*Une bonne partie des informations contenues dans le présent chapitre ont été reprises du recueil de directives pratiques du Bureau international du Travail (BIT) intitulé Sécurité dans lutilisation des produits chimiques au travail (BIT, 1993). Ce recueil fournit des directives pour lapplication de la convention (no 170) et de la recommandation (no 177) de lOrganisation internationale du Travail (OIT) sur les produits chimiques, 1990. Il a pour objet de guider les personnes et les organismes chargés délaborer des règles pour lutilisation des produits chimiques au travail tels que les autorités compétentes, les cadres dirigeants des entreprises qui fournissent ou mette en uvre des produits chimiques et les services de secours durgence dont le rôle comprend également la diffusion de conseils à lintention des fournisseurs de produits chimiques et des organisations demployeurs et de travailleurs. Le recueil établit des normes minimales et nest nullement censé dissuader les autorités compétentes dadopter des normes plus contraignantes. Pour plus d'informations sur les produits chimiques eux-mêmes et leurs familles, on se référera à l'Aide-mémoire des produits chimiques, dans le volume IV de la présente Encyclopédie.
Le recueil de directives pratiques du BIT intitulé Sécurité dans lutilisation des produits chimiques au travail a pour objet (paragr. 1.1.1) de protéger les travailleurs contre les dangers des produits chimiques et de prévenir les maladies et lésions professionnelles imputables à lutilisation de ces produits au travail, ou den réduire lincidence et, par conséquent, de renforcer la protection du public et de lenvironnement en présentant des directives visant:
Le chapitre 2 du même recueil énonce dans leurs grandes lignes les obligations, responsabilités et devoirs dordre général de lautorité compétente, des employeurs et des travailleurs. Il expose également les responsabilités générales des fournisseurs ainsi que les droits des travailleurs et formule des directives relatives aux dispositions spéciales que lemployeur devrait prendre en matière de protection des informations à caractère confidentiel. Les recommandations finales portent sur la nécessité dune coopération étroite entre les employeurs, les travailleurs et leurs représentants.
Il incombe à lorganisme gouvernemental compétent, compte tenu des conditions et de la pratique nationales et en consultation avec les organisations les plus représentatives demployeurs et de travailleurs intéressées, de formuler une politique de sécurité cohérente pour lutilisation des produits chimiques au travail. Les dispositions et la pratique nationales devraient être comparées avec les réglementations, normes et systèmes internationaux, ainsi quavec les mesures et pratiques recommandées dans le présent recueil de directives pratiques, la convention (no 170), 1990, et la recommandation (no 177), 1990, de lOIT.
Les principales mesures qui concernent la sécurité des travailleurs visent en particulier:
Lautorité compétente dispose de différents moyens pour atteindre ce but. Elle peut prendre des dispositions par voie législative ou réglementaire, adopter, approuver ou reconnaître des normes, codes ou directives pratiques ou, en leur absence, inciter un organisme compétent à en adopter. Elle peut également exiger des employeurs quils justifient les critères quils appliquent.
Selon le recueil de directives pratiques (paragr. 2.2.1), les employeurs devraient consigner par écrit la politique et les dispositions en matière de sécurité dans lutilisation des produits chimiques quils ont adoptées dans le cadre de leur politique et de leurs mesures générales, ainsi que les responsabilités exercées en vertu desdites dispositions, conformément aux objectifs et aux principes de la convention (no 155) et de la recommandation (no 164) sur la sécurité et la santé des travailleurs, 1981. Ces informations devraient être portées à la connaissance des travailleurs dans une langue quils puissent comprendre aisément.
Les travailleurs, de leur côté, devraient, dans toute la mesure possible et conformément à la formation et aux instructions quils ont reçues de leur employeur, prendre soin de leur propre santé et de leur propre sécurité, ainsi que de la santé et de la sécurité des autres personnes susceptibles dêtre affectées par leurs actes ou omissions au travail (paragr. 2.3.2).
Tout fournisseur de produits chimiques, quil sagisse dun fabricant, dun importateur ou dun distributeur, devrait sassurer, conformément aux principes directeurs énoncés dans les paragraphes pertinents du recueil et en application des dispositions de la convention no 170 et de la recommandation no 177:
Le recueil de directives pratiques énonce quelques principes généraux concernant les mesures de contrôle opérationnel au travail. Ils sont traités au chapitre 6 qui prévoit quaprès avoir passé en revue les produits utilisés au travail, obtenu des renseignements sur leurs dangers et procédé à lévaluation des risques quils peuvent présenter, les employeurs devraient prendre des mesures pour limiter lexposition des travailleurs à des produits chimiques dangereux (en se fondant sur les mesures énoncées aux sections 6.4 à 6.9 du recueil), afin de protéger les travailleurs contre les risques dus à lutilisation des produits chimiques au travail. Les mesures prises devraient éliminer les risques ou les réduire au minimum, de préférence en remplaçant les produits dangereux par dautres, sans danger ou moins dangereux, ou par le choix dune meilleure technologie . Si cela se révèle impossible, dautres mesures, telles que les systèmes et pratiques de travail sûrs, les équipements de protection individuelle, la fourniture dinformations et la formation contribueront à réduire encore les risques, et on peut avoir à y recourir dans le cas de certaines activités comportant lutilisation de produits chimiques.
Lorsque des travailleurs sont potentiellement exposés à des produits chimiques dangereux pour la santé, ils devraient être protégés contre le risque de lésion ou de maladie imputable à ces produits. Il ne devrait pas y avoir dexposition au-delà des limites dexposition ou dautres critères dexposition établis pour lévaluation et la surveillance du milieu de travail par lautorité compétente, ou par un organisme approuvé ou reconnu par elle, conformément aux normes nationales ou internationales.
Les mesures propres à assurer la protection des travailleurs pourraient consister en une combinaison de ce qui suit:
Les produits chimiques connus pour avoir des effets cancérogènes, mutagènes ou tératogènes devraient être maintenus sous un contrôle strict.
La tenue de registres est un élément essentiel des pratiques de travail offrant une sécurité dans lutilisation des produits chimiques. Lemployeur devrait consigner les résultats des mesurages de la concentration des produits chimiques dangereux. Les données enregistrées devraient indiquer clairement la date des mesurages, la zone de travail et lemplacement des installations. On trouvera ci-après quelques dispositions de la section 12.4 du recueil de directives pratiques concernant la tenue de registres:
Outre les résultats numériques des mesurages, les données recueillies lors des contrôles devraient notamment comprendre:
Les registres devraient être conservés pendant la période pres-crite par lautorité compétente. Si celle-ci na pas fixé de durée, il est recommandé à lemployeur de conserver les registres, ou un résumé approprié:
Des instructions correctes et une formation de qualité sont des éléments essentiels dun programme de communication efficace en matière de risques. Le recueil de directives pratiques énonce les principes généraux suivants de la formation (sections 10.1 et 10.2):
Létendue de la formation et des instructions à donner devrait être réexaminée et rectifiée à loccasion du réexamen des procédures et pratiques de travail mentionné à la section 8.2 du recueil (Réexamen des systèmes et pratiques de travail).
Le réexamen devrait tendre:
Une politique de sécurité systématique exige la diffusion efficace, vers les utilisateurs de produits chimiques, des informations provenant des fournisseurs au sujet des risques potentiels et des mesures de prévention appropriées. Répondant à la demande pour un programme dinformations écrites sur les risques, le recueil de directives pratiques du BIT intitulé Sécurité dans lutilisation des produits chimiques au travail (BIT, 1993) stipule que tout fournisseur de produits chimiques devrait fournir aux employeurs toutes informations essentielles sur les produits chimiques dangereux sous forme de fiches de données de sécurité. Ces fiches (FDS) devraient décrire les risques liés au produit considéré et fournir des instructions pour sa manipulation, son utilisation et son stockage sans danger. Les FDS sont préparées par le fabricant ou limportateur du produit. Le fabricant devrait remettre des FDS aux distributeurs et aux autres clients lors du premier achat dun produit dangereux et en cas de modification de la FDS. Les distributeurs de produits chimiques dangereux, quant à eux, sont tenus de fournir automatiquement des FDS à leurs clients. Selon le recueil de directives pratiques du BIT, les travailleurs et leurs représentants peuvent exiger une FDS et des informations écrites sous une forme et dans une langue quil leur est facile de comprendre. Etant donné quune partie des informations nécessaires peut être destinée à des spécialistes, lemployeur peut avoir à fournir des précisions. La FDS ne représente quune des sources dinformation sur le produit; il est préférable dès lors de lutiliser conjointement avec des bulletins techniques, des étiquettes, une formation et dautres moyens de communication. Les grandes lignes des exigences auxquelles devrait satisfaire un programme de communication écrite sur les risques figurent dans au moins trois directives internationales dimportance: la norme de communication sur les risques, publiée par lAdministration de la sécurité et de la santé au travail (Occupational Safety and Health Administration (OSHA)) des Etats-Unis, le Système dinformation sur les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT) du Canada et la directive 91/155/CEE de la Commission économique européenne (CEE, 1991). Ces trois directives définissent les critères délaboration dune FDS complète. Les différentes rubriques de la fiche renseigneront sur lidentification du produit, son fournisseur, sa classification, les risques quil entraîne, les précautions et les mesures durgence quil appelle. Lanalyse ci-après décrit en détail le type dinformations requises telles quelles figurent dans le recueil de directives pratiques du BIT, mentionné ci-dessus. Ce recueil nest certes pas destiné à remplacer les lois, réglementations ou normes nationales, mais ses recommandations pratiques sont destinées à tous ceux qui ont une responsabilité pour lutilisation sans danger des produits chimiques au travail. La description ci-après du contenu dune fiche de données de sécurité figure dans le paragraphe 5.3 dudit recueil: Les fiches de données de sécurité relatives aux produits chimiques dangereux devraient comporter des informations sur lidentité du produit, son fournisseur, sa classification, les dangers quil présente, les précautions de sécurité et les procédures durgence à adopter. Les informations figurant sur les fiches devraient être celles qui ont été spécifiées par lautorité compétente dont relève lemployeur, ou par un organisme agréé ou reconnu par ladite autorité. Des détails sur la nature des renseignements à fournir sont indiqués ci-après. a) Identification du produit chimique et de la société Le nom devrait être le même que celui qui est utilisé sur létiquette du produit chimique dangereux, lequel peut être le nom courant du produit ou une dénomination commerciale communément employée. Dautres dénominations peuvent être ajoutées si elles contribuent à lidentification. Le nom complet, ladresse et le numéro de téléphone du fournisseur devraient être indiqués. Un numéro de téléphone à appeler en cas durgence devrait aussi figurer sur la fiche. Ce numéro peut être soit celui de la société elle-même, soit celui dun organisme consultatif agréé, pour autant que la liaison téléphonique avec lun ou lautre correspondant puisse être établie à tout moment. b) Informations sur les composants (composition) Les informations devraient permettre aux employeurs didentifier clairement les dangers associés à un produit chimique particulier, de façon quils puissent procéder à lévaluation des risques, comme il est indiqué à la section 6.2 du recueil (Procédures dévaluation). Normalement, la composition intégrale devrait être communiquée, mais cela peut ne pas être nécessaire sil est possible dévaluer convenablement les dangers. Sauf si le nom ou la concentration dun composant dans un mélange constitue une information confidentielle qui peut être omise conformément aux dispositions de la section 2.6, les indications suivantes devraient être fournies:
c) Identification des dangers Les dangers les plus importants, y compris les dangers les plus graves pour la santé, lintégrité physique et lenvironnement, devraient être indiqués dune façon claire et concise pour pouvoir être lus au premier coup dil en cas durgence. Ces informations devraient être compatibles avec les renseignements figurant sur létiquette. d) Premiers secours Les mesures de premiers secours et dauto-assistance devraient être soigneusement expliquées. Les situations dans lesquelles des soins médicaux immédiats simposent devraient être décrites avec lindication des mesures à prendre. Dans les cas appropriés, la nécessité de prévoir des dispositions particulières pour un traitement spécifique immédiat devrait être soulignée. e) Mesures à prendre en cas dincendie Les moyens indispensables de lutte contre un incendie impliquant un produit chimique devraient être indiqués, par exemple:
Des informations devraient également être fournies sur les propriétés du produit chimique en cas de feu et sur les risques particuliers que fait courir lexposition aux produits de combustion, ainsi que les précautions à prendre. f) Mesures à prendre en cas de dégagements ou de déversements accidentels Des renseignements devraient également être donnés en ce qui concerne les mesures à prendre en cas de fuite accidentelle du produit chimique, et notamment:
g) Manipulation et stockage Des informations devraient être fournies au sujet des conditions recommandées par le fournisseur pour la sécurité du stockage et des manipulations, y compris:
h) Contrôle de lexposition et protection individuelle Des informations devraient être fournies sur la nécessité dun équipement de protection individuelle lors de lutilisation dun produit chimique et sur le type déquipement qui assure une protection adéquate et suffisante. Le cas échéant, il faudrait rappeler que ce sont la conception et linstallation des matériels ainsi que les autres mesures techniques qui constituent lessentiel de la prévention, et des renseignements devraient être fournis sur les pratiques propres à réduire au minimum lexposition des travailleurs. Les paramètres spécifiques de surveillance tels que les limites dexposition ou les limites biologiques devraient être indiqués, en même temps que les méthodes de surveillance recommandées. i) Propriétés physiques et chimiques Une brève description de laspect du produit chimique précisant sil sagit dun solide, dun liquide ou dun gaz, sa couleur et son odeur devrait être donnée. Certaines caractéristiques et propriétés, lorsquelles sont connues, seraient à préciser ainsi que la nature des tests permettant de les déterminer. Ces tests devraient être conformes à la législation et aux critères nationaux applicables au lieu de travail de lemployeur. En labsence de législation ou de critères nationaux, les critères des tests du pays exportateur devraient servir de référence. Labondance des informations fournies devrait être adaptée à lutilisation du produit chimique. Quant aux autres données utiles, il y a lieu de retenir les suivantes:
j) Stabilité et réactivité La possibilité de réactions dangereuses dans certaines conditions devrait être signalée. Les conditions à proscrire devraient être indiquées, notamment:
En cas démission de produits de décomposition dangereux, ceux-ci devraient être spécifiés avec lindication des précautions nécessaires. k) Données toxicologiques Dans cette section devraient figurer des informations sur les effets exercés sur lorganisme et sur les voies possibles de pénétration. Elles feront état des effets aigus, immédiats ou tardifs, et des effets chroniques résultant dune exposition de courte ou de longue durée. Mention devrait être faite aussi des dangers pour la santé découlant dune éventuelle réaction avec dautres produits chimiques, y compris toutes interactions connues, résultant, par exemple, de labsorption de médicaments, de lusage du tabac ou de la consommation dalcool. l) Données écologiques Les caractéristiques les plus importantes susceptibles davoir un effet sur le milieu devraient être décrites. Les renseignements à fournir à ce sujet dépendront de la législation et de la pratique nationales sappliquant au lieu de travail de lemployeur. Les informations qui devraient normalement être fournies sont, selon les cas, les voies possibles de dispersion du produit à prendre en considération, la persistance du produit et sa dégradabilité, son potentiel daccumulation biologique et sa toxicité aquatique, ainsi que dautres données en rapport avec lécotoxicité, par exemple les effets sur les installations de traitement des eaux. m) Données sur lélimination du produit Des méthodes sûres délimination du produit chimique et des emballages contaminés, qui peuvent contenir des résidus de produits dangereux, devraient être indiquées. Il conviendrait de rappeler à lemployeur quil peut exister des législations ou des pratiques nationales en la matière. n) Informations sur le transport Des informations devraient être fournies sur les précautions spéciales que lemployeur devrait connaître ou prendre pour le transport du produit chimique dans ses locaux ou au dehors. Les indications figurant à ce sujet dans les Recommandations des Nations Unies relatives au transport des marchandises dangereuses et dans dautres instruments internationaux peuvent aussi être fournies. o) Informations sur la réglementation Les informations requises pour le marquage et létiquetage du produit chimique devraient figurer ici. La législation ou les pratiques nationales spécifiques applicables à lutilisateur devraient être signalées. Il conviendrait de rappeler aux employeurs quils doivent senquérir de ce que requièrent la législation et la pratique nationales. p) Autres informations Toute autre information importante pour la santé et la sécurité des travailleurs devrait être consignée. Des exemples en sont les conseils en matière de formation, les usages et les restrictions recommandés, les références, les sources de données de base pour lélaboration de la fiche de données de sécurité, le point de contact auquel sadresser pour des avis techniques, ainsi que la date de mise en circulation de la fiche de données. |
Les systèmes de classification et détiquetage, selon les dangers, sont inclus dans la législation portant sur la sécurité dans la production, le transport, lutilisation et lélimination des produits chimiques. Ces classifications sont destinées à assurer un transfert systématique et intelligible de linformation sanitaire. Il nexiste quun nombre limité de systèmes de classification et détiquetage de grande ampleur aux niveaux national, régional et international. Les critères de classement et les définitions de ces critères quappliquent ces systèmes varient par leur nombre, les échelles de degré de danger, la terminologie, les méthodes dessai ainsi que par la méthode de classement des mélanges de produits chimiques. La mise en place dune structure internationale chargée dharmoniser les systèmes de classification et détiquetage des produits chimiques aurait un effet positif sur le commerce de ces produits, léchange dinformations les concernant, le coût de lévaluation et de la gestion des risques qui leur sont liés et, en définitive, sur la protection des travailleurs, de la population et de lenvironnement.
