Un système peut être défini comme un ensemble de composants interdépendants combinés de manière à assurer une fonction donnée dans des conditions spécifiques. Une machine est un exemple tangible et particulièrement concret de système répondant à cette définition, mais il existe dautres types de systèmes, impliquant des hommes et des femmes au sein dune équipe, dun atelier ou dune usine, qui sont nettement plus complexes et moins faciles à définir. La notion de sûreté suggère labsence de danger ou de risques daccidents ou de lésions. Pour lever toute ambiguïté, on emploiera lexpression événement indésirable qui a une acception plus générale. La sûreté absolue, au sens de limpossibilité que survienne un incident plus ou moins malheureux, relève de lutopie. Si lon veut rester réaliste, on doit rechercher une probabilité, non pas nulle mais très faible, dévénements indésirables.
Un système donné ne peut être considéré comme sûr ou non que par rapport aux résultats quon en attend. Dans ces conditions, le niveau de sûreté dun système peut être défini ainsi: «Pour un ensemble donné dévénements indésirables, le niveau de sûreté (ou dabsence de sûreté) dun système est déterminé par la probabilité que ces événements se produisent sur une période de temps donnée.» Les exemples suivants peuvent être retenus en tant quévénements indésirables dans le cadre de cet exposé: décès dune ou de plusieurs personnes, blessures graves, blessures légères, dommages à lenvironnement, effets nocifs sur des êtres vivants, destruction dinstallations ou de bâtiments, dégâts de grande ampleur ou limités à des matériels ou à des équipements.
Lanalyse de sûreté des systèmes a pour objet de déterminer les facteurs ayant une incidence sur la probabilité des événements indésirables, détudier comment ces événements peuvent se produire et, en dernier lieu, délaborer des mesures de prévention de nature à en réduire la probabilité.
La phase analytique du problème peut être subdivisée en deux aspects principaux:
Une fois étudiés les différents dysfonctionnements et leurs conséquences, les analystes de la sûreté des systèmes peuvent tourner leur attention vers les mesures préventives. La recherche dans ce domaine repose alors directement sur les conclusions précédentes. Cette investigation des moyens de prévention suit les deux grands aspects de lanalyse de la sûreté des systèmes.
La sûreté des systèmes peut être analysée avant ou après lévénement (a priori ou a posteriori). Dans les deux cas, la méthode employée peut être soit prospective, soit rétrospective. Lanalyse a priori a lieu avant lévénement indésirable. Lanalyste choisit un certain nombre dévénements et entreprend de rechercher les différentes étapes susceptibles dy conduire. Au contraire, lanalyse a posteriori intervient après lévénement indésirable. Son but est de fournir des orientations pour lavenir et, en particulier, de tirer les conclusions qui pourraient être utiles pour des analyses a priori ultérieures.
Bien que lon puisse penser quune analyse a priori soit bien plus utile quune analyse a posteriori, dans la mesure où elle précède lincident, toutes deux sont en fait complémentaires. Le choix de la méthode dépend de la complexité du système en cause et de ce que lon connaît déjà à son sujet. Dans le cas de systèmes concrets comme des machines ou des installations industrielles, on a pour habitude de se fonder sur lexpérience antérieure pour la préparation dune analyse a priori détaillée. Toutefois, même dans ce cas, lanalyse nest pas nécessairement infaillible et elle tirera sans aucun doute avantage dune analyse a posteriori ultérieure fondée essentiellement sur une étude des incidents survenus en cours dexploitation. Pour les systèmes plus complexes impliquant des personnes, comme les équipes de travail, les ateliers ou les usines, une analyse a posteriori prend encore plus dimportance. En pareils cas, lexpérience antérieure ne suffit pas toujours pour une analyse a priori détaillée et fiable.
Une analyse a posteriori peut évoluer en une analyse a priori lorsque lanalyste va au-delà du processus unique ayant conduit à lincident et commence à sintéresser aux différentes circonstances pouvant logiquement conduire à cet incident ou à dautres de même nature.
Une analyse a posteriori peut également se transformer en analyse a priori lorsquon met laccent non pas sur lévénement (dont la prévention est le principal but de lanalyse en cours), mais sur des incidents moins graves. Ces incidents, par exemple des problèmes techniques, des dégâts aux matériels ou des accidents potentiels ou mineurs, de faible importance en eux-mêmes, peuvent être les signes avant-coureurs dévénements plus graves. Bien queffectuée après les incidents mineurs, lanalyse devient alors une analyse a priori en ce qui concerne des événements plus graves qui nont pas encore eu lieu.
Il existe deux méthodes possibles pour étudier le mécanisme ou la logique dune séquence de deux événements ou plus:
La figure 58.1 est le schéma dun circuit de commande qui impose dappuyer simultanément sur deux boutons (B1 et B2) pour activer le bobinage du relais (R) et mettre en route la machine. Cet exemple peut servir à illustrer de façon concrète les méthodes prospective et rétrospective employées dans lanalyse de la sûreté des systèmes.
Dans la méthode prospective, lanalyste commence par: 1) dresser une liste des défauts, des dysfonctionnements et des inadaptations; 2) étudier leurs effets; 3) déterminer si ces effets présentent ou non une menace pour la sécurité. Dans le cas de la figure 58.1, les défauts possibles sont les suivants:
Lanalyste peut alors déduire les conséquences de ces défauts et exposer ses conclusions sous forme de tableau (voir tableau 58.1).
Défauts |
Conséquences |
Rupture du fil entre 2 et 2’ |
Impossibilité de mettre en marche la machine* |
Fermeture accidentelle de B1 (ou B2 ) |
Pas de conséquence immédiate |
Contact involontaire en C1 (ou C2 ) suite à une obstruction mécanique |
Pas de conséquence immédiate, mais risque d’une possibilité de démarrage de la machine par simple pression sur le bouton B2 (ou B1 )** |
Court-circuit entre 1 et 1’ |
Activation de la bobine du relais R démarrage accidentel de la machine*** |
* Incident influençant directement la fiabilité du système. ** Incident provoquant une grave diminution du niveau de sécurité du système. *** Incident dangereux, à éviter.
Voir texte et figure 58.1.
Dans le tableau 58.1, les conséquences dangereuses ou susceptibles de diminuer sensiblement le niveau de sûreté du système peuvent être désignées par des signes conventionnels comme ***.
Note: Dans le tableau 58.1, une rupture du fil entre 2 et 2´ (voir figure 58.1) donne lieu à une situation qui nest pas considérée comme dangereuse. Elle na pas deffet direct sur la sûreté du système; en revanche, sa fiabilité est directement affectée par la probabilité de ce genre dincident.
La méthode prospective convient particulièrement à la simulation. La figure 58.2 représente un simulateur analogique destiné à étudier la sûreté des circuits commandés par pression. La simulation de ce circuit de commande permet de vérifier que, en labsence de défaut, le circuit est effectivement capable dassurer la fonction voulue sans enfreindre les critères de sécurité. De plus, le simulateur donne à lanalyste la possibilité dintroduire des défauts dans les différents composants du circuit, dobserver leurs conséquences et de distinguer ainsi les circuits correctement conçus (faible nombre ou absence de défauts dangereux) des circuits mal conçus. Ce type danalyse peut être effectué sur ordinateur.
Dans la méthode rétrospective, lanalyste part de lévénement indésirable, incident ou accident, et remonte aux événements précédents pour déterminer ceux qui sont susceptibles daboutir aux événements à éviter. Dans la figure 58.1, lévénement à éviter en dernière instance serait la mise en marche involontaire de la machine.
Il est possible de représenter les conclusions de cette analyse sur un diagramme arborescent (raison pour laquelle la méthode rétrospective est appelée «analyse par arbre des causes»), comme celui figurant à la figure 58.3.
Ce diagramme emploie des opérateurs logiques, dont les plus importants sont «OU» et «ET». Lopérateur «OU» signifie que [X1] se produira si soit [A], soit [B] (ou les deux) se produisent. Lopérateur «ET» signifie que pour que [X2] se produise, il faut à la fois que [C] et [D] se soient produits (voir figure 58.4).
La méthode rétrospective est souvent employée dans lanalyse a priori des systèmes concrets, notamment dans les industries chimique, aéronautique, spatiale et nucléaire. Elle sest également avérée extrêmement utile dans les enquêtes sur les accidents industriels.
Bien que très différentes, les méthodes prospective et rétrospective sont complémentaires. La méthode prospective est fondée sur un ensemble de défauts ou de dysfonctionnements; la valeur dune telle analyse dépend donc largement de la pertinence des dysfonctionnements pris en compte au départ. Sous cet éclairage, la méthode rétrospective paraît plus systématique. Si lanalyste connaît les types daccidents ou dincidents qui peuvent se produire, il peut théoriquement appliquer cette méthode pour remonter à lensemble des dysfonctionnements ou combinaisons de dysfonctionnements susceptibles dy conduire. Toutefois, du fait que les comportements dangereux dun système ne sont pas forcément connus davance, la méthode prospective permet de les découvrir, au moyen dune simulation par exemple. Une fois ces comportements identifiés, la méthode rétrospective permet den analyser les dangers de façon plus détaillée.
Les méthodes analytiques que lon vient de décrire ne sont pas de simples processus mécaniques quil suffit dappliquer de façon automatique pour parvenir à des conclusions utiles à lamélioration de la sûreté dun système. Les analystes rencontrent au contraire un certain nombre de problèmes au cours de leur travail, et lutilité de leurs analyses dépend pour une grande part de la manière dont ils sy prennent pour les résoudre. Nous exposons ci-après certains des problèmes classiques qui peuvent se présenter.
Les problèmes fondamentaux de toute analyse de la sûreté des systèmes sont la définition du système à étudier, de ses limites et des conditions dans lesquelles il est censé devoir fonctionner tout au long de son existence.
Si lanalyste prend en compte un sous-système trop restreint, cela peut conduire à adopter une série de mesures préventives aléatoires (situation dans laquelle tout est organisé de façon à éviter certains types dévénements, alors que dautres dangers non moins graves sont ignorés ou sous-estimés). Si, au contraire, le système pris en compte est trop étendu ou trop général par rapport à un problème donné, on arrive à un flou excessif du concept et des responsabilités, qui ne permet pas dadopter les mesures préventives nécessaires.
Un exemple type du problème de la définition du système à étudier est celui de la sûreté des machines ou des installations industrielles. Dans ce genre de situation, lanalyste peut être tenté de ne tenir compte que de léquipement lui-même, en négligeant le fait quil va être utilisé ou commandé par une ou plusieurs personnes. Ce type de simplification suffit parfois. Cependant, ce quil convient danalyser, ce nest pas le seul sous-système correspondant à la machine, mais le système complet travailleur plus machine aux différentes étapes de la durée de vie du matériel (y compris, par exemple, transport et manutention, montage, essais et réglages, utilisation normale, maintenance, démontage et, dans certains cas, destruction). A chaque étape, la machine fait partie dun système spécifique, dont le but et les modes de fonctionnement ou de dysfonctionnement sont totalement différents de ceux du système dans les autres étapes. Elle doit par conséquent être conçue et fabriquée de manière à permettre dassurer la fonction prévue dans de bonnes conditions de sécurité à chacune de ces étapes.
Plus généralement, en ce qui concerne les études de sûreté dans les entreprises, il existe plusieurs niveaux de systèmes: la machine, le poste de travail, léquipe, le service, lusine et lentreprise dans son ensemble. Selon le niveau considéré, les types de dysfonctionnements possibles et les mesures préventives correspondantes sont très différents. Une bonne politique de prévention doit prendre en compte les dysfonctionnements pouvant survenir aux divers niveaux.
Les conditions de fonctionnement du système peuvent être définies selon les modalités de fonctionnement attendues du système et lenvironnement auquel il pourra être exposé. Cette définition devrait être suffisamment réaliste pour tenir compte des conditions effectives probables de fonctionnement. Un système qui ne serait très sûr que dans une plage de fonctionnement extrêmement limitée pourra devenir moins sûr si lutilisateur nest pas en mesure de le maintenir dans la plage théorique prescrite. Un système vraiment sûr devrait donc être suffisamment robuste pour supporter des variations raisonnables de ses conditions de fonctionnement et il devrait tolérer certaines erreurs simples, mais prévisibles, de la part des opérateurs.
Il est souvent nécessaire délaborer un modèle pour analyser la sûreté dun système. Ce travail peut soulever certains problèmes qui méritent dêtre examinés.
Pour un système restreint et relativement simple comme une machine classique, le modèle peut presque être construit directement à partir de la description des éléments matériels et de leur fonction (moteurs, transmissions, etc.) et de la manière dont ils sont liés entre eux. Le nombre des modes de défaillance possibles des éléments est, de même, limité.
Les machines modernes, comme les ordinateurs ou les robots, qui contiennent des composants complexes tels que microprocesseurs et circuits électroniques à très forte intégration, posent un problème particulier. Ce problème na pas été complètement résolu du point de vue de la modélisation ou de la prédiction des différents modes de défaillance possibles, en raison du nombre très élevé de transistors par puce et de la diversité des logiciels.
Lorsque le système à analyser est une organisation humaine, un problème intéressant de la modélisation est celui du choix et de la définition de certains éléments immatériels ou non complètement matériels. On peut, par exemple, représenter un poste de travail particulier par un système comprenant des travailleurs, des logiciels, des tâches, des machines, des matériaux et un environnement (lélément «tâche» peut savérer difficile à définir, car ce qui compte au fond nest pas la tâche prescrite, mais la tâche telle quelle est réellement exécutée).
Lorsquil modélise les organisations humaines, lanalyste peut choisir de subdiviser le système considéré en un sous-système dinformation et en un ou plusieurs sous-systèmes daction. Lanalyse des défaillances aux différentes étapes du sous-système dinformation (acquisition, transfert, traitement et utilisation des informations) peut se révéler très instructive.
Des problèmes associés aux niveaux danalyse multiples apparaissent souvent parce que lanalyste, partant dun événement indésirable, peut remonter à des incidents toujours plus éloignés dans le temps. Selon le niveau danalyse considéré, la nature des dysfonctionnements qui surviennent varie, ce qui est également vrai pour les mesures préventives. Il importe de pouvoir décider du niveau auquel arrêter lanalyse et du niveau auquel prendre les mesures préventives. Considérons lexemple dun cas simple daccident résultant dune défaillance mécanique provoquée par lutilisation répétée dune machine dans des conditions anormales. Il peut sagir dun manque de formation de lopérateur ou dune mauvaise organisation du travail. Selon le niveau danalyse considéré, laction préventive requise consistera à remplacer la machine par un autre modèle capable de supporter des conditions dutilisation plus sévères, à nutiliser la machine que dans des conditions normales, à modifier la formation des opérateurs, ou à réorganiser le travail.
Lefficacité et la portée dune mesure préventive dépendent du niveau auquel elle est introduite. Une action préventive à proximité immédiate de lévénement indésirable est plus susceptible davoir une incidence directe et rapide, mais ses effets peuvent être limités. En remontant raisonnablement dans lanalyse des événements, il devrait être possible, en revanche, de trouver des types de dysfonctionnement communs à de nombreux accidents. Une mesure préventive prise à ce niveau aura une portée nettement plus étendue, mais son efficacité sera peut-être moins directe.
Compte tenu quil existe plusieurs niveaux danalyse, il peut également y avoir de nombreuses formes daction préventive, dont chacune apporte sa propre contribution au travail de prévention. Il sagit là dun point extrêmement important et il suffit de se référer à laccident qui vient dêtre décrit pour en prendre conscience. Si lon propose de remplacer la machine par un autre modèle capable de supporter des conditions dutilisation plus sévères, on met laccent, en matière de prévention, sur la machine. Si lon décide que la machine ne doit être utilisée que dans des conditions normales, cela signifie que laccent est mis sur lopérateur. De même, laccent peut être mis sur la formation du personnel, lorganisation du travail, ou simultanément sur la machine, lutilisateur, la fonction de formation et la fonction dorganisation.
Pour un niveau danalyse donné, un accident apparaît souvent comme la conséquence dune combinaison de plusieurs dysfonctionnements ou inadaptations. Selon que lon agira sur un dysfonctionnement ou un autre, ou sur plusieurs simultanément, les modalités de la mesure préventive adoptée seront différentes.
Les outils font tellement partie de notre vie quotidienne que nous avons parfois tendance à oublier quils peuvent présenter des risques. Tous sont fabriqués selon les règles de sécurité, mais il peut arriver quun accident se produise avant que les risques dun outil aient été reconnus. Les travailleurs doivent apprendre à reconnaître les risques que présentent les différents types doutils et à respecter certaines précautions pour les éviter. Le port déquipements de protection individuelle appropriés, lunettes et gants par exemple, est recommandé pour se protéger contre les risques potentiels de lutilisation doutils à moteur portatifs et doutils à main.
On appelle outils à main les outils non actionnés par un moteur; ils comprennent un large éventail de matériels, de la hache à la clé de mécanicien. Les risques les plus importants que présentent ces outils sont liés à une utilisation impropre, au choix dun outil ne convenant pas à la tâche ou à un entretien défectueux. Voici une liste non limitative des risques associés à lutilisation doutils à main:
Lemployeur est responsable de la sécurité des outils et matériels fournis à ses employés, mais il appartient à ceux-ci de les utiliser et de les entretenir correctement. Les lames de scie, les couteaux et autres outils tranchants ne devraient pas être dirigés vers les zones de passage ou les autres travailleurs se trouvant à proximité. Le tranchant des couteaux et ciseaux devrait être entretenu, certains outils émoussés pouvant devenir plus dangereux que lorsquils sont aiguisés (voir figure 58.5).
La sécurité exige que les sols soient aussi propres et aussi secs que possible pour éviter les glissades accidentelles lorsquon se sert dun outil à main dangereux ou quon se trouve à proximité dune personne qui en utilise. Bien que les étincelles produites par les outils à main en fer ou en acier naient pas, en principe, une température suffisante pour constituer des sources dinflammation, il est recommandé, lorsquon travaille avec des matériaux inflammables ou à proximité de ceux-ci, demployer des outils antiétincelants en bronze, en plastique, en aluminium ou en bois.
Les outils à moteur sont dangereux en cas de mauvaise utilisation. Il existe plusieurs types doutils à moteur, que lon classe habituellement selon leur source dénergie (électriques, pneumatiques, à carburant liquide, hydrauliques, à vapeur ou à poudre explosive). Les travailleurs devraient posséder la qualification ou la formation requises pour lutilisation de chacun des outils à moteur nécessaires à leur travail. Ils devraient connaître les risques potentiels associés à lutilisation de ces outils et observer les précautions générales ci-après pour sen préserver:
Les parties dangereuses en mouvement devraient être munies de protecteurs. Les parties mécaniques comme les courroies, engrenages, arbres, poulies, roues dentées, axes, tambours, volants, chaînes ou autres pièces à mouvement alternatif, rotatif ou autre devraient être protégées lorsque les travailleurs risquent dêtre exposés à leur contact. On devra, si nécessaire, disposer des protecteurs pour éviter que les opérateurs et les autres personnes ne soient exposés aux risques liés:
Les protecteurs ne devraient jamais être enlevés pendant lutilisation de loutil. Les scies circulaires portatives, par exemple, devraient être équipées dune cape recouvrant la partie non travaillante de la lame. Un protecteur inférieur rétractable devrait recouvrir les dents de la lame à lexception de la zone au contact du matériau. Ce protecteur devrait revenir automatiquement en position de sécurité lorsque loutil est retiré. La figure 58.6 montre une scie électrique avec sa cape de protection.
Les équipements ci-après sont des exemples doutils motorisés à main qui devraient être équipés dun interrupteur à arrêt par relâchement:
Ces outils peuvent également être équipés de commandes verrouillables, à condition de pouvoir être arrêtés par un simple mouvement du ou des doigts avec lesquels on les met en marche. Les outils portatifs à moteur ci-après peuvent être équipés uniquement dun interrupteur marche-arrêt commandé:
Les outils portatifs à moteur pour lesquels un interrupteur à arrêt par relâchement est indispensable comprennent également:
Les travailleurs appelés à se servir doutils électriques devraient être conscients de plusieurs risques. Le plus grave est le risque délectrocution, suivi de risques de brûlures et de commotions électriques. Dans certaines conditions, même un courant limité peut être à lorigine dune fibrillation cardiaque susceptible dentraîner la mort. Un choc électrique peut également provoquer une chute du haut dune échelle ou dun poste de travail en hauteur.
Pour limiter les risques de blessures à la suite de chocs électriques, les outils devraient être protégés par lun au moins des dispositifs ci-après:
Lorsquon utilise des outils électriques, il conviendrait dappliquer les pratiques de sécurité générales ci-après:
Les meules et disques abrasifs montés sur les outils de meulage, de coupe, de polissage et de brossage posent des problèmes de sécurité particuliers en raison des risques de rupture et de projection de fragments.
Avant montage, les disques et meules abrasifs devraient être attentivement examinés et sonnés (essai au son) en leur appliquant de petits coups à laide dun instrument léger et non métallique pour vérifier quils ne présentent pas de fissures ou autres défauts. Une meule fissurée ou qui émet un son mat risque déclater en service. Elle doit donc être mise au rebut. Une meule saine et sans défauts produit un son métallique clair: elle «sonne».
Pour éviter une fissuration de la meule, lutilisateur doit sassurer quelle coulisse librement sur son axe. Lécrou de laxe devrait être suffisamment serré pour maintenir la meule en place sans déformer les flasques. Les recommandations du fabricant doivent être respectées. Lutilisateur devrait également vérifier que la vitesse de rotation ne dépasse pas les caractéristiques de la meule. Compte tenu du risque de désintégration ou déclatement de la meule au démarrage, le travailleur ne devrait jamais rester face à elle pendant sa montée en vitesse. Les outils de meulage portatifs devraient être équipés de carters de protection protégeant lopérateur non seulement de la surface en mouvement de la meule, mais aussi contre les projections déclats en cas de rupture. En outre, lors de lutilisation dune meuleuse à moteur, il convient de:
Les outils pneumatiques qui fonctionnent à lair comprimé comprennent les burins, les perceuses, les marteaux et les ponceuses. Quoique ces outils présentent différents dangers potentiels, le principal est celui dêtre heurté par un de leurs accessoires, ou par une des fixations que le travailleur pose avec loutil. Une protection des yeux est nécessaire et une protection du visage recommandée pour lutilisation doutils pneumatiques. Le bruit représente également un danger. Lorsquon se sert doutils bruyants comme les marteaux pneumatiques, il est impératif de porter correctement une protection auditive adaptée au risque encouru.
Le travailleur utilisant un outil pneumatique devrait sassurer que le flexible dair est bien raccordé et quil ne risque pas de se débrancher. Un cordon de faible longueur ou un dispositif dimmobilisation du flexible dair sur loutil constitueront une sécurité supplémentaire. Si le flexible a un diamètre supérieur à 13 mm, il est conseillé dinstaller une valve de surdébit à la source dalimentation en air, afin de couper automatiquement larrivée dair en cas de rupture du flexible. En règle générale, il convient dappliquer aux flexibles les mêmes précautions quaux câbles électriques, dans la mesure où ils sont sujets aux mêmes types de détériorations ou de heurts accidentels et où ils présentent le même risque de faire trébucher les personnes.
Les pistolets à air comprimé ne devraient jamais être dirigés vers une personne, ni surtout être pointés «à bout portant» sur soi-même ou quelquun dautre. Une agrafe ou une retenue devraient être installées pour éviter que laccessoire, ciseau ou burin, ne soit accidentellement chassé du canon. Il est conseillé de placer des écrans pour que les personnes travaillant à proximité soient protégées contre les débris projetés par les burins, les pistolets à riveter, les marteaux pneumatiques, les agrafeuses ou les perceuses pneumatiques.
Les pistolets «airless» destinés à pulvériser des peintures ou des liquides sous des pressions élevées (70 bars ou plus) devraient être équipés de dispositifs visuels automatiques ou manuels empêchant leur mise en service tant que ce dispositif na pas été libéré manuellement. Les marteaux-piqueurs lourds peuvent causer une fatigue et des tensions musculaires quil est possible dalléger en les équipant de robustes poignées en caoutchouc assurant une bonne prise. Les travailleurs employant un marteau-piqueur devraient porter des lunettes et des chaussures de sécurité pour se protéger en cas de dérapage ou de chute de loutil. Un écran facial est également recommandé.
Ces outils fonctionnent généralement à laide de petits moteurs à combustion interne utilisant de lessence. Les dangers les plus graves que présentent ces outils sont les émanations de carburant, qui peuvent senflammer ou exploser et émettre des gaz toxiques. On veillera à manipuler, transporter et stocker lessence uniquement dans des récipients homologués pour les liquides inflammables, et on respectera les précautions applicables à ces liquides. Avant de remplir le réservoir de ces outils, lutilisateur devrait arrêter le moteur et le laisser refroidir pour éviter une inflammation accidentelle des vapeurs dangereuses. Si un outil à moteur thermique est utilisé dans un local fermé, il est nécessaire dassurer une ventilation efficace ou de porter un équipement de protection pour éviter une exposition au monoxyde de carbone. On prendra soin déquiper la zone concernée dextincteurs dincendie.
Ces outils fonctionnent comme des armes à feu et devraient être traités avec le même soin. Ils sont en fait si dangereux quils ne devraient être utilisés que par des personnes ayant reçu une formation spéciale. Une protection correcte des oreilles, des yeux et du visage est indispensable pour travailler avec ces outils. Tous les modèles doutils à charge propulsive devraient être conçus pour différentes charges, de manière à laisser à lutilisateur le choix de la puissance strictement nécessaire au travail à effectuer.
Lorifice de loutil devrait être équipé dun écran ou dune protection perpendiculaire au canon pour protéger lutilisateur des projections déclats ou de débris qui peuvent présenter un danger au moment du tir. Loutil devrait être conçu de manière à ne pas pouvoir fonctionner sans ce genre de dispositif de sécurité. Pour éviter tout fonctionnement accidentel, le tir devrait exiger deux mouvements distincts: lun pour amener loutil en position, lautre pour appuyer sur la détente. Il est nécessaire que loutil puisse fonctionner uniquement lorsquon lappuie contre la surface de travail avec une force supérieure dau moins 2,5 kg à son propre poids.
En cas de raté, lutilisateur devrait attendre au moins 30 secondes avant de tenter un nouveau tir. En cas de nouvel échec, il devrait attendre 30 secondes supplémentaires, afin de limiter le risque dexplosion de la cartouche défectueuse, puis retirer la charge avec précaution. La cartouche défectueuse devrait être plongée dans leau, ou mise au rebut par tout autre moyen sûr défini par lentreprise.
En cas dapparition dun défaut sur un outil à charge propulsive en cours dutilisation, loutil devrait immédiatement être étiqueté et retiré du service jusquà ce quil soit réparé comme il convient. Voici quelques précautions à prendre pour utiliser et manipuler ces outils dans les conditions de sécurité:
Lors de la pose de fixations à laide dun outil de scellement à charge propulsive, les mesures de sécurité suivantes devraient être prises:
Le fluide employé dans les outils hydrauliques devrait être approuvé pour lutilisation prévue et conserver ses caractéristiques aux températures extrêmes auxquelles il sera exposé. Les pressions de service recommandés par le fabricant pour une utilisation sûre des flexibles, clapets, tuyauteries, filtres et autres accessoires ne devraient pas être dépassées. Sil existe un risque de fuites à haute pression dans une zone où peuvent être présentes des sources dinflammation telles que flammes ou surfaces chaudes, on devrait envisager lemploi dhuiles incombustibles.
Tous les vérins à crémaillère, à vis et hydrauliques devraient comporter un dispositif les empêchant de dépasser la hauteur prévue. La limite de charge indiquée par le fabricant devrait être inscrite en permanence sur le vérin à un endroit bien visible et ne jamais être dépassée. On placera si nécessaire des cales de bois sous la base afin de mettre le vérin de niveau et le stabiliser. Si la surface à soulever est métallique, on placera un bloc de bois dur ou dun autre matériau équivalent de 25 mm dépaisseur entre la surface dassise et la tête métallique du vérin pour limiter les risques de glissement. Un vérin ne devrait jamais servir à soutenir une charge soulevée. Une fois la charge soulevée, elle devrait être immédiatement soutenue par des cales.
Pour installer un vérin, on vérifiera les points ci-après:
Une bonne maintenance des vérins est essentielle à la sécurité. Tous les vérins devraient être examinés avant chaque utilisation et lubrifiés périodiquement. Les vérins qui ont supporté des charges excessives ou subi des chocs anormaux devraient être examinés attentivement, afin de vérifier quils ne sont pas endommagés. Les vérins hydrauliques exposés au gel devraient être remplis dun liquide antigel approprié.
Les travailleurs qui emploient des outils à main et des outils à moteur et qui sont exposés à des objets ou matériaux abrasifs ou susceptibles de tomber ou dêtre projetés, ainsi quaux risques présentés par des poussières, fumées, brouillards, vapeurs ou gaz dangereux, devraient disposer des équipements individuels nécessaires pour se protéger. Les risques associés à lutilisation des outils à moteur peuvent être évités si les travailleurs respectent cinq règles fondamentales:
Il appartient aux employeurs et à leur personnel de coopérer pour maintenir des pratiques de travail conformes à la sécurité. Un outil défectueux ou une situation dangereuse devraient être immédiatement signalés à la personne compétente.
Cet article traite des situations et des séquences dévénements conduisant à des accidents dus à un contact avec des parties en mouvement des machines. Les personnes chargées de faire fonctionner et dentretenir des machines encourent des risques daccidents graves. Les statistiques américaines montrent quaux Etats-Unis, 18 000 amputations et plus de 800 décès sont imputables chaque année à ce type de causes. Selon lInstitut national de la sécurité et de la santé au travail (National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH)), cest dans la catégorie qui correspond, dans la classification de cet organisme, aux situations dans lesquelles des personnes sont prises sous, entre ou dans des objets que le nombre daccidents professionnels a été le plus élevé. Ces accidents impliquaient généralement des machines (Etherton et Myers, 1990). On a constaté que les événements du type «contact avec des parties en mouvement dune machine» étaient à lorigine dun peu plus de 10% des accidents du travail depuis lintroduction de cette catégorie dans les statistiques suédoises des accidents du travail en 1979.
La plupart des machines possèdent des organes mobiles susceptibles de provoquer des lésions. Ces organes peuvent se trouver au point de fonctionnement où un travail comme la coupe, le formage, le perçage ou la déformation est effectué sur un matériau. Ils peuvent se trouver dans les mécanismes transmettant lénergie aux parties de la machine qui effectuent le travail (volants, poulies, bielles, coupleurs, cames, axes, chaînes, manivelles, pignons, etc.). On les trouve également dans dautres parties en mouvement des machines, comme les roues des équipements mobiles, les moteurs dentraînement, les pompes ou les compresseurs. Dautres types de machines comportent des mouvements dangereux, notamment les équipements auxiliaires de manutention et de transport de charges telles que les pièces à usiner, les matériaux, les déchets ou les outils.
Toutes les parties de machines en mouvement pendant lexécution dun travail peuvent contribuer à des accidents avec dommages corporels ou matériels. Les mouvements rotatifs et les mouvements rectilignes, de même que leur source dénergie, peuvent présenter des dangers:
Mouvement rotatif. Les arbres rotatifs, même lisses, peuvent saisir une partie dun vêtement et entraîner, par exemple, le bras dune personne vers une position dangereuse. Les arbres rotatifs présentent un danger accru lorsquils possèdent des parties formant saillie ou des surfaces irrégulières ou tranchantes telles que vis de réglage, boulons, fentes, encoches ou arêtes vives. Les parties tournantes des machines créent des «points de pincement» de trois façons différentes:
Mouvements rectilignes . Les mouvements verticaux, horizontaux ou alternatifs peuvent provoquer des blessures de différentes façons: on peut être poussé ou heurté par une pièce de la machine, pris entre cette pièce et un autre objet, coupé par une arête vive ou blessé par pincement entre la partie mobile et un autre objet (voir figure 58.8).
Sources dénergie. Les sources dénergie externes utilisées pour entraîner une machine mettent parfois en uvre des puissances considérables. Ces systèmes peuvent être électriques, à vapeur, hydrauliques, pneumatiques ou mécaniques et ils sont tous susceptibles, en cas de déclenchement intempestif ou de perte de contrôle, doccasionner de graves dommages corporels ou matériels. Une étude des accidents survenus sur une année (de 1987 à 1988) chez les agriculteurs de neuf villages du nord de lInde a révélé que les machines à hacher le fourrage utilisées, qui étaient toutes du même modèle, étaient plus dangereuses lorsquelles étaient actionnées par un moteur ou un tracteur. La fréquence relative des accidents impliquant plus quune blessure légère (par machine) était de 5,1 pour les hacheuses manuelles, contre 8,6 pour les hacheuses motorisées (Mohan et Patel, 1992).
Les forces associées aux mouvements des machines étant souvent très importantes, on peut présumer quelles risquent dêtre à lorigine de lésions graves. Cette supposition est confirmée par plusieurs sources. Selon les statistiques britanniques (Health and Safety Executive, 1989), les accidents du type «contact avec une machine en mouvement ou avec des matériaux usinés» représentaient seulement 5% des accidents du travail, mais 10% des accidents mortels ou graves (fractures, amputations, etc.). Les résultats détudes effectuées dans deux usines suédoises de construction automobile vont dans le même sens. Les accidents causés par des mouvements de machines donnaient lieu à deux fois plus de jours darrêt de travail, mesurés par les valeurs médianes, que ceux nimpliquant pas de machine. Les accidents liés aux machines différaient également des autres par la partie du corps touchée: selon les résultats, 80% des lésions subies à la suite daccidents dus à des machines concernaient les mains et les doigts, alors que cette proportion nétait que de 40% pour les autres cas (Backström et Döös, 1995).
