Les méthodes dhygiène du travail se bornent à mesurer les produits chimiques qui contaminent lair ambiant aux postes de travail et à maîtriser les risques quils présentent; les autres aspects de la toxicité des substances présentes dans lenvironnement (absorption cutanée, ingestion et expositions extraprofessionnelles) échappent à leur contrôle. La surveillance biologique contribue à combler cette lacune.
En 1980, la surveillance biologique a fait lobjet dun séminaire organisé à Luxembourg, sous le parrainage conjoint de la Communauté économique européenne (CEE) et de deux organismes américains: lInstitut national de la sécurité et de la santé au travail (National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH)) et lAdministration de la sécurité et de la santé au travail (Occupational Safety and Health Administration (OSHA), (Berlin, Yodaiken et Henman, 1984). A cette occasion, la surveillance biologique a été définie comme étant la mesure et lévaluation des agents chimiques ou de leurs métabolites dans les tissus, les sécrétions, les excrétions ou lair expiré ou toute combinaison de ces méthodes, afin destimer lexposition des personnes et les risques pour leur santé par rapport à une référence appropriée. La surveillance est un acte répétitif, régulier et préventif qui doit conduire à des mesures de correction si nécessaire; elle ne saurait être confondue avec une démarche diagnostique.
La surveillance biologique constitue lune des trois grandes démarches suivies pour prévenir les maladies liées à la présence dagents toxiques dans lenvironnement général ou professionnel, les deux autres étant les contrôles dambiance et la surveillance de la santé des travailleurs.
La séquence de développement dune pathologie peut être schématisée de la manière suivante: source exposition à un agent chimique dose interne effet biochimique ou cellulaire (réversible) répercussions sur la santé pathologie. La figure 27.1 montre les relations existant entre surveillance de lenvironnement, surveillance biologique, surveillance de lexposition et surveillance de la santé des travailleurs.
Lorsquune substance toxique, un produit chimique industriel par exemple, est présente dans lenvironnement, elle contamine lair, leau, la nourriture ou les surfaces en contact avec la peau; la quantité de produits toxiques dans ces milieux est évaluée par les contrôles dambiance.
Une fois le produit toxique absorbé, distribué, métabolisé et excrété, une certaine dose interne (quantité absolue de polluant absorbée ou ayant pénétré dans lorganisme pendant un intervalle de temps donné) est effectivement présente dans lorganisme et peut être décelée dans les liquides biologiques. Les effets biochimiques ou cellulaires sont dus à linteraction du produit toxique avec un récepteur au niveau dun organe cible (organe qui, dans des conditions dexposition spécifiques, présente la réaction indésirable initiale ou la plus importante). La surveillance biologique permet dévaluer la dose interne et de mettre en évidence ses effets au niveau biochimique et cellulaire.
La surveillance de la santé des travailleurs a été définie lors du même séminaire CEE/NIOSH/OSHA en 1980 comme étant le suivi médico-physiologique régulier des travailleurs exposés, dans le but de protéger leur santé et de prévenir lapparition dune maladie.
La surveillance biologique et celle de la santé des travailleurs font partie dun continuum qui va du dosage des agents chimiques ou de leurs métabolites dans lorganisme à la détection des signes précoces datteinte réversible dun organe cible, grâce à lévaluation des effets biochimiques et cellulaires. La détection dune maladie installée reste en dehors du champ de ces évaluations.
La surveillance biologique peut être subdivisée en deux parties: a) la surveillance de lexposition; b) la surveillance de leffet induit, ces deux démarches reposant respectivement sur des indicateurs de dose interne et des indicateurs deffet.
Lobjectif de la surveillance biologique de lexposition consiste à quantifier la dose interne dun produit chimique donné, afin destimer la charge corporelle biologiquement active et dévaluer ainsi le risque pour la santé. Il sagit de sassurer que lexposition professionnelle natteint pas un niveau susceptible davoir des effets nocifs. Un effet est dit «nocif» sil entraîne une altération des capacités fonctionnelles, une moindre aptitude à compenser une situation de stress ou à maintenir lhoméostasie (état déquilibre stable de lorganisme), ou encore une plus grande sensibilité à dautres facteurs présents dans lenvironnement.
Selon le produit chimique et le paramètre biologique étudié, le terme de dose interne peut avoir plusieurs acceptions (Bernard et Lauwerys, 1987). Il peut sagir tout dabord de la quantité de produit chimique récemment absorbée, par exemple, pendant un poste de travail. Cette quantité est mesurée par dosage de la concentration du polluant dans lair alvéolaire ou dans le sang au cours de cette période ou encore le lendemain (les échantillons de sang ou dair alvéolaire pouvant être prélevés jusquà 16 heures après lexposition). Sagissant dun produit chimique ayant une demi-vie biologique longue (par exemple, les métaux dans le sang), la dose interne peut refléter la quantité absorbée sur une période de plusieurs mois.
Dans une autre acception, la dose interne peut aussi représenter la quantité de produit chimique accumulée dans lorganisme. Dans ce dernier cas, elle constitue un indicateur daccumulation du produit, servant à estimer limportance de la fixation dans les organes ou les tissus à partir desquels ce produit sera lentement éliminé. Il en est ainsi, par exemple, des dosages sanguins du DDT ou du PCB.
Enfin, la dose interne peut indiquer la quantité de produit chimique présente au site daction, et donc renseigner sur la dose biologiquement active. Lune des utilisations prometteuses de cette dernière approche est la détermination des adduits formés par les produits chimiques toxiques avec la protéine de lhémoglobine ou avec lADN.
La surveillance biologique de leffet induit a pour objectif de mettre en évidence les altérations précoces et réversibles au niveau dun organe cible et didentifier, à cette occasion, les individus présentant des signes deffets pathologiques. Dans cette optique, la surveillance biologique de leffet induit représente donc un outil essentiel pour la surveillance de la santé des travailleurs.
La surveillance biologique de lexposition à des produits chimiques fait appel à des indicateurs de dose interne qui mesurent les paramètres suivants:
Les facteurs influant sur la concentration dun produit chimique et de ses métabolites dans le sang ou lurine sont traités plus loin dans le présent chapitre.
Sagissant de la concentration dans lair alvéolaire, plusieurs paramètres sont à prendre en considération outre le niveau dexposition dans lair ambiant: la solubilité et le métabolisme des substances inhalées, la ventilation pulmonaire, le débit cardiaque et la durée dexposition (Brugnone et coll., 1980).
Lutilisation des adduits à lADN et à lhémoglobine pour surveiller lexposition humaine aux substances ayant un potentiel cancérogène constitue une technique promise à un bel avenir pour les expositions à de faibles concentrations de produits. Il est bon de rappeler que les substances qui se lient aux macromolécules dans lorganisme humain ne sont pas toutes génotoxiques, ni donc potentiellement cancérogènes. La formation dadduits représente seulement une étape dans le processus complexe de la cancérogenèse. Dautres processus cellulaires, comme la promotion et la progression de la réparation de lADN, contribuent sans aucun doute à moduler le risque de développement dune pathologie telle que le cancer. A lheure actuelle, la technique de détermination des adduits devrait être réservée exclusivement à la surveillance de lexposition aux produits chimiques. Cette question est traitée de façon plus détaillée dans larticle intitulé «Les produits chimiques génotoxiques», du présent chapitre.
La surveillance biologique de leffet induit est assurée grâce à létablissement dindicateurs deffet capables didentifier les modifications précoces et encore réversibles. Cette approche permet destimer indirectement la quantité de produit chimique liée aux sites daction et dévaluer précocement les altérations fonctionnelles de lorgane cible.
Malheureusement, seuls quelques exemples illustrent actuellement cette approche, notamment: 1) linhibition de la pseudocholinestérase par les insecticides organophosphorés; 2) linhibition de lacide delta-aminolévulinique déshydratase (ALAD) par le plomb inorganique; 3) laugmentation de lexcrétion urinaire de lacide D-glucarique et des porphyrines chez les sujets exposés soit à des produits induisant les enzymes microsomales, soit à des agents porphyrinogènes (par exemple, hydrocarbures chlorés).
Pour les substances dont la toxicité sexerce après pénétration dans lorganisme humain, la surveillance biologique permet dévaluer plus précisément et plus spécifiquement les risques pour la santé que ne le font les contrôles dambiance. Un paramètre biologique reflétant la dose interne apporte en effet davantage dinformations sur les effets systémiques nocifs quun contrôle de lair ambiant.
Par rapport à la surveillance de lair, la surveillance biologique offre de nombreux avantages puisquelle permet en particulier dévaluer:
Malgré ces avantages, la surveillance biologique souffre encore aujourdhui de limites importantes:
La programmation dune surveillance biologique ne peut être envisagée que si les conditions élémentaires suivantes sont réunies:
Dans ce contexte, la validité dun test est laptitude du para- mètre considéré à prédire la situation effective (telle quon lattendrait dun instrument de mesure très précis). La validité est déterminée par la résultante de deux caractéristiques: sensibilité et spécificité. Les tests dotés dune grande sensibilité donnent peu de faux négatifs, ceux qui sont très spécifiques donnant peu de faux positifs (CCE, 1983; 1984; 1986; 1987; 1988a; 1988b; 1989).
Létude de la concentration dune substance en milieu de travail et le mesurage simultané des indicateurs de dose et des indicateurs deffet chez les sujets exposés permettent de connaître les relations entre exposition professionnelle, concentrations de la substance dans les milieux biologiques et répercussions précoces de lexposition.
La connaissance du rapport qui existe entre la dose dune substance et leffet induit est indispensable à la mise en uvre dun programme de surveillance biologique. Cette relation dose-effet est évaluée par lanalyse de la corrélation entre lindicateur de dose et lindicateur deffet, ainsi que par létude des variations quantitatives quaccuse lindicateur deffet pour chaque variation de lindicateur de dose (voir les commentaires détaillés sur la relation dose-effet dans le chapitre no 33 «La toxicologie»).
Létude de la relation dose-effet permet de définir la concentration de substance toxique pour laquelle lindicateur deffet dépasse les valeurs considérées actuellement comme étant sans danger. Elle pourrait aussi permettre de déterminer la concentration sans effet.
Etant donné que tous les individus dun groupe ne réagissent pas de la même manière, il est nécessaire de tenir compte de cette relation dose-réponse, autrement dit détudier la réponse du groupe à une exposition en examinant leffet observé en fonction de la dose interne. Le terme de réponse renvoie au pourcentage de sujets du groupe qui présentent, pour chaque dose, une variation quantitative spécifique dun indicateur deffet.
Avant dappliquer un programme de surveillance biologique, il est indispensable de connaître: 1) le comportement des indicateurs utilisés en fonction de lexposition, en particulier de ceux qui caractérisent le degré, la constance et la durée de lexposition; 2) lintervalle de temps entre la fin de lexposition et le mesurage des indicateurs; 3) tous les facteurs physiologiques et pathologiques étrangers à lexposition et susceptibles de modifier les valeurs des indicateurs.
Les articles qui suivent illustrent le comportement dun certain nombre dindicateurs biologiques de dose ou deffet, utilisés dans le cadre de la surveillance de lexposition professionnelle à des substances industrielles dusage courant. Pour chaque substance, on évaluera lutilité pratique de cette approche et ses limites et, plus particulièrement, le moment des prélèvements déchantillons et les facteurs dinterférence. Ces considérations sont indispensables pour établir les critères de sélection dun test biologique.
Le choix du moment où lon effectue le prélèvement dépend des caractéristiques cinétiques du produit; il est essentiel de connaître notamment le mode dabsorption de la substance (voie pulmonaire, gastro-intestinale ou cutanée), sa distribution dans les différents compartiments de lorganisme, sa biotransformation et son élimination. Il est également important de savoir si la substance peut saccumuler ou non dans le corps.
En cas dexposition à des substances organiques, le moment du recueil des échantillons biologiques est dautant plus important que les processus métaboliques en cause se déroulent à des vitesses différentes, doù une excrétion plus ou moins rapide de la dose absorbée.
Pour utiliser correctement les indicateurs biologiques, il est indispensable de bien connaître les facteurs qui, bien quindépendants de lexposition, peuvent avoir une influence sur les valeurs de ces indicateurs (Alessio, Berlin et Foà, 1987).
Ainsi, des paramètres physiologiques tels que le régime alimentaire, le sexe et lâge peuvent modifier les résultats obtenus. La consommation de poisson ou de crustacés peut faire augmenter les taux urinaires darsenic ou les taux sanguins de mercure. Pour une même valeur de plombémie, les taux de protoporphyrine érythrocytaire sont significativement plus élevés chez les femmes que chez les hommes. Enfin, la concentration urinaire de cadmium augmente avec lâge.
Sagissant du mode de vie, le tabagisme et la consommation dalcool sont des facteurs dinterférence particulièrement importants. Le tabagisme peut en effet entraîner labsorption directe des substances naturellement présentes dans les feuilles de tabac (par exemple, cadmium), des polluants du milieu de travail déposés sur les cigarettes (par exemple, plomb), ou encore des produits de combustion (par exemple, monoxyde de carbone).
La consommation dalcool peut, elle aussi, influer sur les indicateurs biologiques. Ainsi, le plomb est naturellement présent dans les boissons alcoolisées, et les grands buveurs présentent une plombémie accrue. Lingestion dalcool peut aussi interférer avec la biotransformation et lélimination des toxiques industriels. Une dose unique dalcool peut inhiber le métabolisme de nombreux solvants dont le trichloroéthylène, le xylène, le styrène et le toluène, par suite de la concurrence métabolique que lalcool éthy-lique et ces solvants peuvent se livrer pour des enzymes de dégradation indispensables. Lingestion régulière dalcool peut, quant à elle, influencer le métabolisme des solvants dune tout autre manière, cest-à-dire en accélérant leur biotransformation, selon toute vraisemblance par induction du système doxydation microsomal. Lalcool étant la substance la plus susceptible dinduire une interférence métabolique, il est recommandé de déterminer les indicateurs dexposition aux solvants en dehors de toute consommation alcoolique.
On connaît moins bien les effets possibles des médicaments sur les valeurs des indicateurs biologiques. Il a été montré que laspirine peut interférer avec la biotransformation du xylène en acide méthylhippurique; le phénylsalicylate, médicament très employé comme analgésique, peut causer une augmentation importante des taux de phénol urinaires. Quant aux préparations antiacides à base daluminium, elles peuvent entraîner une élévation des taux plasmatiques et urinaires daluminium.
Le métabolisme des solvants usuels tels que le toluène, le xylène, le trichloroéthylène, le tétrachloroéthylène et le méthylchloroforme varie sensiblement dun groupe ethnique à lautre.
Certains états pathologiques peuvent aussi avoir une incidence sur les valeurs des indicateurs biologiques. Lorgane cible peut ainsi répondre anormalement aux tests de surveillance biologique, soit du fait de laction spécifique de lagent toxique en cause, soit pour dautres raisons. Lévolution des concentrations urinaires de cadmium est un bon exemple du premier type danomalie. En effet, une fois que les lésions tubulaires dues au cadmium sont constituées, lexcrétion urinaire de ce métal augmente notablement et ne reflète plus le degré dexposition. Un exemple du second type danomalie est laugmentation des taux de protoporphyrine érythrocytaire observée au cours des carences en fer, en labsence de toute absorption particulière de plomb.
Les variations physiologiques des prélèvements utilisés pour mesurer un indicateur biologique (urine, par exemple) peuvent avoir une incidence sur le résultat dun test. Pour des raisons pratiques, seuls des échantillons urinaires ponctuels peuvent être recueillis en milieu de travail, alors même que les variations de densité de lurine au cours de la journée entraînent une forte fluctuation des valeurs de lindicateur mesuré.
Pour éviter cet écueil, il est conseillé déliminer les échantillons urinaires trop dilués ou trop concentrés, en fixant des valeurs limites pour la densité urinaire ou la créatinine. Dans la pratique, on écarte les échantillons urinaires ayant une densité inférieure à 1 010 ou supérieure à 1 030, ou dont la teneur en créatinine est inférieure à 0,5 g/l ou supérieure à 3,0 g/l. Plusieurs auteurs préconisent aussi dajuster les valeurs des indicateurs à la densité urinaire ou encore dexprimer les résultats en les rapportant à la créatinine urinaire.
