprennent:
Les signes et symptômes liés à une intoxication grave comprennent:
Certains des signes hématologiques de lintoxication par le plomb se retrouvent dans dautres maladies ou affections. Dans le diagnostic différentiel de lanémie microcytique, on peut généralement exclure lintoxication par le plomb en examinant la concentration de plomb dans le sang veineux; si le taux sanguin de plomb est inférieur à 250 µg/litre, lanémie reflète généralement une carence en fer ou une hémoglobinopathie. Deux maladies rares, la porphyrie et la coproporphyrie aiguës intermittentes, produisent elles aussi des anomalies sanguines similaires à celles provoquées par lintoxication au plomb.
Dautres effets du saturnisme peuvent prêter à confusion. Certains patients présentant des signes neurologiques dus au saturnisme ont été traités pour une neuropathie périphérique ou un syndrome du canal carpien, le traitement de lintoxication par le plomb ayant été entrepris avec retard. Des erreurs de diagnostic dans le cas de troubles gastro-intestinaux dus au saturnisme ont conduit à des interventions chirurgicales abdominales injustifiées.
Si lon suspecte une altération du goût ou une ingestion accidentelle dobjets renfermant du plomb (tels quune olive pour cordons de rideaux ou un lest pour fil de pêche), il faut procéder à une radiographie abdominale. Lanalyse des cheveux nest généralement pas un test approprié du saturnisme, car on na pas observé de corrélation entre la teneur en plomb des cheveux et le degré dexposition. La probabilité dune contamination environnementale par le plomb dun spécimen de laboratoire et une préparation inadéquate des échantillons rendent difficile linterprétation des résultats dune analyse de cheveux. Les tests de laboratoire conseillés pour évaluer lintoxication par le plomb sont:
Hémogramme avec frottis de sang périphérique. Chez un patient atteint de saturnisme, les taux dhématocrites et dhémoglobine peuvent être légèrement à modérément faibles. Le dénombrement différentiel et total des globules blancs peut être normal. Le frottis périphérique peut être soit normochromique et normocytique, soit hypochromique et microcytique. On nobserve généralement de granulations basophiles (hématies ponctuées) que chez les patients ayant subi une intoxication massive pendant une période prolongée. Une éosinophilie peut apparaître chez des patients atteints de saturnisme, mais sans relation dose-réponse nette.
Il importe de noter que lon nobserve pas toujours de granulations basophiles chez les patients intoxiqués par le plomb.
Dosage du taux sanguin de plomb . Le dosage du taux de plombémie constitue le test de dépistage et de diagnostic le plus utile pour évaluer lexposition au plomb. Ce taux reflète léquilibre dynamique du plomb entre labsorption, lexcrétion et les dépôts dans les compartiments de tissus mous et de tissus durs. Dans les expositions chroniques, les taux sanguins de plomb ont souvent tendance à sous-évaluer la charge corporelle totale; néanmoins, cest la mesure la plus largement acceptée et la plus couramment utilisée de lexposition au plomb. Les taux sanguins de plomb répondent relativement rapidement à des variations brutales ou intermittentes dabsorption de plomb (lingestion par des enfants de peinture au plomb, par exemple) et, dans une plage assez limitée, sont en relation linéaire avec les taux absorbés.
Aux Etats-Unis, par exemple, le taux sanguin moyen de plomb dans la population est actuellement inférieur à 100 µg/litre (alors quil était de 160 µg/litre dans les années soixante-dix, avant lélimination décrétée du plomb des carburants). Un taux sanguin de plomb de 100 µg/litre est environ trois fois supérieur à celui observé dans certaines populations isolées.
Les concentrations définissant lintoxication par le plomb ont progressivement diminué. Dune manière générale, les effets se produisent pour une gamme étendue de concentrations de plomb dans le sang, sans quun seuil puisse être fixé. On na pas encore pu fixer de seuil de sécurité pour les enfants. Même chez les adultes, on découvre des effets à des concentrations de plus en plus faibles, à mesure que les méthodes danalyse et de mesure deviennent plus sensibles.
Dosage du taux de protoporphyrines érythropoïétiques . Il y a peu de temps encore, le test délection pour le dépistage dans une population asymptomatique à risque était le test de la protoporphyrine érythropoïétique (EP), dosée généralement sous la forme de protoporphyrine zincique (ZPP). Un taux sanguin élevé de protoporphyrine est le résultat de son accumulation, consécutive au dysfonctionnement enzymatique, dans les érythrocytes. Un état stationnaire dans le sang nest atteint quaprès que toute la population des érythrocytes dans la circulation sanguine a été renouvelée, soit après environ 120 jours. Par conséquent, il existe un décalage par rapport aux taux sanguins et cest une mesure indirecte de lexposition au plomb pendant une période prolongée.
Le principal inconvénient du test de lEP (ZPP) comme méthode de détection du plomb est quil nest pas sensible aux faibles concentrations. Les données publiées par la seconde étude nationale entreprise dans le cadre de lenquête nationale américaine sur la santé et la nutrition (NHANES II) montrent que, parmi 118 enfants, 58% présentant des taux sanguins de plomb supérieurs à 300 µg/litre avaient des taux dEP situés dans la gamme normale. Ce constat démontre quun nombre important denfants intoxiqués par le plomb nauraient pas été recensés si lon sétait fié au seul test de lEP (ZPP) comme instrument de dépistage. Ce test demeure néanmoins utile dans le dépistage des patients atteints danémie ferriprive.
Les teneurs usuelles en ZPP sont généralement inférieures à 350 µg/litre. La présence dune hyperbilirubinémie (ictère) peut entraîner de faux résultats élevés si lon utilise un hématofluoromètre. Le taux dEP est élevé dans lanémie ferriprive, dans la drépanocytose et dans dautres anémies hémolytiques. Dans la protoporphyrie érythropoïétique, maladie extrêmement rare, le taux dEP est nettement plus élevé (généralement supérieur à 3 000 µg/litre).
Dosage de lazote uréique du sang et du taux de créatinine et analyse durine. Ces paramètres ne peuvent mettre en évidence que des effets significatifs tardifs du plomb sur la fonction rénale. Chez les adultes, la fonction rénale peut aussi être évaluée en mesurant lexcrétion fractionnée de lacide urique (intervalle normal, 5 à 10%; moins de 5% dans la goutte saturnine; plus de 10% dans le syndrome de De Toni-Debré-Fanconi).
Labsorption dune quantité suffisante de tétraéthylplomb, que ce soit à forte dose pendant une courte durée ou à faible dose pendant une période prolongée, provoque une intoxication aiguë du système nerveux central. Les manifestations bénignes sont linsomnie, la lassitude et lexcitation nerveuse, qui se manifestent par des cauchemars et des états danxiété de type rêve éveillé, accompagnés de tremblements, dexagération des réflexes, de contractions musculaires spasmodiques, de bradycardie, dhypotension vasculaire et dhypothermie. Les réactions plus sévères englobent des épisodes récurrents (parfois pratiquement continus) de désorientation complète avec hallucinations, des contorsions du visage et une intense activité musculaire somatique générale avec résistance à la contrainte physique. De tels épisodes peuvent se transformer brutalement en crises de convulsions maniaques ou violentes qui peuvent se terminer par un coma et la mort.
La maladie peut persister pendant des jours et des semaines, avec des intervalles de quiétude se muant facilement en hyper-activité sous leffet dune perturbation quelconque. Dans les cas moins aigus, on constate souvent une chute de tension et une perte de poids. Lorsquune telle sémiologie apparaît promptement (dans les quelques heures) après une brève exposition à un taux élevé de tétraéthylplomb, et lorsquelle se développe rapidement, une issue fatale précoce est à craindre. Par contre, lorsque lintervalle entre la fin dune exposition brève ou prolongée et lapparition des symptômes est plus long (jusquà 8 jours), le pronostic peut être modérément optimiste, bien quune désorientation partielle ou récurrente et des troubles de la circulation puissent persister pendant des semaines.
Le diagnostic initial est suggéré par des antécédents dune exposition importante au tétraéthylplomb, ou par le tableau clinique de laffection naissante. Il peut être étayé par lévolution de la maladie et confirmé par la mise en évidence dun degré significatif dabsorption de tétraéthylplomb, fourni par les analyses durine et de sang qui donnent des résultats caractéristiques (à savoir une élévation marquée du taux dexcrétion urinaire de plomb) et, en même temps, une élévation négligeable ou légère de la concentration de plomb dans le sang.
Lintoxication clinique par le plomb est depuis longtemps lune des maladies professionnelles les plus importantes; aujourdhui encore, elle constitue un risque majeur. La somme considérable de connaissances scientifiques sur les effets toxiques du plomb sest enrichie depuis les années quatre-vingt dimportants éléments nouveaux concernant les effets subcliniques plus subtils. Dans un certain nombre de pays, on a ressenti le besoin de réviser ou de moderniser les mesures adoptées au cours des cinquante dernières années pour lutter contre le saturnisme.
Ainsi, en novembre 1979, aux Etats-Unis, lAdministration de la sécurité et de la santé au travail (Occupational Safety and Health Administration (OSHA)) a publié une norme concernant lexposition professionnelle au plomb (Final Standard on Occupational Exposure to Lead); en novembre 1980, un code de bonne pratique, détaillé et complet, a été approuvé au Royaume-Uni.
La législation, les règlements et les codes de bonnes pratiques adoptés dans les années soixante-dix en matière de protection de la santé des travailleurs portent essentiellement sur la mise en place de dispositifs étendus couvrant toutes les situations où une exposition professionnelle au plomb pouvait se présenter. Ils accordent une importance égale aux mesures dhygiène, au contrôle du milieu de travail et à la surveillance médicale (y compris le contrôle biologique).
La plupart des codes de bonne pratique traitent des questions ci-après:
Certains règlements, tels que la norme OSHA concernant le plomb, précisent la limite dexposition professionnelle admise, la fréquence et la portée de la surveillance médicale, et dautres obligations incombant à lemployeur. On considère à lheure actuelle que si les analyses révèlent un taux sanguin de plomb supérieur à 400 µg/litre, le travailleur doit être avisé par écrit et soumis à un examen médical. Si le taux sanguin atteint 600 µg/litre (ou en moyenne 500 µg/litre ou plus), lemployeur est dans lobligation de muter le travailleur en maintenant son ancienneté et sa rémunération, jusquà ce que le taux retombe à moins de 400 µg/litre (OSHA, 1994) (garanties de préservation du salaire et des avantages sociaux en cas de retrait pour raisons médicales).
Les deux mesures essentielles sont la prévention de linhalation et de lingestion du plomb. La manière la plus efficace datteindre ces objectifs est de remplacer le plomb par une substance moins toxique. Lutilisation de polysilicates de plomb dans la poterie en est un exemple. Lélimination des peintures au carbonate de plomb dans les travaux intérieurs de peinture sest révélée très efficace pour réduire la colique des peintres. On dispose aujourdhui de produits de remplacement efficaces et si accessibles que, dans certains pays, on a jugé raisonnable dinterdire lutilisation des peintures au plomb à lintérieur des bâtiments.
Même lorsquon ne peut se passer du plomb lui-même, il est toujours possible dempêcher lexposition aux poussières de plomb. Pour éviter la formation de poussières et leur mise en suspension dans lair, il faut recourir aux pulvérisations deau en grandes quantités. Dans la fusion du plomb, le minerai et les scories peuvent être traités de cette façon et le sol peut être maintenu humide. Mais si les matériaux traités ou le sol viennent à sécher, on peut se trouver en présence de poussières. Dans certains cas, on peut faire en sorte davoir des poussières grossières et non fines. Dautres mesures techniques particulières sont décrites ailleurs dans lEncyclopédie.
Les travailleurs qui sont exposés au plomb sous lune quelconque de ses formes devraient être pourvus dun équipement de protection individuelle; celui-ci devrait être lavé ou remplacé régulièrement. Les vêtements de protection en certaines fibres artificielles retiennent beaucoup moins les poussières que les combinaisons de coton; ils devraient être employés chaque fois que les conditions de travail le permettent. Les revers, plis et poches dans lesquels la poussière peut saccumuler devraient être évités.
Les vestiaires devraient comporter des compartiments séparés pour les vêtements de travail et ceux de ville. Des installations sanitaires, avec bains et douches deau chaude, devraient être prévues et utilisées. Il faut laisser au personnel le temps de faire sa toilette avant de consommer des aliments. Il devrait être interdit de manger, de boire et de fumer au voisinage des installations de traitement du plomb; les repas devraient être pris dans une cantine.
Il est essentiel que la propreté des locaux et ateliers liés au travail du plomb soit assurée par un nettoyage constant, par voie humide, ou par aspiration. Dans les lieux où, malgré ces précautions, les travailleurs peuvent être exposés au plomb, il faut prévoir un équipement efficace de protection respiratoire et le maintenir en bon état. Il faut veiller à ce que cet équipement soit utilisé en cas de besoin.
Etant donné les propriétés toxiques des composés organiques du plomb et la facilité avec laquelle ils peuvent être absorbés, tout contact de la peau avec ces composés devrait être soigneusement évité, quils soient utilisés seuls ou mélangés à des préparations commerciales ou encore à de lessence ou des solvants organiques. La prévention devrait reposer essentiellement sur des mesures de caractère technique, mais il importe également que les travailleurs reçoivent une formation appropriée et utilisent un équipement de protection individuelle. Il est essentiel que les concentrations des composés alkylés du plomb dans lair des locaux de travail soient maintenues à un niveau extrêmement bas. Aux mesures dhygiène mentionnées plus haut, on devrait ajouter linterdiction de conserver des aliments ou des boissons hors emballage sur les lieux de travail.
Le rhénium (Re) se rencontre à létat combiné dans des minerais platinifères, dans la gadolinite, la molybdénite (MoS2) et la colombite. On le trouve aussi dans certains minerais sulfurés. Cest un élément rare, constituant environ 0,001 ppm de la croûte terrestre.
Le rhénium est utilisé dans la fabrication des tubes électroniques et des semi-conducteurs. Il est également employé comme catalyseur hautement sélectif pour lhydrogénation et la déshydrogénation. Des anticorps marqués au rhénium ont servi dans des expériences pour le traitement dadénocarcinomes du côlon, des poumons et des ovaires. Le rhénium est aussi employé dans des instruments médicaux, des appareils sous vide poussé et dans les alliages destinés à des contacts électriques et des thermocouples. Il sert également au placage en bijouterie.
La ductilité du tungstène et du molybdène est améliorée par alliage au rhénium.
On ne connaît pas de manifestation toxique chronique. Certains composés, comme lhexafluorure de rhénium, provoquent une irritation de la peau et des yeux. Chez des animaux de laboratoire, linhalation de poussières de rhénium provoque une fibrose pulmonaire interstitielle diffuse. Le sulfure de rhénium VII senflamme spontanément à lair; chauffé, il émet des vapeurs toxiques doxydes de soufre. Le rhénium-hexaméthyle présente des risques élevés dexplosion et devrait être manipulé avec une extrême prudence.
Le rhodium (Rh) est lun des éléments les plus rares de la croûte terrestre (concentration moyenne 0,001 ppm). On le trouve en petites quantités, associé au platine à létat natif et à certains minerais cuivre-nickel. Il est présent dans la rhodite, la sperrylite et liridosmine (ou osmiridium).
Le rhodium est employé comme revêtement électrolytique résistant à la corrosion pour protéger largenterie du ternissement, et dans les réflecteurs puissants des radars de poursuite et des projecteurs. Il sert également de revêtement pour des instruments optiques et les serpentins de fours, et de catalyseur dans diverses réactions dhydrogénation et doxydation. Il est utilisé pour les filières dans la production de la rayonne et entre dans la composition de décors dorés sur verre ou porcelaine.
Le rhodium est allié au platine et au palladium pour donner des alliages très durs destinés aux buses à filer.
Aucune donnée expérimentale significative ne mentionne datteinte à la santé provoquée par le rhodium, ses alliages ou ses composés chez lêtre humain. Bien que sa toxicité ne soit pas établie, ce métal devrait être manipulé avec précaution. On a rapporté une dermatite de contact survenue chez un travailleur qui préparait des pièces métalliques pour le placage au rhodium. Selon les auteurs, le petit nombre de cas signalés de sensibilisation au rhodium peut tenir à la rareté des applications plutôt quà linnocuité de ce métal. La Conférence américaine des hygiénistes gouvernementaux du travail (American Conference of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH)) a recommandé, pour le rhodium et ses sels solubles, une faible valeur-seuil, en se basant sur lanalogie avec le platine. Laptitude des sels solubles du rhodium à provoquer des manifestations allergiques chez lhumain na pas été démontrée de manière concluante.
Le ruthénium est présent dans losmiridium et la laurite et dans des minerais de platine. Cest un élément rare, constituant environ 0,001 ppm de la croûte terrestre.
Le ruthénium est utilisé en lieu et place du platine en joaillerie. Il sert de durcisseur dans les pointes de stylo, les contacts électriques et les filaments électriques. Il est également employé dans les colorants pour céramique et dans lélectrodéposition. Il agit com-me catalyseur dans la synthèse dhydrocarbures à longue chaîne. Le ruthénium a été utilisé en outre récemment dans le traitement de mélanomes malins du tractus uvéal.