Sagissant des risques dans les installations automatisées, la situation se révèle à la fois différente (du point de vue du type daccident, de la séquence des événements et du degré de gravité des lésions) et plus complexe (à la fois du point de vue technique et sur le plan des qualifications spécialisées requises) que pour les installations employant des machines classiques. Le terme automatisé désigne ici des équipements qui, sans intervention directe de lêtre humain, sont capables de déclencher un mouvement dune machine ou de changer sa direction ou sa fonction. Ces équipements emploient des dispositifs de détection (par exemple, détecteurs de position ou microcontacts) ou une certaine forme de commande séquentielle (comme un programme informatique) pour contrôler et diriger leur travail. Depuis quelques décennies, les automates à logique programmable sont de plus en plus répandus en tant quunités de contrôle dans les systèmes de production. Lutilisation de micro-ordinateurs tend désormais à se généraliser pour contrôler les équipements de production dans les pays industriels, tandis que les autres systèmes de commande comme les appareils électromécaniques sont de moins en moins nombreux. Dans lindustrie manufacturière suédoise, lutilisation des machines à commande numérique a augmenté de 11 à 12% par an dans les années quatre-vingt (Hörte et Lindberg, 1989). Dans la production industrielle moderne, être blessé par des «parties de machines en mouvement» devient de plus en plus synonyme dêtre blessé par des «mouvements de machines commandés par ordinateur».
On rencontre des installations automatisées dans des secteurs industriels toujours plus nombreux et le nombre de leurs fonctions va croissant. Lautomatisation se répand dans les activités de stockage, de manutention, de traitement des matériaux, de transformation, dassemblage et demballage. La fabrication en série ressemble désormais à la production dans les industries de transformation. Si lintroduction, lusinage et léjection des pièces sont mécanisés, lopérateur na plus besoin de rester dans la zone dangereuse tant la production se déroule sans incident. Des études sur la fabrication automatisée ont révélé que les accidents se produisaient surtout lors des interventions suivant les perturbations de la production. Mais les personnes peuvent être également exposées aux mouvements des machines pendant lexécution dautres travaux comme les nettoyages, les réglages, les contrôles et les réparations.
Lorsque la production est automatisée et que le processus nest plus sous le contrôle direct de lêtre humain, les risques de mouvements intempestifs de la machine augmentent. La plupart des opérateurs travaillant sur des groupes ou des lignes de machines reliées entre elles rencontrent ces mouvements inattendus. De nombreux accidents dautomatisation ont pour origine ce genre de mouvements. Un accident dautomatisation est un accident dans lequel le système automatique contrôlait (ou aurait dû contrôler) lénergie responsable de laccident, ce qui signifie que la force produisant les lésions corporelles provient de la machine elle-même (cest-à-dire de lénergie cinétique de la machine). Dans une étude portant sur 177 accidents dautomatisation en Suède, on a constaté que dans 84% des cas les lésions étaient causées par la «mise en marche intempestive» dune partie de la machine (Backström et Harms-Ringdahl, 1984). La figure 58.9 montre un exemple type daccident causé par le mouvement dune machine commandée par ordinateur.
Une des études citées plus haut (Backström et Döös, 1995) a montré quil existait un lien de causalité entre le fait que des mouvements de machines sont commandés automatiquement et la plus longue durée des arrêts de travail parmi le personnel correspondant, par rapport aux accidents dus à dautres types de mouvements de machines, la valeur médiane étant quatre fois supérieure dans lun des lieux de travail considérés. Le type de lésions dans les accidents dautomatisation était similaire à celui des autres accidents avec des machines (principalement les mains et les doigts), mais avec un degré de gravité tendant à être supérieur (amputations, écrasements et fractures).
Les systèmes de commande par ordinateur, tout comme les systèmes manuels, ne présentent pas une fiabilité absolue. Rien ne garantit quun programme informatique fonctionnera sans erreur. Lélectronique, de par le faible niveau de ses signaux, peut être sensible à des interférences en labsence dune protection adéquate, et les conséquences des défaillances qui peuvent en résulter ne sont pas toujours prévisibles. De plus, les changements apportés à la programmation sont rarement signalés. Une des méthodes employées pour compenser cette lacune est, par exemple, le recours à des systèmes dédoublés, comportant deux chaînes indépendantes de composants fonctionnels, avec une méthode de surveillance qui vérifie que toutes deux donnent la même valeur. Lapparition de valeurs différentes indique une défaillance de lune des chaînes. Il reste malgré tout possible que les deux chaînes souffrent du même défaut et que toutes deux soient déréglées par la même perturbation, donnant ainsi des valeurs faussement positives (puisque les deux systèmes concordent). Néanmoins, il na été possible que dans quelques-uns seulement des cas étudiés dimputer un accident à une défaillance de lordinateur (voir ci-dessous), malgré le fait quun même ordinateur contrôle fréquemment toutes les fonctions dune installation (y compris larrêt dune machine suite à lactivation dun dispositif de sécurité). Une autre solution envisageable consiste à équiper un système éprouvé avec des composants électromécaniques pour assurer les fonctions de sécurité.
On peut dire, dune manière générale, quun même accident a de nombreuses causes, quelles soient dordre technique ou individuel, ou en rapport avec lenvironnement ou lorganisation. Aux fins de prévention, la meilleure manière de considérer un accident nest pas de le traiter comme un événement isolé, mais plutôt comme une séquence dévénements (Backström, 1996). Dans le cas des accidents dautomatisation, on a montré que des problèmes techniques font souvent partie de cette séquence et quils surviennent soit à un stade précoce du processus, soit à un moment proche de laccident lui-même. Les études qui se sont intéressées aux problèmes techniques impliqués dans des accidents dautomatisation suggèrent quils sont présents dans 75 à 85% des cas. En même temps, il existe habituellement dans chaque cas spécifique dautres causes, de nature organisationnelle, par exemple. Ce nest que dans un cas sur dix que lon a pu attribuer directement à une défaillance technique lénergie responsable dun accident, par exemple lorsquune machine effectue un mouvement bien quelle soit en position darrêt. Des chiffres semblables sont mentionnés dans dautres études. Habituellement, il sagit dun problème technique qui provoque un dysfonctionnement du matériel, obligeant lopérateur à changer de tâche, par exemple pour libérer une pièce bloquée. Laccident survient alors pendant lintervention, à cause dune défaillance technique. Un quart des accidents dautomatisation sont précédés dune perturbation dans la circulation des matériaux, telle que pièce bloquée ou en mauvaise position (voir figure 58.10).
Dans une étude portant sur 127 accidents impliquant lautomatisation, 28 dentre eux, décrits dans la figure 58.10, ont fait lobjet dune enquête complémentaire en vue de déterminer les types de problèmes techniques susceptibles dêtre incriminés (Backström et Döös, 1997a). Les problèmes identifiés par ces enquêtes provenaient la plupart du temps déléments bloqués, défectueux ou usés. Dans deux cas, le problème était dû à une erreur du programme informatique et, dans un autre, à des interférences électromagnétiques. Dans plus de la moitié des cas (17 sur 28), les défauts existaient depuis quelque temps mais navaient pas été corrigés. Sur lensemble des 28 cas pour lesquels on avait mentionné une défaillance ou une anomalie technique, on ne comptait que 5 cas où le défaut ne sétait pas manifesté auparavant. Certains défauts avaient été corrigés, mais étaient réapparus ultérieurement. Certains existaient dès linstallation, tandis que dautres résultaient de lusure ou des effets de lenvironnement.
Selon la plupart des études, la proportion daccidents dautomatisation survenus lors dune intervention à la suite dun incident dans le processus de production se situe entre un tiers et deux tiers de tous les cas. Ce genre dintervention est donc généralement considéré comme une activité professionnelle dangereuse. Les différences de fréquence de ces accidents sexpliquent de plusieurs façons, entre autres par des raisons liées au type de production ou à la classification des tâches professionnelles. Dans certaines études sur les incidents, seuls les problèmes et les arrêts de machines en cours de production normale sont pris en compte, alors que dautres sintéressent à un éventail de problèmes plus large, par exemple ceux qui surviennent au cours des opérations de préparation du travail.
Une mesure très importante pour la prévention des accidents dautomatisation consiste à élaborer des procédures pour supprimer les causes des incidents de production et éviter ainsi quelles ne se reproduisent. Dans une étude spécialisée sur les incidents de production débouchant sur des accidents (Döös et Backström, 1994), on a constaté que lintervention la plus fréquente à la suite dun incident consistait à dégager une pièce coincée ou à rectifier la position dune pièce mal placée. Ce type de problème déclenchait lune ou lautre de deux séquences dévénements assez semblables: 1) la pièce était libérée et revenait à sa position correcte, la machine recevait un signal automatique de remise en marche et la personne était blessée par le mouvement déclenché; 2) la personne navait pas le temps de dégager ou de repositionner la pièce et était blessée par un mouvement de la machine survenu de manière inattendue ou plus rapidement, ou avec une force supérieure à ce que lopérateur prévoyait. Dautres interventions sur incidents consistaient à déclencher limpulsion dun capteur, à débloquer une pièce de la machine, à effectuer des recherches simples sur les causes dun défaut ou à préparer un redémarrage (voir figure 58.11).
Les catégories de personnel les plus susceptibles dêtre victimes daccidents dautomatisation varient selon la manière dont le travail est organisé, cest-à-dire selon les groupes professionnels préposés aux tâches dangereuses. En pratique, il sagit de la personne habituellement chargée de régler les problèmes et les incidents sur le lieu de travail. Dans lindustrie suédoise moderne, on demande généralement aux opérateurs dune machine deffectuer des interventions actives. Cest la raison pour laquelle, dans létude précédemment citée sur une usine suédoise de construction automobile (Backström et Döös, 1997b), on a constaté que 82% des personnes victimes de lésions causées par des machines automatisées étaient des ouvriers de production ou des opérateurs. Les opérateurs présentaient également une fréquence relative daccidents plus élevée (15 accidents dautomatisation par an pour 1 000 opérateurs) que les ouvriers de maintenance (6). Les résultats des études montrant que les ouvriers de maintenance sont plus touchés sexpliquent au moins en partie par le fait que, dans certaines entreprises, il est interdit aux opérateurs de pénétrer dans les zones dusinage. Dans dautres établissements, où la répartition des tâches est différente, dautres catégories de personnel les régleurs par exemple peuvent être chargées de résoudre les problèmes de production.
La mesure corrective la plus fréquemment prise en vue daugmenter le niveau de sécurité individuelle consiste à protéger la personne contre les mouvements dangereux de la machine à laide dun dispositif de sécurité, tel quune barrière. Le principe majeur dans ce cas est celui de la sécurité «passive», cest-à-dire la mise en place dune protection ne nécessitant pas daction de la part du travailleur. Il est cependant impossible de juger de lefficacité des dispositifs de protection sans une très bonne connaissance des exigences réelles du travail sur la machine en question, connaissance que les opérateurs sont en général les seuls à posséder.
De nombreux facteurs sont susceptibles de rendre inopérante une protection, même apparemment adéquate, dune machine. Pour faire leur travail, les opérateurs peuvent être amenés à neutraliser ou à contourner un dispositif de sécurité. Dans une étude (Döös et Backström, 1993), on a constaté quune neutralisation ou un contournement de ce genre avait eu lieu dans 12 des 75 accidents dautomatisation considérés. Il sagit souvent de lexcès de zèle dun opérateur, qui nest plus disposé à accepter les problèmes de production ou les retards qui en résultent pour le processus de production lorsquon se conforme aux instructions pour les interventions à la suite dun incident. Une manière déviter ce problème est de rendre le dispositif de protection imperceptible, de sorte quil nait pas dincidence sur les cadences de production, la qualité du produit ou lexécution des tâches. Mais ce nest pas toujours possible et si les incidents de production se répètent, des inconvénients, même mineurs, peuvent inciter les travailleurs à ne pas utiliser les dispositifs de protection. Dans ce domaine également, il conviendrait de fixer des procédures pour éliminer les causes des incidents de production et éviter leur répétition. Labsence de moyens permettant de confirmer que les dispositifs de protection fonctionnent réellement selon les spécifications constitue également un facteur de risque non négligeable.
Des anomalies telles que des défauts de raccordement, des signaux de mise en marche qui restent dans le système et occasionnent ultérieurement des démarrages intempestifs, laccumulation dune pression dair et des détecteurs mal fixés sont susceptibles dentraîner une défaillance de léquipement de protection.
Comme on vient de le montrer, les solutions techniques apportées à certains problèmes peuvent en susciter dautres. Le fait que des accidents sont causés par des mouvements des machines, phénomène de nature essentiellement technique, ne signifie pas nécessairement quils puissent être supprimés uniquement par des mesures techniques. Les systèmes techniques continueront à connaître des dysfonctionnements et les travailleurs ne réussiront pas à maîtriser dans tous les cas les situations qui en résultent. Les risques continueront dexister et on ne pourra en conserver le contrôle que par la mise en uvre de moyens très divers. La législation et les contrôles, les mesures dorganisation prises au niveau de lentreprise (formation, inspections de sécurité, analyse des risques et rapports sur les incidents et les situations dangereuses), ainsi quun souci constant damélioration sont des compléments nécessaires aux progrès purement techniques.
Il semble que les dangers créés par les parties en mouvement des machines soient presque aussi variés que les types de machines eux-mêmes. Des mesures sont indispensables pour protéger les travailleurs contre les accidents évitables dus aux machines. Cest la raison pour laquelle des dispositifs de protection devraient être prévus pour toute partie dinstallation ou de machine susceptible de causer des accidents. Lorsque le fonctionnement dune machine ou un contact accidentel avec lune de ses parties risquent de blesser lopérateur ou les personnes se trouvant à proximité, le danger doit être éliminé ou neutralisé.
Les risques dorigine mécanique impliquent généralement des pièces mobiles dangereuses dans trois secteurs principaux:
Il existe une grande diversité de mouvements et dactions susceptibles de présenter des dangers pour les travailleurs et qui correspondent aux déplacements des organes rotatifs, des bras oscillants, des courroies, des engrenages en prise et de toutes les pièces ayant un effet dimpact ou de cisaillement. Ces différents types de mouvements et dactions mécaniques se retrouvent dans presque toutes les machines, et leur identification constitue la première étape lorsquon étudie la protection des travailleurs contre leurs dangers potentiels.
Il existe trois types fondamentaux de mouvements: rotatif, alternatif et de translation.
Les mouvements rotatifs peuvent être dangereux: même des arbres lisses à rotation lente peuvent happer un vêtement et entraîner un bras ou une main vers une zone dangereuse. Les blessures dues à un contact avec des parties tournantes peuvent être très graves.
Les colliers, accouplements, cames, embrayages, volants, extrémités darbres, arbres horizontaux ou verticaux sont des exemples de mécanismes rotatifs courants et potentiellement dangereux (voir figure 58.12). Ils présentent un danger supplémentaire lorsque des parties en mouvement comportent des boulons, des encoches, des parties rugueuses, des clavettes, des vis de réglage ou dautres parties saillantes non protégées, comme le montre la figure 58.13.
Des points dentraînement par coincement sont créés par les parties tournantes des machines. Il en existe trois types principaux:
Les mouvements alternatifs peuvent être dangereux dans la mesure où lopérateur risque dêtre heurté par une pièce en mouvement ou coincé entre une partie mobile et une partie fixe. Un exemple est donné à la figure 58.17.
Les mouvements de translation continue (mouvements rectilignes) sont une source de danger dans la mesure où lopérateur peut être heurté par une partie en mouvement ou coincé dans un angle rentrant ou une zone de cisaillement. La figure 58.18 donne un exemple de ce type de mouvement.
Il existe quatre grands types daction: la coupe, le poinçonnage, le cisaillage et le pliage.
Laction de coupe implique des mouvements rotatifs, alternatifs ou de translation. Elle crée des dangers dans la zone de travail où il peut se produire des blessures aux doigts, à la tête ou aux bras et où des copeaux ou des débris peuvent être projetés sur les yeux ou le visage. Les principales machines comportant des risques liés aux opérations de coupe sont les scies à ruban, les scies circulaires, les perceuses et aléseuses, les tours et les fraiseuses (voir figure 58.19).
Laction de poinçonnage résulte de lapplication dune force à un coulisseau pour lébauchage, létirage ou lestampage de métaux ou dautres matériaux. Le danger de ce type daction se présente dans la zone de travail où la pièce est introduite, maintenue et extraite à la main. Les machines les plus courantes de cette catégorie sont les presses de divers types et les marteaux pilons (voir figure 58.20).
Laction de cisaillage consiste à appliquer une force à un coulisseau ou à une lame pour la découpe ou le cisaillage de métaux ou dautres matériaux. Il existe un risque de cisaillement dans la zone de travail, cest-à-dire là où la pièce est introduite, maintenue et extraite. Les machines généralement utilisées pour ces opérations sont les cisailles mécaniques, hydrauliques ou pneumatiques (voir figure 58.21).
Laction de pliage résulte de lapplication dune force à un coulisseau pour former, étirer ou estamper un métal ou un autre matériau. Il existe un risque de lésion dans la zone de travail lorsque la pièce est introduite, maintenue et extraite. Les machines de cette catégorie sont les presses, les plieuses et les presses à cintrer (voir figure 58.22).
Pour protéger les travailleurs contre les risques mécaniques, ces dispositifs devraient répondre aux caractéristiques générales minimales suivantes:
Eviter le contact. Le dispositif de protection devrait empêcher que les mains, les bras ou toute autre partie du corps ou encore des vêtements nentrent en contact avec des organes mobiles dangereux, en éliminant toute possibilité pour les opérateurs ou autres travailleurs de sapprocher de ces organes.
Garantir la sécurité. On devrait veiller à ce que les travailleurs ne puissent pas enlever ou neutraliser facilement le dispositif de protection. Les barrières, écrans et autres dispositifs de sécurité devraient être réalisés en matériaux durables, capables de supporter les conditions dutilisation normales et être solidement fixés à la machine.
Protéger contre les chutes dobjets. La protection devrait être conçue pour empêcher que des objets étrangers ne puissent atteindre des parties en mouvement et les endommager ou ne soient transformés en projectiles dangereux.
Ne pas créer de nouveaux dangers . Une protection ne remplit pas son rôle si elle crée par elle-même un danger, par exemple un point de cisaillement ou une arête tranchante. Les bords des protecteurs devraient être roulés (ou boulonnés) de manière à éliminer les arêtes vives.
Ne pas créer dinterférences . Les protections qui gênent les travailleurs dans lexécution de leurs tâches risquent dêtre rapidement neutralisées ou ignorées. Dans la mesure du possible, les travailleurs devraient pouvoir lubrifier les machines sans devoir détacher ou retirer leurs protecteurs. Le fait, par exemple, de placer le réservoir dhuile à lextérieur de la protection, avec une tuyauterie aboutissant au point de lubrification, évite de devoir pénétrer dans la zone dangereuse.
Le plus élaboré des systèmes de protection ne peut assurer une véritable sécurité que si les travailleurs savent pourquoi et comment lemployer. Une formation spécifique et détaillée est un élément important de tout programme de mise en place de protecteurs contre les dangers des machines. Des protecteurs bien étudiés peuvent améliorer la productivité et le rendement en libérant les travailleurs de la crainte dêtre blessés. Une formation concernant les protecteurs est nécessaire pour les nouveaux opérateurs et le personnel chargé de la maintenance ou des réglages, lors de la mise en place de protecteurs nouveaux ou modifiés, ou lorsque des travailleurs sont affectés à une nouvelle machine ou une nouvelle fonction. Elle devrait comprendre des cours ou un enseignement pratique portant sur les points suivants:
Il existe de nombreuses manières dassurer aux machines le niveau de sécurité requis. Le type dopération, les dimensions ou la forme des matériaux, la méthode de manutention, lagencement physique de la zone de travail, le type de matériau et les besoins ou les limitations de la production permettront de déterminer la méthode de protection appropriée à une machine particulière. Le concepteur de la machine ou le responsable de la sécurité doivent choisir la protection la plus efficace et la plus pratique possible.
On peut classer les systèmes de protection en cinq grandes catégories: 1) les protections matérielles, fixes ou mobiles; 2) les dispositifs de sécurité; 3) la protection par séparation (par lemplacement ou la distance); 4) les dispositifs dalimentation et déjection; 5) les autres systèmes.
Il existe quatre types principaux de protections formant barrière pour interdire laccès aux zones dangereuses:
Protecteurs fixes. Un protecteur fixe est un élément permanent de la machine qui ne met en uvre aucune pièce mobile pour assurer sa fonction. Il peut être réalisé en tôle, en grillage, en treillis métallique, sous forme de barres, en plastique ou dans tout autre matériau capable de résister aux chocs quil pourrait recevoir ainsi quà un usage prolongé. Les protecteurs fixes sont généralement préférables à tous les autres types de protection en raison de leur relative simplicité et de leur caractère permanent (voir tableau 58.2).
Méthode |
Action de protection |
Avantages |
Limites |
Fixe |
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Verrouillage |
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Réglable |
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Auto-réglable |
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Sur la figure 58.23, un protecteur fixe monté sur une presse enferme complètement la zone dopération. Le matériau est introduit dans cette zone par le côté de la barrière, les chutes étant évacuées par le bas.
La figure 58.24 montre un carter fixe encoffrant la courroie et les poulies dune unité de transmission. Un panneau dinspection est aménagé au sommet pour réduire au minimum les interventions nécessitant la dépose du carter.
La figure 58.25 montre des carters fixes équipant une scie à ruban. Ils empêchent tout contact avec les volants en rotation. Ces protecteurs ne devraient en principe être ouverts ou retirés que pour les changements de lame ou la maintenance. Il est très important quils soient solidement fixés pendant le fonctionnement de la scie.
Protecteurs à verrouillage. Lorsquon ouvre ou quon retire des protecteurs à verrouillage, le mécanisme de déclenchement ou lalimentation en énergie sont automatiquement coupés ou déconnectés, et la machine ne peut pas accomplir son cycle ou être remise en marche tant que le protecteur na pas été remis en place. En revanche, la remise en place du protecteur ne devrait pas provoquer le redémarrage automatique de la machine. Ces protections peuvent utiliser lénergie électrique, mécanique, hydraulique ou pneumatique, ou une combinaison quelconque de ces énergies. Elles ne devraient pas empêcher la marche pas à pas ou la commande par impulsions (cest-à-dire des mouvements lents et limités) commandées à distance, lorsque ce mode de fonctionnement est prévu.
Un exemple de protecteur avec dispositif de verrouillage est montré à la figure 58.26. Sur cette illustration, le mécanisme de battage est recouvert dun protecteur à verrouillage. Celui-ci ne peut pas être ouvert lorsque la machine est en marche, et la machine ne peut être remise en marche tant que le protecteur demeure ouvert.
Protecteurs réglables. Les protecteurs réglables permettent de tenir compte des dimensions variables des matériaux. La figure 58.27 montre un carter télescopique monté sur une scie à ruban.
Protecteurs à réglage automatique. Les ouvertures des protecteurs à réglage automatique sont déterminées par le mouvement des matériaux. A mesure que lopérateur déplace le matériau vers la zone dangereuse, le protecteur est repoussé en dégageant une ouverture juste suffisante pour le passage du matériau. Une fois celui-ci retiré, le protecteur revient en position de repos. Ce type de protection interpose une barrière entre la zone dangereuse et lopérateur. Ces protecteurs peuvent être réalisés en plastique, en métal ou dans un autre matériau robuste. Ils offrent différents niveaux de protection.
La figure 58.28 montre une scie à bras radial équipée dune protection à réglage automatique. Lorsque la lame rencontre le matériau, la protection se soulève mais reste en contact avec celui-ci.
Il existe des dispositifs de sécurité permettant darrêter une machine lorsquune main ou une partie quelconque du corps est placée par inadvertance dans la zone dangereuse, de retenir les mains de lopérateur ou de les retirer de la zone dangereuse pendant le fonctionnement, de contraindre lopérateur à poser simultanément les deux mains sur les commandes de la machine (de manière à maintenir les deux mains et le reste du corps à lécart) ou dactionner une barrière en synchronisation avec le cycle de fonctionnement de la machine, afin dempêcher toute pénétration dans la zone de danger au cours de la partie dangereuse du cycle. Ces dispositifs de sécurité sont classés selon les grandes catégories ci-après:
Trois types de détecteurs arrêtant la machine ou interrompant son cycle de travail si un travailleur est présent dans la zone dangereuse sont décrits ci-après:
Les détecteurs de présence photoélectriques (optiques) emploient un système de sources lumineuses et de commandes permettant dinterrompre le cycle de la machine. Si le faisceau lumineux est interrompu, la machine sarrête. Ces dispositifs ne devraient être utilisés que sur les machines qui peuvent être mises à larrêt avant que le travailleur nentre dans la zone dangereuse. La figure 58.29 montre un détecteur de présence photoélectrique installé sur une plieuse. Il peut être orienté en fonction des besoins de la production.
Les détecteurs de présence à fréquence radio capacitifs utilisent un faisceau dondes radio intégré au circuit de commande. Si le champ capacitif est interrompu, la machine sarrête ou refuse de démarrer. Ces dispositifs devraient être réservés aux machines qui peuvent être mises à larrêt avant que le travailleur natteigne la zone dangereuse. Ils imposent de doter la machine dun embrayage à friction ou dun autre système darrêt fiable. La figure 58.30 montre un détecteur de ce type monté sur une presse.
Les détecteurs électromécaniques possèdent une sonde ou une barre de contact qui descend jusquà une distance prédéterminée lorsque lopérateur enclenche le cycle de la machine. Si un obstacle empêche cette barre de parcourir la totalité de sa course, le circuit de commande refuse denclencher le cycle de la machine. La figure 58.31 montre un détecteur de ce type monté sur une machine à poser des illets. On y voit la sonde de détection en contact avec le doigt de lopérateur.
Les dispositifs à retrait, qui utilisent un système de câbles attachés aux mains, aux poignets ou aux bras de lopérateur, sont surtout employés sur les machines effectuant une course. Lorsque le coulisseau est en position haute, lopérateur peut pénétrer dans la zone de travail. Lorsquil commence à descendre, une liaison mécanique assure automatiquement le retrait des mains. La figure 58.32 montre un dispositif à retrait monté sur une presse.
Les dispositifs limitateurs, qui utilisent des câbles ou des sangles reliant les mains de lopérateur à un point fixe, étaient en usage dans certains pays. En général, ils ne sont pas considérés comme des protections satisfaisantes, dans la mesure où ils sont faciles à neutraliser par lopérateur, qui peut alors placer les mains dans la zone dangereuse (voir tableau 58.3).
Méthode |
Action de protection |
Avantages |
Limites |
Photoélectrique (optique) |
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Radiofréquence (champ capacitif) |
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Electromécanique |
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A retrait |
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Déclencheurs de sécurité:
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Commande bimanuelle |
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Déclencheur à deux mains |
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Portillon |
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Tous ces dispositifs de commande de sécurité sont actionnés manuellement et doivent être réinitialisés manuellement aussi pour remettre en marche la machine:
Avec ce type de solution, la machine ou ses parties en mouvement dangereuses sont placées de telle manière que les zones dangereuses soient inaccessibles ou ne présentent pas de risque pour les travailleurs pendant le fonctionnement normal de la machine. On peut utiliser à cet effet des cloisons ou des clôtures limitant laccès aux machines ou installer celles-ci à un emplacement où un élément existant des locaux, un mur par exemple, protégera lopérateur et les autres personnes. Une autre possibilité consiste à placer les parties dangereuses suffisamment haut pour quelles soient normalement hors de portée des travailleurs. Il est indispensable deffectuer une analyse complète des dangers de chaque machine et de chaque situation avant denvisager cette technique de protection. Les exemples mentionnés ci-dessous ne représentent que quelques-unes des nombreuses applications du principe de la protection par lemplacement ou la distance.
Opération dalimentation. Lopération dalimentation peut faire lobjet dune mesure de protection par position sil est possible de maintenir une distance de sécurité pour protéger les mains de lopérateur. Les dimensions du matériau à travailler peuvent assurer dans certains cas une sécurité suffisante. Dans le cas dune poinçonneuse simple, par exemple, si le matériau mesure un mètre ou plus et si on ne le travaille que dun côté, lopérateur peut le tenir du côté opposé pendant le travail. Toutefois, en fonction de la machine, une protection peut rester nécessaire pour les autres personnes.
Positionnement des commandes. Le positionnement du poste de commande de lopérateur est lune des approches possibles de la protection par lemplacement. Sil nest pas nécessaire que lopérateur se tienne à proximité, les commandes de lopérateur pourront être placées à une distance suffisante de la machine pour assurer la sécurité.
Il existe un grand nombre de méthodes dalimentation et déjection avec lesquelles il nest pas nécessaire que les opérateurs placent leurs mains dans la zone dangereuse. Dans certains cas, aucune intervention de lopérateur nest nécessaire après le réglage de la machine, alors que dans dautres, les opérateurs peuvent introduire manuellement le matériau à laide dun mécanisme dalimentation. De même, on peut concevoir des méthodes déjection qui nexigent aucune intervention de lopérateur après la mise en marche de la machine. Certaines méthodes dalimentation et déjection peuvent elles-mêmes être source de dangers, comme dans le cas dun robot qui évite à lopérateur davoir à se tenir à proximité de la machine, mais qui peut créer un nouveau danger par le mouvement de son bras (voir tableau 58.4).
Méthode |
Action de protection |
Avantages |
Limites |
Alimentation automatique |
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Alimentation automatique ou semi-automatique |
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Ejection automatique |
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Ejection semi-automatique |
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Robots |
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Le recours à lune des cinq méthodes suivantes dalimentation et déjection pour la mise en sécurité des machines ne supprime pas la nécessité de protecteurs matériels ou dautres dispositifs, qui devraient être utilisés en fonction des besoins pour assurer une protection contre les dangers.
Alimentation automatique . Les alimentations automatiques réduisent lexposition de lopérateur pendant le travail et elles ne demandent souvent aucune intervention de sa part après le réglage et la mise en marche. La presse de la figure 58.39 possède un mécanisme dalimentation automatique avec une enceinte fixe transparente assurant une protection au niveau de la zone dangereuse.
Alimentation semi-automatique . Avec une alimentation semi-automatique, comme dans le cas dune presse, lopérateur utilise un mécanisme pour placer à chaque course la pièce sous le coulisseau. Il na pas besoin daccéder à la zone dangereuse qui est entièrement close. La figure 58.40 montre une alimentation par goulotte dans laquelle chaque pièce est placée à la main. Lemploi dune alimentation par glissière inclinée permet de centrer la pièce à mesure quelle glisse dans la matrice, méthode qui peut en outre simplifier le problème de léjection.
Ejection automatique . Léjection automatique peut employer soit une pression dair, soit un système mécanique pour retirer la pièce terminée de la presse et elle peut posséder une liaison de sécurité avec les commandes de la machine, afin dempêcher son fonctionnement tant que léjection nest pas terminée. Le mécanisme de bac-navette montré à la figure 58.41 se déplace sous la pièce finie lorsque le coulisseau remonte. Cette navette saisit ensuite la pièce débarrassée du poinçon par les axes de dégagement et la repousse vers une glissière. Lorsque le coulisseau descend vers lébauche suivante, le bac-navette sécarte de la matrice.
Ejection semi-automatique . La figure 58.42 montre un mécanisme déjection semi-automatique utilisé sur une presse. Lorsque le poinçon se retire de la zone de la matrice, léjecteur, qui est mécaniquement couplé au poinçon, chasse la pièce terminée.
Robots . Les robots sont des dispositifs complexes qui chargent et déchargent le matériau, assemblent les pièces, transportent des objets ou effectuent des tâches habituellement assurées par un opérateur, évitant ainsi à celui-ci dêtre exposé à des dangers. Leur meilleur champ dapplication est celui de la production en gros volumes, qui nécessite des actions répétitives et où ils peuvent assurer une protection contre dautres dangers pour le personnel. Mais les robots peuvent eux-mêmes créer des dangers justifiant la mise en place de protections appropriées. La figure 58.43 montre lexemple dun robot alimentant une presse.
Quoique ces accessoires nassurent pas une protection complète contre les dangers des machines, ils peuvent apporter aux opérateurs une marge de sécurité supplémentaire. Leur application et leur utilisation nécessitent un jugement averti.
Barrières davertissement . Les barrières davertissement nassurent aucune protection physique, mais servent uniquement à rappeler aux opérateurs quils sapprochent de la zone dangereuse. En général, les barrières davertissement ne sont pas considérées comme une mesure adéquate dans le cas dune exposition permanente au danger. La figure 58.44 montre une corde servant de barrière davertissement à larrière dune cisaille. Ces barrières nempêchent pas physiquement les personnes de pénétrer dans les zones dangereuses; elles ne font que les avertir dun danger.
Ecrans . Les écrans peuvent assurer une protection contre les projections de particules ou de fluides de coupe ou de refroidissement. La figure 58.45 en montre deux applications.
Outils de manipulation . Les outils de manipulation servent à mettre le matériau en place et à le retirer. Ils permettent par exemple datteindre la zone dangereuse dune presse ou dune plieuse. La figure 58.46 montre un assortiment de tels outils. Les outils de manipulation ne devraient en aucun cas remplacer les autres protections de la machine. Ils ne peuvent que compléter la sécurité.
Les poussoirs ou les blocs de poussée comme ceux représentés à la figure 58.47 peuvent servir à introduire le matériau dans une machine, une scie par exemple. Lorsquil devient nécessaire dapprocher les mains très près de la lame, ils peuvent apporter une marge de sécurité supplémentaire et éviter des blessures.
Lévolution générale dans les domaines de la microélectronique et de la technologie des détecteurs donne des raisons despérer une amélioration de la sécurité au travail grâce à la mise sur le marché de détecteurs de présence et dapproche fiables, robustes, à maintenance réduite et économiques. Le présent article décrit la technologie des détecteurs, les différentes méthodes de détection, les conditions et restrictions applicables à lemploi des systèmes de détecteurs, ainsi que certains travaux de recherche et de normalisation effectués en Allemagne.