Les variations pathologiques des milieux biologiques peuvent aussi modifier considérablement la valeur dun indicateur biologique. Ainsi, chez un sujet anémique exposé à un métal (mercure, cadmium, plomb, etc.), la concentration sanguine de ce métal peut être inférieure à la valeur attendue compte tenu de lexposition, par suite de la diminution du nombre dhématies circulantes transportant le métal toxique.
Le dosage dans le sang total de substances toxiques ou de métabolites liés aux globules rouges devrait donc toujours être assorti de la détermination de lhématocrite pour connaître le pourcentage du volume globulaire par rapport au volume sanguin.
En cas dexposition simultanée à plusieurs substances toxiques sur un lieu de travail, des interférences métaboliques peuvent survenir et modifier le comportement des indicateurs biologiques, et donc donner lieu à de sérieux problèmes dinterprétation. Cest ainsi que des études effectuées chez lhumain ont montré des interférences lors dexpositions associant, des substances comme toluène et xylène, xylène et éthylbenzène, toluène et benzène, hexane et méthyléthylcétone ou encore tétrachloroéthylène et trichloroéthylène.
Lorsque la biotransformation dun solvant est inhibée, lexcrétion urinaire de son métabolite diminue (sous-estimation possible du risque), alors que la concentration du solvant augmente dans le sang ou dans lair expiré (surestimation possible du risque).
Ainsi, lorsque le dosage simultané des substances et de leurs métabolites est possible, il peut être utile, pour évaluer le degré dinhibition métabolique, de sassurer que lon ne se trouve pas en présence à la fois de concentrations urinaires de métabolites plus basses que prévues et de concentrations accrues de solvants dans le sang ou lair expiré.
Des interférences métaboliques ont été décrites alors que chacune des substances était présente à une concentration proche de la valeur limite couramment acceptée, voire parfois à une concentration inférieure. En général, on nobserve cependant pas dinterférences lorsque la concentration de chaque substance est faible.
En santé au travail, les indicateurs biologiques sont utilisés à plusieurs fins, et notamment: 1) la surveillance périodique individuelle des travailleurs; 2) lanalyse de lexposition de groupes de travailleurs; 3) les études épidémiologiques. Les tests employés devraient présenter des caractéristiques de précision, dexactitude, de sensibilité et de spécificité telles que la fréquence des erreurs de classification soit minime.
Une valeur de référence correspond à la valeur dun indicateur biologique dans la population générale non exposée professionnellement à la substance toxique étudiée. On se reportera à ces valeurs pour interpréter les résultats obtenus lors des programmes de surveillance biologique dans une population présumée exposée. Ces valeurs de référence ne devraient pas être confondues avec les valeurs limites, qui sont généralement des directives ou des limites légales établies pour les expositions professionnelles ou environnementales (Alessio et coll., 1992).
Lorsquon doit comparer les résultats danalyses dans un groupe, il est indispensable de connaître la distribution des valeurs dans le groupe de référence et dans le groupe étudié avant de procéder à lanalyse statistique. Il est essentiel de comparer le groupe exposé à un groupe de référence dont le sexe, lâge, le mode de vie et les habitudes alimentaires sont semblables.
Afin dobtenir des valeurs de référence fiables, il faut bien sassurer que les sujets du groupe de référence nont jamais été exposés aux substances toxiques soit dans le cadre de leur activité professionnelle, soit en raison dune pollution particulière.
Pour évaluer lexposition à une substance toxique, il faut aussi prendre soin de ne pas inclure des sujets qui, sans être directement exposés à cette substance, travaillent sur le même site. En effet, sils étaient exposés indirectement, les résultats du groupe exposé en seraient sous-estimés.
Une autre pratique à éviter, et qui est pourtant répandue, est le recours à des valeurs de référence publiées dans des travaux réalisés dans dautres pays et souvent dans des régions où les conditions de pollution de lenvironnement sont différentes.
Les contrôles périodiques sont obligatoires lorsque la concentration dune substance toxique sur un lieu de travail est proche de la valeur limite. Il est recommandé de mesurer si possible à la fois un indicateur dexposition et un indicateur deffet. Les résultats ainsi obtenus seront comparés aux valeurs de référence et aux valeurs limites recommandées pour la substance étudiée (ACGIH, 1995).
Lanalyse dun groupe de travailleurs simpose lorsque les résultats des indicateurs biologiques utilisés risquent dêtre fortement influencés par des facteurs indépendants de lexposition (régime alimentaire, concentration ou dilution de lurine, etc.) et lorsque la fourchette des valeurs «normales» est large.
Pour garantir lutilité des résultats, il faut que le groupe soit suffisamment important et homogène par rapport à un certain nombre de critères: exposition aux produits, sexe et, dans le cas de certains agents toxiques, ancienneté au poste de travail. Plus les niveaux dexposition sont constants, plus les résultats obtenus seront fiables. Une étude effectuée sur des travailleurs qui changent souvent de service ou dactivité naura pas une très grande valeur. Enfin, pour quune étude de ce type puisse être évaluée correctement, il ne suffit pas dexprimer les résultats sous forme de moyennes et de fourchettes: il convient aussi de prendre en compte la distribution de fréquence des valeurs de lindicateur biologique choisi.
Outre les applications susmentionnées, les résultats de la surveillance biologique de groupes de travailleurs peuvent aussi être utilisés dans des études épidémiologiques transversales ou prospectives.
Les études transversales peuvent servir à comparer les expositions dans les différents services dune usine ou dans des branches dactivité diverses, afin de dresser une cartographie des risques des processus de fabrication. Pour ce type dapplication, les contrôles de qualité interlaboratoires ne sont malheureusement pas encore suffisamment répandus et il nest donc pas certain que les résultats soient comparables dun laboratoire à lautre.
Les études prospectives permettent danalyser les variations des niveaux dexposition afin de vérifier, par exemple, lefficacité des améliorations apportées ou de corréler sur plusieurs années les indicateurs biologiques et létat de santé des sujets suivis. Les résultats de ce type détudes de longue durée sont très utiles pour résoudre les problèmes qui évoluent avec le temps. A lheure actuelle, la surveillance biologique sert ainsi surtout à vérifier que lexposition à un moment donné ne comporte pas de risque, mais ne présente quun intérêt relatif dans le cas dexpositions de longue durée. Un niveau dexposition actuellement jugé comme sans danger pourrait fort bien ne plus être considéré comme tel dans le futur.
Lapplication de la surveillance biologique à lévaluation dune toxicité potentielle pose des problèmes dordre éthique. Lun des objectifs de cette surveillance consiste en effet à rassembler suffisamment dinformations pour définir le seuil à partir duquel un effet donné doit être considéré comme nocif; si linformation est insuffisante, toute perturbation sera considérée comme indésirable. Les conséquences réglementaires et légales de ce type dinformations doivent être évaluées et discutées pour parvenir à un consensus social sur la meilleure utilisation possible des indicateurs biologiques. En dautres termes, il est indispensable que les travailleurs, les employeurs, les collectivités et les autorités compétentes pour légiférer soient formés à linterprétation des résultats de la surveillance biologique, celle-ci ne devant être ni trop alarmiste ni trop complaisante.
Les résultats des tests et leur interprétation devraient être communiqués aux personnes concernées selon les modalités prévues. Tous les participants devraient être clairement informés du caractère expérimental ou non des indicateurs utilisés.
Le Code international déthique pour les professionnels de la santé au travail, établi en 1992 par la Commission internationale de la santé au travail, spécifie que «les tests biologiques et les autres investigations doivent être choisis en fonction de leur adéquation à assurer la protection de la santé du travailleur concerné en tenant dûment compte de leur sensibilité, de leur spécificité et de leur valeur prédictive». Les tests «qui ne sont pas fidèles ou qui nont pas une valeur prédictive suffisante en relation avec les exigences du poste» ne devraient pas être utilisés (voir texte du Code dans le chapitre no 19, «Les questions déthique»).
La surveillance biologique ne peut être effectuée que sur un nombre limité de polluants en raison du manque de données de référence. Il en résulte que son application à lévaluation des expositions reste très limitée.
LOrganisation mondiale de la santé (OMS), pour sa part, propose des valeurs de référence à visée sanitaire uniquement pour le plomb, le mercure et le cadmium, valeurs quelle définit comme étant les taux sanguins et urinaires nentraînant aucun effet nocif décelable. La Conférence américaine des hygiénistes gouvernementaux du travail (American Conference of Gouvernmental Industrial Hygienists (ACGIH)), quant à elle, a établi des indices biologiques dexposition (BEI) qui permettent dévaluer le degré dexposition globale aux produits chimiques industriels. Or, lACGIH na défini de tels indices que pour 26 composés (ACGIH, 1995).
Les décisions concernant la santé, le bien-être et laptitude au travail, de même que la position de lemployeur sur les questions de sécurité et de santé, doivent être fondées sur des données de qualité. La surveillance biologique doit répondre à cette exigence. Il est de la responsabilité de tout laboratoire analysant des échantillons biologiques prélevés sur des populations de salariés de sassurer de la fiabilité, de lexactitude et de la précision des résultats. Cette responsabilité va de la mise à disposition de techniques et dinstructions aux fins du prélèvement déchantillons à la communication correcte des résultats au professionnel de santé responsable du suivi de chaque personne. Tous ces aspects font partie du concept dassurance qualité.
Le rôle essentiel dun programme dassurance qualité est le contrôle et le maintien de lexactitude et de la précision analytiques. Les laboratoires de surveillance biologique ont souvent été mis en place dans un environnement clinique et ont tout naturellement adopté les principes et les techniques dassurance qualité qui ont cours en biologie clinique. Les dosages sanguins ou urinaires des substances toxiques et la mesure des indicateurs ne sont en effet pas fondamentalement différents des méthodes qui sont employées en biologie clinique ou dans les laboratoires de pharmacologie clinique des grands hôpitaux.
Un programme dassurance qualité débute pour lanalyste par le choix et la mise en uvre dune méthode adaptée. Dans un deuxième temps, on met en place une procédure de contrôle interne de la qualité dont le rôle est dassurer la précision. Le laboratoire doit ensuite vérifier lexactitude de lanalyse, ce qui peut seffectuer grâce à une évaluation externe de la qualité (voir ci-après). Il faut souligner cependant que lassurance qualité va bien au-delà de ces seuls aspects du contrôle de la qualité analytique.
De nombreux textes traitent des méthodes analytiques applicables à la surveillance biologique. Ils constituent un guide certes utile, mais ne dispensent pas lanalyste de tous les efforts nécessaires pour parvenir à des résultats de bonne qualité. Lélaboration dun protocole constitue lélément central de tout programme dassurance qualité. Ce protocole doit décrire en détail les parties de la méthode qui ont le plus dimpact sur la fiabilité, lexactitude et la précision. Laccréditation par les Etats des laboratoires de biologie clinique, de toxicologie ou de médecine légale dépend, au demeurant, de la qualité des protocoles élaborés par ces laboratoires. Le développement dun protocole est un processus géné- ralement très long. Aussi, lorsquun laboratoire désire mettre au point une nouvelle méthodologie, il est souvent plus rentable pour lui dadopter un protocole ayant fait ses preuves dans un autre laboratoire et déjà validé, par exemple, dans le cadre dun programme international dassurance qualité. Dans la pratique, si un laboratoire veut employer une technique analytique spécifique telle que la chromatographie en phase gazeuse plutôt que la chromatographie liquide à haute performance, il a des chances de trouver un laboratoire connu pour la qualité de ses résultats et utilisant déjà cette méthode analytique. Les coordonnées des laboratoires de référence peuvent être trouvées dans les publications spécialisées ou auprès des organisateurs de programmes nationaux dassurance qualité.
La qualité des résultats analytiques obtenus dépend de la précision de la méthode mise en uvre, celle-ci étant à son tour fonction du respect scrupuleux du protocole établi. Le meilleur mode dévaluation de la précision passe par lintroduction «déchantillons de contrôle qualité», à intervalles réguliers au cours dun cycle analytique. Ainsi, pour le contrôle du dosage de la plombémie, on prévoit des échantillons de contrôle qualité tous les six à huit échantillons testés. Avec des méthodes analytiques plus stables, on peut introduire un nombre moins important déchantillons de contrôle dans chaque série danalyses. Les échantillons de contrôle qualité pour le dosage de la plombémie sont préparés à partir de 500 ml de sang (humain ou bovin) additionné de plomb inorganique; des parties aliquotes sont conservées à basse température (Bullock, Smith et Whitehead, 1986). Avant dutiliser un nouveau lot déchantillons de contrôle qualité, 20 aliquotes sont analysées lors de séries analytiques distinctes afin de déterminer la moyenne et lécart-type du lot (Whitehead, 1977), ces deux chiffres servant à tracer le diagramme de contrôle de Shewhart (voir figure 27.2). Les résultats de lanalyse des échantillons de contrôle qualité inclus dans des séries successives sont portés sur ce diagramme. Lanalyste applique ensuite les règles dacceptation ou de rejet de la série analytique selon que les résultats se situent dans les limites de deux ou trois écarts-types par rapport à la moyenne. Westgard et coll. (1981) ont établi des règles, validées par modélisation sur ordinateur, qui sont applicables aux échantillons de contrôle. De nombreux ouvrages de biologie clinique décrivent cette démarche de contrôle qualité. Whitehead (1977) présente une introduction simplifiée à lassurance qualité. Il faut souligner que la validité des techniques de contrôle qualité repose sur la préparation et lanalyse des échantillons de contrôle, indépendamment des échantillons utilisés pour létalonnage.
Cette approche présente lavantage dêtre adaptée à de nombreux dosages pratiqués pour la surveillance biologique. Des lots déchantillons de sang ou durine peuvent être préparés par addition de la substance toxique ou du métabolite à doser. De même, le sang total, le sérum, le plasma ou lurine peuvent être fractionnés en parties aliquotes et conservés au congélateur ou lyophilisés en vue du dosage des enzymes ou des protéines. Lanalyste doit bien évidemment prendre soin déviter tout risque infectieux lors de la manipulation déchantillons de sang humain.
Le premier volet dun programme dassurance qualité est la parfaite adhésion à un protocole bien défini et le respect de règles dacceptabilité. Tout laboratoire peut être appelé à fournir des explications sur sa procédure de contrôle et dassurance qualité aux professionnels de la santé qui font appel à ses services. Il lui appartient donc deffectuer des recherches sur les résultats inhabituels ou inattendus.
Une fois que le laboratoire sest assuré de la précision de ses résultats, il lui reste à en confirmer lexactitude, cest-à-dire le rapport entre la quantité trouvée et celle effectivement présente dans léchantillon. Il sagit dune opération difficile pour le laboratoire, mais quil a la liberté deffectuer en participant à un programme de qualité externe. Ces programmes, désormais courants pour les laboratoires de biologie clinique, sont encore peu répandus en surveillance biologique, sauf dans le cas des contrôles de plombémie, pour laquelle il existe de telles initiatives depuis les années soixante-dix (Bullock, Smith et Whitehead, 1986). La comparaison des résultats analytiques et de ceux dautres laboratoires qui ont analysé des échantillons du même lot permet dévaluer les résultats et de se faire une idée du niveau dexactitude. Il existe plusieurs programmes nationaux et internationaux dévaluation de la qualité. La plupart dentre eux acceptent volontiers ladhésion de nouveaux laboratoires, car la validité de la moyenne des résultats augmente avec le nombre de participants (la moyenne peut alors être assimilée à la concentration réelle). Les programmes qui comptent de nombreux participants sont aussi mieux à même dévaluer les performances dun laboratoire en fonction des méthodes analytiques employées et de conseiller lemploi dautres méthodes pour remplacer celles qui sont moins performantes. Dans certains pays, la participation à ce type de programmes est un critère important pour laccréditation dun laboratoire. LOrganisation mondiale de la santé a publié des directives concernant lorganisation et la mise en uvre de ces programmes dévaluation externe de la qualité (OMS, 1982a).