Le ruthénium forme des alliages appréciés avec le platine, le palladium, le cobalt, le nickel et le tungstène, améliorant la résistance à lusure de ces métaux. Le rouge de ruthénium (Ru3Cl6H42N4O2), ou oxychlorure de ruthénium ammoniaqué, est utilisé en microscopie comme réactif pour la pectine, les tissus dorigine animale et les bactéries. Le rouge de ruthénium est un agent inflammatoire pour lil.
Le tétroxyde de ruthénium est volatil et irrite les voies respiratoires.
Certains complexes du ruthénium utilisés en électrodéposition peuvent être irritants pour la peau et les yeux, mais on manque de documentation à ce sujet. Les radio-isotopes du ruthénium, principalement 103Ru et 106Ru, sont des produits de fission dans le cycle de combustible nucléaire. Etant donné que le ruthénium peut se transformer en composés volatils (il forme de nombreux complexes azotés), on sest inquiété de son absorption par lenvironnement. Limportance du radioruthénium comme source potentielle de rayonnements ionisants dangereux est encore très mal connue.
On trouve du sélénium (Se) dans les roches et les sols sur toute létendue du globe. Il nexiste aucun véritable gisement de sélénium, et sa récupération directe des terres sélénifères ne serait pas rentable. Les estimations de la teneur de la croûte terrestre en sélénium varient entre 0,03 et 0,8 ppm; on trouve les plus fortes concentrations connues dans le soufre natif dorigine volcanique, qui peut en contenir jusquà 8 350 ppm. On rencontre cependant le sélénium associé au tellure dans les sédiments et les boues résiduelles de laffinage électrolytique du cuivre. Les principaux fournisseurs mondiaux sont les industries daffinage du cuivre du Canada, des Etats-Unis et du Zimbabwe, où les boues contiennent jusquà 15% de sélénium.
La fabrication de redresseurs au sélénium, qui convertissent le courant alternatif en courant continu, absorbe plus de la moitié de la production mondiale de sélénium. On se sert également du sélénium pour décolorer le verre à bouteilles et pour fabriquer du verre transparent. Cest aussi un adjuvant dans lindustrie du caoutchouc naturel et des caoutchoucs synthétiques et un insecticide. En métallurgie, le sélénium est allié à lacier et au cuivre.
Le 75Se est employé pour lexploration radioactive du pancréas, pour la photocopie par xérographie et pour la xérographie par rayons X. On obtient le dioxyde de sélénium (SeO2) par la combus-tion du sélénium dans loxygène; cest le composé du sélénium le plus largement utilisé dans lindustrie. Il sert à la fabrication dautres composés du sélénium et comme réactif pour les alcaloïdes.
Le chlorure de sélénium (Se2Cl2) est un liquide stable brun rougeâtre foncé qui shydrolyse à lair humide en sélénium, acide sélénieux et acide chlorhydrique. Lhexafluorure de sélénium (SeF6) est utilisé comme isolant électrique gazeux.
Les formes élémentaires du sélénium sont, selon toute vraisemblance, inoffensives pour lhumain; ses composés, en revanche, sont dangereux et leur action sapparente à celle des composés du soufre. Les composés du sélénium peuvent pénétrer dans lorganisme en quantités toxiques par inhalation, par ingestion ou par des lésions cutanées. Plusieurs dentre eux provoquent des brûlures intenses de la peau et des muqueuses, et lexposition chronique de la peau à des faibles concentrations de poussières de certains composés peut produire une dermatite et un périonyxis.
Linhalation soudaine de grandes quantités de vapeurs de sélénium, de dioxyde de sélénium ou de séléniure dhydrogène peut provoquer un dème par irritation locale au niveau des alvéoles pulmonaires; ldème pulmonaire peut se manifester de 1 à 4 heures après lexposition. Lexposition au séléniure dhydrogène en concentration dans lair de 5 mg/m3 est intolérable. Toutefois, on ne rencontre ce composé dans lindustrie quen faible concentration (par exemple, par contamination bactérienne de gants souillés par le sélénium), encore que des cas dexposition à de fortes concentrations aient été rapportés à la suite daccidents de laboratoire.
Le contact de la peau avec le dioxyde de sélénium ou loxychlorure de sélénium peut causer des brûlures ou une sensibilisation au sélénium et à ses composés, notamment le dioxyde de sélénium. Loxychlorure de sélénium, en contact avec la peau, la détruit en provoquant des brûlures du troisième degré à moins quun lavage immédiat à leau nélimine lagent nocif. Les brûlures provoquées par le dioxyde de sélénium, par contre, guérissent sans cicatrice, à condition dêtre convenablement soignées.
La dermatite provoquée par les poussières de dioxyde de sélénium en suspension dans lair débute en général aux points de contact des poussières avec les poignets et le cou et, de là, peut gagner de proche en proche les bras, le visage et la partie supérieure du tronc. Elle se présente sous la forme de papules rouges et prurigineuses discrètes qui peuvent devenir confluantes au poignet, cest-à-dire à lendroit où le dioxyde de sélénium a la possibilité de pénétrer entre les gants et les manches des combinaisons de travail. On observe aussi des cas de périonyxis douloureux. Toutefois, on rencontre plus fréquemment des cas dongles incarnés atrocement douloureux, dus au dioxyde de sélénium pénétrant sous les franges libres des ongles, chez des travailleurs qui manipulent sans gants étanches du dioxyde de sélénium en poudre ou le résidu pulvérulent des vapeurs de sélénium rouge.
Des projections de dioxyde de sélénium dans les yeux peuvent provoquer une conjonctivite en labsence de traitement immédiat. Chez les personnes qui travaillent en atmosphère chargée de poussières de dioxyde de sélénium, lexposition détermine parfois une réaction allergique rosacée des paupières, qui bien souvent se boursouflent. Il se produit aussi en général une blépharoconjonctivite et, plus rarement, une inflammation de la conjonctive bulbaire.
Le premier et le plus caractéristique des signes dune absorption de sélénium est lodeur alliacée de lhaleine. Cette odeur est sans doute imputable au diméthylsélénium, presque certainement produit par la réaction de méthylation détoxiquante du foie vis-à-vis du sélénium. Si le travailleur est soustrait à lexposition, lodeur ne tarde pas à disparaître, mais on ne connaît pas de traitement qui permette de léliminer. Le second indice, plus précoce et plus subtil que lodeur alliacée de lhaleine, est lapparition dun goût métallique dans la bouche. Moins franchement accusé que le premier, il passe souvent inaperçu des travailleurs. Les autres effets systémiques sont impossibles à évaluer avec précision et ne sont pas spécifiques du sélénium. Ce sont la pâleur, la lassitude, lirritabilité, de vagues symptômes gastro-intestinaux et des étourdissements.
Il importe de rester vigilant afin de dépister les atteintes possibles du foie et de la rate chez les personnes exposées à des taux élevés de composés du sélénium. Par ailleurs, il est nécessaire de poursuivre létude des effets protecteurs éventuels du sélénium vis-à-vis du cancer du poumon.
Cest le dioxyde de sélénium qui pose à lindustrie le plus grave problème dhygiène, car il se forme chaque fois que du sélénium est porté à ébullition en présence dair. Tous les points dune installation où il peut se dégager du dioxyde ou des vapeurs de sélénium devraient être placés sous aspiration, la vitesse de lair aspiré étant dau moins 30 m/min. Les travailleurs devraient porter des gants, des combinaisons de travail, des lunettes de sécurité, des écrans faciaux et des masques de gaze. Lorsquil nest pas possible de ménager une aspiration suffisante, par exemple lors du nettoyage des gaines de ventilation, les travailleurs devraient être munis dappareils respiratoires à adduction dair frais. Il devrait être interdit de fumer, de manger et de boire sur les lieux de travail; des réfectoires, des salles deau avec douches et des vestiaires devraient être à la disposition du personnel, à lécart des zones dexposition. Partout où cela est possible, les opérations devraient être mécanisées, automatisées ou commandées à distance.
On extrait le tantale (Ta) des minerais de tantalite et de columbite, qui sont des mélanges doxydes de fer, de manganèse, de niobium et de tantale. Le niobium et le tantale représentent ensemble environ 0,003% de la croûte terrestre. Très proches par leur structure chimique, ces deux éléments sont généralement associés dans leurs minerais.
Le tantale est principalement utilisé dans la production de condensateurs électriques. La poudre métallique est compactée, frittée puis soumise à une oxydation anodique. La pellicule doxyde formée à la surface sert disolant et, après introduction dune solution délectrolyte, on obtient un condensateur de haute performance. Le tantale entre aussi dans les fabrications où son point de fusion et sa masse volumique élevés ainsi que sa résistance aux acides constituent des avantages. On lutilise beaucoup dans lindustrie chimique. Il sert également dans les redresseurs de signalisation des voies ferrées, en chirurgie pour la production de fil de suture et les réfections osseuses. On lemploie aussi dans les tubes à vide, pour la fabrication doutils tranchants, dans les appareils de prothèse et pour la fabrication des instruments de laboratoire et celle des filières de lindustrie textile.
Le carbure de tantale est utilisé comme abrasif. Loxyde de tantale trouve une application dans la fabrication de verres spéciaux à indice de réfraction élevé pour objectifs dappareils photographiques.
A létat pulvérulent, le tantale métallique présente un risque dincendie et dexplosion, quoique moins grave que celui dautres métaux tels que le zirconium ou le titane. Lusinage du tantale métal comporte des risques de brûlure, de choc électrique, de lésions oculaires et traumatiques. Les procédés daffinage saccompagnent en outre de risques chimiques, notamment ceux du fluorure dhydrogène, du sodium et des solvants organiques, qui sont toxiques et dangereux.
Toxicité . La toxicité générale de loxyde de tantale, de même que celle du tantale métallique, est faible, sans doute à cause de la relative insolubilité de cet élément. Toutefois, le tantale présente un risque pour la peau, les yeux et les voies respiratoires. Allié à dautres métaux, tels que le cobalt, le tungstène et le niobium, le tantale sest vu attribuer un rôle étiologique dans la pneumoconiose des métaux durs et dans les affections cutanées provoquées par les poussières de métaux durs. Lhydroxyde de tantale , expérimenté sur lembryon de poulet, sest révélé peu toxique et loxyde administré à des rats par injection intrapéritonéale na présenté aucune toxicité. Pour le chlorure de tantale , par contre, la DL50 était de 38 mg/kg (comme Ta), tandis que le sel complexe K2TaF7 est apparu quatre fois moins toxique.
Dans la plupart des opérations industrielles, la ventilation générale suffit à maintenir la concentration des poussières de tantale et de ses composés au-dessous de la valeur-seuil de concentration. Il y a lieu de proscrire les flammes nues, les arcs électriques et les étincelles aux endroits où lon manipule du tantale à létat pulvérulent. Lorsque des travailleurs sont exposés régulièrement à des concentrations proches de la valeur-seuil, des examens médicaux périodiques, axés sur la fonction pulmonaire, sont indiqués. Si les opérations mettent en uvre des fluorures de tantale ou du fluorure dhydrogène, il faut observer les précautions applicables à ces composés.
Le bromure de tantale (TaBr5), le chlorure de tantale (TaCl5) et le fluorure de tantale (TaF5) devraient être conservés en flacons hermétiquement bouchés, clairement étiquetés, en un endroit frais et bien ventilé, à lécart des composés sensibles aux acides ou aux vapeurs dacides. Le personnel appelé à manipuler ces flacons devrait être averti des dangers quils comportent.
Le tellure (Te) est un élément lourd qui a les propriétés physiques et léclat des métaux, mais qui possède les propriétés chimiques déléments non métalliques tels que le soufre ou larsenic. On lui connaît deux formes allotropiques la forme cristalline hexagonale (isomorphe du sélénium gris) et une poudre amorphe. Chimiquement, il sapparente au sélénium et au soufre. Il se ternit légèrement à lair, mais à létat fondu, il brûle en dégageant des vapeurs blanches de dioxyde de tellure, lequel nest que très peu soluble dans leau.
La géochimie du tellure est mal connue; il est probablement de 50 à 80 fois plus rare que le sélénium dans la lithosphère. Comme le sélénium, cest un sous-produit de laffinage du cuivre. Les boues anodiques daffinage contiennent jusquà 4% de tellure.
On emploie le tellure en alliage pour améliorer lusinabilité des cuivres de décolletage et de certains aciers. Cest un puissant stabilisant du carbure dans les fontes, quon utilise aussi pour approfondir le calmage de lacide coulé en lingotières. Allié à létain, il en accroît la résistance au fluage. Cest toutefois lindustrie du caoutchouc qui fournit au tellure sa principale application; il intervient dans la vulcanisation, réduisant le temps de durcissement du caoutchouc et lui conférant une meilleure résistance à la chaleur et à labrasion. Il entre aussi, quoique dans de beaucoup plus petites quantités, dans la composition des glaçures de céramique et, adjoint au sélénium, sert à la fabrication des redresseurs secs. Le tellure agit comme catalyseur dans certains procédés chimiques. Il entre dans la composition dexplosifs, dantioxydants et de verres transparents à linfrarouge. Les vapeurs de tellure sont utilisées dans des lampes fournissant une lumière naturelle. Lacide gras tellure-radioiodé (TPDA) a été employé dans la scanographie du myocarde.
Tous les cas dintoxication aiguë qui ont été rapportés résultaient de labsorption de vapeurs de tellure métallique par les poumons.
Une étude portant sur des travailleurs jetant à la main des pastilles de tellure dans le fer en fusion, ce qui produisait un intense dégagement de vapeurs blanches, a révélé que les personnes exposées à une concentration de tellure comprise entre 0,01 et 0,74 mg/m3 présentaient un taux urinaire de tellure (0,01 à 0,06 mg/litre) supérieur à celui des travailleurs exposés à une concentration comprise entre 0 et 0,05 mg/m3 chez qui le tellure urinaire variait entre 0 et 0,03 mg/litre. Les signes les plus courants dabsorption de tellure étaient lodeur alliacée de lhaleine (84% des cas) et un goût métallique dans la bouche (30% des cas). Les travailleurs intoxiqués se plaignaient de somnolence laprès-midi et dinappétence, mais la sudation navait pas disparu; les analyses hématologiques et lexamen du système nerveux central ont donné des résultats normaux. Lun des sujets avait encore lhaleine alliacée et ses urines contenaient encore du tellure 51 jours après la cessation de lexposition.
Chez des travailleurs de laboratoire qui avaient été exposés pendant 10 minutes à des vapeurs dalliage tellure-cuivre (50/50) en fusion, aucun symptôme ne sest manifesté immédiatement, mais lodorisation de lhaleine était marquée. Le tellure formant un oxyde peu soluble et sans réaction acide, les poussières et les vapeurs de cet élément ne présentent pas de danger pour la peau ou le tissu pulmonaire. Lélément est absorbé dans les poumons et le tractus gastro-intestinal, puis excrété dans lair expiré, les selles et lurine.
Le dioxyde de tellure (TeO2), le tellurure dhydrogène (H2Te) et le tellurite de potassium (K2TeO3) présentent un intérêt en hygiène du travail. Le fait que le tellure ne forme doxyde quau-delà de 450 °C et que le dioxyde formé soit à peu près insoluble dans leau et dans les liquides biologiques explique en grande partie pourquoi le tellure ne présente dans lindustrie quun risque nettement inférieur à celui du sélénium.
Le tellurure dhydrogène est un gaz qui se décompose lentement en ses éléments. Il est 4,5 fois plus lourd que lair et dégage une odeur analogue à celle du séléniure dhydrogène. On a rapporté des cas dirritation des voies respiratoires.
On connaît le cas unique dun chimiste qui a dû être admis à lhôpital après une inhalation accidentelle dhexafluorure de tellure gazeux, au cours de la production desters de tellure. On a observé des stries de pigmentation bleu-noir sous la surface de la peau entre les doigts, et à un moindre degré sur le visage et le cou. Les photographies montrent très clairement ce rare exemple de réelle absorption par la peau dun ester de tellure réduit en tellure élémentaire noir pendant son passage à travers la peau.
Des animaux exposés au tellure ont présenté des effets sur le système nerveux central et sur les érythrocytes.
Partout où lon ajoute du tellure à du fer, du plomb ou du cuivre en fusion, partout où lon vaporise sous vide du tellure sur une surface, un système daspiration localisée devrait assurer une vitesse dextraction dau moins 30 m/min pour capter les vapeurs produites. Dans la fabrication dalliages métalliques, le tellure devrait être utilisé de préférence en pastilles. Des dosages réguliers de lair des locaux devraient être effectués afin de sassurer que la concentration atmosphérique ne dépasse pas les limites fixées. On na pas recommandé de valeur-seuil de concentration pour le tellurure dhydrogène; on estime, cependant, quil serait prudent dobserver la même limite que pour le séléniure dhydrogène.
Une hygiène rigoureuse simpose dans les procédés qui mettent en uvre du tellure. Lorsquils manipulent du tellure pulvérulent, les travailleurs devraient porter des blouses blanches, des gants et des masques de gaze. Des installations sanitaires appropriées devraient être à leur disposition. Le broyage à la main devrait être déconseillé et remplacé, partout où la chose est réalisable, par le broyage mécanique sous ventilation énergique.
