Lévaluation des risques biologiques en milieu de travail est centrée sur les travailleurs agricoles, les travailleurs des services médicaux et sur le personnel de laboratoire qui courent des risques graves pour leur santé. La compilation détaillée des risques biologiques établie par Dutkiewicz, Jablonski et Olenchock (1988) montre que ces risques sont également très répandus dans beaucoup dautres professions (voir tableau 38.1).
Secteur |
Exemples |
Agriculture |
Culture et récolte |
Produits agricoles |
Abattoirs, installations de conditionnement des produits alimentaires |
Soins aux animaux de laboratoire |
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Services médicaux |
Soins médicaux et dentaires |
Produits pharmaceutiques et à base de plantes |
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Soins personnels |
Coiffure, podologie |
Laboratoires cliniques et de recherche |
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Biotechnologies |
Installations de production |
Garderies |
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Entretien de bâtiments |
Bâtiments malsains |
Egouts et compost |
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Systèmes d’élimination des déchets industriels |
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Source: Dutkiewicz, Jablonski et Olenchock, 1988.
Dutkiewicz, Jablonski et Olenchock (1988) ont de plus procédé à un classement taxinomique des micro-organismes et des plantes (voir tableau 38.2), ainsi que des animaux (voir tableau 38.3), qui constituent des risques biologiques en milieu de travail.
Infection |
Infection par zoonose1 |
Réaction allergique |
Toxine respirable |
Toxine |
Agent cancérogène |
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Virus |
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Bactéries |
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Rickettsies |
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Chlamydiae |
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Bactéries spirales |
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Bactéries gram-négatives |
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x(e)2 |
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Cocci gram-positifs |
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Bacilles à spores |
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Bacilles gram-positifs sans spores et coryne-bacterium |
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Mycobacterium |
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Actinomycètes |
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Champignons |
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Moisissures |
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Dermatophytes |
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Champignons géophiles du type levures |
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Levures endogènes |
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Parasites du blé |
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Champignons |
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Autres végétaux inférieurs |
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Lichens |
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Herbes de la Trinité |
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Fougères |
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Végétaux supérieurs |
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Pollen |
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Huiles volatiles |
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Traitement des poussières |
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1 Infection par zoonose: provoque une infection ou une invasion généralement contractée auprès d’animaux vertébrés. 2 (e) Endotoxine. 3 (m) Mycotoxine.
Source: Dutkiewicz, Jablonski et Olenchock, 1988.
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Infection |
Infection par zoonose1 |
Réaction allergique |
Toxine |
Vecteur2 |
Invertébrés autres que les arthropodes |
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Protozoaires |
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Eponges |
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Clentérés |
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Plathelminthes |
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Némathelminthes |
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Bryozoaires |
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Ascidiacés |
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Arthropodes |
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Crustacés |
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Arachnides |
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Araignées |
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Mites |
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Tiques |
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Insectes |
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Cafards |
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Coléoptères |
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Papillons nocturnes |
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Mouches |
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Abeilles |
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Vertébrés |
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Poissons |
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Amphibiens |
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Reptiles |
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Oiseaux |
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Mammifères |
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1 Infection par zoonose: provoque une infection ou une invasion généralement contractée auprès d’animaux vertébrés.
2 Vecteur de virus pathogènes, bactéries ou parasites. 3 Toxine B ou venin transmis par morsure ou piqûre.
Source: Dutkiewicz, Jablonski et Olenchock, 1988.
Les micro-organismes forment un groupe important et varié dorganismes qui se présentent sous la forme de cellules isolées ou de groupes de cellules (Brock et Madigan, 1988). Les cellules microbiennes se distinguent ainsi des cellules animales et végétales qui, elles, sont incapables de vivre seules dans la nature et ne peuvent exister quen tant quéléments constitutifs dorganismes multicellulaires.
Rares sont les territoires à la surface de la planète qui nabritent pas une vie microbienne, car les micro-organismes présentent une gamme stupéfiante de capacités métaboliques et de production dénergie et beaucoup peuvent vivre dans des conditions qui seraient mortelles pour dautres formes de vie.
Les quatre grandes classes de micro-organismes qui peuvent interagir avec les êtres humains sont les bactéries, les champignons, les virus et les protozoaires. Ils sont dangereux pour les travailleurs à cause de leur présence généralisée dans le milieu du travail. Les plus importants micro-organismes qui présentent le plus de risques pour les travailleurs sont énumérés dans les tableaux 38.2 et 38.3.
Ces microbes proviennent de trois sources principales:
Lair ambiant peut être contaminé par des quantités importantes de micro-organismes potentiellement dangereux ou les transporter (Burrell, 1991). Les bâtiments modernes, particulièrement ceux à usage commercial ou administratif, constituent une niche écologique particulière avec un environnement biochimique, une faune et une flore qui leur sont propres (Sterling, Collett et Rumel, 1991). Les effets nocifs quils peuvent avoir sur les travailleurs sont décrits dans le chapitre no 13, «Les troubles systémiques», de la présente Encyclopédie .
On sait que leau est un important vecteur dinfections extra-intestinales. Elle peut transmettre divers agents pathogènes à loccasion dactivités professionnelles, récréatives, voire thérapeutiques (Pitlik, Berger et Huminer, 1987). La nature de la pathologie non entérique transmise par de leau contaminée est souvent fonction de lécologie des agents pathogènes aquatiques. Les infections de ce genre sont en général de deux types: les infections superficielles, impliquant les muqueuses et la peau blessées ou intactes; et les infections systémiques, souvent associées à dautres infections graves en cas dimmunodéficience. Un large spectre dorganismes aquatiques, incluant virus, bactéries, champignons, algues et parasites peuvent envahir lhôte par des voies extra-intestinales telles que les tissus conjonctifs, les muqueuses respiratoires, la peau et les organes génitaux.
Bien que la propagation des zoonoses infectieuses continue à se produire chez les animaux de laboratoire utilisés dans la recherche biomédicale, les risques de contagion ont été réduits grâce à la mise en uvre de soins vétérinaires et de procédures délevage rigoureux, à lemploi danimaux élevés commercialement et à la mise en place de programmes appropriés de protection sanitaire du personnel (Fox et Lipman, 1991). Lutilisation dinstallations modernes protégées contre lintroduction de parasites et de vecteurs biologiques est également importante pour la prévention des zoonoses chez le personnel. Toutefois, il peut toujours sy trouver des agents de zoonoses connus, des micro-organismes récemment découverts ou de nouvelles espèces animales non identifiées auparavant comme vecteurs de micro-organismes porteurs de zoonoses et les risques de contagion par les animaux aux êtres humains demeurent.
Un dialogue instructif entre les vétérinaires et les médecins concernant les risques de zoonoses, les espèces danimaux impliquées et les méthodes de diagnostic reste un élément indispensable de tout programme de santé préventif.
Le personnel médical et de laboratoire, ainsi que les autres travailleurs du secteur de la santé, y compris les professions apparentées, sont exposés à une infection par les micro-organismes si des mesures préventives appropriées ne sont pas prises. Les travailleurs hospitaliers sont exposés à beaucoup de risques biologiques, notamment au virus du syndrome immunodéficitaire acquis (VIH), à lhépatite B, aux virus herpétiques, à la rubéole et à la tuberculose (Hewitt, Misner et Levin, 1993).
Le travail agricole présente une large gamme de risques professionnels. Lexposition à des poussières organiques, aux micro-organismes en suspension dans lair et à leurs toxines peut entraîner des troubles respiratoires (Zejda, McDuffie et Dosman, 1993). Ce sont notamment la bronchite chronique, lasthme, la pneumopathie par hypersensibilité, le syndrome toxique des poussières organiques et la pneumopathie obstructive chronique. Dutkiewicz, Jablonski et Olenchock (1988) ont étudié des échantillons densilage pour identifier les agents pouvant provoquer ce syndrome organo-toxique. Des niveaux globaux très élevés de bactéries et de champignons aérobies ont été trouvés. LAspergillus fumigatus prédomine parmi les champignons, tandis que les bacilles et les organismes gram-négatifs (Pseudomonas, Alcaligenes, Citrobacter et Klebsiella ), ainsi que les actinomycètes prévalent parmi les bactéries. Ces résultats montrent que les aérosols provenant de lensilage présentent un risque dexposition à de fortes concentrations de micro-organismes, dont lA. fumigatus et les bactéries produisant lendotoxine sont les agents pathogènes les plus probables.
