La protection individuelle dans son ensemble ne saurait être étudiée hors du contexte général des méthodes de prévention des accidents et des atteintes à la santé sur les lieux de travail et des maladies professionnelles. Le présent article procède à une discussion technique des différentes possibilités de protection individuelle, des risques visés et des critères de choix des équipements de protection. Les procédures dhomologation et de certification, ainsi que les normes en vigueur pour les dispositifs et équipements de protection sont résumées. Pour utiliser ces informations, il faut être attentif au fait que la protection individuelle doit être considérée comme une méthode de dernier recours pour éliminer ou réduire les risques existants sur le lieu de travail. Dans lordre de priorité des méthodes qui peuvent être utilisées pour maîtriser ces risques, la protection individuelle ne vient pas au premier rang. En fait, on ny a recours que lorsque toutes les mesures techniques de protection visant à réduire les risques (par des méthodes telles que lisolement, le confinement, la ventilation, la substitution ou la modification des procédés), ainsi que les mesures administratives (par exemple, la réduction de la durée dexposition) ont été mises en uvre. Il existe cependant des cas où la protection individuelle est nécessaire, à court ou à long terme, afin de réduire les risques professionnels. Dans ces cas, les équipements et dispositifs de protection individuelle doivent être considérés comme faisant partie intégrante dun programme englobant une évaluation complète des risques, la sélection et ladaptation correctes des équipements, la formation et léducation des utilisateurs, lentretien et la réparation des équipements afin den assurer la fiabilité, une gestion globale et la participation des travailleurs au programme de protection.
Lapparente simplicité de certains équipements de protection ne doit pas conduire à sous-estimer les efforts et les coûts quimplique leur bonne utilisation. Si certains équipements sont relativement simples (par exemple, les gants et les chaussures de protection), dautres matériels (tels que les appareils de protection respiratoire) peuvent être très complexes. La difficulté de réaliser une protection individuelle efficace est inhérente à toute méthode de réduction des risques fondée sur une modification du comportement humain plutôt que sur une protection intégrée au procédé à risque. Quel que soit le type déquipement de protection individuelle étudié, il est un certain nombre déléments qui doivent figurer dans les programmes de protection individuelle.
Pour que la protection individuelle puisse pallier avec efficacité un risque professionnel, il est essentiel de bien comprendre la nature de ce risque ainsi que son lien avec le milieu de travail dans son ensemble. Cela paraît être un truisme; or, lapparente simplicité dun grand nombre de dispositifs de protection peut inciter à négliger cette étape dévaluation. Les conséquences dune inadéquation des dispositifs et des équipements de protection aux risques et au milieu de travail en général vont de la réticence à porter un équipement mal adapté, voire dun refus catégorique, à la baisse du rendement en passant par le risque de lésions ou daccidents mortels. Afin de bien adapter la protection au risque, il est nécessaire de connaître la nature et limportance (cumulée) des risques (chimiques, physiques et biologiques, notamment), la durée pendant laquelle le matériel utilisé est censé assurer un certain degré de protection, ainsi que le type dactivité physique qui peut être exercé tout en utilisant ce matériel. Cette évaluation préliminaire des risques constitue une étape essentielle du diagnostic qui doit être menée à bien avant de choisir la protection adéquate.
Le choix de léquipement dépend de lévaluation des risques et de la protection assurée et du degré dexposition subsistant après la mise en place de léquipement de protection individuelle. Outre ces facteurs liés aux résultats, diverses directives et normes permettent de sélectionner les équipements et, en particulier, les appareils de protection respiratoire. Les critères de sélection pour ce qui est de la protection respiratoire ont été définis dans des publications telles que le Respirator Decision Logic de lInstitut national de la sécurité et de la santé au travail (National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH)) aux Etats-Unis (NIOSH, 1987). Les mêmes principes peuvent être appliqués au choix dautres dispositifs et équipements de protection, en fonction de la nature et du degré du risque, du niveau de protection assuré et de la quantité ou concentration acceptable de lagent nocif résiduel. Lors du choix des dispositifs et équipements de protection, il importe de bien comprendre quils ne sauraient éliminer totalement les risques. Les fabricants de matériels de protection, tels que les appareils de protection respiratoire et les protecteurs de louïe, fournissent des données sur lefficacité de ces matériels et, particulièrement, sur les facteurs de protection et datténuation. En combinant trois données essentielles à savoir la nature et la gravité du risque, le degré de protection offert et le niveau admissible dexposition et de risque durant lutilisation du matériel de protection il est possible de sélectionner des équipements et des dispositifs offrant une protection satisfaisante.
Tous les dispositifs de protection doivent être bien adaptés afin dassurer un niveau de protection adéquat. Outre lefficacité, la bonne adaptation constitue un facteur important pour lacceptation dun dispositif de protection et la motivation des utilisateurs. Il y a peu de chances quune protection qui ne répond pas aux besoins ou est inconfortable soit utilisée comme prévu. Dans le pire des cas, un équipement mal adapté (des vêtements et des gants, par exemple) peut même se révéler dangereux lors dun travail effectué à proximité de machines. Les fabricants déquipements et de dispositifs de protection proposent toute une gamme de tailles et de modèles pour leurs produits, et il importe que les travailleurs soient pourvus déquipements de protection qui leur conviennent bien.
Dans le cas de la protection respiratoire, des critères particuliers dadaptation sont définis dans les normes pertinentes telles que celles de lAdministration de la sécurité et de la santé au travail (Occupational Safety and Health Administration (OSHA)) aux Etats-Unis. Le principe dune bonne adaptation est valable pour tous les types déquipements et de dispositifs de protection, quils soient ou non imposés par une norme.
Etant donné que les dispositifs de protection supposent, de par leur nature même, une modification du comportement humain afin disoler le travailleur de son environnement de travail (et non pas lisolement de la source de risque elle-même), les programmes de protection individuelle nauront de succès que sils vont de pair avec une formation et une éducation approfondies des travailleurs. Un système qui limite lexposition à la source (une ventilation par aspiration, par exemple) peut fonctionner avec efficacité sans impliquer directement le travailleur. La protection individuelle, en revanche, exige lentière participation et lengagement total des utilisateurs et de la direction.
Les personnes chargées de lorganisation et de la mise en uvre du programme de protection individuelle doivent être formées pour pouvoir sélectionner léquipement adéquat, veiller à ce que cet équipement soit bien adapté, analyser les dangers que léquipement en question est censé éviter et évaluer les conséquences dun mauvais fonctionnement ou dune défaillance éventuelle. Elles doivent également savoir comment réparer et entretenir ce matériel et déceler les détériorations et lusure consécutives à leur emploi.
Les utilisateurs des équipements et dispositifs de protection doivent bien comprendre la nécessité de se protéger, les raisons pour lesquelles un équipement de protection est utilisé à la place (ou en plus) dautres moyens de prévention et les avantages quils pourront en tirer. Les conséquences dune exposition sans protection devraient être clairement expliquées, ainsi que les différentes manières de contrôler le bon fonctionnement de léquipement. Il est important de familiariser les utilisateurs avec les méthodes dinspection, dadaptation, dutilisation et dentretien de léquipement de protection, et de bien les informer de ses limites, notamment en cas durgence.
Lors de lélaboration dun programme de protection individuelle, il est très important dévaluer dans sa totalité et de façon précise le coût de lentretien et de la réparation du matériel. Lefficacité des dispositifs de protection diminue progressivement lorsquils sont normalement utilisés; ils peuvent également subir des dégradations ou des pannes très graves dans certaines situations extrêmes et critiques. Lorsquon analyse la rentabilité des équipements de protection individuelle comme moyen de prévention, il faut se rendre compte que le coût de la mise en uvre dun programme ne représente quune partie des dépenses totales occasionnées par la réalisation du programme sur une longue période. Lentretien, la réparation et le remplacement de léquipement doivent être considérés comme des coûts fixes inhérents au programme, car ils sont essentiels pour assurer lefficacité de la protection. Ces considérations devraient inspirer certaines décisions de base, telles que le choix entre les dispositifs jetables ou les dispositifs réutilisables et, dans ce dernier cas, la détermination de la durée dutilisation raisonnable avant remplacement. Ces décisions peuvent être simples; par exemple, si des gants ou des appareils de protection respiratoire ne sont utilisés quune seule fois, mais souvent, il faut bien peser le pour et le contre de la réutilisation des vêtements ou des gants de protection qui ont été contaminés lors dune utilisation précédente. Ce nest quaprès mûre réflexion quil faut décider de jeter un dispositif de protection onéreux plutôt que de risquer dexposer le personnel à cause dune protection amoindrie ou dun dispositif de protection lui-même contaminé. Les programmes dentretien et de réparation des équipements doivent être conçus pour faciliter ce genre de décisions.
Les équipements et dispositifs de protection jouent un rôle très important dans la politique de prévention. Ils peuvent être utilisés avec efficacité, à condition de respecter la place qui leur revient dans la hiérarchie des moyens de prévention. Leur utilisation doit aller de pair avec un programme de protection individuelle qui garantisse que ces équipements et dispositifs fonctionnent comme prévu dans les conditions réelles et que les utilisateurs peuvent sen servir avec efficacité pendant leur travail.
La protection des yeux et du visage comprend les lunettes de sécurité, les lunettes-masques, les écrans faciaux et autres accessoires de ce type utilisés pour se protéger contre la projection de particules, les corps étrangers, les produits chimiques corrosifs, les fumées, les faisceaux laser et les rayonnements. Il faut fréquemment protéger la totalité du visage contre les risques dirradiation ou les risques mécaniques, thermiques ou chimiques. Parfois, un écran facial peut convenir pour protéger les yeux, mais il est souvent nécessaire dassurer une protection oculaire spéciale distincte ou complémentaire de la protection faciale.
Les protecteurs des yeux et du visage sont indispensables dans de nombreuses activités professionnelles pour se prémunir contre les éclats, les fumées ou les substances corrosives sous forme solide, liquide ou gazeuse produites par des opérations de polissage, de meulage, de coupage, de décapage, de concassage, de galvanisation ou par divers procédés chimiques. Il faut aussi se protéger contre la lumière intense dégagée lors de lutilisation de lasers, par exemple, et contre les rayonnements ultraviolets ou infrarouges lors des travaux de soudage ou à proximité de fours. Parmi les nombreuses protections des yeux et du visage dont on dispose, il existe toujours un modèle adapté à chaque risque. Pour certains risques graves, on préfère la protection faciale intégrale; on utilise, le cas échéant, des protecteurs ou des écrans faciaux du type cagoule ou casque. Pour une protection spécifiquement oculaire, on peut utiliser des lunettes à branches ou des lunettes-masques.
Le port de protecteurs des yeux et du visage soulève deux difficultés principales: 1) il sagit doffrir une protection efficace pendant de longues heures sans que le travailleur ressente trop de gêne; 2) les protecteurs oculaires et faciaux ne sont guère prisés en raison de leur champ de vision réduit. La vision périphérique est limitée par la monture latérale; le pont peut gêner la vision binoculaire et la buée constitue un inconvénient permanent. Il arrive que les travailleurs ne supportent pas les dispositifs protecteurs recouvrant le visage et les enlèvent, surtout dans les climats chauds ou durant le travail en ambiance chaude. Les travaux intermittents de courte durée sont également source de difficultés, car les travailleurs oublient parfois de se protéger ou sont réticents à le faire. Il faut toujours privilégier lamélioration du milieu de travail par rapport à la protection individuelle. Avant dutiliser des protecteurs des yeux et du visage, ou conjointement à leur utilisation, il faut songer à installer des systèmes de protection sur les machines et les outils (y compris des dispositifs de protection par verrouillage), à éliminer les fumées et les poussières par un système daspiration, à détecter les sources de chaleur et de rayonnements et les sources de particules projetées telles que les meules et les tours. Lorsquil est possible de protéger les yeux et le visage par des cloisons ou des écrans transparents de dimensions et de qualité appropriées, on préférera cette solution à la protection oculaire individuelle.
Il existe six catégories principales de protecteurs des yeux et du visage:
Certaines lunettes protectrices peuvent être portées par-dessus des verres correcteurs, mais il est souvent préférable que les verres trempés de ces lunettes soient adaptés suivant les directives dun oculiste.
Lésions traumatiques et chimiques. On emploie des écrans faciaux ou des protecteurs oculaires contre les projections de débris, les fumées, les poussières et les risques chimiques. Les modèles courants comprennent les lunettes à branches (comportant souvent des coques latérales), les lunettes-masques en plastique et les écrans faciaux. Les écrans faciaux avec protecteur frontal sont préconisés lorsque les risques daccident peuvent venir de plusieurs directions. Les cagoules et les casques de plongée sont utilisés dans les travaux de sablage et de grenaillage. On peut employer des pièces en plastique de divers types, du verre trempé ou des écrans en treillis comme protection contre certains corps étrangers. Des lunettes-masques à oculaires en plastique ou en verre ou des écrans oculaires en plastique, ainsi que des protecteurs du type casque de plongée ou des écrans faciaux en plastique sont utilisés comme protection contre les produits chimiques.
Les matériaux dont on se sert habituellement comprennent les polycarbonates, les résines acryliques et les plastiques renforcés. Les polycarbonates sont efficaces contre les chocs, mais non contre les produits corrosifs. Les résines acryliques sont moins efficaces contre les chocs, mais protègent bien des dangers chimiques. Quant aux plastiques renforcés, ils présentent lavantage de comprendre un revêtement antibuée qui prévient également les effets électrostatiques. Il est donc possible dutiliser des protecteurs en matière plastique de ce type non seulement pour les travaux manuels légers ou la manipulation de produits chimiques, mais aussi pour le travail dans des locaux stériles.
Rayonnement thermique. Les écrans faciaux ou protecteurs oculaires contre les rayons infrarouges sont principalement employés à proximité des fours et dans les autres travaux en ambiance chaude qui entraînent une exposition à des sources de rayonnement à hautes températures. En principe, il faut également se protéger contre les étincelles et les projections dobjets surchauffés. La plupart du temps, on fait appel à des protecteurs du visage du type casque ou écran facial. Divers matériaux sont employés, y compris les treillis métalliques, des plaques daluminium ou de métal perforées, des écrans en plastique recouvert daluminium ou des écrans en plastique doublé dune couche dor. Un écran facial à treillis métallique peut réduire le rayonnement thermique de 30 à 50%. Les écrans en plastique recouvert daluminium offrent une bonne protection contre la chaleur radiante. Quelques exemples décrans faciaux contre le rayonnement thermique sont donnés à la figure 31.3.
Soudage. Des lunettes, casques ou écrans offrant une protection oculaire maximale pour tous les travaux de soudage et de coupage devraient être portés par les opérateurs, soudeurs et aides-soudeurs. Une protection efficace est nécessaire non seulement contre la lumière intense et le rayonnement, mais aussi contre les chocs au visage, à la tête et au cou. Les protecteurs en plastique renforcé aux fibres de verre ou en nylon sont efficaces, mais assez onéreux. On utilise habituellement les fibres vulcanisées comme matériau de protection. Ainsi que le montre la figure 31.4, les protecteurs de type masque et les écrans tenus à la main sont employés pour protéger simultanément les yeux et le visage. Les critères dutilisation de verres filtrants adaptés aux travaux de soudage et de coupage sont exposés ci-après.
Bandes à large spectre. Les procédés de soudage et de coupage, ainsi que les fours émettent, dans les bandes ultraviolettes, visibles et infrarouges du spectre, des rayonnements qui peuvent avoir des effets nocifs sur les yeux. On peut se protéger en portant des lunettes à branches ou des lunettes-masques (voir figures 31.1 et 31.2), ou des protecteurs pour le soudage (voir figure 31.4). Dans les travaux de soudage, on se sert généralement dun masque ou dun écran tenu à la main, combiné parfois avec des lunettes à branches ou des lunettes-masques. Il est important que laide-soudeur soit également protégé.
La transmission et les tolérances de transmission pour diverses teintes de verres filtrants et plaques filtrantes de protection oculaire contre les rayonnements lumineux de forte intensité sont indiquées au tableau 31.1. Des directives pour la sélection de verres filtrants correspondant à un niveau de protection donné sont présentées aux tableau 31.2 à tableau 31.6.
