Le feu est la manifestation dune combustion non maîtrisée. Il implique les matières combustibles des bâtiments où nous vivons, travaillons et passons nos loisirs, ainsi que toute une série de gaz, liquides et solides, utilisés dans lindustrie et le commerce. Ces matières sont généralement à base de carbone, et nous nous y référerons dans le présent article sous le terme générique de combustibles . Malgré les importantes différences chimiques et physiques qui les distinguent lorsquils brûlent, ces combustibles ont certaines caractéristiques qui leur sont communes. Leurs différences résident dans la facilité avec laquelle ils prennent feu (inflammation ou allumage ), la vitesse à laquelle le feu se développe (propagation de la flamme) et lénergie que leur combustion peut dégager par unité de temps (débit calorifique) . A mesure que nous en apprenons davantage sur le feu et la combustion, nous sommes mieux en mesure de quantifier et de prévoir le comportement au feu des matériaux et dappliquer nos connaissances au domaine général de la sécurité en cas dincendie. Nous nous proposons, dans le présent article, dexaminer certains des principes qui sont à la base des phénomènes liés au feu, dans le but de pouvoir mieux les appréhender.
Les matières combustibles se trouvent partout autour de nous. Si les conditions sy prêtent, ces matières peuvent prendre feu sous leffet dune source dinflammation capable de déclencher une réaction auto-entretenue. Dans ce processus, le «combustible», en se combinant à loxygène de lair, libère de lénergie (chaleur) et se transforme en produits de combustion dont certains peuvent être nocifs. Il est important de bien comprendre les mécanismes de linflammation et de la combustion.
La plupart des incendies prennent naissance dans des solides (bois, produits du bois, polymères synthétiques), même si les combustibles gazeux et liquides ne sont pas rares. Il nous paraît utile, avant daborder les notions de base, dexaminer brièvement la combustion des gaz et des liquides.
Un gaz inflammable (comme le propane C3H8) peut brûler de deux façons. On peut allumer un courant ou un jet de gaz sortant dun tube (par exemple, dun bec Bunsen dont larrivée dair est fermée), qui brûle alors avec une flamme de diffusion , cest-à-dire où la combustion se produit dans les régions où le combustible gazeux et lair se mélangent par diffusion. Cette flamme émet une lumière jaune caractéristique indiquant la présence de minuscules particules de suie résultant dune combustion incomplète. Certaines de ces particules brûlent dans la flamme, mais les autres se dégagent de la flamme pour former de la fumée .
Si le gaz et lair sont bien mélangés au préalable, une flamme de prémélange se produira, à condition que le mélange se situe dans lintervalle des concentrations défini par les limites inférieure et supérieure dinflammabilité (voir tableau 41.1). En dehors de ces limites, le mélange nest pas inflammable (à noter quune flamme de prémélange ou flamme bleue se stabilise à lextrémité de la buse dun bec Bunsen lorsque larrivée dair est ouverte). Si un mélange est inflammable, une petite source dénergie, comme une étincelle électrique, suffit pour lenflammer. Le mélange stchiométrique est le plus facile à enflammer parce quil contient juste assez doxygène pour brûler complètement le combustible et le transformer en gaz carbonique et en eau (voir la réaction dans léquation ci-après, dans laquelle lazote est présent dans la même proportion que dans lair, mais nintervient pas dans la combustion). Dans cette réaction, nous avons choisi le propane (C3H8) comme combustible:
|
Limite inférieure d’inflammabilité |
Limite supérieure d’inflammabilité |
Acétone |
2,6 |
13 |
Benzène |
1,3 |
7,9 |
n -Décane |
0,75 |
5,6 |
Ethanol |
3,3 |
19 |
n -Hexane |
1,2 |
7,4 |
Méthane |
5,0 |
15 |
Méthanol |
6,7 |
36 |
Monoxyde de carbone |
12,5 |
74 |
Propane |
2,1 |
9,5 |
Une très petite étincelle électrique nayant quune énergie de 0,3 mJ est suffisante pour enflammer un mélange stchiométrique propane-air dans la réaction ci-dessus. Il peut sagir dune décharge délectricité statique à peine perceptible, comme celle qui se produit lorsquon touche un objet mis à la terre après avoir fait quelques pas sur une moquette synthétique. Des quantités dénergie plus petites encore suffisent pour enflammer certains gaz particulièrement réactifs, comme lhydrogène, léthylène ou lacétylène. Dans de loxygène pur (comme dans la réaction ci-dessus, mais sans leffet de dilution de lazote), des quantités dénergie encore plus faibles peuvent amorcer la combustion.
La flamme de diffusion associée à un flux de combustible gazeux sobserve également lorsquun combustible liquide ou solide est en combustion vive. Dans ce cas toutefois, la flamme est alimentée par les vapeurs de combustible qui se dégagent à la surface du liquide ou du solide. Le débit de ces vapeurs est fonction de leur taux de combustion dans la flamme de diffusion, celle-ci transmettant à la surface lénergie nécessaire à la production des vapeurs. Il sagit là dun simple mécanisme dévaporation dans le cas des combustibles liquides, mais dans celui des solides, lénergie transmise à la surface doit être suffisante pour décomposer le combustible, dont les macromolécules se divisent alors en fragments plus petits pouvant se vaporiser et séchapper de la surface. Ce cycle thermique est indispensable au maintien dun débit de vapeurs suffisant pour alimenter la flamme de diffusion (voir figure 41.1). Il est possible déteindre le feu en agissant sur ce processus par différents moyens (voir ci-après).
Il est essentiel de comprendre les échanges de chaleur (ou dénergie) qui se produisent si lon veut saisir le comportement au feu et les processus qui y sont reliés. Le sujet mérite une étude soigneuse. Il existe une documentation abondante sur la question (Welty, Wilson et Wicks, 1976; DiNenno, 1988), mais on se limitera ici à attirer lattention sur trois mécanismes: la conduction, la convection et le rayonnement. Les équations de base de léchange thermique à léquilibre sont:
La conduction intervient dans le transfert de chaleur à travers les solides: k est une propriété physique appelée conductivité thermique (exprimée en kW/mK) et l, la distance (en m) sur laquelle la température thermodynamique passe de T1 à T2 (en degrés Kelvin). La convection représente le transfert de chaleur entre un fluide (dans ce cas lair, les flammes ou les produits de combustion) et une surface (solide ou liquide): h est le coefficient de transmission thermique par convection (exprimé en kW/m2K), qui dépend de la configuration de la surface et de la nature de lécoulement du fluide le long de cette surface. Le rayonnement, semblable à la lumière visible (sauf quil a une plus grande longueur donde), se propage sans nécessiter de support matériel (même à travers le vide): ε est lémissivité de la surface (cest-à-dire son aptitude à émettre un rayonnement) et σ, la constante de Stefan-Boltzman (56,7 × 10-12 kW/m2K4). Le rayonnement thermique se déplace à la vitesse de la lumière (3 × 108 m/s) et tout objet quil rencontre projette une ombre.
Les échanges de chaleur entre les flammes et la surface dun combustible liquide ou solide se font par convection et par rayonnement, mais ce dernier phénomène domine lorsque le diamètre effectif du feu dépasse 1 m. La vitesse de combustion (, en g/s) peut être exprimée par la formule:
est le flux thermique de la flamme vers la surface (kW/m2); , la perte de chaleur de la surface (par rayonnement et par conduction à travers le solide), exprimée sous forme dun flux (kW/m2); Scomb, la superficie du combustible (m2); et LV, sa chaleur de gazéification (équivalent de la chaleur latente de vaporisation des liquides) en kJ/g. Si un incendie se déclare dans un espace confiné, les gaz fuligineux à haute température qui montent du feu (parce quils sont plus légers que lair ambiant) sont déviés sous le plafond, réchauffant les surfaces supérieures. Ces surfaces ainsi que la couche de fumée résultante rayonnent alors de la chaleur vers le bas, particulièrement en direction de la surface du combustible, augmentant la vitesse de combustion selon la formule:
où est la chaleur supplémentaire rayonnée du plafond vers le bas (kW/m2). Cette rétroaction augmente sans cesse la vitesse de combustion provoquant le phénomène dembrasement général, qui se produit dans les espaces clos sil y a assez dair et de combustible pour entretenir le feu (Drysdale, 1985).
La vitesse de combustion est limitée par LV, la chaleur de gazéification, dont la valeur est relativement basse dans le cas des liquides et assez élevée dans le cas des solides. Cest la raison pour laquelle les solides tendent à brûler beaucoup plus lentement que les liquides.
Selon certains experts, le débit calorifique serait le paramètre qui influe le plus sur le comportement dun matériau (ou dun ensemble de matériaux) dans un incendie. Le débit calorifique (DC) est relié au taux de combustion par la formule:
dans laquelle ΔHC est la chaleur effective de combustion du combustible (kJ/g). De nouvelles techniques permettent maintenant de mesurer le débit calorifique à différentes valeurs du flux thermique (au moyen du calorimètre conique, par exemple). On peut également déterminer le débit calorifique darticles encombrants, tels que les meubles capitonnés et les revêtements muraux, en en mesurant la consommation doxygène dans de grands calorimètres (Babrauskas et Grayson, 1992).
Il importe de noter que, lorsquun incendie sétend, non seulement le débit calorifique augmente, mais la formation de «produits de combustion» saccélère également. Ces derniers contiennent des substances toxiques et nocives ainsi que de la fumée chargée de particules, en quantités qui saccroissent à mesure que loxygène présent devient insuffisant pour assurer une combustion complète.
Pour faire brûler un liquide ou un solide, il faut élever sa température de surface jusquà ce quil produise assez de vapeurs pour entretenir une flamme, une fois que ces vapeurs ont pris feu. Les combustibles liquides peuvent être classés selon leur point déclair , cest-à-dire selon la température la plus basse à laquelle il existe en surface un mélange inflammable de vapeurs et dair (autrement dit, la tension de vapeur correspond à la limite inférieure dinflammabilité). Le point déclair est mesuré à laide dun appareil standard. Quelques valeurs caractéristiques sont présentées au tableau 41.2. Il faut dépasser légèrement le point déclair pour que la quantité de vapeurs émises suffise à lentretien dune flamme de diffusion. On atteint ainsi le point dinflammation , également appelé point de feu. Dans le cas des combustibles solides, les mêmes principes sappliquent, mais les températures en cause doivent être assez élevées pour produire une décomposition chimique. Le point dinflammation est en général supérieur à 300 °C, selon le combustible. Les matériaux ignifuges ont dordinaire un point dinflammation sensiblement plus élevé (voir tableau 41.2).
|
Point d’éclair en vase clos1 |
Point d’inflammation2 |
n -Décane (l) |
46 |
61,5 |
n -Dodécane (l) |
74 |
103 |
Essence (indice d’octane 100) (l) |
–38 |
|
Poly(méthacrylate de méthyle) (s) |
|
~310 |
Poly(méthacrylate de méthyle) ignifugé (s) |
|
~377 |
Polypropylène (s) |
|
~330 |
Polypropylène ignifugé (s) |
|
~397 |
Polystyrène (s) |
|
~367 |
Polystyrène ignifugé (s) |
|
~445 |
l = liquide; s = solide.
1 Mesuré à l’aide de l’appareil à vase clos Pensky-Martens. 2 Liquides: mesuré à l’aide de l’appareil à vase ouvert Cleveland. Solides: Drysdale et Thomson (1994). (A noter: les résultats des produits ignifugés ont été obtenus en présence d’un flux thermique de 37 kW/m2.)
Linflammabilité dun solide dépend donc de la facilité avec laquelle on peut amener sa température de surface au point dinflammation, par exemple en lexposant à une chaleur rayonnée ou à un courant de gaz chauds. Cela dépend moins du processus de décomposition chimique que de lépaisseur et des propriétés physiques du solide, autrement dit de sa conductivité thermique (k) , de sa masse volumique ( ρ) et de sa chaleur spécifique (c) . Les solides minces, comme les copeaux de bois (et toutes les sections minces), peuvent très facilement prendre feu parce que leur masse thermique est faible. Autrement dit, il suffit dune quantité relativement faible de chaleur pour élever leur température au point dinflammation. Par contre, lorsque la surface dun solide dune certaine épaisseur est chauffée, une partie de la chaleur transmise est dissipée par conduction dans la masse du solide, ce qui limite lélévation de sa température de surface. Il est possible de prouver que le taux délévation de la température superficielle dépend directement de linertie thermique du solide, cest-à-dire du produit kρc. On le constate dailleurs en pratique: un matériau épais doté dune forte inertie thermique (planche de chêne ou bloc de polyuréthane) met plus de temps à prendre feu sous leffet dun flux thermique donné quun matériau de la même épaisseur, mais dune inertie thermique moindre (par exemple, panneau isolant en fibre ou mousse de polyuréthane), qui senflammera plus rapidement dans les mêmes conditions (Drysdale, 1985).
Le schéma de la figure 41.2 présente les étapes de la combustion (combustion amorcée) . Pour que la combustion puisse sétablir, la source dinflammation doit pouvoir non seulement élever la température de surface au point dinflammation ou au-dessus, mais aussi enflammer les vapeurs. Une flamme peut remplir les deux rôles, mais un flux de chaleur rayonnée provenant dune source lointaine peut aussi élever la température au-delà du point dinflammation et entraîner la formation de vapeurs, sans pour autant les enflammer. Toutefois, si les vapeurs produites sont assez chaudes (cest-à-dire si la température de surface est beaucoup plus élevée que le point dinflammation), elles peuvent senflammer spontanément lorsquelles se mélangent à lair ambiant. Il sagit alors dune inflammation spontanée .
Les sources dénergie qui peuvent amorcer un incendie sont très nombreuses, mais elles ont toutes un point commun: elles résultent dune forme ou dune autre de négligence ou dinaction. Ce sont par exemple les flammes nues, les cigarettes, cigares et autres produits pour fumeurs, léchauffement par frottement, les appareils électriques (appareils de chauffage et de cuisson, fers à repasser, etc.) et ainsi de suite. On en trouvera un excellent relevé dans Cote (1991). Nous présentons quelques-unes de ces sources dans le tableau 41.3.
|
Exemples |
Appareils électriques |
Radiateur électrique, séchoir à cheveux, couverture électrique, etc. |
Flamme nue |
Allumette, briquet, lampe à souder, etc. |
Appareils au gaz |
Foyer au gaz, appareil de chauffage individuel, réchaud ou cuisinière à gaz, etc. |
Autres appareils de chauffage |
Poêle à bois, etc. |
Tabac allumé |
Cigare, pipe, etc. |
Objet chaud |
Tuyaux portés à haute température, étincelles d’origine mécanique, etc. |
Exposition à une source de chaleur |
Foyer proche, etc. |
Combustion spontanée |
Chiffons imbibés d’huile de lin, tas de charbon, etc. |
Réaction chimique |
Rare par exemple, permanganate de potassium et glycérine |
Il y a lieu de noter quune cigarette allumée ne peut pas directement déclencher une combustion vive (même dans les combustibles gazeux courants), mais elle peut amorcer un feu couvant dans les matériaux qui se prêtent à une combustion lente de ce genre. Il sagit de matériaux qui carbonisent quand ils sont chauffés. Dans un feu couvant, la zone carbonisée soxyde en surface, ce qui dégage localement assez de chaleur pour carboniser les zones voisines du combustible. Le processus est très lent, mais peut dans certains cas produire des flammes qui déclencheront très rapidement un incendie.
Un matériau qui se prête à une combustion lente peut également manifester le phénomène dauto-échauffement (Bowes, 1984). Ce phénomène se produit lorsque le matériau est entreposé en grande quantité dune manière telle que la chaleur produite par une lente oxydation de surface ne peut séchapper, entraînant une élévation de température dans la masse. Si les conditions sy prêtent, une telle situation peut mener à une réaction non maîtrisée qui produit un feu couvant à lintérieur même du matériau.
La vitesse à laquelle la flamme se propage aux surfaces combustibles voisines joue un rôle de premier plan dans le développement de tout incendie. La propagation de la flamme peut être représentée par la progression dune onde de combustion: le front de flamme joue le rôle dune source dallumage qui amorce la combustion de la matière voisine qui na pas encore pris feu. La vitesse de propagation dépend, dune part, des propriétés qui caractérisent linflammabilité et, de lautre, de linteraction entre la flamme existante et la surface qui se trouve devant le front de londe. La propagation verticale vers le haut est la plus rapide parce quelle est accélérée par la montée de lair chaud, ce qui expose les surfaces qui se trouvent au-dessus de la zone de combustion à la chaleur directe des flammes. Il nen est pas de même en cas de propagation le long dune surface horizontale, puisque les flammes de la zone de combustion montent verticalement, sécartant en fait de la surface. Il est notoire que la propagation verticale est la plus dangereuse (par exemple, le long de rideaux ou dun vêtement ample, comme une robe ou une chemise de nuit).
La vitesse de propagation augmente également sous leffet dun flux imposé de chaleur rayonnante. Lorsquun incendie se développe dans une pièce, le feu sétend plus rapidement par suite du rayonnement thermique, qui croît lui-même à mesure que les flammes progressent. Cela contribue à lintensification de lincendie jusquau stade de lembrasement général.
Lextinction des incendies peut être examinée à partir des principes théoriques de base brièvement exposés ci-dessus. Les processus de combustion en phase gazeuse (cest-à-dire les réactions liées aux flammes) sont très sensibles à laction dinhibiteurs chimiques. Laction de certains des ignifugeants utilisés pour améliorer le «comportement au feu» des matériaux part du principe que de petites quantités dun inhibiteur produites en même temps que les vapeurs du combustible peuvent empêcher la formation dune flamme. La présence dun ignifugeant ne peut pas rendre incombustible une matière combustible, mais elle peut retarder ou même empêcher linflammation si la source dénergie est faible. Cependant, dans un incendie déjà établi, un matériau ignifugé brûlera aussitôt que les flux thermiques présents auront surmonté les effets de lignifugeant.
Il y a différents moyens déteindre un incendie:
La première méthode dextinction, consistant à interrompre lémission de vapeurs combustibles, est de toute évidence celle quil convient dadopter dans le cas dun incendie dû à un jet de gaz, où il est possible de couper tout simplement larrivée du combustible. Cest aussi la méthode la plus courante et la plus sûre dextinction des feux de liquides et de solides. Lorsquil sagit dun combustible solide, cette méthode nécessite dabaisser la température de surface en deçà du point dinflammation, cest-à-dire jusquau point où lémission de vapeurs est trop faible pour entretenir la flamme. La façon la plus efficace consiste à répandre de leau par des moyens manuels ou à laide dun système automatique (sprinklers, eau pulvérisée, etc.). En général, il est impossible déteindre de cette manière les feux de liquides: pour les combustibles liquides à bas point dinflammation, on ne peut tout simplement pas les refroidir suffisamment, et pour les liquides à point dinflammation élevé, leau se vaporise instantanément au contact de la surface surchauffée du combustible, ce qui peut provoquer le débordement du liquide en feu et mettre gravement en danger les personnes qui luttent contre le feu (dans certains cas particuliers, on peut avoir recours à des systèmes dextinction automatiques à eau pulvérisée sous haute pression, qui sont spécialement conçus pour ce type dincendie, mais cela nest pas courant).