En labsence de programmes de ce type, on peut évaluer lexactitude des résultats au moyen de produits de référence homologués qui existent pour un nombre limité de substances et que lon peut se procurer dans le commerce. Les échantillons distribués dans le cadre des programmes dévaluation externe présentent plusieurs avantages: 1) lanalyste ne connaît pas le résultat par avance; 2) les échantillons correspondent à une fourchette de concentrations; 3) le matériel nécessaire reste dun coût abordable puisquil nest pas nécessaire de recourir à des méthodes analytiques très complexes.
Tous les efforts déployés par un laboratoire pour atteindre lexac-titude et la précision voulues resteront vains si les échantillons nont pas été prélevés au bon moment, sils sont contaminés, sils ont été détériorés pendant le transport, ou sils ont été mal étiquetés. Il est également peu défendable de soumettre des personnes à des prélèvements invasifs sans prendre soin du matériel biologique prélevé. Le laboratoire nest pas toujours directement responsable des prélèvements; lassurance qualité dun programme de surveillance biologique nen doit pas moins prendre ces facteurs en compte. Le laboratoire devrait ainsi sassurer que les seringues et les flacons fournis pour les prélèvements ne sont pas contaminés et devrait donner des instructions claires sur la technique de prélèvement et sur la conservation et le transport des échantillons. Limportance du moment du prélèvement, pendant le poste ou la semaine de travail, et ses conséquences sur la toxicocinétique sont maintenant bien reconnues (ACGIH, 1995; HSE, 1992); les professionnels de la santé responsables des prélèvements devraient donc en être informés.
Des résultats dexcellente qualité analytique ne présenteront pas grand intérêt pour lindividu concerné ou le professionnel de la santé sils ne sont pas communiqués à celui-ci en temps utile et sous une forme interprétable. Tout laboratoire de surveillance biologique devrait donc instaurer des procédures qui permettent dalerter en temps utile le professionnel intéressé en cas de résultat anormal, inattendu ou surprenant, afin de lui donner la possibilité de prendre rapidement les mesures qui simposent. Linterprétation des résultats de laboratoire, notamment des variations de concentration entre plusieurs échantillons successifs, dépend souvent de la connaissance de la précision du dosage. Dans loptique dune qualité totale qui va du prélèvement à la présentation des résultats, les professionnels de la santé devraient être informés de la précision et de lexactitude des résultats, de même que de la fourchette de référence, des limites recommandées et des limites réglementaires, pour être mieux à même dinterpréter les résultats.
Les métaux et les composés organométalliques toxiques (alumi-nium, antimoine, arsenic minéral, béryllium, cadmium, chrome, cobalt, mercure métallique et ses sels, nickel, composés organo-mercuriels, plomb, plomb alkylé, sélénium et vanadium) sont connus depuis longtemps pour leurs risques potentiels sur la santé des sujets exposés. Des études épidémiologiques portant sur la relation entre la dose interne et leffet induit, ou la réponse observée chez des personnes exposées professionnellement à certains de ces toxiques, ont abouti à la proposition de valeurs limites biologiques à visée sanitaire (voir tableau 27.1).
Métaux |
Echantillons |
Valeurs de référence1 * |
Limites de l’ACGIH (BEI)2 |
Limites de la DFG (BAT)3 |
Limites de L. & H. (TMPC)4 |
Aluminium |
Sérum/plasma |
<1 µg/100 ml |
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Antimoine |
Urine |
<1 µg/g |
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35 µg/g (fin de poste) |
Arsenic |
Urine (arsenic inorganique + métabolites méthylés) |
<10 µg/g |
50 µg/g (fin de semaine de travail) |
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50 µg/g (si moyenne pondérée en fonction du temps = 0,05 mg/m3) et 30 µg/g (si moyenne pondérée en fonction du temps = 0,01 mg/m3) (fin de poste) |
Béryllium |
Urine |
<2 µg/g |
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Cadmium |
Sang |
<0,5 µg/100 ml |
0,5 µg/100 ml |
1,5 µg/100 ml |
0,5 µg/100 ml |
Chrome |
Sérum/plasma |
<0,05 µg/100 ml |
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Cobalt |
Sérum/plasma |
<0,05 µg/100 ml |
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Manganèse |
Sang |
<1 µg/100 ml |
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Mercure inorganique |
Sang |
<1 µg/100 ml |
1,5 µg/100 ml (fin de poste, fin de semaine de travail) |
5 µg/100 ml |
2 µg/100 ml (fin |
Nickel |
Sérum/plasma |
<0,05 µg/100 ml |
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Plomb |
Sang (plomb) |
<25 µg/100 ml |
30 µg/100 ml |
femmes <45 ans: 30 µg/100 ml |
40 µg/100 ml |
Sélénium |
Sérum/plasma |
<15 µg/100 ml |
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Vanadium |
Sérum/plasma |
<0,2 µg/100 ml |
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* Concentrations urinaires par gramme de créatine. ** EKA = équivalents d'exposition pour les produits cancérogènes.
1 Lauwerys et Hoet, 1993 (avec quelques modifications). 2 BEI = indices biologiques d'exposition recommandés par l'ACGIH (1997). 3 BAT = limites de tolérance biologique recommandées par la DFG (1996). 4 TMPC = concentrations maximales admissibles proposées par Lauwerys et Hoet (1993).
La précision et lexactitude des dosages de métaux dans les milieux biologiques sont rendues difficiles en raison des très faibles concentrations présentes dans ces milieux. Lorsque la surveillance biologique seffectue par prélèvements urinaires, comme cest souvent le cas, il sagit généralement déchantillons ponctuels pour lesquels on devra effectuer une correction tenant compte de la dilution de lurine. La méthode normalisée la plus fréquemment utilisée consiste à exprimer les résultats par gramme de créatinine. Les analyses effectuées sur des échantillons durine trop diluée ou trop concentrée ne sont pas fiables et devraient être répétées.
Dans lindustrie, les travailleurs peuvent être exposés aux composés daluminium minéral par voie inhalatoire et aux poussières contenant de laluminium par ingestion. Laluminium est peu absorbé par voie orale, mais son absorption est augmentée par ladministration simultanée de citrates. Le taux dabsorption de laluminium déposé dans les poumons nest pas connu, la biodisponibilité dépendant selon toute vraisemblance des caractéristiques physico-chimiques des particules. Lurine est la principale voie dexcrétion de laluminium absorbé. Les concentrations sériques et urinaires daluminium dépendent à la fois de lintensité de lexposition récente et de la charge corporelle en aluminium. Chez les personnes non exposées professionnellement, la concentration sérique daluminium est habituellement inférieure à 1 µg/100 ml et dépasse rarement 30 µg/g de créatinine dans lurine. Chez les sujets à fonction rénale normale, lexcrétion urinaire daluminium est un indicateur dexposition plus sensible que la concentration sérique ou plasmatique.
Des études effectuées chez des soudeurs donnent à penser que la cinétique dexcrétion urinaire de laluminium passe par un mécanisme à deux étapes, dont la première correspond à une demi-vie biologique denviron 8 heures. Chez les personnes exposées depuis plusieurs années, le métal saccumule dans lorganisme et les concentrations sériques et urinaires dépendent aussi de la charge corporelle. Laluminium saccumule dans différents compartiments de lorganisme doù il est excrété sur plusieurs années à des vitesses variables. Une forte accumulation daluminium (os, foie, cerveau) a aussi été observée chez des patients atteints dinsuffisance rénale. Les malades sous dialyse risquent une toxicité osseuse ou une encéphalopathie lorsque leur taux sérique daluminium dépasse 20 µg/100 ml, mais il est possible dobserver des signes de toxicité à des concentrations inférieures. Pour prévenir les intoxications par laluminium, la Commission des Communautés européennes recommande que la concentration plasmatique reste constamment inférieure à 20 µg/100 ml, toute concentration supérieure à 10 µg/100 ml devant conduire à augmenter la fréquence de la surveillance biologique et de la surveillance de la santé des travailleurs, et les concentrations supérieures à 6 µg/100 ml devant être considérées comme le signe évident dune charge corporelle excessive.
Lantimoine inorganique peut pénétrer dans lorganisme par ingestion ou inhalation, mais son taux dabsorption nest pas connu. Les composés pentavalents absorbés sont excrétés principalement par voie urinaire, les composés trivalents par les fèces. Une rétention de composés antimoniques après une exposition de longue durée est possible. Les concentrations sériques et urinaires normales en antimoine sont probablement inférieures à 0,1 µg/100 ml et 1 µg/g de créatinine, respectivement.
Une étude préliminaire chez des travailleurs exposés à de lantimoine pentavalent sur leur lieu de travail montre quune exposition moyenne de 0,5 mg/m3, pondérée en fonction du temps, entraînerait une élévation de la concentration urinaire pouvant atteindre 35 µg/g de créatinine au cours dun poste de travail.
Larsenic minéral peut pénétrer dans lorganisme par les voies gastro-intestinale et respiratoire. Larsenic absorbé est principalement éliminé par le rein, soit sous forme inchangée, soit après méthylation. Larsenic inorganique est également excrété par la bile sous forme de complexe avec le glutathion.
Dans le cas dune exposition orale unique à une faible dose darséniate, 25% et 45% de la dose administrée sont excrétés par voie urinaire en 1 et 4 jours, respectivement.
Après exposition à larsenic trivalent ou pentavalent, lexcrétion urinaire est constituée de 10 à 20% darsenic inorganique, 10 à 20% dacide monométhylarsonique et 60 à 80% dacide cacodylique. Après exposition professionnelle à de larsenic inorganique, la proportion des espèces arsenicales dans lurine dépend du moment du prélèvement des échantillons.
Les organo-arsenicaux présents dans les organismes marins sont aussi facilement absorbés par le tube digestif, mais ils sont excrétés en majeure partie sous forme inchangée.
Les effets toxiques à long terme de larsenic (y compris les effets génotoxiques) sont le fait principalement de lexposition à larsenic minéral. La surveillance biologique a donc pour but dévaluer lexposition aux composés arsenicaux inorganiques. La méthode de choix est le dosage spécifique de larsenic inorganique (As), de lacide monométhylarsonique (MMA) et de lacide cacodylique (DMA) dans lurine. Cependant, étant donné que la consommation de fruits de mer peut influer sur les taux dexcrétion du DMA, les personnes soumises à un dépistage devraient sabstenir den consommer au cours des 48 heures précédant la collecte des urines.
Chez les personnes qui ne sont pas exposées professionnellement à larsenic inorganique et qui nont pas consommé de fruits de mer récemment, la somme des trois espèces arsenicales nexcède pas en principe 10 µg/g de créatinine urinaire. Des valeurs plus élevées peuvent être trouvées dans les zones géographiques où les eaux de boisson contiennent des quantités importantes darsenic.
On estime que, en labsence de consommation de fruits de mer, lexposition moyenne (pondérée en fonction du temps) à 50 et 200 µg/m3 darsenic inorganique conduit à des concentrations urinaires moyennes dAs, de MMA et de DMA (somme des métabolites) de respectivement 54 et 88 µg/g de créatinine à la fin dun poste de travail.
En cas dexposition à des composés arsenicaux inorganiques moins solubles (arséniure de gallium, par exemple), larsenic urinaire reflète la quantité absorbée, mais non la dose totale délivrée à lorganisme (poumons, tractus gastro-intestinal).
Larsenic capillaire est un bon marqueur de la quantité darsenic inorganique absorbée pendant la période de croissance du cheveu. Larsenic organique dorigine marine ne paraît pas être capté par les cheveux au même degré que larsenic inorganique. Le mesurage de larsenic inorganique sur la longueur dun cheveu peut renseigner valablement sur le moment et la durée de lexposition. Cependant, ce type de dosage nest pas recommandé lorsque lair ambiant est contaminé par de larsenic, car il nest alors pas possible de faire la distinction entre larsenic endogène et larsenic exogène déposé sur les cheveux. Les taux darsenic dans les cheveux sont habituellement inférieurs à 1 mg/kg. Larsenic dans les ongles a la même signification que larsenic dans les cheveux.
Les concentrations sanguines darsenic, de même que les concentrations urinaires, reflètent la quantité darsenic récemment absorbée, mais la relation entre lintensité de lexposition et la concentration sanguine est encore mal connue.
Linhalation est la principale voie dentrée du béryllium chez les sujets de par leur travail exposés. Lexposition de longue durée peut entraîner une accumulation importante dans les tissus pulmonaires et le squelette, qui est le site ultime de stockage. Lélimination du béryllium absorbé a lieu essentiellement par voie uri- naire et, à un moindre degré, par les fèces.
Les concentrations de béryllium peuvent être mesurées dans le sang et lurine, mais ces analyses ne sont encore utilisées que de manière qualitative pour confirmer une exposition au métal, car on connaît mal la relation entre les expositions récentes au béryllium et les quantités stockées dans lorganisme. Il est par ailleurs difficile dinterpréter les quelques données publiées sur lexcrétion de béryllium chez les personnes exposées, parce que le mesurage de lexposition externe nest généralement pas effectué comme il conviendrait, et que la sensibilité et la précision des méthodes analytiques utilisées sont variables. Les concentrations urinaires et sériques normales de béryllium sont vraisemblablement inférieures à 2 µg/g de créatinine et 0,03 µg/100 ml, respectivement.
Cependant, la mise en évidence dune concentration urinaire normale de béryllium ne permet pas dexclure la possibilité dune exposition antérieure. En effet, lexcrétion urinaire de béryllium nest pas toujours accrue dans ce cas, même chez les sujets qui ont développé une granulomatose pulmonaire, cest-à-dire une maladie caractérisée par la présence dans les poumons de multiples granulomes (nodules de tissu inflammatoire).
Sur le lieu de travail, labsorption de cadmium a lieu principalement par voie inhalatoire, bien que labsorption gastro-intestinale puisse aussi contribuer de façon non négligeable à la dose interne. Le cadmium se caractérise par une longue demi-vie biologique, qui est supérieure à dix ans. Il est principalement lié à la métallothionéine dans les tissus et aux globules rouges dans le sang. En raison de laccumulation possible du cadmium dans lorganisme, tout programme de surveillance biologique de groupes exposés chroniquement à ce métal devrait tenter dévaluer à la fois lexposition actuelle et passée.
Il est aujourdhui possible de mesurer in vivo les quantités de cadmium accumulées dans les principaux sites de stockage (reins et foie) par activité neutronique. Cette technique nest cependant pas utilisée en routine et la surveillance de la santé des travailleurs, de même que les études à grande échelle sur la population générale reposent sur une évaluation indirecte de lexpo- sition par dosage du métal dans lurine et le sang.
La cinétique précise du cadmium chez lhumain nest pas encore totalement élucidée, mais certaines conclusions ont été formulées à des fins pratiques dans le cas du cadmium sanguin et urinaire. Chez les personnes exposées au cadmium depuis peu, les taux sanguins augmentent progressivement pour atteindre une concentration proportionnelle à lintensité de lexposition au bout de quatre à six mois. Chez celles qui sont exposées au cadmium depuis longtemps, la concentration sanguine reflète surtout labsorption moyenne intervenue durant les derniers mois. Linfluence relative de la charge corporelle en cadmium sur les taux sanguins peut être plus importante chez les sujets qui ont accumulé une grande quantité de cadmium mais qui ny sont plus exposés. Lorsque lexposition au cadmium cesse, la concentration sanguine diminue relativement vite, avec une demi-vie initiale de deux à trois mois. Selon la charge corporelle, la concentration peut cependant rester supérieure à celle des sujets témoins. Daprès des études effectuées chez lhumain et chez lanimal, la concentration urinaire de cadmium peut être interprétée de la manière suivante: en dehors des cas de surexposition aiguë au cadmium, et tant que la capacité de stockage du cortex rénal nest pas saturée ou que le cadmium na pas provoqué de néphropathie, la concentration urinaire de cadmium augmente progressive-ment en proportion de la quantité de cadmium stockée dans les reins. Dans les conditions qui sont prévalentes dans la population générale et chez les travailleurs exposés à des concentrations modérées, on note une corrélation significative entre le cadmium urinaire et le cadmium tissulaire rénal. Si lexposition a été excessive, les sites de fixation du cadmium dans lorganisme se saturent progressivement et la concentration dans le cortex rénal cesse daugmenter même si lexposition se poursuit. A partir de ce stade, le cadmium absorbé ne peut plus être retenu dans cet organe et il est rapidement excrété dans lurine. La concentration urinaire dépend alors à la fois de la charge corporelle et des quantités récemment absorbées. Si lexposition continue, certains sujets peuvent développer des lésions rénales, qui saccompagnent dune nouvelle élévation du cadmium urinaire due à la libération du cadmium stocké dans les reins et à une moindre réabsorption du cadmium circulant. Après un épisode dexposition aiguë, les concentrations urinaires de ce produit peuvent cependant augmenter rapidement de manière passagère sans pour autant refléter une élévation de la charge corporelle.