La base principale de la classification des produits chimiques est lévaluation des niveaux dexposition et de limpact sur lenvironnement (eau, air et sol). La moitié environ des systèmes internationaux comportent des critères relatifs au volume de production dun produit chimique ou aux effets des rejets de polluants. Les critères les plus largement retenus sont les valeurs de la dose létale moyenne (DL50) et de la concentration létale moyenne (CL50). Ces valeurs sont évaluées sur des animaux de laboratoire selon trois voies principales dadministration orale, dermique et inhalation pour une exposition unique. Les DL50 et CL50 sont évaluées chez la même espèce animale et à laide des mêmes voies dexposition. La République de Corée prend également en compte la DL50 obtenue par administration par voie intraveineuse ou intradermique. En Suisse et en Yougoslavie, la législation sur la gestion des produits chimiques exige des critères quantitatifs pour la DL50 obtenue après administration orale et prévoit la possibilité de classifications différentes des dangers selon la voie dexposition.
Il existe en outre des différences dans la définition des niveaux de danger comparables. Alors que le système de la Communauté européenne (CE) utilise une échelle de toxicité aiguë à trois niveaux («très toxique», «toxique» et «nocif»), la norme dinformation sur les dangers de lAdministration de la sécurité et de la santé au travail (Occupational Safety and Health Administration (OSHA)), aux Etats-Unis, en retient deux («fortement toxique» et «toxique»). La plupart des classifications comportent trois catégories (Organisation des Nations Unies (ONU), Banque mondiale, Organisation maritime internationale (OMI), CE et autres) ou quatre (ancien Conseil dassistance économique mutuelle (CAEM), Fédération de Russie, Chine, Mexique et Yougoslavie).
Lanalyse ci-après des systèmes de classification et détiquetage existants porte sur les principaux systèmes déjà éprouvés. Il ny a pas dévaluation des dangers des pesticides dans les classements généraux des produits chimiques, mais il y en a dans la classification de lOrganisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture/Organisation mondiale de la santé (FAO/OMS), ainsi que dans différentes législations nationales (Bangladesh, Bulgarie, Chine, République de Corée, Pologne, Fédération de Russie, Sri Lanka, Venezuela et Zimbabwe, par exemple).
Lencadré reprend les recommandations figurant au chapitre 3 du recueil de directives pratiques du Bureau international du Travail (BIT), Sécurité dans lutilisation des produits chimiques au travail, en ce qui concerne les critères et les méthodes de classification des produits chimiques.
3.1. Dispositions générales3.1.1. Lautorité compétente, ou un organisme agréé ou reconnu par elle, devrait établir des systèmes et des critères spécifiques pour la classification dun produit dans la catégorie des produits chimiques dangereux et élargir progressivement ces systèmes et leur application. Les critères de classification existants, établis par dautres autorités compétentes ou par voie daccord international, peuvent être suivis sils sont compatibles avec les critères et les méthodes exposés dans le présent recueil et cette pratique est à encourager lorsquelle peut contribuer à luniformité des mesures prises. Dans les cas appropriés, les résultats des travaux du Groupe de travail international PNUE/OIT/OMS pour lharmonisation des systèmes de classification des produits chimiques, créé dans le cadre du Programme international sur la sécurité des substances chimiques (PISSC), devraient être pris en considération. Les responsabilités et le rôle des autorités compétentes concernant les systèmes de classification sont indiqués aux paragraphes 2.1.8 (critères et prescriptions), 2.1.9 (liste consolidée) et 2.1.10 (évaluation des nouveaux produits chimiques). 3.1.2. Les fournisseurs devraient veiller à ce que les produits chimiques quils fournissent aient été classés, ou à ce quils aient été identifiés, et leurs propriétés évaluées (voir les paragraphes 2.4.3 (évaluation) et 2.4.4 (classification)). 3.1.3. A moins den être exemptés, les fabricants ou les importateurs devraient fournir à lautorité compétente des informations sur les éléments et les composés chimiques qui ne sont pas encore inscrits sur la liste consolidée dressée par lautorité compétente avant que ceux-ci ne soient utilisés au travail (voir le paragraphe 2.1.10 (évaluation des nouveaux produits chimiques)). 3.1.4. Les quantités restreintes dun nouveau produit chimique requises aux fins de recherche et de développement peuvent être fabriquées et manipulées en laboratoire et en installation pilote et transportées entre les laboratoires et linstallation pilote avant que tous les dangers de ce produit ne soient connus, conformément à la législation nationale. Toutes les informations que peut receler la littérature ou dont lemployeur a connaissance par lexpérience quil a acquise de produits chimiques et dapplications similaires devraient être pleinement prises en compte, et des mesures de protection adéquates devraient être appliquées comme si le produit était dangereux. Linformation concernant le danger réel du produit devrait être communiquée aux travailleurs concernés aussitôt quelle est connue. 3.2. Critères de classification3.2.1. Les critères de classification des produits chimiques devraient se fonder sur leurs dangers intrinsèques pour la santé et lintégrité physique, notamment:
3.3. Méthodes de classification3.3.1. La classification des produits chimiques devrait se fonder sur les informations disponibles, à savoir par exemple:
les informations résultant des activités dévaluation du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), du Programme international PNUE/OIT/OMS sur la sécurité des substances chimiques, des Communautés européennes et de diverses institutions nationales et internationales, ainsi que les informations pouvant être obtenues auprès de systèmes tels que le Registre international des substances chimiques potentiellement toxiques (RISCPT) du PNUE. 3.3.2. Certains systèmes de classification en usage peuvent se limiter à des catégories particulières de produits chimiques. Cest le cas, par exemple, de la Recommended classification of pesticides by hazard and guidelines to classification 1996-1997 de lOMS1, où les pesticides sont classés uniquement daprès leur degré de toxicité, et notamment selon les risques deffets aigus sur la santé quils présentent. Les employeurs et les travailleurs devraient être conscients des limitations de tels systèmes. Ceux-ci peuvent compléter utilement un système dapplication plus générale. 3.3.3. Les mélanges de produits chimiques devraient être classés par référence aux dangers quils présentent en tant que mélanges. Ils ne devraient être classés daprès les dangers intrinsèques de leurs composants chimiques que sils nont pas été testés en tant que mélanges. 1 Publiée en anglais seulement. Source: BIT, 1993 (chap. 3). |
Les classifications établies pour le transport, qui sont largement appliquées, servent de base aux dispositions qui régissent létiquetage, lemballage et le transport des marchandises dangereuses. Parmi ces classifications, il faut mentionner les Recommandations relatives au transport des marchandises dangereuses de lONU, le Code maritime international des marchandises dangereuses, mis au point par lOMI, la classification établie par le Groupe mixte dexperts OMI/FAO/UNESCO-COI/OMM/OMS/AIEA/ONU/PNUEch argé détudier les aspects scientifiques de la protection du milieu marin (GESAMP) pour les produits chimiques dangereux transportés par voie maritime, ainsi que les classifications nationales relatives au transport. Dune façon générale, les classifications nationales sont conformes à celles de lONU, de lOMI et des autres classifications établies dans le cadre daccords internationaux sur le transport des marchandises dangereuses par air, rail, route et navigation intérieure, harmonisées avec le système des Nations Unies.
Les Recommandations des Nations Unies relatives au transport des marchandises dangereuses constituent un système global largement accepté qui fournit un cadre aux règlements applicables au transport intermodal, international et régional. Elles servent de plus en plus de base aux réglementations nationales du transport intérieur. Elles sont assez générales en ce qui concerne des sujets tels que la notification, lidentification et linformation sur les dangers. Leur portée a été limitée aux substances dangereuses transportées en colis; elles ne sappliquent pas aux produits chimiques dangereux exposés ou transportés en vrac. A lorigine, lobjectif était déviter que des marchandises dangereuses ne provoquent des lésions aiguës chez les travailleurs ou le public, ou nendommagent dautres marchandises ou les moyens de transport utilisés (aéronef, navire, wagon de chemin de fer ou véhicule routier). Le système a depuis été étendu à lamiante et aux substances dangereuses pour lenvironnement.
Ces recommandations mettent principalement laccent sur linformation sur les dangers au moyen détiquettes portant une combinaison de symboles graphiques, de couleurs, de mises en garde et de codes de classement. Elles fournissent également des données clés pour les équipes dintervention en cas durgence. Elles visent la protection des travailleurs des transports tels que les équipages des aéronefs, des navires, des trains et des véhicules routiers. Dans de nombreux pays, ces recommandations ont été incorporées à la législation portant sur la protection des dockers. Certaines parties du système, telles que les recommandations relatives aux explosifs, ont été adaptées aux réglementations régionales et nationales pour le lieu de travail, englobant généralement la fabrication et le stockage. Dautres organisations de lONU soccupant de transport ont adopté ces recommandations. Les systèmes de classification pour le transport des marchandises dangereuses dans des pays comme lAustralie, le Canada, lInde, la Jordanie, le Koweït, la Malaisie et le Royaume-Uni sont conformes pour lessentiel aux grands principes de ces recommandations.
La classification des Nations Unies répartit les produits chimiques en neuf classes de danger:
Lemballage des marchandises en vue du transport, domaine abordé dans les Recommandations, nest pas traité de façon aussi détaillée dans les autres systèmes. A lappui des Recommandations, des organisations telles que lOMI et lOrganisation de laviation civile internationale (OACI) ont de très importants programmes de formation des dockers et des personnels des aéroports portant sur la reconnaissance des informations fournies par létiquetage et les normes demballage.
LOMI, mandatée par la Conférence internationale pour la sauvegarde de la vie en mer, 1960 (SOLAS), a élaboré le Code maritime international des marchandises dangereuses (IMDG) qui complète les obligations du chapitre VII (Transport des marchandises dangereuses) de la SOLAS 1974 et celles de lAnnexe III de la convention internationale de 1973 pour la prévention de la pollution par les navires, telle que modifiée par le protocole de 1978 y relatif (MARPOL 73/78). Le code IMDG a été élaboré et actualisé pendant plus de 30 ans en étroite coopération avec le Comité dexperts des Nations Unies en matière de transport des marchandises dangereuses; il est appliqué par 50 membres de lOMI représentant 85% du tonnage marchand mondial.
Lharmonisation du code IMDG avec les Recommandations de lONU assure la compatibilité avec les règles nationales et internationales applicables au transport des marchandises dangereuses par dautres modes dans la mesure où ces autres règles modales sont également fondées sur les recommandations du Comité dexperts , cest-à-dire les instructions techniques pour la sécurité du transport aérien des marchandises dangereuses établies par lOACI, le Règlement européen relatif au transport international des marchandises dangereuses par route (ADR) et le Règlement européen relatif au transport international ferroviaire des marchandises dangereuses (RID).
En 1991, la dix-septième Assemblée de lOMI a adopté une résolution sur la coordination des travaux concernant les marchandises et substances dangereuses, invitant instamment, entre autres, les organismes de lONU et les gouvernements à coordonner leurs efforts pour assurer la compatibilité de toutes les législations portant sur les produits chimiques, les marchandises et substances dangereuses avec les règles internationales en vigueur pour le transport.
Les annexes de la convention définissent 47 catégories de déchets, y compris les déchets domestiques. Bien que la classification des dangers soit analogue à celle des Recommandations de lONU, il existe une différence notable du fait que trois catégories ont été ajoutées, précisant la nature des déchets toxiques: toxicité chronique, libération de gaz toxiques par suite de linteraction des déchets avec lair ou leau, et capacité des déchets à produire des matières toxiques secondaires après leur élimination.
Les systèmes nationaux de classification se rapportant à lévaluation des dangers des pesticides sont assez complets en raison de lutilisation très répandue de ces produits et des dommages potentiels à long terme quils peuvent causer à lenvironnement. Ces systèmes peuvent comporter de deux à cinq classes de dangers. Les critères reposent sur les doses létales moyennes selon différentes voies dexposition. Alors que le Venezuela et la Pologne reconnaissent une seule voie dexposition, à savoir lingestion, lOMS et divers pays considèrent à la fois lingestion et le contact avec la peau.
Les critères dévaluation des dangers des pesticides dans les pays dEurope orientale, à Chypre, au Zimbabwe, en Chine et dans dautres pays sont fondés sur les doses létales moyennes par inhalation. Les critères appliqués en Bulgarie comprennent en outre lirritation cutanée et oculaire, la sensibilisation, la capacité daccumulation, la persistance dans le milieu environnant, les effets blastogéniques et tératogènes, lembryotoxicité, la toxicité aiguë et le traitement médical. De nombreuses classifications des pesticides contiennent également des critères distincts reposant sur les doses létales moyennes pour différents états. Ainsi, ces critères sont généralement plus stricts pour les pesticides liquides que pour les pesticides solides.
Cette classification a été publiée pour la première fois en 1975 par lOMS, puis mise à jour régulièrement par le Programme international sur la sécurité des substances chimiques (PISSC) du Programme des Nations Unies pour lenvironnement (PNUE), de lOrganisation internationale du Travail (OIT) et de lOMS, avec une contribution de la FAO. Elle comprend une catégorie unique de risque ou critère de classement, la toxicité aiguë chez le rat, subdivisée en quatre niveaux fondés sur la DL50 (par voies orale et dermique pour des formes liquides et solides) et allant de extrêmement dangereux à légèrement dangereux. Hormis des considérations dordre général, elle ne fournit pas de règles détiquetage précises. Sa mise à jour en 1996-97 contient des directives pour la classification qui comprend une liste de pesticides et des mesures de sécurité complètes (voir chapitre no 62, «Les composés minéraux et les produits chimiques à usage agricole»).
La classification de lOMS est étayée par un autre document, le Code international de conduite pour la distribution et lutilisation des pesticides de la FAO. Bien quil ne sagisse que dune recommandation, cette classification est très largement appliquée dans les pays en développement, où elle est souvent incluse dans la législation nationale. Pour létiquetage, la FAO a publié les Directives sur les bonnes pratiques détiquetage des pesticides sous la forme dun additif au Code.
Appliquée pendant deux décennies, la directive 67/548/CEE du Conseil des Communautés européennes (CCE, 1967) a harmonisé les législations pertinentes de 12 pays avant de se transformer en un système complet qui comprend un inventaire des produits chimiques existants, une procédure de notification des nouveaux produits chimiques avant leur mise sur le marché, un ensemble de catégories de dangers, des critères de classification pour chaque catégorie, des méthodes dépreuve et un système de signalisation des dangers comprenant un étiquetage avec des phrases codifiées sur les risques et les conseils ainsi que des symboles et indications de danger. Les préparations chimiques (mélanges de produits chimiques) sont régies par la directive 88/379/CEE du Conseil (CCE, 1988). La définition des éléments de la fiche de données de sécurité concernant les produits chimiques est pratiquement identique à celle qui figure dans la recommandation no 177 de lOIT, mentionnée plus haut. Un ensemble de critères de classification et un étiquetage pour les produits chimiques dangereux pour lenvironnement sont proposés. Ces directives réglementent les produits chimiques mis sur le marché en vue de protéger la santé humaine et lenvironnement. Quatorze catégories sont réparties en deux groupes en fonction respectivement des propriétés physico-chimiques (produit explosif, comburant, extrêmement inflammable, hautement inflammable ou inflammable) et toxicologiques (très toxique, toxique, nocif, corrosif, irritant, cancérogène, mutagène, toxique pour la reproduction, propriétés dangereuses pour la santé et lenvironnement).
La Commission des Communautés européennes (CCE) a publié un supplément à ce système, spécialement destiné au lieu de travail. Les mesures concernant les produits chimiques devraient sinscrire dans le cadre global de la protection de la santé et de la sécurité des travailleurs prévu par la directive 89/391/CEE (CCE, 1989).
A lexception de la Suisse, les pays de lAELE suivent dans une large mesure le système de la Communauté européenne.
Ce système a été élaboré sous légide de la Commission permanente pour la coopération dans le domaine de la santé publique du CAEM, qui comprenait la Pologne, la Hongrie, la Bulgarie, lex-URSS, la Mongolie, Cuba, la Roumanie, le Viet Nam et la Tchécoslovaquie. La Chine applique encore un système reposant sur un concept similaire qui comporte deux critères de classification, à savoir la toxicité et le danger, utilisant une échelle à quatre degrés. Le système du CAEM exige en outre lélaboration dun «passeport toxicologique pour les nouveaux composés chimiques susceptibles dêtre introduits dans la vie économique et domestique». Il définit des critères dirritation, deffets allergiques, de sensibilisation, de pouvoir cancérogène, mutagène, tératogène, dantifertilité et de risque écologique. Toutefois, la base scientifique et la méthodologie de test relatives aux critères de classification diffèrent nettement de celles utilisées dans les autres systèmes.