Numéro d’échelon |
Transmission maximale dans l’ultraviolet |
Transmission dans le visible |
Valeur moyenne maximale du facteur de la transmission infrarouge |
|||
|
τ (λ) |
|
τV |
τNIR |
τMIR |
|
|
313 nm |
365 nm |
maximum |
minimum |
IR proche (NIR) |
IR moyen (MIR) |
1,2 |
0,0003 |
50 |
100 |
74,4 |
37 |
37 |
1,4 |
0,0003 |
35 |
74,4 |
58,1 |
33 |
33 |
1,7 |
0,0003 |
22 |
58,1 |
43,2 |
26 |
26 |
2,0 |
0,0003 |
14 |
43,2 |
29,1 |
21 |
13 |
2,5 |
0,0003 |
6,4 |
29,1 |
17,8 |
15 |
9,6 |
3 |
0,0003 |
2,8 |
17,8 |
8,5 |
12 |
8,5 |
4 |
0,0003 |
0,95 |
8,5 |
3,2 |
6,4 |
5,4 |
5 |
0,0003 |
0,30 |
3,2 |
1,2 |
3,2 |
3,2 |
6 |
0,0003 |
0,10 |
1,2 |
0,44 |
1,7 |
1,9 |
7 |
0,0003 |
0,037 |
0,44 |
0,16 |
0,81 |
1,2 |
8 |
0,0003 |
0,013 |
0,16 |
0,061 |
0,43 |
0,68 |
9 |
0,0003 |
0,0045 |
0,061 |
0,023 |
0,20 |
0,39 |
10 |
0,0003 |
0,0016 |
0,023 |
0,0085 |
0,10 |
0,25 |
11 |
valeur inférieure ou égale au facteur de transmission admis pour 365 nm |
0,00060 |
0,0085 |
0,0032 |
0,050 |
0,15 |
12 |
0,00020 |
0,0032 |
0,0012 |
0,027 |
0,096 |
|
13 |
0,000076 |
0,0012 |
0,00044 |
0,014 |
0,060 |
|
14 |
0,000027 |
0,00044 |
0,00016 |
0,007 |
0,04 |
|
15 |
0,0000094 |
0,00016 |
0,000061 |
0,003 |
0,02 |
|
16 |
0,0000034 |
0,000061 |
0,000029 |
0,003 |
0,02 |
Les tableaux 31.1-31.6 sont tirés de la norme ISO 4850-1979 et sont reproduits avec l’autorisation de l’Organisation internationale de normalisation (ISO). Ces normes peuvent être obtenues auprès de tous les membres de l’ISO ou auprès du Secrétariat central de l’ISO, case postale 56, 1211 Genève 20, Suisse. Les droits d’auteur demeurent la propriété de l’ISO.
Travail à effectuer |
l = débit d’acétylène en litres par heure |
|||
l ≥ 70 |
70 < l ≥ 200 |
200 < l ≥ 800 |
l > 800 |
|
Soudage et soudobrasage des métaux lourds |
4 |
5 |
6 |
7 |
Soudage avec flux émissifs (alliages légers, notamment) |
4a |
5a |
6a |
7a |
1 Selon les conditions d’utilisation, l’échelon immédiatement supérieur ou immédiatement inférieur peut être utilisé.
Source: ISO, 1979.
Travail à effectuer |
Débit d’oxygène en litres par heure |
||
|
900 à 2 000 |
2 000 à 4 000 |
4 000 à 8 000 |
Oxycoupage |
5 |
6 |
7 |
1 Selon les conditions d’utilisation, l’échelon immédiatement supérieur ou immédiatement inférieur peut être utilisé.
Note: 900 à 2 000 et 2 000 à 8 000 litres d’oxygène par heure correspondent sensiblement à l’emploi d’orifices de coupe de 1,5 et 2 mm de diamètre, respectivement.
Source: ISO, 1979.
Travail à effectuer |
l = Intensité du courant en ampères |
||
l ≤ 150 |
150 < l ≤ 250 |
250 < l ≤ 400 |
|
Thermocoupage |
11 |
12 |
13 |
1 Selon les conditions d’utilisation, l’échelon immédiatement supérieur ou immédiatement inférieur peut être utilisé.
Source: ISO, 1979.
Récemment, des plaques filtrantes faites de surfaces de cristal soudées, dont la teinte fonce sitôt que larc apparaît, ont été mises au point. Cette modification pratiquement instantanée de la teinte peut ne prendre que 0,1 milliseconde. La bonne visibilité offerte par ces plaques en dehors des opérations de soudage peut encourager leur utilisation.
Faisceaux laser. Il nexiste aucun type de filtre offrant une protection contre toutes les longueurs donde laser. Or, la longueur donde des lasers varie selon leur type. Il y a des lasers qui produisent des rayons de diverses longueurs donde et dautres dont les rayons changent de longueur donde en passant à travers un système optique. En conséquence, les entreprises qui utilisent des lasers ne devraient pas compter sur les seuls dispositifs de protection des lasers pour prévenir les lésions oculaires. En fait, les utilisateurs de lasers ont souvent besoin dune protection oculaire. Ils peuvent choisir entre différents types de lunettes, comme ceux illustrés par les figures 31.1 et 31.2. Chaque type de lunettes permet une atténuation maximale pour une longueur donde laser spécifique. Le degré de protection diminue rapidement pour les autres longueurs dondes. Il est essentiel de choisir des protecteurs oculaires qui correspondent bien au type de laser utilisé, à sa longueur donde et à sa densité optique. Le rôle de la protection oculaire est de protéger contre les reflets et la diffusion de la lumière, et il faut prendre les plus grandes précautions pour prévoir et éviter lexposition aux rayonnements nocifs.
Lorsquon propose à des travailleurs des protecteurs des yeux et du visage, il faut veiller à en améliorer le confort et lefficacité. Leur adaptation et leur réglage doivent être confiés à un personnel formé à cet effet. Chaque travailleur devrait être le seul utilisateur de son appareil de protection, mais le nettoyage et lélimination de la buée peuvent être effectués en commun dans les grandes entreprises. Le confort revêt une importance particulière dans le cas des protecteurs de type casque et cagoule, car ils peuvent séchauffer au point de ne plus être supportables. Pour pallier cet inconvénient, on peut prévoir une adduction dair frais. Si la nature des risques le permet, il est préférable, pour des raisons psychologiques, de laisser les opérateurs choisir eux-mêmes entre les différents types de dispositifs de protection.
Ceux-ci devraient faire lobjet de vérifications régulières afin de sassurer quils sont en bon état et quils offrent une protection satisfaisante à tout moment, même lorsquils sont utilisés avec des verres correcteurs.
Les lésions aux pieds et aux jambes frappent les travailleurs de nombreuses branches dactivité. Les chutes dobjets pesants peuvent atteindre les pieds, notamment les orteils, à nimporte quel poste de travail, mais plus particulièrement dans les industries lourdes comme lindustrie minière, la métallurgie, la construction mécanique, le génie civil ou le bâtiment. Les brûlures des membres inférieurs par du métal en fusion, des étincelles ou des produits chimiques corrosifs sont fréquentes dans la sidérurgie, les fonderies, les usines de produits chimiques, etc. Des dermatoses et des eczémas peuvent être causés par des acides, des alcalis et dautres substances. Les travailleurs peuvent également heurter du pied certains objets ou marcher sur des objets tranchants faisant saillie, notamment dans lindustrie de la construction.
Grâce aux améliorations apportées au milieu de travail, les lésions des pieds par perforation ou lacération causées par les clous qui dépassent du sol ou par dautres objets pointus sont devenues plus rares, mais les accidents dus au travail sur des surfaces humides ou mouillées demeurent courants, surtout lorsque le travailleur est mal chaussé.
Le type de protection des membres inférieurs dépendra des risques rencontrés. Dans certaines industries légères, on pourra se contenter de chaussures ordinaires de bonne qualité. Il faut combattre la tendance, assez répandue parmi le personnel féminin, de porter au travail des chaussures confortables (vieilles pantoufles, sandales, etc.) ou des talons trop hauts ou éculés qui peuvent provoquer des accidents.
Si des sabots ou des chaussures de protection suffisent dans bien des cas, des bottes ou des bottillons sont parfois indispensables (voir figure 31.5, 31.6, et 31.7). La hauteur de la tige (couvrant la cheville, le mollet ou la cuisse) dépend du risque, mais on doit aussi tenir compte des exigences de confort et de mobilité. Cest pourquoi des chaussures et des guêtres seront, parfois, préférables à des bottes. Les chaussures et les bottes de protection peuvent être en cuir, en caoutchouc, en caoutchouc synthétique ou en matière plastique; elles peuvent être cousues, vulcanisées ou moulées. Les orteils, très vulnérables, doivent être protégés par un embout en acier, si nécessaire. Pour ne pas nuire au confort, cet embout doit être assez fin et léger; cest en général une coquille dacier au carbone. De tels embouts peuvent être adaptés à de nombreux types de bottes et de chaussures. Dans certaines professions où les chutes dobjets sont fréquentes, on pourra munir les chaussures de sécurité dune cambrure métallique protégeant le cou-de-pied.
Lorsque le sol risque dêtre humide et glissant, on a recours à des semelles à reliefs antidérapants en caoutchouc ou en matière synthétique; le choix du matériau de la semelle importe plus que le dessin des empreintes; son coefficient de frottement doit être élevé. Des semelles renforcées, résistantes à la perforation, sont nécessaires, notamment sur les chantiers de construction; on peut obtenir le même résultat en plaçant des semelles métalliques à lintérieur des chaussures.
Lorsquil existe un danger délectrocution, les chaussures devraient être soit entièrement cousues ou collées, soit directement vulcanisées de façon à éviter lemploi de clous ou de tout autre matériau conducteur délectricité. Sil y a un risque de formation délectricité statique, la chaussure sera munie dune semelle conductrice en caoutchouc.
Les chaussures à double usage sont devenues courantes: il sagit de chaussures ou de bottes ayant à la fois des propriétés antistatiques et la capacité de protéger lutilisateur dun choc électrique sil entre en contact avec une source délectricité basse tension. Dans ce cas, la résistance électrique entre la semelle intérieure et la semelle extérieure doit être contrôlée afin que la protection soit effective pour une certaine plage de tensions.
Par le passé, on se souciait uniquement de la sécurité et de la résistance à lusure. De nos jours, on tient également compte du confort du travailleur, de la légèreté et même de lesthétique; les baskets de sécurité en sont un exemple. Le modèle et la couleur de la chaussure peuvent même jouer un rôle dans son utilisation: elle est considérée alors comme un emblème de lentreprise.
Les bottes en caoutchouc synthétique offrent une bonne protection contre les produits chimiques: le matériau ne devrait pas accuser une chute de résistance à la traction ou un allongement de plus de 10% après immersion pendant quarante-huit heures dans une solution dacide chlorhydrique à 20% à la température ambiante.
En présence dun risque de brûlure par des métaux en fusion ou des produits chimiques, il importe que les chaussures ou les bottes naient pas de languette et que les attaches puissent être facilement défaites; pour cette raison, les attaches devraient être ramenées sur le haut de la chaussure et non glissées à lintérieur.
Pour protéger contre les risques de brûlure, on peut utiliser des protège-tibias, des guêtres ou des jambières en caoutchouc ou en métal assurant la protection de la jambe au-dessus de la chaussure. Des genouillères peuvent être nécessaires, notamment lorsque le travailleur doit se mettre à genoux, par exemple pour effectuer certains moulages en fonderie. Près des sources de chaleur intense, on portera des chaussures, des bottes ou des jambières aluminisées.
Toutes les chaussures de protection devraient être tenues propres et sèches; on devrait les remplacer dès que le besoin sen fait sentir. Si les mêmes bottes en caoutchouc sont portées par plusieurs personnes, on devrait les faire désinfecter à chaque changement afin de prévenir la propagation des infections. Le port de bottes ou de chaussures trop serrées ou trop lourdes peut provoquer des mycoses.
Lemploi plus ou moins répandu des chaussures de protection dépendra de la manière dont elles auront été acceptées; on la bien compris de nos jours, où lon accorde de plus en plus dimportance à lesthétique. Le confort demeure impératif; les chaussures devraient être aussi légères que possible, compte tenu du but recherché: celles pesant plus de 2 kg par paire devraient être écartées.
Dans bien des cas, les employeurs sont légalement tenus de fournir ce type de protection aux travailleurs. Lorsque les employeurs sont animés par un esprit de progrès et ne se contentent pas de satisfaire à leurs obligations légales, les fabricants darticles de sécurité trouvent souvent très pratique de passer un accord avec eux pour ouvrir un point de vente sur le lieu de travail. Il sera sans doute plus commode pour les travailleurs dacheter et dutiliser des équipements de protection de meilleure qualité si ceux-ci leur sont offerts au prix de gros ou si des facilités de paiement leur sont consenties. On pourra ainsi contrôler plus aisément le type des équipements qui sont achetés et employés. Relevons cependant que, aux termes de nombreuses conventions et de maints règlements, la fourniture de vêtements et déquipements de protection individuelle incombe à lemployeur.
Ces lésions sont assez courantes dans lindustrie; elles représentent de 3 à 6% de lensemble des blessures dorigine professionnelle dans les pays industriels. Elles sont souvent graves et se traduisent par des arrêts de travail de trois semaines en moyenne. Les lésions sont généralement dues à des chocs causés par des objets anguleux tels que des outils ou des boulons tombant dune hauteur de plusieurs mètres; il arrive aussi que les travailleurs se cognent la tête en tombant ou quils heurtent un obstacle.
On distingue plusieurs types de lésions:
Bien quils soient dune importance fondamentale, les paramètres qui interviennent dans ces divers types de lésions sont malaisés à comprendre et ont donné lieu à de vives controverses. Certains spécialistes considèrent que la force exercée constitue le facteur principal; dautres affirment que cest une question dénergie cinétique ou de quantité de mouvement; dautres encore voient un lien entre la lésion cérébrale et laccélération, le taux daccélération ou un indice de choc spécifique comme HIC (lésions de la tête), GSI (indice de gravité GADD) ou WSTC. Dans la plupart des cas, il est probable que tous ces facteurs jouent un rôle. On peut en conclure que notre connaissance des mécanismes des chocs à la tête est encore fort incomplète et sujette à caution. La tolérance aux chocs à la tête est déterminée par des expériences réalisées sur des cadavres ou des animaux, et il nest pas facile dextrapoler les résultats à des sujets humains vivants.
Daprès les résultats des analyses daccidents survenus dans lindustrie de la construction, il semble que les lésions à la tête dues à des chocs se produisent lorsque la quantité dénergie mise en uvre dépasse 100 J environ.
Les autres types de lésions sont moins fréquents, mais ne devraient pas pour autant être négligés: ils comprennent les brûlures causées par la projection de liquides chauds ou corrosifs ou de matières en fusion, ou les chocs électriques dus à un contact accidentel de la tête avec des pièces conductrices dénudées.
La fonction principale dun tel casque est de protéger la tête contre les chocs mécaniques. Il peut en outre offrir une protection contre dautres risques, thermiques et électriques, par exemple.
Pour atténuer les effets des chocs à la tête, un casque de protection devrait répondre aux critères suivants.
Dautres critères peuvent naturellement sappliquer aux casques destinés à des tâches particulières: protection contre les projections de métal en fusion dans la métallurgie, protection contre les chocs électriques par contact direct, etc.
Les matériaux utilisés pour la fabrication des casques et des harnais devraient conserver leurs qualités protectrices pendant longtemps et dans toutes les conditions climatiques prévisibles (y compris lexposition au soleil, à la pluie, à la chaleur, aux températures inférieures à 0 °C, etc.). Les casques devraient également présenter une bonne résistance aux flammes et ne pas se briser sils tombent dune hauteur de quelques mètres sur une surface dure.
La norme internationale ISO 3873-1977 (ISO, 1977) a été publiée à la suite des travaux dun sous-comité spécialement chargé des casques de sécurité pour lindustrie. Approuvée par la quasi-totalité des membres de lISO, elle énonce les principales caractéristiques des casques de sécurité et indique les méthodes dessais correspondantes. On peut décomposer ces essais en deux groupes (voir tableau 31.7).
Caractéristiques |
Description de l’essai |
Critères |
Essais obligatoires |
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Absorption des chocs |
Laisser tomber une masse sphérique de 5 kg d’une hauteur de 1 m et mesurer la force transmise à travers le casque à une fausse tête fixe (mannequin). |
La force maximale transmise à la fausse tête ne doit pas dépasser 500 daN. |
|
Refaire le test aux températures de |
|
Résistance à la pénétration |
Frapper le sommet du casque avec un percuteur de 3 kg ayant une pointe de 0,5mm de rayon sous un angle incident de 60 °C. |
La pointe du percuteur ne doit pas toucher la fausse tête (mannequin). |
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Sélectionner pour ce test les conditions donnant les plus mauvais résultats lors des essais d’absorption des chocs. |
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Résistance à la flamme |
Exposer le casque pendant 10 s à la flamme d’un bec Bunsen d’un diamètre de 10 mm et brûlant du propane. |
La calotte extérieure ne doit pas continuer à brûler plus de 5 s après retrait de la flamme. |
Essais facultatifs |
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Isolement électrique |
Remplir le casque d’une solution de NaCl et l’immerger dans un bain de cette même solution. Mesurer la fuite électrique sous une tension de 1 200 V, 50-60 Hz. |
Le courant de fuite ne doit pas dépasser 1,2 mA. |
Rigidité latérale |
Placer le casque transversalement entre deux plateaux parallèles guidés puis le comprimer sous une pression portée graduellement à 430 N durant 30 s. |
La déformation latérale maximale du casque ne doit pas dépasser 40 mm, et la déformation résiduelle 15 mm. |
Essai aux basses températures |
Faire subir au casque des essais de choc et de pénétration à une température de |
Le casque doit satisfaire aux exigences précédentes concernant ces deux essais. |
Source: ISO, 1977.