Des études récentes montrent que la métallothionéine urinaire a la même signification biologique que le cadmium urinaire. Une bonne corrélation a été observée entre les concentrations urinaires de métallothionéine et de cadmium, indépendamment de lintensité de lexposition et de létat de la fonction rénale.
Les concentrations sanguines et urinaires normales de cadmium sont habituellement inférieures à 0,5 µg/100 ml et 2 µg/g de créatinine, respectivement, et sont plus élevées chez les fumeurs. Chez les travailleurs exposés pendant de longues périodes, le risque de troubles rénaux est négligeable tant que les concentrations urinaires de cadmium nexcèdent pas 10 mg/g de créatinine. Toute accumulation de cadmium dans lorganisme conduisant à une excrétion urinaire supérieure à cette valeur devrait donc être prévenue. Des résultats semblent cependant indiquer que certains marqueurs rénaux (dont la signification pour la santé nest pas encore élucidée) présentent des variations anormales pour des taux urinaires de cadmium situés entre 3 et 5 mg/g de créatinine; il semble donc raisonnable de proposer une limite biologique de 5 mg/g de créatinine. Dans le sang, la limite biologique de 0,5 mg/100 ml a été préconisée pour les expositions de longue durée. Dans la population générale exposée au cadmium par lalimentation ou le tabagisme, ou lors du vieillissement par suite de la diminution normale de la fonction rénale, il est cependant possible que la concentration critique dans le cortex rénal soit plus faible.
La toxicité du chrome est surtout due à ses composés hexavalents dont labsorption est relativement plus élevée que celle des composés trivalents. Lélimination se fait pour lessentiel par voie urinaire.
Chez les individus non exposés au chrome de par leur travail, les concentrations sériques et urinaires de chrome nexcèdent dordinaire pas 0,05 µg/100 ml et 2 µg/g de créatinine, respectivement. Lexposition récente à des sels solubles de chrome hexavalent (chez les galvanoplastes ou les soudeurs sur acier inoxy- dable, par exemple) peut être évaluée par la surveillance des taux urinaires de chrome à la fin du poste de travail. Des études effectuées par plusieurs auteurs montrent que lexposition moyenne (pondérée en fonction du temps) à 0,025 ou 0,05 mg/m3 de chrome hexavalent correspond respectivement à une concentration moyenne de 15 ou 30 µg/g de créatinine en fin de période dexposition. Cette relation nest toutefois valable quà léchelle dun groupe de personnes. Après exposition à 0,025 mg/m3 de chrome hexavalent, la limite inférieure de lintervalle de confiance à 95% est denviron 5 µg/g de créatinine. Une autre étude réalisée chez des soudeurs sur acier inoxydable a montré quune concentration urinaire de chrome de lordre de 40 µg/l correspond à une exposition moyenne de 0,1 mg/m3 de trioxyde de chrome.
Le chrome hexavalent traverse facilement les membranes cellulaires et, une fois à lintérieur de la cellule, il est réduit en chrome trivalent. La concentration érythrocytaire de chrome pourrait être un indicateur de lintensité de lexposition au chrome hexavalent pendant la durée de vie des hématies, mais cette règle ne sapplique pas au chrome trivalent.
Lintérêt de la surveillance des concentrations urinaires de chrome dans lestimation des risques pour la santé reste à établir.
Une fois absorbé par inhalation et, dans une moindre mesure, par voie orale, le cobalt qui a une demi-vie biologique de quelques jours sélimine principalement par voie urinaire. Lexposition aux composés solubles de cobalt conduit à une augmentation des concentrations sanguines et urinaires.
Les concentrations de cobalt dans le sang et lurine dépendent surtout de lexposition récente. Chez des sujets non exposés professionnellement, le cobalt urinaire est dordinaire inférieur à 2 µg/g de créatinine et le cobalt sérique ou plasmatique inférieur à 0,05 µg/100 ml.
Pour des expositions moyennes (pondérées en fonction du temps) de 0,1 mg/m3 et 0,05 mg/m3, on a constaté sur des échantillons recueillis en fin de poste des concentrations urinaires moyennes de 30 à 75 µg/l et de 30 à 40 µg/l, respectivement. Le moment des prélèvements est important, car on observe une augmentation progressive des concentrations urinaires de cobalt au cours de la semaine de travail.
Chez les travailleurs exposés à des oxydes ou des sels de cobalt, ou à du cobalt en poudre dans une raffinerie, on a constaté quune exposition moyenne, pondérée en fonction du temps, de 0,05 mg/m3 conduisait à une concentration moyenne de cobalt de 33 et 46 µg/g de créatinine dans les urines recueillies respectivement le lundi et le vendredi en fin de poste.
Le plomb inorganique, toxique cumulatif absorbé par les poumons et le tube digestif, est le métal qui a été le mieux étudié. Il en résulte que la fiabilité des méthodes biologiques utilisées pour évaluer aussi bien lexposition récente que la charge corporelle est meilleure pour le plomb que pour tous les autres contaminants métalliques.
En cas dexposition constante, la concentration de plomb dans le sang total est considérée comme le meilleur indicateur de la concentration dans les tissus mous et, donc, de lexposition récente. Laugmentation de la concentration sanguine satténue cependant progressivement lorsque le degré dexposition sélève. Après une exposition professionnelle prolongée, la concentration sanguine de plomb ne retombe pas nécessairement à la valeur initiale quand lexposition cesse, en raison dune libération continue de plomb à partir des dépôts tissulaires. Les concentrations sanguines et urinaires normales de plomb sont généralement inférieures à 20 µg/100 ml et 50 µg/g de créatinine, respectivement. Ces concentrations peuvent dépendre des habitudes alimentaires et du lieu de résidence des sujets concernés. LOrganisation mondiale de la santé (OMS) a proposé une valeur maximale admissible pour la plombémie de 40 µg/100 ml chez les hommes adultes et de 30 µg/100 ml chez les femmes en âge de procréer. Chez les enfants, des réactions indésirables au niveau du système nerveux central ont été corrélées à des valeurs inférieures à ces limites. La concentration urinaire de plomb sélève de façon exponentielle avec le taux sanguin et, à létat déquilibre, elle traduit surtout lexposition récente.
La quantité de plomb excrétée dans lurine après administration dun agent chélateur (EDTA calcique, par exemple) est le reflet de la réserve de plomb mobilisable. Chez des sujets témoins, la quantité de plomb excrétée dans lurine, dans les 24 heures suivant ladministration intraveineuse de 1 g dEDTA, nexcède généralement pas 600 µg. Il semble que, lors dune exposition constante, les quantités de plomb chélatables correspondent principalement aux réserves de plomb présentes dans les tissus mous et dans le sang, une petite fraction seulement provenant du tissu osseux.
Une technique à fluorescence X a été mise au point pour mesurer les concentrations de plomb dans les tissus osseux (phalanges, tibia, calcanéum, vertèbres), mais la limite de détection de cette technique en restreint actuellement lutilisation aux sujets professionnellement exposés.
La technique du dosage du plomb dans les cheveux a été proposée pour évaluer la réserve de plomb mobilisable. Sur un lieu de travail, il est cependant difficile de distinguer le plomb endogène incorporé dans les cheveux de celui qui est simplement adsorbé à leur surface.
Le mesurage de la concentration de plomb dans la dentine péripulpaire des dents de lait a été employé pour estimer lexposition au plomb au cours de la petite enfance.
Les paramètres reflétant linterférence du plomb avec des processus biologiques peuvent également être utilisés pour évaluer lintensité dune exposition saturnine. Les paramètres biologiques couramment utilisés sont la coproporphyrine urinaire (COPRO-U), lacide delta-aminolévulinique urinaire (ALA-U), la protoporphyrine érythrocytaire (PE, ou protoporphyrine zinc, PPZ), ainsi que lacide delta-aminolévuliniquedéshydratase (ALAD) et la 5-pyrimidine nucléotidase (5PN) érythrocytaires. A létat déquilibre, les modifications de ces paramètres sont en corrélation positive (COPRO-U, ALA-U, PE) ou négative (ALAD, 5PN) avec celles de la plombémie. Lexcrétion urinaire de la COPRO (surtout lisomère III) et de lALA commence à augmenter lorsque la plombémie est voisine de 40 µg/100 ml. La protoporphyrine érythrocytaire commence à saccroître significativement pour des plombémies denviron 35 µg/100 ml chez lhomme et 25 µg/100 ml chez la femme. A larrêt dune exposition saturnine professionnelle, le taux de protoporphyrine érythrocytaire reste élevé. Ce taux nest pas en corrélation avec la plombémie, mais il est par contre corrélé à la quantité de plomb chélatable excrétée dans les urines.
Une légère carence en fer peut également provoquer une augmentation de la protoporphyrine érythrocytaire. Les enzymes érythrocytaires (ALAD et 5PN) sont très sensibles à laction inhi- bitrice du plomb. Pour des concentrations sanguines de plomb allant de 10 à 40 µg/100 ml, on observe une forte corrélation négative entre lactivité de ces deux enzymes et la plombémie.
Dans certains pays, le tétraéthylplomb et le tétraméthylplomb sont utilisés comme agents antidétonants dans les carburants automobiles. La plombémie nest pas un bon indicateur de lexposition au tétraalkylplomb, alors que le plomb urinaire semble être un bon indicateur du risque de surexposition.
En milieu professionnel, le manganèse pénètre dans lorganisme surtout par voie pulmonaire; labsorption par le tractus gastro-intestinal (qui est par ailleurs faible) semble dépendre dun mécanisme homéostasique. Lélimination du manganèse se fait par la bile, de petites quantités seulement étant excrétées dans les urines.
Les concentrations normales de manganèse dans lurine, le sang, le plasma/sérum sont habituellement inférieures à 3 µg/g de créatinine, 1 µg/100 ml et 0,1 µg/100 ml, respectivement.
Il semble que, à léchelle individuelle, ni le taux sanguin, ni le taux urinaire de manganèse ne soient corrélés aux paramètres dexposition externe.
Il nexiste apparemment pas de relation directe entre les concentrations de manganèse dans les milieux biologiques et la sévérité des intoxications chroniques par ce métal. Il est possible quaprès une exposition professionnelle, des effets nocifs précoces soient décelables au niveau du système nerveux central pour des concentrations proches des valeurs normales.
Linhalation représente la principale voie de pénétration du mercure métallique, labsorption gastro-intestinale étant quant à elle négligeable. Les sels minéraux de mercure sont absorbés aussi bien par les poumons (inhalation dun aérosol de mercure inorganique) que par le tube digestif. Labsorption cutanée du mercure métallique et de ses sels minéraux est possible.
La demi-vie biologique du mercure est de lordre de deux mois dans les reins, mais elle est beaucoup plus longue dans le système nerveux central.
Le mercure inorganique est principalement excrété par les fèces et les urines. De petites quantités sont excrétées dans la salive, les larmes et la sueur. Le mercure peut également être mis en évidence dans lair expiré, au cours des quelques heures faisant suite à une exposition à des vapeurs de mercure. Dans des conditions dexposition chronique, il existe une relation entre lintensité de lexposition récente à des vapeurs de mercure et les concentrations sanguines ou urinaires, du moins à léchelle collective. Lors des premières études dans lesquelles des échantillons statiques ont été utilisés pour surveiller lair ambiant dun atelier, il est apparu quune concentration moyenne de mercure dans lair (Hg-air) de 100 µg/m3 correspondait à des concentrations moyennes de mercure sanguin (Hg-S) et urinaire (Hg-U) de 6 µg Hg/100 ml et 200 à 260 µg/l, respectivement. Des observations plus récentes destinées à évaluer le rôle du micro-environnement entourant les voies respiratoires des personnes permettent détablir la relation 1:1,2:0,045 entre le mercure dans lair (µg/m3), le mercure urinaire (µg/g de créatinine) et le mercure sanguin (µg/100 ml). Plusieurs études épidémiologiques menées chez des travailleurs exposés à des vapeurs de mercure ont montré que, lors dune exposition de longue durée, les concentrations induisant un effet critique sont denviron 50 µg/g de créatinine pour le Hg-U et 2 µg/100 ml pour le Hg-S.
Des études récentes semblent cependant indiquer que des signes deffets nocifs sur le système nerveux central ou le rein peuvent être observés à des concentrations urinaires de mercure inférieures à 50 µg/g de créatinine.
Les concentrations normales dans lurine et le sang sont généralement inférieures à 5 µg/g de créatinine et 1 µg/100 ml, respectivement. Ces valeurs peuvent varier en fonction de la consom- mation de poisson ou du nombre damalgames dentaires au mercure que compte le sujet.
Les organo-mercuriels sont aisément absorbés par toutes les voies. Dans le sang, ils se retrouvent principalement dans les hématies (environ 90%). Il simpose de faire une distinction entre les composés à courte chaîne alkyle (principalement le méthylmercure), très stables et résistants à toute biotransformation, et les composés arylmercuriels et alkoxymercuriels, qui libèrent du mercure inorganique in vivo. Pour ces derniers, la concentration du mercure sanguin ou urinaire est vraisemblablement un bon indicateur de lintensité de lexposition.
A létat déquilibre, le mercure dans le sang total ou les cheveux est corrélé à la charge corporelle en méthylmercure et au risque dintoxication par ce composé. Chez les sujets exposés pendant de nombreuses années à des composés alkylmercuriels, les premiers signes dintoxication (paresthésie, troubles de la sensibilité) peuvent survenir lorsque les concentrations de mercure dans le sang ou les cheveux dépassent respectivement 20 µg/100 ml et 50 µg/g.
Le nickel nest pas un toxique cumulatif et la quasi-totalité de la quantité absorbée est excrétée principalement dans lurine, avec une demi-vie biologique de 17 à 39 heures. Chez les sujets qui ny sont pas exposés de par leur travail, les concentrations urinaires et plasmatiques de nickel sont dordinaire inférieures à 2 µg/g de créatinine et 0,05 µg/100ml, respectivement.
Les concentrations de nickel dans le plasma et dans lurine constituent de bons indicateurs de lexposition récente au nickel métallique et à ses composés solubles (par exemple, lors du nickelage électrolytique ou de la fabrication de batteries au nickel). Des valeurs se situant dans les limites de la normale témoignent habituellement dune exposition non significative, alors que des valeurs supérieures sont le signe dune surexposition.
Dans le cas des personnes exposées professionnellement à des composés solubles du nickel, la limite biologique de 30 µg/g de créatinine (à la fin du poste) a été proposée provisoirement pour le nickel urinaire.
Chez les sujets au contact de composés du nickel peu solubles ou insolubles, des concentrations accrues dans les liquides biologiques objectivent généralement une absorption significative ou une libération progressive des quantités stockées par les poumons; des quantités notables de nickel peuvent cependant se déposer dans les voies respiratoires (cavités nasales, poumons) sans élévation significative des concentrations plasmatiques ou urinaires. Les valeurs «normales» doivent donc être interprétées avec prudence, car elles ne sont pas nécessairement synonymes dabsence de risque pour la santé.
Le sélénium est un oligo-élément essentiel. Les composés solubles du sélénium semblent être facilement absorbés par les poumons et le tractus gastro-intestinal. Le sélénium est surtout excrété dans les urines mais, lorsque lexposition est très forte, il peut aussi être excrété dans lair expiré sous forme de vapeur de séléniure de diméthyle. Les concentrations normales dans le sérum et les urines dépendent de labsorption journalière, qui peut varier sensiblement selon les régions, mais elles sont dordinaire inférieures à 15 µg/100ml et 25 µg/g de créatinine, respectivement. Le sélénium urinaire traduit lexposition récente. La relation entre lintensité de lexposition et la concentration urinaire de sélénium na pas encore été établie.