Les dispositions concernant létiquetage et les symboles de signalisation des risques sur le lieu de travail sont également différentes. Le système des Recommandations de lONU est utilisé pour létiquetage des marchandises à transporter, mais il ne semble y avoir aucun lien entre les deux systèmes. Il nexiste pas de recommandations particulières concernant les fiches de données de sécurité pour les produits chimiques. Le système est décrit en détail dans le Registre international des substances chimiques potentiellement toxiques (RISCPT) du PNUE dans le cadre de lEtude internationale des systèmes de classification. Si le système du CAEM contient la plupart des éléments de base des autres systèmes de classification, il diffère sensiblement par sa méthodologie dévaluation des dangers et inclut des normes dexposition parmi ses critères de classification des risques.
LAustralie a adopté une loi et des règlements relatifs aux produits chimiques industriels en 1989 et, en 1992, une loi analogue pour les produits chimiques utilisés en agriculture et en médecine vétérinaire. Le système australien est comparable à celui de la Communauté européenne. Il en diffère essentiellement par le fait quil utilise en plus la classification des Recommandations de lONU pour les catégories des gaz comprimés, des matières radioactives et des matières et objets dangereux divers.
Le système dinformation sur les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT) a été institué en 1988 par des lois fédérales et provinciales qui visent la communication de renseignements concernant les matières dangereuses par les producteurs, les fournisseurs et les importateurs aux employeurs et, par ceux-ci, aux travailleurs. Il sapplique à toutes les activités industrielles et à tous les lieux de travail du pays. Le SIMDUT, qui est un système dinformation visant essentiellement les produits chimiques industriels, comprend trois types dinformations sur les dangers: des étiquettes, des fiches signalétiques de sécurité des produits chimiques et des programmes de formation pour les travailleurs. Le système a bénéficié de lexistence et de la distribution commerciale, dans le monde entier, dune base de données informatisées, aujourdhui disponible sur CD-ROM, contenant plus de 70 000 fiches signalétiques soumises volontairement au Centre canadien dhygiène et de sécurité au travail (CCHST) par les fabricants et les fournisseurs.
Au Japon, le contrôle des produits chimiques est régi principalement par deux lois. La première la loi sur le contrôle des substances chimiques, modifiée en 1987 a pour objet de prévenir la contamination de lenvironnement par des substances chimiques faiblement biodégradables et nocives pour la santé humaine. Elle définit une procédure de notification préalable à la mise sur le marché et trois classes de dangers:
Des mesures de contrôle sont définies et une liste des produits chimiques existants est fournie.
La seconde loi, qui porte sur la santé et la sécurité dans lindustrie, est un système parallèle, avec sa propre liste de substances chimiques spécifiées nécessitant un étiquetage. Ces substances chimiques sont classées en quatre groupes (plomb, tétraalkylplomb, solvants organiques, substances chimiques spécifiées). Les critères de classement sont: 1) la possibilité dune grave détérioration de la santé; 2) la possibilité de détériorations fréquentes de la santé; et 3) une détérioration effective de la santé. Les autres textes législatifs ayant trait au contrôle des produits chimiques dangereux sont la loi sur le contrôle des matières explosives, la loi sur le contrôle des gaz haute pression, la loi sur la prévention des incendies, la loi sur lhygiène des aliments et la loi sur les médicaments, cosmétiques et instruments médicaux.
La norme sur la communication de renseignements concernant des matières dangereuses (Hazard Communication Standard), norme contraignante publiée par lOSHA, est un règlement applicable au lieu de travail qui renvoie à des lois existantes. Son objectif est de veiller à ce que tous les produits chimiques dorigine nationale ou importés soient évalués et à ce que les renseignements se rapportant aux dangers quils comportent soient communiqués aux employeurs et aux travailleurs grâce à un programme détaillé conçu à cette fin. Ce programme comprend létiquetage et dautres formes de mise en garde, des fiches signalétiques de sécurité et la formation. Le contenu minimal des étiquettes et des fiches signalétiques est défini, mais lutilisation de symboles de danger nest pas obligatoire.
Aux termes de la loi réglementant les substances toxiques (Toxic Substances Control Act (TSCA)), administrée par lAgence américaine de protection de lenvironnement (Environmental Protection Agency (EPA)), environ 70 000 produits chimiques existants sont inventoriés. Pour compléter la norme sur la communication de renseignements de lOSHA, lEPA élabore des règlements qui prévoient des obligations similaires dévaluation des dangers et dinformation des travailleurs sur les dangers de ces produits pour lenvironnement. La loi fait également obligation aux fabricants, avant de fabriquer ou dimporter des produits chimiques qui ne sont pas inventoriés, de soumettre à lEPA un préavis de fabrication. Après examen, celle-ci peut imposer des tests ou dautres conditions avant daccorder lautorisation de fabrication. Lorsque de nouveaux produits chimiques sont mis sur le marché, ils sont ajoutés à la liste.
Les étiquettes apposées sur les récipients de produits chimiques dangereux constituent le premier avertissement quune substance chimique est dangereuse; elles devraient fournir des renseignements de base sur les dangers auxquels expose la substance en question, les procédures de manipulation sans danger, les mesures de protection et les premiers secours en cas durgence. Elles devraient également identifier le ou les produits chimiques dangereux ainsi que le nom et ladresse de leur fabricant.
Létiquetage comprend des phrases ainsi que des symboles graphiques et des codes de couleurs apposés directement sur le produit, lemballage ou létiquette. Le marquage devrait être clair, facilement compréhensible et pouvoir résister à des conditions climatiques difficiles. Il devrait être placé sur un fond qui contraste avec la couleur de lemballage ou de la fiche accompagnant le produit. Quant aux fiches de sécurité, elles fournissent des informations plus détaillées sur la nature des risques liés au produit ainsi que des consignes de sécurité appropriées.
Bien quil nexiste pas actuellement dobligations détiquetage harmonisées au niveau mondial, des réglementations internationales, nationales et régionales pour létiquetage des substances dangereuses sont déjà bien établies. Ainsi, on trouve des règles détiquetage dans la loi finlandaise sur les produits chimiques, dans la loi canadienne sur les produits dangereux et dans la directive 67/548 du Conseil des Communautés européennes. Les prescriptions de lUnion européenne, des Etats-Unis et du Canada concernant le contenu minimal de létiquetage sont à peu près similaires.
Plusieurs organisations internationales ont établi des règles détiquetage pour la manipulation des produits chimiques sur le lieu de travail et pendant le transport. Les étiquettes, les symboles de danger, les termes définissant les risques et les consignes de sécurité ainsi que les codes de première urgence de lOrganisation internationale de normalisation (ISO), les Recommandations des Nations Unies, du BIT et de lUE sont examinés ci-après.
La section du Guide 51 concernant létiquetage de lISO/CEI (1999) comprend des pictogrammes que lon reconnaît aisément (dessins, couleurs, symboles). En complément, des phrases courtes et simples avertissent lutilisateur des dangers potentiels et fournissent des informations sur les mesures de prévention.
Le guide recommande lutilisation des termes suivants pour alerter lutilisateur:
Les Recommandations de lONU établissent cinq symboles graphiques conventionnels permettant de reconnaître facilement les matières dangereuses et didentifier un risque important:
Ces signes conventionnels principaux sont complétés par dautres, qui se rapportent aux risques subsidiaires:
La convention (no 170) et la recommandation (no 177) sur les produits chimiques, 1990, ont été adoptées à la 77e session de la Conférence internationale du Travail. Elles fixent des prescriptions relatives à létiquetage des produits chimiques pour assurer la communication de renseignements de base sur les risques encourus. La convention dispose que létiquette doit être facilement compréhensible et indique les risques potentiels et les mesures de précaution à prendre par lutilisateur. Pour ce qui est du transport des matières dangereuses, la convention renvoie aux Recommandations de lONU.
La recommandation contient des dispositions relatives à létiquetage conformément aux systèmes nationaux et internationaux existants et établit des critères de classification des produits chimiques portant sur les caractéristiques physiques et chimiques, la toxicité, les propriétés corrosives et irritantes, les effets allergènes, tératogènes et mutagènes ainsi que les effets sur lappareil reproducteur.
La directive no 67/548 du Conseil des communautés européennes (CEE, 1967) spécifie la teneur de létiquetage: emblèmes de danger et pictogrammes comportant des phrases de risque et de conseil. Les dangers sont codés par la lettre R accompagnée de combinaisons de chiffres arabes allant de 1 à 59. Ainsi R10 correspond, par exemple, à «inflammable», R23 à «toxique par inhalation». Le danger est caractérisé par un code de sécurité constitué par la lettre S et des combinaisons de chiffres allant de 1 à 60. Par exemple, S39 signifie «Porter un appareil de protection des yeux/du visage». Les règles détiquetage de la CE servent de référence dans le monde entier pour les entreprises chimiques et pharmaceutiques.
Malgré les efforts déployés par différentes organisations internationales et régionales pour recueillir, évaluer et organiser des données sur les risques chimiques, il subsiste un manque de coordination, en particulier dans la normalisation des protocoles et des méthodes dévaluation et pour linterprétation des données. LOIT, lOrganisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le PISSC et dautres instances concernées sont à lorigine dun certain nombre dactivités visant à harmoniser au niveau mondial la classification et létiquetage des produits chimiques. La mise en place dune structure internationale permettant de suivre les progrès accomplis en matière dévaluation des risques chimiques serait extrêmement bénéfique pour les travailleurs, le grand public et lenvironnement. Lidéal serait dharmoniser les classifications et les systèmes détiquetage des matières dangereuses dans les domaines du transport, de la commercialisation et de lutilisation sur le lieu de travail, répondant ainsi aux préoccupations des consommateurs et des travailleurs et au souci de protection de lenvironnement.
4.1. Dispositions générales4.1.1. Lautorité compétente, ou un organisme agréé ou reconnu par elle, devrait établir des prescriptions en vue du marquage et de létiquetage des produits chimiques de manière à permettre aux personnes qui manipulent ou utilisent des produits chimiques de les reconnaître et de faire la distinction entre eux à la réception et lors de leur utilisation, afin quils puissent être utilisés dans de bonnes conditions de sécurité (voir le paragraphe 2.1.8 (critères et prescriptions)). Des critères existants de marquage et détiquetage établis par dautres autorités compétentes pourront être suivis dans la mesure où ils sont compatibles avec les dispositions du présent paragraphe, et une telle démarche est à encourager lorsquelle peut contribuer à lharmonisation des pratiques. 4.1.2. Les fournisseurs de produits chimiques devraient veiller à ce que les produits chimiques soient marqués et les produits chimiques dangereux étiquetés, et à ce que des étiquettes révisées soient préparées et fournies aux employeurs chaque fois que de nouvelles informations pertinentes pour la sécurité et la santé sont disponibles (voir les paragraphes 2.4.1 (responsabilités des fournisseurs) et 2.4.4 (classification)). 4.1.3. Lorsque les employeurs reçoivent des produits chimiques qui nont pas été étiquetés ou marqués, ils ne devraient pas les utiliser avant davoir obtenu les informations pertinentes auprès du fournisseur ou dune autre source raisonnablement accessible. Les informations devraient être obtenues principalement auprès du fournisseur, mais elles peuvent lêtre également auprès dautres sources telles que celles qui sont indiquées au paragraphe 3.3.1 (sources dinformation), de façon quavant toute utilisation il puisse être procédé à létiquetage et au marquage conformément aux prescriptions de lautorité compétente. [...] 4.3.2. Létiquette sert à donner les renseignements essentiels:
Ces renseignements devraient faire état des dangers de lexposition aiguë et de lexposition chronique. 4.3.3. Les prescriptions relatives à létiquetage, qui devrait être conforme aux prescriptions nationales, devraient porter:
Source: BIT, 1993 (chap. 4). |
* D'après la 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational Health and Safety.
Avant la réception dune nouvelle substance dangereuse, tous les utilisateurs potentiels devraient être informés des méthodes de manipulation à appliquer. Une planification et une maintenance des locaux de stockage sont nécessaires pour éviter des pertes matérielles et des accidents, voire des catastrophes. Lordre et la propreté des lieux sont essentiels. Il faut veiller particulièrement aux incompatibilités entre substances, au choix dun emplacement convenable pour les produits et aux conditions climatiques.
Des instructions écrites concernant les pratiques de stockage devraient être fournies et les fiches de données de sécurité devraient être disponibles dans les zones dentreposage. Les emplacements des différentes classes de produits chimiques devraient figurer sur un plan des stocks et dans un registre des produits chimiques. Les registres mentionneront les quantités maximales autorisées de chaque produit et les quantités maximales autorisées de tous les produits chimiques par classe. La réception de toutes les substances devrait se faire en un lieu central avant leur distribution vers les entrepôts, magasins et laboratoires. Une zone de réception centrale est également utile pour contrôler les substances dirigées vers le système délimination des déchets. Un inventaire des substances contenues dans les magasins et entrepôts fournira une indication sur la quantité et la nature des substances à éliminer par la suite.
Les produits chimiques en stock devraient être examinés périodiquement, au moins une fois par an. Ceux dont la date de péremption est dépassée ou dont les récipients sont détériorés ou présentent des fuites devraient être éliminés en toute sécurité. Il convient de gérer les stocks selon la règle du «premier entré, premier sorti».
Le contrôle de lentreposage des substances dangereuses devrait dépendre dune personne compétente, formée à cette tâche. Tous les travailleurs que leur occupation appelle sur les lieux de stoc-kage devraient avoir été parfaitement formés à des pratiques de travail et de sécurité appropriées; tous ces locaux de stockage devraient être inspectés périodiquement par un responsable de la sécurité. Une borne dincendie devrait être placée à lintérieur des locaux ou à proximité immédiate. Il est recommandé de ne laisser aucune personne travailler seule dans un lieu de stockage abritant des produits toxiques. Les zones dentreposage de produits chimiques devraient être situées loin des zones de fabrication, des bâtiments occupés et des autres magasins, et ne pas se trouver à proximité de sources fixes dignition.
Létiquetage est la clé de lorganisation du stockage des produits chimiques. Cuves et récipients devraient être identifiés par des inscriptions portant le nom du produit chimique quils contiennent. Aucun récipient ou bouteille de gaz comprimé ne devrait être accepté sans les étiquettes didentification suivantes:
Létiquette peut également porter des indications de stockage appropriées, telles que «Conserver dans un endroit frais» ou «Conserver le récipient à labri de lhumidité». Lorsque certains produits dangereux sont livrés en cuves, fûts ou sacs, puis conditionnés sous une autre forme sur le lieu de travail, chaque nouveau récipient devrait être réétiqueté de façon que lutilisateur puisse immédiatement identifier le produit chimique et reconnaître les risques quil peut présenter.
Les matières explosives comprennent tous les produits chimiques, pièces pyrotechniques et allumettes qui sont explosives en elles-mêmes, ainsi que les substances (telles que les sels métalliques sensibles) susceptibles soit par elles-mêmes ou dans un certain mélange, soit sous certaines conditions de température, de choc, de frottement ou deffet chimique, de se transformer et dentrer en réaction explosive. Pour ce qui est des explosifs proprement dits, la plupart des pays se sont dotés de réglementations sévères relatives à la sécurité de leur entreposage et aux précautions à prendre pour en prévenir le vol à des fins criminelles.
Les aires de stockage devraient être aménagées à lécart des autres bâtiments ou constructions afin de limiter le plus possible les dégâts en cas dexplosion. Les fabricants dexplosifs fournissent des consignes qui renseignent sur les types de stockage les plus appropriés. Les locaux de stockage devraient être de construction solide et fermés à clé lorsquils ne sont pas utilisés. Aucun dépôt dexplosifs ne devrait être situé à proximité dun bâtiment abritant des huiles, des graisses, des déchets combustibles ou dautres matières inflammables ou contenant des feux ou des flammes nus.
Dans certains pays, la réglementation dispose que les magasins dexplosifs doivent être situés à 60 m au moins de tout tunnel, centrale de production dénergie, route, puits de mine, barrage ou bâtiment. Il convient de tirer parti dans toute la mesure possible de la protection naturelle quoffrent les élévations et dépressions du terrain et les zones à boisement dense. On érige parfois des barrières artificielles telles que talus en terre ou murs de moellons autour des magasins dexplosifs.
Ces magasins devraient être bien ventilés et exempts dhumidité. Ils devraient être éclairés par la lumière naturelle ou au moyen de lampes électriques portatives ou dun éclairage extérieur. Les planchers devraient être en bois ou en une autre matière non productrice détincelles. Il convient de veiller en permanence à labsence dherbe sèche, de débris ou dautres matières combustibles à proximité. Il faut entreposer dans des magasins distincts la poudre noire et les explosifs et ne jamais garder de détonateurs, doutils ou dautres matières dans un magasin dexplosifs. Pour ouvrir des caisses dexplosifs, il faut employer des outils en métal non ferreux.