En général, on éteint les feux de liquides à laide de mousses (Cote, 1991). Ces mousses sont produites par aspiration dun émulseur dans un courant deau, qui est ensuite projeté sur les flammes à laide dune lance spéciale qui permet lintroduction dair dans le jet. On obtient ainsi une mousse qui flotte à la surface du liquide, freinant la production des vapeurs combustibles par effet de blocage et qui protège la surface contre la chaleur dégagée par les flammes. Cette mousse doit être appliquée soigneusement de façon à former une sorte de tapis qui recouvre progressivement toute la surface du liquide. Les flammes baissent à mesure que ce «tapis» sétend. En même temps, la mousse se décompose progressivement, libérant de leau qui contribue au refroidissement de la surface. Le processus est en fait assez complexe, mais il permet finalement de maîtriser lémission des vapeurs combustibles.
Il existe une grande variété démulseurs, et il est donc important den choisir un qui soit compatible avec le type de liquides à protéger. Les premiers appareils de ce genre, les «émulseurs protéiniques», ont été conçus pour combattre les feux dhydrocarbures liquides, et ils se décomposent rapidement au contact des combustibles liquides solubles dans leau. Aujourdhui, il existe des mousses synthétiques adaptées à toute la gamme envisageable de liquides combustibles. Parmi elles, la mousse AFFF (ou agent formant un film flottant) est un produit polyvalent qui, comme son nom lindique, forme une pellicule deau à la surface du liquide enflammé, ce qui en accroît lefficacité.
Cette méthode fait appel à des inhibiteurs chimiques. Les réactions qui se produisent dans la flamme font intervenir des radicaux libres, éléments hautement réactifs qui, bien quéphémères, se régénèrent constamment dans une réaction à chaînes ramifiées qui les maintient à une concentration assez élevée pour permettre à la réaction densemble (par exemple, réaction de type R1) de se poursuivre à un rythme rapide. Appliqués en quantité suffisante, ces agents dextinction chimiques provoquent une baisse considérable de la concentration de ces radicaux, ce qui inhibe la flamme. Les principaux produits qui agissent de la sorte sont les halons et les poudres extinctrices.
Les halons se décomposent dans la flamme, produisant des substances intermédiaires avec lesquelles les radicaux présents préfèrent réagir. Des quantités relativement faibles de halons suffisent pour éteindre un incendie. Cest pour cette raison quon les a toujours préférés, car les concentrations nécessaires à lextinction permettent de maintenir une atmosphère «respirable» (bien que les produits de décomposition sous leffet des flammes soient nocifs). Les poudres extinctrices agissent dune manière similaire, mais peuvent être beaucoup plus efficaces dans certaines conditions. Les fines particules de ces poudres sont dispersées dans la flamme, inhibant les chaînes de radicaux. Les particules doivent être aussi fines et nombreuses que possible. De nombreux fabricants obtiennent cet effet en choisissant des poudres qui «décrépitent», cest-à-dire dont les particules se fragmentent lorsquelles sont exposées aux températures élevées des flammes.
Il est reconnu que le meilleur moyen de porter secours à une personne dont les vêtements ont pris feu est dutiliser un extincteur à poudre qui éteint les flammes et protège la victime. Une intervention rapide permet une «action de choc» pouvant minimiser les blessures. Il importe cependant déteindre complètement les flammes parce que les particules de poudre retombent vite au sol, laissant toute flamme résiduelle se rétablir très rapidement. Il en est de même des halons, qui ne demeurent efficaces que si on maintient leur concentration. A lair libre, les vapeurs des halons se dispersent rapidement, permettant à lincendie de reprendre sil reste encore des flammes. Fait plus important, la dispersion de linhibiteur est suivie dun réallumage du combustible si la température de surface est assez élevée. Il y a lieu de noter à cet égard que les halons et les poudres extinctrices nont pas deffet notable de refroidissement de la surface du combustible.
La description de ce processus est ici très simplifiée. On peut, il est vrai, éteindre un incendie en le «privant de son alimentation en air», et il suffit à cet effet dabaisser la teneur en oxygène de latmosphère ambiante en deçà dun niveau critique. Le test bien connu de lindice limite doxygène permet de classer les matières combustibles selon la concentration minimale doxygène qui permet tout juste dentretenir une flamme dans un mélange oxygène-azote. Beaucoup de matériaux courants brûlent jusquà une concentration denviron 14% doxygène à la température ambiante (environ 20 °C), en labsence déchanges thermiques imposés. Cette concentration critique varie en fonction inverse de la température. Ainsi, un feu qui brûle depuis un certain temps peut entretenir des flammes à des concentrations doxygène aussi faibles que 7%. Un incendie qui sest déclaré dans une pièce peut être maîtrisé et même séteindre tout seul si lalimentation en oxygène est réduite en tenant les portes et les fenêtres fermées. A de très faibles concentrations, il ny a plus de flammes, mais le feu peut continuer à couver. En ouvrant une porte ou en brisant une vitre avant que la pièce ait eu le temps de refroidir suffisamment, on peut provoquer un retour de flamme , violente reprise de lincendie sous leffet de lair frais admis.
Il est difficile de «retirer lair» dun local. Toutefois, on peut rendre un milieu «inerte» en le noyant complètement dans un gaz qui ne peut pas entretenir une combustion, comme lazote, le gaz carbonique ou les gaz issus dun processus de combustion (par exemple, les gaz déchappement des moteurs dun navire), qui contiennent peu doxygène et beaucoup de gaz carbonique. Cette technique ne peut servir que dans des espaces clos parce quil est nécessaire de maintenir la concentration du gaz inerte jusquà ce que le feu soit complètement éteint ou jusquà ce que les opérations dextinction puissent commencer. Cette technique de noyage total a des applications particulières, par exemple pour protéger les cales de navires ou des collections de livres rares dans les bibliothèques. Les concentrations minimales requises de gaz inertes figurent au tableau 41.4. Ces concentrations se fondent sur lhypothèse que lincendie est détecté très tôt et que le noyage seffectue avant que les flammes naient provoqué une trop grande accumulation de chaleur dans le local en cause.
Agent |
Concentration minimale |
Halon 1301 |
8,0 |
Halon 1211 |
8,1 |
Azote |
~58 |
Dioxyde de carbone |
~35 |
Cette «privation dair» peut être réalisée au voisinage immédiat dun petit feu par application locale dun inhibiteur contenu dans un extincteur. Le dioxyde de carbone, ou anhydride carbonique, est le seul gaz qui soit utilisé de cette façon. Mais comme il se disperse rapidement, il est essentiel de ne pas interrompre lextinction avant davoir complètement éteint les flammes sous peine de voir lincendie reprendre très vite. La réinflammation est également possible parce que le dioxyde de carbone na pratiquement pas deffet de refroidissement. Il y a lieu de mentionner que de leau finement pulvérisée sur une flamme peut léteindre sous laction combinée de lévaporation des gouttelettes (qui refroidit la zone de combustion) et de la réduction de la concentration doxygène par dilution dans la vapeur deau (qui agit de la même façon que le dioxyde de carbone). On envisage en fait de remplacer les halons par des jets ou des brouillards deau finement pulvérisée. Notons ici quil est déconseillé déteindre un feu de gaz si lon nest pas en mesure de couper lalimentation immédiatement après. Un important volume de gaz inflammable peut saccumuler et prendre feu par la suite avec des conséquences graves.
Nous mentionnons cette méthode afin de donner un aperçu complet des modes dextinction. On peut facilement souffler la flamme dune allumette en portant la vitesse de lair au-delà dune valeur critique au voisinage de la flamme, de façon à la déstabiliser à proximité du combustible. En théorie, on devrait pouvoir maîtriser un grand incendie de la même façon, mais il faudrait alors recourir à des charges explosives pour obtenir les vitesses nécessaires. Il est possible déteindre de cette manière les puits de pétrole en feu.
Il importe, enfin, de souligner un aspect commun à tous les incendies: la facilité dextinction varie en raison inverse de létendue du feu. Une détection précoce permet déteindre lincendie avec le moins possible de produits extincteurs et de dommages. Le choix du système dextinction sera fonction de la vitesse potentielle dévolution du feu et de la nature du système de détection installé.
Une explosion se caractérise par une libération soudaine dénergie qui produit une onde de choc ou un souffle pouvant causer des dommages à une grande distance. Il y a deux sources possibles dexplosion: la détonation dun explosif et léclatement par surpression. Le trinitrotoluène (TNT) et le cyclotriméthylènetrinitramine (RDX ou hexogène) sont des exemples dexplosifs détonants. Fortement exothermiques, ces composés libèrent dénormes quantités dénergie en se décomposant. Même sil sagit de composés thermiquement stables (en fait, certains le sont moins que dautres et doivent être neutralisés avant de pouvoir être manipulés en toute sécurité), on peut les faire détoner, leur décomposition se propageant alors à travers leur masse à la vitesse du son. Si la quantité dénergie libérée est assez élevée, une onde de choc partant de la source pourra causer des dommages importants à distance.
En évaluant ces dommages, on peut estimer l«équivalence TNT» de lexplosion (généralement exprimée en tonnes de TNT). Cette technique se fonde sur la masse de données recueillies sur le potentiel destructif du TNT (surtout en temps de guerre), ainsi que sur des extrapolations empiriques développées à partir de létude des dommages provoqués par des quantités connues de TNT.
En temps de paix, les explosifs détonants sont utilisés dans différents secteurs (mines, carrières, construction de grands ouvrages dart, etc.). Leur présence sur un chantier représente un danger particulier nécessitant des mesures précises de gestion. Toutefois, il est une autre source d«explosions» qui peut être également dévastatrice, surtout si lon na pas conscience de limportance des risques encourus. Il sagit des surpressions à lorigine déclatements qui peuvent résulter de réactions chimiques dans des installations industrielles ou deffets purement physiques, comme lorsquun contenant est chauffé par des sources extérieures. Cela explique le sigle BLEVE (Boiling Liquid Expanding Vapour Explosion ou explosion due à lexpansion des vapeurs dun liquide en ébullition) employé à lorigine pour désigner la rupture des chaudières à vapeur. Il est communément utilisé aujourdhui lorsquune enceinte sous pression contenant un gaz liquéfié tel que le GPL (gaz de pétrole liquéfié) se rompt dans un incendie, libérant son contenu hautement inflammable qui sallume et forme une immense «boule de feu».
La surpression peut aussi être due à une réaction chimique interne. Dans les industries de transformation, lauto-échauffement peut provoquer une réaction non maîtrisée et engendrer des températures et des pressions assez élevées pour causer un éclatement. Toutefois, les explosions les plus courantes se produisent lorsquun mélange inflammable gaz-air prend feu dans une enceinte fermée dune installation ou dans nimporte quel espace clos. Une explosion ne peut se produire sans la présence dun mélange inflammable; cest donc ce quil faut éviter par une bonne conception et une bonne gestion des lieux. En cas de dégagement accidentel, une atmosphère inflammable se forme si la concentration du gaz (ou des vapeurs combustibles) se situe entre les limites inférieure et supérieure dinflammabilité (voir tableau 41.1). En présence dune source dinflammation, une flamme caractéristique des prémélanges gaz-air se propage rapidement à partir de la source, transformant le mélange gazeux en produits de combustion à haute température. La température peut grimper jusquà 2 100 K, ce qui revient à dire que dans un système complètement fermé se situant initialement à 300 K, une pression pouvant atteindre 7 bars est possible. Seuls des récipients spécialement conçus peuvent supporter une telle surpression. Des bâtiments ordinaires seffondreront à moins dêtre protégés par des limiteurs de pression (panneaux ou disques de rupture) ou par un système de suppression des explosions. Si un mélange inflammable se forme dans un bâtiment, lexplosion résultante peut endommager la charpente ou même détruire tout le bâtiment à moins que les gaz produits ne puissent séchapper par les ouvertures (par exemple, les fenêtres brisées) percées par les premières étapes de lexplosion.
Les explosions de ce genre peuvent également se produire si des poussières combustibles en suspension dans lair senflamment (Palmer, 1973). Cest le cas lorsquune importante accumulation de poussières «explosives» est délogée détagères, déléments de charpente ou des rebords dun bâtiment pour former un nuage qui est ensuite exposé à une source dinflammation (par exemple, dans une minoterie, un silo à céréales, etc.). Bien sûr, les poussières doivent être combustibles, mais toutes les poussières combustibles nexplosent pas nécessairement à la température ambiante. Des tests normalisés ont été mis au point pour mesurer cette caractéristique. Ils ont permis de constater que les poussières explosives ont des «limites dexplosibilité», semblables par leur principe aux «limites dinflammabilité» des gaz et des vapeurs. En général, lexplosion de poussières peut causer beaucoup de dommages parce que les premiers stades du phénomène tendent à déloger encore plus de poussières qui épaississent le nuage, celui-ci finissant toujours par senflammer pour produire une plus grosse explosion.
Les évents de décharge et les évents de décompression ne peuvent remplir leur rôle que si lexplosion se développe relativement lentement, comme dans le cas de la propagation dune flamme de prémélange à travers un mélange inflammable stationnaire ou un nuage de poussières explosives. Les évents ne sont daucune utilité en cas de détonation: les orifices de décompression doivent souvrir dès les premiers stades du phénomène, lorsque la pression est encore relativement faible. Si une détonation se produit, la pression augmente trop rapidement pour que la décompression soit efficace et le contenant ou le local subit alors des pressions internes assez élevées pour causer une destruction massive. La détonation dun mélange gazeux inflammable peut se produire si le mélange est contenu dans un long tuyau ou conduit. Dans certaines conditions, la propagation de la flamme pousse les gaz imbrûlés en avant du front de flamme à une vitesse qui accroît la turbulence, ce qui augmente la vitesse de propagation. Il se produit ainsi une rétroaction qui accélère suffisamment la progression des flammes pour former une onde de choc. Sajoutant au processus de combustion, londe de détonation peut atteindre des vitesses dépassant largement 1 000 m/s. Signalons, pour fins de comparaison, que la vitesse fondamentale de combustion dun mélange stchiométrique propane-air est de 0,45 m/s (cest la vitesse à laquelle la flamme se propage dans un mélange propane-air à létat quiescent, cest-à-dire en labsence de turbulence).
On ne saurait sous-estimer limportance de la turbulence dans lévolution de ce type dexplosion. Lefficacité dun système de protection contre les explosions dépend dune décompression ou dune suppression rapides. Si lexplosion se développe trop vite, le système de protection sera inefficace et les surpressions pourront être très élevées.
La suppression de lexplosion peut être substituée à la décompression. Ce type de protection nécessite une détection très précoce, aussi proche que possible de lallumage. Le déclenchement du détecteur libère instantanément un inhibiteur dans la trajectoire de la flamme en propagation, arrêtant donc lexplosion avant que la pression natteigne un niveau pouvant menacer lintégrité du local ou du récipient. Les halons ont été couramment utilisés à cette fin, mais comme on les élimine progressivement, lattention se tourne maintenant vers des systèmes à eau pulvérisée sous haute pression. Cette forme de protection est très coûteuse et dapplication assez limitée, car elle ne peut servir que dans des espaces relativement exigus où il est possible de répandre lagent inhibiteur rapidement et uniformément (par exemple, dans des canalisations servant au transport de vapeurs inflammables ou de poussières explosives).
Dune façon générale, ce nest que récemment que létude des incendies a progressé suffisamment pour que ses résultats influent sur la conception des techniques, notamment des mesures de sécurité. Dans le passé, la sécurité incendie sest développée au cas par cas: on réagissait à des incidents en imposant des règles ou des restrictions destinées à prévenir la répétition des sinistres. Beaucoup dexemples viennent à lesprit. En 1666, le grand incendie de Londres a été à lorigine du premier ensemble de règles (ou codes) applicables aux bâtiments et de lassurance incendie. A notre époque, des incendies de gratte-ciel comme ceux de 1972 et de 1974 à São Paulo, au Brésil, ont conduit les autorités à modifier les codes du bâtiment afin de prévenir des sinistres aussi meurtriers à lavenir. On sest attaqué de la même manière à dautres problèmes. En Californie, on a reconnu le danger que présentent certains meubles modernes capitonnés (particulièrement ceux qui contiennent de la mousse ordinaire de polyuréthane), ce qui sest traduit par ladoption dune stricte réglementation sur lutilisation des différents produits de rembourrage.
Il sagit là de quelques cas simples dans lesquels létude des conséquences dun incendie a amené les autorités à imposer des règles destinées à protéger les personnes et les collectivités en cas de feu. La décision de prendre action dans quelque domaine que ce soit doit se fonder sur une analyse des connaissances dont on dispose. Il faut démontrer que le problème perçu est réel. Dans certains cas évidents comme les incendies de São Paulo , cela nest pas nécessaire, mais dans dautres, il y a lieu de justifier les frais engagés (et «prouver», par exemple, que les meubles modernes peuvent être dangereux). Cela suppose que lon dispose dune bonne base de données sur les incendies sétendant sur une période suffisante pour pouvoir dégager des tendances sur le nombre de sinistres et de victimes, lincidence dune cause particulière, etc. On peut ensuite recourir à des techniques statistiques pour déterminer si une tendance ou un changement sont assez significatifs pour nécessiter des mesures correctives.
Dans bon nombre de pays, les services dincendie sont tenus de présenter un rapport sur chaque sinistre combattu. Au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, par exemple, lofficier pompier responsable remplit un formulaire qui est transmis à un organisme central (le ministère de lIntérieur au Royaume-Uni et lAssociation nationale de protection contre lincendie (National Fire Protection Association (NFPA)) aux Etats-Unis), où les renseignements sont codés et traités dune manière prescrite. Les données qui en résultent sont mises à la disposition des organismes gouvernementaux et dautres parties intéressées. Ces bases de données sont extrêmement précieuses, par exemple pour mettre en évidence les principales causes dincendie ou les articles qui sont les premiers à prendre feu. Ainsi, un examen de lincidence des décès et de leur rapport avec les causes dincendie a montré que le nombre de victimes dincendies dus à des produits de tabac est très élevé par rapport au nombre des incendies ayant cette origine.