La résistance au vieillissement des matières plastiques utilisées dans la fabrication des casques nest pas précisée dans la norme ISO 3873-1977. Cette spécification devrait être obligatoire pour les casques en plastique. Un essai simple consiste à exposer le casque à une lampe au xénon haute pression de 450 W à enveloppe de quartz durant 400 heures à une distance de 15 cm, puis à vérifier que le casque passe ensuite avec succès le test de pénétration.
Il est recommandé en outre de soumettre les casques destinés à être utilisés dans la métallurgie à un essai de résistance aux projections de métal en fusion. On peut le faire facilement en versant 300 g de métal en fusion à 1 300 °C sur le sommet du casque et en vérifiant quaucune parcelle de métal na pénétré à lintérieur.
La norme européenne EN 397-1995 (CEN, 1995) précise les exigences à satisfaire concernant ces deux conditions importantes, ainsi que les méthodes dessais correspondantes.
Le casque idéal, qui offrirait à la fois protection et confort parfaits dans toutes les situations, na pas encore été inventé. En effet, protection et confort sont souvent deux exigences contradictoires. En ce qui concerne la protection, il est essentiel, lors du choix du casque, de prendre en considération les risques éventuels, ainsi que les conditions dutilisation, en accordant une attention particulière aux caractéristiques des produits disponibles sur le marché.
Il est conseillé de choisir des casques répondant aux recommandations de la norme ISO 3873-1977 (ou dune norme nationale équivalente). La norme européenne EN 397-1995 est utilisée comme référence pour la certification des casques en vertu de la directive 89/686 de la Communauté économique européenne (CEE, 1989): les équipements soumis à certification, particulièrement pour presque tous les équipements de protection individuelle, doivent être obligatoirement certifiés par une instance indépendante avant dêtre mis sur le marché européen. Dans tous les cas, les casques devraient répondre aux critères suivants:
Les casques en alliages légers ou ceux qui ont un bord latéral ne devraient pas être utilisés là où il existe un risque de projection de métal en fusion. Dans ce cas, il est recommandé dutiliser des casques en polyester armé de fibre de verre, en textile phénolique, en polycarbonate renforcé à la fibre de verre, ou en polycarbonate, par exemple.
Sil y a un risque de contact avec des conducteurs dénudés, il faut utiliser uniquement des casques en matière thermoplastique sans orifices daération; aucune pièce métallique (rivets, par exemple) ne devrait apparaître à lextérieur de la calotte.
Les casques destinés aux personnes qui travaillent en hauteur, notamment les monteurs de charpentes métalliques, devraient avoir une jugulaire dune largeur denviron 20 mm permettant de maintenir le casque en place en toutes circonstances.
Lutilisation de casques constitués principalement de polyéthylène nest pas recommandée en atmosphère à haute température. Dans ce cas, les casques en polycarbonate, en polycarbonate renforcé à la fibre de verre, en textile phénolique ou en polyester armé de fibre de verre conviennent mieux. Le harnais devrait être en tissu. Sil ny a aucun risque de contact avec des conducteurs électriques exposés, il est possible dutiliser des casques munis dorifices daération.
En cas de risque décrasement, il faut porter des casques en polyester ou en polycarbonate renforcé à la fibre de verre, avec un bord dau moins 15 mm.
En plus de la sécurité, il faut également se préoccuper du confort de lutilisateur.
Un casque devrait être aussi léger que possible et ne jamais peser plus de 400 g. Le harnais devrait être flexible et perméable aux substances liquides et ne devrait en aucun cas irriter ou blesser lutilisateur; cest la raison pour laquelle on devrait préférer les harnais en tissu à ceux en polyéthylène. Un tour de tête en cuir devrait aussi être prévu non seulement pour absorber la transpiration, mais encore pour réduire lirritation de la peau; pour des raisons dhygiène, il convient de le remplacer à plusieurs reprises pendant la durée de vie du casque. Afin dassurer un meilleur confort thermique, la calotte devrait être de couleur claire et comporter des orifices daération dune surface comprise entre 150 et 450 mm2. Il est nécessaire de bien ajuster la fixation du casque de façon à assurer sa bonne tenue et à empêcher quil ne glisse et ne réduise le champ de vision. On trouve sur le marché différentes formes de casques, la plus courante étant du type «casquette» avec une visière et un bord. Pour le travail dans les carrières et sur les chantiers de démolition, la forme «chapeau», avec un bord plus large, offre une meilleure protection. Le casque sans visière ni bord convient particulièrement aux personnes qui travaillent en hauteur, car ce modèle évite tout risque de perte déquilibre provoquée par des heurts entre la visière ou le bord du casque et les poutrelles au milieu desquelles le travailleur doit évoluer.
Les casques peuvent être équipés décrans oculaires ou faciaux en matière plastique ou en treillis métallique, ou de filtres optiques, de coquilles antibruit, de jugulaires, de mentonnières et de sangles pour la nuque afin de garder le casque bien en place, de protections en laine pour le cou ou de cagoules coupe-vent et coupe-froid (voir figure 31.9). Pour le travail dans les mines et les carrières souterraines, on peut ajouter des montures pour la lampe frontale et le porte-câble.
Dautres équipements de protection de la tête ont été conçus pour protéger contre la saleté et les poussières, les égratignures et les bosses. Parfois appelés «casques antiheurts», ils sont faits de plastique léger ou de toile de lin. Les personnes travaillant à proximité de machines-outils (perceuses, tours à métaux, bobineuses, etc.), dans lesquelles les cheveux risquent de se prendre, peuvent porter un bonnet en lin avec filet, une résille à visière ou même une écharpe ou un turban, pourvu que ceux-ci naient pas dextrémités flottantes.
Tous les équipements de protection de la tête devraient être nettoyés et vérifiés régulièrement. Si des déchirures ou des fissures apparaissent, ou si le harnais dun casque donne des signes de vieillissement ou de détérioration, il devrait être mis au rebut. Il importe tout particulièrement de le nettoyer et de le désinfecter si lutilisateur transpire beaucoup ou si plusieurs personnes partagent le même casque.
On peut enlever les substances qui adhèrent à un casque (telles que la craie, le ciment, la colle ou la résine) avec des moyens mécaniques ou en utilisant des solvants appropriés qui nattaquent pas le matériau de la calotte. On peut employer de leau tiède et du détergent ainsi quune brosse dure.
Pour la désinfection, il faut plonger les casques dans une solution appropriée (5% de formol ou à base dhypochlorite de sodium, par exemple).
Nul ne sait comment on a découvert que lon pouvait réduire le niveau dun bruit indésirable en se mettant les mains sur les oreilles ou en se bouchant les oreilles, mais cette technique élémentaire est utilisée depuis des générations comme dernier recours pour atténuer un bruit. Malheureusement, cette méthode exclut la plupart des autres. Les protecteurs de louïe dont on dispose à lheure actuelle permettent de lutter contre le bruit en bloquant le trajet de londe entre la source et loreille. Il en existe différents types, comme le montre la figure 31.10.
Le bouchon doreille (appelé aussi protège-tympan) se place dans le conduit auditif externe. On trouve des bouchons prémoulés de différentes tailles, conçus pour sadapter aux conduits auditifs de la plupart des personnes. Le bouchon façonné par lutilisateur est fait dune matière souple qui épouse la forme du conduit auditif pour former un joint acoustique. Quant au bouchon doreille personnalisé, il est spécialement adapté à loreille de son utilisateur. Les bouchons doreille peuvent être à base de vinyle, de silicone, délastomère, de coton et de cire, de laine de verre filée ou de mousse à cellules fermées à récupération lente.
Le bouchon doreille à insertion partielle, appelé également couvre-conduit auditif, se porte contre louverture du conduit auditif extérieur: leffet est le même que lorsquon se bouche les oreilles avec les doigts. Les dispositifs à insertion partielle ont une taille unique et sont conçus pour sadapter à la plupart des oreilles. Ils sont maintenus en place par un arceau léger élastique.
Le serre-tête (appelé aussi coquille antibruit) se compose dun arceau et de deux coquilles recouvrant les pavillons, habituellement en plastique. Larceau peut être en métal ou en plastique. Les coquilles recouvrent complètement le pavillon de loreille et lisolent au moyen doreillettes qui se placent contre le côté de la tête. Ces oreillettes peuvent être en mousse ou être remplies dune substance liquide. Dans la plupart des serre-tête, lintérieur de la coquille est rembourré afin dabsorber le son transmis à travers la coque et de permettre une meilleure atténuation pour les sons de fréquence supérieure à 2 000 Hz environ. Certaines coquilles antibruit sont conçues de telle façon que larceau puisse se porter au-dessus de la tête, derrière la nuque ou sous le menton, bien que la protection ainsi assurée ne soit pas forcément toujours aussi efficace. Dautres coquilles antibruit sont conçues pour être fixées sur des casques de sécurité. Dans ce cas, il se peut que la protection soit moindre, car le système de fixation rend le réglage des coquilles plus difficile, ce qui fait quelles ne conviennent pas comme les serre-tête à une vaste gamme de morphologies anatomiques.
Il y a, aux Etats-Unis, 53 fabricants et distributeurs de protecteurs de louïe qui, en juillet 1994, commercialisaient 86 modèles de bouchons doreille, 138 modèles de coquilles antibruit et 17 modèles de bouchons doreille à insertion partielle. Malgré la grande diversité des protecteurs de louïe, les bouchons doreille en mousse conçus pour être utilisés une seule fois représentent plus de la moitié des protecteurs de louïe en usage aux Etats-Unis.
La manière la plus efficace de prévenir un déficit auditif induit par le bruit est de rester à lécart des zones très bruyantes. Il est souvent possible de reconfigurer une chaîne de production pour que les opérateurs travaillent dans des salles de contrôle fermées et insonorisées. Le bruit y est atténué au point dêtre inoffensif et les travailleurs peuvent parler entre eux. Un autre moyen efficace de prévenir les effets nocifs du bruit est de réduire celui-ci à sa source, de façon quil ne présente plus aucun danger. Pour ce faire, on fabrique des machines silencieuses ou lon équipe les machines existantes de dispositifs antibruit.
Dans les cas où il nest pas possible déviter le bruit ou de le réduire à la source, on a recours à la protection de louïe. Comme elle est utilisée en dernier recours, faute dautres solutions, il arrive fréquemment que son efficacité soit limitée.
Comme le montre la figure 31.11, lefficacité des protecteurs de louïe diminue si on ne les porte pas en permanence. En fin de compte, quel que soit le degré de protection assuré par la conception de lappareil, la protection quil assure est fonction de la durée de son utilisation. Les personnes qui enlèvent un bouchon doreille ou soulèvent une coquille antibruit pour parler à un collègue dans un milieu bruyant risquent dêtre beaucoup moins bien protégées.
Il existe plusieurs façons dévaluer les protecteurs de louïe. Les méthodes les plus courantes sont les systèmes à un nombre ou valeur, comme la méthode du taux ou de lindice réel de diminution de bruit (Noise Reduction Rating (NRR)) (EPA, 1979) utilisée aux Etats-Unis et le système à un nombre ou valeur (Single Number Rating (SNR)) employé en Europe (ISO, 1994). Une autre méthode dévaluation en usage en Europe est le système HML (ISO, 1994) à trois nombres ou valeurs. Enfin, certaines méthodes tiennent compte de latténuation apportée par les protecteurs de louïe dans chaque bande doctave: ce sont la méthode longue ou méthode des bandes doctave, aux Etats-Unis, et la méthode de la valeur de protection estimée, en Europe (ISO, 1994).
Ces diverses méthodes utilisent les données datténuation obtenues sur oreille réelle selon les valeurs seuils des protecteurs de louïe, telles quelles ont été déterminées en laboratoire conformément aux normes en vigueur. Aux Etats-Unis, les mesures datténuation sont effectuées selon la méthode ANSI S3.19 (ANSI, 1974). Bien que cette norme ait été remplacée par une norme plus récente (ANSI, 1984), lAgence de protection de lenvironnement (Environmental Protection Agency (EPA)) contrôle lindice NRR de réduction du bruit inscrit sur les étiquettes des protecteurs de louïe et exige que lancienne norme soit toujours appliquée. En Europe, les mesures datténuation sont effectuées conformément à la norme ISO 4869-1-1990 (ISO, 1990).
En général, lors des tests en laboratoire, les seuils daudition des champs sonores doivent être déterminés avec et sans protecteur. Aux Etats-Unis, les protecteurs doivent être mis en place par le testeur, tandis quen Europe lutilisateur sacquitte de cette tâche lui-même avec laide du testeur. La différence entre les seuils daudition mesurés avec et sans protecteur est latténuation obtenue au niveau de loreille réelle au seuil daudition. Aux Etats-Unis, les données sont relevées sur un groupe de personnes composé à lheure actuelle de 10 sujets faisant 3 essais chacun, et en Europe sur un groupe de personnes composé de 16 sujets faisant un seul essai chacun. Latténuation moyenne et lécart-type correspondant sont calculés pour chaque bande doctave testée.
A titre indicatif, la méthode NRR et la méthode longue sont exposées dans les tableaux 31.8 et 31.9.
Procédure: 1. Présenter dans un tableau les niveaux de pression acoustique d’un bruit rose, fixés arbitrairement pour la simplicité des calculs à 100 dB pour chaque bande d’octave. 2. Présenter également les corrections de la pondération C pour la fréquence centrale de chaque bande d’octave. 3. Additionner les lignes 1 et 2 pour obtenir les niveaux de bande d’octave pondérés C et calculer de façon logarithmique les niveaux de bande d’octave pondérés C pour déterminer les niveaux de pression acoustique pondérés C. 4. Présenter dans le tableau les corrections de la pondération A pour chaque fréquence centrale de bande d’octave. 5. Additionner les lignes 1 et 4 pour obtenir les niveaux de bande d’octave pondérés A. 6. Présenter dans le tableau l’atténuation apportée par le protecteur. 7. Présenter également les écarts-types (multipliés par 2) de l’atténuation apportée par le protecteur. 8. Soustraire les valeurs des atténuations moyennes (ligne 6), puis additionner les valeurs des écarts-types multipliés par 2 (ligne 7) et les valeurs pondérées A (ligne 5) pour obtenir les niveaux de bande d’octave pondérés A perçus par l’oreille protégée dans des conditions identiques à celles du laboratoire. Calculer les niveaux de bande d’octave pondérés A de façon logarithmique pour obtenir le niveau sonore réel pondéré A obtenu lorsque le protecteur est porté. 9. Soustraire le niveau de pression acoustique pondéré A (ligne 8) et un facteur de sécurité de 3 dB du niveau de pression acoustique pondéré C (ligne 3) pour obtenir le NRR. |
||||||||
Etapes |
Fréquence centrale des bandes d’octave en Hz |
|||||||
125 |
250 |
500 |
1 000 |
2 000 |
4 000 |
8 000 |
dBX |
|
1. Niveau supposé des bandes d’octave du bruit |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
|
2. Pondération C |
–0,2 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
–0,2 |
–0,8 |
–3,0 |
|
3. Niveaux des bandes d’octave pondérés C |
99,8 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
99,8 |
99,2 |
97,0 |
107,9 dBC |
4. Pondération A |
–16,1 |
–8,6 |
–3,2 |
0,0 |
+1,2 |
+1,0 |
–1,1 |
|
5. Niveaux des bandes d’octave pondérés A |
83,9 |
91,4 |
96,8 |
100,0 |
101,2 |
101,0 |
98,9 |
|
6. Atténuation du protecteur de l’ouïe |
27,4 |
26,6 |
27,5 |
27,0 |
32,0 |
46,01 |
44,22 |
|
7. Ecart-type × 2 |
7,8 |
8,4 |
9,4 |
6,8 |
8,8 |
7,33 |
12,84 |
|
8. Niveaux estimés des bandes d’octave pondérés A perçus par l’oreille protégée |
64,3 |
73,2 |
78,7 |
79,8 |
78,0 |
62,3 |
67,5 |
84,2 dBA |
9. NRR = 107,9 – 84,2 – 3 = 20,7 (ligne 3 – ligne 8 – 3 dB5) |
1 Atténuation moyenne à 3 000 et 4 000 Hz. 2 Atténuation moyenne à 6 000 et 8 000 Hz. 3 Somme des écarts-types à 3 000 et 4 000 Hz. 4 Somme des écarts-types à 6 000 et 8 000 Hz. 5 Le facteur de correction de 3 dB permet de prendre en compte l’incertitude de spectre selon laquelle le bruit perçu par l’oreille protégée peut ne pas correspondre au spectre de bruit rose utilisé pour les calculs du NRR.