Les matières comburantes dégageant de loxygène peuvent entretenir la combustion et accroître la violence de nimporte quel feu. Certaines libèrent de loxygène à la température ambiante du local de stockage, dautres seulement sous leffet de la chaleur. Si des récipients de matières comburantes sont endommagés, leur contenu peut se répandre et se mélanger à dautres matières combustibles et prendre feu. On peut éviter ce risque en entreposant les comburants dans un local distinct. Cela nest toutefois pas toujours possible, notamment dans les entrepôts de transit des installations portuaires.
Il est dangereux de stocker des comburants puissants au voisinage de liquides, même si ceux-ci ont un point déclair relativement bas ou sil sagit de matières peu inflammables. Il est plus prudent de conserver toutes les matières inflammables à lécart du lieu où sont entreposés des comburants. Leur lieu de stockage devrait être frais, bien ventilé et construit en matériaux résistant au feu.
Un gaz est dit inflammable sil brûle en présence dair ou doxygène. Lhydrogène, le propane, le butane, léthylène, lacétylène, le sulfure dhydrogène et le gaz de houille comptent au nombre des gaz inflammables les plus connus. Dautres gaz, comme le cyanure dhydrogène et le cyanogène, sont à la fois inflammables et toxiques. Il faut stocker les matières inflammables dans des lieux assez frais pour prévenir lignition accidentelle des mélanges de vapeurs et dair qui auraient pu se former.
Les vapeurs de solvants inflammables peuvent être plus lourdes que lair et se déplacer au niveau du sol jusquà une source dignition éloignée. Il est arrivé que des vapeurs inflammables de produits chimiques répandus sur le sol descendent dans des cages descalier ou dascenseur et senflamment à un étage inférieur. Il est donc essentiel de ne pas fumer et déviter toute flamme nue dans les lieux où ces solvants sont stockés ou manipulés.
Les bidons de sécurité portables agréés sont les récipients les plus sûrs pour stocker les liquides inflammables. Les liquides inflammables en quantités supérieures à un litre devraient être conservés dans des récipients métalliques. Des fûts de 200 litres sont couramment utilisés pour le transport des produits inflammables, mais ils ne sont pas destinés à un stockage prolongé. Leur bouchon devrait être enlevé avec précaution et remplacé par un évent de surpression agréé pour éviter laugmentation de la pression interne sous leffet de la chaleur, du feu ou dune exposition au soleil. Lors du transvasement de matière inflammable à partir dun récipient métallique, on devrait utiliser un circuit fermé ou assurer une ventilation appropriée pour évacuer les vapeurs qui se forment.
Le lieu dentreposage devrait être situé à labri de toute source de chaleur et de tout risque connu dincendie. Il convient de conserver les matières très inflammables à lécart des comburants puissants ou des matières sujettes à une combustion spontanée. Lorsque les matières stockées sont des liquides très volatils, linstallation déclairage devrait avoir été agréée comme étant de construction antidéflagrante. Aucune flamme nue ne devrait être tolérée à lintérieur ou à proximité du lieu de stockage. Des extincteurs et des matériaux inertes absorbants, tels que du sable sec et de la terre, devraient être disponibles pour les situations durgence.
Les murs, plafonds et planchers du lieu de stockage devraient être en matériaux ayant une résistance au feu dau moins deux heures. Le local devrait être équipé de portes coupe-feu à fermeture automatique. Les installations du local devraient être reliées à la terre et périodiquement inspectées, ou bien être dotées de détecteurs automatiques de fumée ou dincendie. Les vannes des récipients de stockage contenant des liquides inflammables devraient être clairement étiquetées et les canalisations peintes de couleurs distinctives de sécurité, afin dindiquer la nature du liquide qui y circule et le sens de lécoulement. Les réservoirs devraient être érigés sur un terrain en déclivité. Sils sont établis en terrain plat, la protection contre la propagation dun incendie peut être assurée par un périmètre de sécurité suffisant et par la construction de cuvettes de rétention dont la capacité devrait être équivalente à une fois et demie celle du réservoir à protéger, car un liquide inflammable en ébullition peut «monter». Des évents et des pare-feu devraient être prévus pour parachever la protection. Enfin, des extincteurs appropriés, automatiques ou portatifs, devraient être disponibles. Il devrait être interdit de fumer.
Les produits chimiques toxiques devraient être stockés dans des locaux frais et bien ventilés, à labri de tout contact avec la chaleur, les acides, lhumidité et les matières comburantes. Les composés volatils devraient être conservés à 20 °C dans des congélateurs ne produisant pas détincelles, de façon à éviter leur évaporation. Compte tenu des risques de fuites à partir des récipients, les locaux de stockage devraient être équipés de manchons dextraction ou de dispositifs de ventilation équivalents. Après ouverture, il est nécessaire de refermer les récipients à laide de bandes ou dautres éléments détanchéité avant de les renvoyer au local de stockage. Il convient dentreposer dans des magasins séparés les substances susceptibles dentrer en réaction chimique les unes avec les autres.
Les matières corrosives sont les acides et alcalis forts, ainsi que les autres substances qui brûlent ou irritent fortement la peau, les muqueuses ou les yeux, ou qui attaquent la plupart des matériaux. Les acides fluorhydrique, chlorhydrique, sulfurique, nitrique, formique et perchlorique en sont des exemples typiques. Ces substances risquent dendommager les récipients qui les contiennent et de se disperser dans latmosphère du local de stockage; certaines sont volatiles, tandis que dautres réagissent violemment au contact de lhumidité, des substances organiques ou dautres produits chimiques. Les vapeurs et brouillards dacides risquent dattaquer les matériaux de construction et les équipements et dintoxiquer le personnel. Ces substances devraient être entreposées au frais, mais à une température néanmoins nettement supérieure à leur point de congélation car certaines, comme lacide acétique, gèlent à une température relativement élevée, brisent leur récipient et séchappent dès que la température sélève de nouveau au-dessus de leur point de congélation.
Certaines matières corrosives ont encore dautres propriétés dangereuses; lacide perchlorique, par exemple, est non seulement très corrosif, mais cest aussi un comburant puissant pouvant provoquer un incendie et des explosions. Leau régale est triplement dangereuse: 1) elle cumule les propriétés corrosives de ses deux composants, lacide chlorhydrique et lacide nitrique; 2) cest un comburant très puissant; et 3) un petit apport de chaleur suffit pour entraîner la formation de chlorure de nitrosyle, gaz extrêmement toxique.
Les locaux de stockage des substances corrosives devraient être isolés des autres locaux ou entrepôts par des parois et un plancher étanches; des aménagements devraient être prévus pour évacuer les débords éventuels. Les sols devraient être en briques de mâchefer, en béton traité (pour en réduire la solubilité) ou en un autre matériau résistant. Le local devrait être ventilé efficacement. On ne devrait jamais entreposer ensemble des mélanges contenant de lacide nitrique et de lacide sulfurique. Certains liquides à la fois corrosifs et toxiques devraient être conservés dans des récipients spéciaux. Lacide fluorhydrique, par exemple, devrait être stocké dans des bouteilles en plomb, en gutta-percha ou en cérésine; du fait quil réagit avec le verre, il ne devrait jamais être entreposé à proximité de touries de verre ou de grès contenant dautres acides.
Les touries contenant des acides corrosifs devraient être garnies de kieselguhr (terre à diatomées) ou dune autre matière inorganique constituant un isolant efficace. Des installations de premiers soins (douches durgence, flacons pour lavages oculaires) devraient être disponibles sur place ou à proximité immédiate.
Certains produits chimiques, comme le sodium et le potassium, réagissent avec leau en dégageant de la chaleur et des gaz inflammables ou explosifs. Certains catalyseurs de polymérisation, tels que les composés daluminium-alkyle, réagissent et brûlent violemment au contact de leau. Il faut donc éviter la présence deau dans le local où sont stockés des produits chimiques ayant ce type de réaction et prévoir des sprinklers sans eau.
De nombreux pays ont une législation qui régit dans le détail les modalités dentreposage des substances dangereuses et qui comporte en général des spécifications visant:
Dans de nombreux pays, aucune autorité centrale nexerce en titre la surveillance des mesures de sécurité qui sappliquent au stockage de lensemble des substances dangereuses, mais plusieurs administrations distinctes telles que linspection du travail et des mines, les autorités portuaires, linspection des transports, la police, les sapeurs-pompiers, des commissions nationales et des autorités locales ont chacune une part de responsabilité dans le contrôle de lapplication de la législation relative aux substances dangereuses. Le stockage de certaines catégories de substances dangereuses, telles que le pétrole, les explosifs, la cellulose et les solutions cellulosiques, est généralement subordonné à lobtention dune autorisation délivrée par lune ou lautre de ces instances. Une autorisation nest accordée que si les installations de stockage remplissent les conditions de sécurité imposées par les normes de sécurité en vigueur.
* D'après la 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational Health and Safety.
Les gaz à létat comprimé et, en particulier, lair comprimé, sont indispensables à lindustrie moderne; ils sont aussi largement utilisés à des fins médicales, pour la fabrication deaux minérales, la plongée sous-marine et avec des véhicules à moteur.
Aux fins du présent article, on entend par gaz comprimé tout gaz soumis à une pression manométrique supérieure à 1,47 bar ou, sil sagit dun gaz liquéfié, tout gaz dont la tension de vapeur dépasse 2,94 bars. On ne considérera donc pas le cas de la distribution de gaz naturel, traitée dans le chapitre no 78, «Le pétrole et le gaz naturel», de la présente Encyclopédie.
Le tableau 61.1 énumère les gaz que lon conserve généralement à létat comprimé.
Acétylène* |
Dioxyde de soufre |
Ammoniac* |
Ethane* |
Azote |
Ethylène* |
Butane* |
Hélium |
Chlore |
Hydrogène* |
Chlorodifluorométhane |
Méthane* |
Chloroéthane* |
Méthylamine* |
Chlorométhane* |
Monoxyde de carbone* |
Chlorotétrafluoroéthane |
Néon |
Chlorure d’hydrogène |
Oxyde nitreux |
Cyanure d’hydrogène* |
Oxygène |
Cyclopropane |
Phosgène |
Dichlorodifluorométhane |
Propane* |
Dioxyde d’azote |
Propylène* |
Dioxyde de carbone |
*Gaz inflammables.
Tous ces gaz présentent pour lappareil respiratoire un danger dirritation, dasphyxie ou de toxicité marquée; ils peuvent être également inflammables et explosifs à létat comprimé. La plupart des pays ont défini des codes de couleur pour identifier les bouteilles contenant des gaz comprimés ou liquéfiés; celles-ci devraient porter un bandeau ou une étiquette de couleur distinctive signalant le type de danger à prévoir. Les gaz extrêmement toxiques, comme le cyanure dhydrogène, sont identifiés par un marquage spécial.
Les récipients de gaz comprimés sont toujours construits de manière à offrir une garantie de sécurité totale dans les applications auxquelles ils sont destinés lors de leur première mise en service. Cependant, des erreurs dutilisation, des abus ou des imprudences dans la manipulation peuvent causer des accidents graves; il faut donc sentourer des plus grandes précautions lors de la manutention, du transport, du stockage et même de lévacuation des bouteilles ou récipients de gaz comprimés.
Selon ses caractéristiques, le gaz peut être introduit à létat liquide ou, plus simplement, à létat gazeux sous haute pression, dans la bouteille ou le récipient destiné à le recevoir. Pour liquéfier un gaz, il faut le refroidir au-dessous de sa température critique et le soumettre à une pression appropriée. Plus la température est inférieure au point critique, plus la pression requise est faible.
Des précautions spéciales devraient êtres prises à légard de certains des gaz énumérés dans le tableau 61.1. Ainsi, lacétylène peut réagir dangereusement avec le cuivre et ne devrait donc jamais entrer en contact avec des alliages qui contiennent plus de 66% de cuivre. Ce gaz est généralement distribué dans des bouteilles en acier, sous une pression denviron 14,7 à 16,8 bars. Lammoniac est un autre gaz dont laction sur le cuivre est extrêmement corrosive et qui devrait de ce fait être tenu à lécart de ce métal; pour son conditionnement, on emploie des bouteilles faites dacier ou dun alliage agréé. Quant au chlore, il ne provoque pas de réaction avec le cuivre ou lacier, sauf en présence deau, doù la nécessité de protéger en permanence les récipients de stockage de tout contact avec lhumidité. Le fluor gazeux, en revanche, réagit avec la plupart des métaux, mais tend à constituer une couche protectrice au cours de la réaction; cest le cas avec le cuivre qui se trouve protégé de toute attaque ultérieure par ce gaz grâce à la couche de fluorure de cuivre qui se forme à sa surface.
Parmi les gaz énumérés, le dioxyde de carbone est lun des gaz le plus facilement liquéfiable, le changement détat intervenant à la température de 15 °C et à la pression de 14,7 bars. On lui connaît de multiples applications industrielles; il est distribué dans des bouteilles dacier.
Les hydrocarbures gazeux dont le gaz de pétrole liquéfié (GPL) qui est un mélange essentiellement constitué de butane (62% environ) et de propane (36% environ) ne sont pas corrosifs et sont en général conditionnés dans des bouteilles dacier ou dans dautres récipients sous une pression de 14,7 à 19,6 bars. Autre gaz très inflammable, le méthane est également distribué dans des bouteilles dacier sous une pression de 14,7 à 19,6 bars.
Lorsquil sagit de déterminer lemplacement dun dépôt de remplissage, de stockage et dexpédition, il y a lieu de considérer la sûreté du site et celle de son voisinage. Les salles de pompage, les installations de remplissage et les autres équipements devraient impérativement être situés dans des bâtiments construits en matériaux ignifuges et à toiture légère. Les portes et autres éléments dhuisserie devraient ouvrir vers lextérieur. Une bonne ventilation et des interrupteurs déclairage antidéflagrants sont indispensables. Il faut aménager les locaux de façon à assurer la plus grande liberté de mouvement pour les opérations de remplissage, de contrôle et dexpédition, et prévoir des issues de secours.
Les gaz comprimés peuvent être stockés à lair libre, à condition dêtre convenablement protégés contre les intempéries et le rayonnement solaire direct. Les zones de stockage devraient être situées à une distance suffisante des locaux occupés et des habitations du voisinage.
Pendant le transport et la distribution des bouteilles de gaz, il faut veiller à empêcher tout dommage aux robinets et aux raccords. De même, il faut prendre des précautions pour éviter les chutes des bouteilles dun véhicule, les manipulations brutales, les chocs excessifs ou les contraintes localisées et, avec les grands réservoirs, prévenir tout mouvement excessif des liquides. Tout véhicule de transport devrait être pourvu dun extincteur dincendie et dun ruban conducteur délectricité pour le passage à la terre des charges délectricité statique, et porter de façon visible linscription «liquides inflammables». Les pots déchappement devraient comporter un dispositif pare-flammes, et le moteur devrait être coupé pendant les opérations de chargement et de déchargement. La vitesse de ces véhicules devrait être strictement limitée.
Les principaux dangers liés à lutilisation des gaz comprimés tiennent à leur compression, à leur toxicité et à leur inflammabilité. Lune des précautions essentielles consiste à sassurer que léquipement nest employé quavec les gaz pour lesquels il a été conçu et quon ne se sert jamais de gaz comprimés à dautres fins que celles pour lesquelles leur utilisation a été autorisée.
Tous les tuyaux souples et autres accessoires devraient être de bonne qualité et vérifiés fréquemment. Il faut prévoir des clapets de retenue partout où ils sont nécessaires. Il importe que tous les raccords de tuyaux souples soient en bon état et quaucun raccordement ne soit opéré en forçant des filetages dont les pas ne correspondent pas exactement. Pour lacétylène et les gaz combus-tibles, le tuyau souple devrait être rouge; pour loxygène, noir. Pour tous les gaz inflammables, il est recommandé demployer des raccords à pas gauche; pour tous les autres gaz, le pas devrait être à droite. Les tuyaux souples ne devraient jamais être intervertis.
Loxygène et certains gaz danesthésie sont souvent transportés dans des bouteilles de grandes dimensions. Le transvasement de ces gaz comprimés dans des bouteilles plus petites est une opération dangereuse qui devrait être exécutée sous la surveillance dune personne compétente et avec le matériel adéquat.
Lutilisation de lair comprimé est largement répandue dans de nombreuses branches dindustrie. Linstallation et la protection des réseaux de canalisations exige des précautions adéquates. Il faut maintenir les tuyaux souples et leurs accessoires en bon état et les vérifier régulièrement. Appliquer un tuyau ou une buse dair comprimé sur une coupure ou une plaie ouverte par laquelle lair peut pénétrer sous les tissus ou dans la circulation sanguine est un acte particulièrement dangereux; des mesures devraient être prises pour prévenir toutes les formes de comportements irresponsables consistant à introduire de lair comprimé dans lorganisme par un orifice naturel, ce qui peut avoir des conséquences fatales. Il est également dangereux de nettoyer des objets ou un poste de travail à lair comprimé; il est arrivé que des particules violemment entraînées par lair aient provoqué des blessures ou la cécité de personnes se trouvant à proximité.