De courtes expositions à certaines poussières de bois peuvent provoquer de lasthme, de la conjonctivite, de la rhinite ou des dermatoses allergiques. Quelques micro-organismes thermophiles présents dans le bois sont des agents pathogènes pour lhumain, et linhalation de spores ascomycètes des copeaux de bois stockés pourrait être à lorigine de maladies humaines (Jacjels, 1985).
Les exemples qui suivent montrent les risques que peuvent présenter certaines conditions de travail:
Une bonne compréhension des principes de lépidémiologie et de la propagation des maladies infectieuses est indispensable pour pouvoir lutter contre les organismes qui en sont responsables.
Les travailleurs devraient faire lobjet dexamens médicaux préliminaires et périodiques afin de déceler les maladies professionnelles dorigine biologique. Il existe des principes généraux à appliquer aux examens médicaux destinés à détecter les effets nocifs de lexposition des travailleurs sur leur lieu de travail, notamment aux risques biologiques. Des protocoles précis ont été élaborés à cet effet, qui sont décrits ailleurs dans la présente Encyclopédie . En Suède, par exemple, la Fédération des travailleurs de lagriculture a mis sur pied un programme de services médicaux préventifs à lintention des agriculteurs (Hoglund, 1990) dont le principal objectif est de prévenir les lésions et les maladies professionnelles et doffrir des services cliniques aux agriculteurs qui souffrent de problèmes de santé dorigine professionnelle.
Pour un certain nombre de maladies infectieuses, il peut être difficile de prendre les mesures préventives appropriées tant que la maladie na pas été identifiée. Les poussées de fièvre hémorragique virale Crimée-Congo (FHCC), signalées parmi le personnel hospitalier de lAfrique du Sud, des Emirats arabes unis (Dubayy) et du Pakistan (Van Eeden et coll., 1985), ont mis ce problème en évidence.
Dans les zones chaudes et tempérées, les morsures de serpent peuvent constituer un risque non négligeable pour certaines catégories de travailleurs: agriculteurs, bûcherons, ouvriers des chantiers de construction et des travaux publics, pêcheurs, ramasseurs de champignons, charmeurs de serpents, gardiens de zoo et laborantins occupés à la préparation de sérums antivenimeux. Dans leur grande majorité, les serpents sont sans danger pour lhumain, mais certains dentre eux sont capables dinfliger de graves lésions par morsure venimeuse; les espèces dangereuses se rencontrent à la fois parmi les serpents terrestres (Colubridae et Viperidae ) et les serpents aquatiques (Hydrophiidae) (Rioux et Juminer, 1983).
LOrganisation mondiale de la santé (OMS) (OMS, 1995) estime que les morsures de serpent provoquent chaque année la mort de 30 000 personnes en Asie et celle denviron 1 000 personnes en Afrique et autant en Amérique du Sud. Certains pays ont des statistiques plus détaillées. Plus de 63 000 morsures de serpent et piqûres de scorpion responsables de plus de 300 décès sont signalées chaque année au Mexique. Au Brésil, on dénombre près de 20 000 morsures de serpents et 7 000 à 8 000 piqûres de scorpion par an, dont 1,5% pour les morsures de serpent et 0,3% à 1% pour les piqûres de scorpion sont mortelles. Une étude menée à Ouagadougou (Burkina Faso) a relevé un taux de 7,5 morsures de serpent pour 100 000 personnes dans les zones périurbaines et de plus de 69 pour 100 000 personnes dans les zones plus éloignées, où les taux de cas mortels atteignent 3%.
Les morsures de serpent sont aussi un problème dans les régions développées du monde. Chaque année, près de 45 000 morsures de serpent sont signalées aux Etats-Unis où, grâce aux soins médicaux disponibles, le nombre de cas mortels nest plus que de 9 à 15 par année. En Australie, où lon trouve certains des serpents les plus venimeux au monde, le nombre de morsures de serpent serait de 300 à 500 par an dont en moyenne 2 seraient mortelles.
Au Brésil, les changements environnementaux, particulièrement le déboisement, ont sans doute entraîné la disparition de nombreuses espèces de serpents, mais le nombre de cas de morsures de serpent qui y sont recensés chaque année na pas diminué, car dautres espèces, parfois plus dangereuses, ont proliféré dans certaines des zones déboisées (OMS, 1995).
Il nexiste que deux espèces de lézards venimeux qui, toutes deux, appartiennent au genre Heloderma : lH. suspectum (monstre de Gila) et lH. horridum (lézard perlé). Le venin, voisin de celui des vipéridés, pénètre dans les blessures infligées par les dents antérieures recourbées, mais lhumain est rarement atteint et la guérison est généralement rapide (Rioux et Juminer, 1983).
Les serpents nattaquent généralement lêtre humain que sils se sentent en danger, sils sont dérangés ou si on leur marche dessus. Dans les régions où vivent des serpents venimeux, les travailleurs devraient se protéger les pieds et les jambes et être munis de sérum antivenimeux monovalent ou polyvalent. Il est recommandé aux personnes travaillant dans une zone dangereuse, à plus dune demi-heure du poste de secours le plus proche, de se munir dune trousse antivenin contenant une seringue stérile. Il est bon toutefois de rappeler aux travailleurs quune morsure de serpent, même celle des espèces les plus venimeuses, est rarement mortelle, car la quantité de venin injectée est généralement assez faible. Certains charmeurs de serpent parviennent à simmuniser par des injections régulières de venin, mais il nexiste encore aucune méthode scientifique dimmunisation humaine (Rioux et Juminer, 1983).
De nombreuses normes professionnelles nationales englobent les risques biologiques dans leur définition des substances dangereuses ou toxiques. Toutefois, dans la plupart des textes réglementaires, les risques biologiques sont limités aux micro-organismes ou aux agents infectieux. Plusieurs réglementations de lAdministration américaine de la sécurité et de la santé au travail (US Occupational Safety and Health Administration (OSHA)) comportent des dispositions sur les risques biologiques. Les plus précises sont celles qui concernent la vaccination contre lhépatite B et les agents pathogènes à diffusion par le sang; les risques biologiques sont également couverts par des réglementations à plus large portée (par exemple, celles qui concernent linformation sur les risques, les spécifications portant sur les panneaux et inscriptions de prévention des accidents et les recommandations sur les programmes de formation). Bien quelles ne fassent pas lobjet de réglementations spécifiques, la détermination et lélimination des risques liés aux animaux, aux insectes ou aux plantes nen sont pas moins abordées dans dautres réglementations de lOSHA concernant certains milieux de travail comme les télécommunications, les chantiers temporaires et lexploitation du bois à pâte (cette dernière incluant des directives sur les trousses de premiers secours contre les morsures de serpent). Lune des normes les plus complètes régissant les risques biologiques professionnels est la directive européenne no 90/679. Elle définit les agents biologiques comme des micro-organismes, y compris ceux qui ont été génétiquement modifiés, les cultures cellulaires et les endoparasites humains qui peuvent provoquer nimporte quelle infection, allergie ou toxicité, et elle classe les agents biologiques en quatre groupes selon le niveau de risque dinfection. La directive couvre la détermination et lévaluation des risques, ainsi que les obligations des employeurs touchant lélimination ou la réduction des risques (par des mesures de prévention technique, dhygiène professionnelle, de protection collective et individuelle, etc.), linformation (des travailleurs, de leurs représentants et des autorités compétentes), la surveillance médicale, la vaccination et la tenue de registres. Les annexes fournissent des informations détaillées sur des mesures de protection différentes selon la nature des activités, lestimation des risques professionnels et la nature de lagent biologique en cause. |
*Adapté de la 2e édition de lEncyclopædia of Occupational Health and Safety..