Le thallium (Tl) est assez largement répandu dans la croûte terrestre en faible concentration; il accompagne également dautres métaux lourds dans les pyrites et les blendes, et on le rencontre aussi dans les nodules de manganèse sur le fond des océans.
Le thallium est utilisé dans la fabrication des sels de thallium, dalliages de mercure, de verres à bas point de fusion, de cellules photoélectriques, de lampes et de composants électroniques. On le trouve aussi, allié au mercure, dans des thermomètres en verre et dans certains interrupteurs. Il a également été utilisé dans la recherche sur les semi-conducteurs et dans limagerie du myocarde. Le thallium est un catalyseur en synthèse organique.
Les composés du thallium sont utilisés dans des spectromètres à infrarouge, des cristaux et dautres systèmes optiques. Ils servent à colorer le verre. Bien quun grand nombre de sels de thallium aient été préparés, peu dentre eux ont une importance industrielle.
Lhydroxyde de thallium (TlOH), ou hydroxyde thalleux, est le produit de la dissolution de loxyde de thallium dans leau, ou du traitement du sulfate de thallium par une solution dhydroxyde de baryum. On peut lutiliser pour préparer loxyde de thallium, le sulfate de thallium et le carbonate de thallium.
Le sulfate de thallium (Tl2SO4), ou sulfate thalleux, est préparé par dissolution du thallium dans de lacide sulfurique concentré chaud ou par neutralisation de lhydroxyde de thallium avec de lacide sulfurique dilué, suivie dune cristallisation. Sa remarquable efficacité dans la destruction des rongeurs, notamment des rats et des souris, fait du sulfate de thallium le plus important des sels de thallium du commerce. Toutefois, certains pays dEurope occidentale et les Etats-Unis ont interdit lutilisation du thallium, en raison du danger que représente le libre accès à une substance aussi toxique. Dans dautres pays, le développement dune résistance à la warfarine chez le rat a fait augmenter lutilisation de sulfate de thallium. Ce composé est aussi employé dans la recherche sur les semi-conducteurs, dans les systèmes optiques et les cellules photoélectriques.
Le thallium est un sensibilisant de la peau et un poison ayant un effet cumulatif, toxique aussi bien par ingestion que par inhalation ou absorption percutanée. Lintoxication professionnelle est possible lors de lextraction du métal des minerais thallifères. Linhalation du thallium peut résulter de la manipulation de cendres volantes et de poussières provenant du grillage des pyrites. Une intoxication peut également survenir lors de la fabrication et de lutilisation des sels de thallium pesticides, de la fabrication de lentilles contenant du thallium et de la séparation des diamants industriels. Laction toxique du thallium et de ses sels est bien documentée dans les nombreux rapports faisant état dintoxications aiguës non professionnelles (rarement fatales) et de cas de suicide ou dhomicide.
Lintoxication professionnelle par le thallium est en général la conséquence dune exposition prolongée à des doses modérées, et les symptômes en sont dordinaire beaucoup moins manifestes que ceux de lintoxication aiguë par accident, suicide ou homicide. Lévolution est habituellement discrète et caractérisée par des symptômes subjectifs tels que lasthénie, lirritabilité, des douleurs dans les jambes et certains troubles du système nerveux. Il peut se passer un certain temps avant quon puisse mettre en évidence des symptômes objectifs de polynévrite. Parmi les manifestions neurologiques précoces observées figurent des altérations des réflexes tendineux superficiellement provoqués, une asthénie profonde et leffondrement de la vitesse des réflexes pupillaires.
Les antécédents professionnels de la victime sont généralement le premier indice diagnostique dans le cas dune intoxication par le thallium, car un délai assez long peut sécouler avant que les symptômes subjectifs assez vagues cèdent le pas aux symptômes objectifs de polynévrite suivie dalopécie. En cas de chute massive des cheveux, il faut soupçonner une intoxication par le thallium. Dans lintoxication professionnelle, toutefois, lexposition est en général caractérisée par des doses faibles absorbées pendant une période prolongée, où la chute des cheveux peut nêtre quun symptôme tardif qui nest souvent perceptible quaprès lapparition de la polynévrite; si lintoxication est légère, lalopécie peut être totalement absente.
Les deux principaux critères du diagnostic de lintoxication dun travailleur par le thallium sont:
Une concentration urinaire de Tl supérieure à 500 µg/litre devrait être considérée comme le seuil de lintoxication chimique par ce métal. A des concentrations de 5 à 500 µg/litre, lampleur du risque et la gravité des effets néfastes demeurent incertaines.
Des expériences prolongées ont été faites avec le thallium radioactif; elles ont montré une abondante excrétion de thallium tant par la voie urinaire que par la voie fécale. A lautopsie, cest dans les reins quon relève les plus fortes concentrations de thallium, mais il peut sen trouver aussi, en concentrations modérées, dans le foie et dautres organes internes, dans les muscles et le squelette. Il est remarquable que les principaux signes et symptômes de lintoxication par le thallium aient leur siège dans le système nerveux central, alors que celui-ci ne retient le thallium quen très faible quantité. Ce phénomène est peut-être dû à une extrême sensibilité à des quantités même infimes de thallium agissant soit sur les enzymes, substances messagères, soit directement sur les cellules de lencéphale.
La mesure la plus efficace pour se protéger contre les dangers liés à la fabrication et lutilisation des composés du thallium, substances extrêmement toxiques, consiste à les remplacer par des substances moins dangereuses. Il faut y recourir chaque fois que cest possible. Si lon ne peut faire autrement, les précautions les plus strictes devraient être prises afin que la teneur en thallium de lair des lieux de travail soit constamment inférieure aux limites admissibles et que tout contact avec la peau soit évité. Linhalation continue de telles concentrations de thallium pendant des journées normales de travail de 8 heures peut néanmoins conduire à des taux urinaires supérieurs aux valeurs admissibles.
Le personnel qui travaille avec le thallium et ses composés devrait porter un équipement de protection individuelle; des appareils de protection respiratoire sont indispensables en cas de risque dinhalation de poussières dangereuses en suspension dans lair. Il est essentiel que les travailleurs disposent dun assortiment complet de vêtements de travail; ces vêtements devraient être lavés régulièrement et rangés dans des armoires séparées de celles où se trouvent les vêtements de ville. Des salles deau et des douches devraient être mises à la disposition des travailleurs, quil faut inciter à observer une hygiène corporelle rigoureuse. Les locaux de travail devraient être entretenus en état dabsolue propreté, et il devrait être interdit de boire, de manger et de fumer sur le lieu de travail.
Le titane (Ti) est présent dans de nombreux minerais, mais seuls quelques-uns dentre eux ont une importance industrielle: lilménite (FeTiO3), qui renferme 52,65% de Ti et 47,4% doxyde de fer (FeO); le rutile (TiO2), en mélange avec loxyde ferreux; la pérovskite (CaTiO3), qui contient 58,7% de dioxyde de titane (TiO2) et 41,3% doxyde de calcium (CaO); et la sphène, ou titanite (CaOTiO2·SiO2), qui renferme 38,8% de TiO2. Certains minerais hétérogènes, tels que la loparite, le pyrochlore et des résidus du traitement de la bauxite et de minerais de cuivre, peuvent contenir du titane.
Le titane est utilisé sous la forme de métal pur, dalliage ou de divers composés, principalement dans la sidérurgie, la construction navale, lindustrie aéronautique, laérospatiale et lindustrie chimique. Le chemisage interne des cuves de mélange de la pâte de bois comporte un revêtement protecteur de titane. Le titane trouve également des applications en chirurgie. Il est aussi utilisé pour la fabrication délectrodes, de filaments de lampes, de peintures, de colorants et de baguettes de soudage. La poudre de titane est employée en pyrotechnie et dans la technique du vide. Le titane sert également en dentisterie et en chirurgie pour des implants ou des prothèses.
Le carbure de titane et le nitrure de titane sont employés dans la métallurgie des poudres. Le titanate de baryum est utilisé dans la fabrication de gros condensateurs. Le dioxyde de titane sert de pigment blanc dans les peintures, les revêtements de sol, la tapisserie dameublement, les composants électroniques, les adhésifs, les matériaux de couverture, les matières plastiques et les cosmétiques. Cest également un constituant des vernis et glaçures de porcelaine, un agent de rétrécissement pour les fibres de verre et un agent de délustrage pour les fibres synthétiques. Le tétrachlorure de titane est utilisé comme intermédiaire dans la production du titane métal et des pigments à base de titane; il sert de catalyseur dans lindustrie chimique.
La formation de dioxyde de titane (TiO2), de poussières de concentré et de poussières de briquettes au cours du broyage, du malaxage et du transport des matières premières en vrac, de même que la chaleur rayonnante des fours de cokéfaction, sont les risques liés à la production du titane. Latmosphère des usines de chloration et de rectification peut contenir des vapeurs de chlore, de tétrachlorure de titane (TiCl4) et de ses produits de pyrolyse si les installations ont des fuites ou sont corrodées. De loxyde de magnésium peut être présent dans latmosphère des zones de réduction. On trouve des poussières de titane en suspension dans lair lorsque léponge de titane (formée par la réduction du tétrachlorure en titane métal sous laction du magnésium) est éjectée, broyée, séparée et ensachée. Lexposition à la chaleur et au rayonnement infrarouge est à craindre à proximité des fours à arc (jusquà 3 à 5 cal/cm2 par minute).
La maintenance et la réparation des installations de chloration et de rectification, qui comprennent le démontage et le nettoyage de leurs éléments, créent des conditions de travail particulièrement dangereuses du fait des concentrations élevées de vapeurs de TiCl4 et de produits dhydrolyse (HCl, Ti(OH)4), qui sont très toxiques et irritantes. Le personnel de ces usines souffre souvent de maladies des voies respiratoires supérieures et de bronchites aiguës ou chroniques. Le TiCl4 liquide provoque, au contact de la peau, une irritation et des brûlures; un contact même bref avec la conjonctive occasionne une conjonctivite suppurative et une kératite qui peuvent aboutir à des opacités de la cornée. Lexpérimentation animale a montré que les poussières de titane métallique, les concentrés de titane, le dioxyde de titane et le carbure de titane sont très toxiques. Alors que le dioxyde de titane ne sest pas révélé fibrogène chez les animaux, il semble augmenter la fibrogénicité du quartz en cas dexposition combinée. Lexposition prolongée à des poussières renfermant du titane peut conduire à des formes bénignes de maladies pulmonaires chroniques (fibrose). Des examens radiologiques ont montré que des travailleurs ayant manipulé du TiO2 pendant des périodes prolongées présentent des altérations pulmonaires semblables à celles observées dans les formes bénignes de silicose. Chez un travailleur qui avait été en contact avec du dioxyde de titane pendant plusieurs années et est mort dun cancer du cerveau, les poumons présentaient des accumulations de TiO2 et des altérations analogues à celles de lanthracose. Les examens médicaux de travailleurs employés dans la métallurgie des poudres de divers pays ont révélé des cas de pneumonie chronique due à des poussières mixtes contenant du carbure de titane; la gravité de la maladie est fonction des conditions de travail, de la durée de lexposition et de facteurs individuels.
Les travailleurs qui ont subi une exposition chronique à des poussières de titane et de dioxyde de titane présentent une fréquence élevée de bronchite chronique (endobronchite et péribronchite); les stades précoces de la maladie se caractérisent par une respiration pulmonaire et une capacité ventilatoire altérées et par une alcalinité sanguine réduite. Les électrocardiogrammes de ces travailleurs révèlent des modifications cardiaques caractéristiques daffections pulmonaires avec hypertrophie de lauricule droite. Un grand nombre des sujets présentent une hypoxie myocardique à divers degrés de gravité, une conductivité atrioventriculaire et intraventriculaire inhibée, et une bradycardie.
Les poussières de titane métallique en suspension dans lair sont explosives.
Dautres risques encourus lors de la production de titane sont ceux de brûlures et dexposition au monoxyde de carbone à proximité des fours de cokéfaction et des fours à arc.
Lempoussièrement créé pendant le broyage du minerai devrait être combattu par larrosage des matériaux à traiter (jusquà 6 à 8% dhumidité) et par ladoption dun procédé continu permettant un encoffrement des installations et une aspiration efficace. Lair chargé de poussières devrait être filtré et les poussières recueillies et recyclées. Elles devraient être captées par aspiration aux postes de broyage, de décochage, de séparation et densachage. Le décochage à laide de marteaux pneumatiques devrait être remplacé par un usinage sur des machines spéciales.
Le tungstène (W) nexiste pas à létat natif, mais on le trouve dans un nombre restreint de minéraux tels que le tungstate de calcium, de fer ou de manganèse. Parmi les minéraux de tungstène identifiés, seules la scheelite (CaWO4), la wolframite ((Fe,Mn)WO4), lhubnérite (MnWO) et la ferbérite (FeWO4) ont une importance industrielle. Lensemble des réserves mondiales de trioxyde de tungstène (WO3) est estimé à quelque 175 millions de tonnes. Lextraction se fait en général dans des mines souterraines, mais on exploite parfois à ciel ouvert ou par des méthodes rudimentaires. La teneur en tungstène du minerai extrait se situe en général entre 0,5 et 2%. Les principales impuretés sont des minéraux de gangue, comme le quartz et la calcite, et des minéraux métalliques (cuivre, bismuth, étain et molybdène).
Le tungstène est un composant des métaux durs. Il est utilisé pour augmenter la dureté, la ténacité, lélasticité et la résistance à la traction de lacier, ainsi que dans la production daciers au tungstène pour automobiles et pour outils de coupe à grande vitesse. Le tungstène est également employé dans les lampes à incandescence, les tubes à vide, les contacts électriques, les tubes à rayons X et les tubes fluorescents. Il sert dignifuge dans lindustrie textile.
Du fait de sa dureté exceptionnelle, le carbure de tungstène (WC) a remplacé le diamant dans les grandes filières de tréfilage, les matrices détirage et le forage au rocher. Les composés du tungstène entrent également dans la fabrication des lasers, des colorants, des encres et des frittes de céramique. Certains alliages de tungstène sont employés dans les industries nucléaire et aérospatiale pour les tuyères des moteurs de fusée et comme écrans de protection des vaisseaux spatiaux.
La toxicité du tungstène est mal connue. On a constaté que la DL50 du tungstate de sodium chez des rats de 66 jours se situait entre 223 et 255 mg/kg et avait des effets marqués sur la digestion et le vieillissement. Les études faites sur trois composés du tungstène ont montré que le tungstate de sodium est le plus toxique; loxyde tungstique a une toxicité intermédiaire et le paratungstate dammonium est le moins toxique. Des expériences dingestion pendant 70 jours de tungstène métallique concentré à 2,5 et 10% dans les aliments ont établi que le métal navait pas deffet marqué sur la croissance des rats mâles, mesurée en termes de gain de poids, mais réduisait de 15% par rapport aux animaux témoins le gain de poids chez les rats femelles.
Les risques dexposition professionnelle sont liés aux substances associées à la production et aux emplois du tungstène, de ses alliages et de ses composés, plutôt quau tungstène lui-même. Dans lextraction et le traitement, il semble que les principaux risques soient lexposition aux poussières renfermant du quartz, au bruit, au sulfure dhydrogène, au dioxyde de soufre et à diverses autres substances chimiques telles que le cyanure de sodium et lhydroxyde de sodium. Lexposition simultanée à dautres métaux présents dans le minerai (le nickel, par exemple) est également possible.
Les métaux durs sont des mélanges de carbure de tungstène et de cobalt, auxquels on peut ajouter de petites quantités dautres métaux. Dans lindustrie des outils de coupe, les travailleurs sont exposés non seulement au carbure de tungstène, mais aussi aux émanations et aux poussières de cobalt, de carbures de nickel, de titane et de tantale. A la suite de linhalation de poussières de carbure de tungstène, des cas de pneumoconiose ou de fibrose pulmonaire ont été signalés, mais on saccorde généralement à dire que cette «maladie des métaux durs» semble plutôt due au cobalt associé au carbure de tungstène. Lusinage et le meulage doutils en carbure de tungstène peuvent provoquer une fibrose pulmonaire interstitielle diffuse, affection grave liée à des concentrations élevées de cobalt dans lair. Les effets des métaux durs sur les poumons sont décrits au chapitre no 10, «Lappareil respiratoire», de la présente Encyclopédie.
Le tungstène carbonyle exposé à une flamme présente un risque dincendie modéré. Lorsquil est chauffé jusquà décomposition, il libère du monoxyde de carbone. On possède peu de données sur la fréquence des accidents et des maladies dans les mines et les usines de traitement du tungstène, mais celles dont on dispose permettent de dire quelle est faible par rapport à celle des mines de charbon.
Les principaux minerais de vanadium (V) sont la patronite (sulfure de vanadium) du Pérou et la descloisite (vanadate de plomb et de zinc) dAfrique du Sud. Dautres minerais, comme la vanadinite, la roscoelite et la carnotite, contiennent suffisamment de vanadium pour que leur exploitation soit rentable. Le pétrole brut peut renfermer de faibles quantités de vanadium; les dépôts laissés dans les conduits de fumée des fours chauffés au mazout contiennent parfois plus de 50% de pentoxyde de vanadium. Les scories de ferrovanadium sont une autre source du métal. Lune des formes principales de lexposition humaine au vanadium est constituée par les émissions doxydes de vanadium dans la combustion du mazout.