La mise au point et les essais pratiques des détecteurs de présence constituent lun des principaux défis à relever dans le cadre des efforts techniques en vue daméliorer la sécurité au travail et la protection des personnes en général. Les détecteurs de présence sont des détecteurs capables de signaler, de façon fiable et certaine, la présence à proximité ou lapproche dune personne. Cet avertissement doit être donné rapidement, de manière à permettre une manuvre dévitement, un freinage ou la mise à larrêt dune machine fixe avant que le contact annoncé se produise. La taille des personnes, leur position ou les vêtements quelles portent ne doivent affecter en rien la fiabilité du capteur. Les détecteurs doivent également assurer un fonctionnement sûr et être robustes et économiques pour pouvoir être employés dans les conditions les plus difficiles, comme sur les chantiers de construction et pour les applications mobiles, avec un minimum de maintenance. Les détecteurs doivent être comme les coussins gonflables, cest-à-dire sans entretien et toujours prêts à servir. Compte tenu de la réticence de certains utilisateurs à entretenir des équipements quils ne jugent pas essentiels, il devrait être possible de laisser les détecteurs sans entretien pendant plusieurs années. Une autre caractéristique qui sera très probablement exigée des détecteurs de présence consiste dans la possibilité de détecter des obstacles autres que les êtres humains et davertir lopérateur en temps voulu pour quil puisse prendre des mesures préventives et réduire ainsi les frais de réparation de matériels endommagés. Cette raison dinstaller des détecteurs de présence ne devrait pas être sous-estimée.
Un nombre incalculable daccidents mortels ou graves, et que lon estime inévitables parce que dus au hasard, pourraient être évités, ou leurs conséquences réduites au minimum, si les détecteurs de présence étaient mieux acceptés comme mesure de prévention dans le domaine de la sécurité au travail. De tels accidents défraient trop souvent la chronique: ici, quelquun a été heurté par une chargeuse en train de reculer; là, une personne que lopérateur navait pas vue a été écrasée par une pelleteuse. Les camions effectuant une marche arrière dans une rue, dans une cour dusine ou sur un chantier sont à lorigine de nombreux accidents corporels. En raison de la rationalisation extrême du travail dans les entreprises modernes, on ne prévoit plus, pour accompagner les conducteurs, de deuxième conducteur ou dautres personnes qui pourraient les guider lors dune marche arrière. Ces exemples daccidents peuvent facilement être étendus à dautres matériels mobiles comme les chariots élévateurs. Mais il existe également un besoin urgent de prévoir des détecteurs sur les équipements semi-mobiles ou entièrement fixes pour éviter les accidents. Ainsi, les parties arrière des grandes machines de chargement sont considérées par les spécialistes de la sécurité comme des zones potentiellement dangereuses où linstallation de détecteurs peu onéreux apporterait une amélioration. Les nombreux modèles de détecteurs de présence peuvent être adaptés de façon imaginative à dautres véhicules et gros équipements mobiles et assurer une protection contre les types daccidents considérés, qui occasionnent en général des dégâts étendus et des blessures sérieuses, voire mortelles.
La généralisation progressive des solutions innovatrices semble indiquer que les détecteurs de présence pourraient devenir la référence en matière de sécurité dans dautres applications, mais ce nest pas le cas partout. Les progrès les plus décisifs, en raison du nombre des accidents et de limportance des dégâts matériels, devraient concerner la surveillance de larrière des véhicules de livraison et des poids lourds, ainsi que les domaines de pointe des «nouvelles technologies», en loccurrence les machines robotisées de lavenir.
La diversité des domaines dapplication des détecteurs de présence et des tâches exécutées par exemple les cas où lon tolère certains objets (même mobiles, dans des conditions bien précises) situés dans le champ de détection et qui ne doivent pas déclencher un signal nécessite des détecteurs avec lesquels une technologie dévaluation «intelligente» complète les mécanismes de détection. Cette technologie, appelée à des développements certains, peut être élaborée selon des méthodes faisant appel à lintelligence artificielle (Schreiber et Kuhn, 1995). Les applications des détecteurs restent fortement limitées en raison dun manque duniversalité. Il existe des rideaux et barrages lumineux, des tapis de contact, des détecteurs infrarouges passifs, des détecteurs de mouvement par ultrasons et radar à effet Doppler, des détecteurs à impulsions ultrasonores, radar et lumineuses, et des lasers à balayage. Les caméras de télévision classiques reliées à des écrans ne font pas partie de cette liste parce que ce ne sont pas des détecteurs de présence, au contraire des caméras qui sont automatiquement activées lorsquune présence humaine est décelée.
Les études actuelles sur les détecteurs concernent principalement: 1) loptimisation de lutilisation des effets physiques (infrarouge, lumière, ultrasons, radar, etc.); et 2) lautosurveillance. Des travaux de développement intensif sont consacrés aux possibilités dutilisation des lasers à balayage comme instruments de navigation pour les robots mobiles. Cela nécessite de résoudre les problèmes posés par deux tâches en principe partiellement distinctes: la navigation du robot et la protection des personnes et des matériels présents, pour éviter quils ne soient heurtés, écrasés ou saisis (Freund, Dierks et Rossmann, 1993). Les futurs robots mobiles ne pourront pas conserver, en matière de sécurité, le principe de «séparation spatiale du robot et des personnes», qui est aujourdhui appliqué strictement aux robots industriels fixes, et la fiabilité de fonctionnement des détecteurs de présence prévus joue donc un rôle prépondérant. La mise en uvre dune nouvelle technologie pose souvent des problèmes dacceptation, et on peut supposer que la présence généralisée de robots mobiles, capables de se déplacer et de saisir des objets au milieu du personnel dune usine, dans les lieux de passage du public, voire dans les habitations ou les espaces de loisirs, ne sera acceptée que sils sont équipés de détecteurs de présence très perfectionnés et très fiables. Il sera impératif déviter à tout prix des accidents spectaculaires si lon ne veut pas exacerber déventuelles réticences. Le niveau actuel des dépenses pour la mise au point de ce type de détecteurs appliqués à la sécurité du travail nest pas à la hauteur de cette préoccupation. Pour faire des économies substantielles, il faudrait développer et tester les détecteurs de présence en même temps que les robots mobiles et les systèmes de navigation, et non pas après.
En ce qui concerne les véhicules à moteur, les questions de sécurité revêtent de plus en plus dimportance. Les innovations en vue daméliorer la sécurité des utilisateurs comprennent les ceintures de sécurité à trois points, les sièges pour enfants, les coussins gonflables et le système antiblocage des roues, vérifiés par des essais dimpact à grande échelle. Ces mesures de protection représentent une proportion accrue des coûts de production. Les développements futurs en matière de protection des utilisateurs concernent les coussins gonflables latéraux et les systèmes de détection radar pour mesurer la distance par rapport au véhicule précédent.
La sécurité extérieure des véhicules à moteur cest-à-dire la protection des tiers fait lobjet dune attention croissante. Une protection latérale est devenue récemment obligatoire, surtout pour les camions, afin de protéger les motocyclistes, les cyclistes et les piétons contre les risques de chute sous les roues arrière. La prochaine étape devrait logiquement être la surveillance de la zone située à larrière des véhicules lourds par des détecteurs de présence et linstallation de systèmes davertissement à larrière. Cette mesure aurait pour effet secondaire positif de procurer le financement nécessaire au développement, aux essais et à la mise sur le marché de détecteurs pour la sécurité au travail qui se caractériseraient par un prix raisonnable, des performances optimales, une capacité dautosurveillance, une absence dentretien et une bonne fiabilité. Le processus dessais qui accompagnerait la mise en place à grande échelle de détecteurs et de systèmes de détecteurs favoriserait considérablement linnovation dans dautres secteurs (pelles mécaniques, chargeuses et machines mobiles diverses de gros gabarit avec lesquelles les déplacements en marche arrière peuvent représenter la moitié du temps dutilisation). Le remplacement des robots fixes par des robots mobiles constitue également une voie de développement pour les détecteurs de présence. Des améliorations pourraient par exemple être apportées aux détecteurs employés actuellement sur les robots mobiles de manutention de matériaux ou les «chariots datelier sans conducteur», qui suivent des itinéraires fixes et nexigent par conséquent que des mesures de sécurité limitées. Lutilisation de détecteurs de présence est la prochaine étape logique de lamélioration de la sécurité dans le domaine du transport des matériaux et des personnes.
Pour évaluer et atteindre les objectifs mentionnés ci-dessus, on peut fait appel à différents principes physiques, associés à des méthodes de mesure et dautosurveillance électroniques ainsi que, dans une certaine mesure, à des procédures informatiques à hautes performances. La facilité et la sûreté avec lesquelles fonctionnent apparemment les machines automatisées (robots), si répandues dans les films de science-fiction, deviendront peut-être réalité grâce aux techniques dimagerie et aux algorithmes évolués de reconnaissance des formes, en association avec des méthodes de mesure des distances analogues à celles employées par les lasers à balayage. Il existe un paradoxe, dont il faut saccommoder, selon lequel tout ce qui paraît simple à lêtre humain est difficile pour les automates. Par exemple, une tâche complexe telle quune partie déchecs de haut niveau (qui met en jeu le cerveau antérieur) est plus facile à reproduire et à faire exécuter par une machine quune tâche aussi simple que la marche, la coordination main-il ou la coordination dautres mouvements (régies par les cerveaux moyen et postérieur). Certains de ces principes, méthodes et procédures applicables à la mise en uvre des détecteurs sont décrits ci-après. Outre ces exemples, il existe un grand nombre de procédures particulières, pour des tâches très spécialisées, qui opèrent notamment en associant différents types deffets physiques.
Rideaux et barrages lumineux. Ces dispositifs font partie des premiers détecteurs de présence mis au point. Ils ont une géométrie de surveillance ponctuelle, cest-à-dire quune personne ayant franchi la barrière nest plus détectée. La main dun opérateur, ou la présence doutils ou de pièces tenus dans la main de lopérateur, par exemple, sont détectés avec rapidité et fiabilité par ces dispositifs. Ils contribuent largement à la sécurité des machines (comme les presses et les poinçonneuses) où le matériau doit être introduit à la main. Leur fiabilité doit être statistiquement très élevée, étant donné que si la main ne se présente que deux ou trois fois par minute, cest environ un million dopérations qui sont effectuées en quelques années à peine. Lautosurveillance réciproque entre émetteur et récepteur a été portée à un tel niveau technique quelle représente aujourdhui une norme pour toutes les autres méthodes de détection de présence.
Tapis de contact (à contacteurs) . Les tapis et les sols à contact électrique ou pneumatique peuvent être du type passif ou actif (avec pompe). A lorigine, ils étaient largement utilisés pour des fonctions de service (ouverture de portes), avant dêtre remplacés par des détecteurs de mouvement. La tendance est à lextension de lapplication des détecteurs de présence à toutes sortes de zones dangereuses. Le développement de la fabrication automatisée, par exemple, dans laquelle lopérateur, au lieu de commander directement la machine, se borne à en surveiller le fonctionnement, a suscité une demande de détecteurs appropriés. La normalisation de cette application est bien avancée (DIN, 1997) et des limitations particulières (agencement, dimensions, zone morte maximale autorisée) ont nécessité le développement dun savoir-faire spécifique.
Les tapis de contact trouvent dintéressantes possibilités demploi dans les systèmes à robots multiples contrôlés par ordinateur. Lopérateur active un ou deux contacts, ce qui permet au détecteur de présence de connaître sa position exacte et den informer lordinateur, qui gère les systèmes de commande des robots grâce à un système anticollision intégré. Lors dun essai effectué par lInstitut fédéral allemand pour la sécurité (BAU), un sol formé de tapis à contact électrique de faibles dimensions a été installé sous la zone de travail dun bras de robot (Freund, Dierks et Rossmann, 1993). Ce détecteur de présence avait la forme dun damier. Le secteur activé indiquait à lordinateur la position de lopérateur (voir figure 58.48) et lorsque celui-ci se rapprochait trop du robot, le robot sécartait. Sans ce détecteur de présence, le robot ne pourrait pas déterminer la position de lopérateur et celui-ci ne pourrait être protégé.
Réflecteurs (détecteurs de mouvement et détecteurs de présence). Quels que soient leurs mérites, les détecteurs décrits ci-dessus ne sont pas des détecteurs de présence au sens large. Pour que leur utilisation sur les véhicules lourds et les grands équipements mobiles, principalement en vue dassurer la sécurité du travail, puisse être envisagée, il est nécessaire que deux caractéristiques importantes soient réunies: 1) la possibilité de surveiller une zone depuis une position donnée; et 2) un fonctionnement fiable et ne nécessitant pas de mesures complémentaires concernant lobjet à détecter, comme linstallation de dispositifs réfléchissants. Pour que léquipement puisse déceler la présence dune personne pénétrant dans la zone surveillée, et ce jusquà ce quelle ait quitté cette zone, il est nécessaire également quil détecte une personne restant parfaitement immobile. Cest ce qui distingue les détecteurs de mouvement des détecteurs de présence, du moins en ce qui concerne une utilisation avec des équipements mobiles: les détecteurs de mouvement sont presque toujours déclenchés lorsque le véhicule commence à se déplacer.
Détecteurs de mouvement. Les deux principaux types de détecteurs de mouvement sont: 1) les détecteurs infrarouges passifs, qui réagissent au plus petit changement du faisceau infrarouge dans la zone surveillée (le plus petit faisceau détectable est denviron 10-9 W, avec une plage de longueur donde denviron 7 à 20 µm); 2) les détecteurs à ultrasons et à micro-ondes à effet Doppler, qui déterminent les caractéristiques du déplacement dun objet en fonction des changements de fréquence. Leffet Doppler augmente par exemple la fréquence du sifflet dune locomotive pour un observateur pendant quelle approche et diminue cette fréquence lorsque la locomotive séloigne. Lapplication de cet effet permet de construire des détecteurs dapproche relativement simples, le récepteur nayant quà surveiller la fréquence du signal des bandes voisines en guettant lapparition de la fréquence Doppler.
Vers le milieu des années soixante-dix, lemploi de détecteurs de mouvement a pris une place prédominante dans les fonctions de service comme louverture des portes, la protection contre le vol et la protection des objets. Pour un usage fixe, la détection dune personne approchant dune zone dangereuse constituait un élément suffisant pour donner lalerte en temps voulu ou pour arrêter une machine. Cest sur cette base que lon a entrepris détudier les possibilités dutilisation des détecteurs de mouvement, en particulier les détecteurs infrarouges passifs pour la sécurité au travail (Mester et coll., 1980). Etant donné quune personne habillée a généralement une température supérieure à celle de son environnement (tête 34 °C, mains 31 °C), la détection dune personne qui sapproche est relativement plus facile que celle dun objet inanimé. Cest ainsi que des éléments de machine peuvent se déplacer dans la zone surveillée sans déclencher le détecteur.
La méthode passive (sans émetteur) présente des avantages et des inconvénients. Lavantage est quun détecteur infrarouge passif najoute ni bruit ni problèmes de brouillage électrique. Pour la protection contre le vol et la protection dobjets, il est particulièrement important que le détecteur ne soit pas facile à repérer. En revanche, un capteur limité à un simple récepteur peut difficilement contrôler sa propre efficacité, ce qui est essentiel pour la sécurité au travail. Pour remédier à cet inconvénient, des essais ont porté sur de petits émetteurs dinfrarouges modulés (5 à 20 Hz) qui étaient installés dans la zone surveillée et qui ne déclenchaient pas le capteur, mais dont le rayonnement était enregistré avec une amplification électronique fixe réglée sur la fréquence de modulation. Cette modification faisait dun détecteur passif un détecteur actif, ce qui permettait également de vérifier la précision géométrique de la zone surveillée. Les miroirs peuvent avoir des zones aveugles, et lorientation dun détecteur passif peut être compromise par les divers incidents de lactivité dune usine. La figure 58.49 montre une installation dessai avec un détecteur infrarouge passif surveillant une zone de forme pyramidale. Compte tenu de leur longue portée, les détecteurs infrarouges passifs sont employés, par exemple, dans les allées dun espace de stockage.
Ces essais ont montré que, dune manière générale, les détecteurs de mouvement ne convenaient pas pour la sécurité au travail. La surveillance nocturne des salles dun musée ne peut pas être comparée à celle des zones dangereuses dun atelier.
Détecteurs à impulsions ultrasonores, radar ou lumineuses. Les détecteurs fonctionnant sur le principe impulsion/écho cest-à-dire ceux qui mesurent le temps de retour dimpulsions ultrasonores, radar ou lumineuses offrent dimportantes possibilités dapplication comme détecteurs de présence. Avec les lasers à balayage, les impulsions peuvent balayer une zone avec une périodicité élevée (habituellement par rotation), horizontalement par exemple; grâce à un ordinateur, on peut donc obtenir un profil de distance des objets ayant réfléchi la lumière sur la ligne ainsi définie. Si lon ne se contente pas dune ligne unique, mais quon veuille tout lespace situé à lavant du robot mobile jusquà une hauteur de 2 m, par exemple, il faut traiter dénormes quantités de données pour décrire lenvironnement. Le détecteur de présence «idéal» de lavenir sera constitué dune combinaison des deux procédés suivants:
La figure 58.50 montre, dans le cadre du projet BAU cité plus haut (Freund, Dierks et Rossmann, 1993), lutilisation dun laser à balayage sur un robot mobile qui accomplit également certaines tâches de navigation grâce à un faisceau de détection de direction et assure une protection contre les collisions avec des objets se trouvant à proximité immédiate au moyen dune détection de présence assurée par un faisceau de mesure au sol. Avec ces fonctions, le robot mobile est capable de se diriger par pilotage libre automatisé actif (cest-à-dire quil sait contourner les obstacles). Techniquement, on emploie pour cela la rotation à 45° du balayage vers larrière des deux côtés (à gauche et à droite du robot), en plus de la rotation à 180° vers lavant. Ces faisceaux, par lintermédiaire dun miroir spécial, font office de rideau lumineux orienté vers le sol en avant du robot et donnent à celui-ci une ligne de vision au sol. Sil reçoit une réflexion laser de cette zone, le robot sarrête. Des systèmes à balayage laser et lumineux homologués pour la sécurité au travail ont déjà été proposés sur le marché; ils ont encore un important potentiel dévolution.
Les détecteurs à ultrasons et radar, qui déterminent la distance sur la base du temps écoulé entre le signal et la réponse, sont moins exigeants du point de vue technique et donc plus économiques à produire. La zone de détection a une tête arrondie, avec une ou plusieurs zones latérales plus petites disposées symétriquement. La vitesse de propagation du signal (330 m/s pour le son et 300 000 km/s pour les ondes électromagnétiques) détermine la rapidité de traitement de lélectronique employée.
Dispositifs avertisseurs de recul. A la Foire-Exposition de Hanovre de 1985, le BAU a exposé les résultats dun avant-projet sur lemploi de détecteurs à ultrasons pour sécuriser la zone située à larrière des gros véhicules (Langer et Kurfürst, 1985). Une maquette à échelle réelle de la tête de détection, constituée de détecteurs Polaroid™, était installée sur la paroi arrière dun camion de livraison. La figure 58.51 montre le principe de son fonctionnement. Du fait de son grand diamètre, ce détecteur produit des zones de surveillance de longue portée et dangle relativement réduit (environ 18°), qui sont juxtaposées et réglées sur des portées maximales différentes du signal. En pratique, cet agencement permet de définir toutes les géométries désirées, qui sont balayées par les détecteurs environ quatre fois par seconde pour détecter la présence ou larrivée de personnes. Dautres systèmes avertisseurs arrière en démonstration possédaient plusieurs détecteurs parallèles.
Cette démonstration spectaculaire a rencontré un grand succès à la Foire-Exposition. Elle a montré que la sécurisation de la zone arrière des gros véhicules faisait lobjet détudes dans de nombreux organismes, notamment les comités spécialisés des associations professionnelles (Berufsgenossenschaften), les compagnies assurant les véhicules municipaux, les autorités de contrôle de lindustrie et les fabricants de détecteurs, ces derniers sintéressant plutôt aux voitures particulières et concentrant leurs efforts sur les systèmes destinés à faciliter les manuvres sur les parkings pour éviter que les carrosseries subissent des dommages. Un comité ad hoc a été créé spontanément pour promouvoir les systèmes de détection vers larrière; il a entrepris en premier lieu de dresser la liste des besoins en matière de sécurité au travail. Dans les dix années qui ont suivi, de nombreux efforts ont été consacrés au problème de la surveillance vers larrière qui représente peut-être lapplication la plus importante des détecteurs de présence , mais il ny a toujours pas eu davancée majeure.
Les détecteurs à ultrasons ont été employés dans de nombreux projets, notamment pour équiper des grues de triage de bois, des pelles hydrauliques, des véhicules municipaux spéciaux et dautres véhicules utilitaires, ainsi que des chariots élévateurs et des chargeuses (Schreiber, 1990). Les dispositifs avertisseurs de recul présentent une importance particulière pour les gros engins qui fonctionnent fréquemment en marche arrière. Les détecteurs de présence à ultrasons sont utilisés par exemple pour la protection de véhicules spéciaux sans conducteur, comme les machines robotisées de manutention. Par rapport aux pare-chocs caoutchoutés, ces détecteurs ont une plus grande portée qui permet un freinage avant le contact entre la machine et un obstacle. Les détecteurs correspondants pour les voitures particulières constituent des développements avec des contraintes nettement moins sévères.
Entre-temps, le Comité DIN de normalisation technique des systèmes de transport a élaboré la norme 75031, «Dispositifs de détection dobstacles en marche arrière» (DIN, 1995). Les spécifications et les essais ont été définis pour deux distances: 1,8 m pour les camions de livraison, et 3 m une zone davertissement supplémentaire pour les poids lourds. La zone surveillée est déterminée par la reconnaissance de corps cylindriques. La distance de 3 m correspond sensiblement à la limite de ce qui est techniquement réalisable à lheure actuelle, étant donné que les détecteurs à ultrasons doivent être enfermés dans des enveloppes métalliques en raison des conditions difficiles dans lesquelles ils doivent fonctionner. Les caractéristiques dautosurveillance du système de détecteurs sont fixées, la géométrie requise pour la zone de surveillance ne pouvant être obtenue quavec un système de trois détecteurs ou plus. La figure 58.52 montre un dispositif avertisseur de recul composé de trois détecteurs à ultrasons. Les caractéristiques du dispositif avertisseur de recul dans la cabine du conducteur et les modalités des signaux dalarme sont fixées également. Les dispositions de la norme DIN 75031 sont reprises dans le rapport technique international ISO/TR 12155, Véhicules utilitaires. Dispositifs de détection dobstacles pendant la marche arrière. Exigences et essais (ISO, 1994a). Plusieurs fabricants de détecteurs ont mis au point des prototypes conformes à cette norme.
Depuis le début des années soixante-dix, plusieurs institutions et fabricants ont travaillé au développement et à la réalisation de détecteurs de présence. Pour lapplication particulière de lavertisseur de recul, les dispositions existantes sont la norme DIN 75031 et le rapport ISO/TR 12155. La Deutsche Post poursuit des essais dune importance majeure. Plusieurs fabricants ont équipé chacun cinq camions de taille moyenne avec ces dispositifs. Il est très important pour la sécurité au travail que ces essais donnent des résultats concluants. Comme nous lavons précisé au début de cet article, la disponibilité de détecteurs de présence en nombre suffisant pose un défi majeur pour la technologie de la sécurité dans les nombreuses applications mentionnées. Il faut que ces équipements puissent être réalisés à un faible prix de revient si lon veut que les dommages aux équipements, aux machines et aux produits et surtout les lésions corporelles, souvent graves, appartiennent désormais au passé.
Les appareils de contrôle, de coupure et de commutation doivent toujours être considérés en relation avec les systèmes techniques , expression qui désigne, dans le présent article, les machines, les installations et les équipements. Tout système technique accomplit une tâche spécifique. Des appareils de contrôle et de commutation assurant la sécurité voulue sont nécessaires pour que cette tâche soit réalisable, voire envisageable, sans risques. Ces appareils servent à établir, contrôler, interrompre ou retarder la circulation ou les effets des énergies électrique, hydraulique, pneumatique ou potentiellement dangereuse.
Les dispositifs de coupure servent à interrompre lalimentation en énergie. Le dispositif doit normalement assurer une déconnexion effective, et pouvant être déterminée sans équivoque, de lalimentation en énergie. La déconnexion de lalimentation devrait également être toujours associée à une réduction de lénergie emmagasinée dans toutes les parties de linstallation. Si celle-ci est alimentée par plusieurs sources, elles doivent toutes pouvoir être déconnectées correctement. Les personnes qualifiées pour intervenir sur le type dénergie concerné et travaillant de ce côté de linstallation utilisent les dispositifs de coupure pour se protéger contre les dangers de cette énergie. Pour des raisons de sécurité, ces personnes sassurent toujours quaucune énergie potentiellement dangereuse ne subsiste dans le système technique, par exemple en vérifiant labsence de potentiel dans le cas de lélectricité. Seuls des spécialistes qualifiés peuvent manipuler sans danger certains dispositifs de coupure, et on doit donc prendre des dispositions pour que les personnes non autorisées ne puissent y avoir accès (voir figure 58.53).
Un dispositif de coupure générale déconnecte linstallation de son alimentation en énergie. Contrairement aux dispositifs de coupure, il peut être actionné sans danger même par des non-spécialistes. Il sert à déconnecter les installations inutilisées à un moment donné et à empêcher leur utilisation par des personnes non autorisées. Il sert également à déconnecter les installations pour lentretien, les dépannages, les nettoyages, les réglages et les remplacements déquipements, dans la mesure où ces travaux peuvent être effectués en labsence dénergie. Naturellement, lorsquun dispositif de coupure générale possède également les caractéristiques dun dispositif de coupure, il peut aussi assurer ou partager cette fonction (voir figure 58.54).
Un dispositif de coupure de sécurité ne déconnecte pas la totalité de linstallation de sa source dénergie. Il supprime uniquement lénergie des parties de linstallation qui sont critiques pour un sous-système opérationnel particulier. Il est possible de prévoir des interventions de courte durée sur certains sous-systèmes opérationnels par exemple pour des réglages, des modifications de réglages, des changements déquipements, des réparations ou des nettoyages périodiques, ainsi que pour lexécution de mouvements et de séquences dopérations indispensables aux réglages, aux modifications de réglages, aux changements déquipements ou aux essais. Les équipements et installations complexes de production ne peuvent pas être mis à larrêt au moyen de la coupure générale dans ces cas, parce quil serait alors impossible, après la réparation, de remettre en service linstallation complète au stade où son fonctionnement avait été interrompu. En outre, dans les grands systèmes techniques, le dispositif de coupure générale est rarement situé à lendroit où doit avoir lieu lintervention. Un dispositif de coupure de sécurité doit donc répondre à un certain nombre dexigences, notamment:
Lorsque le dispositif de coupure générale dune installation est en mesure de répondre à toutes les caractéristiques exigées dun dispositif de coupure de sécurité, il peut assurer également cette fonction, mais cette solution ne sera à lévidence fiable que pour les systèmes techniques les plus simples (voir figure 58.55).
Ces dispositifs de commande permettent de déclencher et de contrôler en toute sécurité les mouvements et les séquences dopérations des sous-systèmes opérationnels. Ils peuvent être nécessaires pour les réglages en vue de lexécution de séquences dessai, pour la régulation, lorsquil faut corriger des défauts de fonctionnement ou dégager des zones obstruées, ou pour la formation en vue de démonstrations de leur fonctionnement. En pareils cas, une remise en route normale de linstallation est impossible, car elle exposerait les opérateurs à des mouvements ou des processus déclenchés par la transmission ou lapparition accidentelles de signaux de commande. Un dispositif de commande de sous-système opérationnel doit répondre aux exigences ci-après:
Les dispositifs darrêt durgence sont nécessaires lorsque le fonctionnement normal des systèmes techniques peut créer des dangers quil nest pas possible de prévenir au niveau de la conception du système ou par la prise de mesures de sécurité appropriées. Dans les sous-systèmes opérationnels, le dispositif darrêt durgence fait souvent partie de lappareillage de commande. Lorsquil est actionné, il déclenche des opérations qui ramènent aussi rapidement que possible le système à létat de sécurité. En ce qui concerne les priorités de sécurité, la protection des personnes est primordiale. La protection contre les dommages matériels joue un rôle secondaire, à moins que ces dommages ne puissent à leur tour mettre des personnes en danger. Le dispositif darrêt durgence doit répondre aux exigences ci-après:
Les dispositifs de commande de fonctions servent à mettre le système technique en fonctionnement normal et à lancer, exécuter et interrompre les mouvements et processus prévus dans ce mode. Ces dispositifs servent exclusivement au cours du fonctionnement normal de linstallation, cest-à-dire lorsque toutes les fonctions prévues se déroulent sans incidents. Ils sont donc employés par les opérateurs du système. Les dispositifs de commande de fonctions doivent répondre aux exigences ci-après:
Les interrupteurs de position empêchent la mise en marche dune installation tant que les conditions de sécurité surveillées ne sont pas satisfaites et ils interrompent son fonctionnement dès quune de ces conditions nest plus remplie. Ils servent par exemple à surveiller les portes des compartiments de sécurité, à vérifier la position des protections ou à sassurer que les limites de vitesse ou de course ne sont pas dépassées. Les interrupteurs de position doivent par conséquent répondre aux exigences de sécurité et de fiabilité ci-après:
Plusieurs des appareils de commutation de sécurité décrits ci-dessus assurent la fonction de sécurité non pas directement, mais par lémission dun signal qui est ensuite transmis et traité par un circuit de contrôle de la sécurité avant datteindre les parties de linstallation qui exercent la fonction de sécurité proprement dite. Un dispositif de coupure de sécurité, par exemple, provoque indirectement la déconnexion de lénergie aux points critiques, tandis quun dispositif de coupure générale arrête directement lalimentation électrique.
Les circuits de contrôle de sécurité doivent assurer une transmission fiable des signaux et, dans ce but, il convient de prendre en compte les principes ci-après:
Les composants employés dans les circuits de contrôle de la sécurité doivent remplir leur fonction avec une très grande fiabilité. Ceux dentre eux qui ne répondent pas à cette exigence doivent être mis en uvre selon le principe dune redondance contrôlée et diversifiée au maximum.
Depuis quelques années, les microprocesseurs occupent une place toujours plus importante dans la technologie de la sécurité. Etant donné quil est désormais possible davoir un ordinateur complet, cest-à-dire un processeur, une mémoire et des périphériques, sur un seul composant (ordinateurs «monopuce»), la technologie des microprocesseurs nest plus réservée au contrôle des machines complexes, mais elle est employée aussi pour des systèmes de protection relativement simples (par exemple, barrage immatériel, commandes bimanuelles et protections des extrémités). Les logiciels de contrôle de ces systèmes comprennent entre un millier et plusieurs dizaines de milliers dinstructions, avec plusieurs centaines de branchements logiques. Ils fonctionnent en temps réel et sont le plus souvent écrits en langage assembleur.
Lintroduction de systèmes contrôlés par ordinateur dans la technologie de la sécurité a occasionné, pour tous les grands équipements, non seulement de coûteux projets de recherche et de développement, mais aussi des contraintes significatives destinées à renforcer la sécurité (les technologies aérospatiale, militaire et nucléaire sont des exemples dapplications à grande échelle). Le domaine de la grande production industrielle a été très peu abordé jusquà présent. Cela sexplique en partie par le fait que la rapidité des cycles dinnovation qui caractérise la conception des machines industrielles ne permet quun transfert très limité des connaissances résultant de projets de recherche ayant pour objectif les essais finals de dispositifs de sécurité à grande échelle. Cette situation rend dautant plus souhaitable la mise au point de procédures dévaluation rapides et économiques (Reinert et Reuss, 1991).
Dans le présent article, nous examinons en premier lieu les machines et les installations dans lesquelles des systèmes informatisés assurent maintenant déjà des tâches de sécurité, en prenant des exemples daccidents qui se produisent surtout au niveau de la protection des machines, pour illustrer le rôle particulier des ordinateurs dans la technologie de la sécurité. Ces accidents donnent certaines indications sur les précautions à prendre pour que le développement actuel de lutilisation déquipements de sécurité commandés par ordinateur ne contribue pas à une augmentation du nombre des accidents. La dernière partie de larticle décrit les grandes lignes dune procédure qui devrait permettre de donner, même aux petits systèmes informatiques, un niveau de sécurité technique suffisant, pour un investissement raisonnable et dans des délais acceptables. Les principes exposés dans cette dernière partie sont actuellement repris dans les procédures de normalisation au niveau international et ils auront des répercussions dans tous les domaines de la technologie de la sécurité qui font appel aux ordinateurs.
Les quatre exemples suivants montrent limportance croissante de lutilisation des logiciels et des ordinateurs par lindustrie dans le domaine de la sécurité.
Les dispositifs individuels dalarme se composent en général dun poste de réception central et de plusieurs appareils individuels dalarme. Ceux-ci sont portés par des personnes appelées à travailler seules. Si lune de ces personnes isolées se trouve en danger, elle peut se servir de lappareil pour déclencher une alarme, en transmettant un signal radio au poste de réception. Ce déclenchement volontaire peut être complété par un mécanisme de déclenchement automatique activé par des détecteurs intégrés à lappareil individuel. Les appareils individuels et le poste de réception sont fréquemment contrôlés par des micro-ordinateurs; si lune des fonctions de lordinateur cessait dêtre assurée, lalarme pourrait ne pas se déclencher en cas de danger. Des mesures doivent donc être prises pour détecter et rectifier en temps voulu ces défauts de fonctionnement.