La fiabilité de ces bases de données dépend de la compétence des sapeurs-pompiers qui réalisent les enquêtes sur les lieux du sinistre. Les enquêtes sur les incendies sont loin dêtre faciles. Elles exigent de grandes compétences et des connaissances étendues, notamment dans le domaine des phénomènes liés au feu. Le Service des incendies du Royaume-Uni a lobligation de rendre compte de chaque sinistre combattu, ce qui impose une lourde responsabilité au sapeur-pompier responsable. La structure du formulaire revêt une importance capitale, car elle doit permettre de fournir linformation nécessaire avec un degré de précision suffisant. La NFPA présente un modèle de base, «Basic Incident Report Form», dans son manuel Fire Protection Handbook (Cote, 1991).
Les données peuvent servir de deux façons: soit pour reconnaître un risque dincendie, soit pour trouver des arguments rationnels sur lesquels fonder une ligne de conduite particulière pouvant nécessiter des dépenses publiques ou privées. Une base de données établie de longue date permet en outre de déterminer les effets de mesures prises dans le passé. Nous avons relevé les dix points suivants dans les statistiques recueillies par la NFPA entre 1980 et 1989 (Cote, 1991):
Ces conclusions sont évidemment propres au pays considéré, mais il y a des tendances communes. Un examen attentif des données peut aider à formuler des politiques rationnelles de sécurité incendie pour la collectivité. Il ne faut pas perdre de vue, cependant, que de telles politiques sont inévitablement «réactives» plutôt que «proactives». Il nest possible denvisager des mesures proactives quaprès une évaluation détaillée des risques dincendie. Cette façon de procéder commence à se généraliser: appliquée dabord dans lindustrie nucléaire, elle sest étendue aux industries chimiques et pétrochimiques et aux installations pétrolières en mer, où les risques sont beaucoup plus faciles à définir que dans les autres industries. Son application dans les hôtels et les établissements ouverts au public est beaucoup plus difficile, car il faut recourir à des techniques de modélisation pour prédire le déroulement dun incendie et la façon dont les produits de combustion se propageront dans limmeuble et affecteront les occupants. On a réalisé de grands progrès dans ce type de modélisation, mais il reste beaucoup à faire pour en arriver à lutiliser en toute confiance. Le domaine de la sécurité incendie a encore besoin de longues recherches fondamentales avant quil devienne possible demployer couramment des outils sûrs dévaluation des risques dincendie.
Il existe diverses définitions des termes de feu et de combustion . Voici, aux fins du présent texte, les plus importants énoncés relatifs à la combustion, en tant que phénomène:
Linflammation peut être considérée comme la première étape du processus auto-entretenu de combustion. Elle est provoquée si le phénomène est causé par une source extérieure. Il peut également sagir dune inflammation spontanée (ou dauto-allumage ) si le phénomène résulte de réactions dans la masse même de la matière combustible qui produisent un dégagement de chaleur.
Laptitude à prendre feu est caractérisée par un paramètre empirique, la température dinflammation (cest-à-dire la température minimale, déterminée par des essais, à laquelle la matière doit être portée pour brûler). On distingue la température dinflammation provoquée et la température dinflammation spontanée , selon que ce paramètre est déterminé par des méthodes dessai spéciales en recourant ou non à une source dénergie extérieure.
En cas dinflammation provoquée, lénergie nécessaire pour amorcer la réaction de combustion provient de sources extérieures. Toutefois, il ny a pas de lien direct entre la quantité de chaleur nécessaire et la température dinflammation. En effet, même si la composition chimique des combustibles considérés constitue un facteur essentiel de la température dinflammation, cette dernière dépend dans une large mesure de la taille et de la forme des matières en présence, de la pression ambiante, des conditions de circulation de lair, des caractéristiques de la source dinflammation, des variables géométriques de lappareil dessai, etc. Cest la raison pour laquelle les données publiées relatives aux températures dinflammation provoquée ou spontanée peuvent varier sensiblement dun document à lautre.
Le mécanisme dinflammation de matières combustibles est facile à illustrer. Nous examinerons à cet effet des matières à létat solide, liquide et gazeux.
La plupart des solides reçoivent lénergie dune source dinflammation extérieure par conduction, convection ou rayonnement (le plus souvent par une combinaison des trois) ou séchauffent par suite de processus exothermiques internes qui déclenchent une décomposition de surface.
Pour que des liquides senflamment, ils doivent émettre des vapeurs combustibles à leur surface. Les vapeurs libérées ainsi que les produits de décomposition gazeux se mélangent à lair, à la surface du liquide ou du solide.
La diffusion ou la turbulence qui se produit dans le mélange aide loxygène à atteindre les molécules, les atomes et les radicaux libres qui, à la surface et au-dessus, peuvent entrer en réaction. Les particules réagissent, dégageant de la chaleur. Le processus saccélère constamment et lorsque la réaction en chaîne samorce, la matière combustible prend feu et brûle.
On dit quil y a feu couvant lorsque la combustion se produit au-dessous de la surface dune matière combustible solide. Le feu est dit incandescent quand la réaction de combustion se situe à linterface dun solide et dun gaz. La combustion accompagnée de flammes est la manifestation dun processus exothermique de combustion en phase gazeuse. Il se produit lors de la combustion tant des liquides que des solides.
Les gaz combustibles brûlent naturellement en phase gazeuse. On constate empiriquement que les mélanges gaz-air ne peuvent senflammer quà lintérieur dun intervalle défini de concentrations. Cela est vrai aussi pour les vapeurs émises par des liquides. Les limites inférieure et supérieure dinflammabilité des gaz et des vapeurs dépendent de la température et de la pression du mélange, de la source dinflammation et de la concentration du mélange en gaz inertes.
Les phénomènes qui produisent de lénergie thermique peuvent être répartis entre quatre catégories de base selon leur origine (Sax, 1979):
Nous examinerons ci-dessous les sources dinflammation les plus courantes.
Les flammes nues sont sans doute les sources dinflammation les plus simples et les plus fréquentes. Nombreux sont les outils dusage général et les différents types déquipements techniques qui fonctionnent normalement avec des flammes nues ou permettent la formation de telles flammes. Les brûleurs, les allumettes, les chaudières, les systèmes de chauffage, les chalumeaux de soudage, les canalisations brisées de gaz et de pétrole, etc. peuvent tous en pratique être considérés comme des sources possibles dinflammation. Comme une flamme nue représente en soi une combustion auto-entretenue qui existe déjà, le mécanisme dinflammation revient en fait à une propagation de cette flamme à un autre élément. Si la source à flamme nue possède suffisamment dénergie, cet élément commence à brûler.
Les réactions chimiques exothermiques présentent un risque dincendie comme sil sagissait de «sources internes dinflammation». Les substances susceptibles dauto-échauffement et dinflammation spontanée peuvent toutefois devenir des sources dinflammation secondaires en provoquant linflammation de combustibles se trouvant dans leur voisinage.
Même si certains gaz (par exemple, le phosphure dhydrogène, lhydrure de bore ou lhydrure de silicium) et certains liquides (par exemple, les métaux carbonyle, ou les composés organométalliques) sont susceptibles dinflammation spontanée, la plupart des combustions spontanées prennent la forme de réactions de surface dans des solides. Linflammation spontanée, comme toute inflammation, dépend de la structure chimique de la matière et surtout de son degré de dispersion. Si la surface spécifique est importante, la chaleur de réaction peut saccumuler localement et contribuer à faire monter la température de la matière au-delà de la température dinflammation spontanée.
Certains liquides peuvent senflammer spontanément sils entrent en contact avec de lair sur des matières solides dune grande surface spécifique. Les graisses, et particulièrement les huiles insaturées contenant des liaisons doubles, sont susceptibles de senflammer spontanément dans des conditions atmosphériques normales lorsquelles sont absorbées par des matières fibreuses ou quelles imprègnent des textiles dorigine végétale ou animale. De très graves incendies ont été causés par linflammation spontanée de produits de laine de verre ou de laine minérale faits de fibres incombustibles ou de matières inorganiques ayant une grande surface spécifique, qui avaient été contaminés par une huile.
Linflammation spontanée a été principalement observée dans le cas des poussières de matières solides. Un métal ayant une bonne conductivité thermique doit se présenter sous forme de particules assez fines pour prendre feu spontanément sous leffet dune accumulation locale de chaleur. La probabilité dinflammation spontanée est dautant plus élevée que les particules sont petites. Certaines poussières métalliques (par exemple, le fer pyrophorique) senflamment spontanément au simple contact de lair. Il faut donc prendre des précautions particulières pour prévenir linflammation spontanée lors de la manipulation, de lentreposage et du traitement industriel de la poussière de charbon, de suies à particules très fines et de poussières de laques et de résines synthétiques.
Les matières qui ont tendance à se décomposer spontanément sont particulièrement susceptibles de prendre feu sans source dinflammation externe. Lhydrazine, par exemple, senflamme lorsquelle est versée sur nimporte quelle matière dune grande superficie. Les peroxydes, dutilisation courante dans lindustrie des plastiques, se décomposent facilement, se transformant en dangereuses sources dinflammation pouvant à loccasion amorcer une combustion explosive.
La violente réaction exothermique qui se produit lorsque certains produits chimiques entrent en contact les uns avec les autres peut être considérée comme un cas particulier dinflammation spontanée. Cest le cas par exemple de lacide sulfurique concentré avec nimporte quelle matière organique combustible, des chlorates avec des sels ou des acides de soufre ou dammonium, des composés organiques halogénés avec les métaux alcalins, etc. Le fait que ces produits soient incapables de se «supporter» les uns les autres (matières incompatibles) nécessite une attention particulière lorsquil faut les entreposer tant séparément quensemble, ainsi que des règles spéciales de lutte contre lincendie.
Il convient de mentionner en outre quun auto-échauffement dangereux peut dans certains cas résulter de mauvaises conditions matérielles (aération insuffisante, refroidissement déficient, manque dentretien et de nettoyage, réactions provoquant un dégagement excessif de chaleur, etc.), ou être provoqué par celles-ci.
Certains produits agricoles peuvent également prendre feu spontanément: fourrages fibreux, semences huileuses, céréales germées, produits finis de lindustrie de transformation (tranches de betterave séchée, engrais, etc.). Lauto-échauffement de ces matières présente en outre une caractéristique particulière: les températures dangereuses qui en découlent sont aggravées par certains processus biologiques exothermiques difficiles à maîtriser.
Les moteurs, les instruments, les appareils de chauffage, les transformateurs et les appareils déclairage électrique ne présentent normalement pas de risque dincendie sils ont été installés conformément aux normes et aux règles de sécurité applicables et si leur fonctionnement est régi par des directives techniques adéquates. Un entretien régulier et des inspections périodiques réduisent considérablement les risques dincendie et dexplosion. Les causes les plus fréquentes de feu dans les appareils et les câbles électriques sont les surcharges , les courts-circuits , les étincelles électriques et les résistances de contact élevées .
Il y a surcharge lorsque le câblage ou un appareil électrique est parcouru par un courant supérieur à celui pour lequel il a été conçu. La surcharge imposée au câblage, aux dispositifs et au matériel peut entraîner une élévation de température telle que les éléments surchauffés sont endommagés ou se cassent, susent ou se carbonisent, faisant fondre le revêtement isolant des cordons et des câbles, portant les composants métalliques à lincandescence, enflammant les éléments structurels combustibles et, si les conditions sy prêtent, mettant le feu à des objets voisins. Les surcharges sont le plus souvent dues au branchement dun nombre déléments supérieur à celui qui est permis ou à une consommation dépassant la puissance nominale de lappareil.
Les courts-circuits compromettent souvent la sécurité des systèmes électriques. Ils résultent toujours dun défaut provoquant le contact accidentel entre un élément de câblage ou un composant isolé sous tension et la terre ou une autre pièce sous tension. Le contact peut être direct (métal-métal) ou indirect, par suite de la formation dun arc électrique. En cas de court-circuit, la résistance au passage du courant baisse considérablement (souvent de plusieurs ordres de grandeur), donnant lieu à un courant dune intensité extrêmement élevée. Si le court-circuit est important, le dégagement de chaleur peut être suffisant pour mettre le feu à lappareil touché et aux objets et matériels voisins, lincendie se propageant parfois à tout le bâtiment.
Les étincelles électriques sont des sources dénergie thermique de faible puissance, mais lexpérience montre quelles peuvent souvent être à lorigine dun incendie. Normalement, la plupart des appareils électriques ne produisent pas détincelles, mais certains dispositifs le font en fonctionnement normal.
Les étincelles ne sont dangereuses quaux endroits où peuvent se former des concentrations explosives de gaz, de vapeurs ou de poussières. Par conséquent, les appareils qui en produisent dans des conditions normales de fonctionnement ne peuvent être installés que dans des lieux où les étincelles ne pourront pas déclencher un incendie. Lénergie contenue dans des étincelles ne suffit généralement pas, par elle-même, à mettre le feu à des objets ou à amorcer une explosion.
Si un circuit électrique comporte des points où le contact métallique entre des éléments traversés par le courant nest pas parfait, ces points auront une résistance de contact élevée. Dans la plupart des cas, cela résulte de connexions défectueuses ou dune installation mal faite. Le relâchement des connexions et lusure normale peuvent également créer des points à haute résistance de contact. Une importante part du courant qui traverse ces points est convertie en chaleur. Si lénergie thermique ainsi produite ne peut pas se dissiper (et si la source du problème ne peut pas être éliminée), la forte élévation de température qui en résulte peut créer un risque dincendie.
Si un appareil électrique fonctionnant par induction (moteur, dynamo, transformateur, relais, etc.) est mal conçu, des courants de Foucault dune intensité excessive peuvent circuler, échauffant certains éléments de lappareil (bobines et noyaux de fer doux), ce qui peut mettre le feu aux isolants et à lappareil. Des courants de Foucault, avec leurs effets nuisibles, peuvent également se développer dans les éléments métalliques du matériel haute tension.
La formation dune charge électrostatique est un processus au cours duquel un corps électriquement neutre à lorigine (et indépendant de tout circuit électrique) acquiert une charge positive ou négative. Cela peut se produire de trois façons:
Différents processus physiques peuvent engendrer ces trois genres de charges: séparation après un contact, rupture, découpage, pulvérisation, déplacement, frottement, écoulement de poudres ou de fluides dans une canalisation, martelage, changement de pression, changement détat, photo-ionisation, thermo-ionisation, distribution électrostatique ou décharge haute tension.
La formation de charges électrostatiques peut se produire tant sur des conducteurs que sur des isolants, par suite de nimporte lequel des processus mentionnés ci-dessus. Toutefois, laccumulation de charges parasites est le plus souvent due à des processus mécaniques.
Les effets nuisibles attribuables aux charges électrostatiques et aux étincelles qui en résultent sont nombreux; cependant, nous en mentionnerons deux en particulier: le risque dendommager le matériel électronique (par exemple, les ordinateurs servant à commander les processus industriels) et le danger dincendie et dexplosion.
Le matériel électronique peut être gravement endommagé si lénergie de la décharge électrostatique est suffisante pour griller le circuit dentrée dun semi-conducteur. La multiplication des dispositifs électroniques a considérablement augmenté ce risque au cours de la dernière décennie.
Pour quil y ait risque dincendie ou dexplosion, deux conditions doivent être remplies simultanément: présence dun combustible et décharge dénergie suffisante. Ce risque se présente surtout dans lindustrie chimique. On peut lévaluer daprès la sensibilité des matières dangereuses aux étincelles (énergie minimale dinflammation) et limportance des charges électrostatiques en cause.
Il est essentiel de réduire ce risque et les nombreuses conséquences quil implique, depuis les défaillances techniques jusquaux catastrophes occasionnant la perte de vies humaines. On peut recourir à deux moyens pour se prémunir contre les effets des charges électrostatiques:
La foudre est un phénomène atmosphérique naturel de nature électrique, qui peut constituer une source dinflammation. Les charges électrostatiques portées par les nuages peuvent donner lieu à des décharges à haute énergie en direction de la terre (foudre) . Ces décharges peuvent mettre le feu aux combustibles se trouvant à lendroit frappé par la foudre et aux alentours. Il arrive également que la foudre produise des impulsions extrêmement puissantes dont lénergie est dissipée en plusieurs étapes. Dans dautres cas, des courants durables pouvant atteindre 10 A commencent à circuler.
Dans toute opération mécanique, le frottement produit de la chaleur. Si, dans un système, les pertes sont réduites au point de permettre une accumulation de cette chaleur, la température du système peut sélever suffisamment pour provoquer un incendie.
Certaines opérations dusinage de métaux produisent des étincelles par suite dun frottement intense (meulage, burinage, découpage, martelage). La chute dune pièce ou dun outil métallique sur un plancher dur peut également produire des étincelles, de même que le meulage dun objet métallique, qui brûle les impuretés du métal. La température des étincelles est souvent supérieure à la température dallumage des combustibles ordinaires (étincelles provenant de lacier, 1 400 à 1 500 °C; étincelles provenant dun alliage nickel-cuivre, 300 à 400 °C). Toutefois, la possibilité damorcer une combustion dépend de la chaleur totale de létincelle et de lénergie minimale dinflammation du combustible présent. Il est établi, en pratique, que les étincelles produites par frottement présentent un risque réel dincendie dans les milieux contenant des concentrations élevées de gaz, de vapeurs ou de poussières combustibles. On devrait donc éviter, dans ces circonstances, dutiliser des matériaux pouvant facilement produire des étincelles ou dexécuter des opérations pouvant donner lieu à des étincelles dorigine mécanique. Dans ces cas, la sécurité dicte de se servir doutils en bois, en cuir ou en plastique ne pouvant pas produire détincelles, ou encore doutils en cuivre ou en bronze ne produisant que des étincelles de faible énergie.
Les surfaces dappareils et de matériels peuvent en pratique séchauffer à un degré dangereux soit en fonctionnement normal, soit par suite de défaillances. Les fours, les chaudières, les dispositifs de séchage, les canalisations déchappement de gaz de combustion, les conduites de vapeur, etc. causent souvent des incendies dans les atmosphères explosives. De plus, leurs surfaces chaudes peuvent amorcer la combustion des combustibles qui les touchent ou qui se trouvent à proximité. Il importe, pour prévenir lincendie, de maintenir des distances suffisantes et de procéder régulièrement à des inspections et à des travaux dentretien afin de réduire la probabilité de surchauffes dangereuses.
Pour quil y ait combustion, il faut de toute évidence que soient mis en présence une matière combustible et un comburant. Les phénomènes de combustion et leurs diverses phases dépendent essentiellement des propriétés physico-chimiques de la matière en cause. Il est donc utile de faire un relevé des propriétés et des caractéristiques de combustibilité des divers matériaux et produits. Lordre dans lequel ces derniers sont regroupés relève davantage daspects techniques que de concepts théoriques (NFPA, 1991).
