Les citadins passent 80 à 90% de leur temps à lintérieur, se livrant à toutes sortes doccupations sédentaires, tant professionnelles que de loisirs (voir figure 45.1).
On a donc été amené à créer dans les locaux intérieurs un environnement plus confortable et plus homogène que lenvironnement extérieur, lequel est par définition variable en fonction du climat. Lambiance des locaux intérieurs est donc «climatisée», cest-à-dire chauffée durant la saison froide et rafraîchie quand il fait chaud.
Pour que cette climatisation soit efficace et économique à la fois, il est nécessaire de contrôler les caractéristiques de lair extérieur introduit dans les locaux; la plupart du temps, en effet, lair extérieur na pas les caractéristiques thermiques voulues. Cest ainsi que les bâtiments sont devenus de plus en plus hermétiques, tandis quils étaient dotés de systèmes destinés à contrôler dune façon de plus en plus rigoureuse les quantités dair atmosphérique servant à renouveler lair intérieur stagnant.
La crise de lénergie du début des années soixante-dix et, par conséquent, la nécessité de réaliser des économies dénergie, ont créé un état desprit qui a souvent entraîné une diminution considérable des volumes dair frais utilisés pour le renouvellement et la ventilation. La solution généralement adoptée consistait à recycler plusieurs fois de suite lair intérieur des bâtiments dans le but de réduire les dépenses de climatisation. Cette politique a toutefois donné lieu à une autre difficulté: une très nette augmentation des doléances, de linconfort et des problèmes de santé des occupants, avec pour corollaire un alourdissement des coûts sociaux et financiers de labsentéisme. Cette situation a amené les spécialistes à étudier lorigine de plaintes jusqualors jugées sans rapport avec la pollution de lair ambiant.
Il na pas été nécessaire de chercher bien longtemps pour trouver les motifs de ces plaintes: les bâtiments sont construits pour être de plus en plus hermétiques, les volumes dair traités par ventilation sont moindres, les quantités de matériaux disolation thermique augmentent, lutilisation de produits chimiques et de matériaux synthétiques très divers se multiplie et la régulation individuelle du milieu ambiant, local par local, est progressivement abandonnée. Tous ces éléments aboutissent à des environnements intérieurs de plus en plus contaminés.
Les occupants des bâtiments à environnement dégradé réagissent, dans la plupart des cas, en se plaignant de tel ou tel aspect du milieu ambiant. Certains dentre eux présentent en outre des symptômes cliniques: irritations des muqueuses (yeux, nez, gorge), maux de tête, essoufflement, fréquence accrue des rhumes et des allergies, etc.
Toutefois, lorsquil sagit de définir les facteurs possibles de déclenchement de ces plaintes, la tâche, en apparence simple, devient beaucoup plus complexe. En effet, pour établir une relation de cause à effet, il faut étudier tous les facteurs, environnementaux ou autres, pouvant influer sur les doléances exprimées ou sur les problèmes de santé qui se manifestent.
La conclusion, après des années détudes, est que les problèmes rencontrés ont de multiples origines. En fait, on na réussi que très rarement à établir des relations claires de cause à effet, comme dans les cas de la maladie des légionnaires ou des cas dirritation ou dhypersensibilité dus à lexposition au formaldéhyde.
Le phénomène, que lon désigne sous le nom de syndrome des bâtiments malsains ou syndrome des édifices hermétiques , est défini par les symptômes que présentent les occupants dun bâtiment où les doléances dues à des malaises non spécifiques sont plus fréquentes que ce que lon peut normalement attendre.
Le tableau 45.1 donne quelques exemples de polluants courants ainsi que les sources démission les plus communes que lon peut associer à une baisse de la qualité de lair intérieur.
Sources d’émission |
Polluants |
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Sites extérieurs |
Sources fixes |
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Sites industriels, production d’énergie |
Dioxyde de soufre, oxydes d’azote, ozone, poussières, monoxyde de carbone, composés organiques |
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Véhicules automobiles |
Monoxyde de carbone, plomb, oxydes d’azote |
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Sol |
Radon, micro-organismes |
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Sites intérieurs |
Matériaux de construction |
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Pierre, béton |
Radon |
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Matériaux composites à base de bois, placages |
Formaldéhyde, composés organiques |
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Matériaux d’isolation |
Formaldéhyde, fibre de verre |
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Matériaux ignifuges |
Amiante |
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Peintures |
Composés organiques, plomb |
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Matériels et installations |
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Systèmes de chauffage, cuisines |
Monoxyde et dioxyde de carbone, oxydes d’azote, composés organiques, poussières |
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Photocopieuses |
Ozone |
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Systèmes de ventilation |
Fibres, micro-organismes |
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Occupants |
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Activité métabolique |
Dioxyde de carbone, vapeur d’eau, odeurs |
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Activité biologique |
Micro-organismes |
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Activités humaines |
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Tabagisme |
Monoxyde de carbone, autres composés, poussières |
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Assainisseurs d’air |
Fluorocarbures, odeurs |
|
Nettoyage |
Composés organiques, odeurs |
|
Activités de loisirs ou artistiques |
Composés organiques, odeurs |
A part la qualité de lair intérieur, qui dépend de la présence de polluants chimiques et biologiques, le syndrome des bâtiments malsains est attribué à bien dautres facteurs. Certains sont physiques (chaleur, bruit, éclairage), tandis que dautres sont dordre psychosocial (organisation du travail, relations professionnelles, rythme et charge de travail).
La qualité de lair intérieur joue cependant un rôle très important dans le syndrome des bâtiments malsains et sa maîtrise pourra donc aider, la plupart du temps, à éliminer ou à atténuer les conditions qui favorisent son apparition. Il ne faut pas, pour autant, perdre de vue que la qualité de lair nest pas le seul facteur à considérer dans lévaluation des environnements intérieurs.
Lexpérience montre que les difficultés rencontrées dans les environnements intérieurs résultent dans la plupart des cas de décisions prises au moment de la conception et de la construction du bâtiment. Certes, ces difficultés peuvent être réglées ultérieurement par des mesures correctives, mais il est plus efficace et moins onéreux de chercher à les prévenir et à les corriger durant la phase de conception.
La grande diversité des sources possibles de pollution explique la multiplicité des mesures correctives que lon pourra prendre. Des professionnels de différentes disciplines participent à la conception dun bâtiment: architectes, ingénieurs, architectes dintérieur, etc. Il est donc essentiel à ce stade de prendre en compte les différents facteurs susceptibles déliminer ou datténuer les problèmes pouvant découler dune mauvaise qualité de lair. Les facteurs à considérer sont:
Lair dun site peut être pollué par des sources proches ou éloignées. La pollution de lair est due en très grande partie aux gaz organiques et inorganiques produits par la combustion (véhicules, usines ou centrales électriques se trouvant à proximité) et aux particules en suspension dans lair provenant de diverses origines.
La pollution émanant du sol est attribuable essentiellement aux composés gazeux que dégagent les matières organiques enfouies et au radon. Ces contaminants peuvent pénétrer dans le bâtiment par des fissures des matériaux de construction au contact du sol ou par migration à travers des matériaux semi-perméables.
Lors de la phase détude, les différents sites possibles devraient être évalués. La localisation la plus appropriée sera choisie en tenant compte des données ci-après:
Il sera nécessaire, par ailleurs, de maîtriser les sources locales de pollution au moyen de diverses techniques telles que le drainage, lassainissement, la dépressurisation du sol ou lemploi de déflecteurs.
Lintégrité des ouvrages est, depuis des siècles, un impératif fondamental de la planification et de létude des bâtiments. Aujourdhui comme par le passé, on doit se préoccuper de la résistance des matériaux aux dégradations produites par lhumidité, les variations de température, les mouvements de lair, les rayonnements, les agents chimiques et biologiques et les catastrophes naturelles.
Lexamen de ces facteurs, certes essentiels à la réalisation de tout projet architectural, déborde le cadre du présent article. Toutefois, il faut aussi tenir compte de la santé et du bien-être des occupants. Des décisions doivent être prises, en cours détude, au sujet de la conception des espaces intérieurs, du choix des matériaux, de la localisation déventuelles activités génératrices de pollution, des ouvertures du bâtiment vers lextérieur, des fenêtres et du système de ventilation.
Il importe, durant la phase détude, de bien localiser et orienter les ouvertures de façon à minimiser la quantité de polluants pouvant pénétrer dans le bâtiment à partir des sources préalablement détectées. Les considérations ci-après sont importantes:
On a assisté, ces dernières années, à un renversement de la tendance qui régnait dans les années soixante-dix et quatre-vingt: de plus en plus, les nouveaux projets architecturaux comportent maintenant des fenêtres ouvrantes, ce qui assure plusieurs avantages. Tout dabord, il devient possible dintroduire de lair frais supplémentaire dans les zones (peu nombreuses, il faut lespérer) qui en ont besoin, pourvu que le système de ventilation soit doté dans ces zones de capteurs permettant déviter une dégradation de la qualité de lair ambiant. Rappelons que la possibilité douvrir une fenêtre ne garantit pas toujours que de lair frais sera admis à lintérieur du local; en effet, si le système de ventilation est pressurisé, louverture dune fenêtre ne permettra pas lentrée dair extérieur. Dautres avantages sont dordre purement psychosocial, comme la possibilité pour les occupants dagir dans une certaine mesure sur leur environnement et davoir un accès direct sur lextérieur.
Le principal moyen daction est de réduire lhumidité dans les fondations du bâtiment où des micro-organismes, notamment des champignons, peuvent souvent se développer et se propager.
La déshumidification de la zone et la pressurisation du sol peuvent empêcher lapparition dagents biologiques et prévenir la pénétration des polluants chimiques présents dans le sol.
Létanchéification et le contrôle des parties fermées du bâtiment qui sont les plus exposées à lhumidité de lair sont dautres mesures à envisager, étant donné que lhumidité peut endommager les matériaux de parement de limmeuble, ceux-ci devenant à leur tour une source de contamination microbiologique.
Il est important de savoir, au stade de la planification, à quel usage et à quelles activités le bâtiment est destiné. Le plus important est de se renseigner sur les activités susceptibles de générer des contaminations, cette connaissance pouvant être mise à profit pour limiter et neutraliser les sources potentielles de pollution. Citons, comme exemples de telles activités, la préparation daliments, limpression et les arts graphiques, lusage du tabac et lexploitation déquipements de reprographie.
Il conviendra de localiser ces activités dans des zones particulières, isolées et à lécart des autres opérations, afin de minimiser leurs effets sur les occupants.
Il est recommandé, pour ces activités, de prévoir un système dextraction localisé ou de doter le système de ventilation générale de caractéristiques particulières. La première option consiste à capter les contaminants à la source. La seconde, applicable lorsque les sources sont multiples, quelles sont dispersées dans un espace donné ou que lagent polluant est extrêmement dangereux, devrait répondre aux exigences suivantes: le système devrait fournir des volumes dair frais en quantités conformes aux normes définies pour lactivité en question, il ne devrait pas recycler lair en le mélangeant au flux général de ventilation du bâtiment et il devrait comporter une extraction forcée supplémentaire aux endroits nécessaires. Dans ces cas, il convient détudier soigneusement le réseau dextraction de façon à éviter le transfert de polluants vers des locaux contigus grâce, par exemple, à la création de zones de surpression.
Il est parfois possible déliminer les polluants ou den réduire la concentration dans lair par filtration ou par épuration chimique. Si lon opte pour ces méthodes, il ne faut pas perdre de vue les caractéristiques physiques et chimiques des polluants. Ainsi, les systèmes de filtration permettent de dépoussiérer lair (pourvu que le filtre soit adapté à la taille des particules à retenir), mais ils narrêtent pas les gaz et les vapeurs.
Lélimination de la source polluante est le meilleur moyen de lutter contre la pollution dans les espaces intérieurs. Les restrictions et interdictions sappliquant à lusage du tabac dans les lieux de travail en sont un bon exemple. En effet, dans les bâtiments où il est permis de fumer, on ne peut en général le faire que dans des zones réservées à cet usage, équipées de systèmes de ventilation spéciaux.
Pour éviter au départ les problèmes de pollution dans un bâtiment, il convient de choisir soigneusement les matériaux de construction et de décoration et les mobiliers en fonction des activités professionnelles qui y seront exercées ainsi que des méthodes envisagées pour nettoyer, désinfecter et déparasiter les locaux. Il sera également possible de réduire, par exemple, les niveaux de composés organiques volatils en sélectionnant dans un premier tri les matériaux et mobiliers dont les taux démission de ces composés sont connus, et en retenant ensuite ceux dont les taux sont les plus faibles.
Aujourdhui, bien que divers organismes et laboratoires aient procédé à des études sur les émissions de ce type, les renseignements sur les taux démission des matériaux de construction sont rares. Il ne faut pas oublier non plus que le nombre de ces matériaux augmente rapidement et que beaucoup ont des caractéristiques variables dans le temps.