Les presses dimprimerie à journaux sont de très grosses machines. Les bandes continues de papier sont généralement préparées par une machine distincte qui assure sans interruption les changements de bobine. Les pages imprimées sont pliées et traitées ensuite par dautres machines pour aboutir en fin de chaîne à des palettes chargées. Bien que ces installations soient automatisées, il existe deux points où des interventions manuelles sont nécessaires: 1) lamorçage du papier dans le circuit; 2) le dégagement des bourrages provoqués par la déchirure du papier aux points dangereux des rouleaux. La technologie de contrôle des installations doit donc permettre un fonctionnement au ralenti ou pas à pas, limité à un circuit ou dans le temps, pendant le réglage des presses. Compte tenu de la complexité des opérations de pilotage, chaque poste dimpression individuel doit posséder son propre automate programmable. Une défaillance du contrôle dun poste dimpression survenant alors que les grilles de protection sont ouvertes ne doit conduire ni au démarrage intempestif dune machine arrêtée, ni au dépassement du régime de ralenti choisi.
Dans les usines et les entrepôts de grandes dimensions, des véhicules sans conducteur, robotisés et à guidage automatique, se déplacent sur des pistes spéciales. Ces pistes peuvent être traversées à tout moment par des personnes et il peut se produire quon y dépose du matériel par inadvertance, puisquelles ne sont pas séparées matériellement des autres voies de passage. Il faut donc prévoir un système assurant larrêt du véhicule pour prévenir toute collision dangereuse avec une personne ou un obstacle. Sur les systèmes les plus récents, cette prévention des collisions est assurée par des dispositifs à balayage ultrasonore ou laser associés à des pare-chocs de sécurité. Comme ces systèmes sont commandés par ordinateur, il est possible de configurer plusieurs zones de détection permanente, de manière que le véhicule puisse adapter sa réaction à la zone dans laquelle il détecte une personne. Les défaillances des dispositifs de protection ne doivent pas avoir pour effet de provoquer des collisions avec des personnes.
Les massicots sont des machines qui compriment, puis tranchent dépaisses piles de papier. Ils sont contrôlés par des commandes bimanuelles. Lopérateur doit introduire les mains dans la zone dangereuse après chaque coupe. Une protection invisible, habituellement un barrage immatériel, est employée en association avec la commande bimanuelle et un système de sécurité intégré pour éviter les accidents corporels au moment de lintroduction du papier. La quasi-totalité des grands massicots modernes sont contrôlés par des micro-ordinateurs à redondance multiple. La sécurité de fonctionnement de la commande bimanuelle et du barrage immatériel doit également être garantie.
Des accidents liés aux logiciels et aux ordinateurs sont signalés dans presque toutes les applications industrielles (Neumann, 1994). Dans la plupart des cas, les pannes dordinateur nentraînent pas de lésions corporelles. De toute manière, ces incidents ne sont rendus publics que lorsquils présentent un intérêt général. Les incidents ou les accidents en rapport avec des ordinateurs ou des logiciels et ayant entraîné des lésions corporelles représentent donc une proportion relativement élevée de tous les cas rendus publics. Malheureusement, lorsquil sagit daccidents moins spectaculaires, la recherche des causes ne fait pas lobjet dinvestigations aussi poussées que dans le cas des accidents qui frappent lopinion et qui surviennent en général dans de grandes installations. Dans les exemples qui suivent, on a choisi de décrire quatre cas représentatifs dincidents ou daccidents en rapport avec des systèmes de commande par ordinateur utilisés à dautres fins que les protections sur des machines, afin de donner une idée des éléments à prendre en compte pour lapplication des techniques de sécurité.
Lincident suivant a eu pour origine une accumulation de défaillances aléatoires du matériel, associée à des erreurs de programmation. A la suite de la surchauffe dun réacteur dans une usine chimique, les vannes de décharge ont été ouvertes et le contenu du réacteur a été évacué dans latmosphère. Cet incident sest produit peu de temps après lémission dun signal indiquant un niveau dhuile trop bas dans un réducteur. Une enquête minutieuse révéla que peu de temps après lamorçage de la réaction par le catalyseur ce qui aurait nécessité un refroidissement supplémentaire au niveau du réacteur lordinateur, sur la base du signal de faible niveau dhuile dans le réducteur, avait bloqué à une valeur fixe toutes les grandeurs placées sous son contrôle. Le débit deau froide a donc été maintenu à un niveau insuffisant et il en est résulté une surchauffe du réacteur. Des examens complémentaires ont révélé que lindication de faible niveau dhuile avait été émise par un composant défectueux. Le logiciel avait réagi correctement, en déclenchant une alarme et en figeant toutes les variables de lexploitation. Il sagissait là dune conséquence de létude de lanalyse des risques et de lexploitabilité (Hazards and Operability Analysis (HAZOP)) (Knowlton, 1986) effectuée avant lévénement et qui exigeait que les variables contrôlées ne soient pas modifiées en cas de défaillance. Le programmeur nayant pas une connaissance détaillée de la procédure, cette exigence avait été interprétée comme signifiant que les dispositifs dactionnement contrôlés (dans ce cas, des vannes) ne devaient pas être modifiés et lon ne sétait pas préoccupé dune éventuelle montée de la température. Le programmeur navait pas tenu compte du fait quaprès avoir reçu un signal erroné, le système pouvait se trouver dans une situation dynamique nécessitant lintervention active de lordinateur pour éviter un accident. La situation ayant conduit à laccident était de surcroît tellement improbable quelle navait pas été analysée en détail dans létude HAZOP (Levenson, 1986). Cet exemple fournit une transition vers une deuxième catégorie de causes daccidents liés aux logiciels et aux ordinateurs. Il sagit des défauts systématiques qui sont présents dans une installation dès le début, mais qui ne se manifestent que dans certaines situations très particulières que le programmeur na pas envisagées.
Au cours dessais sur le terrain pour linspection finale de robots, un technicien avait emprunté la cassette dun robot voisin et lavait remplacée par une cassette différente sans en informer son collègue. De retour à son poste, le collègue avait introduit la mauvaise cassette. Comme il se tenait à côté du robot et quil sattendait à une certaine séquence de mouvements, la séquence différente qui se produisit en raison de léchange de programme provoqua une collision entre le robot et lhomme. Cet accident est un exemple type derreur de procédure. La part de ces erreurs dans les incidents et les accidents est actuellement en augmentation en raison de la complexité accrue des applications de mécanismes de sécurité commandés par ordinateur.
Une torpille à tête explosive devait être tirée lors dun exercice par un navire de guerre en haute mer. En raison dun défaut de son système de propulsion, la torpille resta dans son tube de lancement. Le commandant décida alors de revenir à son port dattache pour récupérer lengin. Peu de temps après le début du voyage de retour, la torpille explosa. Lanalyse de laccident révéla que les concepteurs de lengin avaient dû intégrer à celui-ci un système lempêchant de revenir à son point de lancement après le tir et de détruire ainsi le navire qui lavait lancé. Le système adopté était le suivant: une fois la torpille lancée, on vérifiait, à laide du système de navigation inertielle, si sa course sétait infléchie de 180°. Si la torpille détectait quelle avait pivoté de 180°, elle explosait immédiatement, à une distance supposée sans danger pour le navire lanceur. Cest ce système de détection qui avait été activé sur la torpille qui navait pas été correctement lancée, ce qui explique lexplosion de celle-ci après que le navire eut modifié sa route de 180°. Il sagit dun exemple type daccident occasionné par une lacune du cahier des charges. La condition énonçant quil devait être impossible à la torpille de détruire son propre navire si celui-ci modifiait sa route navait pas été formulée avec suffisamment de précision. La précaution avait donc été programmée de manière erronée, et lerreur nétait apparue que dans une situation particulière, non envisagée par le programmeur.
Le 14 septembre 1993, un Airbus A 320 de la Lufthansa sest écrasé à latterrissage à Varsovie (voir figure 58.60). Une enquête approfondie révéla que des modifications apportées à la logique datterrissage de lordinateur de bord à la suite de laccident dun Boeing 767 de la Lauda Air en 1991 étaient en partie responsables de ce nouvel accident. Lors de laccident de 1991, linversion de poussée, qui dévie une partie des gaz des moteurs pour freiner lavion à latterrissage, sest déclenchée alors que lappareil était encore en lair, provoquant un piqué impossible à contrôler. Pour léviter, un verrouillage électronique de linversion de poussée avait été intégré aux Airbus. Avec ce système, linversion de poussée entrait en action uniquement à la réception dun signal émis par des détecteurs installés sur les deux trains pour indiquer une compression des amortisseurs du fait du contact des roues avec le sol. Sur la base dinformations inexactes, les pilotes de lavion de Varsovie sattendaient à un fort vent latéral. Ils donnèrent donc une légère inclinaison à lappareil, qui ne toucha le sol que par le seul train droit, laissant le côté gauche partiellement délesté. En raison du verrouillage de linversion de poussée, lordinateur de bord empêcha pendant neuf secondes le pilote dexécuter les manuvres qui auraient permis à lavion datterrir en sécurité malgré des circonstances défavorables. Cet accident démontre très clairement que des modifications apportées aux systèmes informatiques peuvent conduire à de nouvelles situations dangereuses si la portée de leurs conséquences éventuelles nest pas prévue.
Lexemple de lincident suivant montre, lui aussi, les effets désastreux que peut avoir la modification dune seule instruction sur un système informatique. On détermine la teneur en alcool du sang par des tests chimiques effectués sur un sérum sanguin clarifié, dont les globules ont été préalablement éliminés par centrifugation. La concentration dalcool est par conséquent supérieure (dun facteur de 1,2) à celle présente dans le sang entier, plus épais. Il convient donc de diviser par 1,2 les valeurs obtenues avec le sérum pour déterminer les valeurs en parties par millier à considérer sur les plans légal et médical. Lors dun test interlaboratoires effectué en 1984, les concentrations dalcool dans le sang relevées par différents instituts de recherche lors de tests identiques avec du sérum devaient être comparées entre elles. Comme il ne sagissait que dune comparaison, linstruction de diviser par 1,2 fut supprimée du programme dans lun des instituts pendant la durée de lexpérience. Après lachèvement du test interlaboratoires, une instruction de multiplication par 1,2 fut introduite par erreur à cette étape du programme. Environ 1 500 valeurs erronées furent ainsi calculées entre août 1984 et mars 1985. Cette erreur eut des conséquences pour la carrière professionnelle de conducteurs de camions dont lalcoolémie se situait entre 1 et 1,3%, étant donné quune valeur de 1,3% est sanctionnée, sur le plan légal, par un retrait de longue durée du permis de conduire.
Suite à une perturbation dans la collecte des déchets dans la zone daction dune poinçonneuse-grignoteuse à commande numérique, lopérateur actionna «larrêt programmé». Alors quil tentait de retirer les déchets avec ses mains, le vérin de la machine se mit en mouvement malgré larrêt programmé et lopérateur fut grièvement blessé. Lanalyse de laccident montra quil ne sagissait pas dune erreur du programme. Il savéra impossible de reproduire le démarrage intempestif. De semblables anomalies ayant déjà été constatées auparavant sur dautres machines du même type, il paraît plausible dexpliquer cet accident par des interférences électromagnétiques. Des accidents de même nature avec des robots industriels ont été rapportés au Japon (Neumann, 1995).
Un incident sur la sonde spatiale Voyager 2, survenu le 18 janvier 1986, met encore davantage en évidence linfluence des contraintes de lenvironnement sur les systèmes contrôlés par ordinateur. Six jours avant de parvenir au point de son parcours le plus proche dUranus, la sonde avait transmis des images recouvertes de grandes lignes noires et blanches. Une analyse précise montra quun unique bit dun mot dinstruction du sous-système de données de vol était à lorigine de la panne, observée lors de la compression des images dans la sonde. Le bit en question avait vraisemblablement été décalé dans la mémoire par limpact dune particule cosmique. La transmission sans erreur des photographies compressées ne put reprendre que deux jours plus tard, grâce à un programme de secours capable dignorer lélément de mémoire défectueux (Laeser, McLaughlin et Wolff, 1987).
Les accidents analysés montrent que certains risques qui pourraient être négligés lorsquon utilise des techniques électromécaniques simples prennent de limportance en cas de recours à linformatique. Les ordinateurs permettent de gérer des fonctions de sécurité complexes et propres à des situations déterminées et il est donc particulièrement important que toutes ces fonctions soient définies sans ambiguïté, sans erreur et de manière complète et vérifiable. Les erreurs de spécification sont difficiles à découvrir et, dans les systèmes complexes, elles sont fréquemment à lorigine daccidents. Des commandes programmables sont habituellement introduites afin de permettre une adaptation souple et rapide à lévolution des marchés commerciaux. Mais les modifications, notamment dans le cas de systèmes complexes, ont des effets secondaires difficiles à prévoir. Toutes les modifications doivent donc être soumises à une procédure de gestion des changements rigoureusement formalisée, avec une séparation nette entre les fonctions de sécurité et les sous-systèmes ne relevant pas de ce domaine pour faciliter le contrôle des conséquences des modifications pour la technologie de la sécurité.
Les ordinateurs fonctionnent avec de faibles niveaux électriques et sont par conséquent sensibles aux interférences provenant de sources de rayonnement extérieures. Etant donné que la modification dun seul signal sur plusieurs millions peut entraîner un défaut de fonctionnement, la question de la compatibilité électromagnétique en relation avec les ordinateurs mérite une attention particulière.
La maintenance des systèmes contrôlés par ordinateur devient toujours plus complexe et donc plus difficile à appréhender. Lergonomie des logiciels dinterface utilisateur et de configuration prend donc une importance accrue pour la technologie de la sécurité.
Aucun système informatique ne peut être testé à 100%. La vérification complète dun mécanisme de contrôle simple à 32 ports dentrées binaires et 1 000 options de branchement différentes nécessite 4,3 × 1012 tests. A raison de 100 tests exécutés et évalués par seconde, une vérification complète demanderait plus de 1 300 ans (à raison de 365 jours par an et 24 heures par jour).
Au cours des dix dernières années, des procédures ont été mises au point qui ont permis de maîtriser certaines difficultés liées à lutilisation de linformatique à des fins de sécurité. Ces procédures visent les défaillances informatiques décrites dans la présente partie. Les descriptions dutilisations de logiciels et dordinateurs pour la protection des machines et les analyses des accidents montrent que létendue des dommages et les risques associés à différentes applications sont extrêmement variables. Il apparaît clairement que les précautions à prendre pour améliorer les matériels et les logiciels utilisés dans les technologies de sécurité devraient être définies en fonction du risque.
La figure 58.61 décrit une méthode qualitative pour déterminer la réduction du risque quil est nécessaire dobtenir grâce à lutilisation de systèmes de sécurité, en fonction de limportance et de la fréquence des dommages (Bell et Reinert, 1992). Les types de défaillances informatiques analysés sous le titre ci-dessus, «Les accidents liés à des installations commandées par ordinateur», peuvent être rapprochés de ce que lon appelle les niveaux dintégrité de la sécurité cest-à-dire les dispositifs techniques de réduction des risques.
La figure 58.62 indique clairement quil est nécessaire que lefficacité des mesures prises dans un cas donné pour réduire les erreurs dans les logiciels et les matériels augmente avec le risque (DIN, 1994; CEI, 1998).
Lanalyse des accidents décrits plus haut montre que la défaillance des protections contrôlées par ordinateur nest pas seulement provoquée par des défauts aléatoires de certains éléments, mais également par des conditions de fonctionnement particulières que le programmeur a négligé de prendre en compte. Les conséquences, qui ne sont pas immédiatement perceptibles, des modifications apportées aux programmes au cours de la maintenance du système constituent une nouvelle source derreurs. Il peut exister, dans les systèmes de sécurité contrôlés par microprocesseurs, des défauts qui, bien quintroduits lors du développement du système, ne donnent lieu à des situations dangereuses quen cours de fonctionnement. Les mesures de précaution contre ces défauts doivent donc être prises lorsque les systèmes de sécurité sont encore au stade du développement. Ce type de mesures doit être pris non seulement au niveau de la conception, mais aussi aux stades suivants du développement, de linstallation et des modifications. Certaines défaillances peuvent être évitées si elles sont découvertes et corrigées à ces stades (DIN, 1990).
Comme le montre le dernier incident décrit, la panne dun seul transistor peut entraîner la défaillance technique déquipements automatisés extrêmement complexes. Etant donné que chaque circuit comprend plusieurs milliers de transistors et dautres composants, de nombreuses mesures de prévention doivent être prises pour identifier ces défaillances qui se manifestent dans des conditions de fonctionnement et déclencher les réactions appropriées dans le système informatique. La figure 58.63 décrit les types de défaillances des systèmes électroniques programmables et donne des exemples des précautions qui peuvent être prises pour éviter ou contrôler les défaillances des systèmes informatiques (DIN, 1990; CEI, 1992).
Les machines et les installations modernes deviennent de plus en plus complexes et doivent accomplir des tâches de plus en plus étendues dans des délais toujours plus courts. Cest la raison pour laquelle les systèmes informatiques se sont répandus dans presque tous les secteurs de lindustrie depuis le milieu des années soixante-dix. Cette complexité accrue a largement contribué à laugmentation du coût de lamélioration de la technologie de la sécurité appliquée à ces systèmes. Le recours aux logiciels et aux ordinateurs pose un défi majeur pour la sécurité sur le lieu de travail, mais permet en revanche de mettre en uvre de nouveaux systèmes à tolérance derreur dans le domaine de la technologie de la sécurité.
Un vers amusant, mais aussi instructif dErnst Jandl, «Lichtung: Manche meinen lechts und rinks kann man nicht velwechsern, werch ein Illtum» aide à expliquer ce quon entend par le concept de tolérance derreur. Pour les besoins du français, on peut le transcrire ainsi: «Beaucoup pensent quon ne peut pas intelchangel omble et rumièle, querre elleul.» Malgré linversion des lettres ρ et λ, un adulte normal comprend facilement cette phrase. Une personne nayant quune connaissance sommaire du français en serait capable elle aussi. Cette tâche est en revanche quasiment impossible pour un système de traduction automatique.
Cet exemple montre quun être humain peut réagir dune façon beaucoup plus tolérante à lerreur quune machine à traduire. En effet, lêtre humain, comme tous les êtres vivants, est capable de tolérer certaines défaillances en les rapportant à son expérience. Si lon considère les machines utilisées actuellement, on constate que la plupart pénalisent les défaillances de leurs utilisateurs non pas par un accident, mais par une diminution de la production. Cette particularité conduit les opérateurs à neutraliser ou à contourner les protections. La technologie informatique moderne met à la disposition de la sécurité au travail des systèmes en mesure de réagir intelligemment, cest-à-dire de manière adaptée. De tels systèmes rendent ainsi possible un mode de comportement tolérant à lerreur sur les machines les plus récentes. Ils commencent par avertir lutilisateur en cas de fausse manuvre et narrêtent la machine que sil ny a pas dautre moyen déviter un accident. Lanalyse des accidents montre quil existe dans ce domaine un potentiel considérable damélioration de la sécurité (Reinert et Reuss, 1991).
Un système automatisé hybride (SAH) vise à intégrer les possibilités des machines à intelligence artificielle (basées sur la technologie informatique) et les capacités des personnes qui interagissent avec elles dans le cadre de leur travail. Lutilisation des systèmes SAH pose essentiellement le problème de la manière dont le sous-système humain et le sous-système machine devraient être conçus pour que lon tire le meilleur parti des connaissances et des capacités de ces deux constituants du système hybride, et celui de la manière dont les opérateurs humains et les éléments de la machine devraient interagir afin que leurs fonctions se complètent. De nombreux systèmes automatisés hybrides ont évolué en tant que produits de lapplication des méthodes modernes de gestion de linformation et du contrôle pour automatiser et intégrer différentes fonctions de systèmes technologiques souvent complexes. Lutilisation initiale des systèmes SAH sest identifiée à lintroduction de systèmes informatiques dans la conception et lexploitation de systèmes de contrôle en temps réel pour les réacteurs nucléaires, les usines chimiques et la fabrication des composants électroniques. A lheure actuelle, ces systèmes sont présents également dans de nombreuses activités de services, comme le contrôle du trafic aérien ou les procédures de navigation de laviation civile, ainsi que dans la conception et lutilisation de véhicules intelligents et de systèmes de navigation pour le transport routier.
Dans les systèmes technologiques modernes, les progrès constants de lautomatisation informatisée ont transformé la nature des tâches humaines, qui ne nécessitent plus des capacités sensori-motrices, mais des capacités cognitives, nécessaires à la résolution des problèmes, à la prise de décisions dans la surveillance des systèmes et aux tâches de contrôle hiérarchique. Par exemple, dans les systèmes de fabrication intégrée par ordinateur, les opérateurs humains ont essentiellement des tâches de surveillance de systèmes, de résolution de problèmes et de prise de décisions. Les activités cognitives du contrôleur humain dans un environnement SAH consistent à: 1) planifier les tâches sur une période donnée; 2) mettre au point des procédures (ou étapes) pour atteindre lensemble des objectifs prévus; 3) surveiller le déroulement des processus technologiques; 4) assurer «léducation» du système par le biais dun ordinateur interactif; 5) intervenir en cas de comportement anormal du système ou de changement des priorités du contrôle; 6) obtenir des informations sur les effets des actions de contrôle grâce au retour dinformation provenant du système (Sheridan, 1987).
Les interactions opérateur-machine dans un système SAH impliquent lutilisation de boucles de communication dynamiques entre les opérateurs humains et les machines intelligentes processus qui comprend la collecte et le traitement des informations, le déclenchement et lexécution de tâches de contrôle et la prise de décisions au sein dune structure de répartition des fonctions entre lopérateur et la machine. Ces interactions devraient refléter au moins le haut niveau de complexité des systèmes automatisés hybrides, ainsi que les caractéristiques des opérateurs humains et les exigences des tâches. Le système automatisé hybride peut par conséquent se définir comme une fonction de cinq variables, à savoir:
où T = exigences de la tâche (physiques et cognitives); U = caractéristiques de lutilisateur (physiques et cognitives); C = caractéristiques de lautomatisation (matériel et logiciel, y compris les interfaces informatiques); E = environnement du système; I = un ensemble dinteractions entre les éléments ci-dessus.
Lensemble dinteractions I représente toutes les interactions possibles entre T, U et C dans E, quelles que soient leur nature ou la force de leur liaison. Ainsi, lune des interactions possibles peut concerner la relation entre les données mises en mémoire dans lordinateur et les connaissances correspondantes que peut posséder lopérateur. Les interactions I peuvent être élémentaires (cest-à-dire limitées à lassociation dun seul élément à un autre), ou complexes, associant par exemple lopérateur, le logiciel employé pour lexécution de la tâche et linterface physique avec lordinateur.
Les concepteurs de nombreux systèmes automatisés hybrides concentrent leurs efforts sur lintégration assistée par ordinateur de machines et dautres équipements complexes en tant quéléments dune technologie informatisée et prêtent rarement beaucoup dattention à la nécessité, pourtant de première importance, dune intégration efficace de lélément humain dans ces systèmes. De ce fait, un grand nombre des systèmes technologiques informatisés actuels ne sont pas totalement compatibles avec les capacités des opérateurs humains en ce qui concerne les aptitudes et les connaissances nécessaires à un contrôle et une surveillance efficaces de ces systèmes. Cette incompatibilité se manifeste à tous les niveaux des tâches de lopérateur, de la machine et du couple opérateur-machine et peut être définie dans le cadre de lindividu ou dans celui de linstallation ou de lentreprise dans leur ensemble. Les problèmes posés par lintégration des personnes et de la technologie dans les entreprises manufacturières de pointe apparaissent aux premiers stades de la conception du système SAH. Ils peuvent être conceptualisés à laide du modèle suivant dintégration de la complexité des interactions I entre les concepteurs du système D, les opérateurs humains H ou les utilisateurs potentiels du système et la technologie T:
où I représente les interactions ayant lieu dans une structure SAH donnée et F les relations fonctionnelles entre les concepteurs, les opérateurs et la technologie.
Le modèle dintégration ci-dessus montre que les interactions entre les utilisateurs et la technologie sont déterminées par le résultat de lintégration des deux interactions précédentes, cest-à-dire: 1) entre les concepteurs du système SAH et les utilisateurs potentiels; et 2) entre les concepteurs et la technologie SAH (au niveau des machines et de leur intégration). On notera que sil existe en général de fortes interactions entre les concepteurs et la technologie, on ne trouve que de très rares exemples de relations aussi fortes entre les concepteurs et les opérateurs.
On peut avancer que, même dans les systèmes les plus automatisés, le rôle de lhumain reste déterminant pour obtenir de bonnes performances en cours de fonctionnement. Bainbridge (1983) a identifié une série de problèmes qui concernent lexploitation des systèmes SAH et qui découlent de la nature même de lautomatisation:
Lune des questions importantes pour la conception dun système SAH est de déterminer le nombre et la nature des fonctions ou des responsabilités à attribuer respectivement aux opérateurs humains et aux ordinateurs. On distingue généralement trois catégories fondamentales de problèmes dattribution des tâches: 1) la répartition des tâches entre le contrôleur humain et lordinateur; 2) la répartition des tâches entre les opérateurs; 3) la répartition des tâches entre lordinateur de contrôle et lordinateur de base. Dans une situation idéale, les décisions dattribution devraient être prises dans le cadre dune procédure structurée préalablement à la conception de base du système. Malheureusement, ce processus systématique est rarement possible, du fait que les fonctions à attribuer nécessitent parfois un examen plus poussé ou doivent être exécutées de manière interactive entre la composante humaine et la composante machine du système, cest-à-dire par application du paradigme de contrôle hiérarchique. Lattribution des tâches dans les systèmes automatisés hybrides devrait sattacher à délimiter les responsabilités de contrôle de lopérateur et de lordinateur et prendre en compte la nature des interactions entre lopérateur et les systèmes informatiques daide à la décision. Il conviendrait de considérer également les moyens du transfert de linformation entre la machine et les interfaces dentrée-sortie de lopérateur, ainsi que la compatibilité des logiciels avec les aptitudes humaines à la résolution des problèmes.
Dans les approches traditionnelles de la conception et de la gestion des systèmes automatisés hybrides, les travailleurs étaient considérés comme des systèmes dentrée-sortie déterministes, et on avait tendance à négliger la nature téléologique du comportement humain, cest-à-dire un comportement orienté vers les objectifs et reposant sur lacquisition des informations pertinentes et le choix des objectifs (Goodstein, Anderson et Olsen, 1988). Pour donner de bons résultats, la conception et la gestion des systèmes automatisés hybrides avancés doit reposer sur une description des fonctions mentales humaines nécessaires à une tâche déterminée. Lapproche de «lingénierie cognitive» (décrite plus en détail ci-après) propose que les systèmes hybrides opérateur-machine soient conçus, élaborés, analysés et évalués en termes de processus mentaux humains, cest-à-dire que lon tienne compte de la représentation mentale des systèmes adaptatifs par lopérateur. Corbett (1988) a défini comme suit les critères dune approche centrée sur lhumain de la conception et de lexploitation des systèmes SAH.
Lingénierie cognitive des facteurs humains sintéresse à la manière dont les opérateurs humains prennent des décisions sur le lieu de travail, résolvent des problèmes, formulent des plans et acquièrent de nouvelles compétences (Hollnagel et Woods, 1983). Les comportements des opérateurs à lintérieur dun système SAH peuvent être classés en trois grandes catégories, selon Rasmussen (1983):
Dans la conception et la gestion dun système SAH, il convient de prendre en compte les caractéristiques cognitives des travailleurs pour assurer que le fonctionnement du système soit compatible avec le modèle intérieur selon lequel la personne décrit les fonctions de ce système. Le niveau de description du système devrait donc être transféré des aspects du comportement machinal à ceux des comportements procédural et cognitif, et lon devrait appliquer des méthodes appropriées danalyse cognitive des tâches pour identifier le modèle de système de lopérateur. La mise au point dun système SAH pose un problème connexe, celui de la conception de moyens de transmission de linformation entre lopérateur et les éléments du système automatisé, tant au niveau physique quau niveau cognitif. Ce transfert dinformations devrait être compatible avec les modes dinformation utilisés aux différents niveaux de lexploitation du système, à savoir visuel, verbal, tactile ou hybride. Cette compatibilité informationnelle est le gage que les différentes formes de transfert dinformation ne comporteront quun minimum dincompatibilité entre le support et la nature de linformation. Ainsi, un affichage visuel est préférable pour la transmission des informations spatiales, tandis que les vecteurs auditifs peuvent servir à acheminer des informations textuelles.
Lopérateur humain construit assez souvent un modèle interne qui décrit lexploitation et le fonctionnement du système daprès son expérience, sa formation ou les instructions quil a reçues relativement au type dinterface opérateur-machine en cause. Compte tenu de cette réalité, les concepteurs dun système SAH devraient sefforcer dintégrer aux machines (ou à dautres systèmes artificiels) un modèle des caractéristiques physiques et cognitives de lopérateur humain, cest-à-dire de donner au système une image de lopérateur (Hollnagel et Woods, 1983). Ils devraient également tenir compte du niveau dabstraction de la description du système et des différentes catégories de comportement de lopérateur à considérer. Ces niveaux dabstraction pour la modélisation du comportement humain dans lenvironnement de travail sont: 1) forme physique (structure anatomique); 2) fonctions physiques (fonctions physiologiques); 3) fonctions généralisées (mécanismes psychologiques et processus cognitifs et affectifs); 4) fonctions abstraites (traitement de linformation); 5) motivations fonctionnelles (structures de valeurs, mythes, religions, interactions humaines) (Rasmussen, 1983). Ces cinq niveaux doivent être pris en compte simultanément par les concepteurs pour assurer lefficacité des systèmes SAH.
Etant donné que le logiciel est un élément essentiel dun environnement SAH, son développement, y compris la conception, les tests, le fonctionnement et les modifications, ainsi que sa fiabilité, devraient être considérés aux premiers stades du développement du système SAH. Cela devrait permettre de réduire les coûts de la détection et de la suppression des erreurs. Il est toutefois difficile dévaluer la fiabilité des éléments humains dun système SAH, car les possibilités de modéliser les performances humaines dans lexécution des tâches, la charge de travail ou les erreurs potentielles restent limitées. Un travail mental excessif ou insuffisant peut respectivement conduire au surmenage ou à lennui, avec pour conséquence une dégradation des performances humaines, suivie derreurs et dune aggravation du risque daccidents. Les concepteurs dun système SAH devraient employer des interfaces adaptatives, faisant appel aux techniques de lintelligence artificielle, pour résoudre ces problèmes. Outre la compatibilité opérateur-machine, la question de ladaptabilité réciproque entre lopérateur et la machine devrait être considérée afin de réduire les niveaux de stress dans les cas de possibles dépassements des capacités humaines.
En raison du niveau de complexité élevé de nombreux systèmes automatisés hybrides, lidentification des risques potentiels liés au matériel, au logiciel, aux procédures dexploitation et aux interactions opérateur-machine de ces systèmes joue un rôle déterminant dans le succès des efforts en vue de réduire les dommages matériels et corporels. Les risques pour la sécurité et la santé que présentent les systèmes automatisés hybrides complexes, comme ceux qui font appel à la technologie de la fabrication assistée par ordinateur (FAO), sont manifestement lun des aspects les plus critiques de la conception et de lexploitation de ces systèmes.
Les environnements automatisés hybrides, avec leur important potentiel de comportement erratique du logiciel de contrôle en cas de perturbation, ont fait naître une nouvelle génération de risques daccidents. A mesure que les systèmes automatisés hybrides deviennent plus polyvalents et plus complexes, les perturbations du système, y compris les problèmes de démarrage et darrêt ainsi que les écarts dans le contrôle du système, peuvent accroître sensiblement la possibilité de graves dangers pour les opérateurs. Paradoxalement, dans de nombreuses situations anormales, les opérateurs comptent habituellement sur le bon fonctionnement des sous-systèmes de sécurité automatiques, ce qui peut accroître le risque daccidents graves. Une étude daccidents liés à des dysfonctionnements de systèmes techniques de contrôle a révélé, par exemple, que le tiers environ des séquences daccident impliquaient une intervention humaine sur la boucle de contrôle du système perturbé.
Etant donné que les mesures de sécurité classiques ne peuvent pas être facilement adaptées aux environnements SAH, les stratégies de contrôle et de prévention des accidents devraient être reconsidérées en fonction des caractéristiques propres à ces systèmes. Par exemple, dans le domaine des technologies de fabrication avancées, de nombreux processus se caractérisent par lexistence dimportants flux dénergie difficiles à prévoir par les opérateurs. De plus, les problèmes de sécurité se présentent généralement aux interfaces entre les sous-systèmes, ou lorsque les perturbations du système progressent dun sous-système à un autre. Selon lOrganisation internationale de normalisation (ISO, 1994b), les risques associés à lautomatisation industrielle varient selon les types de machines intégrés au système de fabrication en cause et selon la manière dont le système est installé, programmé, utilisé, entretenu et réparé. Par exemple, une comparaison entre les accidents liés à des robots en Suède et dautres types daccidents a montré que les robots pouvaient être les plus dangereuses de toutes les machines utilisées dans les industries manufacturières avancées. Le taux daccidents en rapport avec des robots industriels était estimé à un accident grave pour 45 années-robot, supérieur au taux dun accident pour 50 années-machine dans le cas des presses industrielles. Il convient de noter à ce propos quaux Etats-Unis les presses industrielles étaient responsables denviron 23% de la totalité des accidents mortels liés aux machines dans lindustrie métallurgique sur la période 1980-1985, les presses mécaniques venant en tête pour le produit gravité × fréquence dans le cas des accidents non mortels.