Le bois est lun des matériaux les plus courants dans lenvironnement humain. Maisons, charpentes, mobilier et dinnombrables biens de consommation sont faits de bois, qui constitue également une matière première largement utilisée dans lindustrie du papier et lindustrie chimique.
Le bois et les produits en bois sont combustibles. Mis en contact avec des surfaces chaudes ou exposés à un rayonnement thermique, à une flamme nue ou à toute autre source dallumage, ils se carbonisent, deviennent incandescents, senflamment ou brûlent, selon les conditions auxquelles ils sont soumis. Pour élargir leur domaine dutilisation, il faut «améliorer» leurs caractéristiques de combustion. On ignifuge généralement les pièces de charpente en bois (par saturation, imprégnation ou revêtement de surface) pour quelles résistent plus longtemps au feu.
La température dinflammation est à cet égard la plus importante caractéristique des différents types de bois. Sa valeur dépend dans une large mesure de certaines propriétés du matériau et des conditions dessai, notamment la densité, le degré dhumidité, la taille et la forme de léchantillon de bois, ainsi que de la source dinflammation, du temps et de lintensité dexposition et de latmosphère ambiante. Il est intéressant de noter que différentes méthodes dessai aboutissent à des points dinflammation différents. Lexpérience montre que les produits en bois propres et secs sont peu susceptibles de senflammer deux-mêmes, mais en revanche dinnombrables incendies ont été causés par linflammation spontanée de déchets de bois imprégnés dhuile et poussiéreux entreposés dans des locaux mal aérés. On a établi empiriquement quun haut degré dhumidité élève la température dinflammation et réduit la vitesse de combustion du bois. La décomposition thermique du bois est un processus complexe, dont les phases sont toutefois faciles à observer:
Les textiles à base de matières fibreuses que lon trouve dans lenvironnement humain sont en majorité combustibles. Les vêtements, le mobilier et le milieu bâti se composent de textiles en totalité ou en partie. Ils présentent un danger dincendie au cours de leur production, de leur transformation, de leur entreposage et de leur utilisation.
Les textiles sont faits de matières premières naturelles ou artificielles. Les fibres synthétiques sont utilisées soit seules, soit mélangées à des fibres naturelles. Les fibres dorigine végétale (coton, chanvre, jute, lin) se composent essentiellement de cellulose combustible, dont la température dallumage est toutefois relativement élevée (~400 °C). Portées à haute température, elles ont lavantage de carboniser sans fondre, causant donc aux personnes qui les portent des brûlures relativement moins graves que certaines fibres synthétiques.
Les propriétés de combustion des fibres à base de protéines animales (laine, soie, poils) sont, de ce point de vue, encore plus avantageuses que celles des fibres végétales, leur température dinflammation étant plus élevée (500 à 600 °C) et leur combustion moins intense, dans des conditions semblables.
Lindustrie des plastiques, tablant sur plusieurs excellentes propriétés mécaniques de certains polymères, joue également un rôle important dans la production de différents textiles. Toutefois, parmi les caractéristiques de lacrylique, du polyester et des fibres thermoplastiques (nylon, polypropylène, polyéthylène), les propriétés de combustion sont les moins avantageuses. Malgré leur température dallumage élevée (~400 à 600 °C), la plupart des fibres synthétiques fondent sous leffet de la chaleur, prennent facilement feu, brûlent intensément, coulent en brûlant et dégagent des quantités considérables de fumée et de gaz toxiques. On peut améliorer ces propriétés par addition de fibres naturelles, et produire ainsi des textiles à fibres mixtes . Il est également possible de les ignifuger. Les textiles à usage industriel et les vêtements de protection contre la chaleur sont surtout fabriqués à partir de fibres minérales incombustibles (notamment de fibres de verre et de fibres métalliques).
Du point de vue de la sécurité incendie, les principales caractéristiques des textiles sont leurs propriétés liées à linflammabilité, à la propagation de la flamme, à la production de chaleur et à la libération de produits de combustion toxiques. Des méthodes dessai spéciales ont été mises au point pour déterminer ces propriétés. Les résultats des essais influent sur les champs dapplication des textiles (tentes, literie, mobilier, sièges et revêtements intérieurs de véhicules, vêtements, tapis et moquettes, rideaux, vêtements spéciaux de protection contre la chaleur et les intempéries), ainsi que sur les directives à donner pour limiter les risques quils présentent. Les chercheurs de lindustrie consacrent dimportants efforts à la mise au point de textiles ignifuges qui peuvent supporter des températures élevées (difficilement combustibles, temps dinflammation assez long, propagation lente des flammes, faible débit thermique), libèrent peu de produits de combustion toxiques et produisent le moins possible de blessures et de dégâts sils prennent feu.
En présence de sources dinflammation, les liquides combustibles et inflammables présentent des dangers dincendie. Tout dabord, les vapeurs que ces liquides dégagent tant à lair libre que dans des espaces clos créent un risque dincendie et dexplosion. La combustion et, plus fréquemment, lexplosion, sont possibles si la concentration des vapeurs dans lair ambiant se situe dans certaines limites. Autrement dit, on peut prévenir lincendie et les explosions en présence de liquides combustibles et inflammables:
En pratique, on évalue le danger des liquides combustibles et inflammables en mesurant différentes caractéristiques: point déclair en vase ouvert et en vase clos, point débullition, température dinflammation, vitesse dévaporation, limites inférieure et supérieure de combustibilité (inflammabilité et explosivité), densité des vapeurs par rapport à lair et énergie nécessaire pour enflammer les vapeurs. Ces paramètres donnent des renseignements complets sur la combustibilité et linflammabilité des liquides.
On se sert, presque partout dans le monde, du point déclair, paramètre déterminé par un essai standard dans des conditions atmosphériques normales, pour classer les liquides (ainsi que les matières qui se comportent comme des liquides à des températures relativement basses) en différentes catégories de risque. Pour chacune de ces catégories, on devrait établir les consignes de sécurité à observer pour entreposer les liquides, les manipuler, les utiliser, les traiter et installer du matériel électrique dans leur voisinage. Les zones de risque autour de léquipement industriel devraient également être définies en fonction de ces catégories. Lexpérience montre que, selon la température et la pression, des incendies et des explosions peuvent se produire dans lintervalle de concentrations situé entre les deux limites dinflammabilité.
Même si tous les corps peuvent passer à létat gazeux dans des conditions données de température et de pression, en pratique on ne considère comme des gaz que les matières qui se trouvent dans cet état dans des conditions normales de température et de pression ambiantes (respectivement <20 °C et <100 kPa).
Du point de vue des risques dincendie et dexplosion, les gaz peuvent être répartis entre deux grands groupes: les gaz combustibles et les gaz incombustibles . Selon la définition acceptée en pratique, les gaz combustibles sont ceux qui brûlent à lair, avec une concentration normale doxygène, pourvu quexistent les conditions nécessaires à la combustion. Ces gaz ne senflamment quau-dessus dune certaine température (température dinflammation) et dans un intervalle donné de concentration.
Les gaz incombustibles sont ceux qui ne brûlent à aucune concentration ni dans lair, ni dans loxygène. Certains de ces gaz (comme loxygène) sont des comburants qui permettent la combustion sans brûler eux-mêmes, tandis que les autres inhibent la combustion. Les gaz incombustibles qui ne sont pas des comburants sont dits inertes (azote, gaz rares, dioxyde de carbone, etc.).
Par souci déconomie, les gaz sont ordinairement comprimés, liquéfiés ou réfrigérés et condensés (à létat cryogénique) dans des réservoirs, des bouteilles ou des récipients pour être entreposés et transportés. Il y a essentiellement deux situations dangereuses: dune part, lorsque les gaz se trouvent dans un contenant et, de lautre, lorsquils séchappent de ce contenant.
Dans le cas des gaz comprimés entreposés dans des contenants, la chaleur extérieure peut considérablement accroître la pression intérieure et ainsi provoquer une explosion. Dans leur contenant, les gaz comportent ordinairement une phase liquide et une phase gazeuse. Les variations de température et de pression peuvent provoquer une expansion de la phase liquide qui comprime alors davantage la phase gazeuse, tandis que la tension de vapeur du liquide augmente avec la température. Ces processus peuvent provoquer des surpressions dangereuses. Les contenants dentreposage doivent en général comporter des dispositifs de protection contre les surpressions permettant déviter les situations dangereuses dues à lélévation de la température.
Si le contenant dentreposage est endommagé ou nest pas étanche, le gaz peut séchapper dans latmosphère, se mélanger à lair ambiant et, selon la quantité libérée et son mode découlement, causer la formation dune atmosphère explosive. Au voisinage dun tel contenant, lair peut devenir irrespirable et mettre donc en danger la vie des personnes qui se trouvent à proximité par suite soit des effets toxiques du gaz libéré, soit du manque doxygène.
Compte tenu des risques dincendie, il importe de disposer de renseignements détaillés sur les caractéristiques suivantes des gaz entreposés ou utilisés, surtout dans les établissements industriels: propriétés physiques et chimiques, température dinflammation, limites inférieure et supérieure dinflammabilité, risques liés à lentreposage, risques posés par la libération des gaz dans latmosphère, étendue des zones de sécurité nécessaires et mesures spéciales à prendre en cas dincendie.
Il est essentiel de connaître les caractéristiques dangereuses des produits chimiques pour les utiliser dune façon sûre. En effet, on ne peut prévoir des mesures de prévention ou établir des exigences de protection contre lincendie sans tenir compte des propriétés physiques et chimiques liées à la combustion. Parmi ces propriétés, les plus importantes sont la combustibilité, linflammabilité, les réactions avec dautres produits, ainsi quavec lair et leau, la corrosivité, la toxicité et la radioactivité.
On peut sinformer sur les propriétés des produits chimiques en consultant les notes techniques publiées par les fabricants, de même que les manuels portant sur les produits chimiques dangereux. Ces sources fournissent de linformation non seulement sur les caractéristiques techniques générales de ces produits, mais aussi sur la valeur de différents paramètres à considérer (température de décomposition, température dinflammation, concentrations limites de combustibilité, etc.), sur leurs comportements particuliers et sur les exigences dentreposage et de sécurité incendie, ainsi que des recommandations en matière de premiers soins et de traitement médical.
En rapport avec lincendie, la toxicité des produits chimiques peut intéresser à deux titres. Dabord, la forte toxicité de certains produits peut en elle-même être dangereuse dans un incendie. Ensuite, leur présence dans la zone dun sinistre peut en fait empêcher les opérations dextinction.
Même sils ne sont pas eux-mêmes combustibles, les oxydants (nitrates, chlorates, peroxydes minéraux, permanganates, etc.) contribuent largement à linflammation des matériaux combustibles et peuvent intensifier leur combustion ou lui donner un caractère explosif.
Le groupe des produits chimiques dits instables (aldéhyde acétique, oxyde déthylène, peroxydes organiques, acide cyanhydrique, chlorure de vinyle) comprend les composés qui se polymérisent ou se décomposent spontanément ou très facilement, donnant lieu à de violentes réactions exothermiques.
Les produits sensibles à leau et à lair (oxydes, hydroxydes, hydrures, anhydrides, métaux alcalins, phosphore, etc.) sont extrêmement dangereux. Ils réagissent à leau et à lair toujours présents dans latmosphère normale en dégageant de très grandes quantités de chaleur. Sils sont eux-mêmes combustibles, ils senflamment spontanément. Toutefois, les fractions combustibles qui déclenchent la combustion peuvent aussi exploser en mettant le feu aux matières combustibles qui se trouvent aux alentours.
La majorité des produits corrosifs (comme les acides minéraux acide sulfurique, acide nitrique, acide perchlorique, etc. et les halogènes fluor, chlore, brome, iode) sont de puissants oxydants et ont dintenses effets destructifs sur les tissus vivants. Ils imposent donc de prendre des mesures spéciales lorsquils sont présents dans un incendie.
Le danger des éléments et des composés radioactifs est intensifié par le fait que les radiations quils émettent agissent de différentes façons, sans compter quils peuvent par eux-mêmes occasionner des incendies. Si un sinistre endommage lenceinte de confinement de produits radioactifs, il peut libérer des matières émettant des rayonnements γ. Ces matières aux puissants effets ionisants peuvent détruire les organismes vivants. Les accidents nucléaires peuvent en outre être accompagnés dincendies dont les produits de décomposition fixent alors par adsorption des contaminants radioactifs rayonnants α et β. Ces produits peuvent provoquer des lésions permanentes chez les personnes participant aux opérations de sauvetage. Leurs effets sont dautant plus dangereux que les victimes ne ressentent aucun malaise dans un premier temps. Il est évident quen cas de combustion de matières radioactives, il faudra surveiller en permanence la radioactivité du site, des produits de décomposition et de leau dextinction à laide de détecteurs de particules. La connaissance de ces facteurs doit être prise en considération dans la stratégie dintervention et dans toutes les opérations complémentaires. Les bâtiments où des matières radioactives sont entreposées, manipulées ou utilisées dans des opérations ou processus doivent être construits en matériaux incombustibles et avoir une résistance au feu élevée. Il faut en même temps y prévoir des systèmes automatiques de détection, dalerte et dextinction de grande qualité.
Les explosifs ont de nombreuses applications militaires et industrielles. Ce sont des produits chimiques et des composés qui, sous leffet dune importante force mécanique (coup, choc, frottement) ou dune amorce de combustion, se transforment soudainement en un énorme volume de gaz par une réaction extrêmement rapide doxydation (vitesse de propagation de 1 000 à 10 000 m/s). Le volume des gaz dégagés étant très grand par rapport au volume des explosifs, ces gaz exercent de très hautes pressions sur les surfaces avoisinantes. Une explosion peut donner lieu à de très hautes températures (2 500 à 4 000 °C) qui favorisent la combustion des matières combustibles se trouvant dans la zone de lexplosion.
Des règles très strictes régissent la fabrication, le transport et lentreposage des explosifs (par exemple, NFPA 495, Explosive Materials Code ).
A part les explosifs servant à des fins militaires et industrielles, les matières explosives inductives et les produits pyrotechniques présentent également des risques dincendie. On se sert souvent de mélanges de matières explosives (acide picrique, nitroglycérine, hexogène), mais aussi de mélanges de matières susceptibles dexploser (poudre noire, dynamite, nitrate dammonium, etc.). Les attentats terroristes ont fait connaître le plastic, qui est essentiellement un mélange dexplosif et de plastifiant (cire, vaseline, etc.).
Dans le cas des explosifs, la méthode la plus efficace de protection contre lincendie consiste à éliminer des environs toute source dinflammation. Un certain nombre dexplosifs sont sensibles à leau ou à divers composés organiques aux propriétés oxydantes. Dans leur cas, lentreposage ainsi que la nature des substances entreposées à proximité devraient faire lobjet dun examen soigneux.
Lexpérience montre que presque tous les métaux peuvent, dans certaines conditions, brûler dans latmosphère normale. Bien sûr, lacier et laluminium de construction, dune certaine épaisseur, sont considérés comme incombustibles. Toutefois, les poussières daluminium, les fines particules de fer et les toiles métalliques faites de fil de métal fin peuvent facilement senflammer et brûlent alors avec une forte intensité. Les métaux alcalins (lithium, sodium, potassium), les métaux alcalino-terreux (calcium, magnésium, zinc) ainsi que le zirconium, le hafnium, le titane, etc. prennent feu facilement lorsquils se présentent sous forme de poudre, de limaille ou de bandes minces. Certains métaux sont tellement sensibles quon les garde à labri de lair, dans une atmosphère inerte ou dans un liquide avec lequel ils ne réagissent pas.
Les métaux combustibles et ceux qui sont traités pour brûler produisent des réactions de combustion extrêmement violentes. Il sagit en fait de processus doxydation à grande vitesse qui libèrent considérablement plus dénergie thermique que la combustion des liquides combustibles et inflammables. Après une phase préliminaire dincandescence, la combustion des poussières de métal déposées peut devenir rapide et intense. Si les poussières se dispersent et forment un nuage, de graves explosions peuvent se produire. Lintensité de la combustion de certains métaux et leur affinité avec loxygène sont telles quaprès sêtre enflammés, ils continuent à brûler dans des milieux (par exemple, atmosphère dazote, de dioxyde de carbone ou de vapeur deau) qui servent ordinairement à éteindre les feux de liquides et de solides combustibles.
Lextinction des feux de métaux est une tâche particulièrement difficile pour les sapeurs-pompiers. Le choix du produit et celui du procédé dextinction sont dune importance capitale. Les feux de métaux peuvent être maîtrisés sils sont découverts très tôt, et font lobjet dune intervention rapide et bien menée de sapeurs-pompiers utilisant les méthodes les plus efficaces. On a intérêt dans ces cas à retirer des lieux les métaux et toutes les autres matières combustibles ou, pour le moins, à en réduire le plus possible les quantités.
Il y a lieu daccorder une attention particulière à la protection contre les rayonnements en cas de combustion de métaux radioactifs (plutonium, uranium). Il faut prendre des mesures préventives pour éviter que des organismes vivants nabsorbent des produits de décomposition toxiques. Parce quils réagissent violemment à leau, les métaux alcalins en combustion ne peuvent être éteints quavec des poudres extinctrices. Par ailleurs, on ne peut pas éteindre un feu de magnésium avec de leau, du dioxyde de carbone, des halons ou de lazote. En fait, lutilisation de ces agents peut rendre un sinistre beaucoup plus dangereux. Les seuls agents efficaces sont les gaz rares et, dans certains cas, le trifluorure de bore.
Les plastiques sont des composés organiques macromoléculaires produits synthétiquement ou par modification de substances naturelles. La structure et la forme de ces composés, issus de réactions de polymérisation, de polyaddition ou de polycondensation, influent fortement sur leurs propriétés. Les thermoplastiques (polyamides, polycarbonates, polyesters, polystyrène, poly(chlorure de vinyle), poly(méthacrylate de méthyle)) ont des chaînes moléculaires linéaires ou ramifiées. Les élastomères (néoprène, polysulfures, isoprène, etc.) présentent quelques liaisons transversales, tandis que les plastiques thermodurcissables (polyalkydes, résines époxy, polyuréthanes, etc.) ont de nombreuses liaisons transversales.
Le caoutchouc naturel sert de matière première dans lindustrie du caoutchouc. Il est vulcanisé pour produire le caoutchouc industriel. Les caoutchoucs artificiels, dont la structure est semblable, sont des polymères et des copolymères de butadiène.