On trouve normalement de petites quantités de vanadium dans le corps humain, en particulier dans les tissus adipeux et dans le sang.
La plus grande partie du vanadium produit est utilisé dans le ferrovanadium , dont lapplication directe la plus importante est la fabrication des aciers rapides et des outils en acier rapide. Laddition de 0,05 à 5% de vanadium élimine les occlusions doxygène et dazote dans lacier, accroît la résistance à la traction et améliore le module délasticité et la résistance à la corrosion de lalliage final. Autrefois, les composés du vanadium étaient utilisés comme agents thérapeutiques en médecine. Lalliage vanadium-gallium sest révélé intéressant pour la production de champs magnétiques de forte intensité.
Certains composés du vanadium ont une application limitée dans lindustrie. Le sulfate de vanadium (VSO4· 7H2O) et le tétrachlorure de vanadium (VCl4) sont utilisés comme mordants en teinturerie. Les silicates de vanadium sont employés comme catalyseurs. Le dioxyde de vanadium (VO2) et le trioxyde de vanadium (V2O3) servent en métallurgie. Les composés les plus importants du point de vue de lhygiène du travail sont le pentoxyde de vanadium (V2O5) et le métavanadate dammonium (NH4VO3).
Le pentoxyde de vanadium est obtenu à partir de la patronite. Depuis longtemps, cest un important catalyseur industriel employé dans de nombreux procédés doxydation, notamment dans la fabrication de lacide sulfurique, de lacide phtalique, de lacide maléique, etc. Il sert de révélateur photographique et de colorant dans lindustrie textile. Il trouve également un emploi dans les matières colorantes pour produits céramiques.
Le métavanadate dammonium a un rôle identique à celui du pentoxyde comme catalyseur. Cest un réactif en chimie analytique et un révélateur dans lindustrie photographique. Il est également utilisé dans la teinture et limpression des textiles.
Lexpérience montre que les oxydes de vanadium et, en particulier, le pentoxyde et son dérivé, le métavanadate dammonium, sont dangereux pour lhumain. Une exposition au pentoxyde de vanadium peut survenir dans la production du vanadium métallique au moyen de procédés utilisant le pentoxyde de vanadium sous forme particulaire; la réparation dinstallations dans lesquelles le pentoxyde de vanadium sert de catalyseur; le nettoyage des carneaux de chaudières chauffées au mazout dans les centrales thermiques, les navires, etc. La présence de composés du vana-dium dans les produits pétroliers a une importance particulière et elle a retenu lattention des services de santé publique et des spécialistes de lhygiène du travail en raison des risques de pollution atmosphérique au voisinage des centrales thermiques fonctionnant au mazout.
Linhalation de composés du vanadium peut avoir des effets toxiques marqués. Cette toxicité est fonction de la concentration de ces composés dans latmosphère et de la durée de lexposition. Des troubles peuvent se produire même après une brève exposition (1 heure, par exemple); les premiers symptômes sont une hypersécrétion lacrymale, une sensation de brûlure au niveau des conjonctives, une rhinite séreuse ou hémorragique, des maux de gorge, de la toux, une bronchite, de lexpectoration et des douleurs thoraciques. Les expositions particulièrement fortes peuvent donner lieu à des pneumonies mortelles; toutefois, en cas dexposition isolée, le sujet guérit en général après 1 à 2 semaines. Une exposition prolongée peut entraîner des bronchites chroniques accompagnées ou non demphysème. La langue présente parfois une décoloration verdâtre, et les fumeurs voient également lextrémité de leur cigarette prendre une teinte semblable, par suite dinteractions chimiques.
Des effets localisés ont été observés chez des animaux de laboratoire principalement au niveau des voies respiratoires. Des effets systémiques ont été notés dans le foie, les reins, le système nerveux, le système cardio-vasculaire et les organes hématopoïétiques. Les effets métaboliques englobent une interférence avec la biosynthèse de la cystine et du cholestérol, une dépression et une stimulation de la synthèse des phospholipides. Des concentrations plus élevées ont entraîné une inhibition de loxydation de la sérotonine. Le vanadate sest révélé en outre inhiber plusieurs systèmes enzymatiques. On connaît moins bien les effets généraux de lexposition au vanadium sur lêtre humain, mais on a mis en évidence une réduction du taux sérique de cholestérol. Dans lenvironnement professionnel, le vanadium et ses composés pénètrent dans lorganisme par inhalation, surtout lors de la production et pendant les opérations de nettoyage des chaudières. Le vanadium est faiblement absorbé par le tractus gastro-intestinal (de 1 à 2% au plus); les composés ingérés sont éliminés en grande partie par les selles.
Une étude récente a permis dévaluer le taux de réactions bronchiques parmi les travailleurs exposés au pentoxyde de vana-dium au cours de lenlèvement des cendres et des scories des chaudières dune centrale thermique fonctionnant au mazout. Elle suggère que lexposition au vanadium augmente la réactivité bronchique, même en labsence de symptômes bronchiques.
Il est important dempêcher linhalation de particules de pentoxyde de vanadium en suspension dans lair. Pour les applications catalytiques, le pentoxyde de vanadium peut être produit sous forme agglomérée ou granulaire, cest-à-dire sans dégager de poussières; néanmoins, les vibrations des installations peuvent à la longue réduire en poussières une certaine fraction du métal. Dans la fabrication du vanadium métallique et le tamisage des catalyseurs usagés à loccasion des travaux dentretien, on empêchera les dégagements de poussières en encoffrant les installations et en prévoyant des systèmes daspiration. Le personnel chargé du nettoyage des chaudières dans les centrales thermiques et sur les navires est parfois appelé à y pénétrer pour en retirer la suie et effectuer des réparations; il devrait porter un masque complet et une protection oculaire. On sefforcera, dans toute la mesure possible, daméliorer le nettoyage à chaud de manière que les travailleurs aient à entrer moins fréquemment dans les chaudières; lorsquon procède au nettoyage pendant larrêt des chaudières, on choisira des procédés qui dispensent de pénétrer à lintérieur de celles-ci, tels que lemploi dune lance et deau sous pression.
Le zinc (Zn) est très répandu dans la nature, où il représente environ 0,02% de lécorce terrestre. Il sy présente sous forme de sulfure (blende), de carbonate, doxyde ou de silicate (calamine), en association avec dautres minéraux. La blende, son principal minerai, qui fournit au moins 90% du zinc métallique, contient du fer et du cadmium sous forme dimpuretés. Elle est presque toujours associée à la galène, le sulfure de plomb, et parfois à des minerais contenant du cuivre ou des sulfures dautres bases dalliages.
Lorsquil est exposé à lair, le zinc se recouvre dune couche doxyde résistante qui empêche une deuxième oxydation. Cette résistance à la corrosion par les agents atmosphériques est à la base de lune des applications les plus courantes du métal, à savoir la protection des pièces dacier par galvanisation. Laction électrolytique accroît laptitude du zinc à protéger les métaux ferreux contre la corrosion. Le zinc étant anodique par rapport au fer et aux autres métaux, à lexception de laluminium et du magnésium, il est attaqué préférentiellement et sacrifié à dessein. Un grand nombre dautres applications majeures tirent également parti de cette propriété: utilisation de plaques de zinc comme anodes pour la protection cathodique des coques de navires, des réservoirs enterrés, etc. Le zinc métallique coulé sous pression sert à fabriquer des pièces pour lindustrie automobile, le matériel électrique, les petites machines-outils, la quincaillerie, les jouets et les articles de fantaisie. Il est laminé en feuilles destinées à la fabrication des toitures, des joints détanchéité, des caissons pour piles sèches, des plaques de photogravure, etc. Le zinc donne des alliages avec le cuivre, le nickel, laluminium et le magnésium. Associé au cuivre, il forme un important groupe dalliages, les laitons.
Loxyde de zinc (ZnO), ou blanc de zinc (fleurs de zinc), est produit par oxydation des vapeurs de zinc pur ou par grillage des minerais oxydés du zinc. Il est employé comme pigment dans les peintures, les laques et les vernis, et comme charge pour les matières plastiques et le caoutchouc. Il sert également dans lindustrie des cosmétiques, dans les ciments à prise rapide et dans les produits pharmaceutiques. Il entre dans la fabrication du verre, des pneumatiques, des allumettes, de la colle blanche et des encres dimprimerie. Loxyde de zinc est aussi utilisé comme semi-conducteur dans lindustrie électronique.
Le chromate de zinc (ZnCrO4), ou jaune de zinc, est obtenu par laction de lacide chromique sur des suspensions doxyde de zinc ou sur lhydroxyde de zinc. Il sert notamment à fabriquer des pigments, des peintures, des vernis et des laques, et entre dans la fabrication du linoléum. Il agit comme inhibiteur de corrosion pour les métaux et les stratifiés dépoxy.
Le cyanure de zinc (Zn(CN)2) est produit par précipitation dune solution de sulfate ou de chlorure de zinc et de cyanure de potassium. Il est employé comme revêtement protecteur des métaux, pour lextraction de lor, comme réactif chimique et comme pesticide. Le sulfate de zinc (ZnSO4·7H2O), ou vitriol blanc, est produit par grillage de la blende ou par action de lacide sulfurique sur le zinc ou loxyde de zinc. Il est employé comme astringent, comme agent conservateur pour le cuir et le bois, pour le blanchiment du papier, comme adjuvant dans les pesticides et comme fongicide. Il sert également dignifuge et de passivant dans la flottation par écumage. Il est utilisé dans le traitement de leau et dans la teinture et limpression des textiles. Le sulfure de zinc est employé comme pigment dans les peintures, les tissus huilés, le linoléum, les cuirs, les encres, les laques et les produits cosmétiques. Le phosphure de zinc (Zn3P2) est obtenu en faisant passer de la phosphine dans une solution de sulfate de zinc; il est utilisé principalement comme rodenticide.
Le chlorure de zinc (ZnCl2), ou beurre de zinc, a de nombreuses applications dans lindustrie textile, pour la teinture, limpression, lapprêtage et lalourdissage des tissus. Cest aussi un constituant des ciments pour métaux, des dentifrices et des flux décapants. Il est utilisé, seul ou avec du phénol et dautres antiseptiques, pour la préservation des entretoises de chemins de fer. Le chlorure de zinc est employé pour la gravure du verre et la fabrication de lasphalte. Cest un agent de vulcanisation du caoutchouc, un retardateur de flamme pour le bois et un inhibiteur de corrosion dans le traitement de leau.
Le zinc est un élément nutritif essentiel. Cest un constituant des métalloenzymes, qui jouent un rôle important dans le métabolisme des acides nucléiques et dans la synthèse des protéines. Il nest pas stocké dans lorganisme, et les nutritionnistes en recommandent une consommation quotidienne minimale. Le zinc est absorbé plus facilement à partir des sources protéiques animales quà partir de sources végétales. Le phytate des plantes fixe le zinc, le rendant indisponible pour labsorption. On a constaté des carences en zinc dans les pays où la principale source de protéines consommée par la population est constituée par les céréales. La carence chronique en zinc saccompagne dun certain nombre de manifestations cliniques reconnues parmi lesquelles il faut citer le retard de croissance, lhypogonadisme chez les hommes, des altérations de la peau, linappétence, la léthargie mentale et une cicatrisation plus lente des plaies.
Généralement, les sels de zinc sont astringents, hygroscopiques, corrosifs et antiseptiques. Leurs propriétés astringentes et antiseptiques sont dues au fait quils précipitent les protéines; leur absorption percutanée est relativement facile. Le seuil de sensibilité gustative du zinc est de 15 ppm; leau contenant 30 ppm de sels de zinc solubles présente un aspect laiteux et prend un goût métallique lorsque la concentration atteint 40 ppm. Les sels de zinc sont irritants pour le tractus gastro-intestinal, et les concentrations émétiques de ces sels dans leau sont comprises entre 675 et 2 280 ppm.
La solubilité du zinc dans les solutions faiblement acides, en présence de fer, a provoqué lingestion accidentelle de quantités importantes de sels de zinc lorsque des produits alimentaires acides tels que les jus de fruits étaient préparés dans des récipients usagés en acier galvanisé. On a observé de la fièvre, des nausées, des vomissements, des crampes destomac et de la diarrhée dans un laps de temps compris entre 20 minutes et 10 heures après lingestion.
Il existe un risque dintoxication par plusieurs sels de zinc pouvant pénétrer dans lorganisme par inhalation, par contact ou par ingestion. On a constaté que le chlorure de zinc causait des ulcères de la peau. Un certain nombre de composés du zinc présentent des risques dincendie et dexplosion. Lobtention du zinc par voie électrolytique peut produire des brouillards contenant de lacide sulfurique et du sulfate de zinc qui peuvent irriter lappareil respiratoire et digestif et attaquer les dents. La métallurgie du zinc comporte également des risques connexes, liés à la présence darsenic, de cadmium, de manganèse et de plomb, parfois aussi de chrome et dargent. La présence fréquente dar-senic dans le zinc entraîne une exposition à larsine lorsque le zinc est dissous dans des acides ou des alcalis.
Le risque le plus fréquent associé au zinc et à ses composés est lexposition aux fumées doxyde de zinc qui provoque la fièvre des fondeurs dans la métallurgie et la transformation du zinc, le soudage et le découpage des métaux galvanisés et la fusion et la coulée du laiton et du bronze. Les symptômes de cette fièvre sont des frissons, des accès fébriles, une sudation abondante, des nausées, de la soif, des maux de tête, des douleurs dans les membres et une sensation dabattement. Ces attaques sont de courte durée (dans la plupart des cas, lévolution vers une guérison complète intervient dans les 24 heures qui suivent lapparition des symptômes), et une tolérance semble acquise. Aux postes dempaquetage de loxyde de zinc, on a constaté une augmentation significative du taux de protoporphyrine globulaire libre.
Les fumées de chlorure de zinc sont irritantes pour les yeux et les muqueuses. Lors dun accident causé par des fumigènes, 70 personnes ont souffert datteinte des yeux, du nez, de la gorge et des poumons à divers degrés. Parmi les 10 cas mortels enregistrés, certains décès sont survenus en quelques heures à la suite dun dème pulmonaire et dautres plus tard à la suite dune broncho-pneumonie. On cite également le cas de deux sapeurs-pompiers qui avaient été exposés aux fumées de chlorure de zinc dégagées par un fumigène au cours dune démonstration de lutte contre lincendie, lun peu de temps, lautre pendant plusieurs minutes. Le premier sest rétabli rapidement, alors que lautre est décédé après 18 jours par suite dune insuffisance respiratoire. Les symptômes observés étaient une élévation rapide de la température et une forte inflammation des voies respiratoires supérieures peu après lexposition. La radiographie thoracique a montré des infiltrations pulmonaires diffuses, et lautopsie a révélé une prolifération fibroblastique active et un cur pulmonaire.
Dans une expérience conçue à lorigine pour létude de la cancérogenèse, on a administré pendant un an, à des groupes de 24 souris, 1 250 à 5 000 ppm de sulfate de zinc dans de leau potable. Aucun effet nocif dû au zinc na été constaté, si ce nest une forte anémie chez les animaux qui avaient reçu 5 000 ppm. En ce qui concerne le développement des tumeurs, les différences étaient minimes par rapport aux animaux témoins.
Le phosphure de zinc, quon emploie comme rodenticide, a un effet toxique chez lhumain lorsquil est ingéré, inhalé ou injecté; il est, avec le chlorure de zinc, le plus dangereux des sels de zinc, ces deux composés étant responsables des seuls cas de décès que lon peut attribuer de manière certaine à une intoxication par le zinc.
Action cutanée . On a constaté que le chromate de zinc, présent dans les peintures employées en couche primaire pour les carrosseries dautomobiles, les armoires métalliques et la ferblanterie, provoquait une ulcération des voies nasales et des dermatoses chez les travailleurs exposés. Le chlorure de zinc a un effet caustique et peut entraîner une ulcération des doigts, des mains et des avant-bras chez les travailleurs qui sont au contact de bois imprégnés avec cette substance ou qui sen servent comme flux de soudage. Les poussières doxyde de zinc peuvent obstruer les canaux des glandes sébacées et occasionner des eczémas papulaires et pustuleux chez les travailleurs chargés du conditionnement de ce produit.
Risques dincendie et dexplosion. La poudre finement divisée de zinc et dautres composés du zinc peut présenter un risque dincendie et dexplosion si elle est conservée dans un endroit humide et senflammer spontanément. Les résidus des réactions de réduction peuvent enflammer les matériaux combustibles. Le nitrate de zinc et dammonium, le bromate de zinc, le chlorate de zinc, le zinc-éthyle, le nitrate de zinc, le permanganate de zinc et le picrate de zinc sont particulièrement dangereux du point de vue des risques dincendie et dexplosion. Le zinc-éthyle senflamme spontanément au contact de lair; il devrait donc être conservé dans un endroit frais, sec, bien ventilé, à lécart des installations présentant de gros risques dincendie, des flammes nues et des produits particulièrement comburants.
Une aspiration efficace est indispensable dans tous les cas où le zinc est chauffé suffisamment pour entraîner des dégagements de fumées. Il est essentiel dinformer les travailleurs des risques de contracter la fièvre des fondeurs; dans certains cas, le port de cagoules ou de masques à adduction dair frais simpose.