Procédure: 1. Présenter dans un tableau les niveaux mesurés de bandes d’octave du bruit ambiant. 2. Présenter également les corrections de pondération A pour chaque fréquence centrale des bandes d’octave. 3. Additionner les résultats des lignes 1 et 2 pour obtenir les niveaux de bande d’octave pondérés A. Calculer ces niveaux de façon logarithmique pour obtenir le niveau de bruit ambiant pondéré A. 4. Présenter dans le tableau l’atténuation apportée par le protecteur pour chacune des bandes d’octave. 5. Présenter également les écarts-types (multipliés par 2) de l’atténuation apportée par le protecteur pour chacune des bandes d’octave. 6. Pour calculer les niveaux des bandes d’octave pondérés A perçus par l’oreille protégée, soustraire l’atténuation moyenne (ligne 4) des niveaux de bandes pondérés A (ligne 3), et additionner l’écart-type des atténuations multiplié par deux (ligne 5). Calculer les niveaux de bandes d’octave pondérés A de manière logarithmique pour obtenir le niveau sonore réel pondéré A perçu par l’oreille protégée. Calculer la réduction de bruit pondéré A pour un environnement donné en soustrayant le niveau sonore pondéré A perçu par l’oreille protégée du niveau sonore ambiant pondéré A (le résultat de la ligne 3 moins le résultat de la ligne 6). |
||||||||
Etapes |
Fréquence centrale des bandes d’octave en Hz |
|||||||
125 |
250 |
500 |
1 000 |
2 000 |
4 000 |
8 000 |
dBA |
|
1. Niveaux mesurés des bandes d’octave du bruit |
85,0 |
87,0 |
90,0 |
90,0 |
85,0 |
82,0 |
80,0 |
|
2. Pondération A |
–16,1 |
–8,6 |
–3,2 |
0,0 |
+1,2 |
+1,0 |
–1,1 |
|
3. Niveaux des bandes d’octave pondérés A |
68,9 |
78,4 |
86,8 |
90,0 |
86,2 |
83,0 |
78,9 |
93,5 |
4. Atténuation du protecteur de l’ouïe |
27,4 |
26,6 |
27,5 |
27,0 |
32,0 |
46,01 |
44,22 |
|
5. Ecart-type × 2 |
7,8 |
8,4 |
9,4 |
6,8 |
8,8 |
7,33 |
12,84 |
|
6. Niveaux estimés des bandes d’octave pondérés A perçus par l’oreille protégée (ligne 3 ligne 4 + ligne 5) |
49,3 |
60,2 |
68,7 |
69,8 |
63,0 |
44,3 |
47,5 |
73,0 |
1 Atténuation moyenne à 3 000 et 4 000 Hz. 2 Atténuation moyenne à 6 000 et 8 000 Hz. 3 Somme des écarts-types à 3 000 et 4 000 Hz. 4 Somme des écarts-types à 6 000 et 8 000 Hz.
On peut utiliser la méthode NRR pour déterminer le niveau de bruit perçu par loreille protégée, cest-à-dire le niveau réel de pression acoustique pondéré A à loreille, en le soustrayant du niveau de bruit ambiant pondéré C. Ainsi, si le niveau de bruit ambiant pondéré C est de 100 dBC et le NRR du protecteur 21 dB, le niveau de bruit perçu par loreille protégée sera de 79 dBA (100 21 = 79). Dans le cas où seul le niveau de bruit ambiant pondéré A est connu, on utilise un facteur de correction de 7 dB (Franks, Themann et Sherris, 1995). Si le niveau de bruit pondéré A est de 103 dBA, par exemple, le niveau de bruit perçu par loreille protégée sera de 89 dBA (103[217] = 89).
Dans la méthode longue, il faut connaître les niveaux de bruit ambiant pour chaque bande doctave. De nombreux sonomètres modernes sont capables de mesurer en même temps le niveau de bruit pondéré C dans une bande doctave et le niveau de bruit ambiant pondéré A. Cependant, aucun appareil ne peut à lheure actuelle déterminer les valeurs par bande doctave. Leur calcul par la méthode longue est présenté dans le tableau 31.9.
Les corrections décarts-types que lon apporte par soustraction dans la méthode longue et dans la méthode NRR sont censées utiliser les mesures de variabilité enregistrées en laboratoire afin de corriger les estimations de protection de façon quelles correspondent aux valeurs prévues (98% avec un facteur de correction de 2 écarts-types, ou 84% avec un facteur de correction de 1 écart-type) pour la plupart des utilisateurs portant les protecteurs dans des conditions identiques à celles de lexpérience. La décision deffectuer ou non des corrections dépend bien sûr beaucoup de la validité des écarts-types estimés en laboratoire.
On peut comparer la méthode longue et la méthode NRR en soustrayant lindice NRR (20,7) du niveau de bruit pondéré C dans le cas du spectre présenté dans le tableau 31.9 (95,2 dBC), ce qui permet de prévoir le niveau réel lors du port des protecteurs de louïe, à savoir 74,5 dBA. Ce résultat correspond sensiblement à la valeur de 73,0 dBA calculée par la méthode longue dans le tableau 31.9. Lécart entre les deux estimations est dû en partie à lutilisation du facteur spectral de sécurité denviron 3 dB pris en compte au point 9 du tableau 31.8. Le rôle de ce facteur est de compenser les erreurs dues à lutilisation dun bruit supposé plutôt que dun bruit réel. Selon le profil du spectre et la forme de la courbe datténuation, les différences entre les deux méthodes peuvent être plus importantes que dans lexemple cité.
Malheureusement, les valeurs datténuation et leurs écarts-types, tels quils sont obtenus dans les laboratoires américains et, dans une moindre mesure, dans les laboratoires européens, ne sont pas représentatifs de ceux rencontrés dans la vie réelle. Une étude bibliographique de Berger, Franks et Lindgren (1996), portant sur 22 études effectuées sur des protecteurs de louïe utilisés dans des conditions réelles, a conclu que les chiffres des laboratoires américains indiqués sur les étiquettes des protecteurs, conformément à la réglementation de lEPA, surévaluaient la protection de 140 à presque 2 000%. La surévaluation était maximale pour les bouchons doreille et minimale pour les coquilles antibruit. Depuis 1987, lOSHA recommande de diminuer le NRR de 50% avant de calculer le niveau de bruit perçu par loreille protégée. En 1995, le NIOSH a recommandé de réduire le NRR de 25% pour les coquilles antibruit, de 50% pour les bouchons doreille malléables et de 70% pour les bouchons doreille prémoulés et les bouchons à insertion partielle, avant de calculer le niveau de bruit perçu par loreille protégée (Rosenstock, 1995).
Un autre point à considérer, bien que moins important que les différences mentionnées ci-dessus par rapport aux conditions réelles, est la variabilité constatée au sein dun même laboratoire, ainsi que les écarts qui existent entre les résultats des différents laboratoires. La variabilité entre laboratoires peut être considérable (Berger, Kerivan et Mintz, 1982), ce qui peut affecter les valeurs en bande doctave et le calcul de lindice NRR, à la fois du point de vue du calcul en termes absolus et du point de vue du classement. Il est donc préférable demployer, à lheure actuelle, pour le classement des protecteurs de louïe daprès les valeurs datténuation, les données dun seul et même laboratoire.
Lors de la sélection dun protecteur de louïe, il faut tenir compte de plusieurs critères (Berger, 1988). Avant tout, il faut que le protecteur soit adapté au bruit ambiant dans lequel il sera porté. La modification apportée à la norme OSHA (OSHA, 1983) sur la préservation de louïe prévoit que le niveau de bruit perçu par loreille protégée ne doit pas dépasser 85 dB ou moins. Le NIOSH, de son côté, a formulé des directives selon lesquelles le niveau de bruit perçu par loreille protégée ne doit pas dépasser 82 dBA afin de réduire le plus possible le risque de déficit auditif induit par le bruit (Rosenstock, 1995).
Il ne faut pas, par ailleurs, que la protection offerte soit excessive. Si le niveau dexposition avec protection est inférieur de plus de 15 dB au niveau désiré, le protecteur de louïe atténuera trop les bruits et lutilisateur, trop protégé, se sentira isolé de son environnement (British Standards Institute, 1994). Il risquerait de ne pas entendre les autres personnes ou les signaux dalarme et pourrait alors soit enlever provisoirement lappareil pour communiquer ou pour vérifier un signal dalarme, soit modifier lappareil pour réduire latténuation. Dans les deux cas, la protection pourrait être réduite à néant.
Il est à lheure actuelle difficile de déterminer avec exactitude le niveau de bruit perçu par loreille protégée, car les atténuations et les écarts-types enregistrés, ainsi que les indices NRR qui en résultent sont surévalués. Cependant, il devrait être possible deffectuer cette détermination rapidement et avec une plus grande exactitude en utilisant les facteurs de correction recommandés par le NIOSH.
Le confort est un point critique. Il sera toujours plus confortable de ne porter aucune protection de louïe. Se couvrir les oreilles ou se les boucher donne de nombreuses sensations qui ne sont pas naturelles. Elles vont de la modification du son de sa propre voix, à cause de «leffet docclusion» (voir ci-après), à la sensation davoir les oreilles bouchées ou de ressentir une pression sur la tête. Le port de coquilles antibruit ou de bouchons doreille en ambiance chaude peut être inconfortable à cause de la transpiration excessive quil provoque. Saccoutumer aux sensations et, en partie, à la gêne que les protecteurs de louïe occasionnent prend du temps. Si lutilisateur ressent une gêne exagérée par exemple des maux de tête dus à la pression du serre-tête ou des douleurs dans le conduit auditif consécutives à linsertion des bouchons doreille il est recommandé dessayer dautres dispositifs de protection.
Lutilisateur de coquilles antibruit ou de bouchons doreille réutilisables devrait pouvoir les nettoyer. Pour les coquilles, il devrait pouvoir se procurer facilement des pièces détachées telles que les oreillettes et la mousse absorbante. Pour les bouchons doreille, il devrait avoir une réserve à sa disposition. Les utilisateurs de bouchons doreille personnalisés devraient pouvoir les nettoyer et les renouveler lorsquils sont endommagés ou usés.
Le travailleur américain moyen se trouve exposé chaque jour à 2,7 risques professionnels (Luz et coll., 1991). Il peut donc être amené à utiliser dautres équipements de protection tels que casques de sécurité, protecteurs oculaires ou appareils de protection respiratoire. Il importe de respecter les exigences de compatibilité entre le protecteur de louïe choisi et les autres équipements de protection nécessaires. On trouve dans le Compendium of Hearing Protective Devices du NIOSH (Franks, Themann et Sherris, 1995) des tableaux qui indiquent, notamment, ladéquation de chaque protecteur de louïe aux autres équipements de protection.
Leffet docclusion exprime le gain de conduction osseuse du son jusquà loreille à des fréquences inférieures à 2 000 Hz lorsque le conduit auditif est bouché à laide dun doigt ou dun bouchon doreille ou est couvert par des coquilles antibruit. Lamplitude de cet effet docclusion dépend de la façon dont loreille est obturée. Locclusion maximale est atteinte lorsque lentrée du conduit auditif est bouchée. Les protecteurs de louïe munis de grandes coquilles et de bouchons profondément insérés ont un effet docclusion moins important (Berger, 1988). A cause de cet effet docclusion, les utilisateurs de protecteurs de louïe sont souvent réticents à utiliser ces dispositifs, car ils naiment pas le son de leur propre voix plus sonore, résonnante et assourdie.
A cause de cet effet docclusion provoqué par la plupart des protecteurs de louïe, lutilisateur perçoit sa voix comme étant plus forte les dispositifs de protection réduisant le niveau de bruit ambiant, la voix résonne plus fort que lorsque les oreilles ne sont pas protégées. Afin de compenser lélévation dintensité acoustique, les utilisateurs ont presque tous tendance à baisser la voix. Le fait de parler moins fort dans un environnement bruyant, où linterlocuteur porte lui aussi une protection de louïe, contribue à rendre la communication plus difficile. Même sans effet docclusion, la plupart des personnes élèvent la voix de 5 à 6 dB seulement pour chaque augmentation du niveau de bruit ambiant de 10 dB (leffet Lombard). Ainsi, leffet combiné dune voix plus basse (due à lutilisation de protecteurs de louïe) et dune élévation insuffisante de la voix (pour compenser le bruit ambiant) affecte fortement la capacité des utilisateurs de protecteurs de louïe dentendre et de comprendre les autres dans un environnement bruyant.
La fonction principale dun serre-tête est de recouvrir loreille externe par une coquille formant un joint acoustique qui atténue le niveau de bruit. Le type de coquilles et doreillettes, ainsi que le réglage de larceau déterminent en général lefficacité datténuation du bruit ambiant pour un modèle donné. La figure 31.12 montre une coquille antibruit dont le joint isole dune manière continue loreille externe, et une autre coquille présentant une fuite au niveau de loreillette. Le graphique de cette même figure 31.12 montre que la coquille antibruit bien adaptée donne de bons résultats datténuation pour toutes les fréquences, alors que la protection mal adaptée natténue pratiquement pas les basses fréquences. La plupart des serre-tête ont un niveau datténuation denviron 40 dB, proche de la conduction osseuse, à des fréquences de 2 000 Hz et plus. Les propriétés datténuation des basses fréquences par les serre-tête bien adaptés dépendent des caractéristiques de conception et des matériaux utilisés et, notamment, de lespace intérieur de la coquille, de la surface de louverture de la coquille, de la résistance de larceau et de son poids.
La figure 31.13 représente un bouchon doreille en mousse correctement mis en place et complètement inséré (dont 60% environ de la longueur sont à lintérieur du conduit auditif) et un autre bouchon doreille en mousse partiellement inséré et mal placé, qui bouche simplement lentrée du conduit auditif. Le bouchon correctement inséré assure une bonne atténuation du bruit à toutes les fréquences, alors que le bouchon mal inséré est beaucoup moins efficace. Lorsquun bouchon de ce type est bien en place, latténuation est proche du niveau de la conduction osseuse pour de nombreuses fréquences. Lorsque le bruit ambiant est élevé, les différences datténuation existant entre un bouchon en mousse bien inséré et un bouchon mal inséré peuvent à elles seules provoquer un déficit auditif induit par le bruit.
La figure 31.14 représente des bouchons doreille prémoulés, lun bien inséré et lautre mal inséré. En général, les bouchons doreille prémoulés noffrent pas le même degré datténuation que les bouchons doreille en mousse ou les coquilles antibruit bien insérés. Cependant, les bouchons doreille prémoulés bien insérés permettent datténuer suffisamment la plupart des bruits industriels. Les bouchons doreille prémoulés mal insérés donnent beaucoup moins datténuation, voire aucune entre 250 et 500 Hz. On a même observé que, chez certains utilisateurs, le niveau de bruit à ces fréquences augmentait, ce qui signifie que ce niveau perçu par loreille protégée est en fait plus fort que le bruit ambiant, ce qui expose davantage lutilisateur à un déficit auditif progressif induit par le bruit que sil ne portait aucune protection.
Pour certains bruits ambiants, et notamment quand les expositions équivalentes journalières dépassent 105 dBA, une protection auditive unique peut savérer insuffisante. On peut alors utiliser à la fois un serre-tête et des bouchons doreille, afin dobtenir une protection supplémentaire de 3 à 10 dB, limitée par la conduction osseuse de la tête. Le degré datténuation varie très peu lorsque des serre-tête différents sont utilisés avec les mêmes bouchons doreille; en revanche, de grandes variations sont observées lorsquon utilise différents bouchons doreille avec le même serre-tête. Dans le cas dune double protection, le choix dun bon bouchon doreille est essentiel pour obtenir une atténuation au-dessous de 2 000 Hz; à 2 000 Hz et au-dessus, presque toutes les combinaisons de serre-tête et de bouchons doreille permettent une atténuation pratiquement égale à la conduction osseuse crânienne.
Les lunettes de sécurité et les autres équipements de protection tels que les appareils de protection respiratoire peuvent diminuer lefficacité du joint des oreillettes du serre-tête et, partant, latténuation. Le port de lunettes, par exemple, peut provoquer une perte datténuation de 3 à 7 dB dans certaines bandes doctave.
Une coquille antibruit ou un bouchon doreille à courbe de réponse plate offrent une atténuation quasiment identique pour toutes les fréquences comprises entre 100 et 8 000 Hz. Ces dispositifs ont la même courbe de réponse aux différentes fréquences que loreille non protégée, sans entraîner aucune déformation des signaux reçus (Berger, 1991). On pourrait penser que les coquilles antibruit et les bouchons doreille classiques affaiblissent les fréquences aiguës et abaissent le niveau sonore général. La coquille antibruit et le bouchon doreille à atténuation plate donnent limpression dune réduction de la seule intensité sonore, car leurs caractéristiques datténuation sont réglées par des résonateurs, des amortisseurs et des diaphragmes. Latténuation plate peut être utile aux utilisateurs qui souffrent de déficits auditifs aux fréquences élevées, à ceux qui ont besoin de communiquer tout en étant protégés et aux personnes qui attachent une grande importance à la qualité du son, comme les musiciens. Les dispositifs à atténuation plate se présentent soit comme des serre-tête, soit comme des bouchons doreille. Linconvénient de ces équipements est que leur pouvoir datténuation nest pas aussi élevé que celui des dispositifs classiques.