La gamme des produits de plastique et de caoutchouc utilisés dans presque tous les domaines de la vie ne cesse de croître. Grâce à leur grande diversité et à leurs excellentes propriétés techniques, ces produits servent à la fabrication déléments de charpente, de mobilier, de vêtements, de biens de consommation, de pièces automobiles et de machines.
Comme il sagit de matières organiques, les plastiques et le caoutchouc sont combustibles. Pour décrire leurs propriétés à cet égard, on se sert dun certain nombre de paramètres que lon peut mesurer par des méthodes spéciales. A partir de ces paramètres, il est possible de déterminer le champ dapplication de chaque produit et les mesures de sécurité incendie correspondantes. Ces paramètres sont la combustibilité, linflammabilité et la tendance à produire de la fumée et des gaz toxiques et à couler en brûlant.
Même si, dans beaucoup de cas, la température dinflammation des plastiques est plus élevée que celle du bois ou dautres matériaux, la plupart sont quand même plus faciles à enflammer et ils brûlent plus rapidement et avec une plus grande intensité. Les feux de plastiques sont souvent accompagnés de phénomènes qui entravent lextinction, comme la production de grandes quantités de fumée opaque pouvant considérablement réduire la visibilité et de divers gaz toxiques (acide chlorhydrique, phosgène, monoxyde de carbone, acide cyanhydrique, gaz nitreux). Les thermoplastiques fondent et coulent sous leffet de la chaleur et, selon leur emplacement (par exemple, sils sont intégrés ou accrochés au plafond), forment des gouttes qui demeurent dans la zone de combustion et peuvent mettre le feu à des matières combustibles se trouvant au-dessous.
Lamélioration des propriétés de combustion est un problème complexe qui préoccupe beaucoup les spécialistes de la chimie des plastiques. Les ignifugeants réduisent la combustibilité, élèvent la température dinflammation et font baisser la vitesse de combustion et de propagation des flammes. Malheureusement, ils augmentent en même temps la quantité et lopacité de la fumée ainsi que la toxicité des gaz produits en cas de combustion.
Si lon ne considère que leur état physique, les poussières relèvent de la catégorie des solides, mais leurs propriétés physiques et chimiques diffèrent de celles des mêmes matières sous forme compacte. Chacun sait que les explosions de poussières peuvent causer des catastrophes dans lindustrie. Des matières normalement incombustibles, comme les métaux, peuvent, sous forme de poussières mélangées à de lair, exploser au contact dune source dinflammation de faible énergie. Bien sûr, le danger dexplosion existe aussi dans le cas des poussières de matières combustibles.
Les poussières peuvent exploser non seulement lorsquelles sont en suspension dans lair, mais aussi lorsquelles se sont déposées. De la chaleur peut saccumuler dans des couches de poussières, donnant lieu à une combustion lente par suite de la réactivité accrue des particules et de leur conductivité thermique réduite. Les poussières peuvent alors être dispersées par des éclairs, ce qui accroît la possibilité dune explosion.
Les fines particules en suspension présentent un danger encore plus grave. Comme les gaz et les vapeurs combustibles, les poussières ont une plage de concentration dans lair dans laquelle une explosion peut se produire. Les limites inférieure et supérieure dexplosibilité et lintervalle entre les deux points dépendent de la taille et de la distribution des particules. Si la concentration des poussières dépasse la limite supérieure dexplosion, une certaine proportion des particules nest pas détruite par le feu; elle absorbe de lénergie, permettant à la pression de lexplosion de demeurer inférieure au maximum. Le degré dhumidité de lair a également une influence: sil est élevé, la température dinflammation du nuage de poussières augmente en proportion de la quantité de chaleur nécessaire à lévaporation de lhumidité. Si des poussières inertes sont mélangées au nuage combustible existant, lexplosibilité du mélange poussières-air diminue. On peut obtenir le même effet en diluant lair du mélange au moyen dun gaz inerte, ce qui réduit la concentration de loxygène nécessaire à la combustion.
Lexpérience montre que toutes les sources dinflammation qui possèdent un minimum dénergie peuvent enflammer des nuages de poussières (flamme nue, arc électrique, étincelle dorigine mécanique ou électrostatique, surfaces chaudes, etc.). Daprès les résultats obtenus en laboratoire, lénergie nécessaire pour enflammer des nuages de poussières est de 20 à 40 fois supérieure à celle quil faut pour mettre le feu à des mélanges de vapeurs combustibles et dair.
Les facteurs qui influent sur le risque dexplosion associé aux dépôts de poussières sont les propriétés physiques et thermiques de la couche, la température dincandescence des poussières et les propriétés de combustion des produits de décomposition libérés par la couche de poussières.
Lhistoire nous apprend que le feu a servi à lêtre humain pour se chauffer et faire cuire ses aliments, mais quil a aussi fait dénormes ravages. Des incendies ont détruit dinnombrables maisons, dimposants bâtiments quand ce nest pas des villes entières.
Lune des premières mesures de prévention contre lincendie a consisté à imposer lextinction de tous les feux avant la tombée de la nuit. Ainsi, en 872, les autorités dOxford, en Angleterre, faisaient sonner une cloche au crépuscule pour rappeler aux habitants de la ville déteindre tous les feux à lintérieur des maisons en prévision de la nuit (Bugbee, 1978). Cest dailleurs de là que vient le mot français couvre-feu.
Lincendie est souvent le résultat dune action humaine qui permet à une source dinflammation dentrer en contact avec une substance combustible (par exemple, déchets de papier laissés près dappareils de chauffage ou liquides volatils inflammables utilisés à proximité de flammes nues).
Pour quun feu prenne naissance, il faut un combustible, une source dinflammation et un mécanisme quelconque pouvant mettre les deux en contact, en présence dair ou dun autre oxydant (comburant). Si lon pouvait appliquer des stratégies capables de réduire la quantité de combustibles présents, déliminer les sources dinflammation ou dempêcher linteraction entre le combustible et la source dénergie, on réduirait dautant le nombre dincendies et, du même coup, le nombre des victimes et limportance des dommages matériels. La prévention a pris de plus en plus dimportance, ces dernières années, en tant que moyen le plus rentable de faire face au problème des incendies. Il est souvent plus facile (et moins coûteux) dempêcher un incendie déclater que de le maîtriser et de léteindre une fois quil sest déclaré.
Cest ce quillustre le Fire Safety Concepts Tree (NFPA, 1991, 1995a), organigramme des concepts de sécurité incendie mis au point par lAssociation nationale de protection contre lincendie (National Fire Protection Association (NFPA)) aux Etats-Unis, qui montre que par une approche systématique des problèmes de sécurité incendie, il est possible datteindre des objectifs tels que la réduction du nombre de décès dus aux incendies en milieu de travail en prévenant lincendie ou en maîtrisant ses effets.
La prévention des incendies requiert inévitablement de modifier le comportement humain. Elle implique une action de formation des travailleurs à la sécurité incendie, qui soit soutenue par la direction et sappuie sur les manuels, les normes de formation et les matériels éducatifs les plus récents. Dans de nombreux pays, ces stratégies se fondent sur des mesures législatives qui imposent aux entreprises certains objectifs précis, dans le cadre de leurs obligations en matière de sécurité et de santé au travail.
Nous abordons plus loin la sensibilisation à la sécurité incendie. Pour leur part, les responsables du commerce et de lindustrie se rendent bien compte aujourdhui de limportance de la prévention. A cet égard, on utilise beaucoup, au niveau international, les sources documentaires suivantes: Loss Prevention in the Process Industries (Lees, 1980); Fire Prevention Code (NFPA, 1992); The Management of Health and Safety at Work Regulations (ECD, 1992); et Fire Protection Handbook de la NFPA (Cote, 1991). A ces documents sajoutent de nombreux règlements, normes et matériels de formation élaborés par les gouvernements nationaux, les entreprises et les compagnies dassurances pour minimiser les pertes de vies et de biens.
Si lon veut que la sensibilisation à la sécurité incendie soit bien réelle, il faut que la sécurité fasse partie des politiques générales de lentreprise et quun plan approprié soit mis en uvre selon les étapes suivantes: a) phase de planification définition des buts et objectifs; b) phase de conception et de mise en uvre; et c) phase dévaluation contrôle de lefficacité.
Dans un important article consacré à la sensibilisation à la sécurité incendie, Gratton (1991) définit les différences entre les buts, les objectifs et les pratiques ou stratégies de mise en uvre. Les buts sont des déclarations dintention à caractère général qui peuvent être, par exemple, «de réduire le nombre dincendies, donc de diminuer le nombre de victimes parmi les travailleurs, ainsi que les répercussions financières sur les entreprises».
Les deux aspects de cet objectif général concernant les personnes, dune part, et les finances de lentreprise, de lautre, ne sont pas incompatibles. Les méthodes modernes de gestion des risques ont montré que le fait daugmenter la sécurité des travailleurs par des mesures efficaces de contrôle des pertes peut être financièrement avantageux pour lentreprise comme pour la collectivité.
Les buts ainsi définis doivent être traduits en objectifs précis de sécurité incendie pour une entreprise donnée et son personnel. Ces objectifs doivent être mesurables et consistent ordinairement en énoncés de ce genre:
Pour de nombreuses entreprises, il peut sy ajouter des objectifs complémentaires, tels que de circonscrire les pertes dexploitation dues à linterruption des opérations ou de minimiser le risque dêtre déclarées légalement responsables dun accident.
Certaines entreprises ont tendance à considérer quil leur suffit de se conformer aux normes et aux codes locaux du bâtiment pour estimer quelles ont atteint leurs objectifs de sécurité incendie. Or, ces codes se limitent généralement aux mesures à prendre pour la sauvegarde de la vie humaine, en partant de lhypothèse quil y aura toujours des incendies.
La conception moderne de la sécurité incendie admet quune sécurité absolue nest pas un but réaliste, mais fixe en revanche un certain nombre dobjectifs mesurables visant à:
La conception et la mise en uvre de programmes de sensibilisation à la sécurité incendie dépendent dans une très large mesure de lélaboration de stratégies bien planifiées et de mesures efficaces de gestion et de motivation des personnes. Ces programmes ne peuvent réussir sans un appui énergique et entier de la haute direction. Les stratégies susceptibles dêtre adoptées à cet effet ont été définies par Koffel (1993) et par la NFPA, dans son Industrial Fire Hazards Handbook (Linville, 1990). Elles visent notamment à:
Voici quelques exemples internationaux de stratégies de mise en uvre:
Lees (1980) fait figure dautorité internationale dans le domaine industriel. Selon lui, les risques daccidents graves entraînant de nombreuses pertes de vies et de lourds dommages matériels sont aujourdhui beaucoup plus importants quauparavant, dans un grand nombre de branches. Les incendies, les explosions et les dégagements de produits toxiques sont susceptibles de se produire sur une grande échelle, surtout dans les industries pétrochimique et nucléaire.
La prévention revêt donc une importance cruciale. Les installations industrielles modernes peuvent enregistrer de très bons résultats en matière de sécurité incendie grâce à des programmes bien gérés:
Higgins (1991) mentionne que le manuel Fire Protection Handbook de la NFPA est un guide utile traitant de limportance de lordre et de la propreté pour la prévention des incendies dans les établissements commerciaux et industriels.
Limportance que revêt ce paramètre lorsquil sagit de réduire la charge combustible (cest-à-dire la quantité de combustibles présents dans les locaux) et de prévenir lexposition aux sources dinflammation est reconnue dans les outils informatiques modernes qui sont utilisés pour évaluer les risques dincendie dans les locaux industriels. Le logiciel FREM (Fire Risk Evualuation Method, ou méthode dévaluation des risques dincendie) utilisé en Australie considère que lordre et la propreté sont un facteur clé pour la sécurité incendie (Keith, 1994).
Dans le commerce et dans lindustrie, les appareils qui emploient de lénergie thermique sont notamment les fours, les chaudières, les séchoirs, les déshydrateurs, les dessiccateurs et les réservoirs de trempe.
Dans le manuel Industrial Fire Hazards Handbook de la NFPA, Simmons (1990) relève les risques suivants associés aux appareils de chauffage:
On peut réduire les risques dincendie en veillant à assurer lordre et la propreté des installations tout en prévoyant des commandes et des verrouillages de sécurité, une formation et des tests pour les opérateurs et en effectuant les opérations de nettoyage et dentretien prévues dans un programme efficace de prévention.
Des recommandations détaillées sont présentées dans le Fire Protection Handbook de la NFPA (Cote, 1991) pour les diverses catégories dappareils utilisant de lénergie thermique. Nous en présentons les grandes lignes dans les paragraphes suivants.
Dans les fours et les chaudières, les incendies et les explosions sont souvent attribuables au combustible utilisé, aux substances volatiles libérées par le matériau traité ou à une combinaison des deux facteurs. Beaucoup de ces appareils fonctionnent à des températures comprises entre 500 et 1 000 °C, ce qui dépasse largement le point dinflammation de la plupart des matières.
Les fours et les chaudières doivent être équipés de commandes et de verrouillages de sécurité empêchant laccumulation et linflammation de gaz combustibles imbrûlés ou de produits résultant dune combustion incomplète. En général, ces risques existent surtout au cours des opérations de mise en marche et darrêt. Une formation spéciale est donc essentielle pour que les opérateurs appliquent toujours les consignes de sécurité.
Un plan de sécurité incendie conçu pour prévenir la propagation du feu prévoit le plus souvent une construction incombustible des bâtiments, lentreposage des matières combustibles à lécart de léquipement et un système quelconque dextinction automatique.
Ces appareils servent notamment au séchage du bois (Lataille, 1990) et à la cuisson des produits céramiques (Hrbacek, 1984).
Là encore, comme ce sont des appareils qui fonctionnent à haute température, ils constituent un danger pour tout ce qui les entoure. Une bonne conception prévoyant le maintien de distances de séparation adéquates et de bonnes pratiques de nettoyage et dentretien sont essentielles pour prévenir les incendies.
Les séchoirs à bois présentent des risques supplémentaires parce que le bois constitue en soi une forte charge combustible et quil est souvent porté à des températures proches de sa température dinflammation. Il est essentiel de nettoyer régulièrement les séchoirs pour éviter laccumulation de déchets et de poussière de bois qui pourraient entrer en contact avec léquipement de chauffage. On devrait de préférence utiliser des séchoirs de construction incombustible munis dextincteurs automatiques et dun bon circuit de ventilation.
Ces appareils servent à réduire la teneur en humidité de produits agricoles tels que le lait, les ufs, les semences et le foin. Ils peuvent être à chauffage direct, cest-à-dire que les produits de combustion entrent en contact avec les produits à sécher, ou à chauffage indirect. Dans les deux cas, ils doivent être munis de commandes permettant de couper larrivée de la chaleur en cas de hausse excessive de la température ou dincendie dans lappareil, dans le circuit déchappement ou dans le convoyeur, ou encore en cas de défaillance du système de ventilation. Encore une fois, il est nécessaire de procéder à des nettoyages réguliers pour prévenir laccumulation de substances pouvant prendre feu.
Les principes généraux de sécurité incendie applicables aux réservoirs de trempe ont été définis par Ostrowski (1991) et Watts (1990).
La trempe ou refroidissement contrôlé consiste à plonger un métal chauffé à haute température dans un réservoir rempli dhuile de trempe afin de le durcir ou de modifier autrement ses propriétés physiques.
Les réservoirs de trempe sont le plus souvent remplis dune huile minérale combustible. Lhuile doit être soigneusement choisie en fonction de chaque application, de façon que sa température dinflammation soit sensiblement supérieure à la température que le réservoir peut atteindre lorsque les pièces métalliques chauffées y sont plongées.
Il est essentiel déviter le débordement de lhuile, ce qui impose de munir les réservoirs de régulateurs du niveau et de drains adéquats.
La cause la plus fréquente dincendie dans les réservoirs de trempe est limmersion partielle de pièces portées à haute température. Des convoyeurs ou autres dispositifs de transport appropriés permettent de prévenir ce risque.
Il faut en outre prévoir des moyens dempêcher la température de lhuile de dépasser certaines limites et de prévenir toute pénétration deau à lintérieur, pour éviter que lhuile ne déborde et cause ainsi dimportants incendies dans le réservoir et aux alentours.
Des installations spécialisées dextinction automatique au dioxyde de carbone ou à poudre servent souvent à protéger la surface des réservoirs de trempe. On recommande aussi déquiper le bâtiment dun système dextinction automatique à eau (sprinklers). Il est nécessaire, dans certains cas, de prévoir une protection spéciale des opérateurs qui travaillent à proximité des réservoirs. Cette protection consiste souvent en un système à eau pulvérisée.
Il est essentiel en tout premier lieu de donner aux travailleurs une formation adéquate leur permettant de réagir rapidement en cas durgence et surtout de se servir dextincteurs portables.
Les processus destinés à modifier chimiquement la nature de différentes substances ont souvent été la source de grandes catastrophes qui ont gravement endommagé des installations et causé de nombreuses victimes parmi les travailleurs et dans les localités voisines. Les risques associés aux usines de transformation chimique sont attribuables aux incendies, aux explosions et à la libération de produits chimiques toxiques. Les accidents sont souvent causés par des réactions chimiques non maîtrisées ou par linflammation de combustibles qui peuvent provoquer une onde de pression, libérer des rayonnements dune grande intensité ou projeter des objets à de grandes distances.
La première étape de la conception consiste à comprendre les processus chimiques en cause et à en connaître le potentiel énergétique. Lees (1980) fait un exposé détaillé des étapes à entreprendre dans Loss Prevention in the Process Industries . Citons ici:
Lanalyse des degrés de risque doit porter sur les points suivants:
Les lecteurs intéressés trouveront de plus amples renseignements sur les risques des transformations chimiques et sur leur prévention dans les ouvrages suivants: Plant Guidelines for Technical Management of Chemical Process Safety (AIChE, 1993); Saxs Dangerous Properties of Industrial Materials (Lewis, 1992); et Industrial Fire Hazards Handbook de la NFPA (Linville, 1990).
Une fois quon a précisé les risques dincendie, dexplosion et de libération de produits toxiques et leurs conséquences possibles, on peut entreprendre de choisir lemplacement des usines de transformation chimique.
Une fois de plus, Lees (1980) et Bradford (1991) proposent des lignes directrices sur le choix de lemplacement des usines. Les installations doivent se trouver suffisamment à lécart des localités voisines pour que ces dernières ne soient pas touchées par un éventuel accident industriel. La technique de lévaluation quantitative des risques sert couramment à déterminer et réglementer les distances minimales à respecter dans le choix du site des usines de transformation chimique.
La catastrophe survenue en 1984 à Bhopal, en Inde, illustre bien les conséquences de limplantation dune usine de produits chimiques trop près dune collectivité: les produits toxiques libérés par laccident industriel ont fait plus dun millier de victimes.
