Les travailleurs de cette branche dactivité qui englobe le bâtiment et les travaux publics de même que le génie civil et que lon désigne parfois sous lappellation dindustrie de la construction construisent, réparent, rénovent, transforment et démolissent des maisons dhabitation, des bureaux, des lieux de culte, des usines, des hôpitaux, des routes, des ponts, des galeries, des stades, des ouvrages portuaires, des aéroports, etc. Le Bureau international du Travail (BIT) distingue les entreprises publiques et privées du bâtiment qui érigent des immeubles dhabitation ou à usage commercial et les entreprises de travaux publics qui construisent des ouvrages de génie civil routes, ponts, galeries, barrages, aéroports, etc. Aux Etats-Unis et dans certains autres pays, ces entreprises soccupent également de lentretien des sites dentreposage de déchets dangereux.
Dans les pays industriels, le secteur de la construction représente un pourcentage variable du PIB: environ 4% aux Etats-Unis, 6,5% en Allemagne et 17% au Japon, par exemple. Les employeurs noccupent le plus souvent quune faible proportion de travailleurs à plein temps. Par ailleurs, un grand nombre dentreprises sont spécialisées dans divers secteurs dactivité électricité, plomberie, carrelage, béton armé, charpente métallique, etc. et travaillent souvent en sous-traitance.
La plupart des travailleurs de la construction sont non qualifiés; les autres sont classés dans lun des nombreux emplois qualifiés (voir tableau 93.1). Dans les pays industriels, ces travailleurs représentent environ 5 à 10% de la main-duvre. Dans le monde entier, plus de 90% des travailleurs de la construction sont des hommes. Dans certains pays en développement, toutefois, la proportion de femmes est supérieure, mais elles occupent généralement des emplois non qualifiés. Dans certains pays, les travaux de construction sont laissés à des travailleurs migrants, alors que dans dautres, ce secteur fournit des emplois relativement bien rémunérés garantissant une certaine sécurité financière. Pour un grand nombre de gens, les emplois non qualifiés de la branche constituent un premier pas vers des emplois salariés dans la construction ou dans dautres secteurs.
Chaudronnier |
Maçon briqueteur, ragréeur et maçon |
Charpentier, menuisier |
Electricien |
Monteur d’ascenseurs |
Vitrier |
Personnel chargé de l’élimination des matières dangereuses (amiante, plomb, déchets toxiques, etc.) |
Poseur de planchers (dont le granito) et de moquettes |
Poseur de cloisons sèches et de plafonds |
Calorifugeur, poseur d’isolation |
Ferrailleur, monteur en charpentes métalliques (armatures ou construction) |
Manuvre |
Personnel de maintenance |
Serrurier |
Mécanicien (grutier, personnel de maintenance d’engins lourds) |
Peintre, plâtrier, tapissier |
Plombier, poseur de canalisations |
Couvreur, poseur de bardeaux |
Tôlier |
Tunnelier |
Les projets de construction, et notamment les grands chantiers, sont complexes et dynamiques. Plusieurs employeurs travaillent parfois en même temps sur un même chantier, allant et venant en fonction de lavancement des travaux. Une entreprise générale peut sy trouver en permanence; dordinaire, les entreprises de terrassement arrivent les premières, puis les charpentiers et les maçons, les électriciens et les plombiers, suivis par les entreprises de revêtement des sols, les peintres et, parfois, les paysagistes. Au fur et à mesure que le chantier avance par exemple, que les murs dun bâtiment sont construits ou quune galerie progresse , les conditions ambiantes comme la ventilation et la température se modifient, elles aussi.
Les travailleurs de la construction passent généralement dun chantier à lautre et ne restent souvent que quelques semaines ou quelques mois sur un projet particulier, ce qui nest pas sans conséquences, pour eux comme pour les projets. Ils doivent établir en permanence des relations de travail productives et sûres avec dautres travailleurs quils ne connaissent pas, ce qui peut nuire à la sécurité sur le chantier. Au cours dune année, ils ont souvent plusieurs employeurs et ne sont pas occupés à plein temps. Ils ne travaillent en moyenne que 1 500 heures par an, alors que, dans lindustrie, par exemple, les salariés font généralement 40 heures par semaine et 2 000 heures par an. Afin de compenser les temps morts, de nombreux travailleurs de la construction occupent dautres emplois dans dautres secteurs dactivité et sont donc exposés à des risques professionnels différents.
Pour un projet donné, on observe en général, sur un même chantier, des variations fréquentes des effectifs et de la composition de la main-duvre. Ces variations résultent à la fois des qualifications nécessaires aux différentes phases du projet et de la rotation élevée de la main-duvre, notamment des travailleurs non qualifiés. Un chantier peut comporter à tout moment un pourcentage élevé de travailleurs inexpérimentés, employés de façon temporaire et fluctuante, qui parfois ne parlent pas couramment la langue du pays. Les travaux de construction sont souvent réalisés en équipe, mais il est difficile dans ces conditions de constituer des équipes homogènes, stables, efficaces et sûres.
A linstar du monde de la main-duvre, celui des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics connaît lui aussi des mouvements importants et est constitué en majeure partie de petites entreprises. Aux Etats-Unis, sur les 1,9 million dentreprises de la construction recensées en 1990, 28% seulement avaient au moins un employé à plein temps; juste quelque 136 000, soit 7%, en comptaient dix ou plus. La présence des entrepreneurs dans les syndicats professionnels varie selon les pays. Aux Etats-Unis, 10 à 15% seulement dentre eux en font partie; dans certains pays européens, ce pourcentage est plus élevé, mais ne dépasse pas la moitié des entrepreneurs. Cest pourquoi il est difficile de les identifier et de les informer de leurs droits et de leurs devoirs aux termes de la législation de sécurité et de santé ou de toute autre législation applicable à lindustrie de la construction.
Comme dans certains autres secteurs aux Etats-Unis et en Europe, une proportion croissante dentrepreneurs sont en fait des travailleurs engagés comme entrepreneurs indépendants par des maîtres duvre ou des sous-traitants qui emploient du personnel. Ordinairement, une entreprise générale naccorde pas à ses sous-traitants le bénéfice dune assurance maladie, dune couverture sociale, dune assurance chômage ou dune retraite. De même, les entreprises générales nont, vis-à-vis de leurs sous-traitants, aucune obligation légale en matière de sécurité et de santé; la législation ne leur est applicable quen ce qui concerne leurs propres salariés. Ces dispositions laissent une certaine liberté aux personnes qui louent leurs services, mais elles leur font perdre un grand nombre davantages sociaux. Elles dispensent également les entrepreneurs de lobligation daccorder les avantages découlant de la législation aux personnes qui jouent le rôle dentrepreneurs. Ces arrangements privés vont à lencontre de lintérêt général et ont été sanctionnés par des actions en justice, mais ils se perpétuent et risquent de poser des problèmes encore plus sérieux de sécurité et de santé sur les lieux de travail, quel que soit le statut des travailleurs qui y sont employés. Le Bureau américain des statistiques du travail (Bureau of Labor Statistics (BLS)) estime quaux Etats-Unis les travailleurs indépendants représentent 9% de la main-duvre, mais que, dans la construction, cette proportion atteint 25%.
Les travailleurs de la construction sont exposés à un grand nombre de risques. Ceux-ci diffèrent certes dun métier à lautre et dune activité à lautre, selon les jours et parfois même dune heure à lautre. Lexposition à un risque spécifique peut être intermittente et de courte durée, mais elle est susceptible de se répéter. Le travailleur nest pas seulement exposé aux risques propres à son activité, il peut aussi être exposé par sa seule présence aux risques que lui font courir ceux qui travaillent près ou au-dessus de lui. Ce schéma dexposition résulte de la présence simultanée de plusieurs entreprises dont lintervention est dassez courte durée et qui travaillent à côté dautres corps de métier qui engendrent des risques différents. La gravité de chaque risque dépend du niveau et de la durée dexposition de chaque activité. On peut évaluer approximativement les risques engendrés par les autres personnes travaillant à proximité si lon connaît leur métier. Les principaux risques encourus par les différents corps de métier figurent au tableau 93.2.
La liste des métiers énumérés ci-dessous présente, en regard, les principaux risques auxquels les travailleurs peuvent être exposés. L’exposition peut concerner l’encadrement aussi bien que les salariés. Les risques communs à toutes les activités de construction chaleur, facteurs de risques prédisposant à des troubles musculo-squelettiques, stress, etc. ne sont pas mentionnés. La classification professionnelle est celle utilisée aux Etats-Unis. Elle regroupe les métiers du bâtiment et des travaux publics en fonction de la classification type des professions (Standard Occupational Classification) mise au point par le ministère du Commerce. Ce système classe les métiers en fonction des qualifications principales propres à chacun d’eux. |
Métiers |
Risques |
Maçons briqueteurs |
Dermite du ciment, mauvaises postures, lourdes charges |
Maçons |
Dermite du ciment, mauvaises postures, lourdes charges |
Carreleurs |
Vapeurs d’adhésifs, dermite, mauvaises postures |
Charpentiers, menuisiers |
Poussières de bois, lourdes charges, mouvements répétitifs |
Poseurs de cloisons sèches |
Poussières de plâtre, lourdes charges, mauvaises postures |
Electriciens |
Métaux lourds dans les fumées de soudage, mauvaises postures, lourdes charges, poussières d’amiante |
Installateurs et réparateurs des services publics de distribution d’électricité |
Métaux lourds dans les fumées de soudage, lourdes charges, poussières d’amiante |
Peintres |
Vapeurs de solvants, métaux toxiques dans les pigments, additifs |
Tapissiers |
Vapeurs de colle, mauvaises postures |
Plâtriers |
Dermites, mauvaises postures |
Plombiers |
Fumées et particules de plomb, fumées de soudage |
Poseurs de canalisations |
Fumées et particules de plomb, fumées de soudage, poussières d’amiante |
Installateurs d’appareils à vapeur |
Fumées de soudage, poussières d’amiante |
Poseurs de moquette |
Traumatismes du genou (ménisque), mauvaises postures, colle et vapeurs de colle |
Poseurs de revêtements de sol |
Agents de liaison et adhésifs |
Ragréeurs |
Mauvaises postures |
Vitriers |
Mauvaises postures |
Calorifugeurs, poseurs d’isolation |
Amiante, fibres synthétiques, mauvaises postures |
Opérateurs d’engins de pavage, de revêtement et de damage |
Emissions de bitume, gaz d’échappement des moteurs à combustion interne, chaleur |
Opérateurs d’engins servant à la pose des rails |
Poussières de silice, chaleur |
Couvreurs |
Goudron, chaleur, travail en hauteur |
Installateurs de conduites en tôle |
Mauvaises postures, lourdes charges, bruit |
Monteurs de charpentes métalliques |
Mauvaises postures, lourdes charges, travail en hauteur |
Soudeurs |
Fumées de soudage |
Braseurs |
Fumées de métal, plomb, cadmium |
Foreurs (terre, roches) |
Poussières de silice, vibrations transmises au corps entier, bruit |
Opérateurs de marteaux pneumatiques |
Bruit, vibrations transmises au corps entier, poussières de silice |
Batteurs de pieux et de palplanches |
Bruit, vibrations transmises au corps entier |
Opérateurs d’engins de levage et de treuils |
Bruit, lubrifiants |
Grutiers |
Stress, isolement |
Conducteurs de pelleteuses-chargeuses |
Poussières de silice, histoplasmose, vibrations transmises au corps entier, stress thermique, bruit |
Opérateurs de niveleuses, de bouteurs et de décapeuses |
Poussières de silice, vibrations transmises au corps entier, chaleur, bruit |
Travaux routiers |
Emissions de bitume, chaleur, gaz d’échappement des moteurs à combustion interne |
Conducteurs de camions et de tracteurs |
Vibrations transmises au corps entier, gaz d’échappement des moteurs à combustion interne |
Démolisseurs |
Amiante, plomb, poussières, bruit |
Personnel chargé des déchets toxiques |
Chaleur, stress |
Comme dans les autres activités, il existe cinq grandes catégories de risques auxquels sont exposés les travailleurs de la construction: risques matériels, physiques, chimiques, biologiques et sociaux.
Dans lindustrie de la construction, les risques matériels constituent le danger majeur. Les chutes de personnes ou dobjets, linstabilité des sols et des surfaces de travail, lemploi dengins lourds de terrassement, de manutention ou de transport, la mise en uvre dexplosifs, les travaux effectués au-dessus dun plan deau, la démolition douvrages existants pour ne citer que ces exemples sont responsables de très nombreux accidents du travail souvent graves. Les foulures et les entorses figurent parmi les blessures les plus fréquentes chez les travailleurs de la construction. Celles-ci, et de nombreux troubles chroniques invalidants (comme les tendinites, le syndrome du canal carpien et les lombalgies), résultent de mauvaises postures, de faux mouvements, defforts excessifs ou de mouvements violents et répétitifs (voir figure 93.1). Les chutes dues à des ouvertures non signalées et les chutes dun échafaudage (voir figure 93.2) ou dune échelle sont également monnaie courante. Limposition de délais dexécution serrés, de même que limprovisation qui prend parfois le pas sur une planification ordonnée des travaux peuvent conduire, elles aussi, à créer des conditions dangereuses.
Par ailleurs, le nombre des accidents de type banal est loin dêtre négligeable on peut citer à titre dexemple les blessures causées aux mains ou aux pieds par des clous saillants laissés dans des poutres ou des planches; ces accidents peuvent entraîner des arrêts de travail importants (plusieurs des catégories de risques mentionnées ci-dessus sont traitées dans dautres articles de la présente Encyclopédie ; le lecteur est invité à sy référer).
Des risques physiques (au sens strict du mot «physique») existent dans tout projet de construction. Ils sont liés au bruit, à la chaleur et au froid, aux rayonnements, aux vibrations et à la pression barométrique. Les travaux de construction sont souvent effectués à des températures extrêmes, en plein vent, sous la pluie ou la neige, dans le brouillard ou de nuit. Les travailleurs peuvent être exposés à des rayonnements, ionisants ou non, ainsi quà des pressions extrêmes.
Si la construction est une activité de plus en plus mécanisée, elle est également de plus en plus bruyante. Les sources de bruit sont les moteurs de tous genres (véhicules, installations de transports, compresseurs dair, concasseurs, grues, etc.), les riveteuses et cloueuses pneumatiques, les pistolets à peinture, les marteaux pneumatiques, les scies mécaniques, les ponceuses, les défonceuses, les raboteuses, etc., sans compter le tir des explosifs. Sur les chantiers de démolition, le bruit provient des travaux de démolition eux-mêmes. Il convient de souligner que le bruit affecte non seulement le conducteur dun engin bruyant, mais également tous ceux qui se trouvent à proximité. Sil provoque des pertes daudition, il masque aussi des sons importants pour la communication et la sécurité. Les marteaux pneumatiques, de nombreux outils portatifs, les engins de terrassement et bien dautres machines mobiles de grande taille soumettent les travailleurs à des vibrations dune partie du corps ou du corps entier.
Les risques liés à la chaleur et au froid proviennent principalement du fait que les chantiers de construction sont, la plupart du temps, exposés aux intempéries, source principale de chaleur ou de froid excessif. Ainsi, les couvreurs travaillent en plein soleil, souvent sans protection, et doivent parfois chauffer des fûts de goudron; ils sont exposés de la sorte à une forte chaleur, émise par rayonnement et par convection, qui vient sajouter à lélévation de leur température corporelle du fait de leur activité physique. Les conducteurs de gros engins sont parfois assis près dun moteur qui chauffe et travaillent dans une cabine fermée non ventilée. Sils travaillent dans une cabine non couverte, ils ne sont pas protégés du soleil. La température corporelle des travailleurs qui portent des vêtements de protection, comme ceux qui sont imposés pour manipuler des déchets toxiques, augmente du fait de leur activité physique et aucune aération nest possible puisque ces combinaisons doivent être étanches. Le manque deau potable ou dombre contribue également à la charge thermique. En hiver, les ouvriers du bâtiment travaillent souvent dans un froid rigoureux, ce qui comporte des risques de gelures, dhypothermie et de glissades.
Les principales sources de rayonnement ultraviolet sont le soleil et le soudage à larc. Lexposition à des rayonnements ionisants est moins fréquente, mais peut exister en cas de contrôle des soudures par radiographie X ou gamma, ou si lon utilise des instruments comme les débitmètres à isotopes radioactifs. Les lasers sont de plus en plus utilisés et peuvent occasionner des lésions, notamment aux yeux, si le faisceau est intercepté.
Ceux qui travaillent sous leau ou dans des galeries sous air comprimé, dans des caissons ou comme plongeurs sont exposés à des pressions barométriques élevées. Ils risquent de développer de nombreux troubles associés aux surpressions: problèmes de décompression, narcose des gaz inertes, nécrose osseuse (tête fémorale) aseptique, entre autres.
Lair contient des polluants en suspension qui peuvent se présenter sous forme de poussières, de fumées, de brouillards, de vapeurs ou de gaz. Lexposition se produit généralement par inhalation, encore que certains polluants en suspension dans lair puissent se déposer sur la peau intacte et être absorbés par celle-ci (les pesticides et certains solvants organiques, par exemple). La pollution chimique peut également se présenter sous forme liquide ou semi-liquide (colles ou adhésifs, goudron, etc.), ou encore sous forme pulvérulente (comme le ciment sec). Le contact de la peau avec des produits chimiques se présentant sous ces formes peut sajouter à linhalation éventuelle de vapeurs et entraîner une intoxication générale ou une dermite de contact. Des produits chimiques peuvent également être ingérés avec des aliments ou de leau, ou être inhalés en fumant. Plusieurs maladies ont été associées aux métiers de la construction; citons notamment:
On a observé chez les travailleurs chargés de travaux disolation à lamiante, les couvreurs, les soudeurs et certains travailleurs du bois un taux de mortalité élevé par cancer du poumon ou de lappareil respiratoire. Des intoxications par le plomb ont été enregistrées chez les travailleurs et les peintres chargés de la réfection des ponts métalliques, tandis quun stress thermique (résultant du port dune combinaison de protection étanche) peut survenir chez les personnes chargées de lentretien des dépôts de déchets toxiques. Par ailleurs, le syndrome de Raynaud nest pas rare parmi les opérateurs de marteaux pneumatiques et les travailleurs qui utilisent dautres équipements produisant des vibrations (comme les marteaux perforateurs sur affût employés dans le percement des galeries).
Enfin, lalcoolisme et dautres maladies liées à la consommation dalcool sont plus fréquents quon ne le pense parmi les travailleurs de la construction. Bien quaucun facteur professionnel spécifique nait pu être mis en cause, il est possible que lalcoolisme soit consécutif au stress résultant dun manque total de maîtrise des perspectives demploi, à la charge de travail ou à lisolement social résultant de relations professionnelles inexistantes ou changeantes.
Les risques biologiques sont liés à lexposition à des micro-organismes ou à des substances toxiques dorigine biologique, ou encore à des piqûres danimaux. Les terrassiers, par exemple, peuvent développer une histoplasmose, affection pulmonaire provoquée par un champignon commun. En raison de la fluctuation constante de la main-duvre sur les chantiers, chaque travailleur est en contact avec de nombreuses personnes et est, de ce fait, exposé à des maladies contagieuses (grippe ou tuberculose, par exemple). On peut aussi contracter le paludisme, la fièvre jaune ou la maladie de Lyme dans les zones infestées par les micro-organismes responsables de ces maladies et par les insectes qui en sont les vecteurs.
Quant aux substances toxiques dorigine végétale, elles proviennent dun lierre appelé sumac vénéneux, du lierre urticant et des orties, qui peuvent tous provoquer des éruptions cutanées. Certaines poussières de bois sont cancérogènes et dautres (comme le cèdre rouge) provoquent des allergies.
Les morsures danimaux sont rares, mais peuvent se produire lorsquun chantier de construction vient les déranger ou empiéter sur leur territoire. Il sagit entre autres des guêpes, des frelons, des fourmis Solenopsis geminata et des serpents. Sous leau ou dans leau, les travailleurs peuvent être attaqués par des requins ou dautres poissons.
Les risques sociaux sont liés à lorganisation sociale de la branche. Les emplois y sont intermittents et sans cesse fluctuants, et les travailleurs maîtrisent mal de nombreux facteurs sur lesquels ils nont aucune prise, comme la situation économique ou les conditions météorologiques. Ces mêmes facteurs les incitent parfois à forcer leur cadence. En raison du renouvellement incessant de la main-duvre et des changements dhoraire et de lieu de travail, et du fait aussi quils sont souvent obligés de vivre dans des camps de travail, loin de leur foyer et de leur famille, les travailleurs manquent dune structure sociale stable et fiable. Certaines caractéristiques des métiers de la construction, comme la pénibilité des tâches, la faible maîtrise des conditions de travail et un soutien social limité, sont des facteurs aggravants de stress. Ces risques caractéristiques, qui ne sont pas lapanage de lindustrie de la construction, affectent en permanence, dune manière ou dune autre, tous les travailleurs de cette branche.
Pour évaluer les risques dune exposition directe ou indirecte (par le simple fait de se trouver à proximité), il importe de connaître les tâches exécutées et la composition des matériaux et des produits mis en uvre dans chaque cas, de même que les caractéristiques de léquipement utilisé. Ces données existent généralement (fiches de données de sécurité du matériel ou de toxicologie, par exemple), mais ne sont pas toujours disponibles sur place. Grâce à lévolution de linformatique et des techniques de communication, il est maintenant relativement facile de les obtenir et de les mettre à la disposition des intéressés.
Pour mesurer et évaluer le niveau dexposition aux risques professionnels de lindustrie de la construction, il faut tenir compte des formes particulières dexposition à ces risques. Dans la plupart des industries, les mesures dhygiène et les limites dexposition conventionnelles reposent sur des moyennes pondérées sur huit heures. Dans la construction, toutefois, les expositions sont généralement de courte durée, intermittentes, variées, mais susceptibles de se reproduire; de ce fait, les mesures dhygiène et les limites dexposition nont pas la même validité que dans dautres secteurs. Le mesurage de lexposition peut porter sur des tâches spécifiques comme le soudage, le brasage, le sablage, la peinture, etc., plutôt que sur des postes de travail. De cette manière, il est possible de définir diverses tâches bien précises et de déterminer les risques propres à chacune delles. Après avoir précisé les expositions pour les différentes tâches, on pourra probablement établir le profil dexposition dun travailleur si lon connaît les tâches quil doit accomplir ou celles qui sont exécutées suffisamment près de lui pour quil se trouve indirectement exposé. Au fur et à mesure que la connaissance des expositions particulières progressera, des mesures de prévention spécifiques pourront être mises en place pour chaque tâche.
Lexposition à un risque varie avec lintensité de celui-ci et avec la fréquence et la durée dexécution de la tâche. Pour maîtriser le risque, il convient donc généralement de réduire en premier lieu lexposition en agissant sur lintensité, la durée ou la fréquence de la tâche. Lexposition au risque étant le plus souvent intermittente, les mesures administratives qui sappuient sur la réduction de la fréquence ou de la durée dexposition sont moins faciles à assurer dans la construction que dans dautres secteurs dactivité. De ce fait, le moyen le plus efficace pour diminuer lexposition est de réduire lintensité du risque. Les autres dispositions importantes en matière de maîtrise de lexposition visent les cantines, les installations sanitaires, linstruction et la formation.
Pour réduire lintensité de lexposition au risque, il convient didentifier et danalyser la source du risque, lenvironnement dans lequel il se présente et les travailleurs qui y sont exposés. En règle générale, les mesures prises seront dautant plus efficaces quelles sont proches de la source. On peut mettre en uvre trois types généraux de mesures pour réduire lintensité des risques professionnels. Ce sont, par ordre defficacité décroissante:
Tout risque a toujours une source. La façon la plus efficace de protéger les travailleurs consiste à agir sur la source première en prenant des mesures de prévention appropriées. Ainsi, on peut employer à la place dune substance dangereuse une autre moins dangereuse. On peut, par exemple, remplacer lamiante par des fibres de verre synthétique de taille non respirable, et substituer de leau aux solvants organiques dans les peintures. De même, de la grenaille ou des abrasifs non siliceux peuvent remplacer le sable dans les travaux de décapage. On peut également modifier radicalement une opération, en remplaçant par exemple des marteaux pneumatiques par des marteaux à percussion qui produisent moins de bruit et de vibrations. Si le sciage ou le perçage produisent des poussières, des particules ou des bruits nocifs, on sefforcera de remplacer ces opérations par le cisaillage ou le poinçonnage. Grâce aux progrès technologiques réalisés, il est souvent possible de prévenir certains troubles musculo-squelettiques et de pallier dautres problèmes de santé. Bien des modifications paraissent évidentes ainsi, un tournevis à manche plus long pouvant être tenu à deux mains augmentera le moment de torsion exercé et diminuera leffort sur le poignet.
Ces mesures visent à éliminer de lenvironnement une substance dangereuse si celle-ci se trouve en suspension dans lair, ou à isoler la source sil sagit dun risque physique. On peut utiliser pour certaines tâches particulières un système mécanique daspiration localisée avec hotte dextraction pour capter les fumées, les vapeurs ou les poussières produites au cours des opérations. Etant donné que lemplacement des sources qui libèrent des substances toxiques change sans cesse, linstallation devra, elle aussi, être mobile et suffisamment souple. On a également eu recours, sur de nombreux chantiers, à des dépoussiéreurs mobiles montés sur camion, équipés dune soufflerie, de filtres, dune alimentation électrique autonome, de tuyaux souples et dune alimentation en eau afin de pouvoir faire appel à une ventilation par extraction là où les travaux effectués lexigeaient.
Une méthode simple et efficace de contrôler lexposition au bruit et aux rayonnements (ultraviolet) (UV) ou infrarouge (IR) est de placer les sources sous écran, en utilisant un matériau approprié. Le contreplaqué protège des rayonnements IR et UV. Les sources de bruit seront isolées par un matériau qui absorbe et réfléchit le bruit, en partie tout au moins.
Les principales sources de charge thermique sont une température ambiante élevée et un travail physique intense. On peut éviter les effets néfastes du stress thermique en réduisant la charge de travail, en fournissant de leau potable, en ménageant des pauses à lombre et, si possible, en travaillant de nuit.
Si les mesures de prévention technique se révèlent insuffisantes, les travailleurs devront utiliser un équipement de protection individuelle (voir figure 93.3). Si lon veut quil soit efficace, il faut que le personnel sache sen servir, quil sadapte parfaitement et quil fasse lobjet de contrôles et dun entretien réguliers. Les personnes qui se trouvent à proximité dune source de risque devront, elles aussi, être protégées ou se verront interdire laccès à la zone dangereuse.
Lutilisation de certains équipements de protection individuelle peut poser problème. Ainsi, les opérations rassemblent souvent des équipes dont les membres doivent pouvoir communiquer les uns avec les autres, ce qui est difficile lorsquon porte un masque respiratoire, tandis que les combinaisons étanches favorisent lhyperthermie du fait de leur poids et de leur imperméabilité.
Le port dun équipement de protection individuelle dont on ignore les limites peut aussi donner, aux travailleurs et à leur employeur, lillusion dune protection adéquate, alors que, dans certaines conditions dexposition, cela ne sera pas le cas. Par exemple, il nexiste pas actuellement de gants qui protègent pendant plus de deux heures du contact avec du chlorure de méthylène, un composant courant dans les décapants pour peintures. Et lon nest même pas certain que les gants assurent une protection suffisante contre des mélanges de solvants comme ceux qui contiennent à la fois de lacétone et du toluène, ou du méthanol et du xylène. Le niveau de protection assuré dépend également de la façon dont le gant est utilisé. En outre, les gants sont généralement testés pour un seul produit chimique à la fois, et rarement pendant plus de huit heures.
Le manque de sanitaires et de locaux réservés aux repas est également de nature à augmenter lexposition aux risques. Souvent, les travailleurs ne peuvent pas se laver avant de déjeuner et doivent manger sur le lieu même de leur travail; ils risquent alors dingérer par inadvertance des substances toxiques qui passent de leurs mains sur leurs aliments ou leurs cigarettes. Sil ny a pas sur le chantier de vestiaire où ils puissent se changer, ils risquent de ramener chez eux des traces de produits toxiques.
La construction occupe une main-duvre importante et elle occasionne dans la plupart des pays une proportion inusitée daccidents mortels. Ainsi, aux Etats-Unis où elle nemploie que 5 à 6% de la main-duvre, elle occasionne 15% des accidents mortels un pourcentage plus élevé que toute autre branche dactivité. Au Japon, la construction occupe 10% de la main-duvre, mais totalise 42% des décès dus à des accidents du travail; en Suède, ces pourcentages sont de 6% et 13%, respectivement.
Aux Etats-Unis, les causes de décès les plus courantes chez les travailleurs de la construction sont les chutes (30%), les accidents liés au transport (26%), les collisions ou les chocs avec des objets ou les accidents dus aux engins et aux machines (19%), ainsi que lexposition à des substances dangereuses ou les électrocutions résultant dun contact avec des fils électriques, des câbles aériens ou de loutillage sous tension (18% au total). Dans ce pays, ces quatre catégories daccidents représentent la quasi-totalité (93%) des accidents mortels survenus dans la construction (Pollack et coll., 1996).
Toujours aux Etats-Unis, parmi tous les corps de métiers engagés dans la construction, cest chez les monteurs de charpentes métalliques que le pourcentage daccidents mortels est le plus élevé: on a compté parmi eux, en 1992-93, 118 accidents mortels pour 100 000 travailleurs à plein temps, contre 17 pour 100 000 pour lensemble des autres catégories professionnelles; 70% des accidents mortels enregistrés chez les monteurs de charpentes métalliques étaient dus à une chute. Cest parmi les manuvres et les travailleurs non spécialisés que lon a dénombré le plus grand nombre daccidents mortels. Globalement, le pourcentage daccidents mortels était le plus élevé chez les travailleurs de 55 ans et plus. Le pourcentage daccidents mortels par type daccident variait également suivant les professions. Chez les agents de maîtrise, les chutes et les accidents liés au transport représentaient environ 60% des accidents mortels. Chez les charpentiers, les peintres, les couvreurs et les monteurs de charpentes métalliques, les chutes de personnes étaient la cause la plus courante et représentaient 50, 55, 70 et 69%, respectivement, de lensemble des accidents mortels pour ces divers corps de métier. Chez les mécaniciens et les conducteurs de pelles mécaniques, les accidents liés au mouvement des engins étaient la cause de décès la plus courante, représentant 48 et 65%, respectivement, des accidents mortels; la plupart dentre eux impliquaient des bennes basculantes. Un mauvais étaiement des tranchées et des fouilles continue dêtre à lorigine déboulements qui occasionnent un grand nombre daccidents mortels (McVittie, 1995). Les principaux risques concernant les emplois qualifiés figurent au tableau 93.2.
Une étude portant sur les travailleurs de la construction en Suède na pas mis en évidence un taux global élevé de mortalité par accident du travail, mais a permis de constater des taux de mortalité élevés pour certaines pathologies spécifiques (voir tableau 93.3).
Métier |
Taux de mortalité brute élevés |
Taux d’incidence brute supérieurs à la moyenne |
Maçons briqueteurs |
|
Tumeur péritonéale |
Maçons coffreurs |
Toutes causes*, toutes les affections cancéreuses*, cancer de l’estomac, mort violente*, chutes accidentelles |
Cancer de la lèvre, de l’estomac et du larynx*a, cancer du poumonb |
Grutiers |
Mort violente* |
|
Conducteurs |
Toutes causes*, risques cardio-vasculaires* |
Cancer de la lèvre |
Poseurs d’isolation |
Toutes causes*, cancer du poumon, pneumoconiose, mort violente* |
Tumeur péritonéale, cancer du poumon |
Opérateurs de machines |
Risques cardio-vasculaires*, autres accidents |
|
Plombiers |
Toutes les affections cancéreuses*, cancer du poumon, pneumoconiose |
Toutes les affections cancéreuses, tumeur de la plèvre, cancer du poumon |
Foreurs de roches |
Toutes causes*, risques cardio-vasculaires* |
|
Tôliers |
Toutes les affections cancéreuses*, cancer du poumon, chutes accidentelles |
Toutes les affections cancéreuses, cancer du poumon |
Menuisiers, charpentiers |
|
Affections cancéreuses du nez et des sinus |
* Les cancers ou les causes de mortalité sont nettement plus nombreux que pour l’ensemble des autres catégories professionnelles prises ensemble. La catégorie «Autres accidents» regroupe les lésions et les accidents fréquents sur les lieux de travail.
a Pour les coffreurs, le risque relatif de cancer du larynx est trois fois plus élevé que pour les charpentiers.
b Pour les coffreurs, le risque relatif de cancer du poumon est presque deux fois plus élevé que pour les charpentiers.
Source: Engholm et Englund, 1995.