Un protecteur de louïe mécanique sensible à lamplitude ne comporte aucun circuit électronique et est conçu pour permettre la communication orale en période calme et offrir une atténuation qui augmente avec le niveau de bruit. Ces dispositifs comprennent des orifices, soupapes et diaphragmes prévus pour produire cette atténuation non linéaire à partir habituellement dun niveau de pression acoustique de 120 dB. Pour les niveaux inférieurs à 120 dB, les dispositifs à orifices et soupapes agissent comme des bouchons doreille ventilés assurant une atténuation de 25 dB aux hautes fréquences, mais beaucoup plus faible à 1 000 Hz et au-dessous. Il nexiste que peu dactivités professionnelles et récréatives (en dehors des concours de tir) pour lesquelles ce type de protection auditive puisse être considéré comme efficace pour prévenir un déficit auditif induit par le bruit.
Un protecteur de louïe électronique sensible à lamplitude comporte un circuit électronique; il est conçu selon les mêmes principes que le protecteur mécanique sensible à lamplitude. Il utilise un microphone placé à lextérieur de la coquille ou fixé sur la paroi latérale du bouchon doreille. Le circuit électronique est calculé pour produire une amplification dégressive et, dans certains cas, nulle, à mesure que le niveau de bruit ambiant augmente. Aux niveaux de bruit équivalant à une conversation normale, ces dispositifs ont un gain constant (le niveau sonore de la conversation est le même, avec ou sans protection) ou offrent même une légère amplification. Il sagit de limiter le niveau sonore sous les coquilles antibruit ou les bouchons doreille à léquivalent dun champ diffus de 85 dBA ou moins. Certains de ces dispositifs intégrés aux coquilles antibruit disposent dun canal pour chaque oreille, permettant ainsi dobtenir un certain effet de localisation; dautres ne comportent quun seul microphone. La fidélité (aspect naturel du son) de ces systèmes varie selon les fabricants. A cause du circuit électronique intégré dans les coquilles, qui est nécessaire afin dobtenir un système datténuation dépendant du niveau de bruit ambiant, ces dispositifs offrent en mode passif (lorsque les circuits électroniques sont inactifs) une atténuation inférieure de 4 à 6 dB à celle assurée par les coquilles antibruit similaires dépourvues de circuit électronique.
La réduction active du bruit, concept déjà ancien, na été appliquée que récemment aux protecteurs de louïe. Sur certains modèles, le signal sonore est capté à lintérieur de la coquille; la phase de ce signal est inversée avant de le réinjecter dans la coquille afin dannuler le signal incident. Sur dautres modèles, le signal sonore est capté à lextérieur de la coquille; son spectre est modifié pour tenir compte de latténuation de la coquille et le signal est alors réinjecté, après inversion, dans la coquille, utilisant lélectronique comme minuteur de façon que le signal inversé et le signal incident du bruit arrivent en même temps dans la coquille. La réduction active du bruit est limitée à latténuation des bruits basse fréquence au-dessous de 1 000 Hz, avec une atténuation maximale de 20 à 25 dB à 300 Hz ou au-dessous. Cependant, une partie de latténuation produite par le système actif de réduction du bruit ne fait que compenser la réduction datténuation des serre-tête, entraînée par lintroduction dans la coquille de ce même circuit électronique dont la présence est indispensable pour obtenir une réduction active du bruit. A lheure actuelle, ces dispositifs coûtent de 10 à 50 fois plus cher que les serre-tête ou les bouchons doreille passifs. En cas de panne électronique, lutilisateur risque par ailleurs dêtre mal protégé et dêtre exposé à davantage de bruit en portant le serre-tête que si lélectronique était simplement débranchée. Le coût des dispositifs actifs de réduction du bruit devrait cependant diminuer à mesure que leur usage se répand.
Le meilleur protecteur de louïe est celui que lutilisateur peut porter en permanence. On estime que 90% environ des travailleurs exposés au bruit dans le secteur manufacturier aux Etats-Unis sont soumis à des niveaux de bruit inférieurs à 95 dBA (Franks, 1988); ils ont donc besoin dune atténuation de 13 à 15 dB pour jouir dune protection adéquate. Il existe une vaste gamme de protecteurs de louïe pouvant offrir une atténuation suffisante: la difficulté consiste à trouver celui que chaque travailleur acceptera de porter en permanence.
Il existe plusieurs grandes catégories de risques corporels physiques, chimiques et biologiques contre lesquels on peut se prémunir en portant des vêtements spéciaux (voir tableau 31.10).
Risques |
Exemples |
Chimiques |
Toxiques cutanés |
Physiques |
Risques thermiques (chaleur/froid) |
Biologiques |
Agents pathogènes pour l’humain |
En labsence dautres moyens, les vêtements de protection sont couramment utilisés pour réduire lexposition des travailleurs aux produits chimiques toxiques ou dangereux. De nombreux produits chimiques sont dangereux à plus dun titre; ainsi, le benzène est à la fois toxique et inflammable. En ce qui concerne les risques chimiques, il faut examiner au moins trois points essentiels avec attention: 1) les effets potentiellement toxiques de lexposition; 2) les voies probables de pénétration; 3) lexposition potentielle résultant de la nature de la tâche. Laspect «toxicité des substances» est le plus important. Certaines substances comme les huiles ou les graisses sont simplement difficiles à nettoyer, alors que dautres composés chimiques (tels que lacide cyanhydrique liquide) présentent un danger immédiat pour la vie et la santé. En fait, cest la toxicité ou le degré de risque dune substance absorbée par voie cutanée qui constitue le facteur critique. Les autres risques résultant dun contact avec la peau, à part la toxicité, sont la corrosion, la sensibilisation au cancer cutané et les traumatismes physiques tels que les brûlures et les coupures.
La nicotine est un exemple de produit chimique dont la toxicité est maximale lorsquil est absorbé par voie cutanée. Elle pénètre très facilement à travers la peau, mais ne présente pas en général de risque pour les voies respiratoires (sauf dans le cas dun acte volontaire). Ce nest quun des nombreux cas où le risque est beaucoup plus grand par voie cutanée que par dautres voies. De nombreuses substances qui ne sont pas toxiques normalement présentent un danger pour la peau en raison de leur nature corrosive ou dautres propriétés. En fait, certains produits chimiques et certaines substances sont bien plus dangereux lorsquils sont absorbés à travers la peau que les produits cancérogènes systémiques les plus redoutés. Ainsi, une seule exposition de la peau nue à de lacide fluorhydrique titrant plus de 70% peut être mortelle; dans ce cas, une brûlure dune surface de 5% seulement peut être mortelle sous laction des ions fluorures. Un autre type de risque cutané sans gravité excessive celui-là est le déclenchement dun cancer de la peau par des substances telles que les goudrons de houille. Comme exemple dune substance très toxique pour lhumain, mais à faible toxicité cutanée, on peut citer le plomb inorganique; dans ce cas, le danger réside dans la contamination du corps ou des vêtements, ce qui risque dentraîner une contamination ultérieure par ingestion ou inhalation puisque la substance, solide, ne peut pénétrer à travers une peau saine.
Une fois lévaluation de la toxicité et des voies de pénétration menée à bien, un examen des probabilités dexposition simpose. Il faut se demander, par exemple, si les travailleurs sont assez exposés à un produit chimique donné pour que lon puisse constater visuellement cette exposition, ou si cette exposition au contraire est peu probable et si les vêtements de protection ne constituent pas alors une mesure de protection faisant double emploi. Il est évident que, sagissant de substances qui ont un pouvoir létal, le travailleur a droit à une protection maximale, même si les risques de contact sont très faibles. Dans le cas dun risque dexposition vraiment minime (par exemple, une infirmière manipulant une solution aqueuse dalcool isopropylique à 20%), une protection absolue ne se justifie pas. La décision à prendre doit être fondée essentiellement sur la relation entre lévaluation des effets nocifs de la substance considérée et lestimation des probabilités dexposition.
Des études portant sur la diffusion des solvants et dautres produits chimiques au travers de vêtements de protection «imperméables» ont été publiées pendant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. En voici un exemple: lors dun test standard, on verse de lacétone sur une feuille de caoutchouc néoprène de lépaisseur dun gant normal. A la suite du contact direct de lacétone avec la surface extérieure, non protégée, il est normalement possible de détecter le solvant sur la face intérieure (du côté de la peau) dans un délai de trente minutes, mais en petites quantités seulement. Cette action dun produit chimique traversant un vêtement de protection est une question de perméation, cest-à-dire de diffusion de produits chimiques à léchelle moléculaire à travers le vêtement. On distingue trois étapes dans ce phénomène: ladsorption du produit chimique à la surface extérieure de la barrière de protection, la diffusion à travers cette barrière et la désorption du produit chimique à la surface intérieure non protégée de la barrière. Le délai écoulé entre le contact initial du produit chimique avec la surface extérieure et sa détection sur la surface intérieure est le temps de passage. Le flux de perméation caractérise le passage régulier du produit chimique à travers la barrière de protection, une fois léquilibre atteint.
La plupart des expériences actuelles de résistance à la perméation se déroulent pendant des périodes allant jusquà huit heures, afin de simuler la durée dun travail posté classique. Cependant, on effectue ces tests dans des conditions de contact direct (avec des liquides ou des gaz) qui nexistent pas dans la réalité. Il semblerait donc, daprès certains auteurs, quun «facteur de sécurité» important soit inclus dans ces tests. A linverse, il faut tenir compte du fait que les tests de perméation sont statiques, alors que lenvironnement de travail est dynamique (comportant des flexions de matériaux ou des pressions exercées lors de la préhension ou dautres mouvements) et que les gants ou vêtements peuvent être détériorés. Faute de données publiées suffisantes sur la perméabilité de la peau et la toxicité cutanée, la plupart des professionnels de la prévention choisissent une protection ne permettant aucun passage de produit pendant la durée du travail ou de la tâche (habituellement huit heures), ce qui revient essentiellement à un concept de dose zéro. Il sagit là dune approche minimale mais justifiée; il faut noter cependant quil nexiste pas, à lheure actuelle, de barrière de protection offrant une résistance à la perméation de tous les produits chimiques. Dans les cas où les temps de claquage sont courts, le spécialiste devrait choisir les barrières de protection les plus efficaces (cest-à-dire celles dont le flux de perméation est le plus faible), tout en tenant compte des autres mesures de prévention et dentretien (nécessité de changer de vêtements régulièrement, par exemple).
Indépendamment du processus de perméation décrit ci-dessus, le spécialiste de la prévention devrait tenir compte de deux autres propriétés de résistance chimique: la dégradation et la pénétration.
La dégradation est la modification délétère dune ou de plusieurs propriétés physiques dun matériau de protection provoquée par le contact avec un produit chimique. Ainsi, le poly (alcool vinylique) (PVA) est une barrière très efficace contre la plupart des solvants organiques, mais il se détériore au contact de leau. Le caoutchouc de latex, couramment utilisé pour la confection des gants médicaux, est bien entendu résistant à leau, mais très facilement soluble dans des solvants tels que le toluène et lhexane; il est donc tout à fait inefficace contre ces produits chimiques. En outre, les allergies au latex peuvent provoquer des réactions violentes chez certains sujets.
La pénétration est lécoulement dun produit chimique à travers les trous microscopiques, les déchirures et autres imperfections dun vêtement de protection au niveau non moléculaire. Les meilleures protections sont inefficaces si elles sont trouées ou déchirées. La résistance à la pénétration est importante si lexposition est improbable ou peu fréquente et si la toxicité ou le risque sont minimes. Elle revêt toute son importance dans le cas des vêtements utilisés contre les projections.
Nombre de recueils de directives fournissent des indications sur la résistance chimique (plusieurs existent également en format électronique). De plus, la plupart des fabricants des pays industriels publient des données mises à jour au sujet de la résistance chimique et physique de leurs produits.
Comme le montre le tableau 31.10, les risques physiques comprennent les conditions thermiques, les vibrations, les rayonnements et les traumatismes; tous peuvent avoir un effet cutané nocif. Il faut également retenir leffet des températures extrêmes sur la peau. Les propriétés des vêtements de protection contre ces risques sont liées au degré disolation, tandis que les qualités requises des vêtements de protection contre les feux à inflammation instantanée et les charges électriques disruptives sont liées à la résistance au feu.
Il peut arriver que les vêtements spéciaux noffrent quune protection limitée contre certains types de rayonnements, ionisants ou non. En général, la qualité des vêtements de protection contre les rayonnements ionisants dépend de leur effet décran (cest le cas des tabliers et gants doublés de plomb). Les vêtements utilisés contre les rayonnements non ionisants tels que les micro-ondes sont, eux, conçus pour être mis à la masse ou pour être isolants. Les vibrations excessives peuvent affecter gravement certaines parties du corps, en particulier les mains. Les travaux miniers (avec foreuses portatives) et la réfection des routes (avec marteaux pneumatiques) sont des activités dans lesquelles les vibrations excessives aux mains peuvent entraîner une détérioration osseuse et des troubles circulatoires. Les traumatismes cutanés causés par les risques physiques (coupures, abrasions, etc.) sont courants dans de nombreuses professions comme celles du bâtiment, des travaux publics et de la boucherie. Il existe sur le marché des vêtements spéciaux (y compris des gants) qui résistent aux déchirures et sont employés dans la découpe de la viande et lexploitation forestière (utilisation de scies à chaîne). Ces vêtements présentent une résistance intrinsèque aux déchirures ou comprennent suffisamment de masse fibreuse pour stopper des pièces en mouvement (dans les scies à chaîne, par exemple).
Les risques biologiques comprennent les infections imputables à certains agents et maladies affectant les humains et les animaux, ainsi quau milieu de travail. On a beaucoup parlé des risques biologiques encourus à la suite de la prolifération croissante du VIH et du virus de lhépatite, transmis par voie sanguine, et lon en a déduit que des vêtements et des gants résistant aux liquides sont nécessaires dans le cas dune exposition au sang ou à dautres fluides corporels. On connaît depuis longtemps certaines maladies transmises par les animaux (par exemple, le charbon) et lon adopte à leur égard des mesures de protection équivalentes à celles appliquées pour les agents pathogènes véhiculés par le sang et affectant lhumain. Les laboratoires cliniques et microbiologiques, ainsi que certains autres environnements professionnels, sont des lieux de travail qui peuvent présenter des risques biologiques.
On entend par vêtement de protection en général les divers éléments qui composent un ensemble protecteur (par exemple, vêtements, gants et bottes). Ainsi, le vêtement de protection peut aller du simple doigtier qui protège contre les coupures du papier à la combinaison hermétique équipée dun appareil de protection respiratoire intégré, utilisée en cas durgence lors du déversement de produits chimiques dangereux, notamment.
Les vêtements de protection peuvent être faits de matières naturelles (comme le coton, la laine et le cuir), de fibres artificielles (par exemple, le nylon) ou de polymères (plastiques et divers types de caoutchoucs tels que le caoutchouc butyle, le poly(chlorure de vinyle) et le polyéthylène chloré). On ne devrait pas utiliser de matériaux tissés, cousus ou poreux (cest-à-dire non résistants à la pénétration ou à la perméation de liquides) lorsquon doit se protéger contre un liquide ou un gaz. Contre les feux à inflammation instantanée et les arcs électriques (charges disruptives) qui peuvent survenir notamment dans lindustrie pétrochimique, on utilise souvent des tissus et des matières poreuses traités spécialement ou naturellement ininflammables; ceux-ci noffrent cependant habituellement aucune protection contre une exposition régulière à la chaleur. Pour la lutte contre le feu, il convient dutiliser des vêtements spéciaux résistant aux flammes et offrant simultanément une protection contre leau et la chaleur (hautes températures). Dans certains cas, il faut recourir également à une protection contre le rayonnement infrarouge, obtenue grâce à des capes aluminisées (dans la lutte contre les incendies de pétrole, par exemple). Le tableau 31.11 résume les exigences classiques de protection physique, chimique et biologique et mentionne les matériaux protecteurs habituellement utilisés contre ces risques.