Les dispositifs mis en uvre dans les technologies de fabrication avancées comportent de nombreuses parties mobiles qui présentent des dangers pour les travailleurs en raison de changements de position complexes hors du champ visuel des opérateurs. Du fait de la rapidité des progrès technologiques dans la fabrication intégrée par ordinateur, il est devenu impératif détudier les effets des technologies de fabrication avancées sur les travailleurs. Afin didentifier les dangers occasionnés par les différents composants dun environnement SAH de ce type, il est nécessaire de procéder à une analyse approfondie des accidents antérieurs. Dans les rapports sur les accidents en relation avec des machines conduites par des opérateurs, il est cependant difficile de déterminer la part qui revient aux accidents dus à des robots, et il se peut donc quun pourcentage élevé daccidents de ce type ne soient pas signalés comme tels. Selon la réglementation japonaise sur la sécurité et la santé «les robots industriels actuels ne sont pas équipés de systèmes de sécurité fiables et il nest pas possible de protéger les travailleurs contre les dangers quils présentent, à moins den réglementer lutilisation». Les résultats de létude conduite par le ministère japonais du Travail sur les accidents liés aux robots industriels (Sugimoto, 1987), portant sur 190 usines et 4 341 robots en service, ont révélé lexistence de 300 perturbations liées aux robots, dont 37 cas dactions dangereuses ayant failli conduire à un accident, 9 cas daccidents avec lésions et 2 cas daccidents mortels. Dautres études montrent que lautomatisation informatisée nélève pas nécessairement le niveau global de la sécurité, étant donné quil nest pas possible de se protéger des pannes matérielles par les seules fonctions du logiciel et que les contrôleurs du système ne sont pas toujours dune extrême fiabilité. En outre, dans un système SAH complexe, on ne peut pas se fier exclusivement aux détecteurs de sécurité pour déceler une situation dangereuse et prendre les mesures de protection voulues.
Comme on la vu précédemment, les personnes qui travaillent dans des environnements SAH ont essentiellement des activités de contrôle hiérarchique, de surveillance, dassistance au système et de maintenance. On peut également classer ces activités en quatre grands groupes: 1) programmation des tâches, cest-à-dire codage des instructions de guidage et de contrôle des machines; 2) surveillance de la production du système et de ses composants de contrôle; 3) maintenance des composants du système en vue de prévenir ou datténuer les dysfonctionnements des machines; 4) exécution de différentes tâches connexes. Un grand nombre détudes récentes sur limpact des systèmes sur le bien-être des travailleurs ont conclu que, bien que lemploi dun tel système dans la production ait pu éliminer des tâches pénibles et dangereuses, le travail dans cet environnement peut se révéler déplaisant et stressant pour le personnel. Parmi les sources de stress figurent lobligation dun contrôle permanent dans de nombreuses applications SAH, la portée limitée des activités confiées, le faible niveau dintervention des travailleurs autorisé par la conception du système et les risques pour la sécurité associés à la nature imprévisible et incontrôlable des équipements. Même si certains travailleurs participant aux activités de programmation et de maintenance estiment quil sagit là dun défi à relever qui peut avoir un effet positif sur leurs conditions de travail, cet effet est souvent compensé par la nature complexe et exigeante de ces activités ainsi que par la pression exercée par la hiérarchie pour que ces activités soient menées à bien rapidement.
Bien que dans certains environnements SAH les opérateurs soient tenus à lécart des sources dénergie traditionnelles (flux de travail et mouvements de la machine) en fonctionnement normal, de nombreuses tâches doivent encore être effectuées au contact direct dautres sources dénergie. En raison de laugmentation constante du nombre des éléments des système SAH, il est nécessaire daccorder une attention particulière au confort et à la sécurité des travailleurs et à lélaboration de mesures efficaces de prévention des accidents, compte tenu en particulier du fait que les travailleurs ne sont plus en mesure de sadapter à la complexité croissante de ces systèmes.
Pour répondre aux besoins actuels de prévention des accidents et de sécurité des travailleurs dans le domaine de la fabrication intégrée par ordinateur, le Comité ISO sur les systèmes dautomatisation industrielle a proposé une nouvelle norme de sécurité intitulée Systèmes dautomatisation industrielle. Sécurité des systèmes de fabrication intégrée. Prescriptions fondamentales (ISO, 1994b). Cette norme internationale, élaborée pour tenir compte des risques particuliers des systèmes de fabrication intégrés comprenant des machines industrielles et des équipements annexes, a pour objet de réduire au minimum les risques de lésions pour le personnel travaillant sur un système de fabrication intégré ou à proximité. Les principales sources de risques pour les opérateurs de systèmes de FAO, telles quelles ont été déterminées dans cette norme, sont indiquées dans la figure 58.64.
Dans un système SAH, les dangers peuvent provenir du système lui-même, de son association avec dautres équipements présents dans lenvironnement physique ou dinteractions entre les personnes et le système. Laccident corporel nest que lune des conséquences possibles des interactions humain-machine dans des situations dangereuses; les quasi-accidents et les dommages matériels sont beaucoup plus fréquents (Zimolong et Duda, 1992). Lapparition dune erreur peut avoir lune des conséquences suivantes: 1) lerreur passe inaperçue; 2) le système est capable de compenser lerreur; 3) lerreur conduit à une panne de la machine ou à un arrêt du système; 4) lerreur conduit à un accident.
Etant donné que toutes les erreurs humaines entraînant un incident critique ne provoquent pas nécessairement un accident, il convient en outre de classer les conséquences selon les catégories ci-après: 1) incident mettant en cause la sécurité (cest-à-dire tout événement non intentionnel, quelles que soient ses conséquences, lésions, dommages ou pertes); 2) accident (cest-à-dire événement mettant en cause la sécurité et entraînant des lésions, des dommages ou des pertes); 3) incident avec dommages (cest-à-dire événement mettant en cause la sécurité et entraînant des dommages matériels); 4) quasi-accident (cest-à-dire événement mettant en cause la sécurité et lors duquel des lésions, des dommages ou des pertes ont été évités de peu et fortuitement); 5) accident potentiel (cest-à-dire événement mettant en cause la sécurité et qui aurait pu occasionner des lésions, des dommages ou des pertes mais qui, en raison des circonstances, na même pas eu pour résultat un quasi-accident).
On peut distinguer trois types fondamentaux derreurs humaines dans un système SAH:
Cette taxinomie, inventée par Reason (1990), repose sur une modification de la classification compétences-règles-connaissances de Rasmussen précédemment décrite pour les performances humaines. Au niveau des compétences, les performances humaines sont régies par un schéma mémorisé dinstructions préprogrammées, représentées sous la forme de structures analogiques dans un domaine spatio-temporel. Le niveau des règles sapplique à la gestion de problèmes familiers dont les solutions sont régies par des règles mémorisées (dites «productions» dans la mesure où elles sont appelées, ou produites, à la demande). Ces règles imposent de faire des diagnostics (ou jugements) ou de prendre certaines mesures correctives compte tenu de lapplication de conditions qui exigent une réaction appropriée. A ce niveau, les erreurs humaines sont en général associées à des erreurs de classification des situations conduisant soit à lapplication de la mauvaise règle, soit à une erreur dans les jugements et procédures rappelés pour le cas en question. Les erreurs relatives aux connaissances se produisent dans des situations nouvelles, pour lesquelles les actions doivent être planifiées «en ligne», cest-à-dire au moment même, selon des processus analytiques conscients et à laide de connaissances mémorisées. Les erreurs à ce niveau découlent de linsuffisance des ressources et du caractère incomplet ou erroné des connaissances.
Les systèmes génériques de modélisation des erreurs (Generic Error-Modelling Systems (GEMS)) proposés par Reason (1990), qui tentent de déterminer les origines des types fondamentaux derreurs humaines, peuvent servir à établir la taxinomie du comportement humain dans un système SAH. Les GEMS sefforcent dintégrer deux domaines distincts de recherche des erreurs: 1) les inattentions et omissions, dans lesquelles laction sécarte de lintention par suite derreurs dexécution ou de mémorisation; et 2) les erreurs proprement dites, dans lesquelles laction se déroule conformément au plan, mais où ce plan nest pas adapté à lobjectif recherché.
Selon la norme ISO (ISO, 1994b), lévaluation des risques en FAO doit être effectuée de manière à réduire au minimum tous les risques et à servir de base pour déterminer des objectifs et des mesures de sécurité dans lélaboration des programmes ou des plans visant à créer un environnement de travail sûr et à garantir la sécurité et la santé du personnel. Les dangers du travail dans des environnements SAH peuvent être caractérisés de la façon suivante: 1) lopérateur humain peut avoir à pénétrer dans la zone dangereuse pour remédier à des incidents ou effectuer des tâches de révision ou de maintenance; 2) la zone dangereuse est difficile à déterminer, à observer ou à contrôler; 3) le travail peut être monotone; 4) les accidents qui se produisent dans les systèmes de fabrication intégrée par ordinateur sont souvent graves. Chaque danger identifié devrait être évalué du point de vue des risques quil présente, et il convient de déterminer et de mettre en place des mesures de sécurité appropriées en vue de réduire ces risques au minimum. Les dangers devraient également être estimés du point de vue de tous les aspects dun processus donné: lunité elle-même, linteraction entre unités, les parties en service du système et le fonctionnement du système complet dans lensemble des modes et conditions dexploitation prévus, y compris les conditions dans lesquelles les moyens de protection normaux sont désactivés pour la programmation, les vérifications, les recherches de pannes, la maintenance ou les réparations.
La phase de conception de la stratégie de sécurité de la norme ISO (ISO, 1994b) pour la FAO comprend les éléments ci-après:
Les spécifications de la sécurité du système devraient comprendre:
Conformément à la norme ISO (ISO, 1994b), toutes les prescriptions nécessaires pour garantir la sécurité de fonctionnement dun système de FAO devraient être prises en compte dans la conception des procédures de planification systématique de la sécurité. Cela comprend toutes les mesures de protection pour réduire efficacement les risques, et cela exige:
La procédure de planification de la sécurité devrait notamment tenir compte des problèmes de sécurité ci-après en matière de FAO:
Dans de nombreuses installations SAH utilisées en fabrication assistée par ordinateur, les opérateurs remplissent le plus souvent des tâches de contrôle, de programmation, de maintenance, de préréglage, dentretien ou de recherche de pannes. Les perturbations du système conduisent à des situations qui obligent les travailleurs à pénétrer dans les zones dangereuses. On peut donc admettre que ces perturbations restent la principale raison des interventions humaines en FAO, étant donné que la programmation des systèmes seffectue le plus souvent hors des zones à accès restreint. Lun des principaux problèmes de sécurité dans la FAO consiste donc à prévenir les perturbations, car la plupart des risques surviennent au stade de la recherche de pannes. Eviter les perturbations est un objectif commun à la recherche de la sécurité et à celle du rendement.
Une perturbation dans un système de FAO est un état ou une fonction du système qui sécarte de létat prévu ou souhaité. Outre leurs effets sur la productivité, les perturbations de la FAO ont une incidence directe sur la sécurité des personnes impliquées dans lexploitation du système. Une étude finlandaise (Kuivanen, 1990) a montré que la moitié environ des perturbations en fabrication automatisée compromettent la sécurité des travailleurs. Les principales causes des perturbations étaient des erreurs de conception du système (34%), des défaillances des composants (31%), des erreurs humaines (20%) et des facteurs extérieurs (15%). La plupart des défaillances de machines étaient provoquées par le système de contrôle et, dans celui-ci, la plupart des défaillances se produisaient dans les détecteurs. Un moyen efficace daccroître le niveau de sécurité des installations de FAO consiste à réduire le nombre des perturbations. Bien que les actions humaines sur les systèmes perturbés permettent déviter des accidents dans un environnement SAH, elles peuvent également y contribuer. Par exemple, une étude des accidents liés à des dysfonctionnements de systèmes de contrôle techniques a montré quenviron un tiers des séquences daccident comportaient une intervention humaine sur la boucle de contrôle du système perturbé.
Les grands sujets de recherche en matière de prévention des perturbations dans la FAO concernent: 1) les principales causes des perturbations; 2) les composants et fonctions peu fiables; 3) limpact des perturbations sur la sécurité; 4) limpact des perturbations sur le fonctionnement du système; 5) les dommages matériels; 6) les réparations. La sécurité des systèmes SAH devrait être planifiée au stade de la conception du système, en accordant toute lattention voulue à la technologie, aux personnes et à lorganisation, et elle devrait faire partie intégrante du processus global de planification technique des systèmes SAH.
Pour tirer le meilleur parti des systèmes automatisés hybrides qui viennent dêtre décrits, il est nécessaire dadopter une vision nettement plus large du développement de ces systèmes, reposant sur lintégration des personnes, de lorganisation et de la technologie. Trois grands types dintégration devraient être mis en uvre:
La conception des systèmes automatisés devrait répondre aux critères minimaux ci-après: 1) flexibilité; 2) adaptation dynamique; 3) meilleures capacités de réaction; 4) nécessité de motiver le personnel et de mieux exploiter ses compétences, son jugement et son expérience. Cela nécessite également que lorganisation, les méthodes de travail et les technologies des systèmes SAH soient mises au point de manière à permettre aux personnes, à tous les niveaux du système, dadapter leurs stratégies de travail à la diversité des situations de contrôle des systèmes. Il faudra pour cela concevoir et mettre au point les organisations, les méthodes de travail et les technologies des systèmes SAH sous la forme de systèmes ouverts (Kidd, 1994).
Un système automatisé hybride ouvert (SAHO) est un système qui reçoit des informations de son environnement et lui en renvoie. Le principe dun système ouvert peut sappliquer non seulement aux architectures des systèmes et aux organisations, mais aussi aux méthodes de travail, aux interfaces humain-ordinateur et aux relations entre les personnes et les technologies: on peut mentionner, par exemple, les systèmes dorganisation, les systèmes de contrôle et les systèmes daide à la décision. Un système ouvert est également adaptatif dans la mesure où il laisse aux personnes une grande liberté pour la définition du mode de fonctionnement du système. Ainsi, dans le domaine des techniques de fabrication avancées, les critères des systèmes automatisés hybrides ouverts correspondent à la notion de fabrication intégrée humain-ordinateur. Pour la conception de la technologie, il y a lieu de considérer alors larchitecture globale de ces systèmes, y compris les points suivants: 1) prise en compte du réseau de groupes; 2) structure de chaque groupe; 3) interactions entre les groupes; 4) nature du logiciel dappui; 5) besoins en communication technique et en intégration entre les modules du logiciel dappui.
Le système automatisé hybride adaptatif, contrairement au système fermé, ne limite pas le champ daction des opérateurs. Le rôle du concepteur dun système SAH est de créer un système qui réponde aux préférences personnelles des utilisateurs et qui leur permette de travailler de la façon quils estiment la mieux adaptée. Une condition préalable à la contribution de lutilisateur est le développement dune méthodologie de conception adaptative, cest-à-dire dun système SAHO permettant lemploi des technologies assistées par ordinateur dans le processus de conception. La nécessité délaborer une méthodologie de conception adaptative est lune des exigences immédiates pour la mise en pratique du concept SAHO. On devra mettre au point un niveau différent de technologie de contrôle hiérarchique humain adaptatif. Ces technologies devraient permettre à lopérateur humain de «voir» le système de contrôle, normalement invisible, du fonctionnement du système SAH, par exemple par lemploi dun système vidéo rapide et interactif à chaque point de contrôle et de commande du système. Un autre besoin important, enfin, est celui dune méthodologie pour la mise au point dune assistance par ordinateur, intelligente et hautement adaptative, appliquée aux rôles et aux fonctionnements humains dans les systèmes automatisés hybrides.
Il est généralement admis que les systèmes de commande doivent être dune utilisation sûre. Cest dans cet esprit que la plupart des systèmes de commande modernes sont conçus selon le modèle illustré à la figure 58.65.
La méthode la plus simple pour rendre un système de commande sûr consiste à lenfermer dans une enceinte inviolable interdisant tout accès et toute intervention humaine dans la zone dangereuse. Un tel système présenterait une très grande sécurité, mais il est irréalisable, étant donné que linterdiction daccès rendrait impossibles les essais, les réparations et les réglages. Compte tenu quun accès aux zones dangereuses doit être autorisé dans certaines situations, il est nécessaire de prévoir dautres mesures de protection que de simples cloisons, barrières ou écrans pour faciliter la production, linstallation et la maintenance.
Certaines de ces mesures peuvent être intégrées totalement ou en partie au système de commande:
Les mesures de protection de ce type sont activées par les opérateurs. Mais comme lélément lhumain constitue souvent un point faible dans les applications, de nombreuses fonctions, telles que celles décrites ci-après:
Le bon fonctionnement des systèmes de commande est la plus importante des conditions préalables à la production. Si une fonction de production est interrompue à la suite dune défaillance du système de commande, cest tout au plus gênant, mais pas dangereux. Si une fonction liée à la sécurité nest pas assurée, cela peut entraîner des pertes de production, des dégâts matériels, des lésions corporelles, voire des accidents mortels. Les fonctions du système de commande qui ont un rapport avec la sécurité doivent donc être plus fiables et plus sûres que les fonctions courantes. Aux termes de la directive 98/37/CE du Conseil de lUnion européenne concernant le rapprochement des législations des Etats membres relatives aux machines (CEE, 1989), les systèmes de commande doivent être conçus de façon à être sûrs et fiables.
Les systèmes de commande sont constitués dun certain nombre de composants reliés entre eux pour exécuter une ou plusieurs fonctions. Les systèmes de contrôle sont subdivisés en voies. Une voie est une partie de la commande chargée dune fonction particulière (par exemple, démarrage, arrêt normal, arrêt durgence). La voie est matérialisée par une chaîne de composants (transistors, diodes, relais, portes, etc.) par lesquels linformation représentant cette fonction (le plus souvent sous forme de signaux électriques) est transférée de lentrée à la sortie.
La conception des voies de commande pour les fonctions en rapport avec la sécurité (celles qui impliquent des êtres humains) doit répondre aux critères ci-après:
La fiabilité est laptitude dune voie de commande ou dun composant à assurer sans défaillance la fonction requise dans des conditions spécifiées et pendant un laps de temps donné. Des méthodes appropriées permettent de calculer la probabilité de fiabilité pour des composants ou des voies de commande spécifiques. La fiabilité doit toujours être définie en fonction du temps et elle est généralement exprimée par la formule indiquée à la figure 58.66.
Les systèmes sont constitués de composants. Si lon connaît les indices de fiabilité des composants, on peut calculer celui de lensemble du système par la méthode suivante:
La fiabilité totale Rtot dun système en série comprenant N composants de même fiabilité RC se calcule comme mentionné à la figure 58.67.
La fiabilité totale est inférieure à celle du composant le moins fiable. Cette fiabilité totale diminue sensiblement lorsque le nombre de composants augmente.
La fiabilité totale Rtot dun système en parallèle comprenant N composants de même fiabilité RC se calcule comme indiqué à la figure 58.68.
La connexion en parallèle de deux composants ou plus améliore sensiblement la fiabilité totale.
La figure 58.69 montre un exemple pratique. On remarquera que ce circuit arrête le moteur de façon plus fiable. Le moteur sera arrêté même en cas de défaillance du relais A ou B.
Le calcul de la fiabilité totale dune voie est simple si lon dispose de tous les indices de fiabilité des composants correspondants. Dans le cas de composants complexes (circuits intégrés, microprocesseurs, etc.), ce calcul est difficile, voire impossible, si le fabricant na pas communiqué les informations nécessaires.
Lorsque les professionnels évoquent la question de la sécurité et demandent des machines sûres, ils se réfèrent à la sécurité de la machine ou du système dans son ensemble. Cette notion est cependant trop générale et trop imprécise pour sappliquer à la conception des systèmes de commande. Une définition de la sécurité qui soit pratique et utilisable pour les concepteurs des circuits de commande pourrait être la suivante: la sécurité est laptitude dun système de commande à assurer la fonction requise dans les limites prescrites et pendant un laps de temps donné, même en cas dapparition de défauts prévisibles. Il est donc nécessaire de préciser, au stade de la conception, quel doit être le niveau de sécurité de la voie ayant un rapport avec la sécurité (le concepteur peut mettre au point une voie protégée contre la première défaillance, contre une défaillance quelconque, contre deux défaillances, etc.). En outre, une voie affectée à une fonction de prévention des accidents peut être essentiellement fiable, sans quelle soit pour autant totalement protégée contre les défaillances. Les exemples suivants permettent de mieux expliquer ce principe:
Lexemple illustré à la figure 58.70 est celui dune voie en rapport avec la sécurité et assurant la fonction de sécurité requise. Le premier composant peut être un contacteur surveillant, par exemple, la position dune porte daccès à une zone dangereuse. Le dernier composant est un moteur dentraînement de parties mécaniques situées dans la zone dangereuse.
La fonction de sécurité nécessaire dans ce cas est double: si la porte est fermée, le moteur peut fonctionner. Si la porte est ouverte, il doit être arrêté. Connaissant les fiabilités R1 à R6, on peut calculer la fiabilité Rtot. Les concepteurs doivent choisir des composants fiables pour conserver au système complet un niveau de fiabilité suffisamment élevé (cest-à-dire que la conception intègre la probabilité que la fonction soit toujours assurée après vingt ans par exemple). Les concepteurs doivent donc répondre à deux obligations: 1) le circuit doit assurer la fonction voulue; 2) la fiabilité de la voie de contrôle complète doit être suffisante.
La question qui se pose alors est la suivante: cette voie assurera-t-elle les fonctions de sécurité voulues même si une défaillance se produit dans le système (par exemple, si les contacts dun relais restent collés ou si un composant ne fonctionne pas correctement)? La réponse est «non». En effet, une seule voie de contrôle, constituée uniquement de composants reliés en série et travaillant avec des signaux statiques, ne présente pas de protection contre une défaillance. Cette voie ne peut avoir quune certaine fiabilité, garantissant la probabilité que la fonction sera assurée. Dans une telle situation, la sécurité est toujours définie par rapport aux défaillances.
Si une voie de contrôle doit être à la fois fiable et sûre, elle doit être modifiée de la façon indiquée à la figure 58.71. Lexemple illustré est celui dune voie de contrôle en rapport avec la sécurité, composée de deux sous-voies entièrement séparées.
Cette conception assure une sécurité contre la première défaillance (et les éventuelles défaillances ultérieures de la même sous-voie), mais elle noffre pas de garantie contre deux défaillances pouvant se produire simultanément ou non dans deux sous-voies différentes, étant donné quelle est dépourvue de circuit de détection des défaillances. Par conséquent, les deux sous-voies fonctionnent au départ avec une grande fiabilité (voir le cas des systèmes en parallèle), mais après la première défaillance, une seule voie continue de fonctionner, et la fiabilité diminue. Si une deuxième défaillance se produit sur la sous-voie encore en service, les deux voies seront hors service et la fonction de sécurité ne sera plus assurée.
Lexemple illustré à la figure 58.72 concerne une voie de contrôle en rapport avec la sécurité constituée de deux sous-voies entièrement séparées et se surveillant mutuellement.
Cette configuration est protégée contre les défaillances, car après une défaillance quelconque, une seule sous-voie cesse dêtre fonctionnelle, tandis que lautre reste disponible et assure la fonction de sécurité. Ce système comporte en outre un circuit de détection des défaillances. Lorsque, par suite dune défaillance, les deux sous-voies ne fonctionnent plus de manière identique, cette situation est détectée par un circuit «exclusif ou» et la machine est automatiquement mise à larrêt. Cette solution consistant à prévoir des sous-voies ayant un rôle pour la sécurité est lune des meilleures pour la conception des systèmes de contrôle des machines. Ces sous-voies sont protégées contre une défaillance et elles sont en outre suffisamment fiables pour que les risques dapparition de deux défaillances simultanées soient infimes.
Il est évident que les concepteurs peuvent employer différentes méthodes pour améliorer la fiabilité ou la sécurité contre les défaillances. Les exemples précédents montrent comment une fonction (par exemple, si la porte est fermée, le moteur peut fonctionner, si la porte est ouverte, il doit être mis à larrêt) peut être assurée par application de différentes solutions. Certaines sont très simples (une seule sous-voie) et dautres plus complexes (deux sous-voies avec surveillance mutuelle) (voir figure 58.73).
Les circuits ou composants complexes présentent, par rapport aux dispositifs plus simples, une certaine redondance. La redondance peut se définir ainsi: 1) la redondance est la présence de moyens (composants, voies, coefficients de sécurité plus élevés, tests supplémentaires, etc.) en plus grand nombre que ce qui est nécessaire à la seule exécution de la fonction souhaitée; 2) la redondance naméliore évidemment pas la fonction, qui est exécutée de toute manière. Elle naméliore que la fiabilité ou la sécurité.
Certains professionnels de la sécurité pensent que la redondance se résume à linstallation de systèmes doubles ou triples. Cette interprétation est très restrictive et la redondance peut être prise dans un sens bien plus large et plus souple. On peut envisager quelle ne soit pas intégrée uniquement au matériel, mais aussi au logiciel. Lamélioration du coefficient de sécurité (par exemple, le choix dune corde plus solide) peut également être considérée comme une forme de redondance.
Lentropie, terme principalement employé en thermodynamique et en astronomie, peut se définir ainsi: toute chose tend à se dégrader. Il est donc absolument certain que tous les composants, sous-systèmes ou systèmes sont voués, indépendamment de la technologie mise en uvre, à tomber en panne à un moment quelconque. Cela signifie quil nexiste pas de systèmes, sous-systèmes ou composants absolument fiables ou sûrs. Tous sont simplement plus ou moins fiables et sûrs, selon la complexité de leur structure. Les défaillances qui se produisent inévitablement tôt ou tard démontrent laction de lentropie.
Le seul moyen dont disposent les concepteurs pour faire obstacle à lentropie est la redondance, qui est obtenue: a) en introduisant une fiabilité supplémentaire dans les composants; b) en assurant un supplément de sécurité dans larchitecture du circuit. Cest uniquement en accroissant dans une proportion suffisante la probabilité que la fonction désirée soit assurée pendant toute la période voulue que les concepteurs peuvent dans une certaine mesure se prémunir contre lentropie.
Plus le risque est grand, plus grande doit être la fiabilité ou la sécurité nécessaires, et inversement. Ce principe est illustré par les deux cas suivants:
Laccès à un moule monté sur une machine de moulage par injection est protégé par une porte. Si la porte est fermée, la machine peut fonctionner. Si elle est ouverte, tous les mouvements dangereux doivent être arrêtés. En aucun cas (même celui dune défaillance de la voie en rapport avec la sécurité), un mouvement quelconque, en particulier ceux qui actionnent loutil de moulage, ne peut se produire.
Laccès à une ligne dassemblage à commande automatique, sur laquelle de petits composants en plastique sont assemblés sous une pression pneumatique, est protégé par une porte. Si cette porte est ouverte, la ligne doit être arrêtée.
Dans le cas 1, une défaillance du système de commande de la porte peut conduire à un accident grave par suite dune fermeture imprévue de loutil. Dans le cas 2, la défaillance du système de commande de la porte ne peut provoquer que des blessures légères ou des dégâts insignifiants.
Il est évident que, dans le premier cas, il est nécessaire dintroduire une redondance nettement supérieure pour obtenir la fiabilité ou la sécurité requise contre les défaillances en vue dune protection contre un risque extrêmement élevé. En fait, selon la norme européenne EN 201, le système de contrôle de la porte de la machine de moulage par injection doit être équipé de trois voies: deux voies électriques et à surveillance mutuelle et une voie équipée principalement de circuits hydrauliques et de test. Ces trois fonctions de surveillance concernent toutes la même porte.
En revanche, dans des applications comme celle du cas 2, une voie unique actionnée par un contacteur à action directe suffit par rapport au risque.
Etant donné que toutes les considérations ci-dessus reposent, dune manière générale, sur la théorie de linformation, et quelles sont donc valables pour toutes les technologies, il est indifférent que le système de commande soit basé sur des composants électroniques, électromécaniques, mécaniques, hydrauliques ou pneumatiques, sur une combinaison de ces dispositifs, ou sur une quelconque autre technologie. Linventivité du concepteur, dune part, et les considérations économiques, de lautre, sont les facteurs déterminants du choix dans un éventail pratiquement illimité de solutions permettant de réaliser des voies en rapport avec la sécurité.
Pour éviter les confusions, il est commode de définir certains critères de tri. Les structures de voies les plus couramment employées pour assurer les fonctions liées à la sécurité sur les systèmes de contrôle des machines peuvent être classées selon:
Le tableau 58.5 montre certaines de leurs combinaisons (il nest pas possible de les mentionner toutes).
Critères (Questions) |
Stratégie de base |
|||||
Augmentation de la fiabilité (l’apparition d’une défaillance est-elle repoussée à un avenir lointain?) |
Structure de circuit (architecture) adaptée: une défaillance sera au moins détectée (catégorie 2) ou son effet sur la voie sera éliminé (catégorie 3) ou elle sera révélée immédiatement (catégorie 4) |
|||||
Catégories |
||||||
Cette solution est mauvaise par principe |
B |
1 |
2 |
3 |
4 |
|
Les composants du circuit peuvent-ils résister aux influences prévisibles; sont-ils conformes aux technologies modernes? |
Non |
Oui |
Oui |
Oui |
Oui |
Oui |
A-t-on employé des principes et des composants éprouvés? |
Non |
Non |
Oui |
Oui |
Oui |
Oui |
Les défaillances peuvent-elles être détectées automatiquement? |
Non |
Non |
Non |
Oui |
Oui |
Oui |
Une défaillance empêche-t-elle l’exécution de la fonction liée à la sécurité? |
Oui |
Oui |
Oui |
Oui |
Non |
Non |
Quand la panne est-elle détectée? |
Jamais |
Jamais |
Jamais |
A un stade précoce (au plus tard à la fin d’une période n’excédant pas un cycle de la machine) |
Immédiatement (lorsque le signal perd son caractère dynamique) |
|
Dans les produits grand public |
A employer dans les machines |
La catégorie applicable à une machine particulière et à son système de contrôle pour la sécurité est généralement spécifiée dans les nouvelles normes européennes, à moins que lautorité nationale, lutilisateur et le constructeur ne conviennent dune autre catégorie. Le concepteur développe alors un système de commande répondant aux caractéristiques exigées. Pour la conception des voies de commande, on peut notamment prendre en considération les éléments ci-après:
Ce processus est réversible. A partir des mêmes questions, on peut déterminer à quelle catégorie appartient une voie de commande mise au point précédemment.
Les composants utilisés principalement dans les voies de contrôle des appareils grand public doivent résister aux influences prévisibles et être conçus selon les normes pertinentes. On peut citer comme exemple un interrupteur bien conçu.
Lemploi de principes et de composants éprouvés est typique de la catégorie 1. On peut citer dans cette catégorie les interrupteurs à action directe (cest-à-dire nécessitant une ouverture forcée des contacts). Le fonctionnement de ces interrupteurs, constitués déléments robustes, demande un effort relativement élevé, ce qui leur confère une très haute fiabilité du point de vue de la seule ouverture des contacts. Ce type dinterrupteur est capable dassurer louverture de contacts collés, voire soudés. (Note: des composants comme les transistors et les diodes ne sont pas considérés comme étant éprouvés.) La figure 58.74 illustre un contrôle de catégorie 1.
Cette voie emploie linterrupteur à action directe S. Le contacteur K est contrôlé par le voyant L. Lopérateur est averti dun collage des contacts normalement ouverts (NO) grâce au voyant L. Le contacteur K comporte des contacts à guidage forcé. (Note: les relais et contacteurs à contacts à guidage forcé possèdent, par comparaison avec les relais et contacteurs ordinaires, une cage spéciale en matériau isolant, de sorte que si des contacts normalement fermés (NF) sont effectivement fermés, tous les contacts NO doivent être ouverts, et inversement. Il est donc possible dutiliser les contacts NF pour vérifier que les contacts de travail ne sont ni collés ni soudés.)
La catégorie 2 assure une détection automatique des défaillances. Cette détection doit être activée avant chaque mouvement dangereux. Le mouvement ne sera exécuté que si le résultat du test est positif; dans le cas contraire, la machine sera mise à larrêt. Les systèmes de détection automatique des défaillances sont employés sur les cellules de détection pour confirmer quelles fonctionnent toujours. Ce principe est illustré à la figure 58.75.
Ce système de commande est testé régulièrement ou occasionnellement par injection dune impulsion à lentrée. Dans un système fonctionnant correctement, cette impulsion est transférée à la sortie et comparée à une impulsion provenant dun générateur de test. Si les deux impulsions sont présentes, il est évident que le système fonctionne. En revanche, sil ny a pas dimpulsion en sortie, cest la preuve dune défaillance.
Ce circuit a déjà été décrit dans lexemple 3 de la partie «La sécurité» du présent article, voir figure 58.72.
Lobjectif dune détection automatique des défaillances et dune capacité dassurer la fonction de sécurité même en cas de défaillance en un point quelconque peut être atteint grâce à des structures de commande à deux voies et à une surveillance réciproque des deux voies.
Pour les systèmes de contrôle des machines seulement, les défaillances nécessitent un examen. Il existe deux types de défaillances:
La catégorie 4 assure lenvoi à lentrée dun signal dynamique à évolution permanente. La présence dun signal dynamique en sortie signifie en marche («1») et son absence à larrêt («0»).
Dans ce type de circuit, le cas le plus fréquent est labsence du signal dynamique en sortie après la défaillance dun composant. (Note: le potentiel statique à la sortie est sans importance.) On peut dire de ces circuits quils sont à «sécurité intégrée». Toutes les défaillances sont signalées immédiatement et non, comme dans les circuits de catégorie 3, après la première défaillance.
Le tableau 58.5 a été établi pour les systèmes courants de commande de machines et montre uniquement les structures de circuits de base. Selon la directive européenne sur les machines, les calculs doivent être effectués en supposant une seule défaillance par cycle de la machine. Cest la raison pour laquelle la fonction de sécurité nest pas exigée en cas de double défaillance simultanée. On suppose quune défaillance sera détectée sur un seul cycle de la machine. La machine sera mise à larrêt et réparée. Le système de commande redémarre sans défaillances et il est totalement opérationnel.
Le concepteur doit avoir pour objectif premier déviter les défaillances «permanentes», cest-à-dire non détectées au cours dun même cycle et qui risquent donc dêtre associées ensuite à de nouvelles défaillances (cumul de défaillances). Des combinaisons de ce genre (une défaillance permanente et une nouvelle défaillance) peuvent mettre en défaut même les circuits de catégorie 3.