Aux Etats-Unis et au Canada, les causes les plus courantes daccidents avec arrêt dans lindustrie de la construction sont le surmenage, le heurt par un objet, les chutes de hauteur, les glissades, les trébuchements et les chutes de plain-pied. Les traumatismes les plus courants sont les foulures et les entorses, dont certaines peuvent se traduire par des douleurs et une gêne chroniques. Les activités qui sont le plus souvent à lorigine des accidents avec arrêt sont la manutention manuelle et les travaux dinstallation (comme la construction de murs en pierres sèches et la pose de canalisations ou de gaines de ventilation). Les lésions subies au cours dun déplacement (marche, montée ou descente) sont également très fréquentes. A lorigine de beaucoup daccidents avec arrêt, on trouve le manque dordre; un grand nombre de glissades, de trébuchements et de chutes sont en effet provoqués par des débris épars.
Dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, le coût de ces accidents et de ces maladies est très élevé. Aux Etats-Unis, par exemple, les estimations séchelonnent entre 10 et 40 milliards de dollars par an (Meridian Research, 1994); sur la base de 20 milliards, le coût moyen par travailleur serait de 3 500 dollars par an. Les primes versées au titre de la réparation des accidents dans trois corps de métiers les charpentiers, les maçons et les monteurs de charpentes métalliques représentaient en moyenne 28,6% de la masse salariale nationale en mai 1994 (Powers, 1994). Le montant de ces primes varie très fortement suivant la profession exercée et la juridiction. Aux Etats-Unis, il est en moyenne plusieurs fois supérieur à ce quil est dans la plupart des pays industriels, où il ne représente que 3 à 6% de la masse salariale. Il faut encore y ajouter les primes dassurance de responsabilité civile et les coûts indirects (tels que la chute de rendement de léquipe à laquelle appartenait la victime, la remise en état du site en cas daffaissement ou déboulement, par exemple et les heures supplémentaires occasionnées par laccident). Ces coûts indirects peuvent représenter plusieurs fois les indemnités versées aux victimes.
Les programmes de sécurité efficaces présentent un certain nombre de points communs. Ils sont diffusés à tous les niveaux de lentreprise, depuis les bureaux du chef dentreprise jusquaux chefs de chantier, aux ingénieurs, aux agents de maîtrise, aux représentants syndicaux et aux travailleurs eux-mêmes. Les normes et les directives font lobjet dune application et dune évaluation scrupuleuses. Les coûts des accidents et des maladies liés au travail sont calculés et les performances mesurées; on récompense les travailleurs méritants et on sanctionne ceux dont le travail ne donne pas satisfaction. La sécurité fait partie intégrante des contrats (y compris ceux de sous-traitance). Chacun quil soit cadre supérieur, agent de maîtrise ou simple travailleur fait lobjet dune formation générale, dune formation spécifique au chantier et dun recyclage, si nécessaire. Les personnes sans expérience sont formées sur le chantier par les travailleurs expérimentés. Les chantiers où ces mesures sont mises en uvre connaissent un nombre daccidents nettement inférieur à celui dautres chantiers similaires.
Les entreprises de construction ayant obtenu les meilleurs résultats dans le domaine de la sécurité ont ceci en commun quelles ont défini et consigné par écrit une politique de prévention qui sapplique à lentreprise tout entière, de la direction générale à lensemble du personnel travaillant sur ses chantiers. Ce document fait référence à des directives pratiques précises qui définissent les risques encourus et la façon de les maîtriser. Les responsabilités sont clairement définies et des normes de performance sont établies. Le respect de ces normes est contrôlé et les infractions sont sanctionnées, tandis que le respect ou le dépassement des normes sont parfois récompensés. Un système comptable chiffre le coût de chaque accident ainsi que les économies réalisées grâce à la prévention. Le personnel ou ses représentants participent à létablissement et à la mise en uvre des programmes de prévention. Cette participation se traduit souvent par la formation dun comité de sécurité mixte. Des visites médicales permettent de déterminer si les travailleurs sont aptes physiquement à effectuer les tâches qui leur sont confiées. Ces visites interviennent au moment de lembauche ainsi quaprès un arrêt de travail ou une mise à pied temporaire.
Les risques sont identifiés et analysés et les précautions quils appellent prises en connaissance de cause. Les chantiers sont inspectés périodiquement dans leur ensemble et les résultats des inspections sont consignés. Les matériels sont contrôlés pour sassurer de leur bon fonctionnement (par exemple, les freins des véhicules, les systèmes dalarme, etc.). Outre les risques daccident, il convient de ne pas oublier les risques datteinte à la santé liés aux particules en suspension dans lair (silice, amiante, fibres de verre, macroparticules de fioul), aux gaz et vapeurs (monoxyde de carbone, autres gaz déchappement des moteurs, vapeurs de solvants, etc.), aux risques physiques (bruit, chaleur, pressions élevées, etc.) et à dautres facteurs tels que le stress.
Il est nécessaire de préparer le personnel aux situations durgence en organisant des exercices pratiques. Cette préparation porte notamment sur la définition des responsabilités, les interventions de premiers secours et de sauvetage, la prise en charge médicale sur le chantier (le cas échéant), les communications avec lextérieur (ambulances, familles, syndicats professionnels), le choix éventuel dun hôpital, le rétablissement ou le maintien de la sécurité sur les lieux de laccident, la recherche de témoins et la documentation des circonstances de laccident. Au besoin, la préparation peut également couvrir la procédure à suivre pour faire face à un risque non maîtrisé comme un incendie ou une crue soudaine.
Les accidents devraient faire lobjet dune enquête et dun rapport. Il importe en effet détablir leurs causes (il y en a parfois plusieurs) afin déviter que des accidents similaires se reproduisent. Les rapports devraient être classés selon un système darchivage méthodique afin de faciliter leur analyse. Pour pouvoir procéder à des comparaisons utiles à des fins de prévention, il est indiqué de préciser lactivité de la victime au moment de laccident. La connaissance du nombre dheures de travail effectuées permettra de calculer un taux daccident (par exemple, le nombre daccidents par million dheures de travail).
Les travailleurs et les agents de maîtrise devraient recevoir une instruction et une formation appropriées en matière de sécurité et de santé. Cet enseignement devrait faire partie intégrante de la formation professionnelle.
Aux Etats-Unis, la législation fédérale impose également une formation relative à certaines substances dangereuses. En Allemagne, le même souci a entraîné le développement du programme GISBAU (Gefahrstoff-Informationssystem der Berufsgenossenschaften der Bauwirtschaft), qui est un système dinformation sur les substances dangereuses de lindustrie du bâtiment. Le GISBAU collabore avec les fabricants pour déterminer la composition de toutes les substances utilisées sur les chantiers. Il fournit des informations sous une forme adaptée dans chaque cas aux besoins différents des services de santé, des entreprises et du personnel; il indique également comment remplacer certaines substances dangereuses par dautres moins nocives ou inoffensives et explique comment les manipuler en sécurité (voir à ce propos le chapitre no 61, «Lutilisation, la manipulation et le stockage des produits chimiques»).
Les informations relatives aux risques chimiques et autres devraient être disponibles sur les chantiers dans la ou les langues utilisées par les travailleurs.
Enfin, les contrats conclus entre le maître de louvrage et lentreprise principale et entre celle-ci et ses sous-traitants devraient englober les questions de sécurité. Ils devraient prévoir, en particulier, la planification et la coordination des mesures de sécurité et de santé sur les chantiers regroupant plusieurs entreprises.
Les travaux souterrains comprennent le percement de galeries pour les routes, les voies ferrées et les aménagements hydroélectriques, ainsi que la pose de canalisations pour leau, les eaux usées, la vapeur, les câbles électriques, les lignes téléphoniques, etc. Les risques quils présentent sont liés à la pénibilité du travail, à la présence de poussières (silice libre et ciment, en particulier), au bruit, aux vibrations, aux gaz déchappement de diesels, aux vapeurs libérées par des produits chimiques à la teneur insuffisante en oxygène et, parfois, à lemploi dair comprimé ou à la présence de radon. Les personnes qui travaillent sous terre sont exposées à des risques daccidents qui, sils ne diffèrent pas nécessairement par leur nature de ceux rencontrés sur les chantiers de surface, sont néanmoins aggravés du fait du confinement. Il en va ainsi par exemple des risques de collision avec des engins mécanisés, des risques délectrocution, densevelissement sous un éboulement, dasphyxie ou de brûlures en cas dincendie ou dexplosion ou de noyade en cas de rupture dune poche deau.
Le percement des galeries demande une dépense énergétique considérable. Celle résultant du travail manuel est généralement de lordre de 200 à 350 W, les muscles étant soumis à une sollicitation essentiellement statique. Lorsquon travaille au marteau-piqueur ou au marteau pneumatique, le rythme cardiaque atteint 150 à 160 pulsations par minute. En outre, les chantiers souterrains sont souvent froids et humides, et le travail impose fréquemment des postures particulièrement inconfortables. Par ailleurs, tout travail de force accompli à une certaine profondeur occasionne une charge thermique qui peut être difficilement tolérable.
La mécanisation réduit certes la nécessité de recourir au travail manuel, mais elle engendre ses risques propres. La présence dengins mobiles imposants et puissants dans un environnement confiné se traduit par des risques daccidents graves pour les personnes qui travaillent à proximité. Ces engins produisent aussi de la poussière, du bruit, des vibrations et des gaz déchappement de diesels.
La silice cristalline (également appelée silice libre ou quartz) se rencontre sous sa forme naturelle dans de très nombreux types de roches; cest le plus répandu de tous les minéraux. Le grès est de la silice pratiquement pure; le granit peut en contenir 75%, le schiste 30% et lardoise 10%, alors que le calcaire, le marbre et le sel nen contiennent pas. Etant donné que la silice est presque partout présente dans lécorce terrestre, il convient de prélever des échantillons de poussière et de les analyser avant louverture dun chantier souterrain et chaque fois que le type de roche rencontré change au fur et à mesure de lavancement des travaux.
Des poussières de silice de taille respirable sont mises en suspension dans lair lorsque des roches contenant de la silice sont percées, broyées, meulées ou pulvérisées de toute autre manière. Les principales sources de production de poussières de silice sont les marteaux-piqueurs et les marteaux pneumatiques, souvent utilisés au front de taille. Les travailleurs se trouvant dans cette zone sont par conséquent les plus exposés, et il importe de mettre en uvre, dans tous les cas, des moyens efficaces de lutte contre les poussières.
Le tir des explosifs produit non seulement des projections de débris plus ou moins importants, mais également des poussières et des oxydes dazote. Pour éviter une exposition excessive du personnel, il est de règle dinterdire laccès à la zone de tir jusquà dissipation complète des poussières et des gaz. Il est indiqué, lorsque la chose est possible, de déclencher les tirs à la fin du dernier poste de la journée et déliminer les débris lors du poste suivant.
Des fines poussières de ciment sont produites chaque fois que lon prépare des mortiers ou des bétons. En fortes concentrations, ces poussières irritent lappareil respiratoire et les muqueuses, sans toutefois que des effets chroniques aient été observés. Mais lorsquelles se déposent sur la peau et se mélangent à la sueur, les poussières de ciment peuvent provoquer des dermatoses. Lorsque du béton frais est mis en place par projection (canon à béton), il peut également provoquer des dermatoses.
Le bruit peut atteindre des niveaux élevés dans les chantiers souterrains. Les principales sources de bruit sont les marteaux pneumatiques et les marteaux-piqueurs, les moteurs diesel et les souffleries. Lenvironnement étant confiné, la réverbération du son est importante. Les niveaux sonores peuvent dépasser 115 dBA, avec une exposition au bruit moyenne pondérée dans le temps équivalant à 105 dBA. Il existe, pour la plupart des engins de chantier, des dispositifs qui limitent le bruit et qui devraient être utilisés.
Les personnes qui travaillent sous terre peuvent également être exposées à des vibrations transmises au corps entier provoquées par des engins mobiles et à des vibrations mains-bras provoquées par des marteaux pneumatiques ou des marteaux-piqueurs. Les accélérations transmises aux mains par les outils pneumatiques peuvent atteindre environ 10 m/s2. Les effets néfastes des vibrations transmises aux mains et aux bras sont aggravés par le froid et lhumidité.
Si le sol est saturé deau ou si les travaux se déroulent sous leau, il pourra être nécessaire de recourir à lair comprimé pour contenir les venues deau. Les personnes qui travaillent dans des caissons en atmosphère hyperbare risquent des accidents de décompression, si elles reviennent trop vite à une pression normale. Labsorption de la plupart des gaz et des vapeurs toxiques dépendant de leur pression partielle, les quantités absorbées sont dautant plus importantes que la pression est plus élevée. Une concentration de 10 ppm de monoxyde de carbone (CO) à 2 atmosphères aura donc le même effet que 20 ppm de CO à 1 atmosphère.
Des produits chimiques sont mis en uvre de nombreuses manières dans les travaux souterrains. Ainsi, des couches rocheuses manquant de cohésion peuvent être stabilisées par injections de résine urée-formaldéhyde, de mousse de polyuréthane ou de mélanges de silicate de sodium et de formamide ou dacétates déthyle ou de butyle. De ce fait, des vapeurs de formaldéhyde, de gaz ammoniac, dalcools éthylique ou butylique ou de diisocyanates peuvent être libérées dans latmosphère des galeries au moment de lapplication de ces produits. Par la suite, ces mêmes produits toxiques peuvent se détacher des parois et passer dans latmosphère; il est alors difficile den limiter les concentrations, même en mettant en place une puissante ventilation mécanique.
Le radon (un gaz rare radioactif) se rencontre à létat naturel dans certaines roches et peut contaminer lenvironnement des chantiers souterrains, où il se désintégrera en produits de filiation également radioactifs. Certains dentre eux émettent des rayonnements X qui peuvent être ingérés ou inhalés, augmentant ainsi les risques de cancer du poumon.
Les galeries creusées dans des zones habitées peuvent aussi être contaminées par des substances transportées dans les canalisations environnantes. Leau, le gaz de ville, le fioul, les carburants, etc. peuvent sinfiltrer dans une galerie, et des canalisations acheminant ces produits peuvent être perforées lors des travaux et se répandre dans lenvironnement du chantier.
La construction de puits verticaux par des techniques relevant de lexploitation minière pose le même genre de problèmes de santé que le percement de galeries. Dans les terrains contenant des substances organiques, on rencontrera probablement des produits de décomposition microbiologique.
Les travaux dentretien effectués dans les tunnels routiers ou ferroviaires diffèrent de ce type de travaux réalisés en surface; ainsi, il pourra être difficile dy utiliser une ventilation lors dopérations de soudage à larc sans compromettre la qualité des mesures de sécurité. Les travaux dans les tunnels où se trouvent des canalisations deau chaude ou de vapeur peuvent exposer les travailleurs à une chaleur excessive et demander un régime spécial ménageant de nombreuses pauses.
Loxygène peut aussi manquer dans les galeries et les puits sil est déplacé par la présence dautres gaz ou consommé par des microbes ou par loxydation de pyrites. Les microbes peuvent également libérer du méthane ou de léthane qui, non seulement, déplacent loxygène, mais peuvent aussi créer un risque dexplosion si les concentrations de ces gaz sont suffisantes. Du dioxyde de carbone (mofette) est également produit par contamination microbienne. Dans les endroits qui sont restés longtemps confinés, latmosphère peut être constituée principalement dazote, de 5 à 15% de dioxyde de carbone et de traces doxygène.
La mofette pénètre dans les puits à partir des terrains environnants, en raison des variations de la pression atmosphérique. La composition de lair dans un puits peut se modifier très rapidement elle peut être normale le matin, mais accuser laprès-midi un grave déficit en oxygène.
La lutte contre les poussières devrait privilégier la mise en uvre de moyens techniques comme le forage à leau et la ventilation mécanique localisée par extraction, lhumidification préalable de la roche, larrosage des déblais lors de leur chargement et de leur transport, ainsi quune ventilation générale mécanique des galeries. Les mesures de prévention technique ne suffisant pas toujours à ramener les concentrations de poussières respirables à un niveau acceptable, il peut être nécessaire davoir recours au port dappareils de protection respiratoire. Lefficacité des mesures techniques devrait être contrôlée par le mesurage des concentrations de poussières en suspension dans lair. Dans le cas de poussières à pouvoir fibrosant, il convient de veiller à ce que le programme de surveillance permette un enregistrement de lexposition de chacun des travailleurs exposés. Les données individuelles dexposition, associées aux données sanitaires personnelles, sont indispensables pour évaluer le risque particulier de pneumoconiose et pour apprécier lefficacité à long terme des mesures prises. Ces données individuelles dexposition sont indispensables pour évaluer laptitude au travail de chaque travailleur.
En raison de la nature des travaux souterrains, la protection contre le bruit repose essentiellement sur le port dun équipement de protection individuelle approprié. En ce qui concerne les vibrations, une protection efficace ne peut être assurée quen éliminant ou en atténuant leur intensité par une mécanisation des opérations à risque et ladoption de dispositifs antivibratoires; les équipements de protection individuelle sont inopérants. De même, seule une mécanisation du travail peut limiter les risques datteinte à la santé résultant dune surcharge physique des membres supérieurs.
Lexposition à des substances chimiques dangereuses peut être maîtrisée par le choix dune technique appropriée (ainsi, on renoncera à lutilisation de résines urée-formaldéhyde et formamide), par une maintenance régulière et par une ventilation efficace. Les mesures prises au niveau de lorganisation et du régime de travail jouent parfois un rôle important, notamment pour la prévention des dermatoses.
Lorsquon travaille dans des chantiers souterrains où la composition de lair est inconnue ou mal connue, il importe de respecter strictement les règles de sécurité. Ainsi, on ne devrait pas y pénétrer sans être équipé dun masque respiratoire isolant. Le travail devrait être confié à des groupes de trois personnes au moins lune delles se trouvant au fond, équipée dun masque respiratoire et dun harnais de sécurité, les deux autres au jour, munies dune corde pour ramener la première si nécessaire. En cas daccident, il convient dagir sans délai. De nombreuses personnes ont perdu la vie en sefforçant de porter secours à la victime dun accident, parce que la sécurité des secouristes avait été négligée.
Des visites médicales au moment de lembauche, à intervalles réguliers par la suite et à la fin du chantier font partie intégrante des mesures de sécurité et de santé concernant le personnel qui travaille en galerie. La fréquence de ces visites, le type et létendue de certains examens (radiographie pulmonaire, fonction respiratoire, audiométrie, etc.) seront déterminés pour chaque chantier et chaque tâche en fonction des conditions locales de travail.
Avant dattaquer le sol au moment de louverture dun chantier souterrain, il convient dinspecter le site et de prélever des échantillons du terrain afin de planifier les travaux dexcavation en connaissance de cause. Une fois les travaux en cours, le chantier sera inspecté tous les jours pour prévenir les risques daffaissement et déboulement. Les postes de travail isolé seront inspectés au moins deux fois par jour. Le matériel de lutte contre lincendie sera réparti de façon stratégique sur toute létendue du chantier souterrain.
Le secteur du bâtiment et des travaux publics représente de 5 à 15% du produit national brut de la plupart des pays. Cest, généralement, lun des trois secteurs qui enregistrent les taux les plus élevés daccidents du travail. Plusieurs maladies professionnelles chroniques ont tendance à sy développer (Commission économique européenne (CEE), 1993):
Les services de santé au travail devraient considérer les risques ci-dessus comme étant prioritaires.
Il existe trois types principaux de services de santé au travail dans la construction:
Les services spécialisés sont les plus efficaces, mais aussi les plus chers en termes de coûts directs. Daprès des études menées en Suède, les taux les plus faibles daccidents enregistrés sur les chantiers de construction dans le monde entier, et les risques très faibles au niveau des maladies professionnelles, sont en rapport direct avec limportance du travail de prévention réalisé par les services spécialisés. Dans le modèle suédois Bygghälsan (organisme suédois de lindustrie du bâtiment pour lenvironnement, la sécurité et la santé au travail), laspect technique et laspect médical de la prévention sont étroitement associés. Cet organisme fonctionne par lintermédiaire de centres régionaux et dunité mobiles. Au cours de la grave récession économique des années quatre-vingt, il a considérablement réduit les services de santé quil offrait.
Dans les pays qui disposent dune législation en matière de santé au travail, les entreprises du bâtiment et des travaux publics font généralement appel à des sociétés qui couvrent tous les secteurs dactivité; dans ce cas, la formation du personnel de santé revêt une importance particulière. Sans une bonne connaissance des aspects spécifiques au secteur de la construction, le personnel médical et paramédical ne sera pas à même doffrir aux entreprises de construction des programmes de prévention vraiment efficaces.
Certaines grandes entreprises multinationales disposent de programmes complets de sécurité et de santé au travail qui font partie de la culture de lentreprise. Le calcul du rapport coût/avantages a montré que ces programmes sont économiquement rentables. Aujourdhui, des programmes de sécurité au travail font partie intégrante de la gestion de la qualité dans la plupart des grandes entreprises internationales.
Les chantiers de construction se trouvant souvent très éloignés des centres qui dispensent des services de santé, il est parfois nécessaire de faire appel à des unités mobiles. Une unité mobile permet de réaliser des économies en fournissant ces services sur le chantier même. Elle comprend un véhicule spécialement équipé pour effectuer notamment tous les tests de dépistage requis, dans le cadre, par exemple, des examens médicaux périodiques. Il importe que les unités mobiles collaborent étroitement avec les services de santé régionaux ou locaux pour assurer le suivi et le traitement des travailleurs chez lesquels les résultats dexamen font entrevoir une atteinte à la santé.
Léquipement standard dune unité mobile comprend le matériel de base dun laboratoire avec un spiromètre et un audiomètre, un local dentretien et un matériel de radiographie, le cas échéant. Lidéal est de disposer dunités modulaires, à usages multiples, susceptibles dêtre utilisées pour les différents types de chantiers. En Finlande, des études ont montré que les unités mobiles convenaient également aux études épidémiologiques, qui peuvent être intégrées aux programmes de santé au travail si elles sont planifiées à lavance.
Lactivité de ces services devrait être guidée par la nature et limportance des risques encourus sur les chantiers de construction, encore quune prévention efficace suppose que les travaux aient fait préalablement lobjet détudes suffisamment approfondies par les responsables des ouvrages. Lidentification des risques demande une approche pluridisciplinaire ainsi quune collaboration étroite entre le personnel de santé et lentreprise. Une démarche utile consiste à procéder à une étude systématique des risques potentiels au moyen dune liste de vérification appropriée.
Les examens médicaux préalables à lembauche et les examens périodiques sont généralement menés conformément aux prescriptions de la législation ou aux directives de lautorité compétente; leur teneur dépend des données individuelles dexposition de chaque travailleur. Les contrats de courte durée et le renouvellement fréquent de la main-duvre sont souvent responsables dexamens «manqués» ou «inappropriés», dune absence de suivi ou, parfois aussi, dexamens inutiles. Aussi, des examens périodiques standards sont préconisés pour lensemble de la main-duvre. Tout examen médical de ce type devrait comporter une indication des expositions antérieures (symptômes, maladies troubles musculo-squelettiques et allergies, en particulier), un examen général, des tests audiométriques, visuels et spirométriques, ainsi que la détermination de la tension artérielle. Ces examens fournissent aussi loccasion dinformer les travailleurs sur la façon de se prémunir contre les risques professionnels les plus graves et les plus courants.
Les troubles musculo-squelettiques ont des causes multiples. Le mode de vie, lhérédité et le vieillissement, associés à des efforts physiques excessifs et à des accidents considérés comme étant sans gravité, sont généralement reconnus comme des facteurs de risque dans les affections de lappareil locomoteur. Les problèmes rencontrés dans ce domaine correspondent à différents schémas dexposition, suivant les métiers exercés.
Il nexiste pas de test fiable permettant de prévoir le risque encouru, par un individu donné, de souffrir de douleurs ou de lésions musculaires ou osseuses. Leur prévention doit donc sappuyer sur des directives éprouvées en matière dergonomie et de mode de vie. Les examens médicaux peuvent jouer un rôle important à cet égard, même si les épreuves deffort non spécifiques et les radiographies de routine ne sont daucune utilité dans ce contexte. Par contre, un dépistage précoce des symptômes et une anamnèse détaillée des douleurs musculaires et osseuses permettront dorienter le médecin et lui donneront la possibilité de donner dutiles conseils. On a pu démontrer lefficacité de programmes comprenant un dépistage périodique des principaux symptômes et permettant de déterminer les facteurs qui, dans le travail, pourraient être modifiés dans un sens positif. Souvent, des travailleurs qui portent de lourdes charges ou effectuent des tâches particulièrement pénibles considèrent que le travail leur permet de rester en forme; de nombreuses études ont montré quil nen est rien. Il importe donc que, lors des visites médicales, les travailleurs soient informés des meilleures façons de conserver leur forme physique. Le tabagisme a également été associé à la dégénération des disques lombaires et aux lombalgies. Des informations relatives aux effets du tabac et aux thérapies existantes pourraient être fournies lors des examens médicaux périodiques (Workplace Hazard and Tobacco Education Project, 1993).
On observe des déficits auditifs induits par le bruit qui varient selon le métier exercé et qui dépendent également des niveaux de bruit et de la durée dexposition. En Suède, en 1974, moins de 20% des travailleurs du bâtiment âgés de 41 ans présentaient une audition normale bilatérale. La mise en uvre dun vaste programme de protection de louïe a, dès la fin des années quatre-vingt, porté ce pourcentage à 40%. Des statistiques provenant de la Colombie-Britannique (Canada) ont montré que lon observe généralement une perte importante daudition chez les travailleurs de la construction ayant travaillé plus de quinze ans dans cette branche (Schneider et coll., 1995). Plusieurs facteurs semblent augmenter ce risque (certaines névropathies dues au diabète, lhypercholestérolémie et lexposition à des solvants toxiques particuliers, par exemple). Les vibrations qui affectent lensemble du corps et le tabagisme peuvent également augmenter ce risque.
Un programme à grande échelle visant la protection de louïe devrait être mis en place dans le secteur de la construction. Pour cela, il faut instaurer une collaboration au niveau du chantier lui-même, mais également une législation appropriée. Les pertes daudition liées au bruit sur le lieu de travail étant réversibles au cours des trois ou quatre premières années qui suivent le début de lexposition, le dépistage précoce dun éventuel déficit auditif apparaît capital. Il est recommandé de procéder à des tests audiométriques périodiques afin de déceler le plus tôt possible toute altération significative et dinciter les travailleurs à se protéger en attirant leur attention sur les principes de la protection individuelle ainsi que sur lutilisation et lentretien corrects des dispositifs de protection mis à leur disposition.
Une bonne hygiène individuelle est fondamentale dans la prévention des dermites professionnelles, de même quune protection efficace de la peau. Lors des visites médicales, on soulignera limportance déviter tout contact avec du mortier ou du béton frais.
Lasbestose, la silicose, lasthme professionnel et la bronchite chronique se rencontrent chez les travailleurs du bâtiment en fonction de leurs expositions antérieures (Finnish Institute of Occupational Health, 1987).
Il nexiste aucun traitement médical permettant dempêcher le développement de carcinomes lorsquune personne a été exposée à lamiante ou à des produits contenant de lamiante suffisamment longtemps. Un suivi radiographique tous les trois ans est la seule surveillance médicale recommandée; des études ont montré que les contrôles radiographiques améliorent le pronostic dans le cancer du poumon (Strauss, Gleason et Sugarbaker, 1995). Une épreuve spirométrique et des informations relatives à leffet du tabagisme sont généralement incluses dans les examens médicaux périodiques. Il nexiste malheureusement aucun test permettant un dépistage précoce des tumeurs malignes provoquées par lamiante.
Les tumeurs malignes et autres affections pulmonaires liées à lexposition à lamiante échappent encore bien souvent au diagnostic. De ce fait, de nombreux travailleurs de la construction qui auraient droit à des prestations nen perçoivent aucune. A la fin des années quatre-vingt et au début des années quatre-vingt-dix, une vaste campagne de dépistage a été menée en Finlande chez les travailleurs exposés à lamiante. Elle a révélé quun tiers seulement des travailleurs atteints daffections liées à lamiante qui avaient consulté des services de santé au travail avaient fait lobjet dun diagnostic de leur maladie (Finnish Institute of Occupational Health, 1994).
Les travailleurs migrants éprouvent des difficultés particulières sur le plan psychologique et de linsertion sociale, ce qui se traduit souvent par des risques daccidents du travail plus élevés. Il faut également tenir compte des risques de maladies infectieuses comme la tuberculose, les maladies parasitaires et les affections liées au virus du sida. En outre, les maladies tropicales telles que le paludisme constituent une menace dans les régions où elles sont endémiques.
Les grands projets de construction font fréquemment appel à une main-duvre étrangère. Un examen médical préalable à lembauche devrait être effectué dans le pays dorigine. De même, la propagation des maladies contagieuses devrait être évitée par des programmes de vaccination appropriés. Les pays daccueil devraient offrir une formation professionnelle, comprenant un enseignement en matière de sécurité et de santé, ainsi quun hébergement convenable. Tout comme les autres travailleurs, les travailleurs migrants devraient avoir accès aux soins et à la sécurité sociale (El Batawi, 1992).
En plus de la prévention des maladies propres à lindustrie du bâtiment et des travaux publics, le personnel de santé devrait sefforcer de promouvoir des changements positifs du mode de vie aptes à contribuer à lamélioration de la santé. La lutte contre lalcoolisme et le tabagisme joue un rôle capital à cet égard. Il a été estimé quun travailleur qui fume coûte à son employeur 20 à 30% de plus quun travailleur qui ne fume pas. Les investissements consacrés aux campagnes antitabac sont très rentables non seulement à court terme (par la diminution des risques daccidents et la réduction de la durée des arrêts de travail par suite de maladie), mais également à long terme (par une diminution des risques daffections pulmonaires et cardio-vasculaires et de cancer). De plus, la fumée du tabac potentialise les effets néfastes des poussières, notamment des poussières damiante.
Il est difficile de chiffrer les économies directes réalisées par une entreprise grâce aux services de santé au travail, surtout sil sagit dune petite entreprise. Toutefois, les calculs des gains indirects montrent que la prévention des accidents et la promotion de la santé sont profitables. Des exemples de calcul du rapport coût/avantages des investissements consentis en faveur de programmes de prévention sont disponibles à lusage des entreprises (pour un modèle généralisé en Scandinavie, voir Oxenburg, 1991.)
La directive 92/57 de la Communauté économique européenne (CEE, 1992) constitue un exemple typique des règlements officiels émanant des autorités des Pays-Bas et de lUnion européenne. Leur objectif est daméliorer les conditions et les capacités de travail et de réduire les taux dabsentéisme pour raisons de santé. Aux Pays-Bas, les règlements relatifs au secteur de la construction sont contenus dans la résolution Arbouw (chap. 2, paragr. 5).
Comme cest souvent le cas, la législation semble avoir suivi lévolution sociale qui sest manifestée dès 1986; à cette date, les organisations demployeurs et de travailleurs se sont regroupées pour créer la Fondation Arbouw en vue de fournir des services aux entreprises du bâtiment et des travaux publics. Si les nouveaux règlements ne posent guère de problème aux entreprises déjà engagées dans la mise en uvre dun programme de prévention, ils permettent, par contre, de combattre la concurrence déloyale que représentent les entreprises qui sont en retard dans ce domaine.
La législation et la réglementation nationales sont axées sur les mesures à prendre avant et pendant les travaux. Cette démarche sest révélée la plus efficace à long terme.
La loi relative à la sécurité et à la santé stipule que, dans lévaluation des risques, il faut tenir compte non seulement de ceux qui sont liés aux matériaux, aux produits, aux outils, aux matériels, etc., mais également de ceux qui sont propres à des groupes spécifiques de travailleurs (femmes enceintes, travailleurs jeunes ou âgés, travailleurs présentant des handicaps, etc.).
Les employeurs sont tenus de disposer dinventaires et dévaluations des risques solidement documentés, établis par des experts qualifiés qui peuvent être à leur service ou choisis à lextérieur. Ces documents doivent comporter des recommandations visant à éliminer ou à limiter les risques et doivent également spécifier les phases des travaux pour lesquelles il conviendra de faire appel à des spécialistes qualifiés. Certaines entreprises de construction ont développé leur propre démarche dévaluation, comme lABRIE, qui est devenue un modèle dans ce secteur dactivité.
La loi mentionnée précédemment oblige les employeurs à organiser des examens médicaux périodiques dont le but est didentifier les problèmes de santé qui pourraient rendre quelques emplois particulièrement dangereux pour certains travailleurs en labsence de précautions spécifiques. Cette disposition fait écho aux diverses conventions collectives du secteur du bâtiment et des travaux publics qui, depuis des années, font obligation aux employeurs de fournir à leur personnel laccès à des services de santé au travail. La Fondation Arbouw a conclu un contrat à cet effet avec la Fédération des centres de sécurité et de soins de santé qui assure désormais ces services. Au fil des ans, des données abondantes et précieuses ont été recueillies, qui ont contribué, en particulier, à améliorer la qualité des inventaires et des évaluations de risques dont il a été question ci-dessus.
La loi relative à la sécurité et à la santé oblige également les employeurs à définir une politique en matière dabsentéisme. Elle demande que des experts soient choisis pour suivre et conseiller les employés en arrêt de travail.
De nombreux risques professionnels mettent en cause des choix erronés en matière dorganisation et de planification du travail dans la phase de lancement dun projet. Pour prévenir ces erreurs, les employeurs, les travailleurs et le gouvernement ont conclu, en 1989, une convention relative aux conditions de travail, qui prévoit, entre autres, une coopération entre clients et entrepreneurs et entre entrepreneurs et sous-traitants. Cela sest traduit par un code de conduite qui sert de modèle dans lapplication de la directive européenne 92/57 (CCE, 1992).