Le fait de prévoir des dégagements suffisants autour des usines de produits chimiques permet en outre de mieux combattre déventuels incendies, en les attaquant de tous les côtés, indépendamment de la direction du vent.
Les usines de produits chimiques doivent aussi être adéquatement protégées: salles de commande résistant aux explosions, refuges pour les travailleurs et suffisamment déquipement de lutte contre lincendie pour protéger les travailleurs et entreprendre sans délai des opérations efficaces dextinction.
Il importe de réduire le volume déventuels déversements de substances inflammables ou dangereuses grâce à une conception appropriée des procédés, à des vannes à sécurité intégrée et à un matériel efficace de détection et de contrôle. Si dimportants déversements se produisent quand même, il y a lieu de les limiter grâce à des espaces entourés de murs ou de terre dans lesquels les matières combustibles peuvent brûler sans danger si elles senflamment.
Il est courant que des incendies se déclarent dans des systèmes de drainage. Il faut donc porter une attention particulière aux drains et aux réseaux dégout.
Les appareils qui transfèrent de la chaleur entre deux fluides à des températures différentes peuvent constituer une source dincendie dans les usines de produits chimiques. Des températures locales excessives peuvent provoquer la décomposition et la combustion de nombreuses substances, ce qui peut entraîner la rupture de léchangeur de chaleur et mettre en contact les deux fluides, déclenchant une violente réaction.
Des inspections et un entretien de haut niveau, ainsi que le nettoyage des échangeurs de chaleur sont essentiels à leur sécurité.
Un réacteur est un récipient dans lequel sont réalisées les réactions chimiques voulues. Il peut être de type continu ou discontinu, mais il nécessite dans les deux cas une conception spéciale. Les récipients doivent supporter les pressions pouvant résulter dexplosions ou de réactions non maîtrisées ou, à défaut, être munis de dispositifs de décharge et parfois dun évent de détente durgence.
Parmi les mesures de sécurité à prendre dans le cas des réacteurs chimiques, il faut citer:
Le document Loss Prevention Data Sheets de la Factory Mutual Engineering Corporation (FMEC, 1977) révèle que près de 10% des dommages matériels subis dans des installations industrielles découlent dincidents faisant intervenir le soudage et le découpage de matériaux généralement métalliques. Il est clair que ces opérations présentent dimportants risques dincendie du fait des étincelles produites et des températures élevées nécessaires pour faire fondre les métaux.
Le document susmentionné précise en outre que la plupart des incendies liés aux opérations de soudage et de découpage sont dus à lallumage de liquides inflammables, de dépôts graisseux, de poussières combustibles et de bois. Les zones dans lesquelles ces incidents surviennent le plus souvent sont les locaux dentreposage, les chantiers de construction, les installations en cours de réparation ou de modification et les systèmes dévacuation de déchets.
Les étincelles produites par le soudage et le découpage peuvent être projetées à 10 m de distance et retomber sur des matières combustibles, déclenchant un feu couvant qui risque de donner lieu ultérieurement à des flammes et à un incendie.
Le soudage et le découpage à larc sont des exemples dopérations faisant appel à lélectricité pour produire un arc, qui constitue la source de chaleur utilisée pour faire fondre et se joindre des métaux. Les gerbes détincelles sont courantes. Il importe donc de protéger les travailleurs contre lélectrocution, les étincelles et le rayonnement intense dû à larc électrique.
Ces opérations utilisent la chaleur de combustion dun gaz combustible mélangé à de loxygène pour produire une flamme à haute température pouvant faire fondre les métaux à joindre ou à couper. Selon Manz (1991), lacétylène est le combustible le plus courant dans ces opérations à cause de la haute température de sa flamme (près de 3 000 °C).
La présence dun gaz combustible et doxygène sous pression crée un important risque dincendie, tant à cause des possibilités de combustion et dexplosion que parce que les bouteilles de gaz peuvent fuir. Il ne faut pas oublier, en effet, que des matières qui ne senflamment pas ou qui brûlent lentement à lair peuvent brûler très intensément dans de loxygène pur.
Manz (1991) a relevé de bonnes pratiques de sécurité dans le manuel Fire Protection Handbook de la NFPA.
Ces pratiques comprennent les précautions et mesures de sécurité suivantes:
Des précautions particulières simposent lors du soudage ou du découpage de réservoirs ou de récipients ayant contenu des matières inflammables. Les lecteurs intéressés trouveront des renseignements utiles à cet égard dans le document Recommended Safe Practices for the Preparation for Welding and Cutting of Containers that have held Hazardous Substances de la Société américaine de soudage (American Welding Society (AWS)) (AWS, 1988).
Pour les travaux de construction et de réfection de bâtiments, un document britannique, Fire Prevention on Construction Sites (Loss Prevention Council, 1992), donne des renseignements utiles. On y trouvera un modèle de permis de travaux «par points chauds» permettant de contrôler les opérations de soudage et de découpage. Ce document peut servir à la direction de toute usine ou tout site industriel. Un modèle de permis du même genre figure dans la fiche signalétique sur le soudage et le découpage de la Factory Mutual Engineering Corporation (FMEC, 1977).
La foudre est une cause fréquente dincendie et de décès dans beaucoup de pays. Aux Etats-Unis, par exemple, elle tue environ 240 personnes chaque année.
La foudre est une forme de décharge électrique entre des nuages chargés délectricité statique et la terre. La fiche signalétique de la FMEC (1984) révèle quun coup de foudre peut donner lieu à un courant dune intensité de 2 000 à 200 000 A sous leffet dune différence de potentiel de 5 à 50 millions de V entre les nuages et la terre.
La fréquence de la foudre varie selon le pays et la région en fonction du nombre annuel de jours dorage de la localité. Les dégâts quelle cause dépendent dans une large mesure de létat du sol, les dommages les plus graves se produisant dans les zones où la terre a une forte résistivité.
La norme 780 de la NFPA, Standard for the Installation of Lightning Protection Systems (NFPA, 1995b), définit les caractéristiques de conception permettant de protéger les bâtiments. Même si les aspects théoriques des décharges que représente la foudre ne sont pas encore complètement élucidés, le principe de base de la protection consiste à donner à la foudre un moyen de transmettre son énergie à la terre sans endommager le bâtiment à protéger. Par conséquent, les systèmes de protection contre la foudre ont deux fonctions:
A cet effet, les bâtiments doivent être munis:
Davis (1991) donne plus de détails sur la conception des paratonnerres dans le manuel Fire Protection Handbook de la NFPA (Cote, 1991). On trouvera également des renseignements à ce sujet dans le British Standard Code of Practice de lInstitut britannique de normalisation (British Standards Institute (BSI)) (BSI, 1992).
La foudre peut directement endommager les lignes de transmission aériennes, les transformateurs, les sous-stations extérieures et dautres installations électriques. Les réseaux de distribution électrique peuvent également transmettre des tensions et des surintensités induites à lintérieur de bâtiments, ce qui peut provoquer des incendies, des dommages matériels et de graves perturbations des opérations. Des dispositifs de protection contre les surtensions sont nécessaires pour renvoyer ces pointes de tension à la masse par lintermédiaire de bonnes prises de terre.
Lutilisation accrue de matériels informatiques sensibles dans le commerce et lindustrie a rendu les opérations plus vulnérables aux surtensions transitoires induites dans les câbles de communication et de transport dénergie de nombreux immeubles. Il importe donc de prévoir une protection adéquate contre les pointes de courant transitoires. On trouvera des renseignements détaillés sur cette question dans la norme BS 6651, The Protection of Structures Against Lightning , du BSI (BSI, 1992).
Un entretien adéquat des systèmes de protection contre la foudre est essentiel pour en maintenir lefficacité. Il faut à cet égard porter une attention particulière aux prises de terre. Toute défaillance de ces dernières peut gravement compromettre lefficacité de lensemble du système de protection.
Létude des aspects techniques de la sécurité incendie devrait commencer au tout début de la phase de conception, car cest là un élément essentiel de la planification du bâtiment et de laménagement des lieux. Le concepteur sera ainsi en mesure dincorporer dans ses plans les divers aspects de la protection contre lincendie de façon beaucoup plus efficace et économique. Il devra tenir compte dans son projet aussi bien des fonctions et de laménagement intérieur du bâtiment que de son implantation sur le terrain. Or, les exigences fonctionnelles tendent à prendre de plus en plus le pas sur les exigences normatives des codes, ce qui nécessite le recours à divers experts dans ce domaine. Aussi, le concepteur du bâtiment devra-t-il prendre contact, dès le début du projet de construction, avec des spécialistes en sécurité incendie afin de:
Lorsquil doit élaborer le plan dun bâtiment, tout architecte doit partir des caractéristiques du terrain pour adapter, en fonction de celles-ci, les aspects fonctionnels et techniques du bâtiment projeté. De la même manière, il lui incombe détudier les caractéristiques du site avant de prendre les décisions relatives à la sécurité incendie. Lensemble des caractéristiques propres au site peut déterminer dans une large mesure le type de protection active et passive que peut recommander le spécialiste de la sécurité incendie. Il convient en effet de tenir compte des moyens de lutte contre le feu disponibles localement et du temps nécessaire aux sapeurs-pompiers pour atteindre le bâtiment. Le service dincendie ne peut pas, à lui seul, assurer la protection complète du bâtiment et de ses occupants. Il doit pouvoir compter sur divers systèmes aussi bien actifs que passifs de sécurité incendie installés sur place pour assurer un degré raisonnable de protection contre les effets dun incendie. Dune façon générale, ces opérations peuvent être regroupées sous les trois catégories suivantes: sauvetage, lutte contre lincendie et protection des biens, la première priorité de nimporte quelle opération de lutte contre lincendie étant évidemment dévacuer tous les occupants avant que la situation ne devienne critique.
Lun des moyens courants de codifier les prescriptions en matière de protection contre le feu et de sécurité incendie consiste à effectuer un classement des bâtiments selon leur mode de construction, en fonction des matériaux utilisés pour la charpente ou la structure du bâtiment et du degré de résistance au feu de chacun de ces matériaux. Ce classement peut se faire sur la base dessais effectués dans des fours conformément à la norme ISO 834 (laction du feu étant caractérisée par la courbe standard température-temps), dune combinaison dessais et de calculs ou uniquement de calculs. On peut déterminer ainsi la résistance standard au feu des éléments porteurs ou des cloisons (cest-à-dire leur aptitude à remplir certaines fonctions pendant 30, 60, 90 minutes, etc.). Ce classement (surtout sil est fondé sur des essais) est une méthode simplifiée et prudente à laquelle on tend à substituer de plus en plus des méthodes de calcul reposant sur la fonction et tenant compte des effets dincendies naturels pleinement établis. Toutefois, les essais de résistance au feu seront toujours nécessaires, mais ils peuvent être conçus dune façon plus optimale et être combinés à des simulations sur ordinateur, ce qui permet den réduire considérablement le nombre. Au cours des essais de résistance au feu, les éléments porteurs sont généralement soumis à leur pleine charge nominale, même si, en pratique, leur facteur de charge est sensiblement inférieur la plupart du temps. Les critères dacceptation dépendent de lensemble ou de lélément testé. La résistance standard au feu est égale à lintervalle de temps pendant lequel lélément peut supporter le feu sans défaillance.
Dans les codes modernes basés sur la performance, lobjectif recherché pour ce qui est des structures et de la sécurité incendie est quelles soient optimales du point de vue de la protection contre le feu, en fonction de la gravité anticipée déventuels sinistres. Ces codes ont ouvert la voie à une conception basée sur des calculs grâce auxquels il est possible de prédire les températures et les effets structurels dun cycle complet dexposition au feu dans un compartiment (comprenant tant la période déchauffement que la période de refroidissement qui suit). Ces calculs, qui sont fondés sur des incendies naturels, permettent de sassurer que les éléments porteurs (essentiels à la stabilité du bâtiment) ainsi que lensemble de la structure ne céderont à aucun moment du cycle, y compris pendant la période de refroidissement.
Les recherches approfondies réalisées ces trente dernières années ont permis de développer différents modèles informatiques faisant appel aux propriétés mécaniques et thermiques des matériaux portés à haute température. Quelques modèles ont été validés au moyen de très nombreuses données expérimentales, ce qui permet de prédire assez exactement la résistance au feu des éléments de construction.
Dans un bâtiment, un compartiment à lépreuve du feu est un espace sétendant sur un ou plusieurs étages, qui est isolé du reste du bâtiment par des éléments séparatifs conçus pour empêcher la propagation du feu à lextérieur du compartiment dans des conditions données dexposition au feu. Ce compartimentage est important pour empêcher un incendie de sétendre à dautres locaux ou à lensemble du bâtiment. Les personnes et les biens qui se trouvent à lextérieur du compartiment où lincendie sest déclaré sont à labri parce que le feu aura été éteint ou se sera éteint tout seul avant de les atteindre, ou parce que les éléments séparatifs du compartiment auront suffisamment retardé la propagation des flammes et de la fumée pour permettre dévacuer tous les occupants.
La résistance au feu requise dun compartiment dépend de lusage auquel on le destine et de la gravité anticipée dun incendie éventuel. Les éléments délimitant le compartiment sont conçus pour supporter sans défaillance lincendie le plus grave que lon aura anticipé ou pour retarder la propagation du feu jusquà ce que lon ait eu le temps dévacuer tous les occupants. Les éléments porteurs à lintérieur du compartiment doivent résister au cycle complet du feu ou avoir une résistance nominale (exprimée en unités de temps) égale ou supérieure à celle des éléments délimitant le compartiment.
Le maintien de lintégrité structurale dun compartiment pendant un incendie signifie que la structure de ce compartiment ne seffondrera pas et que les éléments séparatifs empêcheront le feu et les flammes de se propager à lextérieur. Il existe différents moyens dévaluer la résistance au feu: classement basé sur lessai normalisé de résistance au feu selon la norme ISO 834, combinaison dessais et de calculs ou calculs seulement avec extrapolations informatiques basées sur les performances dune structure après exposition réelle au feu.
Le revêtement intérieur est constitué des matériaux qui forment la surface intérieure des murs, des plafonds et des planchers. On se sert de nombreux matériaux de revêtement (plâtre, gypse, bois, plastiques), qui jouent différents rôles: acoustique, isolation et protection contre lusure et labrasion. Le revêtement intérieur intervient de quatre façons différentes dans un incendie: il peut modifier le rythme dintensification du feu et, par conséquent, le temps nécessaire pour atteindre le stade de lembrasement général, accélérer la propagation des flammes, accroître la quantité de chaleur produite en brûlant lui-même et dégager de la fumée et des gaz toxiques. Il est bien sûr préférable déviter les matériaux qui accélèrent la propagation du feu, augmentent la charge combustible ou produisent des quantités dangereuses de fumée et de gaz toxiques.
Au cours dun incendie, il arrive fréquemment que la fumée aille bien au-delà des locaux qui brûlent. Elle peut envahir les cages descalier et dascenseur, empêchant lévacuation des occupants et compromettant les opérations dextinction. On admet aujourdhui que la fumée est la principale cause de décès en cas dincendie (voir figure 41.4).
Le mouvement de la fumée est influencé par leffet naturel de cheminée, la force ascensionnelle des gaz de combustion, laction du vent, les systèmes de ventilation à air pulsé et leffet de piston des ascenseurs.
Par temps froid, lair est animé dun mouvement ascendant dans les conduits verticaux des bâtiments. Plus chaud que lair extérieur et donc plus léger, lair intérieur a tendance à monter dans les gaines et conduits verticaux. Ce phénomène est connu sous le nom deffet cheminée . La différence de pression entre le conduit ou la gaine et lextérieur, qui agit sur le mouvement de la fumée, est exprimée par léquation:
dans laquelle
ΔPSO = la différence de pression entre le conduit ou la gaine et lextérieur
g = laccélération de la pesanteur
Patm = la pression atmosphérique absolue
R = la constante universelle des gaz pour lair
TO = la température absolue de lair extérieur
TS = la température absolue de lair à lintérieur du conduit ou de la gaine
Z = laltitude
La fumée à haute température qui se dégage dun incendie est animée dun mouvement ascendant parce quelle est plus légère que lair ambiant. Léquation régissant la force ascensionnelle des gaz de combustion est semblable à celle de leffet cheminée.
En plus de cette force ascensionnelle, lénergie produite par un incendie peut déplacer la fumée sous leffet de la dilatation. Comme lair circule dans le compartiment à lépreuve du feu, la fumée chaude y est distribuée. En négligeant la masse supplémentaire de combustible, on peut exprimer le rapport des débits volumétriques simplement par le rapport des températures absolues.
Le vent a un effet prononcé sur le mouvement de la fumée. Il ne faut pas non plus négliger leffet de piston des ascenseurs: le déplacement de la cabine dans sa cage produit des pressions transitoires. Le système de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC) déplace aussi la fumée en cas dincendie. Lorsquun feu se déclare dans une partie inoccupée dun bâtiment, le système CVC peut transporter la fumée dans des locaux occupés. Il devrait par conséquent être conçu pour couper la ventilation ou passer à un mode spécial de désenfumage en cas dincendie.
On peut maîtriser le mouvement de la fumée en recourant à lun des moyens suivants: compartimentage, dilution, courant dair, pressurisation ou contrôle de la force ascensionnelle.
La conception des sorties devrait se fonder sur une évaluation globale de la protection contre lincendie du bâtiment (voir figure 41.5).
Les occupants qui quittent un bâtiment en feu sont influencés par un certain nombre dimpressions au cours de lévacuation. Ils ont à prendre plusieurs décisions dont peut dépendre leur vie. Bien sûr, les réactions peuvent être très différentes, selon les aptitudes physiques et mentales des occupants et les conditions dans lesquelles ils se trouvent.
Le bâtiment influe également sur les décisions prises en fonction des voies dévacuation quil offre, de la clarté du balisage et de lefficacité des systèmes de sécurité installés. En fait, cest la propagation des flammes et de la fumée qui agit le plus sur les décisions des occupants. La fumée limite la visibilité et rend latmosphère irrespirable. De plus, le rayonnement thermique de lincendie et des flammes crée de grands espaces que les personnes ne peuvent pas traverser pour quitter les lieux, ce qui augmente les risques.
Pour concevoir les moyens dévacuation, il importe de se familiariser dabord avec les réactions des gens face à un incendie et de comprendre leurs schémas de déplacement.