Malgré cette difficulté, certains fournisseurs ont commencé à étudier leurs produits et à inclure, généralement à la demande de lutilisateur ou du professionnel de la construction, des informations sur les recherches effectuées. De plus, les produits portent de plus en plus des désignations telles que sans danger pour lenvironnement ou non toxique .
Il reste cependant de nombreux écueils à cet égard, liés notamment au coût et à la durée des analyses nécessaires ainsi quà labsence de normes quant aux méthodes dessai des échantillons. Il faut ajouter à cela la difficulté dinterpréter les résultats obtenus du fait que les effets sur la santé de certains contaminants sont mal connus et les désaccords entre chercheurs sur le choix à faire lorsquon se trouve en face de matériaux dont les émissions sont fortes, mais de courte durée et, en même temps, de matériaux qui ont de faibles niveaux démission, mais pendant une longue période.
On peut sattendre, toutefois, dans les années à venir, à une intensification de la concurrence sur le marché des matériaux de construction et de décoration ainsi quà des interventions législatives plus strictes. Ces facteurs entraîneront la disparition de certains matériaux ou leur remplacement par des produits à plus faible taux démission. Des tendances de ce genre se manifestent déjà dans le cas des adhésifs entrant dans la fabrication des moquettes de tapisserie et dans celui des peintures, qui sont maintenant exemptes de composés dangereux comme le mercure et le pentachlorophénol.
Jusquà ce que lon en sache davantage et que la législation dans ce domaine produise ses effets, les décisions quant au choix des matériaux et des produits à employer dans les constructions nouvelles seront laissées aux professionnels. Voici quelques considérations qui pourront les guider dans leurs choix:
La ventilation est lun des moyens de régulation les plus efficaces pour agir sur la qualité de lair dans les espaces clos. On dénombre tellement de sources de pollution dans ces espaces et les caractéristiques des polluants présents sont tellement diverses quil est pratiquement impossible de gérer tous ces paramètres dans la phase de conception du bâtiment. La pollution engendrée par les occupants eux-mêmes (du fait de leurs activités et des produits quils utilisent pour leur hygiène personnelle) en est un bon exemple. En règle générale, ces sources de pollution échappent à la volonté du concepteur.
La ventilation constitue donc la méthode normalement utilisée pour diluer et éliminer les contaminants des locaux pollués. Elle peut se faire avec de lair extérieur propre ou avec de lair recyclé convenablement épuré.
De nombreux facteurs interviennent dans la conception dun système de ventilation pouvant agir efficacement contre la pollution. Citons notamment la qualité de lair extérieur devant être utilisé, les exigences spéciales quimposent certains polluants ou leurs sources démission, lentretien préventif du système de ventilation (qui doit lui-même être considéré comme une source possible de contamination) et la distribution de lair à lintérieur du bâtiment.
Le tableau 45.2 résume les principaux points à considérer dans la conception dun système de ventilation pouvant assurer une ambiance intérieure de qualité.
Composante ou fonction |
Caractéristiques et mesures à prendre |
Dilution par l’air extérieur |
Assurer un volume d’air minimal par occupant et par heure. |
Assurer un nombre minimal de renouvellements de l’air intérieur par heure. |
|
Accroître l’apport d’air extérieur en fonction de l’intensité des sources de pollution. |
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Assurer l’extraction directe vers l’extérieur de l’air des locaux où ont lieu des activités génératrices de pollution. |
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Emplacement des prises d’air |
Eviter de placer les prises d’air à proximité des émanations de sources de pollution connues. |
Eviter les zones proches d’eaux stagnantes ou d’aérosols émis par des tours de refroidissement. |
|
Protéger les prises d’air contre la pénétration d’animaux et empêcher les oiseaux de se percher ou de faire leur nid à proximité. |
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Emplacement des bouches d’extraction d’air |
Placer les bouches d’extraction des prises d’air le plus loin et le plus haut possible. |
Les orienter en sens contraire des prises d’air. |
|
Filtration et épuration |
Prévoir une filtration mécanique et électrique des poussières. |
Prévoir l’élimination chimique des polluants. |
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Prévention de la contamination microbiologique |
Eviter de placer des matériaux poreux en contact direct avec des courants d’air, notamment dans les canalisations de distribution. |
Eviter que la condensation ne forme des flaques d’eau stagnante dans les climatiseurs. |
|
Etablir un programme d’entretien préventif et prévoir le nettoyage périodique des humidificateurs et des tours de refroidissement. |
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Distribution de l’air |
Prévenir la formation de zones mortes (non balayées par la ventilation) et la stratification de l’air. |
Mélanger, de préférence, l’air là où il est respiré par les occupants. |
|
Maintenir dans chaque local une pression adaptée aux activités qui s’y déroulent. |
|
Réguler les systèmes de ventilation et d’extraction de façon à maintenir l’équilibre entre les deux. |
Dans un système typique de ventilation et de climatisation, lair prélevé à lextérieur et mélangé dans une certaine proportion à lair recyclé subit plusieurs phases de conditionnement: il est généralement filtré, puis chauffé ou refroidi suivant la saison, et enfin humidifié ou déshumidifié selon les besoins.
Une fois traité, lair est amené par des conduits dans toutes les parties du bâtiment et distribué par des grilles de diffusion. Il se mélange à lair présent dans les locaux, échangeant de la chaleur et renouvelant latmosphère intérieure avant dêtre aspiré, dans chaque local, par les conduits de retour ou dextractions.
La quantité dair extérieur à utiliser pour diluer et éliminer les polluants fait encore lobjet de nombreuses études et controverses. Ces dernières années, les recommandations concernant lapport dair extérieur et les normes de ventilation publiées ont évolué, le plus souvent dans le sens dune augmentation des volumes dair extérieur introduits. On a constaté cependant que ces mesures ne suffisent pas pour contrôler efficacement toutes les sources de pollution. La raison en est que les normes définies se fondent sur une occupation donnée des locaux et négligent dautres sources importantes de pollution, telles que les matériaux de construction, les mobiliers et la qualité de lair prélevé à lextérieur.
En conséquence, létude de la ventilation devrait se baser sur trois considérations fondamentales: la qualité de lair que lon veut obtenir, la qualité de lair extérieur et la charge totale de pollution dans le local à ventiler. Cest le point de départ des travaux menés par le professeur P.O. Fanger et son équipe (Fanger, 1988, 1989) en vue détablir de nouvelles normes de ventilation répondant aux exigences de qualité de lair et assurant un niveau de confort jugé acceptable par les occupants.
Lun des facteurs qui déterminent la qualité de lair intérieur est la qualité de lair extérieur. Par leur nature, les sources extérieures de pollution (circulation automobile, activités industrielles ou agricoles, etc.) sont indépendantes de la volonté des concepteurs, des propriétaires et des occupants du bâtiment. Cest là que les autorités responsables de la protection de lenvironnement doivent intervenir pour définir des règles et veiller à leur application. Il existe cependant de nombreux moyens daction pouvant contribuer à éliminer ou à réduire la pollution atmosphérique.
Comme nous lavons déjà mentionné, il importe détudier soigneusement la localisation et lorientation des prises dair et des bouches dextraction, afin déviter la réintroduction de la pollution provenant du bâtiment lui-même et de ses installations (tours de refroidissement, bouches dextraction des cuisines et des toilettes, etc.), ou encore des constructions situées dans son voisinage immédiat.
Si lon constate que lair extérieur ou lair recyclé est pollué, les mesures préconisées sont le filtrage et lépuration. La méthode la plus efficace délimination des poussières est lemploi de filtres électrostatiques et mécaniques; ceux-ci seront dautant plus efficaces quils seront bien adaptés à la taille des particules à éliminer.
Lemploi de systèmes délimination des gaz et des vapeurs par absorption ou adsorption chimique est rare hors des établissements industriels. Toutefois, il est courant de recourir dans les bâtiments ordinaires à des systèmes qui masquent le problème, en particulier celui des odeurs, au moyen de désodorisants.
Lionisation et lozonisation sont dautres techniques possibles dépuration et damélioration de la qualité de lair, auxquelles il ne faudrait cependant faire appel quavec la plus grande prudence, tant quon ne connaîtra pas mieux leurs propriétés réelles et leurs éventuels effets négatifs sur la santé.
Une fois que lair a été traité et refroidi ou chauffé, il est introduit dans les espaces intérieurs. La qualité de la distribution dépendra en grande partie du modèle, du nombre et de lemplacement des grilles de diffusion.
Compte tenu des divergences dopinion qui subsistent quant à lefficacité des différentes méthodes de mélange de lair, il sest trouvé des concepteurs pour installer dans certains cas des systèmes de distribution dair dont les grilles de diffusion sont logées dans le plancher ou les murs au lieu du plafond. De toute façon, lemplacement des registres de retour dair devrait être étudié avec soin afin déviter de reprendre de lair frais plutôt que de lair usé et dassurer un mélange complet de lair (figure 45.3).
La distribution de lair peut poser des problèmes très différents, selon le cloisonnement et lagencement des espaces de travail. Par exemple, dans les locaux paysagers où les grilles de diffusion sont au plafond, le mélange de lair peut être incomplet. Le problème tend à se compliquer quand le système de ventilation utilisé est dun type à débit variable. Dans ce cas, les conduits de distribution sont dotés à leurs extrémités de dispositifs pouvant modifier le débit de lair en fonction des informations fournies par les thermostats de zone.
Des difficultés peuvent également surgir quand lair circule à faible débit à travers un certain nombre de ces dispositifs: dès que le local a atteint la température de consigne du thermostat, la puissance du ventilateur qui souffle lair est automatiquement réduite. Le débit total de lair dans les conduits peut alors diminuer suffisamment pour que lintroduction dair frais extérieur soit totalement interrompue. On peut éviter cette situation et maintenir en permanence un débit minimal dair frais en plaçant des détecteurs qui commandent le volume introduit au niveau des prises dair.
Le cloisonnement total ou partiel des locaux occasionne souvent des blocages du flux dair. Il existe différents moyens de corriger cette situation. Le premier consiste à séparer les cellules individuelles par des panneaux comportant une ouverture à leur partie inférieure. On peut également installer des souffleries supplémentaires et poser des grilles de diffusion au niveau du plancher. Lutilisation de ventilo-convecteurs dappoint favorise le mélange de lair et permet un contrôle individualisé de la température dun local donné. Sans sous-estimer limportance de la qualité de lair en soi et des moyens de la maîtriser, rappelons quun environnement intérieur confortable est en dernière analyse obtenu par un bon équilibre entre les différents éléments qui le déterminent. Toute action, positive ou négative, qui modifie un élément sans tenir compte des autres peut compromettre leur équilibre et susciter de nouvelles plaintes des occupants. Les tableaux 45.3 et 45.4 montrent comment certaines mesures visant à améliorer la qualité de lair intérieur peuvent avoir des répercussions négatives sur dautres éléments et de quelle façon la modification de lenvironnement de travail peut influer sur la qualité de lair intérieur.
Mesures |
Effets |
Ambiance thermique |
|
Augmentation du volume d’air frais |
Augmentation des courants d’air |
Réduction de l’humidité relative pour prévenir la pollution microbiologique |
Air trop sec |
Ambiance acoustique |
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Apport intermittent d’air extérieur pour économiser l’énergie |
Exposition intermittente au bruit |
Ambiance visuelle |
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Réduction de l’éclairage fluorescent afin d’abaisser la contamination photochimique |
Eclairage insuffisant |
Ambiance psychosociale |
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Locaux paysagers |
Manque d’intimité, absence d’un espace de travail personnel |
Mesures |
Effets |
Ambiance thermique |
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Détermination de l’apport d’air extérieur en fonction de considérations thermiques |
Volumes insuffisants d’air frais |
Utilisation d’humidificateurs |
Risques microbiologiques |
Ambiance acoustique |
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Emploi accru de matériaux insonorisants |
Risque de dégagement de polluants |
Ambiance visuelle |
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Eclairage strictement artificiel |
Insatisfaction des occupants, dépérissement des plantes, développement d’agents microbiologiques |
Ambiance psychosociale |
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Emploi de matériels tels que photocopieuses et imprimantes dans les locaux de travail |
Augmentation du niveau de pollution |
Au stade de la conception, la qualité de lenvironnement global dun bâtiment dépend, dans une large mesure, de la manière de gérer ce problème, mais beaucoup aussi dune attitude positive envers les occupants. Ceux-ci sont les meilleurs «détecteurs» dont les exploitants puissent se servir pour juger le fonctionnement des installations destinées à assurer la qualité de lenvironnement intérieur.
Les systèmes complètement automatisés, qui régissent toutes les conditions de lambiance intérieure éclairage, température, ventilation, etc. en fonction de critères strictement objectifs tendent à avoir un effet négatif sur le bien-être psychologique et sociologique des occupants, qui ont alors limpression dêtre plus ou moins privés de la possibilité dagir pour créer des conditions dambiance répondant à leurs besoins. En outre, il est parfois impossible dadapter les systèmes de ce type aux exigences environnementales nouvelles résultant dun changement des activités exercées dans un local donné, du nombre de personnes qui y travaillent ou de laménagement des locaux.