Il semble que les concentrations plasmatiques (ou sériques) et urinaires reflètent surtout lexposition de courte durée, le sélénium érythrocytaire témoignant plutôt de lexposition de longue durée.
Les dosages sanguins ou urinaires de sélénium permettent détablir un bilan, plus souvent pratiqué pour rechercher un déficit quune surexposition. Il nest guère possible de proposer actuellement une limite biologique, car on ne dispose pas de données suffisantes sur les risques dune exposition de longue durée au sélénium et sur la relation entre les risques potentiels pour la santé et les concentrations dans les milieux biologiques.
Dans lindustrie, le vanadium est absorbé principalement par voie pulmonaire, labsorption orale semblant faible (moins de 1%). Le vanadium est excrété par les urines avec une demi-vie biologique denviron 20 à 40 heures et, pour une faible part, dans les fèces. Le vanadium urinaire semble être un bon indicateur de lexposition récente, mais la relation entre la quantité retenue dans lorganisme et les concentrations urinaires na pas encore été bien établie. Il a été mentionné que lécart entre les concentrations urinaires de vanadium constatées avant et après le poste de travail pourrait permettre dévaluer lexposition pendant cet intervalle de temps, alors que le dosage urinaire pratiqué après deux jours sans exposition (le lundi matin) refléterait laccumulation du métal dans lorganisme. Chez les personnes non exposées professionnellement, la concentration urinaire de vanadium est dordinaire inférieure à 1 µg/g de créatinine. La limite biologique pour le vanadium urinaire a provisoirement été fixée à 50 µg/g de créatinine (en fin de poste).
Les solvants organiques sont volatils et généralement solubles dans les graisses de lorganisme (lipophiles), bien que certains dentre eux comme le méthanol ou lacétone soient également solubles dans leau (hydrophiles). Ils ont été largement employés dans lindustrie et pour la fabrication de produits dutilisation courante tels que les peintures, les encres, les diluants, les dégraissants, les produits de nettoyage à sec, les détachants ou les répulsifs. Bien que la surveillance biologique puisse servir à mettre en évidence leurs effets préjudiciables sur la santé (au niveau du foie ou des reins, par exemple), il est de loin préférable de surveiller le niveau dexposition chez les personnes qui travaillent au contact des solvants organiques. Cette méthode, suffisamment sensible, permet en effet de donner lalerte bien avant la survenue de phénomènes de toxicité. La détection des personnes particulièrement sensibles à la toxicité des solvants peut aussi contribuer à protéger la santé des travailleurs.
Dans les conditions habituelles demploi, les solvants organiques sont volatils, bien que ce paramètre varie dun solvant à lautre. Le principal mode dexposition en milieu de travail est donc linhalation. Le taux dabsorption est beaucoup plus important au niveau des alvéoles pulmonaires quà celui de lappareil digestif, des taux dabsorption pulmonaire de lordre de 50% étant considérés comme caractéristiques des solvants courants tels que le toluène. A létat liquide, certains solvants comme le sulfure de carbone et le N,N-diméthylformamide (DMF) peuvent traverser la peau intacte en quantités suffisamment importantes pour entraîner des effets toxiques.
Après absorption dun solvant, une partie est exhalée par la respiration sans aucune biotransformation, alors que la majeure partie est distribuée dans les organes et les tissus riches en lipides, en raison du caractère lipophile de ce type de produit. La biotransformation se déroule principalement dans le foie (et, dans une moindre mesure, dans dautres organes); par un processus doxydation, puis de conjugaison, la molécule devient suffisamment hydrophile pour être excrétée par voie urinaire sous forme de métabolite(s). Une faible partie peut aussi être éliminée sous forme inchangée dans les urines.
Dun point de vue pratique, on peut donc faire appel à trois milieux biologiques pour surveiller lexposition aux solvants: lurine, le sang et lair expiré. Lorsquon choisit lun ou lautre de ces milieux, il faut tenir compte dun paramètre important, à savoir la vitesse de disparition de la substance absorbée. Ce paramètre, que lon peut évaluer quantitativement par la demi-vie biologique, correspond au temps nécessaire pour que la concentration diminue de moitié dans le milieu en question. Cest ainsi que les solvants disparaissent de lair expiré beaucoup plus rapidement que leurs métabolites urinaires en raison dune demi-vie beaucoup plus courte. La demi-vie biologique de ces métabolites varie par ailleurs en fonction de la rapidité du métabolisme du solvant absorbé, de sorte que le moment du prélèvement par rapport à lexposition est essentiel (voir ci-après). Un deuxième paramètre important dans le choix du milieu biologique est la spécificité du produit chimique recherché par rapport à lexposition. Ainsi, lacide hippurique, utilisé depuis longtemps comme marqueur de lexposition au toluène, nest pas seulement formé dans lorganisme, mais peut aussi avoir une origine autre que professionnelle (additifs alimentaires, par exemple). Il nest donc plus considéré comme un marqueur fiable en cas de faibles expositions au toluène (inférieures à 50 cm3/m3). Dune manière générale, les métabolites urinaires sont très largement utilisés comme indicateurs dexposition à différents solvants organiques. La recherche dun solvant dans le sang donne des informations qualitatives sur lexposition, car le composé disparaît généralement plus vite de ce milieu et ce résultat reflète surtout les situations dexposition aiguë. Le dosage du solvant dans lair expiré est difficile à utiliser pour évaluer lintensité moyenne de lexposition, la concentration dans lair alvéolaire diminuant rapidement lorsque le sujet cesse dêtre exposé. Le dosage urinaire des solvants constitue en revanche une solution prometteuse pour évaluer lexposition, mais des études de validation complémentaires simposent.
Comme nous lavons mentionné, le moment du prélèvement est un paramètre essentiel de la surveillance biologique en cas dexposition à des solvants. Le tableau 27.2 indique les moments recommandés pour les expositions professionnelles quotidiennes aux solvants les plus courants. Lorsque lanalyse concerne le solvant lui-même, il faut prendre soin déviter toute perte, par évaporation, par exemple, ou toute contamination, notamment par lair ambiant lors de la manipulation des échantillons prélevés. Des précautions identiques devraient être prises lorsque les prélèvements sont transportés vers un laboratoire extérieur ou sont conservés avant lanalyse. La congélation est recommandée pour les métabolites, alors que la réfrigération (mais non la congélation) est préférable pour le solvant lui-même qui devrait être placé dans un récipient étanche et sous vide (de préférence dans un flacon à «espace de tête»). Dans une analyse chimique, le contrôle qualité est indispensable à la fiabilité des résultats (voir larticle intitulé «Lassurance qualité» dans le présent chapitre) et des règles déthique devraient être respectées pour la communication des résultats (voir chapitre no 19, «Les questions déthique»).
Solvants |
Produits chimiques recherchés |
Urine/sang |
Moment de prélèvement1 |
N,N-diméthyl-formamide |
N-méthylformamide |
Urine |
L Ma Me J V |
2-Ethoxyéthanol et son acétate |
Acide éthoxyacétique |
Urine |
J V (fin du dernier poste) |
Hexane |
2,4-Hexanedione |
Urine |
L Ma Me J V |
Méthanol |
Méthanol |
Urine |
L Ma Me J V |
Styrène |
Acide mandélique |
Urine |
J V |
Sulfure de carbone |
Acide 2-thiothiazolidine-4-carboxylique |
Urine |
J V |
Toluène |
Acide hippurique |
Urine |
Ma Me J V |
Trichloroéthylène |
Acide trichloroacétique |
Urine |
J V |
Xylènes2 |
Acides méthylhippuriques |
Urine |
Ma Me J V |
1 Fin de poste, sauf indication contraire (jours indiqués = jours de prélèvement préférés).
2 Trois isomères, séparés ou combinés.
Source: d'après OMS, 1996.
Il existe des procédures analytiques pour le dosage de nombreux solvants. Ces méthodes varient selon le produit chimique considéré, mais la plupart de celles qui ont été mises au point récemment font appel à la chromatographie en phase gazeuse (CG) ou à la chromatographie liquide à haute performance (CLHP). Lutilisation dun échantillonneur automatique et le traitement informatique des données sont recommandés pour assurer le contrôle qualité des résultats. Lorsquon doit analyser un solvant sous forme inchangée dans le sang ou dans lurine, il est très utile de recourir à la technique de la chromatographie en phase gazeuse avec «espace de tête», surtout pour les solvants qui sont relativement volatils. Le tableau 27.3 donne quelques exemples de méthodes utilisées pour les solvants les plus courants.
Solvants |
Produits chimiques recherchés |
Urine/sang |
Techniques analytiques |
N,N-diméthyl-formamide |
N-méthylformamide |
Urine |
Chromatographie en phase gazeuse avec détection thermo-ionique (CG-DTI) |
2-Ethoxyéthanol et son acétate |
Acide éthoxyacétique |
Urine |
Extraction, dérivation et chromatographie en phase gazeuse avec détection à ionisation de flamme (CG-FID) |
Hexane |
2,4-Hexanedione |
Urine |
Extraction, (hydrolyse) et CG-FID |
Méthanol |
Méthanol |
Urine |
CG- FID avec espace de tête |
Styrène |
Acide mandélique |
Urine |
Filtration et CLHP-UV |
Sulfure de carbone |
Acide 2-thiothiazolidine-4-carboxylique |
Urine |
Chromatographie liquide haute performance avec détection ultraviolette (CLHP-UV) |
Toluène |
Acide hippurique |
Urine |
Filtration et CLHP-UV |
Trichloro-éthylène |
Acide trichloroacétique |
Urine |
Colorimétrie ou estérification et chromatographie en phase gazeuse avec détection à capture d’électrons (CG-DCE) |
Xylènes |
Acides méthylhippuriques (trois isomères, séparés ou combinés) |
Urine |
CG-FID avec espace de tête |
Source: d'après OMS, 1996.
Une relation linéaire entre les indicateurs dexposition (cités dans le tableau 27.3) et lintensité de lexposition peut être établie à laide dune enquête auprès de personnes exposées professionnellement ou par exposition expérimentale de volontaires humains. Cest ainsi quen 1994, la Conférence américaine des hygiénistes gouvernementaux du travail (American Association of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH)) et la Commission de recherche allemande (Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG)) ont défini respectivement lindice biologique dexposition (BEI) et la limite de tolérance biologique (BAT) qui sont aux échantillons biologiques ce que la valeur limite dexposition professionnelle (TLV) et la concentration maximale admissible (MAK) sont aux prélèvements dambiance. On sait cependant que la concentration dun produit chimique dans les échantillons provenant dindividus non exposés peut varier en fonction des habitudes locales, par exemple lalimentation, et que les différences ethniques peuvent elles aussi avoir une incidence sur le métabolisme des solvants. Il est donc souhaitable détablir les valeurs limites après avoir étudié la population locale concernée.
Lors de lévaluation des résultats, il faut prendre soin dexclure toute exposition non professionnelle à des solvants (utilisation de produits contenant des solvants ou inhalation intentionnelle), de même que lexposition à des produits chimiques, comme les additifs alimentaires, donnant naissance à des métabolites identiques. La possibilité dune absorption cutanée devrait être envisagée lorsquon observe une discordance importante entre lintensité de lexposition à des vapeurs de solvants et les résultats de la surveillance biologique. Le tabagisme inhibe le métabolisme de certains solvants (toluène, par exemple), tandis que la consommation excessive dalcool (éthanol) peut inhiber le métabolisme du méthanol par un mécanisme compétitif.
La surveillance biologique utilise des échantillons de liquides biologiques ou dautres milieux biologiques faciles à prélever soit pour évaluer lexposition à des substances spécifiques ou non spécifiques ou à leurs métabolites, soit pour évaluer les effets biologiques dune telle exposition. La surveillance biologique permet de mesurer lexposition totale subie par un individu par les différentes voies (poumons, peau, tractus gastro-intestinal) et sources dexposition (air, alimentation, mode de vie ou profession). On sait quil nest pas rare en milieu de travail que les travailleurs soient exposés à plusieurs produits ou facteurs de risque qui interagissent et majorent ou inhibent les effets de chaque produit considéré individuellement. Etant donné les différences interindividuelles de constitution génétique, les réponses à une exposition chimique varient dun sujet à lautre. Il est donc plus réaliste de rechercher directement les effets précoces chez les individus ou les groupes exposés que dessayer de prévoir les risques potentiels des situations dexpositions complexes à partir de données se rapportant aux différents produits considérés isolément. Cest précisément la démarche adoptée pour la surveillance génétique des effets précoces, qui a recours à des techniques visant à rechercher les lésions cytogénétiques, les mutations ponctuelles ou les adduits à lADN dans des tissus humains représentatifs (voir larticle «Les principes généraux» du présent chapitre).
La génotoxicité dun produit chimique est une caractéristique chimique intrinsèque dérivée du potentiel électrophile du produit, cest-à-dire de son aptitude à se lier, dans les macromolécules cellulaires, à des sites nucléophiles tels que lacide désoxyribonucléique (ADN), porteur de linformation génétique. La génotoxicité est donc une toxicité qui sexerce sur le matériel génétique des cellules.
La définition de la génotoxicité, telle quétablie dans un rapport de consensus du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC, 1992), est large et inclut à la fois des effets directs et indirects sur lADN: 1) induction de mutations (géniques, chromosomiques, génomiques, par recombinaison) qui, à léchelle moléculaire, sont des événements semblables à ceux qui participent à la cancérogenèse; 2) événements indirectement associés à la mutagenèse (synthèse non programmée de lADN ou échange de chromatides surs); 3) lésions de lADN (formation dadduits) pouvant conduire à des mutations.
Les mutations sont des modifications héréditaires permanentes des lignées cellulaires, touchant soit les cellules somatiques, soit les cellules germinales (cellules sexuelles). Elles peuvent donc affecter lorganisme par modification des cellules somatiques ou être transmises à la descendance en raison des lésions induites au niveau des cellules sexuelles. La génotoxicité précède ainsi la mutagénicité, mais il faut rappeler que la plupart des lésions génotoxiques sont réparées et ne sont jamais exprimées sous forme de mutations. Les mutations somatiques sont induites au niveau cellulaire et, dans le cas où elles conduisent à la mort cellulaire ou à des atteintes malignes, elles peuvent se manifester par des troubles variés au niveau des tissus ou de lorganisme lui-même. Le vieillissement ou la formation de plaques dathérosclérose sont vraisemblablement des effets liés à des mutations somatiques (voir figure 27.3 et le chapitre no 2 «Le cancer»).
Les mutations de la lignée cellulaire germinale peuvent être transférées au zygote (luf fécondé) pour sexprimer à la génération suivante (voir également le chapitre no 9 «Le système reproducteur»). Les troubles mutationnels les plus importants retrouvés chez le nouveau-né sont dus à une mauvaise séparation des chromosomes pendant la gamétogenèse (développement des cellules germinales), conduisant à des syndromes chromosomiques graves (par exemple, trisomie 21 ou syndrome de Down, et monosomie X ou syndrome de Turner).
La figure 27.3 représente de manière schématique le processus génotoxique, depuis lexposition jusquaux effets prévisibles.
Différents arguments expérimentaux indirects permettent de con- firmer la relation entre génotoxicité et cancérogénicité, comme le montre la figure 27.4.
Cest cette corrélation qui sert de fondement à lutilisation des marqueurs biologiques de génotoxicité comme indicateurs du risque de cancer chez lhumain.
Le rôle des altérations génétiques en cancérogenèse explique limportance des tests de toxicité génétique aux fins de lidentification des agents cancérogènes potentiels. Différents tests à court terme permettent de détecter des signes de génotoxicité ayant un rapport probable avec le processus de cancérogenèse.