Le temps dévacuation se subdivise en trois parties: temps davertissement, temps de réaction et temps de sortie. Le temps davertissement dépend de lexistence dun système dalarme incendie dans le bâtiment, de laptitude des occupants à comprendre la situation ou du mode de compartimentage des locaux. Le temps de réaction est déterminé par laptitude des occupants à prendre des décisions, les caractéristiques de lincendie (comme la quantité de chaleur et de fumée) et la conception des moyens dévacuation. Enfin, le temps de sortie dépend des endroits du bâtiment où se forment des foules et de la façon dont les gens agissent dans diverses situations.
Des études réalisées dans des immeubles particuliers dont les occupants navaient pas de difficultés à se déplacer ont révélé que le flux des gens qui quittent un bâtiment présente certaines caractéristiques découlement reproductibles. Lexistence de telles caractéristiques a favorisé le recours à la simulation et à la modélisation sur ordinateur dans la conception des sorties.
Les distances à parcourir pour lévacuation dun bâtiment dépendent des risques dincendie que présente son contenu. Plus les risques sont grands, plus la distance à franchir pour quitter le bâtiment doit être courte.
Lévacuation dun bâtiment nécessite lexistence dun trajet de sortie sûr. Il faut donc prévoir un certain nombre de trajets dévacuation bien conçus et dune capacité suffisante. A chaque endroit du bâtiment, il faudrait que les occupants puissent emprunter au moins deux trajets de sortie, compte tenu du fait que lincendie, la fumée, les caractéristiques des occupants et bien dautres facteurs peuvent empêcher demprunter lun deux. Ceux-ci doivent être protégés contre lincendie, la chaleur et la fumée pendant la durée de lévacuation. Par conséquent, il est nécessaire que les codes de construction tiennent compte de la protection passive en fonction de lévacuation et, bien sûr, de la protection contre lincendie. Un bâtiment doit pouvoir supporter les situations critiques mentionnées dans les codes au sujet de lévacuation. Ainsi, le code suédois du bâtiment interdit que la couche de fumée aille au-dessous de 1,6 + 0,1H (H étant la hauteur totale du compartiment), et établit le rayonnement maximal à 10 kW/m2 pendant une courte durée et la température maximale de lair respiré à 80 °C.
On peut procéder à une évacuation sûre si lincendie est découvert assez tôt et si les occupants sont rapidement avertis grâce à un bon système de détection et dalarme. Des sorties bien balisées facilitent sûrement lévacuation. Il est également nécessaire détablir une procédure dévacuation et dorganiser des exercices dincendie.
La réaction dune personne lors dun incendie dépend du rôle quelle joue, de son expérience antérieure, de son éducation et de sa personnalité. Elle dépend aussi de la façon dont elle perçoit la menace que représente lincendie, des caractéristiques physiques et des moyens dévacuation prévus dans le bâtiment et de la réaction des autres personnes qui se trouvent dans la même situation. Des études et des interviews détaillées, réalisées sur une période de trente ans, ont permis de prouver que les réactions de panique et de manque dadaptation à la situation sont rares et ne se produisent que dans des circonstances particulières. Le comportement le plus courant en cas dincendie se fonde sur une analyse de linformation disponible, qui aboutit le plus souvent à la coopération et à laltruisme.
On a constaté que le comportement humain passe par un certain nombre de phases connues, mais peut emprunter différents chemins entre deux étapes données. En bref, un incendie fait passer par trois grandes phases:
Lactivité pratiquée avant lincendie joue un rôle important. Ainsi, le fait de se livrer à une activité courante (par exemple, prendre un repas dans un restaurant) a des effets considérables sur le comportement.
La réception des signaux davertissement est souvent fonction de lactivité pratiquée avant lincendie. A cet égard, il y a probablement des différences entre les deux sexes, les femmes étant plus susceptibles de capter des bruits et des odeurs, même faibles. Il y a également des différences dues au rôle dans la réaction initiale aux signaux davertissement. Ainsi, dans un incendie domestique, si cest la femme qui a capté les premiers signaux et est allée aux renseignements, lhomme, une fois averti, aura tendance à vouloir «jeter un coup dil», ce qui retardera les décisions suivantes. Dans de grands établissements, le signal peut consister en une alarme incendie. Linformation peut aussi provenir dautres personnes et on a pu constater, dans ce cas, quelle ne favorise pas un comportement adéquat.
Certaines personnes peuvent ne pas sêtre rendu compte quil y avait un incendie. Pour comprendre leur comportement, il faut savoir si elles ont ou non évalué correctement la situation.
Une fois que lon a pris conscience du sinistre, la phase de «préparation» se déclenche. La destination particulière du bâtiment a probablement une grande influence sur le développement de cette phase, qui comprend, dans lordre chronologique, les étapes davertissement, dexploration et de retrait.
La phase d«action», qui est la dernière, dépend du rôle, de la destination du bâtiment ainsi que du comportement et de lexpérience antérieurs. Elle peut comporter une évacuation rapide ou des mesures efficaces de lutte contre lincendie.
Les systèmes de transport dun bâtiment doivent être considérés dès létape de la conception et, dans la mesure du possible, être intégrés dans lensemble de la conception de la sécurité incendie. Les risques quils présentent doivent être inclus dans toute étude préalable de planification et de protection contre lincendie.
Les systèmes de transport tels que les ascenseurs et les escaliers mécaniques rendent possible la construction dimmeubles de grande hauteur. Dans ce type dimmeubles, les cages dascenseur peuvent favoriser la propagation des flammes et de la fumée. En revanche, les ascenseurs peuvent être utiles pour y lutter contre lincendie.
Les systèmes de transport peuvent créer des problèmes dangereux et compliqués de sécurité incendie. Une cage dascenseur joue en effet le rôle de cheminée ou de conduit de fumée parce que les gaz chauds ont tendance à monter. Leffet cheminée permet en général à la fumée et aux produits de combustion de passer des étages inférieurs aux étages supérieurs.
Les immeubles de grande hauteur posent des problèmes nouveaux et différents aux services dincendie, surtout en ce qui concerne lutilisation des ascenseurs en cas durgence. Les ascenseurs sont dangereux pendant un incendie pour plusieurs raisons:
Un bon balisage des trajets de sortie facilite lévacuation, mais ne garantit pas la sécurité des occupants en cas de sinistre. Des exercices dincendie sont nécessaires pour assurer une évacuation ordonnée. Ils sont essentiels dans les écoles, les établissements de soins, les établissements où vivent des pensionnaires et les industries où les risques dincendie sont élevés. Ainsi, des exercices doivent être organisés à lintention des employés des hôtels et des grandes entreprises. Les exercices dévacuation permettent déviter la confusion et de faire sortir tous les occupants.
On devrait désigner les employés chargés de contrôler la sûreté des trajets de sortie, de compter les occupants une fois quils ont quitté la zone de lincendie, de chercher les retardataires et dinterdire aux gens de retourner à lintérieur du bâtiment. Ils devraient également pouvoir reconnaître le signal dévacuation et connaître les trajets de sortie à emprunter. Le trajet principal et le trajet secondaire devraient être établis et tous les employés devraient recevoir la formation nécessaire pour emprunter lun ou lautre. Après chaque exercice, les cadres compétents devraient tenir une réunion pour évaluer le succès de lopération et résoudre tout problème qui se serait posé.
Le rôle premier de toute mesure de protection contre lincendie est dassurer un degré de sécurité adéquat aux occupants dun bâtiment. Cest pour cette raison que, dans la plupart des pays, les prescriptions légales de sécurité incendie se fondent sur la sauvegarde de la vie humaine. Les caractéristiques de protection des biens sont destinées à limiter les dommages matériels. Dans beaucoup de cas, les deux objectifs sont complémentaires. En fait, un propriétaire qui craint de perdre des biens, des fonctions opérationnelles ou le contenu dun bâtiment peut décider de mettre en uvre des mesures allant au-delà du minimum nécessaire pour protéger la vie des occupants.
Un système de détection et dalarme incendie a pour but de déceler automatiquement un incendie et davertir les occupants du danger. Cest lavertissement sonore ou visuel produit par le système qui donne le signal dévacuation. Cela est particulièrement important dans les grands bâtiments et les immeubles à étages multiples dont les occupants pourraient ne pas être conscients du danger et là où il est peu probable ou difficile quun occupant donne lalerte aux autres.
Un système de détection et dalarme incendie comprend quelques-uns ou la totalité des éléments suivants:
Les systèmes de désenfumage permettent de réduire le risque de voir la fumée dun incendie envahir les trajets de sortie pendant lévacuation des occupants du bâtiment. En général, des systèmes de ventilation forcée servent à envoyer de lair frais dans les trajets de sortie. On recourt le plus souvent à cette méthode pour pressuriser les cages descalier et les grandes cours intérieures.
Des extincteurs portatifs et des robinets dincendie armés sont mis à la disposition des occupants pour leur permettre de combattre les feux naissants (voir figure 41.7). Il ne faudrait cependant pas encourager les occupants à sen servir à moins quils naient reçu une formation spéciale. Dans tous les cas, les opérateurs devraient prendre garde à ne pas se placer dans une situation qui bloquerait laccès aux trajets de sortie. Même si un feu semble tout petit, la première mesure à prendre est toujours davertir les autres occupants du danger et de demander laide du service officiel dincendie.
Les extincteurs automatiques à eau comprennent une source dalimentation en eau, des vannes et des canalisations de distribution aboutissant à des diffuseurs (sprinklers ou gicleurs) automatiques (voir figure 41.8). Même si les systèmes actuels sont essentiellement conçus pour sopposer à la propagation du feu, lexpérience montre que dans de nombreux cas ils peuvent éteindre complètement lincendie.
On croit souvent à tort que tous les diffuseurs dun système dextinction automatique souvrent simultanément en cas dincendie. En fait, chaque diffuseur est conçu pour ne souvrir que si la température monte suffisamment pour indiquer la présence dun feu à proximité. Leau ne sécoule alors que par le ou les diffuseurs qui se sont ouverts. Cela assure une utilisation efficace de leau dextinction et limite les dégâts quelle peut occasionner.
Leau destinée à un système dextinction automatique doit avoir en tout temps une pression et un débit suffisants pour assurer un fonctionnement sûr en cas dincendie. Si les réseaux deau publics ne satisfont pas à cette exigence, il faut disposer dun réservoir ou de pompes pouvant fournir de leau en quantité et à une pression suffisantes.
Les vannes darrêt doivent être maintenues en position douverture. On peut souvent en surveiller la position au moyen dinterrupteurs de surveillance qui déclenchent un signal de dérangement ou de surveillance sur le panneau de commande dalarme incendie en cas de fermeture de la vanne. Sil est impossible dinstaller un dispositif de surveillance de ce genre, il faut sceller les vannes en position ouverte.
Leau sécoule à travers un réseau de canalisations, généralement suspendu au plafond et muni à intervalles réguliers de diffuseurs dextinction. Les canalisations utilisées devraient être dun type pouvant supporter une pression de fonctionnement dau moins 1 200 kPa. Si elles risquent dêtre exposées au feu, leurs raccords devraient consister en joints mécaniques vissés à bride ou être brasés.
Un diffuseur dextinction consiste en un orifice obturé par un élément déclencheur thermosensible et surmonté dun déflecteur de pulvérisation. La forme du jet deau et la distance entre les diffuseurs successifs doivent assurer une couverture complète du local protégé.
On se sert dinstallations dextinction spéciales si les systèmes à eau classiques ne peuvent pas assurer une protection adéquate ou lorsquon juge inacceptable le risque de dégâts dus à leau. Dans beaucoup de cas où les dégâts constituent la première préoccupation, les installations spéciales sajoutent aux extincteurs automatiques à eau, mais sont conçues pour se déclencher très rapidement avant que lincendie ne se soit trop étendu.
Les systèmes dextinction à eau pulvérisée augmentent lefficacité de leau en la subdivisant en très fines gouttelettes. Ainsi, la superficie de leau en contact avec le feu est plus grande, ce qui accroît sa capacité relative dabsorption thermique. Ce type de système sert souvent à refroidir de grands récipients sous pression, comme les sphères de butane, pour les protéger contre lexposition à un incendie qui a pris naissance dans une zone voisine. Le système est semblable à un système dextinction automatique à eau classique, sauf que les diffuseurs sont ouverts en permanence et quun dispositif de détection distinct ou à manuvre manuelle ouvre les vannes de commande, ce qui amène leau à tous les diffuseurs montés le long des canalisations.
Dans les systèmes à mousse, un émulseur liquide est injecté dans lalimentation en eau en amont de la vanne de commande. Lémulseur est mélangé à de lair soit par laction mécanique de léjection, soit par aspiration dair dans le dispositif déjection. Lair entraîné dans lémulseur crée une mousse moins dense que la plupart des hydrocarbures, qui forme donc une couche isolante au-dessus des liquides inflammables, réduisant la propagation des vapeurs combustibles. Leau quelle contient (teneur pouvant atteindre 97%) refroidit le combustible liquide, ce qui contribue à réduire lémission de vapeurs combustibles et abaisse la température des objets assez chauds pour réamorcer la combustion.
Les systèmes à dioxyde de carbone consistent en une source de CO2, ordinairement constituée par un récipient à pression contenant du gaz carbonique liquéfié (voir figures 41.9 et 41.10). Le dioxyde de carbone est retenu dans le récipient par une vanne automatique qui souvre en cas dincendie sous laction dun système de détection distinct ou par manuvre manuelle. Une fois libéré, le CO2 est projeté sur le feu par un tuyau et un diffuseur de décharge. Le CO2 éteint le feu en lisolant de loxygène qui lalimente. Les systèmes à dioxyde de carbone peuvent être conçus pour protéger des zones ouvertes comme la salle des presses dune imprimerie ou, au contraire, des espaces clos comme la salle des machines dun navire. Aux concentrations nécessaires à lextinction dun incendie, le CO2 est toxique. Il est donc indispensable de prendre des mesures particulières pour assurer lévacuation de tous les occupants du local protégé avant la libération du gaz. Des signaux dalarme et dautres dispositifs de sécurité doivent être prévus au stade initial de conception du système pour assurer la sécurité des personnes travaillant dans le local. On considère le CO2 comme un agent dextinction propre qui ne cause pas de dégâts accessoires et ne conduit pas lélectricité.
Les systèmes dextinction par gaz inertes contiennent en général un mélange dazote et dargon auquel on ajoute parfois un faible pourcentage de dioxyde de carbone. Les mélanges de gaz inertes éteignent lincendie en réduisant la teneur en oxygène de lespace protégé. On ne peut donc les utiliser que dans des espaces clos. Leur caractéristique très particulière est de réduire suffisamment la concentration en oxygène pour éteindre différents types dincendies, sans pour autant créer un danger immédiat pour les occupants. Les gaz inertes sont comprimés et conservés dans des récipients à pression. Le système dextinction fonctionne sur le même principe que les systèmes à dioxyde de carbone, sauf que, pour protéger un local donné, il faut un plus grand nombre de récipients de gaz inertes parce quon ne peut pas liquéfier ces gaz par compression.
Les halons 1301, 1211 et 2402 sont considérés comme des substances qui appauvrissent la couche dozone. On a donc cessé de produire ces agents extincteurs depuis 1994, conformément au Protocole de Montréal, accord international destiné à protéger la couche dozone. Le halon 1301 était le plus souvent utilisé dans les installations dextinction fixes. Il était conservé sous pression à létat liquide, de façon similaire au CO2. Lavantage du halon 1301 était que la pression dentreposage était inférieure et que de très faibles concentrations dans lair suffisaient pour éteindre un incendie. Les systèmes à halon 1301 ont servi avec succès dans des espaces entièrement clos où il était possible de maintenir une concentration dextinction pendant une période suffisante pour éteindre un incendie. Pour la plupart des risques, les concentrations dextinction ne mettaient pas immédiatement en danger les occupants. Des systèmes au halon 1301 ont encore beaucoup dimportantes applications pour lesquelles on na pas réussi à trouver dautres agents efficaces. Il en est ainsi, par exemple, des aéronefs commerciaux et militaires et de certains endroits spéciaux où, pour prévenir des explosions, il faut établir des concentrations dinertage pour protéger déventuels occupants. Le halon des systèmes dextinction qui ne sont plus utilisés devrait être mis à la disposition des personnes qui doivent sen servir pour des applications critiques. On contribuerait ainsi à éliminer le besoin de produire ces agents nuisibles à lenvironnement et à protéger la couche dozone.
Les agents halocarbonés ont été mis au point à cause des préoccupations environnementales causées par les halons. Ces agents varient considérablement entre eux par leur toxicité, leur impact environnemental, leur masse et leur volume, leur prix et lexistence dinstallations dextinction agréées pour les utiliser. Ils peuvent tous être conservés dans des récipients à pression sous forme de gaz liquéfiés par compression. Les installations ont une configuration semblable à celle des systèmes à dioxyde de carbone.
La conception, linstallation et lentretien de ces systèmes doivent être confiés à des spécialistes. Les responsables de lachat, de linstallation, de linspection, de la mise à lépreuve, de lapprobation et de lentretien de ce type déquipement doivent souvent consulter des experts en sécurité incendie pour bien sacquitter de leurs fonctions.
Cette partie de lEncyclopédie présente un aperçu très bref et limité des choix qui existent en matière de protection active contre lincendie. Il est conseillé aux lecteurs désireux dobtenir de plus amples renseignements sur la question de sadresser à leur association nationale de sécurité incendie, à leur assureur ou au bureau de prévention du service local dincendie.
Le profit étant lobjectif premier de toute entreprise, une gestion efficace et dynamique et la continuité de la production sont à cette fin deux objectifs essentiels. Toute interruption de la production, quelle quen soit la raison, ne peut que diminuer les bénéfices. Si elle résulte dun incendie ou dune explosion, cette interruption peut être suffisamment longue pour paralyser toute lentreprise.
On fait très souvent valoir que les biens sont assurés et que les pertes éventuelles dues à lincendie seront remboursées par la compagnie dassurances. Il ne faut pas perdre de vue que lassurance est uniquement un moyen de répartir les effets destructeurs des sinistres sur autant dassurés que possible. Elle ne peut compenser les pertes subies à léchelle nationale. De plus, elle ne peut ni garantir la continuité de la production ni éliminer ou minimiser les pertes indirectes.
Il est donc utile que la direction de lentreprise réunisse une information complète sur les risques dincendie et dexplosion qui peuvent survenir, quelle évalue les pertes potentielles et mette en uvre des mesures adéquates de protection destinées à prévenir les sinistres. Il est nécessaire à cet effet dorganiser lintervention durgence à linterne.
Il convient, autant que faire se peut, de prévoir léventualité dune intervention durgence dès le stade de la planification, de la gérer progressivement depuis le choix du site jusquau lancement de la production et den poursuivre lorganisation par la suite.
Le succès de ces mesures durgence dépend beaucoup de la participation de tous les travailleurs et des différents échelons de la direction. Cest un fait à ne pas sous-estimer au moment de la planification.