Létiquetage et le marquage devraient être conformes aux pratiques courantes dans le pays ou la région considérés. La substitution intempestive dun gaz à un autre, ou le remplissage dun récipient avec un gaz différent de celui quil contenait précédemment, en labsence de purge ou de décontamination préalables, peuvent être la cause daccidents graves. Lidentification par lapplication de couleurs conventionnelles semble être le meilleur moyen de parer à de telles méprises; elle consiste à peindre des parties déterminées des bouteilles et des réseaux de canalisations selon un code défini par les normes nationales de sécurité ou recommandé par lorganisme national compétent.
Pour la commodité de la manipulation, du transport et du stoc-kage, les gaz sont généralement comprimés dans des bouteilles à des pressions allant de quelques atmosphères à 200 bars, voire davantage. Ces bouteilles sont généralement fabriquées en alliage dacier (acier spécial), mais lusage de laluminium est également répandu, pour les extincteurs par exemple.
Les risques auxquels exposent la manipulation et lutilisation de gaz comprimés sont:
Fabrication des bouteilles. Les bouteilles dacier peuvent être sans soudure ou soudées. Les bouteilles sans soudure sont faites dun acier allié de haute qualité; elles subissent un traitement thermique rigoureux qui leur confère à la fois la résistance et la solidité nécessaires pour supporter des pressions élevées. Elles peuvent aussi être forgées et étirées à chaud à partir de billettes dacier, ou formées à chaud à partir de tubes sans soudure. Les bouteilles soudées sont fabriquées à partir de tôles, la partie supérieure et le fond emboutis étant soudés sur une section tubulaire cylindrique sans soudure ou soudée; elles subissent ensuite un traitement thermique de détente. Les bouteilles soudées sont largement utilisées pour les gaz liquéfiés maintenus sous faible pression ainsi que pour les gaz dissous tels que lacétylène.
Les bouteilles daluminium sont extrudées dans des presses de grande taille à partir dalliages spéciaux soumis à un traitement thermique pour obtenir la résistance voulue.
Les bouteilles de gaz devraient être conçues, fabriquées et mises à lépreuve conformément à des normes strictes. La qualité du matériau et du traitement thermique devrait être contrôlée sur chaque lot de bouteilles et la résistance mécanique testée sur un certain nombre de bouteilles. La vérification est souvent effectuée au moyen dinstruments perfectionnés, mais dans tous les cas par un inspecteur agréé qui contrôle les bouteilles et les soumet à une épreuve hydraulique à une pression donnée. Une inscription durable portant les données didentification ainsi que le poinçon de linspecteur sont apposés sur le col de la bouteille ou à un autre emplacement approprié.
Inspection périodique. Au cours de leur utilisation, les bouteilles risquent de subir des détériorations du fait dune manipulation brutale, dune corrosion intérieure ou extérieure, dun incendie ou dune autre cause. Les codes nationaux ou internationaux exigent donc que leur remplissage ne puisse avoir lieu avant quelles naient été soumises à une vérification et à des épreuves périodiques à des intervalles généralement compris entre deux et dix ans, en fonction de lusage. Une vérification visuelle interne et externe complétée par une épreuve hydraulique constitue la base de lagrément dune bouteille pour une nouvelle période. La date de lépreuve (mois et année) est estampillée sur la bouteille.
Elimination. Chaque année, un grand nombre de bouteilles sont réformées pour différentes raisons. Il importe que la mise hors service de ces bouteilles soit effectuée de façon telle quelles ne soient pas remises en circulation par des voies détournées. Il convient donc de les rendre complètement inutilisables par découpage, écrasement ou tout autre moyen approprié.
Robinetterie. Les vannes et les accessoires de sécurité devraient être considérés comme parties intégrantes de la bouteille et maintenus en parfait ordre de marche. Le col et le filetage extérieur devraient être en excellent état: le robinet devrait fermer hermétiquement sans nécessiter un effort excessif. Les robinets darrêt sont souvent munis dun dispositif de limitation de pression; celui-ci peut être une soupape de sûreté, un disque de rupture, un bouchon fusible (cartouche fusible) ou la combinaison dun disque de rupture et dun élément fusible. La pratique varie dun pays à lautre, mais les bouteilles pour gaz liquéfiés sous faible pression sont toujours munies de soupapes de sûreté reliées à la phase gazeuse.
Différents codes de transport classent les gaz selon quils sont comprimés, liquéfiés ou dissous sous pression. Aux fins du présent article, il est utile détablir cette classification en fonction du type de risque rencontré.
Haute pression. En cas dexplosion dune bouteille, des débris projetés ou la pression du gaz peuvent provoquer des dommages matériels et corporels. Plus le gaz est comprimé, plus lénergie emmagasinée est élevée. Ce risque est toujours présent avec des gaz comprimés, et il augmente avec la température si la bouteille est chauffée. Il faut donc:
Basse température. La plupart des gaz liquéfiés sévaporent rapidement à la pression atmosphérique et peuvent atteindre des températures très basses. Une personne dont la peau est exposée à un tel liquide risque de subir des lésions de type «brûlure froide» (le CO2 liquide forme des particules neigeuses lors de son expansion). Il faut donc porter un équipement de protection approprié (gants, lunettes de protection, par exemple).
Oxydation. Cest avec loxygène, lun des gaz comprimés les plus importants, que le risque doxydation est le plus évident. Loxygène ne brûle pas par lui-même, mais il est nécessaire à la combustion. Lair normal contient 21% doxygène en volume.
Toutes les matières combustibles senflamment plus facilement et brûlent plus vigoureusement quand la concentration doxygène augmente. Ce phénomène étant observable même pour une faible augmentation de la concentration doxygène, il faut prendre le plus grand soin à ne pas enrichir en oxygène latmosphère du lieu de travail. Dans un espace confiné, des fuites minimes doxygène peuvent conduire à une concentration dangereuse.
Le danger lié à loxygène croît avec laugmentation de la pression jusquau point où de nombreux métaux brûlent vigoureusement. En présence doxygène, des matières finement divisées peuvent brûler avec une force explosive. Des vêtements saturés doxygène brûlent très rapidement et leur combustion est difficile à juguler.
On a toujours considéré que les huiles et les graisses étaient dangereuses en présence doxygène. En effet, elles réagissent facilement avec loxygène, leur présence est courante, leur température dinflammation est peu élevée et la chaleur développée risque denflammer le métal sous-jacent. Dans un matériel à oxygène sous haute pression, la température dinflammation peut être facilement atteinte par le choc de compression qui peut avoir été provoqué par louverture rapide du robinet (compression adiabatique).
Il convient donc:
Inflammabilité. Les gaz inflammables ont un point déclair situé au-dessous de la température ambiante et forment des mélanges explosifs avec lair (ou avec loxygène) entre certaines limites que lon appelle limites inférieure et supérieure dexplosibilité.
Les gaz qui séchappent (des soupapes de sûreté, par exemple) sont susceptibles de senflammer et de brûler avec une flamme plus ou moins longue selon la pression et la quantité de gaz. Ces flammes peuvent, à leur tour, chauffer un matériel situé à proximité et le faire brûler, fondre ou exploser. Lhydrogène brûle avec une flamme pratiquement invisible.
Dans des espaces confinés, même de petites fuites risquent de provoquer des mélanges explosifs. Certains gaz comme les gaz de pétrole liquéfiés (essentiellement le propane et le butane) sont plus lourds que lair et sont donc difficiles à évacuer par ventilation, car ils vont saccumuler dans les parties basses des bâtiments et «flotter» dune pièce à lautre. Tôt ou tard, ces gaz risquent de parvenir à une source dinflammation et dexploser.
Linflammation peut être provoquée par une source de chaleur, mais aussi par une étincelle dorigine électrique, même très petite.
Du fait de ses propriétés et de son usage répandu, lacétylène occupe une place particulière parmi les gaz combustibles. Sil est chauffé, ce gaz peut commencer à se décomposer avec dégagement de chaleur, même en labsence dair. Si la réaction nest pas stoppée, elle risque dentraîner lexplosion de la bouteille.
Par sécurité, les bouteilles dacétylène sont donc remplies dune masse fortement poreuse qui contient également un solvant pour le gaz. Un chauffage extérieur dû à laction dune flamme ou dun chalumeau, ou dans certains cas une flamme intérieure provoquée par de violents retours de flamme provenant dun matériel de soudage risquent dentraîner une décomposition dans la bouteille. Dans ces cas, il convient:
Dans de nombreux pays, les bouteilles dacétylène sont munies de cartouches fusibles. Lors de leur fusion (généralement aux environs de 100 °C), ces dispositifs diminuent la pression du gaz et permettent déviter lexplosion de la bouteille. Mais, dans le même temps, le gaz libéré risque de senflammer et dexploser.
Les précautions normales à prendre à légard des gaz combus-tibles consistent donc:
Toxicité. Certains gaz, moins courants, peuvent être non seulement toxiques, mais avoir aussi des effets irritants ou corrosifs sur la peau et les yeux.
Il importe que les personnes qui manipulent des gaz toxiques aient reçu une formation appropriée, de façon à être conscientes du danger et de la nécessité de prendre les précautions nécessaires. Les bouteilles devraient être stockées dans un local bien ventilé. Aucune fuite ne peut être tolérée. Il y a lieu demployer un matériel de protection approprié (masques à gaz ou appareils de protection respiratoire).
Gaz inertes. Lusage de gaz tels que largon, le dioxyde de carbone, lhélium et lazote est largement répandu pour créer une atmosphère protectrice et éviter des réactions indésirables dans les installations de soudage, lindustrie chimique et les aciéries, entre autres. Ces gaz ne sont pas étiquetés comme étant dangereux, ce qui nexclut pas léventualité de graves accidents si la teneur vitale en oxygène nest plus assurée. En effet, lorsquun gaz ou un mélange gazeux quelconque déplace lair de telle façon que latmosphère que lon respire devient pauvre en oxygène, il y a danger dasphyxie. Labsence doxygène ou lappauvrissement en oxygène sont susceptibles de provoquer très rapidement une perte de conscience, voire la mort, et cela sans le moindre signe avant-coureur.
Avant de pénétrer dans un espace confiné dont latmosphère peut être déficiente en oxygène, il faut impérativement aérer ce local. En cas de port dun appareil de protection respiratoire, la personne qui entre doit absolument être surveillée. Il est impératif demployer de tels appareils, même lors dopérations de secours: les masques à gaz ordinaires ne constituent pas une protection contre le manque doxygène. Il convient dobserver les mêmes précautions dans les grandes installations permanentes de lutte contre le feu, souvent automatiques, et davertir de ce danger les personnes susceptibles de pénétrer dans ces zones.
Remplissage des bouteilles. Le remplissage des bouteilles fait appel à des compresseurs haute pression et à des pompes capables dassurer le transvasement des liquides cryogéniques (à très basse température). Les postes de remplissage peuvent également comprendre de grands réservoirs de stockage de gaz liquides à létat pressurisé ou fortement réfrigéré.
Lopérateur devrait vérifier que les bouteilles sont en bon état pour le remplissage et les remplir avec le gaz prévu, sans dépasser la quantité ni la pression autorisées. Léquipement devrait être conçu et testé pour la pression et le type de gaz donnés, et protégé par des soupapes de sécurité. Pour loxygène, il convient absolument de respecter rigoureusement les impératifs de propreté et de nature des matériaux. En cas de remplissage avec des gaz inflammables ou toxiques, il faut être particulièrement attentif à la sécurité des opérateurs. La condition essentielle est une bonne ventilation, associée à un matériel et à une technique appropriés.
Les bouteilles contaminées par dautres gaz ou liquides représentent un danger particulier. Il est possible de purger ou de vider les bouteilles sans pression résiduelle avant de les remplir. Il convient de sassurer avec un soin particulier que les bouteilles de gaz destinées aux applications médicales ne contiennent aucune substance dangereuse.
Transport . Le transport à faible distance tend à devenir plus mécanisé par lemploi de chariots élévateurs et dengins similaires. Lors du transport, les bouteilles devraient être munies dun capuchon et arrimées pour ne pas tomber du véhicule. Il faut absolument sabstenir de décharger les bouteilles du chariot en les laissant choir directement sur le sol. Pour le transport par un engin de levage, il est nécessaire demployer des berceaux de levage appropriés. Lutilisation de dispositifs de levage magnétiques ou de capuchons à filetage incertain devrait être évitée.
Quand des bouteilles sont regroupées, il importe de veiller avec soin à ne pas créer de contrainte sur leurs raccords. Limportance des quantités de gaz en cause accroît évidemment les risques. Une bonne pratique consiste à subdiviser les grands ensembles en sections et à disposer des robinets darrêt dans des endroits facilement accessibles en cas durgence.
Lors de la manipulation et du transport de bouteilles, les accidents les plus fréquents sont les blessures provoquées par les bouteilles elles-mêmes, dures, lourdes et difficiles à manipuler. Il convient donc de porter des chaussures de sécurité et demployer un chariot pour transporter même une seule bouteille sur un trajet relativement long.
Les codes applicables au transport international classent les gaz comprimés dans la catégorie des marchandises dangereuses. Ils indiquent de façon détaillée les gaz qui peuvent être transportés, les exigences concernant les bouteilles, la pression autorisée, le marquage, etc.
Identification du contenu . Limpératif le plus important pour la manipulation sans danger des gaz comprimés est lidentification correcte du gaz contenu; elle est réalisée par étiquetage, inscription au pochoir ou marquage au moyen de couleurs. Certaines conditions de marquage sont couvertes pas les normes de lOrganisation internationale de normalisation (ISO). Le marquage des bouteilles de gaz à usage médical suit les normes ISO dans la plupart des pays. On utilise également des couleurs standardisées pour dautres gaz dans de nombreux pays, mais ce nest pas là un moyen didentification suffisant. En dernier ressort, seule une inscription spécifiant le contenu de la bouteille peut être considérée comme fiable.
Raccords de sortie normalisés . Lutilisation dun raccord de sortie normalisé pour un certain gaz ou groupe de gaz réduit fortement les risques de raccorder des bouteilles et des accessoires prévus pour dautres types de gaz. Il convient donc de sabstenir demployer des adaptateurs dont lusage est contraire à la sécurité et de nutiliser pour réaliser un raccordement que des outils habituels, manuvrés sans force excessive.
Lutilisation sans danger des gaz comprimés impose la mise en uvre des principes de sécurité esquissés dans le présent chapitre et précisés dans le recueil de directives pratiques du Bureau international du Travail pour les produits chimiques en général (BIT, 1993). Cela suppose que lutilisateur possède quelques connaissances de base concernant les gaz et les matériels quil manipule. Tout utilisateur devrait observer en outre les précautions suivantes:
Un laboratoire ne peut satisfaire aux conditions de sécurité et dhygiène que si les méthodes de travail y satisfont elles aussi. Pour instaurer de telles méthodes, il faut en premier lieu confier la responsabilité et lautorité en matière de sécurité et dhygiène à un responsable qui, conjointement avec le comité de sécurité du laboratoire, décidera des tâches à accomplir et désignera une personne pour exécuter chacune delles.
Lune des tâches spécifiques du comité de sécurité consiste, à laide dune liste de contrôle, à mener des inspections périodiques et à en récapituler les résultats dans un rapport qui sera soumis au responsable sécurité du laboratoire. Une autre tâche importante de la gestion de la sécurité consiste à inspecter périodiquement les équipements de sécurité pour sassurer quils fonctionnent bien et sont au bon endroit. Pour que les vérifications soient possibles, il faut dresser au préalable un inventaire complet des équipements de sécurité, avec une brève description, lindication de la taille ou de la capacité et le nom du fabricant; cet inventaire devrait être répété chaque année. Il est tout aussi important de faire un inventaire semestriel de tous les produits chimiques du laboratoire, y compris les produits de marque déposée. Ces produits devraient être classés en groupes de substances chimiquement similaires selon le risque dincendie quils présentent. Une autre classification de sécurité essentielle est basée sur le niveau de danger associé à une substance, car la façon dont elle sera traitée dépend directement des dangers quelle est susceptible de provoquer et de la facilité avec laquelle ceux-ci risquent de se déclencher. Chaque produit chimique sera donc classé dans lune des trois classes de danger choisies en fonction de la gravité du risque encouru, à savoir:
Les substances de la première classe sont celles qui sont relativement faciles à maîtriser, que le personnel du laboratoire connaît bien et qui ne présentent pas de risque inhabituel. Ces substances vont des plus inoffensives, comme le bicarbonate de soude et le saccharose, jusquà lacide sulfurique concentré, léthylèneglycol et le pentane.
Les substances de la deuxième classe présentent un danger bien supérieur. Elles nécessitent une manipulation particulière et parfois une surveillance, et présentent des dangers importants dinflammation ou dexplosion ou de graves risques pour la santé. Font partie de ce groupe les produits chimiques qui forment avec le temps des composés explosifs instables (hydroperoxydes formés par les éthers, par exemple) ou des substances qui ont une toxicité aiguë élevée (comme le fluorure de sodium, dune toxicité orale de 57 mg/kg chez la souris), ou encore une toxicité chronique comme les substances cancérogènes, mutagènes ou tératogènes. Les substances de cette classe présentent souvent le même type de danger que celles de la troisième classe; la différence réside uniquement dans le degré de gravité. Quant aux substances de la troisième classe, soit les matières extrêmement dangereuses, elles sont associées à un danger extrême ou déclenchent beaucoup plus facilement des effets désastreux.