Dans cette convention, la Fondation Arbouw fixait des limites dexposition pour les substances dangereuses ainsi que des directives dapplication dans différentes opérations de construction.
A linitiative de la Fondation Arbouw, lUnion des travailleurs du bâtiment et du bois, lUnion des industries et lAssociation minérale des laines, au Benelux, ont conclu un accord qui prévoit la mise au point de matériaux en laine de verre et en laine minérale produisant moins de poussières, la mise au point de méthodes de production de laine de verre et de laine minérale aussi sûres que possible, lélaboration et la promotion de méthodes de travail permettant la mise en uvre la plus sûre possible de ces produits et les recherches nécessaires pour déterminer les limites dexposition correspondantes. Ainsi, la limite dexposition aux fibres respirables a été fixée à 2/cm3, bien quune limite de 1/cm3 ait été considérée comme réalisable. Les organisations mentionnées plus haut ont aussi convenu de proscrire lutilisation des matières présentant des risques pour la santé en utilisant comme critères les limites dexposition définies par la Fondation Arbouw.
Bien des gens ignorent la diversité et le niveau de spécialisation des tâches exécutées dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, bien quils aient tous les jours loccasion den voir un certain nombre. En plus des embouteillages provoqués par les travaux effectués sur les voies de circulation, on aperçoit souvent un bâtiment en construction et, de temps à autre, un édifice en cours de démolition. Ce que le public ne voit pas, la plupart du temps, cest le grand nombre de tâches spécialisées exécutées dans le cadre dun nouveau chantier de construction ou dans celui des réparations et des transformations apportées aux ouvrages construits dans le passé.
La liste de ces tâches est longue et variée, allant des travaux délectricité, de plomberie, de chauffage, de ventilation, de peinture, de couverture, de revêtement de sols, etc. à des travaux hautement spécialisés comme le battage de pieux, les reprises en sous-uvre, la mise en place de fers à béton, le montage de grues de grandes dimensions, lapplication de revêtements ignifuges, etc.
Limportance des travaux de construction peut être mesurée, en partie tout au moins, par le coût total correspondant aux permis de construire délivrés au Canada en 1993 (voir tableau 93.4).
Type de projet |
Montant |
% du total |
Bâtiments d’habitation (maisons, appartements) |
38 432 467 000 |
40,7 |
Bâtiments industriels (usines, installations minières) |
2 594 152 000 |
2,8 |
Bâtiments commerciaux (bureaux, magasins, etc.) |
11 146 469 000 |
11,8 |
Etablissements divers (écoles, hôpitaux) |
6 205 352 000 |
6,6 |
Autres bâtiments (aéroports, gares routières, locaux agricoles, etc.) |
2 936 757 000 |
3,1 |
Equipements portuaires (quais, dragage) |
575 865 000 |
0,6 |
Routes et autoroutes |
6 799 688 000 |
7,2 |
Réseaux d’adduction d’eau et d’assainissement |
3 025 810 000 |
3,2 |
Barrages et irrigation |
333 736 000 |
0,3 |
Electricité (thermique/nucléaire/hydraulique) |
7 644 985 000 |
8,1 |
Voies ferrées, téléphone et télégraphe |
3 069 782 000 |
3,2 |
Gaz naturel et pétrole (raffineries, oléoducs) |
8 080 664 000 |
8,6 |
Autres ouvrages (ponts, tunnels, etc.) |
3 565 534 000 |
3,8 |
Ensemble |
94 411 261 000 |
100,0 |
Source: Statistique Canada, 1993.
Les aspects liés à la sécurité et à la santé au travail dépendent dans une grande mesure de la nature du projet. Chaque type de projet et chaque activité présentent des risques différents et appellent des solutions différentes. Souvent, la gravité et la portée des problèmes sont liées à la taille du projet.
Les clients (cest-à-dire les maîtres duvre) sont les particuliers, les associations, les entreprises ou les pouvoirs publics pour le compte desquels les travaux sont effectués. La majeure partie des travaux de construction se font aux termes daccords contractuels conclus entre clients et entrepreneurs. Un client peut choisir un entrepreneur en se basant sur une expérience précédente ou par lintermédiaire dun architecte ou dun ingénieur. Il peut aussi décider de lancer un appel doffres. Les méthodes utilisées et lattitude du client lui-même en ce qui concerne la sécurité sur le chantier peuvent avoir une grande influence sur les performances densemble.
Ainsi, si un client choisit de «présélectionner» un ou plusieurs entrepreneurs pour sassurer quils répondent à certains critères, ce procédé élimine les entrepreneurs inexpérimentés, ceux dont les performances nont pas été satisfaisantes et ceux qui ne disposent pas du personnel qualifié pour réaliser le type de projet envisagé. Si le respect des règles de sécurité na pas toujours été lun des critères retenus ou appréciés par les clients, les choses ont maintenant changé ou sont en passe de changer, tout au moins pour les gros clients des entreprises de construction et pour les institutions gouvernementales qui ont recours à leurs services.
Certains clients attachent plus dimportance que dautres à la sécurité. Dans quelques cas, ils craignent que les travaux nendommagent des installations existantes, par exemple lorsquun entrepreneur intervient pour des opérations de maintenance ou pour agrandir ou transformer des locaux. A lopposé, les compagnies de pétrochimie, notamment, insistent sur le fait que lattitude de lentrepreneur vis-à-vis de la sécurité est une condition préalable à la conclusion dun contrat.
Les clients qui recourent à un appel doffres pour obtenir le meilleur prix se retrouvent souvent avec des entreprises peu qualifiées pour effectuer les travaux ou qui feront nimporte quoi pour gagner du temps et réaliser des économies sur le plan des matériaux par exemple, compromettant ainsi les conditions de sécurité sur leur chantier.
Les gens qui ne sont pas familiarisés avec les dispositions contractuelles qui sont de règle dans le secteur de la construction supposent quune entreprise se charge de la totalité ou du moins de la majeure partie des travaux, quil sagisse dun bâtiment ou dun ouvrage plus important. Auparavant, chaque fois quil sagissait dun projet de haute visibilité, lentrepreneur principal installait des pancartes et souvent des drapeaux de sa société pour signaler sa présence et donner limpression que cétait «son chantier». Cette impression pouvait être plus ou moins exacte puisque certaines entreprises générales se chargeaient effectivement dune partie importante du chantier grâce à la main-duvre quelles louaient directement. Toutefois, depuis le milieu des années soixante-dix, la plupart, voire la quasi-totalité des entreprises générales, jouent surtout un rôle de direction de projet ou de chantier, la majeure partie des travaux spécialisés étant confiés à un réseau de sous-traitants dont chacun a été chargé dexécuter une phase particulière du projet (voir tableau 93.5).
Maître d’uvre/entreprise générale |
Peinture |
Terrassement |
Vitrerie |
Coffrage |
Maçonnerie |
Ferraillage |
Menuiserie/charpente |
Construction et montage de charpentes métalliques |
Pose de revêtements de sol |
Installation électrique |
Couverture |
Plomberie, installations sanitaires |
Aménagement des espaces extérieurs |
Installation de cloisons sèches |
Il en résulte que lentreprise principale ou générale a souvent moins de personnel sur le chantier que nimporte lequel des nombreux sous-traitants. Dans certains cas, il peut même arriver que lentreprise générale nait aucun employé directement engagé dans des activités de construction, mais se limite à gérer et à contrôler le travail des sous-traitants. Sur la plupart des grands chantiers des secteurs industriel, commercial et public, il existe plusieurs niveaux de sous-traitance. Le premier niveau passe un contrat avec lentrepreneur général, mais chacun de ces sous-traitants peut à son tour confier à dautres sous-traitants, généralement plus petits et plus spécialisés, le soin dexécuter une partie de leur propre travail.
En matière de sécurité et de santé, les conséquences dun tel réseau dentreprises sont évidentes lorsquon établit une comparaison avec un lieu de travail fixe comme un atelier ou une fabrique. Dans un lieu de travail fixe, il nexiste le plus souvent quun seul directeur, lexploitant. Cest à lui quincombe la responsabilité des lieux et du travail qui sy effectue; les circuits de commandement et de communication sont simples et directs, et la même philosophie sapplique partout. Sur un chantier de construction, on compte parfois dix employeurs ou même davantage (lentreprise générale et les sous-traitants habituels); les circuits de communication et de commandement ont tendance à être moins directs, plus complexes et souvent confus.
Lattention portée à la sécurité par la personne ou la société responsable peut évidemment influer sur les performances des autres dans ce domaine. Si lentreprise générale attache une grande importance à la prévention, cela peut avoir un effet positif sur les attitudes et les résultats des sous-traitants. Mais linverse est également vrai.
Lapplication des mesures de sécurité est généralement plus difficile à assurer sur les chantiers où travaillent plusieurs employeurs. Il est parfois malaisé de déterminer lequel dentre eux est responsable de tel secteur ou de telle mesure. Par ailleurs, lorsquil y a plusieurs sous-traitants, lun deux peut introduire sur place du matériel ou des produits dangereux à linsu de lentrepreneur principal et des autres sous-traitants, exposant ainsi les travailleurs employés par ceux-ci à des risques quils ignorent.
Une autre difficulté en ce qui concerne les relations dentreprise à entreprise a trait à la procédure dappel doffres. Un sous-traitant qui fait une offre trop basse risque de compromettre la sécurité. Il est donc essentiel que lentrepreneur principal exige des sous-traitants quils respectent les prescriptions de sécurité et de santé et sen assure, et quil ne se contente pas de leur déléguer des responsabilités quils pourraient être tentés desquiver pour des raisons économiques. Il nest pas rare que lautorité compétente doive intervenir dans de telles situations pour remédier à des carences patentes.
Un autre problème a trait à la planification des travaux et à ses répercussions sur la sécurité. Quand plusieurs sous-traitants sont présents en même temps sur un chantier, leurs préoccupations sont souvent divergentes, chacun deux souhaitant que les tâches qui lui ont été confiées soient accomplies dans les meilleurs délais. Ces conflits dintérêts doivent être résolus par lentrepreneur principal ou le maître de louvrage si lon veut éviter des situations dangereuses. De tels conflits sont plus courants dans la construction que dans les autres branches dactivité, dans lesquelles les seuls intérêts divergents sont généralement ceux des services de production ou dexploitation et ceux du service de maintenance.
Sur les chantiers de construction, les employeurs peuvent entretenir avec leurs employés des relations quelque peu différentes de celles qui sont de règle sur les lieux de travail fixes. Ainsi, les travailleurs syndiqués dune usine appartiennent généralement à un seul syndicat; lorsque lemployeur a besoin de main-duvre supplémentaire, il reçoit et embauche de nouveaux travailleurs qui deviennent membres du même syndicat. Lorsque des travailleurs syndiqués sont temporairement licenciés puis réembauchés, il est tenu compte de leur ancienneté.
La situation est bien différente pour les travailleurs de la construction, même sils font partie dun syndicat. Les entrepreneurs appartiennent à des associations professionnelles collectives avec les syndicats intéressés. La majeure partie des employés non salariés embauchés directement trouvent du travail par lintermédiaire de leur syndicat. Ainsi, lorsquun entrepreneur doit recruter cinq charpentiers pour un chantier, il contacte le syndicat local de ce corps de métier et lui fait part de ses besoins. Le syndicat demande aux cinq membres figurant en tête de sa liste dattente de se mettre en rapport avec lentreprise. Aux termes de la convention collective, lentrepreneur peut embaucher certains de ces travailleurs ou, sil ne sen trouve aucun disponible, il peut engager temporairement des travailleurs qui rejoindront le syndicat; celui-ci peut aussi faire venir de lextérieur des travailleurs qualifiés pour répondre à la demande.
Il nest pas rare que des travailleurs soient employés par plusieurs employeurs différents au cours dune même année. La durée de leurs engagements successifs dépend de la nature du projet et du volume de travail à effectuer. Pour les diverses raisons exposées plus haut, les employeurs de la construction doivent faire face à un travail administratif sensiblement plus lourd que celui qui incombe à leurs homologues de la plupart des autres branches dactivité (permis de travail, assurance chômage, cotisations syndicales, caisses de pension, réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles, etc.).
Dans la construction, lemployeur attend de ses salariés, lorsquils arrivent sur ses chantiers, quils soient déjà en possession de certaines qualifications et dun minimum dexpérience professionnelle. Presque partout ailleurs, cette formation sobtient en suivant un apprentissage. Si un entrepreneur a besoin de cinq charpentiers sur un chantier, il compte quils seront qualifiés et quils se présenteront le jour quil aura fixé. Si la réglementation de sécurité exige une formation spéciale pour lexercice dune activité donnée, lemployeur doit pouvoir faire appel à des personnes ayant déjà acquis cette formation. Au Canada, dans la province de lOntario, le programme daccréditation des travailleurs (Certified Worker Programme) imposé aux grands chantiers de construction exige la mise sur pied de comités mixtes dont les membres travailleurs ont dû suivre un programme de formation ad hoc.
En raison de limportance croissante de la spécialisation ou, du moins, du niveau de qualification, les programmes de formation organisés avec la collaboration des associations professionnelles du bâtiment et des travaux publics seront probablement de plus en plus nombreux et variés.
La structure de la main-duvre organisée reflète la façon dont les entreprises elles-mêmes se sont spécialisées. Tout chantier de construction dune certaine importance rassemble à chaque instant plusieurs corps de métier et pose de ce fait simultanément des problèmes de même nature à plusieurs entrepreneurs. Leurs intérêts pourront être divergents; par ailleurs, les systèmes hiérarchiques sont dissemblables et les circuits de communication plus flous que ceux mis en place dans une usine, par exemple, où lon a affaire à un seul employeur et à un seul syndicat. Cette situation nest pas sans conséquence sur la sécurité et la santé. En effet, qui parmi les travailleurs sera habilité à agir en tant que délégué à la sécurité et à la santé pour un projet donné si le règlement le prévoit? A quel syndicat devra-t-il appartenir? Qui sera formé, à quoi et par qui?
En matière de réinsertion professionnelle de travailleurs ayant été victimes dun accident, les possibilités offertes aux travailleurs de la construction sont beaucoup plus limitées que celles de leurs homologues des autres secteurs dactivité. Dans un établissement industriel, ces travailleurs peuvent occuper, à leur guérison, un autre emploi sur place sans avoir à franchir les obstacles juridiques dressés entre un syndicat et un autre, puisquil nexiste le plus souvent quun seul syndicat. Dans la construction, chaque corps de métier possède une réglementation relativement bien définie en ce qui concerne les types de travaux pouvant être exécutés par ses membres. Cette rigidité empêche très souvent un travailleur incapable de reprendre le métier quil exerçait à la suite dun accident ou dune maladie de trouver un autre poste de travail compatible.
De temps à autre, des litiges surviennent à propos de la désignation du syndicat professionnel qui devra se charger de certains types de travaux comportant des aspects liés à la sécurité et à la santé. A titre dexemple, on peut citer la construction déchafaudages, la conduite de camions-grues, le déflocage de lamiante et certaines opérations de montage et de levage. Les pratiques en la matière doivent tenir compte des dispositions légales concernant la formation et la reconnaissance des qualifications.
Les chantiers de construction sont, à de nombreux égards, très différents des lieux de travail stationnaires. Ils sont en constante évolution. A la différence dune usine, qui fonctionne à demeure jour après jour, avec les mêmes installations et le même matériel, le même personnel, les mêmes procédés de fabrication et généralement les mêmes conditions de travail, les chantiers de construction subissent dincessantes transformations: des échafaudages sont montés puis démontés, des murs sont édifiés, différents corps de métier se succèdent, les matériaux et les matériels changent, la marche des chantiers est affectée par les intempéries, etc.
La fermeture dun chantier signifie le transfert des cadres et de la main-duvre vers dautres chantiers, ce qui illustre bien la nature dynamique de cette industrie. Certaines entreprises sont actives simultanément dans plusieurs villes, plusieurs régions, plusieurs pays, voire plusieurs continents en même temps. Une partie de leur personnel est donc amenée à se déplacer fréquemment, ce qui nest pas sans exercer une influence sur les conditions de sécurité et de santé, de même que sur la réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles, lévaluation des performances et la formation.
Les entreprises de la construction adoptent de plus en plus les systèmes de management de la qualité préconisés par lOrganisation internationale de normalisation (ISO), comme la série des normes ISO 9000 (ISO, 1993-1997) et les lignes directrices élaborées sur la base de ces normes. Bien que celles-ci ne contiennent pas de recommandation en matière de sécurité et de santé au travail, il existe de bonnes raisons dinclure des mesures préventives dans la mise en uvre dun système de management tel que celui défini par les normes ISO 9000.
Les règlements de sécurité et de santé au travail sont élaborés, appliqués et adaptés en permanence en fonction des progrès accomplis dans le domaine technologique et des avancées réalisées en sécurité, en santé et en médecine du travail. Trop souvent, pourtant, ils ne sont pas respectés, de manière délibérée ou simplement par ignorance. Dans ce cas, des modèles de management de la sécurité inspirés de la série des normes ISO 9000 permettent dintégrer au management la structure et le contenu des mesures de prévention. Les avantages dune approche globale sont évidents.
Dans un management intégré, un règlement de sécurité et de santé au travail nest plus envisagé de façon isolée, mais sinscrit dans les sections correspondantes dun manuel de management de la qualité et dans les instructions relatives aux méthodes de travail; on dispose ainsi dun programme parfaitement intégré. Cette approche globale est de nature à intensifier au quotidien lattention portée à la prévention et à réduire le nombre des accidents et des maladies imputables au travail. Lintégration des mesures de sécurité et de santé au processus opérationnel est dune importance capitale.
Les nouvelles méthodes de management visent à impliquer le personnel de manière plus active et plus directe. Elles ont pour objet de promouvoir linformation, la communication et la collaboration au-delà des barrières hiérarchiques. La réduction de labsentéisme pour cause de maladie ou daccident du travail a pour effet daméliorer lapplication des principes de gestion de la qualité dans le secteur.
Avec le développement de nouvelles méthodes et de nouveaux matériels et matériaux de construction, les exigences en matière de sécurité ne cessent daugmenter. Les préoccupations croissantes liées à la protection de lenvironnement viennent encore compliquer la situation. Il est difficile de répondre aux impératifs dune prévention moderne en labsence de règlements appropriés et dune articulation plus étroite des justes besoins de lindustrie et des exigences légitimes de la protection des travailleurs. Une attribution claire des responsabilités et une coordination efficace des programmes de prévention devraient faire partie intégrante du système de management de la qualité.
Lexistence dun système de management de la sécurité du travail est une condition de plus en plus souvent requise lorsquune entreprise soumet une offre; lefficacité de ce système cest-à-dire la qualité des résultats obtenus par lentreprise dans le domaine de la prévention peut même devenir lun des critères dattribution dun marché.
La pression liée à la concurrence internationale se fera sans doute plus vive encore dans les années à venir. Il semble donc prudent dintégrer dès maintenant la sécurité dans le système de management de la qualité, plutôt que dy être contraint au dernier moment et de devoir consacrer à la prévention un budget sensiblement plus élevé. Un système de management intégré de la prévention et de la qualité devrait permettre de limiter non seulement les coûts directs et indirects des accidents du travail et des maladies professionnelles, mais également ceux liés à la responsabilité des entrepreneurs à légard des ouvrages quils construisent.
La direction de lentreprise devrait intégrer les mesures de sécurité et de santé au travail dans son système de management. La portée et le calendrier de ces mesures devraient être définis et inclus dans la déclaration de politique générale de lentreprise, et les ressources nécessaires en personnel et en moyens devraient être mises à disposition pour réaliser les objectifs fixés. Les entreprises de construction dune certaine importance possèdent généralement un personnel spécialement chargé de la prévention. Dans les autres, cest lemployeur qui doit assumer cette responsabilité.
Lévaluation des résultats obtenus dans le domaine de la sécurité et de la santé au travail constitue la seconde phase de lintégration des mesures préventives et du management de la qualité.
Il convient de recueillir toutes les données utiles (date, type, fréquence, causes et coût des accidents et des maladies liés au travail) et de les communiquer à toutes les personnes qui, dans lentreprise, ont des responsabilités dans ce domaine. Lanalyse de ces données permettra à lentreprise de fixer les priorités indispensables et de modifier les méthodes de travail et les consignes de sécurité en cas de besoin.
Lors du choix des matériaux, des matériels et des méthodes de travail, il faudra se demander sil en existe de plus sûrs. Avant le début des travaux, il conviendra de déterminer les responsabilités de chacun aux différentes étapes de la réalisation du projet. Les dispositions relatives aux qualifications du personnel et aux éventuels besoins en matière de formation devraient être prises suffisamment à lavance.
Les responsabilités et les pouvoirs du personnel chargé de la sécurité donneront lieu à une déclaration écrite qui fera partie des descriptions de tâches sur le site. Le personnel chargé de la sécurité dans lentreprise devrait figurer dans lorganigramme de celle-ci.
Quatre méthodes permettant dintégrer la sécurité et la santé au travail dans le système de management de la qualité et des combinaisons de ces méthodes ont été mises en uvre en Allemagne:
Après avoir évalué la situation et, au plus tard à ce moment-là, les responsables du projet de construction devraient prendre contact avec les personnes chargées du management de la qualité pour décider dun commun accord des moyens permettant lintégration effective des mesures de sécurité et du système de management. Les études préparatoires devraient permettre de définir des priorités communes.
Les exigences en matière de prévention qui se dégagent de lévaluation seront tout dabord classées en deux groupes: celles que lon peut retenir en fonction des activités spécifiques de lentreprise, et celles quil convient denvisager séparément parce quelles sont plus générales, plus vastes ou tellement particulières quelles appellent une étude séparée. Une question peut se poser dans cet exercice de classification: quelle partie du manuel un lecteur intéressé (un «client» ou un travailleur, par exemple) va-t-il consulter pour trouver une déclaration visant la politique de prévention? Sera-ce un chapitre consacré à lactivité de lentreprise considérée, ou une section spéciale portant sur la sécurité et la santé au travail? Il semble quen règle générale il y aurait lieu de faire figurer les précautions à observer dans le transport de matières dangereuses dans une section consacrée à la manutention, au stockage, au conditionnement et à lexpédition.
Une fois effectué ce classement formel des exigences en matière de prévention, un effort particulier devrait être fait sur le plan de la langue, ce qui suppose, dune part, la rédaction dun texte facilement compréhensible pour les personnes possédant le niveau dinstruction qui est habituellement celui des travailleurs de la construction et, dautre part, sa traduction si nécessaire en dautres langues. Une fois mis au point, les manuels devraient être approuvés par la direction générale de lentreprise. Après que cette approbation aura été obtenue, il sera utile dexpliquer au personnel, par le canal de bulletins, de mémos ou dautres supports disponibles dans lentreprise, limportance des nouvelles directives ou les modifications apportées aux précédentes et, surtout, de promouvoir leur application.
Afin dévaluer lefficacité des directives adoptées, un questionnaire approprié pourra être établi et inclus dans les audits généraux. Ainsi, la cohérence entre les opérations et les considérations de sécurité ne pourra échapper au travailleur. Lexpérience a montré que les travailleurs peuvent être surpris au premier abord lorsquune équipe chargée dun audit sur le chantier leur pose des questions de routine sur la prévention, mais quils prêtent par la suite davantage dattention aux questions de sécurité lorsque celles-ci sont intégrées au programme de management de la qualité.
Lexpression «industrie du bâtiment et des travaux publics» est utilisée dans le monde entier pour regrouper un grand nombre dactivités et dentreprises très différentes, mais qui peuvent temporairement travailler à la réalisation dun même édifice ou dun même ouvrage. On utilise aussi souvent le terme «industrie de la construction». Ces activités vont de lintervention dun travailleur isolé exécutant une tâche qui ne prend que quelques minutes (par exemple, remplacer une tuile sur un toit) aux imposants moyens engagés sur les grands chantiers, dont certains peuvent durer plusieurs années et faire appel à de nombreuses entreprises dont chacune a des compétences, un personnel, des installations et des matériels qui lui sont propres. Pourtant, malgré lextrême variété déchelle et de complexité des opérations, les principaux secteurs de la construction ont beaucoup de choses en commun. Il y a toujours un client (parfois appelé le propriétaire ou le maître duvre) et une entreprise. A lexception des travaux de peu dimportance, on trouve un ou plusieurs concepteurs, architectes ou ingénieurs et, si le projet nécessite de recourir à des entreprises spécialisées, des entrepreneurs travaillant en sous-traitance pour lentreprise générale ou principale (voir aussi larticle «Les facteurs organisationnels et leurs incidences sur la sécurité et la santé» dans le présent chapitre). Si des logements ou des bâtiments agricoles de petite taille sont parfois construits sur la simple base dune convention informelle passée entre le client et lentreprise, la majeure partie des travaux de construction sont effectués sur la base dun contrat formel entre les deux parties qui mentionnera de manière détaillée la nature et la portée des travaux que lentreprise est censée effectuer, la date de leur achèvement et leur coût. Dautres éléments pourront également être inclus.
Les deux grandes catégories de travaux de construction intéressent soit le bâtiment, soit les travaux publics. Le terme «bâtiment» sapplique à la construction des maisons individuelles, des immeubles dhabitation ou à usage de bureaux, des magasins, des usines, des entrepôts, des écoles, des hôpitaux, des autres lieux publics, etc., bref, de toutes ces structures que lon appelle dans le langage de tous les jours des «bâtiments». Lexpression «travaux publics» sapplique à tous les ouvrages de génie civil: routes, tunnels, galeries, ponts, voies ferrées, aéroports, barrages, canaux, installations portuaires, etc. Certains ouvrages pourraient être rangés dans lune ou lautre catégorie. Ainsi, un aéroport associe des bâtiments (les terminaux), des pistes et tarmacs; une gare maritime peut comprendre des bâtiments, des entrepôts et des ouvrages portuaires (jetées, appontements, écluses, etc.).
Quel que soit le type douvrage, le bâtiment et les travaux publics ont en commun bien des opérations, même si de notables différences peuvent exister au niveau de léchelle des ouvrages, des moyens mis en uvre, de la durée des travaux, du coût, etc.
Les choses diffèrent dun pays à lautre, mais le bâtiment regroupe le plus souvent de petites entreprises. Dans maints pays, 70 à 80% des entrepreneurs emploient moins de 20 travailleurs. Cela tient au fait que de nombreux entrepreneurs se lancent tout dabord dans la profession comme artisans, travaillant parfois seuls sur de petits chantiers. Lorsque leurs affaires prospèrent, ils font appel à quelques travailleurs. Dans le bâtiment, la charge de travail est rarement régulière ou prévisible; certains chantiers se terminent, dautres démarrent, pas nécessairement au même moment. Il faut être en mesure de déplacer des travailleurs ou des équipes de travailleurs de diverses qualifications dun chantier à lautre suivant les besoins; les petits entrepreneurs en ont la possibilité.
A côté de cette catégorie, il existe dans le bâtiment une forte population de travailleurs indépendants travaillant à leur compte, comme dans lagriculture. Ce sont des artisans tels que les maçons, les charpentiers, les peintres, les électriciens, les plombiers, les carreleurs, etc. Ils peuvent travailler seuls sur de petits chantiers ou sinsérer dans une équipe sur des chantiers plus importants. A la fin des années quatre-vingt, période qui a vu une très forte expansion de la construction, le nombre des travailleurs se déclarant indépendants a augmenté, en partie en raison des incitations fiscales accordées à cette catégorie de personnes et de lutilisation par les entrepreneurs de ces prétendus travailleurs indépendants moins bien payés que leurs salariés. Les charges sociales étaient moins élevées pour les indépendants, lentrepreneur navait pas à assurer leur formation et il lui était plus facile de sen défaire à la fin du chantier.
La présence dans le secteur du bâtiment dun aussi grand nombre de petits entrepreneurs et de travailleurs indépendants a plutôt nui à un management efficace de la sécurité. Avec une main-duvre aussi fluctuante, il est évidemment difficile de dispenser une formation de qualité. Une analyse des accidents mortels survenus au Royaume-Uni pendant une période de trois ans dans le bâtiment a montré que, dans près de la moitié des cas, les victimes se trouvaient sur le chantier depuis moins dune semaine. Les premiers jours passés sur un chantier sont particulièrement dangereux pour les travailleurs; quelle que soit leur expérience professionnelle, chaque chantier est unique.
Les entreprises peuvent faire partie soit du secteur public (cest le cas, par exemple, des départements de travaux publics dune municipalité ou dune région), soit du secteur privé. Traditionnellement, une partie importante des travaux dentretien était effectuée par des services (notamment pour les écoles, les hôpitaux et les routes). Plus récemment, la tendance a été dencourager la concurrence afin de réduire le coût des travaux. Cela a entraîné une diminution de la taille des services publics, parfois même leur disparition complète, et lobligation de procéder par appels doffres. Des marchés qui étaient autrefois lapanage des services publics reviennent maintenant à des entrepreneurs du secteur privé, assortis de strictes conditions dattribution des contrats. Placés devant la nécessité de baisser les prix, les entrepreneurs tendent à réduire leurs frais généraux, notamment ceux liés à la sécurité et à la formation.
Cette distinction entre secteur public et secteur privé sapplique parfois également aux clients. Ladministration centrale et les collectivités locales (ainsi que les entreprises de transport public et les services publics sils sont placés sous lautorité de ladministration centrale ou régionale) sont clientes de lindustrie du bâtiment. En tant que telles, elles pourraient être considérées comme faisant partie du secteur public. Les transports publics et les services publics gérés par des compagnies semi-publiques ou privées peuvent être considérés comme faisant partie du secteur privé. Le fait quune entreprise cliente appartienne au secteur public favorise parfois lintégration de certains aspects de sécurité ou de formation dans le coût des travaux. A lheure actuelle, les entreprises du secteur public et celles du secteur privé ont toutes les mêmes obligations en matière de soumissions.
Un facteur de plus en plus important dans les marchés du secteur public est que les appels doffres se font maintenant à léchelle internationale. Dans lUnion européenne, par exemple, les grands projets (ceux dont le coût dépasse un montant stipulé dans les directives) doivent faire lobjet dune publicité dans toute lUnion, afin que les entrepreneurs des différents pays puissent soumissionner. Cette disposition a pour effet dencourager les entrepreneurs à travailler hors des frontières nationales. Ils sont, dans ce cas, tenus de respecter la législation locale en matière de sécurité et de santé. Lun des objectifs de lUnion européenne est dharmoniser les normes de sécurité et de santé au travail et leur application dans tous les Etats membres. Les grandes entreprises qui travaillent dans différentes parties du monde doivent donc être familiarisées avec les normes des pays dans lesquels elles opèrent.
Dans le bâtiment, le concepteur est généralement un architecte, même si pour les logements de peu dimportance les entreprises se chargent elles-mêmes de la conception si besoin est. Si un bâtiment est grand et complexe, des architectes pourront soccuper du plan densemble, des ingénieurs civils du calcul des éléments structurels et des ingénieurs spécialisés de la conception des équipements (installations électriques, ascenseurs, ventilation, chauffage, etc.). Les spécialistes sassurent que les installations et les équipements qui sont de leur ressort sont bien conçus pour fonctionner dans le respect des normes, une fois intégrés à la structure générale prévue par larchitecte.
Dans les travaux publics, la conception dépend en général dun ou de plusieurs ingénieurs civils. Dans les grands chantiers, où laspect esthétique joue un rôle important, un architecte pourra être adjoint à léquipe de conception. Dans les autres projets de génie civil, les études seront confiées à des ingénieurs civils pouvant appartenir à plusieurs spécialités (charpente métallique, béton armé, hydraulique, etc.).
Le rôle des promoteurs est de chercher à exploiter un terrain ou un bâtiment existant et den tirer profit. Certains promoteurs se bornent à revendre le terrain ou le bâtiment après y avoir apporté des améliorations; dautres les conservent pour en tirer des loyers plus élevés quavant leur mise en valeur.
Le talent du promoteur est de découvrir des sites, des terrains vagues ou des bâtiments sous-utilisés ou vétustes auxquels des travaux bien conçus et bien conduits pourront apporter une plus-value intéressante. Le promoteur finance parfois lui-même ces travaux mais, le plus souvent, il devra sappliquer à trouver dautres sources de financement. Les promoteurs ne constituent pas un phénomène nouveau; le développement des villes au cours des 200 dernières années leur doit beaucoup. Ils peuvent être parfois eux-mêmes clients de lindustrie du bâtiment, mais jouent le plus souvent le rôle dagents pour les parties qui assurent le financement.
Dans un contrat de type classique, le client demande à un con-cepteur détablir des plans et des spécifications. Il invite ensuite des entrepreneurs à faire une offre pour lexécution des travaux. Leur rôle se limite pour lessentiel à la construction de lédifice ou de louvrage envisagé, même sil leur arrive souvent de suggérer des modifications susceptibles de faciliter les travaux, en un mot daméliorer la «constructibilité».