Risques |
Propriétés requises |
Matériaux constitutifs des vêtements de protection |
Thermiques |
Isolation thermique |
Coton épais et autres tissus naturels |
Flammes |
Isolation et résistance à la flamme |
Gants aluminisés; gants ignifugés; fibres aramides et autres fibres spéciales |
Abrasion mécanique |
Résistance à l’abrasion; résistance à la traction |
Tissus épais; cuir |
Coupures et piqûres |
Résistance aux coupures |
Treillis métallique; fibres polyamides aromatiques et autres tissus spéciaux |
Chimiques/toxicologiques |
Résistance à la perméation |
Matières polymères et élastomères (y compris le latex) |
Biologiques |
Etanchéité aux fluides; (résistance à la perforation) |
|
Radiologiques |
Généralement étanchéité à l’eau ou aux particules (radionucléides) |
|
La conception des vêtements de protection varie en fonction de lusage prévu. Pour la plupart des risques physiques, les éléments habituels (pantalons, vestes, bottes et gants) ressemblent aux vêtements ordinaires. Des accessoires spéciaux tels que cuissards, manchettes et tabliers en fibres et matières naturelles et synthétiques traitées ou non traitées sont utilisés dans certaines industries pour la manutention de métaux en fusion (lexemple classique étant lamiante tissé). Les vêtements de protection chimique peuvent être conçus dans des buts spécifiques, ainsi que le montrent les figures 31.15 et 31.16.
Il existe une grande variété de gants de protection chimique fabriqués à base de polymères ou de mélanges; certains gants en coton, par exemple, sont doublés (par trempage) dune couche de polymère protecteur (voir figure 31.17). De nouveaux modèles de gants laminés à une seule ou plusieurs couches ne comportent que deux dimensions (ils sont plats) et sont donc limités par des contraintes ergonomiques, mais ils sont très résistants du point de vue chimique. En général, leur efficacité est maximale quand un gant extérieur en polymère préformé est porté par-dessus le gant intérieur plat (technique dite du double gant), ce qui force le gant intérieur à sadapter à la forme de la main. On trouve des gants en polymère dépaisseurs diverses, depuis les modèles très légers (<2 mm) jusquaux modèles lourds (>5 mm), avec ou sans doublure ou substrats. Les gants peuvent avoir diverses longueurs: de 30 cm, pour la protection des mains uniquement, à 80 cm environ pour la protection du bras entier, de la main à lépaule. Le choix de la longueur dépend du degré de protection désiré; dans tous les cas, les gants doivent être assez longs pour protéger les poignets et empêcher les liquides de pénétrer à lintérieur (voir figure 31.18).
On trouve des bottes de différentes longueurs: du simple protège-semelle à la botte montant jusquaux hanches. Les bottes de protection chimique sont faites à partir dun nombre limité de polymères, car elles doivent être très résistantes à labrasion. Les polymères et caoutchoucs classiques utilisés dans la fabrication des bottes de protection chimique sont le poly(chlorure de vinyle) (PVC), le caoutchouc butyle et le néoprène. Il existe aussi des bottes laminées fabriquées spécialement avec dautres polymères, mais elles sont très coûteuses et il est difficile de se les procurer dans certains pays.
Les vêtements de protection chimique peuvent se composer soit dune seule pièce hermétique (étanche aux gaz) avec gants et bottes, soit déléments multiples (pantalons, vestes, cagoules, etc.). Certains matériaux de protection utilisés pour la confection de ces combinaisons comportent plusieurs couches. On emploie les polymères en couches multiples, car ils nont pas une résistance physique ou à labrasion suffisante pour être utilisés directement dans la fabrication de vêtements ou de gants (par exemple, le caoutchouc butyle par opposition au Téflon (marque déposée)). Les tissus de support habituels sont le nylon, le polyester, les aramides et les fibres de verre. Ces substrats peuvent être recouverts de polymères tels que le poly(chlorure de vinyle) (PVC), le Teflon (marque déposée), le polyuréthane et le polyéthylène.
Ces dix dernières années, on a utilisé de plus en plus le polyéthylène non tissé et les matières microporeuses pour la fabrication des combinaisons jetables. Ces combinaisons non tissées, souvent appelées à tort «combinaisons en papier», sont fabriquées à laide dun procédé spécial grâce auquel les fibres sont agglomérées sans être tissées. Elles sont peu onéreuses et très légères. Les matières microporeuses non enduites (dites «aérées» car elles permettent une certaine transmission de la vapeur deau et sont donc moins contraignantes du point de vue thermique) et les vêtements non tissés sont efficaces contre les particules, mais non contre les produits chimiques ou les liquides. On trouve également des vêtements non tissés et enduits de diverses matières, telles que le polyéthylène et le Saranex (marque déposée). Selon les caractéristiques de lenduction, ces vêtements peuvent offrir une bonne résistance chimique à la plupart des produits courants.
Loffre, la fabrication et la conception des modèles de vêtements de protection varient beaucoup suivant les pays. Comme on peut sy attendre, les procédures dhomologation et les normes varient également. Néanmoins, les Etats-Unis (avec les normes de lAssociation américaine dessai des matériaux (American Society for Testing and Materials (ASTM)), lEurope (avec les normes du Comité européen de normalisation (CEN)), et certains pays dAsie (le Japon, par exemple) ont adopté des prescriptions similaires. Les premières normes universelles ont été élaborées par le Comité technique 94 de lISO pour les vêtements de protection et les équipements de protection individuelle. La plupart des normes et des méthodes dessai préconisées par ce comité sinspirent des normes CEN ou de celles dautres pays comme les Etats-Unis (ASTM).
Aux Etats-Unis, au Mexique et dans pratiquement toutes les provinces du Canada, la plupart des vêtements de protection ne sont assujettis à aucune procédure dhomologation. Il existe des exceptions dans certains cas, par exemple pour les vêtements utilisés par les applicateurs de pesticides (selon les normes détiquetage des pesticides). Néanmoins, de nombreuses organisations proposent delles-mêmes des normes, comme lASTM susmentionnée, lAssociation nationale de protection contre lincendie (National Fire Protection Association (NFPA)) aux Etats-Unis et, au Canada, lOrganisation canadienne de normalisation (OCN). Ces normes volontaires ont une forte influence sur la commercialisation et la vente des vêtements de protection et jouent en fait le rôle de normes officielles.
En Europe, la fabrication des équipements de protection individuelle est régie par la directive 89/686 de la Communauté européenne, qui énumère les articles réglementés et les classe en plusieurs catégories. Pour les catégories déquipements de protection où le risque nest pas minime et ne peut être immédiatement et facilement identifié par lutilisateur, léquipement de protection doit satisfaire aux normes de qualité et de fabrication décrites en détail dans la directive.
Aucun équipement de protection ne peut être vendu dans la Communauté européenne sans avoir obtenu le label CE (Communauté européenne), lequel ne peut être accordé que sil a été satisfait aux exigences de qualité et aux tests requis.
Presque toujours, le port de vêtements et déquipements de protection nuit à la productivité et accroît la gêne du travailleur. Il peut également entraîner une baisse de la qualité du travail, car le taux derreurs augmente. En ce qui concerne les vêtements de protection chimique et certains vêtements résistant au feu, il importe de suivre diverses recommandations générales afin détablir un équilibre entre le confort de lopérateur, son efficacité et sa protection. Plus la barrière de protection est épaisse, plus elle est efficace (elle accroît le délai de pénétration ou procure une meilleure isolation thermique); dun autre côté, une protection plus épaisse entraîne une diminution de laisance des gestes et du confort de lutilisateur et accroît la charge thermique. Par ailleurs, les barrières de protection offrant une bonne résistance chimique ont aussi tendance à accroître la gêne du travailleur et la charge thermique, car elles sopposent en même temps au passage de la vapeur deau (cest-à-dire de la transpiration). En troisième lieu, plus la protection est renforcée, plus il faut de temps pour accomplir une tâche donnée et plus les chances derreurs sont grandes. Certains risques (par exemple, la proximité de machines en mouvement, où le risque délévation de la charge thermique est plus important que le risque chimique) augmentent avec le port de vêtements de protection. Cette situation est rare mais ne saurait être négligée.
Autre problème: les limitations physiques imposées par le port des vêtements de protection. Par exemple, un opérateur équipé dune paire de gants épais ne pourra pas exécuter facilement une tâche nécessitant une grande dextérité ou la répétition de mouvements. Un peintre travaillant au pulvérisateur et portant une combinaison hermétique aura une vision très réduite vers les côtés, le haut et le bas, du fait que lappareil respiratoire et loculaire de la combinaison limitent son champ de vision. Ce ne sont que quelques-unes des contraintes ergonomiques liées au port des équipements et des vêtements de protection.
Lors de la sélection dun vêtement de protection, il faut toujours tenir compte des conditions dans lesquelles les tâches seffectuent; la meilleure solution est de choisir léquipement et les vêtements offrant le niveau de protection minimal compatible avec la sécurité.
Il est essentiel de donner aux utilisateurs des instructions et une formation adaptées sur les points suivants:
Tous ces éléments devraient être inclus dans la formation, de même que toute autre information pertinente qui naurait pas déjà été communiquée aux travailleurs dans le cadre dautres programmes. Pour les domaines familiers, il est conseillé de prévoir tout de même un recyclage. Par exemple, si les travailleurs ont déjà été mis au courant des signes et symptômes de surexposition lors de cours antérieurs de formation à la sécurité chimique, il faut leur rappeler limportance des symptômes dexposition cutanée et les comparer à ceux de lexposition par inhalation. Enfin, le travailleur devrait pouvoir essayer les vêtements de protection quil sera appelé à porter pour une tâche donnée avant de faire un choix définitif.
La connaissance des dangers et des limites des vêtements de protection non seulement réduit les risques encourus par lutilisateur, mais permet aussi au spécialiste de la prévention de savoir ce que le travailleur pense de lefficacité de cet équipement.
Le stockage, linspection, le nettoyage et la réparation de léquipement de protection devraient être assurés dans de bonnes conditions pour que celui-ci puisse remplir son office de manière satisfaisante.
Certains vêtements de protection sont soumis à des contraintes de stockage telles que la durée de vie en rayon ou le degré de protection requis contre le rayonnement UV, lozone, lhumidité, les températures extrêmes ou encore linterdiction de les plier. Les produits en caoutchouc naturel, par exemple, sont précisément sujets à toutes les mesures de précaution qui précèdent. A titre indicatif, un grand nombre de combinaisons hermétiques en polymère peuvent sabîmer si on les plie au lieu de les suspendre. Il est recommandé de consulter les fabricants ou les distributeurs pour connaître ces contraintes particulières.
Les vêtements de protection devraient être fréquemment contrôlés par les utilisateurs (lors de chaque usage, par exemple). Un autre moyen dinciter les utilisateurs à vérifier leurs vêtements de travail est linspection croisée par les collègues. Il est conseillé également de prévoir, dans le règlement de lentreprise, que les contremaîtres devront procéder à une inspection régulière des vêtements de protection (selon une périodicité bien établie). Les critères dinspection dépendent de lusage prévu; cependant, lexamen des déchirures, trous, imperfections et détériorations doit faire partie de ces critères. A titre dexemple, il faut gonfler avec de lair les gants en polymère utilisés pour la protection contre les liquides afin de sassurer quil ny a pas de fuite.
Le nettoyage des vêtements de protection avant réutilisation devrait être effectué avec soin. On peut nettoyer les tissus naturels par des méthodes de lavage normales sils ne sont pas contaminés par des substances toxiques. Les méthodes de nettoyage qui conviennent aux fibres et matières synthétiques sont généralement soumises à des limitations. Par exemple, certaines matières traitées pour résister au feu perdent leur efficacité si elles ne sont pas nettoyées correctement. Il arrive fréquemment que les vêtements utilisés pour la protection contre les produits chimiques non solubles dans leau ne puissent être décontaminés par simple lavage au savon (ou autre détergent) et à leau. Daprès les essais effectués sur les vêtements dapplicateurs de pesticides, il semble que les méthodes de lavage normales soient inefficaces dans le cas de nombreux pesticides. Le nettoyage à sec est tout à fait contre-indiqué, car il est souvent inefficace et peut entraîner une détérioration ou une contamination. Il importe de consulter le fabricant ou le distributeur avant dessayer des procédés de nettoyage dont la sécurité et la fiabilité nont pas été clairement démontrées.
La plupart des vêtements de protection ne sont pas réparables, à lexception de certaines combinaisons hermétiques en polymères; avant de procéder à une telle opération, il convient toutefois de consulter le fabricant.
Bonne utilisation. Le choix et lutilisation des vêtements de protection dépendent essentiellement de lévaluation des risques encourus. On peut ensuite définir avec précision le niveau defficacité requis et les contraintes ergonomiques des tâches. En fin de compte, on cherchera un compromis entre les exigences de la protection du travailleur, le confort et le coût.
Une approche plus systématique consiste à établir un programme pilote, cest-à-dire une méthode qui permette de minimiser les risques derreur, daméliorer la protection et de fixer des règles cohérentes pour le choix et lutilisation des vêtements de protection. Un tel programme devrait comprendre les éléments suivants:
Mauvaise utilisation. Il existe de nombreux cas de mauvaise utilisation des vêtements de protection. Elle résulte souvent dun manque de compréhension des limitations de ces vêtements de la part des responsables ou des travailleurs, ou des deux à la fois. Un exemple caractéristique serait lutilisation de vêtements de protection non résistants au feu par des travailleurs qui manipulent des solvants inflammables ou qui travaillent au contact direct des flammes, de charbons ardents ou de métaux en fusion. Les vêtements de protection fabriqués à laide de matières à base de polymères telles que le polyéthylène entretiennent la combustion et peuvent fondre sur la peau, provoquant ainsi des brûlures encore plus graves.
Une autre erreur manifeste serait la réutilisation de vêtements de protection (notamment de gants) lorsque le produit chimique en a contaminé lintérieur, ce qui aurait pour conséquence daugmenter lexposition du travailleur à chaque nouvelle utilisation. On rencontre souvent une variante de ce problème lorsque le travailleur utilise des gants en fibres naturelles (cuir ou coton, par exemple) ou ses propres chaussures pour travailler au contact de produits chimiques liquides. Si les produits chimiques éclaboussent les fibres naturelles, celles-ci resteront longtemps imprégnées et pourront contaminer la peau elle-même. Une difficulté analogue peut survenir lorsque des vêtements de travail contaminés sont rapportés au domicile du travailleur pour être nettoyés, ce qui risque de contaminer la famille entière; cela arrive fréquemment, car les vêtements de travail sont en général lavés avec les autres vêtements de la famille. Dès lors que de nombreux produits chimiques sont insolubles dans leau, ils peuvent contaminer les autres vêtements par simple action mécanique. On a constaté plusieurs cas de contamination de ce genre, en particulier dans les industries de fabrication de pesticides ou de transformation des métaux lourds (intoxication des familles de travailleurs qui sont au contact de mercure ou de plomb). Ce ne sont là que quelques-uns des exemples les plus flagrants dune mauvaise utilisation des vêtements de protection. On peut résoudre ces difficultés simplement si lon a compris le bon usage et les limites de ces vêtements; cette information devrait pouvoir être obtenue facilement auprès du fabricant et des spécialistes de la prévention.
Dans certaines industries, lair contaminé par des poussières, des fumées, des brouillards, des vapeurs ou des gaz potentiellement dangereux peut être nocif pour les travailleurs. Il est important de limiter de telles expositions si lon veut prévenir les atteintes à la santé et les maladies professionnelles. La meilleure méthode pour ce faire consiste à réduire autant que possible les risques de contamination sur les lieux de travail, notamment par des moyens de prévention technique (encoffrement ou confinement des opérations, ventilation généralisée ou localisée, remplacement des substances dangereuses par des substances moins nocives, par exemple). Lorsquil nest pas possible de faire appel à des moyens de prévention technique efficaces, ou pendant que ces mesures sont mises en place ou testées, on peut avoir recours à des appareils de protection respiratoire. Pour que ces appareils puissent remplir leur rôle, il convient de bien choisir et de bien organiser le programme de protection respiratoire.
Les risques pour lappareil respiratoire peuvent être dus soit à des aérocontaminants, soit à un manque doxygène. Le type de contaminant (matière particulaire, gaz ou vapeur) est lié à lactivité exercée (voir tableau 31.12).
Type de risque |
Sources ou activités |
Exemples |
Poussières |
Sciage, meulage, ponçage, ébarbage, sablage |
Poussières de bois, poussières de charbon, poussières de silice |
Fumées |
Soudage, brasage, métallurgie |
Plomb, zinc, fumées d’oxyde de fer |
Brouillards |
Peinture au pistolet, électrodéposition, usinage |
Brouillards de peinture, brouillards d’huile |
Fibres |
Isolation, garnitures de friction |
Amiante, fibre de verre |
Gaz |
Soudage, moteurs à combustion interne, traitement des eaux |
Ozone, dioxyde de carbone, monoxyde de carbone, chlore |
Vapeurs |
Dégraissage, peinture, produits de nettoyage |
Chlorure de méthylène, toluène, essences minérales |
Loxygène, constituant normal de latmosphère, est nécessaire à la vie. Du point de vue physiologique, le manque doxygène se manifeste par une insuffisance de ce gaz au niveau des tissus organiques. Cette insuffisance peut être causée par la diminution de la teneur de lair en oxygène ou par la diminution de la pression partielle doxygène (la pression partielle dun gaz est égale à la proportion de ce gaz dans lair, multipliée par la pression atmosphérique totale). Lhypoxie dans un lieu de travail se produit le plus souvent lorsque, dans un espace confiné, loxygène est déplacé par un autre gaz.