Quand elles ne sont pas manipulées correctement, les matières extrêmement dangereuses peuvent très facilement provoquer des accidents graves entraînant des lésions importantes, voire la mort, ou des dommages matériels considérables. Il faut faire preuve dune très grande prudence lorsquon manipule des substances de ce type. A titre dexemple, on peut citer le nickel-tétracarbonyle (un liquide volatil, extrêmement toxique, dont les vapeurs sont mortelles à une concentration de 1 ppm seulement) et le triéthyl-aluminium (un liquide qui senflamme spontanément au contact de lair et qui réagit de façon explosive au contact de leau).
Lune des tâches les plus importantes du comité de sécurité est lélaboration dun plan de sécurité et dhygiène complet pour le laboratoire qui expose en détail la politique de sécurité et définit des méthodes standards pour toutes les opérations de laboratoire en tenant compte des obligations légales. Il sagit en loccurrence de définir des directives pour la mise en uvre des substances susceptibles de relever de lune des trois classes de substances dangereuses, pour le contrôle des équipements de sécurité, pour la conduite à tenir en cas de déversement accidentel dun produit chimique, ainsi que les règles à suivre pour le rejet des déchets chimiques, les normes à respecter pour la qualité de lair du laboratoire et la tenue des registres exigés par la réglementation. Ce plan devrait être conservé au laboratoire ou pouvoir être consulté facilement par les travailleurs. Les autres sources dinformations imprimées comprennent les fiches sur les produits chimiques (fiches de données de sécurité), un manuel de sécurité des travaux en laboratoire ainsi que des données toxicologiques et sur les risques dincendie. Linventaire des produits chimiques du laboratoire et trois listes dérivées (classification des produits chimiques selon leur classe chimique, leur classe de sécurité incendie et les trois degrés de danger) devraient être conservés avec ces données.
Il faut également disposer dun registre pour consigner les activités de sécurité. Il nest pas nécessaire que ce registre soit conservé au laboratoire ou soit immédiatement accessible à ceux qui y travaillent. Les données quil contient sont essentiellement destinées au personnel chargé de superviser la sécurité et lhygiène concernant les produits chimiques qui se trouvent au laboratoire ainsi quaux inspecteurs de lautorité de surveillance. Elles doivent donc être facilement disponibles et tenues à jour. Il est préférable de conserver le registre hors du laboratoire afin déviter sa destruction en cas dincendie. Les documents devant figurer dans le registre sont les comptes rendus des inspections effectuées par le comité de sécurité, les comptes rendus des inspections par les autorités locales de surveillance, y compris ceux des sapeurs-pompiers et des autorités fédérales et régionales, les comptes rendus relatifs à lélimination des déchets dangereux, les relevés des taxes frappant les diverses classes de déchets dangereux et, éventuellement, une copie de linventaire des produits chimiques du laboratoire et de tout autre document pertinent concernant les installations et les personnes qui y travaillent (par exemple, feuilles de présence du personnel aux réunions annuelles de sécurité du laboratoire).
Les mesures destinées à prévenir les lésions, les maladies et le stress du personnel font partie intégrante des plans de fonctionnement au quotidien dun laboratoire bien géré. Les personnes qui risquent de souffrir du manque de sécurité et dhygiène dans un laboratoire sont non seulement celles qui y travaillent, mais aussi les personnes employées alentour et celles qui sont affectées à des travaux dentretien ou au gardiennage. Etant donné que les lésions subies en laboratoire sont dues pour lessentiel à un contact inopportun entre les produits chimiques et les personnes, à un mélange intempestif de produits chimiques ou à un apport non souhaité dénergie à des produits chimiques, la préservation de la santé passe par la prévention de telles interactions indésirables. Cela appelle, entre autres choses, un confinement adapté des produits chimiques, une combinaison correcte de ces produits et une surveillance étroite des apports dénergie. Les principaux types daffections contractées en laboratoire sont des intoxications, des brûlures chimiques et des blessures causées par un incendie ou une explosion (brûlures thermiques, coupures, commotions et autres lésions corporelles graves).
Attaque chimique de lorganisme . Il y a attaque chimique lorsque des toxiques sont absorbés par lorganisme et altèrent son fonctionnement normal en perturbant le métabolisme ou dautres mécanismes biologiques. Les brûlures chimiques, cest-à-dire la destruction massive des tissus, se produisent généralement au contact dacides forts ou dalcalis concentrés. Les matières toxiques qui ont pénétré dans lorganisme par absorption à travers la peau, les yeux ou les muqueuses, par ingestion ou par inhalation, peuvent provoquer une intoxication générale du fait quelles sont transportées par la circulation sanguine.
On distingue généralement deux types dintoxication: aiguë et chronique. Lintoxication aiguë se caractérise par des effets qui apparaissent pendant ou immédiatement après une exposition unique à une substance toxique. Lintoxication chronique nest mise en évidence quavec le temps, ce qui peut prendre des semaines, des mois ou des années, voire des décennies. On considère quil y a intoxication chronique quand les deux conditions ci-après sont réunies: le sujet a été soumis à des expositions multiples sur de longues périodes et à des quantités significatives (du point de vue métabolique) du toxique.
Des brûlures chimiques, qui se produisent généralement lorsque des liquides corrosifs entrent en contact avec la peau ou les yeux, peuvent également être observées en présence de matières solides corrosives dont la taille peut varier du grain de poudre à des cristaux de taille relativement importante, ou de liquides corrosifs dispersés dans lair sous forme de brouillards, ou encore de gaz corrosifs tels que le chlorure dhydrogène. Les bronches, les poumons, la langue, la gorge et lépiglotte peuvent également être attaqués par des produits chimiques corrosifs, quils soient à létat gazeux, liquide ou solide. Les produits chimiques toxiques peuvent naturellement sintroduire dans lorganisme sous lun de ces trois états physiques, ou sous forme de poussières ou de brouillards.
Lésions provoquées par le feu ou par une explosion. Le feu et les explosions peuvent causer des brûlures thermiques. Toutefois, certaines lésions provoquées par les explosions sont particulièrement caractéristiques: il sagit de blessures engendrées soit par le choc de la détonation proprement dite (qui peut provoquer la perte de doigts ou de membres), soit par la projection de débris de verre qui peuvent entraîner des lacérations ou la cécité.
Lésions provoquées par dautres agents . Il existe une troisième catégorie de lésions qui ne sont imputables ni à une attaque chimique, ni à une combustion, mais à la combinaison dautres causes: organes mécaniques, courant électrique, sources lumineuses à haute énergie (ultraviolets et lasers), surfaces chaudes occasionnant des brûlures, éclatement violent par explosion soudaine dun récipient en verre à bouchon vissé sous leffet de la formation inattendue dune pression interne des gaz issus du produit chimique quil contenait, bords tranchants dune éprouvette cassée, etc. Les blessures dorigine mécanique les plus graves sont sans doute causées par le renversement de lourdes bouteilles de gaz sur le sol. Ces accidents peuvent occasionner des blessures aux jambes et aux pieds; de plus, si le fût de la bouteille se brise lors de la chute, la bouteille elle-même, propulsée par la fuite rapide et massive de gaz, devient un missile incontrôlé qui peut présenter un danger mortel.
Réunions consacrées à la sécurité et à la diffusion dinformations . La prévention des lésions repose sur lexécution correcte et sans danger des opérations effectuées en laboratoire, laquelle dépend essentiellement de la bonne formation des travailleurs à des méthodes de travail appropriées. Leur formation initiale, acquise au cours des études secondaires ou supérieures, devrait être complétée et renforcée par des séances périodiques consacrées à la sécurité. Ces séances devraient mettre laccent sur la compréhension des bases physiques et biologiques des bonnes pratiques de laboratoire, afin de permettre aux travailleurs de rejeter facilement des modes opératoires douteux et de choisir tout naturellement des méthodes techniquement sûres. Ces séances devraient également familiariser le personnel avec les données nécessaires pour adopter des méthodes sans danger et pour accéder aux sources de ces données.
Les travailleurs devraient pouvoir obtenir sans peine, à leur poste de travail, les informations techniques et de sécurité pertinentes: manuels de sécurité, fiches de données de sécurité relatives aux produits chimiques, informations toxicologiques ou relatives aux risques dincendie, etc.
Prévention des intoxications et des brûlures chimiques . Les intoxications et les brûlures chimiques ont en commun les quatre mêmes sites de pénétration ou dattaque: 1) la peau; 2) les yeux; 3) la bouche, qui mène à lestomac et aux intestins; et 4) le nez, qui conduit aux bronches et aux poumons. La prévention consiste à rendre ces sites inaccessibles aux substances toxiques et corrosives, en installant une ou plusieurs barrières matérielles entre la substance dangereuse et la personne à protéger et en veillant à ce que lair du laboratoire ne soit pas contaminé. On peut, par exemple, travailler à labri dun écran de protection ou utiliser une hotte, ou les deux; lemploi dune boîte à gants assure naturellement une double protection. En cas de contamination des tissus, on peut limiter la gravité des lésions en éliminant aussi rapidement et aussi complètement que possible le contaminant toxique ou corrosif.
Prévention des intoxications aiguës, des brûlures chimiques et des intoxications chroniques . Bien que la démarche adoptée pour isoler la substance dangereuse de la personne à protéger soit fondamentalement la même dans la prévention des intoxications aiguës, des brûlures chimiques et des intoxications chroniques, il faut procéder un peu différemment dans le dernier cas. A titre de comparaison, on peut dire que si les intoxications aiguës et les brûlures chimiques peuvent être assimilées à une attaque massive, lintoxication chronique ressemble plutôt à une guerre de siège. Provoqués généralement par des concentrations beaucoup plus faibles, exerçant leur influence par des expositions multiples au cours de périodes prolongées, les effets dune intoxication chronique se manifestent progressivement et insidieusement par une action discrète et continue. Laction corrective consiste tout dabord à détecter les produits chimiques susceptibles de provoquer une intoxication chronique (et cela avant même lapparition des premiers symptômes) ou à reconnaître certains signes dinconfort du travailleur comme étant les symptômes possibles dune intoxication chronique. En cas de suspicion dintoxication chronique, un examen médical devrait être pratiqué immédiatement dès lors que lon a détecté un toxique à une concentration dépassant ou même approchant la concentration admissible. Il faut également prendre des mesures efficaces pour éliminer le toxique ou, à tout le moins, ramener sa concentration à un niveau ne présentant pas de danger. La protection contre lintoxication chronique exige souvent lutilisation dun équipement de protection individuelle pendant la totalité ou la majeure partie de la journée de travail; pour des raisons de confort, lutilisation dune boîte à gants ou dun appareil respiratoire autonome nest cependant pas toujours possible.
Protection contre les intoxications et les brûlures chimiques . La meilleure protection contre la contamination de la peau par les éclaboussures dun liquide corrosif ou par des particules solides toxiques en suspension dans lair consiste à porter des gants et un tablier de laboratoire en caoutchouc naturel ou synthétique ou en un matériau polymère approprié, cest-à-dire en un matériau qui, sous laction de la substance vis-à-vis de laquelle il doit offrir une protection, ne se dissout pas, ne gonfle pas, ne subit aucune attaque daucune sorte par lagent corrosif ou toxique et y est imperméable. Lemploi dun écran protecteur interposé entre lappareil dans lequel des produits chimiques sont chauffés, mis à réagir ou distillés et lexpérimentateur constitue une mesure de prévention supplémentaire contre les brûlures chimiques et les intoxications par contamination de la peau. La rapidité avec laquelle un produit corrosif ou toxique est éliminé de la peau par lavage revêt une importance cruciale dans la prévention ou la limitation des lésions que ce produit peut infliger; une douche déluge, bien placée, constitue dès lors un élément de sécurité indispensable.
Ce sont les lunettes de sécurité et les masques qui offrent la meilleure protection des yeux et du visage contre les projections de liquide. Les contaminants en suspension dans lair comprennent non seulement des vapeurs et des gaz, mais aussi des solides et des liquides susceptibles dêtre présents sous une forme finement divisée, à létat de poussières ou de brouillards. Pour empêcher ces substances de pénétrer dans les yeux, le moyen le plus efficace consiste à travailler sous une hotte ou à utiliser une boîte à gants. Pour une meilleure protection, on peut porter des lunettes et travailler sous une hotte. La présence dans le laboratoire dune installation de lavage oculaire facilement accessible permet souvent déviter, et en tous les cas de limiter, les lésions provoquées par des projections corrosives ou toxiques.
La voie dabsorption conduisant de la bouche à lestomac, puis à lintestin, est généralement associée à une intoxication plutôt quà une attaque par des produits corrosifs. Lingestion dune substance toxique se produit généralement de manière accidentelle par la contamination chimique daliments ou de produits cosmétiques. Les sources de ces contaminations peuvent être des aliments conservés au réfrigérateur avec des produits chimiques, des aliments et boissons consommés au laboratoire, ou des rouges à lèvres conservés ou appliqués au laboratoire. La prévention de ce type dintoxication consiste à éviter des pratiques dont on sait quelles peuvent conduire à une contamination. Il convient donc de réserver les réfrigérateurs aux seules denrées alimentaires et de prendre ses repas en un lieu extérieur au laboratoire.
La voie allant du nez aux bronches et aux poumons la voie respiratoire est affectée uniquement par des substances véhiculées par lair, quil sagisse de gaz, de vapeurs, de poussières ou de brouillards. Il est possible dempêcher ces substances en suspension dans lair de pénétrer dans lappareil respiratoire des personnes se trouvant à lintérieur et à lextérieur du laboratoire en conjuguant les mesures suivantes: 1) procéder sous hotte aux opérations qui mettent en uvre ces substances; 2) régler le débit dair entrant au laboratoire de façon à renouveler latmosphère dix à douze fois par heure; et 3) faire régner en permanence, à lintérieur du laboratoire, une pression dair négative par rapport à celle des couloirs et locaux environnants (en dautres termes, à mettre le laboratoire en dépression). Les opérations dégageant des fumées ou de la poussière et mettant en uvre des appareillages très volumineux ou des récipients de la taille dun fût de grande capacité (218 litres, par exemple), cest-à-dire trop encombrants pour être installés sous une hotte ordinaire, devraient être réalisées sous une hotte spéciale. Dune manière générale, lemploi régulier dappareils de protection respiratoire, isolants autonomes ou non, est déconseillé pour les opérations de laboratoire, sauf dans les situations durgence.
Des intoxications chroniques au mercure, provoquées par linhalation de vapeurs de mercure, peuvent survenir dans les laboratoires, en général lorsque du mercure sest accumulé dans un endroit caché sous le plancher, dans des tiroirs ou des placards et a émis des vapeurs pendant une période suffisamment longue. Un maintien rigoureux de lordre et de la propreté devrait permettre de léviter. Si lon suspecte une fuite de mercure, il convient de rechercher la présence de vapeurs de mercure dans latmosphère du laboratoire soit à laide dun détecteur approprié, soit en envoyant un échantillon dair à un laboratoire danalyse.
Prévention des incendies et des explosions et lutte contre le feu . La principale cause des incendies de laboratoire est linflammation accidentelle de liquides inflammables. Il sagit, au sens de la sécurité incendie, de liquides dont le point déclair est inférieur à 36,7 °C. Au nombre des sources dinflammation connues pour avoir provoqué ce type dincendie, on trouve des flammes nues, des surfaces chaudes, des étincelles électriques provenant de commutateurs ou de moteurs équipant des appareils tels quun agitateur, un réfrigérateur ou un ventilateur de type domestique, ou encore des étincelles produites par de lélectricité statique. Quand un liquide inflammable senflamme, linflammation ne se produit pas dans le liquide lui-même mais au-dessus, dans le mélange de ses vapeurs avec lair, lorsque la concentration de ces vapeurs est comprise entre une limite inférieure et une limite supérieure données.
On peut prévenir les incendies de laboratoire en confinant les vapeurs de liquides inflammables à lintérieur des récipients dans lesquels ces liquides sont conservés ou à lintérieur des appareils dans lesquels ils sont mis en uvre. Sil nest pas possible demprisonner complètement ces vapeurs, il convient impérativement de limiter dans toute la mesure du possible leur vitesse déchappement et dassurer un courant dair vigoureux et continu pour les chasser afin de maintenir à tout instant leur concentration nettement au-dessous de la limite inférieure dinflammabilité. On y parvient en travaillant sous une hotte et en conservant les fûts de liquides inflammables dans des enceintes spéciales ventilées par extraction.
Une pratique particulièrement dangereuse consiste à entreposer des liquides inflammables comme léthanol dans un réfrigérateur de type domestique dans lequel les vapeurs émises par les liquides entreposés ne sont pas à labri des étincelles provenant des commutateurs, moteurs et relais de lappareil. Il faut donc ne jamais entreposer des récipients contenant des produits inflammables dans des réfrigérateurs de ce type. Cela vaut tout particulièrement pour les récipients ouverts contenant des liquides inflammables. Des produits inflammables, conservés dans des flacons à capuchon vissé à lintérieur dun réfrigérateur, ont déjà causé des explosions, probablement en raison dun joint défectueux ou du bris dun flacon. Les liquides inflammables quil convient de réfrigérer devraient être conservés uniquement dans des réfrigérateurs à lépreuve des explosions.