Un autre type de contrat courant englobe conception et réalisation. Le client veut un bâtiment, mais na pas didées précises sur les détails de sa conception (hormis la taille, le nombre de personnes qui lutiliseront ou léchelle des activités qui y seront menées). Le client lance dans ce cas un appel doffres auprès de concepteurs ou dentrepreneurs qui lui soumettront des projets et des devis. De nombreuses entreprises disposent de leurs propres bureaux détudes ou collaborent avec des concepteurs extérieurs. Les études comportent souvent deux phases: une phase initiale, dans laquelle un concepteur établit un projet densemble qui fera ensuite lobjet dun appel doffres, et une seconde phase, dans laquelle lentreprise choisie préparera des plans dexécution plus détaillés.
Les contrats dentretien ou dintervention passés entre les clients et les entreprises représentent une partie non négligeable des travaux effectués dans lindustrie de la construction. Ils ont généralement une durée fixe et obligent les entreprises à effectuer périodiquement des travaux convenus davance ou à travailler «au coup par coup», cest-à-dire à intervenir à la demande du client. Les contrats de ce type sont souvent établis à linitiative des pouvoirs publics qui ont la responsabilité du bon fonctionnement de services qui doivent fonctionner en continu. Les exploitants détablissements industriels, notamment ceux qui travaillent sans interruption, ont recours eux aussi à ce type de contrats. Lentreprise extérieure doit intervenir très rapidement en mettant à disposition le personnel et le matériel requis. Lavantage pour le client est quil na pas besoin davoir à demeure un personnel dintervention qualifié et dacquérir léquipement spécialisé qui est souvent nécessaire dans les interventions de ce genre.
Les tarifs stipulés dans ces contrats peuvent être soit forfaitaires (sur une base annuelle), soit calculés en fonction du temps passé (travaux en régie), soit encore basés sur une formule mixte.
Les exemples les plus courants sont sans doute les contrats dentretien des routes et ceux de réparation en urgence des réseaux de distribution deau, de gaz ou délectricité qui sont tombés en panne ou ont été endommagés pour des causes diverses.
Quel que soit le type de contrat, le client et le concepteur ont la possibilité dinfluer sur la politique de sécurité et de santé des entreprises par des dispositions arrêtées avant la conclusion des contrats dexécution des travaux.
Le prix ou les prix figurent toujours dans un contrat. Il peut sagir soit du coût global des travaux, soit de séries de prix afférents à des travaux spécifiques. Même dans ce cas, le client peut avoir à payer une partie du prix avant le début des travaux, pour per-mettre à lentreprise dacheter des matériaux. Le prix peut aussi être assorti de primes davance et de pénalités de retard, par exemple lentrepreneur étant payé davantage si le travail est achevé avant la date convenue. Quelles que soient les modalités retenues pour les paiements, ceux-ci sont généralement échelonnés au fur et à mesure de lavancement des travaux, en fonction de critères agréés davance. Une fois louvrage achevé, il est dusage que le client retienne un pourcentage convenu du montant total jusquà ce que lentreprise ait remédié aux éventuelles difficultés rencontrées ou que louvrage ait été mis en service sans problème.
Au cours des travaux, lentreprise peut se trouver confrontée à des obstacles qui navaient pas été prévus au moment de la signature du contrat. Dans ce cas, elle peut être appelée à modifier les méthodes de travail choisies. Généralement, ces modifications entraîneront des surcoûts par rapport aux devis; lentreprise cherchera alors à les répercuter sur le client, du fait que ces tâches navaient pas été prévues dans le contrat.
Les prix stipulés dans les contrats peuvent affecter la sécurité et la santé si loffre faite par lentrepreneur ne tient pas suffisamment compte des dépenses exigées par les mesures de prévention à mettre en place sur le chantier. La situation se complique encore lorsque, pour tenter dobtenir des entrepreneurs un bon rapport qualité-prix, les clients jouent la carte de la concurrence. Lorsquon cherche à rogner les coûts, les clients ignorent souvent quen retenant loffre la plus basse, ils sanctionnent le choix de matériaux ou de méthodes de travail qui risquent fort dexposer les travailleurs à des risques non négligeables. En cas dappel doffres pour des ouvrages importants, les entreprises soumissionnaires sont généralement invitées à déclarer que leur offre prend en compte le coût des mesures de sécurité et de santé indispensables.
Tout comme les clients, les promoteurs ont, eux aussi, leur rôle à jouer dans la lutte contre les risques professionnels dans la construction. Ils devraient faire appel à des entrepreneurs compétents et à des architectes qui tiennent compte des impératifs de la sécurité dans leurs projets et ne pas choisir systématiquement loffre la plus basse. Les promoteurs tiennent à être associés à des opérations couronnées de succès, et lun des critères de ce succès sera labsence de problèmes majeurs de sécurité et de santé tout au long des travaux.
Dans le cas de bâtiments quil sagisse de logements, de locaux commerciaux ou industriels , les chantiers sont soumis à une réglementation en matière daménagement du territoire précisant à quels endroits certains types douvrages peuvent être implantés; une usine, par exemple, ne peut être construite en zone résidentielle. Cette réglementation est souvent très précise en ce qui concerne lapparence extérieure, la taille des bâtiments, les matériaux, etc.
Il existe parfois aussi des règlements ou des normes qui spécifient, par exemple, lépaisseur des murs, la profondeur des fondations, les caractéristiques disolation, les dimensions des fenêtres, les schémas des circuits électriques, de mise à la terre et des réseaux de canalisations. Ces dispositions doivent être respectées par les clients, les concepteurs et les entrepreneurs. Elles limitent évidemment leurs choix, mais garantissent que les bâtiments et les ouvrages seront construits selon des normes jugées acceptables. La réglementation en matière de construction et daménagement du territoire influe par conséquent sur la conception et le coût des ouvrages.
Les usines qui fabriquent des éléments préfabriqués pour les besoins de lindustrie de la construction utilisent des techniques de production en série semblables à celles des industries de fabrication pour produire des parties de bâtiment. Généralement, le terme «préfabriqué» sapplique à des éléments modulaires en béton que lon assemble sur place, mais il peut sagir aussi de matériaux composites. La construction en préfabriqué a connu un grand essor après la seconde guerre mondiale, alors quil fallait répondre rapidement à une très forte demande de logements bon marché; elle est surtout utilisée pour des logements sociaux. Il est possible de fabriquer en série en usine des éléments moulés normalisés de grandes dimensions, ce qui serait pratiquement impossible sur un chantier ordinaire.
La structure des éléments préfabriqués doit être suffisamment résistante pour quils puissent être transportés et déplacés par des moyens mécaniques. Ils comportent des dispositifs daccrochage (crochets, anneaux) permettant de les soulever et de les déplacer ainsi que, le cas échéant, des moyens permettant de les assembler facilement et solidement. Leur manutention exige un matériel approprié. Une fois livrés sur le chantier, ils devraient être entreposés de manière à éviter quils ne soient endommagés.
Des techniques identiques sont utilisées pour produire des éléments en béton (armé ou non) pour les ouvrages de génie civil (dalles des autoroutes surélevées, parois de revêtement des tunnels, etc.).
Lorsquil sagit détablissements industriels ou commerciaux comprenant des installations importantes et complexes, le client souhaite parfois prendre possession de bâtiments prêts à fonctionner dès le premier jour. Les laboratoires sont quelquefois construits et équipés de cette manière. Cest ce que lon appelle un projet «clés en main»; dans ce cas, lentrepreneur doit sassurer que louvrage et les installations quil contient sont entièrement opérationnels avant la livraison.
Les chantiers routiers sont les plus connus du grand public. Ils sont ouverts pour la construction de nouvelles routes mais, le plus souvent, pour la réparation ou lélargissement dartères existantes. Ces travaux sont généralement effectués pour le compte dadministrations publiques, parfois aussi de sociétés privées (dans le cas des autoroutes, par exemple). Sil sagit douvrages de génie civil financés par lEtat, leur étude et leur construction sont étroitement supervisées par des fonctionnaires.
La construction des routes, comme dailleurs celle des voies ferrées, peut exiger dimportants travaux de terrassement; on sefforce déquilibrer le volume des déblais et celui des remblais afin de limiter les coûts. Ces travaux nécessitent lemploi dengins lourds et puissants: pelles mécaniques, niveleuses, bouteurs, décapeuses, chargeuses, machines dépandage, compacteurs, etc.
Pendant les travaux dentretien ou de transformation dun tronçon routier, celui-ci reste généralement ouvert au trafic, ce qui crée des risques aussi bien pour le personnel de lentreprise chargée des travaux que pour les véhicules qui empruntent le tronçon en chantier. La planification et la surveillance jouent ici un rôle important. Le contrôle du trafic routier à lapproche du chantier et sur celui-ci est généralement confié à la police locale, mais il demande une collaboration étroite avec lentreprise. Les travaux dentretien créent une gêne évidente, occasionnent des risques et provoquent des embouteillages. Il est donc impératif quils soient achevés le plus rapidement possible, raison pour laquelle des primes sont parfois accordées aux entreprises qui travaillent plus vite que prévu, et des pénalités de retard infligées à celles excédant les délais contractuels. Les incitations financières ne devraient pas compromettre la sécurité des travailleurs ni celle des usagers.
Le revêtement des routes peut être en pierre, en bitume ou en béton. Une bonne logistique devrait assurer que les quantités nécessaires de matériaux de revêtement se trouvent sur place au moment voulu pour éviter les interruptions dans les travaux.
Pour creuser des tranchées et des tunnels, on a parfois recours aux explosifs, ce qui appelle des mesures de protection particulières.
Les autoroutes surélevées sont souvent construites au moyen de modules en béton armé, moulés sur une aire de fabrication voisine puis amenés à lendroit voulu. Cela exige des engins de levage puissants pour soulever les éléments moulés, les coffrages et les armatures.
Les structures provisoires de soutènement des sections dautoroutes surélevées ou de ponts doivent être conçues en fonction des charges qui leur seront appliquées lors de la coulée du béton. Leur conception et leur calcul sont aussi importants que ceux de louvrage lui-même.
Dans les régions isolées, les ponts sont souvent construits en bois, même si les ponts modernes le sont généralement en béton armé ou en acier. Si le pont a une grande portée, sa conception sera confiée à un bureau spécialisé. Sil enjambe un cours deau, les culées qui soutiennent ses extrémités et les fondations de ses piles sont souvent construites dans leau, ce qui peut impliquer le battage de pieux et la construction de batardeaux, voire de caissons. En terrain accidenté, le transport des matériaux se fait parfois par blondin, transporteur aérien se déplaçant le long de câbles tendus entre deux pylônes, fixes ou mobiles sur rails. Lentretien des ponts demande que lon prévoie des moyens daccès et de travail sûrs pour les équipes chargées de ce travail; cest notamment le cas pour les ponts suspendus.
Les tunnels sont des ouvrages dart particuliers. Le tunnel sous la Manche a exigé la construction de galeries de quelque 100 km de longueur et de 6 à 8 m de diamètre, mais il existe aussi des minitunnels, trop étroits pour permettre le passage dune personne et creusés par des machines introduites par des galeries daccès et commandées à partir de la surface. Dans les zones urbaines, un tunnel ou une galerie sont souvent le seul moyen daméliorer la circulation routière ou dinstaller des réseaux de distribution deau ou dévacuation des eaux usées. Leur tracé appelle une étude aussi détaillée que possible afin de déterminer notamment la nature des terrains traversés, la présence de nappes deau souterraines, etc.
Si le terrain est relativement homogène, comme cest le cas de la marne sous la Manche, il est possible dutiliser des machines. Si les études préalables ne mettent pas en évidence une forte pression hydrostatique, il est généralement inutile de travailler en air comprimé, ce qui entraînerait des coûts sensiblement plus élevés et des risques particuliers. Un grand tunnel traversant un terrain homogène non constitué de roches dures peut être percé au moyen dun tunnelier de pleine section. Il sagit en réalité dun train de plusieurs machines reliées entre elles et avançant sur des rails. La couronne dattaque circulaire tourne et renvoie les débris à larrière de la machine. Le tunnelier est suivi de différentes sections qui positionnent les éléments de revêtement sur toute la surface des parois (ces éléments peuvent peser plusieurs tonnes) et injectent du mortier liquide derrière les voussoirs. La machine abrite tous les équipements nécessaires à la manutention et au positionnement des anneaux de revêtement, ainsi que les moteurs électriques et les pompes qui actionnent la tête de forage du tunnelier et les autres mécanismes de la machine.
Pour creuser une galerie dans un sol constitué de roches tendres qui nest pas assez consistant pour utiliser un tunnelier, il faut employer des machines dabattage qui attaquent le front de taille. Les débris sont ramassés à la pelle mécanique et évacués par berlines et camions. Cette technique sert spécialement à percer des tunnels de section variable ou non circulaire. Les terrains traversés nont généralement pas la résistance nécessaire pour que lon puisse renoncer à prévoir un revêtement de la galerie si lon veut éviter les éboulements de la voûte ou des parois. Ce revêtement pourra être en anneaux de béton préfabriqués ou en béton liquide projeté sur un treillis dacier maintenu en place par des boulons (cest la méthode dite autrichienne).
Si la galerie traverse une roche dure, labattage se fera à lexplosif après avoir foré des trous de mine. Il faut utiliser le minimum dexplosifs nécessaire pour obtenir des débris de la taille voulue aux endroits voulus, afin de faciliter lévacuation des déblais. Sur les grands chantiers, on fait aussi appel à des «jumbos», ensembles mécanisés qui comprennent plusieurs marteaux perforateurs montés sur un châssis à chenilles ou sur rails, ainsi quà des pelles mécaniques ou à des chargeuses à courroie pour évacuer les déblais. Les parois des galeries percées dans de la roche dure sont souvent simplement lissées, sans recevoir de revêtement particulier.
Les barrages peuvent être soit des digues de retenue construites en terre ou en enrochements et rendues étanches par des revêtements ou des noyaux dargile et parfois garnies de plaques de béton, soit des ouvrages en béton du type barrage poids ou barrage voûte. Ils exigent en général de gros travaux de terrassement. Souvent implantés dans des endroits isolés, les chantiers de barrages demandent laménagement de voies daccès provisoires pour lacheminement des équipements, des matériaux et du personnel sur le site. Les personnes qui travaillent à la construction de barrages sont parfois si loin de chez elles que des logements provisoires doivent être prévus à leur intention. Il est souvent nécessaire de dévier le cours deau pour procéder aux travaux de fondation.
Tout chantier de barrage de quelque importance exige lutilisation dengins puissants et nombreux dexcavation, de terrassement et de manutention, ainsi que la construction dune centrale à béton.
Les travaux de construction et de réparation des canaux et des installations portuaires ont nombre de points communs avec ceux qui ont été décrits ci-dessus, mais présentent cependant des aspects particuliers. Les voies deau intérieures ont joué un rôle très important pour le transport des marchandises en vrac (matériaux pondéreux, hydrocarbures) et continuent dassurer une part notable de ce transport, selon les caractéristiques du relief et du réseau hydrographique. Les canaux de navigation ou dirrigation et les installations portuaires exigent des investissements importants et la mise en uvre de moyens considérables au stade de leur construction (mise en place de caissons, de batardeaux, etc.).
Les docks sont parfois construits dans des zones industriellement exploitées de longue date. Des effluents industriels ont pu séchapper dans le sous-sol pendant des années, et les déblais évacués peuvent être très pollués. Ces risques viennent sajouter à tous ceux que lon rencontre dans les travaux exécutés sous leau ou au-dessus dun plan deau.
Chronologiquement, la construction des voies ferrées a suivi celle des canaux et précédé celle des grandes routes. Les chemins de fer, en dehors des régions montagneuses qui exigent des voies et des locomotives spéciales, ne peuvent gravir de fortes pentes. Cette exigence conduit à des travaux de génie civil souvent très lourds (ponts, tunnels, tranchées, etc.) pour permettre le franchissement ou le contournement des obstacles naturels.
Les entreprises qui construisent et réparent les lignes de chemin de fer ont besoin des équipements habituels et de la logistique garantissant que le ballast et les autres matériaux de construction soient toujours disponibles. Elles doivent également faire en sorte que leurs travaux napportent quun minimum de perturbations dans lexploitation des lignes existantes et ne mettent en danger ni les travailleurs ni le public.
Depuis le milieu du XXe siècle, lessor rapide du transport aérien a entraîné louverture de multiples et importants chantiers pour la construction et lextension daéroports.
Dans ce domaine, les clients sont généralement des administrations centrales ou régionales ou des organismes publics ou semi-publics, rarement des sociétés privées.
La planification du travail est parfois compliquée du fait des contraintes liées à lenvironnement pesant sur le projet. Les aéroports couvrent une surface étendue. La construction des pistes, des terminaux, des entrepôts et des aires de stationnement peut exiger la réhabilitation de terrains vagues ou difficiles et le nivellement de très vastes zones, ce qui peut entraîner des travaux de défrichement, de terrassement et dassèchement importants.
Avant dêtre utilisés, tous les bâtiments neufs et les ouvrages de génie civil passent par les mêmes phases de conception, de terrassement, de construction ou dédification, de finition, de raccordement aux différents services et de mise en service finale. Au fil des ans, les bâtiments autrefois neufs doivent être entretenus, ravalés et nettoyés avant dêtre souvent rénovés. Ils seront enfin démolis pour faire place à des bâtiments plus modernes ou parce quils nont plus de raison dêtre. Ce qui est vrai pour les immeubles sapplique également aux ouvrages complexes et de grande taille comme les usines et les ponts ou les centrales de production dénergie. Chaque étape dans la vie dun bâtiment ou dun ouvrage dart présente ses propres risques, dont certains sont communs à tous les chantiers de construction et dautres particuliers au type douvrage considéré.
Pour chaque type de projet (et même pour chaque phase du projet), il est possible de prévoir les principaux risques encourus par les travailleurs. Le risque de chute est omniprésent; les statistiques montrent que jusquà la moitié des accidents mortels enregistrés dans la construction est due à des chutes.
Les risques matériels encourus au stade de la conception de nouveaux bâtiments ou ouvrages sont généralement liés aux visites effectuées par le personnel des bureaux détudes, qui peut être exposé aux risques occasionnés par un accès dangereux, par des ouvertures ou des excavations non protégées, par des fils électriques ou des câbles, ou encore par du matériel en mauvais état. Si les études obligent à pénétrer dans des locaux ou des excavations qui sont restés fermés pendant un certain temps, il peut y avoir un risque dintoxication par le dioxyde de carbone ou dasphyxie par manque doxygène. Les risques sont aggravés si les visites se font sur un chantier non éclairé après la tombée de la nuit ou si le visiteur, isolé, ne peut pas communiquer avec lextérieur et appeler à laide en cas de besoin.
La phase de conception revêt une importance particulière non seulement pour la stabilité des bâtiments et des ouvrages qui sont édifiés, mais aussi pour la sécurité des personnes qui seront affectées à leur construction. Les concepteurs, quils soient architectes ou ingénieurs, ne se contentent pas délaborer et de fournir des plans. Leur formation et leur expérience doivent leur permettre de prévoir les risques liés à telle ou telle méthode de construction et dappeler sur eux lattention des entrepreneurs. Ils peuvent également jouer un rôle actif dans le choix des matériaux de construction et préconiser, le cas échéant, lutilisation de produits moins dangereux. Il convient, dès le stade de la conception, de se préoccuper déliminer ou de réduire tous les risques raisonnablement prévisibles aux étapes de la réalisation et de lentretien. En dépit de tous les efforts, il subsistera toujours des risques imprévus dont les entrepreneurs devront tenir compte dans la mise en place de leurs propres mesures de sécurité et même dans les offres quils soumettent.
Généralement, les premiers travaux à entreprendre après les études et lattribution du marché sont des travaux de terrassement et des fouilles pour les fondations. Sil sagit de bâtiments légers, les fondations ne posent généralement pas de problème. Dans le cas dimmeubles ou de bâtiments plus importants, et pour certains ouvrages dart, les fondations pourront exiger des excavations de plusieurs mètres de profondeur. Les tranchées de plus de 1 m de profondeur sont généralement creusées à laide de machines du type pelle mécanique.
Ce travail demande une organisation et une surveillance particulières. Les risques déboulement des parois et de glissement de terrain sont toujours présents et deviennent de plus en plus considérables à mesure que la profondeur augmente. Ces risques sont aggravés par les intempéries et par les vibrations susceptibles dêtre engendrées par les travaux exécutés à proximité. Une argile qui semble résistante se craquelle sous leffet de la sécheresse et peut se ramollir et glisser après la pluie. Un mètre cube de terre compacte pèse plus dune tonne; un travailleur pris sous un éboulis risque des fractures, un écrasement dorganes internes ou létouffement. Cest dire limportance capitale que revêt une analyse préa-lable et sérieuse du terrain en vue de déterminer la méthode de soutènement la plus appropriée.
Blindage double face . Il est préférable de ne pas compter sur le simple «talutage» des parois dune fouille pour garantir leur stabilité et la sécurité des personnes qui y travaillent. Si le terrain est constitué de sable ou de vase humide, langle de repos ne devrait pas excéder 5 à 10° par rapport à lhorizontale. Le plus souvent, la place manque pour réaliser une fouille aussi large. La méthode la plus couramment utilisée pour assurer la sécurité dune fouille en tranchée est létaiement des deux parois par des madriers et des étrésillons, ce qui permet déquilibrer les poussées qui sexercent des deux côtés de la tranchée. Dans les terrains sans cohésion, on commence par enfiler des planches verticales placées bord à bord, des deux côtés de la tranchée. Au fur et à mesure que lexcavation progresse, les planches sont enfoncées plus profondément. Lorsque la tranchée atteint 1 m de profondeur environ, une rangée de poutres horizontales est placée contre les planches de blindage et maintenue en place par des étrésillons de bois ou de métal calés entre les poutres opposées à intervalles réguliers. Il sagit là dune méthode classique dont lapplication relève des règles de lart.
Les méthodes standards de blindage avec des bois duvre ne conviennent pas si lexcavation a plus de 6 m de profondeur ou si le terrain est gorgé deau. Dans ce cas, on pourra utiliser des cadres ou des caissons métalliques maintenus par des vérins, des rideaux de palplanches ou dautres procédés. On rencontre aujourdhui de nouveaux systèmes de blindages dits souples faits dune peau de blindage en géotextile polyester tissé et de barres de raidissement en polyester renforcé par des fibres de verre. Il existe même des machines à blinder. Le choix et le dimensionnement corrects des blindages revêtent une importance particulière pour la stabilité des fouilles en tranchée et, partant, pour la sécurité des personnes qui y travaillent. Les systèmes de blindage des excavations de plus de 6 m de profondeur seront le plus souvent conçus sur mesure, les solutions standards nétant jamais parfaitement appropriées.
Blindage unilatéral . Lorsque lexcavation est trop large pour que lon puisse utiliser les méthodes détaiement décrites ci-dessus, ses parois seront étayées par des planches et des contrefiches ou par un rideau de palplanches. On recourt parfois aussi à des ancrages si la nature du terrain le permet.
Autres systèmes . On peut utiliser également des caissons dacier de largeur réglable ou des cadres métalliques à glissières à labri desquels le travail peut seffectuer en toute sécurité. On peut aussi faire appel à des systèmes brevetés dans lesquels un cadre horizontal réglable est descendu dans la fouille et plaqué contre le blindage par des vérins hydrauliques qui peuvent être actionnés à partir dun lieu sûr situé à lextérieur de la fouille.
Formation et surveillance . Quelle que soit la méthode adoptée, le travail devrait être effectué par des travailleurs qualifiés sous la surveillance dune personne expérimentée. La fouille et son blindage seront inspectés tous les jours et chaque fois quils auront été endommagés ou déplacés (après de fortes pluies, par exemple). Il ne faut pas oublier en effet quun éboulement est toujours possible et que les travailleurs ne devraient jamais travailler dans une fouille non étayée de plus de 1 m de profondeur. Des informations complémentaires sont données dans larticle intitulé «Les fouilles en tranchée» du présent chapitre.
La construction du gros uvre dun bâtiment ou dun ouvrage de génie civil (la superstructure) intervient une fois les fondations achevées. Elle comporte la nécessité de travailler en hauteur, ce qui implique des risques évidents de chute.
Au-delà de 10 m à partir du sol, le travail ne peut généralement plus être exécuté sans danger avec une échelle. A cette hauteur, les échelles télescopiques elles-mêmes sont dangereuses. La quantité de matériel et de matériaux que les travailleurs peuvent transporter en toute sécurité est limitée, et la fatigue physique engendrée par la posture quil faut adopter sur une échelle réduit sensiblement la durée utile du travail. Les échelles sont surtout utiles pour effectuer un travail de courte durée qui nexige pas le port de charges trop lourdes et qui peut être exécuté à une hauteur raisonnable. Elles servent également de moyen commode daccès aux échafaudages, aux excavations et aux ouvrages dont les accès définitifs nont pas encore été aménagés.
Pour tout travail dune certaine durée, il conviendra dutiliser des plates-formes provisoires ou des échafaudages dont les caractéristiques et la complexité seront fonction de la nature et de limportance du chantier.
Les échafaudages sont constitués dune ossature en perches et madriers de bois ou en tubes dacier, dassemblage facile, à laquelle on fixe des plates-formes de travail. Ils peuvent être fixes ou roulants. Les échafaudages fixes cest-à-dire ceux qui sappuient sur la façade dun bâtiment ou la paroi dun ouvrage peuvent être indépendants ou à boulins. Un échafaudage indépendant comporte des montants des deux côtés de ses plates-formes et sa stabilité est assurée de manière indépendante, tout au moins en théorie. Léchafaudage à boulins ne possède de montants quà lextérieur de ses plates-formes; lextrémité des traverses qui supportent la plate-forme est logée dans des trous (les boulins) ménagés dans la façade du bâtiment. En effet, il est indiqué dassujettir solidement tout léchafaudage indépendant à louvrage quil dessert, et cela à intervalles réguliers si la plate-forme se trouve à plus de 6 m de hauteur ou si léchafaudage est recouvert dun habillage de protection contre les intempéries qui aura pour effet daugmenter la pression exercée par le vent.
Le platelage de léchafaudage est constitué de madriers de bonne qualité disposés bord à bord et dont les deux extrémités seront convenablement soutenues; des supports intermédiaires seront nécessaires si les madriers risquent de fléchir sous le poids des travailleurs ou des matériaux mis en uvre. La largeur des plates-formes ne devrait pas être inférieure à 60 cm si ce sont des plates-formes de circulation et de travail, ou à 80 cm si elles sont utilisées également pour le dépôt de matériaux. Lorsquil y a un risque de chute dune hauteur de plus de 2 m, le bord extérieur et les extrémités de la plate-forme devraient être protégés par un garde-corps rigide fixé aux montants et dont la hauteur devrait être dau moins 90 cm. Pour éviter que des outils ou des matériaux de construction ne tombent de la plate-forme, une plinthe de 15 cm de hauteur devrait être placée le long du bord extérieur, solidement fixée aux montants. Si lon est amené à retirer provisoirement garde-corps et plinthes pour permettre le passage de matériel ou de matériaux, il conviendra de les remettre en place le plus vite possible.
Les montants des échafaudages devraient être verticaux et reposer sur des plaques dassise solides et bien ajustées. Sur les échafaudages fixes, on utilise généralement des échelles pour passer dune plate-forme à lautre. Celles-ci devraient être fixées à leurs deux extrémités et dépasser dau moins 1 m le niveau de la plate-forme.
Les risques majeurs engendrés par lutilisation des échafaudages les chutes de personnes ou de matériaux résultent généralement dune négligence dans la manière dont léchafaudage a été initialement dressé, ou de la mauvaise utilisation qui en est faite (sa surcharge, par exemple). La liste de tout ce qui peut arriver si les échafaudages ne sont pas montés et contrôlés par des personnes expérimentées est pratiquement illimitée. Les travail-leurs qui construisent un échafaudage sont eux-mêmes exposés aux risques de chutes pendant le montage et le démontage; ils sont en effet appelés à travailler en hauteur, dans des postures incommodes et avant que des plates-formes naient été installées (voir figure 93.4).
Les échafaudages-tours. Ces échafaudages peuvent être fixes ou roulants, avec une plate-forme de travail au sommet et une échelle daccès intérieure. Ce type déchafaudage est assez instable et sa hauteur sera limitée: trois fois et demie le côté le plus petit de la base pour les tours fixes, et trois fois pour les tours roulantes. Les travailleurs ne doivent pas demeurer sur la plate-forme des échafaudages roulants pendant leur déplacement ou si les roues ne sont pas bloquées. Le risque majeur de ce type déchafaudage est le renversement.
Echafaudages volants. Les échafaudages volants comportent une plate-forme suspendue par des câbles et pourvue dun mécanisme (moufle) qui permet de la déplacer verticalement. Ils sont souvent utilisés pour des travaux dentretien et de peinture et font parfois partie de léquipement du bâtiment. Le système de suspension devrait être suffisamment résistant et la plate-forme assez solide pour supporter le poids des personnes, de loutillage et des matériaux, avec un garde-corps pour éviter les chutes. Lorsque rien na été prévu pour empêcher la chute dune plate-forme suspendue en cas de rupture dun cordage, les travailleurs devraient porter un harnais de sécurité muni dune corde amarrée attachée à un point dancrage solide. La chute déchafaudages volants a coûté la vie à de nombreuses personnes.
Pour certaines tâches, lors de travaux de construction et surtout dentretien, il est plus pratique de faire appel à une nacelle ou à une plate-forme élévatrice que de dresser un échafaudage. Il existe de nombreux types délévateurs; ils comportent une nacelle ou une plate-forme fixée à lextrémité dun bras mobile articulé ou dune colonne télescopique actionnée par des vérins hydrauliques. Moulés sur roues ou sur chenilles, ces engins peuvent être mis en place rapidement à lendroit voulu. Il importe de respecter les spécifications des constructeurs et déviter en particulier toute surcharge.
On évitera les sols peu compacts et inclinés et lon utilisera si nécessaire des stabilisateurs ou des béquilles pour éviter que lengin ne bascule. La personne se trouvant dans la nacelle devrait avoir accès aux organes de commande et avoir été convenablement formée.
Lossature des bâtiments et des ouvrages dart comporte souvent une charpente métallique ou des éléments préfabriqués, parfois dune grande hauteur. La stabilité de leurs éléments constitutifs au cours du montage revêt une importance capitale. Les travailleurs chargés de ce travail devraient être équipés de harnais de sécurité et de filins dassurance, à moins que lentreprise nait installé des filets ou des plates-formes de retenue.
Si la construction de lossature et des murs dun bâtiment est une phase non dépourvue de dangers, la mise en place de la toiture dun bâtiment engendre des risques particuliers. Les toits peuvent être en terrasse ou en pente. Sur les toits en terrasse, le risque majeur est que des personnes ou des objets tombent par-dessus bord ou par les ouvertures de la toiture. Les matériaux nécessaires à la construction de la toiture doivent être montés à ce niveau, ce qui demande des grues si le bâtiment est élevé ou sil faut utiliser une grande quantité de matériaux de couverture ou détanchéité. Le bitume doit parfois être chauffé pour faciliter sa mise en place et assurer une bonne étanchéité, ce qui exige lemploi dune bouteille de gaz et dune cuve. Les couvreurs et les personnes qui se trouvent au-dessous peuvent être brûlés par le bitume chaud et des incendies peuvent se déclarer dans la charpente du toit si celle-ci est en bois.
Sur les toits en terrasse, les chutes peuvent être évitées en installant une protection provisoire de type garde-corps.
Les toits en pente se rencontrent surtout dans les maisons dhabitation et les bâtiments de faible hauteur. La pente du toit peut dépasser 45° par rapport à lhorizontale, mais une pente plus faible peut être dangereuse lorsque le toit est humide. Pour assurer la sécurité des couvreurs, on utilisera des échelles de toit plates. Si celles-ci ne peuvent être fixées ou supportées à leur extrémité inférieure, elles seront munies dun crochet approprié pour permettre de les fixer aux tuiles faîtières; si lon a des doutes quant à la solidité de ces tuiles, on nouera une corde au barreau supérieur et on lamarrera à un point dancrage solide (une cheminée, par exemple).
Des matériaux de couverture fragiles sont souvent utilisés pour les toits pentus et les toitures à voûtes en berceau. Leur mise en place demande des échelles plates. Ces matériaux de couverture présentent un risque accru pour le personnel dentretien, qui nest pas toujours conscient de leur fragilité.
Les travaux de couverture, même sur un toit en terrasse, peuvent être dangereux par grand vent ou par forte pluie. Les travaux de couverture dans lesquels la sécurité est négligée mettent également en danger les simples passants.
La rénovation et la maintenance des bâtiments sont des opérations qui exposent à des risques non négligeables dans certaines circonstances (risques de chutes de hauteur ou de plain-pied, risques liés à lutilisation de matériels et de matériaux divers, etc.). Les risques sont même parfois plus élevés du fait que, pour des travaux qui sont généralement de plus courte durée, on peut être tenté de réduire les coûts en essayant, par exemple, de faire au moyen dune échelle ce qui exigerait la construction dun échafaudage. Le remplacement dune tuile ne prend que quelques minutes, mais celles-ci suffisent parfois pour quun travailleur tombe et se tue.