On trouve des animaux aquatiques dangereux pour lhumain dans pratiquement tous les embranchements (phyla). Les travailleurs peuvent entrer en contact avec ces animaux dans le cadre de diverses activités telles que la pêche en surface et la pêche sous-marine, linstallation et le maniement déquipements liés à lexploitation du pétrole sous la mer, les travaux sous-marins et la recherche scientifique et être ainsi exposés à des risques pour la santé. La plupart des espèces dangereuses habitent les eaux chaudes ou tempérées.
Les éponges. Léponge commune appartient à ce phylum. Les pêcheurs qui manipulent les éponges, cest-à-dire les scaphandriers et les plongeurs autonomes, ainsi que les autres nageurs sous-marins, peuvent contracter des dermatites de contact avec irritation de la peau, vésicules ou cloques. La maladie des pêcheurs déponges de la région méditerranéenne est provoquée par les tentacules dun petit clentéré (Sagartia rosea) qui est un parasite de léponge. Une autre forme de dermatite appelée «mousse rouge» a été constatée chez les pêcheurs dhuîtres dAmérique du Nord et provient du contact avec une éponge écarlate présente sur la coquille des huîtres. Des cas dallergie de type 4 ont été signalés. Le poison sécrété par léponge Suberitus ficus contient des histamines et des substances antibiotiques.
Les clentérés. Ils sont représentés par de nombreuses familles du type des hydrozoaires, à savoir le millépore ou corail (corail piqueur, corail feu), la physalie (Physalia physalis , guêpe de mer), les scyphozoaires (méduses) et lactinie (anémone urticante), que lon trouve dans tous les océans. Tous ces animaux ont pour point commun de pouvoir provoquer de lurticaire par injection dun poison violent conservé dans une cellule spéciale (le cnidoblaste) qui est pourvue dun fil creux et explose vers lextérieur dès que le tentacule est touché, pénétrant ainsi la peau de lintrus. Les diverses substances contenues dans cet organe provoquent des symptômes tels que fortes démangeaisons, congestion du foie, douleurs et dépression du système nerveux central; ces substances ont été respectivement identifiées comme étant le thalassium, la congestine, léquinotoxine (qui contient de la 5-hydroxytryptamine et de la tétramine) et lhypnotoxine. Les effets sur lindividu dépendent de létendue du contact avec les tentacules et du nombre de piqûres microscopiques infligées. Il peut sélever à plusieurs milliers et, dans ce cas, provoquer le décès du sujet en quelques minutes. Ces animaux étant présents dans le monde entier, les incidents de ce genre sont nombreux, mais ils sont rarement mortels. Les effets sur la peau se caractérisent par une démangeaison intense et par la formation de papules tachetées rouge vif, qui se transforment en pustules et en ulcérations. Une douleur intense analogue à un choc électrique peut être ressentie. Dautres symptômes sont notamment des difficultés respiratoires, une angoisse généralisée et des troubles cardiaques, une syncope, des nausées et des vomissements, une perte de conscience et un choc primaire.
Les échinodermes. Ce groupe comprend les étoiles de mer et les oursins, qui possèdent tous deux des organes venimeux (pédicellaires), sans danger pour lêtre humain. Les piquants de loursin peuvent pénétrer la peau, laissant une écharde profondément fichée, pouvant conduire à une infection secondaire accompagnée de pustules et dun granulome persistants, ce qui peut être très gênant si les lésions sont proches de tendons ou de ligaments. Parmi les oursins, seul lAcanthaster planci semble avoir des piquants venimeux capables de provoquer des troubles généraux tels que vomissements, paralysie et engourdissement.
Les mollusques. Parmi les animaux appartenant à ce phylum, les cônes peuvent être dangereux. Ils vivent sur les fonds marins sableux, semblent avoir une structure venimeuse qui consistent en une radule munie de dents semblables à des aiguilles et peuvent piquer la victime si la coquille est manipulée imprudemment à mains nues. Le poison agit sur les systèmes nerveux neuromusculaire et central. La pénétration de la peau par la pointe dune dent est suivie dune ischémie temporaire, dune cyanose, dun engourdissement, dune douleur et de paresthésie au fur et à mesure que le poison se propage à travers le corps. Les effets ultérieurs comprennent la paralysie des muscles volontaires, le manque de coordination, le dédoublement de la vision et une confusion générale. La paralysie respiratoire et le collapsus circulatoire peuvent provoquer la mort. Une trentaine de cas ont été signalés, dont 8 mortels.
Les plathelminthes. Ce groupe comprend lEirythoe complanata et lHermodice caruncolata , plus connues sous les termes de «vers plats». Elles sont couvertes de nombreux appendices semblables à des poils ou à des soies contenant un poison (néréistotoxine) qui a un effet neurotoxique et irritant local.
Les polyzoaires (bryozoaires). Il sagit dun groupe danimaux qui forment des colonies semblables à des plantes et ressemblant à une mousse gélatineuse, qui incrustent fréquemment les roches ou les coquilles. La variété Alcyonidium peut provoquer une dermatite urticante sur les bras et le visage des pêcheurs lorsquils doivent ôter cette mousse de leurs filets, ainsi quun eczéma allergique.
Les sélaciens (chondrichthyens). Les animaux appartenant à ce phylum comprennent les requins et les raies pastenagues. Les requins vivent dans les eaux peu profondes, où ils recherchent leurs proies et peuvent attaquer lhumain. De nombreuses variétés possèdent un ou deux grands dards venimeux devant la nageoire dorsale, qui contiennent un faible poison non identifié jusquici et qui peuvent provoquer une blessure engendrant une douleur immédiate et intense avec rougissement de la chair, enflure et dème. En fait, cest par leur morsure que ces animaux sont les plus dangereux, car ils possèdent plusieurs rangées de dents pointues et tranchantes qui peuvent provoquer de graves lacérations et des déchirures des chairs, qui entraînent chez la victime un choc immédiat, une anémie aiguë et sa noyade. Le danger que représentent les requins est un sujet très controversé, chaque variété ayant des caractéristiques dagressivité particulières. Leur comportement est à coup sûr imprévisible, bien que lon dise quils sont attirés par le mouvement et par la couleur claire dun nageur, ainsi que par le sang et par les vibrations dun poisson ou de toute autre proie qui vient dêtre capturée. Les pastenagues ont des corps larges et plats et une longue queue pourvue dau moins un aiguillon barbelé, qui peut être venimeux. Le poison contient de la sérotonine, de la 5-nucléotidase et de la phosphodiestérase et peut provoquer une vasoconstriction généralisée, ainsi quun arrêt cardio-pulmonaire. Les pastenagues vivent sur les fonds sablonneux des eaux côtières, où elles sont bien cachées, ce qui fait que les baigneurs peuvent sans le vouloir poser le pied sur elles. La raie réagit en rabattant sa queue avec son aiguillon qui peut pénétrer profondément dans la chair de la victime. Il peut en résulter des blessures perforantes dans un membre ou même la perforation dun organe interne tel que le péritoine, le poumon, le cur ou le foie, particulièrement dans le cas denfants. La blessure peut également provoquer une forte douleur, une enflure, un dème lymphatique et divers symptômes généraux tels quun choc primaire et un collapsus cardio-vasculaire. La lésion dun organe interne peut entraîner la mort en quelques heures. Les incidents dus à des piqûres de raie sont très fréquents: il sen produit environ 750 chaque année rien quaux Etats-Unis. Ils peuvent être également dangereux pour les pêcheurs, qui devraient immédiatement couper la queue du poisson dès quil est amené à bord. Diverses espèces de raies telles que la torpille et la narcine possèdent sur le dos des organes électriques qui, quand ils sont stimulés par un simple contact, peuvent produire des chocs électriques allant de 8 à 220 V; une telle décharge suffit à étourdir et à immobiliser temporairement la victime, mais la récupération se fait généralement sans complications.