Les travailleurs exposés aux fumées de chlorure de zinc devraient porter des vêtements de protection spéciaux et des équipements appropriés pour assurer la protection des yeux, du visage et des voies respiratoires. Ceux qui sont atteints par les fumées de chlorure de zinc doivent être traités par une irrigation abondante des zones touchées.
On estime que le zirconium (Zr) constitue environ 0,017% de la lithosphère. Du fait de sa très grande activité chimique à des températures à peine supérieures aux températures atmosphériques normales, on le rencontre uniquement associé à dautres substances. Ses principaux minerais sont le zircon (ZrO2) et la baddeleyite (ZrSiO4). Tous les tissus animaux contiennent du zirconium.
Le hafnium (Hf) est présent en proportions variables dans tous les gisements de zirconium de la planète; sa teneur moyenne est égale à 2% environ du total Zr + Hf contenu dans le minerai. Dans un seul minerai, où ces deux éléments étaient dailleurs rares, le hafnium était plus abondant que le zirconium. Les propriétés chimiques de ces deux éléments sont plus voisines que celles de nimporte quelle autre paire déléments du tableau périodique; leur similitude est si grande que lon na pas encore trouvé de critère qualitatif permettant de les séparer. On peut donc supposer que la majeure partie du zirconium utilisé jusquici et au sujet duquel des effets ont été constatés dans lorganisme humain renfermait entre 0,5 et 2% de hafnium.
Le zircon est apprécié depuis des temps reculés comme gem-me, car il se présente assez souvent sous la forme de grands cristaux isolés; quant aux variétés de minerais ayant une importance industrielle, on les rencontre surtout dans les sables de plage ou dans dautres terrains où les composés du zirconium, relativement lourds et chimiquement inertes, se sont déposés, tandis que les constituants plus légers des roches dont ils étaient issus étaient désintégrés et entraînés par laction de leau. Il existe des sables de plage particulièrement riches en dépôts de zirconium en Inde, en Malaisie, en Australie et aux Etats-Unis. Les premiers gisements exploitables de baddeleyite ont été découverts au Brésil; on en a trouvé par la suite dans dautres pays, notamment en Suède, en Inde et en Italie. Certains minerais de zirconium ont également fait lobjet dune exploitation industrielle à Madagascar, au Nigéria, au Sénégal et en Afrique du Sud.
Le zircon est employé comme sable de fonderie, comme abrasif et comme composant des produits réfractaires à base de zircon ou de zircone pour les creusets de laboratoire. En céramique, cest un opacifiant des émaux et des glaçures. Les briques en zircon ou en zircone sont utilisées pour le revêtement des fours à verre. La zircone sert également à réaliser des filières pour lextrusion des métaux ferreux et non ferreux et comme revêtement des goulottes pour la coulée des métaux, notamment avec les procédés continus.
Plus de 90% du zirconium métal sont utilisés actuellement dans les centrales nucléaires, car le zirconium a une faible section efficace dabsorption des neutrons et une résistance élevée à la corrosion à lintérieur des réacteurs atomiques, à condition dêtre exempt de hafnium. Le zirconium est également utilisé dans la production de fonte et dacier et dans des instruments chirurgicaux. Il entre dans la fabrication des lampes à arc, des articles pyrotechniques, des flux de soudage spéciaux et, comme pigment, dans les matières plastiques.
Le zirconium métallique en poudre est utilisé comme dégazeur dans les tubes électroniques pour parfaire le vide en absorbant les dernières traces de gaz après pompage et dégazage. Sous la forme de minces rubans ou de mousse, il sert dans les flashs photographiques. Le métal massif est utilisé dans lindustrie chimique, sous forme élémentaire ou alliée, pour le revêtement des cuves des réacteurs, des pompes et des tuyauteries. Un excellent alliage supraconducteur de zirconium et de niobium a été employé pour réaliser un aimant dont linduction magnétique atteignait 6,7 T.
Le carbure de zirconium et le diborure de zirconium sont tous deux des composés métalliques durs, réfractaires, qui ont été utilisés pour la fabrication doutils de coupe pour métaux. Le diborure a également servi denveloppe de thermocouple dans les fours à sole, où il a permis de réaliser des thermocouples dune remarquable durabilité. Le tétrachlorure de zirconium est employé en synthèse organique et comme agent hydrofuge dans les textiles; cest également un agent de tannage.
Le hafnium métal a été utilisé pour plaquer des pièces en tantale dans les moteurs de fusées appelés à fonctionner à des températures très élevées en milieu érosif. Il sert également à réaliser des barres de commande pour réacteurs nucléaires en raison de la valeur élevée de sa section efficace dabsorption des neutrons thermiques. Le hafnium est également employé dans la fabrication délectrodes et de filaments pour lampes à incandescence.
Il est inexact daffirmer que les composés du zirconium sont physiologiquement inertes, mais il est vrai que la tolérance de la plupart des organismes au zirconium paraît élevée si on la compare à leur tolérance vis-à-vis de la majorité des métaux lourds. Les sels de zirconium ont été employés dans le traitement de lintoxication par le plutonium pour déplacer le plutonium (et lyttrium) déposés dans le squelette ou pour en prévenir le dépôt lorsque le traitement était entrepris suffisamment tôt. On a trouvé que la nourriture des rats pouvait contenir jusquà 20% doxyde de zirconium pendant des périodes relativement longues sans quil en résulte deffets nocifs, et que la DL50 intraveineuse du citrate de zirconium sodique chez le rat était denviron 171 mg/kg de poids corporel. Dautres chercheurs ont déterminé chez le rat une DL50 intrapéritonéale de 670 mg/kg pour le lactate de zirconium et de 420 mg/kg pour le zirconate de baryum et, chez la souris, de 51 mg/kg pour le lactate de zirconium sodique.
On a préconisé lemploi de composés du zirconium pour le traitement local de la dermatose due au sumac vénéneux (Rhus toxicodendron) et dans les déodorants. Parmi ces composés, on peut citer la zircone hydratée carbonatée, la zircone hydratée et le lactate de zirconium sodique. On connaît un certain nombre de cas où ces applications ont donné lieu à des affections granulomateuses persistantes de la peau.
Les effets de linhalation des composés du zirconium, plus directement liés aux expositions professionnelles, ont été moins étudiés que les autres voies de pénétration. Plusieurs expériences ont cependant été réalisées, et on a fait état dun cas dexposition chez un ingénieur chimiste qui avait travaillé sept ans dans une usine de traitement du zirconium et du hafnium et qui présentait une affection granulomateuse des poumons. Comme aucun des autres employés navait révélé de lésions comparables à lexamen, on en avait conclu que cette affection était très probablement due à une assez forte exposition au béryllium antérieure à lexposition au zirconium.
Les expériences animales sur les composés du zirconium ont montré que le lactate de zirconium et le zirconate de baryum produisaient tous deux de graves pneumonites interstitielles chroniques et persistantes lorsque la concentration de zirconium dans latmosphère atteignait environ 5 mg/m3. On a constaté aussi que, dans le cas du lactate de zirconium sodique, des concentrations atmosphériques nettement plus fortes (0,049 mg/cm3) produisaient, lors dexpositions de plus courte durée, des abcès péribronchiques, des granulomes péribronchiolaires et des pneumonies lobulaires. Les données sur la pneumoconiose provoquée par le zirconium chez lhomme sont peu nombreuses, mais on dispose dau moins une étude dans laquelle les auteurs estiment que le zirconium devrait être considéré comme étant susceptible de provoquer une pneumoconiose, et recommandent de prendre les précautions appropriées.
Les quelques études qui ont été faites sur les composés du hafnium révèlent une toxicité aiguë légèrement supérieure à celle des sels de zirconium. Le hafnium et ses composés provoquent des lésions hépatiques. Le chlorure de hafnyle concentré à 10 mg/kg a produit sur un chat un collapsus cardio-vasculaire et un arrêt respiratoire identiques aux accidents provoqués par les sels de zirconium solubles; la DL50 intrapéritonéale du hafnium (112 mg/kg) est à peine inférieure à celle du zirconium.
Incendie et explosion . Les poudres fines de zirconium métallique brûlent dans lair, lazote et le dioxyde de carbone. Elles sont explosives dans lair dans une plage allant de 45 à 300 mg/litre, et senflamment spontanément lorsquon les déplace, probablement à cause de lélectricité statique créée par la séparation des grains.
Les composés métalliques pulvérulents devraient être transportés et manipulés à létat humide; pour leur mouillage, on emploiera généralement de leau. Dans les procédés où la poudre est séchée avant sa mise en uvre, on nutilisera que les quantités minimales requises et les opérations se feront dans des cabines isolées pour éviter quune explosion puisse se propager. Toutes les sources dinflammation, y compris les charges délectricité statique, devraient être éliminées ou écartées. Les surfaces des locaux de travail devraient être imperméables et lisses de manière à pouvoir être lavées à leau et débarrassées de toute poussière dangereuse. En cas de déversement accidentel de poudre, la zone sera immédiatement lavée à leau de manière à empêcher que la poudre ne sèche sur place. Les papiers et les tissus contaminés par de la poudre devraient être conservés à létat humide dans des récipients fermés avant dêtre brûlés; ils devraient être incinérés au moins une fois par jour. On devrait éviter de toucher aux poudres sèches; si cest impossible, on devrait se servir dantiétincelants. Les tabliers de caoutchouc ou de matière plastique, portés par-dessus les vêtements de travail, devraient être traités à laide dun produit antistatique. Le port de vêtements faits de fibres synthétiques non traitées devrait être interdit.
Tous les procédés qui mettent en uvre du zirconium ou du hafnium devraient être conçus et ventilés de manière à maintenir la contamination atmosphérique en deçà des limites dexposition.
Nom chimique |
Formule moléculaire |
Risques physiques et chimiques |
Classification ONU/ risques subsidiaires |
Aluminate de sodium |
Base forte, réagit violemment avec les acides et est corrosive. La solution dans l’eau est une base forte qui réagit violemment avec les acides et est corrosive vis-à-vis de l’aluminium et du zinc |
8 |
|
Chlorure d’aluminium |
AlCl3 |
8 |
|
Chlorure de diéthyl-aluminium |
AlClC4H10 |
4.2 |
|
Dichlorure d’éthyl-aluminium |
AlCl2C2H5 |
4.2 |
|
Hydroxyde d’aluminium |
AI(OH)3 |
Forme des gels (Al2·3H2O) par contact prolongé avec l’eau; absorbe les acides et le dioxyde de carbone |
|
Nitrate d’aluminium |
Al2(NO3)3 |
5.1 |
|
Phosphure d’aluminium |
AlP |
Réagit avec l’humidité de l’air, l’eau, les acides, dégageant des vapeurs de phosphine très toxiques. Réagit avec l’eau, l’humidité de l’air, les acides, provoquant un risque d’incendie et dégageant des vapeurs toxiques (vapeurs de phosphine) |
4.3/6.1 |
Sesquichlorure d’éthylaluminium |
Al2Cl3C6H15 |
4.2 |
|
Triéthylaluminium |
AlC6H15 |
4.2 |
|
Triisobutylaluminium |
AlC12H27 |
4.2 |
|
Antimoine |
Sb |
Par combustion, forme des vapeurs toxiques (oxydes d’antimoine). Réagit violemment avec les oxydants puissants (par exemple, les halogènes, les permanganates alcalins et les nitrates), provoquant un risque d’incendie et d’explosion. Réagit avec l’hydrogène naissant en milieu acide, produisant un gaz très toxique. Au contact d’acides chauds concentrés, émet un gaz toxique (la stibine) |
6.1 |
Pentachlorure d’antimoine |
SbCl5 |
8 |
|
Pentafluorure d’antimoine |
SbF5 |
3/6.1 |
|
Stibine |
SbH3 |
Se décompose lentement à la température ambiante, produisant de l’antimoine métallique et de l’hydrogène. Réagit violemment avec l’ozone et l’acide nitrique concentré, provoquant un risque d’incendie et d’explosion. Décomposée par chauffage, produit des fumées toxiques d’antimoine. Le gaz est plus lourd que l’air et peut se propager au niveau du sol; une inflammation à distance est possible |
2.3/2.1 |
Tartrate d’antimoine et de potassium |
Sb2K2C8H4 |
6.1 |
|
Trichlorure d’antimoine |
SbCl3 |
8 |
|
Trioxyde d’antimoine |
Sb2O3 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques d’antimoine. Réagit dans certaines conditions avec l’hydrogène, libérant un gaz toxique (la stibine) |
|
Argent |
Ag |
Avec l’acétylène, forme des composés sensibles au choc. Une solution finement divisée d’argent et de peroxyde d’hydrogène fort peut exploser (violente décomposition en oxygène gazeux). Le contact avec l’ammoniac peut entraîner la formation de composés explosifs à l’état sec. Réagit facilement avec l’acide nitrique dilué, l’acide sulfurique concentré à chaud |
|
Nitrate d’argent |
AgNO3 |
Avec l’acétylène, l’alcool, la phosphine et le soufre, forme des composés sensibles au choc. Décomposé par chauffage, produisant des vapeurs toxiques (oxydes d’azote). Puissant comburant, réagit violemment avec des matières combustibles et réductrices. Réagit avec des substances incompatibles telles que l’acétylène, les alcalis, les halogénures et d’autres composés, provoquant un risque d’incendie et d’explosion. Attaque le caoutchouc, certaines matières plastiques et certains revêtements. Exposé à la lumière, se décompose au contact de contaminants organiques |
5.1 |
Arsenic |
As |
Réagit avec les acides, les oxydants, les halogènes. Produit des vapeurs toxiques |
6.1 |
Acide arsénieux, sel (1:1) de cuivre (2+) |
CuAsH3 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques d’arsenic. Réagit avec les acides, libérant des vapeurs toxiques de gaz arsine |
6.1 |
Acide arsénieux, sel de plomb (II) |
PbAs2O4 |
Décomposé par chauffage, produit des fumées très toxiques d’arsenic et de plomb. Réagit avec les oxydants. Réagit violemment avec les acides forts |
|
Acide arsénieux, sel de potassium |
(KH3)xAsO3 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques d’arsenic et d’oxyde de potassium. Réagit avec les acides, libérant du gaz arsine toxique. Se décompose au contact de l’air (si l’atmosphère contient du dioxyde de carbone) et à travers la peau |
6.1 |
Acide arsénique, sel de cuivre |
CuAsOH4 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques d’arsenic avec d’autres composés. Réagit avec les acides en libérant du gaz arsine toxique |
|
Acide arsénique, sel de diammonium |
(NH4)2AsOH4 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques comprenant de l’arsenic, des oxydes d’azote et de l’ammoniac. Réagit avec les acides, produisant des vapeurs toxiques d’arsenic. En présence d’eau, attaque de nombreux métaux, tels que le fer, l’aluminium et le zinc, libérant des vapeurs toxiques d’arsenic et d’arsine |
|
Acide arsénique, sel de magnésium |
MgxAsO3H4 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques d’arsenic. Réagit avec les acides en libérant des vapeurs toxiques d’arsine |
6.1 |
Acide arsénique, sel disodique |
Na2AsOH4 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques d’arsenic. Réagit avec les acides en libérant du gaz arsine toxique. En présence d’eau, attaque de nombreux métaux, tels que le fer, l’aluminium et le zinc, libérant des vapeurs toxiques d’arsenic et d’arsine |
|
Acide arsénique, sel monopotassique |
KAsO2H4 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques d’arsenic. Réagit avec les acides en libérant du gaz arsine toxique. En présence d’eau, attaque de nombreux métaux, tels que le fer, l’aluminium et le zinc, libérant des vapeurs toxiques d’arsenic et d’arsine |
|
Acide méthylarsonique |
AsCH503 |