Les concepteurs, et notamment les architectes, peuvent améliorer la sécurité des travailleurs chargés des travaux de rénovation et de maintenance en prenant en compte, dans leurs études, la nécessité de fournir un accès sûr au toit, aux locaux techniques, aux fenêtres et aux autres points exposés du bâtiment. Le mieux est de prévoir des moyens daccès sûrs faisant partie intégrante du bâtiment ou de louvrage.
Si les travaux de rénovation comprennent le ravalement ou le nettoyage complet de la façade dun bâtiment au moyen dun jet deau à haute pression ou de produits chimiques, un échafaudage solide sera sans doute la seule solution permettant de protéger aussi bien les travailleurs que les passants. Les travailleurs affectés à ces travaux seront pourvus dun équipement de protection individuelle approprié. Si des abrasifs sont utilisés pour le nettoyage dune façade, on utilisera une substance ne contenant pas de silice et on équipera les travailleurs dun appareil de protection respiratoire agréé.
La maintenance et le nettoyage des ouvrages dart (ponts, cheminées dusine, pylônes, etc.) obligent à travailler à des hauteurs ou à des emplacements (au-dessus dun plan deau, par exemple) qui interdisent lutilisation dun échafaudage ordinaire. A défaut dun échafaudage en porte-à-faux, on utilisera une nacelle. Les ouvrages de génie civil étant exposés aux intempéries, le travail devrait être interdit par grand vent ou sous forte pluie.
Le lavage des vitres peut présenter des risques, notamment si lon utilise une échelle ou une installation improvisée pour accéder aux niveaux élevés. Si les architectes négligent ces risques ou ne choisissent pas des fenêtres conçues pour être nettoyées de lintérieur, le travail des laveurs de vitres sera beaucoup plus dangereux.
La rénovation des locaux dhabitation et des locaux commer-ciaux implique parfois le déflocage de matériaux contenant de lamiante. Cette opération présente des risques considérables pour la santé des travailleurs et des occupants lorsque ceux-ci réintègrent les lieux. Le déflocage de lamiante ne sera effectué que par un personnel spécialement formé et convenablement équipé. La zone de déflocage sera isolée de toutes les autres parties du bâtiment. Avant que les occupants ne réintègrent les lieux, un contrôle de latmosphère sera effectué et lon sassurera que les concentrations de fibres dans latmosphère nexcèdent pas les limites autorisées.
Si la structure est en brique ou en béton, il faudra peut-être lisser et plâtrer la surface pour permettre sa mise en peinture; il sagit là dactivités artisanales traditionnelles. Les risques majeurs sont les efforts dorsaux et la sollicitation des bras résultant de la manutention de sacs et de panneaux de plâtre. Le travail les bras en lair est particulièrement pénible. Une fois lissées, les surfaces sont prêtes à être peintes. Ici, le risque tient aux vapeurs libérées par les solvants et parfois par la peinture elle-même. On utilisera, dans toute la mesure possible, des peintures à leau; si lon doit, malgré tout, utiliser des peintures contenant des solvants, les pièces seront bien ventilées, par des ventilateurs si nécessaire. Si les produits utilisés sont toxiques et que lon ne peut obtenir une aération satisfaisante, les peintres porteront des masques et un équipement de protection individuelle approprié.
Parfois, la finition intérieure implique la fixation dun revêtement mural; si lon utilise un pistolet de scellement, le risque tiendra surtout à la façon dont le pistolet est utilisé. Les clous et les rivets peuvent traverser les cloisons et ricocher en rencontrant un obstacle. Le travail demande à être organisé avec soin, et laccès devrait être interdit à toute personne étrangère aux travaux.
La finition intérieure comprend parfois linstallation de carreaux ou de plaques de matériaux divers sur les murs ou les sols. La coupe de grandes quantités de carreaux céramiques au moyen doutils mécaniques produit une grande quantité de poussière et devrait se faire sur matériaux mouillés. Les adhésifs utilisés pour le collage de carreaux ou de moquettes contiennent des solvants et libèrent des vapeurs toxiques; dans un espace confiné, celles-ci peuvent en outre senflammer. Les carreleurs travaillent souvent à genoux et respirent les vapeurs de colle. Les locaux devraient être ventilés mécaniquement, et la quantité dadhésif présente sera réduite au minimum.
Si la finition intérieure comprend linstallation de matériaux disolation sonore ou thermique comme cest souvent le cas dans les immeubles dhabitation et à usage de bureaux ceux-ci se présentent sous forme de feuilles ou de plaques découpées ou de blocs fixés par un ciment ou un mortier de ciment pulvérisé. Les poussières produites peuvent être nocives et irritantes. Les matériaux contenant de lamiante seront prohibés. Si lon emploie des fibres minérales artificielles, il conviendra de porter un masque et des vêtements protecteurs.
Certains des matériaux employés dans les travaux de finition intérieure sont également utilisés à lextérieur, mais la finition extérieure concerne généralement le revêtement, létanchéité et la peinture. Le risque majeur est sans conteste celui de chute, souvent aggravé par la difficulté des manutentions. Lutilisation de peintures, dagents détanchéité, de colles et dadhésifs contenant des solvants ne présente pas de risques aussi graves quà lintérieur, la ventilation naturelle empêchant une accumulation dangereuse des vapeurs toxiques ou inflammables.
Ici encore, les concepteurs peuvent influer sur la sécurité en recommandant lemploi de panneaux de revêtement de dimensions et de poids raisonnables dont la manutention ne présente pas de risque exagéré et en prenant des dispositions pour que les travaux puissent être effectués à partir demplacements sûrs. On prévoira des pattes de fixation permettant de recevoir les panneaux de revêtement positionnés par des engins de levage. Le choix de matériaux comme les plastiques ou le métal anodisé pour les châssis de fenêtres limite lentretien ultérieur et améliore considérablement la sécurité des travailleurs du bâtiment et des occupants.
Laménagement dun site important peut comporter des travaux de terrassement non négligeables: creusement de tranchées profondes pour la pose de canalisations dassainissement, dallage en bétonnage de zones étendues, déplacement de rochers, etc.
Il faudra parfois aménager le site pour des raisons de sécurité. Ainsi, il faudra peut-être aplanir le terrain dans le périmètre dune usine de pétrochimie, donner une direction particulière à la pente, ou couvrir la terre de cailloux pour empêcher la végétation de pousser.
Les travaux de démolition sont peut-être les plus dangereux. Non seulement ils comportent tous les risques liés au travail en hauteur et aux chutes dobjets, mais ils sont souvent effectués sur des structures déjà fragilisées. Lune des difficultés rencontrées pour garantir la sécurité des opérations de démolition est que tout peut aller très vite; avec le matériel dont on dispose à lheure actuelle, on peut démolir en deux jours des structures importantes.
Il existe trois méthodes principales pour démolir un bâtiment ou un ouvrage: les démanteler morceau par morceau; les abattre, ou utiliser des explosifs. Le choix de la méthode est dicté par la nature et létat de la structure, son voisinage, les raisons de sa démolition et le coût de lopération. On ne pourra généralement pas se servir dexplosifs si dautres bâtiments se trouvent à proximité. Une démolition doit être planifiée aussi soigneusement que toute autre opération de construction. La structure à démolir devrait faire lobjet dune étude préalable approfondie sur la base des plans disponibles.
Lors de la planification des opérations de démolition, il faut sassurer que la structure nest pas surchargée ou inégalement chargée par des débris et quil existe des ouvertures par lesquelles on pourra évacuer les gravats sans danger. Si lon risque de fragiliser la structure en en découpant certaines parties (notamment le béton armé) ou en éliminant des dalles ou des murs porteurs, il importe de prendre toutes précautions utiles pour éviter quelle ne seffondre inopinément. Les gravats devraient tomber à un endroit doù ils pourront être évacués ou récupérés facilement; parfois, le coût des travaux de démolition dépend de la récupération de composants ou de débris intéressants.
Si la structure doit être démolie morceau par morceau sans faire appel à des machines spéciales (brise-roches, cisailles télécommandées, etc.), les travailleurs devront obligatoirement intervenir en hauteur, sur des façades exposées ou au-dessus douvertures ménagées pour lévacuation des gravats.
La dépose des pointes, flèches et autres éléments décoratifs de grandes dimensions placés au sommet des bâtiments devrait seffectuer à laide de nacelles de conception appropriées accrochées au câble dune grue.
Avec ce mode de démolition morceau par morceau, la méthode la plus sûre consiste à démanteler le bâtiment dans lordre inverse de celui où il a été édifié. Les gravats devraient être évacués régulièrement pour éviter lencombrement des zones de travail et daccès.
Si la structure doit être abattue par effondrement provoqué et contrôlé, en la poussant, en la tirant ou en la heurtant, elle est en général préalablement fragilisée, avec tous les risques que cela comporte. Pour la renverser en exerçant une traction sur elle, on élimine tout dabord les planchers et les cloisons internes, on fixe des câbles à des points résistants dans les parties supérieures du bâtiment et on utilise une pelle mécanique ou tout autre engin lourd pour tirer sur les câbles. Les câbles peuvent constituer un réel danger sils viennent à se rompre en raison dune surcharge ou dune défaillance de leur ancrage. Cette technique ne convient pas pour les bâtiments très hauts. Si lon veut démolir une structure en la poussant, là encore après lavoir fragilisée, on fait appel à des engins lourds comme des pelles mécaniques ou des bouteurs dont les cabines de conduite seront protégées.
La méthode de démolition la plus courante (et, si elle est effectuée correctement, la plus sûre à bien des égards) est lutilisation dun boulet ou poire dacier ou de béton suspendu au crochet dune grue, au bout dune flèche suffisamment résistante pour supporter les contraintes dynamiques imposées par cette technique. La flèche est déplacée latéralement et le boulet projeté contre le mur à démolir. Le risque majeur est que le boulet se coince dans la structure ou les débris; les efforts faits pour le dégager risquent de provoquer une surcharge considérable pour la grue, entraînant même la rupture du câble ou de la flèche. Cette technique exige beaucoup de doigté de la part du grutier, qui doit provoquer des impacts suffisamment puissants mais néanmoins mesurés.
La démolition aux explosifs peut être réalisée en toute sécurité si elle a été soigneusement préparée et si elle est exécutée par des travailleurs expérimentés sous la surveillance dune personne qualifiée. Le but recherché, lorsquon fait sauter un bâtiment, nest pas de le réduire complètement à létat de gravats, mais de nutiliser que la quantité minimale dexplosifs qui permettra à la structure de seffondrer sans danger. Il importe que lentrepreneur chargé de lopération obtienne les plans du bâtiment ou de louvrage et les étudie avec soin (méthodes de construction, matériaux utilisés, etc.). Seules ces informations permettront de déterminer sil convient de recourir à des explosifs, à quels endroits placer les charges, la nature et les quantités dexplosifs à utiliser, les mesures à prendre pour éviter la projection de débris et les zones de sécurité à aménager autour du chantier pour protéger les travailleurs et le public. Sil y a un grand nombre de charges, on choisira en général un exploseur à mise à feu électrique. Mais les systèmes électriques peuvent connaître des défaillances et, sur les chantiers les plus simples, un cordon détonateur sera souvent plus pratique et plus sûr. Il convient de planifier soigneusement les mesures à prendre en cas de défaillance du système dallumage ou si la structure ne seffondre pas comme prévu, mais demeure debout et peu stable. Les techniques de démolition par explosifs ont fait des progrès considérables, et des bâtiments et des ouvrages imposants sont aujourdhui démolis en une seule fois.
Les travailleurs affectés à des travaux de démolition sont exposés à des niveaux de bruit élevés (engins et outils bruyants, chute de gravats, détonations, etc.); ils seront équipés de protecteurs doreille efficaces. Les opérations de démolition produisent également de grandes quantités de poussières souvent irritantes, voire nocives. Le port dun masque antipoussières agréé simpose en labsence de mesures de dépoussiérage.
Les travaux de démolition sont également sales et pénibles; il conviendra dès lors de prévoir des installations sanitaires (toilettes, douches, vestiaires) en nombre suffisant ainsi que des abris et un réfectoire.
Le démontage diffère de la démolition en ce sens quune partie de la structure ou des installations importantes est démontée et retirée dun site. Ainsi, la dépose dune partie ou de lensemble dune chaudière à vapeur ou le remplacement dune poutre dacier formant la travée dun pont sont plus une opération de démontage que de démolition. Il est fréquent de devoir recourir au chalumeau pour découper certains éléments métalliques, parfois aussi aux explosifs. On fait appel à de puissants engins de levage pour extraire des poutres ou des pièces dun poids considérable. Les travailleurs chargés de ces opérations sont confrontés aux mêmes risques de chute, de collisions, de bruit, dempoussièrement et dintoxication que dans des travaux de démolition.
Le travail au-dessus dun plan deau ou au bord de leau (pour la construction et lentretien dun pont, la construction dun dock ou dun ouvrage de protection en mer ou en rivière, par exemple) présente ses risques propres. Le risque est parfois accru sil sagit deau courante ou soumise à laction des marées, et non deau stagnante. Le mouvement souvent rapide de leau complique le sauvetage de ceux qui sont tombés à leau. Le risque de noyade se double dun risque dhypothermie, si leau est froide, et dun risque dinfection, si elle est polluée.
Sil nest pas possible dinstaller des échafaudages ou des plates-formes de travail, les travailleurs seront équipés de harnais et de cordes fixes à des points dancrage solides. Cet équipement pourra être complété par des filets de sécurité tendus sous la zone de travail. Des échelles, des bouées et des filins seront installés pour permettre aux personnes tombées à leau den ressortir. A défaut de ces mesures, les travailleurs porteront un gilet de sauvetage.
Les travaux effectués en rivière ou dans les ports font souvent appel à des pontons pour transporter le personnel et les engins utilisés. Ces pontons sont de véritables plates-formes de travail; ils seront équipés de garde-corps, de bouées et de filins. Les moyens daccès à partir du rivage tiendront compte, le cas échéant, de la montée des eaux en fonction des marées. Des bateaux de sauvetage pourront également être utiles.
Les risques auxquels sont exposés les plongeurs sont la noyade, les troubles de décompression («maladie des caissons»), lhypothermie provoquée par le froid et le fait de rester bloqué sous leau. La plongée a souvent lieu en eaux troubles, avec une faible visibilité, ou dans des endroits où le plongeur ou son matériel peuvent se trouver bloqués. Elle peut se faire à partir de la terre ferme ou dun bateau. Même si un seul plongeur suffit à lexécution du travail, une équipe de trois personnes sera nécessaire pour garantir sa sécurité. Le plongeur travaillera dans leau, un autre plongeur entièrement équipé sera prêt à intervenir en cas durgence, la troisième personne étant le chef du chantier de plongée. La plongée à moins de 50 m de profondeur est généralement effectuée par des plongeurs équipés de combinaisons de plongée (qui laissent pénétrer leau) et dun appareil respiratoire avec masque (équipement de plongée). Au-delà de 50 m ou dans des eaux très froides, les plongeurs porteront des combinaisons chauffées par de leau tiède pompée et des masques étanches; ils nutiliseront plus de lair comprimé, mais de lair avec un mélange de gaz (gaz mixte). Ils doivent pouvoir communiquer avec la surface et notamment avec le chef du chantier. Lentrepreneur informera les services durgence locaux quune plongée doit avoir lieu.
Les plongeurs (et leur matériel) feront lobjet dun examen et de tests. Ils auront reçu une formation conforme à la réglementation ou à des pratiques éprouvées, sanctionnée par un certificat. Ils subiront chaque année une visite médicale pratiquée par un médecin connaissant bien la médecine hyperbare. Chaque plongeur tiendra un journal dans lequel seront consignés les résultats des visites médicales et chacune des plongées effectuées. Un plongeur suspendu pour raisons de santé ne pourra être autorisé à plonger ou à servir de plongeur de secours. Le matériel de plongée (combinaisons, ceintures, cordages, masques, bouteilles, robinets, etc.) sera contrôlé avant chaque utilisation.
En cas daccident ou de remontée brutale dun plongeur à la surface, celui-ci pourra être victime de la maladie des caissons. Il est donc souhaitable de bien indiquer, avant le début de la plongée, où se trouve la chambre de décompression ou le local médical à lusage des plongeurs. Des dispositions seront prises en vue dassurer le transport rapide des plongeurs qui doivent subir une décompression.
En raison du coût élevé de leur formation et de leur équipement, le recours à des plongeurs peut être onéreux, même si leur intervention est parfois de très courte durée. Cela peut inciter des entrepreneurs peu scrupuleux à faire appel à des plongeurs sans formation ou à des amateurs, ou à une équipe de plongée incomplète au niveau de leffectif ou de léquipement. On sera particulièrement vigilant si on loue les services de plongeurs formés dans des pays dans lesquels les normes sont moins contraignantes.
Les caissons ressemblent à de grosses cloches dont le bord repose sur le fond de leau. On utilise parfois des caissons ouverts sur le dessus. On sen sert à terre pour le fonçage de puits en terrain meuble. Le bord inférieur du caisson est tranchant; les travailleurs creusent à lintérieur du caisson qui senfonce dans le sol au fur et à mesure que les déblais sont évacués. Des caissons ouverts du même genre sont utilisés en eaux peu profondes, mais leur profondeur peut être augmentée en ajoutant petit à petit des sections quand le caisson senfonce. Les venues deau et les déblais accumulés dans le fond sont évacués par pompage. Pour des profondeurs supérieures, on a recours à des caissons fermés. De lair comprimé est introduit à lintérieur pour chasser leau, et les travailleurs peuvent alors pénétrer dans la chambre de travail par un sas. Le travail peut seffectuer sans les équipements de plongée et avec une visibilité bien meilleure. Les risques engendrés par le travail en caisson sont la maladie des caissons et, comme dans tous les types de caisson, même les caissons ouverts les plus simples, la noyade, si leau pénètre inopinément dans le caisson par suite dun défaut de structure ou dune dépressurisation. Il importe par conséquent de prévoir des moyens dévacuation rapide (des échelles menant vers la sortie, par exemple).
Les caissons en service seront inspectés quotidiennement. La construction des caissons se fera sous la surveillance dune personne compétente.
Les travaux de construction de tunnels, lorsquils sont effectués sous leau et dans un terrain poreux, obligent parfois à utiliser de lair comprimé. Les tunnels empruntés par les transports publics et qui passent sous leau sont courants dans les grandes agglomérations, en raison du manque despace en surface et de considérations liées à lenvironnement. Le recours à lair comprimé sera aussi limité que possible, car il est dangereux et peu efficace.
Les tranchées sont des excavations longitudinales creusées pour y enterrer des canalisations ou y établir des fondations. Elles sont en principe plus profondes que larges et mesurent rarement plus de 6 m de profondeur. Une tranchée est en général suffisamment large pour quune personne puisse y travailler; ses moyens daccès sont souvent rudimentaires (le plus souvent une simple échelle).
Normalement, les tranchées ne sont ouvertes que pour un temps limité. Leurs parois finiraient inévitablement par seffondrer si elles nétaient pas convenablement soutenues. Au départ, leur stabilité apparente pourrait inciter un entrepreneur mal avisé à faire travailler des personnes dans des tranchées dangereuses en espérant que le travail avancera rapidement et quil pourra faire léconomie dun blindage. Les cas daccidents mortels et de blessures graves imputables à une telle négligence sont nombreux.
En plus du risque éventuel deffondrement des parois, les personnes qui y travaillent peuvent être emportées par des venues deau soudaines ou exposées à des gaz dangereux ou à un manque doxygène; elles peuvent aussi être victimes de chutes de matériaux, de commotions causées par des fils électriques endommagés, etc.
Aux Etats-Unis, les éboulements survenant dans des tranchées occasionnent chaque année 2,5% environ des accidents mortels du travail, et lâge moyen des victimes est de 33 ans. Lorsquun homme est enseveli sous un éboulement, ses camarades tentent naturellement de lui porter secours. Dans les tentatives de sauvetage manquées, la plupart des victimes sont des secouristes improvisés.
Des contrôles de routine des parois de la tranchée et des protections mises en place seront effectués tous les jours, avant la reprise du travail, et après tout événement fortes pluies, vibrations intenses, rupture de canalisations susceptible daccroître les risques. Les principaux risques rencontrés et la façon de les prévenir sont exposés ci-après.
La principale cause des accidents mortels survenus dans les tranchées est lécrasement ou létouffement des travailleurs par suite de léboulement des parois, souvent fragilisées par les intempéries ou par des travaux effectués à proximité. Il faut éviter de placer de lourdes charges sur les bords dune fouille, de creuser des tranchées dans le voisinage immédiat de bâtiments, douvrages ou de voies ferrées. En présence de terrains difficiles et dans le cas dexcavations très profondes, il conviendra de consulter des ingénieurs compétents. Les véhicules et les engins de chantier ne seront pas autorisés à trop sapprocher des bords dune tranchée; on pourra prévoir à cet effet des cales darrêt ou des butées.
Le choix judicieux dun système de soutènement dépend des caractéristiques du sol et de lenvironnement. Un sol peu compact, la présence dune nappe deau, les vibrations produites par des machines se trouvant à proximité constituent un danger. Un sol déjà excavé ne retrouvera jamais complètement sa cohésion. De leau qui saccumule dans une tranchée, à nimporte quelle profondeur, est toujours le signal dune situation très dangereuse.
On peut, en gros, distinguer deux groupes principaux de sols: les sols cohésifs et les sols granulaires. Les sols cohésifs contiennent au moins 35% dargile; si on en fait un boudin de 50 mm de long et de 3 mm de diamètre et quon le tient par une extrémité, il ne se brisera pas. Dans ce type de sols, les parois des tranchées resteront verticales pendant un court laps de temps. Ces sols sont à lorigine dautant daccidents mortels par éboulement que tout autre sol, car ils paraissent stables et les précautions dusage sont parfois ignorées.
Les sols granulaires sont constitués de boue, de sable, de gravier ou de matériaux de plus fort calibre. Ils paraissent cohésifs sils sont mouillés (cest leffet «pâté de sable»); plus les particules sont fines, plus lensemble paraît cohésif. Mais sils sont submergés ou secs, ces sols granulaires seffondrent immédiatement jusquà former des talus dont la pente est comprise entre 30 et 45°, suivant le calibre et la forme des grains.
Le talutage empêche léboulement dune tranchée en éliminant la poussée des terres. Le talutage, et spécialement le talutage en gradins, exige une importante emprise au sol. Pour cette raison, il est rarement praticable. La pente à respecter dépend de la nature du terrain et de lenvironnement; elle peut aller de 1:1,5 à 1:0,75.
Le blindage peut être utilisé en toute circonstance (voir figure 93.5). Il est constitué en général par deux parois continues ou discontinues maintenues bloquées au terrain par des étrésillons horizontaux. Les parois peuvent être réalisées au moyen de planches de bois ou déléments métalliques, verticaux ou horizontaux. Sils sont verticaux, ils seront soutenus par des longrines horizontales (voir figure 93.6) et, sils sont horizontaux, par des montants verticaux; dans les deux cas, la poussée exercée par le terrain est reportée sur les étrésillons.
Les fouilles peuvent être exécutées manuellement ou à laide dengins, mécaniques ou non. On a recours, dans le cas de tranchées importantes, à des moyens tels que les panneaux préfabriqués en bois, les mannequins de pose (châssis métalliques dont la largeur est réglable par des vérins à vis et qui sont descendus dans la fouille pour permettre la mise en place des étrésillons définitifs) ou les caissons (constitués de deux panneaux latéraux reliés entre eux par des vérins à vis qui jouent le rôle détrésillons).
Il existe également des machines à blinder qui permettent de réaliser des blindages en bois au moyen de planches verticales. Ces machines sont montées sur des roues qui se déplacent sur les bords de la tranchée; elles comportent un châssis métallique suspendu qui descend dans la tranchée et qui sert de bouclier de protection pour les travailleurs qui posent les étrésillons. Leur avance est assurée par des vérins hydrauliques qui prennent appui sur le blindage en place.
On peut aussi avoir recours au blindage par palplanches en utilisant une machine spéciale sur laquelle sont montées deux sonnettes de battage qui servent à la mise en place du double rideau de palplanches. Les palplanches étant fichées dans le terrain à leur pied, on se contente dune seule rangée détrésillons à leur sommet.
Enfin, dans le cas où la tranchée ne doit rester ouverte que pendant un temps très court, on renonce souvent à établir un blindage complet et on utilise, si le terrain le permet, des protections mobiles qui permettent aux ouvriers de travailler en sécurité. Ces protections sont généralement constituées de cages solides adaptées aux dimensions de la tranchée et montées sur des semelles formant berceau grâce auxquelles on peut les déplacer par traction (voir figure 93.7).
Les blindages non jointifs sont utilisés dans les argiles et les terrains ayant une bonne cohésion. Leurs montants ne devraient pas être placés à plus de 2 m lun de lautre. Quant aux blindages jointifs, ils sont réservés aux terrains granulaires ou peu cohésifs. Dans ce cas, les parois de la tranchée sont blindées sur toute leur surface (voir figure 93.8). Un blindage étanche est utilisé lorsquon rencontre de leau de ruissellement ou des infiltrations. Il empêche lérosion par leau, avec dépôt de particules de sol. Un système détançonnage doit toujours être maintenu étroitement serré contre le terrain pour éviter les effondrements.
Il peut arriver, en présence notamment de canalisations deau, que les personnes travaillant dans une tranchée soient menacées par des venues deau soudaines. Il importe de se renseigner, avant le début de la fouille, pour connaître lemplacement précis de ces canalisations. Le cas échéant, les vannes dalimentation des canalisations placées dans la tranchée seront fermées. Tout éboulement peut provoquer la rupture dune conduite deau ou la formation dune accumulation deau ou deaux usées.
Si lair est vicié, les travailleurs peuvent être gravement incommodés. Ils pourront, dans des situations particulièrement critiques, être victimes dune asphyxie par manque doxygène ou par suite dune exposition à des gaz toxiques. Il importe de contrôler périodiquement la composition de lair dans toutes les tranchées où lon peut craindre des risques de cette nature et, plus spécialement, à proximité dordures ménagères enterrées, de réservoirs de carburants, de bouches dégout, de marécages, dusines chimiques et de toute installation pouvant émettre des gaz ou des vapeurs toxiques ou épuiser loxygène de lair. Les gaz déchappement des machines de chantier seront évacués.
La qualité de lair sera déterminée au moyen dinstruments de mesure maintenus hors de la tranchée et dune sonde placée dans la tranchée. Les tests seffectueront dans lordre ci-après. On sassurera en premier lieu que lair contient 19,5 à 23,5% doxygène et, en second lieu, que les limites inférieures dinflammabilité ou dexplosivité ne sont pas dépassées de plus de 10%. Enfin, les concentrations de substances potentiellement toxiques le sulfure dhydrogène par exemple seront comparées à celles fournies par des sources fiables (aux Etats-Unis, on se référera, par exemple, au guide publié par lInstitut national de la sécurité et de la santé (National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH, 1997), dans lequel figurent les limites dexposition autorisées. Si latmosphère est normale, les travailleurs seront autorisés à pénétrer dans la tranchée. La ventilation peut corriger une atmosphère anormale, mais il faut alors intensifier les contrôles. Pour les égouts et autres lieux analogues dans lesquels la composition de lair se modifie continuellement, il faut instaurer une procédure autorisant laccès, sassurer que léquipement de protection est approprié et prévoir une équipe constituée de trois personnes: le travailleur qui pénètre dans la tranchée, un surveillant et une tierce personne prête à intervenir.
Les chutes dans les tranchées peuvent être évitées en aménageant des moyens daccès sûrs et en installant des passerelles lorsque les travailleurs, du matériel ou des matériaux doivent traverser une tranchée.
Les tas de déblais seront proscrits à moins de 60 cm du bord de la tranchée. La présence de câbles et de canalisations sera signalée avant le début de lexcavation pour éviter les électrocutions ou les brûlures graves pouvant résulter dun contact avec des conducteurs sous tension. Les flèches des engins de chantier ne seront pas utilisées à proximité de lignes aériennes.
Loutillage joue un rôle important dans les travaux de construction. On distingue souvent deux catégories: les outils à main et les outils à moteur. Les outils à main comprennent tous les outils qui ne sont pas actionnés par la force mécanique, comme la plupart des marteaux et les pinces. Il existe plusieurs catégories doutils à moteur, que lon classe selon leur source dénergie: les outils électriques (électricité), les outils pneumatiques (air comprimé), les outils utilisant un combustible (généralement de lessence), les outils hydrauliques (pression dun liquide) et les outils actionnés par une charge propulsive. Chacune de ces catégories présente des risques qui lui sont propres.
Les outils à main comprennent une vaste gamme doutils. Le risque majeur est dêtre atteint par loutil ou par un morceau de la pièce sur laquelle on travaille. Les blessures oculaires occasionnées par des éclats de bois ou de métal sont courantes. Très souvent, les accidents sont dus à lutilisation dun outil inapproprié, endommagé ou mal entretenu. La taille de loutil est importante: les hommes ou les femmes ayant de petites mains éprouvent des difficultés à utiliser des outils de grande taille. Les outils émoussés rendent le travail plus difficile, demandent une plus grande force et sont à lorigine dun grand nombre daccidents. Sous limpact, un burin présentant une tête en champignon peut projeter des éclats. Il importe également de disposer dune surface de travail convenable. Un mauvais angle de coupe peut entraîner une perte déquilibre et des blessures. Parfois, les outils à main peuvent produire des étincelles qui provoqueront des incendies ou des explosions si le travail est effectué à proximité de liquides ou de vapeurs inflammables ou explosibles. On utilisera dans ces cas des outils antiétincelants (en aluminium ou en laiton, par exemple).
Les outils à moteur sont généralement plus dangereux que les outils à main, du fait de leur puissance. Les principaux dangers présentés par les outils à moteur sont une mise en marche intempestive, un dérapage accidentel de loutil sur la pièce en travail, ou encore une perte déquilibre de lopérateur. La source dénergie elle-même peut entraîner des accidents parfois mortels, par électrocution (outils électriques) ou par explosion (outils à essence). Les outils à moteur sont souvent munis dun dispositif de protection des pièces mobiles lorsque loutil est arrêté. Ce dispositif devrait être en bon état et ne pas être désactivé. Ainsi, une scie circulaire portable à moteur devrait être munie dun capot recouvrant la partie supérieure de la lame et dun protecteur rétractable ne découvrant que la partie travaillante de la lame. Les outils mécaniques ont souvent des crans de sûreté qui doivent être enclenchés pour que loutil puisse fonctionner. Sur certains outils de scellement, par exemple, une pression doit être exercée contre la surface pour que loutil puisse fonctionner.
Lun des risques majeurs des outils électriques est lélectrocution. Un fil usé ou un outil sans mise à la terre peuvent avoir des conséquences fatales. On pare à ce danger en utilisant des outils à double isolation, des outils avec mise à la terre ou des disjoncteurs différentiels qui décèleront un court-circuit et couperont automatiquement lalimentation en énergie. Il faut renoncer à utiliser des outils électriques dans des endroits humides et porter, le cas échéant, des gants isolants et des chaussures de sécurité. On veillera à ne pas endommager les câbles électriques.
Les meules à moteur risquent de projeter des fragments. La meule devrait pivoter librement sur son axe. Lutilisateur ne devrait jamais se tenir juste dans le plan de la meule au moment de la mise en route. Une protection oculaire est indispensable dans les travaux de meulage.
Les outils pneumatiques comprennent les burins, les perceuses, les marteaux, les marteaux-piqueurs, les ponceuses, les raboteuses et les agrafeuses. Les outils de fixation font intervenir des pressions élevées; si lobjet à fixer est de faible épaisseur, le risque existe que la fixation le traverse et puisse atteindre une personne se trouvant à proximité. Les outils pneumatiques sont très bruyants et peuvent provoquer des pertes auditives. Les flexibles dair comprimé devrait être protégés des dommages. Un pistolet à air comprimé ne devrait jamais être dirigé vers une personne. Il conviendra dassurer la protection des yeux, du visage et de louïe. Dans le cas doutils particulièrement lourds, les opérateurs devraient porter des chaussures de sécurité.
Les outils à essence présentent des risques dexplosion, notamment pendant le remplissage de leur réservoir. Il faut préalablement les arrêter et leur laisser le temps de se refroidir. Si le remplissage se fait dans un endroit confiné, il faut assurer une ventilation suffisante. En lieu clos, lutilisation de ces outils peut entraîner des risques dintoxication par le monoxyde de carbone.
Les outils à charge propulsive sont assimilables à des armes à feu et ne devraient être utilisés que par un personnel spécialement formé. Ils ne devraient être chargés quau moment de leur utilisation et ne devraient jamais être laissés chargés et sans surveillance. Il faut positionner loutil avec soin avant dappuyer sur la gâchette. Le déclenchement de la charge devrait être impossible si la pression de loutil sur la surface est inférieure à 2,3 kg environ. Ces outils ne seront pas utilisés dans une atmosphère explosive. Ils ne devraient pas être pointés en direction dune personne. Ils seront contrôlés avant chaque utilisation et devraient comporter un bouclier de sécurité fixé à lextrémité de la bouche pour éviter la projection de fragments lors du tir. Les outils défectueux seront immédiatement retirés de la circulation.