Les étincelles produites par laccumulation de charges électriques générées par un fluide en mouvement constituent une importante source des incendies qui se déclarent lors du transvasement ou du siphonnage de grandes quantités de substances inflammables dun récipient dans un autre; la formation détincelles peut être évitée par la mise à la terre des deux récipients.
La plupart des incendies de laboratoire impliquant des produits chimiques et des solvants, et qui ont une dimension maîtrisable, peuvent être éteints à laide dun extincteur contenant du dioxyde de carbone ou un produit chimique sec pulvérulent. Tout laboratoire devrait posséder, selon la taille des locaux, un ou plusieurs extincteurs de 4,5 kg de chaque type. Certains types de feux spéciaux exigent dautres agents extincteurs. Ainsi, on arrive à maîtriser de nombreux incendies impliquant des métaux en utilisant du sable ou du graphite. Pour éteindre la flamme des hydrures de métaux, il faut du graphite ou du carbonate de chaux pulvérulent.
Lorsque des vêtements ont pris feu, il faut réduire les flammes rapidement pour limiter le plus possible létendue et la gravité des lésions du type brûlure thermique. Une couverture antifeu accrochée au mur est efficace pour éteindre ce type de feu: la personne dont les vêtements se sont enflammés peut lutiliser elle-même, sans assistance extérieure, pour étouffer les flammes. Des douches déluge peuvent également être employées dans de telles circonstances.
Il existe des limites définissant le volume total des liquides inflammables susceptible dêtre entreposé sans danger dans un laboratoire. Cette limite, généralement spécifiée dans les consignes de sécurité incendie du local, dépend des matériaux de construction du laboratoire et de la présence ou non dun système dextinction automatique. Elle est généralement comprise entre 55 et 135 litres.
Dans la plupart des laboratoires, un certain nombre de robinets de gaz répartis dans les locaux permettent lutilisation de gaz naturel. Ils constituent les sources les plus fréquentes de fuites de gaz, tout comme les tuyaux de caoutchouc et les brûleurs. Si elles ne sont pas détectées dès le début, ces fuites peuvent provoquer de graves explosions. Pour localiser rapidement la source dune telle fuite, il est possible de recourir à des détecteurs de gaz qui indiquent le niveau de concentration gazeuse dans latmosphère.
Prévention des risques provenant de sources diverses . Les chutes de bouteilles de gaz haute pression un accident qui nest pas rare peuvent facilement être évitées en arrimant solidement les bouteilles par des cordes, des courroies ou des chaînes au mur ou à la paillasse du laboratoire et en munissant de capuchons toutes les bouteilles vides ou inutilisées.
La plupart des blessures dues aux bords ébréchés des éprouvettes de verre se produisent lorsquon enfonce un bouchon de liège ou de caoutchouc sur le tube. On peut les éviter en lubrifiant léprouvette avec de la glycérine ou en portant des gants de cuir.
Les matières incompatibles sont des substances qui, par contact ou mélange, produisent une réaction dangereuse ou potentiellement dangereuse. Les deux membres dun couple incompatible peuvent être soit deux produits chimiques, soit un produit chimique et un matériau de construction comme le bois ou lacier. Le fait de mélanger ou de mettre en contact deux matières incompatibles conduit soit à une réaction chimique, soit à une interaction physique qui dégage une grande quantité dénergie. Au nombre des conséquences spécifiques, dangereuses ou potentiellement dangereuses, de ces combinaisons susceptibles, en fin de compte, dentraîner de graves lésions ou des atteintes à la santé, on trouve le dégagement de grandes quantités de chaleur, lincendie, lexplosion et la production de gaz inflammables ou toxiques. Etant donné quun laboratoire contient généralement une assez grande variété de substances, lexistence dincompatibilités entre elles nest pas rare et représente une menace sérieuse, voire un danger de mort, si ces substances ne sont pas manipulées avec toutes les précautions requises.
Le mélange de matières incompatibles est rarement intentionnel. Il résulte le plus souvent du bris accidentel et simultané de deux récipients voisins. Ce peut être aussi la conséquence dune fuite ou dun débord ou encore dun mélange des vapeurs séchappant de bouteilles contiguës. Bien que la situation dangereuse soit souvent facilement observable lors du mélange de deux matières incompatibles, il existe au moins un cas où il se forme un mélange qui présente une toxicité chronique qui nest pas facilement détectable. Cest ce qui se produit lorsque du formaldéhyde gazeux provenant de formol à 37% réagit avec le chlorure dhydrogène émis par de lacide chlorhydrique concentré pour former du bis(chlorométhyl)éther, puissant produit cancérogène. Il existe également dautres possibilités de formation de gaz inflammables et inodores qui ne sont pas détectables immédiatement.
Il est pourtant très simple dempêcher le mélange de matières incompatibles par suite du bris simultané de récipients adjacents ou de léchappement de vapeurs de bouteilles contiguës: il suffit déloigner les récipients lun de lautre. Pour ce faire, il convient toutefois didentifier dabord le couple incompatible, ce qui nest pas toujours simple ni évident. Afin décarter autant que possible léventualité de passer à côté dun tel couple, il convient de consulter un compendium dincompatibilités et de le revoir de temps en temps pour se familiariser avec des exemples moins usuels. Pour éviter quun produit chimique nentre en contact avec la matière dune étagère, du fait dun débordement ou dun bris de flacon, il suffit de poser le flacon sur un plateau en verre offrant une capacité suffisante pour recueillir tout le contenu du flacon en cas de casse.
Norme sur les laboratoires publiée par lAdministration de la sécurité et de la santé au travail (Occupational Safety and Health Administration) des Etats-Unis (OSHA, 1990, 29 CFR 1910.1450)La description ci-après dun plan dhygiène en matière de produits chimiques au laboratoire correspond à la section (e:1-4), Plan dhygiène en matière de produits chimiques Généralités, de la norme sur les laboratoires publiée par lOSHA en 1990. Ce plan doit être tenu à la disposition des employés et de leurs représentants. Le plan dhygiène en matière de produits chimiques doit comprendre chacun des éléments ci-après et indiquer les mesures précises que lemployeur va prendre pour assurer la protection des employés du laboratoire:
Lemployeur doit examiner et évaluer lefficacité du plan dhygiène en matière de produits chimiques au moins une fois par an et le mettre à jour si nécessaire. |
Ventilationa) Ventilation générale du laboratoire. Le système de ventilation devrait être conçu pour fournir une alimentation en air pour la respiration et pour la mise en uvre de dispositifs de ventilation; il ne devrait pas être considéré comme un moyen de protection contre les substances toxiques émises dans le laboratoire, mais assurer le renouvellement de lair du laboratoire en continu, et empêcher laugmentation des concentrations dans lair des substances toxiques pendant la journée de travail. Il devrait assurer lafflux direct dair dans le laboratoire à partir de zones autres que des laboratoires et son évacuation vers lextérieur du local. b) Hottes . Une hotte de laboratoire pour deux travailleurs de 76 cm linéaires par personne devrait être prévue sils travaillent principalement avec des produits chimiques; chaque hotte devrait comporter un dispositif de réglage continu permettant de vérifier le fonctionnement correct de la hotte avant son utilisation. En cas dimpossibilité, on évitera de travailler avec des substances dont la toxicité nest pas connue ou fournira dautres types de dispositifs de ventilation localisée. c) Autres types de dispositifs de ventilation localisée . Des armoires de stockage aérées, des hottes daspiration, des schnorkels, etc. devraient être fournis si nécessaire. Hottes et schnorkels devraient être munis de leur propre conduit dévacuation. d) Zones de ventilation spéciales . Lair extrait des boîtes à gants et des enceintes isolées devrait passer par des épurateurs ou subir dautres traitements avant dêtre évacué par le système dévacuation général. Les chambres froides et les chambres chaudes devraient être équipées de manière à permettre une évacuation rapide même en cas de panne électrique. e) Modifications . Toute modification du système de ventilation devrait être précédée dune vérification approfondie indiquant que la protection des travailleurs vis-à-vis des substances présentes dans lair continuera dêtre assurée. f) Efficacité . Un taux de renouvellement dair compris entre 4 et 12 fois par heure est acceptable si lon utilise des systèmes localisés tels que des hottes en tant que principaux moyens de prévention technique. g) Qualité . La circulation dair générale devrait être exempte de turbulences et relativement uniforme dans lensemble du laboratoire, sans zones mortes ou dans lesquelles la vitesse de lair est excessive. La circulation vers et à lintérieur de la hotte ne devrait pas être trop turbulente; la vitesse frontale de la hotte devrait être appropriée (généralement comprise entre 30 et 50 cm/s). h) Evaluation . La qualité et le débit de ventilation devraient être évalués lors de linstallation, contrôlés ensuite régulièrement (au moins tous les trois mois) et réévalués chaque fois que lon apporte une modification à la ventilation localisée. * Ces directives correspondent aux informations figurant dans la section C de lAnnexe à la norme 29 CFR 1910.1450 de lOSHA. |
Pour éliminer ou réduire le plus possible lexposition des travailleurs aux polluants atmosphériques, les professionnels de la santé au travail sen remettent généralement, dans lordre où elles sont citées, aux techniques ci-après: substitution, isolement, ventilation générale, ventilation par aspiration localisée, méthodes de travail, équipements et vêtements de protection individuelle. Le plus souvent, on applique simultanément plusieurs de ces techniques.
Les médecins et les hygiénistes du travail devraient toujours avoir présent à lesprit le concept séquentiel «source-voie-cible». Leurs efforts devraient porter en premier sur la source, ensuite sur la voie et, en dernier ressort seulement, sur la cible. Que ce soit pendant les phases de conception ou de démarrage dun procédé nouveau, ou pendant lévaluation dun procédé existant, il faut toujours aller de la source vers la cible. Il est probable que lon devra faire appel, dans la plupart des cas, à la majorité, sinon à la totalité, des stratégies passées en revue.
Le principe de substitution consiste à éliminer ou à réduire le risque en remplaçant les matières incriminées par des matières non toxiques ou moins toxiques, ou en modifiant la conception du procédé de façon à éviter que des contaminants ne puissent pénétrer dans les lieux de travail. Lidéal serait de disposer de produits chimiques de substitution non toxiques ou de pouvoir modifier le procédé utilisé de façon à éliminer lexposition dangereuse. Cela nest malheureusement pas toujours possible.
Il faut veiller avec le plus grand soin à ce quune opération de substitution naboutisse pas à une situation plus dangereuse. Bien que laccent soit mis sur la toxicité, il faut également tenir compte, dans lexamen des possibilités de substitution et lévaluation comparative des risques, de linflammabilité et de la réactivité chimique des produits de remplacement.
Cette technique consiste à éliminer ou à limiter le risque en séparant les opérateurs des processus qui émettent des contaminants. A cette fin, on enferme complètement le processus dans une enceinte (encoffrement ou mise en vase clos) ou on le place à une distance de sécurité. Il peut être nécessaire dans ce cas de le faire fonctionner ou de le commander à distance. Lisolement est particulièrement utile pour les opérations qui nexigent quun effectif réduit et lorsque dautres techniques sont difficiles à mettre en uvre. Une autre formule consiste à planifier les opérations dangereuses en dehors des postes de jour, ce qui permet en général de réduire le nombre des travailleurs exposés. Lexposition au risque ne sen trouve pas éliminée, mais les personnes exposées sont moins nombreuses.
On utilise couramment deux types de ventilation par extraction pour réduire les concentrations de contaminants dans lair des lieux de travail. Le premier est appelé ventilation générale ou par dilution. Cest le second captage au point démission, aspiration localisée ou ventilation par aspiration à la source qui sera examiné de façon plus détaillée dans le présent article.
Il importe de ne pas confondre ces deux types de ventilation par extraction avec la ventilation dite de confort, dont le rôle principal consiste à fournir des quantités déterminées dair extérieur pour assurer la respiration et maintenir la température et lhumidité voulues. Divers types de ventilation sont étudiés dans dautres chapitres de cette Encyclopédie, notamment au chapitre no 45, «La régulation des environnements intérieurs».
La forme la plus efficace et la plus rentable de lutte contre les contaminants est la ventilation par aspiration localisée, qui consiste à capter le produit chimique polluant à son point démission. Il en existe trois types:
Lencoffrement, conçu essentiellement pour contenir les matières qui se trouvent à lintérieur dune enceinte, représente la solution optimale. Il sera dautant plus efficace quil sera intégral, cest-à-dire sans ouverture aucune. Cest le cas, par exemple, des boîtes à gants, des cabines de sablage et des armoires de stockage de gaz toxiques (voir figures 61.1, 61.2 et 61.3). Les enceintes partielles comportent une ouverture sur un ou plusieurs côtés, mais la source se trouve toujours à lintérieur. A titre dexemple, citons les cabines de peinture au pistolet (voir figure 61.4) et les hottes de laboratoire. La conception dune enceinte donne souvent limpression de relever de lart plus que de la science. Il sagit essentiellement de concevoir une hotte offrant la plus petite ouverture possible. Le débit dair requis est généralement fonction de la superficie totale des ouvertures et de la nécessité de maintenir une vitesse de lair de 0,25 à 1,0 m/s. La vitesse choisie dépendra des caractéristiques de lopération, notamment de la température et du taux auxquels le polluant va être généré. Dans le cas denceintes de forme complexe, il faut veiller avec le plus grand soin à ce que le flux dextraction soit distribué de façon uniforme dans lensemble de lenceinte, en particulier si les ouvertures sont multiples. De nombreux modèles denceinte ont fait lobjet détudes expérimentales sur modèle; si elles savèrent efficaces, elles sont mentionnées dans le manuel de ventilation industrielle de la Conférence américaine des hygiénistes gouvernementaux du travail (American Conference of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH, 1992)).
Souvent, le confinement intégral de la source est impossible ou superflu. Dans ces cas, on peut utiliser une autre forme daspiration à la source, cest-à-dire une hotte de captage. Une telle hotte empêche le rejet du polluant dans latmosphère du lieu de travail en le capturant à son point démission ou à proximité. On peut alors se contenter en général dun débit de ventilation beaucoup moins important que dans le cas dun encoffrement partiel. Toutefois, comme le contaminant est émis à lextérieur de la hotte, celle-ci doit être conçue et utilisée correctement pour être aussi efficace quune enceinte partielle. La solution la meilleure est toujours fournie par un encoffrement intégral.
Pour être efficace, louverture dune hotte de captage doit avoir une forme géométrique appropriée et être placée à une certaine distance du point démission du polluant. Cette distance dépendra des dimensions et de la forme de la hotte ainsi que de la vitesse de lair nécessaire pour capter le contaminant à la source et lentraîner dans la hotte. Il est préférable, en général, que lair soit extrait le plus près possible de la source. Les vitesses daspiration frontale ou par fente sont en général de lordre de 0,25 à 1,0 m/s et de 5,0 à 10,0 m/s, respectivement. On trouvera de nombreuses indications pour la conception de ce type de hotte au chapitre 3 du manuel de lACGIH (ACGIH, 1992) ou dans louvrage de Burgess, Ellenbecker et Treitman (1989). Les deux types de hotte de captage les plus fréquemment utilisés sont les hottes suspendues et les hottes à fente daspiration horizontale.
Les hottes suspendues sont employées principalement pour capter des gaz, des vapeurs ou des aérosols émis dans une direction et un sens donnés et à une vitesse qui peut être exploitée pour favoriser leur captage. On les utilise en général lorsque lopération à maîtriser se déroule à température élevée, afin de tirer parti du courant thermique ascendant qui se crée ou lorsque les émissions sont dirigées vers le haut, comme cest le cas, par exemple, dans les étuves, les fours de fusion ou les autoclaves. De nombreux fabricants recommandent des configurations de hottes spécifiques, adaptées à leurs matériels; il est vivement conseillé de prendre conseil auprès deux. On trouvera également des indications utiles dans le chapitre 3 du manuel de lACGIH déjà cité (ACGIH, 1992). Ainsi, pour un autoclave ou un four lorsque la distance entre le bas de la hotte et la source de chaleur ne dépasse pas le diamètre de la source ou 1 m environ, selon celle de ces deux valeurs qui est la plus faible la hotte peut être considérée comme une hotte de captage basse. Dans ces conditions, le diamètre (ou la section) de la colonne dair chaud sera approximativement égal à celui de la source. Il suffira donc que le diamètre ou les bords de la hotte débordent de 30 cm le pourtour de la source.
Le débit dune hotte basse circulaire est donné par la formule:
dans laquelle:
Q t = débit dair de la hotte en litre/s
Df = diamètre de la hotte, en m
Dt = différence entre la température de la source démission et la température ambiante, en °C.
Il existe une relation similaire pour les hottes rectangulaires et les hottes de captage hautes. Une hotte de captage haute est représentée à la figure 61.5.