Les ostéichthyens. De nombreux poissons de ce phylum ont des épines dorsales, pectorales, caudales et anales qui sont connectées à un système venimeux à but essentiellement défensif. Si ces poissons sont dérangés ou piétinés ou manipulés par un pêcheur, ils dressent leurs épines qui peuvent percer la peau et injecter le poison. Il nest pas rare quils attaquent un plongeur à la recherche de poisson, ou quils soient agressifs sils sont dérangés par un contact accidentel. De multiples incidents de cette sorte sont signalés en raison de lextension géographique et de la diversité des poissons de ce phylum, qui comprennent le poisson-chat, que lon trouve également dans leau douce (Afrique de lOuest, Amérique du Sud et Grands Lacs), la rascasse (Scorpaenidae) , la vive (Trachinus) , le crapaud de mer, le poisson chirurgien et dautres espèces. Les blessures de ces poissons sont généralement très douloureuses, particulièrement dans le cas du poisson-chat et de la vive, provoquant rubéfaction ou pâleur, enflure, cyanose, engourdissement, dème lymphatique et suffusion hémorragique dans les tissus environnants. Il y a des risques de gangrène, de phlegmon et de névrite périphérique, ainsi que dautres symptômes tels quétourdissement, nausée, collapsus, choc primaire, asthme et perte de conscience, qui tous représentent un grave danger pour les plongeurs. Un poison neurotoxique et hémotoxique a été mis en évidence chez le poisson-chat et, dans le cas de la vive, un certain nombre de substances ont été isolées telles que la 5-hydroxytryptamine, lhistamine et la catécholamine. Quelques poissons-chats et uranoscopes qui vivent dans leau douce, ainsi que languille électrique (Electrophorus) , possèdent des organes électriques (voir sous «Les sélaciens» ci-dessus).
Les hydrophidés. Ce groupe (serpents de mer) se rencontre principalement dans les mers qui baignent lIndonésie et la Malaisie. Une cinquantaine despèces ont été signalées telles que le Pelaniis platurus , lEnhydrina schistosa et lHydrus platurus . Le venin de ces serpents est très similaire à celui du cobra, mais il est de vingt à cinquante fois plus nocif; il est composé dune protéine basique de faible poids moléculaire (érubotoxine) qui affecte la jonction neuromusculaire, bloque lacétylcholine et provoque la myolyse. Heureusement, les serpents de mer sont généralement dociles et ne mordent que lorsquon leur marche dessus ou lorsquils sont comprimés ou frappés dun coup violent; de plus, ils ninjectent que peu ou pas de venin avec leurs crochets. Les pêcheurs sont particulièrement exposés et représentent 90% des personnes atteintes soit en marchant sur le serpent sur le fond marin, soit par contact avec les prises. Les serpents sont sans doute responsables de milliers daccidents de travail qui sont attribués aux animaux aquatiques, mais ces accidents sont rarement graves, encore quun certain nombre dentre eux puissent être mortels. Les symptômes sont généralement légers et peu douloureux. Les effets sont habituellement ressentis dans les deux heures, en commençant par une douleur musculaire, une difficulté à mouvoir le cou, une perte de dextérité et un trismus, parfois avec nausées et vomissements. En quelques heures, une myoglobulinurie (présence de protéines complexes dans lurine) est observée. La mort peut résulter de la paralysie des muscles respiratoires, dune insuffisance rénale due à la nécrose tubulaire, ou dun arrêt cardiaque consécutif à une hyperkaliémie.
Il importe déviter tout contact avec les épines de ces animaux et de ne les manipuler quavec des gants solides. Les plus grandes précautions sont à prendre lorsquon patauge ou quon marche sur des fonds sablonneux. Une combinaison de plongée peut être une protection contre les méduses et les divers clentérés et contre les morsures de serpent. Les animaux les plus dangereux et les plus agressifs ne doivent pas être importunés et on a avantage à éviter les zones à méduses, car celles-ci sont difficiles à voir. Si un serpent de mer est pris par une ligne de pêche, la ligne devra être coupée et le serpent libéré. Pour ce qui est des requins, un certain nombre de principes sont à observer: maintenir pieds et jambes hors de leau, ramener le bateau doucement au rivage et ne plus le bouger; ne pas rester dans leau à proximité dun poisson mort ou ensanglanté; éviter dattirer lattention du requin par le port de couleurs vives ou de bijoux, par des bruits ou des explosions, par une lumière vive ou en agitant les mains vers lui. Enfin, un plongeur ne devrait jamais plonger seul.
*Adapté de la 2e édition de l'Encyclopédie de médecine, de sécurité et d'hygiène du travail.
Chaque année, des millions de piqûres de scorpion et de réactions anaphylactiques aux piqûres dinsectes se produisent à travers le monde, entraînant des dizaines de milliers de décès. En Tunisie, ce sont entre 30 000 et 45 000 cas de piqûres de scorpion qui sont signalés tous les ans, causant entre 35 et 100 morts, principalement parmi les enfants. Lenvenimation (effets toxiques) est un risque professionnel pour les populations qui pratiquent lagriculture et la sylviculture dans ces régions.
Parmi les animaux qui peuvent infliger des lésions à lhumain par laction de leur venin figurent les invertébrés tels que les arachnides (araignées, scorpions, galéodes), les acariens (tiques et mites), les chilopodes (mille-pattes) et les hexapodes (abeilles, guêpes, papillons et moucherons).
Toutes les espèces sont venimeuses, mais, en réalité, seules quelques-unes dentre elles produisent des lésions chez lêtre humain. Lenvenimation par une araignée peut revêtir deux formes:
La prévention. Dans les régions où vivent des araignées venimeuses, les chambres à coucher devraient être pourvues de moustiquaires et les travailleurs devraient porter des chaussures et des vêtements de travail assurant une protection adéquate.
Ces arachnides portent un aiguillon venimeux à lextrémité de labdomen avec lequel ils peuvent infliger une piqûre douloureuse, dont la gravité varie selon les espèces, la quantité de venin injecté et la saison (la plus dangereuse étant la fin de leur période dhibernation). Dans le bassin méditerranéen, en Amérique du Sud et au Mexique, le scorpion est responsable de plus de morts que les serpents venimeux. Beaucoup despèces sont nocturnes et sont moins agressives pendant la journée. Les plus dangereuses (Buthidae) se trouvent dans les régions arides et tropicales; leur venin est neurotrope et fortement toxique. Dans tous les cas, la piqûre de scorpion produit immédiatement des signes locaux intenses (douleur aiguë, inflammation) suivis de manifestations générales telles quévanouissement, salivation, éternuements, larmes et diarrhée. Lissue chez les jeunes enfants est souvent fatale. Les espèces les plus dangereuses sont celles des genres Androctonus (Afrique subsaharienne), Centrurus (Mexique) et Tituus (Brésil). Le scorpion nattaque pas délibérément lhumain et ne pique que quand il se sent en danger, par exemple sil est pris au piège dans un coin sombre ou quand les chaussures ou vêtements dans lesquels il a trouvé refuge sont secoués ou portés. Les scorpions sont très sensibles aux pesticides halogénés comme le DDT.
Ce type darachnide se rencontre principalement dans la steppe et les zones subdésertiques telles que les Andes, lAsie Mineure, le Mexique, le Sahara et le Texas, et il nest pas venimeux; néanmoins, les galéodes (ou solifuges) sont extrêmement agressives, peuvent mesurer jusquà 10 cm et ont une apparence redoutable. Dans des cas exceptionnels, les blessures quelles infligent peuvent être sérieuses en raison de leur multiplicité. Les solifuges sont des prédateurs nocturnes qui peuvent attaquer lhumain pendant son sommeil.
Les tiques sont des arachnides hématophages à tous les stades de leur cycle vital et la «salive» quelles inoculent à travers leurs organes nourriciers peut avoir un effet toxique. Lenvenimation peut être grave, surtout chez les enfants (paralysie), et saccompagner dune suppression des réflexes. Exceptionnellement, la mort peut survenir, causée par une paralysie bulbaire (en particulier quand une tique sest attachée au cuir chevelu). Les mites ne sont hématophages quau stade larvaire et leur piqûre produit une inflammation prurigineuse de la peau. Lincidence des piqûres de mites est élevée dans les régions tropicales.