Les appareils de protection respiratoire sont classés selon le type de couvre-face quils comportent et selon le système de protection choisi contre les contaminants ou le manque doxygène: filtration ou adduction dair.
Les voies dentrée de lappareil respiratoire sont le nez et la bouche. Pour quune protection respiratoire soit efficace, le nez et la bouche doivent être obturés par un couvre-face dont la fonction est disoler dune manière ou dune autre les voies respiratoires des substances dangereuses présentes dans latmosphère, tout en assurant une alimentation suffisante en oxygène. On trouve différents modèles de couvre-face ajustés ou non ajustés.
Les couvre-face de type ajusté sont les quarts de masques, les demi-masques, les masques complets et les embouts buccaux. Le quart de masque couvre le nez et la bouche; le bord étanche va de larête du nez jusquau-dessous des lèvres (quart du visage). Le bord du demi-masque va de larête du nez à la partie inférieure du menton (moitié du visage). Le bord du masque complet va du milieu du front jusquau-dessous du menton, recouvrant la totalité du visage.
En ce qui concerne les appareils à embout buccal, le système de protection des voies dentrée est légèrement différent. Le travailleur mord un embout de caoutchouc relié à lappareil respiratoire et utilise un pince-narines pour se boucher le nez. De cette façon, les deux voies dentrée du système respiratoire sont obturées. Les appareils à embout buccal constituent une catégorie à part et sont utilisés uniquement dans le cas où il faut évacuer un lieu contaminé. Leur usage étant très restreint, il nen sera pas question ici.
On peut utiliser les couvre-face de type quart de masque, demi-masque ou masque complet avec un appareil respiratoire filtrant ou sur un appareil à adduction dair. Lembout buccal, quant à lui, ne sadapte que sur les appareils filtrants.
Comme leur nom lindique, les couvre-face non ajustés ne comportent pas de bord étanche protégeant les voies respiratoires. Ils recouvrent simplement le visage, la tête, ou encore la tête et les épaules, créant ainsi un espace protégé. On range également dans cette catégorie les combinaisons qui enveloppent le corps entier (les combinaisons ne comprennent pas les vêtements qui servent de protection cutanée uniquement, tels que les combinaisons antiprojections). Etant donné quils nisolent pas le visage, les couvre-face non ajustés ne fonctionnent quavec des appareils à adduction dair. Dans ce cas, le débit dair fourni doit être supérieur au débit dair nécessaire à la respiration afin dempêcher que les polluants extérieurs ne pénètrent dans lappareil.
Dans un appareil filtrant, lair ambiant passe par un filtre qui élimine les agents contaminants. Lair circule à travers le filtre par la simple action mécanique de la respiration (appareils à pression négative) ou au moyen dun ventilateur (appareils à ventilation assistée).
Le type de filtre détermine les contaminants qui seront éliminés. Pour lélimination des aérosols, on fait appel à des filtres à efficacité variable; le choix du filtre dépend des caractéristiques des aérosols, et notamment de la taille des particules. Quant aux cartouches antigaz, elles contiennent une substance choisie spécifiquement pour absorber la vapeur ou le gaz contaminant ou pour réagir en sa présence.
Les appareils isolants forment une catégorie dappareils qui permettent dobtenir une atmosphère respirable indépendante de celle du lieu de travail. Le modèle à adduction dair comprimé peut fonctionner de trois façons: à la demande, à débit continu ou à la demande à pression positive. Les appareils respiratoires qui fonctionnent à la demande ou à la demande à pression positive peuvent être équipés dun couvre-face de type demi-masque ou masque complet. Le modèle à débit continu peut également être équipé dun casque/cagoule ou dun couvre-face non ajusté (souple).
Le second type dappareil isolant, dit autonome, comporte un système autonome dalimentation en air. Ces appareils ne peuvent être utilisés que sil sagit dévacuer un endroit dont latmosphère est dangereuse ou pour y pénétrer. Lair provient dune bouteille dair comprimé ou est produit par réaction chimique.
Certains appareils de protection respiratoire à adduction dair sont équipés dune petite bouteille de secours qui permet à lutilisateur de séchapper de la zone dangereuse même en cas de défaillance de la bouteille principale.
Certains appareils spéciaux peuvent être employés à la fois avec adduction dair et avec filtre. Ce sont des appareils de protection respiratoire mixtes.
Pour quun appareil de protection respiratoire puisse fonctionner comme prévu, il faut mettre en place un programme minimal qui tienne compte de certaines exigences dordre général, et cela, quels que soient le type dappareil utilisé, le nombre dutilisateurs et la complexité demploi. Pour des programmes simples, des directives de base sont suffisantes. Les programmes plus importants devraient être plus détaillés.
A titre dexemple, examinons lorganisation des contrôles détanchéité des appareils. Pour un programme portant sur une ou deux personnes, on peut enregistrer sur une simple fiche la date du dernier test, lidentification de lappareil testé et la méthode utilisée, alors que pour un programme important concernant des centaines dutilisateurs, il faudra recourir à une base de données informatisées, ainsi quà un système permettant de recenser et de convoquer les personnes qui devront subir un contrôle portant sur la bonne adaptation de léquipement.
Un bon programme devrait comporter les six éléments suivants.
La responsabilité du programme devrait être confiée à une seule personne, afin que la direction sache à qui sadresser le cas échéant. Il est tout aussi important que cette personne soit habilitée à prendre des décisions et à gérer le programme.
Ce responsable devrait être suffisamment au fait des exigences de la protection respiratoire pour pouvoir superviser le programme dune manière sûre et efficace. Il lui incombera de contrôler les risques respiratoires, de tenir les registres et dévaluer le programme de protection.
Les directives relatives au programme seront communiquées par écrit à chacun des participants qui saura ainsi ce quil faut faire, quelle est la personne responsable et de quelle façon le programme doit être appliqué. Elles devraient énoncer les objectifs du programme et préciser que son application et la protection de la santé des travailleurs incombent à la direction de lentreprise. En outre, elles devraient aborder les points ci-après:
La formation est une partie importante du programme de protection respiratoire. Les cadres, les utilisateurs et les personnes chargées de la distribution des appareils devraient avoir reçu une formation adéquate. Lagent responsable devrait bien connaître les appareils employés et la raison pour laquelle ils le sont, afin den assurer le bon usage; en fait, la personne chargée de la distribution des appareils devrait avoir une formation suffisante pour être sûre de fournir dans chaque cas lappareil qui convient.
Les travailleurs se servant des appareils de protection respiratoire devraient suivre une formation initiale, puis un recyclage périodique. La formation devrait comprendre des explications et des commentaires sur les points suivants:
Lentretien des appareils comprend un nettoyage régulier, la détection déventuelles détériorations et le remplacement des pièces usagées. La meilleure source dinformations sur la façon deffectuer le nettoyage, linspection, la réparation et lentretien est le fabricant du matériel.
Les appareils devraient être nettoyés et désinfectés régulièrement. Si un appareil est employé par plusieurs personnes, il devrait être nettoyé et désinfecté à chaque changement dutilisateur. Les appareils destinés à être utilisés en cas durgence devraient être nettoyés et désinfectés après chaque utilisation; cette procédure ne devrait pas être négligée, car il importe que cet équipement soit toujours en bon état. Il faut, par exemple, contrôler la température des liquides de nettoyage pour ne pas abîmer les pièces en élastomère, ou encore nettoyer certaines pièces avec soin ou dune manière particulière afin de ne pas les détériorer. La documentation fournie par le fabricant précisera la marche à suivre.
Après nettoyage et désinfection, il convient dinspecter chaque appareil pour sassurer quil est en bon état de fonctionnement, de vérifier si certaines pièces doivent être remplacées ou réparées ou sil doit être mis au rebut. Lutilisateur devrait avoir reçu une formation suffisante et bien connaître son appareil de façon à être capable de le vérifier avant chaque utilisation et de confirmer son bon état de marche.
Les appareils réservés aux interventions durgence devraient être inspectés régulièrement, de préférence une fois par mois. Lorsquon utilise un de ces appareils, il faut le nettoyer et linspecter avant de le réutiliser ou de le ranger.
En général, linspection comprendra une vérification de létanchéité, de létat du couvre-face, du harnais, des soupapes, des raccords, des courroies, des tuyaux, des filtres, des cartouches, des boîtes, des indicateurs de limite dutilisation, des composants électriques et de la date limite de stockage, ainsi que du bon fonctionnement des régulateurs, des systèmes dalarme et de mise en garde.
Linspection des pièces en élastomère et en plastique, fréquentes dans ce type déquipement, devrait être effectuée avec un soin particulier. On peut vérifier la souplesse des pièces en caoutchouc ou en élastomère et sassurer de leur bon état en étirant et en pliant le matériau, de façon à détecter les fissures et les signes dusure. Les soupapes inspiratoires et expiratoires sont en général assez minces et fragiles. Il faut également vérifier quil ny ait aucun dépôt de savon ou autre détergent sur les joints isolants des soupapes. La détérioration de ces pièces ou la formation de dépôts peut provoquer des fuites au niveau de la soupape. Il faut aussi inspecter les pièces en plastique et sassurer du bon état du filetage des cartouches, par exemple.
Il importe de sassurer que les bouteilles dair et doxygène ont bien été remplies conformément aux recommandations du fabricant. Certaines bouteilles devraient être inspectées régulièrement pour vérifier létat du métal et labsence de rouille. Cette inspection peut comprendre une épreuve hydrostatique de routine pour tester lintégrité de la bouteille.
Les pièces défectueuses devraient être remplacées uniquement par du matériel fourni par le fabricant. Il arrive que certaines pièces ressemblent à celles dautres fabricants, mais que leur fonctionnement soit différent. Toute personne qui effectue des réparations devrait avoir reçu une formation suffisante en matière dentretien, dassemblage et de démontage des appareils.
Lentretien des équipements isolants à adduction dair ou autonomes nécessite une formation plus complète. Les soupapes de réduction de pression ou dadmission, les régulateurs et les dispositifs dalarme ne devraient être réglés ou réparés que par le fabricant ou par un technicien formé par celui-ci.
Les appareils qui ne sont pas conformes aux normes dinspection en vigueur devraient être immédiatement retirés du service et réparés ou remplacés.
Les appareils devraient être correctement stockés. Ils risquent en effet de se détériorer sils ne sont pas protégés contre les agents physiques et chimiques tels que les vibrations, le soleil, la chaleur, le froid intense, lexcès dhumidité et les produits chimiques corrosifs. Les élastomères utilisés dans les masques se dégradent facilement sils ne sont pas protégés. On ne devrait pas stocker des appareils de protection respiratoire dans des endroits tels que des vestiaires ou des boîtes à outils, à moins quils ne soient protégés contre toute contamination ou détérioration.
Les appareils de protection respiratoire peuvent parfois porter atteinte à la santé des personnes qui les utilisent, en raison de la contrainte supplémentaire quils imposent à leur système pulmonaire. Il est indiqué quun médecin examine les usagers potentiels afin de déterminer sils peuvent utiliser ces appareils sans problème. La teneur de lexamen médical relève du médecin; dans certains cas, il pourra demander un bilan de santé plus complet.
Pour ce faire, le médecin devrait connaître le type dappareil utilisé ainsi que la nature et la durée du travail à exécuter avec celui-ci. Un individu en bonne santé ne devrait pas être gêné par le port de la plupart des appareils de protection respiratoire, notamment les modèles légers à filtre.
Un examen médical plus approfondi sera nécessaire dans le cas des personnes appelées à utiliser un appareil isolant autonome en cas durgence. Le poids de lappareil lui-même augmente considérablement la charge de travail.
De nombreux gouvernements ont mis au point des programmes de tests et une procédure dhomologation pour les appareils utilisés sur le territoire national. Il faut, dans ce cas, se servir dappareils homologués car, du fait même de leur homologation, ils répondent à des exigences minimales defficacité. En labsence de procédure officielle dhomologation exigée par le gouvernement, un appareil respiratoire agréé par un organisme compétent offrira une meilleure garantie defficacité quun appareil nayant subi aucun test spécial.
La gestion dun programme de protection respiratoire peut se heurter à diverses difficultés liées à la pilosité faciale et à la compatibilité de lappareil avec les lunettes et les autres équipements de protection portés en même temps.
La pilosité faciale peut poser des problèmes. Certains travailleurs portent la barbe pour des raisons desthétique; dautres ont du mal à se raser, car ils souffrent dune affection qui provoque lapparition de contre-poils après rasage. Lorsquon inspire, une pression négative se crée à lintérieur de lappareil, ce qui permet aux contaminants dy pénétrer si létanchéité de lappareil nest pas parfaite; cest le cas aussi bien pour les appareils filtrants que pour ceux à adduction dair. Il faut donc parvenir à un compromis qui permette aux personnes de garder la barbe tout en protégeant leur santé.
Plusieurs études ont montré que la pilosité faciale au niveau du bord dun appareil ajusté provoque des fuites excessives. Elles ont aussi révélé que les fuites dues à la pilosité sont tellement variables quil est impossible de déterminer si la protection est suffisante, même si lappareil est fait sur mesure. En conclusion, un travailleur portant la barbe et un appareil respiratoire ajusté ne peut être certain dêtre bien protégé.
La solution consiste, en premier lieu, à décider si lon peut utiliser un appareil respiratoire non ajusté. Exception faite des appareils autonomes et des appareils mixtes, il existe, pour chaque type dappareil ajusté, un appareil non ajusté assurant une protection équivalente.
On peut aussi muter le travailleur à une tâche ne nécessitant pas de protection respiratoire et, en dernier ressort, lui demander de se raser. Pour bien des personnes qui ont du mal à se raser, on peut trouver une solution médicale leur permettant à la fois de se raser et de porter un appareil de protection respiratoire.
De nombreux travailleurs ont besoin de lunettes pour bien voir et, dans certains environnements industriels, il faut porter des lunettes de sécurité ou des protecteurs oculaires pour se prémunir contre les projections déclats et de débris. Dans le cas des appareils respiratoires à demi-masque, les lunettes et les protecteurs oculaires risquent de diminuer létanchéité au niveau de larête du nez. Dans le cas des masques complets, les branches de lunettes créent un espace au niveau du bord, ce qui provoque des fuites.
Il existe heureusement des solutions. Pour les appareils à demi-masque, on procédera à un test détanchéité alors que le travailleur porte les lunettes, protecteurs oculaires et autres équipements de protection requis. Le test doit permettre de vérifier que le bon fonctionnement de lappareil nest pas affecté par le port des lunettes et autres équipements.
Avec les masques complets, le travailleur pourra porter soit des lentilles de contact, soit des lunettes spéciales placées à lintérieur; la plupart des fabricants fournissent des lunettes spéciales à cet effet. A une certaine époque, il était déconseillé de porter des lentilles de contact avec un appareil de protection respiratoire, mais les recherches ont prouvé que cela ne posait pas de problème.
Pour bien choisir un appareil de ce type, il faut analyser lusage qui en sera fait et bien comprendre les limitations de chaque modèle. Les aspects généraux à prendre en considération sont: les tâches que le travailleur doit exécuter, la manière dont lappareil sera utilisé, où le travail sera exécuté, les contraintes qui risquent dêtre imposées par lappareil pendant le travail (voir figure 31.19.).
Lors de la sélection dun appareil respiratoire, il convient de tenir compte de lactivité exercée par le travailleur et du poste quil occupe dans la zone dangereuse (il faut déterminer, par exemple, si le travailleur est appelé à rester dans la zone dangereuse de façon continue ou intermittente et si la tâche à effectuer est légère, moyennement pénible ou pénible). Pour une utilisation en continu et un travail pénible, il est conseillé de choisir un appareil respiratoire de faible poids.
Il peut arriver que les conditions ambiantes et les efforts requis aient un effet sur la durée de vie de lappareil. Ainsi, lors dun effort physique intense, lutilisateur peut épuiser la réserve dair dun appareil autonome et réduire sa durée de fonctionnement de moitié ou davantage.
Un facteur important dans le choix dun appareil respiratoire est la durée dutilisation. Il faut aussi prendre en considération le type de tâche routinière ou non, urgence, sauvetage, etc. auquel il est destiné.
Avant de choisir un appareil, il faut localiser la zone dangereuse et vérifier sil existe à proximité une zone sûre avec une atmosphère respirable. On pourra ainsi planifier lévacuation des travailleurs en cas durgence et leur accès pour les opérations dentretien et de sauvetage. Si la distance jusquà la zone dair respirable est importante ou si le travailleur doit contourner des obstacles, monter des marches ou gravir une échelle, il est déconseillé de choisir un appareil à adduction dair.