Plusieurs études à grande échelle ont été réalisées afin de comparer le pouvoir cancérogène de certains produits chimiques et les résultats obtenus lors de tests à court terme. Il est apparu quaucun test validé ne peut fournir à lui seul des informations suffisantes sur lensemble des risques génétiques mentionnés ci-dessus, et que tout produit chimique doit être soumis à plusieurs tests. La validité des tests de génotoxicité à court terme utilisés pour prévoir le potentiel cancérogène dun produit chimique a fait lobjet de nombreuses discussions et synthèses. A partir de ces données, un groupe de travail du CIRC a conclu que la plupart des agents cancérogènes chez lhumain donnent des résultats positifs dans les tests à court terme courants, tels que le test sur Salmonella ou les tests daberrations chromosomiques (voir tableau 27.4). Il faut néanmoins souligner que les agents cancérogènes épigénétiques, qui peuvent majorer les processus génotoxiques sans pour autant être eux-mêmes génotoxiques (par exemple, composés à activité hormonale), ne sont pas détectés par les tests à court terme qui montrent uniquement lactivité génotoxique intrinsèque dune substance.
Classification des agents cancérogènes |
Rapport génotoxicité/ cancérogénicité |
% |
1: cancérogènes humains avérés |
24/30 |
80 |
2A: cancérogènes humains probables |
14/20 |
70 |
2B: cancérogènes humains potentiels |
72/128 |
56 |
3: non classés |
19/66 |
29 |
Sources: CIRC, 1987, 1989.
La surveillance génétique applique les méthodes de toxicologie génétique à la surveillance biologique des effets génétiques ou à lévaluation de lexposition génotoxique de groupes dindividus exposés du fait de leur activité professionnelle, de leur environnement ou de leur mode de vie. La surveillance génétique peut ainsi identifier précocement les expositions génotoxiques auxquelles des groupes dindividus sont soumis, ce qui permet de mettre en évidence les populations à haut risque et de définir les priorités dintervention. Lutilisation de marqueurs biologiques prédictifs dans une population exposée permet dans tous les cas de gagner du temps (par rapport aux techniques épidémiologiques) et dintervenir avant que napparaissent des effets nocifs, comme une pathologie cancéreuse (voir figure 27.5).
Les méthodes employées actuellement pour la surveillance biologique des expositions génotoxiques et des effets biologiques précoces sont présentées dans le tableau 27.5. Les échantillons utilisés à cette fin doivent répondre à plusieurs critères, notamment être faciles à obtenir et être représentatifs du tissu cible.
Marqueurs de surveillance génétique |
Echantillons cellulaires/tissulaires |
Aberrations chromosomiques |
Lymphocytes |
Echanges entre chromatides surs |
Lymphocytes |
Micronoyaux |
Lymphocytes |
Mutations ponctuelles (gène HPRT, par exemple) |
Lymphocytes et autres tissus |
Adduits à l’ADN |
ADN isolé de cellules/tissus |
Adduits protéiniques |
Hémoglobine, albumine |
Cassures de brin d’ADN |
ADN isolé de cellules/tissus |
Activation d’oncogène |
ADN ou protéines spécifiques isolées |
Mutations/oncoprotéines |
Différents tissus et cellules |
Réparation d’ADN |
Cellules isolées à partir d’échantillons sanguins |
Les altérations reconnaissables de la molécule dADN incluent la formation dadduits à lADN et la réorganisation de la séquence dADN. Les lésions par formation dadduits à lADN sont décelées par diverses techniques, comme le postmarquage au 32P ou lutilisation danticorps monoclonaux anti-adduits. La détection des cassures de brin dADN se fait traditionnellement à laide de techniques délution alcaline ou de déroulement. Les mutations peuvent être mises en évidence par le séquençage de lADN dun gène spécifique, comme le gène HPRT.
Plusieurs rapports méthodologiques détaillant les techniques utilisées (voir tableau 27.5) ont été publiés (CCE, 1987; CIRC, 1988, 1992, 1994).
La génotoxicité peut aussi être contrôlée indirectement par la détection des adduits protéiques (sur lhémoglobine, par exemple) ou par la détermination de lactivité réparatrice de lADN. En tant que stratégie de surveillance, les contrôles peuvent être effectués de manière ponctuelle ou continue; dans tous les cas, les résultats obtenus doivent contribuer à lamélioration de la sécurité des conditions de travail.
Des fondements théoriques et empiriques relient cancer et lésions chromosomiques. Les mutations touchant lactivité ou lexpression de gènes de facteurs de croissance sont des étapes clés de la cancérogenèse. De nombreux types de cancers ont été associés à des aberrations chromosomiques, spécifiques ou non. Dans plusieurs maladies héréditaires qui frappent lêtre humain, on a pu établir une corrélation entre linstabilité chromosomique et une sensibilité accrue au cancer.
La surveillance cytogénétique des personnes exposées à des produits chimiques ou à des rayonnements cancérogènes ou mutagènes permet de mettre en évidence les effets sur le matériel génétique. Mais alors que les aberrations chromosomiques sont étudiées depuis plusieurs dizaines dannées chez les personnes exposées à des rayonnements ionisants dans leur travail, seuls quelques agents cancérogènes ont donné lieu à des résultats clairement étayés dans la sphère des produits chimiques.
Les lésions chromosomiques observables en microscopie sont constituées par des aberrations chromosomiques structurelles dans lesquelles on observe dimportantes modifications morphologiques et par des échanges de chromatides surs qui consistent en un échange symétrique de matériel chromosomique entre deux chromatides surs. Les micronoyaux proviennent de fragments acentriques de chromosomes ou de chromosomes entiers abandonnés. Ce type daltérations est illustré à la figure 27.6.
Les lymphocytes humains circulants conviennent bien aux études de surveillance, car ils sont faciles à obtenir et permettent dintégrer lexposition sur une période relativement longue. Lexposition à de nombreux produits chimiques mutagènes peut accroître la fréquence des aberrations chromosomiques ou des échanges de chromatides surs dans les lymphocytes circulants des sujets exposés. Lintensité des lésions observées est pratiquement corrélée à lexposition, bien que cette corrélation nait été démontrée que pour quelques produits chimiques.
Lorsque les tests cytogénétiques effectués sur des lymphocytes circulants révèlent une atteinte du matériel génétique, les résultats ne peuvent servir à estimer le risque quà léchelle dune population. Une augmentation de la fréquence des aberrations chromosomiques dans une population devrait être considérée comme le signe dun risque accru de cancer, mais les tests cytogénétiques ne permettent pas de prévoir le risque de cancer sur une base individuelle.
Les lésions génétiques somatiques observées sur les lymphocytes circulants dun prélèvement nont guère de signification à léchelle individuelle puisque la plus grande partie des lymphocytes porteurs de lésions génétiques sont détruits et remplacés.
Il faut pouvoir compter sur un plan détude rigoureux pour assurer une surveillance biologique chez lhumain, car de nombreux facteurs individuels non liés à lexposition au(x) produit(s) chimique(s) spécifiquement recherché(s) peuvent affecter les réponses biologiques étudiées. Dans la mesure où les études de surveillance biologique sont longues et difficiles, il est important de bien les planifier. La confirmation expérimentale du potentiel génotoxique dun produit chimique est une condition préalable de toute étude cytogénétique chez lêtre humain.
Deux causes majeures de variations peuvent survenir lors des études de surveillance biologique cytogénétique. La première peut être due à des facteurs techniques liés à une discordance de lecture des lames ou aux conditions de culture, notamment au type de milieu, à la température ou à la concentration des substances chimiques ajoutées au milieu de culture (bromodésoxyuridine ou cytochalasine-B, par exemple). Le moment de léchan- tillonnage peut également avoir une influence sur les résultats du test daberrations chromosomiques et, sans doute également, du test des échanges de chromatides surs, en raison de modifications au niveau des sous-populations lymphocytaires T et B. Dans le test des micronoyaux, les résultats obtenus dépendent étroitement de la méthodologie (par exemple, utilisation de cellules binucléées induites par la cytochalasine-B).
Les lésions causées à lADN lymphocytaire par lexposition à des produits chimiques qui conduisent à des aberrations chromosomiques, à des échanges de chromatides surs ou à des micronoyaux doivent persister in vivo jusquau moment du prélèvement sanguin, puis in vitro jusquà ce que les lymphocytes en culture commencent à synthétiser de lADN. Il est donc important dexaminer les cellules immédiatement après leur première division (en cas daberrations chromosomiques ou de micronoyaux) ou après la seconde division (lors déchanges de chromatides surs) afin destimer au mieux les lésions induites.
La lecture des résultats est un aspect capital de la surveillance biologique cytogénétique. Les lames doivent être randomisées et codées, afin déviter dans toute la mesure possible les biais liés à lévaluation. Il est indispensable de se référer à des critères dévaluation cohérents, dassurer un contrôle de qualité et, enfin, de normaliser les analyses statistiques et la présentation des résultats. Il existe une deuxième cause importante de variation des résultats liée à des facteurs individuels: âge, sexe, prise de médicaments, infections ou encore sensibilité génétique aux produits présents dans lenvironnement.
Il est essentiel de constituer un groupe témoin présentant des caractéristiques aussi proches que possible de celles du groupe étudié, tant pour le sexe et lâge que pour les habitudes tabagiques, les infections virales et les vaccinations, la consommation dalcool, la prise de médicaments et lexposition aux rayons X. Lexposition professionnelle au(x) produit(s) génotoxique(s) suspecté(s) devra également être connue qualitativement (type de travail, ancienneté de lexposition) et quantitativement (concentration du produit dans la zone respiratoire et métabolites spécifiques, si possible). Une attention particulière devrait être portée à lanalyse statistique des résultats.
A ce jour, ce nest que pour certains agents quil a été possible de démontrer de manière répétée quils induisaient des modifications cytogénétiques chez lhumain, alors que la plupart des substances cancérogènes connues altèrent les chromosomes lymphocytaires.
Limportance des lésions est fonction du niveau dexposition, comme cela a été notamment montré pour le chlorure de vinyle, le benzène, loxyde déthylène et les agents anticancéreux alkylants. Bien que les tests cytogénétiques naient pas encore une sensibilité et une spécificité suffisantes pour déceler les cas dexposition à des substances toxiques dans le milieu professionnel, il reste quen présence de résultats positifs, des enquêtes dhygiène du travail ont souvent été effectuées, même si la relation entre les lésions chromosomiques somatiques et les effets préjudiciables pour la santé nétait pas prouvée.
Les informations dont on dispose en matière de surveillance biologique cytogénétique proviennent pour lessentiel des situations professionnelles à «forte exposition». Très peu de cas ont été confirmés par plusieurs études indépendantes et la plupart dentre elles reposaient sur la détection des aberrations chromosomiques. Dans la version mise à jour des Monographies du CIRC (vol. 43 à 50) figurent au total 14 cancérogènes professionnels de classe 1, 2A ou 2B pour lesquels des tests cytogénétiques se sont révélés positifs chez lhumain, avec confirmation de la plupart des résultats chez lanimal (voir tableau 27.6). Cette base de données limitée donne à penser que les produits chimiques cancérogènes ont tendance à être clastogènes, et que ce pouvoir clastogène est associé aux cancérogènes humains connus. Tous les cancérogènes ninduisent cependant pas de lésions cytogénétiques chez lhumain ou les animaux in vivo. Les cas où des données animales positives ne sont pas retrouvées chez lhumain peuvent être dus à des différences de niveau dexposition. Il est aussi possible que les expositions professionnelles complexes et prolongées chez lhumain ne soient pas comparables aux expérimentations animales de courte durée.
Tests cytogénétiques1 |
||||||
Humain |
Animal |
|||||
Produits/exposition |
AC |
SCE |
MN |
AC |
SCE |
MN |
GROUPE 1: cancérogènes avérés chez l’humain |
||||||
Arsenic et composés arsenicaux |
? |
? |
+ |
+ |
||
Amiante |
? |
– |
– |
|||
Benzène |
+ |
+ |
+ |
+ |
||
Bis(chlorométhyl)éther et chlorométhylméthyl éther (qualité technique) |
(+) |
– |
||||
Chlorure de vinyle |
+ |
? |
+ |
+ |
+ |
|
Composés hexavalents du chrome |
+ |
+ |
+ |
+ |
+ |
|
Composés du nickel |
+ |
– |
? |
|||
Cyclophosphamide |
+ |
+ |
+ |
+ |
+ |
|
Fumée de tabac |
+ |
+ |
+ |
+ |
||
Melphalan |
+ |
+ |
+ |
|||
Radon |
+ |
– |
||||
GROUPE 2A: cancérogènes probables chez l’humain |
||||||
Acrylonitrile |
– |
– |
– |
|||
Adriamycine |
+ |
+ |
+ |
+ |
+ |
|
Cadmium et composés cadmiques |
– |
(–) |
– |
|||
Cisplatine |
+ |
+ |
+ |
|||
Dibromure d’éthylène |
– |
– |
– |
+ |
– |
|
Epichlorhydrine |
+ |
? |
+ |
– |
||
Formaldéhyde |
? |
? |
– |
– |
||
Oxyde d’éthylène |
+ |
+ |
+ |
+ |
+ |
+ |
GROUPE 2B: cancérogènes potentiels chez l’humain |
||||||
Composés du plomb |
? |
? |
? |
– |
? |
|
DDT |
? |
+ |
– |
|||
Diméthylformamide |
(+) |
– |
– |
|||
Herbicides chlorophénoxy (2,4-D et 2,4,5-T) |
– |
– |
+ |
+ |
– |
|
Styrène |
+ |
? |
+ |
? |
+ |
+ |
2,3,7,8-Tétrachlorodibenzo- p-dioxine |
? |
– |
– |
– |
||
Vapeurs de soudage |
+ |
+ |
– |
– |
1 AC = aberrations chromosomiques, SCE = échanges de chromatides surs, MN = micronoyaux.
(–) = relation négative dans une seule étude – = relation négative
(+) = relation positive dans une seule étude + = relation positive
? = sans conclusion possible zone non renseignée = test non effectué
Source: CIRC, Monographs on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, vol. 43 à 50.
Les études de génotoxicité effectuées chez les personnes exposées font appel à des tests très divers en dehors des tests chromosomiques, tels que les lésions de lADN, lactivité réparatrice de lADN ou les adduits à lADN et aux protéines. Certains de ces tests peuvent être plus pertinents que dautres pour la prévision des risques cancérogènes. Les lésions génétiques stables (réarrangements chromosomiques, délétions et mutations ponctuelles, par exemple) sont très significatives, car leur relation avec la cancérogenèse est connue. La signification des adduits à lADN dépend de la méthode didentification de lagent chimique concerné et de la relation de cause à effet avec lexposition. Certains des tests utilisés, comme ceux portant sur les échanges de chromatides surs (SCE), la synthèse non programmée de lADN (UDS), les protéines se fixant à lADN monobrin (SSB) ou les cassures de brin dADN sont des indicateurs ou des marqueurs génétiques potentiels, mais leur validité nest pas établie, faute de connaître les mécanismes conduisant à des altérations génétiques. Il est clair que le marqueur génétique le plus pertinent chez lhumain serait linduction dune mutation spécifique ayant un rapport direct avec des processus cancéreux chez les rongeurs exposés au produit chimique étudié (voir figure 27.7).
Les progrès rapides des techniques de génétique moléculaire, lévolution accélérée du séquençage du génome humain et la mise en évidence du rôle des gènes suppresseurs de tumeurs et des proto-oncogènes en cancérogenèse humaine soulèvent des questions de nature éthique quant à linterprétation, à la communication et à lutilisation des informations personnelles de ce type. Le développement rapide des techniques danalyse des gènes humains permettra bientôt didentifier de nouveaux gènes de sensibilité héréditaires chez les sujets sains asymptomatiques qui se prêteront aux dépistages génétiques (US Office of Technology Assessment, 1990).