Les outils hydrauliques utiliseront un fluide ininflammable. Les vérins hydrauliques seront équipés dun interrupteur de fin de course et porteront lindication de leur charge limite. Pour être utilisés en toute sécurité, ils seront posés sur une surface plane et correctement centrés. La pression sera appliquée sans à-coups.
Dune manière générale, tous les outils à moteur seront contrôlés avant leur utilisation, entretenus avec soin et utilisés conformément aux instructions du fabricant.
Des outils mal conçus peuvent occasionner une fatigue exagérée sils obligent lopérateur à adopter une mauvaise posture ou une préhension contraignante ou maladroite.
Les travaux de construction ont beaucoup évolué. Alors quils étaient autrefois entièrement basés sur la compétence professionnelle des travailleurs et sur lemploi dun outillage relativement simple et léger, ils font aujourdhui largement appel à de puissants engins mécanisés.
Les grues de chantier sont apparues, vers le milieu du XXe siècle, en même temps que de nouveaux matériaux comme le béton léger. De nouvelles techniques de construction ont fait leur apparition, et les concepteurs font un usage croissant des ordinateurs. La pénibilité du travail a été réduite grâce à la mécanisation, mais les opérations sont devenues plus complexes et plus délicates.
On utilise aujourdhui couramment des éléments préfabriqués à la place des briques, des tuiles, des panneaux et des plots de béton léger. Les outils à main ont souvent fait place à des machines qui créent des risques nouveaux. Les méthodes de travail ont elles aussi changé; on est passé de la brouette à la mise en place du béton par pompage et du soulèvement manuel des charges au levage et au transport de matériaux au moyen de grues, de convoyeurs et de blondins.
En 1985, la Communauté économique européenne (CEE) a décidé dune «nouvelle approche en matière dharmonisation technique et de normalisation» afin de faciliter la libre circulation des marchandises (CEE, 1985). Elle a adopté une législation communautaire qui fixe les principales exigences à respecter en matière de sécurité et de santé pour que des marchandises puissent être échangées entre les pays membres ou importées dans la Communauté. La directive 89/392 concernant le rapprochement des législations des Etats membres relatives aux machines contient des prescriptions précises à cet effet (CEE, 1989a). Les articles répondant aux prescriptions de cette directive portent une marque et sont agréés dans tous les Etats membres de la Communauté. Des mesures identiques existent pour les produits visés par la directive concernant les produits de construction (CEE, 1988).
Dautres directives fixent des critères minimaux pour les conditions de travail. Les Etats membres de la Communauté doivent satisfaire à ces critères ou appliquer des normes nationales plus strictes. Deux directives revêtent une importance particulière pour lindustrie de la construction: la directive 89/655 concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé pour lutilisation par les travailleurs au travail déquipements de travail (CEE, 1989b), et la directive 92/57 concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé à mettre en uvre sur les chantiers temporaires ou mobiles (CEE, 1992).
Couramment utilisés pour les travaux en hauteur dune certaine durée, les échafaudages sont courants dans lédification, la rénovation, la réparation, la restauration et lentretien de bâtiments et dautres ouvrages. Leur construction, leur utilisation et leur démontage donnent encore lieu à de nombreux accidents du travail.
Les échafaudages peuvent être construits sur place en bois ou en éléments tubulaires métalliques. Leurs éléments constitutifs doivent répondre à des normes de sécurité éprouvées, quil sagisse déchafaudages modulaires traditionnels de façade, déchafaudages roulants, déchafaudages suspendus ou volants ou encore déchafaudages propres à certaines activités particulières.
Les plates-formes de travail des échafaudages sont généralement fixes. Elles peuvent aussi être suspendues à des câbles ou des cordages permettant de les élever ou de les abaisser; leur manuvre peut être commandée du pied ou du sommet, ou encore de la plate-forme elle-même.
Ces échafaudages devraient être dressés conformément aux dispositions ci-après:
Les engins de terrassement sont principalement conçus pour désagréger, ameublir, enlever, déplacer, transporter et niveler la terre ou les sols pierreux. Ils jouent un rôle très important dans lindustrie de la construction (voir figure 93.9). Convenablement utilisés, ces engins sont souvent polyvalents et permettent déliminer une bonne partie des risques liés à la manutention des matériaux. Ils comportent toutefois des risques qui leur sont propres.
Parmi les engins de terrassement utilisés dans lindustrie de la construction, on peut ranger les bouteurs, les chargeuses, les chargeuses-pelleteuses (voir figure 93.10), les rétrocaveuses, les pelles mécaniques, les tombereaux, les décapeuses, les niveleuses, les tracteurs poseurs de canalisations, les trancheuses, les rouleaux compresseurs et les excavateurs à câbles.
Les engins de terrassement peuvent présenter un danger pour leur opérateur et pour les personnes qui travaillent à proximité. Le résumé ci-après rappelle les risques associés aux engins de terrassement; il est basé sur la norme EN 474-1 du Comité européen de normalisation (CEN, 1994) et souligne les aspects de sécurité dont il faut tenir compte lors de lacquisition et de lutilisation des engins en question.
La machine devrait permettre un accès sûr au poste de conduite de lopérateur et aux points de maintenance.
Lespace minimal dont dispose lopérateur devrait permettre deffectuer en toute sécurité et sans fatigue excessive les manuvres nécessaires au bon fonctionnement de lengin. Lopérateur ne devrait pas pouvoir entrer accidentellement en contact avec les roues, les chenilles ou les parties travaillantes. La sortie du tuyau déchappement devrait être éloignée du poste de conduite.
Tout engin dune puissance supérieure à 30 kW devrait être équipé dune cabine pour lopérateur, à moins quil ne soit utilisé sous un climat permettant de travailler confortablement sans cabine toute lannée. Les engins dune puissance inférieure à 30 kW devraient être équipés dune cabine lorsquils sont utilisés dans des zones où lair est de mauvaise qualité. Le niveau sonore des pelles mécaniques, des bouteurs, des chargeuses, des chargeuses-pelleteuses et des rétrocaveuses devrait être mesuré conformément à la norme internationale de mesurage du bruit émis à lextérieur par les engins de terrassement (Organisation internationale de normalisation (ISO), 1998a).
La cabine devrait protéger lopérateur des intempéries; lintérieur ne devrait pas présenter darêtes coupantes susceptibles de le blesser. Les tuyaux et flexibles se trouvant à lintérieur de la cabine et contenant des fluides dangereux en raison de leur pression ou de leur température devraient être protégés. La cabine devrait disposer dune issue de secours indépendante de lentrée normale. La hauteur minimale de plafond au-dessus du siège dépendra de la puissance du moteur de lengin; elle sera de 1 m pour les moteurs de 30 à 150 kW. Toutes les vitres seront en verre de sécurité. Le niveau de bruit au poste de conduite ne devrait pas excéder 85 dBA (ISO, 1998b).
Laménagement du poste de conduite devrait permettre à lopérateur de voir les parties mobiles et actives de lengin, si possible sans quil ait besoin de se pencher. Des miroirs ou des caméras de contrôle à distance avec écran daffichage devraient permettre à lopérateur de voir lensemble de la zone de travail sans angle mort.
Le pare-brise et, le cas échéant, la lunette arrière, devraient être munis dun essuie-glace. Un dispositif de dissipation de la buée et de dégivrage devrait être prévu, au moins pour le pare-brise de la cabine.
Les chargeuses, les bouteurs, les décapeuses, les niveleuses, les chargeuses-pelleteuses, les rétrocaveuses et les tombereaux à quatre roues directrices dune puissance de plus de 15 kW seront équipés dune structure de protection contre le retournement. Les engins utilisés là où il existe un risque de chutes dobjets devraient également être pourvus dune structure capable dassurer la protection de lopérateur.
Les engins dont le conducteur travaille en position assise devraient comporter un siège réglable assurant une posture stable et permettant à lopérateur de garder le contrôle de son véhicule en toutes circonstances. Les réglages permettant dadapter le siège à la taille et au poids du conducteur devraient être faciles à effectuer sans quil soit nécessaire de recourir à des outils.
En ce qui concerne les vibrations transmises par le siège, on se conformera à la norme internationale relative à lévaluation en laboratoire des vibrations du siège de lopérateur pour les engins de terrassement (ISO, 2000)
Les commandes, volants, leviers, pédales, indicateurs, commutateurs, etc., devraient être choisis, conçus et disposés de façon à ne pas présenter dambiguïté, porter des indications claires et se trouver à bonne portée de lopérateur. Les dispositifs de commande seront conçus et disposés de telle sorte quils ne puissent être déclenchés ou actionnés de manière intempestive, même sils sont exposés à des interférences avec des équipements de radio ou de télécommunication.
Les pédales devraient avoir des dimensions et une forme appropriées, être recouvertes dun revêtement antidérapant et convenablement espacées. Pour éviter toute confusion, les commandes au pied seront disposées comme sur un véhicule automobile ordinaire (cest-à-dire lembrayage à gauche, le frein au milieu et laccélérateur à droite).
Les engins de terrassement télécommandés devraient être conçus de façon à sarrêter automatiquement et à rester immobilisés dès lors que leurs commandes sont désactivées ou que leur alimentation en énergie est coupée.
Tout engin de terrassement devrait être équipé:
Le système de direction devrait être conçu de telle manière que le sens de déplacement de la commande de direction corresponde au mouvement recherché. Le système de direction des engins équipés de pneumatiques pouvant se déplacer à plus de 20 km/h sera conforme à la norme internationale correspondante (ISO, 1992).
Les engins devraient être équipés dun frein de service, dun frein de sécurité et dun frein de stationnement efficaces dans toutes les conditions prévisibles dutilisation, de charge, de vitesse, de terrain et de déclivité. Lopérateur devrait pouvoir ralentir et arrêter lengin à laide du seul frein de service. Un frein mécanique devrait immobiliser lengin en stationnement. Le système de freinage sera conforme à la norme internationale relative aux dispositifs de freinage des engins de terrassement (ISO, 1996).
Pour permettre de travailler la nuit ou dans la poussière, les engins devraient être équipés de feux suffisamment puissants pour éclairer convenablement la zone de déplacement et la zone de travail.
Les engins de terrassement, y compris leurs éléments et leurs accessoires, devraient être conçus et fabriqués de façon à demeurer stables dans toutes les conditions normales de fonctionnement.
Les dispositifs visant à améliorer la stabilité des engins de terrassement en fonctionnement les stabilisateurs et le mécanisme de blocage de lessieu oscillant, par exemple devraient être équipés de dispositifs de verrouillage assurant leur immobilisation même en cas de défaillance du système hydraulique.
Les carters de protection devraient être conçus de manière à rester solidement en place. Sils ne doivent être ouverts que rarement, ils devraient être fixes et ne pouvoir être démontés quavec des outils ou des clés. En position ouverte, ils devraient si possible rester assujettis au bâti par une fixation à charnière. Les carters de protection devraient être équipés dun système de retenue (ressorts ou vérins à gaz comprimé) leur permettant de supporter un vent de 8 m/s en position douverture.
Les composants et les conducteurs électriques devraient être placés de façon à éviter une usure anormale ainsi que les détériorations dues à la poussière ou aux conditions ambiantes.
Les accumulateurs devraient être solidement assujettis, mais munis de poignées permettant de les extraire facilement. Un interrupteur aisément accessible, placé entre laccumulateur et la terre, pourrait permettre disoler laccumulateur du reste de linstallation électrique.
Il devrait être possible de faire tomber la pression en cas douverture ou de réparation des réservoirs. Ceux-ci devraient être équipés de bouchons verrouillables.
Le plancher et lintérieur du poste de conduite devraient être en matériaux résistant au feu. Les engins dune puissance supérieure à 30 kW devraient être équipés dun système intégré dextinction du feu ou dun extincteur à portée de lopérateur.
Les engins devraient être conçus et construits de telle sorte que les opérations de graissage et de maintenance puissent être effectuées en toute sécurité, si possible avec le moteur à larrêt. Lorsque la maintenance ne peut être effectuée quavec léquipement en position haute, il conviendra de prévoir un blocage mécanique dans ladite position. Si elle doit être effectuée avec le moteur en marche, des précautions particulières devraient être prises (installation dun écran de protection, mise en place de panneaux de mise en garde, etc.).
Tout engin devrait porter, de façon lisible et indélébile, les indications ci-après: nom et adresse du constructeur, marques réglementaires, nom de la série et du type, numéro de série (le cas échéant), puissance du moteur (en kW), poids de lengin dans sa configuration la plus courante (en kg) et, le cas échéant, effort de traction maximal et charge verticale maximale.
Dautres indications pourront également figurer: conditions dutilisation, marque de conformité (CE), référence aux instructions de montage, de service et de maintenance. Le marquage CE indique que lengin satisfait aux directives de la CEE relatives à ce type de machine.
Lorsque les mouvements dun engin de terrassement engendrent des risques qui peuvent échapper aux personnes non averties, des panneaux de mise en garde devraient être fixés pour les dissuader dapprocher pendant toute la durée de lopération.
Il convient de sassurer que les normes de sécurité ont été respectées lors de la conception et de la fabrication des engins de terrassement et procéder, pour ce faire, aux mesures, contrôles visuels et tests prescrits ou préconisés. Il faut également étudier la documentation fournie par les constructeurs.
Un manuel contenant des instructions dutilisation et de maintenance devrait être livré avec tout engin de terrassement. Il devrait être rédigé dans lune au moins des langues officielles du pays dans lequel lengin est utilisé et décrire, en termes simples et aisément compréhensibles, les risques pour la sécurité et la santé (bruit, vibrations, etc.) ainsi que les opérations qui exigent un équipement de protection individuelle. Le manuel devrait être conservé dans le poste de conduite de lengin.
En plus des indications mentionnées ci-dessus, le manuel dutilisation devrait préciser les circonstances qui limitent lutilisation de lengin (ainsi, lengin ne devrait pas être utilisé sur des terrains dont la pente est supérieure à celle fixée par le constructeur). Si lopérateur observe un défaut, un dommage ou une usure exces-sive susceptibles de présenter un danger, il devrait immédiatement en informer son employeur et renoncer à utiliser lengin jusquà ce quil ait été remis en état.
Lopérateur devrait contrôler la fixation correcte des élingues à la charge et au crochet de levage; sil constate que la charge nest pas solidement arrimée ou sil a le moindre doute en ce qui concerne la sécurité de lopération, il ne devrait pas procéder au levage.
Lorsquun engin emporte une charge suspendue, celle-ci devrait être aussi proche que possible du sol et la vitesse de lengin devrait être adaptée à létat du terrain. On évitera les accélérations brusques et les balancements de la charge.
Nul ne devrait être autorisé à pénétrer dans la zone de travail sans en avertir lopérateur. Lorsque le travail oblige des travailleurs à pénétrer et à demeurer dans le rayon daction de lengin, ils devraient être très prudents et éviter de se déplacer inutilement ou de se tenir sous une charge suspendue. Aussi longtemps quils se trouvent dans le rayon daction de lengin, lopérateur devrait sassurer quils demeurent dans son champ visuel ou que leur position lui est signalée. Dans le cas dengins pivotants, comme les grues et les chargeuses-pelleteuses, lenveloppe de creusement sera dégagée.
Au début de la journée de travail, lopérateur devrait contrôler les freins, les dispositifs de verrouillage, les embrayages, le système de direction et le système hydraulique et procéder à un essai en fonctionnement hors charge. Lors du contrôle des freins, lopérateur devrait sassurer que lengin peut être rapidement freiné puis arrêté et immobilisé.
Avant de quitter lengin à la fin de la journée de travail, lopérateur devrait mettre toutes les commandes au point mort, couper le contact et prendre les précautions nécessaires pour éviter que lengin ne puisse être utilisé par une personne non autorisée. Il devrait tenir compte des conditions climatiques susceptibles daffecter le terrain sous-jacent ou de provoquer le gel de certaines parties de lengin et prendre toutes mesures utiles pour éviter ce genre de problèmes.
Pour pouvoir effectuer une réparation sur un circuit hydraulique ou pneumatique, on devra préalablement procéder à une purge.
Lors du positionnement ou du stationnement dun engin, il conviendra denvisager les risques de renversement et de glissement de lengin ainsi que les risques daffaissement du terrain sur lequel il repose. Le cas échéant, des mesures appropriées devraient être prises pour assurer la stabilité.
Lorsquun engin est utilisé à proximité de lignes électriques aériennes, des précautions devraient être prises pour éviter tout contact avec des éléments sous tension. Il importe de travailler en collaboration étroite avec la compagnie de distribution délectricité.
Avant de démarrer un chantier, lemployeur devrait vérifier si des lignes ou des câbles électriques ou des conduites de gaz, deau ou dévacuation des eaux usées sont enterrées dans le périmètre du chantier et, si tel est le cas, déterminer et signaler leur emplacement exact. Des instructions appropriées permettant de les éviter devraient être fournies à lopérateur de lengin.
Lorsquun engin de terrassement est utilisé sur une route ou un autre emplacement ouvert au trafic, des panneaux de signalisation, des barrières et des dispositifs de sécurité adaptés à la densité du trafic, à la vitesse des véhicules et aux règles locales de circulation devraient être mis en place.
Sur la voie publique, il est recommandé de transporter les engins par camion ou remorque. Le risque de renversement devrait être envisagé lors du chargement ou du déchargement des engins; ceux-ci devraient être immobilisés pendant le transport par des cales ou dautres dispositifs appropriés.
De très nombreux matériaux sont utilisés dans la construction. Ils comprennent lamiante, lasphalte (bitume), la brique, la pierre, le ciment, le béton, les revêtements de sol, les agents détanchéité en feuilles, le verre, les adhésifs, la laine minérale et les fibres synthétiques minérales disolation, les peintures et enduits, les matières plastiques, le caoutchouc, lacier, le fer, laluminium, le cuivre et dautres métaux, les panneaux de revêtement mural, le plâtre et le bois. La plupart de ces matériaux font lobjet dun article dans le présent chapitre ou dans dautres parties de lEncyclopédie.
Dans nombre de pays, lutilisation de lamiante est interdite dans les travaux neufs, mais on en rencontre encore inévitablement dans les travaux de rénovation ou de démolition des bâtiments anciens. Des mesures très strictes simposent pour éviter que les travailleurs et le public ne soient exposés à de lamiante, notamment lors des opérations de déflocage.
Les briques sont faites dargile cuite et classées en briques de parement et en briques de construction. Elles peuvent être compactes ou présenter des cavités. Leurs propriétés physiques dépendent de largile utilisée, des adjuvants, du mode de fabrication et de la température de cuisson. Plus la température de cuisson est élevée, moins la brique sera absorbante.
Les briques, le béton et la pierre contenant du quartz peuvent produire de la poussière de silice si on les débite ou si on utilise des explosifs pour les fragmenter. Une exposition sans protection à la silice cristalline peut provoquer une silicose, affection pulmonaire chronique invalidante et potentiellement mortelle.
Les matériaux couramment utilisés pour le revêtement intérieur des sols sont la pierre, la brique, les produits céramiques, le bois, les textiles, le linoléum et les matières plastiques. La pose de granito, de carreaux céramiques ou de parquets de bois expose les travailleurs à des poussières pouvant provoquer des allergies de la peau ou des affections de lappareil respiratoire. Les adhésifs utilisés pour la pose de carreaux ou de moquette contiennent souvent des solvants potentiellement toxiques.
Les poseurs de tapis et de moquettes travaillent beaucoup à genoux, dans une posture contraignante et qui peut occasionner, outre des crampes, lapparition de callosités, de bursites et denflures aux genoux par suite de pressions locales prolongées.
On a recours à des adhésifs pour coller un matériau ou une surface sur un autre ou une autre. Les colles à leau contiennent un agent de liaison dans de leau et durcissent lorsque leau sévapore. Les adhésifs renfermant des solvants durcissent lorsque le solvant sévapore; les vapeurs qui se dégagent peuvent être dangereuses pour la santé, et ces produits ne devraient pas être utilisés dans des espaces confinés ou mal ventilés. Les adhésifs dont les composants doivent être mélangés pour durcir peuvent provoquer des allergies.
Lisolation dun bâtiment assure un confort thermique et permet de faire des économies dénergie. Pour obtenir une isolation satisfaisante, on utilise des matériaux poreux du type laine minérale et fibres minérales synthétiques. Linhalation de ces fibres peut provoquer une irritation et même des lésions des voies respiratoires. Par ailleurs, les fibres pointues peuvent pénétrer dans la peau et provoquer des dermites.
Les peintures sont utilisées pour la décoration extérieure et intérieure des bâtiments, la protection des matériaux comme lacier et le bois contre la corrosion ou la putréfaction, et le marquage des voies de circulation.
On évite maintenant les peintures à base de plomb, mais on peut en rencontrer lors des travaux de rénovation ou de démolition douvrages anciens, notamment les structures métalliques comme les ponts et les viaducs. Les vapeurs et les poussières inhalées ou avalées peuvent provoquer une intoxication saturnine avec des troubles rénaux ou neurologiques chroniques; elles sont particulièrement dangereuses pour les enfants qui peuvent être exposés aux poussières de plomb ramenées à la maison sur les vêtements et les chaussures de travail.
Lutilisation de peintures contenant du cadmium et du mercure est proscrite dans la plupart des pays. Le cadmium peut induire des problèmes rénaux et certains types de cancer, tandis que le mercure peut provoquer des troubles du système nerveux.
Les peintures et les enduits à lhuile contiennent parfois des solvants dangereux; il est donc préférable dutiliser des peintures à leau.
Les matières plastiques et le caoutchouc, cest-à-dire les polymères, sont classés en deux groupes: les thermoplastiques et les thermodurcissables. Ils sont utilisés dans la construction pour assurer létanchéité ou lisolation et pour le revêtement de surfaces; ils entrent aussi dans la fabrication de produits comme les tuyaux et les garnitures. Les feuilles de plastique ou de caoutchouc sont employées pour confectionner des revêtements hydrofuges et peuvent provoquer des réactions chez les personnes sensibilisées à ces matériaux.
Lacier et le fer servent dans la construction pour édifier des structures portantes (ossatures et charpentes métalliques), pour constituer les armatures du béton armé ou pour des canalisations. Les aciers peuvent être au carbone ou alliés; lacier inoxydable est un alliage. Les propriétés principales de lacier sont sa solidité et sa ténacité. La ténacité à la fracture est importante pour éviter les ruptures par fragilité.
Les propriétés de lacier dépendent de sa composition chimique et de sa structure cristalline. On lui fait subir un traitement thermique pour éliminer les tensions internes et améliorer la soudabilité, la résistance et la ténacité à la rupture.
Le béton peut supporter des contraintes de compression élevées, mais des armatures dacier sont indispensables pour conférer au béton armé une résistance acceptable à la traction. Généralement, les fers darmature ont une teneur en carbone de lordre de 0,4%.
Lacier au carbone ou acier «doux» contient du manganèse dont les fumées, au cours du soudage, sont susceptibles de provoquer un syndrome semblable à la maladie de Parkinson, avec des troubles neurologiques paralysants. Laluminium et le cuivre peuvent également être toxiques dans certaines conditions.
Lacier inoxydable contient du chrome ou dautres métaux (comme le nickel et le molybdène) qui augmentent la résistance à la corrosion. Le soudage de lacier inoxydable peut exposer les travailleurs aux fumées de chrome et de nickel. Certains types de nickel sont susceptibles de provoquer de lasthme ou des cancers; tandis que certains types de chrome (chrome hexavalent) sont de nature à provoquer des cancers, des affections des sinus et des perforations de la cloison nasale.
Après lacier et le fer, laluminium (seul ou allié) est le métal le plus couramment utilisé dans la construction, en raison de sa légèreté, de sa solidité et de sa résistance à la corrosion.
Le cuivre est relativement cher, mais sa résistance élevée à la corrosion et ses excellentes propriétés de conduction électrique et thermique font quil est recherché pour les conducteurs électriques, pour le revêtement des toitures et pour la confection des tuyauteries. Les sels de cuivre entraînés par leau de pluie peuvent constituer un danger pour lenvironnement immédiat.
Les panneaux de revêtement, souvent recouverts de bitume ou de plastique, sont utilisés comme protection contre leau et le vent et pour éviter que lhumidité ne sinfiltre dans les éléments de construction. Les panneaux de plâtre (sulfate hydraté de calcium naturel) sont constitués dune plaque de plâtre insérée entre deux couches de carton; ils sont couramment employés pour les revêtements muraux et résistent bien au feu.
La poussière produite lorsquon découpe des panneaux peut provoquer des allergies de contact ou des affections pulmonaires.
Le bois trouve de nombreuses applications dans la construction; il importe quil soit bien sec. Pour les poutres et les fermes de grande portée, on utilise des lames de bois collées. Les poussières de certaines essences peuvent constituer un risque pour la santé et même favoriser le développement de cancers. Dans certaines conditions, la poussière de bois peut se révéler explosive.
Il existe de très nombreux types de grues. Une grue comporte le plus souvent une flèche (horizontale ou inclinable) conçue pour soulever, déplacer et déposer de lourdes charges. Les deux types principaux de grues sont les grues mobiles et les grues fixes. Les grues mobiles sont montées sur roues, sur un ponton ou sur un wagon. Les grues fixes peuvent être des grues à tour ou des ponts roulants. Aujourdhui, les grues sont presque toujours actionnées par des moteurs (électriques ou à combustion interne). Leur capacité de levage (charge maximale dutilisation), suivant le type et la taille, va de quelques kilogrammes à des centaines de tonnes. Les grues servent également au battage de pieux ou de palplanches, au dragage, aux excavations et à la démolition. Généralement, la capacité de levage est maximale lorsque la charge est au plus près du mât (axe de rotation); elle diminue au fur et à mesure que la charge séloigne du mât.
Les accidents mettant en cause une grue sont généralement spectaculaires et lourds de conséquence. Les victimes se comptent non seulement parmi les travailleurs, mais parfois aussi parmi la population. Chaque phase des opérations, y compris le montage, le démontage, le transport et la maintenance, présente des risques spécifiques parmi lesquels on peut citer:
La sécurité dutilisation dune grue est laffaire de toutes les parties intéressées. Les constructeurs ont la responsabilité de concevoir et de fabriquer des grues donnant les meilleures garanties sur le plan de la sécurité. Les grues devraient être conçues de façon à prévenir autant que possible les accidents provoqués par la surcharge et linstabilité. Des dispositifs tels que les limiteurs de charge et les indicateurs dinclinaison de la flèche et de portée pourront contribuer à la sécurité des opérations. Il convient de relever que les dispositifs de détection des lignes électriques se sont avérés peu fiables. Chaque grue devrait être équipée dun indicateur de charge fiable, efficace et automatique. Les constructeurs de grues devraient prévoir des commandes dune conception claire, un tableau de configuration des charges à portée du grutier, des mains courantes, des vitres antireflet allant jusquau plancher de la cabine, un siège confortable, ainsi quune bonne isolation sur les plans acoustique et thermique. Sous certaines latitudes, des cabines chauffées ou climatisées améliorent le confort du grutier et diminuent la fatigue, contribuant ainsi à accroître la sécurité des opérations.
Les exploitants devraient veiller au bon état des grues en faisant procéder à des contrôles périodiques et à une maintenance de qualité. Ils devraient faire appel à des grutiers compétents et expérimentés. Une bonne connaissance des matériels existant sur le marché contribue à choisir lengin le mieux approprié à une tâche donnée. Toute grue en service sur un chantier de construction devrait avoir une capacité suffisante pour manipuler la charge la plus lourde susceptible de se présenter. Il convient que chaque grue fasse lobjet dune inspection complète par une personne compétente avant dêtre assignée à un chantier; par la suite, on effectuera des contrôles périodiques, quotidiens si nécessaire (suivant les recommandations du constructeur) et on tiendra à jour un livret dentretien. Une ventilation devrait être assurée pour évacuer ou diluer les gaz déchappement des grues utilisées dans des espaces confinés. Une planification convenable devrait permettre déviter de travailler à proximité immédiate de lignes électriques aériennes. Lorsque des travaux doivent être effectués au voisinage de lignes à haute tension, les prescriptions relatives aux distances de sécurité devraient être respectées (voir tableau 93.6). Si on ne peut éviter dintervenir à proximité dune ligne à haute tension, il conviendrait que celle-ci soit mise hors tension ou isolée.
On devrait, en cas de besoin, prévoir des signaleurs pour assister le grutier. Les grutiers et les signaleurs devraient être convenablement formés et connaître parfaitement le code de signalisation manuelle. Il convient, si possible, de délimiter la zone de translation de la grue par une corde pour éviter les collisions. Les charges de lestage et les béquilles dempattement devraient être installées conformément aux instructions du constructeur de lengin. Les surcharges seront évitées si le grutier connaît le poids de la charge à soulever et sil utilise les indicateurs de charge. Une fois la charge en place, le mouvement de la grue devrait toujours être lent; il conviendrait de ne jamais abaisser la flèche ou augmenter la portée dune façon qui risque de compromettre la stabilité de lengin. Lorsque la visibilité est insuffisante ou que le vent peut empêcher le grutier de garder le contrôle de la charge transportée, il faudrait renoncer à se servir dune grue.
Il existe de nombreux textes réglementaires et des normes régissant la construction des grues et leur utilisation. Ils visent notamment la classification des appareils de levage à charge suspendue, les moyens daccès, la détermination de la stabilité, les voies de roulement, les cabines, les organes de service, les dispositifs dancrage, les limiteurs et indicateurs de charge, le calcul des charges et des combinaisons de charge, les tableaux de charge, le calcul des charges dues au vent, les dispositifs de protection et de retenue, les performances, les signaux de sécurité et de danger, les codes et méthodes dessai, les vérifications, la formation et linformation des grutiers ainsi que la maintenance.
* Adapté de J. Staal, 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational Health and Safety. ** Adaptation pour l'édition française.
Un ascenseur est une installation de levage permanente desservant deux ou plusieurs niveaux, comprenant un espace clos, ou cabine, dont les dimensions et le mode de construction permettent laccès aux personnes et qui se déplace entre des guides rigides verticaux.
Un ascenseur est donc un véhicule fait pour monter ou descendre des personnes (ascenseurs de personnes) ou des marchandises accompagnées de personnes (ascenseurs de charges), dun niveau à un autre dun bâtiment soit directement (manuvre à blocage), soit avec des arrêts intermédiaires (manuvre collective).
Une seconde catégorie dappareils est constituée par le monte-charge, installation de levage permanente desservant des niveaux définis, exclusivement réservée au transport de charges. Il y a deux catégories de monte-charges: 1) les monte-charges inaccessibles, qui disposent dune cabine dont les dimensions interdisent son accès par des personnes; en général, la surface de telles cabines ne dépasse pas 1 m2, leur profondeur 1 m et leur hauteur 1,20 m. Ils servent à transporter de la nourriture et des fournitures dans les hôtels et les hôpitaux, des livres dans les bibliothèques, du courrier dans les immeubles de bureaux, etc.; et 2) les monte-charges dont les dimensions de cabine sont supérieures aux valeurs ci-dessus sont considérés comme accessibles aux personnes pour le chargement, mais strictement interdits au transport de passagers, la cabine ne disposant pas de boîtier de commande. Ils sont utilisés généralement dans les usines et sur les sites industriels.
Les ascenseurs sont entraînés directement par un moteur électrique (ascenseurs électriques, voir figure 93.11) ou, indirectement, par le mouvement dun liquide sous une pression produite par une pompe actionnée par un moteur électrique (ascenseurs hydrauliques).
Les ascenseurs électriques sont presque exclusivement entraînés par des machines à traction, avec ou sans réduction. Le terme «traction» signifie que la puissance dun moteur électrique est transmise aux éléments de suspension à câbles multiples dune cabine et dun contrepoids par frottement des câbles dans les gorges de forme spéciale dune poulie dentraînement ou de traction dune machine.
Depuis les années soixante-dix, les ascenseurs hydrauliques sont très employés pour le transport des marchandises et des passagers, habituellement pour une hauteur nexcédant pas six niveaux. Lhuile hydraulique est utilisée comme fluide de pression. Le système hydraulique direct, avec un vérin supportant et déplaçant la cabine, est le plus simple. Vers la fin des années quatre-vingt-dix, la mise en application de la directive européenne 95/16 (CEE, 1995a) a permis dintroduire plusieurs innovations dans la conception des ascenseurs. Lune des plus marquantes est celle qui a conduit à la suppression de la salle des machines; dans cette configuration, les organes initialement placés dans ce lieu sont localisés dans la gaine. Cette innovation a été rendue possible par lintroduction de composants dencombrements plus faibles et demandant moins de maintenance, comme la machine sans réduction à aimants permanents dont les poulies peuvent être de diamètre réduit grâce à lutilisation de courroies plates en lieu et place des traditionnels câbles métalliques.
Le Comité technique 178 de lOrganisation internationale de normalisation (ISO) dont le secrétariat est assuré par lAssociation française de normalisation (AFNOR) a défini des normes pour les charges et les vitesses jusquà 6 m/s; les dimensions des cabines et des gaines pour contenir passagers et marchandises; les monte-malades et les ascenseurs de service pour les bâtiments dhabitation, les bureaux, les hôtels, les hôpitaux et les maisons de repos; les dispositifs de manuvre, la signalisation et les accessoires complémentaires; et létude de programmation dascenseurs pour les immeubles dhabitation. Dans la plupart des pays, chaque bâtiment doit être équipé dun ascenseur accessible aux handicapés en fauteuil roulant.