Décomposé par chauffage ou par combustion, produit des vapeurs toxiques (oxydes d’arsenic). La solution dans l’eau est un acide moyennement fort qui peut réagir avec des substances réductrices, des métaux actifs tels que le fer, l’aluminium et le zinc, produisant des vapeurs toxiques (méthylarsine) |
|
Anhydride arsénieux |
As2O3 |
Puissant réducteur, réagit avec les oxydants. La solution dans l’eau est un acide faible qui peut réagir avec des substances réductrices, produisant un gaz très toxique (arsine). Libère des fumées toxiques par combustion |
6.1 |
Anhydryde arsénique |
As2O5 |
Se décompose à des températures supérieures à 300 °C, produisant des vapeurs toxiques (acide arsénieux) et de l’oxygène. La solution dans l’eau est un acide moyennement fort qui peut réagir avec des substances réductrices produisant un gaz très toxique (arsine). Réagit violemment avec le pentafluorure de brome, provoquant un risque d’incendie et d’explosion. Corrosif vis-à-vis des métaux en présence d’humidité |
6.1 |
Arséniate de calcium |
Ca3As2O8 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques d’arsenic. Réagit avec les acides, libérant du gaz arsine toxique |
6.1 |
Arséniate de disodium |
Na2AsO4H·7H2O |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques (arsenic, oxydes d’arsenic). Réagit violemment avec les oxydants puissants, les acides forts et les métaux tels que le fer, l’aluminium et le zinc, provoquant un risque d’explosion et d’intoxication |
6.1 |
Arséniate de plomb |
PbAsO4H |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques de plomb, d’arsenic et de ses composés, y compris l’arsine |
6.1 |
Arsine |
AsH3 |
Décomposé par chauffage et sous l’action de la lumière et de l’humidité, produit des vapeurs toxiques d’arsenic. Réagit violemment avec les oxydants puissants, le fluor, le chlore, l’acide nitrique, le trichlorure d’azote, provoquant un risque d’incendie et d’explosion. Le gaz est plus lourd que l’air et peut se propager au niveau du sol; une inflammation à distance est possible. Par suite de déplacement, d’agitation, etc., des charges électrostatiques peuvent se former, conductivité non vérifiée |
2.3/2.1 |
Trichlorure d’arsenic |
AsCl3 |
Décomposé par chauffage et sous l’action de la lumière, produit des vapeurs toxiques de chlorure d’hydrogène et d’oxydes d’arsenic. Réagit violemment avec les bases, les oxydants puissants et l’eau, provoquant un risque d’incendie et d’intoxication. Au contact de l’air, émet des vapeurs corrosives de chlorure d’hydrogène. Attaque de nombreux métaux, formant un gaz combustible (hydrogène) en présence d’humidité |
6.1 |
Baryum |
Ba |
Peut s’enflammer spontanément au contact de l’air (sous forme pulvérulente). Puissant agent réducteur, réagit violemment avec les oxydants et les acides. Réagit avec l’eau, formant un gaz combustible (hydrogène) et de l’hydroxyde de baryum. Réagit violemment avec les solvants halogénés, provoquant un risque d’incendie et d’explosion |
4.3 |
Carbonate de baryum |
BaCO3 |
6.1 |
|
Chlorate de baryum |
BaCl2O6 |
Sous l’effet de la chaleur, peut provoquer une violente combustion ou explosion. |
5.1/6.1 |
Chlorure de baryum |
BaCl2 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques |
6.1 |
Chlorure de baryum, dihydraté |
BaCl2·2H2O |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques |
6.1 |
Chromate de baryum (VI) |
BaCrH2O4 |
6.1 |
|
Hydroxyde de baryum |
Ba(OH)2 |
6.1 |
|
Nitrate de baryum |
BaNO3 |
5.1/6.1 |
|
Oxyde de baryum |
BaO |
La solution dans l’eau est fortement basique. Réagit violemment avec l’eau, le sulfure d’hydrogène, l’hydroxylamine et l’anhydride sulfurique, provoquant un risque d’incendie et d’explosion |
6.1 |
Perchlorate de baryum |
BaCl2O8 |
5.1/6.1 |
|
Peroxyde de baryum |
BaO2 |
Peut probablement former des peroxydes explosifs. Comburant puissant, réagit avec les matières combustibles et réductrices. Agent réducteur puissant, réagit avec les oxydants. Réagit avec l’eau et les acides, formant du peroxyde d’hydrogène et de l’oxyde de baryum. Les mélanges avec des substances organiques peuvent s’enflammer ou exploser sous l’effet de chocs, de frottements ou de secousses |
5.1/6.1 |
Sulfate de baryum |
BaSO4 |
Emet des vapeurs toxiques d’oxydes de soufre lorsqu’il est chauffé jusqu’à décomposition. |
6.1 |
Béryllium |
Be |
6.1 |
|
Oxyde de béryllium |
BeO |
6.1 |
|
Cadmium |
Cd |
Réagit avec les acides, libérant de l’hydrogène gazeux inflammable. La poussière réagit avec les oxydants, l’azoture d’hydrogène, le zinc, le sélénium ou le tellure, provoquant un risque d’incendie et d’explosion. Un coup de poussières est possible si la substance est sous forme pulvérulente ou granulaire, en mélange avec l’air |
|
Acétate de cadmium |
Cd(C2H4O2)2 |
6.1 |
|
Chlorure de cadmium |
CdCl2 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs très toxiques de cadmium et de chlore. |
6.1 |
Oxyde de cadmium |
CdO |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques de cadmium. Réagit violemment avec le magnésium par chauffage, provoquant un risque d’incendie et d’explosion. Réagit avec les acides et les oxydants |
6.1 |
Sulfate de cadmium |
CdSO4 |
6.1 |
|
Sulfure de cadmium |
CdS |
Par chauffage, forme des vapeurs toxiques. Réagit avec les oxydants puissants. Réagit avec les acides en formant un gaz toxique (sulfure d’hydrogène). Par combustion, dégage des fumées toxiques |
6.1 |
Chrome |
Cr |
5.1 |
|
Acide chromique |
CrH2O4 |
8 |
|
Chlorure de chromyle |
CrO2Cl2 |
Se décompose violemment au contact de l’eau, produisant des vapeurs toxiques et corrosives (acide chlorhydrique, chlore, trioxyde de chrome et trichlorure de chrome). Oxydant puissant, réagit violemment avec les matières combustibles et réductrices. Réagit violemment avec l’eau, les halogénures non métalliques, les hydrures non métalliques, l’ammoniac et certains solvants usuels tels que l’alcool, l’éther, l’acétone, la térébenthine, provoquant un risque d’incendie et d’explosion. Attaque de nombreux métaux en présence d’eau. Incompatible avec les matières plastiques. Peut enflammer les substances combustibles |
8 |
Dichromate d’ammonium (VI) |
(NH4)2Cr2H2O7 |
5.1 |
|
Trioxyde de chrome |
CrO3 |
5.1 |
|
Cobalt |
Co |
Réagit avec les oxydants puissants (par exemple, le nitrate d’ammonium fondu), provoquant un risque d’incendie et d’explosion. Certaines formes du cobalt métal en poudre peuvent s’enflammer spontanément au contact de l’oxygène ou de l’air (pyrophore). Peut favoriser la décomposition de diverses substances organiques |
|
Chlorure de cobalt |
CoCl2 |
Se décompose par chauffage, produisant des vapeurs toxiques de chlore et de cobalt. Réagit violemment avec les métaux alcalins tels que le potassium ou le sodium, provoquant un risque d’incendie et d’explosion |
|
Naphténate de cobalt |
CoC22H20O4 |
Par chauffage, forme des vapeurs toxiques. Par suite d’écoulement, d’agitation, etc., des charges électrostatiques peuvent se former. Un coup de poussières est possible si la substance est sous forme pulvérulente ou granulaire, en mélange avec l’air |
|
Oxyde de cobalt (III) |
Co2O3 |
Réagit violemment avec le peroxyde d’hydrogène. Réagit avec les agents réducteurs |
|
Cuivre |
Cu |
Forme des composés sensibles au choc avec les composés acétyléniques, les oxydes d’éthylène et les azotures. Réagit avec les oxydants puissants tels que les chlorates, bromates et iodates, provoquant un risque d’explosion |
|
Acétate cuprique |
CuC4H6O4 |
6.1 |
|
Acide naphténique, sel de Cu |
Par combustion, forme des gaz toxiques |
||
Chlorure cuprique |
CuCl2 |
8 |
|
Hydroxyde cuprique |
Cu(OH)2 |
6.1 |
|
Oxyde de cuivre (I) |
Cu2O |
Réagit avec les acides pour former des sels cupriques. Corrode l’aluminium |
|
Chlorure stanneux |
SnCl2 |
Par chauffage, dégage des vapeurs toxiques. Puissant agent réducteur, réagit violemment avec les oxydants. Réagit violemment avec le trifluorure de brome, le sodium et les nitrates |
|
Chlorure stanneux dihydraté |
SnCl2·2H2O |
Puissant agent réducteur, réagit violemment avec les oxydants. Par chauffage, forme des vapeurs toxiques et corrosives. Absorbe l’oxygène de l’air et forme de l’oxychlorure insoluble |
|
Chlorure stannique |
SnCl4 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques. Les vapeurs sont plus lourdes que l’air. Réagit violemment avec l’eau, en formant de l’acide chlorhydrique corrosif et des vapeurs d’oxyde d’étain. Réagit avec la térébenthine. Attaque de nombreux métaux, le caoutchouc, certaines matières plastiques et certains revêtements. Le contact avec l’alcool et les amines peut provoquer un risque d’incendie et d’explosion. Réagit avec l’humidité de l’air pour former de l’acide chlorhydrique |
8 |
Dichlorure de di-N-butylétain |
SnCl2C8H18 |
6.1 |
|
Dilaurate de dibutylétain |
SnC32H64O4 |
6.1 |
|
Fluorure stanneux |
SnF2 |
Réagit avec les acides; des vapeurs de fluorure d’hydrogène peuvent se former. Réagit violemment avec le chlore. Incompatible avec les substances alcalines et les agents oxydants |
|
Oxyde d’étain |
SnO |
Par chauffage à l’air à 300 °C, oxydation en oxyde stannique avec incandescence. S’enflamme dans l’oxyde nitreux à 400 °C et devient incandescent lorsqu’il est chauffé dans le dioxyde de soufre |
|
Oxyde de di-N-dibutylétain |
C8H18SnO |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques d’étain et d’oxydes d’étain. Réagit avec les oxydants. Un coup de poussières est possible si la substance est sous forme pulvérulente ou granulaire, en mélange avec l’air. A l’état sec, peut se charger d’électricité statique par suite de tourbillonnement, transport pneumatique, déversement, etc. |
|
Oxyde stannique |
SnO |
Réagit violemment avec le trifluorure de chlore. Le contact avec le trisulfure d’hydrogène provoque une violente décomposition accompagnée d’inflammation. Violemment réduit par le magnésium par chauffage, avec risque d’incendie et d’explosion |
|
Chlorure ferrique |
FeCl3 |
8 |
|
Fer pentacarbonyle |
C5FeO5 |
6.1/3 |
|
Hydrure de lithium |
LiAlH4 |
4.3 |
|
Magnésium |
Mg |
Peut s’enflammer spontanément au contact de l’air ou de l’humidité, produisant des gaz irritants ou toxiques, dont l’oxyde de magnésium. Réagit violemment avec les oxydants puissants. Réagit violemment avec de nombreuses substances, provoquant un risque d’incendie et d’explosion. Réagit avec les acides ou l’eau, formant de l’hydrogène gazeux inflammable, provoquant un risque d’incendie et d’explosion. Un coup de poussières est possible si la substance est sous forme pulvérulente ou granulaire, en mélange avec l’air |
4.1 |
Chlorure de magnésium |
MgCl2 |
Est décomposé par chauffage lent à 300 °C, produisant du chlore. La dissolution dans l’eau libère une quantité considérable de chaleur |
5.1 |
Nitrate de magnésium |
Mg(NO3)2 |
5.1 |
|
Oxyde de magnésium |
MgO |
Lorsqu’il est exposé à l’air, absorbe facilement l’humidité et le dioxyde de carbone. Réagit vigoureusement avec les halogènes et les acides forts |
|
Phosphure de magnésium |
Mg3P2 |
Réagit avec l’eau, l’humidité de l’air, les acides, produisant des vapeurs très toxiques de phosphine. Réagit avec l’eau, l’humidité de l’air; réagit violemment avec les acides, provoquant un risque d’incendie et d’intoxication (vapeurs de phosphine) |
4.3/6.1 |
Mercure |
Hg |
Réagit violemment avec l’acétylène, le chlore et l’ammoniac. Attaque le cuivre et les alliages de cuivre. |
6.1 |
Acétate mercurique |
HgC4H6O4 |
Décomposé par chauffage ou par exposition à la lumière, produit des vapeurs toxiques de mercure ou d’oxyde mercurique |
6.1 |
Acétate phénylmercurique |
C8H8HgO2 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques de mercure |
6.1 |
Bromure mercurique |
HgBr2 |
6.1 |
|
Chlorure mercureux |
Hg2Cl2 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques de chlore et de mercure ou, par exposition à la lumière solaire, libère du mercure métallique et du chlorure mercurique. Réagit avec les bromures, iodures, sulfates, sulfites, carbonates, chlorures d’alcalis, hydroxydes, cyanures, sels de plomb, sels d’argent, savons, sulfures, sels de cuivre, le peroxyde d’hydrogène, l’eau de chaux, l’iodoforme, l’ammoniac, l’iode |
|
Chlorure mercurique |
HgCl2 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques de mercure et de chlore. Réagit avec les métaux légers. Incompatible avec les formiates, sulfites, hypophosphites, phosphates, sulfures, l’albumine, la gélatine, les alcalis, les sels d’alcaloïdes, l’ammoniac, l’eau de chaux, l’antimoine et l’arsenic, les bromures, le borax, les carbonates, le fer, le cuivre, le plomb, les sels d’argent |
6.1 |
Nitrate mercurique |
Hg(NO3)2 |
Décomposé par chauffage ou par exposition à la lumière, produit des vapeurs toxiques (mercure, oxydes d’azote). Oxydant puissant, réagit violemment avec les matières combustibles et réductrices. Réagit avec l’acétylène, l’alcool, la phosphine et le soufre pour former des composés sensibles au choc. En solution, attaque la plupart des métaux. Réaction vigoureuse avec les hydrocarbures dérivés du pétrole |
6.1 |
Nitrate phénylmercurique |
C6H5HgNO3 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques de mercure et d’autres vapeurs toxiques. Réagit avec les agents réducteurs |
6.1 |
Oxyde mercurique |
HgO |
Décomposé par exposition à la lumière, par chauffage à une température supérieure à 500 °C, par combustion sous l’effet de la lumière, produit des vapeurs très toxiques comprenant du mercure et de l’oxygène, augmentant le risque d’incendie. Par chauffage, forme des vapeurs toxiques. Réagit violemment avec le chlore, le peroxyde d’hydrogène, l’acide hypophosphoreux, l’hydrate d’hydrazine, le magnésium (lorsqu’il est chauffé), le monochlorure de soufre et le trisulfure d’hydrogène. Réagit de manière explosive avec le nitrate d’acétyle, le butadiène, l’éthanol, l’iode (à 35 °C), le chlore, les hydrocarbures, le tétrafluorure de bore, le peroxyde d’hydrogène, les traces d’acide nitrique, les agents réducteurs. Incompatible avec les agents réducteurs |
6.1 |
Sulfate mercurique |
HgSO4 |
Décomposé par chauffage ou par exposition à la lumière, produit des vapeurs toxiques de mercure et d’oxydes de soufre. Réagit avec l’eau, en produisant du sulfate mercurique basique insoluble et de l’acide sulfurique. Réagit violemment avec le chlorure d’hydrogène |
6.1 |
Thiocyanate mercurique |
HgC2N2S2 |
6.1 |
|
Nickel |
Ni |
Réagit avec les oxydants puissants sous forme pulvérulente. Réagit violemment avec la poudre de titane et le perchlorate de potassium et les oxydants tels que le nitrate d’ammonium, provoquant un risque d’incendie et d’explosion. Réagit lentement avec les acides non oxydants, plus rapidement avec les acides oxydants. Des gaz et vapeurs toxiques (tels que le nickel carbonyle) peuvent être libérés dans un incendie impliquant du nickel. Un coup de poussières est possible si la substance est sous forme pulvérulente ou granulaire, en mélange avec l’air |
|
Carbonate de nickel |
Ni2CO3 |
Décomposé par chauffage et au contact des acides, produit du dioxyde de carbone. Réagit violemment avec l’aniline, le sulfure d’hydrogène, les solvants inflammables, l’hydrazine et les métaux en poudre, en particulier le zinc, l’aluminium et le magnésium, provoquant un risque d’incendie et d’explosion |
|
Nickel-carbonyle |
NiC4O4 |
Peut exploser s’il est chauffé à 60 °C. Peut s’enflammer spontanément au contact de l’air. Décomposé par chauffage à 180 °C, au contact des acides, produit du monoxyde de carbone très toxique. Réagit violemment avec les oxydants, les acides et le brome. Réagit violemment avec les oxydants, provoquant un risque d’incendie et d’explosion. S’oxyde à l’air, formant des dépôts qui deviennent peroxydes, provoquant un risque d’incendie. Les vapeurs sont plus lourdes que l’air et peuvent se propager au niveau du sol; une inflammation à distance est possible |
6.1/3 |
Oxyde de nickel (II) |
NiO |
Réagit violemment avec l’iode et le sulfure d’hydrogène, provoquant un risque d’incendie et d’explosion |