Traitement . Les tiques devraient être détachées après anesthésie par application dune goutte de benzène, déther éthylique ou de xylène. La prévention repose sur lutilisation de pesticides organo-phosphorés.
Les scolopendres diffèrent des mille-pattes (Diplopoda ) en ce sens quelles nont quune paire de pattes par segment de corps et que les appendices du premier segment sont des crochets à venin. Les espèces les plus dangereuses se trouvent aux Philippines. Le venin des scolopendres na quun effet localisé (dème douloureux).
Traitement. Les piqûres devraient être traitées par des applications locales dammoniac dilué, de permanganate ou de lotion dhypochlorite. Des antihistaminiques peuvent également être administrés.
Les insectes peuvent injecter du venin par leurs pièces buccales (simulies mouches noires, culécoïdes moustiques, phlébotomes) ou leur aiguillon (abeilles, guêpes, frelons, fourmis carnassières). Ils peuvent provoquer une éruption par leurs poils (chenilles, papillons), ou des cloques par lémolymphe (cantharides et staphylins). Les piqûres de mouches noires provoquent des lésions nécrosées, donnant lieu parfois à des troubles généraux; les piqûres de moustique causent des lésions diffuses prurigineuses. Les piqûres dhyménoptères (abeilles, etc.) produisent une douleur intense locale avec érythème, dème et, parfois, nécrose. Les accidents généraux proviennent de la sensibilisation ou de la multiplicité des piqûres (frissons, nausée, dyspnée, refroidissement des extrémités). Les piqûres de la face ou de la langue sont particulièrement graves et peuvent entraîner le décès du sujet par asphyxie due à un dème de la glotte. Les chenilles et les papillons peuvent être à lorigine de lésions prurigineuses généralisées de la peau de type urticarien ou démateux (dème de Quincke), parfois accompagnées de conjonctivite. Les surinfections sont fréquentes. Le venin des cantharides produit des lésions cutanées vésiculaires ou bulleuses (Poederus) . Il existe également un danger de complications viscérales (néphrite toxique). Certains insectes tels que les hyménoptères et les chenilles se trouvent dans toutes les régions du monde; dautres sous-ordres sont plus localisés. Les papillons dangereux se rencontrent principalement en Guyane et en République centrafricaine; les cantharides existent en Amérique du Sud, au Japon et au Kenya; les mouches noires vivent dans les régions intertropicales et en Europe centrale et les phlébotomes au Moyen-Orient.
Prévention . Le premier niveau de prévention inclut lutilisation de moustiquaires et de produits antimoustiques. Les travailleurs qui sont très exposés aux piqûres dinsectes peuvent, en cas dallergie, être désensibilisés par ladministration de doses croissantes dextraits de corps dinsectes.
*Adapté de l'Oxford Textbook of Medicine (D.J. Weatherall, J.G.G. Ledingham et D.A. Warrell (directeurs de publication), 2e édition, 1987, pp. 6.66-6.77. Avec l'autorisation de l'Oxford University Press).
Un certain nombre de personnes mordues par des serpents venimeux (entre <10 et >60%) peuvent, selon lespèce de ces serpents, ne manifester que peu de symptômes toxiques (envenimation), et parfois même aucun, alors que des marques de piqûres indiquent que les crochets du serpent ont bien traversé la peau.
Autant que le venin du serpent, la peur et les effets du traitement accentuent les symptômes et les signes. Alors même quils ne sont pas envenimés, les patients peuvent se sentir congestionnés, étourdis et essoufflés, avec une sensation doppression, des palpitations, des sueurs et de lacroparesthésie. Des garrots serrés peuvent provoquer congestion et ischémie des membres; les incisions locales aux points de morsure peuvent entraîner des saignements et une perte sensorielle; la phytothérapie cause souvent des vomissements.
Les symptômes précoces directement imputables à la morsure sont une douleur locale et un saignement au niveau des points de morsure, suivies dune douleur, dune sensibilisation, dune enflure et decchymoses sur tout le membre, dune lymphangite et dune hypertrophie des ganglions lymphatiques régionaux. Une syncope précoce, des vomissements, des coliques, de la diarrhée, un angio-dème et une respiration sifflante peuvent se produire chez les patients mordus par des vipères européennes (Daboia russelii , Bothrops) , ou par des élapidés australiens et des Atractaspis engaddensis. Nausées et vomissements sont les symptômes courants dune envenimation grave.
Leur morsure provoque une enflure locale, un saignement au niveau des marques de crochets et parfois (Rhabdophis tigrinus ) un évanouissement. Plus tard, des vomissements, des douleurs abdominales dues aux coliques et des maux de tête, ainsi quun saignement systémique général avec des ecchymoses étendues, du sang incoagulable, une hémolyse intravasculaire et une insuffisance rénale peuvent se manifester. Lenvenimation peut sétendre lentement sur plusieurs jours.
Les effets locaux de leur morsure incluent douleur, enflure, formation de cloques, nécrose et hypertrophie sensible des nodules lymphatiques locaux. De violents symptômes gastro-intestinaux (nausées, vomissements et diarrhée), une anaphylaxie (dyspnée, insuffisance respiratoire, choc) et une altération de lECG (bloc a-v, ST, altération de londe T) ont été décrits chez les patients envenimés par lA. engaddensis.
Les morsures infligées par les mambas, les kraits, les serpents corail et quelques cobras (Naja haje et N. nivea ) ne produisent que des effets locaux minimes, tandis que les morsures des cobras cracheurs africains (N. nigricollis, N. mossambica , etc.) et des cobras dAsie (N. naja, N. kaouthia, N. sumatrana , etc.) provoquent une enflure locale sensible qui peut être étendue, la formation de cloques et une nécrose superficielle.
Les symptômes précoces de la neurotoxicité précédant les signes neurologiques objectifs incluent vomissements, lourdeur palpébrale, vision trouble, fasciculation, paresthésie autour de la bouche, hyperacousie, maux de tête, étourdissements, vertiges, hypersalivation, conjonctivite congestive et «chair de poule». La paralysie commence sous forme de ptôse et dophtalmoplégie externe dans les 15 premières minutes qui suivent la morsure, mais elle est parfois retardée pendant 10 heures ou davantage. Plus tard, le visage, le palais, les mâchoires, la langue, les cordes vocales, les muscles du cou et ceux de la déglutition sont progressivement paralysés. Linsuffisance respiratoire peut être précipitée par lobstruction des voies aériennes supérieures à ce stade ou, plus tard, après la paralysie des muscles intercostaux, du diaphragme et, accessoirement, des muscles respiratoires. Les effets neurotoxiques sont tous réversibles soit de façon rapide en réaction au sérum antivenin ou aux anticholinestérases (par exemple, après des morsures de cobras dAsie, de quelques serpents corail latino-américains Micrurus, et de vipères de la mort australiennes Acanthophis ), soit spontanément dans un délai de 1 à 7 jours.
Lenvenimation par les serpents dAustralie cause des vomissements précoces, des maux de tête et des attaques syncopales, une neurotoxicité, des troubles hémostatiques et, pour quelques espèces, des altérations de lECG, une rhabdomyolyse généralisée et une insuffisance rénale. Lhypertrophie douloureuse des nodules lymphatiques régionaux suggère un empoisonnement systémique imminent, mais les signes locaux sont généralement absents ou légers, sauf après les morsures de Pseudechis .
Les patients qui ont reçu le «crachat» de ces élapidés souffrent de douleurs intenses dans lil, de conjonctivite, de blépharospasmes, ddème palpébral et de leucorrhée. Des érosions cornéennes sont détectables chez plus de la moitié des personnes atteintes par le crachat du N. nigricollis . Dans de rares cas, le venin est absorbé dans la chambre antérieure, provoquant hypopyon et uvéite antérieure. Linfection secondaire des abrasions cornéennes peut produire des opacités permanentes aveuglantes ou une panophtalmie.