De nombreuses questions dordre social et éthique se poseront si lutilisation du dépistage génétique devient une réalité. Dès à présent, une cinquantaine de particularismes génétiques touchant le métabolisme, les polymorphismes enzymatiques, les systèmes de réparation de lADN sont soupçonnés dêtre à lorigine dune sensibilité accrue à diverses pathologies, et il existe des tests diagnostiques portant sur lADN pour environ 300 maladies génétiques. Plusieurs questions viennent spontanément à lesprit. Le dépistage génétique est-il de mise en milieu de travail? Qui prendra la décision de faire subir un tel dépistage? Comment seront utilisées ces informations pour les décisions dembauche ou de carrière? Qui y aura accès et comment les résultats seront-ils communiqués aux personnes concernées? Beaucoup de ces questions sont fortement liées aux normes sociales et aux valeurs éthiques qui ont cours. Le principal objectif doit être la prévention de la maladie et de la souffrance humaine, mais la volonté propre des individus et les principes éthiques ne sauraient pour autant être ignorés. Cest à ces questions dordre éthique quil faut apporter une réponse avant de mettre en place toute étude de surveillance biologique sur le lieu de travail (voir tableau 27.7 et le chapitre no 19 «Les questions déthique»).
Destinataires de l’information |
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Nature de l’information |
Personne concernée |
Médecin du travail |
Employeur |
Objet du test |
• |
• |
l |
Justification du test |
• |
l |
l |
Risques encourus |
• |
l |
l |
Données confidentielles |
• |
l |
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Mesures envisagées pour améliorer l’hygiène et réduire l’exposition |
• |
l |
La phase de préparation de toute étude de surveillance biologique génétique nécessite du temps et des efforts. Toutes les parties concernées (personnel, employeur, service médical) doivent être clairement informées préalablement à létude et être mise au courant des résultats obtenus. Utilisée avec précaution et sous réserve de la fiabilité des résultats, la surveillance biologique génétique peut contribuer à améliorer la sécurité du travail et la santé des travailleurs.
Lexposition humaine aux pesticides présente des caractéristiques différentes selon quelle survient lors de leur production industrielle ou de leur mise en uvre (voir tableau 27.8). La formulation de produits commerciaux (par mélange des principes actifs à dautres constituants) entraîne cependant des conditions dexposition comparables en partie à celles que lon rencontre dans lagriculture. La fabrication se fait dans de petites entreprises qui fabriquent de nombreux produits par opérations successives au cours desquelles les travailleurs sont exposés pendant un temps limité à toutes sortes de pesticides. Dans les programmes de santé publique comme dans lagriculture, la règle générale est lutilisation simultanée de différents produits, sauf pour certaines applications spécifiques où lon se limite à un seul (par exemple, pour la défoliation du coton ou la prévention du paludisme).
Exposition liée à la production |
Exposition liée à l’utilisation |
|
Durée d’exposition |
Continue et prolongée |
Variable et intermittente |
Niveau d’exposition |
Relativement constante |
Extrêmement variable |
Type d’exposition |
Un à plusieurs produits |
Nombreux produits à la suite les uns des autres ou simultanément |
Absorption cutanée |
Facile à contrôler |
Variable selon les méthodes de travail |
Contrôles d’ambiance |
Utile |
Rarement informative |
Surveillance biologique |
Complémentaire des contrôles d’ambiance |
Très utile lorsque disponible |
Source: d’après OMS, 1982b.
Le mesurage des indicateurs biologiques dexposition aux pesticides est particulièrement intéressant dans le cas des utilisateurs de pesticides pour lesquels les techniques classiques des contrôles dambiance sont difficilement applicables. La plupart des pesticides sont des substances liposolubles qui pénètrent dans la peau, doù limportance de lutilisation dindicateurs biologiques si lon veut évaluer le niveau dexposition.
Les indicateurs biologiques deffet. Les cholinestérases constituent les enzymes cibles responsables de la toxicité des organophosphorés chez les insectes et les mammifères. Il existe deux types principaux de cholinestérases dans lorganisme humain: lacétylcholinestérase (AChE) et la cholinestérase plasmatique (PChE). Les organophosphorés produisent des effets toxiques chez lhumain par inhibition de lacétylcholinestérase synaptique au niveau du système nerveux. Lacétylcholinestérase est également présente dans les hématies, où son rôle nest pas connu. La cholinestérase plasmatique est un terme générique recouvrant un groupe hétérogène denzymes présentes dans les cellules gliales, le plasma, le foie et dautres organes. La PChE est inhibée par les organophosphorés, mais son inhibition ne produit pas de perturbations fonctionnelles connues.
Linhibition de lactivité de lAChE et de la PChE dans le sang est fortement corrélée à lintensité et à la durée dexposition aux organophosphorés. LAChE sanguine, qui est aussi la cible moléculaire responsable de la toxicité aiguë de ces insecticides sur le système nerveux, constitue un indicateur beaucoup plus spécifique que la PChE. La sensibilité de lAChE et de la PChE sanguines à leffet inhibiteur des organophosphorés varie cependant selon les produits, certains dentre eux inhibant préférentiellement lAChE, dautres surtout la PChE.
Il existe une assez bonne corrélation entre lactivité de lAChE dans le sang et les signes cliniques de toxicité aiguë (voir tableau 27.9). La corrélation tend à être meilleure lorsque linhibition saccélère; par contre, quand linhibition est lente, comme au cours des expositions chroniques à faible concentration, la corrélation avec la maladie devient faible, voire totalement inexistante. Linhibition de lAChE dans le sang nest donc pas un prédicteur des effets chroniques ou différés.
Inhibition (%) de l’AChE |
Sévérité de l’intoxication |
Symptômes cliniques |
Pronostic |
50-60 |
Légère |
Faiblesse, céphalées, vertiges, nausées, hypersalivation, larmoiement, myosis, spasme bronchique modéré |
Convalescence en 1-3 jours |
60-90 |
Modérée |
Faiblesse soudaine, troubles visuels, hypersalivation, hypersudation, vomissements, diarrhée, bradycardie, hypertonie, tremblements (mains et tête), troubles de la démarche, myosis, douleur thoracique, cyanose des muqueuses |
Convalescence en 1-2 semaines |
90-100 |
Sévère |
Tremblements soudains, convulsions généralisées, troubles psychiques, cyanose intense, dème pulmonaire, coma |
Décès par arrêt respiratoire ou cardiaque |
Les valeurs normales de lactivité de lAChE et de la PChE présentent des variations chez les sujet sains, de même que dans certaines conditions physiopathologiques spécifiques (voir tableau 27.10). La sensibilité de ces paramètres biologiques aux fins du suivi dune exposition aux organophosphorés est donc meilleure si lon prend comme référence les valeurs basales de chaque individu avant exposition pour les comparer aux activités cholinestérasiques constatées après exposition. Les valeurs de référence de la population ne devraient être retenues que si les taux individuels avant exposition sont inconnus (voir tableau 27.11).
Activité de l’AChE |
Activité de la PChE |
|
Sujets sains |
||
Variation interindividuelle1 |
10-18% |
15-25% |
Variation intra-individuelle1 |
3-7% |
6% |
Différence selon le sexe |
Non |
Supérieure de 10 - 15% chez les hommes |
Age |
Faible jusqu’à l’âge de 6 mois |
|
Masse corporelle |
|
Corrélation positive |
Cholestérol sérique |
|
Corrélation positive |
Variation saisonnière |
Non |
Non |
Variation circadienne |
Non |
Non |
Menstruation |
|
Diminuée |
Grossesse |
|
Diminuée |
Etats pathologiques |
||
Activité diminuée |
Leucémie, néoplasie |
Atteinte hépatique, urémie, cancer, insuffisance cardiaque, réactions allergiques |
Activité augmentée |
Polyglobulie, thalassémie, autres dyscrasies sanguines congénitales |
Hyperthyroïdie, autres situations de métabolisme accéléré |
1 Source: Augustinsson, 1955; Gage, 1967.
Méthode |
Sexe |
AChE* |
PChE* |
Michel1 (delta pH/h) |
Hommes |
0,77±0,08 |
0,95±0,19 |
Titrimétrie1 (µmol/mn ml) |
Hommes/femmes |
13,2±0,31 |
4,90±0,02 |
Ellman modifiée2 (UI/ml) |
Hommes |
4,01±0,65 |
3,03±0,66 |
* Moyenne ± écart-type.
Sources: 1 Laws, 1991. 2 Alcini et coll., 1988.
Le sang devrait être prélevé de préférence dans les 2 heures suivant lexposition. La ponction veineuse est préférable au prélèvement de sang capillaire recueilli au bout du doigt ou au lobe de loreille car, chez les sujets exposés, la peau risque dêtre souillée par le pesticide à lendroit du prélèvement. Il est recommandé de déterminer la valeur normale de base de chaque individu sur trois échantillons successifs prélevés avant exposition (OMS, 1982c).
Il existe diverses méthodes analytiques pour mesurer lAChE et la PChE sanguines. LOrganisation mondiale de la santé (OMS) recommande comme méthode de référence celle dEllman par spectrophotométrie (Ellman et coll., 1961).
Les indicateurs biologiques dexposition. La surveillance dune exposition aux organophosphorés est assurée grâce au dosage urinaire des métabolites dérivés de la partie alkylphosphate de la molécule dorganophosphorés ou des résidus dhydrolyse de la liaison P-X (voir figure 27.8).
Les métabolites alkylphosphates. Le tableau 27.12 dresse la liste des métabolites urinaires alkylphosphates et des produits dont ils sont issus. Les alkylphosphates urinaires sont des marqueurs sensibles dexposition aux organophosphorés, leur présence dans lurine étant en effet décelable pour des niveaux dexposition auxquels aucune inhibition de la cholinestérase plasmatique ou érythrocytaire nest observée. Lexcrétion urinaire des alkylphosphates a été mesurée dans différentes conditions dexposition et avec divers organophosphorés (voir tableau 27.13). Quelques études ont établi une relation entre les doses externes de ce type dinsecticide et les concentrations urinaires dalkylphosphates. Certaines ont démontré une relation significative entre lactivité cholinestérasique et les concentrations urinaires dalkylphosphates.
Métabolites |
Abréviations |
Principaux produits de départ |
Monométhylphosphate |
MMP |
Malathion, parathion |
Diméthylphosphate |
DMP |
Dichlorvos, trichlorofon, mevinphos, malaoxon, diméthoate, fenchlorphos |
Diéthylphosphate |
DEP |
Paraoxon, déméton-oxon, diazinon-oxon, dichlorfenthion |
Diméthylthiophosphate |
DMTP |
Fenitrothion, fenchlorphos, malathion, diméthoate |
Diéthylthiophosphate |
DETP |
Diazinon, déméthon, parathion, fenchlorphos |
Diméthyldithiophosphate |
DMDTP |
Malathion, diméthoate, azinphos-méthyle |
Diéthyldithiophosphate |
DEDTP |
Disulfoton, phorate |
Acide phénylphosphorique |
|
Leptophos, EPN |
Produits |
Conditions d’exposition |
Voies d’exposition |
Concentrations des métabolites1 (mg/l) |
Parathion2 |
Intoxication non mortelle |
Orale |
DEP = 0,5 |
Disulfoton2 |
Fabrication |
Cutanée/ inhalation |
DEP = 0,01-4,40 |
Phorate2 |
Fabrication |
Cutanée/ inhalation |
DEP = 0,02-5,14 |
Malathion3 |
Epandage |
Cutanée |
DMDTP = <0,01 |
Fenitrothion3 |
Epandage |
Cutanée |
DMP = 0,01-0,42 |
Monocrotophos4 |
Epandage |
Cutanée/ inhalation |
DMP = <0,04-6,3/24 h |
1 Pour les abréviations, voir tableau 27.12. 2 Dillon et Ho, 1987. 3 Richter, 1993. 4 van Sittert et Dumas, 1990.
En principe, les alkylphosphates sont excrétés rapidement dans lurine. Les échantillons urinaires devraient donc être recueillis en fin de poste pour doser ces métabolites.
Le dosage des alkylphosphates urinaires nécessite une méthode analytique assez élaborée, basée sur la dérivation des composés et la détection par chromatographie en phase gazeuse (Shafik et coll., 1973a; Reid et Watts, 1981).
Les résidus dhydrolyse. Le p-nitrophénol (PNP) est le métabolite phénolique du parathion, du méthylparathion et de léthylparathion. Le dosage du PNP urinaire (Cranmer, 1970) est un indicateur fiable quon emploie beaucoup pour surveiller les expositions au parathion. Il existe une bonne corrélation entre le PNP urinaire et la quantité de parathion absorbée. Une excrétion urinaire de PNP allant jusquà 2 mg/l, après absorption de parathion, ne saccompagne daucun symptôme dintoxication et daucune variation notable des activités cholinestérasiques. Le p-nitrophénol est rapidement excrété et les taux urinaires deviennent insignifiants dans les 48 heures qui suivent lexposition. Les échantillons urinaires devraient donc être recueillis rapidement après lexposition.
Les indicateurs biologiques deffet. Les pesticides carbamiques comprennent des insecticides, des fongicides et des herbicides. La toxicité des carbamates insecticides est due à linhibition de lAChE synaptique, tandis que dautres mécanismes de toxicité interviennent pour les carbamates herbicides ou fongicides. Seule lexposition aux insecticides carbamiques est donc justiciable de la recherche de lactivité cholinestérasique érythrocytaire (AChE) ou plasmatique (PChE). LAChE est habituellement plus sensible à leffet inhibiteur des carbamates que la PChE. Les personnes exposées professionnellement aux carbamates présentent généralement des symptômes cholinergiques lorsque lactivité de lAChE dans le sang est inférieure à 70% de la valeur basale individuelle (OMS, 1982b).
Linhibition des cholinestérases par les carbamates est rapidement réversible. Cest pourquoi des résultats faussement négatifs peuvent être observés si un délai trop long sécoule entre lexposition et le recueil de léchantillon biologique, ou entre celui-ci et lanalyse. Pour éviter ces problèmes, il est recommandé de prélever les échantillons de sang et de les analyser dans les 4 heures qui suivent lexposition. La préférence devrait être donnée aux méthodes analytiques qui permettent de mesurer lactivité cholinestérasique immédiatement après la prise de sang, comme nous lavons déjà mentionné pour les organophosphorés.
Les indicateurs biologiques dexposition. Le dosage des métabolites urinaires comme méthode de surveillance dune exposition humaine aux carbamates na été utilisé que pour quelques produits et dans un nombre limité détudes. Le tableau 27.14 en résume les principales données. Les carbamates étant rapidement excrétés dans lurine, le dosage des métabolites devrait être effectué sur des échantillons recueillis peu après lexposition. Les méthodes analytiques pour le dosage de ces métabolites urinaires ont été décrites par Dawson et coll. (1964), DeBernardinis et Wargin (1982) ainsi que Verberk et coll. (1990).
Produits |
Indices biologiques |
Conditions d’exposition |
Concentrations dans l’air |
Résultats |
Références |
Carbaryl |
alpha-naphthol |
Fabrication |
0,23-0,31 mg/m3 |
x=18,5 mg/l1, taux d’excrétion maximal = 80 mg/j |
OMS, 1982a |
Pirimicarbe |
métabolites I2 et V3 |
Epandage |
|
limites = 1-100 µg/l |
Verberk et coll., 1990 |
1 Des intoxications systémiques ont été occasionnellement signalées. 2 2-diméthylamino-4-hydroxy-5,6-diméthylpyrimidine. 3 2-méthylamino-4-hydroxy-5,6-diméthylpyrimidine. x = écart-type.
Les indicateurs biologiques dexposition. Les dithiocarbamates, qui sont beaucoup employés comme fongicides, appartiennent à trois classes chimiques: thiourames, diméthyldithiocarbamates et éthylène-bis-dithiocarbamates.
Le sulfure de carbone (CS2) et son métabolite principal, lacide 2-thiothiazolidine-4-carboxylique (TTCA), sont des métabolites communs à la plupart des dithiocarbamates. Une augmentation significative de leur concentration urinaire a été observée dans diverses conditions dexposition et pour différents pesticides en contenant. Léthylènethiourée (ETU) est un métabolite urinaire important des éthylène-bis-dithiocarbamates. Ce composé peut également être présent sous forme dimpuretés dans les produits commerciaux. Compte tenu de son potentiel tératogène et cancérogène chez le rat et chez dautres espèces, et de sa toxicité thyroïdienne, lETU est très utilisée pour la surveillance des ex-positions aux éthylène-bis-dithiocarbamates. Léthylènethiourée nest pas spécifique dun produit particulier puisquelle peut se former à partir du manèbe, du mancozèbe ou du zinèbe.