|
Sulfate de nickel |
NiSO4 |
Décomposé par chauffage à 848 °C, produit des vapeurs toxiques de trioxyde de soufre et de monoxyde de nickel. La solution dans l’eau est un acide faible |
|
Sulfure de nickel |
Ni3S2 |
Décomposé par chauffage à des températures élevées, produit des oxydes de soufre |
|
Tétroxyde d’osmium |
OsO4 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs d’osmium. Oxydant puissant, réagit avec les matières combustibles et réductrices. Réagit avec l’acide chlorhydrique pour former du chlore gazeux toxique. Forme des composés instables avec les alcalis |
6.1 |
Tétrachlorure de platine |
PtCl4 |
Par combustion, forme des gaz corrosifs tels que le chlore. La substance est décomposée par chauffage ou par combustion, produisant des vapeurs toxiques (chlore). Réagit avec les oxydants puissants |
|
Plomb |
Pb |
Se décompose par chauffage, produit des vapeurs toxiques qui comprennent des oxydes de plomb. Agent réducteur puissant |
|
Acétate de plomb |
PbC4H6O4 |
Se décompose par chauffage et par combustion, produit des vapeurs toxiques et corrosives comprenant du plomb et de l’acide acétique. Réagit violemment avec les bromates, phosphates, carbonates et phénols. Réagit avec les acides, produisant de l’acide acétique corrosif |
6.1 |
Acide naphténique, sel de Pb |
Par combustion, forme des vapeurs toxiques comprenant de l’oxyde de plomb |
||
Chromate de plomb |
PbCrO4 |
Se décompose par chauffage, produit des vapeurs toxiques comprenant des oxydes de plomb. Réagit avec les oxydants puissants, le peroxyde d’hydrogène, le sodium et le potassium. Réagit avec le dinitronaphtalène d’aluminium, l’hexacyanoferrate (IV) de fer (III). Réagit avec les composés organiques à température élevée, provoquant un risque d’incendie |
|
Dioxyde de plomb |
PbO2 |
5.1 |
|
Nitrate de plomb |
Pb(NO3)2 |
5.1/6.1 |
|
Oxyde de plomb (II) |
PbO |
Réagit violemment avec les oxydants puissants, la poudre d’aluminium et le sodium. Par chauffage, forme des vapeurs toxiques de composés du plomb |
|
Tétraéthylplomb |
PbC8H20 |
Décomposé par chauffage à une température supérieure à 110 °C et sous l’effet de la lumière, produit des vapeurs toxiques: monoxyde de carbone, plomb. Réagit violemment avec les oxydants puissants, les acides, les halogènes, les huiles et les graisses, provoquant un risque d’incendie et d’explosion. |
6.1 |
Tétraméthylplomb |
PbC4H12 |
6.1 |
|
Sélénium |
Se |
Par chauffage, des fumées toxiques se dégagent. Réagit violemment avec les oxydants et les acides forts. Réagit avec l’eau à 50 °C en formant de l’acide sélénieux et de l’hydrogène inflammables. Réagit avec incandescence à un chauffage modéré avec du phosphore et des métaux tels que le nickel, le zinc, le sodium, le potassium et le platine |
6.1 |
Acide sélénieux |
SeH2O3 |
Décomposé par chauffage, avec dégagement d’eau et de fumées toxiques d’oxydes de sélénium. Réagit par contact avec les acides, produisant du séléniure d’hydrogène gazeux toxique. |
|
Acide sélénieux, sel disodique |
Na2SeO3 |
Au contact avec des surfaces chaudes ou des flammes, se décompose en formant des gaz toxiques. |
6.1 |
Dioxyde de sélénium |
SeO2 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs de sélénium toxiques. La solution dans l’eau est fortement acide (acide sélénieux). Réagit avec de nombreuses substances, en dégageant des vapeurs toxiques (sélénium). Attaque de nombreux métaux en présence d’eau |
|
Hexafluorure de sélénium |
SeF6 |
Est décomposé par chauffage, produisant des vapeurs toxiques et corrosives comprenant du fluorure d’hydrogène, du fluor et du sélénium |
2.3/8 |
Oxychlorure de sélénium |
SeOCl2 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques de chlore et de sélénium. |
3/6.1 |
Séléniure d’hydrogène |
SeH2 |
Décomposé par chauffage au-dessus de 100 °C, produit des substances toxiques et inflammables, comprenant du sélénium et de l’hydrogène. Puissant agent réducteur, réagit violemment avec les oxydants, provoquant un risque d’incendie et d’explosion. Par contact avec l’air, émet des vapeurs toxiques et corrosives de dioxyde de sélénium. Le gaz est plus lourd que l’air et peut se propager au niveau du sol; l’inflammation à distance est possible |
2.3/2.1 |
Trioxyde de sélénium |
SeO3 |
Décomposé par chauffage, produit des vapeurs toxiques de sélénium. |
|
Chromate de strontium |
SrCrH2O4 |
Se décompose par combustion, produit des vapeurs toxiques. Réagit violemment avec l’hydrazine. Incompatible avec les matières combustibles, organiques ou autres facilement oxydables, telles que le papier, le bois, le soufre, l’aluminium, les matières plastiques |
|
Tellure |
Te |
Par chauffage, dégage des vapeurs toxiques. Réagit vigoureusement avec les halogènes ou interhalogènes, provoquant un risque d’incendie. Réagit avec le zinc avec incandescence. Le siliciure de lithium attaque le tellure, avec incandescence |
6.1 |
Hexafluorure de tellure |
TeF6 |
2.3/8 |
|
Thallium |
Tl |
Réagit violemment avec le fluor. Réagit avec les halogènes à température ambiante. Incompatible avec les acides forts, les oxydants puissants et l’oxygène. Forme des composés toxiques par contact avec l’humidité |
6.1 |
Sulfate thalleux |
Tl2 (SO4)3 |
Décomposé par chauffage, produisant des vapeurs très toxiques de thallium et d’oxydes de soufre |
6.1 |
Thorium |
Th |
7 |
|
Tétrachlorure de titane |
TiCl4 |
8 |
|
Trichlorure de titane |
TiCl3 |
8 |
|
Pentoxyde de vanadium |
V2O5 |
Par chauffage, forme des vapeurs toxiques. Agit comme catalyseur dans des réactions d’oxydation |
6.1 |
Tétrachlorure de vanadium |
VCl4 |
8 |
|
Trichlorure de vanadyle |
VOCl3 |
8 |
|
Trioxyde de vanadium |
V2O3 |
S’enflamme par chauffage à l’air. Est décomposé par chauffage ou par combustion, libérant des vapeurs irritantes et toxiques (oxydes de vanadium) |
6.1 |
Zinc |
Zn |
4.3/4.2 |
|
Chlorure de zinc |
ZnCl2 |
8 |
|
Nitrate de zinc |
Zn(NO3)2 |
1.5 |
|
Phosphure de zinc |
Zn3P2 |
Décomposé par chauffage et au contact des acides ou de l’eau, produit des vapeurs toxiques et inflammables d’oxydes de phosphore et de zinc et de la phosphine. Réagit violemment avec les oxydants puissants, provoquant un risque d’incendie |
4.3/6.1 |
Stéarate de zinc |
ZnC36H70O4 |
Est décomposé par chauffage, produit une fumée âcre et des vapeurs d’oxyde de zinc. |
Les données concernant les risques physiques et chimiques sont adaptées de la série des fiches chimiques internationales de sécurité publiées par le Programme international sur la sécurité des substances chimiques (PISSC), programme de coopération entre l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation internationale du Travail (OIT) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).
Les données concernant la classification des risques sont tirées des Recommandations relatives au transport des matières dangereuses. Règlement type , 11e édition, adoptées par le Comité d’experts des Nations Unies en matière de transport des matières dangereuses et publiées par l’Organisation des Nations Unies (ONU, 1999).
Dans la classification des risques par l’ONU, on utilise les codes suivants: 1.5 = substances très insensibles qui présentent un risque d’explosion de masse; 2.1 = gaz inflammable; 2.3 = gaz toxique; 3 = liquide inflammable; 4.1 = solide inflammable; 4.2 = substance susceptible de combustion spontanée; 4.3 = substance qui, au contact de l’eau, émet des gaz inflammables; 5.1 = substance comburante; 6.1 = substance toxique; 7 = substance radioactive; 8 = substance corrosive.
Nom chimique |
Exposition de courte durée |
Exposition de longue durée |
Modes d’exposition |
Symptômes |
Organes cibles, voies de pénétration |
Symptômes |
Phosphure d’aluminium |
Yeux; peau; voies respiratoires |
|
Inhalation |
Douleurs abdominales, sensations de brûlure, toux, étourdissements, hébétude, céphalées, respiration laborieuse, nausées, mal de gorge |
|
|
Antimoine |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons; cur |
Peau; poumons; voies respiratoires |
Inhalation |
Toux, fièvre, essoufflement, vomissements, voies respiratoires supérieures douloureuses; voir ingestion |
Système respiratoire; SCV; peau; yeux |
Irritation oculaire, peau, nez, gorge, bouche; toux; étourdissements; céphalées; nausées, vomissements, diarrhée; crampes d’estomac; insomnie; anorexie; altération de l’odorat |
Stibine |
Sang; reins; foie; SNC |
|
Inhalation |
Douleurs abdominales, céphalées, nausées, essoufflement, vomissements, faiblesse, pouls faible et irrégulier, hématurie, collapsus |
Sang; foie; reins; système respiratoire |
Céphalées, faiblesse; nausées, douleurs abdominales; douleurs lombaires, hémoglobinurie, hématurie, anémie hémolytique; ictère; irritation pulmonaire |
Trioxyde d’antimoine |
Yeux; peau; voies respiratoires |
Peau; poumons |
Inhalation |
Toux, fièvre, nausées, mal de gorge, vomissements |
|
|
Argent |
|
Yeux; nez; gorge; peau |
|
|
Cloison nasale; peau; yeux |
Yeux bleu-gris, cloison nasale, gorge, peau; irritation, ulcération cutanée; troubles gastro-intestinaux |
Nitrate d’argent |
Yeux; peau; voies respiratoires |
Sang; peau |
Inhalation |
Sensations de brûlure, toux, respiration laborieuse |
|
|
Arsenic |
Yeux; peau; voies respiratoires; foie; reins; tractus gastro-intestinal |
Peau; foie; SNC; cancérogène; peut être toxique pour la reproduction |
Inhalation |
Douleurs thoraciques, douleurs abdominales, toux, céphalées, faiblesse, vertiges |
Foie; reins; peau; poumons; système lymphatique (cancer des poumons et du système lymphatique) |
Ulcération de la cloison nasale, dermatite, troubles gastro-intestinaux, neuropathie périphérique, irritation respiratoire, hyperpigmentation cutanée; cancérogène professionnel potentiel |
Acide arsénieux, sel de plomb (II) |
Yeux; peau; voies respiratoires; SNC; tractus gastro-intestinal; système circulatoire |
Peau; SNP; muqueuses; foie |
Inhalation |
Toux, céphalées, respiration laborieuse, |
|
|
Acide arsénieux, sel de potassium |
Yeux; peau; voies respiratoires; SNC; tractus digestif; système circulatoire |
|
Inhalation |
Toux, céphalées, respiration laborieuse, |
|
|
Acide arsénique, sel de cuivre |
Yeux; voies respiratoires; SNC; tractus digestif |
Peau; SNP; |
Inhalation |
Toux, céphalées, respiration laborieuse, |
|
|
Acide arsénique, sel de diammonium |
Yeux; peau; voies respiratoires; SNC; tractus digestif; système circulatoire |
SNP; peau muqueuses; foie |
Inhalation |
Toux, céphalées, respiration laborieuse, |
|
|
Acide arsénique, sel de magnésium |
Yeux; voies respiratoires; SNC; tractus digestif; système circulatoire |
SNP; peau muqueuses; foie |
Inhalation |
Toux, céphalées, respiration laborieuse, |
|
|
Acide arsénique, sel disodique |
Yeux; peau; voies respiratoires; SNC; tractus digestif; système circulatoire |
SNP; peau muqueuses; foie |
Inhalation |
Toux, céphalées, respiration laborieuse, |
|
|
Acide arsénique, sel mono-potassique |
Yeux; peau; voies respiratoires; muqueuses |
Peau; SNP; muqueuses; foie |
Inhalation |
Toux, céphalées, respiration laborieuse, |
|
|
Acide méthyl-arsonique |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons |
Moelle osseuse; SNP; reins; foie |
Inhalation |
Toux |
Composés organiques de l’arsenic: peau, système respiratoire, reins, SNC, foie, tractus gastro-intestinal, système reproducteur |
Chez les animaux: irritation cutanée, dermatite possible; détresse respiratoire; diarrhée; atteinte rénale; tremblement musculaire, crise; tractus gastro-intestinal possible, effets tératogènes, effets sur la reproduction; atteinte hépatique possible |
Anhydride arsénieux |
Yeux; peau; voies respiratoires; reins; foie; SCV; SNC; système hémato-poïétique |
Poumons; peau; moelle osseuse; SNP; SNC; SCV; cur; reins; foie; cancérogène; peut provoquer des malformations congénitales |
Inhalation |
Toux, étourdissements, céphalées, essoufflement, faiblesse, douleurs thoraciques, les symptômes peuvent être différés; voir ingestion |
|
|
Anhydride arsénieux, sel (1:1) de cuivre (2+) |
Yeux; peau; voies respiratoires.; SNC; tractus digestif; système circulatoire |
Peau; SNP; muqueuses; foie |
Inhalation |
Toux, céphalées, respiration laborieuse, |
|
|
Anhydride arsénique |
Yeux; peau; voies respiratoires; reins; foie; SCV; SNC; sang |
Poumons; peau; moelle osseuse; SCV; SNC; cancérogène; peut être toxique pour la reproduction |
Inhalation |
Toux, céphalées, étourdissements, faiblesse, essoufflement, douleurs thoraciques, les symptômes peuvent être différés; voir ingestion |
|
|
Arséniate de calcium |
Yeux; peau; voies respiratoires; SNC; tractus digestif; système circulatoire |
SNP; peau; muqueuses; foie |
Inhalation |
Toux, céphalées, respiration laborieuse, |
Yeux; système respiratoire; foie; peau; système lymphatique; SNC; (cancer des poumons et du système lymphatique) |
Faiblesse; troubles gastro-intestinaux; neuropathie périphérique, hyperpigmentation cutanée, hyperkératose plantaire palmaire; dermatite; cancérogène professionnel potentiel; chez les animaux: atteinte hépatique |
Arséniate de plomb |
Intestins; SCV |
Peau; SNC; tractus gastro-intestinal; foie; reins; sang; cancérogène; peut avoir des effets toxiques sur la reproduction |
Inhalation |
Crampes abdominales, diarrhée, céphalées, nausées, vomissements, oppression thoracique, constipation, excitation, désorientation |
|
|
Arséniate de sodium |
Yeux; peau; voies respiratoires; tractus digestif; cur; foie; reins; SNC |
Peau; SNC; SCV; sang; foie; cancérogène |
Inhalation |
Toux, céphalées, mal de gorge; voir ingestion |
|
|
Arsine |
Poumons; sang; reins |
|
Inhalation |
Douleurs abdominales, confusion, étourdissements, céphalées, nausées, essoufflement, vomissements, faiblesse |
Sang; reins; foie (cancer des poumons et du système lymphatique) |
Céphalées, malaise, faiblesse, étourdissements; dyspnée; douleurs abdominales, dorsalgies; nausées, vomissements, peau bronzée; hématurie; jaunisse; neuropathie périphérique, liquide: gelure; cancérogène professionnel potentiel |
Trichlorure d’arsenic |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons; SCV; SNC; tractus gastro-intestinal |
Muqueuses; peau; foie; reins; SNP |
Inhalation |
Corrosif, toux, respiration laborieuse; voir ingestion |
|
|
Baryum |
Yeux; peau; voies respiratoires |
|
Inhalation |
Toux, mal de gorge |
|
|
Chlorate de baryum |
Yeux; peau; voies respiratoires; divers tissus et organes |
Tissus et organes |
Inhalation |
Douleurs abdominales, crampes abdominales, sensations de brûlure, nausées, vomissements, faiblesse, paralysie |
|
|
Chlorure de baryum |
Yeux; peau; voies respiratoires; SNC; muscles |
|
Inhalation |
Crampes abdominales, perte de connaissance |
Cur; SNC; peau; système respiratoire; yeux |
Irritation oculaire, peau, voies respiratoires supérieures; brûlures de la peau, gastro-entérite; spasmes musculaires; pouls lent, extrasystoles; hypokaliémie |
Chlorure de baryum dihydraté |
Yeux; peau; voies respiratoires; SNC; muscles |
|
Inhalation |
Crampes abdominales, perte de connaissance |
|
|
Oxyde de baryum |
Yeux; peau; voies respiratoires; muscles |
Poumons |
Inhalation |
Toux, essoufflement, mal de gorge |
|
|
Peroxyde de baryum |
|
Peau |
Inhalation |
Toux, nausées, essoufflement, mal de gorge |
|
|
Sulfate de baryum |
|
Poumons |
Inhalation |
Toux |
Yeux; système respiratoire |
Irritation oculaire, nez, voies respiratoires supérieures; pneumoconiose bénigne (barytose) |
Cadmium |
Yeux; voies respiratoires; poumons |
Poumons; reins |
Inhalation |
Toux, céphalées, les symptômes peuvent être différés |
Système respiratoire; reins; prostate; sang (cancer de la prostate et des poumons) |
dème pulmonaire, dyspnée, toux, oppression thoracique, douleurs substernales; céphalées; frissons, douleurs musculaires; nausées, vomissements, diarrhée; anosmie, emphysème, protéinurie, anémie légère; cancérogène professionnel potentiel |
Chlorure de cadmium |
Voies respiratoires; tractus digestif; poumons |