Nous présentons ci-après les divers aspects de lélaboration dun plan durgence. Pour de plus amples renseignements, le lecteur est invité à consulter le manuel Fire Protection Handbook de lAssociation nationale de protection contre lincendie (National Fire Protection Association (NFPA)) aux Etats-Unis, ou tout autre ouvrage faisant autorité dans ce domaine (Cote, 1991).
Entreprendre la mise au point du plan durgence en prenant les mesures suivantes:
Evaluer ce qui suit:
Dresser le plan densemble et le plan dexécution et déterminer les spécifications des matériaux de construction. Exécuter ensuite les tâches suivantes:
Au cours de la construction, prendre les mesures suivantes:
Si la taille de létablissement, ses risques ou son éloignement imposent la présence sur place dun service dincendie à plein temps, engager, équiper et former le personnel permanent nécessaire. Désigner également un officier pompier à temps plein.
Pour obtenir la pleine collaboration de tous les employés, prendre les mesures suivantes:
Pour éviter la confusion en cas durgence véritable, il est essentiel que chacun des membres de lentreprise comprenne bien son rôle et celui des autres en cas de sinistre. A cet effet, il convient de préparer et de mettre en uvre un plan durgence bien conçu et de veiller à ce que le personnel concerné le connaisse bien. Le plan doit énoncer avec clarté et précision les responsabilités de tous les intéressés et établir la chaîne de commandement. Le plan durgence doit comporter au minimum les mentions suivantes:
Sil existe un plan dassistance mutuelle, des copies du plan durgence devront être transmises à tous les organismes participants en échange de leur propre plan durgence.
Il peut savérer nécessaire de mettre en uvre le plan durgence en raison soit dun incendie, soit dune explosion.
Une explosion peut ou non être suivie dun incendie, mais, dans presque tous les cas, elle a un effet destructif qui peut, selon les circonstances, tuer ou blesser les personnes se trouvant à proximité ou causer des dommages matériels. Elle peut également provoquer un choc et de la confusion, imposant dinterrompre partiellement ou totalement les opérations de fabrication et dévacuer un grand nombre de personnes. Si la situation nest pas immédiatement maîtrisée et menée dune manière ordonnée, elle peut dégénérer en panique et occasionner des pertes de vies et des dégâts matériels supplémentaires.
La fumée produite par lincendie peut atteindre dautres zones du bâtiment ou bloquer la sortie dautres occupants, ce qui nécessitera une vaste opération de sauvetage et dévacuation. Dans certains cas, une évacuation de ce genre sera à envisager si des personnes risquent dêtre prises au piège de lincendie.
Chaque fois quun grand nombre de personnes doivent se déplacer soudainement, des problèmes de circulation se posent, surtout si des routes, des rues ou dautres lieux publics doivent être empruntés. Si ces problèmes nont pas été prévus et si lon ne sait pas davance ce quil convient de faire, on risque de voir se développer des embouteillages qui vont entraver les efforts de sauvetage et de lutte contre lincendie.
Lévacuation dun grand nombre de personnes, surtout dans des immeubles de grande hauteur, peut aussi poser des problèmes. Pour que lévacuation se fasse en bon ordre, il faut non seulement avoir prévu des trajets de sortie adéquats, mais également être en mesure dévacuer les gens assez rapidement. Il importe daccorder une attention particulière à lévacuation des personnes handicapées.
Le plan durgence doit par conséquent comprendre des procédures détaillées dévacuation quil convient de tester fréquemment dans le cadre dexercices dincendie et dévacuation. Ces exercices sont aussi loccasion de résoudre les problèmes de circulation. Tous les organismes et services participants et concernés doivent y prendre part, au moins de temps en temps. Après chaque exercice, une réunion doit être organisée pour faire le bilan, signaler et expliquer toutes les erreurs commises. Il faut également prendre des mesures pour prévenir la répétition des mêmes erreurs au cours des exercices suivants et lors dincidents réels, le cas échéant en éliminant les difficultés et en modifiant le plan durgence.
Des dossiers complets sur tous les exercices dincendie et dévacuation devront être établis et tenus à jour.
Les victimes dun incendie ou dune explosion doivent immédiatement recevoir les soins nécessaires ou être rapidement transportées à lhôpital après avoir reçu les premiers soins.
La direction de lentreprise doit créer un ou plusieurs postes de premiers soins et, le cas échéant, en fonction de la taille de létablissement considéré et de ses risques particuliers, une ou plusieurs unités paramédicales mobiles. Les postes de premiers soins et les unités paramédicales doivent être dotés en permanence dun personnel paramédical pleinement compétent.
Selon la taille de létablissement et le nombre de travailleurs, il y aura également lieu de prévoir sur les lieux une ou plusieurs ambulances, avec le personnel nécessaire pour transporter les victimes éventuelles à lhôpital. De plus, des dispositions doivent être prises pour pouvoir, au besoin, disposer rapidement dautres ambulances.
Par ailleurs, si la taille de lentreprise ou de létablissement le justifie, un médecin devrait être présent en permanence pour répondre aux situations durgence.
Il convient en outre de conclure des arrangements préalables avec un ou plusieurs hôpitaux vers lesquels seront dirigées en priorité les victimes dun éventuel sinistre. Les noms et numéros de téléphone de ces hôpitaux doivent figurer sur le plan durgence, qui doit en outre désigner une personne chargée de les avertir, afin quils soient prêts à accueillir les victimes dès quun sinistre se produit.
Il importe de rétablir tous les systèmes de sécurité incendie et durgence pour quils soient toujours prêts à fonctionner, dès la fin de la situation durgence. A cet effet, un employé ou un service de lentreprise doit être spécialement chargé de cette tâche et son nom doit figurer dans le plan durgence. Il faut également prévoir des vérifications systématiques permettant de sassurer que tous les systèmes ont été convenablement rétablis.
On ne peut pas sattendre à ce que la direction dune entreprise industrielle prévoie tous les cas durgence possibles et se prémunisse contre chacun dentre eux. De toute façon, les considérations financières linterdiraient. Même si les méthodes les plus modernes de gestion des risques dincendie ont été mises en place, il y a toujours des situations dans lesquelles ces installations ne suffisent pas. Pour de tels cas, il est utile de prévoir des mesures dassistance mutuelle avec le service public dincendie. Une bonne liaison avec ce service est nécessaire pour que la direction sache sur quelle aide elle peut compter si un sinistre se déclare. De plus, le service public dincendie doit se familiariser avec les risques particuliers de lentreprise considérée pour savoir à quoi sattendre en cas durgence. Des échanges fréquents avec ce service public sont utiles à cet effet.
En cas de déversement, les sapeurs-pompiers appelés sur les lieux pourraient ne pas connaître les risques des produits dangereux utilisés dans létablissement. Un déversement accidentel de ces produits ou des imprudences commises en les manipulant ou en les entreposant pourraient créer des situations dangereuses pour la santé des personnes présentes ou occasionner de graves incendies ou explosions. Comme il est difficile de se souvenir des risques associés à tous les produits, on a donc conçu des moyens faciles didentification des différents produits au moyen détiquettes ou dinscriptions faciles à reconnaître.
Chaque pays a ses propres règles détiquetage des produits dangereux pour fins dentreposage, de manipulation et de transport, différents services étant en général chargés de lapplication de ces règles. Il est bien sûr essentiel de respecter la réglementation locale, mais il est également souhaitable de mettre au point un système reconnu et appliqué à léchelle internationale pour lidentification des produits dangereux. La NFPA, aux Etats-Unis, a mis au point un système de ce genre qui impose de fixer ou dapposer bien en vue sur les contenants de produits dangereux des étiquettes distinctives indiquant clairement la nature et limportance du risque par rapport à la santé, à linflammabilité et à la réactivité. Il est également possible de mentionner sur ces étiquettes déventuels dangers particuliers auxquels le produit peut exposer les sapeurs-pompiers. La norme 704 de la NFPA, intitulée Standard System for the Identification of the Fire Hazards of Materials (NFPA, 1991), explique les différents degrés de risque. Dans le système de la NFPA, les risques sont répartis entre les catégories suivantes: les risques pour la santé , linflammabilité et la réactivité (instabilité) .
Les risques pour la santé comprennent toutes les blessures et lésions quune substance peut causer par contact ou par absorption dans lorganisme. Ces risques peuvent découler des propriétés inhérentes à la substance ou des produits toxiques quengendre sa combustion ou sa décomposition. Le degré de risque est attribué daprès le risque le plus important qui peut résulter dun incendie ou dune autre situation durgence. Il indique aux sapeurs-pompiers sils peuvent faire leur travail dans des vêtements ordinaires ou sils doivent porter une tenue de protection spéciale ou un appareil de protection respiratoire.
Le degré de risque se mesure sur une échelle de 4 à 0, le 4 désignant un risque grave et le 0, peu ou pas de risque.
Linflammabilité se mesure à la facilité avec laquelle une substance peut prendre feu et brûler. On reconnaît que les produits ont, à cet égard, des propriétés qui varient selon les conditions. Autrement dit, certaines substances peuvent être inflammables dans des conditions données et ne plus lêtre dans dautres. La forme et les propriétés inhérentes au produit influent sur le degré de risque, qui est attribué sur la même base que le risque pour la santé.
Les substances qui peuvent par elles-mêmes libérer de lénergie (par réaction spontanée ou par polymérisation, par exemple) ou qui réagissent violemment ou explosent au contact de leau, dautres agents extincteurs ou dautres substances présentent un risque de réactivité.
La violence de la réaction peut augmenter en cas délévation de la température ou de la pression ou lorsque la substance entre en contact avec certaines autres substances pour former un mélange combustible-comburant ou encore quelle se trouve en présence dune substance incompatible, dun contaminant sensibilisateur ou dun catalyseur.
Le degré de risque associé à la réactivité dépend de la facilité avec laquelle la réaction se déclenche, du taux de production de lénergie et de la quantité dénergie libérée. On peut, dans le cadre de cette catégorie de risque, donner des renseignements complémentaires, par exemple au sujet de la radioactivité ou de lincompatibilité avec leau ou dautres agents extincteurs.
Létiquette davertissement dun produit dangereux porte un losange dans lequel sinscrivent quatre losanges plus petits (voir figure 41.11).
Le losange supérieur correspond au risque pour la santé, celui de gauche à linflammabilité, celui de droite à la réactivité et celui du bas à dautres risques particuliers, comme la radioactivité ou une incompatibilité particulière avec leau.
A cette disposition peut sajouter un code de couleurs. Il peut sagir de la couleur de fond de chaque losange ou de la couleur du chiffre identifiant chaque catégorie de risque. Le bleu correspond au risque pour la santé, le rouge à linflammabilité, le jaune à la réactivité et le blanc aux risques particuliers.
Selon la nature des produits dangereux employés dans létablissement industriel, il est nécessaire de se procurer léquipement de protection et les agents extincteurs spéciaux appropriés, y compris léquipement de protection à utiliser lors de lapplication de ces agents extincteurs.
Il faut également former tous les travailleurs à prendre les précautions nécessaires et à suivre les procédures prescrites pour affronter tout incident qui se produirait lors de la manipulation des différents types de produits dangereux utilisés. Les travailleurs doivent en outre connaître le sens des panneaux et étiquettes didentification.
Les sapeurs-pompiers et les travailleurs doivent par ailleurs avoir reçu la formation voulue pour se servir correctement des vêtements de protection et des appareils de protection respiratoire et appliquer déventuelles techniques spéciales de lutte contre lincendie. Il faut maintenir la vigilance de tout le personnel concerné afin quil soit prêt à affronter toute urgence grâce à de fréquents exercices dont le compte rendu devrait être conservé.
Pour faire face aux urgences graves et à leurs effets sur les sapeurs-pompiers, il devrait être possible de faire appel à un médecin pour prendre immédiatement les mesures nécessaires lorsquune personne sexpose à une contamination dangereuse parce quelle ne peut pas faire autrement. Toutes les personnes touchées doivent recevoir sur-le-champ les soins nécessaires.
Des dispositions adéquates doivent également être prises pour établir au besoin un centre de décontamination sur les lieux. Il faut alors se conformer aux procédures appropriées de décontamination.
Lindustrie produit une grande quantité de déchets dans le cadre de ses opérations courantes ou par suite daccidents qui surviennent lors de la manipulation, du transport et de lentreposage de marchandises. Ces déchets peuvent être inflammables, toxiques, corrosifs, pyrophoriques, radioactifs ou susceptibles de donner lieu à des réactions chimiques, selon lindustrie et la nature des marchandises en question. Dans la plupart des cas, si on ne prend pas les mesures nécessaires pour éliminer ces déchets dans des conditions sûres, ils peuvent mettre en danger la vie dhumains et danimaux, polluer lenvironnement ou provoquer des incendies et des explosions entraînant des dégâts matériels. Par conséquent, une connaissance approfondie des propriétés physiques et chimiques des déchets, ainsi que des avantages et inconvénients des différentes méthodes délimination est importante du double point de vue de léconomie et de la sécurité.
Nous présentons ci-dessous un bref résumé des caractéristiques des déchets industriels:
Les méthodes employées pour éliminer les déchets industriels et les déchets découlant de situations durgence comprennent la biodégradation , lenfouissement , lincinération , la mise en décharge contrôlée , la transformation en paillis , la combustion à lair libre , la pyrolyse et le recours à un entrepreneur en élimination de déchets industriels . Nous expliquons brièvement ces méthodes dans les paragraphes qui suivent.
De nombreux produits chimiques sont complètement détruits en 6 à 24 mois lorsquils sont mélangés à de la terre végétale prise dans les 15 cm de la couche supérieure du sol. Le phénomène de la biodégradation est dû à laction des bactéries du sol. Ces dernières ne peuvent cependant pas sattaquer ainsi à toutes les substances.
On se débarrasse souvent des déchets, notamment des déchets chimiques, par enfouissement. Cest là une pratique dangereuse lorsquil sagit de produits chimiques actifs parce que, avec le temps, la substance enfouie peut finir par se retrouver à la surface ou par atteindre la nappe phréatique ou des cours deau en raison du ruissellement des eaux de pluie. Elle peut alors avoir des effets nocifs si elle contamine de leau qui est ensuite consommée par des humains ou des animaux. On a enregistré des cas de contamination 40 ans après lenfouissement de produits chimiques nocifs.
Lincinération compte parmi les méthodes les plus sûres et les plus efficaces délimination des déchets, pourvu quelle se fasse dans des conditions contrôlées dans un incinérateur bien conçu. Toutefois, il faut sassurer que les substances contenues dans les déchets sont propres à lincinération et quelles ne causent aucun problème de fonctionnement ni ne présentent aucun risque particulier. Presque tous les incinérateurs industriels doivent être munis dun équipement antiémission bien choisi et installé après considération de la composition des effluents de lincinérateur pendant la combustion des déchets industriels.
Il convient de surveiller attentivement la température de fonctionnement de lincinérateur, pour éviter les hausses excessives dues à la présence dimportantes quantités déléments volatils et à la nature des déchets incinérés. La structure de lincinérateur risque de souffrir de températures trop élevées et de la corrosion qui finit par se produire avec le temps. Le système dépuration de leffluent devra, lui aussi, faire lobjet dinspections périodiques afin de détecter les signes de corrosion dus au contact avec des acides et dun entretien régulier pour assurer son bon fonctionnement.
On se sert souvent de terres basses et de dépressions pour y accumuler des déchets jusquà ce que le site atteigne le niveau du terrain environnant. On nivelle alors lemplacement, on le couvre de terre et on le tasse fortement. On peut ensuite lutiliser pour construire des bâtiments ou à dautres fins.
Pour obtenir des résultats satisfaisants, il faut soigneusement choisir le site en tenant compte de la proximité de pipelines, de tuyaux dégout, de lignes électriques, de puits de pétrole ou de gaz, de mines et dautres obstacles. On mélange ensuite les déchets à de la terre et on procède à un épandage régulier dans la dépression ou dans une large tranchée. Chaque couche doit être compactée par des moyens mécaniques avant laddition dune nouvelle couche.
Dordinaire, on recouvre les déchets dune couche de terre de 50 cm que lon compacte en laissant suffisamment douvertures pour éviter laccumulation des gaz produits par lactivité biologique dans les déchets. Il faut également prévoir un drainage adéquat de la décharge.
Selon la composition des déchets, il peut y avoir un risque de combustion spontanée. Dans ce cas, la décharge doit être clôturée et gardée jusquà ce que les probabilités dinflammation deviennent très faibles. On doit également prendre des dispositions pour éteindre tout incendie qui se déclarerait dans les déchets.
On a fait quelques tentatives de recyclage de polymères sous forme de paillis (matières en vrac destinées à protéger les racines des plantes) en déchiquetant les déchets en petits fragments ou en granules. Sous cette forme, les polymères se dégradent très lentement. Leurs effets sur le sol sont donc purement physiques. Cette méthode délimination des déchets na cependant pas été utilisée sur une grande échelle.
Le brûlage des déchets à lair libre est une source de pollution atmosphérique. Il présente également des risques dincendie, les flammes pouvant sétendre à des biens ou à des terrains voisins. Les contenants peuvent également exploser et, si les déchets contiennent des substances radioactives, lopération peut avoir des effets physiologiques nocifs. Cest la raison pour laquelle cette méthode délimination a été interdite dans certains pays. En fait, ses inconvénients en font une méthode à déconseiller.
Il est possible de récupérer certains composés par distillation des produits obtenus par pyrolyse (décomposition chimique sous laction de la chaleur) de polymères et de substances organiques. Toutefois, cette méthode nest pas encore très répandue.
Cest probablement la méthode la plus commode. Il importe de ne choisir que des entrepreneurs compétents ayant lexpérience de lélimination des déchets industriels et des produits dangereux. Ces derniers doivent être soigneusement séparés du reste des déchets et être éliminés par des moyens distincts.
Voici quelques exemples des produits dangereux que lon retrouve souvent aujourdhui dans lindustrie: 1) métaux combustibles et réactifs (magnésium, potassium, lithium, sodium, titane et zirconium); 2) déchets combustibles; 3) huiles siccatives; 4) liquides inflammables et solvants dérivés de déchets; 5) comburants (liquides et solides); 6) matières radioactives. Ces produits nécessitent une manutention et des précautions spéciales devant faire lobjet dun examen soigneux. Pour de plus amples renseignements sur lidentification des produits dangereux et les risques de différentes substances utilisées dans lindustrie, les lecteurs intéressés peuvent consulter les ouvrages suivants: Fire Protection Handbook (Cote, 1991) et Saxs Dangerous Properties of Industrial Materials (Lewis, 1992).