La solution pourrait consister à installer un système de gestion centralisé doté de commandes locales que les occupants puissent régler. Ce concept, très souvent appliqué en matière denvironnement visuel (éclairage général complété par des éclairages localisés), devrait être étendu à dautres domaines, par exemple, à la gestion à la fois centrale et locale du chauffage et de la climatisation, de lapport dair frais, etc.
Bref, on peut dire, dans chaque cas, quil faudrait quune partie des conditions dambiance soit optimisée au moyen dune gestion centralisée fondée sur des considérations de sécurité, de santé et déconomie, et que le réglage des conditions locales soit laissé aux utilisateurs des locaux, qui peuvent avoir des réactions et des besoins différents face à des conditions données. Des compromis de ce genre auraient sans nul doute des effets bénéfiques sur la satisfaction, le bien-être et la productivité des occupants.
La qualité de lair à lintérieur dun bâtiment dépend dune série de facteurs et, notamment, de la qualité de lair extérieur, de la conception du système de ventilation et de climatisation, des conditions de fonctionnement et de maintenance de ce système et des sources intérieures de contamination. Dune manière générale, la concentration dun contaminant dans un espace intérieur est déterminée par la différence entre ses taux de production et délimination.
En ce qui concerne la production de polluants, les sources peuvent être, comme on la vu, externes ou internes. Les sources externes comprennent la pollution atmosphérique due aux processus de combustion industriels, à la circulation automobile, aux centrales électriques, etc., ainsi que les sources de pollution proches des prises dair (tours de refroidissement ou air rejeté par les systèmes dextraction dautres bâtiments) et les émanations des sols contaminés (radon, fuites de réservoirs de carburant, pesticides).
Parmi les sources de pollution interne, il convient de citer les systèmes mêmes de ventilation et de climatisation du bâtiment (principalement la contamination microbiologique de toute partie de ces systèmes), les matériaux utilisés pour la construction et la décoration du bâtiment et les occupants. Plus précisément, les sources de contamination intérieure peuvent comprendre la fumée de tabac, les laboratoires de photographie et autres, les photocopieuses, les presses dimprimerie, les gymnases, les salons de beauté, les cuisines et cafétérias, les locaux sanitaires, les garages et les chaufferies. Les locaux abritant ces sources devraient être équipés dun système de ventilation générale, mais lair qui en est extrait ne devrait pas être recyclé dans le bâtiment. Si la situation lexige, ils devraient également être dotés dun système de ventilation localisée fonctionnant par extraction.
Lévaluation de la qualité de lair intérieur comprend notamment le mesurage et lexamen des contaminants pouvant être présents dans le bâtiment. Plusieurs indicateurs permettent destimer cette qualité, par exemple la concentration en monoxyde et en dioxyde de carbone, les concentrations totales en composés organiques volatils et en particules en suspension, ainsi que le taux de renouvellement de lair. Différents critères ou valeurs cibles ont été définis pour lévaluation de certaines des substances présentes dans les espaces intérieurs. On peut les trouver dans diverses normes et recommandations, telles que les principes directeurs pour la qualité de lair intérieur publiés par lOrganisation mondiale de la santé (OMS) et les normes de la Société américaine des ingénieurs en chauffage, réfrigération et climatisation (American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers (ASHRAE)).
Toutefois, comme beaucoup dautres substances nont encore fait lobjet daucune norme, il est recommandé pour linstant dappliquer les valeurs et critères établis pour les environnements industriels par la Conférence américaine des hygiénistes gouvernementaux du travail (American Conference of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH) (ACGIH, 1992), après application de marges de sécurité ou de facteurs de correction de lordre dun demi, dun dixième ou dun centième des valeurs prescrites, selon les cas.
Les moyens de régulation de la qualité de lair intérieur peuvent se subdiviser en deux grands groupes: les mesures de contrôle des sources de pollution et les mesures de contrôle de lambiance par ventilation et par épuration de lair.
Différents moyens peuvent servir à maîtriser les sources de pollution. Les principaux sont les suivants:
Lenvironnement intérieur des bâtiments non industriels comporte en général de nombreuses sources de pollution qui sont souvent très dispersées. Le système auquel on recourt le plus couramment pour empêcher la pollution intérieure ou la prévenir est donc la ventilation, générale ou par dilution. La ventilation consiste à déplacer et à diriger lair de manière à capter les polluants à la source, à les contenir et à les déplacer dans un réseau de canalisations. De plus, la ventilation générale permet de réguler les caractéristiques thermiques de lambiance intérieure par conditionnement et recirculation de lair (voir larticle «Les objectifs et les principes de la ventilation générale et de la ventilation par dilution», plus loin dans le présent chapitre).
Pour diluer la pollution intérieure, une augmentation du débit dair extérieur nest conseillée que si le système de ventilation a une capacité suffisante. Si ce nest pas le cas, elle pourrait provoquer une chute de pression dans dautres parties du système ou empêcher un conditionnement satisfaisant de lair intérieur. Pour assurer un maximum defficacité, les mesures suivantes sont recommandées: installer des extracteurs localisés à proximité des sources de pollution; éviter de recycler lair chargé de polluants; placer les occupants près des diffuseurs dair et placer les sources polluantes près des bouches dextraction; expulser les polluants par le plus court chemin possible; maintenir les espaces contenant des sources localisées de pollution à une pression inférieure à la pression atmosphérique extérieure.
Ces nombreux problèmes liés à la ventilation semblent être dus à un volume insuffisant dair extérieur. Toutefois, une mauvaise distribution de lair peut également influer sur la qualité de lambiance intérieure. Ainsi, dans les locaux très hauts de plafond où lair chaud (moins dense) arrive par le haut, il se produit une stratification thermique qui peut empêcher la ventilation de diluer la pollution présente. La localisation des grilles de diffusion et dextraction par rapport aux occupants et aux sources de contamination appelle donc une attention particulière lors de la conception du système de ventilation.
Les systèmes dépuration de lair devraient être conçus strictement pour des types bien précis de polluants. Une fois le système installé, un entretien régulier empêchera quil ne devienne lui-même source de contamination. Six méthodes utilisées pour éliminer les polluants sont exposées ci-après.
La filtration permet de retenir les liquides et les solides en suspension, mais non les gaz et les vapeurs présents dans lair. Les filtres piègent les particules par obstruction, impact, interception, diffusion ou attraction électrostatique. La filtration est indispensable dans un système de climatisation intérieure pour plusieurs raisons: empêcher laccumulation dimpuretés pouvant réduire lefficacité du chauffage ou du refroidissement; prévenir la corrosion du système par certaines particules (acide sulfurique, chlorures); éviter les déséquilibres de pression provoqués par les dépôts de poussières sur les pales des ventilateurs; prévenir la transmission de fausses informations aux dispositifs de commande automatique du système par suite de lencrassement des capteurs.
Les systèmes de filtration intérieurs devraient de préférence comprendre au moins deux filtres disposés en série. Le premier, appelé préfiltre, est censé retenir uniquement les particules de plus gros calibre. Il est en général remplacé fréquemment afin de prolonger la durée utile du filtre secondaire. Plus efficace que le premier, celui-ci peut capter les spores fongiques, les fibres synthétiques et, dune façon générale, des poussières plus fines que celles que retient le préfiltre. Les filtres utilisés devraient être suffisamment fins pour capter les particules irritantes ou toxiques.
Les filtres sont choisis daprès leur rendement, leur capacité daccumulation de poussières, la chute de pression (perte de charge) quils provoquent et le degré de pureté de lair recherché. Le rendement dun filtre se mesure selon les normes ASHRAE 52-76 et Eurovent 4/5 (ASHRAE, 1992; CEN, 1979). Le pouvoir de rétention exprime la masse de poussières retenue par volume dair filtré; il est utilisé pour caractériser les filtres qui narrêtent que les grosses particules (filtres dits à faible et moyen rendement). Le pouvoir de rétention se mesure en faisant passer à travers le filtre un aérosol de poussière synthétique dont la concentration et la granulométrie sont connues. La partie retenue est mesurée par gravimétrie.
Lefficacité dun filtre sexprime par le nombre de particules retenues par unité de volume dair filtré. Cest le paramètre employé pour caractériser les filtres qui arrêtent les particules fines. Pour calculer lefficacité, on fait passer à travers le filtre un aérosol de particules dun diamètre moyen compris entre 0,5 et 1 µm. On se sert ensuite dun opacimètre pour déterminer, daprès lopacité causée par le sédiment, la quantité de particules captées.
Les filtres dits «à haute efficacité pour les particules dair», ou filtres HEPA, sont caractérisés par lindice DOP, déterminé au moyen dun aérosol obtenu par vaporisation et condensation de dioctylphtalate (DOP), opération qui donne des particules de 0,3 µm de diamètre. Cette méthode se fonde sur la diffusion de la lumière par les gouttelettes de dioctylphtalate: lintensité de la lumière diffusée captée en aval du filtre est proportionnelle à la concentration superficielle du dioctylphtalate. Lefficacité du filtre se mesure par lintensité relative de la lumière diffusée avant et après filtration de laérosol. Pour quun filtre puisse avoir la désignation HEPA, son efficacité doit être supérieure à 95 ou à 99,97%, respectivement.
Bien quil y ait une relation directe entre les trois méthodes de mesure du rendement dun filtre, les résultats quelles donnent ne sont pas directement comparables. Par ailleurs, lefficacité dun filtre diminue avec lencrassement, et lappareil peut devenir lui-même une source dodeurs et de contamination. La durée utile dun filtre haute efficacité peut être considérablement prolongée en installant un ou plusieurs filtres de moindre efficacité en amont. Le tableau 45.5 indique lefficacité initiale, finale et médiane de différents filtres suivant les critères définis par la norme ASHRAE 52-76 pour des particules de 0,3 µm de diamètre.
Type de filtre |
Test d’efficacité |
Efficacité (%) |
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Test optique («dust spot») (%) |
Test pondéral («arrestance») (%) |
Initiale |
Finale |
Médiane |
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Efficacité moyenne |
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Efficacité moyenne |
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Haute efficacité |
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Haute efficacité |
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Haute efficacité |
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HEPA 95% |
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95 |
99,5 |
99,1 |
HEPA 99,97% |
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Cette méthode permet également de retenir les matières particulaires. Dans un filtre électrostatique, les particules contenues dans le flux dair sont ionisées, puis captées par une électrode collectrice. Lionisation se produit quand leffluent contaminé traverse le champ électrique engendré par la haute tension appliquée entre une électrode collectrice et une électrode de décharge. Lélectrode collectrice présente une grande surface qui porte habituellement une charge positive, lélectrode de décharge portant une charge négative.
Les principaux facteurs influant sur lionisation des particules sont létat et le débit de leffluent, ainsi que les caractéristiques des particules (taille, concentration, résistance, etc.). Lefficacité de captage augmente avec lhumidité, la taille et la densité des particules et diminue lorsque la viscosité de leffluent augmente.
Les filtres électrostatiques sont très efficaces pour arrêter les particules solides et liquides, même lorsque leur calibre est très fin. Ils sont en outre utilisables en présence de débits élevés et de hautes températures. La perte de charge quils occasionnent est minime. Ils présentent certains inconvénients: leur coût, leur encombrement et les risques associés aux très hautes tensions de fonctionnement, en particulier dans les applications industrielles.
Ces filtres sont utilisés tant en milieu industriel, pour réduire les émissions de particules, quen milieu résidentiel, pour améliorer la qualité de lair intérieur. Il sagit dans ce cas de petits appareils fonctionnant à des tensions de 10 000 à 15 000 volts. Ils sont équipés dordinaire dun système de régulation automatique assurant en permanence le maintien dune tension suffisante pour produire lionisation, mais pas assez élevée pour provoquer une décharge entre les deux électrodes.
Cette méthode permet également déliminer les particules en suspension dans lair. Certains auteurs la préconisent pour créer des environnements plus sains. Toutefois, son efficacité est encore à létude, de même que ses effets sur la santé et le confort.
Cette méthode permet de capter les polluants gazeux ou à létat de vapeur tels que le formaldéhyde, le dioxyde de soufre, lozone, les oxydes dazote et les vapeurs organiques. Ladsorption est un phénomène physique dans lequel des molécules de gaz sont piégées par un adsorbant, cest-à-dire un solide poreux présentant une très grande surface spécifique. Pour débarrasser lair de ses contaminants gazeux, on le fait passer dans une cartouche remplie dadsorbant, le plus souvent du charbon actif, qui retient toute une série de gaz inorganiques et de composés organiques, tels que les hydrocarbures aliphatiques, chlorés et aromatiques, les cétones, les alcools et les esters.