Malgré ces dispositions, il demeure possible que deux défaillances indépendantes se produisent simultanément dans le même cycle de machine. Ce cas est cependant très improbable, surtout si lon utilise des composants très fiables. Pour les applications à très haut risque, il convient demployer trois sous-voies ou plus. Cette conception repose sur le fait que le temps moyen entre défaillances est nettement supérieur à la durée du cycle de la machine.
Cela ne signifie pas cependant que le tableau ne puisse pas être développé. Le tableau 58.5 est fondamentalement et structurellement très semblable au tableau 58.2 de la norme européenne EN 954-1. En revanche, on na pas cherché à inclure un nombre excessif de critères de tri. Les critères sont définis selon les lois rigoureuses de la logique, de sorte que seules sont à attendre des réponses claires (OUI ou NON). On peut ainsi obtenir une évaluation, un tri et une classification plus précis des circuits étudiés (voies en rapport avec la sécurité) et, surtout, une amélioration sensible de la reproductibilité de lévaluation.
La situation idéale serait celle où lon pourrait classer les risques selon différents niveaux, puis établir un lien direct entre les niveaux de risque et les catégories, quelle que soit la technologie employée. Ce nest toutefois pas entièrement réalisable. Peu de temps après la création de ces catégories, il est apparu quun certain nombre de questions ne recevaient pas une réponse suffisante, y compris lorsquil sagissait de la même technologie. Que faut-il préférer, un composant de catégorie 1 très fiable et bien conçu ou un système répondant aux critères de la catégorie 3, mais dune fiabilité médiocre?
Pour exposer ce dilemme, il convient de différencier deux qualités: la fiabilité et la sécurité (contre les défaillances). Elles ne sont pas comparables, car toutes deux présentent des caractéristiques différentes:
Compte tenu de ce qui précède, la meilleure solution pourrait être (dans le cas dun risque élevé) dutiliser des composants de haute fiabilité et de les assembler de manière que le circuit offre une sécurité contre au moins une défaillance, et plus si possible. Il est clair que cette solution nest pas la plus économique. En pratique, le processus doptimisation résulte généralement de lensemble de ces influences et considérations.
Lexpérience de lutilisation pratique des catégories montre quil est rarement possible de concevoir un système de commande permettant de ne mettre en uvre quune seule catégorie dans toute linstallation. On rencontre plus généralement une combinaison de deux, voire trois éléments, chacun dune catégorie différente, comme le montre lexemple suivant:
Un grand nombre de cellules de détection sont conçues en catégorie 4, dans laquelle une voie fonctionne avec un signal dynamique. A lextrémité de ce système, on trouve habituellement deux sous-voies à surveillance réciproque, fonctionnant avec des signaux statiques (cette disposition répond aux critères de la catégorie 3).
Selon la norme européenne EN 61496, ces cellules de détection sont classées comme dispositifs de protection électrosensibles de type 4, bien quelles ne comportent que deux parties. Il nexiste malheureusement pas de consensus sur la dénomination à adopter pour les systèmes de commande à deux ou plusieurs parties appartenant chacune à une catégorie différente.
Les principes appliqués pour créer le tableau 58.5 peuvent, avec certaines restrictions bien entendu, sappliquer généralement aux API.
Lorsque la commande est assurée par des API, linformation est transmise du capteur à lactivateur par un grand nombre de composants. On peut même dire quelle «traverse» le logiciel (voir figure 58.76).
Bien que les API modernes soient très fiables, ils ne le sont pas toujours autant quil le faudrait pour traiter les fonctions de sécurité. De plus, les systèmes à API courants ne sont pas assez sûrs, car ils nexécutent pas la fonction sécuritaire en cas de défaillance. Par conséquent, il est interdit dy recourir pour gérer les fonctions de sécurité sans mesures complémentaires.
Lorsquun seul API est utilisé pour la commande, le système se compose des parties principales suivantes:
Un moyen daméliorer la fiabilité dun capteur et de lentrée dun API consiste à doubler le nombre de ses composants. Ce type de configuration dentrée à système double peut également être surveillé par un logiciel, afin de vérifier que les deux systèmes fournissent la même information. On peut ainsi détecter une défaillance dans la partie entrée. Cette conception est à peu près identique à ce qui est exigé pour la catégorie 3. En revanche, comme la surveillance est assurée par un logiciel et une fois seulement, on peut classer le système dans la catégorie 3- (soit moins fiable que la 3).
Cette partie peut assez difficilement être doublée, mais il est possible de la tester. A la mise sous tension (ou en cours dopération), on peut effectuer une vérification du jeu dinstructions complet. On peut également vérifier la mémoire, aux mêmes intervalles, à laide de configurations binaires appropriées. Si ces vérifications sachèvent sans défaillance, cela prouve que les deux parties concernées, le processeur et la mémoire, fonctionnent correctement. Certaines caractéristiques de la partie centrale sont typiques de la catégorie 4 (signal dynamique) et dautres de la catégorie 2 (tests périodiques à des intervalles appropriés). Le problème est que ces tests, bien quétendus, ne peuvent pas être véritablement complets, en raison de la nature même des systèmes à API unique.
Comme lentrée, la sortie (y compris les activateurs) peut être doublée. On surveille les deux sous-systèmes pour sassurer quils donnent le même résultat. Les défaillances seront détectées, et la fonction de sécurité assurée. Mais cette partie présente les mêmes points faibles que lentrée, et il y a donc lieu de retenir la catégorie 3.
Sur la figure 58.77, la même fonction est acheminée jusquaux relais A et B. Les contacts de contrôle α et β indiquent alors à deux systèmes dentrée si les deux relais se comportent de la même façon (ce qui nest pas le cas si une défaillance sest produite sur lune des deux voies). La surveillance est assurée dans ce cas également par le logiciel.
Le système dans son ensemble peut être décrit comme de catégorie 3-/4/2/3- si la surveillance est étendue et bien faite. Il est toutefois impossible déliminer totalement de ces systèmes les points faibles décrits ci-dessus. En pratique, les systèmes à API unique amélioré ne sont utilisés pour des fonctions liées à la sécurité que lorsque les risques sont assez faibles (Hölscher et Rader, 1984).
Presque toutes les machines actuelles sont équipées dune unité de commande à API. Pour résoudre le problème dune fiabilité insuffisante et dune sécurité contre les défaillances habituellement insuffisante, on applique généralement les méthodes suivantes pour la conception des systèmes:
Mis à part des considérations de complexité et de coût, rien ninterdit aux concepteurs demployer des systèmes API entièrement doublés, comme les systèmes Siemens Simatic S5-115F, 3B6 Typ CAR-MIL ou autres. Ceux-ci comportent en général deux API identiques, avec un logiciel homogène, et supposent un recours à des API et des compilateurs «éprouvés» (on peut considérer quun API ou un compilateur éprouvés sont des équipements dont lutilisation dans de nombreuses applications pratiques et sur trois années au moins a permis de démontrer que les défaillances systématiques étaient manifestement éliminées). Quoique ces systèmes à API double ne présentent pas les points faibles des systèmes à API unique, ils ne résolvent pas pour autant tous les problèmes (voir figure 58.81).
Les défaillances systématiques, qui peuvent avoir pour origine des erreurs de spécification, de conception ou autres, se rencontrent aussi bien dans le matériel que dans le logiciel. Les systèmes à double API conviennent aux applications liées à la sécurité. Ces configurations permettent de détecter les défaillances aléatoires du matériel. Grâce à une diversification du matériel, comme lutilisation de deux types déquipements différents ou de produits de deux fabricants différents, on peut déceler les défaillances systématiques du matériel (il est très improbable quune défaillance systématique identique du matériel survienne sur les deux API).
Les logiciels sont un élément nouveau dans les questions de sécurité. Un logiciel peut être correct ou incorrect (relativement aux défaillances). A la différence du matériel, un logiciel correct ne peut pas devenir soudainement incorrect. Dans ces conditions, les objectifs consisteront à éradiquer toutes les erreurs du logiciel ou du moins à les identifier.
Il existe plusieurs moyens datteindre ce but. Lun est la vérification du programme (une deuxième personne tente de découvrir les erreurs au cours dun essai ultérieur). Une autre possibilité est la diversification des logiciels, qui consiste à faire traiter le même problème par deux programmes, écrits par deux programmeurs différents. Si les résultats sont identiques (dans certaines limites), on peut supposer que les deux parties des programmes sont correctes. Sinon, on peut supposer la présence derreurs. (Note: larchitecture matérielle doit naturellement être également prise en compte.)
Pour lutilisation des API, il convient en général de prendre en compte les considérations de base suivantes, qui ont été exposées dans les sections précédentes:
Dans les systèmes comportant des API, la nécessité dévaluer également la qualité du logiciel est un nouvel élément à considérer. Sil est correct, un logiciel est fiable à 100%. Au stade actuel du développement technologique, les meilleures solutions techniques connues ne seront probablement pas utilisées, en raison des limitations économiques qui subsistent. Par ailleurs, différents groupes dexperts (par exemple EC, EWICS) continuent délaborer des normes pour les applications des API à la sécurité. Plusieurs normes sont déjà disponibles (VDE 0801, CEI 65A, etc.), mais le domaine est si vaste et si complexe quaucune ne peut être considérée comme définitive.
Lorsquon automatise un équipement de production simple et classique, comme une machine-outil, on obtient à la fois des systèmes techniques complexes et de nouveaux risques. Cette automatisation consiste à équiper les machines-outils avec des systèmes à commande numérique par calculateur (Computer Numeric Control (CNC)). Ces machines (fraiseuses, centres dusinage, perceuses ou meuleuses) sont alors appelées machines-outils à commande numérique. Pour déterminer les risques des machines-outils automatiques, il est nécessaire danalyser les différents modes de fonctionnement de chaque système. Les analyses antérieures indiquent quil convient de distinguer deux types de fonctionnement: le fonctionnement normal et le fonctionnement particulier.
Lorsquon sefforce de déterminer les caractéristiques de sécurité requises pour les machines-outils à commande numérique, il est souvent impossible de définir des mesures spécifiques, en raison peut-être dun manque de réglementation et de normes propres à ces équipements et apportant des solutions concrètes. Pour déterminer les caractéristiques de sécurité, il est nécessaire de procéder à une identification systématique des risques au moyen dune analyse des risques, notamment lorsque ces ensembles techniques complexes sont équipés de systèmes de commande programmables (ce qui est le cas des machines-outils à commande numérique).
Lorsquil sagit de machines-outils à commande numérique de conception récente, le constructeur est tenu deffectuer une analyse des risques que pourraient comporter ces équipements et de montrer, au moyen de solutions constructives, que tous les risques pour les personnes sont supprimés quel que soit le mode de fonctionnement. Tous les risques identifiés doivent faire lobjet dune évaluation dans laquelle chaque risque dévénement est associé à létendue des dommages quil peut causer et à sa fréquence. Le risque à évaluer est également classé dans une catégorie (risque minime, normal ou accru). Chaque fois que lévaluation conduit à mettre en évidence un risque qui ne peut pas être accepté, des solutions (mesures de sécurité) doivent être trouvées. Ces solutions ont pour objet de réduire la fréquence dapparition et létendue des dommages dun incident imprévu et potentiellement dangereux («événement»).
Les solutions adaptées aux risques normaux et accrus doivent être recherchées dans les techniques de sécurité directe et indirecte. Pour les risques minimes, elles relèvent de lencadrement des pratiques de travail:
La directive du Conseil de lUnion européenne concernant le rapprochement des législations des Etats membres relatives aux machines (89/392/CEE; voir encadré) de 1989 définit les principales exigences de santé et de sécurité en ce qui concerne les machines (selon la définition donnée dans cette directive, une machine est un ensemble de pièces ou dorganes liés entre eux dont au moins un est mobile et possède donc une fonction). (Cette directive a été remplacée par la directive 98/37/CE de 1998.) Les organisations internationales de normalisation élaborent par ailleurs des normes particulières exposant les solutions possibles (par exemple, par létude des aspects fondamentaux de la sécurité ou par lexamen des équipements électriques installés sur les machines industrielles). Ces normes ont pour but de définir des objectifs en matière de protection. Ces normes internationales donnent aux constructeurs la base juridique requise pour intégrer ces prescriptions dans les analyses et les évaluations des risques mentionnées plus haut.
La directive du Conseil en date du 14 juin 1989 sur le rapprochement des législations des Etats membres relatives aux machines (89/392/CEE) sapplique à chacun de ces Etats (CEE, 1989). (Cette directive est maintenant remplacée par la directive 98/37/CE de 1998.)
Objectifs de sécurité dans la construction et lutilisation des machines-outils à commande numérique
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En ce qui concerne les machines-outils, on peut distinguer un mode de fonctionnement normal et un mode de fonctionnement particulier. Les statistiques et les enquêtes montrent que la plupart des accidents et incidents ne surviennent pas en fonctionnement normal, cest-à-dire lors de lexécution automatique de la tâche concernée, mais lors des modes de fonctionnement particuliers, comme la mise en service, les réglages, la programmation, les essais de production, les vérifications, la recherche de pannes ou la maintenance. En effet, dans ces modes de fonctionnement, des personnes sont généralement présentes dans les zones dangereuses. Le concept de sécurité doit protéger le personnel contre les événements dangereux dans ce type de situation.
Le fonctionnement normal dune machine automatique peut être défini ainsi: 1) la machine accomplit la tâche pour laquelle elle a été conçue et construite sans aucune autre intervention de lopérateur; 2) dans le cas dun modèle courant de tour, cela signifie que la pièce est tournée à la forme correcte et que des copeaux sont produits. Si le changement de pièce seffectue manuellement, ce changement constitue un mode de fonctionnement particulier.
Les modes de fonctionnement particuliers correspondent aux opérations qui permettent le fonctionnement normal. On peut regrouper dans cette catégorie les changements de pièces ou doutils, la correction dun défaut du processus de production ou de la machine, le réglage, la programmation, les essais de production, le nettoyage et la maintenance. En fonctionnement normal, les systèmes automatiques exécutent leurs tâches de manière indépendante. Du point de vue de la sécurité au travail, en revanche, le fonctionnement automatique normal devient critique lorsque lopérateur doit intervenir dans le processus. Les personnes appelées à le faire ne doivent en aucun cas être exposées à des dangers.
Les dispositions à envisager pour rendre sûres les machines-outils doivent prendre en compte à la fois les personnes intervenant dans les différents modes de fonctionnement et les tiers. Ces derniers comprennent les personnes indirectement concernées par la machine, comme les contremaîtres, les inspecteurs, les aides assurant la manutention des matériaux et les travaux de démontage, ainsi que les visiteurs et autres.
Les interventions dans le cadre des modes de fonctionnement particuliers nécessitent des accessoires spécifiques pour assurer lexécution du travail dans des conditions de sécurité. Le premier type daccessoires comprend les matériels et équipements employés pour intervenir dans le processus automatique sans que lopérateur soit obligé daccéder à une zone dangereuse. Ces accessoires comprennent: 1) les crochets et pinces à copeaux, qui permettent denlever ou darracher les copeaux de la zone dusinage à travers les ouvertures aménagées dans les capots de protection; 2) les outils de maintien des pièces, qui servent à linsertion ou au retrait manuel des pièces dans un cycle automatique.
Certains modes de fonctionnement particuliers, comme les travaux de réparation ou de maintenance, nécessitent une intervention du personnel dans le système. On dispose également dans ces cas dune grande variété daccessoires de machines destinés à accroître la sécurité au travail, comme les dispositifs de manutention pour le changement des grosses meules sur les meuleuses ou les élingues spéciales servant au démontage ou à linstallation de pièces lourdes lors des révisions des machines. Ces dispositifs représentent un deuxième type daccessoires de machines destinés à accroître la sécurité au travail dans les modes de fonctionnement particuliers. On peut considérer que les systèmes de commande du fonctionnement particulier en font également partie. Ces accessoires permettent deffectuer sans danger certains travaux particuliers, par exemple les dispositifs mis en place sur les axes dune machine lorsque des mouvements davance sont nécessaires, alors que les dispositifs de protection sont ouverts.
Ces systèmes de commande du fonctionnement particulier doivent répondre à des critères de sécurité spécifiques. Ils doivent par exemple garantir que seul le mouvement requis est effectué, quil se déroule de la manière souhaitée, et seulement pendant la durée voulue. Ces systèmes doivent donc être conçus pour éviter quune action erronée nentraîne des mouvements ou des situations présentant des dangers.
Les équipements servant à accroître le degré dautomatisation dune installation peuvent être considérés comme un troisième type daccessoires de machines destinés à améliorer la sécurité au travail. Des opérations précédemment manuelles sont désormais effectuées automatiquement par la machine en fonctionnement normal, grâce à des équipements comme les chargeurs à portique qui changent automatiquement les pièces sur les machines-outils. Il est relativement facile de sécuriser le fonctionnement automatique normal, parce quil nest pas nécessaire que lopérateur intervienne dans le déroulement des événements et quil demeure possible dempêcher déventuelles interventions en prévoyant des dispositifs de sécurité.
Lautomatisation na malheureusement pas éliminé les accidents dans les installations de production. Les études montrent simplement quils ont été transférés du fonctionnement normal au fonctionnement particulier, essentiellement parce que lautomatisation du fonctionnement normal a supprimé la nécessité dintervenir en cours de production et que le personnel nest donc plus exposé. En revanche, les machines à haut degré dautomatisation sont des systèmes complexes et difficiles à analyser en cas de défauts. Même les spécialistes chargés de remédier à ces défauts ne sont pas toujours en mesure de le faire sans sexposer à un accident. Les logiciels nécessaires pour piloter ces machines toujours plus perfectionnées augmentent en volume et en complexité, de sorte quun nombre croissant dingénieurs électriciens et dingénieurs chargés des mises en service sont victimes daccidents. Il nexiste pas de logiciels parfaits, et les modifications quon leur apporte entraînent souvent ailleurs dautres changements, aussi imprévus quindésirables. Pour que la sécurité ne soit pas affectée, il convient déviter que des influences extérieures ou des défaillances de composants nentraînent des comportements défectueux et dangereux. Cette condition ne peut être remplie que si le circuit de sécurité est conçu de manière aussi simple que possible et séparé du reste du système de commande. En outre, les éléments ou sous-ensembles utilisés dans les circuits de sécurité doivent être à sécurité intégrée.
Il appartient au concepteur de mettre au point des systèmes répondant aux normes de sécurité. Il est indispensable quil tienne soigneusement compte des procédures de travail requises, y compris les modes de fonctionnement particuliers. Des analyses devront être effectuées pour déterminer les procédures de travail sûres à adopter, et le personnel dexploitation devra se familiariser avec leur emploi. Dans la plupart des cas, un système de commande du fonctionnement particulier sera nécessaire. Le système de commande assure généralement la surveillance ou la régulation dun mouvement et aucun autre mouvement ne doit être déclenché simultanément (parce que ce nest pas nécessaire pour cette tâche et que, par conséquent, lopérateur ne sy attend pas). Le système de commande nassure pas nécessairement les mêmes fonctions dans les différents modes de fonctionnement particulier.
La définition dobjectifs en matière de sécurité ne devrait pas faire obstacle au progrès technique, puisquil est possible de choisir des solutions adaptées. Lemploi de machines-outils à commande numérique impose de recourir massivement à lanalyse et à lévaluation des risques et aux concepts de sécurité. Plusieurs objectifs de sécurité, ainsi que les solutions envisageables correspondantes, sont décrits plus en détail dans les lignes qui suivent.
Les interfaces entre les deux modes de fonctionnement, normal et particulier (dispositifs de verrouillage de portes, cellules et tapis de détection), sont nécessaires pour permettre au système de contrôle de la sécurité de reconnaître automatiquement la présence de personnes. On décrit dans les lignes qui suivent certains modes de fonctionnement particuliers (réglage, programmation) des machines-outils à commande numérique qui nécessitent un examen direct des mouvements à lemplacement où ils sont exécutés.
Lune des caractéristiques dun système de commande concernant la sécurité doit être de garantir lexécution de la fonction sécuritaire à chaque apparition dun défaut, de manière à faire passer les processus dun état dinsécurité à un état de sécurité.
Il apparaît que lon ne pourra pas arrêter la tendance à une augmentation des accidents dans les deux modes de fonctionnement, normal et particulier, si lon ne dispose pas dun concept de sécurité clair et dépourvu dambiguïté. Ce constat doit être pris en compte dans la préparation des réglementations et directives de sécurité. De nouvelles directives sous la forme dobjectifs de sécurité sont nécessaires pour dégager des solutions novatrices. Cet objectif permet aux concepteurs de choisir la solution la mieux adaptée à chaque cas et également détablir, dune manière suffisamment simple, les caractéristiques de sécurité de leurs machines en décrivant une solution pour chaque objectif de sécurité. Cette solution peut alors être comparée à dautres solutions existantes et admises, et si elle est meilleure ou à tout le moins équivalente, la nouvelle solution peut être adoptée. On évite ainsi que les progrès ne soient freinés par des réglementations trop restrictives.
Les robots sont présents dans tous les secteurs industriels où une productivité élevée est exigée. Leur utilisation impose toutefois la conception et la mise en uvre des commandes de sécurité appropriées pour éviter dexposer à des dangers le personnel de production, les programmeurs, les spécialistes de la maintenance et les ingénieurs système.
Les robots peuvent être définis comme des «machines automatiques mobiles programmables et capables de fonctionner sans interface humaine ou avec une interface réduite». Ces types de machines sont actuellement utilisés dans des applications très diverses des secteurs industriel et médical, y compris la formation. Les robots industriels sont de plus en plus souvent affectés à des fonctions essentielles comme les nouvelles stratégies de fabrication (FAO, JAT, production allégée, etc.) dans des installations complexes. Le nombre et létendue des applications, ainsi que la complexité des équipements et installations créent un certain nombre de risques, notamment:
Des études effectuées au Japon indiquent que plus de 50% des accidents du travail impliquant des robots sont attribuables à des défauts des circuits électroniques du système de contrôle. Selon ces mêmes études, la part de lerreur humaine est inférieure à 20%. On peut logiquement en conclure que les dangers causés par des défauts du système ne peuvent pas être évités par des mesures comportementales prises par les personnes. Les concepteurs et les opérateurs doivent donc fournir et mettre en uvre des mesures de sécurité techniques (voir figure 58.82).
Les accidents mortels impliquant des robots sont apparus au début des années quatre-vingt. Les statistiques et les enquêtes montrent que la majorité des incidents et accidents ne surviennent pas en fonctionnement normal, cest-à-dire pendant lexécution automatique du travail en cause. Avec ces types de machines et dinstallations industrielles robotisées, ce sont les modes de fonctionnement particuliers qui sont les plus préoccupants, comme la mise en service, les réglages, la programmation, les essais de production, les vérifications, les recherches de pannes ou la maintenance. En effet, dans ces modes de fonctionnement, des personnes sont habituellement présentes dans les zones dangereuses. Le concept de sécurité doit protéger le personnel des événements dangereux dans ce type de situation.
La directive 89/392/CEE de 1989 du Conseil de lUnion européenne sur les machines (voir notamment larticle «Les principes de sécurité pour les machines-outils à commande numérique» dans le présent chapitre) définit les principales exigences en matière de santé et de sécurité en ce qui concerne les machines. Au sens de cette directive, remplacée par la directive 98/37/CE, une machine est un ensemble de pièces et dorganes liés entre eux dont au moins un est mobile et possède donc une fonction. Sagissant des robots industriels, il convient de noter que cest le système entier, et non pas un élément particulier de la machine, qui doit satisfaire aux prescriptions de sécurité et être équipé des dispositifs de sécurité voulus. Lanalyse et lévaluation des risques sont des méthodes qui permettent de vérifier que ces exigences sont satisfaites (voir figure 58.83).
Lemploi de la technologie des robots pose des problèmes très délicats en ce qui concerne lanalyse et lévaluation des risques et les concepts de sécurité. Les exemples et suggestions qui suivent ne sont donc donnés quà titre indicatif:
Certains modes de fonctionnement particuliers (réglage, programmation) des robots industriels nécessitent un examen direct des mouvements à lemplacement où ils sont exécutés. Lobjectif de sécurité correspondant est que lexécution des mouvements ne doit pas présenter de dangers pour les personnes concernées. Il faut que ces mouvements:
Pour répondre à cet objectif, il est conseillé notamment dinstaller des systèmes de commande du mode de fonctionnement particulier ne permettant que des mouvements contrôlables et exécutables déclenchés par des commandes «à acquittement». La vitesse des mouvements se trouve ainsi réduite à un niveau de sécurité (réduction de lénergie par un transformateur disolement ou emploi dun autre équipement de surveillance à sécurité intégrée) et létat de sécurité est validé avant que la commande puisse être activée (voir figure 58.84).
Une des caractéristiques dun système de commande de sécurité doit être de garantir lexécution de la fonction sécuritaire à chaque apparition dun défaut. Les machines robotisées industrielles devraient passer presque instantanément dun état dinsécurité à un état de sécurité. Les mesures de sécurité nécessaires dans ce but comprennent les objectifs de sécurité suivants:
Les solutions suggérées pour la mise en place de systèmes de contrôle fiables sont les suivantes:
Les constructeurs et les utilisateurs de robots industriels sont tenus dinstaller des systèmes de contrôle modernes. Indépendamment de la responsabilité légale, on peut considérer quil existe aussi une obligation morale de faire de la technologie robotique une technologie sûre.
Les conditions de sécurité suivantes devraient être assurées lorsque des machines robotisées fonctionnent en mode normal:
Les conditions de sécurité suivantes devraient être assurées lorsque des machines robotisées fonctionnent selon des modes particuliers:
Aucun mouvement dangereux ne doit être déclenché par une commande défectueuse ou par lintroduction dun ordre incorrect.
Il doit être impossible dintroduire les mains ou de pénétrer dans les zones rendues dangereuses par des mouvements automatiques.
Le présent article traite de la conception et de la mise en uvre de systèmes de commande de sécurité pour tous les types de systèmes électriques, électroniques et électroniques programmables (E/E/EP), y compris les systèmes informatisés. Lapproche générale est conforme à la norme 1508 de la Commission électrotechnique internationale (CEI) (CEI, 1998).
Lutilisation de systèmes informatisés, désignés par le terme générique dAutomates programmables industriels (API), pour des fonctions de sécurité, sest développée dans les années quatre-vingt. Les principales raisons de cette tendance étaient: 1) une meilleure fonctionnalité et des avantages économiques (compte tenu surtout de la durée de vie totale de lappareil ou du système); 2) les avantages propres à certains concepts dont lapplication a été rendue possible par la technologie informatique. Dans les premiers stades de lintroduction des systèmes informatisés, un certain nombre de constatations ont été faites:
Pour remédier à cette situation, plusieurs organismes ont publié ou entrepris détablir des guides pour une utilisation sûre de la technologie API. Au Royaume-Uni, la direction de la sécurité et de la santé (Health and Safety Executive (HSE)) a établi des guides sur les systèmes électroniques programmables employés dans les applications en rapport avec la sécurité et, en Allemagne, un projet de norme (DIN, 1990) a été publié. Au sein de la Communauté économique européenne, les prescriptions de la directive sur les machines ont constitué un premier jalon important des travaux dharmonisation des normes européennes sur les systèmes de contrôle pour la sécurité (y compris ceux employant des API). Aux Etats-Unis, la Société américaine dinstrumentation (Instrument Society of America (ISA)) a établi une norme sur les API destinés aux industries de transformation, et le Centre pour la sécurité des processus chimiques (Center for Chemical Process Safety (CCPS)), organisme de lInstitut américain des ingénieurs chimistes (American Institute of Chemical Engineers (AIChe)), a établi des directives pour lindustrie chimique de transformation.
La CEI a entrepris un important travail de normalisation visant à élaborer une norme internationale générique pour les systèmes électriques, électroniques et électroniques programmables relatifs à la sécurité (E/E/EP) susceptibles dêtre utilisés dans des secteurs comme les industries de transformation, le secteur médical, les transports ou la construction des machines. Cette norme CEI comprend sept parties regroupées sous le titre général CEI 1508. Sécurité fonctionnelle des systèmes électriques/électroniques/électroniques programmables relatifs à la sécurité (CEI, 1998-2000). Ces parties sont les suivantes:
Cette norme internationale générique est une publication CEI de référence pour la sécurité fonctionnelle des systèmes électriques, électroniques et électroniques programmables relatifs à la sécurité, et elle aura des répercussions sur toutes les normes CEI dans tous les secteurs dapplication du point de vue de la conception et de lutilisation futures de ces systèmes. Un des principaux objectifs de ce texte est de favoriser lélaboration de normes spécifiques pour les différents secteurs (voir figure 58.85).
Ladoption des SEP pour les besoins de la sécurité présente de nombreux avantages potentiels, mais il a été reconnu quil ne serait possible de les obtenir que grâce à des méthodes de conception et dévaluation appropriées, et cela pour plusieurs raisons: 1) un grand nombre de caractéristiques des API ne permettent pas de prédire lintégrité de sécurité (cest-à-dire les performances, en matière de sécurité, des systèmes assurant les fonctions de sécurité requises) avec le même niveau de confiance que celui qui a toujours caractérisé les systèmes moins complexes à base matérielle (câblés); 2) on a constaté que, bien que nécessaires, les tests effectués sur les systèmes complexes nétaient pas suffisants à eux seuls, ce qui signifie que, même si le API assure des fonctions de sécurité relativement simples, le niveau de complexité de lélectronique programmable est nettement supérieur à celui des systèmes câblés quelle remplace; 3) cette complexité accrue impose de considérer avec beaucoup plus dattention quauparavant les méthodes de conception et dévaluation, de sorte que le niveau de compétences personnelles requis du personnel pour obtenir les performances voulues des systèmes liés à la sécurité est plus élevé.
Les avantages des API informatisés sont:
Lemploi de systèmes informatisés dans les applications de sécurité crée un certain nombre de problèmes qui doivent être traités de manière adéquate, tels que:
Les types de systèmes de sécurité considérés sont des systèmes électriques, électroniques et électroniques programmables (E/E/EP). Chaque système comporte un ensemble complet déléments, en particulier les signaux qui proviennent des détecteurs ou dautres systèmes de saisie des données sur les équipements contrôlés et qui sont transmis par des bus de données ou dautres voies de communication aux actionneurs ou aux autres organes de sortie (voir figure 58.86).
Le terme «dispositif électrique, électronique et électronique programmable» regroupe une grande diversité de dispositifs, répartis en trois grandes catégories:
Par définition, un système de sécurité répond à deux objectifs:
Ce concept est illustré à la figure 58.87.
Pour obtenir un fonctionnement sûr des systèmes E/E/EP relatifs à la sécurité, il est nécessaire didentifier les différentes causes possibles de leurs défaillances et de prendre dans chaque cas les mesures adéquates. On distingue deux catégories de défaillances, comme le montre la figure 58.88.
Les expressions employées pour désigner les précautions à prendre pour protéger les systèmes relatifs à la sécurité contre les défaillances aléatoires du matériel et les défaillances systématiques sont respectivement mesures concernant lintégrité de sécurité du matériel et mesures concernant lintégrité de sécurité systématique . Les mesures quun système de sécurité peut mettre en uvre à la fois contre les défaillances aléatoires du matériel et contre les défaillances systématiques sont appelées intégrité de sécurité . Ces concepts sont illustrés à la figure 58.89.
Dans la norme internationale CEI 1508, on distingue quatre niveaux dintégrité de sécurité, numérotés de 1 à 4, le niveau 1 étant le plus bas. Le niveau dintégrité de sécurité dun système relatif à la sécurité dépend du rôle quil joue pour assurer à léquipement contrôlé le niveau de sécurité requis. Plusieurs systèmes relatifs à la sécurité peuvent être nécessaires, dont certains à base de technologie pneumatique ou hydraulique.
Une analyse de la direction britannique de la sécurité et de la santé (HSE) portant sur 34 incidents impliquant des systèmes de contrôle a révélé que dans près de 60% des cas la défaillance avait été «intégrée» avant la mise en service du système de sécurité (voir figure 58.90). Pour pouvoir disposer dun système relatif à la sécurité adéquat, il est nécessaire de prendre en compte toutes les phases du cycle de vie de sécurité.
La sécurité fonctionnelle des systèmes relatifs à la sécurité ne dépend pas seulement dune définition adéquate des caractéristiques techniques, mais aussi dune mise en uvre efficace de celles-ci et du maintien de lintégrité initiale pendant toute la durée de vie de léquipement. Pour cela, on doit disposer dun système efficace de gestion de la sécurité et il faut que le personnel, dans tous les domaines dactivité, possède les compétences requises pour les tâches qui lui sont confiées. Il est particulièrement important de pouvoir compter sur un système de gestion de la sécurité adéquat dans le cas de systèmes de sécurité complexes. Cela conduit à une stratégie permettant de garantir:
La nécessité dune approche systématique de toutes les caractéristiques techniques de la sécurité fonctionnelle a conduit à créer la notion de cycle de vie de sécurité. Une version simplifiée de cette notion dans la norme CEI 1508 est représentée à la figure 58.91. Les grandes étapes du cycle de vie de sécurité sont:
La stratégie à adopter en matière de conception pour obtenir des niveaux adéquats dintégrité de sécurité dans les systèmes relatifs à la sécurité (SRS) est illustrée par les figures 58.92 et 58.93. Le niveau dintégrité de sécurité attribué dépend du rôle joué par le système dans lobtention du niveau de sécurité global de léquipement commandé. Le niveau dintégrité de sécurité définit les précautions contre les défaillances matérielles aléatoires et les défaillances systématiques qui doivent être intégrées au stade de la conception.
Le concept et le niveau de sécurité sappliquent à léquipement commandé. Le concept de sécurité fonctionnelle sapplique au système de sécurité. Il est nécessaire que ce système présente une sécurité fonctionnelle pour que léquipement à lorigine du risque atteigne un niveau de sécurité adéquat. Le niveau de sécurité prescrit pour une situation spécifique est un facteur essentiel des caractéristiques dintégrité de sécurité requises des systèmes relatifs à la sécurité.