Sil y a un risque dhypoxie, il faut mesurer le taux doxygène dans lespace de travail considéré. Le type dappareil (à filtre ou à adduction dair) qui pourra être utilisé dépendra de la pression partielle doxygène. Etant donné que les appareils filtrants ne font que purifier latmosphère, il est essentiel que lair ambiant contienne suffisamment doxygène pour permettre de respirer.
Le choix dun appareil implique également lanalyse de chaque opération, afin de déterminer les dangers éventuels et de sélectionner le type dappareil qui assurera une protection suffisante.
Pour déterminer les propriétés des produits contaminants qui peuvent être présents sur le lieu de travail, il faut consulter la source dinformation la plus fiable, cest-à-dire les fournisseurs de ces produits. Nombre dentre eux remettent à leurs clients des fiches techniques de sécurité qui identifient les composants des produits et fournissent des données sur la toxicité et les limites dexposition admissibles. Il convient de rechercher sil existe, pour le ou les contaminants considérés, des limites dexposition publiées et reconnues telles que la valeur seuil (TLV), la valeur plafond (MEL, C), la concentration moyenne pondérée dans le temps (TWA), la concentration maximale admissible (MAK) ou la valeur limite dexposition de courte durée (STEL). Il convient aussi de vérifier sil existe un seuil de risque immédiat pour la vie ou la santé. Tous les appareils comportent certaines limites dutilisation selon le niveau dexposition. La connaissance de ces diverses données est nécessaire pour déterminer si lappareil peut assurer une protection suffisante.
Il faut également rechercher sil existe des normes officielles pour le ou les contaminants considérés (il en existe pour le plomb et lamiante, en particulier). Dans laffirmative, il se peut quun certain type dappareil soit obligatoire, ce qui rend le choix plus facile.
Une caractéristique importante est létat physique du contaminant. Sil sagit dun aérosol, il faut déterminer ou évaluer la taille des particules. La pression de vapeur dun aérosol joue également un rôle significatif lorsque la température ambiante atteint son maximum.
Il faut aussi établir si le contaminant présent dans lair peut être absorbé par voie percutanée, provoquer une sensibilisation cutanée ou avoir un effet irritant ou corrosif pour les yeux ou la peau. Dans le cas dun contaminant présent sous forme de gaz ou de vapeur, il importe de savoir sil a une certaine odeur, un certain goût ou sil est irritant à une certaine concentration.
Après avoir identifié le contaminant en question, il sagit de définir sa concentration; cela se fait habituellement en prélevant un échantillon de la substance et en le faisant analyser par un laboratoire. Il est parfois possible destimer le niveau de lexposition en procédant comme suit.
Il nest pas toujours nécessaire de procéder à un échantillonnage pour déterminer les risques. On peut estimer lexposition en la comparant avec les données relatives à des opérations similaires ou en effectuant des calculs au moyen dun modèle. Lestimation de lexposition maximale probable peut se faire au moyen de modèles ou en exerçant son propre jugement, et elle peut servir de base au choix dun appareil de protection respiratoire. Le modèle le plus simple pour ce faire est celui de lévaporation: on fait évaporer une quantité donnée de la substance considérée dans un volume dair connu et lon dose la concentration des vapeurs dont on pourra déduire le niveau dexposition. On peut procéder à des corrections afin de tenir compte des effets de dilution ou de la ventilation.
On peut également trouver des informations sur lexposition dans les revues spécialisées ou dans des publications professionnelles qui fournissent des données dexposition pour diverses branches dactivité. Les données provenant dassociations professionnelles et de programmes de prévention relatifs à des procédés similaires peuvent aussi se révéler utiles.
La mise en uvre de mesures de protection sur la base dune estimation du niveau dexposition suppose une appréciation fondée sur lexpérience que lon a du type dexposition considéré. Ainsi, les données de monitorage de lair recueillies en service normal ne seront daucune utilité si une fuite soudaine se produit pour la première fois dans une canalisation. Il faut anticiper le risque de dégagements accidentels de ce genre avant de se prononcer sur la nécessité de mettre en place un programme de protection respiratoire, et sélectionner ensuite le type dappareil adapté à la concentration probable du contaminant et à sa nature. Dans le cas dun procédé dans lequel le toluène est utilisé à la température ambiante, par exemple, un appareil simple assurant un débit dair continu suffit, puisque la concentration du toluène ne devrait pas dépasser le niveau de danger immédiat pour la vie et la santé qui est de 2 000 ppm. En cas de fuite se produisant dans une conduite de dioxyde de soufre, par contre, il faudra prévoir un dispositif plus efficace par exemple un appareil isolant à adduction dair avec une bouteille de secours car ce genre de fuite peut rapidement provoquer une concentration ambiante du contaminant dépassant le niveau de danger immédiat pour la vie et la santé (20 ppm). Le processus de sélection des appareils sera examiné plus en détail dans la section qui suit.
Lorsquil est impossible de déterminer à quels contaminants potentiellement dangereux on a affaire, il faut considérer latmosphère en question comme présentant un danger immédiat pour la vie ou la santé. Il faut, dans ce cas, avoir recours à un appareil autonome ou à un appareil à adduction dair avec bouteille de secours. De même, si lon ne dispose daucune valeur limite dexposition, ni daucune directive, et sil est impossible destimer la toxicité, il faut considérer latmosphère comme présentant un risque immédiat dangereux pour la vie ou la santé et choisir un appareil autonome (voir, plus loin, les commentaires relatifs aux atmosphères de cette catégorie).
Quelques pays ont des normes très précises réglementant lutilisation des appareils de protection respiratoire dans certaines situations et pour certains produits chimiques. Lorsquune norme contraignante spécifique existe pour un contaminant donné, elle doit évidemment être appliquée.
Dans le cas des atmosphères hypoxiques, le choix du type dappareil dépend de la pression partielle et de la concentration doxygène, ainsi que de la concentration dautres contaminants éventuels.
Le taux de risque est défini par le quotient de la concentration mesurée ou estimée du contaminant considéré et de sa valeur limite dexposition (officielle ou recommandée). On choisit alors un appareil respiratoire adapté au contaminant en question et dont le facteur de protection assigné (FPA) est supérieur au taux de risque calculé (ce facteur caractérisant le degré defficacité estimé dun appareil respiratoire). Dans de nombreux pays, le FPA des demi-masques est égal à 10, ce qui signifie que la concentration du contaminant sera 10 fois plus faible à lintérieur de lappareil.
Aux Etats-Unis, les valeurs FPA sont données dans les règlements en vigueur, ainsi que dans la norme nationale, American National Standard for Respiratory Protection (ANSI Z88.2-1992) (ANSI, 1992). Les FPA de cette norme figurent au tableau 31.13.
Types d’appareils |
Types de couvre-face |
|||
Demi-masque1 |
Masque complet |
Casque/cagoule |
Couvre-face non ajusté |
|
Appareils filtrants |
10 |
100 |
|
|
A adduction d’air |
||||
Isolant autonome à air comprimé (à la demande)2 |
10 |
100 |
|
|
A adduction d’air comprimé (à la demande) |
10 |
100 |
|
|
A ventilation assistée |
50 |
1 0003 |
1 0003 |
25 |
A adduction d’air comprimé |
||||
A pression positive à la demande |
50 |
1 000 |
|
|
A débit continu |
50 |
1 000 |
1 000 |
25 |
Autonomes |
||||
A pression positive (circuit ouvert/fermé à la demande) |
|
4 |
|
|
1 Y compris les quarts de masques, les demi-masques jetables et les demi-masques en élastomère. 2 Ne pas utiliser les appareils autonomes à la demande en cas d’urgence, par exemple lors d’incendies. 3 Les facteurs de protection indiqués ci-dessus concernent les filtres à haut rendement et les adsorbants (cartouches). Pour les filtres à poussières, étant donné leurs limitations, il est recommandé d’utiliser un facteur de protection assigné de 100. 4 Bien que les appareils à pression positive soient considérés à l’heure actuelle comme étant les plus performants, il semble, d’après quelques simulations effectuées sur le terrain, que tous les utilisateurs n’atteignent pas un facteur de protection de 10 000. On en conclut qu’il n’est pas possible d’attribuer un facteur de protection aux appareils autonomes à pression positive. Afin de faciliter la planification des mesures d’urgence, lorsque les concentrations dangereuses peuvent être estimées, il ne faut pas utiliser un facteur de protection assigné supérieur à 10 000.
Note: les facteurs de protection assignés ne concernent pas les appareils de secours. Pour les appareils mixtes, par exemple les appareils à adduction d’air comprimé équipés d’un filtre, le mode opératoire déterminera le facteur de protection assigné qu’il convient de choisir.
Source: ANSI, 1992.
Sil sagit, par exemple, dune exposition au styrène (limite dexposition 50 ppm), lorsque tous les résultats des mesures sur place sont inférieurs à 150 ppm, le taux de risque est égal à 3. Un appareil respiratoire à demi-masque ayant un FPA de 10 offrira donc une marge de sécurité suffisante.
Lorsque les prélèvements sont effectués dans les «pires» conditions, ou lorsquon ne dispose que dun nombre limité de données, il faut faire appel au bon sens pour décider si les informations dont on dispose sont suffisantes pour permettre une évaluation relativement fiable des niveaux dexposition. Si lon a, par exemple, prélevé deux échantillons pour une tâche de courte durée représentant le «pire des cas», et si les résultats des deux échantillons sont inférieurs au double de la limite dexposition (taux de risque égal à 2), il semble quun appareil de protection respiratoire avec demi-masque ayant un FPA de 10 soit un bon choix et quun appareil isolant à adduction dair avec masque complet à débit continu (ayant un FPA de 1 000) assure une protection suffisante. Il faut aussi que la concentration du contaminant soit inférieure à la concentration maximale prévue pour la cartouche (cette information est fournie par le fabricant).
Lorsque le contaminant est un aérosol, il faut utiliser un filtre que lon choisira en fonction de son efficacité pour le type de particules considéré. La documentation fournie par le fabricant guide dans ce choix. Ainsi, si le contaminant est une peinture, une laque, un vernis ou un émail, on peut utiliser un filtre prévu spécialement pour les brouillards de peinture. Dautres filtres sont conçus pour les fumées ou pour les particules dune taille supérieure à la moyenne.
Sil sagit dun gaz ou de vapeurs, la défaillance de la cartouche doit pouvoir être décelée à temps. On considère que la cartouche cesse dêtre efficace lorsquon constate une odeur, un goût ou une irritation. Il faut donc que le taux de concentration auquel ces signes apparaissent soit inférieur à la limite dexposition. Si le contaminant est un gaz ou une vapeur dont la présence est difficilement décelable, il est en général conseillé de choisir des appareils isolants à adduction dair.
Il arrive cependant que les appareils de ce type ne puissent pas être utilisés, faute dune alimentation en air comprimé ou parce que les travailleurs doivent pouvoir se déplacer. On peut, dans ce cas, se servir de dispositifs à filtre équipés dun indicateur signalant la fin de la durée de vie utile de lappareil, de façon que lutilisateur soit prévenu suffisamment à lavance. On peut aussi programmer le remplacement des cartouches; la périodicité, dans ce cas, sera fonction des caractéristiques des cartouches, de la concentration estimée du contaminant, du mode dutilisation et de la durée dexposition.
Ainsi quon la dit, on considérera quune situation présente un danger immédiat pour la vie ou la santé si la concentration du contaminant nest pas connue. Il est également raisonnable de penser que les espaces confinés où la proportion doxygène est inférieure à 20,9% présentent un danger immédiat pour la vie et la santé. Les risques associés aux espaces de ce type sont particuliers, et lon enregistre de nombreux accidents graves et même mortels dus au manque doxygène. Toute chute de la proportion doxygène est un signe, à tout le moins, que lespace confiné est insuffisamment ventilé.
Les appareils de protection respiratoire destinés à être utilisés à pression atmosphérique normale dans des conditions présentant un danger immédiat pour la vie ou la santé sont soit du type isolant autonome à air comprimé à pression positive, soit du type à adduction dair avec bouteille de secours. Lemploi dun appareil respiratoire dans de telles conditions exige la présence dau moins une personne prête à intervenir et postée dans un endroit sûr. Cette personne devrait disposer dun équipement adéquat pour pouvoir, le cas échéant, porter secours à lutilisateur. Ces deux personnes devraient pouvoir communiquer. Tout travailleur utilisant un appareil dans les conditions que lon vient de mentionner devrait être équipé dun harnais relié à un filin qui permette de lévacuer de la zone dangereuse en cas de nécessité.
A proprement parler, le manque doxygène est une simple question de pression partielle dans une atmosphère donnée. Il peut être dû soit à une réduction du taux de ce gaz dans latmosphère, soit à une diminution de la pression, soit aux deux à la fois. A haute altitude, la diminution de la pression atmosphérique totale peut se traduire par une très faible pression doxygène.
Pour survivre, lêtre humain a besoin dune pression partielle doxygène denviron 95 mm de mercure (torr). La pression exacte varie suivant les personnes en fonction de leur état de santé et de leur faculté dadaptation à une pression doxygène réduite. La pression de 95 mm de mercure équivaut à 12,5% doxygène au niveau de la mer et à 21% doxygène à une altitude de 4 270 m. Une telle atmosphère peut être dangereuse pour les personnes dont la tolérance à lhypoxie est faible ou pour celles non acclimatées qui doivent effectuer un travail exigeant une concentration intense ou un gros effort physique.
Pour pallier ces difficultés, on devrait prévoir des appareils isolants à adduction dair lorsque les pressions partielles doxygène sont élevées, par exemple 120 mm de mercure ou une proportion de 16% doxygène au niveau de la mer. Un médecin devrait être consulté pour toutes les décisions impliquant un travail en atmosphère pauvre en oxygène. Il peut arriver que certaines directives officielles concernant les taux doxygène ou les pressions partielles pour lesquels des appareils de protection respiratoire à adduction dair sont obligatoires diffèrent des recommandations générales formulées ci-dessus.
Un contrôle périodique de létanchéité des appareils à pression négative devrait être effectué pour chaque utilisateur. La morphologie des visages diffère dune personne à lautre et un appareil donné pourra ne pas convenir à chacune delles. De lair contaminé pourrait sinfiltrer dans lappareil respiratoire en raison dune mauvaise étanchéité, diminuant ainsi le degré de protection. Il faut effectuer les tests détanchéité périodiquement et chaque fois que certains événements risquent de modifier létanchéité du couvre-face (par exemple, une grosse cicatrice sous le joint détanchéité, des soins dentaires, une chirurgie plastique ou esthétique). Lors du test, le sujet portera léquipement de protection (lunettes, protecteur oculaire, écran facial, casque de soudage, etc.) dont il se sert pour travailler et qui risque de diminuer létanchéité de lappareil de protection respiratoire. Il importe de configurer celui-ci dune manière qui corresponde aux conditions dutilisation réelles, cest-à-dire avec une cartouche en place.
Il faut procéder à des tests détanchéité pour déterminer quel modèle et quelle taille de couvre-face conviendront au visage de chacun. Avant de procéder au test, il faut expliquer à lutilisateur comment employer lappareil et comment le mettre en place correctement, lobjet du test et la méthode appliquée. Il doit comprendre quon lui demande de choisir lappareil le plus confortable. Chaque appareil de protection respiratoire a une taille et une forme particulières et napportera une protection efficace que sil est bien adapté et utilisé correctement.
Il nexiste pas dappareil pouvant sadapter à toutes les formes de visages. Pour faire un choix judicieux et pouvoir faire correspondre les appareils à des morphologies faciales différentes, il faut disposer dun nombre minimum de tailles et de modèles.
Il faut indiquer à la personne testée comment porter chaque couvre-face et comment éliminer demblée ceux qui ne conviennent pas. On commence habituellement par un demi-masque et, en cas déchec, on passe au masque complet (certaines personnes narrivent pas à porter un demi-masque).
Avant de commencer le test, le sujet devrait vérifier létanchéité à pression négative ou positive, conformément aux instructions du fabricant. Il peut alors procéder aux tests détanchéité en appliquant lune des méthodes décrites ci-après. Il existe dautres tests détanchéité, par exemple les méthodes quantitatives qui mesurent les fuites à laide dinstruments. Certains tests détanchéité qualitatifs ne nécessitent pas un matériel onéreux: il sagit 1) du protocole à base dacétate disoamyle (AIA); 2) du protocole utilisant une solution de saccharine en aérosol (voir figure 31.20 et 31.21).
Détermination du seuil olfactif
Test d'étanchéité
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Détermination du seuil gustatif
Test d'étanchéité
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Exercices. Durant les tests détanchéité, lutilisateur devrait faire plusieurs exercices pour sassurer que lappareil ne le gêne pas lorsquil effectue certains gestes élémentaires ou indispensables. Les six exercices recommandés sont les suivants: ne pas bouger, respirer normalement, respirer profondément, bouger la tête de gauche à droite, de haut en bas, et parler.