Le gel de silice, autre adsorbant inorganique, sert à retenir les composés polaires tels que les amines et leau. Il existe aussi des adsorbants organiques formés de polymères poreux. Précisons que les adsorbants ne peuvent retenir quune fraction des polluants qui les traversent et quune fois saturés ils doivent être régénérés ou remplacés. On se sert également dadsorbants solides formés dun mélange dalumine et de charbon activés imprégnés de réactifs spécifiques. Certains oxydes métalliques, par exemple, retiennent les vapeurs de mercure, le sulfure dhydrogène et léthylène. Il faut rappeler que le dioxyde de carbone nest pas retenu par adsorption.
Lélimination des gaz et des vapeurs par absorption fait appel à une réaction chimique entre les molécules polluantes et la solution absorbante quelles traversent. Cest un processus sélectif qui utilise des réactifs très spécifiques choisis en fonction des polluants à capturer.
Le réactif est généralement dissous dans de leau et doit être, comme dans le cas des adsorbants, remplacé ou régénéré avant son épuisement. Etant donné que labsorption est fondée sur le passage du polluant dune phase gazeuse à une phase liquide, les propriétés physiques et chimiques du réactif, notamment sa solubilité et sa réactivité, revêtent une grande importance. Dautres aspects ont également des effets sensibles sur le changement de phase: le pH, la température et la surface de contact entre gaz et liquide. Lorsque le polluant est très soluble, il suffit de le faire barboter dans la solution pour le fixer. Sil ne lest pas, on se sert de systèmes présentant une grande surface de contact entre gaz et liquide. Une liste de quelques réactifs et des contaminants quils peuvent absorber figure dans le tableau 45.6.
Absorbant |
Contaminant |
Diéthylhydroxamine |
Sulfure d’hydrogène |
Permanganate de potassium |
Gaz odorants |
Acide chlorhydrique, acide sulfurique |
Amines |
Sulfure de sodium |
Aldéhydes |
Hydroxyde de sodium |
Formaldéhyde |
Cette méthode damélioration de la qualité de lair intérieur se base sur lutilisation de lozone pour retenir les contaminants en suspension dans lair. Lozone sobtient en soumettant de loxygène à un rayonnement ultraviolet ou à une décharge électrique. En raison de son grand pouvoir oxydant, lozone est indiqué comme agent bactéricide, désodorisant et désinfectant, ainsi que pour la neutralisation des gaz et vapeurs nocifs. Il sert également à assainir des locaux contenant de fortes concentrations de monoxyde de carbone. En milieu industriel, on lutilise pour traiter lair des cuisines, des cafétérias, des usines de conditionnement des aliments et du poisson, des usines de produits chimiques, des installations de traitement deaux usées, des usines de caoutchouc, des installations frigorifiques, etc. Dans les bureaux, il est employé dans les installations de climatisation pour améliorer la qualité de lair intérieur.
Lozone est un gaz bleuâtre dune odeur pénétrante caractéristique à concentration élevée; il est toxique, voire mortel, pour lhumain. Il est produit par laction dun rayonnement ultraviolet ou dune décharge électrique sur loxygène. Il convient de distinguer entre la production délibérée, accidentelle et naturelle dozone. Cest un gaz extrêmement toxique et irritant, même en cas dexposition de courte durée. Compte tenu de son mécanisme daction sur lorganisme, il ny a pas de niveaux connus auxquels il est dépourvu deffet biologique. On trouvera un exposé plus détaillé de ces questions dans le chapitre no 104, «Aide-mémoire des substances chimiques», de la présente Encyclopédie .
Les procédés qui font appel à lozone devraient être confinés dans des espaces fermés ou comporter une aspiration localisée pour capter tout dégagement de gaz à la source. Les bouteilles dozone devraient être stockées dans des endroits réfrigérés, à lécart dagents réducteurs, de matières inflammables ou de produits pouvant catalyser sa décomposition. On peut minimiser les risques de fuite en faisant fonctionner les ozoniseurs sous dépression et en les dotant de dispositifs assurant leur arrêt automatique en cas de dérèglement.
Léquipement électrique des installations utilisant de lozone devrait être parfaitement isolé et entretenu par du personnel expé-rimenté. Les conduits et accessoires devraient comporter des dispositifs arrêtant immédiatement la marche des ozoniseurs en cas de détection dune fuite, dune chute defficacité de la ventilation, de la déshumidification ou de la réfrigération, ou encore lors dune surpression ou dune dépression (suivant le système utilisé) ou lorsque le débit des ozoniseurs est soit excessif, soit insuffisant.
Si des ozoniseurs sont installés, les locaux devraient être équipés de détecteurs spécifiques dozone. On ne peut se fier au sens de lodorat des occupants, que lozone peut saturer. Les fuites dozone peuvent être détectées au moyen de papier réactif à liodure de potassium, qui vire au bleu. Néanmoins, cette méthode nest pas spécifique, car la réaction est positive pour la plupart des oxydants. Il est préférable de disposer dun système continu de détection des fuites par cellules électrochimiques, photométrie en ultraviolet ou chimiluminescence. Le détecteur choisi devrait être relié directement à un système dalarme activé dès quune certaine concentration est atteinte.
On parle de ventilation générale quand le contrôle des polluants générés dans un lieu de travail se fait par ventilation de lensemble du local. Le recours à cette forme de ventilation suppose que lon accepte que les polluants soient répartis dans une certaine mesure dans la totalité du lieu de travail et quils risquent, par conséquent, datteindre des travailleurs qui se trouvent à lécart de la source de contamination. La ventilation générale est donc une stratégie à lopposé de lextraction localisée , qui vise à éliminer les polluants en les interceptant aussi près que possible de leur point démission (voir larticle «Lair intérieur: les méthodes de régulation et dépuration», dans le présent chapitre).
Lun des principaux objectifs de la ventilation générale est déliminer les odeurs corporelles. Il faut à cet effet insuffler au moins 0,45 m3 dair frais par minute et par occupant. Si lusage du tabac est fréquent ou si le travail est physiquement ardu, le débit nécessaire devrait être plus important, pouvant alors dépasser 0,9 m3/min par personne.
Si les seuls problèmes dambiance que la ventilation doit régler sont ceux que lon vient de décrire, il est utile de prendre en compte le fait que tout local a un certain niveau «naturel» de renouvellement de lair en raison des infiltrations qui se produisent à travers les portes et les fenêtres, même fermées, et par dautres voies possibles de pénétration à travers les murs. Les manuels de climatisation donnent en général tous les renseignements nécessaires à ce sujet, mais on peut dire quau minimum la ventilation due à ces apports naturels se situe entre 0,25 et 0,50 renouvellements par heure. En milieu industriel, ce chiffre se situe généralement entre 0,5 et 3 renouvellements par heure.
Sil faut éliminer des polluants chimiques, lemploi de la ventilation générale doit être limité exclusivement aux situations où les quantités de polluants générées sont faibles, où leur toxicité nest pas très élevée et où les travailleurs ne se tiennent pas ordinairement dans le voisinage immédiat des sources de contamination. Si ces restrictions ne sont pas respectées, le niveau de ventilation requis sera difficilement acceptable, dabord parce quil faudra un régime de renouvellement dair tellement élevé que la ventilation créera des courants dair probablement désagréables, ensuite parce que le maintien dun taux de renouvellement élevé peut être coûteux. Il est donc inhabituel quun système de ventilation générale soit recommandé en présence de produits chimiques, si lon excepte le cas des solvants dont la concentration admissible est supérieure à 100 ppm.
En revanche, si le but de la ventilation générale est de maintenir dans un lieu de travail des conditions thermiques conformes aux limites réglementaires ou aux normes techniques dorganismes tels que lOrganisation internationale de normalisation (ISO), la méthode présente moins dinconvénients. La ventilation générale sert donc plus souvent à réguler lambiance thermique quà combattre la pollution chimique, mais il ne faut pas négliger son utilisation comme complément des techniques dextraction localisée.
Les expressions ventilation générale et ventilation par dilution ont longtemps été considérées comme synonymes, mais ce nest plus le cas aujourdhui par suite de la mise au point dune nouvelle stratégie de ventilation générale dite ventilation par déplacement . Bien que la ventilation par dilution et la ventilation par déplacement sinscrivent toutes deux dans la définition de la ventilation générale donnée plus haut, elles diffèrent sensiblement par la stratégie mise en uvre pour maîtriser la contamination.
La ventilation par dilution a pour but de mélanger lair introduit par des moyens mécaniques de la manière la plus complète possible à lair déjà présent dans le local, de façon que la concentration dun polluant donné (ou la température ambiante, si la régulation thermique est le but recherché) soit aussi uniforme que possible dans lensemble du local. Pour réaliser ce mélange uniforme, de lair est injecté par le plafond à une vitesse relativement grande, engendrant une forte circulation. Le résultat est un mélange intime dair frais et dair intérieur.
La ventilation par déplacement, dans sa forme idéale, consiste à injecter de lair frais dans un local de telle façon quil déplace lair intérieur sans se mélanger à lui. Ce type de ventilation est réalisé par injection de lair frais à faible vitesse à proximité du plancher, et par extraction de lair usé au voisinage du plafond. En régulation thermique, cette méthode présente lavantage de tirer parti du mouvement naturel de lair engendré par les variations de densité dues aux différences de température. Bien que la ventilation par déplacement soit déjà largement utilisée en milieu industriel, les travaux scientifiques publiés sur le sujet sont encore peu nombreux et il est difficile, pour linstant, den évaluer lefficacité.
La conception dun système de ventilation par dilution est basée sur lhypothèse que la concentration du polluant est la même dans tout lespace considéré. On peut lassimiler à ce que lon appelle souvent en chimie le modèle de la «cuve à agitateur».
En supposant que lair frais insufflé dans le local soit exempt de polluant et que, au temps zéro, la concentration de polluant dans le local soit nulle, il faut connaître deux grandeurs pour calculer le débit de renouvellement requis: la quantité de polluant générée dans le local et la concentration souhaitée (qui devrait être en théorie la même partout).
Dans ces conditions, les calculs aboutissent à léquation ci-après:
dans laquelle
c(t) = concentration du contaminant dans le local au temps t
a = quantité de polluant produite (masse par unité de temps)
Q = débit dair frais (volume par unité de temps)
V = volume du local considéré.
Cette équation indique que la concentration tend vers une valeur déquilibre égale à a/Q , valeur quelle atteindra dautant plus vite que le quotient Q/V , fréquemment appelé «nombre de renouvellements par unité de temps», sera plus faible. Bien que lindice de qualité de la ventilation soit parfois confondu avec cette valeur, léquation ci-dessus montre clairement que son influence sexerce uniquement sur la vitesse de stabilisation des conditions ambiantes et non sur la concentration déquilibre, laquelle dépend uniquement de la quantité de polluant produite a et du débit Q .
Quand lair dun espace donné est contaminé, mais quaucune nouvelle quantité de polluant nest générée, la variation de la concentration dans le temps est donnée par léquation ci-après:
dans laquelle Q et V représentent les grandeurs définies ci-dessus, t1 et t2, respectivement, les temps de début et de fin, et c1 et c2, la concentration initiale et la concentration finale.
Dautres formules sappliquent si la concentration initiale nest pas nulle (Constance, 1983; ACGIH, 1992), si lair frais insufflé nest pas totalement exempt de polluant (parce quune partie de lair est recyclée pour réduire les frais de chauffage en hiver, par exemple) ou si les quantités de polluant produites varient dans le temps.
Si lon néglige la phase de transition et que lon suppose que létat déquilibre a été atteint, léquation indique que le taux de renouvellement de lair est égal à a/clim, clim étant la concentration à maintenir dans lespace considéré. Cette valeur peut être définie soit par voie réglementaire, soit en tant que norme auxiliaire par des recommandations techniques telles que les valeurs limites dexposition (TLV) de la Conférence américaine des hygiénistes gouvernementaux du travail (American Conference of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH)), qui recommande de calculer le débit de renouvellement à laide de la formule ci-après:
dans laquelle a et clim représentent les mêmes grandeurs que ci-dessus et K est un facteur de sécurité. On attribue à K une valeur comprise entre 1 et 10, selon lefficacité du mélange réalisé dans lespace considéré, la toxicité du polluant (plus clim est petit, plus la valeur de K doit être grande) et tout autre facteur jugé pertinent. LACGIH cite notamment, comme autres critères déterminants, la durée du processus, le cycle des opérations, la proximité du lieu où se tiennent les travailleurs par rapport aux sources démission du polluant, le nombre et lemplacement de ces sources, les variations saisonnières de la ventilation naturelle et la perte de rendement prévisible de linstallation de ventilation.
En tout état de cause, lemploi de la formule ci-dessus nécessite une connaissance raisonnablement précise des valeurs de a et de K à utiliser. Voici quelques indications à cet égard.
La quantité de polluant produite peut très souvent être estimée daprès la consommation de certaines substances entrant dans le processus générateur du polluant. Ainsi, dans le cas dun solvant, la consommation constitue une bonne indication de la quantité maximale de polluant présente dans lair ambiant.