Le niveau de sécurité nécessaire dépend de nombreux facteurs, comme la gravité des lésions possibles, le nombre de personnes exposées ou la fréquence et la durée de lexposition. La perception du danger par les personnes exposées et leurs opinions à ce sujet ont également une importance. Pour parvenir à ce qui représente un niveau de sécurité adapté à une application particulière, les principaux éléments à prendre en considération sont:
Lors de la conception et de lutilisation des systèmes relatifs à la sécurité, il convient de se rappeler que cest léquipement commandé qui crée le risque. Les systèmes relatifs à la sécurité sont conçus pour réduire la fréquence ou la probabilité de lévénement dangereux, ainsi que la gravité de ses conséquences éventuelles. Une fois défini le niveau de sécurité nécessaire à léquipement, on peut déterminer le niveau dintégrité de sécurité du système relatif à la sécurité; ce niveau permet au concepteur de définir les mesures qui doivent être intégrées au stade de la conception pour éviter les défaillances aléatoires du matériel et les défaillances systématiques.
Les machines, les installations de production et les autres équipements peuvent, en cas de dysfonctionnement, présenter des risques dincendie, dexplosion, de doses de rayonnements excessives ou de mouvements dangereux. Parmi les causes de ces risques figurent les défaillances des dispositifs électromécaniques, électroniques et électroniques programmables (E/E/EP) employés dans leurs systèmes de contrôle ou de sécurité. Ces défaillances peuvent provenir de défauts matériels du dispositif (comme les phénomènes dusure se produisant de façon aléatoire dans le temps, appelés défaillances aléatoires du matériel), ou de défauts systématiques (comme les erreurs lors de la définition ou de la conception du système, qui conduisent à des défaillances dues: 1) à une combinaison particulière de signaux dentrée; 2) à certaines conditions ambiantes; 3) à des signaux erronés ou incomplets émis par les détecteurs; 4) à une saisie erronée ou incomplète de données par les opérateurs; 5) à une mauvaise conception de linterface).
Le présent article a pour objet la sécurité fonctionnelle des systèmes de commande de sécurité, ainsi que les caractéristiques techniques requises des matériels et des logiciels pour obtenir lintégrité de sécurité voulue. Son approche générale est conforme à la norme CEI 1508, parties 2 et 3, de la Commission électrotechnique internationale (CEI, 1998-2000). Sur un plan général, cette norme internationale vise à permettre une automatisation des installations et des équipements dans des conditions de sécurité. Lun de ses objectifs essentiels est de prévenir les événements ci-après ou den réduire le plus possible la fréquence:
Larticle «Les systèmes de commande électriques, électroniques et électroniques programmables relatifs à la sécurité», dans le présent chapitre, décrit lapproche générale de gestion de la sécurité exposée dans la partie 1 de la norme CEI 1508 pour assurer la sécurité des systèmes de commande et de protection importants pour la sécurité. Le présent article étudie les principes généraux de conception technique à appliquer pour ramener le risque daccident à un niveau acceptable, notamment le rôle des systèmes de contrôle ou de protection à base de technologie E/E/EP.
Dans la figure 58.94, le risque inhérent aux équipements, installations de production ou machines (regroupés sous lappellation équipement commandé (EC) sans dispositifs de protection) est indiqué à une extrémité de léchelle des risques EC, et le niveau de risque à ne pas dépasser pour assurer le niveau de sécurité voulu, à lautre extrémité. Dans la zone intermédiaire, on a représenté la combinaison de systèmes relatifs à la sécurité et dinstallations extérieures de réduction des risques permettant dobtenir la limitation des risques requise. Ces dispositifs peuvent être mécaniques (par exemple, soupapes de sécurité), hydrauliques, pneumatiques, physiques ou constitués de systèmes E/E/EP. La figure 58.95 illustre le rôle de chaque couche de sécurité dans la protection de léquipement à mesure que laccident prend de lextension.
Pour autant que léquipement ait fait lobjet dune analyse des phénomènes dangereux et des risques conformément à la partie 1 de la norme CEI 1508, le concept de sécurité global a été déterminé, et les fonctions et le niveau dintégrité de sécurité (NIS) voulus pour un système de contrôle et de protection E/E/EP quelconque ont donc été définis. Le niveau dintégrité de sécurité visé est défini par rapport à la probabilité des défaillances (voir tableau 58.6).
Niveau d’intégrité de sécurité |
Mode demande (probabilité de défaillance lors de l’exécution sur demande de la fonction spécifique) |
4 |
10–5 ≤ x <10–4 |
3 |
10–4 ≤ x <10–3 |
2 |
10–3 ≤ x <10–2 |
1 |
10–2 ≤ x <10–1 |
Cette section décrit les caractéristiques techniques qui devraient être envisagées par les concepteurs de systèmes E/E/EP relatifs à la sécurité pour que ces systèmes atteignent le niveau dintégrité de sécurité voulu. On prend ici lexemple dun système de protection classique utilisant une électronique programmable, afin de commenter plus en détail certains points importants sans perdre de vue les principes généraux. La figure 58.96 illustre le schéma dun système de protection type, comportant un dispositif de sécurité à voie unique, avec un système de coupure secondaire activé par un système de diagnostic. En fonctionnement normal, une insécurité de léquipement contrôlé (par exemple, survitesse dune machine, température excessive dune installation chimique) sera détectée par le capteur et transmise à lélectronique programmable, qui donnera aux actionneurs, par lintermédiaire des relais de sortie, lordre de mettre le système en sécurité (par exemple, en coupant lalimentation dun moteur électrique ou en ouvrant une soupape de sécurité pour faire chuter la pression).
Mais que se passera-t-il en cas de défaillance des composants du système de protection? Cest le rôle du dispositif de coupure secondaire, qui est commandé par la fonction dautodiagnostic incorporée à cette configuration. Ce système nest toutefois pas entièrement à sécurité intégrée, dans la mesure où cette configuration na quune certaine probabilité dêtre disponible lorsquil lui sera demandé dexécuter sa fonction de sécurité (donc une certaine probabilité de défaillance sur demande et, par conséquent, un niveau diminué dintégrité de sécurité). Ce système peut, par exemple, être capable de détecter et de tolérer certains types de défaillances dune carte de sortie, sans être capable de résister à une défaillance dune carte dentrée. Son niveau dintégrité de sécurité sera donc nettement inférieur à celui dune configuration comportant une carte dentrée plus fiable ou un meilleur système de diagnostic, ou une combinaison de ces deux éléments.
Il existe dautres causes possibles de défaillances des cartes, notamment les défauts physiques «traditionnels» du matériel, les défauts systématiques comme les erreurs dans la définition des caractéristiques requises, les défauts de mise en uvre du logiciel ou une mauvaise protection contre les conditions ambiantes (humidité, par exemple). Dans cette configuration à une seule voie, le diagnostic nassure pas nécessairement une couverture pour tous ces types de défauts, ce qui limitera le niveau dintégrité de sécurité atteint en pratique (la couverture est le pourcentage de défaillances quun système peut détecter et gérer de façon sûre).
Les parties 2 et 3 de la norme CEI 1508 fournissent un cadre pour identifier les différentes causes possibles de défaillances du matériel et des logiciels et sélectionner les caractéristiques permettant dy remédier selon le niveau dintégrité de sécurité requis du système relatif à la sécurité. Par exemple, lapproche technique globale du système de protection de la figure 58.96 est représentée à la figure 58.97. On y indique les deux stratégies de base de protection contre les défaillances: 1) lévitement des défaillances, qui vise à empêcher lapparition des anomalies; 2) la tolérance aux défaillances, qui consiste à organiser spécialement le système pour quil tolère certaines défaillances spécifiées. Le système à une seule voie cité plus haut est un exemple de conception à tolérance (limitée) aux défaillances, dans laquelle la fonction de diagnostic sert à détecter certaines défaillances et à mettre le système à létat de sécurité avant lapparition dune défaillance dangereuse.
Lévitement des défaillances vise à prévenir leur introduction dans un système. La principale approche consiste à adopter une méthode systématique de gestion du projet, dans laquelle la sécurité est traitée comme une qualité définissable et gérable du système au stade de la conception et, par la suite, dans le cadre de lexploitation et de la maintenance. Cette approche, semblable à lassurance de la qualité, repose sur le concept du retour dinformation et implique: 1) une planification (définition des objectifs de sécurité et identification des moyens dy parvenir); 2) une mesure des objectifs atteints pendant la réalisation par rapport au plan conçu initialement; 3) lapplication du retour dinformation pour rectifier les éventuels écarts. Les études de conception sont un bon exemple de technique dévitement des défaillances. Dans la norme CEI 1508, cette approche «qualitative» de lévitement des défaillances est facilitée par la prescription faite dutiliser un cycle de vie de sécurité et de respecter des procédures de gestion de la sécurité aussi bien pour le matériel que pour les logiciels. Pour ceux-ci, il sagit souvent de procédures dassurance de la qualité, comme celles décrites dans la norme ISO 9000-3 (ISO, 1997).
En outre, les parties 2 et 3 de la norme CEI 1508, qui concernent respectivement le matériel et les logiciels, établissent un classement de certaines techniques ou mesures considérées comme utiles pour lévitement des défaillances au cours des différentes phases du cycle de vie de sécurité. Le tableau 58.7 donne un exemple, tiré de la partie 3, pour la phase de conception et de développement du logiciel. Le concepteur peut saider de ce tableau pour choisir les techniques appropriées dévitement des défaillances en fonction du niveau dintégrité de sécurité requis. Le tableau comporte, pour chaque technique ou mesure, une recommandation pour les différents niveaux dintégrité de sécurité 1 à 4: fortement recommandé (FR), recommandé (R) et neutre (ni pour ni contre).
Technique/mesure |
NIS 1 |
NIS 2 |
NIS 3 |
NIS 4 |
1. Méthodes formelles comprenant, par exemple, CCS, CSP, HOL, LOTOS |
|
R |
R |
FR |
2. Méthodes semi-formelles |
R |
FR |
FR |
FR |
3. Méthodes structurées comprenant, par exemple, JSD, MASCOT, SADT, SSADM et YOURDON |
FR |
FR |
FR |
FR |
4. Approche modulaire |
FR |
FR |
FR |
FR |
5. Règles de conception et de codage |
R |
FR |
FR |
FR |
FR = fortement recommandée; R = recommandée; = neutre: la technique/mesure n’est ni recommandée, ni déconseillée au niveau d’intégrité de sécurité (NIS).
Note: la technique/mesure appropriée sera choisie en fonction du niveau d’intégrité de sécurité.
Selon la norme CEI 1508, il est nécessaire que le niveau de tolérance augmente en même temps que le niveau dintégrité de sécurité recherché. La norme admet toutefois que cette tolérance a plus dimportance lorsque les systèmes (et les éléments qui les constituent) sont complexes (appelés de type B dans la norme CEI 1508). Pour les systèmes moins complexes et «éprouvés», on peut retenir un niveau de tolérance aux défaillances moins élevé.
Le tableau 58.8 montre les exigences en matière de tolérance aux défaillances matérielles aléatoires des composants complexes (par exemple, microprocesseurs) utilisés dans un système de protection comme celui de la figure 58.96. Le concepteur devra, le cas échéant, envisager une combinaison appropriée de diagnostic, de tolérance aux défaillances et de vérifications manuelles pour apporter une solution à cette catégorie de défaillances, en fonction du niveau dintégrité de sécurité acquis.
1 |
Les défauts liés à la sécurité non détectés doivent être détectés par le contrôle périodique. |
2 |
Pour les composants sans couverture moyenne du diagnostic en ligne, le système doit être capable d’exécuter la fonction de sécurité en présence d’un défaut unique. Les défauts liés à la sécurité non détectés doivent être détectés par le contrôle périodique. |
3 |
Pour les composants avec une couverture élevée du diagnostic en ligne, le système doit être capable d’exécuter la fonction de sécurité en présence d’un défaut unique. Pour les composants sans couverture élevée du diagnostic en ligne, il doit être capable d’exécuter la fonction de sécurité en présence de deux défauts. Les défauts liés à la sécurité non détectés doivent être détectés par le contrôle périodique. |
4 |
Les composants doivent pouvoir exécuter la fonction de sécurité en présence de deux défauts. Les défauts doivent être détectés avec une couverture élevée du diagnostic en ligne. Les défauts liés à la sécurité non détectés doivent être détectés par le contrôle périodique. L’analyse quantitative du matériel doit être fondée sur des scénarios de la pire éventualité. |
1 Composants dont les modes de défaillance sont mal définis ou difficiles à tester, ou pour lesquels on ne dispose que de peu de données sur leurs défaillances dans des conditions de fonctionnement réelles (par exemple, composants électroniques programmables).
La norme CEI 1508 aide le concepteur en lui fournissant des tableaux de spécification (voir tableau 58.9), où les paramètres de conception sont rapportés au niveau dintégrité de sécurité nécessaire pour un certain nombre darchitectures de système de protection couramment employées.
Configuration du système EP |
Couverture du diagnostic par voie |
Intervalle entre tests périodiques |
Temps moyen avant un faux déclenchement |
EP simple, E/S simple, Ext. WD |
Elevée |
6 mois |
1,6 an |
EP double, E/S simple |
Elevée |
6 mois |
10 an |
EP double, E/S double, 2oo2 |
Elevée |
3 mois |
1281 ans |
EP double, E/S double, 1oo2 |
Aucune |
2 mois |
1,4 an |
EP double, E/S double, 1oo2 |
Faible |
5 mois |
1,0 an |
EP double, E/S double, 1oo2 |
Moyenne |
18 mois |
0,8 an |
EP double, E/S double, 1oo2 |
Elevée |
36 mois |
0,8 an |
EP double, E/S double, 1oo2D |
Aucune |
2 mois |
1,9 an |
EP double, E/S double, 1oo2D |
Faible |
4 mois |
4,7 ans |
EP double, E/S double, 1oo2D |
Moyenne |
18 mois |
18 ans |
EP double, E/S double, 1oo2D |
Elevée |
48+ mois |
168 ans |
EP triple, E/S triple, IPC, 2oo3 |
Aucune |
1 mois |
20 ans |
EP triple, E/S triple, IPC, 2oo3 |
Faible |
3 mois |
25 ans |
EP triple, E/S triple, IPC, 2oo3 |
Moyenne |
12 mois |
30 ans |
EP triple, E/S triple, IPC, 2oo3 |
Elevée |
48+ mois |
168 ans |
E/S = entrée/sortie.
La première colonne du tableau représente des configurations avec différents degrés de tolérance aux défaillances. Les architectures figurant au bas du tableau ont généralement des degrés de tolérance aux défaillances supérieurs à celles du haut. Un système 1oo2 (un sur deux) est capable de supporter une défaillance unique quelconque, de même que 2oo3.
La deuxième colonne décrit le pourcentage de couverture des systèmes de diagnostic interne. Plus le niveau de diagnostic est élevé, plus les défauts interceptés seront nombreux. Cest là un élément important dans un système de protection, car si le composant défectueux (une carte dentrée par exemple) est réparé dans un délai raisonnable (huit heures en général), la perte de sécurité fonctionnelle sera faible (on notera que ce ne serait pas le cas pour un système de contrôle en continu, sur lequel toute défaillance est susceptible de provoquer immédiatement une condition dinsécurité et un risque dincident).
La troisième colonne indique lintervalle entre les tests de vérification. Il sagit de tests particuliers qui sont nécessaires pour éprouver de façon intensive le système de protection afin de vérifier labsence de défauts latents. Ils sont généralement effectués par le fournisseur de léquipement lors des périodes darrêt des installations.
La quatrième colonne indique le taux de faux déclenchements, cest-à-dire des déclenchements qui provoquent larrêt des installations ou des équipements, alors quil nexiste pas de défaut dans le processus. La sécurité se paie souvent dun taux de faux déclenchements supérieur. Un système de protection simple à redondance (1oo2) présente, tous les autres paramètres restant inchangés, un niveau dintégrité de sécurité supérieur, mais également un taux de faux déclenchements plus élevé quun système à voie unique (1oo1).
Si le concepteur ne désire pas utiliser lune des architectures du tableau, ou sil souhaite procéder à une analyse plus poussée, la norme CEI 1508 lui laisse cette possibilité. Les techniques doptimisation de la fiabilité, comme la modélisation de Markov, peuvent alors être employées pour calculer lélément matériel du niveau dintégrité de sécurité (Johnson, 1989; Goble, 1992).
Cette catégorie de défaillances est très importante dans les systèmes de sécurité et elle fait obstacle à la recherche de lintégrité de sécurité. Dans les systèmes à redondance, un composant, un sous-système, voire le système tout entier, sont doublés afin daccroître la fiabilité des éléments les moins fiables. Il en résulte une amélioration de la fiabilité du fait que, statistiquement, la probabilité que deux systèmes présentent simultanément une défaillance à la suite de défauts aléatoires est égale au produit des probabilités de chacun, et donc nettement inférieure. En revanche, les défauts systématiques et de mode commun provoquent des défaillances simultanées des systèmes à redondance lorsque, par exemple, une erreur de spécification du logiciel conduit à une défaillance simultanée des parties dupliquées. Un autre exemple est celui de la panne dune alimentation électrique commune aux deux parties dun système à redondance.
La norme CEI 1508 comporte des tableaux dans lesquels les techniques sont classées en fonction du niveau dintégrité de sécurité considéré comme efficace pour une protection contre les défaillances systématiques et de mode commun.
Lhétérogénéité et la redondance analytique sont des exemples de techniques de protection contre les défaillances systématiques. Le principe de lhétérogénéité consiste à faire réaliser la deuxième voie dun système à redondance au moyen dune technologie ou dun langage informatique différents; les voies redondantes peuvent alors être considérées comme indépendantes en matière de défauts, cest-à-dire quelles présentent une faible probabilité de défaillance simultanée. Cependant, dans le cas notamment des systèmes à base logicielle, il semblerait que cette technique manque defficacité, étant donné que la plupart des erreurs se situent dans les spécifications. La redondance analytique tente dexploiter les informations redondantes disponibles dans linstallation ou la machine pour déceler les défauts. Pour les autres causes de défaillances systématiques, comme les contraintes extérieures, la norme fournit des tableaux donnant des conseils sur les bonnes méthodes techniques à adopter (par exemple, séparation des câbles de signaux et dalimentation), en fonction du niveau dintégrité de sécurité.
Les systèmes à base informatique présentent de nombreux avantages, non seulement économiques, mais aussi du point de vue des possibilités damélioration de la sécurité. Toutefois, pour tirer parti de ce potentiel, il est nécessaire de porter une bien plus grande attention aux détails que lorsquil sagit de composants classiques. Le présent article a exposé les principales exigences techniques que les concepteurs devraient prendre en compte pour exploiter avec succès cette technologie.
Les tracteurs et les autres engins mobiles utilisés dans les travaux agricoles ou forestiers, sur les chantiers de construction ou dans les mines, ainsi que pour la manutention de matériaux, peuvent être à lorigine de graves dangers lorsque le véhicule se renverse sur le côté ou bascule vers lavant ou larrière. Ces risques sont accrus lorsquil sagit de tracteurs à roues à centre de gravité élevé. Les autres véhicules qui présentent des risques de retournement sont les tracteurs à chenilles, les chargeuses, les grues, les cueilleuses de fruits, les bouteurs, les tombereaux, les décapeuses et les niveleuses. Ces accidents se produisent en général trop rapidement pour que les conducteurs et les passagers puissent séchapper; ils risquent alors dêtre pris sous le véhicule. Ainsi, les tracteurs à centre de gravité élevé sont très sujets au retournement, et les tracteurs étroits sont encore plus instables que ceux qui sont larges. Un interrupteur à mercure servant à couper le moteur en cas de détection dun mouvement latéral a été installé sur certains tracteurs, mais il sest avéré trop lent par rapport aux efforts dynamiques produits par le mouvement de renversement (Springfeldt, 1993) et son utilisation a donc été abandonnée.
Les retournements sexpliquent en grande partie par le fait que ces matériels sont utilisés souvent sur un terrain incliné ou inégal, ou sur un sol meuble et, parfois, très près de fossés, de tranchées ou dexcavations. Lorsque des accessoires sont fixés sur un tracteur à un emplacement élevé, la probabilité de basculement vers larrière en montée (ou vers lavant en descente) augmente. De plus, un tracteur peut se retourner en raison des efforts exercés par les équipements tractés (par exemple, dans une descente, lorsque cet équipement nest pas freiné et quil descend plus rapidement que le tracteur). Lutilisation des tracteurs pour le remorquage occasionne des risques particuliers, notamment lorsque le crochet dattelage est placé plus haut que lessieu du tracteur.
On a commencé à prendre conscience du problème posé par les retournements dans certains pays où le nombre daccidents mortels était élevé. En Suède et en Nouvelle-Zélande, des travaux de mise au point et dessais de structures de protection en cas de retournement ROPS (Rollover Protective Structures (ROPS)) sur les tracteurs (voir figure 58.98) avaient déjà été entrepris dans les années cinquante, mais seules les autorités suédoises ont établi sur cette base une réglementation, qui est entrée en vigueur en 1959 (Springfeldt, 1993).
Les projets de réglementation imposant linstallation de structures ROPS sur les tracteurs se sont heurtés dans plusieurs pays à la résistance des milieux agricoles. Les tentatives visant à imposer aux employeurs linstallation de ROPS sur les tracteurs en service ont rencontré une vive opposition, qui sest même étendue à la proposition que seuls les nouveaux engins soient équipés par les constructeurs. Mais de nombreux pays ont finalement réussi à imposer les ROPS sur les tracteurs neufs et, par la suite, certains sont parvenus également à exiger quils soient montés sur les modèles anciens. Les normes internationales concernant les tracteurs et les engins de terrassement, y compris les normes dessai des ROPS, ont contribué à améliorer la fiabilité de ces équipements. Par ailleurs, les tracteurs ont été conçus avec des centres de gravité et des crochets dattelage plus bas. La propulsion à quatre roues motrices a contribué à réduire elle aussi le risque de retournement. La proportion des tracteurs équipés de ROPS reste toutefois assez faible dans les pays où le parc est ancien et où léquipement a posteriori nest pas obligatoire.
Les accidents par retournement, en particulier ceux impliquant des tracteurs, ont fait lobjet de recherches dans de nombreux pays. Il nexiste cependant pas de statistiques internationales centralisées sur le nombre daccidents causés par les types de machines mobiles considérés dans le présent article. Les statistiques dont on dispose au niveau national montrent néanmoins que ce nombre est élevé, surtout dans lagriculture. Selon un rapport écossais sur les accidents par retournement de tracteurs dans la période allant de 1968 à 1976, 85% des engins impliqués comportaient des équipements auxiliaires, avec une égale proportion déquipements tractés et montés. Il était précisé dans le rapport écossais que les deux tiers des accidents de retournement sétaient produits sur des terrains en pente (Springfeldt, 1993). On a pu démontrer par la suite quil serait possible de réduire le nombre de ces accidents en dispensant une formation sur la conduite en terrain incliné, ainsi quen installant des instruments de mesure de la déclivité, associés à un indicateur des limites de sécurité correspondantes.
Dans dautres études, des chercheurs néo-zélandais ont observé que la moitié des accidents mortels par retournement étudiés se produisaient sur sol horizontal ou en pente douce, et seulement un dixième sur des pentes raides. Il se peut que, sur sol plat ou peu incliné, les conducteurs soient moins attentifs aux risques de retournement et sous-estiment les risques présentés par les inégalités de terrain. Sur lensemble des décès par retournement de tracteurs survenus en Nouvelle-Zélande de 1949 à 1980, 80% concernaient des tracteurs à roues et 20% des engins à chenilles (Springfeldt, 1993). Des études suédoises et néo-zélandaises ont révélé quenviron 80% des retournements de tracteurs entraînant un décès étaient des renversements latéraux. La moitié des tracteurs impliqués dans les cas mortels en Nouvelle-Zélande sétaient retournés de 180°.
Une étude des cas mortels de retournement en Allemagne de lOuest (Springfeldt, 1993) a montré que la proportion de tracteurs anciens non protégés, construits avant 1957 et impliqués dans un retournement mortel était de 1 pour 10 000. Pour les tracteurs équipés de ROPS et construits à partir de 1970, cette proportion était de 1 pour 25 000. Les statistiques sur les retournements ayant entraîné un décès en Allemagne de lOuest au cours de la période allant de 1980 à 1985 montrent que les deux tiers des victimes avaient été éjectées de leur zone de protection, puis écrasées ou heurtées par lengin (Springfeldt, 1993). Dans le cas de retournements non mortels, un quart des conducteurs avaient été éjectés de leur siège, mais non écrasés. Il est évident que le risque daccident mortel augmente lorsque le conducteur est éjecté de la zone protégée (comme dans les accidents dautomobile). La plupart des tracteurs concernés avaient un toit en porte-à-faux (voir figure 58.98, C) qui nempêche pas léjection du conducteur. Dans quelques cas, le ROPS avait été brisé ou très déformé.
Les fréquences relatives des accidents pour 100 000 tracteurs sur différentes périodes et dans certains pays, ainsi que la réduction des taux daccidents mortels, ont été calculées par Springfeldt (1993). Lefficacité des ROPS pour la diminution de la gravité des lésions consécutives aux accidents de retournement de tracteurs a été démontrée en Suède, où le nombre de décès pour 100 000 engins a été ramené de 17 environ à 0,3 sur une période de 30 ans (1960-1990) (voir figure 58.99). On estime quà la fin de cette période environ 98% des tracteurs étaient équipés de ROPS, principalement sous la forme dune cabine intégrale (voir figure 58.98, A). En Norvège, les décès ont été ramenés de 24 à 4 pour 100 000 tracteurs environ sur une période analogue. Les résultats ont été moins bons en Finlande et en Nouvelle-Zélande.
Les tracteurs sont les engins qui présentent le risque de retournement le plus élevé. Malheureusement, les moyens dont on dispose pour empêcher ce type daccident, dans le cas des travaux agricoles et forestiers, sont peu nombreux. Linstallation de ROPS sur les tracteurs et les types de machines de terrassement les plus exposés aux risques de retournement permet de réduire le risque de lésions corporelles, à condition que le conducteur reste sur son siège pendant laccident (Springfeldt, 1993). La fréquence des décès dépend largement de la proportion de machines protégées en service et du type de ROPS employé. Un toit en porte-à-faux (voir figure 58.98, C) protège nettement moins quune cabine ou un cadre (Springfeldt, 1993). La structure la plus efficace est une cabine intégrale qui permet au conducteur de rester protégé à lintérieur lorsque lengin se retourne (la protection contre les intempéries est une raison supplémentaire de choisir une cabine). Le moyen le plus efficace pour que le conducteur reste protégé par le ROPS est la ceinture de sécurité, pour autant quil la porte. Dans certains pays, des inscriptions sont apposées sur le siège du conducteur pour lui conseiller de saccrocher au volant en cas de retournement. On peut également, à titre de mesure de sécurité supplémentaire, concevoir la cabine ou lenvironnement intérieur et le ROPS de manière à éviter les risques de blessure par les arêtes vives et les parties saillantes.
Dans tous les pays, les retournements de machines mobiles, principalement de tracteurs, sont à lorigine daccidents graves. Il existe toutefois des différences considérables entre les pays, tant en ce qui concerne les caractéristiques techniques pour la conception de ces machines que les procédures administratives de vérification, dessai, dinspection et de mise sur le marché. La diversité qui caractérise, à léchelle internationale, les efforts de sécurité dans ce domaine peut sexpliquer notamment par les considérations suivantes:
La nature des règles en matière de ROPS et le degré dapplication de ces règles au niveau national ont une influence déterminante sur les accidents de retournement, en particulier les accidents mortels. La mise au point de machines plus sûres a été favorisée par les directives, codes et normes publiés par les organismes nationaux et internationaux. En outre, de nombreux pays ont adopté des prescriptions rigoureuses en matière de ROPS, ce qui a permis de réduire sensiblement limportance de ces accidents.
La Communauté économique européenne (CEE) a publié, à partir de 1974, des directives relatives aux approbations de type des tracteurs agricoles et forestiers à roues et, en 1977, des directives spéciales concernant les ROPS, y compris leur fixation au tracteur (Springfeldt, 1993; CEE, 1979, 1982, 1985, 1987, 1988, 1994, 1999). Ces directives imposent aux constructeurs de tracteurs une procédure dapprobation et dhomologation pour chaque type, et les ROPS doivent subir un examen CEE. Ces directives ont été adoptées par tous les pays membres.
Certaines directives de la CEE concernant les ROPS montés sur les tracteurs ont été abrogées le 31 décembre 1995 et remplacées par la directive générale sur les machines, qui sapplique aux types de machines présentant des dangers en raison de leur mobilité (CEE, 1979, 1982, 1985, 1987, 1988, 1994, 1999). Les tracteurs à roues, ainsi que certains engins de terrassement dune puissance supérieure à 15 kW (à savoir les chargeuses à chenilles et à roues, les chargeuses pelleteuses, les tracteurs à chenilles, les décapeuses, les niveleuses et les tombereaux articulés) doivent être équipés dun ROPS. En cas de retournement, cet équipement doit offrir au conducteur et aux opérateurs un espace laissant une possibilité de mouvement aux occupants avant quils nentrent en contact avec des éléments intérieurs lors dun accident). Il appartient aux constructeurs ou à leurs représentants autorisés deffectuer les essais requis.
En 1973 et 1987, lOrganisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a approuvé des codes standards sur les essais de tracteurs (Springfeldt, 1993; OCDE, 1988). Ces codes donnent les résultats dessais et décrivent le matériel et les conditions dessai. Ils prescrivent des essais de nombreuses parties et fonctions des machines, par exemple la résistance des ROPS. Ils décrivent les méthodes dessais statiques et dynamiques de ces équipements sur certains types de tracteurs. Un ROPS peut être conçu seulement pour protéger le conducteur en cas de retournement. Il doit être testé à nouveau pour chaque modèle de tracteur sur lequel il sera monté. Les codes demandent également quil soit possible dinstaller sur la structure une protection contre les intempéries. Les codes sur les tracteurs ont été adoptés par tous les Etats membres de lOCDE à partir de 1988; les Etats-Unis et le Japon admettent aussi des ROPS non conformes à ces codes si les engins sont équipés de ceintures de sécurité (Springfeldt, 1993).
En 1981, le Bureau international du Travail (BIT) a publié en français un manuel, Sécurité et hygiène dans les travaux agricoles, dans lequel il était prescrit quune cabine ou un cadre dune résistance suffisante soient fixés de manière adéquate sur les tracteurs pour protéger correctement le conducteur et les passagers en cas de retournement (Springfeldt, 1993; BIT, 1981). Selon les recueils de directives pratiques du BIT, les tracteurs agricoles et forestiers devraient être équipés de ROPS protégeant le conducteur et les éventuels passagers en cas de renversement, de chutes dobjets ou de déplacements des charges (BIT, 1976).
Linstallation de ROPS ne devrait pas entraver:
En 1981, lOrganisation internationale de normalisation (ISO) a publié une norme sur les tracteurs et les matériels agricoles et forestiers (ISO, 1989). Cette norme décrit une méthode dessai statique des ROPS et définit les conditions de leur homologation. Elle a été approuvée par les organisations membres de 22 pays. Le Canada et les Etats-Unis ont toutefois exprimé leur désapprobation pour des raisons techniques. Une norme avec un recueil de directives pratiques, publiée en 1974 par la Société des ingénieurs automobiles (Society of Automotive Engineers (SAE)) en Amérique du Nord, définit les caractéristiques requises des ROPS installés sur les tracteurs à roues agricoles et de chantier, les décapeuses à roues, les chargeuses frontales, les bouteurs, les chargeuses à chenilles et les niveleuses (SAE, 1974, 1975). Les dispositions de cette norme ont été reprises dans la réglementation des Etats-Unis et dans celle des provinces canadiennes de lAlberta et de la Colombie-Britannique.
Les codes de lOCDE et les normes internationales concernent la conception et la construction des ROPS de même que le contrôle de leur résistance, mais ces textes nont pas le pouvoir de rendre obligatoire le recours à ce type de protection (OCDE, 1988; ISO, 1989). La Communauté économique européenne a également proposé que les tracteurs et les engins de terrassement soient équipés dune protection (CEE, 1979, 1982, 1985, 1987, 1988, 1994, 1999). Le but des directives européennes est duniformiser les réglementations nationales en ce qui concerne la sécurité des nouvelles machines au stade de leur fabrication. Les Etats membres sont tenus de respecter ces directives et dédicter des règlements correspondants. En 1996, les Etats membres de la CEE ont prévu délaborer des réglementations exigeant que les tracteurs et engins de terrassement neufs soient équipés de ROPS.
En 1959, la Suède est devenue le premier pays à imposer les ROPS sur les tracteurs neufs (Springfeldt, 1993). La même réglementation afférente est entrée en vigueur au Danemark et en Finlande dix ans plus tard. Par la suite, dans les années soixante-dix et quatre-vingt, des règlements imposant les ROPS sur les tracteurs neufs sont entrés en vigueur au Royaume-Uni, en Allemagne de lOuest, en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis, en Espagne, en Norvège, en Suisse et dans dautres pays. Dans tous ces pays, à lexception des Etats-Unis, ces règles ont été étendues aux tracteurs anciens quelques années plus tard, sans avoir toujours un caractère obligatoire. En Suède, tous les tracteurs doivent être équipés dune cabine protectrice, règle dont lapplication au Royaume-Uni est limitée aux tracteurs employés par les ouvriers agricoles (Springfeldt, 1993). Au Danemark, en Finlande et en Norvège, tous les tracteurs doivent être équipés au moins dun cadre, tandis quaux Etats-Unis et en Australie les toits en porte-à-faux sont acceptés. Aux Etats-Unis, les tracteurs doivent être équipés de ceintures de sécurité.