Chaque pays industriel a un code de sécurité écrit, tenu à jour par un comité national de normalisation; ce travail a commencé dans les années vingt. Les diverses normes ont progressivement été harmonisées et les différences ne portent aujourdhui que sur des points de détail. Les grandes entreprises de fabrication produisent des unités qui sont conformes aux normes en vigueur.
Dans les années soixante-dix, le BIT, en étroite collaboration avec la Commission internationale pour la réglementation des ascenseurs et monte-charge (CIRA), a publié des directives de sécurité pour la construction et linstallation des ascenseurs et monte-charges électriques et, quelques années plus tard, pour les escaliers mécaniques. Ces directives étaient destinées à servir de guide aux pays qui commençaient à établir ou à modifier leurs règles de sécurité. Un ensemble normalisé de règles de sécurité pour ascenseurs électriques et hydrauliques (EN 81-1/2), monte-charges (EN 81-3/4), escaliers mécaniques et trottoirs roulants (EN 115) visant à éliminer les barrières techniques aux échanges entre les pays membres de lUnion européenne est aussi du ressort du Comité européen de normalisation (CEN). LInstitut américain de normalisation (American National Standards Institute (ANSI)) a établi, lui aussi, une norme de sécurité pour les ascenseurs et les escaliers mécaniques.
Les règles de sécurité concernent plusieurs types de risques engendrés par les ascenseurs: cisaillement, écrasement, chute, choc, blocage en cabine, feu, choc électrique et dommages au matériel dus à lusure ou à la corrosion. Les personnes à protéger comprennent les usagers, le personnel de maintenance et dinspection ainsi que les personnes se trouvant à lextérieur de la gaine et de la machinerie. Les objets à préserver sont les charges en cabine, les composants de linstallation et le bâtiment.
Les comités qui établissent les règles de sécurité doivent supposer que les composants sont correctement conçus, de bonne construction mécanique et électrique, quils sont faits de matériaux de résistance adéquate et de bonne qualité et quils sont exempts de défauts. Les actes imprudents des usagers doivent être pris en compte.
Le risque de cisaillement est prévenu en assurant des jeux adéquats entre les composants en mouvement entre eux et entre les pièces fixes et mobiles. Lécrasement est prévenu en ménageant une réserve en haut de la gaine entre le toit de la cabine dans sa position la plus haute et le plafond de gaine ainsi quune réserve en cuvette où quelquun peut se réfugier lorsque la cabine est dans sa position la plus basse. Ces volumes sont préservés par des amortisseurs et des interrupteurs darrêt. Ils peuvent être réduits dans le cas dinstallation dascenseurs neufs dans les bâtiments existants.
La protection contre les chutes en gaine est assurée par des portes palières pleines et une coupure automatique qui empêche tout mouvement de la cabine jusquà ce que les portes soient complètement fermées et verrouillées. Les portes palières coulissantes du type automatique sont recommandées pour les ascenseurs de personnes.
Le choc des portes est réduit en limitant lénergie cinétique de fermeture des portes automatiques. Lenfermement de passagers dans une cabine en panne est pris en compte en équipant, dune part, la cabine dun système de communication vocal vers un centre de dépannage et, dautre part, en munissant les portes dun système de déverrouillage durgence permettant à un personnel spécialement formé de les ouvrir et dextraire les passagers.
Lapplication dun ratio strict entre la charge nominale et la surface nette au sol de la cabine évite la surcharge en cabine. Les portes sont obligatoires sur toutes les cabines dascenseurs de personnes pour empêcher celles-ci dêtre coincées entre le seuil de cabine et la gaine ou les portes palières. Les seuils de cabine doivent être équipés de chasse-pieds sur une hauteur dau moins 0,75 m pour éviter les accidents, comme indiqué sur la figure 93.12. Les cabines doivent être équipées dun parachute capable darrêter une cabine à pleine charge et de limmobiliser, en cas de survitesse ou de rupture dun élément de suspension. Le parachute est actionné par un limiteur de vitesse entraîné par la cabine au moyen dun câble (voir figure 93.11). Un dispositif prévenant la vitesse excessive de la cabine dans le sens de la montée a été introduit par la directive européenne, notamment pour protéger les personnes se trouvant à lintérieur de la cabine. Comme les passagers se tiennent debout et se déplacent verticalement, la décélération pendant le fonctionnement du système de sécurité doit être comprise entre 0,2 et 1,0 g pour éviter les blessures (g étant laccélération normale de la pesanteur, soit 9,81 m/s2). Les normes européennes ont rendu obligatoire, dans les années quatre-vingt, linstallation de portes de cabine pour tous les ascenseurs et tous les types de monte-charges accessibles aux personnes. Les portes palières et cabine des ascenseurs peuvent être à ouverture manuelle ou, plus couramment, à ouverture automatique horizontale. Cest ce dernier type de porte qui est recommandé pour permettre laccessibilité des personnes à mobilité réduite. Seuls les ascenseurs de charges peuvent être équipés de portes coulissant verticalement.
Le passage libre des portes palières et cabine doit être le même pour éviter les dommages aux panneaux de la cabine par des chariots à fourches ou autres véhicules entrant et sortant de lascenseur. La conception globale dun tel ascenseur doit tenir compte de la charge, du poids du matériel de chargement et des contraintes importantes intervenant à lentrée, à larrêt et à la sortie des appareils. Les guides de la cabine dascenseur nécessitent un renforcement spécial. Lorsque le transport des personnes est autorisé, leur nombre doit être fonction de la surface maximale disponible du plancher de cabine. Ainsi, la surface du plancher de cabine dun ascenseur de charge nominale de 2 500 kg doit être de 5 m2, correspondant à 33 personnes. Le chargement et laccompagnement de la charge doivent être effectués avec grand soin. La figure 93.13 illustre une situation inacceptable.
Tous les ascenseurs actuels sont à boutons à action mécanique en cabine et à contrôleurs à microprocesseurs, le système comportant un interrupteur en cabine actionné par un liftier ayant été abandonné. Tous les équipements électriques doivent être conformes aux exigences de compatibilité électromagnétique définies par la directive européenne 89/336 (CEE, 1989c).
Les ascenseurs isolés et ceux en groupes de deux à huit cabines sont habituellement équipés de manuvres collectives interconnectées en cas de cabines groupées. La caractéristique principale des manuvres collectives est que les appels peuvent intervenir à nimporte quel moment, que la cabine soit en mouvement ou à larrêt et que les portes palières soient ouvertes ou fermées. Les appels cabine et paliers sont enregistrés et stockés jusquà ce quils soient traités dans lordre le plus efficace pour le fonctionnement du système, quel que soit lordre dans lequel ils ont été reçus.
En ce qui concerne la mise en service des ascenseurs neufs, la nouvelle directive européenne laisse le choix à linstallateur de recourir à un organisme notifié pour exécuter ces essais, ou de les effectuer lui-même pour autant quil ait mis en uvre un système dassurance qualité certifié par un organisme agréé. Cest à lissue de ces essais que linstallateur apposera dans la cabine le marquage CE sans lequel le propriétaire de limmeuble ne pourra procéder à la mise en service de lascenseur. Des essais spécifiques par un organisme agréé ou par le constructeur, sil est certifié ISO 9001 (ISO, 1994a) sont nécessaires pour les dispositifs de verrouillage, les portes palières (y compris déventuels essais au feu), les parachutes, les limiteurs de vitesse, les amortisseurs à huile et les soupapes de rupture. Un marquage CE doit être apposé sur les composants. Les certificats des composants correspondants utilisés dans linstallation doivent être versés au dossier. Après la mise en service dun ascenseur, des inspections de sécurité périodiques doivent avoir lieu à des intervalles dépendant de la nature et de la destination de limmeuble (établissements recevant du public ou immeuble de grande hauteur). Ces essais sont destinés à assurer la concordance entre les normes de sécurité et le fonctionnement propre des dispositifs de sécurité. Les composants qui ne sont pas sollicités en service normal, comme le parachute et les amortisseurs, doivent subir un essai à cabine vide et à vitesse réduite pour éviter une usure excessive et des efforts qui pourraient altérer la sécurité de lascenseur.
Un ascenseur et ses composants doivent être inspectés et maintenus en bon état de marche et de sécurité, à intervalles réguliers, par des techniciens compétents et qualifiés ayant acquis une connaissance détaillée des équipements mécaniques et électriques dun ascenseur et des règles de sécurité, sous la conduite dun formateur qualifié. Le technicien est, de préférence, employé par le fournisseur ou linstallateur de lascenseur. Normalement, un technicien est responsable dun nombre donné dascenseurs. La maintenance comporte des travaux de routine comme le réglage et le nettoyage, le graissage des pièces mobiles, lentretien préventif pour anticiper déventuels problèmes, les visites durgence en cas de panne et les réparations importantes qui sont généralement effectuées après consultation dun contremaître. Le danger majeur, cependant, est le feu en cuvette. Une cigarette allumée ou un objet qui se consume peut tomber dans lespace entre le seuil de la cabine et la gaine et mettre le feu à la graisse se trouvant dans la gaine ou à des déchets se trouvant sur le fond; la gaine doit donc être nettoyée régulièrement. Aucun système ne doit être sous tension lors des opérations de maintenance. Dans les ascenseurs isolés, avant que les travaux dentretien ne commencent, une affiche indiquant que lascenseur est hors service doit être apposée à chaque palier.
En ce qui concerne la maintenance préventive, une inspection visuelle attentive et des vérifications de la liberté de déplacement, de létat des contacts et du fonctionnement correct de léquipement sont généralement suffisantes. Léquipement de la gaine est inspecté à partir du toit de la cabine. Une manuvre dinspection sur le toit de la cabine est assurée par un interrupteur bistable qui met lappareil en mouvement et en neutralise le fonctionnement normal, ainsi que celui des portes automatiques. Des boutons à pression constante de montée et de descente permettent de déplacer la cabine à vitesse réduite (nexcédant pas 0,63 m/s). Lopération dinspection doit rester dépendante des dispositifs de sécurité (fermeture et verrouillage des portes, etc.); il ne doit pas être possible de dépasser les limites dune course normale.
Un interrupteur darrêt placé sur la boîte de manuvre dinspection permet déviter un déplacement intempestif de la cabine. Le sens de déplacement le plus sûr est vers le bas. Le technicien doit être dans une position sûre pour observer lenvironnement en déplaçant la cabine et disposer des dispositifs dinspection appropriés. Avant de quitter linstallation, le technicien doit faire un rapport à la personne responsable de lascenseur.
Un éclairage approprié de la gaine facilite les inspections et réduit le risque de cisaillement et de chute pour le personnel utilisant le toit de la cabine pour se déplacer dans cette gaine. Dautres équipements, tels que des balustrades et un boîtier dinspection, équipent le toit de la cabine pour le rendre le plus sûr possible pour le personnel intervenant sur lascenseur.
Le parc existant est composé dascenseurs qui ont été installés à des époques très différentes; les plus anciens remontent à la fin du XIXe siècle, et on peut affirmer quà ce jour plus de 50% des ascenseurs existants ont plus de vingt ans dâge. La particularité de ces équipements est quils sont rarement modernisés ou remis à niveau pour ce qui concerne notamment la sécurité; en effet, moins de 2% du parc est modernisé chaque année. Pendant ce temps, les nouveaux ascenseurs voient leur niveau de sécurité saccroître considérablement à chaque évolution normative ou réglementaire. Cet écart entre les anciens et les nouveaux ascenseurs représente un risque sans cesse croissant qui est déjà à lorigine daccidents dusagers ou de techniciens. Le vieillissement de la population, lintégration des personnes handicapées sont des raisons supplémentaires qui incitent les gouvernements et la Commission européenne à prendre des mesures pour rajeunir les ascenseurs anciens. Certains pays, comme la France, ont voté des lois pour rendre obligatoire la porte cabine sur les anciens ascenseurs. La Commission européenne a publié la recommandation 95/216 (CEE, 1995b) pour inciter les Etats membres à aller plus loin dans ce domaine. Le CEN, de son côté, est en train délaborer une norme damélioration de la sécurité des ascenseurs existants. Lascenseur, tout comme les autres moyens de transport tels que lavion ou le train, devra passer par le rajeunissement de son parc.
Un escalier mécanique est un escalier incliné, continuellement en mouvement, qui conduit ses passagers vers le haut ou vers le bas. Les escaliers mécaniques sont utilisés dans les centres commerciaux, les grands magasins, les gares, les aéroports et les stations de métro pour amener un flot de personnes par un chemin défini dun niveau à un autre.
Les escaliers mécaniques sont constitués dune chaîne continue de marches entraînée par une machine au moyen de deux chaînes à mailles, une de chaque côté. Les marches sont guidées par des galets sur des rails qui permettent à la surface de foulée de rester horizontale sur la partie utilisable. A lentrée et à la sortie, des rails assurent, suivant la vitesse et la course de lescalier mécanique, que les marches forment un plan horizontal sur une distance de 0,80 à 1 m. Les dimensions des marches et leur construction sont illustrées par la figure 93.14. Le dessus de chaque balustrade doit être équipé dune main courante placée à une hauteur de 0,85 à 1,10 m au-dessus du nez des marches, se déplaçant parallèlement aux marches, sensiblement à la même vitesse. La main courante, à chaque extrémité de lescalier mécanique, là où les marches avancent horizontalement sur le même plan, doit dépasser horizontalement dau moins 0,30 m la ligne de peignes et lextrémité crosse, y compris la balustrade, de 0,60 m (voir figure 93.15). La main courante doit pénétrer la crosse au point le plus bas au-dessus du sol et un dispositif de protection doit être installé, dispositif muni dun contact de sécurité pour arrêter lescalier mécanique en cas de coincement dun doigt ou dune main à cet endroit. Dautres risques de blessure pour les passagers peuvent être engendrés au niveau des jeux nécessaires entre le côté des marches et la plinthe, entre les marches et les peignes, entre les surfaces de foulée et les contremarches. Dans le cas des contremarches, il existe un risque particulier dans la direction montée, à la courbure où se produit un mouvement relatif entre les marches consécutives. Les contremarches sont rainurées pour éviter ce risque.
Les personnes qui prennent un escalier mécanique peuvent glisser et leurs chaussures heurter la balustrade, ce qui peut provoquer une blessure par coincement aux endroits où les marches se dressent. Une signalisation claire et lisible, par pictogrammes, doit prévenir et informer les usagers. Elle doit, notamment, informer les adultes quils doivent tenir par la main leurs enfants qui ne pourraient atteindre la main courante et que ces derniers doivent rester debout tout le temps du parcours. Les deux extrémités dun escalier mécanique doivent être rendues inaccessibles lorsquil est hors service.
Linclinaison dun escalier mécanique ne devrait pas dépasser 30°, bien quelle puisse être portée jusquà 35° si la course verticale est égale ou inférieure à 6 m et la vitesse limitée à 0,50 m/s. Les machineries et stations dentraînement et de retournement ne doivent être accessibles quau personnel de maintenance et dinspection spécialement formé. Ces locaux peuvent être dans la charpente ou séparés. La hauteur libre devrait être de 1,80 m plaque fermée, sinon, plaque ouverte, et lespace disponible devrait être suffisant pour que le travail puisse se faire en toute sécurité. La hauteur libre au-dessus des marches sera en tous points dau moins 2,30 m.
Le démarrage, larrêt ou le changement de direction dun escalier mécanique ne devraient être effectués que par des personnes autorisées. Si la norme du pays le permet, la mise en route dun escalier mécanique peut être déclenchée automatiquement par le passage dun usager devant un détecteur électrique, lescalier mécanique devant fonctionner avant que la personne atteigne le peigne. Les escaliers mécaniques devraient être équipés de commandes dinspection pour le fonctionnement en maintenance et linspection.
Une inspection et une maintenance suivant la description faite ci-dessus pour les ascenseurs sont généralement prescrites par les autorités pour les escaliers mécaniques. Un dossier devrait être établi; il devrait comprendre les notes de calcul de la structure porteuse, des marches, des composants dentraînement des marches ainsi que des données générales, les plans dinstallation, les schémas électriques et les instructions. Avant quun escalier mécanique ne soit mis en service, il devrait être examiné par une personne ou un organisme agréés. Des inspections périodiques ultérieures sont nécessaires à intervalles réguliers.
Un tapis roulant, ou un trottoir roulant entraîné de façon continue, peut être utilisé pour transporter des passagers entre deux points dun même niveau ou de niveaux différents. Des tapis roulants sont utilisés pour transporter un grand nombre de personnes dans les aéroports, du terminal principal aux portes dembarquement et vice versa, ainsi que dans les grands magasins et les supermarchés. Quand les tapis sont horizontaux, les landaus, chariots, fauteuils roulants et caddies à bagages ou à marchandises peuvent être transportés sans risque; par contre, sur des tapis inclinés, ces petits véhicules, sils sont plutôt lourds, ne devraient être utilisés que sils se bloquent sur place automatiquement. La rampe est formée de palettes de métal, semblables aux surfaces de foulée des marches descaliers mécaniques, mais plus longues, ou de tapis de caoutchouc. Les palettes devraient être rainurées dans la direction du déplacement et des peignes être placés à chaque extrémité. La pente ne devrait pas dépasser 12° ou 6° aux paliers. Les palettes et tapis devraient se déplacer horizontalement sur une distance dau moins 0,40 m avant darriver au palier. Le trottoir se déplace entre des balustrades équipées dune main courante qui avance sensiblement à la même vitesse. La vitesse ne doit pas dépasser 0,75 m/s, sauf si le déplacement est horizontal, auquel cas une vitesse de 0,90 m/s est autorisée, dans la mesure où la largeur ne dépasse pas 1,10 m.
Les règles de sécurité pour les trottoirs roulants sont généralement semblables à celles applicables aux escaliers mécaniques et sont incluses dans la même norme.
Les ascenseurs de chantier sont des installations temporaires utilisées sur les chantiers de construction pour le transport des personnes et des matériaux. Chaque engin de levage est une cabine guidée et devrait être manuvré par un liftier en cabine. Ces dernières années, un modèle dengin à crémaillère et pignon a permis lutilisation dascenseurs de chantier pour se déplacer efficacement le long des tours de radio et des cheminées dusine très hautes pendant lentretien. Personne ne devrait pénétrer sur un engin de levage de matériel, sauf pour en effectuer lentretien et la maintenance.
Les règles de sécurité varient considérablement. Dans de rares cas, ces engins sont installés avec les mêmes règles de sécurité que les installations permanentes dascenseurs et de monte-charges dans des bâtiments, excepté que la gaine est fermée par des parois grillagées au lieu de parois pleines, pour réduire la prise au vent. Des règles strictes sont appliquées, bien quelles ne soient pas aussi contraignantes que pour les ascenseurs; de nombreux pays ont édicté des règles spéciales pour ces engins de chantier. Cependant, dans de nombreux cas, le niveau de sécurité est bas et la construction laisse à désirer. Ces engins sont entraînés par des treuils et la cabine est suspendue à un seul câble dacier. Un ascenseur de chantier devrait être entraîné par un moteur électrique pour sassurer que la vitesse est comprise dans les limites de sécurité. La cabine devrait être fermée et pourvue dun dispositif de protection dentrée. Les accès à la gaine, à chaque niveau, devraient être équipés de portes pleines sur une hauteur de 1 m au-dessus du sol, la partie supérieure étant en grillage de mailles ne dépassant pas 10 × 10 mm. Les seuils des portes palières et cabine devraient être équipés de chasse-pieds adéquats. Les cabines devraient être pourvues de parachute. Un type daccident courant survient lorsque des travailleurs empruntent une plate-forme de levage conçue pour le seul transport des charges, plate-forme qui na ni paroi, ni porte pour les empêcher de heurter une pièce déchafaudage ou de tomber de la plate-forme pendant le déplacement. Un paternoster consiste en des plateaux fixés sur une courroie ou une chaîne se déplaçant verticalement. Le passager court plusieurs risques: être emmené au-delà du niveau le plus haut, être incapable de faire un arrêt durgence, se heurter la tête ou les épaules sur larête dun niveau, sauter à lintérieur ou à lextérieur après que le niveau est passé, ou être incapable datteindre le niveau en raison dune panne de courant ou de larrêt de lappareil. En conséquence, un tel appareil ne devrait être utilisé que par un personnel averti.
Généralement, la gaine dun ascenseur sétend sur toute la hauteur dun bâtiment et relie les différents niveaux. Lincendie ou la fumée dun feu qui se déclare dans la partie basse dun immeuble peut se propager par la gaine jusquaux autres niveaux et, dans certaines circonstances, le puits, ou gaine, peut activer lincendie par un effet de cheminée. En conséquence, une gaine ne doit pas participer au système daération dun bâtiment. Elle devrait être entièrement fermée par des murs pleins, faits de matériaux incombustibles qui ne doivent pas dégager de fumées nocives en cas dincendie. Une ouverture devrait être prévue dans le haut de la gaine de lascenseur ou de la machinerie pour permettre lévacuation des fumées à lair libre.
A linstar de la gaine, les portes palières devraient être résistantes au feu. Des règles sont généralement incluses dans les normes nationales de construction; elles varient suivant les pays et les conditions. Pour fonctionner convenablement, les portes palières ne peuvent pas être imperméables aux fumées.
Quelle que soit la hauteur de limmeuble, les personnes ne devraient pas utiliser les ascenseurs en cas dincendie; en effet, lascenseur peut sarrêter à un niveau où lincendie fait rage, et les passagers peuvent être bloqués en cabine en cas de panne délectricité. En général, un ascenseur qui dessert tous les niveaux est réservé à lusage des sapeurs-pompiers; il peut être mis à leur disposition au moyen dun interrupteur ou dune clé spéciale au niveau principal. La capacité, la vitesse et les dimensions de la cabine dun ascenseur réservé aux sapeurs-pompiers devraient correspondre à certaines spécifications. Quand les sapeurs-pompiers utilisent des ascenseurs, les manuvres de fonctionnement normal sont suspendues.
La construction, la maintenance et lhabillage des cabines dascenseur, la pose de moquette et le nettoyage de lascenseur (intérieur et extérieur) peuvent nécessiter lutilisation de solvants organiques volatils, de mastics ou de colles qui peuvent être nocifs pour le système nerveux central et aussi présenter un risque dincendie. Bien que ces substances puissent être utilisées sur dautres surfaces métalliques, y compris les escaliers et les portes, le risque est grave sur les ascenseurs en raison de leur confinement, car les concentrations de vapeur peuvent devenir excessives. Lutilisation de solvants à lextérieur dun ascenseur peut aussi être dangereuse en raison de la faible circulation dair, notamment dans les gaines aveugles où laération peut être entravée (une gaine aveugle est une gaine sans porte de sortie, sétendant sur plusieurs niveaux entre deux destinations; ainsi, là où un groupe dascenseurs dessert le niveau 20 et au-dessus, la gaine aveugle sétendrait du niveau 0 au niveau 20).
Si les ascenseurs et les monte-charges présentent des risques, leur utilisation peut aussi contribuer à éviter la fatigue et les lésions musculaires graves dues aux manutentions; ils peuvent aussi réduire les coûts de main-duvre, notamment dans les pays en développement.
* Adapté de L. Prodan et G. Bachofen, 3e édition de l'Encyclopaedia of Occupational health and Safety.
Le ciment est utilisé dans le bâtiment et les travaux publics pour lier des matériaux durs. Il se présente sous laspect dune poudre fine provenant du broyage du clinker, matière obtenue par la calcination à haute température dun mélange de matériaux argileux et calcaires. Lorsquon y incorpore de leau, le ciment se transforme en une boue qui durcit progressivement jusquà pétrification complète. On peut le mélanger avec du sable pour obtenir du mortier, ou avec du sable et du gravier pour obtenir du béton.
Les ciments se répartissent en deux catégories: ciments naturels et ciments artificiels. Les premiers sont tirés de matériaux naturels dont la structure sapparente à celle du ciment et quil suffit de calciner et de broyer pour les transformer en poudre de ciment hydraulique. Quant aux ciments artificiels, il en existe des variétés multiples dont le nombre va croissant; chacune delles diffère des autres par sa composition et sa structure mécanique, ses qualités propres et ses applications. On peut distinguer deux grandes classes de ciments artificiels: les ciments Portland (du nom de la ville de Portland en Grande-Bretagne) et les alumineux.
Le ciment Portland, qui occupe de loin la première place dans la production mondiale, est obtenu par un procédé illustré à la figure 93.16, et qui comporte deux phases: la préparation du clinker et son broyage. Les matières premières qui entrent dans la composition du clinker sont calcaires, comme la pierre à chaux, et argileuses, comme la marne. Elles sont mélangées et broyées par voie sèche ou humide. Le mélange pulvérulent est ensuite calciné dans des fours (qui peuvent être verticaux ou inclinés et rotatifs, à une température de lordre de 1 400 à 1 450 °C). A la sortie du four, le clinker passe dans un refroidisseur qui en abaisse rapidement la température pour éviter la transformation du silicate tricalcique, principal composant du ciment Portland, en silicate bicalcique et en oxyde de calcium.
Les masses de clinker refroidi sont souvent additionnées de gypse et de divers adjuvants qui déterminent le temps de prise et dautres propriétés du ciment fini. On peut de la sorte varier la gamme des ciments en Portland normal, ciment prompt, ciment hydraulique, ciment au laitier, ciment à la pouzzolane, ciment hydrophobe, ciment de marine, ciment pour forages au pétrole ou au gaz, pour routes et barrages, ciment dexpansion, ciment au magnésium, etc. Le clinker est finalement broyé, tamisé et emmagasiné en silo avant lensachage et lexpédition. Voici la composition chimique du Portland normal:
Les ciments alumineux donnent des mortiers et des bétons de très grande résistance initiale. Ils sont formés par le mélange de pierre à chaux et dargile à haute teneur en oxyde daluminium (sans adjuvants dexpansion) dont la température de cuisson avoisine 1 400 °C. Leur composition chimique est à peu près la suivante:
Les économies dénergie ont entraîné une augmentation de la production de ciments naturels, notamment de ceux qui contiennent du tuf dorigine volcanique. Si besoin est, les ciments naturels sont calcinés à 1 200 °C, et non pas à 1 400-1 450 °C comme cest le cas pour le ciment Portland. Le tuf peut contenir de 70 à 80% de silice libre amorphe et de 5 à 10% de quartz. La calcination transforme partiellement la silice amorphe en tridymite et en cristobalite.
En modifiant le procédé de production ou en introduisant divers additifs, on peut obtenir, avec une même variété de ciment, des qualités différentes de béton (normal, argileux, bitumineux, asphalte-goudron, à prise rapide, porophore, hydrophobe, microporeux, armé, précontraint, centrifugé, etc.).
Dans les carrières dextraction de largile, de la pierre à chaux et du gypse, le personnel est exposé aux intempéries, aux poussières de forage et de concassage, aux explosions et aux éboulements de roche ou de terre. Des accidents de circulation sont également à déplorer lors du transport des produits vers les cimenteries.
Le risque majeur de la préparation du ciment est la poussière. On a mesuré, dans les carrières et les cimenteries, des concentrations allant de 26 à 114 mg/m3. Aux différentes étapes du pro-cédé de fabrication, les teneurs ci-après ont été rapportées: extraction de largile, 41,4 mg/m3; concassage et broyage des matières premières, 80 mg/m3; criblage, 384 mg/m3; broyage du clinker, 140 mg/m3; ensachage du ciment, 257 mg/m3; chargement, etc., 179 mg/m3. Dans les cimenteries modernes utilisant la voie humide, les pics de concentration sont de 15 à 20 mg de poussière/m3 dair. Le niveau de pollution aux alentours des cimenteries ne représente plus que 5 à 10% de ce quil était autrefois, grâce à lutilisation généralisée de filtres électrostatiques. La teneur des poussières en silice libre diffère selon quil sagit de la matière première (largile peut contenir du quartz finement divisé et lon peut y adjoindre du sable), du clinker ou du ciment, dont la silice libre aura normalement été éliminée en totalité.
Parmi les autres risques propres aux cimenteries, il faut citer les hautes températures ambiantes, notamment au voisinage des portes et des plates-formes des fours, la chaleur rayonnante et les niveaux élevés de bruit (120 dBA) près des broyeurs à boulets. Des concentrations doxyde de carbone allant de simples traces à 50 ppm ont été mesurées à proximité des fours à chaux.
Les états pathologiques propres aux travailleurs cimentiers sont les affections de lappareil respiratoire, les troubles digestifs, les maladies de peau, les atteintes rhumatismales ou nerveuses, les troubles de laudition et ceux de la vision.
Cest la catégorie la plus importante des maladies professionnelles rencontrées dans lindustrie du ciment que lon peut imputer à linhalation des poussières en suspension dans lair et aux conditions macroclimatiques et microclimatiques du milieu de travail. Laffection la plus fréquente est la bronchite chronique, souvent associée à lemphysème.
Le ciment Portland ordinaire ne provoque pas de silicose, car il ne contient pas de silice libre. Pourtant, les travailleurs des cimenteries peuvent être exposés à des matières premières dont la teneur en silice libre varie considérablement. Les ciments acido-résistants utilisés pour les plaques réfractaires, les briques et les parpaings contiennent une proportion élevée de silice libre, et lexposition à ces composants peut engendrer des risques de silicose.
La pneumoconiose du ciment a été décrite comme une fibrose réticulaire de caractère bénin, qui apparaît après une exposition prolongée et évolue très lentement. Pourtant, on a également observé quelques cas de pneumoconioses malignes, probablement imputables à une exposition à des matériaux autres que le ciment Portland.
Certains ciments contiennent également de la diatomite et du tuf à diatomées en quantités variables. Si on chauffe la diatomite, sa toxicité augmente du fait de la transformation de la silice amorphe en cristobalite, substance cristalline encore plus pathogène que le quartz. La pneumoconiose du ciment peut aussi être compliquée de tuberculose.
Un nombre apparemment élevé dulcères gastro-duodénaux ont été observés dans lindustrie du ciment. Une étude menée sur 269 travailleurs a révélé 13 cas dulcère gastro-duodénal (4,8%). On a pu induire des ulcères gastriques chez le cobaye et le chien en plaçant leur nourriture sur de la poussière de ciment. Une autre étude menée dans une cimenterie a pourtant montré que le taux dabsentéisme lié à des ulcères gastro-duodénaux est relativement faible (1,48 à 2,69%). Les ulcères passant par une phase aiguë plusieurs fois par an, ces chiffres ne sont pas excessifs si on les compare à ceux relevés dans dautres branches dactivité.
Les maladies de la peau sont largement documentées; on considère quelles représentent environ 25% au moins de lensemble des maladies professionnelles. Diverses formes ont été observées, dont des inclusions cutanées, des érosions péri-unguéales, des eczémas diffus et des infections cutanées (furoncles, abcès et panaris). Celles-ci sont toutefois plus fréquentes chez les travailleurs qui utilisent le ciment (chez les maçons, par exemple) que chez ceux qui sont employés dans les cimenteries.
Dès 1947, il a été suggéré que leczéma du ciment était peut-être dû à la présence dans le ciment de chrome hexavalent (décelé par le test de solution de chrome). Les sels de chrome pénètrent probablement dans les ulcérations cutanées, se combinent avec des protéines et induisent une sensibilisation de nature allergique. Les matières premières entrant dans la composition du ciment ne contiennent généralement pas de chrome; la présence de chrome dans le ciment peut provenir dune roche volcanique, de labrasion du revêtement réfractaire du four, des boulets dacier utilisés dans le broyage et des divers outils servant au concassage et au broyage des matières premières et du clinker. La sensibilisation au chrome est parfois la cause majeure de la sensibilité au nickel et au cobalt. La forte alcalinité du ciment est considérée comme un facteur important des dermites du ciment.
Les changements fréquents des conditions macroclimatiques et microclimatiques rencontrées dans lindustrie du ciment sont souvent associés à lapparition de divers troubles de lappareil locomoteur (arthrite, rhumatismes, spondylites et diverses douleurs musculaires) et du système nerveux périphérique (douleurs dorsales, névralgies et radiculites des nerfs sciatiques).
On a rapporté quelques cas dhypoacousie par lésion cochléaire chez les travailleurs des cimenteries. La principale maladie des yeux observée est la conjonctivite, quun traitement médical ambulatoire suffit généralement à soigner.
Les accidents survenant dans les carrières sont dus la plupart du temps à des chutes de terre ou de roche ou se produisent pendant le transport. Dans les cimenteries, les principaux accidents sont des contusions, des coupures ou des écorchures occasionnées lors des opérations de manutention.
La prévention des risques engendrés par les poussières dans lindustrie du ciment passe par une bonne connaissance de la composition (et notamment de la teneur en silice libre) de tous les matériaux utilisés. Il importe de connaître la composition exacte des nouvelles variétés de ciment mises en uvre.
Dans les carrières, les excavatrices devraient être équipées de cabines fermées et dun système de ventilation assurant une arrivée dair pur; des mesures de lutte contre les poussières devraient être mises en uvre pendant les opérations de forage et de concassage. Pour éliminer le risque dintoxication par loxyde de carbone et les oxydes dazote libérés lors des tirs de mines, on sassurera que les travailleurs séloignent avant la mise à feu et ne reviennent sur les lieux quaprès que les fumées se sont dissipées.