Comme nous lavons déjà dit, la valeur de K est déterminée en fonction de lefficacité de laction de mélange. Cette valeur sera donc dautant plus petite que la concentration du polluant sera uniforme, ce qui dépend de la façon dont lair est distribué dans lespace ventilé.
Suivant ces critères, des valeurs minimales de K peuvent être utilisées lorsque lair injecté est bien réparti (grâce, par exemple, à lutilisation dun plénum ou dun caisson de distribution) et que linjection et lextraction se font à des extrémités opposées de lespace considéré. Par contre, des valeurs élevées de K seront nécessaires si lapport dair frais est intermittent ou si les bouches dextraction sont proches des diffuseurs dentrée (voir figure 45.4).
Il y a lieu de noter que lorsque de lair est insufflé dans un espace donné, surtout si cest à grande vitesse, le courant dair provoque une importante chute de pression dans lair ambiant, qui se mélange alors au courant et le ralentit, créant une turbulence sensible. De ce fait, il se produit entre lair déjà présent et lair frais un brassage intense qui génère des courants dair internes. Une bonne dose dexpérience est nécessaire pour tenir compte de ces courants, ne serait-ce que dune façon très générale (voir figure 45.5).
Afin déviter que les travailleurs ne soient soumis à des courants dair relativement rapides, lair est en général injecté par des grilles de diffusion conçues pour favoriser un mélange rapide de lair frais et de lair déjà présent dans le local. On limite ainsi létendue de la zone parcourue par des courants dair désagréables.
Leffet de courant dair que nous venons de décrire ne se produit pas à proximité des bouches dextraction ou des points par où lair séchappe (portes, fenêtres et autres orifices). Lair parvient aux grilles dextraction de toutes les directions, de sorte que même à peu de distance de ces grilles, son mouvement nest pas assez rapide pour être perçu comme un courant dair.
Il est toujours préférable de disposer les postes de travail de façon que lair frais atteigne les travailleurs avant davoir été en contact avec des sources de contamination.
Lorsque dimportantes sources de chaleur existent dans le local, le mouvement de lair dépendra dans une grande mesure des courants de convection produits par les différences de densité entre lair froid, qui tend à descendre, et lair chaud, qui tend à monter. Dans ce cas, le concepteur du système de distribution dair devra évidemment tenir compte de ces sources de chaleur, faute de quoi le mouvement de lair pourra être très différent de ce quil aura prévu.
Par contre, la présence dun contaminant chimique na pas deffet sensible sur la densité de lair. Bien quun polluant puisse, à létat pur, avoir une densité très différente de celle de lair (généralement beaucoup plus élevée), la densité du mélange air-polluant sera le plus souvent très proche de celle de lair pur, compte tenu de la concentration réelle du polluant dans le local.
Lune des erreurs les plus communes, lors de linstallation de systèmes de ventilation de ce type, consiste à prévoir uniquement des bouches dextraction, sans se préoccuper des entrées dair. Dans ce cas, les ventilateurs dextraction ne pourront pas fonctionner à plein rendement, ce qui aboutira à des débits réels dextraction très inférieurs à ceux prévus et à des concentrations ambiantes de polluants sensiblement plus élevées que celles initialement calculées.
Pour éviter cette situation, il faut réfléchir à la façon dont lair sera introduit dans le local considéré. Il est recommandé dutiliser des ventilateurs tant pour linsufflation dair frais que pour le refoulement de lair usé. Normalement, le débit dextraction doit être plus élevé que le débit dinjection afin de tenir compte des fuites par les fenêtres et autres ouvertures. En outre, il est conseillé de garder le local en légère dépression afin déviter que la contamination pouvant exister sur place ne puisse être entraînée vers des zones non polluées.
Ainsi quon la déjà dit, la ventilation par déplacement tend à minimiser le mélange de lair frais à lair existant, le mouvement de lair se faisant selon le modèle dit de lécoulement à bouchons. Dans ce mode de ventilation, lair est habituellement introduit à petite vitesse au niveau du plancher, ou légèrement au-dessus, et extrait à proximité du plafond. Cette technique présente deux avantages par rapport à la ventilation par dilution.
En premier lieu, elle permet de réduire les débits de renouvellement dair du fait que les polluants tendent à se concentrer au voisinage du plafond, cest-à-dire à lécart des postes de travail. La concentration moyenne dans lespace considéré est alors plus élevée que la valeur clim mentionnée plus haut, mais cela ne fait pas courir un plus grand risque aux travailleurs puisque, dans la zone occupée du local, la concentration des polluants est égale ou inférieure à clim.
En second lieu, si le but de la ventilation est la régulation de lambiance thermique, la ventilation par déplacement permet dintroduire de lair plus chaud que dans un système de ventilation par dilution, puisque lair extrait au voisinage du plafond a une température de plusieurs degrés supérieure à celle de la zone occupée du local.
Les principes fondamentaux de la ventilation par déplacement ont été développés par Sandberg qui, au début des années quatre-vingt, a élaboré une théorie générale pour lanalyse des situations comportant des concentrations non uniformes de polluants dans des espaces clos. Cette théorie a permis de surmonter les limitations théoriques de la ventilation par dilution (qui présuppose une concentration uniforme dans tout lespace considéré) et a ouvert la voie à des applications pratiques (Sandberg, 1981).
Bien que la ventilation par déplacement soit largement utilisée dans certains pays, particulièrement en Scandinavie, les études comparant lefficacité des deux méthodes dans des installations réelles sont plutôt rares. Cette situation tient sans doute aux difficultés pratiques que poserait linstallation de deux systèmes de ventilation différents dans une usine et au fait que lanalyse expérimentale de ces types de systèmes nécessite lemploi de traceurs. On procède en effet à cette analyse en injectant un gaz traceur dans le courant de ventilation et en mesurant sa concentration en différents points de lespace considéré et dans lair extrait, ce qui permet de déterminer comment lair est distribué et de comparer lefficacité de différents systèmes.
Les quelques études menées dans des installations existantes nont pas abouti à des résultats concluants, même si elles ont prouvé que la ventilation par déplacement assure un meilleur renouvellement de lair. De plus, les auteurs de ces études ont souvent exprimé des réserves au sujet des résultats, dans la mesure où ceux-ci nont pas été confirmés par des mesures du niveau de contamination ambiant dans les lieux de travail.
La fonction première des bâtiments à usage non industriel (bureaux, écoles, logements, etc.) est dassurer aux occupants un environnement sain et confortable. La qualité de cet environnement dépend pour une large part de la conception, du fonctionnement et de lentretien des systèmes de ventilation et de climatisation.
Ces systèmes doivent, par conséquent, créer et assurer une ambiance dans laquelle la température, lhumidité et la qualité de lair intérieur sont acceptables. Autrement dit, ils doivent assurer un mélange adéquat de lair extérieur avec lair intérieur et être dotés de systèmes de filtration et dépuration capables déliminer les polluants présents dans lair intérieur.
Lidée que de lair extérieur propre est nécessaire au bien-être des occupants dun bâtiment a été exprimée dès le XVIIIe siècle. Benjamin Franklin avait constaté que lair dune pièce était plus sain en présence dune ventilation naturelle, cest-à-dire quand les fenêtres sont ouvertes. Lidée quun important apport dair extérieur pouvait contribuer à réduire le risque de contagion pour des maladies telles que la tuberculose a commencé à simposer au XIXe siècle.
Les études effectuées dans les années trente ont montré quil fallait introduire entre 17 et 30 m3 dair extérieur frais par heure et par occupant afin de diluer les effluves biologiques humains à un degré suffisant pour éviter les odeurs désagréables.
Etablie en 1973, la norme no 62 de la Société américaine des ingénieurs en chauffage, réfrigération et climatisation (American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers (ASHRAE)) recommandait un débit horaire minimal de 34 m3 dair extérieur par occupant pour la neutralisation des odeurs, et un minimum absolu de 8,5 m3/h/occupant pour éviter que la concentration de dioxyde de carbone ne dépasse 2 500 ppm, ce qui correspond à la moitié de la valeur limite dexposition en milieu industriel.
Dans sa norme no 90 de 1975 (adoptée au milieu de la crise de lénergie), lASHRAE avait adopté le minimum absolu ci-dessus, faisant temporairement abstraction de la nécessité de prévoir des débits de ventilation plus importants pour diluer des polluants tels que la fumée de tabac, les effluves biologiques, etc.
LASHRAE a corrigé cette omission dans sa norme no 62 de 1981, rétablissant le débit recommandé à 34 m3/h/occupant pour les zones où lusage du tabac est permis et à 8,5 m3/h/occupant dans les locaux où il est interdit de fumer.
La dernière norme publiée en 1989 par lASHRAE, qui porte également le no 62, définit un minimum de 25,5 m3/h/occupant pour les espaces intérieurs occupés, indépendamment de lusage de tabac. Elle recommande également daugmenter cette valeur si lair insufflé dans le bâtiment nest pas suffisamment mélangé dans les zones occupées ou sil existe des sources de pollution intérieures inhabituelle.
En 1992, la Commission des Communautés européennes (CCE) a publié le document Guidelines for Ventilation Requirements in Buildings. Contrairement aux autres recommandations en la matière, les directives européennes ne prescrivent pas les débits de renouvellement à prévoir pour un espace donné, conseillant plutôt de les calculer en fonction de la qualité souhaitée de lair intérieur.
Les normes de ventilation existantes prescrivent des débits de renouvellement fixes à établir par occupant. Les tendances mises en évidence dans les nouvelles directives européennes montrent quun débit fixe ne garantit pas toujours la qualité de lair intérieur, et cela pour trois raisons fondamentales.
Premièrement, les normes existantes partent de lhypothèse que les occupants constituent les seules sources de contamination. Or, des études récentes montrent que dautres sources contribuent sensiblement à la pollution, comme les meubles, les matériaux de rembourrage et le système de ventilation lui-même. Deuxièmement, ces normes préconisent la même quantité dair extérieur, indépendamment de sa qualité. Troisièmement, elles ne définissent pas clairement la qualité recherchée de lair intérieur. Les normes de ventilation futures devraient donc être fondées sur les trois facteurs: une qualité bien définie de lair dans les locaux, la charge totale de polluants dans les locaux occupés, et la qualité de lair prélevé à lextérieur.
La qualité de lair intérieur peut se définir par la mesure dans laquelle il satisfait aux exigences des occupants. Ceux-ci réagissent essentiellement à deux facteurs: tout dabord, ils veulent que lair quils respirent soit frais et non vicié, lourd ou irritant; ensuite, ils désirent avoir la certitude que linhalation de cet air ne peut avoir deffets préjudiciables à leur santé.
On considère couramment que la qualité de lair dun local dépend plus des composants de cet air que de la perception quen ont les occupants. Il peut donc paraître facile dévaluer cette qualité simplement en déterminant la composition de lair. Cette méthode fonctionne bien dans les milieux industriels où sont présentes des substances chimiques dérivées des processus de production et où lon dispose déquipements de mesure et de critères de référence permettant dévaluer les concentrations mesurées. Elle ne convient cependant pas en milieu non industriel, lorsque des milliers de substances chimiques sont présentes à des concentrations très faibles, parfois mille fois inférieures aux limites dexposition recommandées. En évaluant ces substances une à une, on arriverait sans doute à la conclusion erronée que la qualité de lair est excellente. En fait, nous ne connaissons pas suffisamment leffet combiné que ces milliers de substances peuvent avoir sur lorganisme de lêtre humain, ce qui pourrait expliquer pourquoi un air jugé satisfaisant daprès sa composition est parfois perçu comme vicié, lourd ou irritant.
On peut en conclure que les méthodes traditionnelles de lhygiène industrielle ne conviennent pas pour définir le degré de qualité qui sera perçu par lêtre humain respirant lair évalué. La solution, dans ce cas, consiste à remplacer lanalyse chimique par le jugement subjectif de groupes de personnes utilisés comme moyens de mesure pour quantifier la pollution de lair.
Lorganisme humain perçoit la qualité de lair par deux sens: lodorat, localisé dans la cavité nasale, qui est sensible à des centaines de milliers de substances odorantes, et le «sens chimique», situé dans les muqueuses du nez et des yeux, qui réagit à un nombre similaire de substances irritantes présentes dans lair. Cest la réaction combinée de ces deux sens qui détermine la qualité perçue de lair et permet au sujet de juger si elle est acceptable ou non.
Lolf (du latin = olfactus , odorat) est le taux démission de polluants (bioeffluents) dune personne standard, définie comme étant un adulte sédentaire moyen, travaillant dans un bureau ou un milieu non industriel analogue dans une ambiance thermique neutre et ayant le niveau dhygiène personnelle que procurerait 0,7 bain par jour. Deux raisons ont motivé le choix de la pollution produite par un être humain comme base pour définir lolf: dune part, les émanations biologiques humaines sont bien connues et, dautre part, on dispose de données abondantes sur la gêne causée par les bioeffluents.