Poumons; reins; squelette; cancérogène probable |
Inhalation |
Toux, respiration laborieuse, les symptômes peuvent être différés |
|
|
Oxyde de cadmium |
Voies respiratoires; tractus digestif; poumons |
Poumons; reins; cancérogène |
Inhalation |
Toux, respiration laborieuse, essoufflement, les symptômes peuvent être différés |
Système respiratoire; reins; sang; (cancer de la prostate et des poumons) |
dème pulmonaire, dyspnée, toux, oppression thoracique, douleurs substernales; céphalées; frissons, douleurs musculaires; nausées, vomissements, diarrhée; anosmie, emphysème, protéinurie, anémie légère; cancérogène professionnel potentiel |
Sulfure de cadmium |
|
Poumons; reins; cancérogène |
|
|
|
|
Chrome |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons; reins |
Peau; asthme; larynx; poumons |
Yeux |
Irritation |
Système respiratoire; peau; yeux |
Irritation oculaire, peau; fibrose pulmonaire (histologique) |
Chlorure de chromyle |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons; corrosif par ingestion |
Peau; asthme; cancérogène probable |
Inhalation |
Toux, respiration laborieuse, essoufflement, mal de gorge |
Yeux; peau; système respiratoire (cancer des poumons) |
Irritation oculaire, peau, voies respiratoires supérieures; yeux, brûlures de la peau |
Chromate de plomb |
Voies respiratoires; peut causer une perforation de la cloison nasale |
Peau; l’inhalation peut provoquer de l’asthme; poumons |
Inhalation |
Toux, céphalées, respiration laborieuse, nausées, goût métallique |
|
|
Cobalt |
|
Peau; voies respiratoires; poumons; cur |
Inhalation |
Toux, respiration laborieuse, essoufflement |
Système respiratoire; peau |
Toux, dyspnée, respiration sifflante, fonction pulmonaire diminuée; perte de poids; dermatite; fibrose nodulaire diffuse; hypersensibilité respiratoire, asthme |
Chlorure de cobalt |
Yeux; peau; voies respiratoires |
Peau; voies respiratoires; cur |
Inhalation |
Toux, respiration laborieuse, essoufflement |
|
|
Naphténate de cobalt |
Yeux; voies respiratoires |
Peau |
Inhalation |
Toux, mal de gorge |
|
|
Oxyde de cobalt (III) |
Yeux; peau; voies respiratoires |
Peau; peut causer de l’asthme; poumons; cancérogène possible |
Inhalation |
Toux, respiration laborieuse, essoufflement |
|
|
Cuivre |
Yeux |
Peau; poumons |
Inhalation |
Toux, céphalées, essoufflement, mal de gorge |
Yeux; système respiratoire; peau; foie; reins (risque accru en cas de maladie de Wilson) |
Irritation oculaire, nez, pharynx; perforation nasale; goût métallique; dermatite; chez les animaux: atteintes pulmonaire, hépatique, rénale; anémie |
Oxyde de cuivre (I) |
Yeux; voies respiratoires |
|
Inhalation |
Toux, goût métallique, fièvre des fondeurs |
|
|
Chlorure stanneux |
Yeux; peau; voies respiratoires; SNC; sang |
Foie |
Inhalation |
Toux, essoufflement |
|
|
Chlorure stanneux dihydraté |
Yeux; peau; voies respiratoires; SNC; sang |
Foie |
Inhalation |
Toux, essoufflement |
|
|
Chlorure stannique |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons |
Peau |
Inhalation |
Sensations de brûlure, toux, respiration laborieuse, essoufflement, mal de gorge |
|
|
Fluorure stanneux |
Peau; voies respiratoires; yeux |
Dents; squelette |
Inhalation |
Toux |
|
|
Oxyde d’étain |
Voies respiratoires |
Poumons |
Inhalation |
Toux |
Système respiratoire |
Stannose (pneumoconiose bénigne); dyspnée, fonction pulmonaire diminuée |
Oxyde de Di-N-dibutylétain |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons |
Peau; SNP; foie; vésicule biliaire; système lymphatique |
Inhalation |
Céphalées, acouphènes, pertes de mémoire, désorientation |
|
|
Oxyde stannique |
Voies respiratoires |
Poumons |
Inhalation |
Toux |
Système respiratoire |
Stannose (pneumoconiose bénigne); dyspnée, fonction pulmonaire diminuée |
Magnésium |
|
|
Inhalation |
Toux, respiration laborieuse |
|
|
Chlorure de magnésium |
Yeux; voies respiratoires |
|
Inhalation |
Toux |
|
|
Oxyde de magnésium |
Yeux; nez |
|
Inhalation |
Toux |
Yeux; système respiratoire |
Irritation oculaire, nez; fièvre des fondeurs, toux, douleurs thoraciques, fièvre pseudogrippale |
Phosphure de magnésium |
Yeux; peau; voies respiratoires |
|
Inhalation |
Douleurs abdominales, sensations de brûlure, toux, étourdissements, hébétude, céphalées, respiration laborieuse, nausées, mal de gorge |
|
|
Sulfate de manganèse |
Yeux; peau; voies respiratoires |
Poumons; SNC; foie; reins; testicules |
Inhalation |
Sensations de brûlure, toux, respiration laborieuse |
|
|
Mercure |
Yeux; peau; poumons; SNC |
SNC; système nerveux; reins |
Inhalation |
Irritation pulmonaire, toux |
Peau; système respiratoire; SNC; reins; yeux |
Irritation oculaire, peau; toux, douleurs thoraciques, dyspnée, broncho-pneumonie; tremblements, insomnie, irritation, indécision, céphalées, fatigue, faiblesse; stomatite, salivation; troubles gastro-intestinaux, anorexie, perte de poids; protéinurie |
Acétate mercurique |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons; reins |
Peau; reins |
Inhalation |
Toux, céphalées, respiration laborieuse, essoufflement, mal de gorge, les symptômes peuvent être différés; voir ingestion |
|
|
Acétate phényl-mercurique |
Yeux; peau; voies respiratoires; reins |
Peau; SNC; effets toxiques éventuels sur la reproduction chez l’humain |
Inhalation |
Toux, respiration laborieuse, mal de gorge, les symptômes peuvent être différés |
|
|
Chlorure mercureux |
Yeux |
Reins |
Yeux |
Rougeur |
|
|
Chlorure mercurique |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons; reins |
Peau; reins |
Inhalation |
Sensations de brûlure, toux, respiration laborieuse, essoufflement, mal de gorge, les symptômes peuvent être différés; voir ingestion |
|
|
Composés organoalkylés du mercure |
|
|
|
|
Yeux; peau; SNC; SNP; reins |
Paresthésie; ataxie, dysarthrie; troubles de la vision, troubles de l’audition, spasticité, trémoussement des membres; étourdissements; salivation; larmoiement; nausées, vomissements, diarrhée, constipation; brûlures de la peau; troubles émotionnels; lésions rénales; effets tératogènes possibles |
Nitrate mercurique |
Peau; voies respiratoires; yeux; reins |
Reins |
Inhalation |
Toux, céphalées, respiration laborieuse, essoufflement, mal de gorge |
|
|
Nitrate phényl-mercurique |
Yeux; peau; voies respiratoires; reins |
Peau; SNC; effets toxiques éventuels sur la reproduction chez l’humain |
Inhalation |
Toux, respiration laborieuse, mal de gorge, les symptômes peuvent être différés |
|
|
Oxyde mercurique |
Yeux; peau; voies respiratoires |
Peau; reins; SNC |
Inhalation |
Toux |
|
|
Sulfate mercurique |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons; tractus gastro-intestinal; corrosif en cas d’ingestion |
Reins |
Inhalation |
Sensations de brûlure, toux, respiration laborieuse, essoufflement, faiblesse, les symptômes peuvent être différés; voir ingestion |
|
|
Nickel |
Yeux; voies respiratoires |
Peau; l’inhalation peut causer de l’asthme; peut affecter la conjonctive; cancérogène possible |
|
|
Cavités nasales; poumons; peau (cancer des poumons et du nez) |
Sensibilisation cutanée, asthme allergique, pneumopathie inflammatoire; cancérogène professionnel potentiel |
Carbonate de nickel |
Yeux; voies respiratoires |
Peau; cancérogène; asthme |
Inhalation |
Toux |
|
|
Nickel carbonyle |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons; SNC |
Cancérogène possible; peut provoquer des malformations chez l’enfant |
Inhalation |
Douleurs abdominales, peau bleue, toux, étourdissements, céphalées, nausées, essoufflement, vomissements, les symptômes peuvent être différés |
Poumons; sinus paranasal; SNC; système reproducteur (cancer des poumons et du nez) |
Céphalées, vertige; nausées, vomissements, douleurs épigastriques; douleurs substernales; toux, hyperpnée; cyanose; faiblesse; leucoytose; pneumopathie inflammatoire; delirium; convulsions; cancérogène professionnel potentiel; chez les animaux: effets sur la reproduction, effets tératogènes |
Oxyde de nickel (II) |
Yeux; voies respiratoires |
Peau; l’inhalation peut causer de l’asthme; cancérogène |
Inhalation |
Toux |
|
|
Sulfate de nickel |
Yeux; peau; voies respiratoires; tractus gastro-intestinal; SNC |
Peau; asthme; cancérogène possiblel |
Inhalation |
Toux, mal de gorge |
|
|
Sulfure de nickel |
Yeux; peau; voies respiratoires |
Peau; cancérogène possible |
Inhalation |
Toux, mal de gorge |
|
|
Tétroxyde d’osmium |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons |
Peau; reins |
Inhalation |
Toux, céphalées, respiration sifflante, essoufflement, troubles de la vision, les symptômes peuvent être différés |
Yeux; système respiratoire; peau Inhalation; ingestion; contact |
Irritation oculaire, système respiratoire; larmoiement, troubles de la vision; conjonctivite; céphalées; toux, dyspnée; dermatite |
Tétrachlorure de platine |
Yeux; peau; voies respiratoires |
|
Inhalation |
Sensations de brûlure, toux |
Yeux; peau; système respiratoire Inhalation; ingestion; contact |
Irritation oculaire, nez; toux; dyspnée, respiration sifflante, cyanose; dermatite, sensibilisation cutanée; lymphocytose |
Plomb |
|
Système nerveux; reins; peut nuire à la fertilité; peut retarder le développement du nouveau-né |
Inhalation |
Céphalées, nausées, spasmes abdominaux |
Yeux; tractus gastro-intestinal; SNC; reins; sang; tissu gingival |
Faiblesse, lassitude, insomnie; pâleur faciale; pâleur des yeux, anorexie, perte de poids, malnutrition; constipation, douleurs abdominales, coliques; anémie; liseré de Burton; tremblements; paralysie du poignet, des chevilles; encéphalopathie; affection rénale; irritation oculaire; hypotension |
Acétate de plomb |
Yeux; peau; voies respiratoires; sang; SNC; reins |
Sang; moelle osseuse; SCV; reins; SNC |
Inhalation |
Céphalées, chroniques mais non décrites comme aiguës; voir ingestion |
|
|
Oxyde de plomb (II) |
|
SNC; reins; sang |
|
|
|
|
Tétraéthylplomb |
Yeux; peau; voies respiratoires; SNC |
Peau; SNC; peut causer une atteinte génétique; peut avoir des effets toxiques sur la reproduction |
Inhalation |
Convulsions, étourdissements, céphalées, perte de connaissance, vomissements, faiblesse |
SNC; SCV; reins; yeux |
Insomnie, lassitude, anxiété; tremblements, hyperréflexie, spasticité; bradycardie, hypotension, hypothermie, pâleur, nausées, anorexie, perte de poids; confusion, désorientation, hallucinations, psychose, manies, convulsions, coma; irritation oculaire |
Sélénium |
Poumons |
Peau; voies respiratoires; tractus gastro-intestinal; téguments |
Inhalation |
Irritation du nez, toux, étourdissements, céphalées, respiration laborieuse, nausées, mal de gorge, vomissements, faiblesse, les symptômes peuvent être différés |
Système respiratoire; yeux; peau; foie; reins; sang; rate |
Irritation oculaire, peau, nez, gorge; troubles de la vision; céphalées; frissons, fièvre, dyspnée, bronchite; goût métallique, haleine alliacée, troubles gastro-intestinaux; dermatite, yeux, brûlures de la peau; chez les animaux: anémie; nécrose hépatique, cirrhose; atteintes hépatique, splénique |
Acide sélénieux |
Yeux; peau; voies respiratoires |
Peau |
Inhalation |
Sensations de brûlure, toux, respiration laborieuse, mal de gorge |
|
|
Acide sélénieux, sel disodique |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons; foie; reins; cur; SNC; tractus gastro-intestinal |
Dents; squelette; sang |
Inhalation |
Crampes abdominales, diarrhée, étourdissements, céphalées, alopécie, respiration laborieuse, nausées, vomissements, les symptômes peuvent être différés |
|
|
Dioxyde de sélénium |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons |
Peau |
Inhalation |
Sensations de brûlure, toux, respiration laborieuse, mal de gorge |
|
|
Hexafluorure de sélénium |
Voies respiratoires; poumons |
Peau; SNC; foie; reins |
Inhalation |
Corrosif, toux, céphalées, nausées, essoufflement, mal de gorge |
Système respiratoire |
Chez les animaux: irritation pulmonaire, dème |
Oxychlorure de sélénium |
Yeux; peau; voies respiratoires; poumons |
Peau |
Inhalation |
Sensations de brûlure, toux, respiration laborieuse, mal de gorge |
|
|
Séléniure d’hydrogène |
Yeux; voies respiratoires; poumons |
Peau; foie; rate; reins |
Inhalation |
Sensations de brûlure, toux, respiration laborieuse, nausées, mal de gorge, faiblesse |
Système respiratoire; yeux; foie |
Irritation oculaire, nez, gorge; nausées, vomissements, diarrhée; goût métallique, haleine alliacée; étourdissements, lassitude, fatigue; liquide: gelures; chez les animaux: pneumopathie inflammatoire; atteinte hépatique |
Trioxyde de sélénium |
Yeux; peau; voies respiratoires |
Peau; poumons |
Inhalation |
Sensations de brûlure, toux, respiration laborieuse, mal de gorge |
|
|
Chromate de strontium |
Yeux; peau; voies respiratoires; reins; foie |
Peau; poumons; sang; foie; reins; cerveau; leucocytes et érythrocytes; foie; reins; cancérogène |
Inhalation |
Toux, enrouement |
|
|
Tellure |
Voies respiratoires; SNC |
Peut provoquer des malforma-tions chez le nouveau-né humain |
Inhalation |
Somnolence, céphalées, haleine alliacée, nausées |
Peau; SNC; sang |
Haleine alliacée, sudation; bouche sèche, goût métallique; somnolence; anorexie, nausées, absence de sudation; dermatite; chez les animaux: SNC, effets sur les érythrocytes |
Sulfate thalleux |
Yeux; peau; SNC; SCV; reins; tractus gastro-intestinal |
|
Inhalation |
Voir ingestion Peut être absorbé, rougeur; voir ingestion Rougeur, douleur Douleurs abdominales, convulsions, diarrhée, céphalées, vomissements, faiblesse, delirium, tachycardie |
|
|
Thallium métal |
Système nerveux |
Yeux; foie; poumons; peut provoquer des malformations congénitales |
Inhalation |
Nausées, vomissements, alopécie, coliques abdominales, douleurs dans les jambes et le thorax, nervosité, irritabilité |
Yeux; SNC; poumons; foie; reins; tractus gastro-intestinal; système pileux; système respiratoire |
Nausées, diarrhée, douleurs abdominales, vomissements; ptose, strabisme; névrite périphérique, tremblements; oppression rétrosternale, douleurs thoraciques, dème pulmonaire; attaque, chorée, psychose; atteintes hépatique, rénale; alopécie; paresthésie des jambes |
Dioxyde de titane |
Yeux; poumons |
Poumons |
Inhalation |
Toux |
Système respiratoire (chez les animaux: tumeurs pulmonaires) |
Fibrose pulmonaire; cancérogène professionnel potentiel |
Pentoxyde de vanadium |
Yeux; voies respiratoires; poumons |
Peau; poumons; langue |
Inhalation |
Sensations de brûlure, toux, essoufflement |
Système respiratoire; peau; yeux |
Irritation oculaire, peau, gorge; langue verte, goût métallique, eczéma; toux; râles, respiration sifflante, bronchite, dyspnée |
Trioxyde de vanadium |
Yeux; peau; voies respiratoires |
Voies respiratoires; peut affecter les fonctions hépatique et cardiaque |
Inhalation |
Ecoulement nasal, éternuements, toux, diarrhée, respiration laborieuse, mal de gorge, faiblesse, douleurs thoraciques, langue verte à noire |
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Chromate de zinc |
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Peau; voies respiratoires |
Inhalation |
Toux |
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Phosphure de zinc |
Voies respiratoires; poumons; foie; reins; cur; SNC |
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Inhalation |
Toux, diarrhée, céphalées, fatigue, nausées, vomissements |
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Les données d'exposition de courte et de longue durée sont adaptées de la série des fiches chimiques internationales de sécurité publiées par le Programme international sur la sécurité des substances chimiques (PISSC) (voir les observations figurant à la fin du tableau 63.2). Les abréviations utilisées sont: SNC = système nerveux central; SCV = système cardio-vasculaire; SNP = système nerveux périphérique.
Les autres données sont adaptées du NIOSH Guide to Chemical Hazards (NIOSH, 1994).