Dans les cimenteries, toutes les opérations produisant de la poussière (broyage, criblage, transport par convoyeurs à bande) devraient être placées sous carter ou sous aspiration localisée. Des précautions spéciales devraient être prises aux points de transbordement des produits. Une ventilation énergique est également indispensable aux plates-formes de refroidissement du clinker, aux postes de broyage et aux installations densachage du ciment.
Dans la lutte contre les poussières, le problème le plus délicat est celui des conduits du four à clinker, qui sont généralement équipés de filtres électrostatiques précédés dun sac à manche ou dautres filtres. Les filtres électrostatiques peuvent également être utilisés pour le criblage et lensachage; ils devraient dans ce cas être associés à dautres méthodes de dépoussiérage.
Les zones de travail dont la température est élevée devraient être équipées darrivées dair frais et le personnel protégé par des écrans thermiques. Les réparations des fours ne devraient être entreprises que lorsque ceux-ci sont suffisamment refroidis; elles devraient être effectuées par des travailleurs jeunes et en bonne santé soumis à un suivi médical pour contrôler leur rythme cardiaque, leur fonction respiratoire et leur sudation et éviter le risque de choc thermique. Le cas échéant, des boissons salées devraient être mises à disposition.
Parmi les mesures préventives des maladies de peau, on peut citer la possibilité de prendre un bain ou une douche et lapplication de crèmes barrière. Des traitements de désensibilisation existent en cas deczéma: après larrêt complet de lexposition au ciment pendant trois à six mois pour permettre la cicatrisation, on peut appliquer deux à trois fois par semaine, pendant cinq minutes, deux gouttes dune solution aqueuse à 1 pour 10 000 de dichromate de potassium. En labsence de réaction localisée ou diffuse, le temps de contact pourra généralement aller jusquà quinze minutes, après quoi le dosage de la solution pourra être augmenté. On peut appliquer la même méthode en cas de sensibilité au cobalt, au nickel ou au manganèse. On a observé que la dermite au chrome et même lintoxication chronique peuvent être prévenues et traitées par lacide ascorbique. Le mécanisme dinactivation du chrome hexavalent par lacide ascorbique consiste à le réduire en chrome trivalent, de faible toxicité, avec formation complexe des espèces trivalentes.
Le béton sobtient en mélangeant des agrégats comme le gravier et le sable à du ciment et de leau dans des bétonnières de diverses capacités installées sur le chantier. Il sera cependant parfois plus économique de faire livrer du béton prêt à lemploi par des camions-malaxeurs spéciaux.
Des grues à tour, des élévateurs ou des blondins transportent le béton prêt à lemploi dans des bennes, de la bétonnière ou du silo jusquaux emplacements fixés. En raison de la taille et de la hauteur de certains ouvrages, on utilise parfois des pompes à béton capables damener le béton jusquà 100 m de hauteur; leur débit est bien supérieur à celui des grues ou autres engins. Les camions-malaxeurs utilisés pour le transport du béton prêt à lemploi sont fréquemment équipés dun dispositif permettant damener directement le béton vers la pompe sans passer par un silo.
Les méthodes et matériaux de coffrage ont suivi lévolution technique autorisée par lintroduction dengins de levage de grande portée; il nest plus nécessaire aujourdhui de monter les éléments de coffrage in situ.
Des parois de moulage de grandes dimensions (appelées banches) sont à présent utilisées pour réaliser les éléments porteurs et les cloisons des grands bâtiments résidentiels et industriels. Elles sont mises en place et retirées par des grues une fois que le béton a pris.
Pour réaliser des structures horizontales en béton armé (des dalles, par exemple), on utilise des tables de coffrage formées déléments en acier portés par des vérins. Une fois que le béton a pris, la table est abaissée au moyen de vérins mécaniques ou hydrauliques.
On utilise des coffrages glissants ou grimpants lorsquil sagit de construire des ouvrages dune certaine importance et, notamment, des structures élevées (piles de ponts, barrages, silos, etc.). La hauteur de ces coffrages peut varier de 2 à 4 m en général. Les coffrages glissants sont relevés au fur et à mesure de la mise en place et de la prise du béton qui se poursuivent sans interruption.
Les coffrages grimpants diffèrent des coffrages glissants en ce quils sont ancrés dans le béton par des manchons filetés. Dès que le béton coulé a atteint la résistance voulue, les vis dancrage sont desserrées et le coffrage est relevé à la hauteur de la section suivante à bétonner.
Dautres types de coffrage mobiles spéciaux sont utilisés pour la réalisation de structures porteuses telles que les tabliers de ponts.
Les techniques de construction des grands immeubles dhabitation, des ponts et des tunnels ont été encore rationalisées par la production déléments préfabriqués comme les dalles de sol, les murs, les poutres de pont, etc., dans une usine spécialisée ou près du chantier de construction. Les éléments préfabriqués, assemblés sur le site, suppriment la construction, le déplacement et le démontage de coffrages et déchafaudages complexes, ce qui permet déliminer dans une large mesure le danger du travail en hauteur.
Les armatures sont généralement livrées sur le chantier découpées et pliées suivant les plans de ferraillage. Cest seulement lorsque les éléments de béton sont préfabriqués sur le chantier ou à lusine que les tiges darmature sont attachées ou soudées ensemble pour former des cages ou des lits darmature que lon introduit dans les coffrages avant de couler le béton.
Si la mécanisation et la rationalisation ont éliminé de nombreux risques traditionnels sur les chantiers de construction, elles en ont également introduit de nouveaux. Ainsi, le nombre daccidents mortels consécutifs à des chutes de hauteur a considérablement diminué grâce à la généralisation des mesures de prévention, à ladoption de méthodes nouvelles et à une surveillance plus rigoureuse des travaux. A titre dexemple, les plates-formes de travail et leurs garde-corps ne sont montés quune seule fois et déplacés en même temps que le coffrage roulant auquel ils sont fixés, alors quavec les coffrages traditionnels les garde-corps étaient souvent inexistants. Dun autre côté, les risques mécaniques et les risques électriques sont plus fréquents, tandis que de nombreux produits détanchéité, de conservation, dassemblage (adhésifs) et dentretien ne sont pas sans danger pour la santé.
Quelques mesures importantes de prévention des accidents à observer lors des différentes opérations sont exposées ci-après.
Le béton étant très souvent fabriqué dans une machine, il importe de porter une attention particulière à la conception et à limplantation des organes de manuvre et du skip dalimentation de la cuve de malaxage. Il peut arriver, lors du nettoyage dune bétonnière, quun levier soit inopinément déplacé, provoquant la mise en mouvement intempestive de la cuve ou de la benne et un accident. Les commandes devraient être protégées et disposées de façon à éviter toute confusion; le cas échéant, elles seront munies dun dispositif de verrouillage. On veillera à ce que les travailleurs employés au nettoyage des fosses situées à la base des voies dalimentation ne puissent être blessés par la descente accidentelle de la benne.
Les silos dagrégats et, notamment, de sable, présentent des risques sérieux pour les travailleurs appelés à y pénétrer pour désagréger les matières ensilées qui ont formé des blocs compacts ou des ponts qui bloquent lécoulement de la gravité. Ils devraient être équipés de harnais de sécurité fixés à des filins de retenue et ne jamais travailler sans surveillance. Les trémies des silos devraient être équipées de vibreurs pour éviter autant que possible ce type dintervention.
Le déplacement des bennes de béton accrochées à une grue ou à un blondin devrait être facilité et guidé par un signaleur.
Les pompes à béton à réglage hydraulique doivent être équipées dun clapet de sécurité afin de ne pas saffaisser brutalement en cas de rupture dune canalisation.
Des plates-formes de travail équipées devraient être prévues pour la coulée du béton dans les coffrages au moyen dune benne suspendue ou dune pompe à béton. Les grutiers devraient être formés à ce type dopération et avoir une bonne vue. En cas de longs parcours, on aura recours au téléphone ou à des talkies-walkies.
Si on utilise des pompes à béton avec une goulotte et un bras de distribution, on veillera tout particulièrement à assurer la stabilité de linstallation. Les camions-malaxeurs ayant une pompe à béton intégrée devraient être équipés de dispositifs de verrouillage empêchant le démarrage simultané des deux opérations. Les parties mobiles des malaxeurs devraient être protégées. Le panier servant à recueillir la balle de caoutchouc chassée dans la goulotte pour la nettoyer devrait être remplacé par deux coudes disposés en sens contraire; ces coudes peuvent absorber la quasi-totalité de la pression nécessaire pour chasser la balle dans la goulotte et éliminent le fouettement à lextrémité de la goulotte.
Les chutes sont fréquentes lors du montage de coffrages traditionnels faits de poutres et de planches de bois, car linstallation de garde-corps et de plinthes est souvent négligée dans le cas de travaux de courte durée. Les coffrages modernes sont souvent faits dacier, mais ici encore, garde-corps et plinthes sont fréquemment absents.
Les panneaux en contreplaqué, de plus en plus utilisés, sont faciles et rapides à monter. Pourtant, après avoir été employés plusieurs fois, ils ne présentent plus une résistance suffisante. Les accidents provoqués par la rupture de panneaux de coffrage servant à tort de plate-forme, de passerelle ou déchafaudage sont encore fréquents.
Les éléments de coffrage préfabriqués devraient être entreposés de telle sorte quils ne puissent se renverser. Sil nest pas possible de les entreposer à plat, ils devraient être convenablement arrimés. Les éléments de coffrage portant des plates-formes, des garde-corps et des plinthes fixés à demeure devraient être attachés par des élingues au crochet de la grue et être montés et démontés sur la structure en construction. Ils offrent un poste de travail sûr et permettent de supprimer les plates-formes de mise en place du béton. On utilisera notamment ces plates-formes, équipées de garde-corps et de plinthes fixés à demeure au coffrage, avec les coffrages glissants ou grimpants.
Lorsque des éléments de coffrage sont déplacés à la grue depuis leur emplacement de stockage pour être amenés à leur point dutilisation, on fera le choix de dispositifs délingage appropriés. Si langle formé par les élingues est trop grand, on devrait utiliser un palonnier.
Les travailleurs qui nettoient la surface des coffrages sont exposés à un risque généralement sous-estimé, à savoir lutilisation de meuleuses portatives pour éliminer les résidus de béton qui adhèrent à la surface. Les mesurages effectués ont montré par ailleurs que les poussières produites à cette occasion ont des teneurs élevées de particules de taille respirable et de silice. Il importe par conséquent de prendre des dispositions appropriées pour se prémunir contre ce risque (installation dune aspiration localisée avec filtre, par exemple).
Les ateliers de fabrication disposent dinstallations spéciales permettant de déplacer et de manipuler ces éléments en toute sécurité. Il nen va pas de même sur les chantiers de construction. Des boulons dancrage noyés dans le béton permettront de faciliter les manutentions et de garantir la sécurité. Pour éviter que ces boulons ne plient ou ne soient arrachés en cas de sollicitation oblique, les éléments de grandes dimensions seront soulevés à laide dun palonnier et délingues courtes. Lutilisation dapparaux de levage inadéquats a été à lorigine de nombreux accidents graves.
Des véhicules appropriés seront utilisés pour le transport des éléments préfabriqués. Ceux-ci seront convenablement assujettis pour éviter quils ne se renversent ou ne glissent, par exemple en cas de freinage brutal. Lindication visible du poids de chaque élément facilitera le travail des grutiers au cours du chargement, du déchargement et du montage sur site.
Lors du montage des éléments, des plates-formes de travail seront fournies pour prévenir les chutes de hauteur. Les moyens de protection collective seront préférés aux équipements de protection individuelle, ceux-ci nétant utilisés par certains travail-leurs que lorsquils sont soumis à une surveillance étroite. Les filins damarrage constituent en effet une gêne et il est des personnes qui se flattent de pouvoir travailler à de grandes hauteurs sans protection.
Au stade de la conception dun ouvrage en éléments préfabriqués, larchitecte ou lingénieur, le fabricant des éléments préfabriqués et lentrepreneur devraient examiner ensemble le déroulement et la sécurité des opérations. Si on connaît davance les types de matériel de manutention et de levage qui seront à disposition sur le chantier, on pourra prévoir en atelier les dispositifs de fixation les plus appropriés pour les garde-corps et les plinthes. Les bords des éléments de plancher, par exemple, pourront être munis de garde-corps et de plinthes préfabriqués avant que ces éléments ne soient mis en place. Les parois devant être fixées au plancher pourront ainsi être assemblées en toute sécurité, les travailleurs étant protégés par les garde-corps.
Lors de la construction de certaines structures élevées, des plates-formes de travail mobiles sont parfois mises en place par des grues et accrochées à des boulons noyés dans la structure elle-même. Dans ce cas, il est plus sûr damener les travailleurs sur la plate-forme au moyen dune grue ou dun élévateur plutôt que dutiliser des échafaudages ou des échelles improvisés.
Au moment de la mise en précontrainte déléments en béton armé par post-tension (cest-à-dire après durcissement du béton sur lequel le béton est ancré), il faut prêter attention à la conception des niches de postcontrainte, qui devront permettre au personnel dappliquer, dactionner et de retirer les vérins de mise en tension sans prendre de risque. Des crochets de suspension devraient être prévus pour ces vérins sous les tabliers des ponts ou dans les éléments en forme de caisson. Ce type dopération demande lui aussi des plates-formes équipées de garde-corps et de plinthes. Le plancher de la plate-forme de service devrait être assez bas pour offrir une hauteur de travail suffisante et garantir une manuvre sûre des vérins. Personne ne devrait se trouver à larrière des vérins de précontrainte, car la rupture dun élément dancrage ou dun élément de précontrainte libère une énergie considérable et peut occasionner des accidents très graves. Les travailleurs devraient également éviter de se trouver en face des plaques dancrage jusquà la prise du mortier chassé dans les manchons de précontrainte. La pompe à mortier étant reliée au vérin par un circuit hydraulique, nul ne devrait être autorisé à stationner dans la zone comprise entre la pompe et le vérin pendant la mise en tension. Il est essentiel dassurer une bonne communication entre les travailleurs et les responsables de lopération.
Une formation solide de lensemble du personnel de chantier en général et des conducteurs des installations et des engins en particulier revêt une importance croissante en raison de la mécanisation de plus en plus poussée des opérations et de la mise en uvre déquipements et de matériaux très divers. Si lon veut parvenir à réduire sensiblement le nombre des accidents du travail sur les chantiers de construction, il faut éviter de faire appel à des manuvres et à des travailleurs non qualifiés.
La forme la plus courante de dermatose professionnelle des travailleurs du bâtiment est celle consécutive à lexposition au ciment. Suivant les pays, de 5 à 15% des travailleurs du bâtiment notamment des maçons contractent des dermatoses dans lexercice de leur profession. Lexposition au ciment peut provoquer deux types de dermatoses: 1) la dermite toxique de contact, irritation locale de la peau exposée au ciment humide, principalement due à lalcalinité du ciment; et 2) la dermite allergique de contact, réaction allergique généralisée de la peau à lexposition au chrome soluble dans leau que lon trouve dans la plupart des ciments. Un kilogramme de poussière de ciment ordinaire contient de 5 à 10 mg de chrome soluble dans leau. Ce chrome provient à la fois de la matière première et du procédé de fabrication (notamment des parties dinstallation en acier). La dermite allergique de contact est chronique et invalidante. Si elle nest pas convenablement traitée, elle peut diminuer la productivité du travailleur et, dans certains cas, le contraindre à partir à la retraite plus tôt que prévu. Dans les pays nordiques, durant les années soixante et soixante-dix, la dermite du ciment était la cause la plus fréquente de retraite anticipée des travailleurs du bâtiment. Aussi des mesures ont-elles été prises pour éviter ce type daffection. En 1979, des chercheurs danois ont avancé que la réduction du chrome hexavalent soluble dans leau en chrome trivalent non soluble, par adjonction de sulfate ferreux lors de la production, permettrait déviter les allergies au chrome (Fregert, Gruvberger et Sandahl, 1979). En 1983, la législation danoise a imposé lutilisation de ciments contenant moins de chrome hexavalent. La Finlande a suivi au début de 1987; la Suède et lAllemagne se sont dotées de règlements allant dans le même sens en 1989 et 1993, respectivement. Dans ces quatre pays, le niveau admissible, dans le ciment, de chrome soluble dans leau a été fixé à moins de 2 mg/kg. Avant que la Finlande ne prenne des mesures en 1987, lAdministration nationale de protection du travail avait souhaité évaluer la fréquence des dermites au chrome dans le pays. Elle avait demandé à lInstitut national de santé au travail détudier les dermatoses professionnelles observées chez les travailleurs du bâtiment afin dévaluer lutilité de lapport de sulfate ferreux au ciment pour éviter les dermites au chrome. De 1978 à 1992, cet institut a contrôlé toutes les dermatoses professionnelles consignées dans le registre finlandais des maladies professionnelles. Les résultats ont montré que les dermites au chrome au niveau des mains avaient pratiquement disparu chez les travailleurs du bâtiment, alors que les dermites toxiques de contact étaient demeurées à un niveau inchangé pendant la même période (Roto et coll., 1996). Au Danemark, un seul cas de sensibilisation au chromate du ciment a été observé, sur 4 511 tests épidermiques effectués de 1989 à 1994 auprès des patients dune grande clinique de dermatologie dont 34 étaient des travailleurs du bâtiment. Parmi ces 34 sujets, 10 montraient une sensibilité au chromate (Zachariae, Agner et Menne, 1996). Il est de plus en plus évident que laddition de sulfate ferreux au ciment évite la sensibilisation au chromate des travailleurs du bâtiment. De plus, rien na permis de montrer que, ajouté au ciment, le sulfate ferreux ait des effets néfastes sur la santé des travailleurs exposés à ce risque. Le procédé est économiquement valable, et les propriétés du ciment nen sont pas modifiées. On a calculé que laddition de sulfate ferreux au ciment augmente les coûts de production de un dollar E.-U. par tonne. Leffet de réduction du sulfate ferreux dure six mois; le produit doit être conservé au sec avant le mélange, car lhumidité neutralise cet effet. Laddition de sulfate ferreux au ciment nen modifie pas lalcalinité. Les travailleurs devraient donc se protéger convenablement. Dans tous les cas, ils devraient éviter de toucher le ciment humide avec les mains nues. Cette précaution est particulièrement importante dans les premières phases de production du ciment, au cours desquelles des ajustements mineurs sont apportés manuellement aux éléments moulés. Pekka Roto |
Les bitumes sont des mélanges complexes de composés chimiques de masse moléculaire élevée surtout des asphaltènes, des hydrocarbures cycliques (aromatiques ou naphténiques) et, en quantité moindre, des composants saturés de faible réactivité chimique. La composition chimique des bitumes dépend à la fois de la qualité du pétrole brut utilisé et du procédé de raffinage. Les bitumes sont généralement dérivés des pétroles bruts, notamment de bruts à résidus lourds. On trouve également du bitume à létat naturel, en tant que résidu de lévaporation et de loxydation du pétrole liquide (en Californie, en Chine, en Russie, en Suisse, à Trinité-et-Tobago et au Venezuela). Les bitumes ne sont pas volatils à température ambiante et se fluidifient progressivement quand ils sont chauffés. Il ne faut pas confondre le bitume avec le goudron, lequel a des propriétés physiques et chimiques ainsi quune origine différentes.
Parmi les nombreuses applications des bitumes, on peut noter le revêtement des chaussées, des pistes et des tarmacs; les travaux de couverture, les matériaux détanchéité et disolation et le parement des canaux, des réservoirs, des barrages et des digues. Le bitume entre également dans la fabrication de certaines peintures ainsi que de vernis. La production mondiale annuelle de bitumes est estimée au moins à 60 millions de tonnes, dont plus de 80% sont utilisés dans les travaux de construction et dentretien et plus de 15% dans les matériaux de couverture.
Les matériaux bitumineux employés pour la construction des routes sont obtenus en chauffant puis en séchant des pierres broyées calibrées (granit, calcaire, etc.), du sable et un filler (fines), puis en les mélangeant à des bitumes de distillation directe. Le mélange est chauffé à la flamme lors de son application sur les chaussées.
Les expositions aux hydrocarbures polynucléaires aromatiques (HPA) des fumées de bitume ont été mesurées dans différentes situations. La plupart des HPA mis en évidence étaient des dérivés de naphtalènes, et non pas des composés cycliques susceptibles dêtre fortement cancérogènes. Dans les installations de distillation du bitume, les concentrations de HPA pouvant être inhalés vont de non décelable à 40 mg/m3. Au cours des opérations de remplissage des fûts, les échantillons prélevés pendant quatre heures dans la région respiratoire variaient de 1,0 mg/m3 au vent à 5,3 mg/m3 sous le vent. Dans les installations de mélange du bitume, les expositions à des composés organiques solubles dans le benzène allaient de 0,2 à 5,4 mg/m3. Au cours des opérations de revêtement des chaussées, les expositions aux HPA pouvant être inhalés allaient de moins de 0,1 mg/m3 à 2,7 mg/m3. Des concentrations potentiellement dangereuses se rencontrent également dans la fabrication et lapplication des matériaux de couverture bitumineux. On ne possède que peu de données relatives aux niveaux dexposition aux fumées de bitume pour dautres activités et lors de lapplication ou de lutilisation des produits contenant du bitume.
La manutention du bitume chaud peut provoquer des brûlures très graves, car le bitume est collant et difficile à enlever de la peau. Du point de vue toxicologique, le problème majeur est lirritation de la peau et des yeux par les fumées produites par le bitume chaud; celles-ci peuvent provoquer des dermites et des lésions comparables à de lacné, ainsi que des kératoses légères en cas dexposition prolongée ou répétée. Les fumées verdâtres produites par le bitume en fusion peuvent également engendrer une photosensibilisation et une mélanose.
Bien que tous les produits bitumineux puissent senflammer sils sont suffisamment chauffés, les ciments asphaltiques et les bitumes oxydés ne senflamment généralement pas, à moins dêtre chauffés à 260 °C. Linflammabilité des bitumes fluides dépend de la quantité et de la volatilité du solvant ajouté au produit de base. Ainsi, les bitumes fluides à prise rapide sont ceux qui présentent les plus grands risques dincendie, ce risque étant moindre avec les bitumes à prise moyenne et encore plus faible avec les bitumes à prise lente.
Le bitume est dune toxicité limitée du fait de son insolubilité dans leau et de la masse moléculaire élevée de ses composants.
Parmi les effets observés sur larbre trachéobronchique et les poumons dun groupe de souris ayant inhalé un aérosol de bitume de pétrole et dun autre groupe ayant inhalé de la fumée provenant de bitume de pétrole chauffé, on a observé une congestion, une bronchite aiguë, une pneumonie, une dilatation des bronches, une infiltration des cellules rondes péribronchiolaires, la formation dabcès, la perte de cils vibratiles, une atrophie épithéliale et une nécrose. Les modifications pathologiques étaient inégalement réparties et, chez certains spécimens, relativement réfractaires au traitement. On en a conclu que ces modifications ne constituaient pas une réaction spécifique à linhalation dair pollué par la présence dhydrocarbures aromatiques, et que leur importance dépendait de la dose inhalée. Des cochons dInde et des rats ayant inhalé des fumées de bitume chauffé ont accusé des symptômes de pneumonite avec adénomatose pulmonaire; les rats ont également développé une métaplasie des cellules squameuses, mais aucun animal na accusé de tumeur maligne.
Des bitumes de pétrole distillés en présence de vapeur deau ont été appliqués sur la peau de souris. Des tumeurs sont apparues après application de bitume non dilué, de bitume dilué dans le benzène et dune fraction du bitume distillé en présence de vapeur deau. Lapplication de bitume oxydé sur la peau des souris na pas entraîné de tumeur avec un produit non dilué, mais dans un cas, lapplication dun bitume oxydé dilué dans un solvant (toluène) a provoqué des tumeurs topiques de la peau. Lapplication sur la peau de souris de deux bitumes de craquage a produit des tumeurs. Mélangés à du benzène, des bitumes de pétrole obtenus par distillation en présence de vapeur deau ou soufflés ont provoqué des tumeurs au point dapplication sur la peau des souris. Un échantillon de bitume chauffé oxydé, administré en injection sous-cutanée, a provoqué chez la souris quelques sarcomes aux points dinjection. Un mélange de bitumes de pétrole traités à la vapeur deau et de bitumes soufflés a provoqué des sarcomes au point dinjection sous-cutanée chez la souris. Une expérience sur des rats a montré que linjection par voie intramusculaire de bitumes distillés en présence de vapeur deau provoquait des sarcomes locaux. Un extrait de bitume routier sest avéré mutagène pour Salmonella typhimurium; il en a été de même des émissions produites par le même bitume.
Aucun effet cancérogène na été établi chez lêtre humain de façon concluante. On a bien observé, chez un grand nombre de couvreurs exposés simultanément à des brais de bitume et de goudron de houille, un risque augmenté de cancer des voies respiratoires. Deux études réalisées au Danemark sur des asphalteurs ont montré un risque accru de cancer du poumon, mais certains de ces travailleurs étaient probablement exposés également à du goudron de houille et fumaient vraisemblablement davantage que le groupe témoin. Chez des travailleurs employés à lasphaltage de routes aux Etats-Unis, on a observé au Minnesota (mais pas en Californie) des taux élevés de leucémie et de cancers des voies urinaires. Même si les données épidémiologiques à ce jour ne suffisent pas à établir scientifiquement leffet cancérogène du bitume chez lêtre humain, tout porte à croire, en se fondant sur des études expérimentales, que ce genre de risque peut exister.
Le bitume chauffé présente des risques de brûlures graves; les personnes exposées devraient porter des vêtements en bon état, dont le col sera fermé et les manches descendues. Les mains et les bras devraient être spécialement protégés. La tige des chaussures de sécurité devrait mesurer environ 15 cm de hauteur, et les chaussures devraient être lacées de façon à ne laisser aucune ouverture permettant au bitume chaud de pénétrer. Le visage et les yeux devraient être protégés lors de la manipulation de bitume chauffé. Il est indiqué dinstaller des vestiaires et des points deau. Une ventilation satisfaisante devrait être assurée dans les installations de broyage et auprès des cuves dont séchappent des fumées.
Les chaudrons à bitume devraient être posés sur un sol horizontal pour éviter quils ne se renversent. Les travailleurs ne devraient pas se tenir sous le vent des chaudrons. On contrôlera fréquemment la température du bitume chauffé pour éviter une surchauffe et linflammation du bitume. Si lon sapproche du point déclair, la flamme devrait être immédiatement éteinte et tout feu nu éloigné. Un extincteur devrait se trouver à portée de la main lorsque du bitume est chauffé. Si celui-ci prend feu, on utilise de préférence des extincteurs secs ou au dioxyde de carbone. Les travailleurs affectés à lépandage du bitume et les conducteurs des machines denrobage devraient être équipés de masques respiratoires à cartouche filtrante. De plus, pour éviter lingestion accidentelle de matières toxiques, les travailleurs ne devraient pas boire, manger ou fumer à proximité dun chaudron.
Si du bitume chaud est projeté sur la peau nue, celle-ci sera immédiatement refroidie à leau froide ou traitée selon une méthode médicalement conseillée. Toute brûlure étendue sera recouverte dune gaze stérile et la victime conduite à lhôpital; les brûlures sans gravité seront montrées à un médecin. Il ne faut en aucun cas utiliser un solvant pour enlever le bitume de la peau brûlée, ou tenter denlever des particules de bitume projetées dans les yeux.
Classe 1: les bitumes de pénétration sont classés en fonction de leur pénétrabilité. Ils sont généralement obtenus à partir des résidus de la distillation atmosphérique du pétrole brut, après distillation complémentaire sous vide, oxydation partielle (soufflage dair), précipitation par solvant sélectif, ou encore par une combinaison de ces procédés. En Australie et aux Etats-Unis, les bitumes qui équivalent à peu près à ceux que nous décrivons ici sont appelés ciments asphaltiques ou sont classés en fonction de leur viscosité à 60 °C. Classe 2: les bitumes oxydés sont classés en fonction de leur point de ramollissement et de leur pénétrabilité. Ils sont obtenus en faisant passer de lair à travers la masse de bitume chauffé à des températures contrôlées. Ce traitement modifie les propriétés du bitume et permet de diminuer la susceptibilité à la température et daméliorer la résistance aux diverses contraintes. Aux Etats-Unis, les bitumes obtenus par insufflation dair sont appelés bitumes soufflés ou bitumes pour revêtement de toiture et sont semblables aux bitumes oxydés. Classe 3: les bitumes fluidifiés (cut-backs) sont obtenus en mélangeant des bitumes de pénétration et des bitumes oxydés à des diluants volatils sélectifs obtenus à partir des bruts, comme le white spirit, le kérosène ou lessence, afin den diminuer la viscosité et de les rendre plus fluides et plus faciles à utiliser. Lorsque le diluant sévapore, le bitume retrouve ses propriétés initiales. Aux Etats-Unis, les bitumes fluidifiés sont parfois appelés bitumes routiers (enrobés bitumineux). Classe 4: les bitumes durs sont généralement classés en fonction de leur point de ramollissement. Ils sont fabriqués de la même manière que les bitumes de pénétration, mais ont des valeurs de pénétrabilité plus faibles et des points de ramollissement plus élevés (cest-à-dire quils sont plus fragiles). Classe 5: les émulsions bitumineuses sont constituées de gouttelettes de bitume (classes 1, 3 ou 6) en suspension dans de leau. Elles sont obtenues au moyen dappareils à haute vitesse de cisaillement, comme les moulins colloïdaux. La teneur pondérable en bitume peut aller de 30 à 70%. Ces émulsions peuvent être anioniques, cationiques ou non ioniques. Aux Etats-Unis, elles sont appelées bitumes émulsionnés. Classe 6: les bitumes fluxés peuvent être obtenus en mélangeant des bitumes (notamment des bitumes de pénétration) à des solvants (coproduits aromatiques provenant du raffinage des huiles de base), des résidus de craquage thermique ou certains distillats du pétrole dont le point débullition dépasse 350 °C. Classe 7: les bitumes modifiés contiennent des quantités importantes (généralement de 3 à 15% en poids) dadditifs spéciaux tels que les polymères, les élastomères, le soufre et dautres produits utilisés pour en modifier les propriétés; ils sont réservés à des applications spéciales. Classe 8: les bitumes thermiques étaient auparavant obtenus par distillation poussée, à haute température, dun résidu de pétrole. Aujourdhui, ils ne sont plus fabriqués ni en Europe, ni aux Etats-Unis. Source: Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), 1985. |
Le gravier est un agrégat sans consistance de pierres provenant dun gisement de surface, draguées sur le fond dune rivière ou extraites dune carrière et concassées au calibre requis.
Les risques majeurs présentés par le gravier sont les poussières de silice mises en suspension dans lair, les troubles musculo-squelettiques et le bruit. La silice libre cristallisée se trouve à létat naturel dans bon nombre de sols dont on extrait du gravier. La teneur en silice est variable et ne constitue pas un indicateur fiable de la teneur de poussières de silice en suspension dans lair. Le granit contient environ 30% de son poids en silice, alors que le calcaire et le marbre en contiennent beaucoup moins.
De la silice peut être libérée lors des opérations dextraction dans les carrières, de découpage à la scie, de concassage, de criblage et, dans une moindre mesure, dépandage. On peut, en général, empêcher la mise en suspension de la silice par pulvérisation ou jets deau, ou par un système daspiration localisée. Les travailleurs du bâtiment peuvent être exposés à la silice, tout comme ceux des carrières ou ceux employés à la construction ou à lentretien des voies de chemin de fer. La silicose est plus répandue chez les carriers et les opérateurs des installations de concassage que chez les travailleurs de chantier qui utilisent le gravier comme produit fini. Aux Etats-Unis, on a observé une mortalité élevée due à la pneumoconiose et à dautres maladies respiratoires bénignes dans un groupe de travailleurs affectés au broyage de roches.
Le chargement et le déchargement manuel du gravier, de même que son épandage à la pelle, peuvent entraîner des troubles musculo-squelettiques. La manutention manuelle est dautant plus pénible que les cailloux sont plus gros et que les pelles et autres outils utilisés sont de plus grande taille. On peut réduire le risque de foulures ou dentorses en employant plusieurs travailleurs pour les tâches particulièrement lourdes et, mieux encore, en faisant appel à des animaux de trait ou à des machines. Une réduction de la taille des outils permet de diminuer la charge transportée ou poussée et de prévenir les troubles musculo-squelettiques.
Le traitement et la manutention mécaniques du gravier sont générateurs de bruit. Le concassage des pierres à laide de broyeurs à boules produit beaucoup de bruit et engendre des vibrations haute fréquence dun niveau très élevé. Le passage du gravier dans des goulottes métalliques, de même que son malaxage ou triage dans des tambours sont des opérations particulièrement bruyantes. Le niveau sonore peut être réduit en ayant recours à des matériaux isolants pour lenveloppe des broyeurs à boulets, à des goulottes revêtues de bois et à des matériaux absorbants et résistants pour le garnissage des tambours de criblage.