Toute autre source de contamination peut être exprimée en nombre de personnes standard (olfs) requises pour causer le même degré dinsatisfaction que la source à évaluer.
La figure 45.6 présente une courbe qui définit lolf. Cette courbe, qui montre comment la contamination produite par une personne standard (1 olf) est perçue à différents débits de ventilation, permet de calculer le pourcentage de personnes insatisfaites, cest-à-dire de personnes qui jugeront la qualité de lair inacceptable à leur entrée dans la pièce. La courbe en question est basée sur différentes études européennes dans lesquelles 168 personnes ont jugé la qualité dune atmosphère polluée par plus de mille personnes, hommes et femmes, considérées comme standards. Les résultats détudes semblables menées en Amérique du Nord et au Japon présentent un degré élevé de corrélation avec les données européennes.
La concentration de la pollution dans lair intérieur dépend de la source ou des sources de contamination et du degré de dilution assuré par la ventilation. La pollution perçue est définie par la concentration de bioeffluents humains qui causerait le même inconfort ou la même insatisfaction que la concentration de polluants dans lair à évaluer. Un décipol (du latin pollutio , souillure) correspond à la contamination produite par une personne stan-dard (1 olf) sous un débit de ventilation de 10 litres/s dair non contaminé, doù la définition:
La figure 45.7, dérivée des mêmes données que la figure précédente, indique la relation entre la qualité perçue de lair, exprimée par le pourcentage de personnes insatisfaites, et cette même qualité exprimée en décipols.
Afin de déterminer le débit de ventilation requis pour assurer une ambiance confortable, il est essentiel de définir le niveau de qualité de lair que lon désire dans le local considéré. Trois niveaux sont proposés au tableau 45.7, fondés sur les courbes des figures 45.6 et 45.7. Chaque niveau correspond à un pourcentage donné de personnes insatisfaites. Le choix du niveau à retenir dépendra principalement de lusage auquel lespace est destiné et de considérations économiques.
Qualité perçue de l’air intérieur |
|||
Niveau de qualité de l’air |
Pourcentage de personnes insatisfaites (PPI) |
Décipols |
Taux de renouvellement de l’air requis1 |
A |
10 |
0,6 |
16 |
B |
20 |
1,4 |
7 |
C |
30 |
2,5 |
4 |
1 En supposant que l’air extérieur est propre et que l’efficacité du système de ventilation est égale à l’unité.
Source: CCE, 1992.
Ainsi quon la dit, ces données résultent dexpériences faites sur des groupes de personnes à qui lon demandait de juger la qualité de lair. Il ne faut pas oublier toutefois que certains contaminants dangereux présents dans lair (substances cancérogènes, micro-organismes, substances radioactives, etc.) ne sont pas décelés par les sens et que les effets sensoriels dautres contaminants nont aucun lien quantitatif avec leur toxicité.
Les normes actuelles en matière de ventilation, on la vu, ont linconvénient de ne tenir compte que des occupants comme sources de contamination. Les normes futures devront prendre en considération toutes les sources possibles de pollution. En dehors des occupants et de leurs activités (y compris dans certains cas le tabagisme), dautres sources contribuent sensiblement à la pollution de lair: le mobilier, les moquettes, les matériaux de construction, les articles utilisés pour la décoration, les produits de nettoyage et le système de ventilation lui-même.
La combinaison de toutes ces sources détermine la charge de pollution de lair dans un espace donné. Cette charge peut être exprimée sous forme soit de contamination chimique, soit de contamination sensorielle (en olfs). Dans ce dernier cas, le résultat comprend les effets de diverses substances chimiques tels quils sont perçus par lêtre humain.
La contamination émanant dun matériau donné peut sexprimer par le taux démission de chacune des substances chimiques quil contient. La charge totale de pollution chimique se calcule en additionnant toutes les sources et sexprime en microgrammes par seconde (µg/s).
En réalité, il est souvent difficile de calculer la charge chimique, car on connaît mal les taux démission de nombreux matériaux couramment utilisés.
La charge de pollution perçue par les sens est due aux émanations polluantes qui ont un effet sur la qualité perçue de lair. On la calcule en additionnant les olfs des différentes sources de contamination présentes dans un espace donné. Comme dans le cas précédent, on ignore encore le taux démission spécifique (en olfs/m2) de nombreux matériaux. Cest pourquoi il est plus commode destimer la charge sensorielle du bâtiment pris dans son ensemble, avec ses occupants, son mobilier et son système de ventilation.
Le tableau 45.8 indique la charge sensorielle en olfs des occupants selon leur activité et la proportion de fumeurs parmi eux, ainsi que la production correspondante de divers composés, comme le dioxyde de carbone (CO2), le monoxyde de carbone (CO) et la vapeur deau. Quant au tableau 45.9, il donne quelques exemples des taux doccupation caractéristiques de différents types de locaux et de bâtiments. Enfin, le tableau 45.10 présente la charge sensorielle, calculée en olfs/m2, de différentes catégories de locaux et de bâtiments.
Charge sensorielle, olfs/occupant |
CO2 |
CO3 |
Vapeur d’eau4 |
|
Activité sédentaire, 1-1,2 met1 |
||||
0% fumeurs |
2 |
19 |
50 |
|
20% fumeurs2 |
2 |
19 |
11x10–3 |
50 |
40% fumeurs2 |
3 |
19 |
21x10–3 |
50 |
100% fumeurs2 |
6 |
19 |
53x10–3 |
50 |
Activité nécessitant un effort physique |
||||
Faible, 3 met |
4 |
50 |
200 |
|
Moyenne, 6 met |
10 |
100 |
430 |
|
Intense |
|
|
|
|
Enfants |
||||
Garderie |
1 |
|
|
|
Ecole |
|
|
|
1 1 met est l’activité métabolique d’une personne sédentaire au repos (1 met = 58 W/m2 de peau).2 Consommation moyenne de 1,2 cigarette/h par fumeur. Taux d’émission moyen: 44 ml de CO par cigarette.3 Dû à la fumée de tabac.4 Applicable aux personnes proches de la neutralité thermique.
Source: CCE, 1992.
Bâtiment |
Occupants/m2 |
Bureaux |
0,07 |
Salles de conférence |
0,5 |
Salles de spectacle et autres grands locaux collectifs |
1,5 |
Ecoles (salles de classe) |
0,5 |
Garderies |
0,5 |
Locaux d’habitation |
0,05 |
Source: CCE, 1992.
Charge sensorielle, olf/m2 |
||
Moyenne |
Intervalle |
|
Bureaux1 |
0,3 |
0,02-0,95 |
Ecoles (salles de classe)2 |
0,3 |
0,12-0,54 |
Garderies3 |
0,4 |
0,20-0,74 |
Salles de spectacle4 |
0,5 |
0,13-1,32 |
Bâtiments à faible pollution5 |
0,05-0,1 |
1 Données recueillies dans 24 bureaux à ventilation mécanique.2 Données recueillies dans 6 écoles à ventilation mécanique.3 Données recueillies dans 9 garderies à ventilation mécanique.4 Données recueillies dans 5 salles de spectacle à ventilation mécanique.5 Objectifs qui devraient être atteints dans les bâtiments neufs.
Source: CCE, 1992.
La qualité de lair extérieur est le dernier paramètre de base nécessaire à lélaboration des normes futures de ventilation. La publication Air Quality Guidelines for Europe de lOrganisation mondiale de la santé (OMS) (OMS, 1987) donne les limites dexposition recommandées pour certaines substances, tant à lintérieur quà lextérieur.
Le tableau 45.11 présente les niveaux de qualité perçus de lair extérieur, ainsi que les concentrations de quelques polluants rencontrés couramment dans lenvironnement extérieur.
Qualité perçue de l’air1 |
Polluants de l’environnement2 |
||||
Décipol |
CO2 |
CO |
NO2 |
SO2 |
|
Au bord de la mer, en montagne |
|
|
|
|
|
En ville, air de bonne qualité |
|
|
|
|
|
En ville, air de mauvaise qualité |
|
|
|
|
|
1 Les valeurs présentées sont des moyennes quotidiennes.2 Les valeurs présentées sont des concentrations annuelles moyennes.
Source: CCE, 1992.
Il importe de souligner que la qualité de lair extérieur peut, dans bien des cas, être inférieure aux niveaux indiqués dans le tableau ou dans le guide de lOMS. Il faut alors épurer lair avant de linjecter dans les locaux occupés.
Lefficacité du système de ventilation est un autre facteur important qui intervient dans le calcul des besoins de ventilation. Cette efficacité Ev est définie par le rapport entre la concentration de polluants dans lair extrait (Ce) et la concentration de polluants dans la zone occupée (Cb).
Lefficacité de la ventilation dépend de la distribution de lair et de lemplacement des sources de pollution dans le local. Si lair et les polluants sont parfaitement mélangés, lefficacité de la ventilation est égale à lunité. Si la qualité de lair respiré dans la zone occupée est meilleure que celle de lair extrait, lefficacité est supérieure à lunité, ce qui signifie que des débits de ventilation moindres suffiraient pour assurer la qualité dair souhaitée. Par contre, des débits de ventilation plus importants seront nécessaires si lefficacité est inférieure à lunité, cest-à-dire si la qualité de lair dans la zone occupée est inférieure à la qualité de lair extrait.
Pour déterminer lefficacité de la ventilation, il est utile de diviser lespace considéré en deux zones, celle où lair est introduit et le reste du local. Dans le cas dun système de ventilation par dilution, la zone dentrée de lair se situe généralement au-dessus de la zone de respiration et les meilleures conditions sont atteintes quand le mélange est si intime que les deux zones nen font plus quune. Dans le cas dun système de ventilation par déplacement, lair est introduit dans la zone occupée et lextraction se fait généralement en hauteur. Dans ce cas, les conditions optimales sont obtenues quand le mélange entre les deux zones est minimal.
Lefficacité de la ventilation est donc fonction de la localisation et des caractéristiques des éléments qui introduisent et extraient lair, ainsi que de la localisation et des caractéristiques des sources de contamination. Elle est également fonction de la température de lair introduit et de son débit. Il est possible de calculer lefficacité dun système de ventilation par simulation ou en effectuant des mesures. En labsence de données, on peut se reporter aux chiffres de la figure 45.8, qui donne des valeurs de référence pour différents types de ventilation. Ces valeurs tiennent compte du type de distribution dair, mais pas de la localisation des sources de contamination, que lon suppose uniformément réparties dans tout lespace ventilé.
La figure 45.9 donne les formules utilisées pour calculer le débit de ventilation nécessaire du double point de vue du confort et de la protection de la santé.
La première étape du calcul consiste à décider du niveau de qualité de lair intérieur que lon désire obtenir dans le local considéré (voir tableau 45.7) et à estimer le niveau de la qualité de lair extérieur (voir tableau 45.11).
A létape suivante on estime la charge sensorielle à laide des tableaux 45.8, 45.9 et 45.10, en fonction des occupants et de leurs activités, du type de bâtiment ou de local et du taux doccupation par m2 de surface au sol. La charge totale sera donnée par la somme des données obtenues.
Si lon connaît le type du système de ventilation, on peut estimer lefficacité de la ventilation en se référant à la figure 45.9. Enfin, en appliquant léquation (1) de la figure 45.9, on obtient une estimation du débit de ventilation nécessaire.
Une procédure semblable à la précédente, mais fondée sur léquation (2) de la figure 45.9, donne le débit de ventilation nécessaire pour assurer la protection de la santé. Pour calculer cette valeur, il faut déterminer la substance ou le groupe de substances chimiques que lon souhaite contrôler et estimer leurs concentrations dans lair; il faut également prévoir un critère dévaluation tenant compte des effets du contaminant et de la sensibilité des occupants que lon désire protéger, par exemple les enfants et les personnes âgées.
Malheureusement, il est encore difficile destimer la ventilation requise pour la protection de la santé, car on manque de renseignements sur certaines variables entrant dans le calcul, notamment les taux démission de contaminants (G) et les critères dévaluation des espaces intérieurs (Cv).
Les études de terrain montrent que dans les espaces où la ventilation est calculée pour assurer le confort, les concentrations de substances chimiques sont très faibles. Néanmoins, des sources de contamination dangereuses pour la santé peuvent y exister et le mieux, dans ce cas, est déliminer, de remplacer ou de maîtriser ces sources, au lieu davoir recours au système de ventilation générale pour diluer les contaminants.
Les besoins dune personne donnée en matière de chauffage dépendent de nombreux facteurs, qui peuvent être classés en deux groupes principaux: les facteurs liés au milieu environnant et les facteurs humains. Le premier groupe comprend les facteurs géographiques (latitude et altitude) et climatiques, lexposition du local occupé, les cloisons qui le protègent de lenvironnement extérieur, etc. Parmi les facteurs humains figurent la consommation dénergie du travailleur, le rythme de travail ou leffort exigé par la tâche accomplie, les vêtements portés pour se protéger du froid, ainsi que les goûts et préférences personnels.