Les hottes aspirantes à fente sont utilisées pour les opérations qui ne peuvent être réalisées à lintérieur dune enceinte de confinement ou sous une hotte de captage suspendue, comme le remplissage de fûts, la galvanoplastie, le soudage ou le dégraissage. On en trouvera des exemples aux figures 61.6 et 61.7. Le calcul du débit nécessaire peut seffectuer à partir dune série déquations déterminées empiriquement par les dimensions et la forme de la hotte et la distance entre la hotte et la source. Ainsi, pour une hotte à fente daspiration horizontale, le débit requis est donné par la formule:
où:
Q = débit dair en m3/min
L = longueur de la fente en m
V = vitesse de captage requise à la source en m/min
X = distance de la source à la fente, en m
La vitesse à la source est parfois appelée «vitesse de captage»; elle est généralement comprise entre 0,25 et 2,5 m/s. Le manuel de lACGIH fournit des indications pour le choix de la vitesse de captage appropriée. Dans les locaux à fort courant dair transversal ou pour des matières très toxiques, il convient de retenir lextrémité supérieure de la fourchette. Des vitesses supérieures seront nécessaires pour le captage des particules.
Certaines installations peuvent combiner encoffrement, hotte de captage suspendue et hotte aspirante à fente. Ainsi, la cabine de peinture au pistolet représentée à la figure 61.4 est une enceinte partiellement fermée, équipée dun système dextraction. Elle est conçue pour assurer un captage efficace des particules en suspension dans lair en tirant parti de lénergie cinétique conférée aux particules par lair comprimé dirigé vers le dispositif dextraction.
Les installations daspiration localisée devraient être conçues avec soin. Il importe de considérer notamment: 1) la possibilité dencoffrer lopération; 2) les caractéristiques de la source (source ponctuelle ou diffuse) et le mode démission du contaminant; 3) la capacité du système de ventilation existant; 4) la place dont on dispose; et 5) la toxicité et linflammabilité du ou des polluants émis.
Une fois linstallation en place, il faut instaurer un programme de contrôle et de maintenance pour garantir lefficacité de son fonctionnement (OSHA, 1993). Le contrôle dune hotte de laboratoire de type standard pour produits chimiques est devenu pratique courante dans les années soixante-dix. Ce nest pas le cas pour les autres installations daspiration localisée; cest donc à lutilisateur quil appartient de choisir une procédure appropriée. La plus efficace serait un contrôle continu du débit au moyen, par exemple, dun simple manomètre magnétique ou hydraulique mesurant la pression statique au niveau de la hotte (ANSI/AIHA, 1993). La pression statique nécessaire (en cm deau) est donnée par les calculs effectués au stade de létude; les mesures de débit peuvent être effectuées au moment de linstallation, à titre de vérification. Quil existe ou non un débitmètre permanent, des tests périodiques de la performance de linstallation demeurent indispensables. Ces essais peuvent être réalisés avec de la fumée pour visualiser le captage en mesurant le débit total du système et en le comparant à sa valeur théorique. Dans le cas dun encoffrement, on a généralement intérêt à mesurer la vitesse frontale au droit des orifices dextraction.
Le personnel devrait recevoir une formation lui permettant dutiliser correctement une hotte daspiration, en particulier lorsque la distance entre le point démission du polluant et la hotte peut être facilement modifiée par lopérateur.
Etudiées, installées et employées comme il se doit, les installations daspiration localisée peuvent être un moyen économique et très efficace de prévenir lexposition à des matières toxiques.
Il sagit des méthodes quappliquent les travailleurs pour exécuter correctement les opérations qui leur sont confiées. De nombreux exemples en sont donnés dans la présente Encyclopédie. Par ailleurs, lorsquil est question déducation, de formation, de principes de gestion ou de systèmes de soutien social, limportance de méthodes de travail éprouvées dans la lutte contre les risques professionnels est fréquemment relevée.
Léquipement de protection individuelle devrait être considéré comme la dernière ligne de défense. Il est souvent associé à dautres moyens, par exemple sil sagit de minimiser les effets de rejets imprévus. Le sujet est traité de manière détaillée dans le chapitre no 31, «La protection individuelle».
Le GESTIS, système dinformation sur les substances dangereuses des Berufsgenossenschaften (BG, caisses mutuelles professionnelles dassurance contre les accidents du travail), en Allemagne, est présenté ici en tant que système dinformation intégré pour la prévention des risques liés aux substances et produits chimiques sur les lieux de travail.
Avec la promulgation et lentrée en vigueur en Allemagne, vers le milieu des années quatre-vingt, de la réglementation relative aux matières dangereuses, les demandes dinformations ont connu une très forte augmentation. Ce sont les BG qui ont dû répondre à ces demandes dans le cadre de leurs activités statutaires de conseil et de surveillance dans lindustrie.
Les spécialistes cest-à-dire notamment les personnes travaillant avec les services dinspection technique des BG, les ingénieurs de sécurité des entreprises, les médecins du travail et ceux qui participent à des comités dexperts doivent pouvoir disposer de données précises et fiables. En outre, les informations sur les dangers liés aux produits chimiques et les mesures de sécurité nécessaires sont aussi importantes pour les profanes appelés à utiliser des produits dangereux. Ce qui compte en définitive sur le terrain, cest lefficacité des précautions mises en uvre; il est donc essentiel que les informations pertinentes soient facilement accessibles aux exploitants, aux personnels de sécurité et dhygiène, aux travailleurs eux-mêmes et, le cas échéant, aux comités dentreprise et aux organismes internes de sécurité et dhygiène du travail.
Cest dans ce contexte que le GESTIS a été crée en 1987. Les institutions des BG avaient, pour la plupart, constitué des bases de données depuis plus de vingt ans. Ces bases ont été réunies et complétées dans le cadre du GESTIS par de nouveaux éléments, y compris une base de données factuelles sur les substances et les produits, et par des systèmes dinformation propres aux différentes branches dindustrie. Le GESTIS est un système à la fois centralisé et local; il contient de nombreuses données concernant lindustrie allemande, classées selon les branches dindustrie.
Le GESTIS est constitué de quatre bases de données centrales formant le cur du système; celles-ci se trouvent au siège des BG et de leur Institut pour la sécurité du travail (BIA). Des systèmes dinformation par branches existent à léchelon local, complétés par une documentation sur la surveillance assumée par les médecins du travail. Des interfaces sont également assurées avec des bases de données extérieures.
Les groupes cibles, en ce qui concerne les données relatives aux substances dangereuses (tels que les ingénieurs de sécurité et les médecins du travail) ont besoin de données spécifiques en fonction de leurs besoins particuliers. Les inspecteurs techniques peuvent avoir besoin dautres informations encore. Les informations destinées aux travailleurs devraient être intelligibles et viser la mise en uvre correcte des produits chimiques. Enfin, le grand public a le droit, lui aussi, dêtre informé, quil sagisse des risques auxquels il peut être exposé ou des précautions à observer.
Le GESTIS doit être capable de satisfaire aux besoins dinformation des divers groupes cibles en fournissant des renseignements précis axés sur la pratique.
Il faut en premier lieu disposer de données concrètes portant sur les substances chimiques pures, fondées sur les connaissances scientifiques et les prescriptions légales. Les rubriques et les informations figurant dans les fiches de données de sécurité, telles quelles sont définies par exemple par lUnion européenne dans la directive 91/155/CEE (CEE, 1991), correspondent aux obligations légales des entreprises en matière de sécurité au travail et fournissent un cadre approprié.
Ces données sont accessibles en ligne à partir de la base de données centrale du GESTIS sur les substances et les produits (ZeSP), constituée dès 1987 avec le concours des services officiels dinspection du travail (en loccurrence les banques de données relatives aux substances dangereuses des Länder). Ces données, qui visent les substances chimiques et leurs mélanges, sont établies à partir dinformations concrètes vérifiées. Dans la pratique, il se pose un problème important; en effet, les auteurs des fiches de données de sécurité nidentifient pas toujours les substances qui entrent dans les préparations. La directive européenne mentionnée plus haut prévoit des améliorations dans ce domaine et demande des indications plus précises quant au listage des divers composants.
Létablissement de fiches de données de sécurité par le GESTIS est indispensable si lon veut combiner les données fournies par les fabricants et celles provenant de sources indépendantes. Ce résultat peut être atteint grâce aux informations recueillies par les diverses BG et à un projet mené en coopération avec les fabricants. On possède ainsi lassurance que les fiches de données de sécurité sont tenues à jour et quelles sont aisément accessibles (voir figure 61.8). Elles sont en grande partie incorporées dans la base de données ISI.
Du fait que les fiches de données de sécurité ne prennent pas toujours suffisamment en compte certaines utilisations particulières dun produit, les spécialistes des différentes branches dindustrie réunissent des données sur des groupes de produits (les lubrifiants de refroidissement dans le cadre de lhygiène au travail, par exemple) à partir des informations fournies par les fabricants et des données sur les composants de ces produits. Les groupes de produits sont définis en fonction de leurs utilisations et de leur potentiel de risque. Les informations fournies sur les groupes de produits sont indépendantes de celles données par les fabricants quant à la composition de leurs différents produits, car elles se fondent sur les formules générales de composition. Ainsi, lutilisateur peut accéder, non seulement aux fiches de données de sécurité, mais encore à une source dinformation supplémentaire indépendante.
La base de données ZeSP fournit des informations sur la sécurité dans la mise en uvre des substances dangereuses au travail, y compris sur les mesures spécifiques de prévention et durgence; elle contient en outre de nombreuses informations détaillées destinées aux médecins du travail, et cela sous une forme intelligible et concrète (Engelhard et coll., 1994).
En plus des informations pratiques mentionnées ci-dessus, les comités dexperts nationaux et internationaux ont besoin dautres données encore pour évaluer les risques liés aux substances chimiques (par exemple, la réglementation des produits chimiques de lUnion européenne).
Pour évaluer convenablement le risque, il faut disposer en particulier de données intéressant: 1) la catégorie dutilisation des substances ou des produits; 2) les quantités mises en uvre et le nombre de personnes exposées; et 3) des données sur lexposition. Celles-ci peuvent être obtenues à partir des registres de substances dangereuses des entreprises, dont la tenue est obligatoire en vertu de la législation européenne sur les substances dangereuses. Elles peuvent être regroupées à un niveau supérieur pour constituer des registres par branches ou pour évaluer limportance du commerce des produits considérés. Ces registres revêtent une importance croissante dès lors quils constituent une base de décision pour les responsables politiques.
Les données sur lexposition cest-à-dire les valeurs mesurées des concentrations de substances dangereuses sont obtenues par lintermédiaire des BG dans le cadre de leur programme de mesurage des substances dangereuses (BGMG, 1995); ce programme a pour objet de vérifier que les valeurs seuils autorisées sur le lieu de travail sont respectées. Il est nécessaire de prendre en compte le niveau technologique lors de létablissement des valeurs seuils et pour les analyses de risque, de même que pour des études épidémiologiques et pour létude des maladies professionnelles.
Les résultats des mesurages effectués dans le cadre de la surveillance des lieux de travail sont consignés dans la documentation concernant les substances dangereuses au travail (DOK-MEGA). Depuis 1972, plus de 800 000 résultats de mesurage ont été fournis par plus de 30 000 entreprises, et quelque 60 000 nouveaux mesurages sy ajoutent chaque année. Les caractéristiques particulières du programme BGMG comprennent un système dassurance qualité, des composantes éducation et formation, des procédures normalisées pour léchantillonnage et lanalyse, une stratégie de mesurage harmonisée sappuyant sur une base légale ainsi que des outils de traitement de données pour la collecte de linformation, lassurance qualité et lévaluation (voir figure 61.9).
Les valeurs dexposition mesurées doivent être représentatives, reproductibles et compatibles. Les données fournies par le programme BGMG sont considérées comme étant représentatives de la seule entreprise en cause. Les sites de mesurage sont choisis dans chaque cas selon des critères techniques, et non selon des critères statistiques. La question de la représentativité se pose toutefois lorsque les valeurs mesurées pour le même lieu de travail, ou un lieu de travail similaire, ou même pour toute une branche dindustrie, sont regroupées à des fins statistiques. Les mesurages effectués dans le cadre de lactivité de surveillance fournissent en général des valeurs moyennes plus élevées que les données initialement recueillies en vue de constituer un échantillon représentatif dune branche dindustrie.
Lors de chaque mesurage, il est indispensable denregistrer et de documenter séparément les caractéristiques de lentreprise et du procédé considérés, ainsi que les paramètres de léchantillonnage si lon veut pouvoir regrouper les valeurs mesurées de manière statistiquement correcte et les interpréter de manière techniquement satisfaisante.
Le programme DOK-MEGA permet datteindre ces objectifs grâce à lapplication des principes ci-après pour lenregistrement et la documentation des données:
Le BIA met à profit lexpérience quil a acquise avec la documentation DOK-MEGA dans le cadre dun projet de recherche de lUnion européenne mené avec des représentants dautres bases de données nationales sur les expositions, en vue daméliorer la comparabilité des résultats. Le projet tente en particulier de définir les critères de base qui pourraient servir de référence en matière de comparabilité et de mettre au point un protocole pour la documentation des données.
En plus des données concrètes sur les substances et les produits chimiques et des résultats des mesurages dexposition, il est nécessaire de disposer dinformations quant aux effets sur la santé dexpositions réelles à des substances dangereuses sur les lieux de travail. On ne peut tirer de conclusions satisfaisantes sur la sécurité au travail au niveau dune entreprise ou dun groupe dentreprises que si lon a une vue densemble des risques potentiels, des risques réels et de leurs conséquences.
Le GESTIS a retenu par conséquent une autre composante: cest la documentation sur les maladies professionnelles (BK-DOK), qui rassemble des données sur tous les cas de maladies professionnelles enregistrés depuis 1975.
Pour létude des maladies professionnelles liées à des substances dangereuses, il est essentiel de connaître exactement les substances incriminées dans chaque cas. En général, cette connaissance peut demander beaucoup de temps, mais elle est indispensable. Une prévention efficace est impossible sans une identification précise des substances et des produits en cause.
La quatrième composante proposée pour le GESTIS vise les informations générales fournies par les publications courantes. A cet effet, une liaison a été établie avec une banque de données documentaires (ZIGUV-DOK), qui contient actuellement 50 000 références, dont 8 000 portent sur des substances dangereuses.
Si lon veut que le système GESTIS fonctionne efficacement, il faut que ses diverses composantes soient coordonnées de manière satisfaisante. Il faut donc pouvoir coupler, par exemple, des données relatives à lexposition et des données concernant les cas de maladies professionnelles. Un tel couplage devrait permettre de créer un système dinformation véritablement intégré à partir des informations de base disponibles, codées selon le système normalisé du GESTIS (voir tableau 61.2).
Objet |
Individuel |
Groupe |
Code |
Code |
|
Substance, préparation |
ZVG, numéro central d’affectation (BG) |
SGS/PGS, code du groupe de la substance/ préparation (BG) |
Lieu de travail |
BIA, branche d’activité d’une usine individuelle (BG) |
AB, branche d’activité (BIA) |
Personne exposée |
Activité (BIA) basée sur la liste des professions de l’Office fédéral des statistiques |
L’origine des codes est indiquée entre parenthèses.
Grâce aux codes du GESTIS, il est possible à la fois de coupler deux éléments dinformation (par exemple, des mesurages provenant dun lieu de travail donné et un cas de maladie professionnelle observé sur le même lieu de travail ou dans un lieu de travail similaire) et dobtenir une information statistiquement condensée et caractéristique (par exemple, maladies liées à des procédés spécifiques et données dexposition moyennes correspondantes). En cas de couplage de données personnelles à laide, par exemple, du matricule de la sécurité sociale, il faut naturellement respecter rigoureusement les prescriptions sur la protection des données.
Il est évident que seul un codage systématique sera à même de satisfaire ces diverses exigences à lintérieur du système dinformation. Il ne faut pas négliger pour autant les possibilités de couplage entre les différents systèmes dinformation dun même pays et entre les systèmes de différents pays. Ces possibilités de couplage et de comparaison dépendent essentiellement de lapplication de normes de codage unifiées au niveau national et, si possible, à léchelon international.
Au centre de la structure du GESTIS se trouvent des bases de données concrètes sur les substances et les produits, les expositions, les maladies professionnelles, avec des références bibliographiques et des données compilées par les spécialistes travaillant au GESTIS et celles qui proviennent des activités périphériques des BG. Pour que ces données puissent être exploitées, il est indispensable datteindre les utilisateurs de façon globale en publiant des articles dans la presse spécialisée (sur lincidence des maladies professionnelles, par exemple), mais aussi de manière plus ciblée par le biais des activités de conseil des BG auprès de leurs membres.
Les développements futurs vont porter en priorité sur la prévention. En collaboration avec les fabricants, divers projets prévoient la préparation de données, complètes et à jour, concernant les produits chimiques, létablissement de valeurs caractéristiques sur le lieu de travail (déterminées statistiquement à partir des résultats des mesurages dexposition et de la documentation spécifique aux produits), ainsi que lévaluation des données intéressant les maladies professionnelles.