Lenvenimation locale est assez grave. Lenflure peut être visible en 15 minutes, mais elle est parfois retardée de quelques heures. Elle sétend rapidement et peut impliquer la totalité du membre et le tronc adjacent. Elle est accompagnée de douleur et les nodules lymphatiques régionaux deviennent sensibles. Des ecchymoses, des cloques et une nécrose peuvent apparaître les jours suivants. La nécrose est particulièrement fréquente et grave après morsure par certains crotales, vipères fer de lance (genre Bothrops ), vipères dAfrique et dAsie (genres Echis et Bitis ). Quand le tissu envenimé est contenu dans un compartiment fasciculé étroit, tel que lespace interdigital, ou situé entre les orteils ou le compartiment tibial antérieur, une ischémie peut survenir. Si on ne constate pas denflure 2 heures après la morsure dune vipère, on peut généralement supposer quil ny a pas envenimation. Cependant, plusieurs espèces peuvent provoquer une envenimation mortelle en labsence de signes locaux (par exemple, le Crotalus durissus terrificus , le C. scutulatus et la vipère de Russell).
Des anomalies de la pression sanguine sont toujours observées en cas denvenimation par les vipéridés. Un saignement persistant des blessures dues aux crochets, de blessures nouvelles ou partiellement cicatrisées, ou aux points de ponction des veines ou dinjection, ainsi quen cas de post-partum, laisse penser que le sang ne coagule plus. Une hémorragie systémique spontanée est le plus souvent détectée dans les gencives, mais on peut également observer épistaxis, hématémèse, ecchymoses cutanées, hémoptysie, hémorragies sous-conjonctivales, rétropéritonéales et intracrâniennes. Les patients envenimés par la vipère de Russell peuvent présenter des saignements au niveau de la glande pituitaire antérieure (syndrome de Sheehan).
Lhypotension et le choc sont courants chez les patients mordus par certains crotales dAmérique du Nord (par exemple, C. adamanteus, C. atrox et C. scutulatus ) et par les espèces Bothrops, Daboia et Vipera (par exemple, V. palaestinae et V. berus ). La pression veineuse centrale est généralement faible et le pouls rapide, suggérant lhypovolémie, dont la cause habituelle est une extravasation fluidique dans le membre mordu. Les patients envenimés par les vipères de Russell manifestent généralement une perméabilité vasculaire accrue. Limplication directe du muscle du cur est suggérée par un ECG anormal ou par de larythmie cardiaque. Les patients envenimés par certaines espèces des genres Vipera et Bothrops peuvent souffrir de syncope récurrente passagère, associée aux caractéristiques dune réaction autopharmacologique ou anaphylactique, telles que vomissements, transpiration, coliques, diarrhée, choc et angio-dème, apparaissant dans les 5 premières minutes ou dans les quelques heures qui suivent la morsure.
La défaillance rénale est la principale cause de mort chez les patients envenimés par les vipères de Russell, lesquels peuvent devenir oliguriques dans les quelques heures suivant la morsure et manifestent une douleur rénale suggérant une ischémie rénale. Linsuffisance rénale est également une caractéristique de lempoisonnement par les espèces Bothrops et C. d. terrificus .
Une neurotoxicité, analogue à celle que lon peut observer chez les patients mordus par des élapidés, est constatée suite à des morsures par C. d. terrificus, Gloydius blomhoffii, Bitis atropos et D. russelii pulchella de Sri Lanka. Une rhabdomyolyse généralisée peut se manifester. Lévolution vers la paralysie respiratoire ou généralisée est rare.
Chez les patients victimes dune envenimation grave, le nombre des neutrophiles périphériques passe à 20 000 cellules par microlitre ou plus. Lhémoconcentration initiale, résultant de lextravasation de plasma (espèces Crotalus et D. russeli i ), est suivie danémie causée par le saignement ou, plus rarement, par lhémolyse. La thrombopénie est fréquente après morsure de crotalidés (C. rhodostoma , Crotalus viridis heller i ) et de quelques vipéridés (par exemple, Bitis arietans et D. russeli i ), mais elle est inhabituelle après les morsures despèces du genre Echis . Un test simple, utile pour la défibrination induite par le venin, est le test de coagulation du sang total. Quelques millilitres de sang veineux sont placés dans une éprouvette neuve, propre et sèche, laissée pendant 20 minutes à température ambiante, puis inclinée pour vérifier sil y a coagulation ou non. Un sang incoagulable est signe dempoisonnement systémique et peut permettre de déterminer lespèce (par exemple, les Echis en Afrique). Les patients présentant une rhabdomyolyse généralisée manifestent une forte augmentation de la créatine kinase sérique, de la myoglobine et du potassium. Lurine noire ou marron suggère la rhabdomyolyse généralisée ou lhémolyse intravasculaire. Les concentrations denzymes sériques, telles que la créatine phosphokinase et laspartate aminotransférase sont modérément augmentées chez les personnes victimes dun empoisonnement local grave probablement dû à la lésion musculaire locale au point de morsure. Lurine devrait être analysée (présence sang/hémoglobine, myoglobine et protéines, hématurie microscopique et globules rouges).
Les patients doivent être transportés vers la structure médicale la plus proche aussi rapidement et aussi confortablement que possible, en évitant tout mouvement du membre mordu, lequel doit être immobilisé par une attelle ou une éclisse.
La plupart des méthodes de premiers secours classiques peuvent être dangereuses et sont déconseillées. Les incisions locales et la succion risquent de provoquer une infection, de léser les tissus et dentraîner un saignement persistant, tout en ne permettant dextraire quune faible quantité de venin. Les avantages de lextraction par le vide ne sont pas démontrés chez lhumain et cette méthode peut endommager les tissus mous. Le permanganate de potassium et la cryothérapie aggravent la nécrose locale. Le choc électrique peut être dangereux et ses avantages ne sont pas prouvés. Les garrots et les bandes de compression peuvent provoquer la gangrène, la fibrinolyse, la paralysie des nerfs périphériques et aggraver lenvenimation locale dans le membre atteint.
La méthode dimmobilisation par pression suppose de maintenir solidement, mais sans le serrer, le membre mordu avec une bande de crêpe de 4-5 m de long sur 10 cm de large recouvrant le site de la morsure et lattelle. Chez les animaux, cette méthode a permis dempêcher la pénétration systémique du venin des élapidés australiens et dautres serpents, mais chez lhumain elle na pas fait lobjet de tests cliniques. Limmobilisation par pression est recommandée pour les morsures de serpents à venin neurotoxique (par exemple, Elapidae, Hydrophiidae ), mais non quand lenflure et la nécrose locales peuvent poser un problème (par exemple, Viperidae ).
La poursuite, la capture ou la mise à mort du serpent ne sont pas à encourager, mais sil a été tué il doit être emporté avec le patient à lhôpital. Il ne doit pas être touché à mains nues, car des morsures réflexes peuvent se produire même si lanimal semble mort.
Les patients transportés à lhôpital doivent être couchés sur le côté afin déviter lingestion de vomi. Le vomissement persistant est à traiter par injection intraveineuse de chloropromazine (25 à 50 mg pour les adultes, 1 mg/kg de poids corporel pour les enfants). La syncope, le choc, langio-dème et dautres symptômes anaphylactiques (autopharmacologiques) seront traités par injection sous-cutanée dadrénaline à 0,1% (0,5 ml pour les adultes, 0,01 ml/kg de poids corporel pour les enfants), et par injection intraveineuse lente dun antihistaminique tel que le maléate de chlorophéniramine (10 mg par adulte, 0,2 mg/kg de poids corporel pour les enfants). Les patients dont le sang est incoagulable développent de gros hématomes après les injections intramusculaires et sous-cutanées; la voie intraveineuse devra donc être utilisée dès que possible. La détresse respiratoire et la cyanose seront traitées par une intubation fournissant de loxygène et, si nécessaire, par une ventilation assistée. Si le patient est inconscient et quaucun pouls fémoral et carotidien ne peut être perçu, la réanimation cardio-pulmonaire devra être commencée immédiatement.