Le dosage des métaux présents dans les dithiocarbamates a été proposé comme autre méthode de surveillance des cas dexposition à ces produits. Une augmentation de lexcrétion urinaire du manganèse a été observée chez les personnes exposées professionnellement au mancozèbe (voir tableau 27.15).
Produits |
Indices biologiques |
Conditions d’exposition |
Concentrations dans l’air ambiant* |
Résultats ± écarts-types |
Références |
Zirame |
Sulfure de carbone (CS2) |
Fabrication |
1,03 ± 0,62 mg/m3 |
3,80 ± 3,70 µg/l |
Maroni et coll., 1992 |
Manèbe/ mancozèbe |
ETU2 |
Epandage |
|
limites = 0,2-11,8 µg/l |
Kurttio et coll., 1990 |
Mancozèbe |
Manganèse |
Epandage |
57,2 µg/m3 |
avant exposition: 0,32 ± 0,23 µg/g crιatinine; |
Canossa et coll., 1993 |
* Valeur moyenne selon Maroni et coll., 1992.
1 TTCA = acide 2-thiothiazolidine-4-carboxylique. 2 ETU = éthylènethiourée.
Il est courant de trouver du sulfure de carbone, du TTCA et du manganèse dans lurine des sujets non exposés. Il est donc recommandé de mesurer les concentrations urinaires de ces composés avant toute exposition et de recueillir les échantillons durine le matin suivant larrêt de lexposition. Les méthodes analytiques applicables au dosage du CS2, du TTCA et de léthylènethiourée ont été décrites par Maroni et coll. (1992).
Les indicateurs biologiques dexposition. Les pyréthrinoïdes de synthèse sont des insecticides analogues aux pyréthrines naturelles. Des études réalisées sur des volontaires humains ont permis didentifier les métabolites urinaires aux fins de la surveillance biologique. Lacide 3-(2,2-dichloro-vinyl)-diméthyl-cyclopropane carboxylique (Cl2CA), métabolite acide, est excrété chez les sujets traités per os par la perméthrine et la cyperméthrine, lanalogue bromé (Br2CA) étant retrouvé chez les sujets traités par la deltaméthrine. Chez les volontaires traités par la cyperméthrine, un métabolite phénoxy, lacide 4-hydroxy-phénoxy benzoïque (4-HPBA), a également été identifié. Ces métabolites ne sont cependant pas très employés pour la surveillance des expositions professionnelles en raison de la complexité des techniques analytiques nécessaires (Eadsforth, Bragt et van Sittert, 1988; Kolmodin-Hedman, Swensson et Akerblom, 1982). Chez les utilisateurs de cyperméthrine, les taux urinaires de Cl2CA se situent entre 0,05 et 0,18 mg/l, alors que chez les ouvriers fabriquant lalpha-cyperméthrine les taux urinaires de 4-HPBA sont inférieurs à 0,02 mg/l.
Il est recommandé de doser les métabolites dans les urines de 24 heures recueillies dès la fin de lexposition.
Les indicateurs biologiques dexposition. Les insecticides organochlorés très employés dans les années cinquante et soixante, ont cessé pour la plupart de lêtre dans de nombreux pays en raison de leur persistance dans lenvironnement.
La surveillance biologique de lexposition aux organochlorés peut être assurée par le dosage des substances elles-mêmes ou de leurs métabolites dans le sang ou le sérum (Dale, Curley et Cueto, 1966; Barquet, Morgade et Pfaffenberger, 1981). Après absorption, laldrine est rapidement métabolisée en dieldrine qui peut être dosée dans le sang. Lendrine a une demi-vie très courte dans le sang et son dosage ne peut donc seffectuer quen cas dexposition récente. Le dosage dun métabolite urinaire, lanti-12-hydroxy-endrine, peut également permettre de surveiller les expositions à lendrine.
Une corrélation significative entre la concentration des indicateurs biologiques et la survenue deffets toxiques a été mise en évidence pour certains composés organochlorés. Des signes dintoxication après exposition à laldrine et à la dieldrine apparaissent à des concentrations sanguines de dieldrine supérieures à 200 µg/l. Une concentration sanguine de lindane de 20 µg/l est considérée comme le seuil critique dapparition de signes et de symptômes neurologiques. Aucun effet nocif aigu na été observé chez les travailleurs exposés à des concentrations sanguines dendrine inférieures à 50 µg/l. Aucun effet indésirable précoce (induction denzymes microsomales hépatiques) na été signalé pour des expositions répétées à lendrine entraînant des concentrations urinaires danti-12-hydroxy-endrine inférieures à 130 µg/g de créatinine et pour des expositions répétées au DDT correspondant à des concentrations sériques de DDT ou de DDE inférieures à 250 µg/l.
Les organochlorés peuvent être trouvés en faibles concentrations sanguines ou urinaires dans la population générale. Les concentrations mesurées dans le sang peuvent ainsi atteindre 1 µg/l pour le lindane, 10 µg/l pour la dieldrine et 100 µg/l pour le DDT ou le DDE, et les taux urinaires peuvent aller jusquà 1 µg/g de créatinine pour lanti-12-hydroxy-endrine. Il est donc recommandé de mesurer les taux de base initiaux, avant toute exposition.
Chez les sujets exposés, les échantillons sanguins devraient être prélevés dès la fin dune exposition unique. En cas dexposition de longue durée, le moment du prélèvement sanguin nest pas critique. Des échantillons ponctuels durine devraient être recueillis en fin dexposition en vue de doser les métabolites urinaires.
Les indicateurs biologiques dexposition. Peu de travaux ont porté sur lexcrétion urinaire de latrazine et de ses métabolites triaziniques chez les sujets exposés. La figure 27.9 montre les profils dexcrétion urinaire des métabolites de latrazine après exposition cutanée à des concentrations datrazine de lordre de 174 à 275 µmol/poste de travail (Catenacci et coll., 1993). Etant donné que les autres chlorotriazines (simazine, propazine, terbuthylazine) présentent un métabolisme identique à celui de latrazine, il est possible de doser les métabolites triaziniques désalkylés pour surveiller lexposition à tous les herbicides chlorotriaziniques.
La détermination qualitative des substances inchangées dans lurine peut être utilisée pour identifier les composés responsables de lexposition. Il est recommandé de rechercher les métabolites dans les urines de 24 heures recueillies à partir du début de lexposition.
Un test, appelé test ELISA, a permis didentifier un conjugué mercapturique de latrazine comme métabolite urinaire majeur chez les travailleurs exposés. Ce conjugué est retrouvé à des concentrations au moins dix fois supérieures à celles des métabolites désalkylés. La quantité totale de conjugué mercapturique excrétée sur une période de dix jours est corrélée à lexposition cutanée et respiratoire cumulée (Lucas et coll. 1993).
Les indicateurs biologiques deffet. Les rodenticides coumariniques inhibent lactivité des enzymes du cycle de la vitamine K dans le foie des mammifères, y compris chez lhumain (voir figure 27.10), provoquant ainsi une réduction dose-dépendante de la synthèse des facteurs de coagulation dépendant de la vitamine K, particulièrement des facteurs II (prothrombine), VII, IX et X. Les effets anticoagulants apparaissent lorsque les taux plasmatiques des facteurs de coagulation ont diminué denviron 20% par rapport aux valeurs normales.
Ces antagonistes de la vitamine K ont été subdivisés en composés de «première génération» (comme la warfarine) et de «seconde génération» (brodifacoum, difenacoum, par exemple), ces derniers étant caractérisés par une très longue demi-vie biologique (100 à 200 jours).
On fait souvent appel au test du temps de Quick (taux de prothrombine) pour surveiller lexposition aux dérivés coumariniques. Il faut préciser que ce test nest sensible quà partir dune diminution denviron 20% des facteurs de coagulation plasmatiques par rapport à la normale. On ne peut donc pas lemployer pour déceler les effets précoces dune exposition, pour lesquels il est recommandé de mesurer la concentration plasmatique de prothrombine.
A lavenir, ces tests pourraient être remplacés par la détermination des facteurs précurseurs de la coagulation (PIVKA, ou protéine induite par les antivitamines K), substances retrouvées dans le sang uniquement en cas de blocage du cycle de la vitamine K par les coumarine.
Dans des conditions dexposition prolongée, le moment des prélèvements sanguins nest pas critique. En cas de surexposition aiguë, la surveillance biologique devrait être exercée pendant les cinq jours au moins suivant lexposition, pour tenir compte du délai de latence de leffet anticoagulant. Il est recommandé de mesurer les valeurs initiales de base avant toute exposition, afin daugmenter la sensibilité de ces tests.
Les indicateurs biologiques dexposition. Le dosage sanguin des dérivés coumariniques natifs a été proposé pour surveiller lexposition chez lhumain. Lapplication en reste cependant très limitée, car les techniques analytiques sont beaucoup plus complexes (et moins bien normalisées) que celles qui permettent de rechercher les effets sur la coagulation (Chalermchaikit, Felice et Murphy, 1993).
Les indicateurs biologiques dexposition. Les herbicides phénoxy sont peu métabolisés chez les mammifères. Chez lhumain, plus de 95% de lacide 2,4-dichlorophénoxyacétique (2,4-D) sont excrétés sous forme inchangée dans lurine en cinq jours, et les acides 2,4,5-trichlorophénoxyacétique (2,4,5-T) et 4-chloro-2-méthylphénoxyacétique (MCPA) sont également excrétés dans lurine (essentiellement sous forme inchangée) dans les quelques jours suivant leur absorption par voie orale. Le dosage urinaire des molécules natives est utilisé pour la surveillance des expositions professionnelles à ces herbicides. Dans des études de terrain réalisées chez des travailleurs exposés, on a mis en évidence des taux urinaires compris entre 0,10 et 8 µg/l pour le 2,4-D, entre 0,05 et 4,5 µg/l pour le 2,4,5-T et entre moins de 0,1 µg/l et 15 µg/l pour le MCPA. Pour doser les composés inchangés, il est recommandé de recueillir les urines des 24 heures qui suivent la fin de lexposition. Draper (1982) a décrit des méthodes analytiques convenant au dosage urinaire des herbicides phénoxy.
Les indicateurs biologiques dexposition. Le diquat et le paraquat sont des herbicides faiblement biotransformés dans lorganisme humain. En raison de leur forte hydrosolubilité, ils sont facilement excrétés sous forme inchangée dans lurine. Il nest pas rare de trouver des concentrations urinaires inférieures à la limite de détection analytique (0,01 µg/l) chez les travailleurs exposés au paraquat; dans les régions tropicales, des concentrations allant jusquà 0,73 µg/l ont été mises en évidence après des erreurs de manipulation. Des concentrations urinaires de diquat inférieures à la limite de détection analytique (0,047 µg/l) ont été signalées chez des sujets exposés par voie cutanée à des concentrations de 0,17 à 1,82 µg/h, ou par inhalation à des concentrations inférieures à 0,01 µg/h. Pour les dosages, il est recommandé dutiliser un échantillon des urines de 24 heures recueillies en fin dexposition. A défaut, on pourra se servir dun échantillon prélevé ponctuellement en fin de poste.
Le dosage sérique du paraquat est utile au pronostic en cas dintoxication aiguë, la survie étant probable lorsque les taux sériques ne dépassent pas 0,1 µg/l, 24 heures après lingestion.
Summers (1980) a dressé la synthèse des méthodes analytiques convenant au dosage du paraquat et du diquat.
Le 4,6-dinitro-o-crésol (DNOC). Le DNOC est un herbicide qui a fait son apparition en 1925, mais dont lutilisation a progressivement diminué en raison de sa forte toxicité pour les plantes et pour lhumain. Etant donné que les concentrations sanguines de DNOC présentent une certaine corrélation avec la sévérité des effets nocifs, le dosage sanguin du DNOC inchangé a été proposé pour surveiller les expositions professionnelles et évaluer létat clinique des sujets intoxiqués.
Le pentachlorophénol. Le pentachlorophénol (PCP) est un biocide à large spectre actif sur les plantes adventices, les insectes et les champignons. Les dosages sanguins et urinaires du PCP inchangé sont recommandés comme indicateurs de surveillance des expositions professionnelles (Colosio et coll., 1993), car ils renseignent bien sur la charge corporelle en PCP. Chez les travailleurs exposés de façon prolongée au PCP, le moment des prélèvements sanguins nest pas critique, alors que les échantillons ponctuels durine devraient être recueillis le matin suivant la fin de lexposition.
Une méthode universelle applicable au dosage des métabolites des pesticides halogénés et nitrophénoliques a été décrite par Shafik et coll. (1973b).
Dautres tests proposés pour la surveillance biologique de lexposition aux pesticides sont présentés dans le tableau 27.16.
Produits |
Indices biologiques |
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Urine |
Sang |
Bromophos |
Bromophos |
Bromophos |
Captane |
Tétrahydrophtalimide |
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Carbofurane |
3-Hydroxycarbofurane |
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Chlorodiméforme |
Dérivés de la 4-Chloro-o-toluidine |
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Chlorobenzilate |
p,p-1-Dichlorobenzophénone |
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Dichloropropène |
Métabolites de l’acide mercapturique |
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Fenitrothion |
p-Nitrocrésol |
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Ferbame |
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Thiurame |
Fluazifop-Butyl |
Fluazifop |
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Flufenoxuron |
|
Flufenoxuron |
Glyphosate |
Glyphosate |
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Malathion |
Malathion |
Malathion |
Produits organostanneux |
Etain |
Etain |
Trifenomorph |
Morpholine, triphénylcarbinol |
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Zirame |
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Thiurame |
Les indicateurs biologiques permettant de surveiller lexposition aux pesticides ont été utilisés dans de nombreux travaux expérimentaux et dans des études de terrain.
Certains tests pour lesquels des limites biologiques dexposition ont été proposées (voir tableau 27.17) sont validés par une longue expérience. Il en est ainsi du dosage des cholinestérases dans le sang ou du dosage sanguin ou urinaire de certains pesticides sous forme inchangée. Dautres tests, notamment ceux qui portent sur les métabolites sanguins ou urinaires, restent dun emploi beaucoup plus limité en raison des problèmes analytiques ou des difficultés dinterprétation des résultats qiils posent.
Produits |
Indices biologiques |
BEI1 |
BAT2 |
HBBL3 |
BLV4 |
Inhibiteurs de l’AChE |
AChE dans le sang |
70% |
70% |
70%, |
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DNOC |
DNOC dans le sang |
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20 mg/l, |
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Lindane |
Lindane dans le sang |
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0,02mg/l |
0,02mg/l |
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Parathion |
PNP urinaire |
0,5mg/l |
0,5 mg/l |
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Pentachlorophénol (PCP) |
PCP urinaire |
2 mg/l |
0,3 mg/l |
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Dieldrine/Aldrine |
Dieldrine dans le sang |
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100 µg/l |
Endrine |
Anti-12-hydroxy-endrine urinaire |
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130 µg/l |
DDT |
DDT et DDE sériques |
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250 µg/l |
Coumarines |
Temps de Quick |
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10% au-dessus de la valeur basale |
MCPA |
MCPA urinaire |
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0,5 µg/l |
2,4-D |
2,4-D urinaire |
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0,5 µg/l |
1 BEI = indices biologiques d’exposition recommandés par l’ACGIH (1995). 2 BAT = limites de tolérance biologique recommandées par la DFG (Commission allemande de recherche sur les risques liés aux composés chimiques utilisés sur les lieux de travail) (1992). 3 HBBL = limites biologiques recommandées par un Groupe de travail de l’OMS (1982b). 4 BLV = limites biologiques proposées par un Groupe de travail du Comité scientifique sur les pesticides de la Commission internationale de la santé au travail (Tordoir et coll., 1994). En cas de dépassement, une évaluation des conditions de travail est exigée.
La surveillance biologique est un domaine en pleine évolution. Vu limportance que les indicateurs biologiques revêtent aux fins de la surveillance de lexposition aux pesticides, le développement et la validation de nouveaux tests sont promis à une évolution constante.