Le chauffage est un besoin saisonnier dans de nombreuses régions, ce qui ne signifie pas pour autant que lon puisse sen dispenser durant la saison froide. Une ambiance froide influe sur la santé, le rendement physique et mental et la précision et peut, dans certains cas, augmenter les risques daccidents. Le but dun bon système de chauffage est de maintenir des conditions thermiques agréables pouvant prévenir ou réduire le plus possible les effets préjudiciables du froid sur la santé.
Les caractéristiques physiologiques de lorganisme humain lui permettent de supporter de grandes variations de température. Chez lhumain, cest lhypothalamus qui réalise léquilibre thermique grâce aux informations que lui transmettent les récepteurs thermiques de la peau: cest ainsi quil maintient la température du corps entre 36 et 38 °C, comme le montre la figure 45.10.
Tout système de chauffage doit posséder un mécanisme de régulation très précis, surtout si les travailleurs sont assis ou immobiles dans une position qui ne stimule pas la circulation du sang vers les extrémités. Si la nature du travail permet une certaine mobilité, la régulation peut être un peu moins précise. Enfin, lorsque le travail seffectue dans des conditions particulièrement défavorables, comme dans des chambres frigorifiques ou par temps très froid, des mesures dappoint peuvent être prises pour protéger certains tissus, limiter le temps dexposition ou assurer un apport de chaleur extérieure grâce à des dispositifs électriques incorporés dans les vêtements de travail.
Tout système de chauffage ou de climatisation doit permettre de contrôler, dans des limites prescrites, les variables qui définissent lenvironnement thermique durant chaque saison de lannée. Ces variables sont:
Il existe une relation très simple entre la température de lair, la température des surfaces intérieures du local et la température qui donnerait la même perception de chaleur dans un local différent. Cette relation sexprime par la formule ci-après:
dans laquelle
Teq = température équivalente de lair qui donne une perception thermique donnée
Ttbs = température de lair mesurée avec un thermomètre à bulbe sec
Tms = température moyenne mesurée à la surface des parois du plancher et du plafond du local.
Si, par exemple, dans un local donné, lair et les parois sont à 20 °C, la température équivalente sera de 20 °C, cest-à-dire la même que dans un local où la température moyenne des parois serait de 15 °C et la température de lair de 25 °C. Du point de vue de la température, les occupants des deux locaux auraient donc la même sensation de confort thermique.
Il importe, dans un projet de climatisation, de tenir compte de trois éléments: les caractéristiques thermodynamiques de lair dans le local, celles de lair extérieur et celles de lair de ventilation. Le choix dun système capable dagir sur les propriétés thermodynamiques de lair insufflé par la ventilation dépend alors des charges thermiques de chaque élément. Il est donc indispensable de connaître les propriétés thermodynamiques de lair humide, à savoir:
Ttbs = température «sèche» mesurée à laide dun thermomètre à bulbe sec à labri de toute source de rayonnement calorifique
Tr = point de rosée, cest-à-dire la température sèche à laquelle lair humide non saturé doit être abaissé pour arriver à saturation
W = taux dhumidité absorbée, allant de zéro pour lair sec à Ws pour lair saturé de vapeur deau. Il sexprime en g de vapeur deau par m3 dair sec
HR = humidité relative
t = température thermodynamique mesurée à laide dun thermomètre à bulbe humide
v = volume spécifique de lair humide (en m3/kg). Cest linverse de la masse volumique
H = enthalpie, en kcal/kg, de lair sec et de la vapeur deau associés.
Parmi les variables ci-dessus, seules trois sont directement mesurables, la température «sèche», le point de rosée et lhumidité relative. Une quatrième variable est également mesurable par des moyens empiriques: cest la température «humide», déterminée au moyen dun thermomètre dont le réservoir est mouillé et que lon déplace à une vitesse modérée dans de lair humide non saturé, en général à laide dun ressort. Cette variable diffère très peu de la température thermodynamique du thermomètre à bulbe sec (3%), de sorte que les deux peuvent être utilisées dans les calculs sans risque excessif derreur.
Les propriétés définies au paragraphe précédent ont entre elles des relations quil est possible de représenter sous forme graphique. Les courbes ainsi obtenues sont appelées diagrammes psychrométriques. Ce sont des graphiques simplifiés basés sur les tables de la Société américaine des ingénieurs en chauffage, réfrigération et climatisation (American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers (ASHRAE)). Les coordonnées sont lenthalpie et le degré dhumidité; différentes courbes correspondent aux températures sèche et humide, à lhumidité relative et au volume spécifique. Grâce aux diagrammes psychrométriques, il suffit de connaître deux variables pour déduire lensemble des propriétés de lair humide.
Le confort thermique se définit comme la sensation ressentie par une personne satisfaite de son ambiance thermique. Il est influencé par des facteurs physiques et physiologiques.
Il est difficile de définir quelles sont les conditions générales capables dassurer le confort thermique, car ces conditions diffèrent suivant les situations de travail. Il est même possible que les conditions requises varient pour un même poste sil est occupé par des personnes différentes. En outre, il est impossible dappliquer dans tous les pays une même norme technique définissant les conditions de confort thermique en raison de la multiplicité des conditions climatiques et des coutumes vestimentaires.
Des observations réalisées sur des travailleurs effectuant un travail manuel léger ont néanmoins permis de définir une série de critères en ce qui concerne la température, la vitesse et lhumidité de lair; ces critères sont rassemblés dans le tableau 45.12 (Bedford et Chrenko, 1974).
Facteur d’ambiance |
Critères proposés |
Température de l’air |
21 °C |
Température moyenne de rayonnement |
≥ 21 °C |
Humidité relative |
30-70% |
Vitesse de l’air |
0,05-0,1 m/s |
Gradient de température (de la tête aux pieds) |
≤ 2,5 °C |
Les facteurs ci-dessus sont interdépendants. Ainsi, il faut abaisser la température de lair en cas de rayonnement thermique important et lélever si la vitesse de lair augmente.
En règle générale, les corrections à apporter sont les suivantes:
Il faut élever la température:
De même, la température de lair devrait être abaissée:
Pour une sensation agréable de confort thermique, il est préférable que la température ambiante soit légèrement supérieure à la température de lair, que le flux dénergie rayonnante soit le même dans toutes les directions et quil ne soit pas excessif au niveau du plafond. Le gradient vertical de température devrait être minimisé, de façon que les pieds restent au chaud sans que la charge thermique soit trop élevée à la hauteur de la tête. La vitesse découlement de lair influe assez fortement sur la sensation de confort thermique. Il existe des diagrammes qui donnent les vitesses recommandées en fonction de lactivité exercée et de lhabillement (voir figure 45.11).
Certains pays ont établi des normes de température ambiante minimales, mais pour lheure aucune valeur optimale na été proposée. La valeur maximale de la température de lair est généralement fixée à 20 °C. Les récents perfectionnements techniques ont accru la complexité de la mesure du confort thermique. De nombreux indices ont été définis, notamment lindice de température effective (ET), lindice de température effective corrigée (CET), lindice de surcharge calorifique, lindice de contrainte thermique (HSI), lindice de température au thermomètre globe à bulbe humide (WBGT) et lindice des valeurs médianes de Fanger (IMV). Lindice WBGT permet de déterminer les intervalles de récupération nécessaires en fonction de lintensité de leffort physique, de façon à éviter la contrainte thermique au travail. On trouvera une description détaillée de ces indices dans le chapitre no 42, «Les réponses physiologiques à lenvironnement thermique».
La zone dun diagramme psychrométrique qui correspond aux conditions dans lesquelles un adulte éprouve une sensation de confort thermique a été soigneusement étudiée. Elle est définie dans la norme ASHRAE en fonction de la température effective. Celle-ci est elle-même définie comme étant la température, mesurée avec un thermomètre à bulbe sec dans un local uniforme, à 50% dhumidité relative, à laquelle une personne aurait les mêmes échanges de chaleur par rayonnement, par convection et par évaporation que dans son environnement habituel, au niveau dhumidité qui y règne. Léchelle de température effective est définie par lASHRAE pour une vêture de 0,6 clo (1 clo étant le degré disolation assuré par des vêtements ordinaires, et 0 clo correspondant au sujet nu) procurant une isolation thermique de 0,155 K m2W1 (K étant la température exprimée en degrés Kelvin) pour une vitesse de déplacement de lair de 0,2 m s1 (le sujet étant au repos) et pour une exposition de 1 heure à une activité sédentaire donnée de 1 met (unité dactivité métabolique égale à 50 kcal/m2h ou 58 W/m2 de surface corporelle). La zone de confort est représentée sur la figure 45.11. On peut se servir de ces courbes pour les ambiances thermiques où la température produite par la chaleur de rayonnement est à peu près la même que celle qui est mesurée par un thermomètre à bulbe sec et où la vitesse découlement de lair est inférieure à 0,2 m s1, les occupants étant vêtus légèrement et faisant un travail sédentaire (1 met).
La méthode mise au point par Fanger repose sur une formule qui regroupe la température ambiante, la température moyenne de rayonnement, la vitesse relative de lair, la tension de vapeur dans lair ambiant, le niveau dactivité et la résistance thermique des vêtements portés. Le tableau 45.13 présente un exemple basé sur la formule de confort qui peut servir dans la pratique pour déterminer une température confortable en fonction des vêtements portés, du métabolisme énergétique correspondant au travail accompli et de la vitesse découlement de lair.
Température de rayonnement |
20 °C |
25 °C |
30 °C |
|
Métabolisme énergétique,105 W/m2 (1,8 met) |
||||
Résistance thermique des vêtements (0,5 clo) |
||||
Vitesse de l’air |
0,2 m/s |
30,5 |
27,5 |
24,3 |
0,5 m/s |
30,6 |
29,0 |
27,0 |
|
1,5 m/s |
30,7 |
29,5 |
28,3 |
|
Résistance thermique des vêtements (1,0 clo) |
||||
Vitesse de l’air |
0,2 m/s |
26,0 |
23,0 |
20,0 |
0,5 m/s |
26,7 |
24,3 |
22,7 |
|
1,5 m/s |
27,0 |
25,7 |
24,5 |
|
Métabolisme énergétique, 157 W/m2 (2,7 met) |
||||
Résistance thermique des vêtements (0,5 clo) |
||||
Vitesse de l’air |
0,2 m/s |
21,0 |
17,1 |
14,0 |
0,5 m/s |
23,0 |
20,7 |
18,3 |
|
1,5 m/s |
23,5 |
23,3 |
22,0 |
|
Résistance thermique des vêtements ( 1,0 clo) |
||||
Vitesse de l’air |
0,2 m/s |
13,3 |
10,0 |
6,5 |
0,5 m/s |
16,0 |
14,0 |
11,5 |
|
1,5 m/s |
18,3 |
17,0 |
15,7 |
|
Métabolisme énergétique, 210 W/m2 (3,6 met) |
||||
Résistance thermique des vêtements (0,5 clo ) |
||||
Vitesse de l’air |
0,2 m/s |
11,0 |
8,0 |
4,0 |
0,5 m/s |
15,0 |
13,0 |
7,4 |
|
1,5 m/s |
18,3 |
17,0 |
16,0 |
|
Résistance thermique des vêtements (1,0 clo ) |
||||
Vitesse de l’air |
0,2 m/s |
7,0 |
||
0,5 m/s |
1,5 |
3,0 |
||
1,5 m/s |
5,0 |
2,0 |
1,0 |
La conception dun système de chauffage devrait être fondée sur les caractéristiques des locaux à chauffer et les activités censées sy dérouler. Il est cependant rare, dans le cas des établissements industriels, que les besoins des travailleurs en matière de chauffage soient pris en compte, souvent parce que les processus et les postes de travail nont pas encore été définis. Les installations sont donc conçues en fonction de critères très généraux, tenant uniquement compte des charges thermiques prévues et de lapport de chaleur nécessaire pour maintenir une température donnée dans les locaux, abstraction faite de la répartition de la chaleur, de la localisation des postes de travail et dautres facteurs plus spécifiques. Cest ce qui explique les déficiences du chauffage dans certains bâtiments, qui se traduisent par la présence de points froids et de courants dair, par linsuffisance du nombre déléments chauffants et par dautres problèmes.
Pour bien concevoir le système de chauffage au stade de la planification dun bâtiment, il importe de considérer au moins les points ci-après:
Lorsque le chauffage est directement produit par des brûleurs sans conduits dévacuation, il faut porter une attention particulière à linhalation par les occupants des produits de combustion. En brûlant, des combustibles tels que le mazout, le gaz naturel et le coke produisent en général du dioxyde de soufre, des oxydes dazote, du monoxyde de carbone et dautres produits de combustion. Il existe pour ces composés des limites dexposition quil importe de respecter, surtout dans les espaces clos où leur concentration peut monter rapidement et où le rendement de la réaction de combustion peut baisser.