Dans la plupart des cas de morsure de serpent, on ne peut savoir avec certitude quelles sont les espèces en cause, ni la quantité et la composition du venin injecté. Aussi, les patients devraient-ils en principe être admis à lhôpital pour observation pendant au moins 24 heures. Lenflure locale est généralement détectable dans les 15 minutes dun empoisonnement important par un crotalidé et dans les 2 premières heures pour la plupart des autres serpents. Les morsures par les kraits (Bungarus) , les serpents corail (Micrurus, micruroïdes), quelques autres élapidés et les serpents de mer peuvent ne provoquer aucune envenimation locale. Les marques de crochets sont parfois invisibles. La douleur et lhypertrophie sensible des nodules lymphatiques drainant la zone mordue sont des signes précoces dempoisonnement par les vipéridés et quelques élapidés dAustralie et dAsie. Toutes les alvéoles dentaires des patients doivent être examinées méticuleusement, car cest généralement le premier site où lon peut déceler chimiquement un saignement spontané; les autres sites courants étant le nez, les yeux (conjonctivite), la peau et le septime gastro-intestinal. Le saignement des sites dinfection du venin et des autres blessures évoque un sang incoagulable. Lhypotension et le choc sont des signes importants dhypovolémie ou de cardiotoxicité, que lon observe en particulier chez les patients mordus par des crotales dAmérique du Nord ou quelques vipéridés (par exemple, V. berus, D. russelii, V. palaestinae ). La ptôse (affaissement des paupières) est une manifestation précoce denvenimation neurotoxique. La capacité du muscle respiratoire doit être évaluée objectivement par exemple, en mesurant la capacité vitale. Le trismus, la sensibilité musculaire généralisée et lurine brunâtre ou noire suggèrent une rhabdomyolyse (hydrophyidés). Si un venin coagulant est suspecté, la coagulabilité du sang total doit être vérifiée au chevet en utilisant le test de 20 minutes de coagulation du sang total.
La pression sanguine, le pouls, le rythme respiratoire, le niveau de conscience, la présence ou labsence de ptôse, létendue de lenflure locale et tous nouveaux symptômes doivent être enregistrés à intervalles rapprochés.
La décision la plus importante à prendre est celle dadministrer ou non un sérum antivenin, car cest là le seul antidote spécifique. On sait maintenant de façon certaine que, chez les patients ayant subi une envenimation grave, les avantages de ce traitement lemportent sur le risque de réaction au sérum antivenin (voir ci-après).
Le sérum antivenin est indiqué si lon observe les signes denvenimation systémique suivants:
On a également la preuve dun empoisonnement grave lorsquon constate une leucocytose des neutrophiles, un niveau élevé denzymes sériques comme la créatine kinase ou les aminotransférases, une hémoconcentration, une anémie grave, une myoglobinurie, une hémoglobinurie, une méthémoglobinurie, une hypoxémie ou une acidose.
En labsence denvenimation systémique, une enflure locale de plus de la moitié du membre mordu, une vésication extensive ou des ecchymoses, des morsures aux doigts et la progression rapide de lenflure justifient lemploi du sérum antivenin, particulièrement chez les patients mordus par des espèces dont les venins sont connus pour provoquer une nécrose locale (par exemple, vipéridés, cobras dAsie et cobras cracheurs africains).
Quelques pays développés disposent des ressources financières et techniques nécessaires pour autoriser un champ dindications plus large.
Etats-Unis et Canada. Après les morsures des crotales les plus dangereux (C. atrox, C. adamanteus, C. viridis, C. horridus et C. scutulatus ), une thérapie antivenin précoce est recommandée avant même que napparaisse lenvenimation systémique. La propagation rapide de lenflure locale est considérée comme une indication justifiant lemploi du sérum antivenin, de même quune douleur immédiate ou nimporte quel autre symptôme ou signe dempoisonnement après morsure par des serpents corail (Micruroides euryxanthus et Micrurus fulvius ).
Australie. Le sérum antivenin est recommandé pour les patients qui ont été ou dont on suspecte quils ont été mordus par des serpents lorsquon observe des nodules lymphatiques régionaux sensibles ou tout autre signe de propagation systémique du venin, et chez toute personne effectivement mordue par une espèce considérée comme étant fortement venimeuse.
Europe. (Vipère: Vipera berus et autres vipéridés européens.) Le sérum antivenin est indiqué pour prévenir la morbidité et réduire la durée de la convalescence chez les patients à envenimement modéré et pour sauver la vie de ceux qui sont gravement envenimés. Les indications sont les suivantes:
Les patients mordus par des vipéridés européens qui manifestent un signe denvenimation quel quil soit devraient être hospitalisés pour observation pendant au moins 24 heures. Le sérum antivenin devrait être administré quand il y a preuve denvenimation systémique points 1 ou 2 ci-dessus , même si elle napparaît que plusieurs jours après la morsure.
Il est important de savoir que la plupart des réactions à lantidote ne sont pas provoquées par une hypersensibilité de type I, due aux IgE, mais par une activation complémentaire des agrégats dIgG ou des fragments Fc. Les tests cutanés, de même que les tests conjonctivaux, ne permettent pas de prévoir les réactions précoces (anaphylactiques) ou tardives (type maladie du sérum) à lantidote, mais ils retardent le traitement et peuvent sensibiliser le patient. Ils sont donc contre-indiqués.
Les patients ayant des antécédents de réactions à lantisérum équin font des réactions plus fréquentes et plus graves au sérum antivenin équin. Les sujets atopiques nont pas de risques accrus de réactions, mais lorsquils en ont une, celle-ci sera probablement grave. Dans ce cas, les réactions peuvent être prévenues ou atténuées grâce à un prétraitement par injection sous-cutanée dadrénaline, dantihistamine et dhydrocortisone, ou par perfusion intraveineuse continue dadrénaline pendant ladministration de lantidote. Une désensibilisation rapide nest pas recommandée.
Le sérum antivenin ne doit être administré que si sa gamme defficacité inclut les espèces responsables de la morsure. Les solutions opaques doivent être écartées, car la précipitation de protéines indique quil y a perte dactivité et risque accru de réaction. Le sérum antivenin monovalent est la meilleure solution lorsque lespèce incriminée est connue. Les sérums antivenin polyvalents sont utilisés dans nombre de pays, car il est difficile didentifier le serpent en cause. Les sérums antivenin polyvalents peuvent être tout aussi efficaces que les sérums monovalents, mais leur capacité de neutralisation dun venin spécifique par unité de poids dimmunoglobuline est plus faible. En dehors des venins employés pour limmunisation de lanimal qui produit le sérum antivenin, dautres venins peuvent être neutralisés par un antidote paraspécifique (par exemple, venins dhydrophiidés par lantidote contre le serpent tigre Notechis scutatus ).
Le traitement au sérum antivenin est à poursuivre tant que les signes dempoisonnement systémique persistent (cest-à-dire pendant plusieurs jours) et, en principe, il doit être administré dès que ces signes apparaissent. La voie intraveineuse est la plus efficace. La perfusion de sérum antivenin dilué dans environ 5 ml de fluide isotonique par kg de poids corporel est plus facile à contrôler quune injection intraveineuse de sérum antivenin non dilué pratiquée au taux denviron 4 ml/mn, mais on ne constate aucune différence quant à lincidence ou à la gravité des réactions contre cet antidote chez les patients traités par ces deux méthodes.
Les recommandations des fabricants reposent sur des tests de protection pratiqués sur des souris et peuvent être trompeurs. Il importe de procéder à des essais cliniques pour établir quelles sont les doses de début les plus appropriées pour les principaux sérums antivenin. Dans la plupart des pays, la dose est fixée empiriquement. Les enfants doivent recevoir la même dose que les adultes.