Aux Etats-Unis, les machines de terrassement construites avant 1972 et employées sur les chantiers de construction doivent être équipées de ROPS répondant à des critères de performances minimaux (US Bureau of National Affairs, 1975). Parmi ces machines, on peut citer les décapeuses, les chargeuses frontales, les bouteurs, les tracteurs à chenilles, les chargeuses et les niveleuses.
Dans les pays où il est obligatoire déquiper les tracteurs neufs de ROPS et den poser sur les anciens modèles, on a constaté une diminution des lésions par retournement, notamment des accidents mortels. La cabine intégrale est à lévidence le type de dispositif le plus sûr. Les toits en porte-à-faux noffrent pas une protection satisfaisante en cas de retournement. De nombreux pays ont imposé des ROPS efficaces au moins sur les tracteurs neufs et, depuis 1996, sur les machines de terrassement. Certaines autorités semblent néanmoins accepter des types de ROPS non conformes aux normes de lOCDE ou de lISO. On sattend à une harmonisation croissante de la réglementation sur ces protections dans le monde entier, y compris dans les pays en développement.
Les chutes de hauteur sont des accidents graves qui se produisent dans de nombreux secteurs dactivité. Les lésions causées résultent du contact entre la personne qui tombe et lobjet ou la surface rencontrés (souvent appelés «agent causal») et peuvent survenir dans les circonstances suivantes:
Cette définition laisse présumer que les chutes sont inévitables, puisque la pesanteur est omniprésente. Les chutes sont des accidents, souvent très graves, qui peuvent néanmoins être évités dans la plupart des cas. Nous nous proposons détudier ci-après les stratégies propres à réduire le nombre des chutes, ou du moins à diminuer leur gravité lorsquelles surviennent.
La gravité des lésions occasionnées par les chutes de hauteur est essentiellement fonction de la différence de niveau entre le point de départ et le point dimpact. Toutefois, il convient de nuancer cette assertion: lénergie en cas de chute libre est le produit de la masse qui tombe par la hauteur de chute, et la gravité des lésions est directement proportionnelle à lénergie transmise durant limpact. Les statistiques sur les accidents par chute confirment cette étroite relation, mais montrent également que des chutes dune hauteur de moins de 3 m peuvent être mortelles. Une étude détaillée des chutes mortelles dans le secteur du bâtiment montre que 10% des décès résultent de chutes dune hauteur inférieure à 3 m (voir figure 58.100). Deux questions sont à considérer: la limite légale de 3 m, ainsi que le lieu où la chute sarrête et la manière dont elle est arrêtée.
Dans de nombreux pays, la réglementation impose de prévoir une protection lorsque les travailleurs sont exposés à une chute de plus de 3 m. Une interprétation simpliste de cette règle consisterait à dire que les chutes de moins de 3 m ne sont pas dangereuses. Cette limite de 3 m résulte en fait dun consensus social, politique et pratique selon lequel il nest pas obligatoire dêtre protégé contre les chutes si lon travaille à la hauteur dun seul étage. Même si, sur le plan légal, une protection contre les chutes nest obligatoire quà partir dune hauteur de 3 m, cette protection devrait toujours être envisagée. La hauteur de la chute nest pas le seul facteur déterminant pour la gravité de ce type daccident et le nombre de morts quil entraîne. On doit considérer aussi où et comment les chutes surviennent, ce qui conduit à analyser les secteurs dactivité dans lesquels les chutes de hauteur sont les plus fréquentes.
Les chutes de hauteur sont fréquemment associées au secteur du bâtiment parce quelles représentent un fort pourcentage de tous les accidents mortels qui y surviennent. Aux Etats-Unis, par exemple, les chutes de hauteur sont à lorigine de 33% de tous les accidents mortels dans cette branche; au Royaume-Uni, ce pourcentage atteint 52%. Les chutes de hauteur se produisent aussi dans dautres secteurs dactivité. Leur fréquence est élevée également dans lexploitation minière et la construction de matériels de transport. Au Québec, qui compte beaucoup de mines souterraines, avec des veines étroites et très inclinées, 20% de tous les accidents sont des chutes de hauteur. La construction, lutilisation et la maintenance dengins de transport comme les avions, les camions et les wagons ferroviaires sont des activités où les chutes sont fréquentes (voir tableau 58.10). La proportion varie dun pays à lautre en fonction du niveau dindustrialisation, du climat, etc., mais les chutes de hauteur se produisent dans tous les secteurs avec des conséquences similaires. En plus de la hauteur de chute libre, il faut considérer ce sur quoi la chute est arrêtée et quelle partie du corps subit limpact. Tomber dans un liquide chaud, sur des rails électrifiés ou dans un broyeur peut causer la mort même si la hauteur de chute est inférieure à 3 m.
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Chutes de hauteur par 1 000 travailleurs |
Chutes de hauteur par rapport à l’ensemble des accidents |
Construction |
14,9 |
10,1% |
Industrie lourde |
7,1 |
3,6% |
Jusquà maintenant, il a été montré que les chutes surviennent dans tous les secteurs économiques et quelles peuvent être mortelles même si la hauteur est inférieure à 3 m. Pour quelles raisons une personne tombe-t-elle? De nombreux facteurs humains peuvent être à lorigine dune chute. Par souci de simplicité et de commodité, nous regrouperons ces facteurs dans les grandes catégories ci-après:
Les occasions de chute sont déterminées par des facteurs liés à lenvironnement et sont à lorigine du type de chute le plus fréquent, à savoir le fait de trébucher ou de glisser, et de tomber au même niveau. Dautres occasions de chute sont associées à des activités se déroulant au-dessus du niveau du sol.
Une propension à tomber peut être provoquée par une ou plusieurs maladies aiguës et chroniques. Les maladies spécifiquement liées aux chutes sont généralement celles qui affectent le système nerveux, le système circulatoire, le système musculo-squelettique ou une combinaison de ces systèmes.
Une tendance à tomber résulte des détériorations intrinsèques universelles qui caractérisent le processus normal de vieillissement. Lors dune chute, laptitude à maintenir une position verticale, ou stabilité posturale, est perdue du fait dune combinaison de tendances, de propensions et doccasions.
Les chutes sont provoquées par une défaillance momentanée de la stabilité posturale qui maintient normalement une personne en position debout. Elle est le fait dun système constitué dun grand nombre dadaptations rapides à des perturbations extérieures, en particulier la pesanteur. Ces adaptations sont en majeure partie des actions réflexes, favorisées par de nombreux arcs réflexes possédant chacun une entrée sensorielle, des liaisons intégratives internes et une sortie motrice. Les entrées sensorielles sont la vision, les mécanismes de loreille interne qui détectent la position dans lespace, lappareil somato-sensoriel qui détecte les stimuli de pression sur la peau, et la position des articulations portantes. Il apparaît que la perception visuelle joue un rôle particulièrement important. On sait très peu de choses des structures intégratives normales et des fonctions de la moelle épinière ou du cerveau. La sortie motrice de larc réflexe est la réaction musculaire.
La principale entrée sensorielle est la vision. Deux fonctions visuelles sont liées à la stabilité posturale et au contrôle de la démarche:
Deux autres fonctions visuelles sont importantes:
Les trois entrées sensorielles sont interactives et liées entre elles. Labsence de lune delles, ou la présence dentrées faussées, conduisent à une instabilité posturale, voire à la chute. Quelles sont les causes de cette instabilité?
La stabilité posturale et le contrôle de la démarche sont des réflexes très complexes chez lêtre humain. Toute perturbation des entrées sensorielles peut provoquer une chute. Les perturbations décrites dans cette section sont fréquentes sur les lieux de travail où les chutes sont considérées comme une sorte de phénomène naturel quil convient de prévenir.
Comme nous lavons déjà mentionné, les risques de chute sont identifiables. Il est donc possible de prévenir ce type daccidents. Sur la figure 58.101, on peut voir une situation très répandue dans laquelle un opérateur doit lire les indications dun cadran. La première illustration montre une situation classique: un manomètre est installé au sommet dun réservoir sans moyen dy accéder. Sur la deuxième, le travailleur improvise un moyen daccès en montant sur plusieurs caisses, solution qui est dangereuse. Sur la troisième, il utilise une échelle, ce qui est une amélioration. Mais comme cette échelle nest pas fixée à demeure sur le réservoir, il est probable quelle sert à effectuer ailleurs dautres contrôles lorsquune lecture est requise. Une telle situation est envisageable si lon ajoute à léchelle ou au réservoir un dispositif darrêt des chutes ou si le travailleur porte un harnais complet avec une sangle accrochée à un point dancrage. Le risque de chutes de hauteur subsiste néanmoins.
Dans la quatrième illustration, il existe un moyen daccès amélioré, constitué dun escalier, dune plate-forme et dun garde-corps. Les avantages sont une réduction des risques de chute et une plus grande facilité de lecture (confort) qui réduit la durée de chaque mesurage et assure une posture de travail stable qui améliore la précision de la mesure.
La solution correcte est celle de la cinquième illustration. Au stade de la conception de linstallation, les activités de maintenance et dexploitation ont été prises en compte. Le manomètre a été installé de manière à pouvoir être lu au niveau du sol. Aucune chute de hauteur nest possible et tout danger est donc écarté.
La stratégie exposée met laccent sur la prévention des chutes par lemploi de moyens daccès appropriés, comme des échafaudages, des échelles ou des escaliers (Bouchard, 1991). Sil nest pas possible de prévenir les chutes, des dispositifs darrêt des chutes doivent être employés (voir figure 58.102). Pour que ces dispositifs soient efficaces, il est nécessaire que leur mise en place soit planifiée. Le point dancrage en est un élément essentiel, qui devrait être prévu au stade de la conception. Les dispositifs employés doivent être efficaces, fiables et confortables. Deux exemples sont donnés par Arteau, Lan et Corbeil (1994) et Lan, Arteau et Corbeil (1994). Des exemples de dispositifs types de prévention des chutes et darrêt des chutes sont donnés dans le tableau 58.11. Les systèmes darrêt des chutes et leurs éléments sont exposés en détail par Sulowski (1991).
Dispositifs de prévention des chutes |
Dispositifs d’arrêt des chutes |
|
Protection collective |
Garde-corps, mains courantes |
Filet de sécurité |
Protection individuelle |
Dispositif de limitation des déplacements |
Harnais, longe, absorbeur d’énergie, ancrage, etc. |
Laccent mis sur la prévention nest pas un choix idéologique, mais pratique. Le tableau 58.12 relève les différences entre la prévention et larrêt des chutes avec, dans ce dernier cas, la solution traditionnelle de léquipement de protection individuelle.
Prévention |
Arrêt |
|
Chute |
Non |
Oui |
Equipement type |
Garde-corps |
Harnais, longe, absorbeur d’énergie et ancrage (dispositif d’arrêt des chutes) |
Force nominale |
1 à 1,5 kN appliqué horizontalement et 0,45 kN appliqué verticalement en un point quelconque de la lisse supérieure |
Force minimale de rupture du point d’ancrage: 18 à 22 kN |
Type d’effort |
Statique |
Dynamique |
Il faut privilégier les mesures de prévention, qui sont caractérisées par des sollicitations mécaniques dix à vingt fois inférieures à celles des dispositifs darrêt des chutes. Ainsi, la lisse dun garde-corps doit pouvoir accepter une charge de service de lordre de 1 kN le poids dun homme corpulent alors que la longe accrochée à un point dancrage doit pouvoir résister à une force de lordre de 20 kN, soit le poids de deux petites voitures ou dun bloc de béton de 1 m3. Avec un dispositif de prévention, la chute est évitée et le risque de lésion est inexistant; avec un dispositif darrêt de chute, elle se produit et, même si elle est arrêtée, il peut y avoir un risque de lésions, selon les circonstances.
Toutes les branches dactivité peuvent comporter des espaces confinés qui sont à lorigine daccidents, mortels ou non. Le terme «espace confiné» est habituellement employé pour désigner des structures comme les réservoirs, les cuves, les fosses, les égouts ou les trémies. Une telle définition basée sur une description est cependant trop restrictive et permet difficilement une extrapolation à toutes les structures où des accidents se sont effectivement produits. En soi, toute structure dans laquelle des personnes travaillent peut être ou peut devenir un espace confiné. Les espaces de cette nature peuvent être soit très grands soit très petits. Ce terme désigne en fait un environnement dans lequel une grande diversité de situations dangereuses peuvent se présenter: confinement de personnes, risques liés aux structures, aux processus, aux éléments mécaniques, aux produits liquides ou en vrac, risques atmosphériques, physiques, chimiques ou biologiques, risques ergonomiques, etc. Un grand nombre de situations créées par ces risques ne sont pas propres aux espaces confinés, mais elles sont aggravées par lexistence dun confinement.
Les espaces confinés sont considérablement plus dangereux que les espaces de travail normaux. A la suite de modifications apparemment mineures, ces lieux jusqualors sans danger peuvent présenter subitement des risques mortels. Ces modifications peuvent être transitoires et discrètes, ce qui les rend difficiles à identifier et à traiter. Les travaux nécessitant de pénétrer dans des espaces confinés correspondent généralement à des activités dinspection, de maintenance ou de transformation. Ces interventions ne font pas partie du travail courant et sont de courte durée, non répétitives et imprévisibles (elles se déroulent souvent en dehors des heures de travail normales ou pendant larrêt des installations).
Les accidents qui se produisent dans les espaces confinés diffèrent de ceux qui surviennent dans les espaces de travail courants. Une erreur ou une omission apparemment anodines dans la préparation de lespace, dans le choix ou la maintenance des matériels ou dans les travaux eux-mêmes peut précipiter un accident du fait même que, dans ces situations, la tolérance aux erreurs est plus faible que dans les environnements habituels.
Les victimes daccidents dans des espaces confinés appartiennent à toutes les catégories professionnelles. Ce sont pour la plupart des ouvriers, ce qui nest pas surprenant, mais on trouve également des ingénieurs, des techniciens, des cadres et des dirigeants, ainsi que des membres des équipes de secours. Le personnel de sécurité et dhygiène du travail nest pas épargné lui non plus. Les seules données disponibles sur les accidents dans des espaces confinés proviennent des Etats-Unis et elles ne concernent que les accidents mortels (NIOSH, 1994). A léchelle mondiale, ces accidents coûteraient la vie à environ 200 personnes par an (Reese et Mills, 1986). Il sagit là au mieux dune estimation reposant sur des données incomplètes, mais à laquelle on semble pouvoir se fier. Les deux tiers environ des accidents étaient dus à la présence dune atmosphère dangereuse dans lespace confiné et, dans environ 70% de ces cas, cette situation existait avant lentrée dans cet espace et le début des travaux. Ces accidents provoquent parfois des décès multiples, dont certains résultent de lincident initial et de la tentative de sauvetage qui a suivi. Les conditions extrêmement stressantes dans lesquelles se déroulent les secours exposent souvent les sauveteurs improvisés à un danger nettement supérieur à celui subi par la victime initiale.
Les causes et les conséquences des accidents survenus lors de travaux à lextérieur de structures contenant des atmosphères dangereuses sont semblables à celles des accidents se produisant à lintérieur des espaces confinés. Les explosions ou les incendies impliquant une atmosphère confinée sont à lorigine denviron la moitié des accidents mortels de soudage et de découpage aux Etats-Unis. Environ 16% de ces accidents concernaient des fûts ou des réservoirs prétendument vides (OSHA, 1988).
Une étude sur les accidents mortels dans les espaces confinés montre que les meilleures précautions sont linformation et la formation des travailleurs et la mise en place dun programme didentification et de gestion des risques. Un programme de développement des compétences est également essentiel pour permettre au personnel dencadrement et aux travailleurs de reconnaître les situations potentiellement dangereuses. Lun des éléments utiles de ce programme est un inventaire précis et mis à jour des espaces confinés, indiquant le type despace, son emplacement, ses caractéristiques, son contenu, ses conditions dangereuses, etc. Il est souvent très difficile de dresser cet inventaire, dans la mesure où le nombre et le type des espaces changent constamment. En revanche, les espaces confinés des industries de transformation sont faciles à identifier; dailleurs ils restent fermés et inaccessibles la plupart du temps. Dans certains cas, un espace peut être considéré comme confiné un jour et ne plus lêtre le lendemain.
Un avantage de lidentification des espaces confinés est la possibilité qui est ainsi donnée de les signaler. Cette signalisation peut toutefois présenter des inconvénients: 1) elle peut devenir impossible à repérer lorsquil existe déjà un grand nombre dautres panneaux de mise en garde; 2) les entreprises possédant de nombreux espaces confinés peuvent avoir de grandes difficultés à les signaler; 3) la signalisation apporterait peu davantages lorsque les personnes appelées à pénétrer dans les espaces confinés changent fréquemment; 4) le fait de sen remettre à des signalisations engendre une dépendance. Certains espaces confinés peuvent être oubliés.
Laspect le plus complexe et le plus difficile des espaces confinés demeure lévaluation des risques. Cette évaluation vise à identifier les situations dangereuses ou potentiellement dangereuses, ainsi que le niveau et lacceptabilité du risque. Lévaluation du risque est délicate, car un grand nombre de situations dangereuses peuvent entraîner des lésions ou des traumatismes. Elles sont difficiles à reconnaître et changent fréquemment. Lélimination ou latténuation des dangers pendant la préparation dun espace confiné avant une entrée sont donc indispensables pour réduire le plus possible les risques au cours du travail.
Lévaluation des risques peut fournir une estimation qualitative du niveau de gravité dune situation particulière à un moment donné (voir tableau 58.13). Des niveaux allant dun minimum à un maximum sont définis dans chaque catégorie. Les différentes catégories ne sont pas comparables, puisque leurs niveaux maximaux peuvent être très différents.
Conditions dangereuses |
Conséquence réelle ou possible |
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Faible |
Modérée |
Elevée |
|
Travail à la chaleur |
|||
Risques atmosphériques |
|||
manque d’oxygène |
|||
excès d’oxygène |
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risques chimiques |
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risques biologiques |
|||
incendie/explosion |
|||
Ingestion/contact avec la peau |
|||
Agents physiques |
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bruit/vibrations |
|||
contrainte thermique (chaud/froid) |
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rayonnements non ionisants/ionisants |
|||
laser |
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Confinement des personnes |
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Risques mécaniques |
|||
Risques liés au processus |
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Risques pour la sécurité |
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risques structurels |
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engloutissement/immersion |
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enchevêtrement |
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risques électriques |
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chute |
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glissade/perte d’équilibre |
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visibilité/niveau d’éclairage |
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explosion/implosion |
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surfaces chaudes/froides |
Certains termes comme substance toxique, manque d’oxygène, excès d’oxygène, risques mécaniques , etc., appellent une définition plus précise en fonction des normes existantes.
Il est possible de développer chacune des entrées du tableau 58.13 de manière à donner des précisions sur les risques lorsque la situation est préoccupante. On peut aussi éliminer de létude les rubriques qui ne sont pas pertinentes.
Les qualifications de lévaluateur sont un élément essentiel du succès du processus didentification et dévaluation des risques. La personne ainsi désignée est réputée capable, de par son expérience, ses connaissances ou sa formation spécialisée, de prévoir, de reconnaître et dévaluer les expositions à des substances dangereuses ou à dautres situations à risques, et dindiquer les mesures de contrôle et de protection appropriées. On attend donc de cette personne quelle sache ce quil faut faire dans une situation particulière impliquant des travaux en espace confiné.
Une évaluation des risques devrait être effectuée pour chacun des stades suivants du cycle dintervention dans un espace confiné: lespace non modifié, la préparation de lentrée, linspection préalable aux travaux, les travaux eux-mêmes (McManus, non daté, manuscrit) et les mesures à prendre en cas durgence. Des accidents mortels se sont produits à chacun de ces stades. Lespace non modifié se réfère à la situation qui existe entre la fermeture de lespace à la fin dune intervention et le début de la préparation de la suivante. La préparation de lentrée englobe toutes les mesures prises pour sécuriser lespace de manière quon puisse y entrer et y travailler en toute sécurité. Linspection préalable consiste à pénétrer une première fois dans lespace et à lexaminer pour sassurer quon peut commencer le travail sans danger (cette pratique est imposée par certaines réglementations). Les travaux sont les tâches à exécuter par les personnes pénétrant dans lespace. Les mesures durgence correspondent aux opérations de sauvetage ou à dautres situations durgence. Les risques qui subsistent au début des travaux ou qui sont créés par eux déterminent la nature des accidents auxquels on doit se préparer.
Une évaluation des risques est indispensable pour chacun de ces éléments, car les points à surveiller changent constamment. Ainsi, une situation particulière correspondant à un certain niveau de préoccupation peut disparaître à la suite de la préparation de lentrée, mais elle peut réapparaître, ou une situation nouvelle peut se manifester à lissue de travaux à lintérieur ou à lextérieur de lespace confiné. Cest la raison pour laquelle il ne se justifierait pas daffecter définitivement un niveau de préoccupation à une situation dangereuse en se fondant uniquement sur une évaluation des conditions régnant avant louverture de lespace ou même à louverture.
Différents instruments et méthodes sont employés pour déterminer létat de certains agents physiques, chimiques ou biologiques présents à lintérieur et autour des espaces confinés. Ce contrôle peut être nécessaire avant lentrée, pendant lentrée ou au cours des travaux. Les sources dénergie sont désactivées par verrouillage, par la pose de panneaux dinterdiction ou par dautres procédés. Une isolation à laide de plaques de fermeture, dobturateurs et de bouchons, ou par des vannes doubles darrêt et de purge ou dautres types de vannes, empêche la pénétration des substances dans les tuyauteries. Une aération au moyen de ventilateurs et de conduits daspiration est souvent nécessaire pour assurer un environnement de travail sûr, éventuellement complétée par une protection respiratoire homologuée. Lévaluation et le contrôle des autres conditions reposent sur les capacités de jugement de lévaluateur.
La dernière partie du processus est la plus critique. Lévaluateur doit décider si les risques liés à lentrée et aux travaux sont acceptables. La prévention est la meilleure façon dassurer la sécurité. Sil est possible de maîtriser les conditions dangereuses ou risquant de le devenir, la décision est simple. Plus cette maîtrise semble difficile, plus il faut prendre de précautions, la seule autre solution étant dinterdire lentrée.
Les solutions habituelles aux problèmes posés par les activités en espace confiné sont létablissement dun permis dentrée et la présence sur les lieux dune personne qualifiée. Tous deux nécessitent une définition claire de la ligne hiérarchique et des responsabilités de la personne qualifiée, des personnes qui pénètrent dans lespace confiné et de celles qui restent à lextérieur, des équipes de secours et de la direction.
La fonction dun document dentrée est dinformer et de justifier. Le tableau 58.14 fournit une base formelle pour évaluer les risques et justifier les résultats de cette évaluation. Lorsquil est préparé pour comporter uniquement les informations correspondant à une situation particulière, il constitue la base dun permis ou dun certificat dentrée. En vue dune efficacité maximale, le permis dentrée devrait prendre la forme dun récapitulatif renseignant sur les actions entreprises et mentionnant les mesures de sécurité supplémentaires à adopter le cas échéant. Il devrait être délivré par une personne qualifiée et qui soit également habilitée à le retirer si les circonstances lexigent. La personne qui le délivre devrait être indépendante de la hiérarchie, afin déviter toute pression en vue daccélérer lexécution des travaux. Le permis spécifiera les procédures à respecter ainsi que les conditions dans lesquelles on pourra pénétrer et exécuter le travail, et il permettra de consigner les résultats des tests ainsi que dautres informations. Le permis signé sera apposé à lentrée ou au point daccès à lespace, ou à tout autre emplacement fixé par lentreprise ou par une autorité compétente. Il restera affiché jusquà la fin des travaux ou jusquà ce quil soit annulé ou remplacé. Une fois ceux-ci terminés, le permis devient un document qui doit être conservé conformément aux dispositions réglementaires.
SOCIÉTÉ ABC |
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ESPACE CONFINÉ PERMIS D’ENTRÉE |
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1. DESCRIPTION |
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Service: |
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Site: |
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Bâtiment/atelier: |
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Equipement/espace: |
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Partie: |
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Date: |
Evaluateur: |
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Durée: |
Qualifications: |
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2. ESPACES ADJACENTS |
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Espace: |
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Description: |
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Contenu: |
|||||
Processus: |
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3. CONDITIONS RÉGNANT AVANT LES TRAVAUX |
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Risques atmosphériques |
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Manque d’oxygène |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Concentration |
(Minimum acceptable: %) |
||||
Excès d’oxygène |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Concentration |
(Maximum acceptable: %) |
||||
Risques chimiques |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Concentration des substances |
(Norme acceptable: ) |
||||
Risques biologiques |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Concentration des substances |
(Norme acceptable: ) |
||||
Incendie/explosion |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Concentration des substances |
(Maximum acceptable: % LIE*) |
||||
Ingestion /contact avec la peau |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Agents physiques |
|||||
Bruit/vibrations |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Niveau: |
(Maximum acceptable: dBA) |
||||
Contrainte thermique (chaud/froid) |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Température: |
(Plage acceptable: ) |
||||
Rayonnements non ionisants/ionisants |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Type: Niveau: |
(Maximum acceptable: ) |
||||
Laser |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Type: Niveau: |
(Maximum acceptable: ) |
||||
Confinement des personnes (voir les mesures de protection) |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Risques mécaniques (voir la procédure) |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Risques liés au processus (voir la procédure) |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Risques pour la sécurité |
|||||
Risques structurels (voir les mesures de protection) |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Engloutissement/immersion (voir les mesures de protection) |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Enchevêtrement (voir les mesures de protection) |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Risques électriques (voir la procédure) |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Chute (voir les mesures de protection) |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Glissade/perte d’équilibre (voir les mesures de protection) |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Visibilité/niveau d’éclairage |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Niveau: |
(Plage acceptable: lux) |
||||
Explosion/implosion (voir les mesures de protection) |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Surfaces chaudes/froides (voir les mesures de protection) |
_ Oui |
_ Non |
_ Sous contrôle |
||
Si vous cochez les cases «Oui» ou «Sous contrôle», prière de fournir des précisions complémentaires et de vous reporter aux mesures de protection. Pour les risques pouvant être évalués par voie de tests, se reporter aux tests requis. Indiquer la date de l’étalonnage le plus récent. Les maxima, minima, plages ou valeurs normales sont fonction de la réglementation. |
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4. Procédure de travail |
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Description: |
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Travail à la chaleur (voir les mesures de protection) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Risques atmosphériques |
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Manque d’oxygène (voir les tests complémentaires requis. |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Concentration: |
(Minimum acceptable: %) |
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Excès d’oxygène (voir les tests complémentaires requis. Noter les résultats. |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Concentration: |
(Maximum acceptable: %) |
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Risques chimiques (voir les tests complémentaires requis. Noter les résultats. |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Concentration: |
(Valeur normale acceptable: ) |
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Risques biologiques (voir les tests complémentaires requis. Noter les résultats. Voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
||
Concentration: |
(Valeur normale acceptable: ) |
||||
Incendie/explosion (voir les tests complémentaires requis. Noter les résultats. Voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Concentration: |
(Valeur normale acceptable: ) |
||||
Ingestion/contact avec la peau (voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Agents physiques |
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Bruit/vibrations (voir les mesures de protection requises. |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Niveau: |
(Maximum acceptable: dBA) |
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Contrainte thermique (chaleur/froid) (voir les mesures de protection requises. |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Température: |
(Plage acceptable: ) |
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Rayonnements non ionisants/ionisants (voir les mesures de protection requises. Voir les tests complémentaires requis. Noter les résultats) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Type: Niveau: |
(Maximum acceptable: ) |
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Laser (voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Risques mécaniques (voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
||
Risques liés au processus (voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
||
Risques pour la sécurité |
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Risques structurels (voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Engloutissement/immersion (voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
||
Enchevêtrement (voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Risques électriques (voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
||
Chute (voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
||
Glissade/perte d’équilibre (voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Visibilité/niveau d’éclairage (voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
||
Explosion/implosion (voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Surfaces chaudes/froides (voir les mesures de protection requises) |
_ Oui |
_ Non |
_ Possible |
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Si vous cochez les cases «Oui» ou «Possible», prière de fournir des précisions complémentaires et de vous reporter aux mesures de protection. Pour les risques pouvant être évalués par voie de tests, se reporter aux tests requis. Indiquer la date de l’étalonnage le plus récent. |
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Mesures de protection |
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Equipement de protection individuelle (préciser) |
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Equipement et procédure de communications (préciser) |
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Systèmes d’alarme (préciser) |
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Equipements de secours (préciser) |
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Ventilation (préciser) |
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Eclairage (préciser) |
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Autres (préciser) |
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Tests requis |
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Préciser les tests à effectuer et leur fréquence |
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Personnel |
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Supérieur responsable pour l’entrée |
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Supérieur du service d’origine |
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Personnes autorisées à entrer |
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Personnel chargé des tests |
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Veilleurs |
* LIE: limite inférieure d’explosibilité.
Le système du permis fonctionne de façon optimale lorsque les conditions dangereuses sont connues et que des essais ont démontré lefficacité des mesures de sécurité correspondantes. Il permet une répartition efficace des compétences. Le permis trouve ses limites en présence de risques inconnus jusque-là. Si la personne qualifiée nest pas disponible, on risque de ne pas pouvoir parer à ces dangers.
Le certificat dentrée est un autre mécanisme de contrôle des entrées. Il nécessite la présence dune personne qualifiée qui apportera son savoir-faire pour lidentification, lévaluation et la maîtrise des risques. La possibilité de réagir rapidement aux cas préoccupants et de traiter les risques imprévus est un avantage supplémentaire. Certaines réglementations imposent que la personne qualifiée procède à une inspection visuelle de lespace avant le début des travaux. A la suite de lévaluation des conditions régnant dans lespace et de la mise en place des mesures de prévention, la personne qualifiée délivrera un certificat décrivant létat de lespace et les conditions dans lesquelles les travaux peuvent être entrepris (NFPA, 1993). Cette manière de procéder convient parfaitement aux opérations portant sur un grand nombre despaces confinés ou sur des espaces dont les conditions ou la configuration sont susceptibles de changer rapidement.
La manutention des matériaux et la circulation interne sont des facteurs qui contribuent à une grande partie des accidents dans de nombreux secteurs dactivité. Selon le secteur considéré, la proportion daccidents du travail attribuables à la manutention des matériaux varie de 20 à 50%. La maîtrise des risques liés à la manutention des matériaux est le principal problème de sécurité dans les activités portuaires, le bâtiment, les entrepôts, les scieries, les chantiers navals et dautres industries lourdes similaires. Dans un grand nombre dindustries de transformation, comme la chimie, lindustrie du papier, les aciéries ou les fonderies, de nombreux accidents continuent de se produire au cours de la manutention des produits finis, manuellement ou à laide de chariots élévateurs ou de grues.
Ce fort potentiel daccidents de manutention sexplique par trois caractéristiques fondamentales au moins:
Un risque daccident est présent chaque fois que des personnes ou des machines déplacent des charges. Lampleur du risque dépend des caractéristiques technologiques et organisationnelles du processus de travail, de lenvironnement et des mesures de prévention mises en uvre. Pour les besoins de la sécurité, il est utile de représenter la manutention de matériaux sous la forme dun système dont les différents éléments sont liés (voir figure 58.103). Chaque fois que des changements sont apportés à un élément quelconque de ce système (matériaux, équipements, marchandises, procédures, environnement, personnel, gestion ou organisation), le risque daccident est susceptible de changer lui aussi.
Les accidents de manutention de matériaux et de circulation interne les plus fréquents sont associés à la manutention manuelle, aux transports et aux déplacements faisant intervenir lénergie humaine (chariots, bicyclettes, etc.) ou effectués au moyen de camions, de chariots élévateurs, de grues, de palans, de convoyeurs ou de véhicules sur rails.
Plusieurs types daccidents se produisent couramment dans le transport et la manutention de charges sur les lieux de travail. Voici les plus fréquents:
Chacun des éléments dun système de manutention de matériaux peut être conçu de différentes manières; chacune delles entraîne des risques différents. Plusieurs critères de sécurité sont à prendre en compte pour chaque élément. Il est important dadopter une approche orientée vers le système dans son ensemble pendant toute la durée de vie utile de celui-ci, cest-à-dire lors de sa conception, de son utilisation normale et du suivi des accidents et perturbations antérieurs, si lon veut pouvoir y apporter des améliorations.
Certains principes généraux de prévention sont considérés comme applicables à la sécurité dans la manutention de matériaux. Ils sappliquent à la fois aux systèmes manuels et mécaniques de manutention, aussi bien dans le cadre dune usine que dans celui dun entrepôt ou dun chantier. De nombreux principes doivent être mis en uvre au sein dun même projet pour obtenir une sécurité optimale, une seule mesure ne suffisant en principe pas à prévenir entièrement les accidents. A linverse, ces principes généraux ne sont pas tous nécessaires, et certains peuvent ne pas convenir à une situation spécifique. Les professionnels de la sécurité et les spécialistes de la manutention des matériaux devraient considérer les éléments les plus pertinents dans chaque cas particulier pour orienter leurs études. Le plus important est dexploiter au mieux ces principes afin de créer des systèmes de manutention des matériaux sûrs et commodes, plutôt que de se décider pour une seule technique à lexclusion de toute autre.
Les 22 principes mentionnés ci-après peuvent être appliqués à la mise au point et à lévaluation des systèmes de manutention des matériaux à des fins de sécurité au stade de la planification ou dans leur état présent ou passé. Tous sont applicables aux actions de sécurité décidées a priori ou a posteriori. La liste qui suit ne suppose aucun ordre de priorité rigoureux, mais il est possible de distinguer sommairement les premiers principes qui concernent davantage la conception initiale des nouvelles installations et des nouveaux procédés de manutention des matériaux des derniers, qui sont orientés plutôt vers les méthodes existantes de manutention des matériaux.