Létude dun système de chauffage implique toujours des compromis entre différents facteurs tels que le coût initial, la facilité dentretien, le rendement énergétique et lapplicabilité. Cest ainsi que lon pourra envisager dutiliser des radiateurs électriques pour chauffer les locaux pendant les heures creuses, lorsque lélectricité est moins chère, ou des systèmes chimiques (au sulfure de sodium, par exemple) pouvant stocker la chaleur et être mis en service aux heures de pointe. On peut également prévoir dinstaller simultanément plusieurs systèmes différents et de les faire fonctionner de manière à optimiser les frais de chauffage.
Linstallation dappareils de chauffage pouvant indifféremment brûler du gaz ou du mazout est particulièrement intéressante. En chauffant directement à lélectricité, on consomme une forme dénergie supérieure qui peut souvent se révéler coûteuse, mais qui peut en même temps assurer la souplesse nécessaire dans certains cas. Les pompes à chaleur et autres systèmes de cogénération tirant parti de la chaleur résiduelle peuvent offrir des solutions avantageuses du point de vue financier, en dépit de leur coût initial élevé.
En matière de chauffage et de climatisation, la tendance actuelle privilégie loptimisation du fonctionnement et les économies dénergie. Les nouveaux systèmes comportent donc des capteurs et des dispositifs de contrôle répartis dans tous les locaux à chauffer, de façon à limiter les apports de chaleur aux endroits et durant les périodes où ils sont indispensables au confort thermique. De cette manière, les économies réalisées peuvent atteindre 30%. La figure 45.12 présente quelques systèmes de chauffage courants, avec leurs avantages et leurs inconvénients.
Lexpérience montre quen milieu industriel une ambiance proche de la zone de confort durant les mois dété augmente la productivité, réduit la fréquence des accidents, diminue labsentéisme et favorise en général de meilleures relations humaines. Dans les commerces de détail, les hôpitaux et les grandes surfaces, la climatisation doit ordinairement être réglée pour assurer le confort thermique lorsque les conditions extérieures limposent.
Dans certains environnements industriels soumis à des conditions extérieures particulièrement rigoureuses, les systèmes de climatisation sont davantage destinés à éviter les effets négatifs de conditions extrêmes sur la santé quà assurer le confort thermique. On veillera à surveiller étroitement la maintenance et lutilisation des installations, surtout si elles sont dotées dhumidificateurs, car ceux-ci peuvent devenir de dangereuses sources de contamination microbiologique.
Aujourdhui, les systèmes de ventilation et de climatisation tendent à répondre simultanément, souvent à laide des mêmes installations, aux besoins de chauffage, de refroidissement et de conditionnement de lair dun bâtiment. De multiples classifications permettent de catégoriser les systèmes de refroidissement.
Ainsi, ils peuvent être classés, selon leur configuration, en:
Les systèmes de climatisation peuvent également être classés daprès la zone desservie en:
Les systèmes de climatisation peuvent en outre être classés selon les caractéristiques des débits dair insufflés dans les locaux en:
Les problèmes les plus courants rencontrés dans ces divers systèmes sont soit lexcès de chauffage ou de refroidissement (sils ne sont pas capables de réagir aux variations de charge thermique), soit une ventilation insuffisante (sils napportent pas une quantité minimale dair extérieur pour renouveler lair intérieur). Cela peut créer des ambiances intérieures confinées où la qualité de lair se dégrade peu à peu.
Tous les systèmes de climatisation ont les éléments de base ci-après (voir figure 45.13):
Lionisation est lune des techniques employées pour éliminer les poussières ou autres matières particulaires en suspension dans lair. Les ions agissent comme des noyaux de condensation pour les fines particules qui, sagglutinant les unes aux autres, augmentent de taille et se déposent par précipitation.
En règle générale, la concentration ionique dans les espaces clos intérieurs est inférieure à celle que lon constate à lextérieur, en labsence dautres sources dions. Doù lidée daméliorer la qualité de lair intérieur en y augmentant la concentration dions négatifs.
Selon certaines études basées sur des données épidémiologiques et des recherches expérimentales en projet, laugmentation de la concentration dions négatifs (anions) en milieu de travail accroît la productivité des travailleurs et favorise la bonne humeur, tandis que les ions positifs (cations) ont des effets contraires. Toutefois, dautres études ont abouti à la conclusion que les données existantes relatives aux effets des ions négatifs sur la productivité sont incohérentes et contradictoires. Il est donc impossible, à lheure actuelle, daffirmer catégoriquement que lionisation négative est réellement bénéfique.
Dans latmosphère, les molécules de gaz peuvent sioniser soit négativement en gagnant un électron, soit positivement en en perdant un. Il faut cependant pour cela que les molécules acquièrent une énergie suffisante, dite énergie dionisation , qui est caractéristique de chaque molécule. Il existe dans la nature de nombreuses sources dénergie, dorigine cosmique ou terrestre, qui peuvent produire ce phénomène: rayonnement naturel, rayonnement électromagnétique dorigine solaire (notamment dans lultraviolet), rayons cosmiques, atomisation des liquides (dans les cascades, par exemple), mouvements de grandes masses dair à la surface de la Terre, phénomènes électriques tels quorages et éclairs, processus de combustion et substances radioactives.
Bien quelle soit encore imparfaitement connue, la configuration électrique des ions ainsi formés semble comprendre des ions carbone et des ions H+, H3O+, O+, N+, OH, H2O et O2. Les molécules ionisées peuvent sagglomérer par adsorption des particules en suspension (brouillard, silice et autres contaminants). Les ions sont classés suivant leur taille et leur mobilité; celle-ci est le quotient de vitesse communiquée par un champ électrique à une particule chargée, par lintensité de ce champ, et sexprime en cm/s par volt/cm (cm/s/V/cm) ou plus simplement, en
Les ions atmosphériques tendent à disparaître par recombinaison. Leur demi-vie dépend de leur taille et est inversement proportionnelle à leur mobilité. Les ions négatifs sont statistiquement plus petits que les ions positifs, la demi-vie des premiers étant de quelques minutes et celle des seconds, denviron une demi-heure. La charge spatiale est le quotient des concentrations en ions positifs et en ions négatifs. Ce rapport, en général supérieur à lunité, dépend de facteurs tels que le climat, le lieu et la saison. Dans les espaces occupés, il peut être inférieur à lunité. Le tableau 45.14 présente quelques caractéristiques des ions.
Mobilité (cm2/Vs) |
Diamètre (µm) |
Caractéristiques |
3,0-0,1 |
0,001-0,003 |
Petite taille, grande mobilité, courte durée de vie |
0,1-0,005 |
0,003-0,03 |
Taille intermédiaire, plus lents que les petits ions |
0,005-0,002 |
>0,03 |
Lents, s’agglutinent sur les matières particulaires (ions de Langevin) |
Lactivité humaine modifie lionisation naturelle de lair. Lionisation artificielle, quant à elle, peut être provoquée par les processus industriels et nucléaires ou par le feu. Les matières particulaires en suspension dans lair favorisent la formation dions Langevin (ions fixés à des particules). Les radiateurs électriques augmentent considérablement la concentration en ions positifs. Les climatiseurs accroissent également la charge spatiale des ambiances intérieures.
En milieu de travail, il y a des machines qui produisent des ions tant positifs que négatifs. Cest le cas des machines qui libèrent localement dimportantes quantités dénergie mécanique (presses, métiers à filer et à tisser), dénergie électrique (moteurs, imprimantes électroniques, photocopieuses, lignes et installations à haute tension), dénergie électromagnétique (écrans cathodiques, téléviseurs, moniteurs dordinateurs) ou de radioactivité (bombes au cobalt 42). Ces équipements créent autour deux des environnements plus riches en ions positifs, ceux-ci ayant une durée de vie plus longue que les ions négatifs.
Les concentrations ioniques varient avec les conditions environnementales et météorologiques. Dans les zones faiblement polluées, comme les forêts et les montagnes ou en haute altitude, la concentration en ions de petite taille augmente. A proximité de sources radioactives, de chutes deau ou de rapides, la concentration peut atteindre des milliers de petits ions par cm3. Par contre, au voisinage de la mer et là où les niveaux dhumidité sont élevés, les ions de grande taille prédominent. En général, les concentrations moyennes dans lair pur sont de 500 ions négatifs et 600 ions positifs par cm3.
Certains vents peuvent transporter de fortes concentrations dions positifs: le föhn en Suisse, le Santa Ana dans louest des Etats-Unis, le sirocco en Afrique du Nord, le chinook dans les Rocheuses et le khamsin au Moyen-Orient.
Dans les lieux de travail où nexistent pas dimportants facteurs ionisants, il y a souvent une accumulation dions de grande taille. Cest notamment le cas dans les espaces hermétiquement clos et les mines. La concentration en ions négatifs diminue nettement à lintérieur et dans les zones contaminées ou poussiéreuses. Plusieurs raisons expliquent la baisse de la concentration en ions négatifs dans les locaux climatisés. Dabord, ces ions sont retenus dans les conduits et les filtres ou sont attirés par les surfaces à charge positive. Ainsi, les écrans cathodiques, du fait quils sont chargés positivement, créent dans leur voisinage immédiat un microclimat pauvre en ions négatifs. Les systèmes de filtration conçus pour les «chambres propres», où les niveaux de contamination doivent être maintenus à un niveau infime, semblent également éliminer les ions négatifs.
Par ailleurs, un excès dhumidité condense les ions, tandis quun air sec crée des ambiances dans lesquelles de nombreuses charges électrostatiques saccumulent sur les plastiques et les fibres synthétiques présents dans les locaux ou portés par les occupants.
Ces générateurs ionisent lair en produisant une grande quantité dénergie; celle-ci peut provenir dune source de rayonnement alpha (comme le tritium) ou être engendrée par une source électrique en portant une électrode très pointue à une tension élevée. Les sources radioactives sont interdites dans la plupart des pays en raison de la radioactivité quelles émettent.
Les générateurs électriques sont constitués dune cathode pointue portant une tension négative de plusieurs milliers de volts, entourée dune anode en couronne mise à la terre. Les ions négatifs sont repoussés vers lextérieur, tandis que les ions positifs sont attirés vers le générateur. La quantité dions négatifs produits augmente avec la tension appliquée et le nombre délectrodes. Les générateurs à électrodes multiples fonctionnant à une tension moyenne sont les plus sûrs, car lutilisation de tensions dépassant 8 000 à 10 000 volts libère également de lozone et des oxydes dazote. La dispersion des ions est obtenue par répulsion électrostatique.
La migration des ions dépend de lalignement du champ magnétique qui sétablit entre le point démission et les objets qui lentourent. La concentration ionique nest pas homogène autour du générateur et diminue fortement avec la distance. Des ventilateurs permettent délargir la zone de dispersion ionique. Il y a lieu de noter quun nettoyage régulier des éléments actifs du générateur est indispensable à son bon fonctionnement.
On peut également produire des ions en ayant recours à latomisation de leau, à leffet thermoélectrique ou au rayonnement ultraviolet. Il existe de nombreux types et tailles de générateurs pouvant être montés au plafond ou fixés à une paroi; les petits appareils portatifs peuvent être placés nimporte où.
Les appareils de mesure de la concentration ionique sont formés de deux plaques conductrices placées à 0,75 cm lune de lautre et entre lesquelles règne un champ électrique variable. Les ions sont attirés par la plaque de polarité. On mesure lintensité du courant traversant lune des plaques à laide dun picoampèremètre. La tension variable permet de mesurer les concentrations dions de différentes mobilités. La concentration ionique N est donnée par la formule:
dans laquelle I est le courant en ampères, V la vitesse de lair en cm/s, q la charge dun ion monovalent (1,6 × 10-19 coulomb) et Α la surface efficace des plaques conductrices en cm2. On suppose que tous les ions ont une charge unitaire et quils sont tous captés par les plaques. Il faut noter que cette méthode a ses limites en raison de la présence de courants de fond non négligeables et de linfluence dautres facteurs tels que lhumidité et lélectricité électrostatique.
Les petits ions négatifs sont censés avoir leffet biologique le plus important du fait de leur plus grande mobilité. Des concentrations élevées dions négatifs peuvent tuer les micro-organismes pathogènes ou arrêter leur croissance, sans que lon ait apparemment décelé deffets nuisibles sur lhumain.
Certaines études laissent penser que lexposition à de fortes concentrations dions négatifs produit chez certaines personnes des modifications biochimiques et physiologiques qui ont un effet relaxant, réduisent la tension et les maux de tête, augmentent la vigilance et diminuent les temps de réaction. Ces effets pourraient être dus à linhibition, chez certains sujets hypersensibles, de lhormone neurale sérotonine (5-HT) et de lhistamine dans les environnements riches en ions négatifs. Toutefois, dautres études aboutissent à des conclusions différentes quant aux effets des ions négatifs sur lorganisme. Les bienfaits de lionisation négative restent donc contestés et dautres études devront être entreprises avant quil soit possible de clore le débat.