Une amélioration symptomatique marquée est constatée dès que le sérum antivenin a été injecté. Chez les patients choqués, la pression sanguine augmente et ils reprennent conscience (C. rhodostoma , V. berus , Bitis arietans ). Il peut y avoir amélioration des signes de neurotoxicité en lespace de 30 minutes (Acanthophis , N. kaouthia ), mais en général il faut compter plusieurs heures. Normalement, le saignement systémique spontané sarrête entre 15 et 30 minutes et la coagulabilité sanguine est restaurée en 6 heures pour peu quune dose neutralisante ait été administrée. Il faut administrer davantage de sérum antivenin si les signes denvenimation grave persistent après 1 ou 2 heures ou si la coagulabilité sanguine nest pas restaurée dans un délai de 6 heures environ. Lempoisonnement systémique peut récidiver plusieurs heures ou plusieurs jours après une réaction initialement favorable au sérum antivenin. Cette récidive sexplique par le fait que le venin continue à être absorbé à partir du site dinjection, ainsi que par lélimination de lantidote dans le sang. Les demi-vies sériques apparentes des antidotes F(ab´)2 équins chez les patients empoisonnés sont de 26 à 95 heures. Les patients doivent donc rester en observation pendant 3 ou 4 jours au moins.
Ladrénaline (épinéphrine) est le traitement à prescrire pour les réactions précoces; on en administre de 0,5 à 1,0 ml à 0,1% (1, 1 mg/ml) par injection sous-cutanée aux adultes (enfants 0,01 ml/kg de poids corporel) dès les premiers signes dune réaction. Cette dose peut être répétée si la réaction persiste. Un antagoniste antihistaminique H1, le maléate de chlorophénamine par exemple (10 mg pour les adultes, 0,2 mg/kg pour les enfants) doit être administré par injection intraveineuse pour combattre les effets de lhistamine libérée pendant la réaction. Les réactions pyrogènes sont traitées en rafraîchissant le patient et en donnant des antipyrétiques (paracétamol). Les réactions tardives répondent bien à un antihistaminique oral tel que la chlorophénamine (2 mg toutes les 6 heures pour les adultes, 0,25 mg/kg/jour en doses divisées pour les enfants) ou au prédnisolone oral (5 mg toutes les 6 heures pendant 5 à 7 jours pour les adultes, 0,7 mg/kg/jour en doses divisées pour les enfants).
La paralysie bulbaire et respiratoire peut conduire à la mort du sujet par obstruction des voies respiratoires ou du conduit aérien ou par insuffisance respiratoire. Les voies respiratoires doivent être libérées et, en cas de détresse respiratoire, on devra insérer un tube endotrachéal ou réaliser une trachéotomie. Les anticholinestérases ont un effet variable, mais qui peut être utile chez les patients à envenimation neurotoxique, spécialement quand il sagit de neurotoxines postsynaptiques. Le «test Tensilon» doit être pratiqué dans tous les cas denvenimation neurotoxique sévère, par exemple si lon soupçonne une myasthénie grave. Le sulfate datropine (0,6 mg pour les adultes, 50 µg/kg pour les enfants) doit être administré par injection intraveineuse (pour bloquer les effets muscariniques de lacétylcholine), suivie dune injection intraveineuse de chlorure dédrophonium (10 mg pour les adultes, 0,25 mg/kg pour les enfants). Les patients qui réagissent bien peuvent être entretenus avec du méthylsulfate de néostigmine (50 à 100 µg/kg de poids corporel) et de latropine, toutes les 4 heures ou par perfusion continue.
Si la pression veineuse jugulaire ou centrale est faible ou sil y a une autre preuve clinique dhypovolémie ou dexsanguination, une solution de plasma, de préférence du sang entier frais ou du plasma congelé frais, devrait être perfusée. Sil y a hypotension persistante ou grave ou des signes de perméabilité capillaire accrue (par exemple, dème facial et conjonctival, effusions séreuses, hémoconcentration, hypoalbuminémie), un vasoconstricteur sélectif tel que la dopamine (dose de départ de 2,5 à 5 µg/kg de poids corporel/mn par perfusion dans une veine centrale) devra être utilisé.
Le débit urinaire, la créatinine sérique, lurée et les électrolytes doivent être mesurés chaque jour chez les patients souffrant dune envenimation sévère, ainsi que chez les patients mordus par des espèces connues pour provoquer une insuffisance rénale (par exemple, D . russelii, C. d. terrificus, différentes espèces de Bothrops , serpent de mer). Si le débit urinaire tombe au-dessous de 400 ml par 24 heures, des cathéters veineux urétraux et centraux doivent être insérés. Si le flux urinaire naugmente pas après une réhydratation prudente et ladministration de diurétiques (frusémide jusquà 1 000 mg par perfusion intraveineuse, par exemple), la dopamine (2,5 µg/kg de poids corporel/mn par perfusion intraveineuse) devrait être tentée et le patient être placé sous bilan hydrique strict. Si ces mesures sont inefficaces, une dialyse péritonéale, une hémodialyse ou une hémofiltration seront nécessaires.
Suite aux morsures de plusieurs espèces (les différentes espèces de Bothrops , de C. rhodostoma ), il faut prévoir des complications telles que des infections locales provoquées par des bactéries présentes dans le venin du serpent ou sur ses crochets. Elles peuvent être prévenues par de la pénicilline, du chloramphénicol ou de lérythromycine et par une dose active danatoxine tétanique, surtout si la blessure a été incisée ou a subi un contact quelconque. Un aminoglycoside tel que la gentamicine et la métronidazole devrait être ajouté si lon constate des signes de nécrose locale.
Les cloques peuvent être drainées avec une aiguille fine. Le membre mordu doit être soigné dans la position la plus confortable. Si des signes précis de nécrose sont apparus (zone anesthésique noircie avec odeur putride ou formation descarres), le parage chirurgical de la plaie, une greffe cutanée immédiate et une protection antimicrobienne à large spectre sont indiqués. Une pression accrue dans des compartiments fasciaux étroits tels que les espaces interdigitaux et le compartiment tibial antérieur peut provoquer des lésions ischémiques. Cette complication est courante après les morsures par les crotales dAmérique du Nord tels que le C. adamanteus , la Calloselasma rhodostoma, le Trimeresurus flavoviridis, les espèces de Bothrops et de Bitis arietans . Les signes sont une forte douleur, latonie des muscles compartimentaux qui deviennent douloureux quand ils sont étirés passivement, lhyperesthésie des territoires cutanés desservis par des nerfs parcourant le compartiment et une tension évidente de celui-ci. La détection du pouls artériel (aux ultrasons Doppler, par exemple) nexclut pas lischémie intracompartimentale. Les pressions intracompartimentales excédant 45 mmHg sont associées à un risque élevé de nécrose ischémique. Dans ces conditions, la fasciotomie peut être envisagée, mais ne doit pas être tentée tant que ne sont pas rétablis la coagulibilité sanguine et un décompte de plaquettes de plus de 50 000/µl. Dans la plupart des cas, un traitement antivenin sérique précoce adéquat suffit à prévenir le développement de ces syndromes intracompartimentaux.
Une fois que le sérum antivenin spécifique a été administré pour neutraliser les procoagulants du venin, le rétablissement de la coagulabilité et de la fonction des plaquettes peut être accéléré en fournissant du sang entier frais, du plasma congelé frais, des cryoprécipités (contenant du fibrinogène, le facteur VIII, la fibronectine et quelques facteurs V et XIII) ou des concentrés plaquettaires. Lhéparine est à éviter ainsi que les corticostéroïdes.
Quand le venin de cobra est projeté dans les yeux, les premiers soins consistent à les baigner avec des volumes abondants deau ou de nimporte quel autre liquide aseptique disponible. Des gouttes dadrénaline (0,1%) peuvent soulager la douleur. A moins quune abrasion cornéenne puisse être exclue par coloration à la fluorescéine ou après examen à la lampe à fente, le traitement doit être le même que pour nimporte quelle lésion de la cornée: un antimicrobien local tel que la tétracycline ou le chloroamphénicol doit être appliqué. Linstillation de sérum antivenin dilué nest pas recommandée.